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KFi<f
HARVARD COLLEGE LIBRARY
BOUGHT FROM THE INCOME OF THE FUND
BEQUEATHED BY
PETER PAUL FRANCIS DEGRAND
(1787-1855)
OF BOSTON
FOR FRBNCH WORKS AND PERIODICALS ON THE EXACT SCIENCES
AND ON CHEMISTRY, ASTRONOMY AND OTHER SCIENCES
APPLIED TO THE ARTS AND TO NAVIGATION
ioogle
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ENCYCLOPÉDIE
DE5
GENS DU MONDE.
TOME VINGT-UNIÈME.
Ihrmithre partie.
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IMPRIMÉ
PAB LES PRESSES MÉCANIQUES DE B. DUVEROER,
RtJI ni ▼IRlflOIf^ N* 4>
•
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ENCYCLOPÉDIE
DES
GENS DU MONDE,
RÉPERTOIRE UNIVERSEL
DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS;
AVEC DES NOTICES
SUB LES PBIHCIPALSS FAMILLES RISTOKIQOSS
■T SUE LES PERSORHAOBS CÉLiBBES, MOBTS ET VITAHTS ;
PAB UKE SOCIÉTÉ
DE SÀVAITS, m LITTKRATBVM BT d'aRTISTBS , F> AKÇAK ET ÉTRAECEBS.
TOME VINGT-UNIÈME.
PARIS,
LIBRAIRIE DE TRÈUTTEL ET WURTZ,
BUB DB LILLB, lf<» 17;
A STRASBOURG, GRAND'RUE, N* IS.
1844
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Ca^C ??^
.tll9t9^
stfBRAgt
DEQRANDFUNO
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SIGNATURES
DES AUTEURS DU QUARANTE -UNIEME VOLUME.
MM.
AmTAinD (l'intpecteor gé-
néral}. A-D.
Atbhbl M. A.
Bbbsélius (le Imutod de),
àStocàholm B-z-s.
BoAOHxms A. B
Cabahis G-B-S.
CHAftIJt82(Pbîl«^t«) •'• • Ph. Ch,
DiADDi D. A. D.
DniQUE F.D.
Dspraio D-o.
EiGHsoFP (à LyoD). ... F. G. E.
Galâu. L. G-s.
Haag (Emile) Em. H-o.
Baag (EogèDe) E. H-o.
HuoT (k Yenaillci) ... J. H-t.
tuL Faoe (Adrien de) . . J. A. db L.
Lbclbec-Thouiv. .... O. L. T.
LOUTET L. L.
Pabis (Henri) H. P.
PàLXOOT E. P.
Rathbbt • R-T.
Ratibb (le docteur) ... F. R.
Reobabd (Emile) E. R.
Riifii J. R.
SAuèEBOTTB(àLiinéfille). C S-tb.
SOUJIITZLBE . • • • • • • J. H. S. et S.
SiMOR (Max.), à Mont-
mirail • • • • M. S-n.
SOTEE . L. G. S.
Spach (Edouard) Éd. Sp.
Spagh (Louis), à Stras-
bonif. L. S.
Taillaiidiee A. T-e.
Teatees (à Caen) . . • . S. T-v-a.
VBEinr (le paateur) ... E. V-t.
VxEiLLAED. . p. A. y.
VooEL Ch. V.
Lca lettres C L, indiquent qu'un article est traduit du Conversatiotu^Lexicon^ ou
de son supplément intitulé ComertationS'Lexicon der Gegentvarty le plus son-
vent avec des modifications (m.). Enc. amer, signifie Encychpœdia americana.
Enfin la signature Enc. auir. se rapporte à V Encyclopédie nationale autrichienne.
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ADDITIONS ET ERRATA.
TOMB XX.
Pag. i53, coL I , lign* 98 • «k /mm de CaliitM« /<m CabaitM.
p. 195, col. 1, lifM 3o, V07. la rectifieatioa importaata placée k la wila da l'BrraU 4u
T. XIX, ao comoMnacaient da T. XX.
p. 33o , coL I , ligna ag, aa /mh d« le rAle da Joat, Umm la rAla de Joad.
p. 33i, col. a, ligne 11, aa lié» de 1784, fifta i685.
p. 348, col. X , ligne 17, aa Utm iê 5o, /ifaa 3o*
p. 388, col. a, Ugne 94, aa iiêu d» fit disparaître, Usêê firent disparaître.
p. 398, coL X, ligne nn, aa /••• de iSq^, Utêt ^699.
p. 490, coL 9, ligne 98, aa <<mi da tout let archet, Utn tontet let archet.
p. 461 , coL I , ligne 36. La Jtt#a« de Puis a diangé de fonnat et de mode de pnblleaHoo :
depait le moit de mai x844, elle*parait plodeara fob par temaine, en caUert in-4*.
p. 570, col. Xy ligne 9X, aa Zita de 1799, Uiê» 1791.
p. 695, GoL I, Ugne 39, aa Uêm da Méroé, Umm Phflea, daat le temple dltlt {vojr, Ëotpte.
T. IX, p. 9d3).
p. 648, coL 9, ligne 3, «a tim de non loin de Bfontmorency, litt» dans Montmorency,
p. 649, col. I, ligne 11, aa iitu de X759, /ûat 1761.
p. 65i y coL 9 , ligne 59, aa liêu de 3 jaillet, /m«s 9 juillet.
p. 677 , col. X , ligne 39, aa lim de taule pent-ltre, Usêm pretqne tenle.
— — ligue 40, «u Uê» de non moint que de celui du droit romain, lit9» antti
bien qne de rhéritage de droit romain,
p. 679, coL 9, ligne x , oa liem de une appendice, lifta nn appendice,
p. 685 , ooL X , ligne 3 de la teconde nota^ aa Zita de 34o hectol., Uhm 340 milUont d^hectol.
p. 699, col. X , ligne x8 de la note, aa Uêu de mort en i359 , lûê» mort en x353.
p. 694, coL 9 , ligne 33 , aa /»ta de doukhorborttet, KttM dookhobortiet.
p. 696, eol. 9, ligne 94, ntrmHchê» cet aiali t ainti qu'en Pologne,
p. 698, col. X , Ugne 49, aa Zita de PutIoF, lûn PaTlofdd*
p. 739, col. 9, ligne 4o. Arpir§ tt ÉniiMm ne font qu*un teul et même opéra.
Dana le prêtant Toinme (p. 61, col. x, ligne 5) , nout corrigeont tout de suite une erreur
relatiTe à M. le prétident Saniet. n ett né, non pat Tcrt 1795, mait le 9 germioa)
an Tm (93 mart x8oo).
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ENCYCLOPÉDIE
DBS
GENS DU MONDE.
d {sttiie de la lettre).
SALM (maison de). Il exbuii autre-
fois deux comtés du oom de Salm : le
HautSalm, dans les Vosges, entre l'Al-
sace et la Lorraine y non loin du Ban de
la Roche, et le Bas-Salm^ dans les Ai*-
dennes, aux confins du territoire de Liège.
L'antique famille des comtes deSalm s'é-
tait divisée, en 1040, en deux lignes
principales, formées par les deux fils du
comte Th^oooeic, Henri et Charles.
I. Le Haut'Salm échut en parUge à
H^nni, dont la postérité se ramifia en
deux nouveUesUgnées.La partie du Haut-
Salm qui appartenait à la première fut,
dès le commencement du xvii" siècle,
réunie par alliance à la Lorraine. La
branche cadette s'éteignit en 1784 ; mais
la moitié du Haut-Salm qui lui était dé-
volue avait passé par mariage, en 1475,
à la famille des wildgraves et rhingra-
Tes (voy.) : de ce mariage surgit une nou-
velle maison princière de Salm (ligne
féminine), dont il existe encore trois
branches: 1" La maison princièrede Salm"
Salm, Dépouillée de ses possessions par
suite de la révolution française, elle reçut
comme indemnité, en 1803, une prin-
cipauté dans l'ancien évéché de Munster,
et le prince de Salm-Salm prit rang par-
mi les membres de la Confédération du
Bhin {vay,); mais le congrès de Vienne
le plaça ensuite sons la suzeraineté de la
Prusse, et il est aujourd'hui membre hé-
réditaire du collège des princes de la
province de Westphalie. Le prince ac-
tuel, FLoaEHTiN, est né en 1786. 2^ La
maison princière de Salm-Kyrhourg
éprouva le même sort et subit les mêmes
Bm^dop. d. G. d. M. Tome XXL
vicissitudes que la branche de Salm-Salm;
elle est aujourd'hui dans la dépendance
de la Prusse. Le prince FEiDé&ic II fit
bâtir à Paris un bel hôtel occupé aujour-
d'hui par la grande-chancellerie de la
Légion-d'Honneur ; le prince Fakoé-
&IG III, son fils, fut guillotiné en 1794.
La branche de Salm-Kyrbourg est main-
tenant représentée par le prince F&k-
D^Ric IV, né en 1789 , et qui a rempli
auprès de Napoléon les fonctions d'offi-
cier d'ordonnance. 3^ La maison de Salm*
Horstmary ainsi nommée du bailliage de
Horstmar, en Westphalie, qu'elle reçat
en dédommagement de ses possessions sur
la rive gauche du Rhin, est également
sous la suzeraineté du roi de Prusse. Le
prince FaiDiaiG-CHAALEs-AucusTB,né
en 1799, en est le chef actuel et prend
le titre de prince de Salm-Uorstmar, wild
et rhingrave.
II. Chaulxs, second fils deThéodoric,
eut le Bas-Salm. Cette ligne s'éteignit,
en 1413, avec Henri IV, lequel eut pour
héritier JiAir, comte de Reiferscheid,
issu de la même famille. Comme les mem-
bres de cette nouvelle maison sont les
seuls qui descendent par les mâles des
comtes de Salm, ils ont pris le titre de
comtes de la vieille ligne [AUgrafen) et
l'ajoutent à leur titre de prince. La bran-
che du Bas -Salm ou de Salm^Reifer^
scheid se partagea, en 1629, en deux
branches : l'aînée posséda le comté de
Salm, dans les Ardennes, avec Reifer-
scheid, seigneurie située dans l'Ëilfel
[voy.) ; la cadette , Dyck , petite ville de
la province du Rhin. L'aînée s'est encore
1
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SâL
(«)
SAL
fobdifbée en trois sou9-bnuicbe9 : f' la
maison princièi'i» dt Salm-Be{fersc/teid^
Krautheim ( jadis </e Bedbur) ; cette mai-
son, dépossédée à la paix de Luoéville,
reçut , comme indemnité , des biens en
Franconie : elle est sous la souveraineté
de Bade. 2" La maison de Salm-Rsifer"
scheid'Hainspach yàoni lechef^qui porte
seul le titre de comte, est archi-trésorier
du royaume de Bohême. 3^ La maison
de Salm*Reiferscheid»RaU^* ^ élevée,
en 1790y à la dignité princière. Les pos-
sessions de la branche cadette. Saint' Rei-
ferscheid'Dyck , étaient placées aoos la
suzeraineté de l'électeur de Cologne. Dé-
pouillée aussi par suite de la révolution
française, elle reçut, en 180S, des com-
pensations'territoriales, et fut, en 18 16,
élevée par le roi de Brnsse à la dignité
princière : ses possessions relèvent du
grand-duché du Bas-Rhin et du Wur-
temberg. Le prince actuel de Salm-Dyck,
JossPH, né en 177 S, a servi avec honneur
dans nos armées; il a créé dans son châ-
teau de Dyck, près de Dasseldorf, un ma-
gnifique jardin botanique, et publié la
description d'un grand nombre de plan-
tes rares. Il a épousé, en 1 808, Constance^
Marie de Théis, née le 7 nov. 1767 à
Nantes, et alors veuve du chirurgien fran-
çais Pipelet. La princesse deSalm a enri-
chi notre littérature de plusieurs produc-
tions estimables; elle est l'auteur de To-
pera de Sapho^ joué en 1 794, de romans,
de poésies, de pensées, et le talent est
rehaussé chez elle par l'élévation de l'es-
prit et la noblesse du caractère. Ses œu-
vres complètes ont été publiées récem-
ment. A. B.
SALMANASSAR, roi de Ninive,
7Î4-7 1 3 av. J.-C, voy, NurrvB, Assy-
rie et HEBREUX, T. Xni, p. 570.
SALOMON *^ roi d'Israël, fils de Da-
vid et de Bethsabée, aux prières de la-
quelle il dut le trône à l'exclusion de son
frère aîné, recuei4lit, pendant son long
règne, de 1015 à 975 av, J.-C, le fruit
des exploits de son père. Pour affermir
la couronne sur ta tète , il fit mettre à
mort hon frère Adonia avec quelques
(*) Raiu «tt aa domaioe pr«s d« Brànn, en
Moravie. S.
{**) Nom dont les Orientaox pottérieort fireot
fecnnaa. S.
grapds mécontents, et il contracta dei
alliances avec plusieurs prioces étran*
gers(i;o/. Hébreux, T. XIII, p. 569).
La sagesse qu^il montra dans ses juge-
ments , les perfectionnements qu'il ap-
porta aux institutions politiques de Da-
vidj révélèrent en lui une grande supério-
rité d'intelligence , f t lui assurèrent le
respect de la nation. En construisant pn
temple qui surpassait en grandeur et en
magnificence tout ce que l'architecture
avait jusque-là produit de plus beau, il
donna au culte des Hébreux un éclat qui
devait attacher fortement le peuple au
sanctuaire national. L'habile administra-
tion des trésors conquis par son père ,
les profits fondés sur le commerce et la
navigation qu'il favorisa de tout son pou-
voir, le sage emploi des revenus publics,
qu'il fit lever par douze gouverneurs,
et qu'il sut accroître en augmentant les
impositions, lui permirent de fournir
largement aux frais énormes qu'entraîné-
rent l'édification de ce temple et la con-
struction d'un grand nombre de palais,
de villes, de forteresses, ainsi qu'aux dé-
penses d'une cour somptueuse. Mais si,
d'un c6té, il répandit plus de bien-être
parmi le peuple, s'il fit faire des progrès
à la culture des arts et à la civilisation,
de l'autre, il donna l'exemple funeste
d'un luxe qui ne pouvait qu^exercer la
plus fâcheuse influence sur les mœurs.
L'admiration, inspirée par la sagesse et
la magnificence de Salomon, attira dans
sa capitale une grande affluence d'étran-
gers ; entre autres, la visite d'une reine
de Saba (voy.)^ dans TYémen, frappa vi-
vement les esprits. Par sa justice, il ga-
gna l'amour du peuple à tel point que
lorsqu'il voulut assujettir à des corvées ré-
gulières les populations païennes soumi-
ses par David , il trouva à l'instant une
armée de 12,000 chevaux et de 1,400
chars de guerre pour comprimer les mé-
contents. Les avantages matériels dont ils
jouissaient firent même oublier aux Hé-
breux leurs anciennes libertés, et le gou-
vernement de Salomon put sans obstacle
adopter des formes de plus en plus despo-
tiques. L'amour des femmes étrangères
qui peuplaient son harem entraîna ce
prince dans sa vieillesse jusqu'à leur per-
mettra de sacrifiar aux faux dianx^et il prit
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saC
(«)
SAL
pftrtHiî-iDèineà leur coite idoMtre.Getto
aposusie Pexposa à des dangers; cepen**
dant elle ne pat ébranler sa puissance
établie sor des bases trop solides. Ce ne fat
qn^près sa mort qoe le mécontentement
dn peopfe éclata en révolte ouverte, et son
û\$ Boboam ne put empécber le partage
da rojaame {voy, T, XIII, p. 569).
Malgré les faiblesses qui déshonorè-
rent les dernières années de Salomon, son
règoe de 40 ans jeta tant d^éclat qtfe, dans
lei légendes des Juifs et des Orientaux,
œ fib de David est dépeint comme le
souverain du monde des esprits et le type
de la sagesse. Dans la Bible, on lui attri-
bue divers ouvrages poétiques et philoso-
phiques : le Cantique des cantiqnesy les
Proverbes^ VEcciésiaste {7>oy^) on Sa-
pience^ écrits dont il est permis de révo-
quer en doute l'authenticité, sinon en gé-
néral, da moins en ce qui concerne l'au-
teur supposé. La sagesse et le bonheur
de Salomon ont passé en proverbe. Les
contes des rabbins, les poSmes épiquetet
•nacréontiques des Persans et des Ara*
bes, le célèbrent tMimme un roi fabuleux
dont la magnîfieence et la sagesse avaient
leur source dans les sdences occultes.
Son anneau était le talisman de sa sa-
gesse et de sa puissance ; il a, comme le
temple de Salomon, une signification
symbolique dans les mystères des francs-
maçons et des roses-croix. C. L.
SALONIQUE (Saiontc/tiJ^Vmdtnne
Thessslonique, ville industrieuse et com*
merçante, située au fond du golfe du
même nom , avec une population qui
l^élève a 70,000 âmes. F'ay, MkCÉDOiWK.
SALPÊTRE. Ce sel, qu'on désigne
aussi sous les noms de nitre , sel de nitrê^
nitrate de potasse^ azotate de potasse^
est le résultat dela.combinaison de Tacide
nitriqueou azotiqueavec la pota8se(iK>r'*))
ainsi que l'indiquent ces deux dernières
dénominations qui seules sont conformes
à la nomenclature chimique. Le mot soi"
fétrcy qu'on emploie vulgairement pour
déngner ce corps, exprime qu'on l'extrait
da la pierre, $al petrofy sal petrosum.
Depuis la découverte de la poudra a
tanon, le salpêtre est fvn des corps dont
la production et l'approvisionnement fa-
dlsB importent le ^«s à k défense dit
Bâtions eu tempe de guerre, et a Itur sé-
curité en temps de paix; on peut dire
an effet qu'il est Tânie de la guerre, car
c'est à lai que la poudre k canon doit f on
soufBe puissant. Le nitrate de potasse «?»t
en outre employé dans plusieurs indus-
tries importantes; pendant longtemps il
a servi exclusivement à l'extraction de
l'acide nitrique; aujourd'hui il est en
grande partie remplacé, pour eet usage,
par le nitrate de soude, dont le prix est
moins élevé; il est nécessaire li la pro-
ductioto de« chromâtes de potasse, dont
les fabriques de toiles peintes consom-
ment de grandes quantités.
Quoique le salpêtre ait été connu des
anciens chimistes et qu'il en soit fait men*
tien dans des ouvrages du xiii^ siècle, les
remarquables phénomènes de corobus-
tioa auxquels il donne naissance ne sont
compris que depuis l'ère chimique nou-
velle fondée par Lavoisier. C'est, en effet,
cet bomme illustre qui démontra le pre-
mier, par des expériences péremptoires,
Pi dentité de l'air vital (oxygène) et du prin>
dpc comburant du salpêtre; de sorte que
les actions si nombreuses que ce dernier
corps exerce lorsqu'il est mis en contact
avec d'autres corps sont de véritables
oxydations; elles sont d'ailleurs d'autant
plus énergiques et plus rapides qu'elles
n'ont lieu qu'à des températures élevées et
que le nitre contient sous un petit volume
une grande quantKé d'oxygène con-
densé.
Le salpêtre est un sel incolore, eristal-
lisable en longs prismes qbelquefois trans-
parents, le plus souvent translucides et
cannelés ; sa saveur est fraîche, piquants,
un peu amère; elle est caractéristique,
car on dit sapeur nitrée pour exprimer
la saveur analogue d*antres composés sa-
lins. Sa solubilité dans l'eau croit rapi-
dement à mesure que la température de
ee liquide devient plus élevée : ainsi tan-
dis que 100 parties d'eau à 0^ ne dissol-
vent que 1 3 parties de salpêtre, la même
quantité d'eau è 100^ ne dissout pas
moins de 34<l parties de ce sel, d'après
les expériences de M. Gay-Lussac, qui a
déterminé la solubHité de ce sel à diffé-
rents degrés de température.
Soumis à l'action de la chaleur, la sal-
pêtre fond à 860^, en perdant seulement
la patita quantité d'eau tntarposée antre
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SAL (4
!«• laraellei d« ses cristaux ; car oe écl est
auhydre,c*est-à-dire qu'il ne contient pas
d'eau combinée. Lorsqu'il est en fusion,
il est aussi fluide que de l'eau et il se
prend par le refroidissement en une masse
cassante, opaline, qu'on nommait autre-
fois cristal minéraL Chauffé plus for-
tement, il abandonne de l'oxygène et se
transforme succesiiirement en hyponi-
trate et en nitrite de potaise; il fourni-
rait sans doute à l'état anhydre la potasse,
que les chimistes ne peuirent obtenir sous
cette forme par aucun procédé pratique,
si les vases employés à la décomposition
de ce sel n'étaient perforés, quelle que
soit leur nature, bien avant qu'il soit ar-
rivé au dernier terme de sa décomposi-
tion.
Lorsqu'on projette sur un charbon in-
candescent quelques fragments de nitre,
celui-ci fuse ou détonne, ce qui le fait
reconnaître faeîleiuent j il est alors trans-
formé en carbonate de potasse. C'est à ce
sel ainsi préparé que les anciens chimis-
tes avaient donné le nom de nitre fixé
par les charbons. Un mélange de 2 par-
ties de nitre et d'une partie de fleurs de
soufre introduit dans un creuset chauffé
an rouge, brûle avec une si vive lumière
que l'œil ne peut pas la supporter ; si l'on
ajoute à 8 parties de nitre 2 parties de
carbonate de potasse du commerce et 1
partie de soufre, on a une poudre blan-
che qui, chauffée peu à peu dans un vase
ouvert, fulmine avec la plus grande force :
il est fort possible que Roger Bacon (vo/.),
\ qui l'on attribue la découverte de la
poudre a canon, n'ait connu que cette
sorte de poudre, d'après les effets qu'il
attribue au composé fulminant qu'il
décrit et dont il n'a donné les doses que
d'une manière énigmatique et toutâ-Âdt
inintelligible.
Le salpêtre se forme spontanément
dans la nature et se rencontre dans toutes
les contrées, mais en quantité très in-
égales; dans les pays chauds et particuliè-
rement dans l'Inde, la Perse, l'Egypte,
l'Espagne, on le trouve en abondance
dans le sol lui-même ou à sa surface; sa
production dans l'Inde est si considéra-
ble, son extraction si facile, que ce pays
suffit aujourd'hui à l'approvisionnement
de presque toute l'Europe. Dans les lo»
) SAL
calités que nous venons de mentionner,
le nitre semble se produire à une petite
profondeur au-dessous de la surface du
sol, là où la terre conserve son humidité.
Quand les pluies surviennent, ce sel est
dissous et l'évaporation qui se manifeste
oblige cette dissolution à remonter par
l'effet capillaire dû à la porosité des terres
elles-mêmes; bientôtcettedissolution cris-
tallise, et le nitre se trouve accumulé sous
forme d'efflorescences salines dans les
couches superficielles du terrain. Ces ef-
florescenoes étant ordinairement récoltées
à l'aide de balais ou de houssoirs , on
donne le nom de salpêtre de hoiissage
au sel de cette provenance : ce nitre est
presque pur; il ne contient qu'une petite
quantité de matières terreuses qu'on sé-
pare facilement par l'opération du raffi-
nage.
Dans les climats tempérés comme le
nôtre, le nitrate de potasse se forme dans
des proportions beaucoup moindres; mais
son élément essentiel, l'acide nitrique,
se rencontre néanmoins en assez grande
quantité à l'état de nitrate de chaux et de
nitrate de magnésie : il faut donc trans-
former ces deux sels en nitrate de po-
tasse ; c'est en cette opération que con-
siste Y art du salpétrier.
Enfin dans les pays froids, il faut que
l'art vienne en aide à la nature. La for-
mation spontanée des trois nitrates est,
en effet, si peu abondante et si lente,
qu'elle ne compense pas les frais qu'oc-
casionne le travail d'extraction, et qu'elle
ne suffit pas à la production du salpêtre
nécessaire à la défense du pays. On est
alors obligé d'avoir recours aux nitrières
artificielles. On désigne sous ce nom des
amas de matériaux de nature terreuse
placés dans les droonstances que l'expé-
rience indique comme les plus favora-
bles à la formation du nitre.
Tous les anciens chimistes ont admb
que l'adde nitrique des nitrates naturels
prend naissance au moyen de l'oxygène
de l'air et de l'azote fourni par des ma-
tières animales existant au milieu des
masses qui se nitrifient : c'est en effet dans
les lieux bas et humides de nos habita-
tions, dans les étables, les écuries, les bei^
geries, etc., qu'on rencontre plus parti-
culièrement les matéri€utx salpêtres. On
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SAL
(«
ait que cette formatioo spontanée des
nitrates terreux a la surface des murs
est uoe csuse sans cesse agissante de des-
truction; on sait aossi combien elle est
une cause d'insalubrité en maintenant
dans an état permanent d*humidité l'at-
mosphère de ces habitations. Néanmoins,
ceUe manière d'envisager cette forma-
tion a été révoquée en doute par plu-
sieurs chimistes distingués : leur opinion
se fonde, d'une part, sur la production
de l'acide nitrique dans les pluies d'orage
par le seul concours de l'oxygène et de
i'azote atmosphériques; d'antre part, sur
ce £ut qu'on rencontre le salpêtre asso-
cié aux nitrates de chaux et de magnésie
dans des cavités naturelles, comme dans
les grottes calcaires de l'île de Ceylan et
de La Eoche-Guyon, dans lesquelles il
est bien difficile d'admettre que les pro-
duits animaux peuvent se renouveler en
assez grande quantité pour rendre compte
de la proportion de sels qu'on en extrait
journellement ; ils pensent donc qu'on ne
doit pas attribuer aux matières anioiales
nn rôle exclusif dans la nitrification.
Remarquons néanmoins que toutes les
tentatives faites jusqu'à ce jour pour ni-
trifier la craie hors dn c»ntact de ces
matières ayant été infructueuses, il faut
supposer un concours de circonstances
bien singulier pour que tout soit erroné
dané les remarques qu'on a faites en tant
de lieux différents et depuis un temps si
long sur le rôle nécessaire des matières
animales dans les nitrières artificielles.
Le dégagement de carbonate d'ammonia-
que qui résulte toujours de la destruc-
tion spontanée des produits animaqx, et
la transformation, aujourd'hui bien con-
nue, de l'ammoniaque en eau et en acide
nitrique sous diverses influences, notam-
ment par celle des corps poreux, rendent
compte d'ailleurs d'une manière satisfai-
sante des phénomènes de la nitrification.
On peut conclure de ces faits que si les
nitrates peuvent se produire sans l'inter-
vention des matières animales, au moins
celles-ci aident beancoup à leur forma-
tion ,8urtout dans les climats froids et tem-
pérés, où les causes météorologiques qui
concourent à déterminer cette formation
par la combinaison des seuls éléments de
l'air sons l'influence de l'électricité at-
) SAL
mospkérique, ne se manifestent que n-
rement.
Quelle que soit d'ailleurs la valeur de
ces considérations théoriques, tout le
monde est d'accord sur les conditions
suivantes, qu'il faut réaliser pour la pro-
duction des nitrates : 1^ la présence de
bases puissantes, telles que û chaux, la
magnésie, la potasse ou la soude ; 7** la
porosité de ces substances; 99 l'humidité;
4^ une température de 15 à 2S^. Pour
construire une nitrière artificielle, on
commence par préparer nn mélange in-
time de terre meuble ordinaire et de
fumier. En Suède, par exemple, où cha-
que propriétaire est tenu de fournir à
l'état une certaine quantité de nitre,
a on dispose ce mélange sous un toit, dit
M. Berzélius, en le mettant par petits tas
qu'on remue fréquemment, ou dans les«
quels on pratique des trous afin de don-
ner plus d'accès à l'air. De temps à antre,
il faut arroser le mélange avec de l'u-
rine, qui contient plus d'azote qu'aucune
autre substance animale. Au bout de 3
ou 3 ans, l'azote est converti en acide
nitrique et le nitre est formé. On s'en
assure en lessivant une petite quantité
de la terre et évaporant la liqueur pour
la faire cristalliser. Quand le terrain est
bon à exploiter, il donne 4 onces de ni-
tre par pied cube. » On procédait à peu
près de la même manière en Prusse ;
mais, depuis 8 à 10 ans, cette méthode
est abandonnée, parce qu'elle est trop
coûteuse, et l'on y a remplacé le salpêtre
indigène par celui des Indes -Orien-
Ules.
En France, l'établissement de nitriè-
res artificielles n'est pas nécessaire; il
suffit d'exploiter les matériaux calcaires
qui proviennent de la démolition des
vieilles maisons. Les plâtras les plus ri-
ches en nitrates se trouvent à 1 ou 2°^
au-dessus du sol. On choisit ceux cpi,
offrant au goût une saveur piquante,
attestent une notable proportion de ces
sels. Arrivés à l'atelier du salpétrier , ces
vieux plâtras sont concassés, puis sou-
mis à des lavages méthodiques qui ont
pour objet d'en extraire la presque tota-
lité des sels solubles qu'ils contiennent
avec la moindre quantité d'eau qu'il soit
possible d'employer. Cette opération se
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SAL
(8)
SAL
pratique dans une série de cuviert rangés
par bandes et munis d'une chantepleure
à leur partie inférieure; les eaux de cuite ^
qui proviennent de ce lessivage, contien-
nent en dissolution environ 10 p. ^^ de
salpêtre y 70 de nitrate de chaux et de
magnésie y et 20 de chlorure de potas-
sium , de sodium , de magnésium et de
<^lcium; on y ajoute une dissolution de
carbonate de potasse (potasse du com-
merce), et on remue le mélange. Il se dé«
pose sur-le-champ du carbonate de chaux
et de magnésie, et il reste seulement dans
la liqueur du nitrate de potasse, du chlo-
rure de potassium , du sel marin et une
petite quantité de matière organique qui
la colore en brun. Le liquide clair est
décanté et soumis à une évaporation,
pendant laquelle il se fait divers dépôts
qu'on enlève au moyen d'un petit chau-
dron suspendu dans le liquide bouillant
à une petite distance du fond de la chau-
dière. Le sel marin , n'étant qu'un peu
plus soluble dans une dissolution chaude
de salpêtre qu'à froid, cristallise vers la
fin de l'opération, et est séparé avec une
écumoire. Quand la cuite marque 80** à
l'aréomètre de Beaumé, on la fait cris-
talliser et on lave les crisUux à l'eau
froide : c'est ainsi que s'obtient le sal"
pétre bruty qui renferme encore 10 à 15
centièmes de sel marin et de chlorure de
potassium.
On a apporté dans ces derniers temps
un changement important à ce mode de
fabrication. Au lieu d'ajouter aux eaux
de cuite de la potasse, produit eiotique
qui peut nous manquer ou revenir à un
prix élevé en oat de guerre, si l'on est
obligé d'avoir recours aux cendres de nos
foyers, on projette dans la liqueur chaude
du sulfatede soude concasaé.On sait quece
sel est un produit indigène : il se forme du
sulfate de chaux qui se dépose peu à peu
et du nitratedesoudequ'on décompose an
moyen d'un autre sel indigène, le chlo-
rure de potassium des soudes de varech ;
par la concentration^ le sel marin se dé-
pose et est séparé an fur et à mesure de
la liqueur bouillante qui fournit, en se
refroidissant, le salpêtre brut. Sous cette
tortue, ce sel ne convient nullement à la
fabricaliou de la poudre à canon : il ren-
drait celle-ci très hygrométrique et d'OM
conservation impossible. Il est telkment
important que le nitre destiné à cette fa»
brication soit tout-*à-fait pur, que le gou-
vernemeùt s'est réservé le soin de raffi*
ner celui qui est destiné à ses poudr«<^
ries.
Cette opération du raffinage est très
simple : on fait dissoudre le sel dans une
petite quantité d*eau chaude , et on fait
bouillir la liqueurpendant quelque temps,
en ayant soin d'enlever les écumes à
mesure qu'elles apparaissent à la surface
de la liqueur; on retire du fond de la
chaudière le sel marin, et on y ajoute
une certaine quantité de colle de Flan-
dre, à l'effet de clarifier la liqueur on
laisse refroidir celle-ci jusqu'à 80<* enti-
ron, et on la porte dans des cristallisoirs
évasés dans lesquels on l'agite sans cesse,
en y^ promenant des rabots. Le salpêtre
se précipite en cristaux très menus qu'on
sépare de leur eau- mère et qu'on arrose
avec de Teau saturée à froid de nitre pur.
Cette eau, par conséquent, ne peut plus
dissoudre de nitre, tandis qu'elle dissout
les sels plus solubles qui le souillent, les
chlorures de potassium et de sodium. Le
salpêtre est réputé pur quand sa dissolu-
tion ne trouble pas celle de nitrate d'ar-
gent; il n'a plus besoin que d'être sou-
mis à la dessiccation pour servir à la con-
fection de la poudre. *
Après avoir été longtemps active et
prospère , la fabrication du salpêtre en
France a cessé tout d'un coup presque
complètement, par suite de la loi &H
douanes de 1S86, qui a baissé de 16 fr.
les droits d'importation du salpêtre exo-
tique. Cette mesure , prise en faveur de
l'industrie^chimique en général , n'a pu
réalisé les prévisions des législateurs qui
espéraient maintenir, tout en la restrei-
gnant, la fabrication indigène, jugée si
utile et si imporUnte. « Déjà, écrivait ré-
cemment un commissaire des poudres,
M. Mayer, l'on a vu se réduire considé-
rablement le nombre des 400 fabricanU
commissionnés en 1836 par le gouver-
nement ; et si ceux qui travaillent encore
et qui sont tout au plus une trentaine,
(*) Oo peut coBtolter, pour connattre eu
détail Tart très perfectionoé du salpéuier,
rinstruetion si cUirc publiée en tSao par le co«
■dté coasoUâtif dta poudres et aslpètrei.
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Ul (
trouvent un bénéfice raifiaaQl ponr con-
tinuer leurs exploitations, c'est» il faut
qu'on en soit cooTaiocUf qu'ils n'ont pas
eu de (irais d'é^blissement à supporter et
que mieux valait pour eux utiliser des
machioesetdea ustensiles que de s'en dé-
faire avec perte. » Henreusement il est
fadie d'avoir dans les magasins de l'état
un approvisionnement de salpêtre sufB-
«ant pour parer à toutes les éventualités
de la guerre pendant quelques mois au
moins , et un laps de temps très court
suffirait, dans tous les cas, pour rétablir
une iodu&trie bien connue, bien décrite,
n'exigeant ni machines, ni appareils,
puisque de vieux plâtras, djs l'eau, des
cendres, <les tonneaux et des chaudières
sont les seuls objets indispensables à l'art
du salpétrier. £• P.
SALPÉTRIÉEE (nospics ns la),
voy. Hôpitaux et Hospices (T. XJVj
p. 236) et Paeis (T. XIX, p. 234).
SALSEPAREILLE (x/n/iax, L.),
nom dérivé de l'espagnol sarza^ ronce,
et qui est celui de la racine d'une plante
4e la famille des asparaginées, originaire
de L'Amérique méridionale. On en dis-
jLÎB^e plusieurs espèces; mais la salse-
pareille, dite de Portugal, qui vient du
Brésil^ eat la plus estimée. Cette plante
qui fut longtemps, et qui est encore em-
ployée en médecine, fiit d'abord consi-
dérée comme un excellent sudorifique;
aujourd'hui on l'emploie principalement
comme remède an tisyphiii tique, et sous
ce rapport, sa vertu, quoique parfois
contestée, semble cependant confirmée
par l'exp^ience.Deuxpréparations phar-
maceutiques dans lesquelles entre la sal^
séparai lie ont surtout le privilège d*une
grande renommée : ce sont le sirop de
Cuisinier et le rob de LiifTecteur. Quel-
ques praticiens en font usage, non-seu-
lement dans le traitement des affections
syphilitiques, mais aussi dans celui des
maladies de la peau. Dans le premier cas,
beaucoup de personnes préfèrent l'em-
ploi des mercuriaux, parce que l'usage
de la salsepareille exige un régime encore
plus sévère. X.
SALSIFIS, voy. CHicoEAciss.
SALTIlIBANQUfi, espèce de jon-
gleuron debouiïon(vox*<i^t>^tB)i<Itûsau*
Uit et gembideit devant le public sur kt
7) S AL
tréteaux (de là son nom, foUà in b(mca\
en débitant des bouffonneries de mau-
vais aloi. Dans la hiérarchie foraine, le
saltimbanque est encore au-dessous de
l'histrion {yoy,) ; c'est un bateleur criard
que distingues^écialemeut Taccent étran-
ger qu'il affecte, ou qui trahit son origine
italienne réelle.
SALUBRITÉ, voy. Police sani-
TAIES, IkFECTIOCI, MipHITISME, AtS*
UEE, etc.
SALUCES (maequisat de), en ita-
lien SaluzzOj ainsi nommé de la ville
du même nom, et dont les marquis, ja^
dis indépendants, ont joué un certain
rôle dans l'histoire. Foy. PiÉiroirT.
SALUT, prières qui se chantent, le
soir en de certains jours, après l'office, et
qui se terminent par la bénédiction du
saint-sacrement.
SALUTATIONANGÉLIQUE,iK)j.
Ave Maeia.
SALUT PUBLIC (Comité de), voy.
CoMiTié DE Salut Pubuc.
SALVANDY TNaecisse- Achille'
comte de), est né a Condom (Gers), le
11 juin 1796, d'une famille d'origine
irlandaise. Il fit ses études à Paris, et il
était en 1818 an lycée Napoléon, lors-
qu'une escapade d'écolier attira sur lui
l'animadversion de son proviseur ; pour
se soustraire à la punition qui lui avait
été imposée, le jeune Saivandy s'échappa
du collège, et courut, à l'insu de ses
parents, s'enrôler dans les gardes d'hon-
neur, qu'on organisait alors. Il fit en
cette qualité la campagne de Saxe et
celle de France, et fut blessé trois fois :
le grade d'adjudant- major et la croix
de la Légion -d'Honneur, qu'il reçut
a Fontainebleau des mains de l'em-
pereur, récompensèrent ses services.
M. de Saivandy quitta l'armée après
Tabdication de Napoléon, et vint a Paris
faire son droit; mais en même temps,
pour ne pas perdre sou grade, qui con-
stituait toute sa fortune, il entra dans la
maison militaire du roi, et au 20 mars il
escorta Louis XYIII jusqu'à la frontière.
Au mois de mars 1816, lorsque les puis-
sances alliées pesaient de tout leur poids
sur la France vaincue, M^ de Saivandy
poussa le premier cri contre l'occupation,
tn UnfMti au milieu de l'étonnement
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SAL
(8)
SAL
général^ sa brochare ia Coalition et la
F7u/tc€!(l 81 6,in-8®).Oue^oqueiite pro-
testation d'un auteur de 30 ans, qui ex-
primait aTec hardiesse le sentiment uni*
-versel, eut un retentissement prodigieux.
Les alliés, atuqués sans ménagement, se
plaignirent, et demandèrent que l'auteur
fût poursuiri ; mais le roi et le duc de
Richelieu te refusèrent à une pareille
lâcheté. Trois ans après, lorsque le ter-
ritoire fut évacué, le duc de Richelieu,
▼oulant donner à M. de SaWandy un té-
moignage de sa satisfaction, le nomma
maître des requêtes au Conseil d^état.
Mais quand un autre ministère songea à
modifier la Charte, M. de Salvandy se sé-
para de lui, et sa destitution par M. de
Peyronnet, en 1831, fut le prix de son
Indépendance. H lui restait son grade de
capitaine d*état-major : il s'en démit en
1828, k l'époque de la guerre d'Espagne
qu'il désapprou¥ait.Cette même année, il
publia le roman DonAlonzo ou VEspa^
gne (4 vol in-8^). Ce livre éuit le fruit
des observations qu'il avait recueillies
pendant un voyage dansla péninsule, en
1830.Cependant, la Restauration oonti-
Duant d'accumuler les fautes, M. de Sal-
vandy se jeta dans la carrière du journa-
lisme, et, de concert avec M. de Chateau-
briand, soutint dans le Journal desDé^
bats {yoy.) une polémique vigoureuse,
qui contribua puissamment à ébranler le
ministère Villàe. Lorsque la censure lui
eut fermé les colonnes de ce journal, il
continua son opposition dans une série
de brochures qui fixèrent vivement l'at-
tention.
Sous le ministère Hartignac, en 1 827,
M. de Salvandy fut nommé conseiller
d'éut et chargé de soutenir à la Cham*
bre des pairs le projet de code militaire.
Lors de l'avénementaux affaires du prin-
ce de Polignac, il n'hésiu pas à donner
ta démission, et résista aux instances que
lui fit Charles X pour l'engager à reve-
nir sur cette détermination ; il recom*
mença alors à faire une guerre très vive au
parti qui poussait la branche atnée à sa
perte. On cite ce mot de lui prononcé
au bal que le duc d'Orléans donnait, en
1880, an roi de Naples : « Nous dansons
sur un volcan ! » L'éruption en effet ne
se tit pas attendre. NU de Salvapdy ac-
cepta la révolution de juillet eomme un
fait accompli, mais se tint pendant quel-
que temps en observation, conservant sa
liberté d'action tout en soutenant le nou-
veau gouvernement : cette disposition se
manifeste surtout dans sa brochure In-
titulée Seize mois^ ou la Eépolution de
1880 et les révolutionnaires (1880, in-
8®), qui fut réimprimée quatre mois après'
sous le titre de Fin^ mois. Élu député
dans le département de l'Eure, M. de
Salvandy fit partie de la majorité, sans ce-
pendant se jeter dans les extrêmes. Les
premières paroles qu'il prononça è la tri-
bune furent dirigées contre la dévasta-
tion de Saint-Germaîn-FAuxerrois. Nom-
mé rapporteur de la loi dite de disjonc-
tion, il n'eut pas la satisfiiction de faire
prévaloir ses idées favorables an projet.
Lorsque se fonMi le ministère du 16
avril 1837 [voy. MoLi), qui basa son
programme sur des principes de concilia-
tion, M. de Salvandy fut appelé à rem-
placer M . Guizot à l'instruction publique.
Il accepta cette tâche difficile, et ne resta
pas au-dessous de la situation. Il donna
une salutaire impulsion à tous les tra-
vaux du département, et presque toutes
les parties de renseignement reçurent des
marques de sa solUcitude. Ce ministère
ayant succombé à son tour sous les coups
àt la coalition, M. de Salvandy reprit
son siège à laChaasbre, où il se dbtingua
toujours par la tendance de son caractère
à concilier le pouvoir avec la liberté ; la
Chambre, de son cèté, en lui conférant
les fonctions de vice-président, lui donna
un témoignage de son estime. Vers la fin
de 1 84 1 , le ministère So«lt*Gmizot, von*
lant resserrer les relations de la France
avec l'Espagne, envoya M. de Salvandy
comme ambassadeur à Bfadrid. Des In-
trigues étrangères paralysèrent les bon-
nes intentions du gouvememMit fran-
çais : une querelle d'étiquette s'éleva sur
la question de savoir si c'était a la jeune
reine ou an régent que l'ambassadeur de*
vait remettre ses lettres de créance {voy,
l'art.). Les parties n'ayant pu se mettre
d'accord, M. de Salvandy revint à Paris.
Au mois de novembre 1848, il fut nommé
ambassadeur à Turin. Il avait reçu peu
de temps auparavant le grand-cordon
de la Légion-d'Honneur ; et depuis pea
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SAL (
de t—pawwit le tîlre de comte lai aTHit
été Goiïérék Apma^oir été prendre pot-*
•eatîon de toa amfaeeeede, M. de Salvtndy
revia^sîéger a la Chambre et rota contre
Vtiôiesae qui JlétrùsMt la eondntte dee
dépaléft légitimislea rewans du pèleri*
nage de Beigraire-Square. Ce TOte, pré-
cédé d'aa OQurt commentaire^ ayant été
ûnprooréen hant lien, M. de Salmndy
crut devoir se démettre de ses fonctions
d'imbassadenr (2 févr. 1S44). On sait
qoe cet événement donna lieu, dans la
Cbambre éos dépotés^ à nne discussion
extrêmement animée» oà rinviolabilité
de la couronne ne fut pas respectée com-
me elle devait l'être.
M. de Salvandy a pubUé un grand
nombre de brochures politiques; quehfie
irritant que fussent amnrent 4es sujets
qu'il a tmitéSy on lui doit rendre cette
justice, que, dans ses écrits comme dans
ses diaeoars, U a toujours su allier la mo*
dération de la pensée à la vivacité de
l'expression.
Outre les publications déjà mention*
nées, on doit encore à M. de Salvandy des
ouvrages historiques remarquables«sur-
tottt par le style. St le plus important de
ces o«vrages,Vi7irloire de Pologne avant
et smus le roi Jean Sohieski (Paris, 1 839,
3 vol. in-80), a néanmoins été jugé sé-
vèrement lors de sa publication *, c'est
qu'il est précédé d'une exposition et
d'un tableau historique où l'auteur, en
dessinant à grands traita les différentes
périodes de cette histoire, a commis de
nombreuses erreurs, fruits d'une étude
insuffisante ;^ mais on ne peut contester
le mérite du fond de cette composition.
Le même talent d'hbtorien se retrouve
dans une Fie de Napoléon rédigée
pour un ouvrage analogue à celui^i;
enfin nous citerons encore de lui l^laor
ou le barde chrétien^ now^elle gauloise
(1 824, in*l 2j, etc., etc. M. de Salvandy a
été élu membre de l'Aeadémie-Fran^
^tse, le 19 février 1835, et reçu solen-
nellement le 21 avril de l'année suivante.
11 compte parmi les membres les plus dis-
(*) Non-feulement par M. J. H. S., mais en-
a>r« par dirers critiqiiet étrangers. Voir par
exemple VopiBioa de VL Pcniczaixjiulu, dans
le Tableau de la Pologne ameiennê et meiteme, par
M«he-Brua et M. Lépointl Chodzko» t. Il, p.
390. S.
) SAL
tingués de cette illustre comp(agnie; À. B.
SALVATOR ROSA, voy. Rosa. *
SALVI (JkAir- Baptiste), aussi nom«
mé le Sasso Ferrato du lieu qui l'avait
vu nat^«, dans le duché d^rbin, en
1606. Ce fut à Rome, ville où il mourut
en 1686, qu'il étudia la peinture plutôt
en copiste qu'en artiste : aussi ses tableaux
manquent-ils en général d'originalité. l\
s'attacha de préférence aux sujets de dé-
votion. Ses Vierges se distinguent toutes
par un cachet de simplicité et de modes-
tie , par un coloris un peu terne et la
couleur bleoe de la draperie. Nous cite*
rons la Vierge et V enfant Jésus^ V As-
somption de la Vierge , la Vierge et
t enfant Jésus dormant sur ses genoux»
Le ubleau qui décore l'autel de Monte-
Fiascone est le plus grand de ses ouvra-
ges. X.
SALVIBN , prêtre de Marseille , né
vers S90 , d'une famille considérable de
Cologne, et, suivant d'autres, de Trêves,
épousa Palladio, fille d'Hypace, qu'il
convertit a la foi chrétienne. En 420, il
persuada à sa femme de vivre dans la
continence, distribua tous ses biens aux
pauvres, et se retira dans l'abbaye de Lé-
rins, d*où il passa^ vers 426 , dans celle
de Saint-Viclor à Marseille, où il fut
ordonné prêtre en 480. A cette époque,
il a'êtait déjà fait un nom célèbre dans
l'Eglise par ses talents , sa piété et son
éloquence. Il mourut vers 484, dans un
Age très avancé, laissant, entre autres ou-
vrages, deux traités, l'un sur la Propi»
dence^ l'autre sur V Avarice^ et des Let*
très. Ses œuvres ont été publiées, pour la
1'* fois, par J.-A. Brassicanus (BAICy
1680, in-foU), et souvent réimprimées
depuis. L'édition de Baluze (Paris, 1684,
in-8<<) passe pour la meilleure et la plus
complète. Nousenavons trois traductions
firançaises fiiites, ^une par le P. Bonnet
(Paris, 1700,2 vol. in-12); la 2* parle
P. Mareuil (1784, in-f 2); et la 8^ par
Grégoire et CoUombet (1888-84 , 2 vol.
în.8**). X.
SALZ A (HERMAim i>x), grand^maltre
de l'ordre Teutonique {yoy,)y de 1210 à
1289, et fondateur de son établissement
en Prusse.
SALZROURG, ancien ardievêohé se-
nMOUverainderAllemagne méridionale,
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(10)
SAL
iMSHit partie aajoard'hai da U «Mmar*
* chîe autrichieDoe, ettituée entre l'archi*
duché d'Autriche, le Tyroi et la Bavik-e.
Ou y comptait une auper&cie de 180
millet oarr. %éof^.y 16 villea, 23 bourgs
et une population de 250,000 àmev,
qui, dans la première moitié du xyui*
siècle, tomba à 190,000 par suite de
rémigration des prolestants, chassés de
leurs foyers par l'archevêque L.-Ant.-
Éleutbère de Firmian. Le pays de Salz-*
bourg, montagneux comme la Suisse et
le Tyrol, comprend la vallée de la Salza
et un grand nombre de vallées accessoi-
res. Il est borné an sud par les Tauern^
prolongation de la chaîne centrale des
Alpes, dont les sommets les plus élevés
sont le Fenedigerspiiz (11,622 pieds),
le Grosseloekner (11,782) et VAnkogel
(10,290); à Test et à l'ouest, par la
Kalkkette (chaîne calcaire), dont le point
culminant s'élève à 8,882 au-dessus du
niveau de la mer, et au nord par les
plaines marécageuses que forme la Salza.
Il est arrosé par la Salza» la Saale, l'Eus,
le Mur et un grand nombre de torrents.
Le plus considérable de ses lacs est celui
de Zeli : il a deux lieues de long sur une
demi-lieue de large. Parmi les eaux mi-
nérales, celles de Gastein {voy») sont les
plus renommées. On ne trouve pas dans
la monarchie autrichienne de chute plus
imposante que celle de la Krimmler
jiche qui se précipite en cinq cascades
d*une hauteur de plus de 2,000 pieds,
et forme une courbe magnifique. Le cli-
mat est âpre, mais généralement sain.
Les mines, autrefois abondantes^ donnent
encore du cuivre, du fer, du plomb et
de l'arsenic. Les salines de Hallein, dont
les longues galeries souterraines tentent
souvent la curiosité des voyageurs, et les
carrières de marbre de 11Jntersberg,sont
exploitées avec grand profit. La valériane
celtique» une des nombreuses espèces de
■plantes qui forment la fiore si riche des
Alpes, est un objet de commerce impor-
tant. Le sol ne produit pas assez de grain
pour la nourriture des habitants ; mais
la récolte des fruits est considérable.
La principale richesse de la popula-
tion consiste dans ses troupeaux et ses
chevaux. Le gibier disparait de plus en
pliM^ oomne auaii les animaux fàrocca.
lieaJSîalxboorgeoIssontnnerMedHuHnmei
vigoureux, acti&, laborieux, ne nnui«>
quant pas d'esprit naturel, mais remplis
de superstition et de préjugés. Les cré-
tins sont nombreux dans le pays.
Les archevêques de Salzbourg jouis*
saient autrefois de grands privilèges ; mak
ils les perdirent en 1802, lorsque Tar-
chevêche fut sécularisé et cédé au grand--
duc Ferdinand en dédommagement de
ses étau de Toscane {voy. T. ^ p. 680).
£n 1805, la paix de Presbourg fit passer
le Salzbourg sous la domination de l'Au*
triche. En 1810, Napoléon le donna à
la Bavière qui, a la paix de Paris, dut le
restituer à l'Autriche presque en totalité»
Aujourd'hui le oerde autrichien de Salz-
bourg compte, sur une superficie dd
128 l milles carrés, 3 villes, 10 bourgs,
1,078 villages et 141,400 habitants.
Le chef«4ieu, Salzbourg^ siège d*un ar-
chevêque, est bâti au fond d'une vallée
sur la Salza; 'les rues en sont étroites et
tortueuses , mais bien pavées \ les places
petites, mais régulières; les maisons a
terrasse solidement bâties en marbre. La
population s'élève à 14,000 âmes. Parmi
les établissements les plus remarquablea,
on cite le lycée avec une bibliothèque de
36,000 volumes, le jardin botanique, le
musée zoologique, la bibliothèque de
Saint -Pierre avec 40,000 volumes, le
gymnase, le théâtre, les trois hdpitaux
civils et l'hôpiul militaire, etc. La ca-
thédrale est magnifique; l'église de Saints-
Marguerite est un beau monument de
l'architecture du xv* siècle, et celle du
couvent de bénédictines, sur le Nonnen-
berg, attire l'attention du voyageur par
ses vitraux peints en 1480. La place de
la Résidence est ornée de U plus belle
fontaine de l'Allemagne, et le corp de
garde est surmonté d'une tour qui ren-
ferme un carillon célèbre. La ville est
dominée par le fort de HohemcUza» Une
des portes de Salzbourg est taillée dans
le roc vif. Le cimetière, à l'italienne, mé-
rite aussi d'être visité, ainsi que le monu-
ment de Paracelse (vqx.).Les environs de
la ville sont ravissants et couverts de su-
perbes châteaux: on vante surtout Eigen
et le château de Hellbrnnn. Voir Hacker,
Salzbourg et ses environs (Salzb.,3* éd.,
1830)^ Zauner, Chronique d$ Sai^
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SAL
(11)
SAM
how^y coBtÎBiiée fÊT Gœrteer (Salzfo. ,
1813, 2 vol.). CL.
SALZMAiVN(CHRisTUir-GoTTHii.F),
édiTaÎB populaire et péda^^ogUte célèbrei
naquit, ie t*' juin 1744, à SoeuMaerda
(pays d'Erfurt), où soo pèreétait pastear,
fit ses études de théologie à léna depuis
1761, et obtiot, en 1768, la cure de
Rohriwm qu'il quitta, en^l772, pour le
ditoonat de Tégliae de Saint- André, à
£rfort. Nommé pasteur de cette église
peu de temps après, il se fit remarquer
par la popularité et Ponction de ses ser-
mons; mais Pindépendance de ses opi-
nions lui attira des inimitiés* La lecture
de J.- J. Rousseau et de Basedow fit une
impression si grande sur son esprit qu'il
résolut d'appliquer leurs idées philan-
thropiques à l'éducation de ses enfants;
et tout en s'acquittent de ce devoir, il se
convainquit de sa vocation comme écri-
vain pédagogique et comme instituteur.
Il se mit donc à écrire, en langue alle-
mande, ses Entretiens pour les enfants
et les amis de Venfance (Leipz., 1778-
87, 8 vol.), et son KrebsbùcMein^ ou
Exemple d'une éducation irrationnelle
(Erf., 1781; 6* éd., 1819),8aUreamère
de l'ancienne méthode pédiagogique qu'il
qualifie de rétrograde {Krebsy éere->
visse). £n 1781, Sakmann accepta une
place dans l'école que Basedow (voy.)
avait fondée à Dessau, et donna sa démia-
sion de pasteur; mais frappé du défaut
d'harmonie et d'ensemble qui régnait dtfns
cet établissement, il le quitta au bout de
trois années pour aller créer dans le du*
ché de Gotlm la célèbre institution de
Schnepfenthal, qui n'eut d'autres élèves
d^abord que ses propres fils et quelques
enfants adoptés par lui. Protégé par des
amis, aidé dana ses travaux par de dignei
collègues, tels que André, Becfastein,
Lenz, Glotz, Guts Muths, Weissenborn,
Blasche, Ausfeld, il sut bientôt placer son
école au premier rang parmi celles de
TAUemagne. Un grand nombre d*élèves
lui furent envoyés même des pays étran-
gers , et l'institution de Schnepfenthal ,
grice aux soins dont il entourait ses élè-
ves, autant qu'à sa méthode pédagogique,
acquit une réputation européenne. Mats
les événements dont l'Allemagne fut le
ibéàure au oomnenoenitnt de oe siède.
exeroèrent une fikhense iafloeaoe anr cet
établissement, et Salzmann voyait depû
longlemf^ son école décliner lorsqu'il
mourut le 31 oot. 1811.
Parmi ses nombreux ouvi^ges, qui tous
se distinguent par la lucidité des pensées^
la clarté de l'expression et La noble sim-
plicité du style, nous citerona : Càaries
de Karlsberg, ou ia misère hw/iainé
(Leipz., 1783-86,8 vol.); ÉiémenUde
morale (Schnepf., 1 789) ; Le ciel sur ia
terre (Schnepf., 1797); Sébastien Kluge;
La vie curieuse de Constant; Conrad Kie^
fer^ ou Exemple d'une éducation rai'
sonaable; \%PetkUpre d'images de Cof^
rad Kiefer; Henri GottschalA; Ernest
Uaberfeld; Joseph Schwarzmandel ^
sans parler d'une foule d'autres écrits
pour l'enfance qui laissent une profonde
et salutaire impression chez ces jeunes
lecteurs. Nous ne pouvons nous dispen-
ser toutefois de mentionner enoore son
Messager de Thuringe (Schnepf., 1788
etsuiv.), feuille populaire qui a eu le plus
grand succès, et son ouvrage sur les Pé-
chés secrets de la jeunesse* Ceux-là mê-
me qui blâment la direction toute pratH
que du système d'éducation de Salzmann,
ne peuvent refuser à ses enseignements
et à ses conseils le mérite de tendre di*
rcotement au but qu'il ae propose. C. L,
SAMANIDES, vor^ Fbssb, T. XIX,
p. 448.
SAMARCANDE, en chinois AAan^,
dans l'ancienne Sogdiane. Après avoir
été la capitale de Tamerlan, elle n'est plus
aujourd'hui qu'une simple ville de dia*
triet dana le kbaoat de Boukhara. Fof.
BoiTKARXs etXuaxiUTAir. f^oir aussi Ch.
Ritter, Géogr, tie l'Asie^ t. V, p. 6ô7.
SAMARITAINS. Après la destruc-
tion du royaume d'Israél [voy, T. XUI,
p. 670), il se forma, du mélange des
Israélites laissés dans leur patrie et dea
colonies syriennes qui s'établirent autour
de Samarie (en hébreu Chomron)^ l'an-
cienne capitale de ce royaume , une po-
pulation mixte à laquelle les Juifs don-
nèrent le nom de Kuthéens et de Sama^
ritains. Au Retour de la captivité de
Ba by lonc) ces Samaritains Toulureo t coo-
pérer au rétablissement du temple de Jé-
rusalem ; mais les JuiCf refusèrent de les
y admettre : de là une baine qui rompit
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SAM
(12)
SAM
toute relatkm entre la Samarie et la Ja-
dée. Depuis la conquête de la Palestine
par les Turcs , les Samaritains ont telle-
ment diminué de nond>re que, non-seu-
lement les colonies qu'ils aidaient établies
en Egypte, et qui étaient encore floris-
fautes au xyn* siècle , ont péri, mais
qu'à Naplouse , l'ancienne Sichem , et à
Jaffa, les deux seules irilles où l'on en
trouve encore aujourd'hui, il n'en eiiste
plus qu'une trentaine de familles, comp-
tant environ 200 individus. Selon les
renseignements donnés, en 1811, àSil-
▼estre de Sacy par Salameh , leur prêtre,
on doit regarder les Samaritains, sous le
rapport religieux, comme une secte voi-
sine des Jaifs, quoiqu'ils n'admettent
d'autres livres saints que le Pentaleuque,
auquel ils attribuent une origine divine,
et le livre de Josué. Ils n'observent, d'ail-
leurs, quant aux rites et aux institutions
ecclésiastiques du judaïsme , que ce qui
est formellement prescrit par Moïse; et,
au lieu du temple de Jérusalem, ils esti-
ment saint le mont Garizim, en Sama-*
rie , sur lequel ils célébraient ancienne-
ment leurs fêtes et leurs sacrifices. Us
observent, comme les Juifii, la circonci-
sion, les purifications et les fêtes mosaï-
ques; comme eux, ils n'adorent qu'un
seul Dieu , croient aux anges, à la résur-
rection, à la rémunération; de même
qu'eux, enfin, ils attendent un Messie,
qu'ils représentent comme un prophète,
d'après les paroles de Moïse. Leurs prê-
tres sont de la tribu de Lévi , et ils se
servent pour leur culte du dialecte
araméo-samaritain, dans lequel est écrit
leur Pentateuque, quoique entre eux ils
parlent généralement l'arabe. Ils se dis-
tinguent des autres habitants par un tur-
ban blanc, ne se marient qu'entre eux,
et évitent toute relation trop intime avec
ceux qui n'appartiennent pas à leur secte.
La polygamie est permise en ce sens qu'un
homme peut épouser à la fois deux fem-
mes; mais si l'une vient à mourir, il ne
peut la remplacer, ets'il les perd toutes les
deux, il ne peut plus en prendre qu'une.
Les Samaritains s'occupent du change des
monnaies ou de travaux manuels. Leur
littérature se borne à la traduction du
Pentateuque, du livre de Josué, à quel-
ques cantiques et à quelques lettres. C. L,
VécrUurû stmniritaine n'est antre
chose que l'écritmre hébraïque cursive ,
différente de l'écriture carrée, et sans
voyelles. La langue samaritaine est celle
du Penuteuque que Pierre délia Valle
fit connaître en Europe au xzii^ siècle ,
et qu'on a beaucoup étudiée depuis dans
l'intérêt de l'hébreu et de la critique bi-
blique. Parmi les ouvrages auxquels cette
étude a donné naissance, nous citeront
les suivants zllhlemann, InstUutiones lin*
guœ Samaritanœ ex antiquissimis mo^
numentis erutas etdigesiœ^ integrispo'
radigmatum tabulés indieibusque ador-
natœ; quibus accedit Chrestomathia
Samaritanay notisUlustrata etglossario
locupletata^ Leipz., 1837, in-$^; Gese-
nins, De Pentateuchi Samaritarum ori"
gine, Halle, 1815, in.4''; Winer, De
versione Pentateuchi Samarit.y Leipz.,
1817,in.8^ S.
SAJHBCQUE, voy, Inst&umxiits dx
xnsi^B, T. XIV, p. 786.
SAlINITES.Ceshabitantsderancien
Samniumf dans la Basse-Italie, sur la
plus grande partie de laquelle ils étendi-
rent leur domination, avaient pour voi-
sins les Péligniens, les Marses, les Cam-
paniens , les Lucaniens et les Apuliens.
Les historiens romains nous les représen-
tent comme un peuple belliqueux et
passionné pour la liberté. Pendant plus
de 50 ans, Hs soutinrent la guerre contre
Rome, et c'est là, à vrai dire, l'âge hé»
roïquede la république des Sept-Collines.
La première de ces guerres éclata l'ail
84d av. J.-C, lorsque les Campaniens ,
pressés par les Samnites, se mirent sous
la protection de Rome. Le consul Valé-
rius Corvus, chargé de chasser les Sam-
nites de la Gunpanie, les défit dans un
sanglant combat, tandis qu'une autre ai^
mée romaine pénétrait sur leur territoire
et triomphait également, gr&ce au dévoù-
ment héroïque du jeune P. Décius Mus.
Les Samnites demandèrent la paix; mais
ils ne l'observèrent que le temps néces-
saire pour réparer leurs défaites. Une
seconde guerre , plus sanglante encore
que la première, commença en 838 ; elle
fut d'autant plus opiniâtre, que les antres
peuples de la Basse-Italie prirent parti
contre les Romains. Après des succès
nombreux, l'armée romaine se laissa en*
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SAM
(15)
SAM
fermer, en 811 , prds detiaadhnii {voy.)^
tJUms un défilé d'où elle ne put sortir
qi^en paisuitaoas le joog. LetFonrcbes*
Cândinei font célèbres dans Tbistôire;
«eis œtCe bonté, loin d'aonbler les Ro-
iBftîos, ne&î qn*esalter lenrconmge. Le
sénat refusa àe ratifier le traité ignomi*
oieux qo'ayaient signé les consnb, et les
Irrra enz-mêmes aux Samnites, en même
tenps qu'il confiait le commandement de
i'armée à Papirius Gursor, qui fit subir
aux ennemis le même affront qu'avaient
esMiyé les Romains. Gonstammentbattns,
lesSamnitesse virent à la fin (290) dans
l'impoasibtlîté de continuer la guerre;
cependant^ ils ne se soumirent point,
ils se retirèrent dans les montagnes et
ne cessèrent de faire des incursions sur le
territoire romain; Ils reprirent les armes
lors de la guerre contre Tarente et l'ex-
pédition de Pyrrhus (voy,); mais le
triomphe final des Romains, dans cette
nouvelle guerre,leur livra tout^ l'Italiein-
féricure. Lorsque les alliés (tio/ .)se révol-
tèrent contre Roo^e, du temps de Sjlla,
lesSamoites reprirent les armes et com-
battirent avec acbarnement. Syliane leur
fit aucun quartier; 4,000 prisonniers fu-
rent égorgés sur le Cbamp de Mars, par
mea ordres, trois jours après la victoire
qu'il remporta sur eux. Le petit nombre
é» ceux qui échappèrent au fer, vécut
<lè8 lors tranquille. Les Samnites avaient
emprunté à leurs voisins de la Grande-
Grèce , non-senlement leurs arts , mais
leur constitution et leurs lois. Leur forme
de gouvernement était démocratique;
ma» lorsqu'une guerre édaUit, ils se
choisissaient un général pour commander
k tous. C, X.
SAMOGlTlE{Zrmizd)yVax. Goua-
UkKDB, LmsuAifis et Russie.
SAMOS, lie grecque de l'Archipel,
sur les côtes d'Ionie, en fiice du promon-
toire de Mycale, patrie de Pyihagore, de
Rhoecus, architecte du temple de la Ju-
non Samienne, de Théodore et de Télé-
dès, se» fib, Fun et l'autre sculpteurs cé-
lèbres. C'était, dans Tantiquité, la plus
fertile, la plus riche et la plus puissante
des Iles Ioniennes. Habiles marins, les
Samiens parcoururent de bonne heure la
Méditerranée et fondèrent plusieurs co-
Uuneê en Egypte, dans ht Crète et sur le
littoral de la Rétique ; mais incapables de
jouir paisiblement de la liberté, ils se di-
visèrent en factions qui se déchirèrent
entre eUes, jusqu'à ce qu'iEaque et son
fils Polycrate surtout se furent emparés
du pouvoir. Depuis cette époque, Sa-
moa vit décliner de phîs en plus sa puis-
sance au milieu des luttes des parU's.
Soumise successivement aux Perses, aux
Athéniens, auxLacédémoniens, aux Ro-
maios, elle perdit les derniers restes de
sa liberté sous l'empereur Vespasien (l'an
70 de J.-C). Au moyen-âge, elle fut
tour à tour possédée par les Arabes,
les Vénitiens, les Génois, et elle finit par
devenir tributaire des Turcs sous un agha
du capudan-pacha. Elle a une étendue
de 8 I milles carr. géogr., et une popu-
lation de 60,000 Ames. Quoique monta-
gneuse, elle produit en abondance du
vin de Malvoisie, des raisins, de l'huile,
de la soie, du coton et des fruits, dont
elle fait un graod commerce. Daos les
enriroos de Corà, sa capitale, on voit en-
core les ruines de l'ancienne Samos et du
magnifique temple de Junon , dont lé
culte avait pris naitsance dans l'iie. CL,
8AMOTHRACB (aujourd'hui 6>r-
madrek) , une des iles de la mer Egée,
dans l'éyalet de Djesaîr, non loin de
Lemnos, suries côtes de la Thrat^ et en
face de Troie. Sa superficie est d'un mille
et demi carré, et sa population de 2,00è
âmes. C'était, dans l'antiquité, un lieu cé-
lèbre par ses mystères (voy.), dont furent
prêtres, dit- on, les Gabires et plus tard
les Dioscures {voy. ces noms). L'initia-
tion passait pour une garantie contre les
périls de la navigation : aussi raconte-
t«on que les Argonautes débarquèrent à
Samolhrace par le conseil d'Orphée, qui
était lui-même un initié. Au reste , ces
mystères sont entourés d'une obscurité
qui s'étend jusqu'aux noms des divinités
qu'on y adorait. Il parait ceruin toute-
fois que ce culte était un mélange de ce*
rémonies égyptiennes et phéniciennes, al-
térées plus tard par des rites grecs. On dit
que ce culte même, avec une modification
dans les noms des dieux, fut porté chez
les Étrusques. Du temps des Romains
encore, Samothrace jouissait d'une cer-
taine liberté et d'une réputation de sain-
teté qu'elle devait à ses mystères et qu'elle
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SAM
(U)
SAM
me perdit «pie loDgiriii|M «prêt la Mit-
saooe du Christ. On- y voit des restes de
■Mirs cyolopéens. C. X.
BAMOYÈDES9 nom dont Torigine
est inconnue et mum lequel on désigne
une peuplade de nomidee qui habitent
let afirenx déserts du nord de la Russie.
Ne eacbant ni lire ni écrire, les S«nM>yè«*>
des ne possèdent aucun monument aa«
then tique ^ leur histoire primilive; tout
au plus les chants populaires eooservenl-
îb le souvenir des ei|Mt8 de leurs béroe.
Lorsque les Russes. les soumirent, ils
avaient déjà été chassés de leurs demeu-
res par les Tatars, et ne formaient plus un
oorps de nation. Depuis la conquête de
leur pays, on ne les oonnait pas mieux,
aucun voyageur n'ayant encore osé s'a-
venturer dans leurs impénétrables soli-
tudes. Les percepteurs des impôts vont
seuls les visiter. La langue, la physiono-
mie, la manière de vivre, prouvent ce-
pendant une parenté entre les différentes
tribus dispersées sur les bords de l'océan
Glacial, depuis la mer Blanche presque
jusqu'à la Lena. Ils se nomment ena*
mêmes Nenetsch ou Khasot^Of c'est-à-
dire hommes. En Asie, vers le lac Baîkal,
on les connaît sous le nom de Koibalef^
emprunté à un de leurs princes. LesSa-
moyèdes européens ont été i^ndus trî^
butaires par Idi Russes dès 1626; ils ha-
bitent dans les gouvernements d'Arkhan-
gel et de Yologda , entre le Mézen et la
Petehora , et vivent sans relations avec
les autres peuples. Sauf quelques centai-
nes d'individus, tous professent le christia-
nisme. Le Samoyèdes de la Sibérie, à l'est
de l'Oural, errent dans le gouvernement
de Tobolsk, autour de l'embouchure de
l'Obi. C. X.
SAMSON, l'Hercule des Hébreux, fils
de Maaoah de la tribu de Dan, fut pen-
dant 20 ans juge à Juda {voy. T. XIU,
p. 668). C'est en se rendant auprès de sa
fiancée, fille d'un Philistin de Thimnath
(Thamnata), qu'il mit un lion en pièces;
ayant trouvé quelque temps après un es-
saim d'abeilles établi dans le corps de
l'animal tué, oe spectacle lui fournit le
sujet d'una énigme , qu'à l'ocoasîon de
ses noces il proposa aux Pbilbtins [J tiges ^
XIV, 1 et suiv.), les défiant de la résoudre.
Ils acceptèrent le défi; et la trahison de
la j«une mariée, qui avait reçu les eon*
fidences^e son mari, les mit à même
d'en donner Texplîeation.Samson, ayant
ainsi perdu son pari, s'acquitta avec les
vêtements pris aux Philistins qu'il tua à
Ascabn. Quant à sa iismme, il la quitta ;
et alla lut remariée par son père. Pour
se venger de oet affront, Samson ayant
pris 800 reaards, les attacha deux à deux
par la queue, fiiui entre eux des tor-
chesallumées, et les lâcha dans les champs
des Philistins, oà ils causèrent d'horribles
ravages. Livré par les Jnifs à ces Gentils,
Samson brisa ses liens, et tua un grand
nombre de ses ennemis avec une mâchoire
d'âne. Enfin, une courtkane du nom de
Délila, qui avait été gagnée par les Phi-
listins, et à laquelle il' avait eu l'impru*
dence de confier son secret, profita de
son sommeil pour lui couper les* cheveux,
dans lesqueb résidait toute sa force. Ses
ennemis lui crevèrent les yeux, le char-
gèrent de chaînes, et l'obligèrent à tour-
ner la BMule d'un moulin à Gaza. Au
bout d'une année, ses forces lui étant re-
venues avec ses oheveuxy il songea â sa-
tisfaire son désir de vengeance; conduit
dans le temple lors d'une fête, il ren-
versa deux colonnes sur lesquelles repo-
sait l'édifice, et s'ensevelit avec les Phi-
listins sous ses ruines. C L,
SAMUEL, nom hébreu qui signifie cfo-
mandé à Dieu, fils d'Ëlcana et d'Anne,
de la tribu de Lévi, prophète et dernier
juge d'Israël (voy. T. XUI, p. 668),
naquit à Rama, 'il 82 ans av. J.-G. Dès
son enfance, il fut confié aux soins du
grand-prêtre Héli, et employé au service
du temple. Il pouvait avoir une vingtaine
d'annéâ lorsqu'une rision Tappela à rem-
plir la charge de prophète. Héli étant
mort, il fut proclamé juge d'Israël après
un interrègne de 20 ans. Son premier
soin fut d'extirper l'idolâtrie. Il y réussit,
et pendant sa judicature le peuple d'Is-
raël jouit d'une paix et d'une prospérité
auxquelles il n'était plus habitué depuis
longtemps. Bfais les maux qu'il avait dé-
tournés par sa sagesse et sa prudence,
reparurent lorsqu'afîaibli par l'âge , il
partagea ses pénibles fonctions avec ses
fils. Les Israélites, mécontents de leur con-
duite, demandèrent un roi. En vain Sa-
muel résista- 1- il d'abord à leurs voeuX,
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SAN
(H)
SAN
qu'il telit ta €»viBÊ^r comme une offense
faite à Dîea : il ne pat Jea cooTeincre, et
forcé de céder, il vonhH au moins préve-
nir, s*il ëluC poinble, Kes ebos de pouvoir
attiqaehiJpréfoyeitqiie l'tatorité royale
Be larderait pas à donner lien. A cet effet,
ilppoms%na une espèce de constittilion,
ely cette précaution prise, il sacra S^û\
(vo/,) en i080; aMÛs il s'aperçut bien-*
tdl<|oe ce prinoe n'était pas disposé à se
soofliettre à sa volonté avec autant d'em-
pratsement qu'il l'cspératl, et dès lors il
ie considéra comme rejeté de Dieu. Après
avoir sacré secrètement David (vo^O» '^^
dliraêl, il mourut è Rama, â^é de plus
de 98 ans, l'an 10S7.
Pour iea «leun livres ^de t'Ancien-Tes-
tamentqui, dans l'original hébreu, por-
tant le nom de Samuel , et qui, dans les
versions adbplées par l^Église catholique,
perlent le titre de I^^et II* livre des Rqîs
(dont on adknet alors IV), voy. Bible,
T. III, p. 464 et 465. E; B-G.
SAN-BENITO,tM>r. Aiïto«i>a-fe et
IlIQUISITIOIV.
SANCOEI-VII, rois de Navarre,
voy. NayAmm».
SANGHE I-IV,rois deCastille, voy.
CaSTILUE et ESPJCGHB.
SANCII£Z(FaAHçois),enlatiniSaRir-
tùUf savant Portugais qui devint pro-*
fesaeur de philosophie è Toulouse, où il
mourut en 1683. Il ne faut pas le con-
fondre avec le jésuite Tmmàs Sancfaez,
casuîste fameux par son traité De ma-
trimomo (Gènes, 1603, in*fol, souv*
réimpr.), et qui mourut en 1 61 0, à Gre-
nade. X.
SANGHONIATHON. Ce nom, qui
dans la langue phénicienne, signifie ami
de la vérité, était peutrétre autrefois gé-
nérique et se donnait soit aux historiens
en géïiéral, soit à des prêtres diargés spé-
cialement de rédiger l'histoire; cepen-
dant, pour nous, c'est un nom propre
servant à désigner un historien phénicien
deBérytequi écrivit, 1360 ans av. J.-C^,
dans sa langue nationale, une histoire de
Phénicie et d'Egypte. L'auteur de cet
•uviuge, composé de VIII ou IX livres,
. avait puiséses documents dans les annales
des temples, dans les Hvn» de Thaut et
dans les traditions des prêtres. Le gram-
Herannius Philon de Byblos fit
(100 ans av. J.-G.) une Iraduction gree*^
que de l'histoire de Satichoniathon [voy.
T. XIX, p. 529). C'est dans cette tra-
duction que Porphyre a trouvé les preu-
ves cosmogoniques contre le christianisa^
me; Ensèbe {Épang. prœp.^ 1, 10) s'en
est servi dans le but opposé. On ne con-
naissait cet auteur que par les citations
d'Eusèbe, et l'on ignore quel usage fut
fait avant lai des écrits de Sanchoniathon,
dont le nom n'est mentionné nulle part
avant Philon, et rarement après lui. Aussi
Ursinus, Dodvrell, Van Dale, Meiners et
Hismann ont-ils douté de Tauthenticité
de cet ouvrage.Grotius, Goguet et Mignot
sont de l'avis contraire, et fondent leur
opinion sur l'accord qui existe entre cette
histoire et les traditions bibliques. Fou*
cher et Heyne, cherchant à concilier ces
deux jugements, prétendent qui Philon
a seulement fait Quelques interpolations
et quelques changements, soit pour le
fond y soit pour la forme, mais cette
opinion intermédiaire parait inadmis-
sible. Du reste quand même le fragment
que nous possédons serait authentique,
il est loin d'avoir une grande importance
hisloriqne relativement a la cosmogonie
et à la théogonie. Le fragment de San-
choniathon a été traduit du grec d'£u^
sèbe en plusieurs langues, publié de nos
jours séparément par J.-E. Orelli (Leipz.,
1836). Une traduction française avec
commentaires psrConrtdeGebélin parut
à Paris en 1773, sous le titre de ^//c^-
gories orientales^ ou le fragment de
Sanchoniathon^ in-4<*. On peut compa-
rer avec elle la traduction allemande de
Webhaupt publiée en 3 parties (Ratisb.,
1789), et de plus les ouvrages suivanls :
Appendix concernifig Sanchoniatons
phœnician history^ Lond., 1691 ; Ur-
sinus , De Zoroastro , Hermete et San-
ehoniathone exercitationes ^ Nuremb.,
1661. X.
. Une polémique très curieuse s'est éle-
vée au sujet de cet auteur phénicien dans
Pannée 1886 : nous en avons déjà dit un
mot à l'art. Grotefem n. A cette époque,
la Gazette de Hanovre annonça que la
traduction complète de Philon avait été
trouvée dans un couvent portugais. Mal-
heureusement, il n'existait pas dans le
Portugal de couvent du nom indiqué \
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SAN
(16)
SAN
on n'avait pas enUDda parler dans ce
pays de la découverte en question, et
tout portait à croire que c'était aussi un
nom supposé que celui de la personne
qui| disait-on, avait donné communica-
tion du manuscrit à un jeune Allemand,
le docteur Frédéric Wagenfeld. Néan«
moinsy ce dernier publia encore dans la
même année 1886, à Hanovre, un extrait
de cette prétendue traduction complète,
extrait qu'il accompagna d'une introduc-
tion de lui et d'un discours préliminaire,
traité archéologique et historique fort
remarquable de M. le directeur Grote-
fend, qui parait avoir donné dans le
piège. Bien plus, la traduction grecque,
elle-même parut, accompagnée d'une
traduction latine (Brème, 1837, in'8<>) ;
et dans la même année, on en imprima
encore une traduction allemande ano-
nyme , mais fort bien faite. Cependant,
Ottfried Mûller fit voir que le commen-
cement de ce texte grec, qu'on disait im-
primé d'après un manuscrit jusqu'alors
inconnu , n'était autre chose qu'âne re-
production du fragment d'Eusèbe ; on si-
gnala, en outre, des irrégularités dfe lan-
gage et des formes qui ne cadraient nul-
lement avec celles de Pbilon, ainsi qu'un
passage d'après lequel Eusèbe n'aurait pas
dA. placer au xin^ siècle av. J.-C, mais
au VI* , l'auteur de cette Histoire île Phé*
nicie; enfin, des difficultés de tout genre,
aggravées encore par le refus péremptoire
de l'éditeur d'exhiber le manuscrit d'a-
près lequel l'impression aurait été faite.
Celui-ci, du reste, n'a pas rompu le si-
Jence depuis, et jusqu'à ce jour Ténigme
est restée sans sqîution. Qu'il y ait eu un
essai de mystification, cela ne parait pas
douteux; mais la supercherie consistait-
elle seulementdans la fausse origine qu'on
prétait au manuscrit, ou bien l'existence
même de ce dernier est-elle de pure in-
vention, et M. Wagenfeld serait-il l'au-
teur du texte grec qu'il a voulu faire pas-
ser pour ancien? Ici, nous sommes encore
6ur le terrain des conjectures, et nous
craindrions de tomber dans l'erreur en
hasardant une affirmation quelconque.S«
SANCTA-CLARA, voy. Abeakak a
SAHCTA-CLà&A.
SANCTION (sanctiOf du verb« sun^
cire^ consacrer, vouer, confirmer). C'est
l'exercice d'une volonté suprême qui, en
apposant sa signature à un acte, le rend
valable et lui donne force de loi. En
France, toute loi , même proposée par !•
roi, a encore besoin de sa sanction , qui
seule la rendenécntoîre, mais qui, comme
tout autre acte rend^ au nom du soave*
rain, a besoin d'être contresignée par un
ministre.
Pour Xwk pragmatique sanction ^ voy.
Pragmatique.
SAND (Chaeles-Louis) , voy. Kor-
zsBUE, T. XV, p. 742.
SAND (Gborgk), voy. Dudsvaiit.
SANDAL (bois dx). Ce bois, oonmi
des anciens et originaire de l'Inde, se di-
vise en trois espèces : . 1^ le sondai citrin^
qui est d'un jaune fauve, peu dur et plus
léger que l'eau ; sa saveur est amère et
son odeur tient le milieu entre le musc et
la rose. La distillation en obtient une
huile volatile excessivement légère et
d'une odeur très forte : c'est le sandal du
commerce; â^ le sandal blanc » auquel
plusieurs naturalistes supposent la même
origine que celle du sandal citrin , avec
cette seule différence qu'il serait abattu
ayant d'avoir atteintsa maturité^ilestbeau-
coup plus lourd que le premier et a une
saveur plus amère encore; on l'emploie en
Asie pour falsifier l'essence de rose, dont il
possède aussi l'odeur; 3" enfin, le ^nii*
dal rouge ^ qui vient de Ceylan et de la
côte de Coromandel. Il est un peu plus
léger que l'eau; brun à l'extérieur, rouge
à l'intérieur; sa texture est très fibreuse;
son odeur est faible, mais agréable. Il est
surtout employé en teinture et en tablet-
terie. Les naturalistes ne sont pas tout-
à-fait d'accord sur la nature des arbres
qui produisent le bois de sandal. A leur
exemple, on donne, dans le commerce,
ce nom à différentes variétés de bois des
lies, qui ne diffèrent d'ailleurs du sandal
rouge que par leur plus on moins de du-
reté et letur nature pins ou moins fi-
breuse. D. A. IX
SANDALES, voy. Chaussuebs (ches
les anciens).
SANDJAK., mot turc qui signifie en-
seigne et qui se rapporte aux qoeoes de
cheval, symbole de la puissance d'un pa*
cha. On con^prand dès lors pourquoi ee
nom est donné à des divisions adminis^
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SAN (17)
trttiYCS de Vempire Ofbmnm ou à des
portions d'une plus grande tenure^ d*ane
proTÎDoedite^^AilfM. C'est mal à propos
qa*oo a fait en français le mot de sand--
jacat ^ qui n'exprime pas antre chose
que sanJJaky mot qui ne désignait pas
l'adminiitratenr; celui-ci prenait ou le
titre de sandjak-bey^ ou celai de pacha
Le simdfak^hérif o\i enseigne nohle,
ttiote, est une bannière en étoffe de soie
ferfei à frariges d'or, sans inscription ni
emblème, q^n'on montre à Farmée et au
peuple dans les occasions solennelles ou
dans des moments de grand danger. En-
fermée dans une botte garnie d'or et d'ar-
gent, elle est souvent emportée à la guerre
sons la garde du grand- visir, mais jamais
exposée dans la mêlée. Le peuple regarde
cette bannière, réellement très ancienne,
comme étant Pétendard de Mahomet;mab
ce dernier ne quitte jamais le Trésor im«
périal, où il est conservé, couvert du
manteaa du prophète {khirkaï''chérif)
et de 40 autres enveloppes en soie, et
renfermé dans un étui en drap. C'est lors
de rabolition des janissaires que le sand*
jak^chérif a paru en dernier lieu aux
yeax du public. Le regard d'un chrétien
on de tout autre infidèle ne doit jamais
tomber sur ce palladium de l'empire ; une
infraction à cette loi pourrait avoir des
suites fatales pour le curieux. An con-
traire, c'est le devoir de tont bon musul-
man de s'armer aussit6t que la bannière
est déployée, et de venir prendre les or-
dres da padichah. . X.
SANDWICH (Iles), archipel situé
dans la mer du Sud, auprès du tropique
du Cancer, composé de 1 1 lies, entre 1 8«
SO' et 32^ 15' de lat. N., entre 150» SO'
et 1 65^ 38' de long. or. La principale de
ces lies est Oaihé on Bawaiij du nom de
laquelle on désigne quelquefois tout l'ar^
chipel; située à l'est du groupe, elle a
environ 100 lieues de tour et est hérissée
de montagnes granitiques, dont la cime,
élevée de 5 à 6,000™, est toujours cou-
verte de neige. Selon les missionnaires,
toute l'tle n'est qu'une masse de laves ou
antres matières en décomposition, et per-
cée d'un nombre infini d'ouvertures qui
ont servi de cratères. Ce sol forme peut«
étre^ diseot-ils, « une voAte gigantesque
Sneyelop. d. 6. d. M, Tome XXL
SAN
au*desiiit d'une vaste fournaise située
dans le cœur d'une énorme montagne
sons- marine, dont 111e d'Hawaii n'est que
le sommet. » Dans les vallées et les plai-
nes, le sol fertile produit tous les végé-
taux des archipels de cette mer , surtout
du sucre, dont la culture y prospère.
Le nombre des insulaires est d'environ
50,000 ; on en compte 8,000 è Raraka-
koua, principal villa^. Sur la c6te de
l'est, il y a un bon port, celui de Why-
tea* Du temps du paganisme , cette Ile
avait plusieurs grands forts qui, destinés
aux sacrifices, étaient réputés sacrés et
servaient de refuge dans la guerre, d'a-
silés inviolables dans la paix. Après Ha«
waii , que les Anglais avaient nommé
Owhyhée, et qui a acqub une triste cé-
lébrité par le meurtre de Cook {vof,)^
en 1779, les Iles les plus peuplées sont
celles de Maoupî ou Mowi^ et Jtoui,
Ile montagneuse et dépourvue de ports.
L'Ile la plus agréable et celle où réside le
roi, est FF^oahou^ Oahu ou (hahou^ que
Ton a appelée le jardin de cet archipel à
cause de la beauté de sa végétation, quoi-
que le bois de construction y soit rare.
Elle a environ 85,000 hab.; son chet-
lieu, Hanaroura, que les Européens con-
naissent mieux sons le nom de Honoluln^
est située sur une bf ie qui forme un tr^
beau port protégé par deux forts et flk-
quenté surtout par les bâtiments anglais
et américains, qui y vont chercher le bois
de sandal et d'autres productions de l'ar-
chijiel : aussi, plusieurs maisons de com-
merce européennes et américaines y sont
établies. Parmi les 5 ou 8,000 hab.
de cette ville, régulièrement bâtie et or-
née du palais du roi, il y a des nègres et
des mulâtres; on y trouve des églises chré-
tiennes de diverses sectes. Il faut en-
core citer la petite lie à^Onihau^ où l'on
récolte beaucoup de productions tnter-
tropicales et qui , par cette raison , est
bien peuplée.
L'archipel d'Hawaii avait échappé aux
recherches des navigateurs, quoique les
galions espagnob, allant de Manille à
Acapulco, eussent toujours passé dans ces
parages, lorsque Cook, dans son troisième
voyage de circunuiavigatioo, en fit la dé-
couverte, en 1778. H y trouva noe belle
race dliommes sauvages, les Kanakas,
t
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SAN (18
d*un teint très basané ou plat^t couleur
de noisette^ parlant une langue qui a de
Taiialogie avec d^autres langues polyné-
siennes % obéissant à des rois, pratiquant
une idolâtrie grossière, faisant des sacri-
fices humains à ses idoles, ayanf une caste
sacerdotale considérable, et se divisant en
érihs (nobles ou chefs) , en hommes li-
bres et en serfs. Ils se nourrissaient de
noix de coco, de patates, de taro, de jus
de canne à sucre, de bananes et d'autres
végétaux de ces lies, de chair de porcs et
de chiens, d'oiseaux aquatiques et de
poissons : ils se tatouaient et se vêtis-
saient d'étoffes faites de filaments d'écor-
ce,tlssée6 par les femmes, qu'ils traitaient
presaue en esclaves. Armés de lances, de
frondes et de massues , ils guerroyaient
(Mquemment d'une lie à l'autre, ou mê-
me de hameau à hameau. Depuis la dé-
couverte des Hawaii par Cook, les navi-
res anglab et américains fréquentèrent
cet archipel, et établirent avec les insu-
laires un commerce de pelleteries et de
sandal. Pendant ce temps, Taméhaméha,
un des principaux chefs d'Oaihé , s'em-
para de la souveraineté de toutes les îles,
devint le premier rbl de l'archipel, et
s^eflorça de vivre en bonne intelligence
avec les Européens. Son fils lui succéda
en 181 d, sous le nom de Taméhaméha II.
Le règne de celui>ci fut remarquable par
rétablissement des copsuls d'Angleterre
et des États-Unis, et par celui des mis-
sionnaires américains, qui convertirent les
habitants, bâtirent des églises et des éco-
les, ei organisèrent même une imprime-
rie à Bonolulu. Malgré quelques révolu-
tions qu'il y eut dans le gouvernement,
lés efforts de ces missionnaires eurent un
plein succès : la civilisation fit des progrès
considérables, et les insulaires, après
avoir vécu pendant des milliers d'années
dans un isolement complet, équipèrent
une petite marine et fréquentèrent les au-
tres archipels; ils étendirent même leurs
relations, d'une part, jusqu'à la Califor-
nie, et de l'autre, jusqu'à la Chine. Sous
(*) Uo premier «stai d*uiia gMSunairo et d*aA
vocabulaire de )a laogoe d'HuWttiiy rédigé par
5fewart, missionnaire américain , a été publié
iana le t. T1IL èh rectiell géographique aHe-
fliand BniÀm, Depuis ce fempa, les nukiioa*
pairea ont fait parallre à Honolala oiw graoi*-
lliaire de la laogoe dn pays.
) SAN
le roi actuel, l'améhaméha III, toutet lea
grandes puissances maritimes ont reconnu
l'indépendance des îles Sandwich, et en-
tretiennent des relations amicales avec
elles. Les États-Unis ont conclu leur
traitée cet égard en 1843, et la Grande*
Bretagne a suivi cet exemple eu 1848.
Dans cette même année, un des officiers
de sa marine, ayant voulu placer ces Iles
sous la souveraineté britannique, fut dés-
avoué par son gouvernement. Dès l'an-
née 1887, M. Oupetit-Thouars, alors ct-
Sitaine de vaisseau et chargé d'un voyage
e circumnavigation, avait conclu, au
nom du roi des Français, avec le roi des
Hawaii, un traité dans lequel il était sti-
pulé que les Français, arrivant dans ce»
lies, seraient protégés et jouiraient des
mêmes avantages que la nation la plus
favorisée. Cependant les missionnaires
catholiques, qui y voulurent travailler à
la conversion des sauvages, éprouvèrent
des obstacles; et on les força de a'éloigner,
à l'instigation , dit-on , des méthodistes
américains éublis à Honolulu depuis 1 6
ans. Deux ans après la conclusion du
traité, une frégate française parut dans
le port d'Honolulu, et le commandant
exigea, au nom de son gouvernement,
3ue le culte catholique fût déclaré libre
ans toutes les lies de l'archipel , qu'un
terrain fût assigné pour l'érection d'une
église catholique, et que pour garantie
de sa conduite, le roi des Hawaii dépo-
sât entre les mains du gouvernement
français une somme de 20,000 dollars, le
tout sous peine d!une attaque immédiate
en cas de refus. Ces conditions furent ac-
ceptées, et le 17 juillet 1839 , un nou-
veau traité fut conclu pour assurer le sort
des Français dans ces Iles. Depuis ce
temps, des missionnaires français, sur-
tout ceux de la communauté de Picpus,
ont poursuivi avec activité leur œuvre
de conversion, et ils assuraient, à la fin
de 1842, avoir déjà 10,000 catholiques
parmi les habitants de l'archipel. Les Eu-
ropéens ont introduit dans les lies Sand-
wich la culture du coton, du tabac, du
maïs ; ils y ont naturalisé les chèvres, les
bestiaux et les chevaux : et cet archipel
est maintenant en état de ravitailler les
baleiniers qui viennent y relâcher. On
évalue à 200,000 âmea la population d«
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SAN
(19)
San
tèi Uea; dit pmit atoir été beaucoup
plus forte arant leurs relations aTec les
blancs. Un anteor américain, J. Jackson
Jarves, a publié l'histoire de cet archipel
(Bùtorf of the Bavaiian or Sandwich
isîands^ Boston, 1 848,in-S^),dont il croit
qae les navigateurs espagnols avaient fait
la décoaverte, mais qu'ils Tavaient tenue
secrète par jalousie politique. D-g.
8AXG. Etudié dans les animaux oc-
eopant un rang élevé dans Téchelle zoo-
logique et en particulier chez l'homme,
le sang est un liquide légèrement vis-
3ueux, d*aii rouge plus ou moins foncé,
'une odear spéciale, et dont la saveur
est un peu alcaline. L'analyse la plus
simple que Ton puisse faire de ce liquide
important de Péconomie animale con-
siste à le recueillir dans un vase de forme
déterminée et à le laisser se refroidir
spontanément. En cet état, il ne tarde
point à se coaguler et à se diviser en deux
parties distinctes : le sérum ou la por-
tion la plus liquide, et le caillot. Lors-
que cette séparation est complète, si l'on
isole le caillot du sérum et qu'on le lave
aTec un soin convenable dans l'eau, on le
débarrasse de la matière colorante qu'il
retient et que l'on appelle crttor,'et il se
résout en une substance feutrée, blanche,
qui est hjibrine {vqy.). De cette analyse
spontanée, il résulte que le sang est for-
mé de trois substances distinctes, savoir
le sérum, le cruor et la fibrine, auxquels
il faut ajouter une petite quantité de ma-
tière grasse, qui le fait paraître légère-
ment visqueux au toucher.
La physiologie ne s'est point bornée a
cette analyse superficielle du sang : elle
a voulu pénétrer plus avant dans sa com-
position intime, et y a reconnu des ma-
tières animales d'une nature particulière,
divers sels, des acides et du fer en nature.
La microscope a été également appliqué
à l'étude de ce liquide. Étudié de cette
manière, le sang apparaît comme un liqui-
de transparent , incolore (sérum) , dans
lequel nagent d'innombrables corpus-
cules rouges, qui ont reçu la dénomina-
tion spéciale de globules^ et qui ont une
configuration assez nettement déterminée
suivant les animaux chez lesqUeb on les
observe.
Le sang, considéré dans l'état de vie.
est dans un mouvemen t continuel : le cœur
(voy,') est le principal agent de ce mou-
vement. Lorsque, après avoir servi à la
nutrition des parties vivantes, aux di-
verses sécrétions de l'organisme, et s'être
chargé de nouveaux principes alibiles au
moyen de l'absorption intestinale, il est
reporté au cœur par les veines (sang vei-
neux), il en est immédiatement expulsé
dans la direction de l'appareil pulmo-
naire, où il entre en contact avec le flui-
de atmosphérique et prend les caractères
du sang artériel (vqy. Yeiites et Aaxi-
aEs). Après cette transformation^ qui le
rend apte à entretenir la vie par la nu-
tritièn, il revient au cœur, d'où il est
transporté, au moyen des artères, dans
toutes les parties de l'organisme (yojr,
GiRGULATioif et HiMATOsx). Dsus Cette
double métamorpHose, le sang subit, rela-
tivementà ses qualités physiques, des mo-
difications qui en revêtent de plus profon-
des dans sa composition intime. Le sang
veineux est d'une couleur noire plus ou
moins foncée, le sang artériel est d'un
rouge intense ou, comme on dit, rutilant.
Le sang est vraiment le suc vital par
excellence; il remplit dans les animaux
les mêmes fonctions que la sève dans les
végétaux. Tous les organes, en vertu d'une
propriété a nalogue a rattraction physique^
ou peut-être à l'instinct animal , s'asû-
milent ceux de ses éléments qui ont de
l'affinité avec leur composition chimique^
d'un autre c6té, les appareils chargés des
diverses sécrétions {voyJ)^ qui n'impor-
tent pas moins que la nutrition à l'har-
monie de la vie, lui empruntent les ma-
tériaux nécessaires à l'accomplissement
de leurs fonctions. Un savant physiolo-
giste allemand, Burdach, résume admira*
Elément le rôle important que le sang
est appelé à jouer dans l'organisme : nous
ne saurions mieux terminer ces courtes
considérations qu'en citant ce passage,
aussi remarquable par la justesse des idées
que par la netteté de l'expression : « Le
sang est la totalité de l'organisme soua
forme liquide. Gomme corps liquide, il
est le substratiun et l'intermédiaire du
changement de substance, dans lequel
connste la vie végétativa* Il opère un ra-
jennissemant continuel en amenant aus
parties organiques ce qui vient de Faxté-
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SAN
(20)
SAN
rieur, et en rejetant aa dehors ce qui est
mis hors de service. La vie végétative
tout entière se concentre en lui; car
tous ses phiénomènes se réduisent en
dernière analyse à la formation et à la
destruction du sang, au moyen de son
conflit avec les organes et avec le monde
extérieur. » {Traité de physiologie ^ t.
Vn, p. 88). M. S-H.
SANG (coup de), voy. Apoplbxis.
SANGLIER, voy. Cochon.
SANGSUE (hirudo)^ famille d'anné-
lides {voy,)^ de la division des abranches
sans soies, et qui, outre l'absence de ces
appendices , se distingue encore des au-
tres invertébrés de cette classe par les
deux espèces d'entonnoirs ou de cavités
contractiles qu^elle porte aux deux ex-
trémités du corps , et qui, agissant à la
manière d'une ventouse, permettent à
l'animal d'adhérer fortement aux objeta
sur lesquels il s^applique. Au fond de la
ventouse antérieure est la bouche armée
de mâchoires denticulées en forme de
scie, à faide desquelles ces annélides
percent la peau, pour en tirer le sang.
Leur corps allongé, plissé transversale-
ment, offre à la face dorsale des anneaux
antérieurs un certain nombre de petites
taches noires qui paraissent être des yeux
rudimentaires. On voit aussi dans plu-
sieurs espèces deux séries de pores s'é-
tendant an-dessous du corps, et commu-
niquant avec de petits sacs que l'on re-
garde comme des organes respiratoires.
Les sangsues sont hermaphrodites , mais
chaque individu ne peut se féconder lui-
même. Il en est qui rassemblent leurs œufs
dans des cocons enveloppés d'une sorte
de bourre ou d'excrétion fibreuse. On les
désigne quelquefois sous le nom d'anné-
lides suceurs , parce qu'elles ont l'habi-
tude de s'attacher aux poissons, aux ba-
traciens, aux bestiaux même quand ib
Tont boire dans les mares, pour vivre à
leurs dépens. Quoique très carnassières ,
elles supportent cependant, pendant l'hi-
ver, de très longs jeûnes^ enfoncées dans
la Tas^, où elles n'ont pour se nourrir
que des détritus organiques ou quelques
larves d'insectes. On sait que les sang-
sues médicinales se conservent longtemps
dans de l'argile humide et même dans de
l'eau que l'on renouvelle. On a observé
que leurs mouvements y correspondent
aux variations atmosphériques.
On confondait naguère , sous ce nom
de sangsues, un grand nombre d'espèces
différentes. Les plus intéressantes à con-
naître sont : la sangsue verte ou officia'
nale^ la plus grosse des espèces connues,
rayée de jaune en dessus; et la sangsue
grise ou iitÂ//W/ia/^,ordinairement mar-
brée. Ce sont les espèces le plus fréquem»
ment employées en médecine , quoique
plusieurs autres du même genre sanguin
suga (sangsues proprement dites) pour*
raient servir également. La première est
plus commune dans le midi; la se-
conde dans le nord de l'Europe. La re-
production des sangsues, par cocons,
était connue depuis un temps immémo-
rial des paysans de la Bretagne et d'au-
tres contrées de la France, qui transpor-
taient dans les étangs épuisés par de
nombreuses pêches les cocons enfouis
dans la vase ou dans les trous arrondis
où on les trouve. Quant à la pêche de
l'animal lui-même, elle se fait soit à la
main, soit avec des fileU de toile de cria
tendus sur des cercles. C'est de nos jours
l'objet d'un grand commerce. Paris seul
en consommait, il y a quelques années,
plus de 8 millions, mab ce chiffre a dû
baisser par suite de la réaction qui s'est
opérée contre la doctrine de l'irritation.
On les tire non -seulement de plusieurs
de nos départements du centre, du midi,
etc., mais encore de l'Italie , de l'Espa-
gne, de la Bohême, etc.
Il ne faut pas confondre avec l'espèce
précédente la sangsue noire ou sangsue
de cheval {hœmopis)^ grande espèce qui
se refuse constamment à mordre la peau
de l'homme. On a formé le genre albione
de quelques espèces qui habitent la mer,
et dont le corps est hérissé de tubercu-
lea. C. S-TE.
Les sangsues sont fréquemment em-
ployées en médedne pour opérer les émit-
dons sanguines locales. Dans les appli-«
cations qu'on en fait au traitement de
nombreuses maladies, on peut les poser
sur tous les pointa du corps; et, suivant
qu'on les place près ou loin du siège
du mal, elles agissent à titre de moyen
djéplétif ou révulsif. Aujourd'hui, la con-
sommation des sangsues diminue d'une
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SAN
(ai)
SAN
manière aoCabley tant parce qna Pex-
périence a démontré que \é§ émissions
aangutoes n'oot pas toute Timportance
qoe leur STaît attriboée la doctrine de
Broosnis (vo^.), qne parce que dans
besflcoap de circonstances on leur sub-
stitue afec avantage les ventouses sèches
et surtout scarifiées {voy. l'art.). M . S-n.
SAHGUIIIE, oxyde de fer ou héma-
tite (voy.) qui fournit aux dessinateurs
noe couleur rouge-brun {voy. Ceaton).
Elle sert aussi à polir et à brunir. Fay.
i^TJNISSKIÏA.
SANHÉDEIN, mot hébreu qu'on ne
trouve pas dans rAncien-Testameut ,
Bais auquel répond, dans le ^Nouveau,
celui de synedrium^ formé par les hel-
lénistes iyof.) qui ont pu lui donner
ainsi tine étymologle grecque, sans beau-
coup s'éloigner de la forme hébraïque
dont l'usage était introduit de leur temps.
A l'époque fie Jésus-Christ, on euten-
éait par sanhédrin le tribunal suprê-
me des Juils, à la fois civil et ecclésias-
tique» établi, selon les uns, déjà par
Moïse, et selon les autres, seulement
après Texil, mais réorganisé dans tous
les CCS sous les Maccabées. H était com-
posé de 71 membres (prêtres, lévites,
docteurs de la loi, ou anciens) pré:ïidés
par le grand-prétre, et s'assemblait tous
les jours, excepté celui du sabbat, dans
le temple auprès du tabernacle. Les dé-
dsious se prenaient à la majorité des
▼oix et sur la déposition orale d'au moins
deox témoins. Hérode diminua beaucoup
son autorité, que les Romains restreigni-
rent encore. Après la destruction de Jéru-
salem, le sanhédrin erra pendant quelque
temps eu divers lieux et finit par s*éta*
btir à Tibériade.' Les cours subalternes,
tant à Jérusalem que dans les autres villes
de la Judée s'appelaient petits sanhé^
drins.
Napoléon ayant conçu le projet de ré*
générer les Israélites de ses étau et de
déterminer leurs droits et leurs devoirs,
convoqua, le 80 mai 1806, sous le nom
de grand sanAédrin^nn certain nombre
de rabbins et de notables, italiens et fran-
çais, dans le but d'amener un rapproche-
ment entre les juifb et les chrétiens par
la réforme de leur liturgie et de leur loi
oérémonielle. Mais lagnerrei en appeiaai
ailleurs l'attention de l'empereur, ne lui
permit pasde iaireexécutercomplétement
les résolutions de cette assemblée qui se
sépara au mois d'avril 1 807. Fqy. Juifs,
T. XV, p. 605, et Bs&a {Michel). C. L.
SANNAZAR (Jacquxs), poète iu-
lien, plus connu peut-être par ses poé-
sies latines d'un style vraiment classique.
Né à Naples, le 38 juillet 1458, il mourut
dans cette ville, le 37 avril 1680. Voy,
iTALIEIflTE (//>/.), T. XV, p. 171.
SAN-SALVADOR,vor.GuATÉMALA.
SANSCRITES (lahguk et utté-
baturb). On désigne sous le nom de sanS'»
crit la langue littéraire de l'Inde ancien-
ne, parlée jadis aux bords du Gange par
les adorateurs de Brahma {voy, T. XIV,
p. 623). Ce nom, qui signifie concretus^
accompli, est opposé à celui de pracriu
procreatus^ spontané, donné au dialecte
vulgaire qui a produit les idiomes mo-
dernes. Lie sanscrit est donc le latin de
l'Inde, la langue de ses monuments les
plus anciens, de ces codes vénérés, de ces
poèmes gigantesques qui, écrits sur des
feuilles de palmier et conservés au fond
des sanctuaires, sont venus révéler, après
trente siècles, l'origine de la plupart des
langues, des croyances et des institutions
de l'Europe. C'est en effet une vérité re*
connue que la race puissante des Indiens,
descendue des vallées de l'Himalaya, est
la source commune des tribus persanes,
celtiques, tudesques, slavonnes et pelas»
giques qui ont couvert, à différentes épo-
ques, l'Asie occidentale et l'Europe tout
entière; et cette vérité, que les traditions
historiques avaient déjà fait pressentir à
nos aïeux, acquiert de nos jours une évi-
dence irrésistible par la comparaison de
nos langues fondamentales, du grec, du
latin, du gothique, du slavon, avec l'i-
diome sacré des Brahmanes. Riche d'un
alphabet de 60 lettres classées d'après les
organes de la voix et groupées avec art
dans l'écriture, joignant à la variété des
modulations la plus exacte symétrie et à
la multitude des combinaisons la clarté
la plus admirable, le sanscrit, que l'on
pourrait appeler l'indien par excellence»
représente et résume les idiomes de PEu-
rope, a travers le temps et Tespacet,
comme un orgue colossal dont le» échos
•e croisent sous l'effort de vents opposés.
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Les floua fondamentaux son^ les mêmes
dans leur expression sécalaire^ les sylla-
bes radicales se correspondent d'une ma-
nière positive et complète, avec les seules
modifications imposées par Pinfluence di-
yerse des climats. On peut en compter
plus de cinq cents qui traversent nos lan-
gues les plus usuelles oh elles répandent
d'innombrables dérivés, tandis que la
déclinaison sanscrite, composée de trois
genres, de trois nombres et de buit cas,
embrasse toutes nos désinences casuelles,
et que la conjugaison, régulière et com-
plète, composée de trois voix, de six mo-
des et de six temps, offre les augmenta et
les redoublements grecs, les créments la-
tins et gothiques, les intercalations sla-
vonnes, et des flexions personnelles si
bien marquées qu'on y reconnaît partout
le type pronominal. Enfin, les pronoms
eux-mêmes, les préfixes , les désinences,
les verbes, les principaux adjectifs et
substantifs, tels que les noms d'éléments,
d'animaux, de parenté, de membres,
d'ustensiles, se correspondent d'une ma-
nière identique dans toutes les parties du
système, de telle sorte que si un même
objet a des noms différents dans nos di-
vers idiomes, tous ces noms se retrou-
vent sous la même forme et avec le même
sens en indien.
Citons seulement quelques exemples.
Dans les langues les plus anciennes et le
mieux conservées de l'Europe, le nomi-
natif masculin est marqué par une sif-
flante, le féminin par une voyelle, le neu-
tre par une nasale qui disparaît quelque-
fois. Or, ce^ signes caractéristiques sont
exactement ceux du sanscrit; exemple :
navaSfd, a/7i,pu napxasf/d^jram^ cor-
respondant au grec vcoç, a, ov; au latin,
noQUSf a, um; au gothique, niçis^ ia^ i;
au lithuanien, /lau/aj, ia, ûi.Ce mot est
identique dans tous les autres idiomes :
italien, /ittopo; espagnol, /ik^po; français,
neuf; allemand, neuer; anglais, new; sué-
dois, nya; slavon, /ïop*j russe, notyr^ po-
lonais, novi; irlandais, nua; gallois, neu ,*
coïncidence frappante et tout- à-fait inex-
plicable pour quiconque rejetterait la
communauté d'origine.
Les trois flexions personnelles des ver-
bes, au singulier et au pluriel, marquées
par les consonnes m^ s on th^fw nt^
SAlf
ont pour base les pronoms personnels ^
démonstratifs itui, tva^ ta (grec as, ac,
To) communs à presque toute l'Europe.
Le verbe substantif est exprimé dans
nos idiomes par des formes en partie
analogues, en partie îrrégulières et dé-
fectueuses. Le sanscrit possède quatre
racines : as^ vasy bhdy sthd, qui expri-
ment l'exbtence avec des nuances diver-
ses, mais toutes subordonnées à l'idée
principale. En conjuguant la première :
asmif asiy asti^ on retrouve l'indicatif
présent grec, e^^t, tlç^ iTti\ latin, sum^
es y est; gothique, im, ù, ist; slavon,
esm\ esiy esf; irlandais, is mif is tUf
is e; ainsi que le futur, l'impératif et le
subjonctif qui en dépendent. La racine
vaSy fournit l'imparfait gothique was;
allemand, tvar; anglais, (vas. La racine
bhd (grec, f>u&>}, donne le parfait latin,
/ui; slavon, byh; gallois, hum; ainsi que
le présent allemand, bin; anglais, ùe»
Enfin la racine sthd (grec, ^rao) ; latin,
sto) domine dans les formes italiennes,
espagnoles, françaises : stava^ estava;
étaisy étéy être.
L'idée de Dieu, à la fois la plus sim-
ple et la plus illimitée de toutes, a été
désignée par les nations de l'Europe sous
trois attributs principaux, pâles reflets
de ses perfections suprêmes. Chez les
peuples du midi et de l'ouest. Dieu est
splendeur, lumière : grec, Stç , Çsuç, Oioç;
latin, dèus; espagnol, dios; italien, dio;
français, dieu; irlandais, dia; gallois,
duiv\ ainsi que lithuanien, dievas. L'o-
rigine commune de tous ces mots se re-
trouve dans l'indien, datvas^ divinité,
dérivé, comme les noms du ciel et du
jour (grec, Saoc; latin, dies)^ de la ra-
cine divy récréer, resplendir. Chez lès
peuples du nord. Dieu est pureté, ver-»
tu : gothique, guth; allemand, gott; an-
glais, g'oc/; suédois, gudy analogue au mof
allemand gut^ qui exprime la bonté, et
qui se retrouve dans l'indien, çudkaSp
pur, dérivé du verbe çudhy purifier»
Chez les peuples de l'est. Dieu est pros-
périté, bonheur : slavon, bog; russe,
bog; polonais, bog^ analogue au mot
letton bagaSf qui exprime la richesse, et
qui se retrouve dans l'indien bhdgas^
fortune, dérivé du verbe bhaj^ distri-
buer, i^nsiy dans cet exemplei coi|i|i^
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H»
(23)
SkN
dans nulle aigres , c'est ai^ sanscrit qu'il
faut a\oir recours lorsqu'on Ttut pténé-
trer à la source des images employées,
tons des iofluences diversesy pour pein*
dre l'idée la plus usuelle comme la plus
grande et la plus ineffable.
La littératiire sanscrite, riche en ou-
vra^ de tous genres, comprend quatre
périodes principales. La plus ancienne est
celle des trois premiers Fédas, ou livres
de la science, recueils d'hymnes en vers
et en prose, expression mystérieuse du
culte de Brahma, dout on fait remonter
l'origine au xy^ siècle avant notre ère
(vojr. T. XlV, p. Ç 1 8). La seconde pério-
de, postérieure de qufilques siècles, s'ofi«
?fe par le Ramayana de Valmiki, vaste
poème héroïque qui consacre la victoire
du dieu YiachnpuL sous les traits du hé-
ros indien Hao^a (voy,^^ sur les sauvages
habitants de Ceylan \ elle se ferme par
1^ Mahahharata de Yyasa, composition
non moins étendue, ou le même diea,
sous les traits de Krischna , termine la
lutte de deux dynasties rivales, he Exi-
mayana et le Mahabharata sont l'Iliade
et rOdyssée de l'Inde ;; ils offrept avec
ce;| poèmes le même rapport que la na-
ture de l'Orieqt, si féconde, sf variée, ai
vague et si éblouiasantÇy^vec les purs con-
tours de l'horizon grec, Jlien p'ég^Je la
majesté et l'éclat de quelqnes-ups de leurs
épisodes, qui reflètent |$s tra4itions les
plus sublimes^ souvent même les émo-
tions les plus touchantes; maïs l'immense
multiplicité des personnages, le conflit
des dieux, dçs génies et des monstres, et
l'extjrême diffusion des détails, les a fait
comparer avec raison % ces arbres gigan-
tesques des bords du Gange, dont chaque
rameau devient une tige, dont chaque tige
devient une forêt. On p|ace à la même
époque le Dharma- iosira de Manou
{vojr,), base fondamentale de la législa-
tion iodienne, ainsi qu'un quatrième Vé-
da, bientôt suivi des Fédangas^ow com-
mentaires. En même temps, six grandes
écoles de philosophes, types et modèles
de celles de la Grèce, représentant cha-
cune de leurs tendances, ^'élèvent suc-
cessivement sous les auspices' de Kapila,
Patanjali, Gantf ma^ Kanada, Djemini tX
Vyasa, l'illustre auteur du Mahabha^
ratât qui, philosopha, poêle et théolo-
gien, rédigea aussi le» Pouranas, com-
mentaires historiqpes des Fédas. f^a sa-
gesse revêt encore une autre forme dans
le PantchatantrUf recueil de fables du
brahmaneVischnou çarman, premier qio-
dèle des fabulistes de FEurope. Dans la
troisième période, qui corr^pond au rè-
gne d^ Auguste et au commencement de
notre ère, la littérature sj^nscrite prend
une allure plus vive, une expression de
grâce et d'élégance, qui se révèle surtout
dans les drames de Bhavabhuti et dans
ceux de Ralidasa (vo^.}, célèbre auteur
de la Sakountaldf le chef-d'œuvre du
théâtre indien. Ce même poète a laissé
plusieurs chants héroïques qui se distin-
guent par la perfection du style, sans tou-
tefois égaler le GÙagovinda, élégie pas-
torale, où le poète Djayadéva dépeint en
vers charmants les amours de Kxischna.
La même inspiration se retrouve dans la
Ghatakarpara et dans les odes d'Ama-
rou, jusqu'à ce que Térudition la rem-
place par les préceptes de Bhartrihari et
dePanipi, qui annoncent l'époque grani-
malicale f^t laborieuse du x" siècle, don|
les poèmçs, tels que le Nalodaja^ ne §ont
que des amplifications savantes, et dont
les travaux les plus utiles sont dus à Ra-
sinatha et Yppadéva, qui ont finalysé la
langKe sapscrite et déterminé ses racinea
et ses flexions, tandis que Àpiarasingha
rédiaeait le premier dictionnaire. C'est
ainsi que, pendant 2,000 ans, cette litté-
rature n'a cessé de produire, dans une
progression naturelle et parfaitement con-
forme à celle du génie grec^ de vastes et
brillantes compositions lyriques, épiques
et dramatiques, suivies enfin d'une ère
de décadence ou plutôt d'érudition cri-
tique, dont la tâche a été de recueillir,
d'expliquer et de perpétuer toutes ces
merveilles.
L'Europe les a longtemps ignorées ou
imparfaitement entrevues, et ce n'est que
depuis que l'Angleterre a assis sa domi-
nation dans l'Inde, c'est-à-dire depuis
moins d'un siècle, que ces trésors, tiréf
du fond des temples, ont réveillé le zèle
des savants. Anquetil-Duperron ouvrit
la voie, où le suivirent bientôt William
Jones, puis Colebrooke, Wilkint et Wil-
spn , auteur d'un précieux dictionnaire.
G. de Humboldt, MM. Bopp et de Schle*
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SAN
(24)
SAN
gel en AUemagoei aioti qae leurs disci-
ples Rosen et M. Lassen, ont étendu ,
par leurs traductions, leun grammaires,
leurs récherches en tous genres, la con-
naissance de la langue -sanscrite à toutes
les universités ; tandis qu'en France l'in-
géoieux Ghézj excitait un noble enthou-
siasme, qui a porté ses plus beaux fruits
dans les savants travaux de M. Eugène
Burnouf {voy, la plupart de ces noms).
Partout le sanscrit tend à devenir l'auxi-
liaire indispensable des études, la base
réelle des connaissances classiques que
lui seul explique complètement, puisqu^il
contient le germe de toutes les langues et
de toutes les littératures de l'Europe.
A côté de lui se groupent d'autres idio-
mes également nés prè du Gange ou de
l'Indus : nous en avons dit un mot à l'art.
IiTDiEirNEs (langues).
Les principaux ouvrages à consulter
pour étudier la langue sanscrite propre-
ment dite sont, outre les traductions pu-
bliées par les indianistes que nous ve-
nons de nommer et par plusieurs autres
encore, le dictionnaire sanscrit-anglais
de Wîlson, les grammaires de Wilkins et
de Bopp, et, pour la philologie comparée,
les ouvrages de MM. Burnouf, Bopp,
Grimm, Pott, Pictet, et le Parallèle des
langues de l'Europe et de l'Inde (Paris,
1886, in-4^)*. F. G. E.
SANSONNET, voy. ÉTOimNBAU.
SANSOVIN (Jacques Tatti> dit le),
grand sculpteur et architecte , naquit à
Florence vers 1479. Emmené à Rome
par Sangallo, il ne tarda pas à s'y faire
remarquer. Jules II et Léon X lui confiè-
rent plusieurs travaux importants; mais
la prise de Rome par le connétable de
Bourbon l'ayant chassé de cette capitale,
il se retira à Venise, où il fut nommé pre-
mier architecte de Saint-Marc. Ce fut en
(*) Nom «vont déjà en l'occMÎon do citer
cet exeeUcnt Cko^rage dd à M. Eicbboff, auteur
du présent article. Ceux que nom consacrent
à lu plupart det linguittet nommés par lui,
nous dispensent de répéter ici le titre exact de
leurt livret ; malt il nont eat impotcible de pas*
ter 90US silence la Biblwtkmsa ionurita {Liitrm'
tur tier SmmikritSpnuhê, a* éd. refondue, Pé-
tertb , l837, in-8*) de Frédéric Adelnng (vorO
que la mort a récemment enlevé à tet utilet
travaux et à l'affection de ceux qui , comme
nous , ont eu le bonheur de connaître de près
cet bomme autti aimable que tavaut. J. H. S.
cette qualité quHl dirigea les construc-
tions de l'hôtel de la monnaie , de plu-
iieurs palab et de la bibliothèque de
Saint-Marc, le plus hardi de ses ouvrages.
Venise {voy,) lui doit encore d'autres em-
bellissements, parmi lesquels elle cite avec
orgueil le groupe des quatre évangélistes
dans une des chapelles de sa vieille basi-
lique, plusieurs tombeaux d'un style ad-
mirable, les deux statues colossales de
Neptune et de Mars, et surtout les por-
tes de bronze de la sacristie de Saint-
Bfarc. Le Sansovin mourut dans cette
ville, le 27 nov. 1 670. E. H-o.
SANS-SOU€I, non loin dePotsdam
(^^* )* chAteau royal de peu d'apparence
et d'un seul étage, mais richement décoré
dans l'intérieur, et qui fut le séjour fa-
vori du roi Frédéric U. Il est entouré de
beaux jardins et flanqué de deux édifices
dont l'un contenait autrefois la galerie de
tableaux qui fait partie maintenant du
musée de Berlin .-Tout le monde connaît
la récréative histoire du meunier de
Sans- Souci.
SANTA-ANNA(AirTOino-LoPEZDÈ)
on Santana, président actuel du Mexi-
que (voy.)f qui, par le commandement
militaire et à la faveur des déchirements
de sa patrie, est parvenu à s'emparer d'un
pouvoir dictatorial y mais sans garantie de
stabilité. U se fit connaître d'aborddans la
guerre de l'indépendance, sous Itnrbide
{voy.)f en 1831. Après avoir pris une
part active à l'expulsion des royalistei, il
fut nommé gouverneur de la Vera-Cruz;
mais bientôt des dissentiments avec ses
chefs le poussèrent à lever dans cette même
ville l'étendard de la révolte contre l'em-
pereur improvisé du Mexique. La chute
dlturbide et le triomphe du parti répu-
blicain ne mirent point fin au mécon-
tentement de l'ambitieux général ; il se
fit le champion du fédéralisme, et parut
comme tel à San-Luis de Potosi, en
1838; mais le succès ayant manqué à
son entreprise, il fut obligé de se retirer
dans une de ses terres, près de Jalapa,
où il demeura condamné à l'inaction jus-
qu'en 1 828.NOUS avonsdéjà dit (T. XVII,
p. 687) quelle fut alors sa conduite.
Souvent énergique, sinon toujours loyal,
il parvint, a travers diverses vicissitudes,
an poste élevé où il se maintient aujour-
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SAN (25
dlim* EéooDpeoaéparleportefeailIede
la g^cm tl par le oommaDdemeot lu-
prême de l'tnDëe, en 1839 , de Tappoi
cpi^ll afiit prêté à Guerro'o contre Pe-
drazza, ii ae prononça ensuite pour ce
dernier contre Bostamente {vcjr.) , afin
de loi anceéder dans la présidence , qu'il
obtint eo effet en mars 183&. Favorable
k son tour à la réaction aristocratique ,
après s'être fait un marche-pied du fé-
déralisme, il a^appUqua surtout à fiatter
Farmée et lea prêtres pour raffermir sou
pouvoir et le rendre absolu. Il réussit
dans ce projet, le 33 cet. 188â; mais
s'étant mis en campagne au printemps
suivant, avec un corps de 6,000 hommes,
pour souflacttre les insurgé* victorieux du
Texas (voy,)^ il fut attiré dans une em-
buscade et fait prisonnier à San- Jacîntho
par le général texien Houston, le 31 avril
1836. Profitant de la mésaventure de son
rival, le général Bustamente ressaisit alors
le pouToir à Mexico, pendant que les
Texiens n'épargûaient à leur captif au-
cune sorte d'humiliations; mab, dans la
juste prévision que le retour de Santa-
▲nna jetterait le Mexique dans de nou-
^eauiL troubles propres à augmenter
leur propre sécurité, ils finirent par le
relâcher; et le 20 févr. 1837, un bâti-
ment des États-Unis le débarqua à la
Vera-Gruz. Santa- Anna, toutefois, ne
jugea pas d'abord lea circonstances favo-
rables à sa réinsullation dans le gouver-
nement, n se tin t donc à l'écart jusqu'à ce
qu'à la fin de 1838 le différend avec la
France et les vives alarmes causées par
notre escadre qui venait de foudroyer
Saint- Jean -d'Uiloa {voy. prince de
Jo m ville), lui procurèrent l'occasion de
regagner son ascendant sur les troupe^.
La convention, signée par le général Rin-
coa , le 38 nov«, n'ayant pas été ratifiée
par le gouvernement mexicain , l'amiral
Baudin fit une descente à la Yera-Cruz,
et mit cette ville hors d'état de défense.
Au moment du rembarquement de nos
troupes , Santa- Anna parut sur le môle,
â la tête d*uoe colonne qui engagea la fu-
sillade et nous tua quelques hommes,
taodisque le général mexicain essuya une
bien plus grande perte et fut lui-même
tici grièvement blessé. Il guérit cepen*
ddiot, aprèi avoir adressé au gouverne-
) SAN
ment un faux rapport, où il prétendait
avoir forcé les Français à se rembarquer,
en les chargeant à la baïonnette. Cette
forfauterie ne lui fit aucun tort dans l'es-
prit vaniteux de ses compatriotes. Au
milieu des commotions sans fin qui se
succédèrent avec une affligeante rapidité
au Mexique, il regagna la présidence en
1889, la reperdit bientôt après contre
Bustamente, puis l'emporta de nouveau,
en 1841, contre ce dernier, auquel il ne
resta cette fois que le parti de la fuite à
bord d'un vaisseau français, qui le trans-»
porta à Cuba. Santa -Anna n'épargna
point les proclamations, et sut rejeter sur
son prédécesseur toutes les calamités qui
avaient, depuis quelques années, frappé
le pays. La guerre fut reprise contre le
Texas, en 1843 ; mais, dans l'eut d'épui-
sement auquel était réduit le Mexique,
toute cette animosité bruyante n'aboutit
qu'à des menaces et des démonstrations;
elle fut de même impuissante à réduire
le Yucatan (i^o/.), qui, dans le sud, s'é-
tait aussi érigé en république indépen-
dante. Plus récemment, Santa-Anna, par
des mesures tyranniques et vexatoires^
dirigées contre tous les étrangers, a en-
core excité le mécontentement des gran-
des puissances maritimes, dont elles
blessent les intérêts commerciaux d'une
manière très sensible. Une rupture des
États Unis et de ^Angleterre avec le
Mexique a même failli s'ensuivre. Il pa-
rait avoir été porté-à ces décrets impoli-
tiques et téméraires au dernier point par
l'éiiat désespérant des finances du Mexi-
que, ainsi que par le désir de fortifier son
pouvoir par un accroissement de popu-
larité, en flattant les préjugés nationaux
et les passions aveugles de la multitude,
et en créant, au dehors , à sa patrie des
embarras qui relèvent l'importance de
l'armée dont il est le chef. Des motifs
semblables lui ont probablement aussi in-
spiré, vers la fin de l'année 1848, le re-
nouvellement d'une comédie qui lui est
devenue familière. Feignant une grande
lassitude^ du gouvernement, au point de
donner sa démission de la présidence, on
l'a vu se retirer dans une de ses terres,
près de la Vera-Cruz; maii il ne s'en est
pas moins fait réélire par ses partisans,
en janvier 1844, et à dtk reprendre les
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SAN ( 26 )
fonctions de chef de l'éUt, au commen-
cement de février dernier. Gh. V.
SANT4-FÉ DE BOGOTA, capitale
de la Nouvelle-Grenade, et anciennement
de la Colombie (i^or-)» ▼îU® ^^ 40,000
âmes, siège d'un archevêque et d^nne
université.
SANTANDER(F&Aif çois dePaule),
ancien président de la répubique de La
Nouvelle-Grenade (1883), et un des li-
bérateurs de l'Amérique du sud. Le, gé-
néral Santander, né à Rosario de Cucuta
(N.-Grenade), le 3 avril 1783, avait, dès
1809, embrassé la cause de l'indépen-
dance, et avait mérité d'être nommé, en
1831, vice-président de la république de
Colombie. FoY' Bolivar.
SANTÉ, voy. Vie, Fonctions, Hy-
GiiNE, etc. Pour le service de samé^ voy»
MEDECIN, OfFIGIBE DE SANTÉ, HÔPITAUX,
Lazaret, Ambulances.
SANTERRE (Antoine -Joseph),
brasseur du faubourg Saint- Antoine, na-
quit, en 1753, à Paris, où soq père, riche
brasseur de Cambrai, était venu s'établir.
Une probité sévère, l'emploi d'un grand
nombre d'ouvriers, sa fortune et sa géné-
rosité avaient acquis une certaine popu-
larité et beaucoup d'influence à Santerre.
Nommé chef de bataillon dans la garde ni^-
tiooale parisienne, en 1789, il contribua
puissammentà la prise de laBastille(i;(7X.).
Il se trouva encore mêlé aux émeutes du
Champ-de-Mars, du 30 juin et du 10
août. Depuis le mois de mai, il était un
des commandants généraux de la garde
nationale de Paris. Santerre fut chargé
de conduire Louis XYI à la prison du
Temple, et il eut aussi le triste honneur
de commander la force armée le jour de
son exécution. Commandant de la place
de Paris pendant les massacres de septem-
bre, il avait réussi à sauver plusieurs pri-
sonniers. Pour acquérir quelque réputa-
tion militaire qui justifiât le titre de
général de division qu'il avait reçu, il ac-
cepta un emploi à l'armée de la Vendée ;
mab, battu à Coron, près de Chollet, il
fut arrêté à son retour, et ne dut son sa
SAK
lut qu'au 9 thermidor. Bonaparte, lui
supposant encore quelque influence sur
son faubourg, crut devoir le gagner après
le 18 brumaire; il y réussit sans peine'.
Quoique la fortune de Santerre eût con-
sidérablement dMmiauéy il ^taii cqcoipf
propriétaire de la Rotonde du Temple ef
du château d'Eve, sous Dammartin, lors-
que des intrigants lui persuadèrent de se
mettre à la tête d'une association qui le
ruina. Il mourut à Paris, le 6 février
1809. Z.
SANTEUL (Jean db), né à Pïu'U, le
13 mai 1630, s'est rendu célèbre par ses
poésies latines, et a voué à la langue de
Virgile et d'Horace un amour qui ne s'est
éteint qu'avec sa vie. Après avoir acheva
ses études au collège de Clermont, il prit
l'habit religieux et entra à l'abbaye de
Saint-Yictor. Ses premières compositions
latines furent des hymnes qu'il fit pour
les églises. En même temps, il soutenait
une dispute contre son frère Clause de
Santeul, Pélisson et Bossuet, en faveur
de la poésie profane. Converti peu après
par Bossuet, son adversaire, il entreprit
une nouvelle lutte conU*e Desmarets et
Charpentier, au sujet des inscriptions à
composer pour les monuments dont Louis
XrV embellissait Paris. Santeul voulait,
contre l'opinion de ses antagonistes,qu'eU
les fussent rédigées en latin,et il l'emporta.
On admire encore une foule de distiques
qu'il fit alors sur l'ordre du roi. Il eut une
autre querelle avec les jésuites, à l'occa-
sion d'une épitaphe qu*il composa pour
Àrnauld (voj.), à la prière des dames dç
Port-Eoyal ; il se vit forcé de rétracter
les louanges qu'il avait adressées à cet en-
nemi de la société de Jésus, et dès ce mo-
ment, il vécut en bonne intelligence avec
elle. S'il faut en croire La Bruyère, San-
teul poussa souvent l'originalité jusqu'à
l'extravagance , et plusieurs de ses con-
temporains ont pensé que son esprit était
parfois dérangé. Quoi qu'il en soit, il se
reconnut toujours indigne d'entrer dans
les ordres, et se contenta de vivre jusqu'à
la fin dans la société des religieux de
Saint-Victor. Le prince deCondé l'ayant
emmené aux États de Bourgogne, qu'il
allait présider, il mourut presque subite-
ment à Dijon , le ^ août 1897 . — Son frère,
Claude de Santeul, né le 37 avril 1839,
mort le 30 déc. 1684 , composa , comme
lui, un grand nombre d'hymnes latines
pour les églises. D. A. D.
SANTIAGO ou C0MP0STELLA(C^/lf-
pus Stellœ^ en fran^is Saint-Jacques de
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SAIS
(27
Compo$teUe)f chef-liea de la province
de ce nom et andennc capitale de la Ga-
lice. Cette fille épiscopale possède une
vaste cathédrale, où reposent , selon la
tradition, les restes mortels de S. Jac-
ques-Ie-Mioeur, lesquels y attirent de
tous les pointa de l'Espagne de nom-
brtox pèlerins. Son unifersité, fondée en
1533 y est une des plus fréquentées de
PEspagne. Santiago fait un commerce
important en toile, bas de soie, vin, fruits,
chapelets et inoages bénîtes. Sa popula*
lion est d*environ 28,000 âmes. Les Mau-
res saccagèrent Santiago en 997 ; Char-
les-ÇTuint y assembla des cortès en 1 520 ;
et les Français Toccupèrent de 1809 à
1814. E. H-o.
SANTIA^GO , capitale de la républi-
que du Chili {vor.)f ville de 60 à 70,000
hab., siège d'un archevêché et d'une uni-
versité.
SABÎTIAGO DECvBA,dansnie de ce
nom, un des plus beaux ports de l'Amé-
rique, yoy- Cuba.
SANTORIN (Thera), voy. Cycla-
DEs et Gbèce (T. XIII, p. 12).
SANZIO (Raphaël), le plus grand
des peintres modernes, naquit en 1483,
à Urbin, capitale du petit duché dIJrbin,
qui fat réuni plus tard aux états du pape.
Son père, peintre assez médiocre ^, lui
enseigna les pn^miers éléments de son
art ; mais reconnaissant bientôt que les
progrès rapides de l'enfant exigeaient une
direction plus habile, il l'envoya a Pérou-
se, cbez Pierre Yannucci, plus connu soos
le nom de Pérugin {yoy^. Le jeune Ka-
pbaël travailla chez son nouveau maître
en qualité d'apprenti, selon l'usage du
temps, et s'appliqua à imiter la manière
du Pérugin, de telle sorte que l'élève
faisait souvent une bonne partie des ta-
bleaux de son maître. A peine échappé
de l'école, il peignit pour l'église de Saint-
François, à Città di Castello, le S. Ntco-
las de ToUntinoj et bientôt le mariage
de la Vierge (Sposaiizio)^ chef-d'œuvre
(*) Ptnt-étre Ta-t-on jugé d'après m modettie
platAtqne suivastM^afeiirréelle. Untableaude
JlAHSaasio, qui Caiiait partie de la galerie de
Solli et anjoord'bai cont erTé an Musée de Berlin,
fait Toir que son talent était moins médiocre
qo*on ne le suppose ordiuaireBient. Dans ce ta*
btean, le peintre a introdait son jeiue fils, Ra-
pMJ» «Iprt 4gf d'eafirea 5 •«»• S.
) SAW
de naïveté, qui commença .sa réputation^
Vers l'an 1503, il avait à peine vingt ans.
lorsque un de ses condisciples plus âgé
que lui, Pinturicchio, l'engagea à venir
l'aider à décorer la sacristie de la cathé-
drale de Sienne, où le cardinal Piccolo-
nimi voulait faire représenter les princi-
paux traits de la vie de son oncle, le pape
Pie II. Raphaël composa en effet une
bonne partie des dix tableaux de la sa-
cristie de Sienne, il y exécuta des figurée
entières et beaucoup de détails: aussi im-
prima-t*il aux médiocres compositions
de son ami un caractère plus grave et plus
profond. Dans tous ces premiers ouvrages
de Raphaël, on retrouve ce qu'on a ap*
Î>elé sa première manière, c'est-a-dire
'imitation du style de Pérugin avec son
dessin correct, mais un peu maigre et sec*
Toutefois, les ouvrages du jeune peintre
se distinguaient déjà de ceux du maître
par plus de pureté, par une grâce nou-
velle et par la tendance à l'idéal.
C'est pendant son séjour assez long à
Sienne, que les bruyants éloges donnés
aux célèbres cartons dessinés par Léonard
de Yinci et Michel- Ange à Florence at*
tirèrent Raphaël dans cette ville. On s'ao-
corde à penser que c'est à dater de l'é*
poque où il vit ces productions des deux
plus grands- maîtres du temps, qu'il ou-
vrit les yeux sur la manière restreinte et
presque mécanique de Pérugin, et qu'il
sentit le besoin d'agrandir la sienne. Cette
révolution qui se fit dans son style se ré-
véla un peu plus tard dans les travaux
dont il fut chargé au Vatican. Son séjour
à Florence fut marqué par quelques ou-
vrages, entre autres la Fierge au char^
donnerez ainsi nommée d'après l'oiseau
que le petit saint Jean présente à l'enfant
Jésus. Ce tableau, exécuté pourLorenzo
Nasi, a été conservé depuis dans la galerie
de Florence. Yasari dit avec sagacité qu'il
tient à la fois de la première et de la se-
conde manière de Ri^pbaël; en effet, la
composition et le charme attaché à chaque
figure attestent déjà un notable progrès;
mais le paysage est tout-à-fait semblable
à ceux qu'on trouve dans ses premiers
tableaux. An reste, Raphaël ne fut jamais
SMpérieur dans cette partie, qu'il ne re-
gardait que comme accessoire. On cite
encore parmi les ouvragfs de cette épo-
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SAN
(28)
SAN
qae ie Christ porté au tombeau^ qui m
trouve maintenant à Rome dans U galerie
Borghèse : il y règne un peu de sèche-
resse, mats le grandiose perce^et Texpres-
sion des sentiments y est admirablement
rendue. La Vierge dite la Belle Jardin
nière^ que possède le Musée de Paris,
peut être regardée comme le type le plus
élevé de ce premier style, à la fois pur,
correct, et attachant par une singulière
expression de naïveté. Il avait d'ailleurs
misa profit son séjour à Florence, en étu-
diant les beaux modèles de sculpture an-
tique recueillis à grands frais par les Mé-
dias, et les peintures exécutées dans la
chapeUe dèl Carminé^ par Bfasaccio, qui
avait eu le mérite d'imiter la nature avec
une précision et une finesse de détails
dont personne n'avait approché avant
lui. La aussi il connut Fra Bartolomeo di
San -Marco, dont les exemples ne lui fu-
rent pas inutiles pour les procédés du
coloris et l'art de draper, et auquel il
enseigna en retour les règles de la per-
spective.
La réputation que lui valurent ces tra-
vaux dut contribuer au choix que Ju-
les U fit de lui pour décorer les murs du
Vatican, lorsque vers 1 508, le Bramante,
son parent, l'appela à Rome et le présenta
au pape, dont il était l'architecte, et qui
Tavait chargé de reconstruire l'église de
Saint- Pierre. Ici, s'ouvre une nouvelle
carrière pour Raphaél, qui n'avait encore
que 35 ans. Les fresques peintes par lui
dans les chambres du Vatican sont un de
ses plus beaux titres de gloire. U est donc
à propos de s'aiTéter un peu à observer
la transformation que subit alors son ta-
lent, et les immenses ressources de génie
qu'il déployât, soit dans la conception,
soit dans l'exécution de ces chefiMi'œuvre.
Parmi ces chamlNres du Vatican peintes
par Raphaël, les murs de la première, dite
alla Segnatura^ sont couverts par quatre
grandes oompositionsrektives aux quatre
sciences qui forment l'ensemble des con-
naissances divines et humaines , savoir :
la Théologie, la Philosophie, la Poésie et
la Justice. D'un c6té est représentée la
Dispute du Saint- Sacrement; sur l'antre
en faoe, l'École d'Athènes; sur un troi-
sième côté, le Montparnasse ; et vis-à-vis,
en pendant, la Jurisprudence, qu'accom*
pagnent à droite et à gauche ^empereur
Justinien donnant le digeste à Tribonien,
et Grégoire IX remettant les décréules
à un avocat consistorial. Sur les compar-
timents de la voûte, sont figurées les qua-
tre sciences nommées plus haut, et quatre
peintures en grisaille qui rappellent les
sujets principaux, tels que Adam et Eve
tentés par le serpent, une Femme obser-
vant la terre, Marsyaséoorché par Apol-
lon, et le Jugement de Salomon. Sur oe
premier aperçu, on est déjà frappé de la
grande variété de connaissances que sup*
pose le plan de cette vaste composition.
On a peine às'expliquer comment, âgé au
plus de 35 ans, après avoir employé tout
son temps à faire des tableaux de sainteté
sur le patron fourni par son maître, il
aurait trouvé le moyen d'acquérir toute
l'érudition nécessaire pour caractériser
si clairement la grande question théolo-
gique qui fait le sujet de la Dispute^ les
différentes sectes philosophiques de l'an-
tiquité réunies dans V École (TJtkèneSj et
le concert des plus grands poètes anciens
et modernes réunis sur le Parnasse. Biais
on sait qu'outre les secours qu'il trouva
dans son oncle l'architecte Bramante,
pour le tracé de l'architecture et de la
perspective, les lettrés les plus fameux de
ce temps, lesBembo, lesGastiglione s'em-
pressèrent de -guider le jeune artiste dans
la combinaison générale de ses sujets; on
sait mémo qu'il consulta particulièrement
FArioste sur la manière dont il devait ca-
ractériser les grands personnages qu'il
voulait mettre en scène. Mais ce qu'il faut
reconnaître avant tout, c'est que Raphaél
était organisé par la nature pour être
l'artiste par excellence; c'est qu'il était
doué de l'instinct sublime réservé au gé-
nie, et que le génie a le don de deviner*
Là est le secret de la précision, de la fi-
nesse, de l'étonnante profondeur aveo
lesquelles cet artiste, ignorant et si jeune
encore, a saisi dans ses premières fresques
le sens des sujets qui lui ont été donnés^
ainsi que ie caractère de chacun des per-
sonnages historiques^ dont, selon toute
apparence , il n'avait pu se former une
idée que dans la conversation des savants.
La Théologie, ou la Dispute du Saint"
Sacrement , est un tableau symbolique
partagé en deux moitiés: la partie sup€«
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SAN (29)
Heure repréMote le ciel ; on y voit Dieu
le père, entouré (Pan cercle de séraphins ;
an-deasons, se déploie an antre cercle où
préside Jésos-dbristy avec la Vierge et
saint Jean- Baplîste y pois saint Pierre et
saint PanI, avec le cortège des patriarches,
des martjn et des saints. Le Saint-Es-
prit plane an -dessous de Jésus-Christy
soos la forme d\ine colombe* La partie
torreitre représente un autel, portant un
soleil d^or, au milieu duquel est main-
teooe rhostie sainte. Autour de Tautel
aoot assis les quatre docteurs de PÉglise
lariae, à droite saint Augustin et saint
Ambmise, à gauche saint Grégoire et
saint Jérôme : derrière eux sont debout
d'autres docteurs et des théologiens, qui
prennent part au miracle de la transsub-
stantiation. Parmi les assbtants, le pein-
tre reproduit les traits de Bramante, de
SaYonarola, de Scott et du Dante. Tous
ceux qui ont yu cette grande page par-
lent avec admiration de la beauté ravis-
sante dont l'exécution est empreinte. La
naffelé, la grâce et la force s'y trouvent
unies dans de si heureuses proportions,
que toute idée de difficulté et de travail
s'évanouît k ta vue de ces belles tètes, les
unes jeunes, les autres âgées, mais toutes
pleÎDee de candeur^ On a lieu de conjec-
turer que ce tableau est le premier qu'il
fit en arrivant à Rome; on y reconnaît
enoore les traces de la manière que lui
avait transmise le Pérugin son maître, et
qu'il n'a plus reproduite ailleurs.
Dans V École d'Athènes^ Fartiste^vou-
lant représenter la philosophie antique
aous toutes ses faces, a réuni dans un im-
mense édifice tous les chefs de sectes cé-
lèbres. Sur le devant du tableau, à gau-
che, estPythagore, entouré de ses disci-
ples, Empédocle, Archy tas et Épicharme :
il écrit sur les proportions harmoniques,
base de sa philosophie. A droite du ta-
bleau est un groupe de mathématiciens,
auxquels Archimède fait une démonstra-
tion de géométrie. Près delà est Zoroa.«-
tre, et derrière est le portrait de Raphaël
et de son maître Pérugin. La tradition
rapporte aussi que le Bramante est re-
présenté sous la figure d'Archimède. Au-
delà de ce premier plan est un escalier,
sur les marches duquel est couché Dio-
gène, isolé, et ne prenant part à aucune
SAN
des acènes qui Tentourent ; son moove*-
ment, ses traits et son expression, tout
dans sa persdkine est bizarre et hardi,
comme ce que l'on connaît des opinions
de ce philosophe. Au haut des degrés et
au centre de la composition apparaissent
deux figures vénérables ; c'est Platon et
Aristote qui, environnés d'auditeurs, se
partagent l'empire de la philosophie. Un
peu vers la gauche est un groupe où l'oa
distingue Alcibiade; Socrate, au miliea
de ce petit auditoire, a l'air de s'entrete-
nir familièrement et de proposer ses pen-
sées avec modestie. L'architecture du
gymnase, où sont rassemblés tous ces phi-
losophes, a été composée et tracée par le
Bramante, qui saisit Tocoasion de donner
au pape un avant-goût de l'effet que pro-
duirait l'intérieur de la nouvelle basilique
de Saint-Pierre, dont l'exécution lui était
confiée ; il en fit donc le dessin en per-
spective pour orner le tableau de Ra-
phaël, et il nous a conservé ainsi la pre-.
mière idée de cette basilique. Mais ce qui
frappe furlout ici dans l'œuvre du pein-
tre, c'est l'art d'idéaliser des personnages
dont on n'a point de portraits; c'est la
manière heureuse de les caractériser par
l'attitude, par la physionomie, par la
place qu'ils occupent. S'il est vrai que la
Dispute du Saint-Sacrement soit en-
core une production de l'adolescence de
Raphaël, on peut dire que VÉcole d*A^
titènes marque le commencement de sa
virilité.
Le troisième tableaii représente le
Parnasse : Apollon, les neuf Muses, les
grands poètes grecs et latins garnissent
les sommités du mont, et, au milieu des
grands écrivains de l'antiquité, le peintre
a placé le Dante , Pétrarque , Boccace ,
Sannazar, et quelques autres pOëles de
son temps. Dans le quatrième, ou la /a-
riiprudencej il montre Grégoire IX sous
les traits du pape Jules II, accompagné
de deux cardinaux, dont Tun était Mé-.
dicâs, qui fut depuis Léon X.
Une révolution remarquable parait
s'être opérée dans l'esprit de Raphaël
pendant l'intervalle qui sépare l'exécu-
tion de la chambre alla Segnatura et les
travaux qui remplissent la chambre sui-
vante. Il importe de déterminer nette-
ment les symptômes et les causes de cette
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SAN {
réfôlntion. D'abord, elle oolDcidé à peu
près avec U mort de Jules II et l'avéne-
ment de Léon X (1511). Or, le ponU-
ficat de Léon X, avec sa passion pour
Pantiquité et les progrès croissanU du
luxe, est presque un retour Ters les idées
païennes. Grâce à l'étude, devenue po-
pulaire, des monuments antiques et à la
connaissance plus généralement répan-
due des auteurs anciens, l'art cesse d'é-
tn essentiellement catholique. Cest alors
que le succèfi de l'Ariostê sème un certain
scepticisme en matière de goût ; sa fine
plaisanterie nèine tout doucement la théo-
logie poétique du Dante et de Pétrarque,
et y substitue une liberté d^esprit qui per-
met à chacun d'aborder tous les sujets et
de les traiter selon son caprice. C'est alors
aussi que le cardinal Bembo s'abstenait
scrupuleusement de Ihre son bréviaire, de
peur de gâter sa belle latinité cicéronien*
ne. En même temps, Raphaël. avait sous
les. yeux les exemples de Michel-Ange,
qui, tout sincèrement dévoué qu'il éuit
au système théologique du Dante, ne s'en
montrait pas moins admirateur passionné
de l'art païen, et transportait dans ses
tableaux le nu de la sculpture grecque.
Pendant que Michel-Ange travaillait à
la voûte de la chapelle Sixtine, presque
contiguê aux loges du Vatican, on ac-
cusa Raphaël d'avoir profité de l'auto-
rité de son onde pour pénétrer dans la
chapelle, et étudier le style de son rival
avant l'exposition publique. Au reste, la
gloire de Raphaël ne consiste pas à n'a-
voir point étudié, mais à avoir réussi.
Quoi qu'il en soit, de toutes ces circon-
stances réunies il résulte que la peinture
se sécularise à son tour. Elles durent agir
inévitablement sur l'esprit du jeune Ra-
phaël, et agrandir le cercle de ses idées.
Jusque -le, dans, tous ses tableaux, il
avait traité des sujets purement religieux;
mais en passant de la chambre délia Se^
gnatura k celle qu'il peignit ensuite, on
commence à apercevoir une transforma-
tion notable. Ce qui frappe d'abord,
c'est quelque chose de plus viril dans
l'exécution ; la dimension des figures est
plus grande, les formes en sont plus
fortement caractérisées, les effets de lu-
mière et d'ombre exprimés avec plus de
hardiesse. On ne retrouve plus l'unité
8Ô)
*AN
dans les quatre sujets traités ici par Vat-
tiste : ainsi, sur l'une des grandes travées,
on voit Héliodore chassé du temple de
Jémsalem à la prière du grand-prétre
Onias; en fkce est Attila venant pour
saccager Rome et arrêté dans sa tnar^
che par le pape Léon* le» Grand ; à
l'une des extrémités de la chambre est
représenté le Miracle de Bolsène; et en
face, \b. Déliçrance de saint Pierre. Ces
quatre tableaux n'ont guère de rapports
entre eux que par la nature des person-
nages, qui appartiennent à Phistoire sa-
crée ou à celle des papes. Blab au lieu
de la fidélité historique dans la manière
de les traiter, on y trouve des complai-
sances d'imagination qui révèlent l'action
de l'époque sur les idées de Raphaël. Les
habitudes de cour se manifestent, par
exemple, lorsque dans le châtiment d'Hé-
liodore, le peintre représente le grand-
prêtre Onias sous les traits de Jules II,
et lorsque Léon X est substitué à Léon-
le-Grand dans la retraite d'Attila. Par-
mi les dessins que possède le mtuée de
Paris, il y en a un de Raphaël où le su-
jet d'Attila est tout autrement composé
que dans la fresque du Vatican. Les sol-
dats d'Attila garnissent presque toute la
partie antérieure du tableau ; les ap6tres
saint Pierre et saint Paul occupent un plus
grand espace, et ce n'est que dans un
lointain vague qu'on aperçoit le pape
saint Léon sortant de Rome, pour assister
an miracle opéré par les deux apôtres.
Depuis 1514, année où fut terminée
la chambre d* Héliodore, jusqu'en 1520,
où Raphaël mourut, ce grand artiste pei-
gnit, outre les autres chambres du Vati-
can, les sibylles de l'église de la Paix, ou-
vrage où il a joint tout le grandiose de
Michel -Ange à cette grâce qui lui est
particulière. Un noble Siennois, Augus-
tin Chigi, qui avait fait faire ces sibylles
à Raphaël, le chargea encore de décorer
un palais qu'il venait de faire bâtir à
Rome, sur les bords du Tibre. Le jeune
peintre, dont l'imagination avait été frap-
pée par la découverte d'un grand nom-
bre de statues et de peintures antiques
trouvées dans les bains de Titus , saisit
cette occasion pour donner à son talent,
inspiré par ces modèles, un aspect tout
nouveau; Ce fut alors qu'il exécuta VHis*
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SAN
(31)
SAN
tùlre àe Perché, qu'on voit 4«iis le pa-
Ub CUigî» «ojoyrd'huî la Fâmetina.
t'est encore dans ce pakds que se troave
la Gaiai^f onmge dont la délicateste
donande on œil exercé pour être sentie.
Pendant qoe Raphaël traitait avec tant
de iNNsbear des sujets mythologiques, il
âctievait ces tableaux de Madones qui
Ureot distinguer ses Vierges de celles que
jwqae-JÂ on avait toiyours rapportées à
tio type traditionnel. Il est certain que
dans ces créations innombrahles, qu*il
ssma avec l'abondanee du génie, il sortit
dd cercle tracé par la poétique chrétienne
do Dante : toutefois, guidé sans cesse par
nil goÂt sûr» il ne se laissa janais égarer
I la rechercbe d'une «xfnrcssion exagérée,
écneil ordinaire du peintre des passions.
Ce qui le préserva de ces excès, ce fut le
cnlte de Pidéal : c'en par là que ses têtes
4e Vierges ^quelque variés qu'en aient été
les types, conservent toujours l'empreinte
religieuse. C'est à dles surtout que s'ap»
Sliqne ce mot qui nous a été transmb
ans une de ses lettres , et qui donne le
secret de sa théorie : « Il est vrai que je
cherche le beau; mais comme il n'y a
rien de si rare que les bons juges et les
beUea femmes, je me sers d'une certaine
idée qui me vient dans l'esprit. »
Dans cette foule de chefs-d'œuvre si
variés avec des données si simples, nous
ne pouvons que mentionner ici quelques-
uns des plus célèbres : telle est, parmi
les tableaux que nous possédons à Parii,
la Bladone alla seggiola , si belle par
la pureté céleste de la Vierge et par ces
yeux d'enfant qu'il fut donné au seul Ra-
phaël d'exprimer ; telle est la Fierge au
poisson f qui appartient à la couronne
d'Espagne, et que nous avons vu restau*
rer à Paris , ouvrage où il repro4uit la
manière naïve de son adolescence, unie à
Texpérience d'un peintre consommé dans
son art; et la sublime Sainie Cécile^
peinte d'après la Fornarina : surprise
par les célestes concerts, elle a laissé tom-
ber avec tant d'abandon l*orgue qu'elle
tenait que deux tuyaux s'en sont déta-
chés ; et la Vierge de Foligao ;^ et l'in-
comparable Madone di san SistOy dont
l'original est dans la galerie de Dresde :
2 ne dire de son regard calme eUcéleste,
a son attitude simple et mi\jestnense?
elle pose sur les nuages avec un senti-
ment de sécurité inaltérable; la divinité
rayonne à travers ces traits si purs; l'en-
fisnt Jésus qu'elle tient entre ses bras est
lui-même animé d'une vie surhumaine :
c'est le prodige de l'art d'avoir fait passer
tant de puissance dans les yeux d'un en-
fant. Jamais le sentiment de la divinité
ne s'est empreint avec tant de profondeur
dans une œuvre mortelle. Là est le triom-
phe de l'idéal ; c'est là vraiment que l'in-
visible se révèle dans le visible.
On sait fort peu de chose de la vie pri«
vée de Raphaël , à part ce qui concerne
ses ouvrages. Doué d'une âme tendre, il
parait qu'il était fort enclin à l'amour ;
on dit même que cette pasaion , qui oc-
cupa une grande place dans sa vie, fut la
cause de sa mort prématurée. Parmi le
petit nombre d'anecdotes qui peuvent je-
ter quelque jour sur son caractère , on
cite celle-ci. Dans le temps ou il peignait
les noces de Psyché, dans le palais
Ghigi, ce seigneur, ami de Raphaël, s'a-
perçut que le peintre ralentissait son tra-
vail par des absences très fréquentes. En-
fin,ilappritquela fameusel^ornanira était
la cause de ces absences; il prit alors le
parti d*établir cette femme dans son pa-
lais avec Raphaël, qui, de ce moment, ne
cessa plus de continuer ses fresques avec
ardeur. Il est probable que son amour
pour la Fornarina fut unedescausesde l'é-
loignement qu^il parait avoir eu pour le
mariage. On ajoute aussi que Léon X lui
avait donné l'espoir de le faire cardinal.
Cependant, il est à peu près certain que le
cardinal Ribbiena était parvenu à le faire
consentir à épouser sa nièce, Marie Btb-
biena , et dé^ les fiançailles étaient fai-
tes, lorsque Raphaël mourut, en 1520,
un peu avant le jour fixé pour le ma-
riage. On lui rendit des honneurs extra-
ordinaires; le pape et tous les cardinaux
se rendirent en prooession à ses funérail*
les. On avait exposé publiquement le ta -
bleau de la lYansfiguratimî^ qu'il venait
d'achever, et qu'on a regardé longtemps
comme son chef-d'œuvre. Bien des con-
naiaseurs préfèrent aujourd'hui plusieurs
de ses ouvrages, pur exemple leè sept Par-
tons où il a représenté quelques traits de
la vie des apétres, et qui sont maintenant
au château d'Hamptoncourt, en Angle*
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SAO (32
tore. La cathédrale de Meayx consenre
des copies aises curieuses de ces dessins.
Quoi qu'il en soit, la Transfiguration est
restée comme le type de sa troisième ma-
nière 9 remarquable moins encore par le
charme des formes , par l'élévation des
sentiments et des idées , qui distinguent
ses premières productions, que par l'har-
monie et l'égal emploi des qualités diver-
ses qui forment le grand peintre/ A-d.
SAÔNE [Araty c'est-à-dire la lente)»
le principal affluent du Rhône {yoy^y et
l'une des rivières les plus considérables
de la France , où elle donne son nom à
deux départements {yoy, les art. suiv.).
Le cours de la Saône est presque aussi long
que celui du Rhône en France ; car en
arrivant à son confluent avec ce fleuve, à
Lyon, confluent qui, par sa nature par-
ticulière, n'est pas, comme on sait, sans
danger pour cette grande ville, elle a
parcouru un espace de 486 kilom., dont
144 flotUbles et 368 navigables. Elle a
sa source dans les monts Faucilles, dép.
des Vosges, un peu è l'est de la source de
la Meuse. Renforcée du Goney, après son
entrée dans la Haute-Saône, elle traverse
en faiunt mille détours, de l'est au 9ud-
ouest, ce dép., où elle arrose Gray, et ce-
lui de la Côte-d'Or, donnant le mouvement
à un grand nombre de moulins, de forges,
de soufflets, etc. Puis, en entrant dans le
dép. de Saône-et-Loire , elle reçoit le
Douba et se dirige au sud de Ghâlons-sur"^
Saône à Màcoo, puis le long de la lisière
orientale du dép. du Rhône jusqu'à
Lyon. Le principal affluent de la Saône est
le Doubs [yoY. T. VIII, p. 465) : leur
réunion a lieu à Verdun.
Les eaux de la Saône font partie du
système du canal du Centre {yoy, Cha«
BOLLAis) et de celui du canal du Rhône
au Rhin. S.
SAÔNE (D^ABTBMEirT DX LA HaV-
TE-), borné à l'est par celui du Haut-
Rhin, au sud-est par celui du Doubs, à'
l'ouest par les dép. de la Côte-d'Or et de
la Haute-Marne, et an nord par celui des
(*) On pent contaltOT ior Raphaël les oorra-
ges de Vasari, Laosi, Fiorillo, D^ArgaoTÎUe, de
Filet, Meogt, etc.{ Qaatremère de Qaioey, ITû.
Uir% de lavU H dêi omwmgft de BmpksH[Pni»^
i8s4; 3* éd., i835, iii-8^( Landoo, OBii«y«ewii-
pUt de Rapkmii, précé<U d*one notioe (Paria,
iSoo-ii, Stol.i»4*}.
)
SAO
Voigea, est tfUTersé dans sa partie méri«
dionale par la Saône qui passe à Vesoul
et Gray, et reçoit le Dmgeon, TOgnon
et d'autres rivières du dép. La Saône,
le Coney et en partie la Lanterne sont
navigables. Des montagnes, dont la plus
haute appelée le ballon de Lore ne dé-
passe pas ly800">, et dont la seconde ap-
pelée ballon de Servance en a 1,308,
couvrent une grande partie du sol. Un
chaînon partage les eaux qui se rendent,
les unes dans la Saône, les autres à l'O-
gnon : on y distingue le mont Jarrot et
la montagne de Noroy. Au nord-est,
ce sont des montagnes de grès ou de pier-
res calcaires et marneuses, dont les crètea
sont en général arrondies et désignées,
comme dans les Vosges, sous le nom do
ballons. Il psralt exister dans les roches
calcaires du sol de grandes cavités où les
eanx s'amassent et d'où elles sortent quel-
quefois avec une abondance extrême,
comme au gouffre de Frais- Pu ils, et au
Puits-de-Corboux. D'autres sources très
copieuses en tous temps font tourner des
moulins et marcher des usines auprès de
leurorigine. Il y a des sources d'eauxsaléea
à Saulnot et à Sœy-sur-Ssône, et Ton con-
naît l'existence d'un banc de sel gemme
à Gouhenans. Luxeuil (yoy,) estrenem-
méepour ses sources d^eaux thermales et
pour son établissement de bains. De vas-
tes grottes ornées de stalactites s enfon-
cent dans les roches calcaires, surtout à
Échenoz, Fouvent, Quincey, Chaux et
Frétigny.Dans d'autres localîtéit, on trou-
ve dea roches de granit, de porphyre, de
marbre j on extrait encore du sol de la
houille, de bonnes pierres de taille et de
la tourbe; les mines donnent beaucoup
de fer qu'on apprête dans une cinquan-
taine d'usines, du plomb et du cuivre, et
même un peu d'or et d'argent.
Ce dép., d'une superficie de 530,990
hect., ou près de 969 lieues carrées, dont
356,108 hect. de terres labourables,
68,319 de bois, 58,983 de prés et
1 1,769 de vignes, a de très bonnes prai-
ries; on y cultive, outre les céréales, du
chanvre et des fruits, et l'on exporte
beaucoup de bois et des vins, parmi les*
quels ceux de Chariez, Navenne, Quincy
sont de bonne qualité. Dans les monta-
gnes, on fait bêiucoup de beurre et de
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SAO
(3Î)
SAO
tromwis^f «i- «n reeneHle enriroii f ^ 300
qanitaax métriqn^ de laine. Uindtistrie
mamifacUirîère ne se borne pat aux usines,
de fer, dont les produits sont éTalnés à
14 millions de fr.; la papeterie, la tan<*
nerîe, la* distillerie d*eaa de cerises, et
quelques antres branches, ajoutent aux
ressources de ce dép.,'quî faisait part je de
k Fnmche-Comté {vojr. l'art.).
Le dép. est divisé aujourd'hui dans les
trois arrondissements de Yesoul, Gray et
Lure, qui comprennent 7S cantons et 58-1
communes, ayant ensemble, en 1 84 1 , une
population de 347,627 âmes. En 1886,
elle était de 343,398 individus, présen-
tant le mouvement suivant : naissances,
10,084 (5,188 masc., 4,846 fém.), dont
808 illégitimes} décès, 7,088 (8,538
masc., 8,555 fém.); mariages, 2,678. Ses
quatre collèges électoraux s'assemblent
à Yesoul, Jussey, Lure et Gray : au 9
juillet 1843, ils i^unissaient 1,173 élec-
teurs. Le dép. paie 1,483,861 fr« d'im-
pôt foncier. H est du ressort de la cour
royale et de l'académie universitaire de
Besançon, où est aussi le quartier-général
de la 6' division militaire dont il fait par-
tie, ainsi que l'archevêché auquel il ap-
partient.
Fesoui^ le chef-lieu, sur le Drugeon et
au bas d'une montagne appelée La Motte,
est une ville bien bâtie et peuplée de
5,930 hab. Elle possède un hospice civil
et militaire, une salle de spectacle, un
palais de justice, une maison -péniten-
tiaire et une bibliothèque publique; le
vallon arrosé par le Drugeon est couvert
de belles prairies. Il en est de même de
celui dans lequel est située la petite ville
de Jussey (3,785 hab.), an confluent de
la Saône et de TAmance; on y a trouvé
des antiquités romaines. Port-sur-Saône
(3,040 hab.) et Scey-sur-Saône (1,931
hab.) sont deux petites villes assez com-
merçantes, à cause des exportations qui se .
font sur la rivière auprès de laquelle elles
•ont situées. Mais la ville la plus impor-
tante sous le rapport industriel est celle
de Gray, sur la même rivière, et bâtie sur
la pente d*une colline : un seul établisse-
ment y renferme des moulins à farine, à
scie, à huile, à tan et à foulon, et ses ex-
portations de farine sont considérables;
elle a une population de 6,680 hab.; on
remarque ses fontaines publiques, le pont
et la casçrne de cavalerie; autrefois elle
était fortifiée comme la petite ville de
Lure (3,054 hab. ), sur rOgnon, et comme
d^antres villes du pays. On voit un beau
château è Ghampliite (3,067 hab.), sur le
Salon. Héricoort, sur la Luzenne, dont
la population (3,518 hab.) est en majo-
rité protesunte, est une ville très in-
dustrieuse; Fougerolles, ville de 5,591
hab., sur la rivière de Combauté, se dis-
tingue par ses distilleries d'eau de ceri*
ses. — Foir la Statistique minéralogie
que et géologique de ce département
par Thirria, Besançon, 1833, in^8% avec
carte. D-o.
SAÔNE-ET-LOIRE (DipAaTKBixNT
db), borné à l'est par ceux du Jura et de
PÀin, au sud par ceux du Rhône et de la
Loire, à l'ouest par ceux de l'Allier et de
la Nièvre, enfin au nord par le dép. de
la Côte-d'Or, est traversé à l'est par la
Saône qui reçoit la Dheune et la Grone,
et à l'ouest par la Loire, qui reçoit l'Ar*
roux. Le canal du centre {voy, Chakol-
lAis), partant de Ghâlons et aboutissant
à Digoin , unit les deux rivières dont le
dép. prend son nom. Une chaîne de mon-
tagnes se prolonge entre elles en formant
deux vastes bassins qui ont de beaux pâ-
turages le long des rivières, et des vigno-
bles importants sur les coteaux. Un im-
mense dépôt de houille, qui s'étend du
nord-est au sud-ouest, occupe le fond
du nord du dép. On exploite, en outre,
des mines de fer, de plomb et de man«
ganèse (à Komanèche), ainsi que des car-
rières de marbre, d'albâtre, de granit et
de grès. Quelques local itéa fournissent
en petite quantité des pierres fines, telles
qu'émeraudies et hyacinthes. Le dép. «
une superficie de 856,473 hect., ou un
peu pltis de 438 lieues carrées et domie^
dont plps de la moitié, c'est-à-dire
456,833 hect. sont en terres labourables,
150,694 en bois, 136,655 en prés, et
87,936 en vignes : c'est surtout dans le
Maçonnais, dans le Ghâlonais et dans
l'Autnnois que celles-ci donnent des vins
estimés ; le premier de ces pays fournit
des vins rouges de Tonins et de Moulin-
à-Vent, et le second les vins rouges de
Mercurey et de Givri, et les vins blancs
de Bnxi; en général, les vins de ce dép.
Sneyelop. d. G. d. M. Tome XXI.
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SAO
(H)
SAP
prcment rang parmi les meiffean de la
lËaute-Bourgo^ce. On cultive aussi beau-
coup de grains, fruits cl chanvre, et dans
les pâturages on engraisse beaucoup de
bestiaux pour Texportation. Le dép. a
UQ des plus grands établissements manu-
facturiers de France, celui du Creuzot
{voy. FçNDERiEs, T. IX, p. 207) auprès
du village de Montcenîs, qui, établi sur
un sol riche en fer et en houille que Ton
transporte sur un canal souterrain, réu-
nit une grande cristallerie, des forges, des
hants-fonmeaux, une fonderie et une bri-
queterie. En out^e, le dép. a une grande
Terrerie, celle de Laniiptte, qui fournit au
commerce des vins près d^un million de
bonteilles par an^ des papeteries , des
tanneries y des fabriques d'horlogerie j
de lainages^ etc.
Ce dép. , que les Romains avalent
pourvu de grandes routes et embelli de
monuments, faisait, au moyen- âge, par-
tie de la Haute-Bourgogne; il est divisé
maintenant dans les 5 arrondissements
de Mâcoui Autun, GharoUes, Châlons-
sur- Saône et Louhans, qui comprennent
48«antonSy 593 communes, et une po>^
pulation de 551,543 âmes. En 1836,
elle était de 538,507 âmes, dont voici le
mouvement : naissances, 17,360 (9,001
mase., 8,359 fém.), parmi lesquelles
1,145 illégitimes; décès, 12,823 (6,600
masc., 6,223 fém.); mariages, 4,820. Le
dép. paie 2,873,140 fr. d'impôt foncier.
Au 9 juillet 1642, il avait 8,344 élec*^
teurs, répartis en sept collèges électoraux
qui se réunissent àMâcon, Ctuny, deux
à Châlons, Antun, CharoUes, Louhans,
' pour nommer chacun un député. Le dé-
partement forme le diocèse d'Autun, suf-
fragant de celui de Lyon ; il est du ressort
de la cour royale et de l'académie uni-
versitaire de Dijon, et fait partie de la 1 8*
division militaire, dont le quartier-gér-
néral est dans la même ville.
Mâcorty chef-lieu du dép., sur la rive
droite de la Saône, dans une contrée fer-
tile et sur un coteau couvert de vignobles,
est une ville de 1 1,293 hab., bâtie irré-
gulièrement, mais ayant des édifices re-
marquables, tels que l'ancienne cathé-
drale , l'hôtel-de-\ ille et l'ancien évéché,
et des quais très beaux. A une lieue de
cette viHe, était la granda abbaye de Qany
(iTor.)y dana laquelle est établi mtiate-
nant un collège. Une autre abbaye exis-
tait dan? la ville de Tournus sur la Saône.
Autun {vo'y,) , sur la pente d'une colline
auprès de FArroux, était déjà, du temps,
des Éduens {voy,)^ principale peuplade
gauloise du paySy une ville considérable,
et le devint encore davantage sous les
empereurs romains. Dans l'article que
nous lui avons consacré, nous avons parlé
de ses antiquités; on y. remarque deux
anciennes cathédrales dont aucune n*a
été achevée. Sa population est de 1 0,850
hab. La ville la plus peuplée du dép.
est Châlons, grâce à sa situation sur
la Saône^ et à la tête du canal du centre»
marquée par un obélisque de 20™ de
haut : elle compte 1 3,465 hab. ; elle re-
monte à une haute antiquité; au moyen-^
âge elle possédait un évéché ; outre un
beau quai, on y voit un pont remarqua»
ble, une ancienne cathédrale gothique,
un hôpital et un hospice. La petite ville
deCharolles (3,271 hab.), ancien chef-
lieu du comté du Charolais(vo^.), est si-
tuée entre deux coteaux au confluent de
TArconce et de la Semonce. Une autre
petite ville, celle de Louhans (3,593
hab.), au confluent de la Seille et de la
Salle, était le chef- lieu d'une bâronnie
de la Bourgogne; enfin Bourbon -Lancy,
8IU* une colline auprès de la Loire, est
renommée par ses eaux minérales, qui
sont à la fois thermales, bitumineuses et
un peu sulfureuses. —7 Foir la Statisti-
que géographique et historique de ce dé-
partement, par J. Hacquin, Châlons,
1833. D G.
SAPAJOU, voy, Sikge.
SAPEURS. Dans l'art militaire, on
entend par le mot sape toute opération
qui se fait à Taide du marteau, du pic, de
la pioche et de la hache; et spécialement
certains ouvrages employés dans l'atta-
que desj>laces. Ainsi, la sape volante se
compose d'un parapet élevé avec de sim-
ples gabions vides ou pleins, de chaque
côté de la tranchée, LÀ sape ordinaire^
que l'on emploie lorsqu'on s'approche de
la place, est formée de gabions remplis
de la terre extraite de la tranchée, pour
offrir plus de résistance. Lorsque cer-
taines positions exigent deux parapets, la
lape est douth. On appelle Y^e de sape
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SAP
ftonAr^H oà lé sapeur tfeaî ecmtert qne
inr le phion qu'il pousse devant lui :
c*est un po8fed%onnenr. Fay .Génie, At-
taque et BÉTESSE DES PLAGES , SlîoE,
Teahchi^i etc.
AntrefoiSy il n*y avait pas dans l'année
d'emploi particulier pour les hommes
chargés deë travaux de sape. Chaque com-
pagnie était abondamment fournie de h'a-
diesy de pelles, de pioches et d -autres
ootils dont elle se servait dans Poccasion,
it à tonr de rôle, pour creuser des fossés^
abattre des bois, etc. L'institution des
sapeurs porte-haches dans les régiments
d'infanterie française ne date que dû 7
avril 1806. Un décret impérial, du 18 fé-
vrier 1808, les fixe à 4 par baUillon, et
charge un <saporal ^e leur commande-
ment. Ils comptent dans les compagnies
de grenadiers, et sont choisfo à la force et
surtout à la taille. Leur costume ne dif*
fère de celai du régiment que parce qu'ils
portent le bonnet à poil. Le tablier de
peau blanche, la hache et le mousqueton
en bandoulière. A la guerre, les sapeurs
sont chargés die couper les haies, d'apla-
nir les fossés et de frayer le passage aux
troapes. En temps de paix, ils font le
service d'ordonnance auprès du colonel,
du major et du quartier-mattre, et dans
toutes les prises d'armes ils marchent à
k tête du régiment.
£n France, des compagnies de sapeurs
mineurs font partie des régiments du gé-
nie. Dans quelques pays étrangers, il y a
des régiments, ou au moins des bataillons
de sapeurs, portant l'uniforme de Tar-
tillerie, comme le bataillon de sapeurs de
la garde russe. D. A. b.
SAPEURS-POMPIERS, voy. Pom-
mées.
SAPHIQ1JES (vEEs), voy. Sapho, et
Hend^castllabes .
SAPHIR, pierre précieuse de cou-
leur bleue^ voy» GoRiNnoir.
8APHO (ouplutpt Sappho) . Visconti,
dans son Iconographie grecque^ a con-
staté hbtoriquement que deux femmes du
nom de Sapho ont existé dans llle de
Lesbos, que l'une naquit à Mitylène et
l'antre à^ Eresus. La première vint au
monde 613 ans av. notre ère, suivant
Soldas^ les marbres d'Oxford placent danï
Planée 596 son exil de Mitylène : elle
( 35 ) SAP
était donobieu jeune, lorsqu'elle fbt obli-
gée de ftttr sa patrie, comme complice du
poète Akéè (i>o/.), pour avoir conspiré
contre la tyrannie de Pittacus. Elle y ren-
tra plus tard pour l'illustrer par une école
de poésie et par ses vers immortels. C'est
de cette Sapho mitylénienne qu'Hérodote
(II, 189) et Strahon (XIII, p. 424} font
un si magnifique éloge ; c'est d'elle que
nous avons, dans un mètre qni porte son
nom {v(^, Hend^castllabe)^ une ode
pleine de la passion la plus vraie et la plus
ardente, que nous a conservée Longin [Du
sublime^ X, 2), un hymne à Vénus, rap-
porté par Denys d'Halicamasse [De l'ar-
rangement des motSy 23), et des frag-
ments recueillis dans la SjrHogedeM. Bois-
sonade, et plus complètement dans le
Muséum criticum de Cambridge (t. I^,
p. 1-81); c'est elle enfin que l'antiquité
a nommée la 10^ muse, et dont les Mi*
tyléniens nous ont transmis les traits en
frappant leur monnaie a son image.
L'autre Sapho, celle d'Eresus, était une
courtisane, poète aussi très probablement.
Telle fut la renommée que lui acquirent
sa beauté, ses talents sans doute, son dés-
espoir des dédains de Phaon, et sa fin tra-
gique au promontoire de Leucade [voy.)y
que \ts habitants de sa ville natale la ju-
gèrent digne aussi des honneurs monétai-
res : une médaille antique et récemment
découverte offre son image et son nom.
Comme elle suivit en Sicile le Lesbien
Phaon , et que Texilée de Mitylène s'y
était aussi retirée (^arxit. Oxon.,XXIII,
51), comme elles étaient compatriotes,
toutes deux célèbres et ^ honorées, ces
points de ressemblance ont été la cause de
Terreur d'Ovide (fféroïd.^Y), de Fabri-
cius, de Baylé, de Barthélémy, de tous
ceux qui de ces deux Lesbiennes n'en
ont fait qu'une, en accumulant sur l|i
même personne les talents poétiques de
l'une, les égarements, les infortunes et la
mort de l'autre. F. D.
SAPIEHA (pRiKCEs), illustre famille
lithuanienne, issue de (rhédimine (voy.)
parNarimund,et qui, après avoir joué un
grand rôle dans l'histoire de Pologne, fi-
gure aujourd'hui dans lès rangs de la
haute noblesse russe. On la divisait en deux
lignes, celle de Koden et celle de Sévérie,
Le membre le plus célèbre de cette famille
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SAP
(W)
SAP
cit hàùS Sapieha, né en 1557, mort en
1 68 8 y homme éloquent et ami de la jus-
tice, qui fut grand-chancelier et grand*-
général de Lîthuanie, et à qui Ton dut la
première publication du Statut lithua-
nien. Pendant ses études à Leipzig , il
«▼ait adopté le culte des protestants; mais
il abjura ensuite, en 158t; Comme am-
bassadeur à Moscou au temps de Tappa-
rition du Faux-Démétrios, il fit prolon-
ger de 30 ans la paix avec la république;
et comme grand-général, il eut à défen-
dre la Lithuanie contre Gustave-Adol-
phe. X.
SAPIjBNCE, LiyHKssAPnimAUx(de
sapiens^ M6®)> ^ premier de ces mots
(sapientia^ sagesse, savoir) est le titre
que l'on conserve quelquefois au livre bi-
blique ( voy,) appelé autrement la Sagesse
de Salomo/if et que les Juifs regardaient
comme non canooîque. On nomme sa»
pientiaux certains livres de rÉcriture
sainte destinés à donner aux hommes des
leçons de sagesse et de morale : tels sont
encore les Proverbes^ VEcctésiaste^ le
Cantique (les Cantiques^ et le livre de
Jésus, fils de Sirach. Foy, Bible.
L'université de Rome porte aussi le
nom de Collège de la Sapience^ à raison
decette inscription qu'on lit sur l'édifice :
Initiwn sapientiœ timor Domini. Z,
SAPIN {abiesj Toum.). Ce genre de
la famille des conifères (voy,) ne se sé-
pare essentiellement des pins lyoy,) que
par les feuilles, qui ne sont jamau réunies
par faisceaux dans des gaines, et par les
cônes, composés d'écaillés coriaces mais
non ligneuses, amincies au sommet et non
épaisses, inadhérentes et non entregref-
leeSa
Le sapin épicéa (abies picea^ Mill. ;
pinus abies f L. ; connu sous les noms vul-
gaires depesse^ épieia^ épicéoy sapin de
Norwégey sapin rouge y sapin gentil^
jaux sapinf pinesse^ serente^ etc.) for-
me Pane des principales essences fores-
tières du nord de l'Europe, ainsi que sur
les Alpes, les Karpathes et autres chaînes
de l'Europe moyenne; on le rencontre
en Laponie jusqu'au 69<* de lat. Il atteint
ISO à 180 pieds de haut, sur 3 à 6 pieds
de diamètre. Son tronc est conique, effilé
vers le sommet, à écorce roussâtre ou d'un
gris ferrugineux, rugueuse ou crevassée,
très épaisse sur les vieux arbres; le boia
est tendre, élastique, d'un blanc jaunâtre
rayé de rouge. Les branches, plus ou moins
inclinées, forment unepyramide régulière
et élancée. Les feuilles sont linéaires, té«
tragonea , pointues, imbriquées, longues
de 6 à 9 lignes; elles persistent. pendant
5 a 6 ans. Les c6nes sont solitaires, ter-
minaux, pendants, cylindriques, un pen
renflés vers le milieu, longs de 4 à 7 pou«
*oes, d'un brun roux à la maturité.
La pesse pros|^ère surtoutdans les terres
sablonneuses ou pierreuses qui ne sont ni
arides , ni trop humides. Dans les sois
très frais et surchargés de terreau, sa crois-
sance est plus rapide, mais sa durée beau-
coup moins longue; dans un terrain trop
aride , elle reste chétive et périt facile-
ment à la suite d'une grande sécheresse.
Dans les localités propices , la vie de ce
sapin peut se prolonger au-delà de 2 slè-^
cleS; mais en général le terme de sa crois-
sance s'accomplit dans l'espace d'environ
140 ans; dans un sol humide et fertile,
il peut acquérir 78 à 80 pieds de haut,
sur 18 pouces de diamètre, en 40 ans,
mais ensuite il ne tarde pas à dépérir.
Les forêts de pesse bien tenues se repeu-
plent sans le secours de l'homme par les
graines des vieux arbres. La pesse sup-
porte la transplantation dans sa jeunesse,
pourvu qu'on évite de mutiler ses racines;
une fois coupée du pied,elle ne reproduit
jamais de rejets. Elle peut être soumise à
la taille : on la façonnait jadis, dans les
jardins, comme Tif et le buis, en toutes
sortes de forme ; dans le nord on a cou-
tume d'en faire des haies et des charmil-
les. On peut multiplier cette espèce de
boutures et de greffes herbacées. Les
graines perdent promptementleur faculté
germinative; les pépiniéristes les sèment
en terre de bruyère, à l'ombre, et ils en
repiquent le jeune plant , au printemps
suivant, dans une terre franche légère.
Ce sapin est Pcm des arbres les plut
précieux pour le nord de PEurope. Son
bob est d'on usage universel pourla char-
pente, la mâture, les constructions nava-
les et batelières, la menuiserie, l'ébénis-
terie commune, la boissellerie, et quan-
tité d'autres emplois. Dans plusienn
départements de l'est de la France, les
habitations rustiques sont couveHes en
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SAP
(37)
SAP
iMirdeaux de boit de pesse. Comme com-
bustible^ U valeur de ce bois, compara*
ti^ement t celui do hêtre, est estimée dans
la proportJOD de 7 à 10. Du reste, sa
qualité ?srie beaucoup suivant la nature
àa sol. Ou a soin d'éoorcer les arbrea
dès qu'ils ont été abattus, car sans cett^
précaution le bob est attaqué prompte*
nent par les insectes, et détérioré par
rhumidité. Long et très droit, le tronc
de U pesae est précieux pour la mâture,
la charpente et les échafaudages. Dans
le nord, son écorce remplace celle du
chêne pour le tannage; à défaut d'une
nourriture plus substantielle, les cou-
ches internes de cette écorce, qui sont
douceâtres <t charnues, peuvent servir
d^aliment; les rameaux, coupés au mois
de, mai, fournissent des liens plus dura-
bles et plus tenaces que les meilleurs
osiers. Les Lapons font des cordages et
des paniers avec les racines de la passe.
En laissant fermenter les jeunes pousses
de l'arbre dans de l'eau, on en obtient
une sorte de bière dont les habitants
des régions arctiques font usage ^ titre
d'anlisGorbutique* Enfin, cette espèce
fournit aussi de la poix, de l'essence de
térébenthine, de la colophane et du noir
de fumée. Tout le monde sait que le sa*
pin est l'un des arbres verts le plus fré-
quemment cultivés dans les bosquets.
Le sapin noir {abies nigra, Mich.)
abonde au Canada et dans le nord des
États-Unis, où on le désigne par les noms
à^épinette noire, ou épinette à la bière.
Cest un arbre atuignant 70 à 80 {jieds
de haut, sur 15 à 20 pouces de diamè-
tre; il diffëre du sapin épicéa par ses
branches étalées mais non inclinées, ainsi
que par ses c6nes courts (longs seulement
de 8 à 15 ligues) et ellipsoïdes. Cette es-
pèce est surtout remarquable parce qu'on
îait, avec ses jeunes pousses, la bière ap>
pelée p«r les Anglais spruce beer^ bois-
son éminemment an(iscorbutiqne, que
l'on emploie habituellement dans les na-
vigations de long cours. Le bois du sapin
noir est blanchâtre, élastique, l^er, et,
a ce qu'on assure, plus fort que celui de
toutes les autres espèces du genre. Dans
les chantiers de oonHmotiona navales de
tons les ports des États-Unis, les ver-
gues sont pcesque toujours faitee eu bois
de ce sapin, qui est importé du Iklaine ;
on l'exporte aussi, pour le même usage,
aux Antilles et en Angleterre. Dans le
nord des États-Unis, on l'emploie fré-
quemment à la charpente des maisons;
on le débite en planches, qui sont ex-
portées pour les Antilles et pour l'An-
gleterre.
Le sapin rouge {abiès rubra. Mil t. ;
pinus rubràj Lamb.) croit dans les mê-
mes contrées que le sapin noir, dont il
parait n'être qu'une variété à bois rou-
geâtre.
Le sapin blanc d'Amérique (abies
alba^ Mich.; pinus alba^ Hort. Kevr.)
se distingue facilement à la couleur
glauque ou blanchâtre de son feuillage;
on le désigne aussi par les noms de sa^
pinette blanche^ sapine^ie bleue, et e/?i-
nette blanche» U habite lés mêmes con-
trées que le sapin noir, mais sans être à
beaucoup près aussi commun. Cet arbre
s'élève rarement à plus de 50 pieds. Son
bois s'emploie^ en Amérique , aux mê-
mes usages que celui du sapin noir, mais
il est moins estimé. Les fibres des raci-
nes sont douées d'une grande ténacité ;
on s'en sert, au Canada, pour coudre en-
semble les écorces de bouleau avec les*
quelles on construit des canots. En Euro-
pe, cette espèce est très recherchée pour
l'ornement des bosquets, où elle pro-
duit un effet agréable par la couleur
de son feuilUge et par son port réguliè-
rement pyramidal; elle ne prospère que
dans les expositions fraîches et ombra-
gées.
" Une espèce non moins importante
pour i'Europe que le sajûn épicéa, le
sapin commun (abies vulgariSf Poir. ;
abies pectinataj D. C. ; vulgairement
sapin blanCf sapin argenté, sapin des
Vosges^ sapin de Normandie) ,est très ré-
pandue dans les Pyrénées^ les Alpes, le Ju-
ra, les Vosges, la Forêt-Noire» les Kar-
pathes et aiUres montagnes de l'Europe
moyenne» Ce sapin forme un arbre ma-
gnifique, de 100 à 180 pieds de haut,
sur 3 à 8 pieds de diamètre, è tronc très
droit, finalement dégarni de branches
jusqu'à une élévation considérable; à
branches horizontales ou inclinées, ou
quelquefois presque dressées, de lon-
gueur médiocre eu égard è la taille du
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SAP
(88)
SAR
tronc. Les feuilles soùt longues de 6 à
15 lignes, planesi Unéaires, échancrées,
d'un vert foncé et luisantes en dessus,
d'un glauque blanchâtre en dessous, dis-
posées sur deux rangs; les cônes sont
dressés, presque cylindracés, bbtus, gros,
longs de 5 à 8 pouces, d'un vert olire
arant la maturité, puis d'un brun roux.
Cet arbre se piatt dans les sols frais et
fertiles; dans les localités de cette na-
ture, sa durée est dé 2 à 8 siècles, et il y
acquiert une taille plus élevée que tout
autre conifère d'Europe; ^a croissance
est aussi rapide que celle du sapin épi-
céa. Son bois est blanchâtre, léger, élas-
tique, médiocrement résineux; on l'em-
ploie aux mêmes usages que te bois d'^
picéa^ et il est même préférable à ce der-
nier sous le rapport de la force et de la
durée; tcmtefois il est essentiel que les
arbres dont il provient aient eu au moins
cent ans, car plus jeune il se décompose
plus facilement que celui de V épicéa et
du pin sylvestre; à défaut de chêne, oo
le recherche pour les pilotis et autres
constructions destinées à séjourner sons
Teau ou sons terre; à titre de combus-
tible, il est moins avantageux que celui
d'épicéa, mais ses cendres fournissent une
quantité plus considérable de potasse.
Les troncs de longueur suffisante sont
fort recherchés pour la mâture. Le sa*
pin commun n'est pas assez résineux
pour Texploitation de la poix; mais c'est
de lui qu'on obtient, en faisant des in-
cisions dans son écorce durant l'été, la
substance connue dans le commerce sous
le nom de térébenthine de StrasbQurg;
cette térébenthine fournit, à la distilla-*
lion, un quartdeson poidsd'essence.Cette
espèce s'accommode beaucoup moins
que Vépicéa des terres médiocres et des
expositions découvertes; on en a même
vu périr des forêts entières, à la suite
d'un été très sec et très chaud. Lorsque
cet arbre vient à perdre sa pousse termi-
nale, il se couronne et cesse de croître
en hauteur; maïs on peut lui retrancher
sans aucun péril beaucoup de ses bran-
ches inférieures. X^e jeune plant ne ré-
siste ni à la sécheresse, ni aux excès
de froid et de chaleur, et il exige une si-
tuation ombragée : aussi n'est-il pas fa-
cile de repeupler une forêt de ce sapin,
a moins qu'on n'ait laissé subsister i
de grands arbres pour abriter les semis»
Le sapin baumier {abies balsapiea^
Mîll. ; pinus halsamea^ L.), appelé
vulgairement baumier de Giléad^ est une
espèce extrêmement voisine du sapin
commun; mais elle s'élève rarement à
plus de 40 pieds. Cet arbre habite toute
l'Amérique boréale, jusqu'au-delà du
68<* de lat. On ne tire guère parti de
son bois, même dans les localités où il
abonde le plus; mais on en obtient la
térébenthine qu'on appelle fort impro-
prement baume de Giléad. Cette sub-
stance a une odeur plus agréable que la
térébenthine de Strasbourg; elle est en
vogue chez les Anglo- Américains com-
me remède anticatarrhal. Ce sapin se
cultive depuis longtemps en Europe
comme arbre vert d'ornement, et, à oe
titre, il est préférable au sapin commun,
à cause de son port plus régulièrement
pyramidal. Ed. Sp.
SAPONinCATION, voy. Savon.
SAPOR ou Chah-Pour I-m, rois
sassanides, voy. Perse,!. XIX^p. 44J*
SARA ou Sârah, nom qui signifie
maîtresse, princesse, et qui reçut un
grand éclat de la fille de Tharah, belle-
sœur et femme de l'un des patriarches
juifs. Foy. ABtJLHàMy ABiniLicH et
Agàr.
SARAGOSSB {Zaragoza)y capitale
de Tancien royaume d'Aragçn {voy,) en
Elspagne, et aujourd'hui chef-lieu de la
province qui porte son nom, ville de
43,000 âmes, «ur l'JÈlbre. Quoiqu'elle
n'ait pas de fortifications régulières, elle
est célèbre par le siège héroïque que lea
Espagnols y soutinrent contre les Fran-
çais, du S3 nov. 1808 au 20 févr. 1809,
après huit mois d'investissement ou d'at-
taques interrompues {yoy, Palapox et
Lanmes). L'église de Pïotre-Dame del
Pilar est le but de nombreux pèleri-
nages. X.
SARASIN, voy, Sabrasih.
SARCOCÈLB (de cràp$, chair, et
imkn^ tumeur). Ce mot s'emploie exclu-
sivement pour désigner une affection
chronique des testicules, daps laquelle
ces organes glandulaires ont pris un ac*
oroissement plus ou moins considérable
en mêine tempa que Us tissas qui en*
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&▲&
(^9 )
SAfi
trent dans leur compositioq font plus
ou moins profondémeot lésés. Pendant
\oDglemps, ces diverses altérations ont
été confondaes «rec la dégénérescence
sqnîrrhease ou cancéreuse, et on les
combattait par le traitement qui convient
a cette afTection. Une étude plus atten-
tive des parties malades a appris à dis-
tiDguer lea unes des autres ces différen-
tes lésions^ en même temps qu'iibe ap-
préciation plus exacte des causes sous
l'empire desquelles celles-ci se dévelop-
pent, a permis de leur opposer une thé-
rapeutique plus rationnelle. Quelle que
soit Forigine du mal, il est utile de com-
mencer le traitement par des antiphlo-
gistiques. Sous l'influence de ces moyens,
la tumeur perd ordinairement de son
Yolume, et Faction des médicaments
résolutifs ou des spécifiques est heu*
reusement préparée. Lorsque ces diver-
ses médications opt été épuisées, que
le mal persiste, et que des signes positiis
d'une dégénéresceûce fatale se manifes-
tent^ il n'y a plus qu'Un moyen qui
ait des chances de succès, ce moyen
c'est Vablation de Forgane (voy. Cas-
TRATIOW). M. S-N.
SARCOPTE, vof, CiRoir et Gale.
SARDAIGNE (Île de). Cette Ile/
une des principales de la Méditerranée^
est la seconde en importance, à Fouest
de ritalie, dont elle dépend. Elle est en-
tourée de la mer Tyrrhénienne à Fest, de
la mer de Sicile au sud , et de celle de
Sardaigne à Fouest; au nord , le canal
ou détroit de Bonifacio la sépare de la
Corse. Les montagnes qui la couvrent
sont en général de formation granitique,
et divisées en cinq branches principales.
Le Genargento, haut de 5,600 pieds, en
est le sommet le plus élevé. L'Ile abonde
en sel marin; on y trouve de Fargent, du
fer, du plomb, du marbre et diverses
pierres fines. Le sol, dans les vallées, est
très fertile en blés, surtout en froment
d'une eicellente qualité, en vin, huile,
figues et autres fr,uits du sud. Mais l'a-
griculture n'est pratiquée qu'avec des
instruments grossiers, et se trouve en-
core dans un état voisin de l'enfance. Les
contributions perçues tour à tour parl'é-
Ut, FÉglise et les communes, à litre de ca-
piutîoni d« dimoi féodales ^ etc^ présent
d'un tel poids siu* les campagnes, que
l'on se borne a ensemencer les champs les
plus fertiles; la mineure partie des terres
propres au labourage restent en friche et
servent de pâturages. Le bois ne manque
pas dans les montagnes, mais laditficulté
du transport, par suite du défaut de che-
mins , oblige en partie les villes mariti-
mes à s'en approvisionner en Corse.La pre-
mière route construite, route qui traversa
toute File, ne date que de 1 804. Les che-
vaux sont à l'état sauvage dans quelques
districts ; ils sont petits, ainsi que le bé-
tail , mais agiles et robustes. Les trou-
peaux de moutons," les chèvres et les
poires sont nombreux. Le fromage forme
un article d'exportation notable. La pè-
che du corail et celle du thon, sur les
côtes, sont très productives; mais elles
ne sont, en général^ exploitées que par
des étrangers, auxquels le gouvernement
et les grands propriétaires de File affer-
ment leurs droits respectifs.
La population de la Sardaigne ne doit
pas excéder beaucoup 500,000 imes sur
une étendue de 438 milles carr. géogr.^
L'insalubrité du climat et Fétat de la pro-
priété qui estpeu divisée expliquentla fai-
blesse de ce chiffre. Les Sardes, ainsi
C^ue les Corses, sont vindicatifs, et font
un abus funeste de la loi du talion. Na-
turellement laborieux et doués d'une
grande vivacité, ib ne manquent pas
d'un certain esprit d'invention ; mab les
privilèges exorbitants de la noblesse et du
clergé rendent le pays misérable. La ma-
jeure partie des terres appartiennent augt
familles nobles, dont les plus riches man-
gent leurs revenus à Turin ou à Barce-
lone. La plupart des paysans ne sont
que fermiers; leurs cabanes^ réunies en
gros villages, sont souvent fort éloignées
des champs qu'ib ont à' cultiver, et dont
Fabsence de chemins praticables rend
fréquemment Fabord très pénible. Leurs
vêtements sont en cuir, et il n'est pas
rare d'en voir qui se couvrent unique-
ment de peaux de mouton. Ils parlent
différents idiomes qui sont, en général,
des mélanges d'italien, de catalan et d'a-
rabe. Dans les villes, les classes supérieu-
res se servent néanmoins d'un italien
(*) Oa a4»ooo kilom. c«rr«, ee ^i^st prèf d9
troll fob la frandsiir da la Cona* «.
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i)ÂR
(40)
SÂR
plus pur. Des amélioratioDS oot eu lieu
dans la condilion des populations ru-
rales, par suite de la réforme de For-
ganisation ^sommunale introduiie daus
Pile, eo vertu d'un décret rendu le 10
DOY. 1836, pour remédier à l'irritation
qui y l'année précédente , avait menacé
d*y produire de sanglants désordres. Cette
mesure a conduit, tm 1888, à l'abolition
partielle de Fanclen système féodal, ou
au moins des charges les plus onéreuses
qui en dérivaient, et tend à fixer la pro-
priété entre les mains des cultivateurs.
Une partie des seigneurs domaniaux ont
cédé leurs droits au gouvernement qui %
réparti les terres vacantes entre les com-
munes, contre là redevance d'un impôt
foncier. L'industrie, dans cette ile, se
borne encore à la fabrication des gros
draps, qui se font avec la laine du pays,
et à quelques établissements fondés avec
des capitaux génois à Gagliari. Cette ca-
pitale, au sudidu pays, et Sassari,.par
son port dé Porto^Torres, au nord, sont
les seules places qui s'adonnent au com-
merce extérieur. L'exportation des pro-
duits àe l'ile a présenté, en 18^4, un
chiffre de 6 millions de ÛrCf dans lequel
les grains figurent pour un cinquième.
Les transports maritimes, en n'y compre-
nant pas le cabotage, se font presque ex-
clusivement par navires génois ou étran-
gers. Il est resté à l'Ile de Sardaigne, de
la domination espagnole, une constitu-
tion féodale de certes en trois États (jia-
menti)f dont la convocation, tombée en
désuétude pendant le siècle dernier, vient
d'être de nouveau régularisée. LesËtats
sont forméspar le clergé, par la noblesseet
par les représentants des communes dites
royales, c'est-à-dire de celles qui ne dé-
pendent ni de l'Église ni d'un seigneur.
Les députés put le droit de prononcer
sur l'impôt; mais la part qui leur est ac«
cordée dans l'exercice du pouvoir légis-
latif est eoitrômement limité. Un gouver-
neur et capitaine général de l'Ile, résidant
à Cagliari, remplit les fonctions de vice-
roi. Depuis 18S8, le pays est régi par
un code particulier, et son organisation
judiciaire est pareillement distincte de
celle des états de terre ferme. La divi-
sion administrative comprend dix pro-
vinces j trois crchevéqtteS| à Cagliari j à
Sassari et à Oristano, sont à la tète du
nombreux clergé. Les revenus royaux,
dans l'ile, étaient autrefois si peu consi-
dérables, qu'ils ne suffisaient pas même
pour les dépenses de l'administration et
pour l'entretien des troupes nécessaires
à l'occupation des places fortes. En 1836
entx)re, ils n'atteignaient que 2,800,000
lirCf somme composée en parllîe des sub-
sides tournis par les États, a titre de dons,
en partie du produit des différents im-
pôts indirects; mais en revanche la dette
ne représente également qu'un capital de
860,000 lire. Le contingent que laSar-
daigue fournit à l'armée active est peu
considérable et ne se recrute que par des
enrôlements volontaires; car le Sarde,
ainsi que le Sicilien , a une aversion très
prononcée pour le service militaire. Une
milice nationale est organisée pour la dé-
fense du pays : elle e^t fixée a 16,498
hommes sur le pied de paix, et à SS,368
hommes sur le pied de guerre, tant infan-
terie que cavalerie. La capitale, CagUari^
compte près de 30,000 hab.; Sassarienvi-
ron 28,000. Ces deux villes possèdent des
universités, dont l'organisation néan-
moins est très incomplète, et l'état peu
, florissant.
Histoire. La Sardaigne, que les Grecs
et les Romains ont désignée par les noms
^Ichnusa, de Sardatiotis et de Sardo^
paraît avoir été très anciennement peu-
plée par dt» colonies d'origine pelas»
gienne. Les Carthaginois et les Romains,
dans l'antiquité, les Vandales, les Grecs
de Byzance, les Sarrazins, les papes, les
empereurs, les républiques rivales en-
tre elles de Pise et de Gènes, et enfin les
Espagnols, au moyen-âge, se succédèrent
tour à tour dans la domination de l'Ile,
au sujet de laquelle on vit se renouveler
souvent des luttes opiniâtres et sanglan-
tes. Érigée en royaume, l'an 1164, par
l'empereur Frédéric l^*" Barberousse, le
pape Boniface VIII la donna, en 1396,
au roi d'Aragon; mais celui-ci ne par-
vint à la soumettre définitivement qu'en
1324.
En 1336, aux fêtes de Pâques, don
Pierre d'Aragon, pour concilier les droiu
de sa couronne avec la garantie des li-
bertés du payd, donna à la Sardaigne une
constitution qui fut acceptée par les État^.
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SAR
(41)
SâR
A G6lé de» oortès, un couieil raprémei
UJusiieiat fat étMif à l'exemple de PA-
ra^ooy comme une espèce d'orgene arbi*
'tral du droit entre le roi et ses sujets;
mais sons le règne de Philippe Et, U
constitution cesse d'être observée. L'Ile
oontioua de faire partie de la monarchie
espagoole, jusqu'à ce qu'en 1708 les An-
glais la conquirent pour la maison d'Au«
triche y qui se la fit céder à la paix
dUtrecht, en 1718, mais la reperdit
déjk, en 1717, contre Philippe Y, roi
d'Espagne; puis, deux années plus tard,
le duc de Savoie fut obligé de la prendre
en échange de la Sicile. Les anciennes
lois et coutumes de l'Ile furent respectées
par le nouireau gouvernement, le bien-
élre y reparut même sous le règne de
Charles-Emmanuel III; mais, sous l'ad«
minisiration de son successeur, des am-
bitieux firent régner Tarbliraire à la
place de la justice. En 1798, le mécon-
tentement fit éclater une révolte que le
gouvernement apaisa par la promesse
de rétablir les anciens États, dont il re-
connut formellement les droits, en 1796.
Trois années plus^tard, la Sardaigoe, par
suite des conquêtes de nos srm^ répu-
blicaines en Italie, devint et resta pen-
dant quinze ans, jusqu'à la chute de l'em-
pire Français, le refuge et l'unique pos-
session de ses souverains. Néanmoins, les
assemblées des États, ' qui devaient être
convoquées de 10 en 10 ans, n'ont en-
core été tenues depuis lo^ que d'une
manière très irrégfulière.
Pour l'ensemble delà monarchie, voy.
plus loin.SAjLDE (royaume), Gh. V.
SAEDANAPALE, nom qui parait
signifier grand roi, mab qui est donné
en particulier à celili en qui finit la pre-
mière monarchie assyrienne, l'an 888
av. J.-G. Toujours renfermé dans son
harem, à la mani^ des Orientaux, et li«^
vré, dit-on, h un honteux libertinage, ce
roi trouva cependant, lors du siège de Ni-
nive, le courage de se mettre à la tête de
son armées II repoussa d'abord les sa-
trapes rebelles, Arbace et Bélésis ; mais
It siège fut repris et dura trois ans. A la
Cn, dans l'impossibilité de se défendre
plu» longtem()S, et ne voulant pas tomber
vivant au pouvoir de ses ennemis, Sar-
dauipale moula sur uii bûcher et »*y fit
brûler, lui, ses femmes et ub trésors.
Foy. AssT&iE.
Au reste', Wesseling et d'autres ont
pensé, qu'il devait y avoir eu plusieurs
souverains assyriens de ce nom, dont
l'histoire aurait confondu les règnes,
ainsi queles traditions relatives k chacun ;
d'autres ont rejeté cette supposition.
VoWDisputatio historico-eritica de Sar^
danapale^ quant prœside Van Lennep
/7ro/7o/i//W.C.KoopmanS,Amst., 1819,
in-8o. X.
SARDE (&OTAUME), le plus étendu
des états de Plulie {voy,) après celui des
Deux-Siciles.ir emprunte son nom à l'Ile
de Sardaigoe, dont nous avons donné
séparément la descriptiou et qui en dé-
pend; mais le principal noyau de sa
domination consiste dans son territoire
continental formé de toute la partie oc-
cidentale de la Haute-Italie, et dont
voici les bornes : Ta France, à ToueSt;
au nord, la Confédération suisse, ou en
particulier le canton de Genève, le lac
Léman, et les cantons du Valais et du
Tessin; à l'est, le gouvernement de Mi-
lan, partie du royaume Lombardo-Vé-
nitien, le duché de Parme, la Lunigiane
toscane,. et le ci-devant duché de Massa,
dépendant de celui de Modène; la Mé-
diterranée le baigne au sud.
Dans ces liihites sont reâfermées six
provinces distinctes, dont chacune est,
dans cet ouvrage, l'objet d'une notice
particulière. Ces divisions sont : le duché
de Savoie (chef-liëu Chambéry),,le Pié-
mont, avec la capitale Turin, le du-
ché de Montferrat (chef-lieu Casai), le
Milanez sarde (chef-lieu Alexandrie), le
duché de Gênes et le cpmté de Nice,
avec la petite principauté de Monaco,
régie par un prince mi-soôverain sou-
mis à l'autorité du roi de Sardaigne. Cet
ensemble de pays, en y ajouUnt la Sar-
daigne proprement dite, présente une
superficie totale de 1,368 milles carr,
géogr. (dont 924^ appartiennent aux pro-
vinces continentales) et renferme une
population de 4,300,000 âmes*, répartie
(*) M. Balbi, auquel nous empruntons ce chif-
fre, donne pour celui de Tétendae 7*^16 kîl«iB.
carr. [ D'après un dénoiabrement de i838 , la
ûupulatioa éuit de 4,65a,368 hub., ce qui «a
feriùt, près de 65 par kilomi carr. S.]
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SAft
(42)
S^
dans 95 villes, SOS bourge et 89424 vil-
lages. Dans oe nombre, 30 villes ont
au-dessus de 10,000, 8' au-dessus de
20,000, et 2, Turin et Gênes (vo/,)^ au-
dessus de 80,000 habitants.
Les Alpes, dont la brandie la plus
haute, les Alpes- Pennines, couvre toute
la Savoie, contournent le Piémont, du
c6té de l'ouest, et forment, au sud, la
branche appelée les Alpes-Maritimes qui
domine le comté de lïice et se relie en-
suite à l'Apennin, an nord du duché de
Gènes. Les Alpes présentent des sommets
d^une élévation prodigieuse, tels que le
Mont-Blanc (14,764 pieds de Paris)^le
Mont-Rosa (14,222 p.), le Mont-Genis
(1 1,058 p.) et le Mont-Viso (11,808 p.).
Le grand Saint-Bernard et le Simplon
{voy, tons ces noms), que gravit une route
célèbre construite del 80 1 à 1 805 par Na-
poléon, sont remarquables, moins par leur
hauteur, que comme passages ordinaires
des voyageurs qui descendent du Valais en
Italie. La monarchie n'offre qu^un senl
grand fleuve, le Pô (voy.), qui jailHt des
flancs du Mont-Yiso, traverse tout le Pié-
mont et poursuit ensuite son cours vers
Test, dans le royaume Lom'bardo-Vé-
nitien. Sur les confins de ce dernier
et de la Suisse s'étend le lac ]M[ajeur,
où l'on remarque les délicieuses îles Bor-
romées {voy. <xm noms). Le sol, dans les
vallées et dans les plaines, est générale-
ment gras et fertile ; il offre en abondance
les productions de tout genre de la pé-
ninsule. L'agriculture, dans les provinces
continentales, est florissante; elle y a fait,
dans les derniers temps surtout, de no-
tables progrès, ainsi que l'industrie ma-
nufacturière. On peut évaluer le )produit
brut annuel de l'éducation des vers à soie
à au moins 30 millions de lire ^ qui
équivalent au franc. Les meilleures fi-
latures de soie sont établies à Gènes, qui
possède en outre, de même que Nice
et plusieurs villes du Piémont, des ma-
nufactures d'étoffes et surtout de velours
de soie très estimés. Les routes laissent
encore en partie à désirer des améliora «
tions dont le commerce intérieur et de
tiansit profiteraient. Gependant un che*
min de fer est projeté entre Turin et Gè-
nes. M. Schubert, en se basant sur des
chiffres publiés par le comta Serristori^
estime approiimativement, pour tout U
royaume^ la valeur des importations à
environ 50 millions de lire par an, et celle
des exportations à environ 52. Le com-
merce maritime est presque tout entier
concentré à Gènes. lÀs ports de Nice ,
de Villefranche, d'Oneille, de Savone, de
Porto-Mauritio, de San-Eemo et de Spez-
zia, n'on( d'importance que pour le ca-
botage. Une grande activité règne dans
la .navigation en général, qui occupe jplos
de 4,000 navires et loue en grande par-
tie ses services au commerce étranger.
Les habitants du continent sarde par-
lent ou le fran^is, comme dans la Savoie,
séparée par les Alpes du reste de la mo«
narchie,et qui,par sa situation géographi-
que, se rattache plutôt à la France ; ou l'i-
talieç, qui néanmoins, au Piémont et
dans le comté de Nice, est aussi fortement
imprégné de français. Ajoutons que dans
les villes notre langue est d'un usage gé-
néral parmi la haute classe. La religion
catholique est celle de la presque totalité
de la population; les rapports de l'Église
avec Rome sont réglés par le concordat
de 1 8 1 7. Le clergé, très Influent, possède
dans toute la monarchie 7 archevêchés,
82 évéchés, plus de 300 couvents d'hom-
mes et près de 100 couvents de femmes.
Le zèle apostolique du gouvernement,
qui a rappelé l'ordre des Jésuites dans
les États sardes, en 1 8 1 5, n'accorde à tous
les autres cultes qu'une tolérance entou-
rée de restrictions. Gependant , il existe
encore environ 22^000 religioonaîres
vaudois (vojr.) dans le Piémont, où plu-
sieurs vallées des Alpes en sont penplées,
et 6 à 7,000 juifs, répartis dans quelques
vi)les du continent et du littoral. Les pre-
miers n'ont obtenu que depuis peu d'an-
nées l'autorisation d'établir des écoles pri-
maires dans leurs communes, ne peuvent
acquérir de terres au dehors de celles-ci,
et sont exclus de la plupart des emplois ci-
vils et militaires; les seconds sont obligés
d'habiter des quartiers séparés, dans les
villes où l'établissement leur est permis.
La ^ardaigne est une monarchie hé-
réditaire de mâle en mâle par ordre de
primogéniture. Le roi exerce un pouvoir
k peu près illimité dans toutes ses pos-
sessions continentales. Le consentement
des délégués d» (a provînca| pour l'im-
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SÂR
(")
SAR
p^, ne loi est ntoéMÔre qme dans le seul
duché de Géoes. Les privilèges considé-
tables de It noblesse ont surtout de l'im-
portance dans ce itaéaie duché et dans Plie
de Sardajgne^ régie par une constitution à
part. Cinq secrétaires d'état dirigent les
départements ministériels. Un nouveau
code d?ily basé sur le Gode Napoléon,
dont les dispositions sont néanmoins
beaucoup modifiées, a été promulgué, le
10 jain 1887, et mis en vigueur dans les
états de terre ferme depuis le 1^' janvier
1838 * .La fondation de nouveaux majo->
rats est beaucoup favorisée dans certaines
conditions. Une révision de la législation
pénale, et des réformes nombreuse dans
l'organisation judiciaire , ont été pour-
suivies depuis la publication du code ci-
vil. L'état judiciaire se compose , dans
les provinces 'de terre ferme, de 6 cours
supérieures, appelées sénats, de 40 tri«
bunaux de 1** instance ou tribunaux de
préfecture, de 8 tribunaux de commerce
et de 416 judicatures d'un ordre infé-
rieur, administrées par des officiers nom-
vaésjuges de mandements. UïMimcûfm
publique a fait peu de progrès dans la
monarchie sarde, et le haut enseignement
aouf&e aussi beaucoup du contrôle gê-
nant qui entrave la presse et tontes les
masifesutions de la pensée. Sur le con-
tinent^ Tiuîn et Gênes possèdent des
universités complètes; dans quelques an-
tres villes, il y a en outre de* écoles se-
condaires pour le droit et pour la méde-
cine. Sous le rapport admhiistratif pro-
prement dit, les États de terre ferme se
partagent en 8 diuisioni ou intendances
générales, subdivisées en 40 petites pro-
vinces ou intendances; les 8 divisions
sont : Turin, Goni, Alexandrie, Novare,
Aoste, Savoie, Nice et Gênes; deux au-
tres se rapportent à l'Ile de Sardaigoe.
Les finances sont aujourd'hui très bien
réglées. On évalue le revenu public an-
nuel à 84 millions de fr., la dette au ca-
piul d'environ 140 millions de fr."*
L'armée, fixée à 84,876 hommes pour le
(*) Voir le Codé civil du royaume dt Sardaign;
pre«^B<lé d'un trarail oomp^iratif avec la législa-
tion fraB^it« y par M. le comte Portalis (mé-
moire lu à TAcad. des Se. mor. et pol.) , dans
UCoHtelian dês toit dot itatt modemot^ de V . Foo-
cber, Parie, 1844^ i toI. ea a part. iii-8<*. S.
pied degnanrej n'en compte que 46,867
sur le pied de paix. U existe en outre des
cadres de bataillons provinciaux, espèoe
de milice de réserve, susceptible d'être
portée à un effectif de 40,000 honunes«
Dans les provinces de terre ferme, l'ar-
mée se recrute parla conscription. L'État
sarde, en vertu de sa position géographi-
que, non moins que par suite du caractère
de ses habitants et de la nature de ses tra-
ditions, est depuis longtemps l'état mili-
taire le plus considérable de l'Italie. Le
nombre des forteresses sur le continent
est de 10 : au premier rang il faut placer
Alexandrie. Les forces maritimes se coas-
posent de 12 bàtinlents de haut-bord,,
sans compter les bâtiments légers, les ba-
teaux à vapeur et les navires de petites
dimensions. Les ordres de chevalerie
du royaume sont : i^ l'ordre suprême
de l'Annonciation ou iie VAnnonciade
{vùy. ce mot), créé, en 1355, parle
comte Amédée Y 1 ; S» l'ordre militaire
de Saint-Maurice et Saint-Lazare {yoy. ),
fondé en 1434; 8<* l'ordre royal et mi-
litaire de Savoie) institué, le 14 août
1815, par Victor-Emmanuel; 4^ l'or-
dre royal civil, institué par le roi Char-
les-Albert, le 1 1 déc. 1831 ; 5<' enfin k
médaille d'honneur 4 l'effigie de Saint-
Maurice, décernée après 50 ans de ser-
vices nylitaires, instituée par lettres-pa-
tentes de Charles-Albert, du 17 juillet
1889. — On peut consulter sur cette par-
tie de notre sujet; l'ouvrage du comte
Serristori, Statistica del regno di Sar-
degna^ FlOk*., 1835,'in-4«., et N.-M.
Troche, Coup dœil histonque^ tapogr.
et religieux sur le royaume de Sardai-
gne^ Paris, 1844, in-8^.
Histoire, C'est à la dynastie régnante
dans les États sardes, à l'illustre maison
de Savoie, que nous devons rattacher
l'histoire de la monarchie, qui n'est plus
seulement celle de l'Ile, à laquelle un art.
spécial est consadré. Fief de l'empire
d'Alleoaagne dès son origine, la Savoie
suivit un mstantlesortde la Bourgogne
transjurane(vo)r. Aeles) ; mais à la mort
de Rodolphe m, en 1032, ellepassasous
l'autorité de Conrad-le-Salique. Cet em-
pereur, pour récompenser Hombert-aux-
Blanches-Mains, premier comte de Mau-
riefine, du secours qu'il venait de lui pré*
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SAR
(44)
SAR
ter contre un compétiteur à cet héritage,
loi doDna, en 1084, le comté de Savoie et
du Ghablais qaî, outre son étendne ac-
tuelle, comprenait albrs le Bas-ValaU
et les riVes du lac de Genève jusqu'à la
Yevaise. Ce fief de TEmpire était toute-
fob partagé entre différents vassaux, teb
que tes comtes et Pévéque de Genève,
l'archevêque de Tarenlaise, d'autres pré-
lats, les barons de Faucigny, etc. Cepen-
dant les comtes de Iffaurienne, tige de la
maison, de Savoie, se placèrent au pre-
inier rang, et Humbert V^ régna, si Ton
peut se servir de ce terme, de 1023 à
1048.11 transmitson autorité héréditaire-
ment à ses successeurs, dont seize, del 048
à 1391, portèrent le titre de comte. Des
mariages, beaucoup de prudence et d'ha-
bileté déployées dans la lutte des Guel-
fes avec les Gibelins, où ils restèrent'
toujours attachés aut intérêts de leur
suzerain, Tempereur d'Allemagne, des
achats et des échanges de provinces, dé-
terminèrent l'accroissement de leur puis-
sance, et leur valurent d'importantes con-
cessions territoriales. La France, l'Espa-
gne et l'Autriche étaient aux prises en Ita-
lie : la politique adroitement variée des
successeurs de ces comtes amena plus tard
la consolidation de la monarchie naissante
et réleva progressivement à son impor-
tance actuelle. •
Amédée I^, successeur de Humbert P'
(104 8), en épousant l'héritière dès com-
tes de Suse, acquit,. en lOSO, la majeure
partie du Piémont avec Turin et Aoste.
A Thomas (m. l!S88) fut conférée l'au-
torité de vicaire de TEmpire en Lom-
bardie et dans le Piémont. Amédée VI
(m. 1383), afin de prévenir le retour des
paruges qui, sous ses prédécesseurs,
avaient plus d'une fois fractionné la do-
mination de sa maison, consacra par tes-
tament l'indivbibilité de set états, et y
régla définitivement l'ordre de succes-
sion. Son fib Améd^ VII, dit le Rouge
(m. 1391), agrandit son territoire, en
1 888 , du comté de Nice (voy,); et son
petit-fils Amédée VIII, qui réunit à ses
possessions tout le Genevois, à l'exception
pourtant de la ville de Genève ( 1 40 1 ), et
la seigneurie de Verceil (1437), fut aussi
le premier qui se para du titre de duc de
Savoie, que portèrent 13 de ses succes-
seurs, titre que l'empereur Sigismond lui
conféra en 1416. Le mariage de son fils
Louis avec Anne de Lusignan, fille du
roi Janus de Chypre, en 1438, transmit
à la maison de Savoie des prétentions aux
deux couronnes de Chypre et de Jéru-
salem, dont elle a continué de se préva-
loir jusqu'à nos jours dans l'énonciatioo
de ses titres in extenso. Pendant les
guerres de Charles-Quint avec Fran-
çois I*', le duc Charles III (m. 1563),
auquel se rattache en dernier lieu la gé-
néafogie de tous les souverains posté-
rieurs de la Savoie jusqu'au roi de Sar*
daigne actuel, perdit le Valais et Genève,
entrés en alliance avec la Suisse, et tout
le pays de Vaud, dont les Bernois s'em-
parèrent. Son fils, le duc Philibert- Em-
manuel, surnommé Tftte- de-Fer, après
s'être vu dépouiller de ses états par les
Français, servit contre eux avec, la plus
grande distinction, comme général de
Philippe n, roi d'Espagne et rentra victo-
rieusement dans son patrimoine, dont la
possession lui fut de nouveau garantie à
la paix de Cateau-Cambrésis, en 1559.
Dans l'intervalle, le protestantisme avait
gagné ces contrées : excité par le pape,
Philibert essaya de la force pour amener
la conversion des religionnaires, parmi
lesquels se trouvaient beaucoup de Vau-
dois, secte répandij^edaus le Piémont de-
puis le xiii^ siècle; mais plusieurs fois
battu par eux dans les montagnes, il fut
à la fin obligé de leur accorder le libre
exercice de leur culte. Ce prince, actif
et belliqueux, ne fit d'ailleurs pas moins
pour relever le bien-être matériel de ses
sujets, plongés dans la paresse et ruinés
par la guerre, que pour fortifier la puis-
sance de sa maison. Il encouragea large-
ment l'industrie, et introduisit dans ses
états rimportante culture de la soie, en
même temps qu'il s'occupait de faire éle-
ver des forteresses, entre autres la cita-
delle de Turin. Après avoir Agrandi son
territoire par l'acquisition de la princi-
pauté d*Oneille et du comté de Tende, il
mourut en 1580.
Ses successeurs immédiats, générale-
ment fidèles à sa politique dévouée aux
intérêts de la maison de Habsbourg dans
tous ses démêlés avec la France, furent
Charles*Ëmmanuel pî, dit le Graod (m.
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^AR (
1 6S0), qui, pendant un rigne de GO ans^
se fit uo nom comme guerrier et comme
négociateur^ et réunit définitivement à
•es états le marquisat de Saluées, en 1 588;
Victor- Amédée I»(m. 1637), François*
HyadDtbe (m. 1638), enfant qui ne fit
que paraître sur le trône , et Gbarles-
Emmaaael II (1638-75). Le fils de ce
dernieTp Victor- Amédée II, obtint, en
1703, par le traité de Turin, pendant la
guerre de la succession d*Espagne, le du-
ché de Moniferrat et la majeure partie de
Ja fivction du Milanez appelée depi^is Mi«
knez sarde. L»a paixd*Ulrecht, en 1713,
lui valut de plus la cession de la Sicile,
a?ec le titre rojal ; mais ayant renoncé à
Talliance avec l'Autriche, si profitable à
sa nuusoDy i)our s'attacher à la came des
Bourbons d'Espagne, il fut contraint, en
1720, d'acc^epter, en échange de cette lie,
celle beaucoup moins importante de Sar^
daigne. Depuis cette époque (10 janv.
1 730), les ducs de Savoie s'intitulèrent
rois de Sardaigne *, ,
A Victor- Amédée P' (comme roi), qui
résigna le pouvoir en 1730, succéda son
fils Charles-Emmanuel P' (IIP de toute
la série), qui occupa le trône pendant 43
ans, et mérita la réputation d'un prince
guerrier, en même temps que celle d'un
excel lenfadministrateur. La paix de Vien-
ne, eu 1735, où il figura comme allié de
la France et de l'Espagne, et la conven-
tion de Worms, par laquelle il se rappro-
cha de Marie-Thérèse, en 1743, lors de
la guerre de la succession d'Autriche,
lui procurèrent de nouveaux agrandis-
•ements, par la cession de Novare et de
quelques autres distpcts du Milanez. Ce
prince, à qui sa sagesse mérita en Europe
une grande considération politique, éle-
va ses états à une prospérité remarquable.
Un nouveau code, connu sous le nom de
Corpus CaroUnum^ fut publié par ses
soins, en 1770. Le pape lui-même dut
respecter la fermeté du roi, jaloux de ses
droits de souverain, et lui reconnaître
celui de nommer à toutes \es dignités
ecclésiastiques, de soumettre le clergé à
l'impôt et de s^ibordonner à sa sanction
Texécution des bulles pontificales.
Autant le règne de Charles-Emma-
(*} Roi d* Sardaigne , da Cb jpre 9t de Jérn*
Mien , duc de Savoie.
45) SAR
noel V* fut prospère, auUnt celui de son
Çis, Victor-Amédéo II (1773-96), fut
rempli de désastres et d'infortunes. En*
▼efoppé, en 1792, dans la lutte de l'Au-
triche contre la FrAoce révolutionnaire,
il perdit, dès la fin de cette année, la Sa-
Toie et le comté de Nice, envahis par les
troupes françaises. Son ^U^ Gharlea-Em-
manuel II, qui lui succéda en 1796, fat
d'abord obligé de se prêter (1797) à une
alliance avec la République contre l'Au-
triche; mais le Directoire, profitant du
mécontentement que de crianU abus, le
lourd fardeau des impôts et les privilèges
oppressifs de la noblesse avaient soulevé
dans les Éuta sardes, n'en déclara pas
moins la guerre à ce prince, et le força,
le 10 déc. 1798, a fi^ire abandon de tou-
tes ses possessions de terre ferme, qui fu-
rent incorporées à là France et formèrent
8 départements. Le monarque vaincu ne
conserva que l'île de Sardaigne, où il s'é-
tait réfugié avec sa famille: et las de lutter
contre les orages du temps, il abdiqua la
couronne, le 4 juin 1 802, entre les maina
de son frère Victor-Emmanuel; puis il i^e
retira comme Simple particulier à Rome,
où il se fit recevoir, en 1817, dans l'or-,
dre des jésuites, et mourut deux annéea
après.
Le triomphe final des alliés, à Ja suite
des grands désastres qui avaient frjippé
Napoléon, rouvrit à Victor-Emmanuel
le chemin de ses étaU de terre ferme. Il
rentra à Turin le 20 mai 1814; et le con-
grès de Vienne, suivant le principe qui
le poussait alors à fortifier les éuts intcn-
médiaires pour en faire des boulevards
solides contre la France, agrandit encore
la monarchie sarde, en la reconstituant.
L'ancienne république de Gènes avec son
territoire y fut incorporée vers la fin de
cetleapnée,sousle titre çleduché, et, après
les Cent- Jours, la moitié de la Savoie,
qu'on avait d'abord laissée en possession
de la France, fut également rendue a sth
anciens souverains. Le roi de Sardaigne
fut, en outre, investi du droit de haute
souveraineté sur la principauté de ftlo-
naco; seulement il dut, en revanche, cé-
der au canton de Genève les districts de
Carouge et de Chesne (23 ocl. 1816).
Cependant la fermenution et lesaymptô/-
mes de troubles qui se manifestaient par-
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SAR
(«)
SAR
toat menaçaient te pouvoir resttnré. Le
gouverneaient s^élait montré inhabile à
reconnaître et à satisfinre lea besoin» du
peuple^ et aes mesures , sous Pinfluence
de mauvais conseils dont le roi s'inspi-
raity avaient semé dans le pays les germes
d*une irritation qui prit un caractère de
plus en plus alarmant. Le mouvement
des esprits s'organisa peu à peu sous
l'influence clandestine du carbonarisme
{voy,)f dont le réseau s'étendait alors sur
toute l'Italie. La révolution qui éclata à
Naples, en 1820 ^ eut du retentissement
dans le Piémont. Une conjuration se for^
oa^ et beaucoup d'hommes considérables,
dans l'armée surtout, y prirent part. Les
régiments donnèrent le signal de l'insur-
rection,, et la constitution espagnole fut
proclainée à Alexandrie, foyer principal
du mouvement. Le but ultérieur desr con-
jurés était la reconstitution de l'unité ita-
lienne. La révolution gagna Turin et Gè-
nes. Le roi Victor-Emmanuel, pour ne
point céder, abdiqua le 18 mars 1831,
et , en l'absence de son frère et héritier
Charles- Félix, le prince Charles- Albert,
de la branche collatérale de,Savoie-Ca*
rignan (voy, ces noms), fc^t chargé de la
régence. Ce dernier prêta serment à la
constitution^ nomma un nouveau minis-
tère et institua une junte suprême. Mais
déjà une armée autrichienne {voy, Bubita)
s'était rassemblée dans la liombardie, dont
ce soulèvement compromettait la tran-
quillité. Le roi Charles-Félix, réfugié à
Modène, protesta contre tous les actes et
tous les événements qui venaient d'avoir
lieu, et le régent lui-même, abandonnant
la cause de l'insurrection, passa dans le
quartier-général des Autrichiens. Ceux-
ci, réunis a l'armée royale, battirent, le
8 avril, l'armée des fédérés piémontais à
Novare. Le 10, la junte se trouvait dis-
soute, et le gouvernement absolu rétabli.
Les plus compromis dans la révolution,
et parmi eux le ministre de la guerre,
comteSanta-Rosa(m. en Grèce en 1825),
purent en partie se sauver par la fuite ;
d'autres eurent à subir toute la rigueur
desjugements d'une commission spéciale;
les régiments qui avaient passé du côté
des insurgés furent licenciés^ et des me-
sures dictées par le plus inquiet obscu-
t fonnl prises contra l'enseigne-
ment et même contre les aeoCateurs des
cultes dissidents. Le roi s'étart obligé au
paiement annuel d'une somme de Q mil-
lions de lire envers l'Autriche, dont les
troupes continuèrent d'occuper les États
sardes jusqu'auimois de sept. 1 823. Telles
étaient les craintes que la presse et ïm
idées de réforme inspiraient au gouver-
nement, qu'en 1825 un édit royal dé-
fendit d'apprendre à lire et à écrire à
quiconque n'avait pas au moins pour
1,500 lire de fortune, et interdit les
études supérieures à tons ceux qui ne
pouvaient justifier d'une rente annuelle
de la même somipe. ,
L'ex-roi Yiotor-Emmanuel était mort
en 1824. Avec Charies-Félix qui le sui-
vit dans la tombe, le 27 avril 188f ,
sans laisser de postérité, s'éteignit dans
les miles la branche directe de 4a mai-
son de Savoie. En vertu du droit de suc-
cession qui lui avait été reconnu par le
congrès de Vienne, Charles- Albert monta
sur le trône de Sardaigne. Ce prince a
déjà rendu de grands services à l'admi-
nistration du pays, quoique sa conduite
fit, dès le début, évanouir toutes les es-
pérances que les patriotes italiens, se rap-
pelant ses anciennes relations avec le parti
libéral, avaient un moment fbndée sur son
avènement. L'agitation qui se manifesta
en Italie^ à la suite de notre révolution
de juillet, s'étendit naturellement aux
états sardes, et une grande conspiration,
qui avait, dit- on, des ramifications dans
l'armée, fut découverte à la fin de 1883.
Un coup de main sur la Savoie, tenté
des frontières de France et de Suisse,
dans la nuit du 2 au 3 févr. 1 884, par'une
troupe de réfugiés italiens, polonais et
allemands, sous les ordres du général
Ramorino, et qui devait se combiner à
l'intérieur avec les plans d'insurrection
de la jeune Italie, avorta faute d'être se-
condé par les populations. Parmi les con-
jurés impliqués dans ces événements, les
uns se dispersèrent, d'autres furent pris,
jetés dans les cachots et en partie fusillés.
Le gouvernement ordonna en même temps
la fermeture de l'université de Turin.
Nous avons déjà parié, dans un article
précédent, d'autres troubles qui auraient
aussi éclatés dans l'ile de SÔ'daigneen
1885. On peut dire qne^ dans sa pcdi*
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SkU
(♦T)
SAR
tlqoe «xlémfire non moins que dans son
régime întérienr, le cabinet de Tarin
s'est réglé en grande partie sur le système
de rAutricbe. Oe cabinet a dans le temps
pTOl«té contre Dotrex»ccupation d'Alger.
La protection qu'il doit au commerce
génoif loi a plusieurs fois déjà fait pren-
dre une attitude hostile vis-à-vis des
États fiarbaresques. Des démêlés avec le
Maroc provoquèrent, en 18309 quelques
armeoients de la Sardaigne, et, à l'heure
qa'il est , un nouveau différend avec le
Jbej de Tunis Tient de déterminer l'en-
voi d'une escadre pour appuyer ses ré-
clamations auprès de la régence, contre
laquelle des démonstrations énergiques
avaient déjà eu lieu à L'occasion de griefs
antérieurs, au mob de juin 1823. — ^ Foir
baron Manso, iS/o/ta di Sardegna (Tu-
rin, 182a, 3 vol. in-8^; 2'' éd., 1833);
L. Cibrario, Recfierches sur l'histoire et
sur l'ancienne constitution de la monar^
chie de Saçoie, trad. en fr. par M. Boul-
lée (Paris, 1833); Frézet, Bistoire de la
maison de Savoie (Turin , 1826 et ann.
suiv., 8 vol. in-8*»). Ch. V.
SARDES, voy. Lydie.
SARDINE, voy. Cliipes ^ Cmpiss,
poisson de mer qui ressemble au harengs
mais qui est plus petit et plus effilé; on
le prépare de la même manière en le sa-
lant et le fumant. Les sardines figurent
comme hors-d'œuvre (voy*) sur nos ta-
bles. Elles sont pour Riga et d'autres con-
trées du Nord un objet de commerce as-
sez considérable. On les expédie fumées
en petites bairiques, ou confites dans des
boites de fer-blanc.
SARDOINE (sardonya^ voy. Gal-
C]b>oiiiE, Onyx et Agate.
SARIGUES, voy. Didelphes et
Marsupiaux.
S ARM ATES, nom d'un ancien peu-
ple de l'Asie et de l'Europe orientale,
qui habita d*abord au*delà du Don, mais
qui ensuite le passa, subjugua les Scy-
thes (vo/.) et se répandit dans le pays
où parurent bientôt après les Slaves. Les
Grecs , chez lesqueb la forme usitée de
ce nom était Sauromates (Sctvpoftàrac),
l'eipliquaient par œil de lézard , en le
dérivant de o'av/}6f 6t ôfA^oc. Us étaient
en cela fidèles à leurs habitudes étymo-^
logiques sur lesquelles il faut hten et
garder de rien fonder en ethnographie.
Au reste, ils avaient peu de notions de
oe [ftuple, et mâme Hérodote ne nous
apprend rien de bien sérieux sur son
compte. On les regarde généralement
comme les ancêtres des Slaves, et M.Scha-
farik, dans un de ses premiers ouvrages ,
a même donné leur nom comme identi*
que par sa racine avec celui du peuple sla-
von des Serbes. Mais aujourd'hui, ce sa-
vant est d'un i^vis très différent. Dans ses
Antiquités slaponnes^ 1. 1^**, il présente
les Sarmates comme étant d'origine médo-
perse, opinion qu'on trouve déjà recueil-
lie par Pline qui dit : Sarmatœ Medo^
rum, utferunt^ soboles (^.ilr.,VI, 7,19);
et il dérive leur nom, évidemment com*
posé, de sara^ steppe, et mat 9 peuple.
La Médie aurait été leur berceau; mais
ensuite c'est dans les steppes renfermées
entre le Caucase, la mer Caspienne, la
mer d*Azof et le Don, qu'ils auraient éta-
bli le siège de leur puissance ; de là ils
fondirentsur lesSeythes, puis,dans le siè-
cle qui précéda la naissance de J.-C. , ils
s'avancèrent vers le Dnieper, le Dniester
et le Danube, sous les noms deRoxolans^
â^Alanes ou Mains (vo/.), de lazygkes
(M. Schafarik lyoute même sous celui
des latchvingbes de la Podiaquie), ré-
pandant en £urope la terfeur de leur
nom. Ce que les Byzantins nomment en-
core Sarmates dans la suite jusqu'au x^
siècle, ce n'est plus ce même peuple
médo- perse, mais toute la population
inconnue aux Grecs de la Russie et de
la Pologne actuellt^ mélange de Slaves,
Lithuaniens, Germains, Finnois,. ïurcs
et même Mongols. Les noms indiqués
plus haut et qui appartenaient réellement
aux Sarmates disparaissent de l'histoire
à partir de l'invasion des Huns.
Au reste, les Sarmates étaient un peuple
belliqueux, saUvage^ et chez qui les fem -
mes même avaient l'habitude de la guer-
re. Quoique Ptolémée ilomme plusieurs
villes dans leur pays, ib n'avaient guère
d'habitations fixes, et se servaient de cha-
riots couverts de feutre, comme moyens
de transport pour eux et leur famille.
Ib se firent redouter des Romains, qui
néanmoins triomphèrent d'eux en plu-
sieurs ciroenstances, nommément l'empe-
reur Marc-Anièle, l'au 180 de J. -G. S.
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SÂR
(48)
SAR
BARO&fmpériodechaldérntte,vojr, ^
CBALDiK, T. V, p. at6y et LuNB, T. j
XVU,p. 64. ♦
SARPI (Pierre), plus conira sous la I
déoomiottion de FraPaolo, parce qu'il
entra dans Tordre des serTÎtes soim le
nom de Pau(, était né à Venise en 1552.
I>oaé d*ane aptitude et d'une mémoire
excessives, il voulut approfondir toutes
les sciences, apprit le grec, l'hébreu, les
mathématiques, l'astronomie et même
Tanatomie, et i^ distingua surtout par ses
travaux sur l'histoire et sur le droU pu-
blic. Après un voyage a Milan, où il con-
nut S. Charles Porromée, il vint occuper
à Venise une chaire de pîiilosopbie qu'il
conserva jusqu'en 1577. Deux ausaprès,
il devint provincial de son, ordre, et en
1585 procureur général. Les devoirs de
sa charge l'appelèrent souvent à Naples
et à Home; mais il ne sut pas gagner lès
bonnes grâces de la cour pontificale, et
deux fois sa nomination aux évéchés de
Caorle et de Nona fut différée par suite
des scrupules du Satnt-Siége. Fra Paolo
ne tarda pas à trouver l'occasion de se
venger: dans une querelle survenue en-
tre la république de Venise et la cour
de Rome, à l'avènement de Paul V, il at-
taqua vigoureusement lé souverain pon-
tife, et reçut en récompense, de seè conci-
toyens,le titre de théologien consul leur de
la république , avec 200 ducats de trai-
tement. A compter de cette époque (28
janvier 1605) il redoubla ses attaques
contre Rome; mais ses ennemis tie lui
répondirent qu'en attentant deux fois à
sa vie. Une cotte de mailles, qu'il portait
sous ses vêtements, ne le garantit pas une
troisième fois, et le 5 oct. 1607, il fut
blessé dangereusement. A peine rétabli,
il reprit la plume et écrivit V Histoire du
concile de Ttenle (édité par de Dominis,
Londres, 1619, souv. réimpr.; trad. en
franc, par Diodati, Genève, 1621, în-4o;
par Amelot de La Houssaye, sous le nom
de La Mothe Josseval, Amst. [Paris],
1683, in-4«^ et par le P. Le Giurayer,
avec des notes critiques, historiques et
théologiques, Londres, 1736,2 vol. in-
fol. : toutes ces trad. ont été plus, fois
réimpr.), dans un esprit contraire à celui
de la cour pontificale. Il alla si loin qu'il
fut soupçonné ( et Bonnet a depuis ré-
pété cette tccosation) d*atofr vtKilu in-
troduire le protestantisme à Venise. Une
antre accusation beaucoup mieux fon-
dée, c'est que Fra Paolo fut quelquefois
le conseiller du terrible couseil des Dix.
Il mourut avec une piété remarquable, le
14 janvier 1628, et le sénat hii fit ren-
dre de grands honneurs. Ses travaux im-
menses ont été recueillis en 2 vol. in*
fol. (Helmst., 1750), en 8 vol. in^«
(iljfd. [Vérone], 176 1-68), et en 24 voL
in-8^ (Naples, 1790). Un de ses ouvra-
ges , adressé à la noblesse de Venise, qq'il
prétend instruire de la manière de gou-
verner la république pour conserver éter-
nellement le pouvoir, a été traduit en
français par l'abbé de Marsy, sous ce ti-
tre : Ze prince de Fra PaolOf Berlin^
1751,in-12.
On doit en outre è Sarpi une Histoire
de finquisitionj et son origine, 1637,
in- 4^ ; abrégée en fîranç. par Amelot dé
La Houssaye^ un Traité des Bénéfices^
trad. par le même, sous le nom de Tabbé
de Saint-Marc. Il a paru une vie de Fra
Paolo, en italien, àLeyde, 1646, in-12
(trad. en franc., Leyde,1662).On pourra
consulter là Storia arcana délia vita di
Fra i'âo/o, par JusteFontanini (1805);
et des Memorie anedote spettanti alla
vita ed agli studi di Fra- Paolo^ par F.
Grisellîni, Lausanne, 1760, in-8<>: cet
ouvrage a été corrigé par Lebret et réfuté
par le P. Buonafede. D. A. D.
SARRASIN (agric). Le sarrasin (/70-
lygonum fagopyrum) est une plante à
grains nourrissants classée par quelquea
agronomes parmlles céréales, quoiqu*ellë
appartienne à l'ordre des polygonées et
non à 6elui des graminées. Quelques au-
teurs ont supposé que nous le devions à
l'Arabie; maison asu depuis qu'il est origi-
naire de Perse, où Olivier l'a rencontré
sous le nom de hadrasin^ qui signifie blé
rouge. -
Aujourd'hui sa <»lture est fort répao-
due eu Europe, surtout dans les pays pau-
vres et les terres médiocres. Quoique sa
farine soie impropre a lé panification, il
est des contrées dans lesquelles il fait
encore la principale nourriture des po-
pulations fermières et villageoises. Ce-
pendant il est à remarquer qu'il recule
de plus en plus, devant chaque progrès
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SAA (49)
des â9tolMM»to,poiir £itfMpkee«u Met.
A mesure qot la terre t'anéliore par l'eC-
fel de boBoes fii^oiie et de riches engrais,
le seigle et le firoiaept preBseot auoeessi-
veoiaot sa placa^ et probablemeat il arri-
vera une époque où l'on cessera de le cul-
tiTer en grand partout aillevrs que dans
les localités sablonnensesy où les eéréaies
de printemps réussissent mal.
On connaît en France deux espèces
bien distinctes de sarrasin, l'espèce ordi-
naire on l>ié noir {polygomtmfagopX'-'
mm}, et le uirrasin de Tartane (pofy'
gtmum tataricum). Celui-ci dif^re de
Tantre autant par la disposition de ses
tiges, la couleur, la grandeur de ses fleurs,
que par la forme de ses graines. Les pre-
mières sont remarquableasent plus ra-
meuses et plus touffues; les secondas ont
des pétales tellement petits qu'ils sont à
peine appaf^nls, et que la plante est déjà
en graine avant qu'on se soit aperçu de
l'épanouîsaement. La corolle est d'ailleurs
verdâtre au lieu d'être blanche. Les se*
mences, enfin, présentent sur leurs trois
angles des membranes proéminentes;
elles sont raboteuses sur leurs; faces. Le
sarrasin de Tartarie a le double avantage
d'être plu* rustique et plus précoce -que
le blé noir ordinaire. Il est aussi pÂus
abondant, mais il donne une moins bonne
ûurîne, et on leconsidère oomme plus dan-
gereux pour les bestiaux, lorsqu'on le dis-
tribue à trop fortes doses. Il a sur les mar*
cbés une valeur moindre.
Lesarrasinestprécieux, non-seulement
parce que, sans le concours de fortes fît*
mures, il peut donner d'aases abondants
produits en des terrains même de faible
valeur y mais parce qu'il puise une bonne
partie de sa nourriture dans l'atmosphère,
et parce qu'il accomplit en très peu de
temps toutes les phases de sa végétation.
Grâce è ces propriétés, après l'avoir semé
sur un champ, parfois sans destination
bien précise, on peut l'utiliser de diffé-
rentes manières. Si la récolte des céréales
n'a pas été abondante, on emploie son
grain comme substance alimentaire ; si les
fourrages ont été rares, on applique ses
tiges, au moment de la floraison, è la nour-
riture des bestiaux; et, si l'on croit pou-
voir se passer de l'une et l'autre de ces
niseurces, on en£onil U plante entière
Bneyelop. d. G. d. M. Tome XXL
SAR
où se forment ses premières
graines, pour ajouter à la fécondité de la
couche labourable. Sur divers points de
la France, on peut atteindre ces mêmes
buts en semant le sarrasin immédiate-
ment après la moisson des seigles sou* > le
sol même qu'ib couvraient.
Dans plusieurs de nos départements du
nord-ouest, le sarrasin occupe, dans 1^
rotations, l'année de jachère ; lorsqu'on
le fume bien, il couvre si complètement
le sol, qu'il étouffe parfaitement les i
vaises barbes, et qu'on le considère c
une excellente préparation pour la oéf
réale d'automne. Néanmoins il faut pour
cela que la terre qui Ta porté ait été la*
bourée plus profondément et mieux qu'on
ne le &ît ordinairement. Si l'on savait
combien cette simple précaution aug-
mente le produit clés deux récoltes, on
ne la négligerait jamais. O. L. T.
SARRASIN (JKAH-FaAHçois), lit-
térateur français, né à Caen en 1606. Il
vint de bonne heure à Paris pour y cher-
cher fortune, et à son retour d'un voyage
en Allemagne où il se rendit agréable à la
princesse de Bohême, il se concilia la pro-
tection du coadjuteur et l'amitié de Ména-
ge. Le premier le plaça auprès du prince
de Gontien qualité de secrétaire descom-
mandements. Trafiquant de son crédit.
Sarrasin s'attirattsou vent les mauvais trai-
tements du prince, mais il parvenait tou-
jours a le d^rmer par quelque bouffon-
nerie. Tallemant prête à Sarrasin une fin
assez dramatique. Il mourut, dit-il, en
1665, empoisonné par un mari espagnol,
qui avait pris l'habitude de se défaire ainsi
de tous les amants de sa femme. Les titres
littéraires de Sarrasin sont en réalité assez
peu de chose, et ainsi que l'a pensé Vol-
taire, tout son éloge se réduit à dire qu'//
aécrilagréablemenienprose et en vers.
Cependant Sarrasin, qu'il ne faut pas con •
fondre avec les beaux-esprits de l'hôtel
de Rambouillet, puisa dans la société du
coadjuteur cette teinte satirique qui fut
son principal mérite et qui le condui-
sit une fois à la Bastille. Il prit parti
dans toutes les querellée des gens de
lettres de son époque. Il défendît Bal-
zac et Voiture contre le P. Goula et con-
tre Benserade. H se moqua de la manie
des l^uts-rimés; il diiseru avec habileté
4
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SAR
(50)
SAA
Air Je jeud^éebecfl, et forimita ^1a loHiiigd
de Voiture ud jugement intitulé : ia
pompefiinêhre, qu'on pourrait tout aussi
bien prendre pour une épigranime. Sar-
rasin s'est élevé jusqu'à l'ode en célébrant
ia prise de Dankerque et la bataille de
Lens. Il s'est aussi essayé dans le genre
historique en composant Vhistoife de la
conspiration de ^alsteinqvi*i\ a laissée
inachevée. Tons ces écrits d'aitlears for-
ment à peine un volume qui fut pour la
l'^foiséditéparson amiPélisson.D.À.D.
SARRAtlIf S y nom âous lequel on
désigne soit les Arabes en général , soit
en particulier ceux d'Afrique mêlés aux
Maures. Mais c'est abusivement qu'on lui
adonné une si grande extension, car,
ainsi qu'il a été dit à l'art. Aa^BES (T. II,
p. 128), il parait avoir appartenu en pro-
pre à des tribus établies dans la Méso-
potamie et connues par les guerres des
Romains contre left Parthes et les Perses.
« Le mot Sarrazin^ dit notre savant
collaborateur, M. Reinaud, auteur des
Invasions des Sarrazins en France ^ et
de France en Savoie ^ en Piémont et
dans la Suisse {Paris, 18S6, Jn-8<*, p.
329) , ayant toujours été inconnu aux
Arabes eux-mêmes, quelle est l'origine
de cette dénomination? Le mot Sar^
razin, dérivé du latin Saracenus^ le-
quel à son tour provenait du grec, se
montre pour la première fois dans les
écrivains des premiers siècles de notre
ère. Il sert à désigner les Arabes Bé-
douins, qui occupaient l'Arabie*Pétrée
et les contrées situées entre l'Euphrate et
le Tigre, et qui , placés entre la Syrie et
la Perse, entre les Romains et les Parthes,
s'attachaient tantôt à un parti, tantôt à
un autre, et faisaient souvent pencher la
victoire. On a écrit un grand nombre d'o-
pinions sur l'origine de ce nom; mais
aucune ne se préventè d'une tnanière
tout -à-fait plausible; celle qui a réuni le
plus de suffrages fait dériver le mot Sar-
razin de l'arabe Scharky ouoriental\ En
effet, les Arabes nomades de la Mésopo-
tamie et de l'Arabfe-Pétrée bornaient à
l'orient l'êtefiire Romain. Un écrivain
grec, qui pénétra en Arabie dans le yi^
{*) ScJuurukfoun, oaletOrieotaox, serait alori
Popposé de Magharibêi U« OceideaUux (vo/.
BUaaaaa}.
sièisia da tM>tre ère, patlanf d^ divers
peuples qu'il avait eu occasibn de ren-
contrer, a soin de distinguer les Rome-
rites ou habitants de ITémen des Sarra-
zins proprement dits. Quant à l'opinion
des chrétiens du moyen-âge qui , d*après
l'autorité de S. Jérôme, faisaient dériver
le mot Sarrazin de Sara, épouse d'Abra-
ham , il n'est pas besoin de s'y arrêter.
Les Arabes n'ont jamais rien eu de com-
mun avec Sara, mère d'Isaac. »
Voici quelques autres hypothèses sur
l'origine de ce nonx Selon les uns, il vien-
drait de l'hébreu sarak (vide, pauvre),
et selon d'autres, de l'arabe sarax (bri-
gand) ; quelques-uns le font dériver da
nom de la ville de Saraka, qu'ib placent
dans la contrée ci-dessus indiquée dans
le passage emprunté à M. Reinaud. Tou-
jours est- il qu'ensuite le nom de Sarra-
zin fut appliqué, en général, à tons lea
mahométans auxqueb tes chrétiens firent
la guerre en Espagne , en Afrique et en
Asie; que plus tard on comprit également
sotis cette dénominal ion les Turcs, et en fin
tous les peuples infidèles contre lesquels
f\irent préchées des croisades. C'est ainsi
qoe^dans le moyen-âge, on appelait Sar-
razins jusqu'aux païens de la Prusse. S.
8ARTE (AKDalè del), voy. Vah-
ffiTccm.
8ARTHE(DÉPAEtEiiKirr De L4).Li-
mitéà l'est par les dép. d'£ure-et Loir
et de Loir-et-Cher, au midi par ceux de
Maine-et-Loire et d'Indre-et-Loire, à
l'ouest par le dép. de la Mayenne, et au
nord par celui de l'Orne, il est traversé par
la rivière de Sarthe, qui vient du dép. de
rOrne et qui reçoit un grand nombre de
petites rivières, telles que : l'Huisne, le
Geay ^ la Vèf^re, l'Erve , etc., et au midi
parle Loir. Plusieurs chaînes de collioea
se prolongent entre ces rivières; les plus
considérables s'élèvent dans le nord-
ouest, en continuant les chaînes du dép.
de la Mayenne. Il y a des mines de fer
limoneux d'une exploitation facile, d'an-
thracite, produisant annuellement plus de
150,000 quintaux métriques employés à
la fabrication de la chaux ; des carrières
de marbre, de grès, d'ardoises, de kaolin.
Sur une Superficie de 621 ,600 hecl., ou
un peu plus de 814 4 lieues carrées,
oe dép. a 898^86 Utu éê
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SAR
(&»)
iAn
yboùxMn^ 69,319 dei>ols, 58,1S0 de
]Hréi et 10,081 de vignes. Nigd^re il y
nslait encore plus de 46,000 hect. de
Undes; miis chaque année on en con-
vertit nne portion en terres labourables
ou en pignières^ dont le bois est employé
M» usines. On cultive beaucoup de chan-
vre; on engraisse des bestiaux de la race
■ance/le et des volailles ; on fait plus de
iiOfiOO hectol. de cidre et de poiré, et
l'on réoDife beaucoup de cire. Le fer
i^ppréle dsins 5 hauts-fourneaux et' une
dkainede forges; on exporte une grande
qeantité de graines de trèfle pour TAu*
fleterreet la Hollande, et environ 3 mil-
lions de kilogr. de chanvre brut et pré-
paré, dont une partie est destinée pour
iescorderies des ports. Le tissage et l'ap-
prêt des toiles est la principale industrie
da pays, surtout de Fresnay-le-Vicomte,
qui occupe environ 3,000 ouvriers, y
eompris les femmes et les enfants, et four-
nit 13,000 pièces par an, de la valeur de
1,890,000 fr. On porte à 92 millions
dn mètres la quantité moyenne de toiles
dé toutes qualités et de canevas d'em-
ballage, qui se vendent chaque mois
sur les marchés do dép. Il faut citer en-
core la grande verrerie de Goudrecieux,
une douzaine de papeteries , des scie-
nce pour le marbre, plus de 1 50 poteries,
briqueteries et tuileries, plusieurs fila-
tores de laine et de coton, et 4 fabriques
de couvertures de laine, ainsi qu'une fa-
brique de cachemire à La Ferté.
Ce dép., qui était anciennement ha-
bité par les Cenomani , et qui a formé
tBsuite le Haut- Maine et une partie de
l'Anjou et du Perche(vr>^. ces noms), se
divise maintenant en 4 arrondissements,
savoir : le Mans, Mamers, Saint- Calais et
La Flècbe , subdivisés en 33 cantons et
393 Gommunes,dont la population totale
élait,enl841,de470,535âmes.Enl836,
ony comptait 466,888 hab., présentant le
mouvement suivant : naissances, 11,542
(5,967 masc, 5,575 fém.), dont 853
Ùlégitimes; décès , 8,430 (4,175 masc,
4,345 fém.); mariages, 3,940. Ses 3,598
électeurs nomment 7 députés, dans sept
collèges électoraux qui se réunissent, 3 au
Mans, les autres à Saint» Calais, La Flè-
che, Mamers et Beaumont. Le dép. paie
3|196,313 fr. dnmp6t fottcier. Il fait
partie de la 4* division militaire, dont
Tours est le quartier-général; ses tribu-
naux sont du ressort de la cour royale
d'Angers, et ses écoles de Tacadémie
universitaire de la même ville; avec le
dép. de la Mayenne , il forme le diocèse
du Mans.
Le Mans, chef -lieu du dép., est situé
sur une colline au confluent de la Sarihe
et de l'Huisne; cette ville a une calhé-
drale gothique , un hôtel de préfecture
d'un style moderne, des halles, une salle
de spectacle, un musée d'histoire natu-
relle, une bibliothèque publique, un s«''-
minaire, un collège et des promenades
très agréables. Sa population, qui est de
33,393 âmes, se livre au commerce des
toiles et du chanvre, des bougies, des vo-
lailles grasses et des couvertures de laine.
A 19 kilom'. de là est la petite ville de
Monfort-sur-Uuisne,ou leRotrou (1,343
hab.), dominée par une montagne qui
porte un château- fort. La ville de La
Flèche, dans un joli vallon sur le Loir,
est remarquable par son école militaire,
ancien collège de jésuites qui possède une
bibliothèque considérable. La population
de La Flèche est de 6,207 hab. Sablé, sur
la Sarthe, auprès de sa réunion avec la
Vaigè et l'Erve, a 4,348 hab.; elle pos-
sède un beau château qui occupe la plate-
forme d'un rocher. Mamers, sur la Dive,
est une ville mal bâtie avec 5,700 hab.
La Ferté Bernard, ville de 3,550 hab.,
sur l'Huisne, a une jolie église gothique.
Saint-Calais, sur l'Anille, a 3,7 19 hab.
Il faut y joindre Château-du-Loir , au
confluent do Lohr et de rive,et la Châtre,
située également sur le Loir, avec 3,697
habi Parmi les châteaux se distingue ce->
lui de la Tournerie; l'abbaye de Persai-
gne est tombée en ruines; dans celle de
Solesme, sur une colline du bord de la
Sarthe, s'est installée récemment une pe-
tite communauté d'hommes voués à la
vie religieuse et studieuse. D-o.
S ARTINF^ ( Antoine - Raymond -
Jkan-Gualbeet-Gabeiel de), mort le 7
sept. 1801 à Taragone en Espagne, dans la
province où il était né de parents fran-
çais, s'est fait un nom comme lieutenant
générai de police, fonctions importantes
qu^l a remplies de 1762 à 1774. On lui
doit un grand uombre d^mélioratioua
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SAS
(«)
SAT
dansParifl. ro)^.PoLiGB|T.XIX}p.781.
SAS, sorte de grand tamis, de crible,
formé d*an cercle de bois traversé d'uD
tissa de crin,, de soie, etc., et qui sert à
passer de la farine, du plâtre, etc. De là
Tient l'expression figurée Atsasser^l res'-
sasser.
Dans Part bydrauliqne, on nomme s€u
un bassin ménagé dans la longueur d*an
canal de navigation , pour y retenir les
eaux qu'on verse, soivtnt le besoin, dans
la chambre de l'écluse au-dessus de la-
quelle ilest situé. Foy, Églusb, T. IX,
p. 79. Z.
SASSAFRAS {laurus s.) , arbre de
la famille des laoribées qu'on cultivé en
France, mais qui vient de l'Amérique du
Tïord, et dont le boîs, ainsi que la racine,
est employé en médecine, en parfumerie
et en tabletterie. Foy. L4uaiEB,T. XVI,
p. Î78.
SASSAMDES, voy. PEasE,T. XIX,
p. 442.
SASSO FERRATO, voy. Sai^vi.
S ATA M, mot hébreu qui signifie ad'
versairtj et qui désigne un être résistant
à Dieu et au bien. On en a fait l'être
malfaisant par excellence, le génie du nuil,
l'ange des ténèbres; on lui fi donné mille
formes différentes, depuis celjedo serpent
qui tenta la mère du genre humain , jus-
qu'à celle de l'homme et de l'ange, mab
avec le caractère de la révolte et de la ré-
probatiop qu'elle lui a fait encourir. Le
talent de Milton a mis son sceau sur toute
cette mythologie chrétienne.
SATELLITES, du latin satelles,
mercenaire employé à la garde d*nn prin-
ce, et de là homme d'escorte, garde-du«
èorps. Foy. PlahàteSi T. XIX, p. 699
et 8uiv.
SATIN , voy, Soieeibs. — Sâtnr bi
LAïKE, étoile croisée qui s'emploie pour
meubles et dans l'habillement.
SATIRE et Sattbb, deux genres de
poèmes dont le premier seul est resté
chez les modernes. La satyre était une
pièce de théâtre qui tirait son nom de
ses principaux personnages, les satyres
( vo/.), divinités champêtres, aux propos
lestes, aux gestes peu décents, et qui,
dans leurs dialogues entre eux ou avec
d'autres personnages, des dieux et des
héros [quicunque deus^ quicunque adhi'
6^flfirA^ra/, etc., Hor.), lançaient leuri
brocards, parodiaient des scènes nobles,
et exécutaient dans les chœurs des dansea
joyeuses propres à remettre les specta*
teurs des émotions tragiques. Cette satyre
fut imitée dans les atellanes (voy.) par
les Romains, qui tirèrent de la satyr«
théâtrale une autre sorte de oompositioo
destinée à la lecture, la satire , que la
plupart des savants dérivent de satura^
mélangé, parce queEnnins employa un
mélange de vers de toute longueur dans
cette espèce de poème. Cette satire fut
inconnue des Grecs, dit Horace : Grœeis
intacti carminis auctor^ et Quintilien U
revendique du ton le plus tranchant : Sa^
tira toia nostra est. Améliorée par Lu«
cilius, elle fut portée par Horace, par
Perse, par Ju vénal [voy, ces qoms), à ua
degré de perfection que n'oni point sur*
passé les modernes.
Dans sa forme latine, adoptée par tou-
tes nos littératures européennes, la satire
est une pièce de vers où Tauteur attaque
les vices et les ridicules. Mais cette forme,
imitée en Italie par l'Ariote, Alamannl,
Bentivoglio ; enEspagoe, par TorresNa-
harro, les d'Argensola, Gérard d'Iberlas;
en Angleterre, par le comte de Roscom-
mon, le duc de Buckingham, Dryden,
Pope, Byron ; en Allemagne, par Liscov,
Hagedorn, Rabener, Kaestner, Lichten-
berg, Wieland; en France, par Régnier,
Boileau, Voltaire, Gilbert, M.-J. Chénier
{voy. la plupart de ces noms) et tant d'au*
très; cette forme, disons- nous, n'est pas
la seule qu'ait.su prendre l'esprit satiri-
que. Partout, en tout temps, qu'il fût
l'ttuvre de la jalousie qui s'inquiète, s'ir-
rite et lance avec art ses traits perfides, ou
le cri de la vertu qui s'indigne, éclate et
tonne, il a semé ses traits dans les com-
positions les plus opposées. Il n'a pas
seulement dicté les ïambes d'Archiloque,
les comédies d'Aristophane , les dénon-
ciations directes des hommes et de leurs
vices dans les formes consacrées par la
muse; cet esprit se trouve dans la prose
comme dans les vers, dans les monuments
littéraires les plus graves aussi bien qn«
dans les écrits les plus frivoles. Parcou-
rez la Bible, Homère, les tragiques grecs ;
ouvrez les orateurtetlesgrands historiens,
à c6té de Tapprobation, de l'éloge, dt
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SAT
(âS)
SAT
PadminUoD, tous troa?erez le joste blâ-
' ne, rénergique ioTective, la solennelle
•ocosation qui éqaÎTant à la flétrissure
dNui jagemeot*. C'est que rimprobation
à la Toe des traTen sociaux , Tindi^a-
tion à l'aspect de faiblesses coupables ou
d'édatsDtes insultes à Popinion publique,
■e partent pas d'un principe moins loua-
ble que la reconnaissance réfléchie et
PadfliNntion involontaire, sources de tant
dVipotbéoses cbez les anciens, de tant
d'honneurs populaires chez les modernes;
c'est que l'impassibilité n'est pas dans
notre nature et qu'elle serait avilissante
pour l'homme; c'est enfin que la Vertu
est la mesure de tout ici-bas , et qu'un
historien ne cesse pas d'être impartial
pour faire à propos des apologies et res-
sembler parfois à un satirique. En effet,
dit Tadtê, son principal devoir est de pré-
server les Tertus de l'oubli, et d'attacher
aux paroles et aux actions perverses la
crainte de l'infamie et de la postérité :
prœcipuum munus annalium reor^ ne
virtutes sileanturj utque pravis dictis
faetisque ex posteritate et infamid mc"
tus sit.
En vain contesterait- on la légitimité
de la satire : on doit savoir d'autant plus
de gré aux écrivains qui l'exercent no-
blenaeift, qu'elle n'est pas sans danger
pour eax. Mais aussi l'on ne peut trop
fiétrir ceux qui, poussés par des jalousies
littéraires ou par des haines politiques,
Sarment de la calomnie et se font un
jeu cruel d'inventer les anecdotes les plus
scandaleuses sur les hommes les plus ho-
norable*; de déchiqueter, scalpel en main,
des actions héroïques; de Àiire expier
prématurément une gloire posthume.
Honte à ces détracteurs du talent, à ces
bourreaux du génie et de la vertu ! Pour
que la satire se renferme dans ses limites,
il faut que le poète satirique ait autant de
modération que de verve, autant de pro-
bité que de courage. Il exerce une ma-
gistrature; que ce soit toujours sous le
cdntrôle de sa conscience! qu'il ait con-
stamment le but sous les yeux! Or, ce
but, écrivait Dusaulz , « c'est de perfec-
tionner la société, soit en lui présentant
n r#^. f partiMlItrles art. EAsaïuas, Cas-
VAiTis, Bomxa, 8éb.BaiUivT, Horrair, Fi*
■caAaT, «te. .
ses ridicules finement rassemblés dans des
portraits piquants , soit en lui inspirant
des goûts honnêtes perdes maximes con-
formes à ses vrais intérêts , soit enfin en
Fexcîtant par des animadversions plus ou
moins vigoureuses, selon que l'exigent les
circonstances et la nature des vices : celle
qui ne fait rien de tout cela, quelque mé-
rite qu'elle aitd'ailleurs,s'écarte du genre,
et c'est improprement qu'on l'appelle sa-
tire. «Peut-être le champ s'est«il agrandi
depuis le traducteur de Juvénal , peut-
être la satire a-t-elle à remplir désormais
une mission plus haute que dans les siè-
cles passés. Cest trop peu pour elle que
^assaisonner le plaisant et P utile ^ d'é-
lever des digues temporaires contre le
torrent du mauvais goût,
De venger la raison des attentata d*nn sot (Boil.).
Nos révolutions lui ont ouvert des hori-
zons plus vastes : qu'elle se fasse l'écho de
passions généreuses ! qu'armée du fouet
de Némésis contre les perturbateurs de
la société, elle inflige ses vigoureuses cor-
rections à ces admirateurs d'institutions
flétrissantes, lesquels
Au ebar de la raison s'attolaot ||»ar-dernère,
Veolent à reculons l'enfoncer dans Pomière !
(Andrienx).
Qu'elle les inflige à ces utopistes incen-
diaires qui ne rêvent qu'à jeter dans leur
creuset toute la société contemporaine
pour refaire l'œuvre de Dieu sur le bi-
zarre modèle qu'iront conçu ! Que tou-
jours protectrice des idées saines , tou-
jours enthousiaste des grandes choses
qu'accomplit et que doit accomplir l'hu-
manité , elle écarte quiconque s'oppose
aux progrès; que hardie auxiliaire de la
tribune, mab indépendante des partis,
elle rappelle tour à tour aux principes et
le pouvoir et l'opposition ! qu'elle sache
à propos chanter un hymne et flétrir de
ses anathèmes! Nous ne demandons pas
qu'elle soit nécessairement jetée dans le
moule consacré par les Latins, qu'elle ait
telle on telle forme admise par tel ou tel
peuple : nous lui laissons tonte liberté,
pourvu que sérieuse et grave,ou plaisante
et légère, organe d'une raison passionnée
ou d'un bon sens plein de finesse, elle
soit toujours au service de la vérité et de
la vertu contre l'astucieux mensonge et
le crime audacieux. J. T-v- s.
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SAT
(64)
SAT
SATRAPE, gouverneur de proTÎnce
dans Tancienne Perse. Choisis le plus
ordinairement dans la famille royale ou
dans les familles les plus distinguées du
royaume, les satrapes réunissaient près*
que toujours entre leurs mains le pou-
voir civil et le pouvoir militaire. Darius,
fils d*Hystaspey divisa laPeirse en 20 gou-
vernements ou satrapies. Quelquefob
plusieurs satrapies étaient administrées
par un seul satrape, d'autres fois, au con-
traire, il y avait deux satrapes dans une
satrapie. La vie voluptueuse et le luxe
effréné de ces petits despotes a rendu le
mot de satrape sjDonjmt d'homme puis-
sant et corrompu. X.
SATURNALES, voy. Tart. suiv.
SATURNE (mylh.)y ancienne divi-
nité italienne, que Pon confondit plus
tard avec le Kronos des Grecs. Uranus
et Géa avaient donné le jour aux six Tita*
nides. Le plus jeune, Kronos (plus tard
ce nom devint Chronosy le Temps), excité
à la vengeance par sa mère, qui était in-
dignée contre Uranus parce qu'il rete-
nait ses enfants en prison, trancha d'un
coup de faux les parties génitales de son
père, le dépouilla de son autorité, déli-
vra ses frères de prison et s'empara du
pouvoir souverain. Il épousa ensuite
Rliéa qui lui donna plusieurs fib et plu-
sieurs filles; mais sachant qu'un de ses
fils le détrônerait, il dévorait tous ses en-
fants. Zéus {voy, Jcpitea) seul fut sauvé :
Rhéa le cacha dans Tile de Crète où Géa
promit de l'élever. Pour tromper la vo-
racité de Kronos, Rhéa lui présenta une
pierre emmaillottée qu'il avala; mais un
vomitif que lui firent prendre Géa et
Métis le força à rendre non*seulement
cette pierre, mais encore tous les enfants
qu*il avait dévorés; avec leur secours,
Zéus vainquit son père y ainsi que les
Tiuos (voxO* ®^ '® détrôna après dix ans
de guerre. Kronos et les Titans furent
enfermés dans les enfers, d'où ils finirent
par être délivrés, selon quelques poètes
d'un âge postérieur, et Zéus accorda à
son père te gouvernement des Iles For-
tunées dans l'océan occidental. L'Hes-
périe fut, dit-on, le pays où régnèrent
Kronos et les Titans. Liorsqu*on connut
mieux cette contrée, on transporta Kro-
nos et r«^ d'or en Itali^ ^ poofondaiK
Kronos et Saturne, on prétendit q«« ••
dernier, chassé par son fils, avait cher-
ché un asile dans le Latium, dont l'on
dériva le nom de iatere^ cacher. Jaooa
(vor.) y partagea son autorité avec Ini^
et Saturne bâtit la ville de Satumim sar
lé Mont Capitolin, appelé d'abord moiti
Saturnin, Le règne de Satnrne est resté
dans la mémoire des hommes comnas
l'âge d'or, et les prêtres l'ont célébré à
l'envi. Ce dieu avait dans le Fonm na
temple où l'on gardait le trésor public*
Les Romains célébraient en son honaonr
une fête, les SaturnaleSy destinée à rap-
peler cet âge heureux où la liberté et
l'égalité régnaient sur la terre, où la ooo*
fiance et l'amour unissaient toua les
hommes, où l'oppression et la révolto
étaient inconnues. D'un seul jour d'à*
bord, puis de trois, de cinq, et enfin ém
sept sous les Césars, cette fête se célé-
brait du 17 au 3$ décembre. On enle-
vait le bandeau de laine qui enUHinût
toute l'année le pied de la statue du dieu,
et on allumait dans son temple une mal-
titnde de cierges, en réjouissance de ce
que les sacrifices humains étaient abolis.
Pendant les sept jours que durait la flte,
il n'était permis de traiter aucune af-
faire : c'était un temps de réjouissances
et de liberté. Les esclaves portaient le
chapeau pour signifier qu'ils étaient li-
bres, ainsi qu'une robe ornée de pourpre
et une toge blaoehe. Ils changeaient de
rôle avec leurs maîtres, au point que oes
derniers les servaient à table et se sou-
mettaient à des châtiments comiques,
s'ils commettaient quelque faute. -Par-
tout régnait la joie. On s'envoyait réci-
proquement des présents, consistant en
petites images des dieux, en cachets, d'où
le nom de sigiUaites donné aussi à ces
jours de lète, et l'on se saluait par ces
mots : lo saturnalia! Bona saturntUta!
On rendait aussi la liberté à certains pri-
sonniers, qui alors consacraient leofi
fers au dieu. C £•
SATURNE (astr.), vo^. PLAirins.
SATURNE (extrait db), v.Plqum.
SATURNIN (vers), vay. UTOiy
(Utt.), T. XVI, p. 260.
SATYRE. Sous le nom de Satyres,
comme sons celui de Silènes et de Faunes
{voy,)f la mythologie grecque compre^
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SAV
(6M
aw
Bail aae espèce d*é(res qui m rap|»ro-
chaient plu» ou moiqs de la nature ani*
maie, parliculièreroent du boucC^étaiept
dans Torigioe des divinités sylvestres
adorées par les Péloponnésiens. On les
représentait anciennement avec des oreil-
les potntues, la tête chauve, de petites ex-
croissaoces derrière les oreilles; plus tard,
les artistes leur donnèrent les cornes et
les pieds de bouc de Pan. Dans tes pein-
tures qu'on en fait, les uns se rapprochent
dafantage de la nature animale; d'au-
tres conservent davantage la forme hu-
maine, et ne trahissent leur nature ani-
male que par de longues oreilles poin*
tueSy une queue et de petites cornes.
Toute leur face d'ailleurs rappelle la
bête, les pommettes des joues, la barbe^
la peau qui leur pend sur le cou, etc.
Quelquefois cependant on les représente
seulement sous la foriped'un rustre épais
et lourd, forme que les artistes ont su
poétiser pour^en faire l'idéal de la nature
agreste. Ordinairement on donne aux
Faunes des oreilles pointues et de petites
qoeuea, et aux Satyres des pieds de bouc,
et on regarde lesSilènes comme d'anciens
Faunes. Mais c'est une erreur : lesSatyres
des Grecs n'étaient pas différents des
Faunes des Romains» Toute la race des
Satjfresy desSilèoes, des Faunes, des Pans,
désignaient chez les anciens les divinités
des forêts et de la vie champêtre, sous
différents points de vue. Bacchus est
constamment accompagné de Satyres et
de Silènes, mais il est impossible de dire
quand s'établit le culte de ces dieux cham-
pêtres, ni quelle en fut l'origine. Peut-
être faut-il la chercher dans l'usage de
s'habiller de peaux d'animaux; peut-être
aussi ne faut-il voir dans ces divinités
que le symbole de l'homme grossier et
sauvage. Les uns font descendre les Sa-
tyres de Mercure et de la nymphe
Iphtimé; d'autres de Bacchus et de la
naïade Nicsea. Ils aimaient beaucoup les
plaisirs dessens. Dans les fêtes de Bacchus^
on les représente toujours jouant de
quelque instrument et dansant. C Z.
SAUGE(fa/ciVi oj[ficinaUsyh.\ plante
aromatique qui appartient à la famille
des labiées, et qui renferme beaucoup
d'huile volatile. Aussi est-ella employée
daas la pharmacia.
SACL» premier roi des Israélitett était
fils de Cb, homme distingué de la ville
de Gabaa, dans la tribu de Benjamin, et
non moins remarquable par sa beauté et
sa haute stature que par son courage et
son talent poétique. Samuel (yoy,)y solli-
cité par les Juifs de leur donner un sou-
verain et ne pouvant plus résister à leura
instances, le sacra roi d'Israël dans l'as-
semblée du peupleàMitspa, environ 1 100
ans av. J.-C. Les premières années du rè«
gne de Saûl furent signalées par des vic-
toires sur les Ammonites, lesPhilii) tins, les
Moabiles, les Iduméensetles Amalécites.
Ayant, malgré l'ordre des prophètes de Je-
hova, épargné Agag, roi de cette dernière
nation, il excita ta colère de Samuel, déjà
irnté de la désobéissance de Saûl dans une
autre circonstance. Le prophète s'attacha
dès lors à lui susciter des em barras de toute
espèce, et sacra même pour roi le jeune
David {vox,\ alors âgé de 16 ans. L'op-
position qu'il rencontrait à chaque ins-
tant aigrit le caractère de Saûl et le jeta
dans une noire mélancolie, dont la mu-
sique seule avait le pouvoir de calmer les
accès. Après avoir tenté plusieurs fois de
tuer David, à qui il avait donné une de
ses filles en mariage, il périt avec quatre
de ses fils à la bataille du mont Ghilboa,
après un règne de 40 ans. f^oy, Hi-
BEEUX , T. Xlfl, p. 568. £. H-o.
SAC LE on Osrsa (salix, Toum. ),
genre de la famille des amentacées, et très
voisin des peupliers (yoy,). Il comprend
au moins cent espèces, dont la plupart
habitent les régions extra- tropicales de
l'hémisphère septentrional. Les saules (à
l'exception de quelques espèces des hau-
tes Alpes) se plaisent dans les lieux hu-
mides ou marécageux ; ce sont des arbres
ou des arbrisseaux à racines rampantes, à
rameaux cylindriques, alternes, à feuilles
très entières ou dentelées, simples, al-
ternes, accompagnées de stipules persis-
tantes ou caduques, à fleurs petites, dioT*
ques, dépourvues de calice et de corolle,
disposées en chatons allongés et ordi*
nairement soyeux. L'utilité des saules,
dans l'économie domestique et rurale, est
des plus variées. Au moyen de leurs lon-
gues racines traçantes, ils fixent ou affer-
missent les sables mobiles ou la vase des
rivages. La qualité assaz médiocre de
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SAU
(66)
SAU
leur bois est compensée par la rapidité
de leur croissance dans les terrains même
les plus ingrats ou inapplicables à toute
autre culture; du reste^ comme combus-
tible, le bois des saules est supérieur à
celui des peupliers, et son charbon est
Tun des meilleurs pour la fabrication de
la poudre à canon. Personne n'ignore qde
les rameaux tenaces et flexibles de cer-
taines espèces s'emploient journellement
comme liens , et sont indispensables à
beaucoup d'autres usages; on en tire parti
surtout pour la vannerie et pour lier les
cercles des tonneaux : aussi ces espèces
font-elles l'objet d*une culture très lu-
crative dans les localités convenables; les
terrains consacrés à cette exploitation
sont appelés vulgairement des oseraies.
L'éoorce des saules est astringente et amè-
re : elle sert au tannage et à la teinture ;
celle de plusieurs espèces jouit en Dutre
de propriétés fébrifuges très efficaces. Les
feuilles fournissent un bon fourrage. Les
fleurs, en général très précoces, offrent
aux abeilles la première nourriture au
retour du printemps. Enfin, le coton qui
enveloppe les graines des saules peut ser*
vir à la confection de coussins, dé matelas,
et autres objets de même nature. Plu-
sieurs espèces, grâce à l'élégance de leur
port, trouvent place dans les bosquets et
autres plantations d'agrément. La plu-
part des saules sont remarquables par la
facilité avec laquelle ils reprennent de
boutures, soit de racines, soit de bran-
ches, soit de rameaux ou de ramules : aussi
n'a-t-on guère recours aux graines pour
la propagation.
Les espèces qui méritent d*étre signa-
lées de préférence sont les suivantes :
Le saule blanc (salix alha^ L.), ixiX'
gàiremeni saule pliant^ osier bianc, osier
vertf osier noir. Une variété à rameaux
jaunes est connue sous les noms d'osier
Jaune, saule-osier, bois Jaune et amU"
rinier. Ce saule, extrêmement commun
dans tonte l'Europe aux bords des fleuves
et des rivières, est susceptible de s'élever
jusqu'à 80 pieds, sur 8 a 5 pieds de dia-
mètre ; on le reconnaît facilemenl à ses
feuilles couvertes d'un duvet satiné et de
couleur argentée. C'est l'espèce le plus
fréquemment cultivée en oserates ; car,
tous le rapport de la ténacité, ses rameaux
ne le cèdent a aucune congénère. L'éoorcse
a des propriétés fébrifuges bien avérées ;
elle sert en outre à teindre en brun et
en rouge, ainsi qu'au tannage de cerlaios
cuirs fins. Le bois de ce saule est d*un
blanc rougeâtre ou tirant sur le jaune^
très léger, et d'un grain uni ; il sert à
faire des solives pour les constructions
légères, des douves, de la menuiserie, etc.
Coupé en lanières minces, on en confec-
tionne des chapeaux qui imitent ceux de
paille»
Le saule fragile [salix fragids, L.),
vulgairement saule cassant, osier cas'-^
sant, arbre de 40 à 50 pieds de haut, sur
3 à '5 pieds de diamètre, commun dans
toute l'Europe. On le plante communé--
mént autour des prairies et au bord des
eaux. Ses usages sont à peu près les mê-
mes que ceux du saule blanc ; toutefois
ses rameaux sont trop cassants pour servir
de liens ; son bois, au contraire, est plus
solide. La racine fournit une teinture
pourpre. Parmi ses congénères, c'est l'es-
pèce dont l'écorce parait posséder les pro-
priétés fébrifuges les plus efficaces.
Le saule pourpre (salix pnrpurea,
L.), vulgairement osier rouge, osier bleu.
Commun dans toute l'Europe, il ne forme
qu'un buisson de 8 à 6 pieds, ou un petit
arbre de 8 à 13 pieds. Il est cultivé fré-
quemment en oseraies. On le choisit de
préférence pour l'affermbsement des di-
gues et des rivages, parce qu'il pousse une
grande quantité de longues racines tra*
çantes. L'écorce et les feuilles sont exces-
sivement amères.
Le saule marceau (salix caprea, L.) -,
vulgairement marceau, marsault, mal"
sault, arbre de 35 à 80 pieds, ou buisson
ayant des feuilles en général beaucoup
plus larges que celles des autres saules.
Cette espèce est commune dans toute l'Eu-
rope, siirtout dans les bois; du reste elle
prospère en toute sorte de sol, et dans les
terrains les plus secs de même que dans
les localités humides ou marécageuses.
Son bois est blanc, mêlé de brun ou de
roux au centre, plus pesant et plus solide
que celui de ses congénères ; il s'emploie
pour la menuiserie commune, et comme
il se fend facilement en lames minces, on
en fait des bottes, des cribles, des ru-
ches, etc. Les rameaux sont assez tenaces
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SAU ( 57 )
pour «ervîr de lima, L'écorce sert an tan-
nage des calnûuB, aiod qa*àla teiotart
du cbaoTre et da coton en noir.
Le sam/e plenreur [salix babyionicay
I^.), auquel ses brandies pendantes im*
priment un caractère si pittoresque, pa-
rait indigène de Chine; mais c'est de l'A-
frique septentrionale on de l'Orient, où
il n'est pas moins fréquemment cul tiré que
dans nos jardins, qn*il aéié introduit en
Europe, vers la fin du xvii* siècle. Ed. Sp.
SA UM AISE (Claude de), un des
grands humanistes du xni^ siècle» naquit
èSemur, en Auiois(C6te-d'Or),le f 5 avril
1588 .Élevé par son père, Bénigne de San*
maise, conseiller an parlement de Bour-
gogne, il composait dès l'Age de 10 ans
des vers grecs et latins. Il alla compléter
ses études a l'université de Heidelberg,et
embrassa de bonne heure la réforme. La
publication des deux livres deNitus, De
primatu papœ^ marqua le début litté-
raire de Saumaise, dont la renommée ne
fit dès lors que grandir de jour en jour.
De retour en France, il manifesta l'inten-
tion, de s'attacher à la carrière de la ma-
gistrature; mais trouvant que sa religion
était un obsucle à son avancement, il se
retira en Hollande, oà l'université de
Leyde (1681) lui donna le titre de profes-
seur honoraire, que Scaliger avait porté
avant loi, et lui assigna un traitement.
Richelieu et Mazarin lui offrirent sucoes-
aivement de brillants avantages pour l'en-
gager à revenir dans sa patrie; mais Sau-
maise ne voulut jamais se séparer de sas
coreligionnaires de Hollande. Il com-
posa, à la demande de Charles II, sa De^
fensio regiapro Cara/o 7 (1649), docte
mais inutile protestation contre le juge-
ment et l'exécution de cet infortuné roi.
Milton se chargea de lui répondre. Sau-
maise céda, dans ses dernières années, aux
pressantes instances delà reine Christine
de Suède, qui lui écrivait qu'elle ne pou-
vait vivre contente sans lui ; mais l'uni-
>ersité de Leyde le rédaoui bientôt, en
disant qu'il lui était nécessaire comme le
ioici! au monde. Cet illustre savant, dont
les décisions étaient regardées comme des
oracles, mourut à Spaa, le 6 sept. 1658.
Sou caractère était estimable et indépen-
dant, son érudition immense et univer*
selle. Les plus célèbresde ses ouvrages sont
SAU
ses Histofiœ Japutœ scriptores FI;
les Plinianœ exercitationes in SoUnim
Polyhistora (Paris, 1639, 3 vol. in-fol.),
véritable encyclopédie des connaissances
de l'époque , et De remiiitari Romano^
rum (Leyde, 1667, in-4»). A. B.
SÀHMOIV [salmo)^ genre de poissons
servant de type à la famille des salmonesy
de l'ordre des malaooptérygient-abdomi -
nanx, et qui comprend un grand nombre
de groupes, parmi lesquels nous citerons,
outre les saumons proprement dits^ les
épcrlanSf auxquels on a déjà consacré un
article, et les ombres,
hes sauinons oui lecoi^plusou moins
fusiforme, arrondi vers le ventre, écail-
leni, et presque toujours tacheté. On les
reconnaît facilement à la nature de leurs
nageoires dorsales, dont la première est
garnie de rayons, la seconde adipeuse,
et qui de plus sont situées en avant des
ventrales, ce qui est le contraire chez les
éperlans.Cesontde tons les poissons ceux
dont la mâchoire est la mieux armée. Ib
nagent avec la plus grande facilité , re-
montent même les courants les plus rapi-
des, à l'époque du frai. Leur chair est très
bonne. On désigne sous le nom de sau*
mons les grandes espèces qui viennent de
la mer, et sons celui de truites celles qui
sont plus petites, et qui habitent las eaux
douces.
La plus grande espèce de ce genre, le
stuimon commun, atteint plus d'un mètre
et pèse plus de 10 kilogr. Elle a le dos
noir, les flancs bleuâtres, le ventre argen-
té, la chair ronge. Elle habite les mers
arctiques d'où elle entre , chaque prin-
temps , dans les fleuves qu'elle remonte
jusqu'à leur source pour déposer ses œufs.
Ces émigrations se font en troupes nom-
breuses, et dans un ordre régulier. On
s'est même assuré qu'elles avaient lieu cha-
que an née dans les mêmes lieux. L'animail
voyageur rencontre- t-il un obstacle? il se
ploie en arc, puis ae débandant tout à
coup comme un ressort, il s'élance hors
de l'eau, et va retomber plusieurs mètres
au «delà. Les saumoneaux quittent le haut
des rivières et gagnent la mer quand ils
ont acquis une certaine croissance. La
pêche de cet excellent poisson, très pro-
ductive dans les rivières du nord de l'Eu-
rope, se fait le plus ordinaireaient avec
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SAU
(*8)
SAU
de» filets de diverses formes. Quelquefois
CD établit des barrages pour Tarréter. Le
bécard, espèce voisine, est moi os estimé.
La truite de mcr^ de plus petite taille
que le saumon, s'en distingue par de pe*
tites taches en forme d« croissant sur un
fond argenté, et par la couleur jaune de
sa chair. La truite saumonée^ tachetée
• de noir, se tient dans les lacs élevés, dans
les eaux vives des régions montagneuses.
Sa chair rougeâtre est extrêmement déli-
cate. La truite commune j plus petite que
toutes les espèces précédentes , tachetée
de noir et de rouge, habite les ruisseaux
limpides. Les truites qu^on pèche dans le
lac de Genève sont renommées pour leur
goût exquis.
Les ombres (coregonus) ont la bouche
très peu fendue, les dents très petites;
elles ont les mêmes habitudes que les ^-
pèces précédentes, et sont aussi très re-
cherchées pour la délicatesse de leurchair.
A ce groupe se rapportent: V ombre corn'-
mune(marêne de rivière) qui a près d*un
demi -mètre de long, le corps rayé en
long de noirâtre; le lavaret; \^ grande
marène^ etc. Ju ombre cfun^alier appar-
tient au groupe précédent. G. S-te.
SAUMUH, voy. Maine -et-Loi&b et
Militai ERS (écoles),
SAURIENS (de<rai}/}Qç, lézard), voy:
Reptiles, L^zaed, Iguane, Ceogodilb.
SAURIN (Jacques), le plus célèbre
prédicateur de l'Église française réfor-
mée, naquit à Nimes, le 6 janv. 1677.
La révocation de redit de Nantes ayant
forcé son père à émigrer, le jeune Saurin
le suivit a Genève, et entra quelques an-
nées après en qualité d^enseigne dans uu
régiment de réfugiés. Cependant il ne
tarda pas à renoncer à la carrière mili-
taire, et après avoir fait des études de
théologie à Genève, il fut nommé, en
1700, pasteur de TÉglise waltone à Lon-
dres. Appelé à Ija Haye, en 1705, avec
le titre de ministre extraordinaire des
nobles, il édifia pendant 25 ans son nom-
breux auditoire, et se plaça par son élo^
quence au premier rang des orateurs
sacrés. Ses Sermons (La Haye, 1749,
13 vol. in- 8^; nouv. éd., Paris, chez
Treuttel et Wûrlz, 1835, 8 vol. in-8°)
ne sont pas sans doute exempts de taches,
mais la profondeur det penséas^ la vi-
gueur du raisonnement» la simplicité e(
la noblesse de Tex pression , font oublier
les fréquentes longueurs, la sécheresse de
la forme et Tabus de l'érudiiion. J .>J. Che-
nevière en a publié un choix sous le titrt
de Chefs-d'œuvre de Saurin (Génère,
1824, 4 vol. in- 8®). Nous avons encore
de Saurin des piscours historiques^ théo^
logiques et moraux sur les événements
les plus mémorables du F, et du N.^T.
(Amst.j 1720-35, 6 vol. in-fol.), e|
quelques autres écrits moins connus. II
mourut à La Haye, le 30 déc. 1730.
Plusieurs personnages remarquablea
ont encore porté le nom de Saurin : Élib,
théologien protestant, né, en 1639, à Us-
seaux (frontière duDauphiné),d*un mi-
nistre de ce village, et mort, en 1703, à
Utrecht, où il était pasteur depuis 1 67 1 ,
est connu pour ses discussions théologi-
ques avec Jurieu. Outre les livres qu'il a
écrits contre les doctrines de ce dernier,
on lui doit un Traité de l'amour de
i>/Vii (Utrfcht, 1701,io-8«), et un Traité
de l^ amour du prochain (1704). — Jo-
seph Saurin, frère du précédent, naquit
en 1659 à Courtaison dans la principauté
d'Orange. A 24 ans, il devint ministre à
Eure en Dauphiné, puis il fut obligé de
se retirer à Genève, et de là dans le canton
de Berne. Des circonstances qui ne sont
pas bien connues le déterminèrent à ren-
trer en France, et à y faire abjuration da
calvinisme, en 1690. Il se livra alors à
l*étude de la géométrie, devint collabo-
rateur du Journal des Savants^ en 1 702,
et entra à l'Académie des Sciences, en
1707. C'est lui qui eut avec J.^. Rous-
seau {voy») un procès pour des coupleta
scandaleux que celui-ci lui attribuait. On
sait que Rousseau fut exilé comme calom-
niateur. Saurin mourut d'une fièvre lé-
thargique, le 29 déc. 1737. Fontenelle a
prononcé son Éloge. — Bernaed -Joseph
Saurin, fib de Joseph, né à Paris en 1706,
devint avocat , secrétaire du duc d'Or-
léans, membre de l'Académie-Française,
travailla pour le théâtre, et mourut le 17
nov. 1781. De tous ses ouvrages, on ne
cite j^uère que Spartacus^ trag. en 5 actea
(1760, in- 12). Ses œuvres ont été re-
cueillies en 2 vol. in-8" (Paris^ 1783,
avec une notice). Z.
SAUSSURE (HoEAC|i-BEinu>iGT »b)^
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ir
s.\u
(59)
SAU
natonlUsIe et pbysideo célèbrci naquit à
Genève le ITfévr. 1740. Une éducation
bien dirigée et surtout les conseils .de son
oncle Charles Bonnet {yoy.) lui doonè«
rent de bonne heure le goàt de Tobser-
vatioo. A 20 ans, il disputait la chaire de
maihémaliqnesau savant Louis Bertrand,
et, à 23 ans, il était nommé professeur de
phjsique et de philosophie. Il se voua tout
entier, des ce moment^ à la double car-
rière de renseignement et de Télude de la
nature, ne négligeant aucun des travaux
nécessaires pour agrandir la ^hère de ses
connaissances. Après avoir entrepris quel-
ques recherches heureuses dans le do-
maine de la physiologie végétale, il réso-
lut d^aller étudier sur les lieux mêmes la
cQustitation des montagnes. Il avait déjà,
en 1760, essajfé de gravir les glaciers de
ChamouDÎ, alors peu fréquentés. Cette
première tentative eut pour résultat de
diriger toutes ^es idées vers ce but, auquel
se rattachèrent dès lors tous ses travaux
et ses nombreux voyages dans les Alpes.
« J'ai traversé, dit-il, quatorze fois la
chaine entière des Alpes, par huit pas*
sages différents; j* ai fait seize autres ex-
cursions jusqu'au centre de cette chaîne;
j'ai parcouru le Jura, les Vosges, les mon-
tagnes de la Suisse, d'une partie de TAl-
leiuagne, celles de T Angleterre, de l'Itatie,
de la Sicile et des Iles adjacentes. Pai vi-
sité les anciens volcans de l'Auvergne,
une partie de ceux du Vivarais et plu-
sieurs montagnes du Forez, du Dauphiné
et de la Bourgogne. J'ai fait tous ces
voyages le marteau du mineur à la main,
gravissant sur toutes les sommités acces-
sibles, et emportant toujours des échan-
tillons, afin de les étudier à loisir. » De
Saussure couronna ces travaux par l'as-
cension du Mont-Blanc, qu'il exécuta le
21 juillet 1786. C'est par ces éludes pra^
tiques et persévérantes qu'il a pu substf-
tuer des notions positives sur la structure
de la croate du globe aux hypothèses qui
avaient eu cours jusqu'alors, et qu'il est
devenu le fondateur de la véritable géo-
logie {yoj, T. Xn, p. 323). Il a eu, à la
vérité, la sagesse de s^abstenir de tout
système ; mais son Voyage dans les Al^
pes (1779-96, 4 vol. in-4*, réimpr.) est
et restera un dépôt précieux de faits bien
observés : aussi l'a-t-on noQuoM la premier
peintre des Alpes. De Saussure publia im
Projet de réforme pour le collège de
Genève (1774, in-8"), et prit part aux
délibérations des assemblées politiques
de son pays. Mais les commotions pro«
duites par le contre-coup de la révolu-
tion française lui causèrent des inquié<-
tudes et des chagrins auxquels vint se
joindre la perte de sa fortune; il tomba
malade et mourut le 22 janv. 1799. On
lui doit d'utiles travaux sur plusieurs par-
ties de la physique (vo^- "l^* ^^^) P* ^^3);
outre l'hygromètre {vojr.) à cheveu qui a
mérité de conserver son nom, il a encore
imaginé différents instruments propres à
mesurer la force du vent, à apprécier la
température de l'air, l'intensité du bleu
de l'atmosphère : Tanémomètre, le dia-
phanomètre, le cyanomètre, etc. Il a fait
des recherches sur les ballons, l'électri^
cité, la température des eaux, l'emploi
du chalumeau, la décomposition de l'air,
etc. Indépendamment d'un grand nom-
bre de mémoires insérés dans divers re-
cueils, il a encore publié plusieurs Éloges,
des diaeeriations en latin, un Essai sur
l'hygrométrie (Neufchâtel, 1 783, in-4*];
des Ob'sertfations sur l'écorce des feuil^
les et des pétales (Genève, 1 762 , in- 8");
Relation abrégée dun voyage à la cime
du Mont' Blanc f en août 1787 (Gen.,
1787, in-8^). Son compatriote, J. Sene-
bier, et G. Cuvier ont laissé l'éloge de
Saussure.
Son fils, Nicolas-Théodore de Saus-
sure, correspondant de l'Institut de Fran-
ce, né à Genève, le 14 oct. 1767, a su
répondre à la gloire de son nom par tes
travaux sur la chiibie végétale. Nous avons
déjà parlé de sa sœur à l'art. Neck-Er. A.B.
SAUT, voy. Jambe et Tendon.
SAUTERELLES (locusta), insectes
de l'ordre des orthoptères, de la famille
des sauteurs, caractérisés par des élytres
et des ailes en toit, une lèvre supérieure
grande, presque circulaire; une lèvre in-
férieure k quatre divisions dont celles du
milieu plus petites; deux antennes très
longues, a articles nombreux; un corse-
let comprimé sur les côtés; l'abdomen
terminé par une tarière chez les femel-
les ; des pieds postérieurs très longs et
disposés pour le saut; des cuisses renflées ,
qui, étant frottées contre les élytres^
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SAU
(60)
SAU
prodoiaenl un son qu'on ap|)elle leur
chant ; des tarMS sAnt pelote entre les cro-
chets ; «t une tète grûide, yerticale. Les
femelles pondent à la fois un assez grand
nombre d'oeufs qu'elles déposent dans' la
terre. Les lanres qui en sortent ne diffè-
rent de Tinsecte qu'en ce qu'elles n'ont
point d*ailes ; mais on aperçoit déjà ces
organes dans les nymphes. Sous ces dif-
férentes formes^ les sauterelles.se nour-
rissent de végétaux; elles sont très vo-
races. On en connaît plusieurs espèces ;
les plus communes, en Europe» sont la
sauterelle verte ^ la grise ^ et la ronge-
verrue. On a souvent confondu la sau-
terelle avec le criquet {voy. ce mot)% X.
SAUVAGES (de l'italien selvagi^
mot dérivé lui-même du latin siha^ sil»
pestris^ des bois). Lea premiers hommes
durent en effet habiter les forêts. On a
souvent agité la question de savoir si l'é-
tat sauvage est plus naturel à l'homme
que la civilisation^ et des esprits supé-
rieurs ont plaidé avec la même éloquence
le pour et le contre (voy. Baabâ&ix
T. m, p. ao). Si l'existence libre et no*
made de l'Arabe» si les habitudes capri-
cieuses et indépendantes des peuplades
du Nouveau-Monde semblent plaider en
faveur de l'état sauvage, il faut foire aus^
sitôt la part du climat sous lequel le ha-
sard les a fait naître. Dans nos contrées,
qui ne doivent leurs richesses qu'à la
main industrieuse de l'homoM, que de-
viendraient les populations, si le travail
et la propriété ne procédaient pas de
principes civilisateurs? Chez nous sur-
tout, selon la parole d'Aristote, l'homme
est un être essentiellement social ( (qôv
iroliTcxov). Il est d'ailleurs bien démon-
tré aujourd'hui que, sons le rapport phy-
sique, l'homme civilisé l'emporte de beau-
coup sur l'homme sauvage, en raison
uns doute de la régularité de son exis-
tence, et qu'en même temps, sous le rap-
port intellectuel et moral, ses avantages
dérivent naturellement de sa façon de
▼ivre. Si parfob le sauvage se montre
plus intrépide et sait mieux défier la
mort, c'est qu'il sent moins le prix delà
vie que l'homme civilisé. H en est de
même de toutes les impressions physi-
ques et morales que notre nature reçoit
si aisément, et qui glissent sur celle du
sauvage sans y laisser de traces. Il ne
nous reste plus alors qu'à déplacer la
question, et à nous demander lequel est
le plus heureux, du sauvage qui a moins
de peines, mab aussi moins de plaisirs,
qui passe une grande partie de sa vie dans
l'isolement, dans les privations, ou- de
l'homme social qui, s'il emploie les deux
tiers de sa vie au travail, a pour dédom-
magement des soins moraux, des douceurs
physiqueset des jouissances intellectuelles?
Quoi qu'il en soit, et malgré les efforts
de la civilisation qui marche tous les
jours de conquête en conquête, nous
sommes forcés de convenir que l'état
sauvage est loin encore de se voir entiè*
rement extirpé de notre globe. Nous
comptons d'abord en Afirique de nom-
breuses peupladcB nègres, sans lois, sans
organisation raisonnable et dont queU
ques*unes ne connaissent ni les liens du
mariage, ni ceux de la paternité : ce sont
eux qui fournissent la plus ample pâ-
ture à l'infime trafic connu sous le nom
de traite. Après eux viennent les Caf-
fres (vo/.), que le voisinage des Euro-
péens a dot^ de quelques principes de
civilisation. Leurs usages et leurs mœurs
dénotent déjà une intelligence un peu
plus développée. Au même degré, ou à
peu près, nous voyons les sauvages de la
mer du Sud, qui reconnaissent des chefii
et ont quelques notions des échanges
commerciaux, ainsi que certaines tribus
de l'Amérique ibéridionale. Le climat
plus froid de l'Amérique septentrionale
a rendu les tribus sauvages qu'elle recèle
plus robustes et plus industrieuses, mais
en même temps plus indomptables et
plus féroces (voy, Ikdikks). C'est chez
elles que se conservent encore de nos
jours les horribles traditions de l'anthro-
pophagie. Beaucoup de peuples de la Si-
bérie orientale et des Iles voisines vivent
également à Pétat sauvage. Un jour vien-
dra sans doute où , suivant l'exemple de
leurs aînés en civilisation , eux aussi dé-
pouilleront complètement les langes de la
barbarie, et se souviendront des hautes
destinées promises à notre espèce et que
l'homme ne peut atteindre que par des
efforts incessants et des luttes courageu-
ses. D. A. D.
SAUVEUR, ou RioBUPTEUR du
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SAV
(«I)
sav
MOHDE» VOy. JisilS-CBlIST, MlMIK ec
KiDminnov.
8AUZBT(JBAH-PiiiAx),fibd'uiilM-
bile nédaciD de Lyoo, est né dan» ceUe
^lleTenraDoéelTOft. Iléuit,eiil830,
Tao det plus célèbres avoeate da baneau
ïjonoêisj lonqne M. de ChanleUiue
(vof.)y da dernier minittère de Char*
Jet Xy tradait en jugement devant la
ooordet Pairs avec ses oollègnesy le choi-
sit poor son défenseur. M. Saniet était
alors compté au nombre des partisans de
la branche déchue des Bourbons, et ce
fut le souvenir du procès de 1830 qui
lai fit obtenir, anx élections de 1884,
les voix de la majorité légitimiste de
Lyon, et de celle de Villefranche. Il opta
pour sa ville natale, et vint s*asseoir à la
Chambre auprès de M. Berryer. Mais pen
à peu, il se rapprocha dn centre, et une
année ne s'éuit pas écoulée qu'il était
devenu Tun des plus fermes appuis du
ministère. Nommé rapporteur de la loi de
sept. 1885 sar la presse, il concluait à
l'adoption en ajoutant encore à U ri-
gnenr de ses dispositions. Ce rapport lui
valut, la vice-présidence de la Chambre
(80 déc), et moins de deux mois après,
le 33 février 1886, il fit partie dn mi-
nistère de M. Thiers, en qualité de garde-
dea-aceaux. Le 38 mars suivant, il mon*
tait à la tribune, et, dans un discours
d'apparat, il développait, au nom de ses
collègues, lés principes qui devaient dé-
sormais devenir la base d'une politique
tonte nouvelle de conciliation et de rap-
prochement des partis. C'est là qu'il
faut aller chercher la profession de foi
personnelfedeM. Sanzet, politique mo«
déré et parfois indécis. « Nous voulons,
« disait- il alors, la sUbilité des lois, et
« avec leur stabilité, nous voulons leur
« franche et loyale exécution, avec mo-
« dération, maisavec confiance. «M. Saur
zet quitta le pouvoir avec M. Thiers, le
6 septembre 1886, pour feiro place à
M. Persil, garde-dcs-sceaux du minis-
tère Mole. Il employa une partie de l'au-
née 1888 à voyager en Belgique et en
Prusse, afin de se femiliariaer avec l'étu-
de des questions industrielles. L'année
suivante, le 1 4 mai, une majorité de 2 1 3
voix le porta à la présidence de la Cham-
bre, en remplacement de M. Dopin, et
en opposition avec M. Thiers, qui, au 1*
tour de serntiB, avait eu 308 voix. Cette
position exceptionnelle ne l'eihpécha paa
de prendre part à la célèbre ooalition de
1888-89^ qui renversa M. Mole. Depuis
cette époque, H. Sauzet a toujours con-
servé la présidence de la Chambre ; il en
a dirigé lea délibérations pendant la db-
eossion du projet de loi concernant la ré*
gence, et a eu souvent l'occasion, dana
les complimenta du jour de l'an ou de la
fête du roi, ainsi que dans les discours
adressés à ses coUègnea au moment de
prendre posseaûon du fauteuil, de asani-
feater son attachement à la lamille ré-
gnante, à la liberté parlementaire et aux
institutions libérales qui noiu régissent.
Relativement è sa nuance d'opinion, on
le classe avec MM. Dnianre, Passy et on
petit nombre d'aûttea hommes politi-
ques, dans la fraction dn centre gauche
qui s'est séparée de M. Thiers en 1889«
mais qui parait réconciliée aujourd'hui
avec ce chef d'un des grands partis qui
divisent l'assemblée. D. A. D.
8AVAN£S, grandes plaines couvertes
d*herbes qui s'étendent sur les bords àm
afOnents du Mississipi (voy.) , dans la
confédération des états du nord de l'A^
mérique. C'est paiticalièrement dans l'é-
tat d'Illinoîs que ces prairies naturelle^
ont une étendue immense ; elles occu-
paient naguère les deux tiers de sa su*
perficie, laquelle éuit évabée à environ
4,600 lieues carr.; elles se prolongent
égatemeni dans leséUU d'Ohio et d'Io*
diana, et on en voit de non moine consi-
dérables depuis le haut Missouri jusqu'aux
montagnes Rocheuses, dans le Nouveau*
Mexique, et sur le territoire de l'Orégou
{vojr.). On distingue les hautes savanes des
basses: le sol marécageux deademières ne
produit que des joncs et des herbes, tan*
dis que les hautes savanes sont entrecou-
pées de bouquets d'arbres et souvent boi^
dées de forèu. Une terre végétale de
quelques pieds d'épaisseur couvre la plu-
part des savanes, et dans ceUe terre pous-
sent des herbea de diverses espèces , ainsi
que la folle avoine, qui donne lieu, oom-
■le on sait , à des récoltes considérablea
utiles à la subsistance des tribus Muva-
ges. Les savanes oflreot des péturages
naturels aux troupes de bisons et de but*
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SAV
(83)
*AV
fl«», ëa moioi dans le» CAiflréM où Ta-
g^icoltiire n^a pu efioore pénétré. Des
eanims demoasqaites lesfinfestent en été.
Os plaines dUparaisaent penà pensons la
bêche des colons le long des iJKières na-
TÎgables, et déjà ce n'est plus qoe de tra*
dition qoe l'on connaît , dans la confé-
dération américaine, les déserts d'antre-
fois, qni avaient plusieurs journées de
long, et dans lesquels on ne découvrait
pas la trace d'un être humain. On est
obKgé de traverser maintenant la chatne
des montagnes Rocheuses pour retrouver
des solitudes de cette étendOe. Il n'est
pas rare en été qoe les herbes sèches des
favanes, allumées soit par le feu du ciel,
soit par les sauvages qui veulent s'em-
parer do gibier fuyant, s'embrasent, et
donnent lieu à des incendies effrayants
qui , la nuit, éclairent tout l'horizon et
ne cessent que lorsque tout est réduit en
cendres.
Les pampas de 1'A.mérique dn Sud ne
sont pas antre chose que de vastes sava-
nes. D-o.
SAVANTS (JouàifÂL dbs), ÎH>r- Re-
vue, T. XX, p. 469.
SATARV (AmffE-JEAiTnMARis-RE-
Hi), doc DE RoTioo, lieutenant général,
grand-croix de la Légion-d' Honneur, etc.,
naquit à Marc, canton de Voosiers(Ar-
dennes), le 36. avril 1774. Fils de l'an-
cien major du château de Sedan, il fut,
oomme ses deui frères, morts depuis an
aervice, destiné dé bonne heure à l'état
militaire. Après avèir achevé ses études,
en qualité d'élève du roi, au collège de
Saint-LouM,à Metz, il entra, en 1789,
oomme volontaire dans le régiment de
catalerie Royal^Normandie, oà, après
an an d'épreuve, il passa sous- lieutenant.
La guerre aidant, ainsi que l'émigration
d'une partie de ses camarades^ il fut nom-
mé capitaine à 19 ans. Il servait alors sons
Gttsline^ à l'armée du Rhin. Forcé de
se rendre à Paris pour se justifier de cer-
taines imputations qui venaient de coû-
ter la vie à son général en chef, il laissa
passer le danger avant de retourner k
son poste. Il assista aux désastres de Tar-
mée du Rhtn, et fut dé5igné pour aller
prévenir l'armée deSambre-et- Meuse de
l'état des choses. Lorsque Pichegm, au-
quel Savary avait été quelque temps at«
tacfaécomme officier d'ordonnance, céda
son commandement à Moreao, celui- cl,
an passage du Rhin, chargea Savary d'o-
pérer une diversion. Sa conduite bril-
lante à Friedberg lui valut les félicita-
tions dn Directoire, et l'honneur de com-
mander une compagnie d*arrière-garde,
pei^dant la célèbre retraite d'Allemagne.
Au second passage du Rhin, ce fut lui
encore qui dirigea les troupes de débar-
quement, et il trouva sur l'autre rive le
grade de chef de bauillon. Arrêté dans
sa course par les préliminaires de Léo-
ben, il suivit Desaix à Paris, et s'attacha
de plus en plus à sa fortune. Pendant
toute la campagne d'Egypte, il l'accom-
pagna en qualité d'aide-de-camp, soit en
Syrie, soit aux conférences d'El-Arisch;
puis il revint avec lui en France, et re-
çut son dernier soupir à Marengo. A la
suite de cette catastrophe, Taide-de-camp
de Desaix devint celui du premier consul,
qui, pendant plusieurs années^ ne rem-
ploya qu'à des voyages politiques en Ita-
lie, dans* la Vendée et aux Pyrénées
Orientales.
Peu è peu , Ronaparte prit Savary en
affection et se reposa sur lui du soin de
sa sûreté; il le nomma colonel, comman-
dant la légion de gendarmerie d'élite
chargée spécialement de sa garde , et gé-
néral de brigade. En 1804, chargé du
commandement des troupes réunies à
Yincennes, il présida è l'exécution de
l'infortuné duc d'Enghien {voy,)^ qui,
malgré la demande du prince de voir le
premier consul, fut hâtée avec une im-
patience dont Savary chercha vainement
a se défendre dans la suite. Cependant
il fut loin d'encourir la disgrâce de Na-
poléon , qui, peu de temps après, l'avan-
ça au grade de général de division. Sa-
vary fît alors plus d'un jaloux par sa posi-
tion auprès du maître. Pour la justifier,
toutefois, il ne recula pas devant sa part
de travaux et de dangers. Eu 1805, Na-
poléon, avant et après A usterlitz, lui con-
fia une mission secrète auprès de l'empe-
reur Alexandre. En 1806,11 lui donna à
commander deux régiments de cavalerie
légère pour empêcher la réunion de divers
corps prOssiens dispersés par la victoire
d'Iéna. Envoyé ensuiteà Hamein, en qua-
lité de général en chef, afin d'en faire la
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*ky
(éS)
SAt
iUfe, Il tttt n^pftAé à YâfM vi«]^lr rece-
voir, a la place de Lanoes, le coitomande-
ment do 5* corps. Après la baiaille d^Ey-
kfu, il iatcbargié de ooanir la position de
VarsoTÎe contre les Russes, et riïmporta
avr eai one bnllante victoire à Ostrolcn*
ka^le 16févr. 1806. Ce beau fait d*ar mes
Ifli mérita le graDd-cordon de la Légioo-
d*Hooiiear et le brevet d'ane pension de
i0,OOO fr. Heîisberget Friedland lui va-
Isreot le titre de duc d^Rovigo. En-
touré à Kcenigsberg pour gouverner la
vieille Prusse, il en fut rappelé à la snite
de la paix de Tihilty et il partit pour
Saint-Pétersbourg avec la triple mission
d'opérer an rapproeberoent entre la Rus»
sia et la Porte, de faire déclarer la guerre
a la Suède pour la détacher de l'alliance
anglaise et, s'il était possible, d'armer les
Russes enx-méaies contre l'Angleterre.
De retour à Paria, en janvier 1808, il
partit immédiatement pour l'Espagne,
dans le but de décider les princes de la
maiscm de Bourbon (voy, Charles IV et
FB&DiHAifD VU) à venir à Bàyonne ac-
cepter la médiation de l'empereur. Pour
eompléter cette œuvre de déchéance, il
fc^t, en remplacement de Murât, le
commandement de l'armée cbargée de
Pintronisation du roi Joseph. Une fob ce
résultat obtenu, il retourna 4iuprès de
Tenapcreur, l'accompagna à Erfurt, en
od. 1808, puis à Madrid, et enfin à Wa*
gram, le 9 juillet 1809. En mai 1810,
il suivit Napoléon , nouvellement uni à
Marie- Louise, dans leur voyage des Pays-
Bas. Au'retour, il fut désigné pour rem-
placer le duo d'Olrante dans le ninis*
1ère de la police générale (8 juin 1810).
Son passage aux affaires fut prineipale*
ment marqué par la conspiration du gé-
néral Malet (vo/'.), qui vint mettre son
dévouement à l'épreuve. Nous avons ra-
eonté ailleurs comment le duc de Rovigo,
surpris à sept heures du matin dans son
Ht par Lahorie et Gkiidal , fut conduit
a la Force. Ihn'y resta que peu de temps;
00 sait le dénouement sanglaut de cette
échaufTourée. Plus heureux qi^e ses con-
frères do pouvoir, il conserva son minis-
tère au retour de l'empereur , et ne le
^ailta qu'en 1814, après la dissolution
du conseil de régem^, dont il faisait par-
tie, et l'entrée des alliés à Pkris.
Pendant les Cent-Jours, le duc de Ro*
vigo fut créé pair de France, et reçut le
comin>indement de la gendarmerie. Tou-
jours fidèle à la personne de Tempereur,
il voulut raccompagner à Sainte- Hélène;
•mais, saisi par les Anglais sur le BeUé"
rophony il fut conduit à Malte, où, pen-
dant une captivité de sept mois, il traça
le plan de ses Mémoires. Il parvint enfin
à s'évader, se réfugia è Smyrne et de là
en Autriche; mais, placé sous le coup
d'une condamnation par contumace, et
inquiété è ce sujet, il revint à Smyrne ;
et en janvier 18 19, il s'embarqua pour
l'Angleterre. Si près de sa patrie, il vou-
lut la revoir, et le 27 déc. suivant, il
vint à Paris purger sa contumace. Dé-
fendu par M. Dupin aîné et acquitté , il
fut rétabli dans ses grades et honneurs ,
mais sans être employé. Il proBta des loi-
sirs de sa retraite pour mettre au jour, en
1828, la brochure sur la mort du duo
d'Ënghien à laquelle nous avons déjà fait
allusion {voy, aussi T. IX, p. 537). Cet
écrity qui contenait de graves imputa-
tions contre le prince deTalleyrand, alors
en faveur, compléta sa disgrâce; et dé-
sormais, il n'eut plus d'autre soin que
celui de rédiger ses Mémoires^ qui paru-
rent en 1828, et causèrent quelque sen-
sation dans le monde politique.
Le duc de Rovigo s'était retiré à
Rome avec sa famille, lorsque éclata la
révolution de 1830, è la suite de laquelle
il fut rétabli sur le cadre d'activité. Ap*
pelé, le f déc. 1831, au commande-
ment en chef de l'armée d'Afrique , il
déploya, pendant sa courte administra-
tion de notre nouvelle colonie, un zèle
. qui, par malheur, n'eut pas le temps de
porter ses fruits. Le climat algérien lui
fit contracter une maladie qui le forçii
de repasser en France, où il mourut le 2
juin 1833, laissant une nombreuse fafuille
et une fortune médiocre. D. A. D.
SAVfi , grande rivière de la Carniole
et de la Croatie [yoy, ces noms et Illt-
rie) qui , après un cours de 85 milles
géogr., se réunit au Danube (l'o/.) près
de Semlin, en Esclavonie.
SAVIGNYj^PaÉDéaiC'CHAiiLRs de),
professeur de droit romnin, ministre privé
d'éut. et de justice en Prusse, naquit à
Pranc!btt-sur-le-Mein, en 1779, Aprèa
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SAV ( «4 )
aYMT termiiié tes étodet et pris à fifâr*
boarg, en 1800, le boooet de docteur,
il se mit à voyager en Allemagne , en
France et dans le nord de Tltalie, à la
recherche des monuments encore inédits
ou peu connus de Thistpire littéraire et
du droit romain. De retour à Marbourg
avec un riche butin, il ne tarda pas à ob-
tenir une chaire de droit. Ce fut dans
cette ville qu^il écrivit, en 1803, son ex-
cellent ouvrage sur Le droit de propriété
(5* éd., Giessen, 1827). En 1808, il fut
appelé à la faculté de droit de Landshut,
et lorsque l'université de Berlin s'ouvrit,
en 1 8 1 0, il y obtint un des premiers une
chaire. Nommé successivement mem-
bre de TAcadémie des Sciences, du con-
seil d^état, réorganisé en 1817, et de la
cour de révision, instituée pour les pro-
vinces rhénanes, il n'en continua pas
moins avec une assiduité rare ses leçons
sur les institutes , sur l'histoire du droit
romain et sur les pandectes, leçons qui se
distinguaient autant par la clarté, la pré-
cision et lé pureté du débit, que par la
richesse et la nouveauté des, aperçus.
M. de Savigny est compté parmi les chefs
de l'école historique des jurisconsultes,
quoiqu'on ne puisse pas l'en regarder
comme le fondateur sans injustice envers
J.-G. Schlosser et M. Hugo (vo/. T.
P', p. 475); il est vrai qu'il a été le pre-
mier à accepter pour lui et ses disciples
cette dénomination. Selon lui, il ne faut
chercher les fondements du droit ni dans
le caprice des hommes, auteurs de la lé-
gislation positive, ni dans la législation
de la raison. Il a développé cette opinion
dans un traité spécial, à ToccasioD du vœu
émis par Thibaut, Schmid, Gœoner et
d*aotres jurisconsultes, que Ton promuU
guât pour l'Allemagne entière un code ci-
vil, un code de procédure et un code pénal
uniformeé. Dans cet écrit , intitulé De
la mission de notre siècle relativement
à la législation et à la science du, droit
(Berlin, 1814), il cherche à prouver que
. de nouveaux codes ne sont ni nécessai-
res ni possibles, que les codes de la Fran-
ce, de l'Autriche et de la Prusse, ne peu-
vent être adoptés en tous pays, qu'enfin
la langue allemande n'est pas mûre pour
servir à formuler une législation. Cet
depa^ndoM; nitis il eH pié«Miix povr k
foule de recherches historiques qu'il con-
tient. M. de Savigny en a inséré une par«
tie dans son grand travail sur V Histoire
du droit romain au moyen*dge{E.^àt\h^
1815-31,6 vol.ja'' éd. in-8^1834 et ans.
suiv. ; trad. en franc, par Ch. Guenouz,
avec une introduction du même, Paria^
1830 et suiv., t. I III); le reste, il l'a
ouvrage renferme sans doute beaucoup i 634 à Caroug«.
fait imprimer dans les Mémoires de TA»
cadémie des l^iences et dans le Journal
de jurisprudence historique que , depuis
1815, ilpublieà Berlin, avec MM. Eich*
horn et Gœschen, Une érudition rare,
un talent singulier à rapprocher et à com-
biner les faits, beaucoup de Sagacité et de
critique, une élégance de style peu com-
mune en Allemagne, telles sont les qua-
lités qui distinguent les écrits de ce sa-
vant et leur donnent un grand prix,ménM
aux yeux de ceux qui n'appartiennent
pas à son école. Dans cÀ derniers temps,
M. de Savigny a été appelé à partager
avec M. Muhler la direction du minis«
tère de la justice, où il est spéclalemeni
chargé du département de la révision dea
lois. Il est associé étranger de l'Académîa
des Sciences morales et politiques de
l'Institut de France. CL.
SAVOIE. Cet ancien duché, formant
aujourd'hui l'une des divisions du royau*
me sarde (vo)^.), est situé entre 45^ 4'
et 46** 24' de lat. N., et 3° 16' et 4* 48*
de long..pr. de Paris : sa plus grande lon-
gueur, du nord au sud, est de 33 lieues,
et sa plus grande largeur d'environ 25 *.
Boméç av nord par la Suisse et le lac da
Genève,àrotte6ietaumidi parlaFranoe^à
l'est par la Suisse et le Piémont, la Savoie
occupe cette partie des Alpes que les an-
ciens comprenaient sous la dénomination
d'AlpesPd/?/i//i^j, Grecques ovL GraïestH
Cottiennes, Les sommités les plnsjhautet
de cette chaîne se trouvent sur son terri-
toire : le géant des Alpes, le Mont-Blanc
{vo)r,)f s'y élève à une hauteur de 14,700
(*) M- Paal Chaix, aat«or d^ane excellente
carte de U Savoie, en évalue la superficie, y
coaprta les lacs d*A.mutej, du Boorget et ▲£•
guebelle, à 1,086,724 hect., ou à 10,867 kiloa.
carr., ce qui oe dépasse pas de beaucoup reten-
due delà Gironde, le plus grand des départe*
méats de la France. Snr ce cfaiffre, a,oi8 kil.
n«rr. reviennent à la Manrienne et seoleoMot
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SiAV (65
flM% y «t lejKMDt le plus bas de la StToie,
Saint-Géiiin «TAoste, est encore à 612
pieds an-dessus du nWeao de la m^r. Les
pnDcipalesrhrîères'sont la Drance^ l'Ar-
Te, les Usses, le Fier, la Laine, le Guier,
Ilsère; elles se jettent toutes dans le
Rhône oo dans le lac de Genève. La 9a-
foie peat se diviser, sons le point de vue
géologique, en trois zones bien distinc-
tes : la zone primitive, qui passe par le
MoDC*Blanc; la zone des terrains de tran-
sition , qui s'étend en largeur jusqu^anx
nootagnes sur la limite de la Savoie et du
Piémont, et la zone secondaire, dont le
Jura forme la chaîne principale. On re-
trouve sur presque toute l'étendue de
ees trois zones des dépÀts de terrain di-
luvien, de gypse, et des blocs erratiques.
Le sol bouleversé de la Savoie porte la
trace de tontes les révolutions physiques
qui se sont succédé sur notre globe, et
l'on peut y en un jour, parcourir tous
les degrés de l'échelle géologique. Ses
eaux charrient de l'or, et ses monta-
gnes recèlent da l'alun, du soufre, de
la magnésie, du plomb, du fer, du cui-
vre et de l'argent. Le voyageur qui par-
court la Savoie rencontre à chaque pas
des coriosités naturelles et des beautés
pittoresques dignes de fixer son aHention :
il aoffira de citer le magnifique lac de
Genève, ceux d'Annecy, du Bourget, de
MorioD, de Haute-Luoe et du Mont*
Cenby et les eaux souterraines de la grotte
de Bauge. Ajoutez à cela des glaciers, des
cascades, des fontaines intermittentes, des
eaux thermales, de riantes vallées et des
gorges sauvages , des montagnes boisées
comme celles du Chablais , et des cimes
nues et arides comme celles qui avoisi'-
nent le Mont-Blanc. Il n'est aucune con-
trée en Europe où la propriété territo-
riale soit plus morcelée qu'en Savoie,
parce qu'on y compte peu de grandes for-
tunes ; aussi le pays est-il bien cultivé.
Gomme la Savoie possède peu de terrains
propres à la culture, les habitants y sup-
pléent à force de travaux et de persévé-
rance : rien de plus intéressant que cette
lutte de Pindustrie humaine contre Tâ-
preté de la nature. Les céréales de tout
genre, les fruits les plus variés, Jes pâtu-
rages, le mûrier, composent, avec la vi-
gne, que Ton rencontre jusque dans les
Sneylop. d. G. d. M. Tome XXI.
)
sav
hantes vallées qui se rapprochent des gla-
ciers, la principale richesse dupays. Ce-
pendant la Savoie, quoique essentielle-
ment agricole, n'est pas sans industrie :
on y trouve des fabriques de tissus, des
papeteries, des tanneries, des fonderies
de métaux, etc. Le pays exporte aussi dea
bétes à cornes, des mulets, des fruits, des
fromages, des pelleteries, du chanvre, de
la soie, des arbres, des cristaux. Le dudié
de Savoie a été divisé, par un édit du 10
nov. 1818, en 8 provinces, subdiviséea
en 51 mandementsl Les 8 provinces sont
la Savoie propre , la Haute-Savoie, Ca-
rouge , le Chablais , Faucigny, le Gene-
vois, laMaurienne, la Tarentaise. Cham-
béry, ville de 14,000 âmes, est la capi-
tale de la Savoie, "et la population totale
du pays était, en léso, de 527,000. La
Savoie a un gouverneur militaire, un sé-
nat pour la justice, et un intendant gé-
néral pour l'administration civile et les
finances. Elle est libéralement dotée sous
le rapport de l'instruction publique : l'en-
seignement primaire y est depuis long-
temps organisé ; l'enseignement secon-
daire, répandu avec profusion, y est entiè-
rement gratuit. Près de 80,000 Savoyards
^migrent chaque anv|ée et vont passer
l'hiver en France, en Suisse, en Italie et
en Espagne , pour y exercer différentes
industries.
Pour Fhistoire de la Savoie, vo^.Sâbbb
[royaume). ' A. B.
SAVON. Ce corps est le résultat de
l'action d^une base, le plus souvent alca-
line, sur un corps gras d'origine végétale
ou animale. Le savon parait avoir été
connu des Égyptiens et des Hébreux.
Pline en fait mention sous le nom de #a-
pOj et attribue sa découverte aux -Gau-
lois. Celui que fisbriquaient les Germains
était très recherché à Rome du temps des
empereurs. Les Ronudns pratiquaient
aussi cette industrie, car on a déâ>\ivert
dans les ruines de Pompeîa, ensevelie en
79 sous les cendres du Yésuve,un atelier
complet de savonnerie avec ses différenta
ustensiles et des baqneta pleins de savon,
dans un très bon état de conservation,
bien que sa préparation remontât à plus
de 17 siècles.
On peut partager les savons en deux
grandes classes: les savons solubles dans
5
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Peau, ce sont ceux de potassey de soude
^ d'aidmoniaaufs; et lessaYOOs insolu-
blesy qui sont formés par les autres oxy-
des métalliques. Les premiers sont seuh
«i^ployés dans Téconomie domestique;
on sait qu'ils servent a^ nettoyage des
▼étements, au dégraissage des tissua ou
des fib de laine, au décreusage de la soie,
enfin aux soins de la propreté.
Les savons solubles sont de deux sortes.
Les savons durs ont pour base la soude;
i|s se préparent avec l'huile d'oUves, \%
suif et diverses graisses; en France, en
Italie et en Espagne c'est l'huile d'olives
de qualité inférieure «fu'on emploie le
plus souvent; on y ajoute toujours une
certaine quantité d*huile de graines qui
rend, comme on dit, la coupe du savon
douot en diminuant sa consistance. Pour
la préparation du savon blanc, on em-
ploie les huiles les moins colorées. En
Angleterre, dans le nord de l'Europe et
de l'Amérique, à défaut d'huile d'olives,
on emploie le suif ou les graisses animales.
Les savons mous se préparent an moyen
des huiles de graines, telles que celles de
chènevis, de lin, de colza, de sésame, etcu
On iait aussi, an moyen de l'axonge, un
savon mou pour l'usage de la toilette. Les
huiles de graines se distinguent en huiles
chaudes et huiles froides, ce qui signifie
que les premières se figent à une tempéra-
ture moins basse que les secondes. Dans le
nord de la France, on emploie les huiles
fioides à la préparation des savons mous,
lesquels sontgénéralementoolorés en vert
ou en noir soit à l'aide de l'indigo, soit
au moyen du sulfate de fer et de la noix
de galle.
Les serons à base de soude et de po-
tasse sont très solubles d^s l'alcool bouil-
lant, qui est leur véritable dissolvant;
l'eau pure les dissout aus^ , surtout a
chaud, pourvu que l^ quantité d'eau ne
soit PI» trop cop^d^iid>V». Lorsqu'on
igoute en effet on grand e^cès d'eau ^
leur dissolution, le savoir est décomposé c
il se préjcipil^ ppe m^tiçre nacrée, douée
de beaucopfp d'éclat; c'est un savon
avec e%ç^ d'acide gras, tandis qu'une
portion de l'alcali reste libre. On sait
que les eaux calcaires et les eaux s^éni*
tauses, c'eat-ii^dire celles qui contien-
nent du GarJ^najie0l dusolft^ de chau^
en diapolution, ooipme l'ean des pnitt cb
Paria, l'eau d'Afcueil, etc., forment avec
le savon des (JéppLs l7|9QCs, floconneux et
comme caillei^otps : ces eaux sont, p«r
suite, impropresausavonnage ; on dit vul-
gairement qu'elles ne prennent pas le sf ^
▼on; ces dépôts sont des savons calcaires»
résultant de la combinaison des acidesgraa
avec la chaux . pn rend ces eaux propres au.
savonnage en y ajoutent une petite quan-
tité de cristaux de soude (carbonate de
soude crisullisé), lesquels précipitent la
chaux à l'état de carbonate calcaire; Teau
claire qui surnage au bout d'un certain
temps prend le savop et peut aenrir
même, à défaut d'une eau plua pure, Ji
la cuisfon des légumes.
L*acte de la formation d'un savon,
comme résultat du contact d'une Ratière
grasse avec un alcali, est designé aous If
nom de saponification. La théoria 4f
cette opération a été pendant bien long-
temps erronée. C'est à M. Chevreul
qu'on doit d'avoir dissipé les épaisses té-
nèbres qui la .cachaient aux yeux des an-
ciens chimbtes; c'est lui qui dan^ une
série d'admirables mémoires, qui n'exi-
gèrent pas moins de 1 3 années de tra-
vaux assidus, dévoila la véritable nature
des corps gras et celle des savons. Expo-
sons d'une manière sommaire la théorie
de lasaponîfication, telle qu'on la conçoit
atigourd'hui.
Les huiles fixes et les graisses peuvent
être considérées comme des mélanges en
proportions variables de certaines sub-
stances organiques neutres, d'une com-
position définie et invariable. Les plus
communes de ces substances, celles qui
constituent la plupart des corps gras,
sont la sêéufinCf la margtsrine^i Voiéi^
ne {vçy. GaiissE) ; la première se rcu-
conire particulièrement dans les corps
gra3 d'origine animale; les deux autres
constituent la plupart des matières gras-
ses végétales, et elles existent aussi, con*
jointement avec la stéarine, dans celle»
qui proviennent 4es animaux. Or, lors-
qu'on fait agir on alcali caustique sitf
l'une de ces matières, jsUe est déoom«
posée, surtout si l'action s'accomplit à
la température de l'ébuLlition de l'e^n;
elle éprouve un véritable dédoiiblemeot
ai elle sa tranafomi d'une part 4m un
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SAV
Ittidt gjn» qui t^atiit à l'alcali pour Ibr
mer un saTon, d'antre part en une svb-
alanœ particulière^ qui reste en diasola-
tion dans Peau au milieu de laquelle la
aaponificacioD s'accomplit. Cette dernière
•abstance se distingue par une sareur
sucrée qui lui a fait donner par Scheele,
qui l'a découverte, le nom de principe
doux des huiles : on la désigne mainte^
liant sous celui de glycérine {vojr.). L'a-
dde gras qui s'est formé est Vacide stéa-
riqucj Vacide margarique ou Vacide oiéi-
que^ selon qu'il provient de la stéarine,
de la margarine ou de l'oléine. Ainsi le
mvon de Marseille, (ait avec l'huile d'o-
Hvetet la soude, est un mélange d'oléate
#t de margarate de soude ^ le savon de
Windsor, qu'on fabrique avec le suif,
oontient, outre ces deux sels, du stéarate
de soude; de plus, les savons, même les
pins secs, renferment toujours une forte
proportion d'eau.
Les principales opérations d'une fa-
brique de savon, sont les suivantes :
fo préparation des lessives caustiques;
^ empâtage de l'huile ; 3^ relargage de la
pâte saponifiée; A^ coction du savon;
5<* madrage (ou moyen de marbrer le
savon); 6^ coulage du savon dans les
mises ou caisses; 7® division du savon en
gros pains et subdivbion de ces derniers
•n barres. Dans le cas où l'on fabrique
dn savon blanc, le madrague se trouve
•opprimé.
On emploie, dans le courant de la fa-
brication, deux sortes de lessives : l'ime
est caustique et ne contient que de la
•onde pure; elle sert à V empâtage de
V huile; l'autre contient du sel marin, et
s'emploie pour le relargage et la coction
du savon, La première s'obtient en ajou-
tant à la soude artificielle, aussi exempte
que poosible de sel marin, le tiers de son
poids de chaux éteinte et en lessivant le
mélange dans des bassins en maçonnerie
appelés barqmeuxi l'autre en rempla-
çât une partie de la soude ordinaire
par de la soude salée, contenant au
moins 50 centièmes de sel marin.
Le savon se fabrique à Marseille dans
de grandes chaudières à parois inclinées
en briques et à. fond de cuivre, pouvant
contenir jusqu'à 12,o6b kilogr. de savon
qu'on y fiût a chaque opération. LUiuila
MT)
W
^Q\^têf |oiijq|ir9 mélangée d'une cer-
taine quantité d'huile de moindre va-
leur, étant versée dans la chaudière, on
procède à l'empâtage en l'agitant avec de
la lessive faible portée à l'ébn|lition : on
obtient ainsi une pâte molle, une émul-
sion, et le mélange se trouve convenable-
ment préparé pour la .saponification; on
en sépare l'eau qui a été employée en
trop grande quantité (relargage); puis
on ajoute à diverses reprises des lessives
fortes, et on procède à la coction , qui
dure 10 à 18 heures; c'est pendant ce
temps que la saponification a lieu. Lors-
que le savon est parfaitement cuit, la pâte
devient dure par le refroidissement; s^
couleur est d'un gris bleuâtre foncé,
uniforme, due à un mélange de sulfure
de fer et de savon alumino-ferrugineux;
on a eu soin, en effet, d'ajouter à la les-
sive, lors de l'empâtage, une certaine
quantité de sulfate de fer, destinée à pro-
duire la couleur bleue qui caractérise le
myoo marbré dit iie Marseille, Pour
produire une coloration en veines bleuet
tranchées sur un fond blanc, on procède
au madrage ou è la madrure ; pour cela,
on épmsêj c'est-à-dire on soutire la les-
sive qui reste, puis on mouve la pâte
dans toutes les parties de la chaudière et
on y verse de temps en temps de la les-
sive faible ; la liquéfaction du savon sa
produit et la partie colorée, par suite de
l'agitation, se répand dans la masse et
détermine les veines bleuâtres qu'on cher-
che à produire dans lesavon marbré. En-
fin on enlève le savon des chaudières de
cuite en le puisant avec des poches à long
manche, et en le jetant dans un canal
incliné en bois qui le conduit dans les
caisses ou mises destinées à le recevoir;
au bout de 8 où 10 jours, il a acquis as-
sez^ de consistance pour supporter le poids
d'un homme qui, an moyen d'un long
oonteau, le débite en pains de )a dimen-
sion exiftée par le commerce.
Ces détails sont à peine suffisants pour
donner une idée de cette importante fa-
brication ; ajoutons que cette industrie,
pratiquée sur une immense échelle à Mar-
seille, s'exécute dans cette ville comme
dans plusieurs localités par des procédés
qui variant très peu, et qui ne paraissent
guère aosoeptibles de recevoir des pro«
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SAV
(6d)
SAV
grès de la science des perfectlonoementi
importants, quoiqu'ils soient aujourd'hui
ce qu'ils étaient il y a un siède, bien
avant que la théorie exacte des opéra-
tions^ que nous venons de décrire fût éta«
blie.
Outre le savon marbré et le savon
blanc de Marseille, on fabrique plusieurs
autres sortes de savon que nous devons
mentionner. Les savons mous^ comme
nous l'avons dit, se préparent en général
avec des huiles de graines et de la po-
tasse; le sapon de résine^ qui est employé
n^aintenant eu grande quantité, surtout
en A.ngleterre, s'obtient en ajoutant à du
savon de suif, pendant sa préparation, le
tiers ouïe quart de son poids de résine.
Les savons de toilette constituent une
branche d'industrie spéciale qui depuis
quelques années a pris une grande ex-
tension. Ces savons présentent ta même
composition que les savons ordinaires,
seulement ils sont préparés avec plus de
soin, et on les parfume le plus souvent;
les uns sont fabriqués avec de l'axonge
(graisse de porc) ou du suif; les autres
avec les huiles d'olives, d'amandes ou de
palmier. Ces savons, mélangés en pro-
portions convenables et parfumés sui*
vant le goût du consommateur par l'ad-
dition de diverses huiles essentielles,
constituent les variétés infinies des savons
de toilette. Le savon de fFindsoVy par
exemple, est un savon d*axonge et d'huile
d'olives aromatisé avec les essences de
carvi, de lavande et de romarin. Les sa-
vons légers se préparent en ajoutant à la
pâte saponifiée un sepiiènie ou un hui-
tième de son volume d'eau, et en agitant
le métange sans interruption jusqu'à ce
que la masse en moussant ait doublé de
volume; on la verse alors dans les mises.
Pour les savons transparents^ on dn-
sout du savon de suif coupé en copeaux
et bien desséché à l'étuve dans un poids
d^alcool égal à son propre poids ; quand
la masse est bien liquide, on laisse dé-
poser et on coule dans des mises en fer-
blanc disposées de manière à donner des
formes et des reliefs divers aux pains.
Enfin, dans ces derniers temps on a in-
venté le savon ponce, qui est du sa^on
additionné de pierre ponce pulvérisée,
et le savon dit hydro/ugCy qui à la pro-
priété précieuse de rendre îlbpèrméa(>lé
à l'eau une étoffe qu'on trempe dans sa
dissolution bouillante: c^est- du savon or-
dinaire auquel on a ajouté une forte
portion d'alun. E. P.
SAVONAROLE (Jérôme) naquit à
Ferrare eh 1452. Destiné par sa famille
à l'étude de la médecine, il abandonna
cette carrière que son grand- père avait
parcourue avec éclat, s*enfuit de la mai-
son paternelle, et alla s'enfermer, à l'âge
de 1 4 an.4, dans un couvent de l'ordre de
Sain t-Dominique. Quelques années après,
ayant échoué comme orateur, il fut en-
voyé à Bologne, où il professa la méU«
physique et la physique avec beaucoup de
succès. Laurent de Médicis l'ayant appelé
à Florence , il reparut dans la chaire et y
déploya une éloquen6e si entraînante que
Téglise était trop petite pour contenir les
auditeurs. Bientôt, prenant les vœux de
•on âme ardente et un peu ambitieuse
pour des révélations du ciel, il se mit à
jouer le r6le de prophète et à annoncer
une régénération complète de l'Église et
de l'État. Traité par les uns defanalique,
et par les autres d'imposteur, mais res-
pecté de la foule comme un saint, il rom-
pit tous les liens qui l'attachaient à Lau-
rent de Médicis, et, s'il consentit à aller
visiter ce prince sur son lit de mort, ce
fut pour le sommer de rendre la liberté à
sa patrie.
Après le bannissement des Médicis
(y'O/.), Savonarole se trouva en quelque
sorte le chef delà république, laquelle fut
reconstituée selon ses idées. Tant qu'il
ne s'occupa que de réformes politiques,
son crédit alla toujours croissant ; mais
lorsqu'il voulut toucher à l'Église , lors-
qu'il accusa le pape de ne pas être uq
véritable évéque, de n*étre même pas un
chrétien, lorsque surtout il entreprit de
ramener à l'observance de leurs règles le
monastère de Saint-Marc, dont il était
prieur, et les autres couvents de Florence,
il rencontra une opposition formidable.
Alexandre VI l'excommunia ; les moines,
principalement les franciscains, l'anathé**
matisèrent du haut de la chaire comme
un hérétique. Il se forma contre lui une
ligue entre les amis des Médicis, tes par-
tisans du pape, les ordres religieux ja-
loux de celui de Saint<^ Dominique, et les
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SâX
(69)
SÂX
libertins qui sapporiaient avec peine le
changement salutaire qui s'était opéré
dans les mœurs corrompues de Florence.
Ij'opinion publique, travaillée par ses en-
nemis, commença à s'éloigner peu à peu
de lui, et le résultai ridicule de TépreuYe
du feu à laquelle il avait fini par consen-
tir à se soumettre, à la demande du fran-
ciscain François de Pouîlle, dissipa le
reste d'enthousiasme des Florentins, Sa-
▼onarolefut arrêté, le jour même, et con*
duit en prison au milieu des huéçs de la
populace. La torture le força à confesser
tout ce qu'on voulut. Le 23 mai 149&,
il fut brûlé avec deux de ses disciple?, et
ses cendres jetées dans FAmo. On mon-
tre encore aujourd'hui avec vénération
la cellule qu'il occupa dans le couvent
de Saint-Marc. U nous reste de Savona-î
rôle, outre de nombreuses lettres et des
sermons, no traité intitulé Triumphus
crucis qui a été publié avec ses autres
écrits ascétiques à Florence, en 1492,
in-fol.; une édition de ses ouvrages a
aussi été publiée k Lyon, 1633-40, 6
vol. in- 8^. Sa vie, écrite en allemand
parM.Kudelbach(Hamb., 1835), vient
de l'être aussi en français par M. l'abbé
Carh £. H-G.
SAXE, contrée allemande qui a'it-
çu son nom des Saxons^ en allemand
Sassenj Sachsen,Q}kànl à ce dernier nom,
quelques- uns le font venir de sitzen, être
vais (à Timparf. sass)^ en adoptant le sens
d'hommes établis, propriétaires terriens;
d'autres Fexpliqueiit, comme le nom des
Francs, par l'arme que portait ce peu-
ple, espèce d'épée appelée saxe^ sa/te,
Pfister, qui se range à ce dernier avis
CHistoired' Allemagne ^OT,f («lyP* 1^^}»
fait remarquer que dans le premier sens
on ne disait pas Saxeriy mais Saten^ par
exemple Bolsaien^ habitants du Holstein,
contrée dépendante delà Chersonè^cim-
brique où les Saxons avaient leurs pre-
miers sièges en Europe. De là, ils se ré-
pandirent vers le sud jusqu'au pays des
Chérusques, et, lorsque les Francs avan-
cèrent vers la Gaule, ils allèrent occuper
le pays par eux abandonné.
Réunis aux Angles du Jutland, les
Saxons s'emparèrent, au v* siècle, de la
principale lie britannique, qu'ils domi*
ocrent à peu près leuû jusqu'à la con-
quête des Normands, sous Guillaume l^*":
de là le sobriquet de Saxons que les Ir»
landais donnent encore aujourd'hui aux
habitants de la vieille Angleterre. Voy.
Akglo-Saxons.
Ils avaient, dès les plus anciens temps,
leur droit spécial connu &ous la dénomi-
nation de loi saxonne y tl(\\ï\ futécritplus
tard, notamment dans le Sachsenspiegel
[Spéculum saxon icum)^ dont la plus an-
cienne rédaction remonte aux années
1215 à 1218. Cette loi a été imprimée à
plusieurs reprises : Tédiiion la plus ré*
cen te est celle de Uomcger, Berlin, 182 7.
Le nom .de Saxe est aujourd'hui atta-
ché à un royaume qui jusqu'en 1806
avait porté le titre d'électorat, puis au
grand-duché de Saxe-Weimar-£isenach,
et aux duchés de Saxe-Altenbourg, Saxe-
Cobourg et Gotha, et Saxe-)ileiningen.
Nous traitons de ces pays saxons sous leur
nom spécial : ici, c'est du royaume que
nous avons à nous occuper; mais aupa-
ravant il convient de dire quelques mots
de l'ancienne signification beaucoup plus
étendue du nom saxon.
Dans le sens le plus large, la Saxe em-
brassait anciennement tous les pays com-
pris entre le Bas-Rhin et l'Oder; mais
le duché de Saxe, dont le possesseur,
Henri- l'Oisçleur, en sa qualité du plus
puissant prince allemand, devint, en 9 1 9,
empereur d'Allemagne, était loin d'avoir
des limites si vastes. Son étendue varia
suivant les époques, ainsi qu'on le verra
dans l'jiperçu historique que nous don-
nerons plus loin. Cependant dans la di-
vision de l'Empire en cercles, ceux de la
Haute et de la Bass^Saxe embrassaient
presque tout le nord de l'Allemagne ; car
au premier appartenaient comme subdi-
visions l'électorat et les principautés de
Saxe avec la Thuringe, l'évêché de Merse-
bourg, le Brandebourg avec toutes ses
Marches, la Poméranie, et une foule de
principautés, comtés et autres demi-sou-
verainetés; au second, le duché deMag-
debourg, l'électorat de Brunswic- Lune-
bourg, le duché de Brème, la principauté
de Lunebourg-Celle, celles de Wolfen-
bûttel et de HalbersUdt, les duchés de
Mecklenbourg et de Holstein, les villes
libres anséatiques, et une multitude
d'autres petits territoires.
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SAX
(70j
SAt
Vne bien faible partie de cet divers pays
appartient au royaume de Saxe , moins
étenda même que n'était l*électorat à
t*époqne oà Napoléon loi €t changer son
titre. S.
10 Géographie et statistique. Seul des
grands états de l'Allemagne , le royaume
de Saxe, au Keu de s'agrandir à la chute
de l'empire Français , est tombé au rang
d'un état du 4* ordre. Le congrès de
Vienne ne lui a laissé que la moiUé en-
viron de sa superficie, ou 27 1 milles carr.
géogr. *. Compris entre 50<^ 48' 80' et
61« 29' de Ut. N., et 29» et d^"" 44'
de long, or., il est borné à l'estet au sud-
est par la Bohême; à l'est, au nord- est et
au nord par la Saxe prussienne ; à Tonest
par le duché de Saxe-A.ltenbourg; au
sud- ouest par les possessions de la mai-
son de Reuss et le cercle bavarois du
Haut-Mein. Ce pays n'a de frontières
naturelles que du côté de la Bohème,
dont il est séparé par une chaîne de mon-
tagnes en grande partie formée par l'Erz-
gebirge. Il n'a ni lacs ni canaux impor-
tants; mais outre l'Elbe [voY.)f beau
fleuve qui le traverse en se dirigeant vers le
nord-» ouest, il estriche en cours d'eau tels
que l'Elster, la Mulde, la Saaie, la Pleysse.
Les sources minérales y abondent. Le
climat est sain et tempéré; le sol, en
général, médiocrement fertile. On trouve
assez souvent àei pailleltes d'or dans les'
rivières; on extrait des montagnes de l'ar-
gent, du fer , du cobalt, du cuivre , de
Pétain, du plomb, du mercure, du zinc,
de l'antimoine et de Tarsenic. On y ren-
contre aussi lé cinabre naturel, le bis-
muth solide, la plombagine, la mine de
fer arsenicale, le véritable émeri, le feld-.
spath , le marbre, la serpentine, le ba-
salte, le charbon minéral, le quartz, et
plusieurs espèces de pierres précieuses : la
topaze, l'agate, i*onyx, Taméthyste, etc.
Les forêts, qui couvrent presque le quart
tfu pays, sontexploitées avec intelligence,
et constituent une branche emportante
de la richesse publique. L'agriculture est
portée à un haut degré de perfection ; et
l'éducation des bestiaux, surtout dès bê-
tes à laine, est l'objet constant des soiné
(*) Cela fait eoTlron 14,900 kilom. carr.* qb
la luperficie de troii de oos départemeott de
grandeur moyeone* S»
et des encouragements du gouvernement:
Sous le rapport de l'industrie, la Saxe H
place à côté des éuu les plus avancés.
Elleoompuit, en ISSt, 2,899 fkbriques
plus on moins considérables; grâce a hà
position centrale, à l'excellent état de sél
routes, aux facilités qu'offre l'Elbe à la
navigation, son commerce, quoique dé-
chu, est encore dans un état florissant;
l'impulsion donnée d'en haut à tous lea
pays de l'association douanière prussièhtie
dont la Saxe fait partie h>oy. T. VIII, p.
482), et les chemins de fer déjà en pleine
activité de Dresde à Leipzig , et de Lûptig
à Berlin et à Magdebourg , de même
que celui qui est proposé de Leipzig
à la frontière bavaroise ^ ne peuvent
manquer de l'animer de plus en plus.
La population totale du royaume s'éle-
vait, le !•' février 1841, à 1,709,880
habitants d'origine teutbnique et vé-
nède, dont 83i;870 du sexe masculin
et 878,010 du sexe féminin, professant
la religion protestante, à l'exception àm
1,830 réformés, 30,100 catholiques, 84
grecs et 856 juifs. La Saxe est un dea
pays d'Allemagne où la culture intellec-
tuelle est le plus développée. Leipzig
(yc^.). est toujours le centre de la li-
brairie allemande. Le nombre des écoles
élémentaires dd royaume s'élève à 2,039;
elles ont été fréquentées, en 188^, t>ar
274, 80f enfants de 6 à 14 ans, et même
au-delà; 7 écoles normales, avec envi-
ron 2S0 élèves, sont chargés de former
de bons instituteurs. L'instruction Supé-
rieure est donnée dans les écoles royalei
de Meissen et de Grimma, et dans 19
gymnases ou écoles supérieures fréquen-
tées par environ 1,900 élèves. En 1840,
910 étudiants, dont les deux neuvièmes
étaient étrangers, suivaient les cours â*
l'unim^ité de Leipzig. Parmi les écolea
spéciales, on doit citer celte des mines da
Freiberg, l'école forestière de Tharand,
près de Dresde, avec Une institution d'é-
conomie rurale^ l'école de médecine et
l'institut technique de cette résidence, l'é-
cole de commerce de Leipzig.
Depuis 1831, le royaume de Saxe est
uh état constitutionnel. La couronne est
héréditaire dans les miles jusc}u*à extinc-
tfod ék tous les princes de la maison da
Sâièi et ne ^>eut puer qu'en pcr«U tiks
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SAX (7i)
à nn% ligne fêminîoe Lei Élats m dWi-
ieiit en deux chambrM : la première coin-
poiée de 41 membres, tioo compris 1^
princes da sang, et la seconde de 75 dé«
pûtes de l'ordre équestre , de la bour-
geoisie, des paysans et de celle du corn-
» études £sbriqUeSy pour lesquels la
d'un bien fonds n'est pas,
I pour les antres, une condition
•isentlelle. Les États l'assemblent tous
les trois ans seulement; mais, à chaque
session, la Chambre des députés se re-
noUTelie par tiers. L'initiative appar-
tient au roi seàl. Aocun impôt ne peut
être letésans le consentement desCham*
bres. La dette publique diminue d'an-
née en année: en 18^B, elle n'était plus
quto de 10,926,456 thalers. Le budget
â été arrêté à 5,500,297 thalers pour
les années 1840-42; la liste civile du
roi et de la reine y fi^re pour 542, 6é7
thalers, les apanages des princes pour
164,191 th., l'armée pour 1,860,498
th., et le service des intérêts de la dette
publique pour 484,668 th. Le reste se
répartit entre les départements de l'In-
térieur, de râgricnlture, des finances, de
la justice, des cultes et de l'instruction
publique. La Saie entretient une force
nrmée de 12,193 hommes. Son conti-
nent fédéral, fixé à 12,000 hommes,
forme le noyau du . 9* corps d'armée.
Elle a la quatrième place à la diète, et
quatre voix dans le plénum.
Sons le rapport administratif, elle est
divisée en quatre cercles {Kreùdiree^
fions- Bezirké) qui prennent leurs noms
de leurs chefs- lieux, Dresde , Leipzig ,
Zwickatt,Bautzen, et se subdivisent cha-
cun en plusieurs bailliages. On compte
dans le royaume entier 139 villes, dont
deux seulement, la capitale, Dr«de et
Leipzig (voy. ces noms) ont plus de
40,000 habltanu , et 3,269 communes
rurales.
2^£f£rft>/fff.Ptoléméeest le premierécri-
fain qui fasse mention des Saxons comme
d'un peuple établi dans laChersonèse cim-
briqne, le Holstein actuel et les pays voi-
sins. Dès lé m* siècle de l'ère chrétienne,
ib se rendirent redoutables par leuré
pirateries aux habitants, des côtes de la
Bd^que, de l'Armorique , dé la Breta-
fM et dea borda du Rhiii^ en soHe que
SAX
les empereurs se virent forcés de nom*
mer un cointe spécialement chargé et
protéger le littoral, sous le notti de cornes
iittoriê saxonfei. Plusieurs fois déjà ils
avaient tenté de s'établir datis la Breta*
gne, mais sans succès, lorsque les troupes
romaines ayant été appelées pour la dé«-
fense des Gaules , ib y débarquèrent de
nouvean,vers449,sous la conduite d'Hen*
gîst et de Horsa, et y fondèrent l'heptar-
chie {vox. ces mots) anglo-saxonne.Leut
domination s'y maintint jusqu'à la con-
quête de l'Angleterre par GuiHaume-le«>
Bâtard en 1066. Les Saxons, qui étaient
restés dans la Germanie , parurent avec
éclat, co^me alliés des Romains, à la fa^
meuse bataille de Ghâlons, où Attila fiÀ
défait en 458. Plus tard, ligués avec les
Francs, ib aidèrent Thierry à renverser,
l'an 528, leroyaume deTharinge, et ob-
tinrent en récompense de leurs services
la partie du pays qui touche au Harz.
Toutefois, Ic^ Saxons et les Francs se dis-
putèrent plus d'une fols cette conquête
jusqu'à ce que Gharlemagne , après une
lutte acharnée de plus de 80 ans {voy,
Witexikd), eut forcé les premiers à re-
connaître sa suzeinineté et à embrasser le
christianbme, en leur laissant cependant
leurs anciens droits et en ne leur impo-
sant aucun impôt, sauf la dtine qil'ib dn-
rent payer ail clergé. Le pays sotimîs ,
Gharlemagne travailla à le civiliser. H
fonda un grand nombre d'évêchés et d'é-
coles à Osnabrfick, M inden, Bi^me,Wer-
den, Paderborn , Munster, Hildesheim ,
etc.; mais ces établissements utiles dépé-
rirent au milieu des agitations intérieures
et extérieures qui troublèrent le règne de
ses successeurs immédiats. Lorsque l'Al-
lemagne , en vertu du traité de Verdun
(843), eut été séparée pour toujours de
l'empire des Francs, les Saxons, tout af*
faibtb qnlb étaient pn leurs guerres con-
tre Gharlemagne et les^mesnres terribles
de cet empereur, formèi«nt une des na-
tions les pliu puissantes des six qui com-
posaient la fédération germanique. Gou-
vernés par des comtes depub la con-
quête , ib furent soumis à nn duc par
Louis-le- Germanique eii 845. Le pre*
mier qui fut élevé à cette dignité fut lé
comte Ludolphe. Il ettt pour successeur;
en 859, WA fib âné, Britoon, qui bâtit
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SAX
(72)
SAX
Bnmiwic (861), et périt (880) dinsun
combat ooatre 1m Normandi. La cou-
rooiM dacale pasia k too frère putné,
Olhon-riUaftre, qui combattit vaillam-
meDt en pluaiears nenoontres contre les
normands 9 et qnî refusa la coaronae
d'Allemagne k reitinclion de la famille
<»rloyingienne dans la personne deLouis-
l'Enfant (dl 1). Par reconnaissance,Con.
rad qu'il avait fait élire, proposa, en
jnourant, pour son successeur, la filsd'O-
tbon , Fénergique Henri de Saie. Vof.
ExatuV^jP Oiseleur.
En montant snr le trône impérial, ce
prince ne renonça pas à ses états héré-
ditaires; mais son fibiy Femperei^r Otbon
l*"" (986-978) donna leducbé'de Saxe à
un de ses |iarents' nommé Hermann BiU
Jnng,qui s'était distingué dans les guerres
civiles du commencement de son règne.
Il le chargea de réprimer les révoltes des
Slaves contre lesqneb ses successeurs eu-
rent aussi constamment à combattreXors-
que la maison de Billung (voy.) , après
avoir donné cinq ducs à la Saxe, s'étei*
gnit, en 1106^, en la personne du duc
Hagnus, l'empereàr Henri V investit du
duché de Saxe Lothaire, comte de Sup-
plinbourg et deQuerfurt. Ce duché s'é-
tendait alors à l'orient jusqu'à la Pomé-
ranie et au MecUenbonrg, au sud jusqu'à
* l'Unstrut, à l'ouest jusqu^u Rhin, et au
nord jusqu'à l'Eider , frontière des Da-
nob. Lorsqu'il se fut assis sur le trône
d'AUemagne,Lotbaire abandonna la Saxe
à son beaurfils, le duc de Bavière Henri-
le- Superbe, qui descendait par sa mère
de Magous, et qui eut pour successeur
son fils Henri-le-Lion (vojr» ce nom et
GuBLixs, T. Xin , p. 222). Ce prince
ayant recouvré la Bavière, qui avait été
enlevée è son père, se trouva un des prin-
ces les plu^ puissants ; mais la haine des
hauts prélats du nord de l'Allemagne ,
qu'il s'était attirée en les forçant à rece-
voir de lui l'investiture, et la politique de
l'empereur Frédéric 1*', qui tendait à
l'affaiblissemsnt des grands vassaux de
l'Empire , concoururent à le dépouiller
de la plus grande partie de ses états. A
peine le Brunswic put-il être conservé à
sa maison ; la Bavière passa à Ta famille
de WitteMNUsh , et Bernard d'Ascanie
(voy.)f qui était petit«fîls du duc Slagnus
par sa mère, épouse du margrave de Bran-
debourg, Albert POurSy obtint, en 1 1 80,
le duché de Saxe, mais considérablement
amoindri, Lubed^ qui en avait été jus-
qu*a]ors la capitale, fut déclarée ville
libre ; l'archevêque de Cologne s'empara
du duché de "Westphalie ; plusieurs prin-
ces ecclésiastiques et séculiers , vassaux
jusqu'à ce moment du duc de Saxe, fu-
rent soumis immédiatement à l'Empire,
comme les princes de Mecklenbourg et
de Poméranie. Ainsi, bien qu'il eàt le
titre de duc de Saxe et qu'il fût revêtu
de la dignité de grand»maréchal de l'Em-
pire, qui y était attachée, de même que
le droit d'électeur de l'Empire, Bernard
d'Ascanie régna sur deé contrées d'Aile»
magne autres que celles qui avaient porté
le nom de Saxf jusqu'en 1 1 80. Le centre
de ses états était sur la moyenne Elbe, à
Wittenberg, dans un pays que son père,
Albert l'Ours, avait arraché aux peuples
slaves, aprjès plusieurs années de combata
et qu'il avait repeuplé en y transplan-
tant des colons des Pays-Bas.
Bernard eUt pour successeur dans le
duché de Saxe (121 1) , son second fils ,
Albert I^% et dans ses biens patrimoniaux
son fils atné Henri, souche de la maison
d'Anhalt (vor. ce nom). A la mort d'Al-
bert, ses étau furent partagés entre ses
fils (1 260) : l'atné, Jean, obtint le payade
Lauenbourg, et le plus jeune, Albert H,
celui de Wittenberg. Depuis ce partage,
ces pays n'ont plus été réunis. Lorsque la
ligne de Saxe-Lauenbourg s'éteignit en
1689, ses possessions passèrent à la mai-
son de Brunswic. La ligne de Saxe-Wit-
toiberg , dans laquelle la dignité électo-
rale , longtemps disputée entre les deux
branches, (ut confirmée par la Bulle d'or
(1356), s'éteignit avec le duc Albert III
(1422). Le duché passa après lui à Fré-
déric-le*Belliqueux, margrave deNisnie
et landgrave de Thnringe, qui en fut
investi par l'empereur Sîgismond en
1428, quoiqu'il n'y eût d'ailleurs aucun
droit , et malgré les prétentions élevées
sur l'héritage d'Albert III par la maison
de Saxe-Lauenbourg, ainsi que par Jean,
fils deFrédéric de Brandebourg, qui avait
épousé la fille de Rodolphe III, l'avant-
demier électeur ascanien. Ce fut ainsi
que la maison de Wettin (voX')f qui poa«
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SAX
(73)
SàX
U Wêam à tiire l^rédîtatra jde-
pois 1137, arriva à FéUdorat de Saxa
•t aa grand-inarédialat da l*£inpire» La
réumon de ia Saxe , de la Misaie et de
la Thnriofe tous on aeal sceptre ang»
nanta oooaîdérableiiient Tinfluence de
l'électear sur Jetf affaires poUtîqnea de
PAJicBsgoe. La nMiison d* Autriche elle-
sèae resta, à Pégard de la maison deWet-
tiBidios une position ioii6rieure jusqu'au
«MMBent où elle parvint à la dignité im-
périale, «t ajouta à ses états héréditaires
k Bourgogne (1477.), la Hongrie et la
Bohème (1627). Frédério-le-Belliqueux
combattit avec courage , mais avec peu
de succès, lesHossites, qui ravagèrent im-
pitoyablament la Saxe sous sou règne et
•ous eetni de son successeur , Frédéric-
la-Débonnaire (1493-1464). Ce dernier
priooe eut a soutenir une lutte non moins
înnesce cx>ntre son frère Goillaume (mort
en 1483) qui avait obtenu la Thuringe
dans le partage de la succession fie ton
père, mais qui , se croyant lésé dant ses
droita,prit les armes, et pendant plusieurs
annéea , lui fit une guerre, dont un des
éfHiodes les plus notables fut Penlèvement
dise princes de Saxe (voy» Kaufumobit).
A Frédéric- le-Débonnaire succédèrent
aee deox fils, Ernest et Albert. Confor-
Hiément à la volonté de leur père, iU ré-
gnèrent conjointement jusqu*en 1485 sur
lea domaines héréditaires de leur famille
antres que le duché qui fut laissé à l'ainé
avec la dignité électorale. Leur oncle,
GuillanoM de Thuringe, étant mort sans
enfants, ils conclurent l'accord de Leip-
zig,en vertu duquel Ernest obtint laThu-^
ringe, et Albert la Bibnie; le pays de l'est
{Osterland) fut partagé également entre
eux.
L'électeur Ernest ne survécut que quel-
ques mois à ce partage : il mourut en 1 4 86
et eut pour successeur Frédéric-le-Sage
(1486- U2l5). C'est avec raison que la
siècle de Frédéric lui a donné cet hono-
rable siimom. On sait combien ce prinoa
favorisa la réforme, née dans l'université
deWittenberg,qu'il avait fondée en 1 502 .
Sans la considération personnelle dont
il jouissait auprès des empereurs Maxi-
milien et Charles-Quint, sans les services
qu'il avait rendus en qualité de vicaire
de l'Empire, sans aon adresse et sa pv««
dence enfin, Lmber ,anrait en vratsen^
blablcment le sort de Biiss.. Son frère,
Jean-le-Constant, qui lui succéda en
1 525, se montra non moins partisan que
lui des idées nouvelles, et, par leurs soins,
l'Église protestante jeta en peu de temps
de si profondes racines que ni l^es foudres
du Vatican, ni le ban de l'Empire, ni la
guerre de Smalkalde , ni même celle de
Trente- Ans, ne purent la renverser.
Après la bataille de Mûhlberg (1547),]a
capitulation de Wittenbcrg put bien en-
lever la couronne électorale de la télé
de Jean - Frédéric • le -* Magnanime, qui
avait succédé a son père Jean en 1532 ,
mais le protestantisme fut sauvé par ce-
lui-là même qui l^avait le plys compro-
mis, par le duc Maurice de Saxe, petit-
fils d'Albert. Tombé entre les mains de
l'Empereur et cédante ses menaces, Jean-
Frédéric dut renoncer pour lui et les
siens à l'électorat, qui fut donné, avec la
majeure partie de ses possessions, au chef
de la branche albertine, Charles-Quint
ne lui laissa qu'un petit territoire dans
la Thiyringe, d'un revenu de 50,600 flo-
rins. Quelques années plus tard, en 1554,
ses possessions s'augmentèrent, grâce a la
médiation du Danemark , de la prind-
pauté d'Altenboorg, que lui céda l'élec-
teur Auguste. Ei^ 1 566 , ses fils , Jean-
Frédéric II et Jean- Guillaume, se parta-
gèrent Théritage de leur père et fondè-
rent les brandies de Weimar et de Co-
bonrg.Desembbibles partages eurent lieu
fréquemn^nt dans la suite ; mais comme
noiu en avons parlé ailleurs , il est in-
utile d'y revenir ici. Aujourd^iui la Ugno
ernestine (voy.) se divise en trois bran-
ches : celle de Saxe-Meiningen-Hild-
burghausen, celle de Saxe-AUenboucg et
celle de Saxe-Coboiurg-Gotha.
La ligne albertine {voy.) , qui , dans
le paruge de 1485, avait obtenu la Mia-
nie et une partie de TOsterUnd, n'éten*
dit ses possessions ni sous son fondateur,
le dnc Albert (mort en 1500) , ni sous
ses fils Georges (1500-1539) et Henri
(1589-1541). Mais Maurice, fils et suc-
cesseur de Henri, prince habile et brave,
se vit élever, par la convention de Wit*
tenberg , a la dignité électorale , en ré-
compense des services qu'il avait rendus
à CbariesrQutnt^ et fut mis ei^ |
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SAX
(7*)
SAX
éa dtiché et des autres terrés de la mai-'
son ernesUne. It eut pour successear son
Mre Auguste (1558-1586), le premier
économiste de son siècle, qui a laissé une
mémoire chère à la Saie, malgré son in-
tervention dans la controverse religieuse
du crypto-calvinisme (voy.)^ k cause des
excel tentes institutions dont il la dota.
Il accrut considérablement ses possessions
par des traités , par des achats et par l'in-
ftodation impériale, tout en restituante
la maison albertine la principauté d'Aï-
tenbourg. Son successeur , le faible et dé-
bile Christian I*' (1586-1591), aban*
donna les rênes du gouvernement au
chancelier Greil, qUi, soUs le règne sui-
vant (1601), périt victime de la noblesse
qu'il avait offensée.
Pendant la minorité de Christian It
(1591-1611), la régence iîit remise à
Frédéric -Guillaume de Weimar, qui
Fexerça jusqu'en 1598. Indolent, pu-
Sillanime, absorbé par les querelles reli-
gieuses, Christian II laissa non- seule-
ment se perdre presque entièrement l'in-
fluence politique de la Saxe; mais il
négligea même de faire valoir, à la mort
du dernier duc de Juliers, en 1609, les
droits de sa maison sur l'héritage de ce
prince, qui devint ainsi la proie des fa-
milles de Brandebourg et de Neubourg.
Pour se venger de cette espèce de spo-
liation , Jean-Georges I*', frère et suc-
cesseur de Christian II (1611-1656) se
rapprocha de l'Autriche et finit par s'u-*
nir intimement à l'empereur Ferdinand
pour le compte duquel il soumit (es deux
Lusaces et la Silésie. Cependant la bonne
intelligence entre eux fut détruite lors-
que Ferdinand promulgua l'édit de resti-
tution, et Jean-Georges (1631) s'allia au
roi de Suède , Gustave- Adolphe. Après
la mort de ce dernier, la mésintelligence
éclata entre l'électeur et Oxenstiema
(voy, ces noms), qui n'avait pas voulu ren-
dre à la Saxe la direction des affaira des
protestants. Jean-Georges ouvrit , avec
l'Autriche, des négociations qui amenè-
rent la paix de Prague (80 mai 1685) ,
en vertu de laquelle l'électeur obtint de
l' Autriche la cession des deux Lusaces ,
et pour son fik Auguste l'administration
de Tarchevêché de Màgdebourg. Cette
défettloi* irrita les Suédois, qui com-
miredt en Saxe d^horriblca ravages; et
ce hé fut pas sans peihe que l'èlectetir
obtint, k la paix de Westfihalie (1648),
la confirmation des avantages qh'il de-
vait à la paix de Prague. Jean-Georges ,
sous le règne duquel la Saxe atteignit à
l'apogée de ta t)uissanee , mourut le è
octobre 165S , à l'ftge de 72 ans. Il laissa
quatre fils entre lesquels il partagea aeè
éuts : l'aitié, Jean-Georges II , eut Té-^
lectorat; Auguste , Christian et Maurice
devinrent les fondateurs deé trois lignes
de Mersebonrg,Weissenfels et Zeitx. Heu-
reusement, ces branches collatérales ne
tardèrent pas à s'éteindre, et leurs poé*
sessions furent successivement réunies à
l'électorat : celles de la ligne de Zeitt ,
en 1618, celles de la ligne de Merse^
bourgs en 1788, celles de la ligne dé
fFeissenfeUy en 1 746.
Les règnes de Jean-Georges II (1656-
1680),de Jean-Georges m (1680-1691)
et de Jean -GeorgeS'iy, n'offrent aucun
événement important. Ce dernier laissa
ses états à son frère Frédéric- Auguste I*'
(1694-1788), qui, à la mort deSobieskl;
acheta la couronne de Pologne au pril
de plusieurs millions et de l'sibandon dé
la foi luthérienne , qu'il quitta pour le
catholicisme. Son ambition attira lèl
plus grands maux sur la Saxe^ en la jeunt
dans l'alliance de la Russie et dta Dane-
mark, et en l'exposant a la terrible ven-
geance de Chartes XII. Déposé par les
Suédois, Auguste (vor-) ^a^ rétabli par
les Russes après la bataille dePoltava;
toutefois, la guerre n'en continua pas
moins sans aucun avantage pour la Saxe
ni même- pour la Pologne. Dresde dut è
ce prince quelques embellissements \ il se
montra protecteur éclairé des arts; mais
son goût pour la magnificence et ses in-
noinbrables maîtresses l'entraînèrent dans
-des dépenses énormes , et il se vit forcé
d'engager ott de vendre à plusieurs de ses
voisins des parties importantes de son
territoire. Frédéric- Auguste eut pour suc-
cesseur son fils Frédéric- Auguste II (Au-
guste m en Pologne, 1783^1768), qui
eut à défendre^le trône de Pologne con-
tre les prétentions de Stanislas (vof.)
LècKlnski appuyées par la France. Cette
guerre fut décidée en sa faveur par l'en*
trée des Saxons et des Russift dans lèa
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SAX
(75)
SAX
mun deDantzi^. Dans la gaerre de suc-
cession d'Autriche , Aagaste IIl se dé-
clara d'abord contre Marie - Thérèse ;
mais la paix de Berlin (1742) ne lui ayant
|Mtf procuré les aTantages qu'il esoérait,
il se tourna du côté de TAutriche , en
1745. Battu en plusieurs rencontres
par les Prussiens , il fut trop heureux de
cooserrer, lors de la paix de Dresde
(1745)y l'intégrité de la Saxe, en payant
a Frédéric 1 million de thalers comme
contribution de guerre. Cependant, do-
miné par son favori, le comte de Brûhl ,
Auguste ne tarda pas à renouer ses rap-
ports avec l'Autriche, et pendant sept
ans, tes malheureux états héréditaires
devinrent le théâtre d'une guerre san-
glante.
La paix de Hubertsboorg (15 févr.
1763) rétablit, il est vrai, les choses sur
l'ancien pied; mais il fallut de longues
années à la Saxe pour cicatriser toutes ses
plaies. Le digne électeur Frédéric-Chris-
tian y travailla avec ardeur pendant son
règne de <ieux mois (du 6 oct. au 1 7 déc.
1763). Son œuvre fut poursuivie avec
persévérance par le régent Xavier du-
rant la minorité de Frédéric- Auguste III,
son neveu (jusqu'en 1768). Avec le rè-
gne de ce dernier prince (voy- Feédiêeic-
AuGUSTE I^), dont la justice et la sa-
gesse furent généralement reconnues par
ses contemporains, commença une ère
de prospérité presque inouïe pour la
Saxe. L'industrie et le commerce furent
protégés et développes; l'agriculture fit
des progrès notables; le bien-être se ré-
pandit daps toutes le»classes de la société;
les obligations de l'état furent ppnctuel-
lement remplies; la torture abolie(1770);
de nouvelles maisons de correction et de
travail (1770 et 1772) établies à Torgau
et à Zwickau^ une maison de .refuge
pour les mendiants et les vagabonds fon-
dée k KoldiU (1 803); des h^itaux cré^;
^institut des sourds-muets de Leipzig
puissamment protégé; la gendarmerie in-
troduite en 1809; la Saaie rendue na vi-
able depuis 1790^ une commission de
jurisconsultes chargée de rédiger un
nouveau code de lois (1791); l'instruc-
tion publique mieux organisée ; des éco-
les créées pour l'instruction de l'armée;
les arts enfin et les sciencea encouragés
par le gouvernement. Et toutes ces ré-
formes utiles s'opérèrent au milieu des
guerres qui ébranlèrent l'Europe en-
tière. Malgré son amour pour la paix,
l'électeur se trouva entraîné, par des rap-
ports politiques, à prendre une part ac-
tive & la guerre de la succession de Ba-
vière (1778), comme allié de la Prusse
contre l'Autriche. Cette alliance se res-
serra encore lorsque , en 1785, il entra'
dans la ligue formée par Frédéric II pour
le maintien de l'indépendance des prin-
ces allemtnds. Fidèle à ses principes de
modération, il ne voulut point accepter,
en 1791, la couronne de Pologne, parce
que Catherine II refusait de reconnaître '
la nouvelle constitution de ce royaume.
If ne voulut point davantage entrer dans
l'alliance de l'Autriche et de la Prusse
(vay. PiLLNiTz) contre la révolution
firànçalse; il se borna à (bumir son con-
tingent comme prince de l'JSmpîre. Ce-
pendant il se laissa entraîner plus tard
par la Prusse à entrer dans la confédé-
ration que cette puissance voulait oppo-
ser à la Confédération du Rhin, et un
corps de 22,000 Saxons combattirent à
léna , sous les ordres du prince de Bo-
henlohe. Après le désastre de l'armée
prussienne, l'électeur s'empressa d'ac-
cepter la neutralité que lui offrit Napo-
léon; et quelques mois après (11 déc.
1806), il conclut à Posen lin traité qui
lui garantit l'indépendance et l'intégrité
de son territoire, lui conféra la dignité
royale, l'admit dans la Confédération du
Rhin (voy.) et fixa le contingent de la
Saxe à 22,000 hommes. L'année sui-
vante, la paix de Tikitt ajouU à ses éUts
le nouveau duché de Varsovie. La cam-
pagne de 1 809, dans laquelle les Saxons
combattirent avec les Français, accrut le
duché de Varsovie de la Galicie occiden-
tale et de Cracovie; mais la Saxe elle-
même gagna à peine quelques villages de
la Lusace, dont le roi dédaigna de pren-
dre possession. £n 1812, le sang saxon
coula de nouveau dans la campagne de
Russie , sous les drapeaux de Napoléon ;
mais après la retraite de Moscou, Frédé-
ric-Auguste crut qu'il était temps de son-
ger à ses propres intérêts et au salut de soa
royaume. Il quitta sa capitale et se retira
d'ai>ord à rlauen, puis a ^atùbonàa, «n-
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SAX
(76)
SAX
fin k PràgM, bien résolu à coDtribaer de
tous ses moyens à Texéculion des mesu*
res que croirait devoir adopter la conr
d'Autriche pour le rétablissement de la
paix, renonçant d^avance, en cas de suc-
cès, au duché de Varsovie. Mais la ba-
taille de Lutzén (2 mai 1818) ayant rendu
IVapoléon maître de tout le pays jusqu'à
PEIbe, il se vit obligé de rentrer dans son
royaume, quUl était menacé de perdre^
•t de joindre ses troupes aux troupes
françaises. Après la bauille de Leipzig,
le roi de Saxe, qui avait refusé de suivre
Napoléon, devint prisonnier des alliés,
•t ses états furent administrés par les
Rosses jttsqu*au 10 nov. 1814, puis par
les Prussiens. XJpe nombreuse arméf
saxonne passa le Bhin et prit part a la
campagne de France jusqu'à l'abdication
de Fontainebleau. Quant au sort de la
Saxe elle-même, il ne fut décidé qu'an
congrès de Vienne, qui, au mois de févr.
1815, en résolut le partage. Le roi de
Saxe, qui avait protesté avec énergie con-
tre la réunion de .ses états à la Prusse,
consentit enfin à signer, le 18 mai 1815,
la paix avec cette puissance, et à lui*aban-
donner la plus grande partie de son
royaume. Il adhéra, en outre, à l'acte de
la Confédération germanique, fournit
son contingent contre la France, après le
retour de Napoléon de l'Ue d'Elbe, et
rentra dans sa capitale le 7 juin 1815.
Dès lors le roi ne s'occupa plus qu'à ré-
parer les pertes immenses que la guerre
avait fait éprouver à la Saxe. Les efforts
de son gouvernement ne furent pas sans
succès; et le pays commençait^ ressen-
tir les fruits die salutaires' réformes, lors-
que, Frédéric- Auguste mourut, le 5 mai
1827, regretté de tooj ses sujets. Il eut
pour successeur son frère Antoine (vof.).
L'avènement au tr6oe de ce prince, déjà
âgé d^ 73 ans, ne fut pas vu sans quel-
que méfiance de la part du peuple , et
quoique rien d'essentiel n'eût été changé
d'ailleurs dans le système du gouverne-
ment, il se forma peu à peu une opposition
qui finit par éclater en révolte ouverte à
la suite de la révolution de Juillet. Le IS
sept., le roi Antoine, pour calmer l'irri-
tation populaire, consentit à associer à la
couronne son neveu Frédéric- Auguste II
(vc/.), appela au ministère M* de Lin-^
denau , et promit de donner au royauime
une constitution libérale. Cette consti-
tution fut proclamée en effet le 4 sept.
1831, et les ÉUU, élus d'après la.nou-
velle loi fondamentale, s'assemblèrent
pour la première fois le 27 janvier 1883.
Antoipe étant mort le 6 juin 1836, Fré-
déric-Auguste II resta seul souverain dé
la Saxe : son père Maximilien avait re-
noncé en sa faveur à ses droits au trône à
l'époque de la révolution. Fidèle au ser-
ment qu'il a prêté à la constitution , cet
excellent prince évite avec soin tout ce
qui semblerait y porter atteinte, et se
montre toujours empressé d'adopter les
mesures que son gouvernement, aussi
éclairé que libéral, croit propres à déve-
lopper le bien-être et la prospérité de la
Saxe^ CL, m.
SAXE (BIâubicb comte db), né à
Dresde le 19 oct. 1Q90, éuit fils naturel
d'Augustf II, roi de Pologne, électeur de
Saxe, et d'Aurore, comtesse de-Kœoigs»
mark (vojr* ces noms), d'une ancienne et
iltiutrc maison de Suède, femme douée
d'une remarquable beauté et d'un esprit
capable des grandes affaires. Élevé pour le
métier des armes , la vocation du jeune
Blaurice ne fkillit pas à l'avenir qu'on
lui destinait. Il avait à peine 1 2 ans
qu'il s'écba|ipa de la maison de sa mère
pour se rendre au siège de Litle (1708)
oik le roi son père servait comme volon-
taire. Auguste confia cet enfant au gé-
néral de êts troupes, le comte de Schu-
leobourg, qui passait pour un homme de
guerre habile. L'année suivante, il donna
de non velles^preuves de bravoure au siège
de Tournai , et surtout à Malplaquet où
il combattait dans les rangs des ennemis
de la France. Il était, en 1710, devant
Riga qu'allégeait Pierre-le-Grand. La
place prise, il se hâta de revenir en Flan-
dre chercher de nouveaux périls et les
leçons du prince Eugène. Bientôt il sui-
vit son père en Poméranie, où il se dis-
tingua à la prise de Treptow. Le roi Au-
guste lui permit alors de lever un régi-
ment de cavalerie. Le jeune comte de
Saxe conduisit contre les Suédois ce régi-
ment qui fut presque entièrement détruit
à Gadelbusch, dans une triple charge, où
ce colonel de 15 ans montra une rare
intrépidité. La campagne finie, et de
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SAS
(11)
SAX
r«rloar k Drvsde où II était occupé à
refaire son régiaieDt (1713), sa mère la
maria à la comtesse de LœbeD , jeane
fille du même âge qne lui , qu'il épousa
aans amour, et dont les grâces aimables
ne panrioreDt pas a le distraire de sa pas-
sion pour )a guerre. Il retournait en Po-
méraoiey au commencement de 1715,
accompagné de cinq officiers et de douze
faiets, lorsque surpris dans une espèce
d*suiierge du village de Crachnîlz par
une Croupe de dOO hommes, il parvint
s leur écbapper, après une audacieuse
défense qui fut célèbre en Europe. Au
siège de Stralsund où il se rencontra en
face de Charles XII, à Belgrade où il
alla retrouver le prince Eugène, partout
où il Y avait de Texpérience à gagner et
de la gloire à conquérir, le jeune Mau-
rice était toujours le premier. La guerre
finie, il trouva la discorde dans son mé-
nage, où rhumeur jalouse de la comtesse
poursuivait de reproches amers et de
plaintes sans fin l'humeur volage de son
mari. Ces ennuis , aigris encore par les
dégoûts que lui faissient éprouver, a la
cour de son père, Tînimitié d'un ministre
favori d'Auguste, le bannirent de Dresde,
•t il vint à Paris, où il se laissa séduire
par lea offres du régent qui lui proposa
le grade de maréchal-de-ca'mp.
Après avoir été a Dresde pour obtenir
le consentement de son père à ce qu'il prit
da service en France, et le consentement
de sa femme pour un divorce qu'il souhai-
tait vivement (17 20), il revint en France,
et profila des loisirs d'une paix de plu-
sieurs années pour se livrer a l'élude sé-
rieuse des mathématiques et de touies les
sciences utiles à la profonde connaissance
dumétierdelaguerre(t731-1726).Par-
mi les amitiés qu'il contracta en France,
celle de Folard (voy,) lui fut chère. Ce-
lui-ci Iravaillait alors ,è son Commen^
taire sur Pofybe^ et dès ce temps- là il
prédit ce que fui depuis l'illosire général.
En 1726, la Courlande, dont le souve-
rain n'avait pas d'héritier, et qui se voyait
menacée d'one réunion à la Pologne, vou-
lant échapper a ce péril, nomma le comte
de Saxe ducéventuel (voy.T. Vil, p. 1 49).
Maurice était appelé a cette souveraineté
par les vœux secrets d'un père, qui, roi de
Pologne , le repoussait ostensililemeot ;
il avait I^appui d'Anne loannoviUydoiist-
rière de Courlande, princesse vivement
éprise de lui, et qui devait FépeUser s*il
parvenait è se faire reconnaître. H reçut
alors 40,000 liv. de la célèbre actrice
AdrienneLecouvreur(vo/.},qui engagea,
pour aider son amant, une partie de ce
qu'elle possédait. Infidèle à toutes deux, le
comte de Saxe noua avec une fille d'hon«
nenr de la duchesse une intrigue que ré-
véla une aventure bizarre. De ce moment^
la duchesse douairière lui retira sa protec-
tfon; la politique lui suscita d'ailleurs de
redoutables concurrents : la Russie et la
Pologne lui disputaient, et se disputaient
entre elles , cette souveraineté. Maurice
lutta vainement ; de ce duché, il ne con-
serva qu'un vain titre, et la gloire d'une
action d'intrépidité qui rappela celle de
Crachnîlz. Vers ce temps, il perdit sa
mère, et revint è Paris (1729), où il se
livra, avec son ardeur accoutumée, à des
études nouvelles dont bientôt il trouva
l'occasion de faire l'application.
Son père venait de mourir; son frère
consanguin, devenu roi de Pologne et
électeur de Saxe , lui offrit le comman-
dément de ses armées ; mais Maury:e était
attaché à la France, et la France avait
déclaré la guerre à l'Empereur (1783),
liO comte de Saxe fut désigné pour servir
sous les ordres du maréchal de Berwick.
Alors commença réellement pour lui
cette carrière de gloire qui avait fait
l'ambition de toute sa vie, et dans la»
quelle nous ne pouvons ici le suivre. La
paix fut signée a Vienne , en 1786 ; dès
1784, il avait été nommé lieutenant gé*
néral. Le comte de Saxe profita de cet
instant d« repos pour renouveler quel-
ques tentatives sur la Courlande; mais
l'influencé d'Anne loannovna, devenue
impératrice de Kussie, fit élire son ftivori
Bireu {yoy,)^ lorsque le duc mourut sans
postérité (1787); Maurice, qui étudiait
toujours la guerre quand il ne pouvait
la faire, revint alors à cette étude favo-
rite, et composa, ou plutôt termina set
Rêveries (1788). Mais bientôt, à k mort
de Charles VI (1740) s'ouvre la suocea-
sion de TEmpire, et l'Europe est en ar-
mes. La France prit parti pour Télec-*
teur de Bavière contre Marie- Thérèse»
et le comte de Saxe eut un commande^
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m
rt dans la poidsaaie amée qn} BNir-
sur le Danubel C'est à lui que,
ps)
ux
^ans cette campagoe, rarmée firao^iiM sain al son saiig-Groid plus admirable.
• et jamais, dît son historié^ ton âme
ne Tut plus ferme, son jugement plos
4nt la prise de Pragoe, ainsi que celle
d'Égra Tannée soivante (1741-1742).
La première de ces villes, emportée
d'assaut et par surprise, est un des beaut
faits d'armes qui honorent notre histoire
militaire. Lui-même , dans une lettre
à Folard, en a fait le récit avec cette
simplicité qui convient aux grands hom-
mes et aux grandes choses. Durant cette
guerre, le cabinet de Versailles, voulant
susciter aux Anglais de nouveaux embar-
jras, résolut de favoriser l'invasion du
prince Edouard, et ce fut sur le comte
de Saxe qu'on jeta les yeux pour Texé-
cntion de cette difficile entreprise. Il se
rendit à Dunkerque vers la fin de 1743.
Une tempête détruisit la flotte avant de
sortir du port, et, l'expédition manquée,
le général revint à Paris. Aucojnmence-
ment de l'année suivante, la guerre de la
' succession de l'Empire se développa sur
on plus vjaste théâtre : plusieurs armées
furent mises sur pied ; Louis XY prit le
commandement de l'armée des Flandres,
et voulut que le maréchal de Saxe, car u
ven^it^d'élever Maurice à cette dignité, *
se mit k la tète de l'armée d'observation.
« Ce fut alors, dit l'historien du comte
de Saxe, historien qui avait été. témoin
avant d'être narrateur , que le maréchal
commença à se servir avantageusement
des partis d'infanterie ; il en inspira le
goût aux officiers. » Il faut lire, dans
cette histoire, le récit détaillé de cfs trois
campagnes successives (1745, 1746,
1747) oà Maurice de Saxe se plaça au
niveau des hommes de guerre les plus
oéJèbces. Nous, nous ne pouvons ici que
tracer trou mots : Fonlenoi, Rocoux,
Lavdeld. Ils suffisent à l'éloge du grand
eapitaine. Nous ne voulons ni discuter
les fautes qu'on a reprochées au vain-
queur de Fontenoi (yojr,)^ ni rechercher
l'exacte part de gloire qui lui devient ;
mais nous ne saurions oublier que le
maréchal, durant toute cette campagne,
e| surtout le jour m^me de la victoire,
était U proie d'une maladie qui pouvait
être mortels, \qui eu aurait jeté bien
d*antressnr un lit de douleur» tandis
i|iM lui éuit sur le pbamp de bataille ;
Le roi, aoos~ tes jeux duquel le maréchal
commandait, lui accorda, pour lui et
Palné de ses fik, les honneurs des per-
sonnes titrées, lui donna la jouissance du
château deChambord (voy,) avec 40, 000
livres de revenu^ enfin déjà naturaliié
par tant de victoires, selon l'exprewion
deVoltaire, le rôi le déclara Français par
des lettres-patentes dont les termes ne
sont pas moins honorables qu'étaient
glorieuses les actions qui les méritèrent.
L'admiration du peuple s'associa aux
honneurs que le roi décernait au maré-
chal. Après la campagne, qui fut termi-
née d'une manière si brillante par la
prise de Bruxelles, dessein aussi auda-
deusement conçu qu'habilement exécuté
(1745), le retour du maréchal à Paris fut
une véritable ovation.
Les batailles de Rocoux et de Lavrfeld
(voy,) avaient signalé les campagnee de
1746 et de 1747 ; la campagne de 1748
a'ouvrit aussi par une conquête, la prise de
Maesiricht; mais elle fut interrompue par
un armistice que suivit la paix signée a
Aix-la-Chapelle, le 18 octobre. Dès ce
moment, la carrière militaire du oomtia
de Saxe fut terminée. Décoré du titre de
maréchal général des camps et armées du
roi,qui rappelait la vieille dignité de con-
nétable, et que le roi lui avait donné après
la campagne de Rocoux ; il marchait alors
à la tête des maréchaux de France. Il était
encore dans la vigueur de l'âge et du gé-
nie lorsqu'une fièvre pernicieuse rem-
porta, le 30 novembre 1760.
Placé entre les grands capitaines du
siècle de Louis XIV et le héros de U
guerre de Sept- Ans, le maréchal de Saxe
brille encore, et a jeté beaucoup d'éclat
sur la France entre ces deux époques de
gloire militaire. Le roi de Prusse, qu^l
avait été visiter en 1749 , écrivait à Vol-
taire : « Je me suis instruit par ses discours
dans Tart de la^uerref ce général parait
être le professeur de tous les généraux de
l'Europe. » Humain pour ses soldats et
aussi pour les ennemis , le maréchal de
Saxe avait Camour des uns et l'estime des
autres. Peu de généraux ont su inspirer
unesi grande confiance aux troupes qu*iU
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i^Miep^ m combats; <{ik^*U fât
étranger, peu ont iqieux compriç le c«-
ractère do soldat fnmçais, mieux su tirer
p^i de son iotelligeDce, mieux ménagé
les susceptibilités de Thonneur. On se
souvient que, dans son camp, les plaisirs
frivoles se mêlaient aux ti^vaux de la
guerri^ et les refrains de la troupe de
Favart (var.) annonçaient la bataille et
cbaotaîent la victoire. Le maréchal de
Saxe était de haute taille; il avait les
jeux bleus , le regard noble et martial ;
00 sourire aimable et gracieux corrigeait
00 pea la rudesse que son teint basané
lï ses sourcils noirs et épais donnaient k
sa physionomie; son humeur naturelle-
ment fière aoanVait mal la contradictioUi
mais il revenait vite, et jamais la haine
n'approcha de son âme bienveillante.
Tels sont let traits sous lesquels le peint
son kiistorien, qui vécut longtemps près de
lui. La force physique du maréchal de
Saxe est célèbre ; on assure quMI brisait
no fer a cheval, et transformait un gros
cloa de maréchal en tirebouchon en le
tortillant entre ses doigts. Le choix qu^on
avait fait de lui pour régner sur la Gour-
lande lui laissa je ne sais quelle fantaisie
d% aouveraineté qui le tourmenta toute
aa vie ; et lorsqa*après plusieurs tenta*
tives inutiles, il vit la Courlande lui
échapper définitivement ^ il obtint du
roi de France Tlle de Tabago ; maisTAn-
gleterre et la Hollande s'opposèrent à ce
qu'il y fît un établissement. Cette manie
et' son goût excessif pour les femmes ,
fîùrent les deux faiblesses de ce caractère,
et lorsqu'on voit cette dernière passion
aller jusqu'aux violences qui furent exer-
cées contre M™* Favart {vojr.)^ empri-
sonnée par lettres de cachet, il en resta
une tache que tous les panégyristes s'ef-
foreeraient en vain d'effacer.
Dans son château de Ghambord, llao-
rion avait une existence de pripce; son
régiment de cavalerie légère y faisait la
service comme dans une place de guerre
et lui servait de garde d'honneur ; six
pièces de canon*, cbobies parmi celles
qull avait conquises sur l'ennemi, or-
naient la principale entrée du château ,
fty suspendus aux murailles, les étendards
des' armées qu'il avait vaincues étaient
A des témoignages oonstants d'une gloire
( 79 ) SAX
dont il né jouit pas asse^ longtemps. $%
religion (il était luthérien) ne permit pas
qu'op ouvrit à sa dépouille morfelle les
caveaux de Saint-Denis ou des Invalides ;
on transporta son corps a Strasbourg ,
au milieu d'une pompe funèbre qui fut
encore un long triomphe. Le ciseau 4a
Pigalle (voy.) a sculpté son oaansolée, et
Thomas lui a élevé un autre monufoent
dans réloge qui remporta le prix d'élo-
quence proposé par l'Académie- Fran-
çaise, en 1 769 (voy. aussi l'art. Blbssio).
Le grand Frédéric, dans V Histoire de
mon temps^^jugé rapidement les opéra-
tions militaires du comte de Saxe, et son
histoire a été écrite sans beaucoup de ta-
lent, mais avec une louable exactitude,
par le baron d'Espagnac {voy.)^ qui avai^
servi longtemps sous lui et avait eu toute
sa confiance (1778, 9 toI. in-13; 1776,
8 vol. in-4<», dont le dernier se compose
de plans). Le maréchal de Saxe s'fst fait
connaître lui-même dans le livre qu'il in-
titula ilf^«jR^«rr>/,l 757,5 vol.in-4*', où,
parmi des pages qui justifient assex bien
le titre, on en trouve d'autres toutes
remplies de son génie militaire. 91. A.
SAXE-ALTENBOUEO, voy. Al-
TEVBOUaO.
SAXB - COBOUR6 BT GOTHA ,
voy- KoBOUEG- Gotha.
SAXE - COBOUR6 - SAALFKLtt,
wyy. KoBOU&o- Gotha.
SAXE -GOTHA, voy. RoBoumc-
GoTHA et Gotha.
SAXE-GOTHA- ALTBNBOITRG ,
voy. Gotha, KoBonao-Gonu et Al-
TBNBOUEO.
SAXE-HILDl^JROHAUSEN, vqr.
Meihikobn.
SAXB-LAUEHBOURO, v. Laush-
Bouao.
SAXE-MBraUf GEN , voy. Msam-
GIN.
SAXE-SAALFELO, voy. Wmmmim-
GEH.
SAXE-TESCHBJH (nucn)/iHir^
Ai^^i^T etTsscHxir.
SAXE- WEIMA» - BISENACH ,
voy. WBniAm.
SAXO GEAipiWATKCIJS, épitbèta
qià signifie le SavanlL, était anasi ap|ielé
LonguSf peut-être à cau»e de la bi^ienr
da sa tailje. Il naquit d'uAa fM»ille di«^
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&klt
(80
ttttfûée ée la Séhndtf. Ce fat ï U demande
de rarchefêque de Liind {vàjr. Assalûit),
dont il était secrétaire, qn^il entreprit set
Biitùriœ Danicœ , oir? rage non osoins
enrienx qu'instructif/ où sont consignés
une foule de chants nationaux , d*aven*
tores héroïques, de contes populaires,
racontés dans un style vif, animé, plein
d*iaiage8, mais sans grande critique et
sans fucun ordre chronologique. L« con-
tenu des sagas y est souvent dénaturé.
On n^ peut lui accorder une entière con-
fiance que pour les événements contem-
porains ou très rapprochés du temps où
il vécut. Son histoire s*étend jusqu'en
1 1 SB. n mourut doyen de Rœskilde (Jut-
land)en 1 904, et non pas en 120 t^com me
quelques écrivains l'ont avancé. Son épi-
taphe, gravée sur bois, en lettres d'or, se
voit encore dans fégllse de Rœskilde.
L'Histoire de Danemark de Saxo Gram-
maticus a été publiée pour la première
fois parChristen Penderaen ou Pétri, sous
le titre : Danorum regurh heroumque
historiœ (P^ris, 1$14, 1 vol. in fol.).
Parmi les éditions postérieures; nous
mentionnerons seulement celle de Soroe
( 1644, in-fol.), à cause des notes pleines
d'érudition dont elle a été enrichie par
S.J. Stephamns, et œllede Copenhague,
(t. 1*' 1 889, io-8«), qui est due èrévèque
Mûller. On sait qae Shakspeare a em-
prunté à Saxo le sujet de sa célèbre tra-
gédie de Hamlet. Langebek a inséré Té-
loge de l'historien danois dans sesScrfp^
tores rerum Danicarum. X.
SAXONS, vox. Saxb, p. 69, et Air-
glo-Saxons.
SAlr (JBAiT'BâPTidTE), né à Lyon, le
5 janvier 1767, débuta de bonne heure
dans la carrière des lettres par sa coopé-
ration MW Courrier de Provence, de Mi-
rabeau. A l'époque d^e la révolution, it
devint secrétaire de Clavière(iK>;^.), le
ministre de la justice, et échangea ses pré-
noms contre le nom romain d'Atticos. La
Décade pkihsophiqttef politique et Ht-
téraire venait de se fonder sous l'In-
spiration de Chamfbrt et de Ginguené
(voy* ces noms). Say en fut l'un des plus
actifii rédacteurs, et y développa ses
prèltiers estais d'éèonomie politique, qui
n'étaient que le germe des grands tra-
vabx auxqweto il doit sa célébrité A cette
) SAY
époque, le nom d*Àdam Smith (vo>'.)
était peu connu en Prance; il voulul
le populariser en analysant ^ sou sya-
tème, et dans ce but, il publia le Traité
^économie politique, qui n'est qu'on*
refonte des théories d'Adam Smith.Lesac-
cès qu'obtint ce livre au commencement
du siècle attira l'attention des nations
étrangères, qui lé traduisirent et le oom-
prirentau nombre de leurs ouvrages d'en-
seignement. Après le 18 brumaire, Say
fut nommé tribun. Partageant avec la
plupart de ses collègues leurs principes
d'opposition , il partagea aussi leur dis-
grâce : comme eux, il Ait éliminé du tri-
bunat. Dès ce moment, il s'effaça pour
toujours de la scène politique et consacra
tout le reste de sa Tie à l'étude et à l'en-
seignement d'une science qui, jusquè-lè,
avait été «par trop négligée en France.
Son cours public au Conservatoire des
Arts et Métiers attira jusqu'à la fin uno
foule empressée d'applaudir aux connais-
sances et an zèle de ce savant professeur,
que personne n^vait précédé dans cetto
cbaire,créée tout exprès pour l'exposition
de ses principes. On a dit que Say n'avait
jamais rien inventé et que sa doctrine
n'était que la reproduction de celle dl'A-
dam Smith. Mais lors même qu'il n'au-
rait fait que donner une idée juste de
l'école anglaise, et inspirer à la jeunesso
le goût des études économiques, ses litres
à la reconnaissance publique seraient en-
core suffisants (î^ox* Économie politi-
que, T. IX, p. ir6}. Outre son Traité
d'économie politique, ou simple expO'^
sidon de la manière dont se forment,
se distribuent et se consomment les /r-
chesses (Paris,1808, 3 vol. in-8<>i 6* éd.,
1827), Say a publié un Catéchisme d'é^
conomiè politique (Paris, 1 8 1 5 , in- 1 2 ;
4* éd. , revue et augmentée de notes et
d'une préface, par Ch. Comte, son gen-
dre, t834, in-12); des Lettres à Mal-
thus sur différents sujets d^économie
po'itique (1820, iii-8®), réiinpr. dans les
Mélanges et correspondance d'économie
politique, ouvrage posthume publié par
Ch. Comte, avec une notice historique
sur ht vie et les ouvrages de Say (Paris,
1888, in-8^); Esquisse de Péconomie
politique moderne ^ de sa riomenclature^
de son histoire et de sa bibliographie p
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SCA
(8t)
SCA
IwÊMt dam VEneycU^Me progressive
(1826 9 ÎD-8^); eofin on Cours complet
d'économie politique (Puis ^ 1 828- 30»
6 To\. iii-8«,réîiDpr.en 2 vol. gr.io*8'*ypar
les soÎDs de M. Horace Say^son fils, Pa*
nsyl842}. On doit encore à J.-B. Say pla-
sieors productions imprimées séparément
on dans des recueils littéraires; il a de
pîos snnoté différents ouvrages d'écono-
mie polîdqae. Il est mort à Paris, le 1 6
no?. 1882.
Deux frères de J.-B. Say se sont aussi
fiut connaître par des écrits : l'aîné, Ho-
BACE Say, chef de bataillon du génie et
membre de llnstirut d'Egypte, mort à
Césarée par suite d'une amputation du
bras droit emporté au siège de Saint*
Jean d^A.cre, avait eu part à la Décade
philosophique et a ioomi un Cours de
Jfbrtificiaion au Journal de l'École pofy-
technique (1794)^ lé pi us jeune, Louis
Say, négociant à Nantes, a fait paraître
différenu ouvrages se rapportant à l'éco-
nomie politique. D. A. D.
SATANS (mowts) ou Sayaioss, voy.
Altaï et Russie, T. XX, p. 68a.
SAYN (comté de), dans la contrée de
la Prusse Rhénane et du duché de Nas-
sau connue sous le nom de Westerwald,
VOy* WiTTGEIfSTEIir.
SCLCVOLA, voy. Mucius.
SCALA (dbixâ), famille gibeline
{voy.) de Vérone (voy»)y célèbre au
moyen-âge dans les luttes intérieures de
l'Iulie.
SCALDES, vojr. Islandaises (lang.
et ait.)^ T. XV, p. 1 10 et suiv.
SCALIGER(Jules-Gésa<), un des
savants les plus célèbres du xvi^ siècle,
prétendait descendre des Scala, princes
souverains de Vérone, et avait composé
à ce &ujet tout un roman : il est aujour-
d'hui avéré que son père était un peintre
en miniature de Padoue, nommé Benoit
Bordoni. Le jeune Scaliger, né le 23
avril 1484, étudia à Padoue sous Cœlius
Rhodiginnsy et s'adonna avec succès aux
lettres, aux sciences et particulièrement
à la médecine. Choisi pour médecin par
Tévéque de la Rovère, qui l'amena avec
lui à Agen en 1525, il se fit naturaliser
sous le nom de Jules-César deLescalle de
Bordonis. En 1529, il épousa Andiette
de Roqncs-Lobejac, qui n'avait alors que
Bmeyelop. d. G. d. Af . Tome XXL
16 ans, et en eut une nombreuse fa-
mille : SI passa à Ageu le reste de ses
jours, et y mourut le 21 oct 1558. Sca-
liger était extrêmement vain, tranchant
et irritable. Comblé d'éloges hyperboli*
ques par ses contemporains, il ne se mon-
tra véritablement supérieur que comme
prosateur et comme ^ramaaairien. Il a
donné une traduction latine de V Histoire
^//inf/7x/7iu:d'Aristote,etc|n livré des //f-
somnies d'Hippocrate ; il a aussi annota
le Traité des plantes de Théopfaraste, et
celui qu'on attribue à Aristote. Mais lea
deux ouvrages-qui contribuèrent le |>lua
à sa réputation furent V^ De causis Un^
guœ latinœ libri XUl (Lyon, 1540,
in - A^) y le premier traité de grammaire
qui soit écrit dans un esprit philosophi-
que; 2» Poetiees libri FlJ(ib.y 1561,
in*fol.), où l'on trouve plus d'érudition
que de goût.
JosEPa-JusTB Scaliger, dixième fils du
précédent, célèbre surtout coQime chro-
noiogiste, naquit à Agen, le 4 août 1540.
Ses études, commencées à Bordeaux, fu-
rent continuées sous la direction de son
père. Scaliger alla ensuite à Paris, où il
consacra deux années à la lecture des
classiques girecs; il apprit également par
lui-même les langues orientales et la plu-
part des langues de l'Europe, et acquit
des connaissances générales fort étendues.
Il nedonnaitqueqaelques. heures au som*
meil et, dans l'ardeur du travail, oubliait
souvent de prendcè ses repas. Sa mémoire
était prodigieuse. En 1562, il embrassa
la religion réformée. L'année suivante,
Louis deLaRoche-Posay, qui devint am-
bassadeur de France près de la cour de
Rome,lui confia l'éducation desesenfants,
et cette position lui permit de visiter les
principaux pays de l'Europe. En 1 578,' il
enseignait la philosophie à Genève;. mais ,
il ne tarda pas à revenir se fixer au châ-
teau de la Roche-Posay, près de Tours, où
il composa la plupart de ses ouvrages. Il
céda, en 1 593, aux sollicitations des États
de Hollande, et alU occuper à Leyde la
chaire devenue vacante par la retraite de
Juste- Lipse. Une lettre à Jean Dousa,
dans laquelle il prétendit établir l'ancien-
neté de sa famille, lui suscita des attaques
qui rirritèrent vivement et auxquelles il
ne put répondre que par des injures. Il
6
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ftCà
(8Î)
SCA
noUftit peu de temps «près, le 31 jan^
tier 1609, d*uAe h}droj)i»ie de poitrine.
Joseph Scaliger était un homme vaiu,
mais d'un caractère droit et d'un com-
merce facile et agréable. Ses conversa-
tions ont donné naissance à deux recueils
intitulés Scaligerana prima et Scalige-
rana secànda. Il a commenté un grand
nombre d'anteurs anciens et donné plu-
sieurs traductions en vers latins et en vers
grecs; mais son principal titre de gloire
est d'avoir, le premier, posé les bases de
U science chronologique dans ses deux
grands ouvrages : !• Opus de emenda^
iione temporum (Paris, 1588, in-fol.;
la meilleure édition est celle.de Genève,
1639); J* Thésaurus temporum com^
piectens Eusebii Pûmphilii ckronicon
cum isagogicis chronologiœ canonibus
(Leyde, 1606,in-foL;éd. augm., Amst.,
1658, in-fol.). A. B.
SCAMA^DRE, fleuve de la Troade,
voy, TaoiR et Mts«.
SCANDALE (<ntàvîa>ov, achoppe-
ment^ mot qu'on a dérivé de tTxÔL%<ù , je
boiteV maî> ^ °*^^ ^^^^^ ^^ ^^^* '®
grec helléniste de rÉcritore sainte) , ce
qui est occasion de tomber dans l'erreur,
dans te péché; et plus souvent, occasion
de chute que l'on donne par quelque
mauvaise action, par quelque discours
corrupteur ; pub , l'indignation qu'on a
des actions et des discours de mauvais
exemple ; puis, l'éclat que fait une action
honteuse : telles sont les principales ac-
ceptiotis de ce mot reconnues par l'Aca-^
demie, et les dernières sont d'un grand
usage. Il f)iut en effet parler souvent de
ce qui se produit sans cesse. Molière dit
que le scandale est ce qui fait l'offense ,
et que ce n'est pas pécher que pécher en
silence. Cette morale est inadmissible;
mais la distance de Ift faute cachée à la
faute connue est indiquée. De fétlat seul
natt le scandale^. Une arme éét chargée
dans Tombre, c'est un fait ; on se sert de
cette arme . poui* tuer un innocent, c'est
un criifie; le scandale , c'est l'impression
produite sût te public, c'est le coupa-
ble osaht mal-cher tête levée et itnposant
(«) Cette y^rXiè n'est p»$ contredite pSr le sens
de •*nHMf«» »cmitémima9 (vo7.)j let Mtecdotes
MorttM qae pàbiie cett* chronique ne doiTtnt
leur titre de tcandaleace qa*à l'éclat qui rttnlte
de lear produetioa #a joat.
par Vaudacè à la justice des hommes. De
tout temps le scandale piqua vivement la
curiosité, et PÉvangile a de justes ana-
thèmes pour ceux qui le causent (Matth.^
XVIU, 6 ; Marc, IX, 42;Luc, XVII, 1).
Les scandales sont les épisodes les plus
curieux de l'histoire ; mais on peut ob-
server que des actes qui feraient scan-
dale à une époque n'en font point à une
autre , et réciproquement. Ainsi le ser-
vage de rbomme aU moyen-âge, les pri-
vilèges odieux de certains nobles, Tinso-
lente de certains pontifes, ont pu s'exer*
cer sans scandale; et mille abus qui vivent
en sécurité de nos jours , mille actiona
coupables que semble légitimer leur fré-
quence, eussent excité l'indignation de
nos aïeux. Voulez -vous un moyen sûr
d'apprécier la moralité d'un peuple?
Examinez ce qui est ou n'est pas pour lui
sujet de scandale. Si l'or est ce qu'il prise
le plus; si ce métal est le terme de tocu
les VŒUX, parce qu'il est la condition des
seules jouissances convoitées; s'il aplanit
tout obstacle à l'ambition ; s'il s'ouvre
accès jusque dans le sanctuaire de ta jus-
tice ; s'il éveille la turbulence des sujets,
s^l endort la vigilance des chefs, s'il al-
lume le courroux des orateurs , s'il fait
épanouir en basses ilatteries la verve des
poètes; s'il asservit les historien?, les phi-
losophes et jusqu'aux ministres des autels^
s'il pénètre dans le foyer domestique, et
que des fils vendent leurs pères, des époux
leurs femmes, des mères leurs filles, quel-
les que soient les institutions, les lois, la
religion de ce peuple, il est profondé-
ment corrompu. Le plus éclatant symp-
tôme de sa démoralisation , c'est sa cri-
minelle apathie : il, ne sait plus s'indi-
gtler. Quoi ! rien né le scandalise ! On
lui révèle une dilapidation, et il se tait;
on lui montre un prévaricateur condam-
né par les tribunaux , et il dit : Un de
pHs! On lui cite des pamphlets incen-
diaires, et il ne s'émeut point de ces ten-
tatives contre l'état! Ce sont pour lui de
simples aliments de curiosité , des nou-
velles du jour qu'effacent celles du len-
demain. Il est endurci par l'habitude :
ab assuetis non Jit passio ^ et cette in-
différence pour des actes scandaleux est
le plus grand, le plus triste , le plus in«
quiétant dea scandales, J. T-y«s.
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flCfUnUBEBEGy vqy. S&akder-
bBO.
SCâlIlHSAtE (LtTTiRA'nTB.E). On
verra plus loin ^explication du nom de
Scandinavie. Soos éelui de littérature
âckDdioareybo comprend toiis les monu-
lAâils tillénireft du Nord païen, poéti-
ques on historiques, depuis les temps lés
ptnsrecnlÀ jnsqn*à la disparition des der-
niers restes do paganisme. Cette littéra-
tore nVst pas abondante, m^h eHe ne
hàÊK pas d'avoir de rimportance/Non>
seoletnent elle nous offre une versifica-
tioD partîcalière, une mythologie qui ne
peut se comparer sans donte à la mytho-
logie gre<K]ne sous le rapport de Pinven-
titon, mais qui ne lui est guère infé-
rieure sous celui de la richesse [voy. Tart.
sniv.), et quelques monuments intéres-
sants pour rhistoire des siècles qui ont
précédé ^introduction du christianisme;
mais elle nous a conservé en outre des
ftagments précieux d'une législation dont
les traces se i^econnaissent encore aujour-
d'hui dans les lois des' Ages postérieurs.
Nous ne parlerons pas id de la litté-
rature islandaise, dont on a traité dans
un art. spécial. Ce qu*on appelle plus
p^urticulièrenkent la littérature Scandi-
nave ne date que du viii* siècle de notre
ère. Le Lombard Paul Diacre [voy.
WAaHBFRiED), qui vivait sous le règne de
Didier, et qui fut employé plus tard par
Charlemagne, publia un Dialogue entre
Wodan et Frea (Odin et Freya), puisé
dans les traditions de son peuple. Envi-
ron 800 ans après, Adam iyof,) de Brè-
me, dans son ouvrage De situ regnoruriï
septenirionaiiumf parla assez longue-
ment de la Suède encore païenne en par^
tie, du temple dTTpsal, de Thor, de Wô-
dan et de Frey, qu'il appelle Fricco. Il
nous raconte comment le culte de ces
iieax. s'est établi, quelles sont leurs at-
ti'îbations, pourquoi on léUr offre déè
sacrifices; il connaît mètùé la grande fête
des morts que les Suédoiscélébraient tous
les neuf ans. Nous retrouvons les mêmes
renseignements dans Éric Olai qui vécut
▼Ors 1440, et dans la Chronique rimée
de la Suède. Nous devons également de
curieux détails sur la mythologie du Nord
tu Danois Saxo Orammaticus (voy,)^
quoique les traditions soient fort altérées
danaMh rêilt; cependant il nous a rendu
, moins de services sous ce rapport que leâ
Islandais Sœinund-le-Sage, Ari Frodi et
Snorri Sturluson {vay.)^ dont les ou-
vrages sont d'autant plus précieux qu'ils
sont écrits dans l'ancienne langue du
Nord.
Les magnifiques restes du paganis-
me Scandinave demeurèrent inconnus a
l'Europe jusqu'au xvii* siècle. Resenius
le premier publia, en 1665, les deux £d-
da [voy,) qu'on venait de découvrir. Quel-
ques années après, Thomas Barthoiin fit
jiaraltre, dans ses trois livres à^ Antiqui-
tés danoises (Copenh., 1689} un grand
nombre de chants Scandinaves \ mais l'at-
tention fut è peine éveillée par ces pu-
blications. Ce ne fut que quand Mac-
pherson eut imprimé sous le nom d'Ossian
\voy. ces noms) un recueil de poésies
' conçues dans un tout autre esprit que les
véritables chants des peuples du Nord,
que l'on commença à étudier sérieuse-
ment et avec suite ^ principalement en .
Allemagne, la littérature Scandinave. Tou-
tefois la réputation d'Ossian éclipsa long-
temps» encore les dieux de l'Edda. La
publication des Nibelungen [voy,) par
M. Von der Hagen, et celle d*une gram-
maire et d'un vocabulaire islandais par
Rask {voy*) ouvrirent enfin une nou-
velle époque caractérisée par le com-
mentaire de l'Edda, de Finn Magnusen :
les recherches sur les Sagas, de Érasme
Mûller, et les recherches sur les rjiues
{yoy,)^ de Nyerup. CL.
SCÂNDINATfi (mttholooix). La
mythologie des anciens Scandinaves et
Uûndais offre des analogies frappantes
avec celle des Germains. Les idées qu'ils
se faisaient du mpnde avaient leur type
dans Forganisme humain et dans les phé-
nomènes de l'exbtence. Ils prêtaient à la
terre une espèce de vie animale. Ils re-
gardaient comme ayant existé de tout^
éternité la chaleur, fe froid et l['eau,et à la
place qu'occupent le ciel, la terre et la
mer, il y avait, sefon eux, un abîme ou-
vert. Au midi se trouvait le monde lu-
mineux et brûlant de l^ouspell ; au nord,
le monde brumeux et glacé de Niflbeim
(région des brouillards), dont plusieurs
âges avaient précédé la création. C'était
là pour eux un monde primordial. La
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SCA (84
création {proprement dite oommenoe à la
formation delà mer, de la terre et du'ciel.
La cosmogonie des ScandinaTes^ainsî que
Thistoire de la naissance du géant Tmir
et des différentes générations de Hrim-
thoursen, est très compliquée : il serait
trop long d'en exposer ici tout le détail.
On se i^résentait aussi la terre et le
ciel comme un arbre sous lequel s'étend
la mer. L'eau était regardée comme l'été-
. ment primitif, et l'on croyait que la terre
était sortie de la mer. Les ténèbres avaient
précédé la lumière, opinion qui était
aussi celle des anciens Germains. Le
géant Narfi, qui habitait le lotounheim,
espèce de paradis ou de patrie primitive,
eut une fille, nommée Nott (la Nuit).
Elle était noire et brune comme ses an-
cêtres, et épousa successivement Naglfari,
dont. elle eut Audour, Anar et Dellin-
gour (le Crépuscule). Avec ce dernier,
qui était de la race des Ases, ou anciens
dieux établis au centre du monde, dans
l'Asgard, eVIe donna naissance à Dagour
(le Jour) , aussi beau que son père. Le
Père de l'univers prit la Nuit et le Jour
son fils, leur donna deux chevaux et deux
chars et leur ordonna de parcourir le
ciel et dé faire le tour de la terre en 24
heures.
Les Ases, dont le principal est Odin
{voT' ces mots), sont fils de Bor, issu lui-
même des Hrimthoursen. La mythologie
des Germains ne met pas ses dieux en
dehors du monde; elle n'en fait pas des
êtres étemels et tout- puissants, et elle
n'a pas à expliquer par conséquent pour-
quoi des dieux tout bons ne rendent pas
les hommes parfaitement heureux. Les
Ases sont des êtres bienfaisants, bienveil-
lants [Regin\ opposés aux dieux géants
ou dieux méchants. Tmir et ses fils sont
mauvais; les fib de Bor sont bons. Cette
opposition est exprimée par la différence
de leur origine : Ymir naît de la glace
formée par la source empoisonnée de
Hvergelmir (ancienne source); Bouri,
père de Bor, de la pierre de sel. Tout ce
qui fait souffrir Thomme, le froid, les
ténèbres, la tempête, Touragan, etc., était
représenté sous l'aspect d'un géant; tan-
dis que tout ce qui le charme ou lui pro*
cure des jouissances, la lumière du soleil,
la fertilité, etc., venait des Ases. Mais
)
SCA
comme les éléments utiles è llmune f^eu*
vent lui devenir nuisibles en certaines
circonstances, il fallut admettre une lutte
continuelle des géants et des Ases. Les
Ases passent les premières années de leur
vie de la manière la plus heureuse; ils
jouent gatment aux dés, et ne manquent
jamais d'argent, jusqu'à l'arrivée de trois
Thourses qui viennent les trouver du lo-
tounheim. Ces trois Thourses sont ou les
trois principales Nornes (vo/.), qui leur
annoncent que le sort les condamne à
mourir (car les géants étaient plus ex->
perts en magie que les Ases) , ou plutôt
trois filles de géants qui enlèvent aux
dieux les merveilleuses tables d'or. Quoi
qu'il en soit, à compter de ce moment^
les Ases manqneni d'or, et ils cherchent
à en préparer au moyen du feu. Cet art
magique, contre leur volonté, est com-
muniqué aux hommes. Odin irrité fond
sur le peuple : de là la première guerre.^
Les "Wanes (Fanir) renversent les murs
d'Asgard ouAsabiorg (forteresse des Ases);
cependant la paix se rétablit aprèi un*
lutte acharnée. tJne nouvelle guerre s'é-
lève avec les géants qui veulent s'empa-
rer des pommes de Freya et d'Idoun que
possédaient les Ases et qui avaient la pro-
priété de rajeunir.
L'exploit des Wanes eut des résultats
importants. Les Ases promettent Freya à
un géant qui s'engage à rendre Asabiorg
inexpugnable. Il y réussit en eiîet par les
conseils de Loki, et les Ases sont en grand
danger de devoir tenir leur promesse ;
mais Loki, par ses ruses, parvient à Tem-
pêcher de terminer son ouvrage au temps
convenu. Loki, ou le feu, joiie un des plut
grands rôles dans la mythologie du Nord,
et cela se conçoit dans ces contrées sep-
tentrionales, où le feu est si nécessaire.
Biais en même temps cet élément perfide
est la cause des plus terribles malheurs.
Aussi TAse Loki, quoique beau comme
tous ses frères, est un être sournois qui
jette les dieux dans les plus pénibles per-
plexités d'où il les tire cependant le plus
souvent quand les Ases emploient à son
égard la contrainte. Ayant mangé le cœur
à moitié consumé d'one méchante femme,
il devint astucieux, et procréa dans lelo*
tounheim, avec la géante Angourbodi,
des monstreseffroyabies, le loup Fenrir, le
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SCA
(&5)
SCA
feq>ent lormoangaDdoor et d'autres êtres
maifaîsaots. Comme lesdieaz savaient par
«ii« prédictîoD que ces rejetons d'un mé'
thknt père et d'une méchante mère leur
causeraient beaucoup de mal, Odin les fit
appeler. Leserpenlfut jeté dans la mer pro-
fonde (Océan); it entoure de ses anneaux
toute la terre. Hel, ^ant hideux, moitié
hlèu,moîtié couleur de chair, fut précipité
dans le Niflheim et reçut la domination
sur neuf mondes (neuf divisions du mon-
de inférieur ou de l'enfer). Tous les hom-
nés morts de vieillesse ou de maladie
deviennent sa proie. Sa demeure s'appelle
Élvidnir (construit de glace). Quelle dif-
férence* awec le Walholl ou Walhalla
(vox.) oOi sont i%çus les guerriers morts
en combattant! Les dieux gardèrent au-
près d'eux le loup; mais effrayés de la
taille prodigieuse qu'il acquit et des pré-
dictions qui leur annonçaient qu'il ferait
leur malheur, ils résolurent de renchai-
ner. Ils n'y réussirent qu'à la troisième
tentative et au moyen d'une chaîne ma-
gique forgée par 1^ nains appelés Âlfes
(voy. EiiVBs), personnification des forces
mystérieuses de la nature, qui jouent un
grand rôle dans^ cette mythologie. Tyr,
le pins intrépide des Ases, eut seul le cou-
rage de lui donner sa nourriture, et pour
Ini montrer de la confiance, il lui mit sa
main dans la gueule, mais Fenrir la dé-
vora. Les dieux l'enchaînèrent alors à un
rocher et lui enfoncèrent un glaive dans
sa gueale béante, d'où il s'échappa un
torrent.
De niauvaii rêves annoncent la mort
deBalldour. En vain Frigg,8a mère, veut
sauver ce bon génie : il est écrasé, et ce
fut une perte irréparable pour les dieux
et les hommes. Il est vraisemblable que
Balldonr est le soleil d'été jusqu'au sol-
stice; car Wali,qui n'est.àgé que d'une
nuit, venge la mort de son frère sur son
BMurtrier. L'épouse deBalldour, Nanna,
mourut de douleur. LeCirs deux corps
furent brûlés ensemble, etBalldour tom-
ba au pouvoir de Hel, à qui les dieux
envoyèrent Hermoden pour le prier de
le délivrer. Hel y consentit pourvu que
tout Taniver^ pleurât Balldour. La géan»
te Tok (méchanceté) seule refusa de le
pleurer, et Balldour resta dans l'empire
de Uel.. Cette Tok n'est autre chose
que Loki sous une forme de femme.
Aufeslin dlJgir, Loki injuria les dieux;
mais cette fois son châtiment fut terrible,
n fut saisi et garrotté avec les intestins
de son filsKari. Skadi lui attache un ser-
pent venimeux sur le visage. Sa femme
Sigyn reçoit le venin dans un baquet, et
lorsqu'elle s'éloigne pour le vider, le poi-
son lui dégoutte sur la face. Alors il se
retourne, et son mouvement cause un
tremblement de terre. Les dieux l'ont
donc vaincu, c'est-à-dire qu'ils ont ren-
fermé dans la terre les feux souterrains
qui s'en échappaient; mais la méchan-
ceté de Loki leur a coûté Balldour, et le
monde a besoin d'être rajeuni. Après trois
années de guerre civile, pendant les*
quelles régnent le meurtre et l'impureté,
Faction de la chaleur solaire est détruite
par trois épouvantables hivers. Mais com-
me le monde ne s'est pas formé de lui-
même, il ne périra pas non plus par lui-
même. C'est au monde méridional qu'il
doit sa naissance : c'est donc du monde
méridional que viendra Sourtour avec la
flamme dévastatrice; Loki gouvernera
l'esquif des fils de Mous pell; leloUp Fenrir
rompra ses liens. Bifrost, le pont des dieux
ou l'aro-en-ciel, dont les feux (couleurs)
défendent aux géants l'entrée. du ciel,
s'écroule. Les dieux et lesEinheriar sou-
tiennent un grand combat contre les géants
et les fils de MouspelI.Lesoleiletla lune
sont dévorés par deux loups«^La terre re-
tombe dans la mer. L'arbre du monde s'en-
flamme , et les dieux sont consumés par
les flammes de Sourtour. En dépouillant
ce mythe de ses images, nous trouvons
l'idée suivante : le monde, ou le ciel et
la terre, qui doit son exbtence à l'action
de la chaleur sur l'eau, périra par un
tremblement de terre et par le feu; ce^
pendant il ne sera pas détruit entière-
ment, il sera seulement régénéré. Les
Ases s'assemblent de nouveau sur l'Ida-
vollour, et retrouvent les merveilleuses
tables d'or. Balldour et Hodour habitent
le palais d'Odin. Modi (courage) et Ma-
gni (force) sont armés de la foudre, et
remplacent Thor, de même que Balldour
remplace Odin. Avant d'être dévoré par
.le loup, le soleil a eu une fille. La terre
remonte du fond des mers. Les champs
donnent des fruits sans culture. Cestdonc
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jBCA
(8«
an iiiofid« meilleur; cependant Icnion
n^est pas détruite; ellecoDcIfiit ménfte à fine
plus triste existence^ c*e8t-à-dire que de
la demeure de Hel op s'eofonpe plus pro-
fondément danslelfiflbeim. Les hommes
vertueux revivent leur récompense dans
leGimli Çpimmel) ou troisième ciel. Les
assassins , les parjures et les séducteurs
de iemo^es é^angères subissent lei|r châ-
timent dans le Nastrond (plage des pa-
davres), contrée perdue dans )e nof d |oin
du soleil. La nouyelle terre ne reste pas
sans habitants. Pendant ces temps ef-
froyables, en effet, Lif (vie) et Lifthrasir
(force vitale) se tiennent cachés dan^ le
bois de Hoddmimir, senourrissan^ de la
rosée. Ils donnent le jour à une nouTelle
i^ce d^hommes, quî^ par conséquent
tirent comme les premiers leur origine
de deux arbres. H ne parait pas que leg
demeures des dieux aient été détruites^
puisque Hodour et Balldour habitent le
palais d'Odin, et que les Ases s'établissent
de nouveau dans lldavoUour (chaqap des
affaires). Ces demeures sont au nombre
de douze. Le Throudheim (monde de la
force)| quoique le premier en rang, n'est
pas compté ; car ce n'est point une de-
meure céleste, il est trop près de la terre :
c'^st là qu*habite Thor, le dieu du ton-
nerre. Ainsi la 1^^ demeure céleste est
VT-dalir (vi^llée de l'humidité, ou aussi
de la flèche), où habite Oullour (le lai-
neux), fils de Sif, beau-fils de Thor,
l'excellent archer, le patineur, qu'on in-
voque dans les c|uéls et par l'anneau du*
quel on jure. ^ 3^ est VAffheim (mon-
^e de^ EIffs). hi^bité par F^eyr (le «e-
çieurj, fils d<^ Niord, qui règne sur la
pluie et le b^ait temps, et la fécondité de
la terre, qu'on invoque pour obtenir la
p^ix qu une année fertile, à qui est con-
sacré le sanglier par les soies duquel on
jure, et qui montait lui-même un san-
glier à soies d'or. La 8*, le Fala-Skialf
(tour de Wali), au toit d'or, où habite
nali, fils d'Odin çt de Rind, guerrier
audacieux et tireur adroit, tians là 4% la
Saucqua" Bec/tour (ruisseau de profon-
deur), autour de laquelle bruissent des
eaux froides, où Odin et Ssga (l'histoire)
vont chaque jour se désaltérer. La S^, le
Glads^Beimour (monde de la joie), est le
Walhalla étincelaot d'or. La 6% le Thry^
Heimour{mutkà% dessoiipirs), es| htbiléli
psr le géant Tfaiassi, et le sera, après st
mort, par sa fille Skadi, la déesse des pas^
teurs et de la chasse. Dans la 7% le Breid^
Blik (brillant au loin), habite Balldouv, !•
meilleur des dieux, celui que tous louent,
si beau de forme qu'il resplendit» 1« plus
sage et le plus éloquent des Ases. La 8%
le Himin'Biorg(^9M céleste), aux ex^
trémités du ciel, près du Bifrost, le ptmrt
des dieux (aro-en-ciel), sert de demem
à ^eîmdall, le sage Ase, le gardien dm
dieuxt dont le cor Giallar retentit k Un**
Yers tous les mondes, qui n'a pas besoin
de plus de sonméil qu'un oisean, dmit
l'osil vmt aussi iUsUnolement la nnii qnn
\^ jour, qui entend l'Ifsrbe et la laine
croître : il est fils de neuf sesnrs al le syn*
bole d'un phénomène aélesUe, vraisem*-
blablement de l'aube matinale qui pré-
cède l'aurore. La 9*, le Foiimpomgr
(champ des combattants)) sert d'Mii*-
tation à Freya (î>of •)) qui partage aiFec
Odin les guerriers restés sur le chansp
d'honneur, la même originairement ifne
Frigg, épouse d'Odin ou la tef re« Il est ben
d'invoquer cette déesse dans les af&irea
d'amour. Elle aime anssi le chant. Son
épout est Oddour (inûtatîon d'Odin). Il
voyagea ; Freya pleura son absence et se
mit a sa recherche parmi des peuples in-
connus. Voilé ponrqvh^ elle a un grand
nombre de noms. Pans la 10^, le Glitmr
(le brillant), orné de colonnes dforeteen-
vert d'un toit d'argent, habKe Forseli
(qui préside), lequel sccommode t<»Qtes
les querelles, divinité adorée aussi à Hel-
goland, d'où était venu à cette Ile le non
de Forselesland. La 11^, le Noa-Km
(cour neuve), est la demeure de Niord,
qui n'est pas de la race des Ases, mais de
celle des Wanes qui l'ont donné en otage.
Un grand nombre d'autels et de templea
lui étaient consacrés néanmoins. Il apaise
la mer et le feu : anssi éteil-il invoqné
psr les marins et les pécheurs. Il dolMse
à ceux qui Ini font des vœux des do-
maines et d^s trésors , avec Skadi, pève
de Freyr el de Freya* Enfin, dans la is«
demeure céleste, le Landvidi (élendne de
pays) oonyert de hantes herbes^ habile
Widar, le dieu silencieux, le dieu le pina
fort après Thor, qui venge Odin son père
en Mnuat le lonf Fencir, el qui, après
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remkNraaiemeiit des dîeqiy.Mi relire «vec
aon frère W«li sur Tldavollour.
Nous avons parié d'Odin et de Thor;
UQ article spécial a d'aiUeora été coDs^cré
au premier : aoos n'avoqs donc plua qu'à
i^uler qvelqaea aiott sur certains 4*^
masiailins {dcsir) et féminins (Asynior)
dont il n'a point enoore été question.
lie mot A$ on Ans signifie dieu, et les
dieux sont appelés, ainsi par opposition
aux géanta, aux nains, aux Wanes et aux
hoounes. Bans les Sa|^(w>x.) d'une épo-
que postérieur^ où les mythes divins sont
pris iiistpriquement et les dieux changés
en hoa^ioety les Asesiont un peuple asia-
tique, ainsi qu'ils put été présentés dans
le petit iur(. dont ils sont Tohjet dans cet
ouvrage I^ Aieadescpndent d*Odin etde
Frigg, Celte dernière dérne sait lire dans
revenir ; «nais elle ne rétèle pas ce qu'elle
sait, elle ne rend point d'oracks* Apiès
Frigg el Freya, la principale divinité est
Iduna o« Idonn, la gardienne des pommas
qui donnent aux dieux une jeunesse éter-
nelle. Son époux 9 Braghi, est célèbre
par sa sagesse et son éloquence ; il est,
en outre, un maître en. poésie, laquelle
est appelée de son nom, brafoair. Lor»-
%u'on entrait en possession d*un héritage
ou qu' on faisait vqhu d'accomplir quélqna
haut £ut, on vidait le bragafull (corne
pleine de Braghi). Tyr (di^) était anssi
un Ase plein de sagessf ; aussi un proverbe
disait41 : êagccomme Tyr; ilétaitenméme
temps le plus hardi des dieux et faisait
pencher la victoire danales batailles. Les
braves lui faisaient dpnc des.voBui. Cyr
(contentement ou ménagement) est le
meilleur médecin. Gefion est une vierge,
servie par toutes les filles mortes vierges.
XJee autre Gefion , aidée de ses fils, en-
leva au roi de Suède Ghylfi une poi^tion
de pon territoire, dont elle forma l'Ile de
Selouod (Seeland). Fulla ou Fylla (plé-
nitude), jeune fille aux cheveux flottants
et le front ceint d^ un bandeau d'or, porte
la cassette de Frigg, et connaît , comme
oette dernière, les résolutions secrètes.
Hooss, fille de Freya et d'Oddoûr, est si
\iitz que l'on appelle de son nom hnos^
i^. toutes les choses nemarquables par'
leur beautéf elle a pour scsur Ghersemi
(h^ott). Siofo est la dée««e de l'amour :
anHÂ l'amanl a'a|^^l»4^U $iafnL lioCn
( «7 ) SCA
(amour) est si douce et si bonne pour eeus
qui l'invoquent, qu'elle obtient du Père
universel ou de Freya la permission d'a-
nir par le mariage des hommes et des
femmes qui ne l'auraient pu auparavant.
War puWor (la cireonspeotion) écoute les
serments des hommes, préside aux con*
trais entre hommes el femmes, et punit
ceux qui violent leurs engaftments ; elle
connaît l'avenir, et rien ne peut lui être
caché. Syn (le refuf) garde les portes et
les ferqie à ceux qui n'ont pas le droit
d'y entrer; elle assiste aux jugements et
veille è l'administration de k juslice.
Hlin (qui chauffe) est préposée à la pro-
tection des homflMS cpM Frigg veut dé-
fendre contre les dangers^ Gna est la mes-
sagère de Frigg; elle parcourt les airs et
la mer sur son cheval Hofwarpnir ( qui
lance des étinoalles de sessabôu). Snotra
(l'éléfuile) est pleine de prudenoe.et d'^
légancè : aussi appelle~t-on snotourcéuiL
qui «ml des manières agréables et polies.
On .voit que plusieurs de ces Ases femelles
ne sont que des personnifications de sen«
timenli moraux, et qu'elles n'ont rien de
commun avec les idées fondamentales de
la mythologie, idées qni se résument en
quatre moU s naissance, vie de lutte, mort
f I renaisiaaca» .
Baae k partie hénriSque de cette my»
thologie, les HelgUéedetf qui ont été
traduits en alkmand par M. Wachtar et
insérés dans le Forum de la criiiqme Ac#-
tarique (Altenb., 1827-80, S vol.), pré-
sentent ces quatre idées fondamentales en
des individus qui vivent, meurent et re-
naissent, mais sous -une forme humaine.
Dans les Niflungenlieder^ Loki enlève au
nain Andwari tout son or et l'anneau au
moyen duquel on peut produire à volonté
de ce métaL Dans VYnglingorSagaj un
collier maudit par une magicienne, etdana
k HervaroTtSaga^ une épée chargée de
malédictions par un mourant, tuent tous
ceux qui les portent. La vengeance héré-
diuire du sang joue aussi nn grand réie
dans les légendes des Scandinaves, de mê-
me que dans leur histoire; mais il ne faut
pas en conclure que tous, kurs mythes
soient des faits historiques, comme l'ont
fisit Saxo Gralnmatieus, Snorri Sturluson,
et surfout l'historieB Suhm. Le seul mode
d'iptcipréution applicable aux mythes de
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se A
(88)
SCA
la mythologie du Nord est l'taterprétatioo
symbolico-natûrelle ou pjiilosopliico-na-
turelle; mais il est facile de s'égarer en
suivant ceitç route. Ainsi Trautvetter ac-
corde aux anciens Normands des connais-
sances en. chimie aussi avancées que les
nôtres. D*aatres, comme Finn Magnnsen,
veulent tout expliquer d'une manière
symbolico-naturelle , tandis qu'il entre
évidemment des éléments éthiques dans
la mythologie Scandinave, et que beau-
coup de choses ne sont que des ome^
ments ajoutés par des mythographesd'nn
âge postérieur. U n'est pas possible non
plus d'interpréter les symboles jusque
dans leurs moindres- détails : ce serait
peine perdue, par exemple, que dediscn*
ter si telle demeure céleste représente
tel ou tel mois, tel ou tel signe du zo-
diaque; on peut dire seulement que les
douze demeures du ciel désignent les dou-
ze mois ou les douze signes.
La mythologie du Nord n'a pas beau-
coup i aspiré les artistes, et cela se com-
prend, puisqu'elle est plus l'œuyre de
Fesprit que de l!imagination. ,Cepenc|jint
nulle autre mythologie n'unit à un égal
degré l'aimable au terrible^ Aussi les poè-
tes ont* ils apprécié depuis longtemps les
précieuses ressources qu'elle leur offrait;
mais on doit reconnaître que tontes les
tentatives qu'ils ont faites jusqu'ici pour
ae les approprier, n'ont guère été <y>n-
ronnées de succès.
Les principales sources de cette mytho-
logie sont les deux Edda ( voy») , le
Landmwiabok, la Heimskringla et d'au-
tres sagas, dont il a été parlé à l'art, de la
littératui^e islandaise. Voir Muller, Bi-
hliothèque des Sagas (Gopeoh., 1817-
18 1 9, 3 vol.) ; Suhr, Des croyances, des
connaissances et de la poésie des an"
ciens Scandinaves (Cop., 1815); Nierup,
Lexique des mythes Scandinaves (Cop.,
1816); Katterfeld , Sur la doctrine des
^^^^(Rudolst. ,1819); Mone^ Histoire du
paganisme dans le nord de P Europe
(Heidelb.,1822-23, 2 vol.); Berger, iR^-
thologieduNord(\%Z4^^*éà^\ Legis,
Mines du Nord (Leipz., 1829, 2 vol,);
Finn Magnusen, EddiUaeren og dens
oprindelse (Cop., 1824-26, 4 vol.), et
Lcxicon mytkologicon (Cop. , 1828 ,
in-4o). eu m.
SCANDINAVIE. On xsompread an^
jourd^hui sous cett^ dénomination les
trois royaumes du Danemark, de la Nor-
vège et de. la Suède {voy. ces noms). Les
anciens, au contraire, ainsi que nous
l'apprennent Mêla, Pline, Solin et Piolé-
inée, n'entendaient pèrSeandia on Scan-
dinaçia que la péninsule de la Suède et
de laNorvège,qu'ils considéraient comme
une Ile. Selon Pline, on appliquait aussi
la dénomination deScandia à une lie d'an
archipel formé par les tiesde Damna, de
Bergi et de Nerigen ou Norvège, la plos
considérable du groupe, d'où l'on st ren-
dait a Xhnlé. PtoléméedésigMégaleMent
sons le nom de Scandia on groupe de qua-
tre Jttes,dont la plos grande le portaicplaa
particulièrenMat. Le» antears qœ nn<as
venons de oiterf et d'autres historiens de
l'antiquité distinguent la Scandinavie de
Thulé; mais Procope les confond, et ap-
. pelle Scandinaves les Thuliens. Parmi les
six peuples inentionnés par Ptolémée
comme habitant l'Ue de Sicandia, noas
trouvons les Danciones et les Gutœ^ dans
lesquels il est &cile de reconnaître les
Danois ei les Goths. Tacite cite déjà les
Sveones ou les Suédois dans l'aooeption
là plus restreintjB. Joniandès, qui, lui.
aussi, regarde la Scandinavie oommeone
Ile, compte au nonbi^ de ses habitants
les Dani et les St^ethanij qu'il appelle
ailleurs Svethii^, Il peint les Finnois
{voy,)^ que connaissait aussi Ptolémée,
comme la moins farouche de toutes oe&
peuplades. Avant l'arrivée des Germains,
toute la Scandinavie proprement dite
était vraisemblablement habitée par les
Finnois, sous le nom de Iptes, ou sous
un autre quelconque. Les trois invasions
des peuples germains, et nommément
celle des Ases, remontent aux temps my-
thiques. Trois tribus s'établirent dans la
Scandinavie propre : lesNormanseo Nor-
vège^ les Sviar où Suédois dans la Suède
orientale, et les Gantar ou Goths dans^ la
partie occidentale. Les Danois, mention-
nés par Ptolémée sous le nom de Pkaro^
dani , prirent possession ^e la Scanie;
Procope les appelle Daces, et dît que l'on
s'embarquait chez eux poar Thulé ou la
Scandinavie. Grégoire de Tours, en 51 6,
parle des ravagés des pirates danois sar
les côtes de France. Veoantiiis Fortuaa-
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SGA ( 89 }
tut nous apprend qu'Hs a^âlKirenl aux
SaïoDs centre Je roi des Francs Sige-
bert I^'y et noos les retrooTont ptns tard
combattantayec eni contré Charielnagne.
Depuis cettoépoqne , Ils se montrèrent en-
neoils des Francs et ravagèrent plnsiaors
ioM Jes côtes lia la FHse et de la France.
Us deifinrenc bien plus redoutables en-
oore lorsque Harald aux beaox Cbeveax
m»t réuni tonte la Norrège sous son scep-
tre. Les chefs q«i ne Toolnrent pas se
saumeltre à lui, portèrent lears brigan-
dages depuis l'Elbe josqn^ Espagne, en
ÂBglcterrey en Ecosse, en Irlande, oè ils
fonéèreat 'um royaame , en Bretagne^dont
ils conquirent une partie; en Normandie,
ou ila se fixèrent et d'où ih allèrent en
Italie établir le rbyaume de Naples. Les
Francs nonaoïent ces aveotnriers Nor»
iingms et les Jnllandais Ostmans. An
■ord et à Fouest , ils portèrent leurs ar-
■Ms jusqu'à la Biarmie. Sous le nom de
Yarèghes, ils fondèrent des royaumes en
Rnssieet formèrent une garde fidèle aux
«■ipereurs de Gonstantinople. Ils pa«
ntrent à phisieors reprises aussi sur 1^
bords de la Baltique, en Estbonie, en
lironioi enCoùrlande ; et un grand nom-
bre de paya encore déserts, comme c^inî
des lauies, cet ni de Helsing, les Orcades,
les Hébrides, les Iles Faroêr et l'Islande,
reçurent d'eux leurs premieps habitants.
Après plusienrs tentatlTes infiructueuses
des missionnaires francs et saxons, les Al-
lemands forcèrent enfin les Danois i em-
brasser le christianisme, et Olaf Trygg-
vasoo brisa les idoles de la Norvège.
L'Islande , dlsmier refuge du paganisme
scandinsTe, ne urda pas à se convertir
égaleoDent» C ju.
8CAN1B, en suédois Skîene,en alle-
mand Schonefiy la plus belle partie de la
Suède , dans le Gothiand. Foy. ce mot.
SCAPIN, valet intrigant et fripon qui,
de Pancien théâtre italien , fut importé
en France, où Molière en fit un type
dsns une comédie bien connue. Le cos-
tume appartenant è ce râle est la livrée
avec le manteau court : Scapin est d'ail-
leurs coiffé d'eue toque et porte une da-
gue à son côté.
SCAP^LAIRE, du latin scapuia^
umop|ate,estlenomc|uel'onc|onneaona I desespetitsaccèsdecolèreenfantine. Plut
SCA
certaine partie du vêtement de quelques
ordres religieux, et qui consiste en deux
bandes d'étoffe descendant depuis les
épaules jusqu'en bas, tant paiwlevant que
parr derrière. Le scapulàire le plus com»
mun est formé de deux petits morceaux
d*étoffe bénite, qui sont joints ensemble,
et qu'on porte sur la poitrine à l'aide
d'un rubain passé autour du cou. Dans
Porigine, le scapulàire parait avoir eu
pour but de rendre les fardeaux moins
lourds aux religieux, pendant leurs heu*
res de travail ; mais pour ce vêtement,
consacré comme la plupart dés autres qui
concernent le culte, la légei^de s'est char-
gée d'expliquer le premier emploi qui en
fut fait. On rapporte que la Vierge offrit
elle-même le scapulàire à Simon Stock,
Itérai des carmeè, en loi promettant sa
protection spéciale pour tous les gêna
pieux qui, le portant, garderaient la vir-
ginité, la continence ou la chasteté con-
jugale, selon leur état, et réciteraient le
petit office de Notre-Dame. Le scapu-
làire, adopté par plusieurs communautés,
eut à subir diverses variations dans sa
forme. S. Benoit l'ayant imposé dans sa
règle , ses religieux l'ont toujours con-
servé. D.A. D.
S€ARABÉB, mot de là même ori-
gine latine que escarbot , voy, Goléop-
Tiass et aussi Gltptiquk.
SCARAMODCHB, personnage de la
comédie italienne, dont le nom, scara~
muceio ou scaramugio , signiBe escar^
mouche. Les lèvr^ ornées d'épaisses
moustaches, tout habillé de noir , à la fois
fanfaron et lâche, Scaramouche faisait
consister une partie de^on rêle en contor-
sions et en grimaces, et finissait toujours
par être battu. On assure que ce personna-
ge, d'origine espagnole , existait déjà dans
I» troupe que Charles- Quint emmena en
Italie, où il ne tarda pt^s à se naturaliser.
Parmi les actenrs qui furent appelés pour
la première fois de ce pays à Paris, en
1640 , il y avait un Scaramouche, dont
le vrai nom était Fiurelli , né à Naples
en 1608, et qui a attaché une espèce
de célébrité à ce personnage. Il était re-
çu à la cour, faveur due, dit-on , au sin-
gulier bonheur qu'il eut de faire rire le
«iauphin, fils de LouisXni,au milieu d'un
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$CÀ (dO
tard, Loob XIV le priten affection, et il
Joua plusieurs fois devant le roi jusqu'à sa
retraite, arrivée en 1 69 1 . Il avait alors 8 3
ansy et ne mourut qu'en 1696. Du théâtre
italien, le Scaramouche passa à la Foire,
où il s*est maintenu dans ce rôle jusqu'à
h dispersion de la troupe italienne» en
1780. D. A. D.
SCARIFICATION/ opération chi-
rurgicale qui consiste en plusieurs Inci-
sions faites à la peau avec une lancette on
un bistouri. Autrefois, on employait à cet
usage une espèce de botte, dans laquelle
étaient renfermées dix ou douze pointes
de lancettes qui en sortaient par la détente
d*un ressort, en faisant autant de scari-
fications à la peau. Les scarifications très
si^perficielles sont nommées mouchetu^
re j. Foy, Yevtovsbs, Z.
SCARLATINE, voy. Exanthèmes.
SCARLATTI. Trob musiciens dis-
tingués ont porté ce nom. Le premier,
AxEXANDax Scarlatti, est un des compo-
siteurs les plus célèbres, surtout pour la
musique d'église. Pïé à Naples, en 1650,
il voyagea en Italie et en Allemagne, éeri-
Tît, pour les théâtres de Rome, de Vienne
et de Munich, plusieurs opéras qui obtin-
rent beaucoup de succès. La principessa
fidèle passait pour son chef-d'œuvre dans
ce genre. A. Scarlatti fut l'auteur d'une
heureuse révolution dans la musique (vo/.
ce root, T. XVIU, p. 307), qu]il débar-
rassa de tous ces ornements qui éblouis-
saient les yeux sans parler à l'âme. Il
mourut en 1725. On a de lui jusqu'à 400
messes et une foule de motets. — Domi-
nique Scarlatti, son fils, né en 1683, fut
le premier harpiste de son temps. U se
fixa en Espagne^ ef mourut à Madrid, en
1757, maître de musique de la reine. —
Joseph Scarlatti^ fils du précédent, et der-
nier rejeton de celte famille, naquit à
Naples, en 1718. Compositeur distingué,
il fut aussi un habile maître de clavecin.
Il mourut à Vienne, en 1776. On a des
trois Scarlatti un grand nombre de com-
positions musicales, dont la majeure par-
tie e$l restée inédite et se trouve au con-
servatoire de Naples. X.
SCARPA (Antoike), chirurgien et
anatomiste célèbre, né le 18 juin 1747,
à la Motte, petite ville du Frioul, ob-
tint, jeune encore , la chaire de clinique
) SCA
et d'opérttions chinurgicâleaà IVuniTtoii^
de Pavie; mais ayant refusé le semiMK
iors de l'établissement de U répvbliqiat
cisalpipe, il perdit sa place que Napoléon
lui rendit en 1805. Il fut nommé pl«f
tard directeur delafaonltédonédMiM, «l
mourut, le 8 1 oct. 1 882, membre de i'Io*
stitut royal des sciences, beUea4ettres et
arts du royaume lombardo- vénitien) aaao*
dé étranger de l'Académie des Sciences d«
Paris, chevalier de la LégioB-d'Hopneni
et de l'ordre de Léopoid. Il est ammur
de plusieurs ouvrages qui sont regardai
comme classiques en Italie, et cités avec
éloge même en Angleterre, en AUemagot
et en France. Nous rappellerons parmi las
plus remarquables : Anatomicœ disqui*
siiioncs de auditu et o^ofitu (Pavie,
1789, in-fol.)^ Anatomkm unaoUUiomee
degangliis et piexubus merporum et de
organe oi/actis prœcipm> {ibid.^ 1793,
av. pi.) j Tabuiœ neproiogicœ ad iUuê^
trandam kistoriam cardiaeonun mervo^
rum (ibid.i 1794); Comm^itarius de
penitiori ossium structura (Leipxif ^
1799, in-4''; trad. en franc, par U. Lé*
veillé,, avec d'autres opuscules, sous le tir
tre de Mémoires <ie physiologie et de
chirurgie pratique f^ànBf,iSÙ4f ia»8<»);
SuW eraie (Milan, 1809- 10, in-fot, w.
pi.) trad. en fîranç* par Cayol, Paris,
1812, in-8°; av. un suppL trad. pai" 01^
livier, Paris, 182$, in-8''); Kt^fiessiom
ed osservationi onaL ckir. suit ane^
mjiTta (Pavie , 1804, in-foU, av. pL;
trad. ei| franc, par M. Delpech, Paris,
1809, in-S"^, av. dXL); Tmttata délie
principali rnalattie degli occhi (6* éd.,
Pavie, 1816, 2 vol. iu-8*;trad. en franc,
par MIVI. Bousquet et Bellanfer, ainsi
que par MM. Fournier-PescayetBegio);
Memoria sulia ligatura délie principali
arterie degli anti (Pavie, 1816); Mem.
chir. su i piedi torti congeniti^ eto.( 8*
éd., Pavie, 1817); MfimBrie sali' ermia
del perinea (Pavie, 1822, av. pi. ; trad.
par Ollivier, Paris, 1828, in-8<'). X.
SCARRON (Paul), dont le nom ré^
veille aussitôt l'idée du burlesque, naquît
vers la fin de 1610. Son pèrq^ conseiller
au parlement, jouissait d'une assez belle
fortune ; mais ayant perdu sa femme , il
se remaria, et cette ^oonde union ne fot
pas favorable aux intécto do jeune Scar-*
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SÇà (
van, C«kn-'€l l'iiptf^ de bosoe heure
que-sa belle-mère dénaturait les biens de
aon ép«fiXyett'en plaignit. Son père Ten-
ycju alors à CbarleYiUe, chez un de ae«
parents, où ii demeura deux ans. Il prit
«Bsuite le petit coUeti mai^ sans s'enga-
ger dans les ordres j puis, il parcourut
lltalie, meaantjojeuse vie et prodiguant
gatment sa jeunesse et l'argent de son
père 2 mais eelui-ci mourut, lui laissant
pour tout patrimoine un proqès. Pour
comble de malhffur , Scarron fui tout à
eoup frappé d'une cruelle infirmité : à
k «nite d'une folie de carnaval, au Hans,
il ae trouva perdus de ses membres; ses
cuiaiea se replîèr^t sons aoo corps , qui
contracta la forme d'un Z. Scarron avait
alors 28 aoa. U prit bravement son parti,
etfléaolptdeae^Fenger en riaut des disgrâ-
ces de la nature. Privé de mojens d'exis*
lance, il eut recourt à la poèiîe, et se li-
vra au genre burlesque (vo^.), merveil-*
teuaement adapté à la tournure bouf-
fonne de sou esprit. Ce genre nouveau
surprit le pod^lic et fil fortune : les co-
médies de Scarron eurent bientôt la vo-
gue; et comme ce gei^re l'amusait, U con-
tinua d'écrire par goût non moins que
par néoeasité. Scarron resta 3S ans cloué
sur sa chaise^ ne conservant ^ue l'usage
de sea doigta, de aa langue et de son esto-
mac , mais se dédommageant amplement
do la perte de tes antres facultés par l'exer-
cice de celles qui lui restaient. Sa cham-
bre fut bientét le plus gai des salons de
Paris : on venait voir Scarron comme
une chose enrieuae. Cependant il devait
chercher dana le travail les moyens de
faire face à 4as besoins sans cesse renais-
sants. Le produit de sea pièces, de la
vente 4e sea livres et dé leurs dédicacée,
lui «ufliaait à peine; il recevait de tontes
mains, et ne dédaignait pas de flatter des
sots pour en tirer des gratifications. Quel-
ques amis lui vinrent en aide. L'évéque
du llana lui donna un bénéfice; ou lui
obtint une pension,. aVec le brevet de
maUuie de la reine. Biais il eut L'impru-*
dence de se mêler de politique, et sa pen-
sion fut supprimée. Scarron épousa, en
IfiSS, M^^'' d'Aubigné, que le hasard lui
avait fait connaître, et qui était alors
dana l'indigence. Il conçut, vers la même
époque^ Tidéa d'aller en Amérique, où
n)
SCE
il espérait faire fortune : les ciroonstan*
ces l'empêchèrent de donner suite à ce
projet, lîes dernières années de sa vie fu-
rent adoucies par les bien^its de Fqu-
quet et surtout par la société d'une femmo
aimable et Apiriluelle. Il mourut le 1§
cet.- 1660, âgé de dO ans, conservant «a
gaité jusqu'au bout, et laissant dans la
misère sa veuve, a qui la fortune réser-
vait toutes ses faveurs {yoy. M^* de
Maintsnoit). Capricieux, gourmand, |>a-
resseux^ Scarron ne fut guère , pendant
toute sa vie, qu'un grand enfimt; mab cea
vices n'avaient pas étouffé chez lai la bonté
naturelle du caractère, et il faisait le bien
avec empressementComme écrivain,Scar-
ron n'est pas fans mérite : son Roman co^^
mque{i^fi2f 2 part. in-13,souv. réim-
pr.) malheureusement resté inachevé, et
ses Nooi^ei/es seront toujours lus; sea
Comédies j bien qu'écrites avec négligen-
ce, renferment des traits heureux, de la
verve et des situations comiques. Mais
Scarron est surtout connu comme le créa-
teur du style burlesque : son Enéide
travestie^ ou, pour parler plus exacte-
ment, sa parodie de sept chanta de TÉ-
néide (1648, iu-4^, continuée par BAo-
reau de Braacy, 1706, et P. Crusse! ,
1 767), est le modèle du genre. La meilr
léure édition de Scarrou est celle de Paris,
1786, 7 vol. ïn-6^ ^ A. B.
SCBAU. Ce mot (anciennement scel)^
qui est foimé par contraction du la-
tin sigiliumf désigne une lame de métal
qui a une face plate, ordinairement de fi-
gure ronde ou ovale, dans laquelle sont
gravées en creux la figure^ les armoiries,
la devise d'un roi, d'un prince, d'un état,
d'un corps, d'une communauté, d'un
seigneur particulier, et dont on fait dea
empveintea avec de la cire ou autrement
sur d«a lettres, des diplômes^ des actes pu-
blics, etc., pour les rendre authentiques.
Il se di^ aussi de Tempreiate même faite
par le sceau.
L'emploi des sceaux dans les actes re-
monté à U plus haute antiquité. A l'exem-
ple des Égyptiens «t des Grecs, les Ro-
mains adoptèrent l'usage des sceaux, et
le transmirent aux Barbares. La coutume
de signer et de sceller en même temps
les actes est la plus ancienne,, Selon le
droit romain, la4 tefttamenl4 devaient être
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SCE
(92)
SGË
sunit des aceaax et d«s signataHM des
lémoinf (loi St, God. de tesiamenlis);
mais dans la suite, on se senrit des sceaux
pour suppléer aux signatures. L'apposi«-
tion du sceau est l'une des principales
marques de la solennité des diplômes;
toutefois, dans une multitude de chartes
données depuis le viii* siècle jusqu'après
le milieu du xii^, on ne trouve ni le
sceau ni la formule qui annonce que
l'acte présente ce caractère de certitude.
Ajoutons que l'usage de sceller ne fut
pas généralement adopté par la no»
blesse et le clergé avant le militeu du xii^
siècle.
Ltconire-sceau (conirasigillum) éttài
apposé au revers du sceau. 11 avait pour
but de prévenir les abus que pouvaient
entraîner la perte, la iialsificâttion ou rem-
ploi frauduleux des sceaux. Lorsque le
revers d'un sceau était marqué d'une em-
preinte particulière, il devenait impossi-
ble de détacher ce sceau d'un diplôme
authentique et ,de l'appliquer sur un acte
faux. Le geeau de fnqjesté (sigUlum mo'
jesiatis) était ainsi nommé parce qu'il
représentait le prince assis sur un trône
et revêtu de tous les attributs de la sou-
veraineté. Henri I*' est le premier roi de
France qui s'en soit servi.
Les sceaux royaux de France portaient
tous les armes de France, excepté le
grand sceau f qui représentait le roi dans
ses habits royaux, ht grand sceau dau'
phin était destiné à sceller les expédi-
tions concernant la province de Dau-
pbiné. Le petit sceau était cetuides chan-
celleries des pariements. La sceau seeret
était placé au-dessous du grand sceau.
L'ordonnance du roi Jean, du 14 mai
1358, portait que les lettres-patentes ne
seraient point scellées du sceau secret, à
peine de nullité , si ce n'était en cas de
nécessité bu lorsqu'il s'agirait du gou-
vernement de l'hôtel du roi. EUe ne
permettait de sceller du sceau secret que
les lettres closes, que l'on désigna long-
temps après sous le nom de lettres de
cachet. Le sceau secret était souvent em-
ployé tx>mme contre-sceau.
A la mort des princes et des prélau,
on brisait leurs sceaux, afin qu^ ne dé-
livrât pas ea leur nom des actes supposés.
C'était aussi une ancienne coutume de
placer les sceaux et les aooeanx- des osorts
dans leur tombeau.
D'après une ordonnance du 18 août
1880, le sceau de l'état devait représen*
ter les armes d'Orléans snrmonléîes de U
couronne fermée, avec le sceptre et la
niain de justice en sautoir, et des dra-
peaux tricolores derrière l'éousson, et
pour exergue, Louis-Philippe ^ roi des
Français ;mMjà une ordonnance du 16
février 1881 a remplacé les armes d*Or-
léans par. un livre ouvert portant à l'in-
térieur ces mou : Charte de 1 880. Quant
aux sceaux et cachets des autorités judi-
ciaires et administratives et des olfiders
publics, ils portent pour toute légende,
dans l'intérieur 4^ médaillon, le titre du
corps, du fonctionnaire ou de l'officier
public, sur lea actes desquek ils doivent
être apposés (o^rd. du 1^' sept. 1880).
Ceux qui contrefont le sceau de l'élat
ou font usage du sceau contrefait sont
punis^ des travaux forcés à perpétuité
(God. pénal, art. 189). £. R.
GABnB-DBS-SGX4UX, VOJT. GâADS*
SCELLÉ. Ce m*t désigne la ciré em-
preinte d'un sceau qu'un magistrat a ap^
posé sur les ouvertures d'Un appartement
ou d'un meuble, afin d'assurer la conser-
vation de ce qu'il renferme.
Les scellés peuvent être mis stir les ef-
fets mobiliers d'une personne dans' un
grand nombre de cas^ tels que ceux d'ab-
sence, de faillite, de mort civile ou na-
turelle. Les foihQAiilités prescrites par le
Gode de procédure ne paraissent concer-
ner que l'apposition des scellés après dé-
cès ; elles doivent cependant s'appliquer^
comme l'enseigne Favard de Langlade,
à tous les cas dans lesquels, en matière
civile, la loi permet cette mesure. Les
scellés sont mis par les juges de paix ; ils
se servent, pour oette opération, d'nn
sceau particulier qui reste entre leurs
mains,, et dont l'empreinte est déposée au
greffe du tribunal île première instance*
En matière criminelle, les scellés sont
aussi apposés, mais par les officiers de
police judiciaire, sur tous les objets qui
peuvent servir à la constatation du déÛt.
Le Gode pénal prononce des peines con-
tre les auteurs de bris de scellés (art.
S49 a 268). E. R.
SCENBf voy, TnÉanLE, DnA^A«-
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SCH
(98)
SCH
TîQiTR ( art) » AcTRS 9 Ataht - Scàicx.
HCRPTICISMB (<ntt^iÇy et non put
vw^tçy de ffxfirroftou, je oonsidère^. ré-
iécbi^y hésite), disposition de l*esprit h
tout révoquer en doute, môine l'évidence,
et qai est le dissolvant le plos «ctif de
toute conviction forte. On a bien dit que
le doute est le eommeDceBient de la sa-
gesse; mais poussé à IVxtréme, il est
aussi Tennemi de la vertu, parce qu'il la
nie comme toutes' choses. Il est surtout
destructif de toute religion. Far* Doutb,
Prm&HoinsMB , Voltaieb , EtccrcLOPi-
nisTEs, etc. S.
SCHADOW (Jbah*Gboffiu>t), di-
recteur de rAcadénie des beaux -srts de
Berlin et sculpteur du roi , naquit en
cette ville, dans Tannée 1764. Son ta-
lent précoce eut d'abord à lutter avec les
difficultés que le manque de fortune lui
opposait. Cependant un mariage d'a-
mour conclu à Vienne , lorsqu'il n'avait
encore que 2 i ans, le mit en état^e faire
le voyage d'Italie. Il travailla à Rome de
1785 à 87, et fut ensuite nommé sculp-
teur à Berlin. Un de ses premiers ouvra-
ges fnt le mausolée du jeune comte de la
Mark, dans l'église Dorothée de cette
'ville. On a en outre, de lui , un grand
nombre de statues monumentales, entre
antres celle de Luther à Wittenberg,
celle du général de Ziethen et celle de
Léopold de Dessau à Berlin, celle du gé*
néral de Tauentzien à Breslau, celle de
BH&cher à Rostock, etc. C'est encore à
Schadow qu'on doit le modèle du qua-
Mge en bronze qui surmonte la porte
de Brandebourg, à Tentrée de Berlin. Il
est aussi auteur de plusieurs ouvrages re-
latifs à son art, écrits en allemand.
Ses deux fils se sont également distin-
gués dans les arts. L^atné, Rodolphx,
après avoir fait ses éludes dé statuaire à
Rome, sous la direction de Thorwaldisen
et de Canova, fut enlevé par une mort
prématurée, en 1823. Le second, Fai-
Dl^aiG-GuiLiAnMK« peintre dMiistoire et
de portraits, est devenu chef d*une école
dont sont sortis beaucoup d'hommes de
latent, entre autres M. Lessing, rauieur
du Prêche des Hussites. Né à Berlin, le
6 sept. 1769, il annonça d'abord peu de
goût pour les arts ; mais son père per-
sista dans son projet, et après l'avoir fait
étudier sons sa direction a l'Académie
des sciences et des arts, il le fit voyager en
Italie. M. Sdiadovr avait alors 22 ans;
il était temps que sa vocation se décidât :
le séjour die Rome opéra ce miracle. Au
bout de sept ans, en J818, il reparut
à Berlin, avec un talent déjà consommé,
qui lui ouvrit les portes de l'Académie,
où il fut nommé professeur. ComiAe
MM. Overbeck al Cornélius (voy*)j il
prit une part active à la réforme artisti-
que 4e l'AUeaiagfie. Voulant prêcher
d'exemple. Il peignit, pour l'église du
Werder, ses belles figures des ÉvangéliS'
tes, L'Académie de Dusseldorf , privée de
M. Cornélius, passa, eu 1826, sous la
direction de M. Schadow , qui reçut en
même temps du roi de Prusae des tiires
de noblesse et des déoorations.La méthode
de M. Schadow est plus large que celle
de MM. Cornélius et Overbeck; il re-
cherche avant tout Pordonnanoe et le
style, et atUche une grande importance
à hi richesse du coloris. I>. A. D.
SCHJEFFER (Groffeot - Henri),
philologue d'un grand mérite, qui fut
longtemps professeur de littérature grtfc-
que et conservateur de Ja bibliothèque
de l'université de Leipzig, naquit en cette
Tille le 27 sept. 1764, et y mourut le
14 mars 1840. Outre la révision des pe*
tites éditions stéréotypes d'auteurs grecs
du libraire Tauchniiz, on lui doit dea
éditions critiques et avec commentaires^
comme celles d*Héjrodote, de Démos-
thène, de Tryphiodore, des Jrgonauti^
ques d'Apollonius de Rhodes, du Blutas
d'Aristophane. De plus , il a donné de
grands soins a plusieurs ouvrages lexico*
logiques ou grammaticaux : c'est ainsi
qu'il a publié le Thésaurus eriticus no*
PUS (Leipz. , 1802); Denys d'Haticar-
nasse, De composilione verbomm (ibid.^
1808) ; LambertuS Bos, Ellipses greecœ
(ibid.^ 1809); Ammonius, De diffe^
rentiis verborum àffinium [ibid. , 1 822);
Sylburg, Elrmologicum magnum {ibéd.^
1816, in- 4®) ; et qu'il a pris une part im-
portante à l'édition que Valpy, à Lon«
dres, entreprit du Trésor de Henri Es-
tienne. Z.
SCHAFFHOCSB (Sehaffhausen) ^
un des plus petits cantons de la Suisse,
le 1 2* en rang dans la Confédération ,
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SCtî
m
est sitiié snr U me droite iht RtHn; H
eotouré presque de toutes parts du
grand- duché de Bade. Sa superficie est
de 6 milles carr. géogr., et sa population
de 39,000 bab. , qui proftÂsent la reli-
gion réformée, à l'exception de 600 ca-
tholiques. Le sol est coupé par des coU
lines qui forment de larges vallées très
fertiles. Le Randerberg, la plus haute
montagne du canton , s'élève à 4,000*^
au-dessus du Rhin. Les collines renfer-
ment de nombreuses pétrifications et
d'excellent minerai de fer. La culture de
la vigne, Tagriculture et l'éducation des
bestiaui^^ forment la principale occupa-
tion des habitants. Les fabriques sont
peu importantes^ mais le commerce de
transit et d'expédition est considérable.
La constitution^aristocràtico^démocrati-
que, a été révisée en 18S1. Le pouvoir
législatif appartient è un grand conseil
composé de 74 membres, et le pouvoir
exécutif à un petit conseil de 24 mem-
bres, qui est en même temps la cour su-
prême de justice. Deux bourguemestres
président alternativement pendant un
an les deux conseils. Le contingent fé-
déral du canton est de 466 hommes , et
ses contributions annuelles, pour les frais
de pierre et autres dépenses de la Con-
fédération , de 9,330 fr. — La capiule,
SchaffhousCy sur la rive droite, du Rhin,
est une vieille ville bâtie en amphithéâ-
tre sur une colline entourée de monta-
gnes; elle a trois faubourgs et 7,000
âmes de population. Un pont en bois de
130 pas de long traverse le fleuve et
unit la ville au canton de Zurich. Un
autre pont, beaucoup plus remarquable,
qui était regardé à juste titre comme un
chef-d'œuvre, a été détruit, en 1799,
par les Français sous Oudinot. Le vieux
fort d'Unnoth ou Munoth couronne
PEmmersberg, à l'extrémité de la ville.
Schaffhouse possède un collège pour les
humanités et un gymnase; sa bibliothè-
,qne publique s'eat augmentée de cejile de
Jean de Mûller (vc>f .),l'une des principa-
les gloires de Schaffhouse. A une lieue
de la tille est la célèbre chute du Rhin
{wyf, l'art.). -—Ville impériale jusqu'en
1380, époque où Louis de Bavière la
donna en gage à l'Autriche; ville muni-
cipale autrichienne jusqu'en 141 S, où
) ôcil
l'empereur Sî^tsmond lui rendit les droits
de ville impériale, Schàflhousé entra, en
1501, dans la Confédération suisse, et
adopta, en 1530, la réforme. CL.
SCHAH, voy. Chah.
SCBAKO, voy. Coiffure.
SCHALL ou shaa'iy voy, Chale.
SCHARNHORST (Gebhard-Da^
tidde), le créateur de la landwehr(i>07'.)
prussienne , naquit à Hsmelsee, dans le
Hanovre, le 10 nov. 1756. Son père,
dont la fortune était compromise par un
procès, voulait en faire uq fermier; mais
le jeune Scharnhorst, électrisé par la lec-
ture de quelques ouvrages historiques et
par les récits d'un vieil invalide, obtint la
permission d'entrer dans l'armée, et par-
vint à se faire admettre dans l'école mi-
litaire que le comte de Schaumbourg-
Lippe avait établie à Steinhude. Ses pro-
grès furent rapides; au bout de cinq ans,
il était conducteur d'artillerie. Le géné-
ral Estorf le plaça comme enseigne dans
son régiment, et te chargea de l'instruc-
tion des sous- officiers. A cette époque
déjà, Scharnhorst se fit connaître par
l'invention de lunettes micrométriques
appropriées à Fart de la guerre et par
des tableaux statistiques. En 1780, il fut
nommé lieutenant d'artillerie à Hanovre
et, peu de temps après, professeur à l'é-
cole militaire. En 1792, il fut élevé au
grade de capitaine d'état- major, et, en
1793, il obtint une compagnie d'artille-
rie légère. Il avait déjà publié plusieurs
écrits remarquables sur l'art militaire,
entre autres un Manuei pour tes officiers
(Han.^ 1787 et suiv., 3 vol.; nonv. éd.,
avec iine continuation de Hoyer, Han.,
1814, 3 vol.), un Journal militaire
(1788-1805), et bientôt après, il fit pa-
raître son Almanach militaire (1794;
nouv. éd., 1816). Les guerres de la ré-
volution lui fournirent de nombreuses
occasions d'appliquer ses théories. Le gé-
néral Hammerstein, qui s'illustra par sa
belle défense de Menin, n'hésita pas à
reporter une partie de la gloire qu*il avait
acquise sur Scharnhorst, qui reçut un
sabre d'honneur du roi d'Angleterre et
fut élevé rapidement au grade de lieute-
nant-colonel. A la recommandation du
duc de Brunswic, le roi de Prusse le
nomma lieutenant-colonel du 3* régi-
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SCfi
tocnt d*ârtfflêrîc prussienne, t^lacé, en
t ft0 1 , dans rétat-majuk* général avec le
grade de lieutenant qaartîer-mestre , î)
Alt chargé de J'instructîon des ofBciers à
BeHin. En 1804, le roi lai accorda le
grade de colonel et des lettres de noblesse.
En 1806, il fut attaché en qualité de
qtiaHier-ipestregénéral au principal corps
d'armée. Quoique deux fois blessé à
Auerstsdt, Schamhorst suivit Blùcher
dans sa retraite sur Lubeck, comme chef
de son état- major général. Après re-
change des prisonniers, il se hâta de re-
tourner en Prusse, et il prit part à la
bataille d*Eylau. La paix ayant été signée
I tilsitt, l« roi de Prusse, dont il possé-
dait la confiance, le nomma major géné-
ral et président de la commission de U
réorganisation de l'armée. Jl occupa aussi
pendant quelque temps le poste de chef
du corps des ingénieurs, et fut même
chargé de toute Tadminiatration de la
guerre.Ce fut vers cette épocpie quUI con-
çut le plan d'une réserve destinée a coo-
pérer avec l'armée à la défense du pays,
et lorsque le moment arriva de secouer
le joug de la France, il travailla avec ar-
deur à sa réalbation. En. 181 3, nommé
lieutenant général, il accompagna Blù-
cher en Saxe comme chef de l'état-major
général; mais blessé àLutzen, il mourut,
le 38 juin 1813, à Prague, où il avait
voulu suivre son roi. On lui a élevé une
statue en marbre à Berlin , sur la place
Royale. — Voir sa biographie dans les
Héros de la Prusse (Weimar, 1830 et
luîv.). C. Z.
S€HAUMBOUR6, voy. Lippe.
S€HAIJMBOURG-BUCREBOUR6
(GtnLLAimB, comte DE Lippe-), né en
1734 à Londres , fut élevé à Genève et
s'appliqua à l'étude des sciences militai-
res, spécialement de l'artillerie. Il entra
romme enaeigne dans l'armée anglaise et
se distingua à la bataille de Dettingen ,
aioai que dans la campagne d'Italie en
1745. Trois ans plus tard, il prit le gou-
vernement de ses états. Lorsque la guerre
de Sept- Al» éclata, il fournit un con-
tingent à l'armée alliée où il remplit la
charge de grand- maître de l'artillerie. Il
contribua activement à la letée du siège
de Minden, en 1758, et à la victoire de
Todlenhausen^ennss. Chargé de oon*
( 95 ) SCfl
duire le siège de Cassel , il fut forcé de
le lever par le maréchal de Broglie. Sur
ces entrefaites, l'Espagne ayant déclaré
In guerre au Portugal pour le contraindre
à entrer dans l'alliance contre l'Angle-
terre,Pomhal appela le comte de Schauni-
bourg à Lisbonne et lui confia la réorga-
nisation de l'armée portugaise avec le
grade de maréchal. Après la paix de Fon-
tainebleau , le comte retourna à Bûcke*
bourgs comblé d'honneurs par le roi Jo-
seph, qui avait voulu que le fort construit
par son généralissime, près d'Elvas, por-
tât le nom de Fort-Lippe. Il mourut le
10 sept. 1777. On a de lui un traité en
6 vol. sur l'art de la défense des places ;
mais cet ouvrage est extrêmement rare : il
n'en avait fait tirer que dix e]i^emplaires.X.
SCIIEELE (Charlbs-Guillauhe))
savant chimiste, était né à Stralsund ^ Je
19 déc. 1743. Il passa six ans en appren-
tissage chez un pharmacien de Gothen-
bourg, et utilisa ses loisirs en apprenant,
sans maître, à dessiner et à peindre. Guidé
en même temps par l'ouvrage de Kunkel,
intitulé le Laboratoire y il employait une
partie de ses nuits à se perfectionner, par
desexpérienoeSjdans l'étude de la chimie.
En 1765, Scheele quitta Gothenboui'g.
Aprèè avoir passé quelque temps dans une
pharmacie à Malmoe,il alla à Stockholm,
et de là, en 1773, à Upsal. Dans cette
dernière ville, il eut la faculté de travail-
ler dans le laboratoire chimique de l'a-
cadémie, ce qui lui procura l'occasion
d'exécuter quelques expériences impor-
tantes en présence du prince Henri de.
Prusse et du duc de Sudermanie. Ces il-
lustres voyageurs prirent Scheele sous
leur protection, et le recommandèrent,
fortement aux professeurs de l'académie
devant lesquels il eut bientôt à subir un
•xamen pour obtenir la place de phar-
macien à Roping. En 1777, devenu pos-
sesseur de son établissement, par son ma-
riage avec la veuve du dernier titulaire,
il se signala par une foule d'essais nou-
veaux sur l'acide carbonique, le manga-
nèse, à l'aide duquel il découyrit la baryte,
le gaz oxygène, etc. {voy, Chimie,\T. V,
p. 709 et suiv., et OxYGiws , T. XIX,
p. 93). En 1777, il publia, a Upsal, son
traité sur l'utr et le feu^ que son célèbre
ami Bergman (voy,) enrichit d'une pré-
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face, el qui fot imprimé plvtifon fois et
tfaduit dans presque toutes les langues.
de TËurope. Les principales découvertes
de ce savant chimiste ont porté sur Toxy-
gène, le chlore, le manganèse, le molyb-
dène {voy* ces mots) , l'hydrogène arsé-
nique, l'hydrure de soufre, le principe
doux des huiles {7>oy. GLYCÉaiNB); les
acides arséniqne, urique, lactique , mu-
cique, gallique, oxalique, hydrocyanique
et roalique. Le premier, il obtint et fit
connaître, une foule de procédés chimi-
ques des plus importants. Les archives de
TAcadémie royale de Stockholm, dont il
était membre ordinaire, contiennent une
quantité de ses traités et mémoires. L'An-
gleterre lui faisait des offres importantes
pour l'attirer à Londres, lorsque la mort
l'enleva le 24 mai 1786. Le baron de
Dietrich a publié une traduction fran-
çaise de son Traité de Pair et dujeu^
1785,în.8«. D.A.D.
SCIIEFF£R(A&t), peintre d'hîstoi-
re^néè Dordrechteu 1796, eut pour
premier précepteur son père, qui exer-
çait la peinture avec distinction et fut un
de eeux qui contribuèrent à ranimer l'art
dans son pays. Ses progrès furent rapide) ;
à 12 ans, il avait déjà prodpit un tableau
qui fit sensation è Amsterdam; il repré-
sentait Annibal recevant la tête de son
frère Asdrubal , et les figures étaient de
grandeur naturelle.
Vers 1809, après la mort de son père,
sa mère le conduisit à Paris, jsvec ses
deux frères, Arnold, né ea 1796, et
Henri, en 1 799 ; tous trois reçurent une
éducation brillante. L'alnéet le plus jeune
suivirent Jeur vocation pour la pein-
ture, sous la direction de Pierre Guéri n,
ce spirituel interprète de Tanlique; le
second cultiva la littérature, et partagea
avec son ami et co-religionnaire politi-
que Carrel, la rédaction du National
(voj.), jusqu'à la mort malheureuse de
ce dernier. Dans l'école française de pein-
ture, M. Ary Scheffer appartient à cette
fraction qui^ n'étant ni classique ni ro-
mantique, ne répudie aucune des beautés
de fart, et les combine selon son senti-
ment propre. Ainsi , il admet rallianoe
intime de la forme et de l'effet, autrement
di^ du dessin et de la couleur, et, sans
être chef de parti, il prend part à la ré«
) SCH
volation 4pd 8*opère et qai tend à doa-
ner enfin à l'éoole française un cachet
national. D'un esprit solide et*brillaibt,
d'une iasagination vive et réglée, M. Ary
Scheffer peint comme son frère Arnold
écrit, avec profondeur et diattnctioB ; il
fait plus , il montre» par la progreasion
incessante de son talent, que Tborizon
d'un artiste consciencieux et bien orga-
nisé s'agrandit à mesure que la réflexion
et l'étude mûrissent ses idées et per-
fectionnent sa pratique^ A son début,
M. Scheffer aine a cédé -à l'empire du
vague qui caractérise la poétique aUe«-
maode dont il s'est fiait Tinterprète. De*
puis, il a senti la nécessité de préciser lei
formes, de mieux calculer les effets; aii«
jourd*hui, il est parvenu, à force de per-
sévérance et d'intelligence, à exprimer
nettement , dans une langue pure, élé*
gan^e et riche, ces mêmes idées trbtea et
gracieuses, mélancoliques et sombres qui
caractérisèrent les producUons de sa jeu*
nesse. . Chez lui , l'expression des senti-
ments de Tâme l'emporte sur les autrea
parties essentielles de l'art; elle l'entraîne
parfoisà lui faire oublier que le modelé, la
ioeauté des formes, la disposition des li-
gnes, des plans, du dair-obscnr, de la pers-
pective, et même l'exécution matérielle^
concourent à Ja valeur de ^ensemble, ec
veulent être en harmonie avec le caractère
du sujet. On reproche aussi à M. Ary
Scheffer d'affecter sans nécessité les tons
jaunes et brûlés qui, en 6tant la Tie aux
figures, donnedt à l'ensemble du tableau
une teinte sombre simulant la vétusté.
L'œuvre de M» Scheffer est très nom-
breux et très varié ; l'histoire et le genre
y dominent. A l'opposé des autres pein-
tres en réputation de l'époque, le por-
trait n'en est que la moindre partie; non
que Tartiste manque d'aptitude pour ce
genre, car personne n'atteint mieux que
lui la ressemblance physique et intellec-
tuelle de ses modèles et ne s'est plus ap-
proché des beaux ouvrages des peintres
allemands du xv^ et du xvi^ siècle, mais
afin de consacrer plus de temps à ce be-
soin d'exprimer les pensées que lui suggère
incessamment son imagination active.
Resserré par l'espace , nous citerons
seulement quelques-uns des tableaux
sur lesquels se fondent la réputation de
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s/m
(97)
se»
M. Af ySdMJfer t/a Martdesmnt LomU:
•UeliiivmUit,^ lgl7(ilawtalon22ani),
un» médaUU d'eDcouragemefil ; le Dé*
pouemeni pairioiîque des six bourgeois
de Calais^ ublatu pltîu de senti mcnl et
d'expressîoDy inais fidble de couleur et
maaquaiit de proioudeur de plao; saint
Thomas d*^Âquin prêchant la conjiance
dans la bonté divine pendant la tem-
péfe^ du Selon de 1824, ouvmge «ipé-
rieur; Jeunes Grecques en prière de^
vont la statue de la flerge pendant que
leur père , leur mari sont aus prises
avec les Turcs f trésor d'expression; pln^-
sieurs sujet» variés lires de Gœlhe, Must
délicicQseffient rendus que peints : Faust
apercevant Marguerite pour la pre--
nûèrefoisi Marguerite à T église ; Mi^
gnon exprimant le regret de la patrie;
Mignon aspirant au ciel;, le Roi de
Thuté; d*après le Dante : f Ombre de.
Françoise de Rimini et son Amant ap*
partUssant au Dante et à Virgile; d'à*
près Schiller : £berhard pleurant la
mort de. son fils f ouvrage dans lequel
l'arti&te a développé toute la forcé de son
talent comme peintre d'expression , et
légitimé le reproche qu'on lui a souvent
adressé de négliger l'observation des -di»
atancea entre lea plans, et d'affectionner
lea tons à la Rembrandt. En revanche ,
dana aon Christ refuge des cœurs brisés^
da Salon de 1837, il a montré qu'il pou»
vait réunir en un mèm^ ouvrage tO|Otes
les béantes de l'art, élévation de pensée,
sagesse de composition , correction de
dessin, style grandiose, couleur savante,
pinceau soigné. Enfin, dans la 3^ salle du
Conseil d*éut,.au Louvre, M. Scheffer
atoé a peint Chhrlemagne présentant les
capitutaires à l'assemblée des Francs.
Pressé de produire, cet habile peintre
donne rarement la dernière main à ses
ouvrages; après avoir exprimé le poé-
tique de sa pensée , il en néglige le ma*
tériel : on en peut voir des exemples au
Musée historique de Yersaillea, où. se
trouvent de lui grand nombre de tableai|z
capitaux, par exemple, la Baf aille de
Tolbiac gagnée par Clovis (Salon de
1887). lÈtranger à toute coterie, n'ap-
partenant à aucune Académie, M. Schel-
ier aine n'a point ouvert d'école; ses
seals élevée sont les princes de notre fa-
Jîncyelop. d. G. d, M. Tome XXI
mille royale. A lui appartient Thomifur
d'avoir développé les heureuses dispo-
sitions de la princesse Marie {voy* Ok*
JÂkVS, T. XVIII, j). 792) pour un art
dans lequel elle a obtenu des succès non
oonteétèi. Par sa position à la cour,
M. Ary a joui de tous les honneurs dus
à son mérite. En 1885, il a été promu .
au gradç d^officier de la Légioo-d'Hon-
neur, dont il était chevalier dès 1828. .
Lors de l'expédition d'Anvers, il a ac*
compagne le duc d'Orléans; et, depuis la
mort de ce prince si regrettable, on %
rendu publique une lettre où il hono-
rait l'artiste du nom de son ami. Cha-
que jour M. Scheffer reçoit les témoi-
gnages précieux d'ofne considération ac*
quise à bon titre.
Hbhu Scheffer, dont nous avons déjà
fait mention, doit autant sa célébrité au
nom qu'il porte qii'à la force de ses ou-
vrages. Élève de Pierre Guérin et ei|snite,
de son frère Ary, les préceptes et les
exemples de famille ont eu plus d'in-
fluence sur son talent que les enseigoe-
ments du maître essentiellement classi-
que. Riche en idées heureuses, il les
exprime aveq aisance; il réussit dans
l'expression des sentiments internes,
principalement dans ceux qui provien-
nent des souffrances du cœur. Ses id^es,
généralement spirituelles^ pèchent assez
souvent par leur mise en scène ; son des«
sin, sans être fort, a de la correctiQu;
son coloris, un peu conventionnel, n'a pas
toute l'énergie, toute la transparence dé-
sirables; en revanche , son pinceau est
soigné jusqu'à jeter parfois du froid
sur des inspirations qui auraient gagné
à être traitées avec plus d'abandon et
de franchise. Une Étude de jenue fille,
exposée au Salon de 1884^ a été con-
sidérée, par les amis des arts, comme
une création de premier ordre, à laquelle
il ne manquait, pour être parfiiite, com-
me la Medora voyant s'éloigner pour
la dernière fois le navire du cofsaire^
de M. Ary» qu'un modelé plus accusé
et une couleur plus solide.
Les premiers succès de M. Henri
Scheffer datent de 1824, année où il
obtint une médaille d'encouragement
sur trois tableaux de chevalet qife lui
avait commandés la Société des Amis dts
7
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SGB
(98)
dctt
allé. Depuis, cet artiste a méiité Tatten*
tion du public par des productions em-
preintes d'an vrai talent, parmi les-
quelles sa Charlotte Corday^ crayon voit
au Luxembourg, tient un rang distingué.
Ses portraits d*A. Carrel et de M. Arago
rappellent la brillante époque de l'art
hollandais. L. C. S.
SCIIEIDECK (mont), voy. EUasLX
{vallée de)^ et Be&ice {canton de), .
SCHBlK,iH>x. Cheikh.
SCHELLING (FaiDi&ic-GutiXAt-
]tK-Jo8EPH de), célèbre métaphysicien
allemand, est xké à Leonberg ei^Souabe,
le 97 janr. 1776. Après de fortes études
de théologie et de philosophie à Tuniver-
sité de Tubiogne, et à celles de Leipzig
et dléna, il essaya de renseignement pu-»
bliç, d'abord à titre gratuit, puis, à partir
del 798,comme professeur extraordinaire
et dans la chaire même que Fichte {voy,\
son maître, arait occupée jusqu^^loirs. A
aon début, il n^avait que 33 ans : Kant
régnait encore dans les écoles. d'Allema-
gne, et Fichte, son disciple, était déjà
écouté arec une haute faveur. Malgré sa
jeunesse, Schelling ne craignit pas d'en»
trer en concurrence avec ce dernier et
de le contredire, en affirmant que loin
d'être obligé de prendre toujours pour
point de départ le moi quand on veut
arriver à la connaissance du monde ob-
jectif, l'étude de celui-ci pouvait aussi
bien conduire à la connaissance des lois
intérieures ou de la conscience. Son suc-
cès égala tout d'abord son audace; mais
après avoir consulté ses forces, il ne se
sentit pas suffisamment préparé, et il ré-
solut d'étudier la nature physique comme
il avait étudié la nature intellectuelle. Il
quitta donc sa chaire pour redescendre sur
les bancs de l'école, suivit avec assiduité
plusieurs cours scientifiques, et se fit rece-
voir médecin en! 802. L'année suivante,!!
reprit ses leçons et reçut le titre de pro-
fesseur ordinaire de philosophie. Bientôt
sa réputation s'étendit avec Vapidité dans
toute; l'Allemagne. La même année, il
fut appelé à run^versité de Wurtzboùrg,
où il professa pendant 4 ans les branches
diverses dé la philosophie. Nommé en
1 808 secrétaire général de l' Académiedes
beaux-arU de Munich, il fut en même
temps anobli par le roi da Bavière. Dana
cette position, il conaacra unt partit d«
aon temps à l'étude toute nouvelle pour
lui des arts et de la poésie. Mais Am dis-
cussions survenues entre lui et le prési-
dent de l'Académie, en 1830, le décidè-
rent à quitter Munich pour Erlangf n, otk
il reprit son professorat de philosophie,
après dix ans d'intervalle. Depuis c6tt«
époque, il n'a pina interrompu aea le-
çons, qui sont aujourd'hui les plus cé-
lèbres de totite l'Allemagne^ seulement,
en 1 837, il a transporté sa chaire à Mu-
nich, et U, son mérite éclatant, apprécié
par le roi de Bavière, lui a attiré une foule
de distinctions. Indépendamment de aea
fonctions de professeur de philosophie,
il devint préaident da l'Académie des
sciences, conservateur des collectiona
acientifiques, conseiller intime actuel, etc
Néanmoins tant d'honneurs ne purent le
fixer a Munich, terrain peu favorable, ce
semble,à la philosophie spéculative. Aprèt
la mort (1882) de Hegel (voj.), aon an-
cien condisciple et ami, avec lequel il
avait autrefois (1802*8) publié le Jour-
nal critique de philosophie^mtM dont U
n'adopta paa le système, il rompit le
long silence qu'il s'éuit imposé, comme
écrivain , par suite de ce dissentiment ;
et au bout de quelques années^ Il acoq>ta
hi chaire de philosophie i l^université de
Berlin , où il compte maintenant parmi
les professeurs les plus brillants et lea
plus respectés.
On a tout Heu d'espérer qu'il ne tar-
dera'pas à dissiper complètement l'ob*
sctu*ité qui règne encore sur quelquea
points de sa doctrine, et qui, la (première
admiration passée, ont fait douter de aa
puissance créatrice, quoique personne ne
contestât ni son savoir ni son génie.
Pour bien comprendre son système, il
f^ut avant tout se rendre compte non-seu-
lement.de l'état de la philosophie contem-
poraine en. Allemagne, mais de celui de
la philosophie au tempa de Kant, dont
celle de Schelling ne fut d'abord qu'une
modification. Ne pouvant le suivre dana
toutes les transformations de sa pensée,
nous nous contenterons de dire que, con -
trairement à l'opinion de Fichte , son ri-
val, qui arrivait au réalisme par Pidéâlis-
me, il déduit l'idéalisme du réalisme. Le
point de départ a été indiqué par lui dana
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SCII
(«»)
^cn
m Idées sur une philosophie de ta na^
imre (Tub., 1795), ouvrage qai fut suivi
en peu die temps de trois autres, savoir :
Idées (Tune philosophie T^atur elle y com^
me base future d'un système général de
la nature (Leipz., 1797); De Vâme du
monde , hypothèse de physique spécu--
tative pour r explication de l organisme
général{Rsitoh,^ 1798); et Première es-
quisse d'une philosophie de la nature
(lénay 1799). Pour rendre plus claire-
ment sa pensée contenue dans ces ouvra-
ges, fauteur a joint au dernier nqe
Introduction dont le bot est de bien dé-
terminer l^dée de sa Physique spécu"
lative et i^t}rganisme intérieur d'un sys-
tème de cette science. Enfin, il a achevé
d'opérer sa séparation d*avec la doc-
trine de Fichte, en publiant nn livre in;
titulé Système de Pidéalisme transcen*
dental (Tub., 1800), où il se propose
pour tâclie de svbordonner le réel à l'fr
déal. Au fond, il atUchait la même im-
portaace aux deux sciences, à l'idéalisme
ou philosophie transcendentale et à la
philosophie de là nature; mais comme
K développa celle-ci avant la premlèrci
et avec une plus grande originalité , on
t^habîtua à désigner son système sous le
nom de philosophie naturelle. Selon lui,
elles ont toutes deux la même tendance,
et doivent être sujettes aux mêmes lois ,
attendu que l'idéal et le réel ne font qu'un
dans ridée de l'absolu, sont absolument
idientiques et s'expliquent l'nn par Pau*
Ire : de là le nom de doctrine dé l'iden-
tité que l'on donna encore à ce système,
fi Pon peut appeler système un enseigne-
ment qui n'a pas reçu son développement
complet et n'a point entrepris la solution
de toutes les questions; on Ta aussi
nommé philosophie de Paifsola, lequel
est Dieu en qui s'unissent les deux prin-
cipes; et quelques-uns font désigné sous
le nom de système de tindi/férence (où
poQr mieux dire, de non-dtfféreâce) du
différent {voy. Philosophie, T. XIX, p.
543,etCoDsnf, T. Vil, p. 178).
Accusé, lors de la première exposition
de ses principes, d'avoir ressuscité le pan-
théisme, M. de ScbelHog parait avoir fait
un retour sur lui-même, au point qu'on a
proclamé son orthodoxie et son catholi-
dsroe. Depuis 181), il a cessé d'écrire
sur la philosophie, et, comme nods l'a*
vous déjà dit, c'est seulement après la
mort de Hegel qu'il se montra dis-
posé à rompre le silence qui l'avait fait
descendre dn hant rang où il s'était mo*
mëntanéoient placé. Hegel avai^ pour
ainsi dire éclipsé la gloire de son ancien
maître et ami. Mais ses plus sérieux an-
tagonistes ont toujours été les disciples
deRant et de Pichte.Qnoi qu'il en soit de
ce temps d'arrêt, sa doctrine, telle qu'elle
a été exposée par ln{ , n'en a pas moins
exercé une puinante influence, en Alle-
magne, sur la théologie, la médecine, le
droit, la littérature, les sciences et 1rs
arts. Outre les ouvrages que nous ayons
déjà signalé8,M<deSchellinga fait succes-
sivement paraître : Bruno, ou Dialogue
sur le principe divin et rtaturetdes cho-
ses (Berlin, 1802); Leçons sur la mé^
thode à suivre dans les études acadé'-
miques (Tub.., 1808); Philosophie et
religion [ibid,, \%Q4)y Sur le rapport
du réel et de If idéal dans la nature^ ou
des Principes de la pesanteur et de la
lumière (Hamb. , 1806); Des rapports
de la philosophie de la nature avec la
doctrine perfectionnée de FirAf^ (Tub.,
1 807) ; l'Anti-Seœtus^ ou, de la Connais-
sance absolue (Heid.; 1807); Œuvres
philosophiques (Landsh., 1809); Des
écrits deJacobi sur ks choses divines et
révélées^ ainsi que sur l'accusation d'a-
théisme qui aurait pour but de tromper
et de mentir sciemment (Tub., t$12).
Le célèbre philosophe a encore écrit sur
les arts deux ouvrages intitulés : Sur le
rapport des arts plastiques avec la na-
ture (Landsh. , 1 808); Sur le compte ren^ .
du par fFagnèr relativement aux mo'^
numents éginétiques de la collection du
prince royal ile Bavière [ibid,, 1817);
et sur la mythologie, les deux suivants :
Stir les mythes, traditions historiques et
opinions philosophiques de l'ant/f/uft*',
dans le recueil dn docteur Paulus, inti -
tulé Memorabilien ( 1793 ) ; Sur les
divinités de Samothrace (SiuiX^. eiTub.,
1815). Il a de plus enrichi de mor-
ceaux remarquables des journaux de phi-
losophie et de médecine, créés par lui ou
dirigés par ses amis, tels que \^ Journal et
le Nouveau journal sur la physiqtte spé-
tulative , le Journal de philosophie , l€
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SGU
(100)
se»
Journal de physique d« Nietbamiiier» el
le Journal de médecine de Marcus (Tub. ,
1805). Il a aussi donné plusieurs mor*
œanx de poésie , soot le pseudonyme de
Bonapenture, dans le Musen^Almanaek
de MM. Tieck et Scblegel.
En 18$4y il reprit la parole sur la
philosophie, en accompagnant d^nne pré-
face la traduction allemande d^un frag-
ment de M. Cousin (vo^.T.YII, p. 179),
et en se constituant le défenseur de ce
dernier contre s^ adtersaires. Cet écrit,
le seul du philosophe qui ait été traduit,
que nous sachions, en français, a été pu-
blié dans notre Jlangue par notre colla-
borateur, M. Willm, sous ce titre : Ju-
gement de M. de Schelling sur laplii-
iosophie de M. Cousin^ Snrasb., 1885.
£n6n M. de Schelling a depuis longtemps
promis au monde savant une grande Com-
position historique, intitulée : Les quatre
âges du monde j dont quelques parties,
dit-on, avaient dérjà été mises sous presse,
et qui est attendue avec une égale impa-
tiente par ses partisans et par ses adver-
saires. D. A. D.
SCHBMNITZ, ville de la Basse-Hon-
griç (cercle en -deçà Ou Danube), reniar-
quable par ses mines d'or et d'argent, ^t
par sa célèbre école de minéralogie ou
des mineurs; Cette ville royale n'a plus
aujourd'hui, d'après M. Batbi, que 8,400
bab. Il ne faut pas confondre Schemnitz
en Hongrie, avec Chemniiz (yoy,) en
Saxe. X.
SCHÉRER (BAKTuiLniT-Lôuis-
JosEPH j, général français sous la républi-
que, naquit à Délie, près de Belfort, vers
1740. Nommé, en 1792, aide-de-camp
de Despretz- Crassier, il assista è la ba-
taille de Yalmy, et lorsque ce général ^l
suspendu, Beauhamals, qui commandait
l'armée du Rhin, s'attacha Schérer et le
fit nommer adjudant général ; mais desti-
tué presque aussitôt lui-même, son aide-
de-camp, présumé modéré, fut relégué
à 20 lieues 'des frontières. Cependant il
fut bientôt renvoyée l'armée avec le grade
de général de brigade, et se fit remarquer
sur le Rhin, où il reçut lé titre de général
de division. Il joignit alors l'armée de
Sambre-et-Meuse , prit le commande-
ment d*une division, combattit à Fleuras,
(f juillet 1794), emporta IMons, enleva
le mont PalUcll, et vint mettre le stégc
devant Landrecies. Après la reddition
de cette ville, il entra dans le Quesnoy^
puis à Coudé et à Valei>ctennes (27 ao&t)L
Vers le milieu de septembre, Schérer
rejoignit, avec 1 5,000 hommes, l'armée
commandée par Joontan, et contribtia
aux victoires remportées sur les bords
de l'Onrthe et à Aldenhoven. Nommé,
peu de temps après, commandant de l'ar-
mée des Alpes, il remplaça, an mois lie
mai 1795, le général Pérignon à l'armés
des Pyrénées-Orientales. Cea^armées dés-
organisées manqnaieiK de tout \ Schérer
se tint sur la défensive, exécutant des
marches et des oontre-maréhes, évitant
le combat. Il eut cependant avec les Espa-
gnols une affaire heureuse sur la FiuTÎa,
qui Itii proeura des approvisiosinenienta
(1^1 4 juin). A la paix de Bàle(22 juillet)»
il fut rappelé au coounandement de l'ar-
mée d'Italie, et remporta la victoire de
Loaiio (21 Dov.), dont la gloire revint
surtout à Masaéna ; mais n'ayant pas sa
profiter de oes avantages, il fut remplacé
par le général Bonaparte, le 28 février
1796. Le 28 juillet de l'année suivante,
le Directoire lui confia le ministère de U
guerre, qu'il quitta le 2 1 février 1 7 99, ne-
cusé de malversations. Il |iartit alors pour
reprendre le commandement de Tarmée
d'Italie à la place de Joobert. Ses attaques
contre le général Rray, pour s'empàrl>r
de Vérone, furent infructueuses. Les
combats de Castel>Nuovo(26 mars 1 790),
deVilla-Franca n'aboutirent qu'à la perle
de la bataille de Magnano (4 avril), et U
jonction de Souvorof avec les Autri-
diiens (17 avril) ayant rendu sa pasition
des plus critiques, Schérer envoya sa dé-
mission et résigna le commandement de
l'armée a Moreau. La révolution du 18
brumaire arrêta les poursuites qu'on par-
lait de diriger contre lui; il se retira- en-
suite dans sa terre de Chiiuny,où il mou-
rut le 19 août 1804. On doit au général
Schérer des Comptes* rendus au Direc"
toire exécutif pour Van VI et lerS pre^
miers mois de l'an VII (Paris, 1799,
in-8»), et le Précis des opérations mi^
Utaires de V armée d'Italie^ depuis ietX
ventôse jusqtiù au 1 floréal de Pan VII
(Paris, 1799, in-8^). X.
SCHfiRIFF, ver- Cm^RiF et SniRir.
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SCH
(101)
SCH
SCfflUIZO» mot qui eu Ualîen et en
allenHMDd Bonifie batf «âge, et qui désigne
la partie sémillante et ponr ainsi dire nar-
quoise d'une symphonie (voyj) qui a rem-
placé le menuet et forme nn élément in*
tiiapensabte de ces compositions de mu-
aique instrumentale. F€>y. Msnuet.
S€HIAVONB (Andbi^}, peintre d'his-
toire distingné| de Téoole véniltcnne, né
à Sebenîco en 1513, mort à Venise en
I583y et dont le vrai àom était Medola,
SCUKANEDBR (Emmaiiuçl) , co-
médien et poète allemand , auteur d'un
^rand roetbre d'opéras bouffes ou mer-
veilleux, mais qni ne devra l'immortalité
qu'à son poème de la Flûte enchantée y
qu'il fit pour Moiart {voy.)y auquel, dit-
on, il suggéra méoie quelques-uns dies
•irs populaires ti des mélodies qui abon-
dent ditns oe charmant opéra , naquit à
Aatisbonne en 1 7 é 1 , et mourut, à Vienne,
peu de temps après s'être démis de la di-
reotion du théâtre du faubourg de Léo-
poldstadt qu'il avait fondé , le 2 1 .sep-
tembre 1813. X.
8CHIL1AR (FaiDiiAiG db*). Vers
les premiers jours de nov. 1769 , une
jeune fomme afvait quitté^ dans un état
avancé de grossesse, la petite ville de Mar-
•iMch , sur le Ned^r , en^ Wurtemberg ,
pour visiter son mari, attaché en qualité
de chirurgien militaire an camp du ma-
jor général Romann. An milieu de ces
hommes de guerre» elle lut saisie des doti-
lears de l'enfantement, et n'eut que le
temps de regagner son domicile à Mar-
bach, où elle donna le jour, le 10 du
mois, à un enfant destiné à charmer et à
instruire l'Allemagne^ — il est permis de
dire l'Europe, — par sescréations poéti-
ques.
La mère de. Schiller , car c'est lui qui
venait de naître, aimait la poésie, et même
faisait des vers; c'est par elle que l'en-^
fimt studieux fut initié a la lecture dès
poétfs allemands qu'il devait tous laisser
si loin derrière lui ; c'est aussi de la bouche
de cettedigne femme qu'il reçut la premiè-
M instruction reli^eose et qu'il reeueil-
Kt les naifs récits de lliistohre biblique.
(*)C*ett aisjiqae «ea nooi se tsooTe ioMrit
Mur M* «avret; mais Mt ooint «t préaoait
priaitift éui«ot JiAR-CBaxsTorai-FaiDBAXC
Frédéric Schiller passa Une partie de son
enfance è Locch (près de Gmûnd) , en
face du StaulTen, dans une vaHée mé-
lancolique, couronnée de sombres sa-
pins. Il aimait à se perdre dans ces belles
forêts et è rêver dans l'église d'architec-
ture romane de Lorch , près des pierres
sépulcrales des Hohenstauffen. Les sou-
venirs de l'histoire nationale enrichis-
saient ainsi sa mémoire; une nature ro-
mantique ouvrait son âme aux impres-
sions de la solitude, et la vie morale de
la famille ne laissait an^iver.à son cœur
que des impressions pures et bienfaisan-
tes. Son père traitait une épouse chérie
et trois filles avec une délicatesse exquise;
nul doute que cet exemple n'ait exercé
une heureuse influence sur le poêle qui
a prêté aux femmes créées par lui un
éclat idéal et une auréole de sainteté.
Tout jeune, Schiller dévondt les relations
de voyage; il comprenait instinctivement
les mœurs, les tendances des peuples loin-
tains. Ainsi se révélait déjà en lui ce ca-
ractère de cosmopolitisme dont ses œu-
vres porteront plus tard l'empreinte.
Vers! 7 68 , le père de Schiller échangea
le séjour de Lorch contre celui de Lud-
wigsbourg, où le duc régnant, Charles de
Wurtemberg, lui avait confié la direction
d'une belle pépinière. Deux ans plus tard,
il fut transféré au château de la Solitude
avec une mission pareillcLe jeune Schil-
ler demeura à Ludwigsbourg entre les
mains d'un scholarque pédant , dont il
se souvint pourtant avec reconnaissance
et amour. A cet enfant précoce qui lisait
avec ardeur les psaumes , les prophètes,
les hymnes de Gellert et de Luther, on re-
fusait bravement le sentiment religieux I
Schiller se destinait à la théologie, lors-
qu'un ordre du duc Charles, qui recru-
tait tous les enfants distingua pour sa
fondation académique et militaire , dite
KtwUschttle,, vint. intimer au directeur
des jardins de la Solitude que son fils se-
rait élevé aux, frais du gouvernement. Il
folint obéir. Dans cette école , d'abord
établie à la Solitude, mais qui fut trans-
férée plus tard à StuUgard , on donnait
à 400 élèves une éducation encyclopédi-
que. Le jeuneSchiller se décida d'abonl
pour la jurisprudence (1778); plust'ird,
pour la médecine; il devait travt;iser
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SCIl
(lOS)
SCH
toatM las facultét nos s'arrêter dans an^
caoe.
La diidpUDe pédante qai régnait dans
racadémie de Charles ne pouvait guère
convenir à un esprit aussi indépendant
que l'était celui de Schiller ; mais ce qui
le révoltait plus que le régime du bâton
et du tambour, c'éuît le joiïg d'une cen-
sure intellectuelle qui proscrivait, même
pendant les heures de récréation, tout
ouvrage étranger aux leçons de la jour-
née. Il parait que de fréquenta conflits
eurent lieu entre le jeune élève en mé-
decine et quelques-uns de ses maîtres. Las
premiers essais poétiques dont il donnait
lecture en cachette à ses amis^ loin de
porter le caractère sentimental de l'épo-
que, respiraient la haine de -l'arbitraire
et' des conTenances sociales. Il essayait
ses forces dans quelques esquisses dra-
matiques {r Étudiant de Nassau ; Came
de Médicis)^ et provoquait les railleries
de G.Cuvier,quiétait loin de deviner la
gloire future de ce frêle jeune homme,
dont la tournure peu élégante et la pro«
nondation souabe frappaient désagréa-
blement ceux qui n'étaient pas ses amis.
Mais autour de lui s'était formé un petit
cercle qui aimait l'inépuisable bonté de
son caractère, et qui respectait les éclairs
de son génie. « Je ferai un livre qui sera
brûlé par le bourreau I «disait-il en riant
dans cette société intime, et il tint en
quelque sorte parole; car ies Brigands^
conçus et écrits à Tinfirmerie de l'aca-
démie de Charles, répondaient un peu à
ce programme. .Nous croyons avoir in-
diqué déjà la source de cette inspiration
révolutionnaire. La serre chaude péda-
gogique dans laquelle Schiller se trou-
vait renfermé contre son gré, devait lui
inspirer un insurmontable dégoût. Nourri
de la lecturede Rousseau et deShalfspearai
galvanisé par fVerther tx Gœt9^ de Ber»
iieàingenf. irrité à toute heure du jour
par le monde tyrannique et factice du
collège, qui devenait pour liii l'image du
monde réel, il exhala sa colère dans le
drame informe qui allait révéler è l'Aile^
magne qu'elle nourrissait dans son sein
un grand mécontent et un grand poète.
De plus, cette pièee fut écrite en 1780,
rannée même où Schiller quitta l'école
eu qualité de médecin du régiment Auge
avec 1 8 florins d'app<»ntamfte par maia>
L'auteur fit imprimer son premier oo^
Vrage à ses frais, sur papier gris, à l'in-
star des vic^ix almanachs populaires ; il
en envoya quelques ^Hiilles d'éprawa è
Schwan, libraire è Manheim. Ce braw
homme, enthousiasmé è la lecture des pa-
ges éloquentes qui lui brûlaient la main»
s'empressa de porter l'esuvre à Héribart
de Dalberg (voy. T. VD, p. 448), intao-
dant dm théâtre électoral; et en mlaia
temps ilconseilla èSchillar dasa BMCtraen
rapport avec ce grand seigneur. Sur laa
observations de Schwan, le poéta docils
refondit son drame, qui fut représenté^ !•
18 janrier 178d, sur le théâtre de Man-
heim. La renommée avait précédé in
mise en' scène des BriganeU: de 16 et 20
lieues à la ronde les spectateurs avaient
afflué, et un succès immense répondit à
ces bruits avant-couranrs de la vietoîraw
Le pauvre chirurgien militaire qui, ponr
assister è la l'* représentation da son
œuvre, avait dû emprunter de l'arganC nt
quitter furtivement Stuttgart, y revint
transformé en homme célèbre par les ac-
clamations d'un millier de voix. Dans ea
succès, rien qui ne soit naturel: ledraaaa
dm Brigands y c'est le'cri d'un prisonnier
qui réclame la liberté ; or, le monda, an
1780, croyait languir dans les chainaa,
l'ordre social était miné partout. A en*>
tendre cette fanfare, qui sonnait le juge-
ment dernier d'une société tlécrépilai
on oubliait les exagérations du langage,
des caractères, de Taclion. Schiller, en
écrivant les Brigands^ avait pressenti In
Révolution ; ses bandits ne sont que laa
précurseurs des terroristes, le métier des
uns et des autres était la vengeance. Anasî
la république française n'oublia pas d'an-
corder au jeune poète les droits de d-
toyen(1703).
Après quelques représentations, la po-
lice, qui devine vite les symptûmes d'un
malaise social sans se mettre en peina.da
le guérir, la police intervint : les Bri^
gands furent mis à Tindex , et , en rai-
son même de cette défense, la pièee im-
primée se répandit comme une maladie
épidémiquCi Une espèce de vertige s'em-
para de la téta dès jannas gens, et les .
gouvernetnents durent sPalarmer et vohr
dans ce drame excentriqUe une décla-
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sea
(103)
8CU
é% §anw cQtUjn l'état social.
SchUltf iut Biaodé devant le doc Char-
letpOt reçatronlrede tomnettre à raT«nir
à S. A. S. diacane de ses producliont
poétiques afaat de les publier. t>a haute
•ociélé fie Stuttgart Youait Timpertioent
rùtofîer à Tcxécratioii publique, et lui
noolrait d'no doigt mena^ut la forte-
resse où languissait Schubart (voy,). Pour
échapper à cette curatelle tyrannîque,
Schiller supplia le baroo de Dalberg de
lui trouver de l'occupation à ManheiiD ;
luais l'intendant du théâtre électoral ne
se mit pas en -frais pour lui, sans doute
par la crainte de déplaira au duc de
Wurtemberg . s'il accueillait à son insu
Ul supplique du jeune poète. Celui-ci
finît par ne prendre conseil que de lui-
même* fi.ésolu à tout braver et à suifre
la roots ardu^ qusklni montrait son génie,
il fit en secret les préparatifs d'un départ
qui ne ressemblait pas mal à une fuite ;
i:ar Schiller^ nous l'avouons à reflet, était
icriblé de dettes, et sans l'assistance, d'un
^mi dévoué (Streicher), il n'aurait pu
réaliser ses projeu. Le 17 sepU 1783,
AU moment oh l'arrivée du grand-*duc
Paul de RijMie était fêtée à Stuttgart, il
ae mit en route de nuit, et accompagné
de son fidèle Streicher, Dans le lointain,
le châteaa de )a Solitude brillait illuminé
comme un palais de fée en Thonneur du
prince mosnoviie. Schiller, au moyen de
cette clarté^ reconnut la demeure pater-
lielle.: «Omamèrel » s'écria- t-il, et 11 se
rejeta au fond de la voitnre en versant un
torrent de larmes.
L'accueil qu'il reçut à Haoheim ne
répondit point à son attente; ses amis
le montrèrent effrités 4c le voir sans
ressources pécuniaires, et sous le coup
de la disgrâce ducale. Schiller pfssa quel-
ques mois à Oggersheim, dans un dénù-
ment extrême, à met^e la^ dernière main
à Flaque^ et4 méditer Louise Milierj
(premier titre ^Intrigue et Amour),
C'^t alors qu'une noble , protectrice ,
11°^ de Wollzogen, la mère d'un de ses
amis, lui offrit un asile a Bauerbach
(Sa&e). Schiller s'y rendit, vers la fin de
1782, et séjourna six mois dans cette de-
meure écartée, au milieu des forêts et des
montagnes, donnant tout son temps è
l'étude, aux travaux littéraires et è l'ami-
tié. Eappeléà Manheim, en juillet 1783»
et .attaché au théâtre, comme auteur dra-
matique, avec de fort modestes appoin-
tements, il fit représenter, dans le cours
de l'année suivante, ses deux nouvelles
tragédies. Lm confuration de Fiesque fnt
peu goûtée du' public ; mais le succès
à^ Intrigue et Amour égala presque celui
des Brigands» En même temps, il médi-
tait Don Carlos^ et entreprit la pu-
blication d'une revue littéraire et esthé-
tique intitulée Thalie, Vers cette époque,
il fut aussi présenté au duc de Weimar,
qui avait fait quelque séjour à Darmstadt;
cette entrevue lui valut le titre de con-
seiller, et l'espérance d'un avenir dans
les états de ce prince, ami et protecteur
de Goethe. Schiller commençait à se dé-
goûter de son séjour à Manheim et de la
carrière dramatique. Les exigences mes-
quines des acteurs exaspéraient son génie
irascible; il était d'ailleurs peu flatté des
succès que lui avaient valu des pièces
révolutionnaires, et il sentait la nécessité
de se régénérer par de longues médita-
tions, par des études philosophiques et
historiques. Une liaison s'était éublie
. entre lui et le père de Théodore KoBrner
iyojr.yy à là suite de ces rapports, Schiller
se dirigea vers Leipzig et Dresde ( 1 786).
Dans les pittoresques environs de la ca-
pitale de la Saxe, il compossi Z)o/2 Carlos
et plusieurs poésies lyriques; pub il sem-
bla renoncer, pendant une série d'an^
nées, à l'emploi de ses puissantes facultés
poétiques, pour se plonger dans l'étude
de la philosophie de Kant, et pour cher-
cher dans l'histoire le secret des grands
caractères tragiques. En 1787^ il s'établit
à Weimar, au centre du mouvement in-
tellectuel, sans que sa position fût en-
core définitivement arrêtée; on paraissait
nourrir quelque méfiance contre l'écri-
vain dont la verve révolutionnaire avait
failli incendier l'Allemagne. Ûans le mon-
de intellectuel, lesfautes s'expient ni plus
ni moins que dans le monde moral.
A cette époque de pénible transition,
un événement heureux vint interrompre
la monotone existence du poète. Il apprit
à connaître, à Rudolstadt, la famille de
M™* de Lengenfeld , et passa quelque
heureuses journées dans ce cercle char-
mant, où il vit pour la première fois la
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SGH
{iOi)
SGH
jaiDe fille que le ciel lai avait destinée'
pour compagne. Charlotte de Leogeafeld
réuniasait toutes les qualités qui. poa-
valent donner le bonheur à un époux tel
que Schiller : elle était simple, pieuse^
aimante; à la faculté de comprendre un
homme de génie, elle unissait une puis-
sance de déf ouement qili dut être inap-
préciable pour SebiUer durant ses (ré-
quentes maladies^ et qui a sans contredit
prolongé de dix ans cette existence à la
fois frêle et précieuse. Le mariage fut
conclu le 20 février 1790, quelque» mois
après que le duc de Wçimar eut nommé
Schiller à une chaire d^hiStoire à l'uni-
versité d'Iéna. Les leçons du jeune pror
fesseur «urent un sucpèi dû plutôt à son
éloquence et à son imagination brillante
qu*à son érudition, quoiqu'il f^t on
travailleur infatigable. Les études com-
mandées par sa nouvelle position et ia
rédaction de V Histoire de ia Guerre de
Trente^Ans* contribuèrent à miner sa
santé. En 1 79 1 , une maladie de poitrine
le mit à deux doigts du tomb^u; on
avait même répandu la nouvelle heureu-
sement fausse de sa mort. Du fond du
Danemark, le duc de Holstein-Augus-
tenbourg et le comte de Schimmelmann
écrivirent au poète convalescent une let-
tre qui dut hâter sa guériaon : par cette
missive on offrait au poète une pension
pour lui donner le temps de réparer ses
forces délabrées. Schiller refusa, mais
l'efTet moral de cette démonstration bien-
veillante fut incalculable. Le coadjuteur
de Dalberg {voy») et. d'autres amb haut
placés pranaient d'ailleurs un intérêt
actif à la situation du poète; de plus, ses
travaux historiques et littéraires étaient
convenablement rétribués. Un voyage
qu'il entrepritdanslebeau paysdeSoual>e
(1798) contribua à rasséréner son esprit.
De cette époque datent aussi ses rela-
tions avec Guillaume de Humboldt et
avep Goethe (1794^*), qui exercèrent sur
(*) Elle ptrot d*abord dans VAlmanaeh pour
DoAlM ((79<>*9^)' Antérieiireineot déjà, il «Tait
puhliô VHittoir9 du souièptmênt d«t PujrS'Bus
«ji«i (Leipz., 1788).
(**) Sj preraièfe «ntrevue avee le plut grand
poète de l'époqae avait eo lieu en 1788, a Ru*
dotitadt. Ce fut ce dernier qui prétenta Sqhiller
k la dnuliesae Amélie ; cependant l'auteur doDom
Carlos ue se sentit pas d*abord attiré vers Goethe
qui jugeait le monde t6ut autrement que lui.
son dévetoppement poétique nné aak»^
taire influence. C'est ici que finit, dans
la vie de Schiller, l'époque de transi tîoii
dans laquelle il était ennré lors de la com^
position de Don Carh${n^l), La phi-
losophie, qui pendant dix années avait
subjugué s<m imaginatiop créatrice, céda
maintenant le pas à pette noble facvlré-,
désormais réglée et mise au service des
grandes idées de liberté légale, des droits
impresqriptibles de l'homme, de la civi*
lisation du. genre humain par Part. Pen«
dant cette dernière période, chaque an*
née sera marquée par des créations im-
mortelles. Lejpoéte confie aux Beuçes
iDiehoren) et à Vjàlmanaeh des Muses
1 795etann.suiv«)ses belles inspiratiotta
lyriques, ses ballades^ ses tnûlueliona
libres de Virgile et d'Buripide, ses beaux
traités sur des questions d'esthétique oh
de philosophie, traités qui ont, à Trai
dire, popularisé en Allemagne les théo-
ries de Kitnt sur le beau^. En même
temps, Schi lier composait sa vaste trilogie
de f^ailensUin^ résumé poétique de aea
longues études sur la guerre de Trente-
Ans (les trois pièces ne furent pas repré^
sentées simultanément, mais dans le cou^
rant d'une année, 1799 è 1800). Enfin
de 1 800 à 1804, ce fut le tour de Marie
Stuari^ de ia PtsceUe d'OrUans^é% la
Fiancé» de Messine^ét Guiiiaume TeU^
et d'une série d'ébauches dramaticpMS,
qui toutes promettaient des cheà-d'œn-
vre, lorsqu'une mort précoce vint arrêter
les battements de ce noble cœur.
C'est à la fois un triste et beau tableau
que-oetui des dernières années de Schil*
1er, à vour cet(e haute intelligence em-
prisonnée dans un corps rebelle et fakant
des efforts surhumains pour imposer à
de frêles organes le pesant Ikrdeaa du
travail nocturne, les ébranlements de
TinspiratiOn, les soucis rongeurs de l'a-
mour paterneLIl faudrait,pour donner un
récit digne et fidèle de cette lente agonie,
grouper autour de Schiller tous les noms
célèbres de Weimar, où il était établi
depuis 1 799 ; montrer l'affection tendre
de Gœthe pour cet ami plus jeune, mais
(*) Ifona noos contenterons de citer : les L«f-
Irtf HW l 'ôdmemtimu êstkitiqmê de tkamm^i le ttwixè
Sur la poésie tiaipe 9t soHimêutale 1 celui sur U
Subiimê, celui Sur la gràcê et la dignité, etc.
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SCH
( tofi y
SCH
Ȕlfqn<i ilti seeta fital de ts (kAtmcUon ;
peindre la loocbante amitié de ta belle-
•œnr, M""' de Wbllaôgeo*, qui ataît
pénétré le plus avant dan» les proToo*-
denrs de cette toteUigeBce, oà s*élabo«
raient Hiofde grandes et ingénieuses pen>
aées; fiemme dévouée, qui recnelHit le
dernier soupir de Schiller, et 'raconta
avec une Inimitable simplSeité se» der^*
uien ronmenls.
Lorsque le 9 mai 1805 le brolt de ta
mort de Schiller se fut répandu dans la
ville de Weimar, ce fut un deuil public;
le théâtre ferma ses portes; on n'aper-
cevait dans les rues que des physionomies
attristées ; et lorsque Gœthe, malade Kii-
même, ent deviné au silence morne de
see amis la fatale nouvelle, les sanglots
de cet homme^ qui ordinairement mal*-
trfoatt toutes ses impre^ions et toutes ses
donlenrs, éclatèrent avec force. Quelle
vie Iqoclle mort! et quel panégyrique ! Pas
plus de 4i ans d'existence; mais quelle
existence renïplte ! et quelle semence )e*
lée anr le soi de ^Allemagne , nous nous
trompons, sur -le sol des denx-héfni*
sphères! ^
Une appréciation sommaire des écrits
de Schiller justifiera cette dernière as-
mriiàn.
Schiller est à la fois poète, historien,
pliHosopbe et critique. Nous avons déjà
signalé nue partie de ses travan^é histo-
riques et philosophiques; mais quoique
VÉistoire de fa guerre de Trente^ Ans
(trad. firanç. par d^Arnay, Paris, 1794,
3 vol. in-S<^, et plusieurs autres plusré-
Gentes)et celle du Soulèptmentdes Pays^
Bttx ^trad. franc, de PHéritier, Paris,
1888) conservent une haute valeur dans
le monde littéraire, quelque les nom-
breuses oomposidons philosophiques, es-
thétiques, critiques de Schiller, mon-
trent avec quelle facilité ce briltant génie
lavait se plier aux exigences de la spé-
culation, à laquelle il prétait le secours
de son imagination riante et de son Hin*
gtge coloré, nous ne saurions , dans une
esquisse rapide, nous arrêter au dévelop*>
pement de cette portion de son activité
intfellectuelle. H faut, avant tout, envi-
\^ Cotait la sœur atoée de Cbarlott»<le Le».
^cufeld} elle avait épou»é le fiU do U ▼ieille
protectrice de Schiller.
sager le poète lyrique et le poète drania«
tique; car c'est par les deiix volumes de
poiésies, improprement appelées fugiti-
ves, et par ses tragédies, qui sont dans
toutes les mémoires, que Schiller a agi
sur ses contemporains, et qu*il agira sur
la postérité. l>epnis Kant et son poéti-
que disciple de Weimar, la philosophie
allemande a déjk traversé quatre ou
cinq révolutions nouvelles. L'étude plus
approfondie des sources a écîairci, mieux
que ne pouvait le faire Schttler, plusieurs
poiàts des guerres religieuses d'Allema-
gne; mars ses œuvres poétiques brillent
aujotird'hui, à quarante ans de distance,
du même éclat que le jour où FAIIçma-
gne enthousiaste applaudissait à leur pre-
mière appatition. Les lecteurs du poète
se sont multipliés chaqae année dans une
proportion incroyable; de nombreux ou-
vrages de critique ont commenté les vers
que la jeune fille devine , que l'/homme
médite' et que le vieilhird retrouve in-
tacts dans sa mémoire appauvrie; ces
oeuvres, qui remuent la fibre populaire
en Allemagne , ont trouvé grâce devant
Farébpage suprême du bon goût, devant
les salons de Paris; ^Anglais et PAmé*'
ricain utilitaires commencent à les goû-
ter ; et chez les peuples du midi , plus
d^in jeune poète accorde sa lyre sur celle
de Schiller. D'où vient cet accord des
tempéraments les plus variés, des ten-
dances les plus diverses? (Test qu'il existe
dans toute intelligence, non subjuguée
pa^ les jouissances matérielles, une aspi-
ration vers l'infini, vers l'idéal, irrésisti-
ble diez. les uns , plus faible chez d'au-
tres, mais à l'état de disposition innée,
intuitive chez tous. C'est cette opéra-
tion, ce sont ces élans, que Schiller ex-
plique et satisfkit. Il est poète idéaliste;
il transforme tout ce qu^l touche de sa
baguette magique ; on dirait qu'il em-
porte dans la région des nuages lesibr-
mes créées par lui , et qu'il les renvoie
parées de tontes les couleurs de l'arc-en-
ciel ; J|s sentiments qu'il effleure à peine
prernBnt sous cet attouchement passager
une teinte éthérée; il ennoblit les pas-
sions, même oeUes qui tiennent du crime
ou qui y conduisent ; il purifie Pamour
et lui rend son innocence première; il
jette, jusque sur la laideur morale, un
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SCB
(106)
8CH
Tamifl qâi, sans l'excuMP, la rtnd mp*-
portable à la vut. £c le secret de ees mé-
tamorphoeesy il le troave dasa son pro<*
precœar. Schiller a été anobli par l'em»
pereur d'Aileinagoe (1802), et oertea
jamaîa titres d^ noblesse n'ont été mieux
mérités; car SchiUer est le noble créa^
tAur de pensées pures et consolatrices.
Schiller a découvert, comme lUpbaél, le
secret du beau dans Part. Et ce qui donne
à toutes ces créations idéales un charme
ineiprimabley, c'est leur vérité relative,
leur vie organique, leur existence pres-
que rationnelle. Ces êtres purs, ces filles
angélîques, ces femmes pieuses et rési-
gnées, éclœes de son cwrvean et réchanf*
fées dans son cœur , vivent pour le lec-
teur d*nne vie réelle ; car tout en elles
concorde et forme harmonie, les pen-
sées, les paroles, les actions et la physio-
nomie. Seulement, rhomme qui a bu à
la coupe de l'expérience sait fort bien
que ces plantes éthérées ne vivraient pas
un jour , pas une heure, dans notre at-
mosphère sociale. Le poète l'a bien senti
loi^^méme; car ces êtres, revêtus d'un
corps presque diaphane, if les met aux
prises avec l'influence hostile du monde;
et ils sont broyés impitoyablement par
ce choc meurtrier.
La tendance idéaliste de Schiller n'ex-
pliquerait cependant pas à eUe seule cet
assebtiment universel que son ceuvre a
rencontré dans tous les paya du monde
civilisé; car, à l'exception de W. Scott et
de lord Byron, il n'existe, que noua sa-
chions, pas un seul auteur moderne qui
ait trouvé autant de traducteurs et d'imi-
tateurs. Nous croyons trouver le motif de
cette prédilection instinctive dans leco»-
mopolitisme, ou le caractère humant'^
taire de l'auteur de Dom Carlos. Schiller
a fait vibrer avant tout toutes les fibres
de la nature allemande; maïs par son at-
tachement exalté aux droits du genre
humain, il sympathise avec to^tes les na*
tions. Si nous ne devions craindre d'é-
voquer de pénibles souvenirs et dedon-
ner Jieu à de fausses jnterprétatioMhious
dirions qu'il est le prêtre de la raison et
de la vérité; poète-philosophe dans la
plus pure acception du mot, il parle un
langage qui a d6 être compris par tous les
cœurs généreux , sans acception de na-
tionaUté.€elangÉge,oa peut ao«fMth4
reprocher un peude déclamation oiseusi
malapar combien de beautés Schiller au
racbè4e-t*il pas ces bora-d'œnvre lyri*
qum épars dans ses tragédies , et trop
servilement amplifiés dans la suite par ie
troupeau des imitateurs!
Kiaminer. une è une ses tragédies; m»
trouverez dans chacune d'elles une idée
générale, qui doit intéresser l'habitant
des rives de la Seine au même titre que
l'habitant des bords de l'Elbe. Dana h$
Brigamdi^ c'est la haine de l'arhitrairai
dans Fiesque^ la lutte du républicanisme
et de l'usurpation monarchique; daaa
Inirigué et Amour ^ la haine de la bour*
geoisie contre l'aristocratie d'une petite
eour, la lutte de l'amour avec les com-
binaisons machiavéliques ; dans Don Car»
/m, c'est, par un heureux anachronisme»
le xvai* siècle avec ses idées de réforme
en présenœ du despotisme royal et des
traditions tyraaniques du vieux monde,
c'est hlluminbme ou la franc-maçonne-
rie en face de l'inquisition, la philoso»
phie en face de l'Eglise; dans ^allemm
stein^ c'est la haute ambition d'une iudi-
vidiuUté puissante, qui veut exploiter à
ion profit exclusif et égoiste les emberwa
d'une guerre civile, allumée pour de gra**
ves intérêts pelitiqnes et religiaux; Wal -
lenstein, c'est Bonaparte en miniat«na|
dans Marie Staartf vous tons trouvères
encore une fins en présence de deux cultes
hostiles, symbolisés par deux reines ri»
vales; dans Jea.mm tTArc^ dans Guii^
laume TellmX dans le beau fragment du
Fatut'Démétrius f c'est l'amour du sol
natal quiae dresse contre l'invasion étran^
gère. La moins acceptée des pièces de
Schiller, ia Fiancée de Messine (avec
des chcBurs d'une facture admirable),est
précisément celle qui ne met point en
relief une de ees idées cosmopolites qui^
depuis la révolution de 1789, sont en
quelqtie sorte dans l'air qne nous respi-
rons. Enfin, dans tous ces drames appa-
raissent des caractères d'une angélique
pureté , des êtres qui se dessinent avec des
ailes blanches sur le sombre fond de la
politique et de l'hbtoire, ce sont : la eom»
tesse de Fiesque , Ferdinand et Louise,
Max et Theda, Elisabeth de Franoe,'la
vierge de Domrémy, la prisonnière de
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SCII
(107)
SCH
SoliMmikay, BtatriM de Sidk, If «rfii ;
^nfia ce noble et l>rave GaïUamike Tell,
à U maiD n pmre que le meurtre même ne
parvieotpaftà laeoQilkr^ à riotalUgeni^
«9 droite, à le conecieiiGe si baote^ que fai
U>rtiiffe morale la plus Tioleote que puiate
aubir un père ne parrient pat à la conr»
ber; Honneur immortel au poète qui a
porté danf «on cœur de teli caractères,
et qui les a révélas de foraMs visiblessp
oomme firent les statuaires grecs des
dieux de l'Olympe ! De semblables créa-
tions équivalent aux actes les plus no-
bles; car, autant et plus que les exem-
ples de l'histoire y elles engendrent les
grandes aetions^ gcâoe à ell^, Thabitant
du palais apprend à cbérir la ver^, et
rbabitant des cbaumières à respecter la
grandeur.
. Nous ne donnerions qu'une idée im-
parlaite de Tinfluence exercée par Scbil-
1er, si nous ne jetioas un coup d'oeil sur
Teasemble de ses poésies romantiques
etJyriques/
Les premières, ses ballades et roman-
ces, ont été presque toutes composées à
léna et à Weimar, c'est- è-4ire dans la
dernière partie de sa trop courte car-
rière : aussi portent-elles toutes, dans
la faelure et dans l'idée*mère, le ca*
cbet de la periectioa. Coasme dans les
drames, la tendanoe idéale du poète pré-
domine dans ose compositions plus les*
traintes. Dans la ballade du chevalier de
Toggembottigf c'est l'amour désintéressé,
l'abnépoion obrétienne qui est mise en
relief; dans FridoUn^ c'est la naî?e piété,
rionoœnoe d'un cmur pur ; ilans le CAe^
valier de Rhode^ c^est l'obéissance pas-
•îve à k règle; dans Héro et Léandre^
\k fidélité jusqu'à la mort. Le Plongeur
symbolise la lotte de TaiMNir héroïque
avec les monstres de l'abîme; la Caution
nyeunit le lien commun de l'amitié ; Po-
fyçrtde prêche rhamilité dans la gren-
deor et la fortune. Dans un seul de ces
Ubleaux de genre ,* Schiller déroge à ses
habitudes sérieuses, etse donne le
(*) L*e9pace noifs manque pour parler aT«e
Mifl deSthiller romuicier. Son Gtitttnth&tv^
yisionnmirt, publié •m i'}6^> à Leipzig, comme
lU t. I*' (tria. fr. par A. de M., Pari«, iSaa,
iii*ia, et antres), nVst d'ailleurs qa*oD beau fnig*
mml.^~VÂmktrgisi4 au «elfi/ett une coitMiae
Mmém payeholofique, etc.
temps de l'ironie {le càepolier Delor§e$
on le Gmnt). Pahmi ses poésies lyriques,
nous r^etons celles qui émanent de la
première période : cosont, pour la pltt«'
part, des morceaux emphatiques. Il ûuil
excepter toutefois de cette condamnation
un tableau plein de mouvement : la £am
taillç^ei le chant sauvage des Brigands^
cette marseillaise de la populace alle-
mande et des étudiants tapageurs. tM
passion qui avait inspiré les vers à Laure
n'était ni pure ni sincère ; aussi les chaula
erotiques de cette première p^iode ont-
ils dû s'en ressentir.
A l'époque de transition appartien-
nent : 1^ Tode sublime à la Joie {an die
Freude\ qui a valu peut-être autant de
partisans enthousiastes à Schiller que sa
plus belle tragédie; 3^ Résignation^ç»i%ê
élégie du désespoir, où le poète flotte in^
décis entre la foi et le néant; enfin 3^ les
dieux de la Grèce, protestation poéti-
que, mais impie, contre le monothéisme
rationaliste. Il fiiut bien dire toute la
vérité : Schiller, pendant une dizaine
d'années (1780-1790), a été, comme
tous 1^ hommes à forte imagination, en
proie à des doutes cruels. L'étude de la
philosophie ne l'avait jeté que plus avant
dans cette voie fatale. Plus tard, le bon-
heur domestique, les souvenirs vivaces de
l'enfance et les épreuves de la vie, le ra-
menèrent sinon aux atoyances dogmati-
ques de ses premières années, du moins
À la foi inébranlable en un avenir au-
delà des tombeaux.
Beaucoup de poésies de la dernière
époque de Schiller ont un caractère phi-
losophique et didactique. Le poète, fort
de . la ri6gén(6ration qui s'est opérée en
lui , sait condenser en quelques vers su-
blimes, en quelques images frappantes de
vérité, les convictions qu^il a eonquisea.
Tels sont les Paroles de foi ^ les Pa^
rôles de. C illusion^ les Artistes^ cette
noble profession de foi par laquelle le
poète revendique pour l'art le privilège
d'avoir civilisé le monde; la ClocAe^ceitm
revue poétique des principales phases de
la vie humsine; Plnoomparable pièce in-
titulée ; l'Idéal et la vie, ou le Royaume
des ombres^ paralléUsose ingénieux et
profond entre Texistenee terrestre et cette
vie tant rêvée, tant désirée, « oà résident
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SCH
(108)
sai
le» formes fmres, on l'ouragatt de la doa«
Isnr nç courbe pi os les âmes. »
D'antres pièces de ce recaeil sont du
domaine élégiaque. Nous ne dterons'y
dans celle catégorie, que ]a belle épttre
A un ami a Centrée du nouveau siècle^
' où le poète retrace en quelques ver» Pé-
tât de TEurope en 1 800, et arrive à cette
concInsioD, «t^ue le beau ne fleurit que
dans la poésie; » puis les Illusions (die
Idéale)^ élégie ou ode pleine de verve,
de caodeur et de tristes vérités.
Bon nombre de ces vers de la troisiè-
me période ont le caractère épigramma*
tique ou gnooiique; ce sont les produits
des conférences de Schiller avec le créa-
teur de MéphistopbélèsetileFeûst. Dans
beaucoup de pièces, l'auteur rajeunit les
sujets osés de la mythologie et de l'âge hé*>
roîque àt^Ortc&^CcLSsandre ; la Plain'*
ê^de Cérès; les Grecs après la prise de
Troie y etc.). Si nous ajoutons que d'au-
tres vers chantent l'amour, mais unamonr
qui n'a plus rien de comnwrn avec les in«
•pirations dues à une Laure wûrtember-
geoise, nous aurons indiqué les princi-
piales rubriques sous lesquelles peuvent
se liépartir les productions lyriques de
Schiller. Comme l'auteur des Médita^
lions f Schiller serait immortel, même s'il
li'avait livré au monde que ces deux mo»
destes volumes, qui ne renferment goère
plus de 300 morceaux. Car, nous le ré»
pétons, la belle âme du poêle est là tout
entière; et l'âme de Schiller o?est eelle
d'un ange,' rebelle d'abord, puis-repen-
tant, et attiré vers le sein de Dieu, pour
entonner an milieu des élus le chant
triomphal de la vertu, l'hymne de la li*
berté, et pousser les mélodieux soopirs
d'unamoor sansiin et sans tache .*L. S.
SCHILLING (FAéDtAIG-GuSTAYE),
conteur allemand d'une extrême fi6con-o
dité, né à Dresde le 26 mars 1766, et mort
en aoAt 16S0. Parmi ses^ nombreux ro-
mans, en partie comiques, on cite Guy
(*) Les œuvres de SchiHer, dans Tédition de
Stttttgirt, forment lavol. în^*; Péditibn de
Carltnihe te oompose de i8 voL in-iS { celle
de Paris (t835et enn. suit.), a gros Toi. gr.
in-8". Les ourrages dramatiques de Schiller ont
été tradoiu par N. deBarante (iSar, 6 vol. in-8<*),
et par pivsieorsaotrea éçrlTaioa français, telsqne
Benjamin CoBsunt(vo/.), MM Mcr(e d*Aubigaé,
Marmier, etc. La Marié StuaH de M. Lebrun
(M>f .)est une pâle imitation de eelle de Schiller.
deSohnsdam comme le pins iatéreasanté
Il existe trois éditions de ses œuvres s
la dernière se composie d'environ 60 toI-*
in'8% Dresde, 1S3S et ann. sniv.
SmiJKMBLPBNNUCK (Rotgeb
Jak), homme d'un gntad^savoiret d'un
noble caractère, naquit à Deventer en
1761, et se voua au barreau, après avoir
défendu, pour obtenir le grade de doc«
tenr en droit, une thèse inangnraleintitu»
lëe De imperio pop^lari coûte tempera»
tOy où Ton trouve dé}k tonte la modération
de ses principes jointe à nn grand amour
de la liberté légale. Après l'entrée des
Français en Hollande, sous Pichegru
(vof .), il devint membre de l'assemblée
nationale de la république Batave, puis^
en 1798, ministre de cette république à
Paris. Il assista aux conférences d'A-
miens, où il fit valoir avec snocès les in-
téréto de sa patrie; et, après la paix con^-
dne, il fut nommé ambassadeur à Lon-
dres. Aocréditéensnitedenouveattà Paris,
il obtint toute fai confiance de Bonaparte,
dont ISttfiuence le plaïça, an mois de mars
1805, à la tète de la lî^ublique BaUve^,
en qualité de pensionnaire dn conteil et
avec un pouvoir presque monarchique.
Mais l'affkibtisBement graduel de sa vue
le força au bont d'un an de tempe à la
retraite. Alors Napoléon parla d'one
royauté bata^e qu'on créerait en .faveur
de son Xrère Louis et chercha à faire ac*
cepter ce projet au pensionnaire. Cepen-
dant Schimmelpenninck, loin de l'ac-
cueillir, aima mieux se condamner à une
retraite absolue. Néanmoins il reparut
sur la scène.après la réunion de la Hol-
laqde à Tempire Françab. A cette épo*
que, l'emperenr le nomma sénateur et Ini
conféra le titre de comte. Schimmelpen-
ninck mourut à Amsterdam, le 15 févr.
lé95, laissant un fils onlqne qui devint
conseiller d'état en service ordinaire et à
qui leroi GuiUaumel*' conféra, en 1834,
le titre de comte du royaume des Psys-
Bai. Z.
SCUiNDBRHANNBS.Souscenom^
Iran Bucxlbr, chef d'une bande de'bri*
gands qui avait pris les bords du Rhin
pour théâtre de ses exploits, s'est rendu
fameux vers la fin du siècle dernier. Né
d'une famille respectable, tnab pauvre,
le jeune Jean manifesta de bonne heure
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SCH
( 109 )
SOI
son penchant ponr le vol. Devenu grand»
il entra an aervke d'un exécuteur des
hantes' œuvres. Un vol qu^l commit lui
a^ant attiré un cbâtimeot corporel , ce
traitement décida de son avenir: il s'en-
foit» et se fit voleur de moutons. On l'ar-
rêta; mais il réumit à s'échapper,' et se
joignit à la bande de Fink Baurberoosse.
Arrêté de nouveau, il s'enfuit encore,
et entra dans la bande de Pierre-le«
Noir; puis, il devint lui-même chef d'une
bande, à la tête de laquelle il répandit la
terreur sur les bords du Rhin. On par*
vint enfin k s'emparer, en 1S03, de ce
redoutable bandit, qui fut ex^uté à
Mayence. X.
SCHINKEL (CHAaLBS-FEiDKRic),^
Mrcbitecte prussien distingué, professeur
à r A.cadémie des beaux-arts de Berlin 'et
membre de son sénat, né à Neu*Ruppin,
le 18 mars 1781, mort à Berlin^ le 14
cet. 184 1 . Cette ville lui doit le corps de
garde du château, le monument du
Kreulzberg, en dehors de ses portes^ le
second Théâtre, lebeau pontducbâleau,
aa bout de la magnique rue des Tilleuls^ le
musée royal et beaucoup d'autres con-
scrucllons rsmarquables. Fay. BxauN.
SCHIRAS, vay. CujAaz.
SCHIR-KOUH ou Cnim-KouH, on?
de de Saladin, '^>or. ce nom, Éotpte
(T. IX, p. 288), Fatjmibbs et Noua-
Eddyn.
SC.H1SCHKOW, V9X. Chischxop.
SCHISME (<FX'^<r(Mij division , sépa-
ration, de ff^iC», lendre). Ce mot s'ap-
plique^ dans son sens propre, à toute di-
vision religieuse, provenant du refus d'un
certain nombre d'églises ou d*un cer-
tain nombre d'individus de rester en
communion avec la société à - laquelle
ils appartenaient jusqu'alors, pour faire
corps à part. D'après la constitution de
l'Église catholique romaine et «on prin-
cipe de soumission à Tantorité, il n'y a
pas dans son sein d'hérésie obstinée qui
aVngendre un schisme. L'unité de foi e»t
absolue chez les catholiqaes. Les protes-
tants (voy» ces mots) soot loin d'être
aussi rigoureux. Ils admettent des article*
de foi fondamentaux et drs articles non
fondamentaux : Taccord relativement aux
premiers, formulés avec une largeur qui
tes a souvent fait accuser de latiiudina^
rîâme^ leur suffit pour se reconnaUreleê
une Us autres: comme meikibres d'une
même Église* Pour leseaAoliqUes, tout
eeqni a été déddé par les conciles géné-
raux est article de foi obligatoire au roê«
me <legré ; sur les sujets non discutés, Fo*
pinioB est libre, ce que l'on a exprimé
ainsi : « In necessarù'Sy unitas; in du^
biis, libertas*, » Ceux qui rejettent iim
article de foi. ou qui refusent de se sou-»
mettre à l'autorité de l'Église, scmt rt-
tranchés de sa communion et considérés
comme schismatiques. Paul recommande
fortement da se tenir attaché à l'Église,
lorsqu'il dit daossa 1'* épiêre aux Cona*
tlùens (1, 10 et suiv.) : « Or,, je vous
prie, mes frères, an nom de K. S. Jésus-
Christ, de tenir tous le même langage^ et
qu'il n'y ait point de divisions parmi
vous ; mais que vous soyez bien unis dans
une même pensée et dans un même sen-*
timent; car, mes frères, j'ai été in*
formé qu'il y a des contestations' enuv
vous. Voici ce que je veux dire, c7est
que parmi vous l'un dit : Pour moi,
je suis disciple de Paul ; l'autre : Et moi,
je le suis d'Âpollos ; et un autre : Et mui,
je le suis de Céphas; et un autre ; Et
moi, je le suis de Jésus-Christ. Christ
est^il divisé? Paul a-t-il été crucifié pour
vous? ou avez- vous été^ baptisés an nom
de Paul ? » Malheureusement , l'ambi*
tion des hommes leur a fait oublier ces
sages préceptes. Les uns ont voulu étau*
dre leur puissance spirituelle jusqu'à la
suprématie temporelle ; les antres , sous
prétexte d'afïrancbir la« religion de toute
oppression,, l'ont quelquefois fi|it servit^
à leurs vues intéressées;, ou bien des pas*
sions et des intérêts humains sont vemis
envenimer une dissension d'abord lé-
gère et sur laquelle, avec^us de boane
foi, on eût pu facilemeut s'entendre; et
de cette manière, l'Église s'^ vue dé-
membrer en plusieurs grandes fcactionSf
dont l'une, à son tour , s'est fractionnée
à l'infini, et qui toutes aiu'aient besoin
peut-être de se retremper dans l'unité
pour trouver la vigueur qui Içnr man-
que et qui semblerait pouvoir se con^
cilier avec une grande diversité dans les
dogmes secondaires.
Sous le mot schisme ^ très différent du
(*}0o a «jouté aTec raiioo:/ii om^ihuitûrUat. S.
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SGH
(119)
iCK
t kàréêie (vof.), on cnteod putieu-
U^rment «Be fépantkMi d'obédinoey
laquelle n'a pat néeèwaifeiaMt pour
ooiBt6q[«ieBGe une dfTÎtion en malîire de
foi. C'est la lévérité de prineipes de l*É-
gUte oatbolîqoe romaine qni a donné
liea à tontes les séparations de cette na«
twe qn'on pourrait énnlnérer^ depnb le
aoliisne des iionaiistes^ dont nous aTona
parlé au mot Dohat, jusqu'à celui de la
petite église française ou oelnl des lier*
mésieps {v^>)f qui , prêt à édater plus
réœmmenti fut cependant hettreusemeni
étouffé. Le schisme des donatistesfutsuiri
de celui d'Jnthche. Im prétention I Vé-
piseopatde cette^lle élevée par plusieurs
évéques ayant chacun de nombreux par-
tisans donna lieu à ce dernier ; mais après
avoir été quelque temps séparé de la
communion de l'Église latine, Flavien s'y
réunit de nouireau Fan S98. Au mot
IvTssnTuaX) nous avons parlé d'une au*
tie querelle qui divisa l'Église, aussi bien
que le peuple hic^ entre le pape et l'em-
pereur. Henri IV, excommunié, Ait
•bligé de s'humilier devant le premier;
mais bientôt après, Rodolphe de SduabC)
•on compétiteur^ étant mort, les affaires
de Henri se rétiMirenl : il fit nommer,
en 1080 , un antipape {voy,)y et donna
ainsi lieu à un schisme qui dura 40 ans
(ifor- GmiooimB VII). Sous AJexan*
dre in, en 1 159 , la majorité des cardi-
naux ayant nommé pape le cardinal Ro-
land , qui prit le nom d'Alexandre HI,
quelques autres élprent Victor H, que
soutenait l^mpereur Frédéric U , et qui
chassa de Rolne le pape légitime. Ce
schisme se termina, en 1178, par la ré-
conciliation de Frédéric avec Alexan*
dreUL
Le schième le plus important de tous
est celui qu'on désigne sous le nom de
schisme d'Orient. On en peut voir les
commencements a l'art. Photiub, car ce
patriarche y préluda dès l'année 866 par
son encyclique; m«is il n'éclata qu'en
t057, sous le patriarcat de Michel Gé-
rularius. Nous avons donné un court
historique de cette séparation entre les
Églises Istine et grecque au mot Oxien-
TALK [Église), Ses cooséquences sub-
•isieut, comme on sait; et. même la.réu-
occuper au mot Union, n'eut point des
effîBta dun|bles pour une grande partie
des populations auxquelles cette mesure
réparatrice se rapportait.
On nomme grand schisme^ ou sckis^
me d* Occident , la division d'obédience
qui résulta de Is nomioatioo de diffé-
rents pepes dont les uns siégeaient à
Avignon \ les autres à Rome. Les sei-
gneurs de lltalie ayant voulu forcer leé
cardinaus à donner à l'Église un pape
italien, ceui-ci eurent la faiblesse de cé-
der, tout en déclarant que l'élection for-
cée serait nulle. En effet, devenus plus
Ubres, ils déposèrent Urbain Vf nommé
en 1S7B, et, joints è d'autres cardinaux
qui n'avaient pas voté dans le premier
conclave, ils éb'rent Clément 'VII. Cha-
cun de ces papes ayant ses partisans, il
s'ensuivit un schisme qui dura 50 ans.
Nous nous bornerons à indiquer les
noms des papes des deux côtés. Ce sont,
à Rome : Urbain VI, Boniface IX, In-
nocentVn, Grégoire Xn déposé en 1409
par le concile de Pise ; à Atignon, Clé -
ment VII, puis Benoit Xm, pareilîe-
ment déposé per le même concile , qui
nomma pape Alexandre V, à qui succéda
Jean XXIII. Alors paraissent simulta-
nément trois papes, les déposés refaisant
d'abord de se soumettre. Cependant Gré-
goire XHabdUpia en 1415 ; JeanXXIU
et Benoit XHI furent déposés par le
concile de Constance {yoy!) qui nomma
Martin V. Jean XXIH fit sa soumission
à ce pape , et à la mort de Benoit Xllf ,
le schisme s'éteignit.
Au xv« siècle, Eugène IV(w>r.) ayant
été déposé par le concile de Bile, Amé-
dée Vin, duc de Savoie, qui s'était fait
moine, fut nommé pape sous le nom dé
Félix V, et engendra'un nouveau schisme;
mais bientôt il abdiqua, et se soumît à
Nicolas V, successeur d'Eugène FV.
Le schisme d'Angleterre qai eut lieu
sous Henri VIII, appartient à l'histoire de
la réformation. Nous dirons un motdece-
luidetIollandeoud'Ùtrecht.Enl702,un
bref vint de Rome, qui enlevait à Pierre
Codde, archevêque de Sebaste, vicaire
apostolique, accusé dejanéénisméparlea
jésuites, toute juridiction dans l'Église de
Hollande. Le prélat résista, et eutratna
nion partielle dont nous aurons è nous | avechii le clergé séculier. Les États-Céné^
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SCH (11
MnbiOaliaNB%«t(MHidiniitàTliée-
don de Gock, nomoé pour le renplaeer ^
d'eieroer en aocnoe maiiière son Tioenet
nyoïtoUqae. Une «Meablée.da derfé
hollnndais, en i 703, en appelé « eu pepe
nMOZ ioforméy » pnîs « en futur ooneile.ir
Cependant lea éTéques hollandais, tout
en lésistant, faisaient des prolestationa
d'onhodosie. £llea ne lurent point ac-
cneilUeiy et les actes du concile pi^orin-
osai de Hollande, tenu en 1768» lurent
ooBdamnéa* Ce sclûsme dure encore de
noejonn.
L'affaire des appiêianu (voy.) n'ent
poânl def oonaé^uenoes si graTes ; cep»-
dant la France fut aussi un moment s^
pnrée de la ooamnnion romaine par suite
de la déelavation de la constitution ci-
▼iln du clergé (vor.)^ En 1700, l'As-
semblée constituante, qui s'occupait de
réformer l'état, mit la main à l'organi-
sation ecdésiestique. £lle changeait la
dr«onscription des diocèses, faisait ehoi-
âr les évéques par les éleotemn de d^
pnrtement , et les curés par ceux de
district, entourait l'éTéque d'un conseil
qall devait consulter sur toutes les ques-
Àins de juridiction, etc. Tons les mem-
bres fonctionnaires du clergé qui ne von*
Inrent pas isire le serment de maintenir
cette constitution, eurent à céder leurs
pinces aux éréqnee et aux curés dits
e^futiiuiitmmeU on assermerOéSf les-
quels lurent traités d'intrus et considé^
rés comme schismatiqnes. Genx-d, pour*
tant» représentaient qu'ils n'aTaient rien
innové en matière de loi ni dans la li-
turgie 9 déchvant qu'ils étaient prêts a
rendre leurs sièges aux évéques déposée»
dés, aussitôt 'que ceux-ci auraient lait
acte de sonmission aux lois de leur peys.
Bt, d^ lait, les .évéques constitutionnels
se démirent de leurs (bnctionadès qne le
concordat (vOf.)de 1 801 entêté signé.Un
atttM schisme, dit des lottisettf wà àt ia
petite Église^ eut lieu alors; Parmi les
évéques qui avaient quitté leurs sièges
plutôt qiM d'accepter la constitution ci«
vile du clergé, plusieurs blâmèrent, à
l'époque du concordat, la conduite du
pepe à l'égard du premier consul de la
république française et des évéques con*
stitutionnels. Austi lorsque, ponr la com-
binaison uonvjsHequeréclamaimH la pru -
t) SCË
denœ «I l'intérêt de rÉgUM deF'fiinc»,
le souverain pontife eut besoin quHlt
renonçassent à leurs titres, il y en eut
qui le retinrent obstipémeot, et se mi-
rent en opposition avec l'autorité JMipala
qu'ils avaient pourtant préconisée eux-
mêmes dans leur lutte contre les cons-
titutionneb; résistance qui leur fit per^
dre le mérite de longues souffrances at-
ténenres. Piusienrs, cependant, cfaan*
gèrent de sentimentan lit de mort, et ce
schisme, appuyé sur la vie dé quelques
hommes seulement , doit s^étefindre avec
eux* X«
SGHISTR. On donne ce nom, qui
vient dé l'allemand «9cAÂ?f(^, è une roche
d'apparenèe homogène, à texture ter-
reuse , è structure feuilletée , souvent
terne, quelquefois luisante', se divisant
fréquemment en polyèdres rhomboédri-
ques, enfin ne se délayant jamais dans
l^u.
D'après cette définition, le schiste,
pour nous, constitue parmi les roches
une espèce dont les variétés sont trè$
nombreuses. Des minéralogistes fort estl-
niables font du sdiiste un genre qu'ils
divisent en plusieurs espèces; mais ta'
nature est tdiement riche et variée dans
ses produits que, lorsqu'il s'agit de les
étudier, il* y a toujours avantage, selon
nous, è en restreindre le nombre de groti-
pes au lieu de le multiplier. Notos dirons
donc que toutes les variétés de schistes
sont des silicates d'alumine plus ou moins-
méfamgés de fer. La plupart perdent leur
cohérence par l'influence d^ agents at-
mosphériques, et se transforment à la
longue en argile.
Nous divisons l'espèce schiste en cinq
sous-espèces. La première est le schiste
argileux que plusieurs auteurs français
notnmeniphyiiadey et que les Allemands
appellent Thonschiefen C'est une roche
ordinairement tendre, et qui répand,
par le contact de rhAkine, Todenr de
l'argile. Elle présente un grand nombre
de variétéa : ainsi , lorsqu'elle contient
du mica disséminé en paillettes distinctes,
on bien lorsque le mica y est en paillettes
tellement multipliées qu'elle prend le
brillant du salin, ou bien encore lorsque
le quartz y est parsemé en petits grains,
on donne è ces variétés les noms de
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SCH
(112)
tchiste argileux paiiUté ^ stHinê et
quartzeux. Lorsque celte rocbe renfer-
me dei crittaux de feldtpelb, elle firead
le surnom de porphyroîde; enfioi si elle
contient on des cristaux de Pespèce mi-
nérale appelée mâclcy ou du fer sulfuré,
on lui donne les noms de schiste argi-
leux maclifère et pyriteux.
La seconde sous- espèce est le schiste
tigulaire on ardoisicr qui présente des
variétés compactes tlfeuilletéts^ roab
qui ne mérite le nom à*ardoise {vbjr,)^
que lorsqu'elle se divise en feuillets
milices et planes.
La troisième sous-espèce, appelée co^
tieule, est une roche a texture scJiisto-
compacte présentant ordinairement à la
lois la couleur jaunâtre et la couleur
bleuâtre qui partage régulièrement un
même morceau. Cette roche se laisse en-
tamer par une pointe de fer ; mais ce*
pendant, par le frottement, eHe usé ce
métal et mémeFader: aussi l'exploite-
t«on pour en tailler des morceaux de
différentes grandeurs sous le nom de
pierres à rasoirs.
Les^deux autres sons-espèces ne pré-
sentent que des variétés de texture : Tune
est le schiste bitumineux qui est tou-
jours plus ou moins imprégné de bitume;
Tautre est le scliiste marneux qui, con-
tenant en quantité très variable des par*
lies de marne plus on moins calcaire,
fait toujours effervescence avec les aci-
des. J. 9-T.
SCHLAGUE. On désigne en France
sous le nom de la schlague la coutume
qui règne encore dans les armées aile*
mandes, de punir 1e soldat en lui admi-
nistrant des coups de bâton , comipe on
a maintenu en ÂngleUrre Tusage de lui
infliger des coups de fouet.Le cornouiller
du caporal [Gef rester) autrichien jouit
d^une réputation imposante. Mais le
mot de schlague n'a rien d'officiel : seu-
lement, en allemand, Schlag, au plur.
Schlœge^ signifie co<fp/ l'instrument est
le Uaie/stocA,Dttuê leNord,il fonctionne
ausii au civil, et nous l'avons vu servir,
comme moyen disciplinaire , même dans
la solennité des foires, où un juge Impro-
visé faisait infliger cette peine, au moment
môme du délit, à de pauvres paysans let-
tons ou russes qui semblaient s'y résigner
à «ne cboee
toitt-è-fail
comme
relie. S.
SCHLANGEMBAD , lien ooma par
SCS eaux thermales , dans le voisinage d»
Schwalbach, duché de Nassau. L*eaa d«
Schiangenbad a une teinte d'axur; aoa
degré de chaleur ne dépasse pas 23^ JL ;
elle est calcaire et argileuse et forme «tta
espèce de graisse qui y surnage. On s'enaert
comme de remède contre les maladies de la
peau, surtout les dartres, conlra la piem
et la gravelle , etc. Par sa nature saviMi*
neuse, elle assouplit la peau , lui donna .
quelque chose d'onctueux , et guérit les
roidettn et les contractions. Aussi a*t-
elle la réputation de rajeunir.
SCHLEGEL. Ccst le nom d'une ûh>
mille saxonne qui a produit plusimam
générations de frères également dîsU»-
gués et célèbres.
L'illustration de cette fiimille eoA-
menee a Je4K-Éus Schlegel , poète eC
le premier peut* être en Allemagne dont
le théâtra mérite d'être compté poor
quelque chose. Né à Meîssen, le 28 janv.
1718, mort le 13 août 1749 àSoroe,
où Holberg l'avait fait nommer profçs*
seur à l'Académie noble, place faiblement
rétribuée et qui Tobligea a multiplier aes
travaux littéraires pour suffire à son exis-
tence. U appartenait à l'école de Gott-
sched (vo^.),~et ses meilleures tragédies
sont Bermann (Arminiu») et Knut (Ca-
nut). On pourrait aussi citer de lui quel-
ques comédies passables, indépendam-
ment de ses épi très et d'antres essais poé-
tiques.
Son frère, Jban-Aoolphb Schlegel ,
également poète, mais plus connu comme
orateur de la chaire, était né a Meissen^
le 18 sept. 1731, et mourut le 16 sept.
1793, à Hambourg, où il était pasteur et
conseiller consistorial. On lui doit dea
&blesy dea cantiques et d*autres poésies,
un recueil de sermons et une traduction
du traité de Le Batteux. .
Un troisième fVère Schlegel, JsAir-Hxir-
ai,néàMeissenea 17 34, devint profenear
d'histoire à Gopenhague,où il mourut, k
1 8 oct . 1 7 SO,conseiller de justice elhîalo-
riographedu roi. Il est auteur d'une His^
toire des roisde Danemark de la maison
d'0/denhourgfCojp9nh. et Ltif»z., 1777,
3 vol, ia-8''.— -Son fils, JEAK-FaxoÉaic*
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sm
(113)
SCH
GtJitiAtntB Sehlegel, oontdHflr de coo*
fftrences et profesteur en droit à l'imi-
tmnM de GopeDhagoe , où il est né en
1765 , «'est aussi fait connaître par des
travaux de statistique et de droit public
reiati£i à sa nourelle patrie, dont il a
adopté la langue.
Ma» ce sont deux fils du pasteur Jean-
Adolphe Schlegel qui ont donné le plus
de célébrité au nom qu'ils porUient Ce
prédicateur dbtingué avait cinq fib, tous
hommes de mérite , et tous connus par
des travaux littéraires. Nous ne dirons
qu*un mot de l'ainé, Ghablss-Auouste-
HâUBicSy né à Hanovre en 1766, mort,
le 39 janv. 1826 , prédicateur et surin~
tendant général ecclésiastique àHarbourg
(Lmiebourg), et qui a laissé des ouvrages
de théologie; du second, Jban-Ghaxlxs-
FuEcnnooTT, né à Zerbst en 1 7 58, mort
oonseBler consistorial à Hanovre le 18
nov. 1831, à qui lV>n doit différents ou-
vrages dHiistoire et de droit ecctésiasli*
ques; et du troisième, né en 1760, qui,
ayant fait un séjour aux Indes-Orientales
comme officier dans l'armée anglaise, a
composé un ouvrage sur le Ramatik,
dont on conserve le manuscrit à la biblio-
thèque de Gœttingue. Ce sont les deux
plAs jeunes frères qui doivent nous oc*
Guper particulièrement, à raison de la
haute influence qu'ils ont exercée sur la
littérature allemande et sur le dévelop-
pement des idées en g^éral. Us ont été
tous les deux anoblis. S.
AuGxrsTB-GuiiXAUMB de Schlegel*,
professeur à l'université de Bonn, est né
à Hanovre le 8 sept. 1767. Il étudia d'a-
bord la théologie à Gœttingue ; mais il la
quitta bientôt pour se lifrer exclusive-
ment à la philologie; et dès 1 787,une ex-
cellente dissertation latine sur la Géogra-
phie d'Homère prouva les progrès qu'il
avait fiûtsdans cette branche de la science.
En 1788, il accepta la place de gouver-
neur des enfants d'un banquier d'Amster-
dam. De retour dans sa patrie, trou ans
après , il se fixa d'abord à léna et prit une
part activée la rédaction des Heures ti de
VAlmanach des Muses de Schiller, ainsi
(*) Goillaome Mt, comme on nit, U tradac-
tioB da nom allemand Wilbelm : aoiti M. de
Sdilegal a^il signé W. de 8. set articles dans le
JêummldêiDibtt. 8.
Mnexehp. d. G. d. M. Tome XXI,
qu'a celle delà Gazette littéraire générale
de cette ville. Ce fut vers la même époque
qu'il entreprit la traduction deShakspeare
ferlin, 1797-]810,9vol.) , quiaexercé
sur l'art dramatique en Allemagne*une
influence salutaire, mais qui malheureu- «
sèment n'a pas été terminée. Nommé con-
seiller et professeur à léna, Schlegel fonda,
avec son frère Frédéric, VJthenœum
(Berlin, 1796-1800, 8 vol.}, espèce de
revue esthétique et critique qui, malgré
son ton aigre, presque arrogant, a beau-
coup contribué a animer d'un esprit plus
libre la littérature allemande. Il publia
en outre la l'^ édition de ses Poésies
(Tub., 1800) , et la Porte d'honneur
pour le président de théâtre de Kot-^
zebue (1800) , réponse amère a VAne
fyperboréen de cet auteur dramatique,
ainsi qu'un recueil d'articles insérés dé-
jà dans différents journaux sous le titre
de Charakteristikenund Kritiken (Kœ-
nigsb., 1801, 2 vol.). Peu de temps
après, il se chargea, avec^ M« Tieck, de
la publication de VAlmanach des Mu-
ses pour 1802, où règne un esprit mys-
tico- symbolique. Une courte maladie
lui ayant enlevé sa femme, fille du pro-
fesseur Michaëlis (yoy,)^ de Gcettingue,
M. Schlegel quitta léna et se rendit à
Berlin où il donna des leçons sur la litté-
rature et les arts. En 1803, il fit paraî-
tre son lony drame imité des anciens, qui
donna lieu, dans la Gazette pour iemon^
de élégant, à une intéressante polémi-
que entre Bemhardi, Schiller etM. Schle-
gel. A cette publication succéda immé-
diatemcint celle du Théâtre espagnol
(Berlin, 1808-9, 2 vol.), où le traducteur
surmonta avec un bonheur inouï les plus
grandesdi(ficultés,etoù il sut rester fidèle
au sens, tout en observant les lois de la me-
sure, de la rime et des assonances. La ré-
putation qu'il s'ecqnit par cette traduc-
tion etGelledeShakspeare,reçutnn nouvel
éclat de la publication de ênBouquets de
fleurs cueUUes dans les littératures ita»
Uenne, espagnole et portugaise (Berlin,
1804). M. Schlegel n'eùt-il pas rendu
d'autre senrice que de fairebien connaître
à ses compatriotes les chefr-d'oeuvre de
Shakspeare et de Calderon, cela seul suf-
firait pour lui assigner une place distin-
guée dans l'histoire littéraire moderne,
8
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8CH
(1*4)
BOfl
En 1605/M. I^l«s^ fit la covnmîs*
tanot de M"» de Suêl {vojr.) ; cette femme
eéièbreexerçatitr lui uoegrande influence
en Farrachant à la sphère étroite où il
▼iirmt.II raccompagna en Suisse, en Ita-
lie, en France. Ce fut pendant le séjour
qu'il fit dans ce dernier pays, qu'il com-
. poM en langue française son Parallèie •
iie la Phèdre (t Euripide et de celle de
Baeine (1807), qui produisit une vive
sensation dans le monde parisien. Bn
1808, nous le retrouvons à Vienne, don-,
mÊMkiàfêleçonsd'artdramaiiqttêetdeiii'
térmure^ lesquelles onlécéimpriméesplifr»
sieurs fois (Ueid., 1809-11, 8 vol.; 9«
édit. 1817)ettradaitesdans presque tou-
tes les langues (trad. ir. , sons ce titre :
Cours de litîéruture drammtàque^ po-
M"* Necker de Saussure, Genève et Pa«
ris, 1804, S vol. in^8<>), honneur que,
Malgré quelques défauts, elles méritaient
du reste po- la justesse des aperçus, k
sagessedes jugements, la grâce et la clarté
de l'eipression *. Le nouveau recueil de
wm Œuvres poéttqi^t(JELAà,j 1811-16,
a vol.) offre la plus grande variété de
formes rehaussée par un style étineelant
et d'unepureté irréprochable. Son Jnon^
son Pygmalionywn S.LuCjWn Sonnets
et sa magnifique élégie de Rome^ dédiée
à 11"^ de Staél, justifient ses prétendons
à la couronne de poète. En 1813, sub-
jugué par Fesprit du temps, il se fit écri-
vain politique, et accompagna, en qualité
de secrétaire y le prince royal de Suède
qu'il avait connu en 1813 à Stockholm.
Les ser liées qu'il rendit lui valurent, en-
tre antres honneurs, des lettres de nobles-
se. Après la cbntede Napoléon, il retour-
na auprès de M""* de Staël, et lorsqu'elle
Alt morte, il accepta, en 1 8 1 8, une chaire
de professeur à l'université prussienne de
Bonn. Ses leçons sur rhisloiîredes arts et
des sciences, ne suffisant pas à son tnla-
tigable activité, il s'neeupa avec ardeur
de l'étude des langues orientales, surtout
du sanscrit. Il publia nne Bibliothèque
indienne (Bonn, 1810*38, 3 vol.)et éta-
blit «ne imprimerie pour la publication
de la grande épopée MnUfyana {yojr.
(*) Catto appréciation Mt testmllanent tt«-
doite 4o rnJUkmand ; noot Bavons pas beioin
d« dire que ce n*eat certes pas aax jogements de
M. Scblegel >ar l*art dramatique en France que
osi élegss psevset te rsppoiW. 8.
R4ifà).Aaret0Qrd'uu voyage qiMilt en
France et en Angleterre, dans l'année
1 833, afin d'examiner les manuscrits in*
diens qui se conservent dans les bibfle-
thèques de Paris, Londres, Oxford, Cam-
bridge et dans celle de Uayieybury pour
les Indes-Orientales, il se chaiigea de 'la
surveillance du Musée des antiquités na-
tionales. En 1837, il donna i Berihi, sur
les beani-arts, des cours qui ont été im»
primés sous le titre de Leçons sur la
théorie et r histoire des arts plastiques
(Berlin, 1837). En 1838, il «t parattn
dans la même viHe ses Critiques, et «n
1 883,ses i{^nr^oii# sur tétudedesUm»
gués asiatiques. Accusé de cryptocatbo-
licisme, il s'en défendit dans une excel^
lente brodinre intitulée ExpUeatlonede
quelques malentendus (BÔr4in , 1-838).
M. A.-G. de Scfaiegel est membre de U
Légion-d'Honneur et chevalier de plu-
sieurs autres ordres. Il écrit le fhinçais
presque avecautantdefacilicéqnesa lan-
gue maternelle, et plusieurs de nos jour-
naux l'ont compté au nombre de leurs
collaborateurs. On assure qu'il fut aussi,
avec B. Constant, celui de fd*^® de Staël
pour la composition du célèbre ouvrage
De V Allemagne^ et il prit part à U pu-
blication de son ouvrage postfauase Ckn^
sidérations sur la Révolution française.
Charles -GtnLLAiTME-Faiintf me de
Scblegel, frère du précédent, né à Hano-
vre le 10 mars 1773, passa son enfance
auprès de son oncle et de son frère atné,
tous deux pasteurs protestants, vivant
alors à la campagne. Quoiqu'il le destinait
au commerce, son père lui fit donner des
leçons de tonte espèce. Avec de Fesprit
naturel et und intelligence vive, le jeune
Frédéric n'annonçait pas de grands ta-
lents; cependant, une fois placé dans un
comptoir de Leipzig, il éprouva une telle
répognance pour le négoce, que son père,
céîkmt à ses insunces, consentit à le laisser
suivre la carrière des lettres. Il sedéoMa
pour la philologie et ee livra avec tant de
zèle à cette étude, qu'après quelques an-
nées passées à l'universKé de Gttltingue
et à celle de Leipzig, il put se vanter de
connaître tons kÀ auteurs grecs et latins
de quelque vaieui'. Le premier ouvrage
considérable qu'il publia sous le titre de
Grées et Bomains (Hand»., 1797) lai
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(414)
SCH
même* V Histoire des Grecs et des Ro^
jiiaûi«(BerUn9 1798) peut en être regtp*
dée comme la «vite* Laprploode^niditoiiy
rorîgiiiaiUé des peii3^ et la force de U
critiqae qui diatiogueAt cea deux ouYra-
0ee> ioot regretter que ni l'un ni l'autre'
n'aient été leminié»* Schlegei renon^
^lemenl à la publication de Platon,
dont il avait en]dre|Nria une traduction
allemande avec ScÙeiermaclier {voy, ce
qom). Nous avons déjà parlé de VAlhe^
nœum auquel il travailla avec son frère.
Son roman de Jjtcimie (Berlin, 1799)
est aussi resté inachevé, peut-être à cause
du reproche d'immoralitéqu'on lui adres-
^ En 1800, Frédéric Schlegei qnitU
Berlin, où il vivait depuis quelques an-
nées, pour aller s'éublir à léna et y donner
des cours de philosophie qui réuuirent
un auditoire nombreux. Ce fut vers cette
^»oque quUl s'essaya pour la première fois
dans la poésie \ mais de tous ses essais, le
seul qui mérite, à cause de son originalité,
une mention spéciale , c'est sa tragédie
à'Aiarcusi (Berlin, 1902), imitée d'Es-
chjle. En 1802, après un séjour de quel-
que temps à Dresde, où une de ses soeurs
était mariée, H partit pour Paris, avee sa
femme, fille de Mendelssohn. En même
temps qu'il y donnait des leçons de phi*
losopbie, il étudiait les langues du midi
de l'Europe et de l'Inde, et s'occupa d'un
Recueil de poésies rcmantiques dm
moycn^dge , ainsi que de divers autres
travaux littéraires, nommément unei3f#-
toire de la Pueelle d'Orléans (Berlin,
1 802) . De retour en Allemagne, il publia
ses Poésies (Berlin, 1809), rempUcs,
comme son Àlmamaeh poétique ( ib*^
1806), des sentiments du pluspur patrio->
ttee. Ce fut pendanton séjour à Cologne
91e Frédéric Schlegeiohangea dereligion
avee sa femme; il se fit catholique malgré
|es traditions de sa famille dont tant de
membres s'étaient distingués comme pas^i-
tanrs protestants* Placé en qualité de se-
oéuire auprès de l'archidno Charles il
rédigea d'énei^iques prodamatîons qui
agirent vivemem sur l'opinion publique;
mab lorsque la guerre prit une tournure
Clcheuse pour l'Autriche, il retourna à
ses travaux littéraires et ouvrit un cours
qui a été imprimé sous les titres éHHiê'-
taire modime(y:ùmM!^ 181 1), et d'i^â^
toire de la littérature anciemme et mo^
deme {iffi, 1816, 2 vol.; trad. fr., par
M. W. Duc^tt, Paris, 1829, 2 vol.
iiV-8®). Il publiait en même tempe le Ma^
séeallemaad (Yienuej 1812-18, 2 voL).
Ayant gagné là confiance du prinee de
Mettemich par différents écrits diplo-
matiques, il fut attaché comme secrétaire
de légation à l'ambassade autrichienne
auprès de la diète geroianique; mais dès
l'année 1818, il retourna à Vienne, où il
fonda, sous le nom de Cùncordia (iMO-^
21), un journal destiné à eondUer les opi«
nions divergentes sur l'Église et l'État;
en même te^ps il s^occupa de la pubkr
cation de ses OEupres complètes (1822
et suiv., 12 vol.). Les cours qu'il fit dans
ta capitale de l'Autriche depuis 1827,
et qui ont été imprimés sous le titre de
Philosophie de la vie (1828; trad. fr.
par M. l'abbé Guenot, Paris, 1887, 2
vol. in-8'*), renferment une philosophie
populaire qui, malgré le piquant de cer-
taines observations, ne saurait exercer
d'inAnence lâcheuse sur la philosophie
scîesitifique, tant elle est arriérée. L'au-
teur s'était proposé pour but dans cet
ouvrage de prédisposer les esprits à la
recherche et à la eonnaissanoe de la vé**
rite. Dans sa Philosophie de fhisioire
(Vienne, 1829, û vol.; trad* fr. par
BI. l'abbé Leehat, Paris, 1888, 2 vol.
in-8<^), il entreprit, dit-il^ de régénérer
dans l'homme l'iouige de Dieu. Vers la
fin de 1828) Frédéric de Schlegei (il avait
été anebK pour ses services) partit pour
Dresde, où il commença iSiir la phÛoso^
phie des langues et de la parole (Vien-
ne, ISSO) un cours que sa mort, arrivée
le 12 janvier 1829, ne lui permit pas
d^acfaever. M. Windîschmann a publié
à Bonn, eu 1838, un volume de jP/%i^-
ments philosophiques tirés des leçons
que Schlegei avait données de 1804 à
1806.
La révolution opérée dans la littéra-
ture par les deux Schlegei a donné lieu à
de grands abus, moins par leur faute que
par celle de leurs disciples qui, sans avoir
leurs talents, se sont toutefois approprié
leurs défiiuts, en les exagérant. La prose
d'Auguste-Omîllaume méritera toujours
l'admiration par sa clarté et sa grâce; mais
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SCH (IK)
dans ses poésies, sartout dam les denii^
i tombe soaTent dans rafféterie.
SCH
Les produétions de son frère sont peut-
être moins remarquables; cependant à
l*an comme à l'antre la pcMtérité tiendiyi
compte des sênrtceâ qu'ils ont rendus à la
critique. Au milieu des luttes continuel-
les oîi ils «e sont trouvés engagés, ils ont
constamment fait preuire d'une rare im-
partialité, louant ce qui leur semblait
digne de l'être, et blâmant sana ména-
gement le mauvais et le médiocre, distin-
guant avec soin les limites de l'art das*
sique et du romantisme, précisant les
différentes formes de la poésie, ayant tou-
jours en vue l'idéal et renvoyant sans cesse
à Goethe comme à un modèle, se pré-
servant enfin de toute pédanterie et res-
tant purs de toute corruption intellec*
tuelle. C X.
SCHLEIEttMACHER (Frbdkric-
Daitikl- Ernest) , un des plus grands
théologiens de l'Allemagne protestante
et de l'Église chrétienne en général, était
né à Breslau le 21 nov. 1768. Son père
lui fit faire ses premières études au gym-
nase des frères Moraves a Niesky; puis,
destiné à la carrière ecclésiastique, il fut
envoyé à Barby, au séminaire de la même
communauté. Mais quelques douces im-
pressions qu'il re^ùt de la piété des frè*
res, son esprit bientôtise sentit à l'étroit
dans leur théologie et il se. rendit à l'u-
niversité de Halle, où Semler, déjà vieux,
continuait son influence par quelques-
uns de ses disciples, et où commençait
l'activité académique du grand philolo*
gue Wolf (vojr» ces noms). Après avoir
achevé ses cours, il fut successivement
précepteur dans une famille noble, vi«
caire à Landsberg sur la Wartha, et de
1796 à 1802 aumônier de l'hospice de
la Charité à Berlin, où il se lia intime-
ment avec les Schlegel et fut leur oolU-
borateur au recueil célèbre qn'ik y pu-
bliaient sous le nom d^Atheaœum. En
1802, Il fut nommé pasteur è Stolpe en
Poméranie; mais il n'y resta que peu de
mois, et, la même année, il fut appelé à
Halle comme professeur de philosophie
et de théologie et comme prédicateur de
l'université. La profondeur de sa science,
l'élévation et la nouveauté de ses idées
y agirent puissamment sur l'esprit des
gens, vIvemeBl impreisfoiiiiéii
d'un autre o6té, par les leçons de Stef-
fena ( vay. ), un des pins enthousiastea
et des plus éloquents organes de la phi-
losophie de la nature. La bataille d'Iéna,
la réunion de Halle an royaume de West-
pbalie , et la suppression de l'univer-
sité mirent fin à cette brillante époque.
Schleiermacher revint à Berlin,où il vécut
pendant quelque temps sans position of-
ficielle; maisen 1809, il y fut nommé pré-
dicateur à l'église de la Trinité; en 1810,
professeur de théologie à l'université
nouvellement créée; en 1814, secrétaire
de la section philosophique de l'Acadé-
mie des sciences, dont il était déjà mem«
bre depuis 1 8 1 1 ; et il remplit ces diverses
fonctions avec une activité prodigieuse
et une influence toujours croissante jus*
qu*à l'époque de sa mort, arrivée le 12
févr. 1884.
Lea travaux de Schleiermacher, ses
cours, aussi bien que les écrits qu'il a
publiés, se sont étendus à presque toutes
les branches de la philosophie et de la
théologie. Comme philosophe, il n'a point
été créateur : son actirité sur ce terrain
a été plus exclusivement historique et
critique ; die a porté principalement sur
la dialectique, qui, comme pour Hegel
la logique, était pour Schleiermacher la
métaphysique même; sur Téthique, sur
l'esthétique, et sur l'histoire de la phi-
losophie grecque. Mais c'est dans son
système théologique qu'il faut chercher
sa grandeur et aon originalité véritables.
Pour saisir le caractère propre de ce sys-
tème, il est nécessaire de se faire une
juste idée des éléments inconciliables en
apparence qui se combinaient de la ma-
nière la plus intime dans l'individualité
de Schleiermacher. Son éducation chca
les frères Moraves avait développé en lui
à un haut degré le besoin et l'habitude de
la piété, et lutuvait fait comprendre com-
bien ce sentiment trouvait de nourri-
ture substantielle dans l'ancienne et sim-
ple foi évangélique, combien, an con-
traire, le rationalisme (vof.), tel qu'il se
formulait alors en Allemagne, était im»
puissant à le satisfaire. D*un autre côté,
il ne pouvait pas m dissimuler le bon
droit du rationalisme contre l'orthodoxie
dans les questions de critique historique
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(117)
SCH
•I philologique, et rimpossibilîté de dé-
fei^dre sur ces points les solutions tradi-
tiouDellement admises. Enfin, la spécu-
lation philosophique lui paraissait une
actÎTité légitime de l'esprit humain, et si,
d'une part, il refusait absolument d'y voir,
la source fle la vérité religieuse, il corn-
£ renaît, de l'autre, qu'entre laspécu-
ition et cette vérité, qu'entre les exigen-
ces de la conscience dialectique et celles
de la conscienee religieuse on ne pouvait
admettre une contradiction fondamentale
qui n'eût été autre chose que la négation
même de l'unité de la nature humaine.
L'effort, à la fois critique et dogmatique,
de Schleîermiftsher, a donc consisté à dé-
pouiller la substance de la foi chrétienne
de ceux de ses vêtements historiques qui
lui paraissaient ne plus pouvoir se main-
tenir en présence des travaux de la science
moderne, et k exposer cette substance
sous une forme contre laquelle la spé-
culation ne pût pas élever d'opposition
fondée. Nous ne pouvons entrer ici dans
le détail du système que Schleiermacher
établit d'après cesconditions; il faut nous
contenter d'en avoir indiqué le point de
départ et d'ajouter les indications sui-
vantes.
L'essence de la religion, aux yeux de
Schleiermacher, n'est ni la pensée ni la
volonté, ni la pensée, la volonté et le
•entiment dans leur unité, mais le senti-
ment seul. Tout ce qui, dans le domaine
religieux, relève de la pensée ou de la
volonté, tout ce qui est notion, concep-
tion, formule, dogme ou acte n'est que
revêtement, conséquence, expression plus
ou moins pure, plus ou moins nécessaire
de la religion, maisn'eU point la religion
cUe-méme. La religion est, selon l'ex-
pression primitive de Schleiermacher, le
sentiment, l'impression que l'univers,
non point Tensemble des choses finies,
mais l'univers infini, produit sur l'hom-
me ; ou bien , selon les termes auxquels
Schleiermacher s'est arrêté plus tard, le
sentiment de dépendance absolue de
l'homme à l'égard de Dieu; sentiment
qui, devenu absolu, c'eat-à-dire élevé
an-dessus de toute opposition , consti*
tuerait une entière unité entre Dieu et
l'homme, ferait résider daps la oon-
science humaine la plénitude de la cou*
science divine. Cette unité, cette pléni-
tude de la conscience divine n'a été réa-
.lisée qu'une fois, en Jésus-Christ, et c'est
par lui , par l'impression de sa person-
nalité, par la communion avec lui, qu'elle
est reproduite en germe et qu'elle se dé-
veloppe dans les autres hommes. On
voit que Schleiermacher ramène toute la
religion dans les limites de la subjecti-
vité humaine, et que c'est d'après les be-
soins de cette subjectivité qu'il apprécie
les dogmes. Toute conception religieuse
qui n'a pas pour but de réveiller ou de
développer dans la conscience ce qui,
à ses yeux, est l'essence de la religion,
c'est-à-dire le Sentiment de dépendance
ou la piété , lui parait tout-à-fait indif-
férent. Ainsi, dès l'entrée de sa dogma-
tique , il range dans cette catégorie le
dogme de la création en tant que distinct
de celui de la conservation du monde par
Dieu; c'est ce dernier dogme seul qui a
de l'importance pour la conscience reli-
gieuse. La piété a besoin de savoir que
rien dans le monde n'agit ni ne subsiste
autrement que par l'action de Dieu ; mais
il lui est absolument indiffiérent de savoir
si le monde a commencé ou si Dieu l'a
créé de toute éternité. Schleiermacher
considère de même toute la partie mira-
culeuse de l'histoire du Sauveur, ia con-
ception surnaturelle, sa résurrection, son
ascension et la prédiction de son retour
pour le jugement.
Le système de Schleiermacher a été
l'objet des plus graves attaques et a donné
naissance à toute une littérature. On l'a
accusé de panthéisme, d'épicuréisme; les
rationalistes y ont vu du mysticisme, les
orthodoxes du rationalisme. S'est- il jus-
tifié de ces reproches? a-t-il effective-
ment opéré cette conciliation des con-
traires qui était le but de son auteur ?
Pour se sentir autorisé à répondre néga-
tivement, il suffira de considérer que
Schleiermacher n'a pas laissé d'école, que
son influence s'est éteinte avec lui , ou
plotût qu'au lieu de concilier les ten-
dances opposées, son action a eu pour
résultat de les pousser l'une et l'autre
vers leurs points extrêmes. En effet,
une observation très remarquable, et
bien propre à faire ressortir à la fois et
les défauts du système et la puissance de
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<118)
SCH
rbomme, c^est que de Schleiermacher
sont partis les deux mouvements directe-
ment contraires qui se divisent aujour**
d'hui la théologie allemande. Il a réveillé
chez les uns le besoin d'une piété vivante,
et les a par là ramenés à l'ortbodoiie; il
a aiguisé chez les autres le regard criti-
que, et les a par U détachés du chris-
tianisme historique. MM. P^itzsch et
Tbolucky d'une part» MM. Baur et
Strauss de l'autre sont également procé-
dés de lui ; mais malgré le peu de succès
de SCS efforts, la question, telle qu'il se
l'était posée, n'en reste pas moins désorr
mais l'inévitable problème auquel est at-
taché l'avenir de la théologie chrétienne
et du christianisme lui-même.
Les ouvrages dans lesquels on peut
suivre le développement successif des
idées religieuses et morales de Schleierma-
cher sont : ses Discours sur la Religion^
adressés aux hommes cultivés d'entre
ceux qui la dédaignent (Z7«6er die Reli^
gion, Reden an die Gebildeten un ter
ihren rtfwc^fcr/î),1799,4*édit., 1881;
Lettres intimes sur le roman de Lucinde^
de Frédéric Schlegel, publiées originai-
rement dans ÏAthenœumy puis en un
volume séparé , 1800; ses Monologues^
1800, 5* édît.^ 1886; Esquisses d'une
critique de la morale telle qu'elle a été
systématisée jusqu'à présent y 1803, 2*
édit., 1884; Ixi veille de Noël, dialogue
{Die ^eihnachts/eier),îSOef 8* édition,
1887; Exposé succinct de la science
théologique {Kurze Darstellung des
theologischenStudiums)^ lB10,î«édil.,
refondue, 1880; et enûn La Joi chré-
tienne exposée dans son ensemble^ d'a^
près les principes de VÊgUse évangé-
lique [Der christliche Gtaube nach den
Grundsœtzen derevangelischen Kirche
im Zusammenhange dargestellt) y 3
vol. in.8«, 1821-1823, 2* éd., 1880.
A ses ouvrages dogmatiques, il faut join-
dre ses deux dissertations sur la prédesti-
nation et sur la TVinité, et ses deux let-
tres à M. Lûcke, publiées dans des Ke-
vues théologiques; à ses travaux sur
f éthique ses dissertations sur les notions
de la nature de la vertu, du devoir, de ce
qui est licite et du souverain bien . Dans le
domaine de la critique du Nouveau-Testa-
ment, sesdeux principaux ouvrages sont :
la Dissertation sur la prétendue prt"
mièreÈpttre de saint Paul à Tlmothée
( Veherden sogenannten ersten Brie/des
Paulos an den Timotheos\ 1807, et le
livre sur tes écrits de saint Luc y ÎBIT".
Lors de son premier s^our à Berlin , U
avait commencé, avec Fr. Schlegel, et il
reprit et continua seul ensuite une tra-
duction des OEuvres de Platon (v«f .),
dont il a paru 6 volumes (1804-10; 2*
édition, 1817-28), mais qui n^est pas
encore achevée ; et il a, en outre, en-
richi l'histoire de la philosophie an-
cienne d'un travail étendu sur Heraclite
d'Éphèse, publié d'abord ^ans le premicr
volumedu Musée de Wolf et Butimann,
et d*un grand nombre de dissertations
lues à l'Académie. — La connaissance
exacte de son système dogmatique sup-
pose aussi l'étude des nombreux sermons
qui ont été publiés de lui, et qui portent
le double et singulier cachet d'une sen-
sibilité profonde et d'une dialectique sou-
vent subtile et pénible. Enfin, Schleier^
mâcher a pris une part active à toutes les
questions jui ont agité l'Église de sa pa-
trie, et a publié sur ces questions plusieurs
brochures remarquables. Il était grand
partisan de Tindépendance de l'Église et
s'est honoré par son opposition coura-
geuse aux empiétements du pouvoir po-
litique , notamment dans Taffaire de la
liturgie. Après sa mort, ses amis ont com-
mencé une édition complète de ses œu-
vres et de ceux de ses cours que la plume
de ses élèves avait recueillis. Cette édi-
tion n'est pas encore terminée. E. V-t.
SCHLEISSBBIM, château de plai-
sance à trois lieues de Munich, construit
de 1 684è nOOptfrl'électeurMaximilien-
Emmanuel, et dont on admire surtout
le grand escalier en marbre. Il doit prin-
cipalement sa célébrité à une galerie de
tableaux qui sous Max imilien- Joseph s'é-
leva jusqu'à 2,000 toiles, et è laquelle on
ajouta encore depuis la collection des frè-
res Boisserée [voY*)y composée surtout
de tableaux appartenant à l'école alle-
mande. Mais, ainsi qu*on Pa dit à Tart.
MumcH, les principaux chefs-d'œuvre
de la galerie de Schleissheim ont été ré-
cemment réunis, dans la Pinacothèque,
aux autres trésors de ce genre que pos-
sédait la capitale de la Bavière. S.
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(119)
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SCflLESWIGy voy. Siaswig.
SCHLŒZER (ArGt7STE*Lonis de),
un des hhtbrîeos les plus érudits et un
des mellleors critiqoes de l'AllemagDe,
naquit, le 5 juillet 1735, à Jà^ghausen,
fillage de la principauté de Hoheulohe-
Kirchberg, où son père était paçtenr.
En lT5t, ît partit pour I^iniversité de
Wittenberg afin d*y étudier la théologie.
Le désir de Tuiter FOrient, rêve de pres-
que toute sa vie, l'engagea i s'occuper
avec ardeur des langues orientales. De
Wittenberg, il se rendit à Gœttfngue, en
1754, eC,ses études terminées, il accepta,
en 1756, une place de précepteur dans
une famîfle suédoise. Ce ftit pendant les
trois années et demie qu'il passa en par-^
tie à Stockholm et en partie àUpsal, qu'il
composa son Essai d'une histoire du
commerce (Stockh., 1758). En 1759, il
retourna à Oœttîngué toujours dominé
par sa passion des voyages, et à l'étude
des langues orientales, il joignît celle de
la médecine qu'il croyait nécessaire à la
réussite de ses projets. Il était sur le point
de partir, en 1761, lorsque des propo-
sitions fort avantageuses qu'il reçut dé
Russie vinrent changer complètement
àes idées. Le savant historiographe de
Russie Gerh.-Fréd. Mûller lui offHt
d'entrer chez lui comme précepteur et
secrétaire, en lui montrant en perspective
tm fauteuil dans l'Académie des Sdences
4e Saint-Péter^ourg. A peinearrlvé dans
la capitale du Iford, iSchlœzer se mit à
apprendre le russe et à compulser les
vieilles chroniques de fempire avec une
ardeur qui excita la jalousie de son pa-
tron, et qui finit par le brouiller avec lui.
Mais ScÛoczer pouvait déjà se pMsser de
sa protection : depuis 1762, il était mem-
bre adjoint de l'Académie et' professeur
\ l'institution de Razoumofkki. Ces pla-
ces, il est vrai, étaient peu lucratives, et
il n'aurait pas hésité à accepter une chaire
qu'on lui offrit à Gœttingue en 1 764 , si
le sénat n'avait empêché son départ en
exigeant que ses collections russes fussent
mises sous le séquestre. Il resta donc à
Saint- Pétersbour((, fut nonimé prof es-*
•eur d'histoire ancienne de Rusâlé près
de PAcadémie, et n'Alla s'établir à (jœ't-
tingue qu'en 176Tj lorsqu'il f\it appelé
à la dmire dé politique. U ne ikrda p«s
à y mûrir les fruits de ses longues re-
cherches : d'abord il publia, pour faire
partie de la grande Histoire universelle
de Halle {voy, T. XHI, p. 63 et 88), sa
remarquable Bistoire générale du Nord
(Halle, 1771, 1 vol. in-4»), un des ou-
vrages qui ont le plus avancé nos con-
naissances historiques sur ces régions;
puis son Histoire de Lithuaniey chins lé
même grand ouvrage de Halle (t. L,
1785); plus tard, Nestor, Russische An*
nàlen (è'oelt, 1802-0, 5 vol. ln-8«), le
texte slavon original avec la trad. en re-
gard (mais n'arrivant malheureusement
que jusqu'à l'année 980), et un savantcom-
mentaire assez riche pour défrayer à lui
seul plusieurs de ses successeurs ; enfin la
traduction du russe d'un bon petitiKfâ/iz/^/
de V histoire de Russie (Gcett., 1802).
Schlœzer ne s'occupa pas avec moins dé
zèle de la statistique {voy.)y dont il donna
le premier une théorie complète. Il cher-
cha aussi à répandre de la vie dans This-
toire universelle, comme le prouvent son
Histoire générale en extraits coordon^
nés (Goett., 1792-1801, 2 vol.) et soii
Introduction à l'histoire universelle pour
les enfants (8« éd., Gœtt., 1790). Ce-
pendant ce fut principalement comme
écrivain politique qu'il exerça de l'in-
fluence sur FAllemagne : sa Correspon-
dance (Gœtt., 1776-82, 10 vol.)-et séi
Annonces politiques (1782-9$, 18 vol.)^
publications périodiques' qui ont eu du
retentissement, le placent parmi les pu-
blîcistesles plus courageux; mais il se mon-
tre quelquefois un peu trop ami du para-
doxe, et son style pèche souvent contre
le bon goût. A l'âge de 70 ans, il renon-
ça aux affaires pour vivre au sein dé U
famille. En 1804, l'empereur de Russie
Pavait anobli. Il mourut conseiller privé
de justice le 9 àept. 1809. — Sa fille Do-
]LOTH^«, née en 1770 et morte à Avi-
gnon le 12 juillet 1825, uqissait à toute
Pamabilité de son seie le savoir d%in éru-
dit. Elle avait pris, en 1787, le grade de
docteur en philosophie. Cependant unie
à un sénateur de Lubeck, de Rodde, elle
rèmpflt avec zMe ses devoirs d'épodse et
de m^re. — Le fils de SchFoezer, Chris-
«Air, né à Gtettfn^e, le 1*' Aie. *7T4,
fai d'abbrd pi'ôfeneur à Ddrpàt et à Mo»-
\i6xxy vi!lë Où H enaeifna lé drbH uatorei.
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(120)
SCH
et depuis. iS28 à Bonn; il Vest fait ud
nom par ses Principes des sciences po'
nuques (Riga, 1804.6, 3 vol.). On lui
doit beaucoup d'autres ouvrages, parmi
lesquels il faut remarquer la /7e de son
père (Leipz., 1828, 2 vol. in-S»). Outre
cette biographie rédigée par le fils, on
peut consulter sur le père : Schlœzer^
Min Beitrag zurLiteraiurgeschichte des
XVIII JahrhunderUf opuscule dû à M. JL
Block (Hamb., 1844, iu-S''). C. Z.
SCHLOSSER(JK4n-GEORGBs), écvi-
vain allemand plein d'énergie et de bon
sens , ami ardent de la vérité et penseur
ingéi^ieux. Né à Francfort-sur- le-]VIein
en 1 7 39 , il fut l'ami d'enfance de Gœthe ;
après avoir exercé des fonctions adminis-
tratives à Montbéliard , qui appartenait
alors a la famille de Wurtemberg , et à
Carbrube , il revint dans sa ville natale,
y fut élu syndic et mourut le 10 oct.
1799. On lui doit différentes traductions
du grec et du latin, et des écrits originaiix
sur le droit public et privé allemand;
mais celui de ses ouvrages qui trouve en*
oore le plus de lecteurs, ce sont ses Opus-
cules, Kieine Schr\ften^ qui, dans l'éd.
de Bftle, 1787-94, forment 6 vol. in-8^
SCHLOSSER (F&iD]^c-GHEisTO-
phe), historien allemand contemporain,
non moins célèbre par l'étendue de son
Savoie et la puissance de son intelligence
que par l'indépendance, la profondeur,
la sévérité de ses jugements. Il est né à
Jever (Oldenbourg), le 17 nov. 1776; le
dernier de 12 enfonts, il perdit son père
à l'âge de 6 ans. Cependant il re^ut une
bonne éducation, et après avoir parcouru
toutes les classes de l'école de Jever, il lut
envoyé, en 1798, à Tuniversité de Gœt-
tingue, où il fit marcher de front l'étude
de la théologie et celle de la physique, des
mathématiques, de l'histoire, des littéra-
tures italienne, espagnole, anglaise; il y
joignit ensuite celle de la philosophie,
dont son ami Fr. Kœppen lui fit sentir
l'importance. Ces études si variées, il les
continua lorsqu'il fut placé en qualité de
précepteur chez le comte de Bentinck.
Désirant obtenir une place de pasteur
dans sa ville natale, il accepta, en 1798,
une cure de village; mais il la quitta au
bout de six mois, se chargea encore d'une
éducation d'abord à Othmarscben, yrès
d'Altona, puis à Francfort-sur-le-Mein,
et en 1806 il renonça définitivement à
la carrière pastorale, pour embrasser
celle des lettres et de l'enseignement.
Nommé, *en 1808, co-recteur dé l'école
de Jever, il ne garda qu'un an une place
qui ne lui permettait guère de se livrer
à ses 'études listoriques, et il partit pour
Francfort. Lorsque le lycée de cette ville
fut organisé, en 1812, le prince primat
choisit M. Schlosser pour un des profes-
seurs. Deux ans après, ce lycée ayant été
supprimé, il fut mis à la tète de la biblio-
thèque publique; enfin, en 1817, une
chaire d'histoire lui fut offerte à Heidel-
berg : il accepta , et depuis il compte
parmi les professeurs les plus distingués
de cette université. La France l'occupa
beaucoup : aussi fit- il plusieiurs fois le
voyage de Paris pour travailler dans les
archives et les bibliothèques. En 1824,
au retour d'un de ces voyages, il obtint
du grand-duc de Bade le titre de conseil-
ler privé. Ses principaux ouvrages sont :
Abeilard et Dulcin (Gotha,1807); Vies
de Bèze et de Pierre Martyr Fermili
(Heid., 1809) ; Histoire des empereurs
iconoclastes de Constantinople{¥rBncî.f
1812); Histoire universelle en récits
continus (Francf.,1817-4t , 4 vol.),oa*
vrage encore inachevé, et dont on an-
nonce maintenant la continuation par un
autre auteur, mais avec la coopération de
M. Schlosser; Histoire du xviii^ siècle
(Heid., 1823, 2 vol.; 3'.éd., t. I-III,
1836 et ann. suiv.; c'est sur la première
que M. de Golbéry {voy») a fait sa trad.
en fr.) ; Aperçu de l'histoire de l'ancien
monde et de sa civilisation (Francf.,
1826-34, 8 vol.; également trad. en fr.
par M. de Golbéry); Archives historié
ques (Heid. , 1880 et Mmyi,)^ Jugement
sur Napoléon et sur ses déprédateurs
et ses admirateurs (Francf., 1832-3$,
8 parties), essai critique resté inachevé,
mais qu'on peut recommander à l'atten*
tion des futurs historiens du grand hom-
me. C» X.
SCHLUTER, architecte et sUtuaire
allemand d'un mérite éminent, à qui l'on
doit une grande partie du ch&tean royal
de Berlin (vo/**)» ^ sutue équestre du
grand Électeur, les masques des guerriers
mourants dans la cour de l'Arsenalf etc.
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SCB
(121)
SCH
Ké à Hambourg en 166^ H monruL à
Berlin en 1714, privé de son titre d'ar-
cfttecte de la cour, étant tombé en dîa-'
grâce par snite du mauvais sucoès de la
construction d'une Monnaie. X.
SCHJIIALKALD£N,î)or. Smal-
JLâJLDE,
SCHJHID (l'abbé CniSTOPHs), au-
tcur de tant de contes religieux et pleins
de charme que la mère de famille ne peut
trop s'empresser de mettre entre les
mains de ses enfants, les QEu/s de Pd--
ques^ Henri d'Eichen/elSy Geneviève^ le
bon Fridolin et le méchant Thierry, la
' Corbeille de fleurs^ etc. (vof . Peuple, T.
XIX, p.483),estnéàDinkelsbûblenBa-
^ère,le l^aoùt 1768, et fitses études à
Dillingen, sous la direction du digne pro*
fesseur Sailer. D'abord engagé dans la
carrière scolaire, il se voua avec passion
à l'éducation de la jeunesse; puis, en
1816, il fut nommé curé à Stadion, par
la faveur du comte de ce nom ; enfin ,
en 1827, la recommandation de Sailer
lui fit obtenir la dignité de chanoine à
la cathédrale d'Augsbourg. Outre ses ex-
cellents petiu contes , si appropriés aux
besoins de l'enfance, et qui ont été tra*
duiu dans la plupart des langues (trad.
fr., Strasb. et Paris, 1833 et suiv., 33
petits vol. in- 18 ; et souvent depuis, aussi
dans le format in-8o; mais la 1'^, pu-
bliée par la maison Levrault, est la seule
avouée de l'auteur"^), M. le chanoine
Schmid a (ait paraître, en 1801, une
Histoire de la Bible pour les enfants (6
vol. in- 13), dont il a été fait en Allema-
gne plus de 30 éditions, et qui a été tra-
duite également en fr. (Haguenan, 1838,
8 vol. in- 18). X.
SCHMIDT (&IiCHSL-IoHACB),bisto-
rien allemand,naqttità Arnstein (Bavière)
en 1736. Ayant étudié la théologie, il
fut re9a dans les ordres, et devint, en
1771, bibliothécaire de l'université ca-
tholique de Wûrtzboarg, TÎUe où il rem-
plit diverses autres fonctions et s'occupa
notamment de Tinstruction publique. U
passa de là à Erfurt, puis à Vienne, où il
fut nommé directeur des archives impé*
riales, avec le titre de conseiller aulique;
il fil aussi partie du collège de censuice et
(*) F##r Qoénrdk £# FhNM« Uttiréin, CTIII,
fut appelé à donner des leçons d'hiatoirt
à l'archiduG, depuis empereur François
II. Il mourut àVienne, le l^*" nov. 1704.
Dès 1778, Schmidt commença, a Erfurt,
la publication de son Histoire des Alle«
mands, divisée en deux sections, comme
suit : Mliere Geschichte derDeutschen
Ulm, 1778-85, 5 vol. in-8o);et Neuere
Geschichte der Deutschen (iàid,^ 1786-
1808, 17 vol. in-8»).Sur ces 33 vol., les
1 1 premiers seulement sont de Schmidt ;
les suivants sont une continuation faite,
a l'aide de ses papiers, par Joseph MiU
biller. Une antre continuation plus ré-
cente, par Dresch, donne Thistoire de
l'Allemagne sous le régime de la Confédé-
ration du Rhin, et forme les t. XXIII-
XXVU de l'éd. d'Ulm. Celle de Vienne
(1783 etann. suiv.) se compose de 30 vert.
La trad. franc., par Laveaux (Liège, Reims
et Paris,1784 et ann. suiv., 9 vol. in-8«),
ne se rapporte qu'aux 6 premiers vol. de
l'édi tion d'Ulm.L'Hîstoire dés Allemands
par Schmidt, ouvrage aujourd'hui dé-
passé, méritait la haute réputation dont
il a longtemps joui : disposé avec ordre,
écrit avec goût et simplicité, empreint de
critique , il s'attachait particulièrement
à faire connaître la marche suivie par le
développement de la nation, et s'écartait
ainsi complètement des principes d'après
lesquels l'histoire avait été écrite jus-
qu'alors. Dans le récit des événements
relatifs à la réformation, on' peut lui re-
procher quelque partialité; son style
manque aussi parfois de correction, mais
en général ce livre est encore bon à con-
sulter même aujourd'hui , et il assure à
son auteur une place distinguée parmi
les meilleurs historiens allemands. S.
SCHMIDT (IsAÂC- Jacques) , con-
seiller d'état russe d'origine allemande,
membre de l'Académie imp. des Sciences
de Saint-Pétersbourg , et le premier sa-
Tant mongoliste de nos pays d'Occident,
7>OX* MoHObLS.
SCHNEIDER (Ei7logb, ou plutôt
Jban-Gbokge), un des plus furibonds
révolutionnaires et accusateur public près
le tribunal du Bas-Rhin , poste où il se
montra altéré de sang, était né à Wipfeld
(évéché de Wûrtzbourg), le 30 oct. 1 756,
et parcourut d'abord la carrière ecclé-
siastique. Reçu parmi les récoUetf dp
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SGH
Bamber^ an termoa qo'il prêcha sur la
toléraDCi[ le fil renvoyer; màn Télepteur
de Cologne, qui restimait pour son ta-
lent poétique, le plaça à Bonn en qua]ité
de professeur de grec Gomme tel, il pu-
blia une p'aduction d*Anacréon. La réro*
Intîon française exer^ une vive influence
sur Inf : ne pouvant plus résister au désir
d'y prendre part, il courut k Strasbourg,
où il devint, en 1 791, vicaire de Tévéque
constitutionnel. Mais le sacerdoce n'était
point pour lui une véritable vocation :
aussi s'empressa-t-il de le quitter à la
première occasion. Il devint alors com-
missaire civil près Tarmée d'Alsace , et
enfin accusateur public. En cette der-
nière qualité, il fit régner la terreur dans
te pays ; il le parcourut dans différents
sens, suivi de la guillotine, où il fit mon-
ter des hommes de tous les âges et de
l'un et l'autre sexe, le plus souvent inno-
cents. Mais ayant bravé l'autorité de
Saint-Just> commissaire de la Conven-
tion, celui-ci prêta l'oreille aux accusa*
tions qu'on porta contre lui. De concert
avec Lebas, il fit arrêter Euloge Schnei-
der, le 3 1 déc. 1 798, et l'envoya à Paris,
où il reçut, sur l'échafaud, la juste pu-
nition de ses crimes, le 1*' avril suivant.
Ce monstre était poète : ses productions
(GedichtCi Francf., 1790) eurent plu-
sieurs éditions (la 5^ en 1818). Voici ta
liste de ses autres ouvrages, tous écrits en
allemand : Bomélies de S, Chrysost6me
sur l'évangile selon S, Mathieu, Augsb.,
1786, 4 vol. io-8**; et sur l'évangile se^
ionS,/eanfi7S7^dwù\.;Sermons^i790;
Les premiers principes des beauxHirts^
Bonn, 1790. X.
SCHNEIDER (Jkah-Gottlob), phi-
lologue célèbre qui avait coutume de
prendre le surnom de Saxo , était né à
Kolm, près de Wurzen (Saxe), en 1750.
Après avoir passé trois ans à Strasbourg,
travaillant sous la direction de Brunck
(voY')i il fut appelé, en 1776, à l'uni-
versité de Francfort- sur- l'Oder, pour
remplir la chaire des langues anciennes
et de l'éloquence. Dans cette ville et à
Breslau, où l'université fut transférée en
1811 ,Schneider passa la plus grande par-
tie de sa vie, remplie de travaux utiles et
d'un grand mérite. Le plus connu est son
Dictionnaire grec ei mliemand^ perfec*
(132) 8CB
tionné depni» par Passow {w>T')j nurfa
remarquable dis la 1** éd., qui parut ea
1797 (leipz., î vol. în-4»; 2«éd.,ibid.,
1830, 2vol.in-4«,etlvol.suppl.,1831) :
depuisH. Estienne,la langue grecqnen'a*
vait été l'objet d'aucun ouvrage lexico^
logique de cette importaiv». Outre ce
dictionnaire, le professeur Schneider pu-
blia de nombreuses éditions d'anteura
grecs et latins (voy. XiiropHoir, Éliev,
OaPHiB, ViTRtrvB, etc.) ; nous ne cite-
rons ici que les suivants : Aristotetis UiS'
toria animaliumy Leipx», 1 8 1 1-1 6, 4 voL
in-8<>; Scriptores rei rusticce vête r es la-
Uni, îb.,1794.97,4vel.; AristoteUs Pc^
litica, Francf., 1809, 3 vol., eU., etc.
n mourut à Breslau, le 12 jany.l8S3. X.
SCHŒFFER (PiBaax), voy. Giitbv-
BKRG et Typographie.
SCHŒLL(MAxuuLiEN-SAM80ir-FBi-
oéaic), homme d'un vaste savoir et d'une
finesse d'esprit remarquable, naquit, le è
mai 1766, dans un bourg de la princi-
pauté de Nassau-Saarbruck,où son pere^
originaire de Strasbourg, remplissait les
fonctions de bailli. Il perdit son père à
l'âge de sept ans, et fut envoyé au gymnase
de Bouxwîller, puis à l'université de
Strasbourg, où Koch (voy.) le traita
comme un fils. Après avoir terminé ses
études en droit , il entra en qualité de
gouverneur dans une famille Itvonienne,
avec laquelle il visiu, en 1788 et 1789,
titalie et le midi de la France. S'étant
trouvé à Paris au moment où éclatèrent
les premiers mouvements révolutionnai-
res, l'enthousiasme de la liberté le gagna;
il refusa les offres les pins brillantes, quitta
Pétersbonrg, où il avait accompagné ses
élèves , et revint à Strasbourg dans Pin-
tention de se consacrer à la carrière du
barreau. Koch , son ancien protecteur,
ayant été accusé, è cette époque, d'avoir
fait décréter la conservation des biens dea
églises et des écoles protesUntes, Schœll
le défendit avec succès; mais ses illusions
au sujet du régime de liberté qu'on es-
pérait voir s'établir ne tardèrent pas à
s'évanouir. îl allait être arrêté, lorsque
prévenu à temps, il s'enfuit de Strasboui^
et se cacha dans les «nvirans de Colmar.
De le il se réfîigia datts lesVosges, puis l
IMhoMe, d'où û gagM Ja Suisse dé-
guisé en boucher. U était à Bâle^
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SCH
(123)
SCH
oocapé dé Pelade' d«8 fcienceft commer»
cîales, lorsque, en 1794, H fat appelé à
Weimarr. Peu dt temps «près, Decker
de Berlin lui offnt de le pUcer k la tète
de rimprimerie qull venait d'établir à
Poseo; mais la cirate de Robespierre loi
rourrant les portes de la France, Scboelt
préféra la direction de la librairie et de
l'imprimerie qae le même Decker pos-
sédait à Bile. Après la paix deLanéville,
ce libraire Ini ayant cédé sa part de la
maison, Schttll la transféra à Fvis, où il
fàt, iàsqu'en i80($, associé avec les firè^
res Levraait, quMl quitta ensuite pour
conserver seul la directioA des affaires.
Ce fut lui qui publia d'abord le P^oyage
de M. Âl. de Humboldt. Mais des entre-
prises trop hasardeuses, jointes- à la stag*
nation du commerce, le mirent, en 1 8 1 2,
à deux doigu de sa ruine : sa maison ne
put se soutenir. Après l'entrée des alliés
k Paris, il fut admis dans te cabinet du
roi de Prusse , k la recommandation de
M. de Humboldt , avec le titre de con-
seil 1er de cour; et au départ de ce monar*
que, il resta attaché à l'ambassade prus-
sienne. Le retour de Napoléon le décida
à quitter la France. Le prince de Har-
deoberg, grand*chanceHer , Tappela à
Vienne, où il séjourna jusqu'à la fin du
congrès. Il revint ensuite à Paris avec le
titré de conseiller de légation. Après le
congrès d'Aix-la-Chapelle, il fot appelé k
Berlin par le gratad-chancelier, qu'il ac-
compagna à Tœplitz, k Troppau, à Laj-
bâch et en Italie. Phis tard, il fot nommé
membre du conseil de censure. A la mort
du prince, son protecteur, tt renonça aux
affaires publiques pour se livrer tout en-
tier à des travaux littéraires, et fit k Ber-
lin, devant un auditoire brillant, le cours
d'histoire qu'il fit imprimer ensuite.
Cette impression l'amena, peu de Jours
avant la révolution de 1890, à Paris, où
Il courut le H août 1838.
Les ouvrages les plus importants de
F. Schosll, tous écrits en français , sont :
Histoire abrégée de lu Uîtératvre grec-
qae (Piarb, 1818, 9 fol.; a* éd. entière-
ment refondue, 1834,6 vol. in-S**} :
il existe de cet ouvrage plein d'érudition
une traduction allemamte fiiite sons lés
yeux dé Fauteur par M. Schwaris;
BUtoire de la nttérau^e rtmaine (Pé-
ris, 181 5, 4 vol.) ; Recueil de pièces ùffi^
cielles destinées à détromper tes Fran^
çais sur tes événements qui se sont
passés depuis quelques ar^nées (Paria,
1 814-^1 8, 9 Yol.); une autre publication
où sont réunis tous les principaux docu-
ments relatif^ au Congrès de Fienne
(Paris, 1816-18, 6 vol. în*8°jç Histoin
abrégée des traités de paix entre tes
puissances de F Europe y depuis lapaùf
de fFestphalie^ ouvrage publié d'abord
par son maître Koch( 1786, 2 vol.), mais
entièrement refondu par Schœll, aug-
menté et continué jusqu'au congrès de
Vienne et au traité de Paris de 18 1 5 (Pa-
ris, 1817-18, 16 vol. in-8<», dont un de
tables); Jrehipes politiques et diploma*»
tiques , ou reëueil de pièces officielles,
niémoires et morceaux inédits relatifs à
l'histoire des xvtu^ et xix* siècles (Paria,
1818, 8 vol.); et surtout le grand ou-
vragé intitulé Cours d'histoire des états
européens, depuis la chute de l'empire
romain d'Occidentjasqu'en 1788 (Piiris,
1880-88, 46 vol. in-8^). Enfin Schcell a
raconté Itti-méme, en allemand [Zeit-
genossen^ 3* série, n* 2), les principales
circonstances de sa vie si agitée, si pleine,
et dont il reste des fruits précieux qui té-
moignent de son ardeur pour h sclenOe
et de son infatigable actirité. C Z. ut.
SCHŒH (If AETiir), ou phitùtScHOBv-
GAUKft , dont on a fait Schœn par abré-^
vifltion. La dénomination du Beau Mar-
tin, qu'on lui a donnée en France, et
oeHe de Buon Marti/fo, en italien, paraî-
trait être plutôt la traduction de Schœn
qu'une épiihète qu'on aurait donnée à
l'artiste en considération de son beau ta^
lent. Né à Kulembach en 1446, mort à
Colmaren 1499, ce peintre et gra¥earde
l'école de la Haute-AHemagne, jouit de
soii vivant d'une haute réputation, et if
passe pour un des inventeurs de l'ait
du burin. Foy, OmAvnmm, T. Xlf , p. 791 ;
SCBŒNBOUaCrfcoiiTBS nramc»
m)y famille aHemande puissante et an-
cienne, maie qui nVierça jamais, conmie
tant d'autres dHinê importance bien
moindre, les droits de souveraineté, fille
est possessionnée en Bohème et cbuM k
Misnie , et en jouissance de divers pri-
vilèges, tels que le droit d'entretenir une
garnison, de se qiiéHfierd'«llesae(^HpcA->
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SCH
Umehi)f etc. La braache «tuée on prio-
cîère te iubdivite en troU rameaux doot
celui de BobéiDc profcMC la religion ca-
tholique; la branche cadette, investie
da titre de comte, a également différentes
subdivisions. X.
SCHŒNBEUIIN ( nom qni signifie
hdle fontaine), vaste et splendide cbâtean
impérial, à peu de distance de Vienne, avec
nn parc célèbre sur la rive droite de la
Vienne, afHoeot dn Danobe. L'entrée
principale, ornée de deux obélisques, con-
duit dans une cour décorée de deux bas-
sins. SchoBobrunnareçu son nom d'une
source, appelée aussi Fontaine impériale,
«fui fournit d'excellente eau ; c'était d^à
un rende^vousde chasse du tempsde l'em-
pereur Mathias. Marie-Thérèse le fit res-
taurer, et depuis cette époque, la cour
y passe une partie de l'été. On y compte
1 ,400 pièccsindépendammentdu théâtre.
La chapelle, la grande mile, dont les murs
sont tout garnis de glaces , la salle des
cérémonies, la galerie d'Hamilton et les
trois salles des Etats sont les parties de ce
vaste château qui attirent plus spéciale-
ment l'attention des visiteurs. Le parc
renierme une orangerie de 200™ de
long, trois grands bassins, uu psrterre
orné de 83 statues ou groupes en marbre
blanc du Tyrol. La partie occidentale
contient de magnifiqiMs allées, des sta-
tues et des vases, de petites faisanderies,
une ménagerie et un jardin botanique
avec six serres gigantesques et une quan-
tité de plantes rares. Dans la partie orien-
tale, outre la Fontaine impériale, on
▼oit une ruine romaine artificielle et un
obélisque. La gloriette, sui; une hauteur,
en face du château, est, d'un style plein
de grandeur, et a été construite en 1776.
▲n-delà, on arrive à la faisanderie. C. L,
• SCHCBPFLIN (Jbav-Daitixl), his-
torien et antiquaire célèbre, naquit, le 8
sept. 1694, a Sukbourg *, dans le Bris-
gau, où son père était employé à la cour
du margrave de Bade-Durlach. . Il étu-
dia à Bâle et à Strasbourg, et obtint,
en 1710, dans l'université de cette der-
nière ville,, la chaire d'éloquence latine.
Plusieurs princes et univemités voulurent
Î*)DaBS Hermun, Notie^i nr Strthourg,
tf
t. Il, p. 909, Boat IJKHM SaltstMch, et pour
Vtiom dm M ■■itwiao» 1695. %,
( 134 ) SCH
le posséder ; mais il refusa toutes leurs
offres. En 1736, il visiu la France^ VU
talie et l'Angleterre, et à son retour, il
fut nommé membre du chapitre de Saint-
Thomas, fondation protestante dont on
lui dut, dans la suite , la conservation*
Louis XV, près duquel il jouissait d'une
haute couMdération, lui conféra le titre
déconseiller et d'historiographe. Scho^-
flin s'occupa prinapalea^ent de l'histoiin
de l'Alsace, et pour se procurer tous |es
matériaux nécessaires, il parcourut les
Pays-Bas, l'Allemagne et la Suisse. VAU
satia ilkuirata (Colmar, 1751-61 , a
vol. in-fol.), ouvrage encore aujourd'hui
fort estimé, est le fhiitde ses recherches
et de ses travaux. Aprèssamort, Koch pu-
blia (vof.), comme supplément à l'AhÂoe
illustrée VAlsatia dipiomatica et VAU
taticarum rtrum scriptores^ que Schœp-
flin avait laissés manuscrits avec un gnmd
nombre d'autres travaux précieux; il a
continué auasi VBistoria Zaringo^Ba^
demis (Carlsr., 1768-66, 7 vol.in.4**),
dont le 1^' vol. seul est dû à U plume
de Schœpflin. Parod les autres ouvrages
de cet homme éminent, érudît infatiga-
ble et judicieux historien, nous citerons
les rindiciœ ceiiicœ (Strasb., 1754,
in-4<>), où il prouve un fait, aujourd'hui
vulgaire, mais alors inconnu, savoir : que
les Celtes avaient une tout autre originn
que les Germains; et les FimUciœ iypo'^
graphicœ (Strasb. , 1760, in*4o), ou-
vrage important à consulter sur la ques*
tion des origines de la typographie.
SchcBpflin jouissait d'une estime géné«
raie. Ses cours attiraient à Strasbourg
des auditeurs appartenant aux princi-
pales familles de tous les pays de l'Eu-
rope. Après une carrière bien remplie,
il y mourut le 7 août 1771. Il légua à U
ville sa belle bibliothèque et son riche
musée, dotat Oberlin a donné la descrip-
tion sons le titre de USuseum Schœpfli^
nianum. On voit son mausolée à l'église
de Saint-Thomas. C. L.
S€HOLASTIQUE, Sckouastb,
SCHOLIES, VOy. SCOLASTIQUX, ScOLI ASTS.
S€HOMBBRG (Hihei, comte db),
maréchal de France, né à Paris, en 1 583,
d'une ancienne famille de la Misnie, mais
établie en France depuis quelque temp^
Nommé, en 160$, lieutenant pour le roi
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(115)
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dans h LiMondOy il «paiia ht troablef
rriigîeux de ceCto pro^^iK;p. Il iîit «n*
ywyé enraite oomme ambaaMdenr en An-»
fleterre et en Allemegiie oà il leva dee
tveapet pour le conpce de la Fraoee. A
son retour, en 1617, il lervii daas le
PiéiDont, aoui les ordntde Leadignièrefl.
En 1619 9 il contribua 9 en qualité de
grand-naltrede l*artillerie, à la prise det
places de sèieté que possédaient les cal-
▼inistes. Élevé à la dignité de marécbal
de Firanoe en 162S, il chassa les Anglais
de 111e de Ré en 1637, battit Bnckiog-
bam, et entra le premier dans La Ro«
ebelle. Denx ans après, il fvt renvoyé
dans le Piémont où il força le Pas^de»
Snse, s*empara de Pignerol en 1680, et
contraignit le doc de Savoie à lever le
siège de Gasil. Gbargé, nn peu plus tard,
de combattre les rebelles dans le Lan-
foedoc, il gagnasnr ehx , en 1 683, la ba-
talllede Gasteloandary où le duc de Mont*
norency {vcf>) fntfait prisonnier. Enré-
eompense de ses services, il reçut le titre
de gouverneur du Languedoc, et mourut
en 1683. Il a écrit une Relation de la
guerre d'Italie (Paris, 1680, in-4<').
Son fiU, Ghaelis, dncdeSebomberg,
oomm d'abord sôus le nom de duc D^Bal-
iiUTH, naquit en 1601 à Nantenil, et
eolnbattit aux c6tés de son père dans le
Languedoc et le Piémont. Louis XIII ,
^ui Pavait pris en affection, lui donna
U survivance du gouvememeiit de son
père; il défit les Espa^ok, en 1686,
devant Leucate, fut créé peu après ma-
de France, et, poursuivant le
de ses succès, il prit Perpignan,
en 1649. A la mort de Louis XIII, il
perdit le gouvernement du Languedoc;
mais il reçut en dédommagement celui
de Mets. Chargé malgré lui du comman-
dement de l'armée de Catalogne, il em-
porta d'assaut Tortose, en 1648. Ce bril-
lant fait d'armes ne l'empécba pas d'être
rappelé. Il mourut è Paris, le 6 juin
1666.
AmvAim-FaioiRiG de Scbomberg,
aussi marédial de France, mais d'une
autre branche que lesprécédenU, naquit
vers 1619, dans le pays de Clèves.
Ayant en le malheur de perdre son père
lorsqu'il n'avait encore que quelques
mois, il resta sons la tutelle de l'électeur
palatin. A l'âge de 16 ans, il combattit h
Hoerdlingen, et se signala quelque tempe
après, sous les ordres de Rantzau, par la
prise de Nordhausen. L'Empereur ayant
confbqué ses biens, il alla offrir ses ser-
vices au prince d'Orange. En 1 660 , il re*
rint en France où il acheta la compagnie
des gardes écossaises. Le cardinal de Ma-
zarin, en récompense de la valeur qu'il
montra en diverses occasions, lui fit ex^
pédier le brevet de lieutenant général de
l'armée de Flandre. Envoyé en Portugal
en 1661, il contraignit l'Espagne, par la
victoire de Yillavkiosa, de faire la paix et
de reconnaître la maison de Bragance
comme souveraine du Portugal; de non*
veaux succès remportés en Catalogne lui
valurent, en 1676, le bâton de maréchal.
La même année, il entra dans les Pays-
Bas et fit lever les sièges de Maestricht et
de Charleroi. La révocation de l'édit de
Nantes l'ayant obligé de sortir de France,
il se retira à la cour de l'électeur de Bran-
debourg, qui le nomma ministre d'état et
généralissime. Cependant il quitta bien-
tôt ce prince pour suivre Guillaume
d'Orange en Angleterre. Le maréchal de
Scbomberg perdit la vie à la bataiUe de
U Boyne, en 1690. X.
SCHOPENHAUER (JxAVinE Teo«
siita), romsncière allemande, né à Dan-
tzig en 1770, montra de bonne heure
beaucoup de goôt pour le dessin et la
peinture, et un grand talent pour les
langues. Devenue l'épouse du banquier
Schopenhauer, elle visita avec lui l'AU
lemagne, les Pays-Bas, la France, l'An-
gleterre, l'Ecosse, la Suisse, et à sa mort,
arrivée en 1806, elle fixa son séjour à
Weimar où elle se vit bientôt le centre
d'une société d'éKte. Elle débuta dans
la carrière littéraire par une description
des portraits de Goethe, Wieland, Her-
der et Schiller, peints par Kûgdgen. A
la demande du libraire Cotta, elle écri-
rit la Fie de Pemow (Tub., 1810)
qu'elle fit suivre à peu d'intervalle du
Foyage en Angleterre et en Ecosse
(3< édit.,,Leipz., 1836), d'un volume de
NouçelUs (Rudobt., 1816), du Foyage
dans le midi de la France jusqu'à Cha^
mouni (3* édit., Leipa., 1834, 3 vol.).
De fines observations, jointes à un style
facile et attachant, valurent à ces ouvra-
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SC0 (tiû) «ça
«ne vogue mérîLé^. Umc^ naifppda Bistmtr de ^É^ftcMU^Wt (ChriH^
iojrumt le répuutioo de l'euteur, ce fm
son romen de Gabrûlle (liCip^, 1819-
ao, 3 vol.; 2« éd., 1826), vériuble chef-
d*œavre où le ceraetère de le femme est
aabi et tracé avec use fa|N§riairké iaoan-
tetuble^ et où le peinture dn greiid mon-
de cherme par sa variété et par sa fin^ae.
On cite encore parmi les éerils les plus re-
marquables de M"^^ Schopenhauer le ro-
nian la Tante (Leipz., 1823, 2 toI.j trad.
fr., parM'°'' de Montolieu, Paris, 1835^
4 vol. in-12); Sidçnic (Leip«., 1 828), et
«n grand nombre de nouvelles. Une édi-
tion complète de ses œuvres a été pu-
bliée en 24 volumes à Leipzig et Franc-
fort, 1830 et ann. suiv. M""' Schopen-
bauer est morte à léna, le 17 avril
1838. C. L.
SCHOPPE (AMiLix-ExvA-SoPHix
Wkissb), née en 1792 dans l'ile danoise
de. Fehmern, et qui, depuis son mariage
avec le docteur Schoppe (181 1), a fondé
une institution de jeunes filles à Ham-
bourg, s'est fait connaître en Allemagne
et au debors par une longue série de nou-
velles et de romans, la plupart destinés
à la jeunesse. Parmi ceux qui, sont tra-
duits en français, nous citerons Les émi-
grants au Brésil^ Paris, 1837, in-12,
tx Pierre et Claudine^ ou les dmx petits
Savoyards^ 1835, in-12. X.
SCHOCTfiN , voy. Lbxaim. —Il ne
fsut pas confondre le collègue de Le-
maire avec Gautisr Schouten, voyageur
né à Harlem, qui a publié un intéres-
sant Vayagti aux Indes- Orientales ^ etc.
(Amst., 1676, in-4<>; trad. en franc.,
1708, 2 voL); ni avec Jossb Scbouten,
jrésident à Siam, qui donna une .des-
cription bollandaise de ce royaume, on
1636. Z.
SCHRÉVÉLIUS, 1)0^. GucQOX
{langue), T. XIU, p. 66.
SCHRŒCIL(Jeaii-Maxtsus), théo-
logien protestant allemand, et, de 1767
jusqu'à sa mort, arrivée le 2 août 1808,
professeur a l'université de Wittenberg.
Il était né à Vienne, le 26 juillet 1788.
Indépendamment de ses propres ouvrages
historiques, il eut une part importante à
V Histoire universelle de Guihrie et Gray
(vor- T. XIU, p. 63 et 88); mais ce qui
rendra son nom immortel, c'est sa grande
1802^ 36 vol. in-8'')r «Vfo la oodOiott»*
ticm qu'il en donna sonsun titse apécUl
{Kinhengesckickte seit der Reforma^
liOA,«6/^1804-ll, 10 voL in^8«, dont
le dernier est dà aux soins du Gélèbnapié-
dicateur Tzsqbir/ier). Une. nouvelle édi^
lion qui lut entreprise de éette publica-
tion colossale ( continuée par le mé«e
Tzschimer^ 1772-1826), n'arriva pne
au-delà du 14^ vol.; mais les bistorîene
de l'Église de tontes les confessions chré-
tiennes puisèrent à plmes mains daaa
cet inépuisable trésor de sdenoe, monn^
ment d'une remarquable érudition et
d'une persévérance qui devient tous lee
jours plus rare. X.
SCHRŒDER (Fiini^Mc-Loina),
artiste et poète dramatique allemand
d'un grand mérite; naquit à Schwerin ,
le 3 nov. 1744. U n'avait que trois ane
lorsqu'il parut pour la ifftsaaktt fois snr
le théàti>e de SainIrPélersbouig» Sa mes»
ayant épousé en secondée noœs Conrad
Ackermann (voy*^ il suivit ses parenle
à'Dantzig etàK.ouiig8berg, où il joua dee
rôlesde garçon et déjeune fille. En 1769,
son oncle, négooiant à Lubeck, hii eiârît
une pleoedane sa maison; mais le jeune
Scbrcader n'avait aucun fpùt pMprle
commerce, et sa paresie,' jointe à sa men*
vaiae conduite, i» fit bientôt renvoyer à
sa mère, qui se trouvait alore en Suisse.
Ce fut vers, cette époque que Schrceder
tenta le premier jmm dans la carrière Ut»
téraire par la traduction d'une comé-
die française. La troupe de son beeu-
pères^étantrendneàHambourgen 1764,
il débuta dans la tragédie sur le théâue
de cette ville, et il obtint tant de «ncoès
qu'il fut regardé bientôt comme le pre»
mier tragédien de l'Allemagne. A la mort
d' Ackermann, en 177 1, il entreprit, avee
sa mère, ladirectkm du théâtre de Ham-
bourg, pour lequel il écrivit pkisiears
comédies et traduisit différâtes piècea
de Sfaakspéare. En faisant ainsi oonnal-
tre à toute l'Allemagne le grand poète
dramatique anglais, Schroeder exerça une
influence réelle «ur la littérature de son
pays. Si l'on ne tient compte d'un voyage
à Paris et à Vienne, il continua de diriger
.ce thé&tre jusqu'en 1798, où il se retàrm
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6GH
Kiil)
SGB
Amf «De Inn dont fl'tiéif Mt 1*aoqtii-
«itlott. Il 7 iréc«rt toat oeodpé de tniv>UA
rinmatiques jusqu'en 1 8 1 1 , époque à l«-
«fUÉlle il comentit à te cbarf;er de noa-
Ttmi de la direction du théâtre de Ham-
tenrg, tombé de plus en plus en déca-
ûhtÊt» depuis m reMic»; mais ses efforts,
«es sucrifiees (urent inutilct, il ne put le
-releTer, et il mourut le 8 sept. 1816.
Comme sntourdramatiqueyll excellait
tdms le dialof^e et dans bi peinture des
earactèrts; perMone aussi ne savait plus
tabilement que lui saisir les nuances des
fmnomê. Son style est généralement no-
iile et pur, et presque toutes ses pièces
^ittt un IMH moral. Les meinenres sont
les «uWantes': ie Cousin de Idêbonne^
h Portrait de la Mère^ le BaUli Gnm*^
'^tutnn^ Stkle fFasser Bind tief (^pro^
ttrbe allemand qui équivant au proverbe
•firan^s : Cesi l'eau fui dort qui no)re)j
f Enseigne^ le Testament y etc. ; Bulow.
en a donné une édition complète avec
•une préface de Tieck (Berlin, 1881, 4
•vol. in*8*). SduKnder faâsm aussi de
bonssouventrs dans la frane-maçonnerie :
-la loge de Hambourg le reconnut long-
-tomps pour son dief. C L,
' SGflRŒBER (SopHn Bûeoek, fem-
me)^ une des tragédiennes les plus céAèbrss
de rAUemagne, naquiten 1781 àPader-
iMNm, et suivit, en 17M,« Saint-Péters-
•botvg la troupe de Tylliy dbins laquelle sa
mère était engagée. Elle avait douse ans
lorsqu'elle nnnta pour kpremtèrefoissnr
le théétre, dans le rôle de lina du Petit
Chaperon rouge^ opéra de Dittersdorf.
A 14 ans, elle épousa Facteur SloHmers.
La connaissance de Kotzebue qu'elle fit
ù Reval, lui valut un engagement au
tbéitre «le la cour de Vienne. Jusqu^en
18#1, elle conttnuaè jouer ksrôtesd^n-
fénnes; mais ayant été appelée k Ham-
bourg à des conditions très avantageuses,
eHe s'essaya sur ie théâtre de cette viUe
dans la tragédie, et obtint un immense
succès. En 1804, elle épousa le célèbre
acteur Schrcsder (vox> l*art. précéd.).
Les événements de 1818 l'ayant forcée
de quitter Hambourg, eHe se rendit à
Prague , puis è Tienne, et rentrée au
Théâtre de la cour, elle y brilla au
-pvemier rang jusqu'en 1829. Bans l'in-
lahratte, elle se remariit avec facteur
gLnnstdbnt toutefois iailèise tarda pas àss
séparer.^ Appelée à Munich, eHe conti-
nua è jouer avec éclat la haute tfngédie
jusqu'en 1886 où elle prit sa retratte.
Elle vit aujourd'hui à Vienne. Les prio*
oipaux rôler de Sophie Schrœder élafetft
Phèdre, Méd6e,Lady Macbeth, mérope,
Sapho et Jeanne de Montfeucon. Elle
possédait un organe puissant et sonore,
un regard plein d'expremion , un talent
perfectionné par un long exercice; mais
elle se nuisait par des' intonations trc^
fortes et une pantomime outrée. C. L,
S€IUUBDfiR - DEVaiBNT ( M»^
M IHNA OU WiLHBUimK), fille aînée de
la célèbre tragédienne dcmt il a été parlé
dans l'art, précédent, est elle-mêoM une
des cantatrices les plus célèbres de l'Al-
lemagne. Née à HaasiKMirg, le 6 çctobie
1805, elle n'avait pas plus de 5 ans lors-
qu'elle^ parut sur la scène sous les dehors
d'un petit Amour naissant. Lorsque sa
mère se rendit plus tard à Vienne , la
petite Minna entra au ballet d'en&nts
qui y était organisé. Cependant formée
pour le haut drame par les leçons de aa
mère, elle s'y eèsaya lorsqu'elle eut at-
teint l'âge de 15 ans, et joua successive-
ment au Théâtre impérial les rôles d'A-
ricie, de Mélittadans Sapho ^ delà Fian-
cée de Messine, d'Ophéiia, et tous ces
essais réussirent de la manière la phts
brillante.
Néanmoins sa belle voix Fappela iHeo-
tôt à^une nouvelle carrière. Elle l'a-
borda en jouant le r61e de Pamina dans
ia FUtterenchantéey celui de Marie dans
Im Barbe^leuCf et son succès ayant été
complet, eHe se voua définitivement a
la musique. Elle accompagna sa mère
dans plusieurs voyages , et se fixa en6n
è DroMle, où elle débuta par le rôle de
Fidelio, le ohef-d'œuvre de l'immortel
Beethoven^ et son triomphée elle-même.
Une taHle élégante et majestueuse, une
figure eipressive, une magnifique che-
velure blonde, beaucoup de noblesse et
de grâce dans son port, beaucoup de
goût dans sa mise , toutes ces qusHtés
appelaient alors sur M^ Schrœder le
plus vif intérêt du public, et elle cap-
tiva d'autant plus promptement sa fa-
veur, qu'elle alliait le talent de l^actrice
à celui de la chanteuse. EHe devint l'i-
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SGH
(128)
SCH
àb\% de la popolatioD de Dreide. G'esl
elle qui créa le r6le toucbaDt d'^uryan*
the, aous lei }eax deWeber lul-noiémey et
celui de Eezîa, dam Obéron^ sous Hm-
piration des aonvenira da mettre défuDt,
€eax qaîy du temps de cette première
fraicheor de son talent l'ont vue peindre
la mélancolie tendre d'EmmelinCy dans
la gracieuse idylle de Weigl , les pree-
aentiments sinistres de la fiancée du
Freyschûtz^ la douleur pathétique de
dona Anna y doivent regretter qu'une
condescendance malentendue aux capri-
ces de la mode l'ail portée à abandonner
le chant allemand, ces sons graves et ca-
dencée qui s'adaptaient si bioi à sa voix
sonore, mais trop peu flexible pour se
plier aux roulades et aux tours de force
de l'école rossinienne.
Bientôt après son arrivée à Dresde,
M^^* Schroeder épousa Charles Devrient
{voy*)\ mais peu d'années après, leur ma-
riage se rompit. Depuis ce temps, elle a
pria le nom de M™* Schrœder-DevrienC,
•ous lequel elles'jsst&it connaître dansles
pays étrangers. Cest elle qui, appuyée de
Haitzinger, brilla la première, en 1830,
à l'opéra allemand à Paris, et c'est en-
core le rôle de Fidelio qui y fonda sa
renommée. Plus tard, elle s'est consacrée
exclusivement à l'opéra italien, tant sur
les théâtres de Paris et de Londres, que
sur celui de Dresde, qui lui sert de pied-
a-terre dans les intervalles de ses fré-
quentes excursions. Mais quoique 4*aban-
don fougueux avec lequel elle se livre à
l'inspiration momentanée de son génie
ne manque jamais de lui attirer les ac-
clamations bruyantes de la foule, dans
ses rôles favoris de Desdemona, de Ro-
méo, d*Anna Boleoa, de Norme, les vrais
connaisseurs, ainsi que les vrais amis de
son beau talent, n'en souhaitent pas moins
parfois à la comédienne un peu plus de
délicatesse et de réserve, à la cantatrice
plus de goût pour cette simplicité gf^n-
dioseet chaste des Milder-Hauptmaïua et
desScbechner-Waagen, quilui aurait ac-
quis la gloire de donner un nouveau lustre
à la musique nationale des Gluck et des
Hsndel, des Haydn et des Mozart, mu-
sique dont l'Allemagne court le danger de
perdre toutes les belles traditions,faute de
cantatrices qui sachent la chanter. H. P.
DaiaBL), poète allemand, moins remar*
quable peut-être par ses talents que par
ses aventures singulières, ses erreurs et
ses folies, naquit à Obersontheim en Sooa-
be, le 20 mars 1789. Il montra d'a«
bord peu de capacité; mais tout à
coup son intelligence se développa, et
son génie musical prit un tel essor
qu'assis encore sur les bancs de l'école,
il composait des chants populaires qutl
mettait lui-méoM en musique. En 1768,
il fut envoyé à l'université d'Iéna, que
ces dettes et sa santé délabrée par
les exoèa le foroèrent bientôt de quitter
pour retourner dans sa famiUe. U aban-
donna alors la théologie afin de se livrer
exclusivement à son art de prédilection.
Successivement instituteur privé, mlitre
d'école, organiste, il épousa, en 1764,
une femme qui sut se plier è tous ses ca«>
prices, et supporter avec résignation les
chagrins qu'il lui causa. Nommé, en
1768, directeur de musique à Ludwigs-
bourg, il se Kvra à un tel libertinage
qu'on le mit en prison, et qu\)n finit par
le chasser du pays. Il stf rendit à Heil-
bronn', puis de là à Heidelbei^ et à Man«
heim, où, ayant eu l'occasion de se faire
entendre de l'électeur palatin, et le bon -
heur de lui plaire, il allait en obtenir
une place avantageuse, lorsque ses im-
prudences lui attirèrent le mécontente*
ment du prince. Des protecteurs puis-
sants le menèrent à Munich, et lui con-
seillèrent de se faire catholique; mais il
n'en avait pas encore eu le temps,, lors*
qu'il lui fallut quitter cette résidence. Il
se retira à Augsbourg, et entreprit la pu*-
blication de la Chronique allemande
(1774 et suiv.); en même temps il don-
nait des leçons, écrivait, tenait des cer-
cles de lecture,et gagnait ainsi beaucoup
d'argent lorsqu'un ordre du bourguemes-
tre vint encore l'obliger à partir. Il trans-
porta alors sa Chronique à Ulm; mais
comme à Augsbourg, il s'y fit beaucoup
d'ennemis par ses extravagances et son
humeur satirique. Ayant annoncé dans
son journal que Marie-Thérèse avait été
frappée d'apoplexie, il fut arrêté dans le
Wurtemberg, où on l'avait attiré dans
un piège, et enfermé dans la forteresse
de Hohen*Asperg en 1777. Pour le dîs«*
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SCB
tMJré, le eo«BMBd«Bt hii prêlà àm
livres de piété, eC Sclndbart, éaenré per
ses débevcbes, aœablé per ses se«ffiriii-
cesy e&cUa a Thypocoiidrie, tomba dans
un profond mysticisme et se livra à tons
Us écarts d'oae imagination brûlante et
foc^oense. En 171^8, les rifpoenrs de sa
détention furent un pen adoucies; ce-
pendant œ ne fut qu'au bout de dix ans
qu'il fut rendu à la liberté sur les instan-
ces de Frédéric^le-Grand, à qui il avait
adiessé un hymne du fond de sa prison
(1786). Nommé directeur de la musique
du duc de Wurtemberg et du tbéàtre de
Stuttgart, il publia une édition complète
de 9M Poésies (Francf., 1787, 2 vol.;
réimprimée en 1826 en 8 vol.)^ uneaulo-
biographie (Stnttg., 1791-93,3 vol.), un
recueil de ses compositions musicales,
tout en continuant sa Chronique^ véri-
table feuille populaire oik il passait en re*
vue la politique, la littérature, les arts,
les nuBurs, présentant toutes les questions
qu'il abordait sous un jour si attrayant,
semant à pleines mains des observations
si fines et si spirituelles, et jugeant tou-
jours avec tant dHndépendance les hom-
mes et les choses qu'on s'explique aisé-
ment le succès de cette publication. Ses
poésîefe sont pleines de feu; personne
mieux que lui ne sait faire vibrer la fibre
populaire; mais il tombe trop souvent
dans l'enflure et le pathos. Il mourut à
Stuttgart, le 10 oct. 1791 , avant d'avoir
pu terminer sa biographie qu'acheva son
fils, Louis, né à Gndsllngen en 1766,
seôétaire de légation au service de la
Prusse, éditeur des Mélanges à^mm père
(Zurich, 1812, a vol.) et de ses Idées
sur l'es$hétique de la musique (Vienne,
1 806), traducteur dts Saisons de Thom-
son (a* éd., Berlin, 1805), de VOtheiio
de Shakspeare (Leipx., 1802), de l'0#-
sian de Macpherson (Vienne, 1808, 2
vol.), et mort en 1812. C. Z.
SCHUBERT (Gottbilf-Heiiai dx),
conseiller aulique, membre de l'Acadé-
mie des sciences et professeur d'histoire
naturelle à Munidi, écrivain ingénieux
et extrêmement féocmd, naquit le 26
avril 1780, à Hoheastein, petite ville de
la Saxe, où son père était pasteur. Des-
tiné à l'état ecolésiastiqite et envoyé, en
1800, à l'université de Leipaig, U ne tar^
Bneythp. d. G» d. Af. Tome XXI.
( m ) scH
da pas à se ijlégoûter de la théologie; dèi
l'année suivante, il alla étudier la niéde*
cine à léna. Après avoir pris ses degrés,
il se fixa è Altenbonrg, où il eut bientôt
une nombreuse clieotelle, ce qui ne l'em-
pêcha pas de quitter cette ville, au bout
de deux ans, pour se rendre è Freyberg
et à Dresde, dans l'intérêt de ses travaux
littéraires et de ses études minéralogie
ques. A Dresde , il donna , sur la phi-
losophie naturelle, des cours qu'il a pu-
bliés sons le titre de Points de vue /toc-
iurnes des sciences naturelles (Dresde,
1808 ; 8«éd., 1827), et il y commença
la publication, toujours inachevée, de ses
Pressentiments d*une histoire générale
de la vie (Leipz., 1806-20, t. I et II).
Nommé, en 1809, directeur du Eeai"
Institut de Nuremberg, il resta à ht tête
de cet établissement jusqu'à sa dissolu-
tion, en 1816; il accepta alors la place
d'instituteur des enfants du grand-duc
de-Mecklembourg-Schwerin ; mais le cli-
mat et le genre de vie qu'il menait, nui-
sant à sa santé, il retourna en Bavière ,
où il occupa successivement la chaire de
professeur des sciences naturelles à Er-
langen et à Munich, et fut anobli par le
roi. La tendance piétiste et mystique du
protestantisme en Bavière ne pouvait man-
quer d'exercer de l'iufluence sur un
homme tout occupé de recherches sur
l'absolu comme le professeur Schubert,
et chez qui le sentiment prédominait à un
si haut degré. Aussi ses écrits se divisent-
ils en deux classes distinctes : la première
comprend ses ouvrages scientifiques, tels
que Le monde primitif et les étoiles fixes
(Dresde, 1822) ; V Histoire de la nature
(2®éd.,£rl. 1836etsuiv., 3 vol.);sesma-
nuels de minéralogie, d'histoire natu-
rdie(12'' éd.,£rl., 1840),etc.; l'ouvrage
célèbredela Symbolique des rêves {noM^.
éd., Leipz. , 1886), et surtout VHistoire
de l'Orne (Stnttg., 1880 , 2 vol. ; 2« éd.,
1838), fruit de vingt années de recher-
ches sur les questions les plus mystérieu-
ses de la psychologie et de la pneumato-
logie ; dans la seconde classe se rangent ses
traités ascétiques, parmi lesqueb nous
citerons seulement les Recherches an»
ciennes et noupcHes dans le champ de ia
I' psychologie interne (Leipz. et Erlang.,
1817 etaan. suiv., 5 vol.), et sa Fie du
9
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9CH (IM)
pasteur Oberlin (4^ éd., Mm^h, 1 823) .
Nous ne pouTODt nous dispenser de
tioDBer , en outrey la deftcription de set
voyages dans le pays de Salzbourg, le Ty*
roi et la Lombardie (Erlang.y 1833),
dans le midi de la France et l'Italie (£r-
lang.y 1827-31, S vol.)i et dans l'Orient
(1838 et ano. sniv., 3 vol.), qu'il tisiu
avec sa femme, dans les années 1836 et
37. Sa dernière publication est un re-
cueil de Contes (1840 et suiv., 3 vol.).
Un grand talent d'induction et, pour trou-
ver les analogies, des connaissances e?itra-
ordinaires en cbimie, en anatomie com-
parée, en histoire naturelle, en astrono-
mie mathématique et en minéralogie,
une profonde connaissance des langues,
"un génie remarquable pour la spécula*
tion, font certainement de M. de Schubert
un des écrivains les plus distingués et les
plus influents de l'Allemagne. C. L,
SCHUBERT (FaANçois), auteur de
chants ou mélodies qui jouissent d'une
grande réputation, naquit a Vienne en
1796. Ses parents désiraient qu'il étu-
diât la philosophie, mais son goût le
portait vers la musique ; il y fit de ra-
pides progrès, et lé patronage du chan-
teur Vogel lui ouvrit les salons les plus
distingués de la capitale. L'accueil que
ses chants y reçurent déterminèrent la di-
rection de son talent. Ses compositions
mélancoliques et graves comme son ca-
ractère, se répandirent peu à peu dans
le reste de l'Allemagne et de là en France,
où elles jouissent d'une grande vogue
depuis quelques années et où elles ont.
même fait adopter leur nom natif de
JUeder*, Parmi ses mélodies les plus es*
limées, on cite le roi des Aunes^ la Tri-
nité^ VJve Maria f l' Attente^ ttc> Schu-
bert s'est aussi essayé dans la symphonie,
mais avec moins de succès. Enfin en a
de lui quelques quatuors pleins de pen-
sées heureuses, malgré leurs singuléri-
tés. U mourut à Tienne en 1830. C. Z.
SCHULENBURG (voh DEâ), nom
d'une famille allemande très ancienne,
qui s'établitp an xii^ siècle, dans la
Vieille-fiiarcbe, où elle possède, ainsi
(*) Il ne faut pas oublier toatefoif que ce mot
est le pluriel de Lied, chant , et que c'est faire
nn baroarisriiè que de parler d'un Utdtr. Tout
an plai paat-en dire : Ui Uader de Sckt^rt. S.
T»
SCS
la 8a»e pnoeianne, dee
maines considérables. Elle se divise «u^
jourd'hui en deux branches prinetpalus
et tn plusieurs branches eollatéralef.
Parmi les hommes d'état et d'épée que
cette ikmille a produits, 'nous citeroi
en première ligne Jeah-Matthias, i
de Schulenbourg, feldmarécbal au
vice de la république de Venise, né à
Emden, le 8 août 1861. D« 170) à
1706, il combattit Charles XII en P»»
logne, en qualité de lieutenant géoértl
d*un corps saion. Défait par le roi 4e
Suède, le 13 oct. 1704, près de PaiiitS|
il opéra une brilbnle retraite jusqu'au
Silésie. En 1706, il perdit la bataiHn é9
FrausNidt. De 1707 à 1711, il mrOt
dans les Pays-Bas, sous les ordres éê
Marlborough et du prince Eugène^ mai»
lorsque Flemming(vo/.) pritleeemmatt*
dément defarmée, il doma sadémisskHi.
En 1718, il lut chargé d'aller soerteair
à La Haye et è Londres les prétentlniia
de la maison de Hanovre nu tr6ne d'Aa*
gletenre. Nommé, en 1716, feldttaré-
chai des troupes vénitiennes, il s^iHualra
par sa belle défense de Gorfou contra
les Turcs en 1716, ec la réfubUque re-
connaissante lui fit élever une statue. U
mourut à Vérone, le 14 mars 1747»
Charles VI l'avait élevé è la dignité é#
comte de l'EmpIrs. Sa vie a été écrite
(Leipeig, 1834, 3 vol.) par un de tes
descendants, le comte Fai&liilniQ^Al.-
BBKT, né le 18 juin 177S, à Dreede,
plénipotentiaire an congrès de Rastadt
et au congrès de Vieinne, puis chargé
d'affaires à la cour de Vienne, poste qmHl
occupa jusqu'en 1830. -» Les autres
membres de cette famille qui méritent une
mention spéciale, sont : le comte Achaz,
né en 1669, mort en 1731, qui se dis-
tingua par sa valeur dans la guerre de la
saccéssion d'Espagne, et par les amélio-
rations qu'il introduisit dans les écoles
d'enfants de tvonpe ; le comte AholfSb-
FainiRio, né en 1685, qui servit avec
honneur sons Frédério-Ouilllnime I^^et
Frédério H, et fut tué à M el#its, en
1741 3 enfin le comte de Sohulttiboure*
Wolftbonrg, qui Ait ebargé de l'admi-
nistration du Braiiswie après la mon du
duc Frédério^kûUiume, «t mourut le
M déc. 1818. €. h.
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SCB
(i
orfisaUAisle da x^ii^ sUcl*, mtpkit à
Gioningoe en 1686. Destiné au miDis-
tare èrangéUqae, il fit ses études aux
universités, de Leyde et d^Ulrecbt, mais
d«' toutes les branches de la théologie,
aucune ne lai otfrit plus d'attraits que la
philologie. Il s'appliqua avec ardeur à
l'étude des langues orientales et y fit de
rapides progrès. Nommé, en 171 1, pas-
tMur de l'église de Wassenaar, il quitta
cdttf place deux ans après pour la chaire
àm langues orientales à Franeker. En
llSSy il fut appelé à l'université de Ley^
de^ et il resta dans cette position jusqu'à
sa mort, arrivée le 36 jaoY. 1750. On a
de lui un grand nombre d'ouvrages dont
les plus importants sont : Origines he^
bfwœ me hehrœœ linguœ antiquissi"
ma ruUura et indùles (Franeker, 1734,
ot Leyde, 1733, 2 part. in-4»)et InsH-
iutiones ad fundamenta Unguœ ke^
brmm (Leyde, 1737, in-4ol — Le fils
et le petit-fils d'Albert Schultens ont di^
gneasent porté son nom et oontinué ses
tiavaux. X.
SCHULZB (GoTnx)B-]SEirB8T), phi-
iMophe distingué qui professa la philoso-
phie d'abord à Helmstœdt et ensuite à
GfMtingue, était né àHeldrun^n dans
la Tburinge, le 33 août 1761, et mourut
le 14 janv. 1888. On a de lui un très
grand nombre d'ouvrages de philosophie
oà il se montre l'adversaire de l'école cri-'
tique et partisan d'un scepticisme fondé
sur le sentiment intime des bornes im-
posées à la raison humaine. Outre Kant
et Reinhold, contre lesqueb était dirigé
le funeux livre anonyme intitulé Mne-
sidemus (Helmst., 1793), Schuize s'est
aussi attaqué à M. de Schelling dont
il a cherché à parodier la doctrine de
l'identité. X,
SCHULZB (Eritxst), poète plein de
talent, moissonné avant l'âge, naquit à
Celle en 1789. Vif et turbulent dans son
eolbnoe, il manifestait plus de disposi-
tious naturelleê que de goût pour l'étude.
Son génie poétiquese développa de bonne
heure par la lecture de romans de che-
valerie et de contes de fées. En 1806, il
alk étudier à GœttiUgae la théologie qu'il
quitta bientût pour la philolo^e, dans
llntcntioB de se consacrer à la carrière
«1)
de
SCH
Oelut vers eetteépo«
que qu'il eomposa son poème de Psyché
(Leipz., 1819), qpi renferme de fort
beaux morceaux et annonce une con-
naissance profonde de toutes les ressour-
ces de la langue. Jusque-là Schuize n'a-
vait aperçu que le beau côté de la We,
l'amour ne devait pas tarder à la lui pré- '
senter sous un autre aspect. Son imagi-,
nalion était à la recherche de l'idéal du
beau : il le trouva dans l'aimable Cécile
à qui il se dévoua avec tout l'enthou-
siasme d'un poète de 30 ans. Malheureu-
sement la mort lui enleva son idole.
Lorsque sa douleur se fut un peu cal-
mée, il conçut le projet d'immortaliser son
amante par un poème où il mettrait tout
ce qu'il avait de talent poétique, et en
trois ans il acheva Cécile ^ poème roman-
tique en 30 chants et en ottape rime^
rappelant le genre de Wieland (uouy.
éd., Leipz., 1833, 3 vol.). Les fatigues
et les privations qu'il éprouva dans la
campagne contre les Français en 1814,
raffermirent sa santé et lui firent oublier
ses chagrins; mais à son retour a Gœt-
tingue , il retomba dans le même état
qu'auparavant. Dans l'automne de 1 8 1 6,
il entreprit sur les bords du Rhin un
voyage pendant lequel il composa sou
charmant poème de la Rose enchantée
(8* éd., Leipz., 1833), qui remporta le
prix proposé par l'éditeur de l'Almanach
Vrania, Pressentant sa fin prochaine,
Schuize partit pour Celle dans le prin-
temps de 1817, et y mourut le 36 juin.
Ses œuvres complètes, accompagnées de
sa biographie, ont été publiées par sou
amIBouterwek (nouv. éd., Leipz., 1833,
4 vol.). C. Z.
tSCBUMLA, ou mieux Croumla, quel-
quefois Choumnaj la clef du Balkan {voy*)',
ville de plus de 30,000 bah», dans la Boul-
garie, à 9 journées de Constantinople. For-
tifiée par une citadelle et un vaste camp re-
tranché, Ghoumia est située sur la pente
septentrionale de la chaîne, et a souvent
airété les armées victorieases des Russes,
jusqu'à Diebitsch {voy,) qui la franchit
en 1829. « C'est uoe des plus fortes po-
sitions de l'Europe, dit M. A. Balbi, par
les difficultés qu'oppose son territoire et
par sa position au centre où viennent
aboutir toutes les routes des fortere sses
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( nt)
SCH
da Daoabt tl d'oè partoU otttM qaA, à
triTen le Balkan, m dirigoit Mir U mer
Noire et la Thraoe. » X.
SCHUTTEBY, espèce de garde
boargcoÎM hollaDdaise, yojr, Milicb.
S€HIJWALOWy vay. Choutalof.
SCBWAB (GusTATs), que doua avons
déjà nommé (T. I'', p. 473) parmi les
meilleurs poètes allemands contempo-
rains, ^t le fils atné de Jean-Christophe
Schwab, connu comme ardent adversaire
delà philosophie de Kant, qu'il combattit
jusqu'à sa mort, arrivée le 1 6 avril 1821 ,
et qui, après avoir été professeur de
philosophie, devint membre du conseil
supérieur de Tinstruction publique, à
Stuttgart. Gustave Schwab, le poète, na«
quit en cette ville, le 19 juin 1792, et fit
des éCudesde théologie à Tubingue. Dans
Pété de 1815, il visiu rAlleniagoe du
nord et se lia à Berlin avec I^mothe-
Fouqué et Horn qui l'engagèrent vive-
ment à poursuivre la carrière poétique
où il s'était déjà fait connaître par quel-
ques productions, sous le patronage de
J. Kemer et dllhland, le plus remarqua-
ble des poètes allemands actuels. De re-
tour dans le Wurtemberg, il fut nommé
répétiteur au séminaire théologique de
Tubingue; puis, en 1817, il fut appelé
à remplir la chaire de professeur de lit-
térature ancienne au gymnase de Stutt-
gart. On a de lui, outre des descriptions
pittoresques des Alpes de la Souabe
(Stuttg., 1828) et des bords du lac de
Constance (Stuttg., 1827) un recueil
complet des Romances et des Légendes
(Stuttg., 1828 et suiv., 2 vol.) qu'il avait
insérées dans différentes publications pé-
riodiques sons les titres de Romances
tirées de la jeunesse du due Christophe^
•t de Légendes des trois rois^ et qui se
trouvent aussi en partie reproduites dans
le recueil de Poésies (1829-30, 2 vol.
in-8^) ; déplus, un Livre d'histoire et de
légendes pour l'dge mtîr et la jeunesse
(Stuttg., 1886, t. I®'), des traductions
des Méditations de M. de Lamartine
(Stuttg. , 1 826),et du Napoléon en Egyp-
te de MM. Barthélémy et Méry (StuUg.,
1829), etc. Depuis 1828, M. Schwab
est attaché à la rédaction du Morgen^
hlatt. On lui doit enfin des Morceaux
choisis de littérature allemande, en prose
tien tara (1842, 2 vol.), det<
des CBUvres de Dalp^^de W. Mûller et de •
W. Hauff, ces deux dernières accompa-
gnées de notices biographiques sur les
auteurs. C. X.
SCHWABBACH, ville industrieuse
de la Bavière, d'environ 7,000 hab., con»
nue par une vaste fabrication d'aiguilles,
et par les articles de Schwahbach^ de
1628 et de 1629, qui servirent de base
à des transactions dans la lutte religieuse
suscitée par la réformation. C'est en vertu
des premiers de cesarticles que la doctrine
nouvelle fut établie à Nuremberg. On .
appelle lettres de Schwabbach les carac-
tèressirnplement écartés qui tiennent lieu <
d'italiques dans les impressions alleman-
des.— Le nom de cette ville ne doit pas
être confondu avec Sghwalbach, lieu
célèbre par ses eaux minérales, dans le
duché de Piassau, non loin du Schlan-
genbad {voy.). Le nom complet de cet
endroit est Langenschtvalbach, X.
SCHWARZBOURG (pEurciPAiiTi
db). Ce petit pays de la Confédération
germanique, autrefob un simple comté,
se compose de d^x parties disjointes :
le Haut-Comté, arrosé par la Géra, l'Ilm
et la Saale, entre les duchés saxons et la
régence prussienne d'Erf urt ; et le Bas-
Comté, tout entier enclavé dans la pro-
vince prussienne de Saxe, plus uni, fer-
tile et baigné par l'Unstrut. Le premier
est riche en bois et renferme des mines;
le second est surtout agricole. Ils sont,
l'un et l'autre, partagés entre les deux li-
gnes de la maison qui porte leur nom
ivor- l'art, suiv.), et contiennent ensem-
de 86 milles carr. géogr. (près de 2,000
kilom. carr.), avec 11 6,000 hab., pres-
que tous protestants. Le titre de chaque
prince est emprunté au chef-lieu o& il
réside*
La branche de Sondershausen pos-
sède un territoire de 17 milles carr,
géogr., avec 54,000 hab. , répartis dans
5 petites villes, 7 bourgs et 83 villages.
Le revenu annuel de sa principauté se
monte à 200,000 florins, chiffre qu'é-
gale à peu près celui de la dette. Il est
tenu de fournir à la Confédération un
contingent armé de 461 hommes. Une
constitution existe pour ses sujets depuia
le 29 déc. 1880; mais elle n'a pu encore
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itiS)
SCH
• recevoir d*ex«culion à cauae de le ré*
eblance des Étais. Aa cbàteaa de Soa-
dersheuseo, oo remarque un cabioet
d'hutoire naturelley iTec de corieuses an-
tiquités teatooiqaes. lie prince acttiel,
Guother-Frédério-Charles, né le 34 sept.
1801, règne depuis le 19 août 1835, par
•aite de Tabdication de son père. C'est
un adminbtrateur sage et éclairé.
La branche de RudoUiadl possède un
territoire de 19 miHes carr. géogr., avec
62y00Q âmes, réparties dans 7 petites
▼illes, un bourg et 156 ifillages. Les re-
tenus de ce petit eut s'élèvent à 825,000
florins; la dielte y est réduite à 200,000
florins. Le contingent militaire est fixé à
589 hommes. Les Étals, d'après la con-
stitution octroyée le 8 janvier 1816, se
composent de 6 députés de la noblesse,
de 6 des villes et de 6 des propriétaires
ruraux, élus chaque fois pour 6 ans. Le
prince actuel, Frédéric-Gunther, né le
6 nov. 1798, a commencé son règne
tous la tutelle de sa mère, de 1807 a
1814. n est possesseur de riches domai-
nes privés dans le Holstein.
Les troupes des deux principautés sont
comptées dans le 11* corps de Tarmée
fédérale. En matière d*appel , elles ont
une juridiction commune avec les duchés
d'Anhalt, confiée au tribunal de Zerbst,
dans le pays d'Anhalt. C, L. m,
SCHWARZBOUR6 (xaisoh de), fa-
mille princière souveraine de l'Allema-
gne, en possession de domaines considé*
râbles en Thuringe. On fait remonter sa
souche jusqu'à un prince mérovingien
du nom de Gunthcr (Gonthier ou Goo-
dahar) % établi dans cette province dès le
milieu du tiii^ siècle. Sizone III, un de
ses descendants, prit le premier le titre
de comte de Schwarzbourg, d'un château
qu'il avait fait élever près de Blanken-
bourg, et où son fils, Henri 1*% fixa sa
résidence vers 1160. Ce dernier mourut
sans postérité, en 1484 : aussi son ne-
veu, le comte Henri HI , est- il propre-
ment regardé comme l'auteur de la dy-
nastie qui règne encore. Le comte Gnn-
ther, XXI* du nom, né en 1304, et
connu spécialement dans l'histoire soua
le nom de Gnnther de SchvirarzboQrg ,
(*) La plapsrt dm priacss de «atle tÊnatom
(ut l'homme le plus remarquable de sa
race. Après avoir été le brave et fidèle
serviteur de l'empereur Louis de Bavière,
il mérita d'être élu lui-méooie empereur,
en 1349, à U diète de Francfort, qui ,
l'opposa à Charles IV,^ de la maison de
Luxembourg; mais une mort, attribuée
an poison, l'enleva la même année. Tout
Théritage de sa maison échut à son frère
aîné Henri. Un autre Gunther introdui-
sit, vers 1541, la réiorme dans ses étals,
qui furent ensuite partagés, sous ses fils,
entre les deux lignes â^Arnstadi^ puis
Sondershausen^ et de RudolsUuU^ en-
core florissantes. Élevées à la dignité
princière, la première en 1697, la se-
conde en 1710, toutes les deux obtin-
rent, en 1754, siège et voix dans le col-
lège des princes, à la diète de l'Empire.
L'hérédité, qui n'appartient qu'aux mâ-
les, par ordre de primogéniture, les rap-
ports de succession réciproque entre les
deux branchés, et Tindivisibilité future
de leurs territoires, avaient déjà été ré-
glés par un contrat de 1713. Dans l'une
et dans l'autre, le chef prend le titre d'é-
cuyer héréditaire du Saint-Empire. En
1807, les princes de Schwarzbourg en-
trèrent dans la Confédération du Rhin ;
et en 1815, ils devinrent membres de la
Confédération germanique. A la diète de
Francfort, leurs principautés participent
a la 15* place avec les duchés d'Anhalt et
d'Oldenbourg ; mais dans l'assemblée plé-
nière, ellesontchacone une voix. C L, tn»
SCHWARZENBERG (lbs puitcbs
de)*, branche de la maison de Seinsheimf
une des plus anciennes fiunilles de la
Franconie, doivent leur origine à Er-
xiHGER Dx SsniSHxni, qui, en 1420,
acheta la seigneurie de Schwansenberg,
en Bavière, dont il prit le nom , et fut
élevé, en 1439, par l'empereur Sigis-
mond à la dignité de baron de l'Empire,
avec voix et séance parmi les comtes de
la Franconie. La baronnie de Schwar-
zenberg passa, après lui, à son second fib
Sigismoiid; mais à l'extinction de cette
ligne cadette, en 1646, elle retourna à
la branche aînée, fondée par Mighxl 1*'^
fils aine du baron Erkinger. Cette bran-
(*) Oa écrie qaelqoefois SthmariMênbêrg , a
caoM d« U p«DMoaci«tioa , to«jo«r» àm , da s
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SCH
(lU)
SCH
«fat a'éuil^ ditisét, «d 1410, dans
Uê arrièra-pctits-tU àê Hicbel, Edmoitd
•I GruiLLMiifm. Le premier fonda la ligne
des Schwanenberg de Liège, éteinu en
1674. Gnillaaine fut la souche de la ligne
de Franoonie qui subsiste encore. Son fils,
Gdillauvb II 9 moumt des blessures
qu^il ra^t à la bauilie de Saint-Qoen-
tin , en 1567, laissant pour héritier un
enfant de dix ans, Adolphe de Schwar*
zenberg, que l'empereur Rodolphe créa
plus tard comte de l'empire, en récom-
pense des serrices qu'il avait rendus dans
la guerre contre les Turcs. Son petit-fils,
Jsax-ADOiiPKB, agrandit considérable-
ment les possessions de sa famille, et ob-
tint de l'empereur Léopold V% en 1670,
pour lui et les aines de ses descendants,
la dignité princière, qui, en 1746, fut
étendue à toute la maison. Après la dis-
solution de l'empire d'Allemagne, en
1806, le comté princier de Schwarzen*-
berg fat médiatisé et soumis à la souve^
raineté de la Bavière.
Lespomessionsdela maison deSchwar-
aenberg comprennent en tout 43 milles
carr. géogr., avec 116,000 hab., et for-
ment deux mi^ierats, composés, l'un, de
la principauté de Schwarzenberg et d'une
i^ogtaine de seigneuries en Bohême et en
Styrie; l'autre, des baronnies de Worlik,
Scdleta, Zbenitz, Bukowan, en Bohême,
Klingenberg et Mariathal, en Hongrie.
Le premier de ces majorats, dont les re-
wwÈûi s'élÀvent à 600,000 florins, est
possédé aujourd'hui par le prince Jxak-
Ado&psr de Schwarzenberg, né le SS
mai 1 799, qui a succédé à soq père Jo-
seph, en 1666 1 et a épousé la princesse
de Liechtenstein, en 1880. Ce fut sa
mère, la princesse Pauline d'Aremberg,
qui périt à Paris d'une manière si fatale,
à la fête que son beaurfrère, le prince
Charles de Schwarzenberg (voy. plus
loin), donna, le 1^ juillet 1810, pour
célébrer le mariage de Napoléon avec
l^archidochesse Marie-Louise. Le second
majorât, d'un revenu de 100,000 flo-
rins, fut fondé en 1708. Le prince ac-
tuel , F^iniaio de Schwarzenberg , est
né le 80 septembre 1800.
La famille deSchwarzenberg ne (;ompte
que deux de ses membres dont la. repu*
tation soit devenue européenne* L^suii
AdaIc, né en 1 687, ministre de Télectetir
de Brandebourg Georges<^7uillaume, fut
tout-puissant pendant la guerre deTrente-
Ans, et attira de grands malheurs sur les
états de ce prince, en le détournant de
l'alliance suédoise pour le pousser dans
le parti de l'Autriche. Lorsque le grand-
électeur prit les rênes du gouvernement,
il dépouilla le ministre de son père de
tout son pouvoir, et ne tarda pas a le
faire emprisonner dans la forteresse de
Spandau , où il mourut, au bout de 4
jours, d'une attaque d'apoplexie»
L'autre membre de cette famille, qui
mérite une place dans l'histoire , est le
prince Charles de Schwarzenberg, duc
DE RauMA^u et feldmaréchai des armém
autrichiennes. Né k Vienne, le 16 avril
1771, il fit ses premières armes sous les
ordres de London, dans la guerre contre
les Turcs, et déploya un courage qui ne
se démentit pas dans les premières cam-
pagnes de la révolution. Il se distingua
particulièrement, le 26 avril 1794, à l'af-
faire de Cateau'Cambrésis, où, à la tête
d'un régiment de cuirassiers et de 10 es*
cadrons anglais, il enfonça l'armée fran*
çaise forte de 27,000 hommes. La part
décisive qu'il prit à la bataille de Wurtz*
bourg, en 1796, lui valut le grade de ma-
jor général. En 1799, il fbt nommé feld-
maréchal-lieutenant , et derint proprié-
taire du régiment de hnlans qui porte
encore son nom. Dans la guerre de 1806,
il commanda une division sous les ordres
du général Mack. A la bataille dIJIm,
lorsqu'il vit que tout était perdu, il passa,
avec l'archiduc Ferdinand, a travers l'ar-
mée française (voy. Este, T. X, p. 80),
et se retira a la tête de quelques régi-
ments a Eger, en Bohème. Ce fut con-
tre son avis que la bataille d'Austerlltz
fut livrée avant l'arrivée de Benningsen
et de l'archiduc Charles. Chargé de Pam*
bassade de Saint-Pétersbourg , à la de-
mande de l'empereur Alexandre lui-
même, le prince de Schwarzenberg dut
quitter cette capitale en 1809, lorsque la
guerre éclata de nouveau entre la France
et l'Autriche. Il prit nne part brillante
è la bataille de Wagram, et commanda
l'arrière- garde dans la retraite deZnalm.
Après U paix deViemie, ce 6it è lui
qu'on confia les négociations qui préo^
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8GH
(136)
SCB
détint le mariage de l'arehidiicliesse Bfa«>
rie-Louise avec Pempereur dei Français;
PendaDt son ambassade à Paris , il sut
gagoer à tel poiot l'estime et la confiance
de Napoléon, que, sur la demande ex-
presse de ce dernier, le gouvernement
amtricbien le nomma général en chef de
l'armée de 80,000 hommes qui devait
coopérer à la campagne de Russie. Ces
forces se rassemblèrent dans la Galicie^
passèrent le Boug on Boh, remportèrent
d'abord quelques avantages, mais se vi-
rent bientôt forcées de se replier sur le
grand-duché de Varsovie. Schwarzenberg
prit position à Pultusk, et conclut avec
les Russes un armistice qui assura la
retraite des Français. A la demande de
Napoléon, cette campagne lui valut le
bâton de feldmaréchal général. Le prince
se rendit à cette époque à Paris, et y fit
on court séjour (1818). A son retour, il
Ibt chargé du commandement de l'armée
d'observation qui se concentrait dans les
montagnes de la Bohême; puis après la
jonction des Autrichiens avec les Prus-
siens et les Russes , il fut nommé géné-
ralissime des armées coalisées. Nous ne
reviendrons pas ici sur cette célèbre cam-
pagne ^ qui commença sous les murs de
Dresde {vor») «^ finit >ous les murs de Pa-
ris; nous nous bornerons à dire que rien
ne se décida, rien ne s'exécuta , sans Tin-
terventlon du prince de Schwarzenberg.
Après le retour de Napoléon de Tlle
d'EU>e , le feldmaréchal repassa le Rhin
à la tète des Russes et des Autrichiens,
et déjà il avait pénétré en Alsace et ep
Lorraine, lorsque les événements de Pa-
ris vinrent suspendre sa marche. A son
retour à Vienne , il reçut la présidence
du conseil supérieur de la guerre , qu'il
garda jusqu'à sa mort. Ce fut peu de
temps après, le 18 juin 1817, qu'il
éprouva les premiers symptômes de l'a-
poplexie dont il devait mourir à Leipzig,
le 16 oct. 1830, le même jour où, sept
ans auparavant^ il avait conduit les ar-
mées alliées sur les hauteurs environnan-
tes. Il expira dans la même chambre où
le roi de Saxe avait été fait prisonnier ;
son cercueil sortit de Leipzig le 19, an-
niversaire de son entrée dans cette ville.
— P^cfir Prokesch, Denhwurdigkeiten
êHS demteàen des PtldmarschaUsFûr'
sten SchamrzenbergyYlènntj 1 828, in-8%
Le frère du feldmaréchal, prince
JosBPR^jEikN de Schwarzenberg, se dis-
tingua surtout comme membre d'un
grand nombre de commissions ou d'in-
stitutions de bienfaisance. Pendant son
séjour à Paris, en 1810, il eut la dou-
leur de perdre son épousa, Pauline, née
princesse d'Aremberg, dans incendie de
la salle en bois construite pour la fête que
donnait, en l'honneur du mariage de
Marie- Louise, son frère l'ambassadeur.
Lui-même mourut à Frauenberg, em
Bohême, le 19 déc. 1833.
Nous avons déjà parlé de son fils, le
prince JsAïf- Adolphe de Schwarzenberg,
duc deKrumau, chef actuel de la maison
et détenteur du premier majorât. Il est
conseiller intime actuel et chambellan de
l'empereur d'Autriche ; mais il vit habi-
tuellement à Naples. 11 a un fils et une fille.
Son frère F^Lix, né le 2 oct. 1800,
vient d'être nommé ministre d'Autriche
à Naples. Un plus jeune frère, FiuÉDiaic
prince de Schwarzenberg, né le 6 avril
1809, prince- archevêque de Salzbourg,
a été élevé, en]1842, à la dignité de car-
dinal.
Le fils du feldmaréchal, Fa^Dimio-
ChâeIbs, prince de Schwarzenberg, land -
grave- princier à Sulz et Kleggau, lieu-
tenant colonel autrichien, né le 80 sept.
1 800, est en possession du second ma-
jorât de la famille, et réside à Presbourg,
en Hongrie. £nc. autr, m.
SCHWEIDNITZ (siégb bb), pen-
dant la guerre de Sept- Ans, voy. cet
art. et GaiBBAUVAL. Schweidnitz est une
ville de la Basse-Silésie, qui, de 1278 à
1378, fut le chef-lieu d'une principauté
indépendante.
SCHWEIGHiKtJSER (Jbak), an
des plus grands philologues des temps
modernes. Il était fils d'un ministre pro-
testant, et naquit à Strasbourg le 26
juin 1742. Étant passé du gymnase de
cette ville à son université, il fut initié par
de savants professeurs à toutes les bran-
ches des connaissances qu'il étudia avec
une ardeur Infatigable. Le latin, le grec,
Phistoîre, les mathématiques, Thébreu,
le syriaque, l'arabe, la théologie, la bota-
nique, l'hfstoîré naturelle et l'aâatomie,
occupèrent son vaste esprit. Ce foten
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(lâc)
SCH
1767 qu*il itoutintta thèse inlilulée Sys^
iema morale hujus universif et l'on ad-
mira y outre la justesse et la darté des
idées y la couleur tout-à-fait autique de
sa latiuité. Son père étant mort vers
cette époque, Schweighaeuser résolut de
voyager pour mûrir ses connaissances.
La France, FAllemagne, l'Angleterre, la
Hollande, lui ouvrirent leurs bibliothè-
ques; il se mit en rapport avec les
principaux savants de tous ces pays , et
s'il gagua au contact de ces hommes, il
les étonna eux-mêmes par la profon-
deur de son savoir auquel une modestie
candide ajoutait un prix infini. De re-
tours Strasbourg, en 1 769, Schweighaeu-
ser fut nommé professeur-adjoint à la
chaire de logique et de métaphysique.
Il préluda a son entrée en fonctions par
une belle dissertation latine sur cette
question : Quelle est la connaissance
de l'homme qui a pour lui le plus de
certitude^ de celle des choses corpo-
relies f ou de celle qu'il a de sa propre
essence? Plusieurs autres dissertations
philosophiques, entre autres celle De
Sensu moraliy rédigées par lui pour l'u-
sage des étudiants qui avaient des thèses
à soutenir, portent l'empreinte de cette
lucidité d'idées qui caractérisait émi-
nemment Schweighœnser. La chaire de
professeur de grec et de langues orien-
tales, qu'il obtint en 1778, le reporta
vers les travaux philologiques, dans les
intervalles desquels il trouva moyen de
composer, en allemand, un livre de lec-
tures {Lesebuch)y véritable petite ency-
clopédie de la jeunesse, oà il fit entrer
un chapitre original sur la nature de
Thomme, qu*il avait traité avec soin» et
auquel il attacbait beaucoup de prix.
Biais ce qui mit le sceau à sa renom-
mée, et la rendit européenne, ce fut son
édition d'Appien {voy.). Élimination des
choses faussement attribuées à l'auteur
(par exemple l'histoire des Parthes), res-
titution de morceaux complétant l'his-
toire d'IUyrie et les récits des guerres
Puniques, épuration du texte avec notes
justificatives, classification dans un ordre
meilleur des fragments des livres perdus,
traduction latine élégante et fidèle, rien
ne manqua aux soins que Schweighaeuser
donna à celte éditiou (Leipz., 178$, 3
vol. io-8o)» Bientôt après, il rendît à Po-
lybe {yoy,) des services du même geore,
qui attestèrent au monde savant la puia-
sance de sa critique (Leipz., 1789*95, 8
tom. en 9 vol. in-8*), etil compléta l'on*
vrage de l'écrivain achéen par un glos-
saire où il explique avec sagacité les ex-
presions particulières à cet auteur.
Ce fut pendant que ce travail occu-
pait sa plume que la Terreur s'étendit sur
la France. La liaison de Schweighssuser
avec Dietrich, maire de Strasbourg, lé
caractère ferme qu'il avait montré dans
ses fonctions publiques, le firent exiler
de sa ville natale. Il se retira à Baoca*
rat (dép. de la Meurthe) , oik ses veilles
laborieuses , qui se prolongeaient fort
avant dans la nuit, ûdUirent le ûdre pas-
ser pour un conspirateur. A sa rentn^ à
Strasbourg, il reprit sa place dans les
établissements d'éducation qui succédè-
rent à l'ancienne université; et lorsque
l'Institut de France fut organisé, Schweig-
haeuser fut nommé membre correspon-
dant de la 3^ classe. Les Monuments de
la philosophie d'Épictète furent recueillis
par lui et publiés en 6 vol. in-8o (Leipx.,
1799-1800, 5 tom. en 6 vol.). Aupara-
vant avaient paru le Manuel d^Épictèle
et la Table de Cébès^ que Schweighaeu-
ser regardait comme également utiles aux
jeunes étudiants en philosophie. Ensuite,
une édition nouvelle du Banquet d^A^
thénée sortit de ses mains, enrichie d'une
longue préface qui est un chef-d'œuvre
(Strasb., chez Treuttel et Wûrtz, 180U
7, 14 vol. in-8o). En 1 806, il fit paraître,
sous le titre de Opuscula academica un
recueil de dissertations philosophiques
reproduisant celles dont nous avons fait
mention plus haut. Si la critique litté-
raire avait fondé sa renommée, la phi-
losophie avait toujours été son étude de
prédilection. Les Épitres de Sénèque le
philosophe à LuciUus furent revues par
Schweighaeuser, qui en donna une édition
fort améliorée (Strasb. et Deux-Ponts,
1809, 2 vol. in-8*'). Enfin Hérodote fut
l'objet de ses travaux ; le texte du père
de l'histoire fut purgé par notre savant
philologue d'uue foule d'erreurs qui s'y
étaient glissées; et une discussion appro-
fondie sur l'emploi dea dialectes dont
l'auteur grec s'esl servi porta beauix^up
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scu
( m )
SCH
de jour mr cette matière (Sliraâb. ei Paru,
chez Treuttel et WûrU, ISie, 6 tom.
en 13 vol. in-8^}. Le texte grec est ac-
eompagoé d'aoe traduction presque nou-
velle, et qu'on a regardée comme un chef-
iPœuTre. Le Lexicon Berodoieum, que
Scfaweîglneaser publia en 1834 (3 vol.
in-8«)complétason travail d'une manière
heureuse. Ce oe fut que par une grande
assiduité au travail que Schweîgbœuser
put mener è bonne fin de si vastes en*
treprises. La nature l'avait doué d'une
grande force à cet égard. Il pondait im-
punément se livrer à de longues veilles,
et elles ne l'empêchaient pas de commen-
cer de bonne heure ses journées. Si quel-
quefois il se sentait fatigué, une prome-
nade dans la campagne retrempait sa
vigueur. Pratiquant avec une religion
scrupuleuse le culte du devoir, il savait
être ferme sans cesser d'être indulgent.
Successivement professeur de littérature
ancienne (langue grecque et arabe) à
l'école centrale du dép. du Bas-Rhin,
et professeur de littérature grecque à la
faculté des lettres de l'académie de
Strasbourg, faculté dont il fut doyen
fiendant environ quinze ans, il était en
outre professeur de la même langue au
séminaire protestant, débris précieux de
Fancienne université protestante dont il
avait également été un des ornements,
d'abord , ainsi que nous l'avons dit, en
qualité de professeur -adjoint iMur la
philosophie, et depuis 1777 en qualité de
professeur titulaire. Vers 1834, il prit
sa retraite comme professeur à U fa-
culté des lettres; mais malgré son grand
âge, il continua encore quelque temps ses
fonctions au séminaire, et ne les cessa
que lorsque sa vue aflaiblie lui com-
manda impérieusement le repos. Il mon-
tra encore toute la vigueur d'une verte et
noble vieillesse le jour où ses collègues de
toutes les facultés et les étudiants se réu-
nirent autour de lui pour célébrerson ju-
bilé de 60 ans de professorat. Ce fut
seulement à cette occasion que , bien
tardivement , la croix de la Légion-
d*Honneur lui fut conférée. Entouré de
Testime universelle, il poussa sa carrière
jusqu'à l'âge de 87 ans, et mourut le 19
janvier 1830. — Nous avons pris pour
b|9ç d« cdte notice ane autre ph» éten-
due, rédigée par M. Schnitzier, un des
élevés de prédilection de Schweighsenser,
dans la Revue encyclopédique ^ août
1880, t. XLYU, p. 397-819. L. G-s.
Ce vénérable Nestor de la philologie
eut un digne successeur dans la personne
de son fils, Jeak-Gsoffeot Schweighseu-
ser, connu surtout comme archéologue.
Né à Strasbourg, le 3 janv. 1776, il ne
put achever ses études : la révolution
l'entratna sous les drapeaux , et il s'enrôla
dans l'armée du Rhin, en 1793, comme
simple volontaire. Cependant, dès 1796,
il put venir à Paris , on il collationna dea
manuscrits grecs pour son père, Iradui'-
sit un fragment des commentaires de Sim«
plicius sur le Manuel d*Épictète, dont ce
dernier venait de faire la déconverte,et en
donna lecture à la 8* classe de l'Institut,
qui l'inséra dans ses Mémoires. Rappelé
à Strasbourg, où il remplaça quelque
temps le célèbre helléniste dans sa chaire
de langues grecque et latine à l'école cen-
trale, il dut bientôt reprendre le chemin
de la capitale, afin de collationner pour
lui d'autres manuscrits, et plusieurs an-
nées se panèrrat ainsi sans qu'il pût se
fixer définitivement. Il consacra ce temps
soit à faire une éducation particulière,
soit à écrire dans le Publiciste^ sous la
direcdon de Soard , soit à composer des
vers dont le jeune littérateur strasbour-
geois enrichissait divers recueib alle-
mands , car la nature l'avait fait poète;
puis il fut chargé, en 1803, par le coaate
prussien de Schlabemdorf , grand ami des
lettres et de l'humanité, de publier une
édition stéréotype des Caractères de La
Rruyère jomu a ceux de Théophraste
(voT')* ^ <^ derniers, il ajouta des notes
nombreuses et un Essai sur Thistohre de
la philosophie depuis les temps primitifs
jusqu'au moraliste grec dont il s'occupait.
Vers la même époque, sur les conseih du
baron de Sainte-Croix {yoy.) , Schweig-
hsQser fils traduisit les Indiquée d'Ar-
rien, que Barbie du Bocage devait publier
augolentées d'une dissertation et enri-
chies d'une carte : la faillite du libraire
s'opposa malheureusement à la réalisa-
tion de ce projet. En outre , il rédigea
pour Visconti le texte du Musée Napo^
iéonet prit part à la rédaction des Ar^
eUres Unértâres (vof. SuAmn). Tous ces
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SGH (1
tnAraos aBBOoçaiuit <fBBb Soh^^^hguMr
perttfttit dignenent le poids d'an dom
d^à glorieiix : aoiai, lors de la formitioa
de rUoi vanité de France, en 1 8 1 0, fut-il
Booemé professeur-adjoiat à la faculté
dwlettresy pour suppléer son père dana
le cours de littérature grecqQe, devoir
qu'il remplit presque coastamment dans
les seiDMtres d'été. Deux ans aprèsy il lut
aussi DOttmé professeur de littérature
latine au séminaire protestant. Lorsque
son père prit sa retraite, en 1834, il lui
succéda à Tacadémie comme titubire de
k chaire de langue grecque, ainsi que
dans les fonctions de bibUothécaire de la
TÎlle et du séminaire; et au bout de quel»
qnes années, ses sertices furent récom-*
pensés par la décoration de la Légion-
d'Honneur. Malheureusement une ma-
ladie nenreose, qui tourna en paralysie^
vint enchatoerson acti^té et affaiblir ses
hautes facultés : pendant environ douze
ans, il De quitta plus son cabinet, et rien
n'égale le dévouement que lui prodigua
une épouse chérie, fille du célèbre ana-
tomiste Thomas Lauth , pendant toute
œtte triste période et jusqu'à sa mort,ar-
rivée le 14 mars 1844.
'U nous reste à mentionner les titres à
la renommée littéraire que J.-G. Schweig<-
bsDUser acquit en qualité d'archéologue.
L'Institut ayant demandé, en 1819, auji
départements des notices sur leurs anti-
quités locales, le savant professeur , depuis
longtemps livré à ces études, se mit^à
l'oeuvre, et obtint la première médaille
que l'Académie des Inscriptions et Bel-
les* Lettres décerna pour cet objet. Ayant
déclaré d'avance que la médaille ne ae*
rait donnée qu'une fois à la même per-
sonne, elle ne put lui accorder itérât!-
vement cette récompense; mais, plusieurs
années de suite, elle proclama que les mé-
moires de Schweighsêoser étaient les meil-
leurs qu'elle eût reçus, et, en 1823 » elle
l'inscrivit au nombi^ de ses membres cor-
respondanu. A la même époque, il com-
mença, de concert avec son ami M. de
Golbéry (vo/.), la publication des Jnii^
qui tés eC Alsace , réunies depuis en un
vol. in-fbl. orné de lithographies par
Engplmann , et dont nous avons parlé
T. 1^"^, p. âl6. Même pendant le cours de
sa makiie, aonaèleMiévtiUaèplttaieu»
SS) &GH
repriaea i a|ant fkit, en 1889 , raoqnisî^
tion d'une collection d'antiquités gallo-
romaines et de poteries trouvées a BJbein-
uhtttn (Bavière rhénane), il fbt constaa^
ment occupé de leur étude et en fit des-
siner et lithographier les pièces les plue
curieuses. Enfiuy à l'occasion du congrea
scientifique qui fut tenu è Strasbourg en
1843, avec beaucoup d'éclat, Schweig*
hsBuser se ranima pour publier, en fa-
veur des hôtes nombreux que cette so-
lennité attirait, une Éaumération des
monumenti les plus remarquables dm
dép. du BaS'Rhin^ orné de pi. lith»
Ainsi sa carrièrey comme la carrière do
son père, comme celle de ses devanciers^
les Oberlin et les Koch (dont il a écrit la
biographie en 1814), et celle de ses ool-
lèguesjles Blessig, les Haffner(vo;^.)*,etc.,
était pleine au moment ou il la terminai
que n'eùt-elle été sans cette longue ma-
ladie qui l'arrêta avant le temps et coupa
court à tant de projets utiles mûris par
vingt années d'études, et dont il regardait
l'accomplissement comme un devoir qui
lui était imposé par le nom qu'il por-
tait! J.H.S.
S€HWERIN, voy. MscsjwvnoinLfr*
ScHWBaui.
SCHWBRIN (CxEUTOvnRy oomta
Dx), feldmaréchal prussien, né en 1684
dans la Poméranie suédoise, fit ses pre-
mières arases sons les drapeaux hollan-
dais dans la fameuse campagne de 1704.
Nommé . capitaine l'année suivante , il
quitta le service de la Hollande pour en-
trer à celui du duc de Meklenbourg, qui
le fit colonel, en 1708» puis général de
brigade à son retour de Bender, oà il
avait été envoyé, en 1 7 12, chargé de dé-
pêches secrètes pour Charles XII. Il si-
gnala sa valeur, en 1 7 1 9, a Walsmûhlen^
où il battit l'armée impériale» et il entra,
en 1720, au service de la Prusse avec le
grade de major général. Élevé successive-
ment au rang de lieutenant général et da
général de l'infanterie, il obtint, en 1740,
à l'avènement au trône de Frédéric Ilf la
bâton de feldmaréchal avec le titre da
O ITooblioot pat, parai lef morts, l«fl Dali*
l«r, 1«5 £iDin«rivh,l«t |led»lol),lo» LacbéDaieyer«
hommes d'un grand mérite, bien quUls aient
jeté pent'étre moins d'éclat, et que même le der-
nier, pÛIolo(^iie plein da goût et d'éroditioa,
■'ait posât isiisé d'eufraga iaipcûaé.
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ècu ( it* )
comte, ti'atinée saittnte, 11 remporta la
«victoire de MotwHz^ qni aâsara aux Pni$«
siens la pottessîon de la Sîlésîe. En ré<>
compense de ses senrices , il fbt nommé
gouvernear deNeisse et deBrSeg. Chargé
du commandement d'an corps d'armée
en Bohême, en 1744, il s'avança jusqa'l
Pragne et força cette Tille à capituler. Les
fttignes des camps ayant altéré sa santé,
il se retira dans ses terres à la conclusion
de la paix ; mais il repartit snr les champs
de bataille au commencement de la guerre
de Sept- Ans, et périt devant Prague eu
1767. , X.
SCHWYTZ* (cAWTOif dk). Berceau
de Tindépendance de la Suisse, ce canton
occupe aujourd'hui le cinquième rang
dans la Confédération helvétique. H est
aitué entre Uri, Olaris, Saint-Gall, Zu-
rich , Zug, Luceme et Unterwalden, et
compte 38,358 habitants d'origine alle-
mande, sur une superficie de 16 milles
carr. géogr. Le sol est montagneux ; ce^
pendant on n'y trouve ni glaciers, ni
montagnes couvertes de neiges étemelles.
Du haut du Bighi {vof,)^ élevé d'environ
5,700 pieds au-dessus du niveau de la
mer, on jouit d'une vue magnifique sur
les lacs deê environs. Les habitants, pres-
que tous pasteurs, ont conservé les mœurs
simples et patriarcales de leurs ancêtres ,
de même que leur entier dévouement à
la religion catholique , et leur horreur
de toute innovation. La constitution, re-
vue en 1888 , est purement démocrati-
que. Le canton est divisé en 7 districts
électoraux qui noniment les 86 membres
du petit conseil. Ce dernier, qui exerce le
(louvojr exécutif, s'assemble quatre fois
par an. Le grand conseil , élu également
par le peuple et composé de 108 mem-
bres, prépare les projets de lois et dirige
la haute police. A la téte^de la commis-
sion du gouvernement, formée de 5 mem-
bres, est placé un landamman qui a sous
lui un gouverneur cantonnai et un tré-
sorier. Chaque district a son conseil et
ion tribunal de première instance. Le
pouvoir suprême réside dans l'assemblée
(*) Proprement ScA(t^si mils on écrit Srhwyti
pbar M rapprocher de ta prononciation. Cest
le mène mot que Sniu*» «ar f cânto» éûÊ^Éê
son i|om à toute la Confédération; seulement,
dana cette dernière acceptioti, Vallemand litté*
taira l*à dapuis tf anifonné eii SckmiM,
SCI
do pi0iipl« qin ie tknt cd fkim tirtom
les éeox ras^ à Ibeoh , pvèa de SckwytB»
CTest eHe qui noaame k» hanta foactioiw
naires du canton et qi» aeetpte ou M<a
jette les loîa propoaéea par le grand €o»«
seil. La iiOmiBatioD des 14 membraa da
fribnnal oamoiinal cppnrtieDi aussi a«B
7dUiri«ts. GasdîstrioUaoBt: fScktvytM^
principal bourg au pied du Myteny Immi
de 6,8M pîcris, cveef^OOO hA. Dàm
le voishiage ae umive le village de Stei^
nen où habitait Wener Steofifodier; ^
Gcrsau; 8» Hareb ^ sur les bords du 1m
de Zurich, avee le bourg de Lacbeni
4* M aria^Ëinsiedeln ( voy. SAiNTS-Mit^
mis»AUK-ERMn»); ô^Kûssuadit, au pM
du Righiy sur le lac des Quatie^Gau*
tons, avec le ehcMMi creux où Tell {voy*}
tua Geasier; 0^ Wofarau , sur le ko de
Zurich ; 7» Pfefifijcon. Le bourg de Bran^
nen(vdx*)> aurlelaedesQuatre-Cautonay
e»t célèbre par l'allianee qu'y contracté*
rent, eu 1815, après la bataille de Mor«
garten , leà trois eastons de Schwyu ,
Un et Uuterwalden. Le S sept. 1806^
un ébonlemeut du Ruffi ensevelit lesviU
lageade Oohku, Bûsisgeo, Ober^Rœtbav
et Unter-Rœtfaen,avee 4d0bâb.y dontott
ne parvint à sauver que 14. Le oantoo
deScbwytz a nue aUbàje, cinq esuvento»
80 cures, 6 bourgs et 37 oomuMiiiea^
Sou eeatingeut fédéral est de M2 bo|n-
mes.- ^, xi»
ftCHYPETABSi oaSurnAiSi voy.
ÂLBAxrnty pays deat k iaogoe s'appelle
k iAfpe4
S€UQaAPBlB,mot d'ongiuegrae»
que (oxiày ombre , et ypàfêi » je décria f
dessine) et qui désignait l'art de biett
distribuer le jour et roflilMre« Aiguur*'
d'hui on pourrait donner ee nom à l'ait
des silhouettes ou dea eoulMura UMurquéa
par les ombres^
ftCIAMANClE9«K>f. Di¥iiMio«»
T. Vni,p886.
fiCIATtoiQUB,«ir. GMoaomQUB.
fiClATIQUfi, QmoTBK aciATiQiiBy
NivKALoiB sQiATiQUH, màkdîe doulou-*
reuae et tenace , de nature et de forme
variable y occupant le membau inférieur
el n'ayant pas aou analogue dans les au«*
tces parties i^ «ovpa. £lk affecte plus
ordiueinnMnt les .aduUaa et les pfrsou-*
nel du sexe masculin ^ mais k nature éê
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sa
(HO)
sa
ttt OMMM prMitpOMttUs ii*ett pti eoo->
Btte» et ta nanière d*étre la différeacie
d*aTflclMiiévralgicB, amqiiellat ton aiége
•blife pourtant^ la rapporter. Lea caa-
aai oooaaîoiiaeUea sont Îm coups et let
contttMOM mr le trajet da gros nerf /c/o-
tff iM% le froid huo^, la goutte, la ré-
pereiusioB des eianthèmes alg«s oo chro-
avec
Une do«le«r avse an engourdissement
tout particulier, continu, BMis augmen-
tant par accès , s'ezaspérant par les Ta-
nations de température et par la marche,
et occupant la totalité ou quelques par-
ties seulement du nerf sciatique et die ses
ramifications, fait le caractère principal
de la sciatique à laquelle se joignent très
ordinaûremeotdessympt^mes généraux et
de la fièvre, phénomènes heaucoup plus
rares dans les autres nérralgies essentiel-
lement intermittentes et apyrétiques de
leur nature. Cette douleur est cruelle,
lancinante, brûlante, dédiirante; elle ne
laisse point de repos aux nialades, qu'elle
jette dians l'épuisement lorsqu'elle se pro-
longe et qu'elle résiste au traitement, ce
qui est le cas le plus ordinaire. Elle dure
eaefiet de deux k six et huit mois; sou-
vent même on U voit afibcter le
sujet pendant plusieursannées,
des intervalles.
Cependant ce n'est point une maladie
mortelle par elle-même , et l'on n'a pu
observer l'étet du nerf affecté que chez
des sugets ayant succombé4 d'autres ma-
ladies. Alors, plus constamment que dans
les autres névralgies, on a pn censUter la
rougeur, l'engorgement ou l'infiltration
du tronc du nerf sciatique et de ses prin-
cipales branches. On trouve aussi quel-
quefois des tumeurs de différente na-
ture développées dans répaisseor du nerf
ou dans les parties voisines et lui faisant
subir une compiassion ou une distension
permanentes.
Le grand nombre de moyens employés
contre U sdaUqne montre d'une part
que cette maladie est opiniâtre, et de l'an-
tre que la cause dont elle dépend est loin
d'être toujours la même : le traitement
doit donc varier suivant les drconstanoes
(*) PraprflBSBt MoMnÂfM, de i^X^ov, han-
flh«« MX^f MMU^sateada Wros, naladic dm
rsiot. ft.
de l'âge, du s^xa, du tempérament,
conuneaussi del'aspectdessympt6mes. La
saignée tant générale que locale, les bains
généraux et locaux, les fumigations, les
cateplasmes et les fomentations émoUien-
tes, joints aux calmants, doivent commen-
cer l'attaque, et même rendent souvent
des services signalés à une époque avan*
cée. Après ces moyens^ les révulsif de
tout genre tant sur la peau que sur le
canal intestinal ont été mis en cuivre :
vésicatoires, cautères, sétons, ostton, élec-
tricité, galvanisme, et tout l'appareil des
agenU douloureux qui souvent ne font
qu'ajouter des souffrances nouvelles à
celles que supportent déjà les pauvres
malades. L*exdsion du nerf, opération
cruelle et chanceuse, a été proposée et
pratiquée. On peut placer au même oing
les médicamenta d'où goût détestable et
d'un effet violent, tels que l'huile essen-
tielle de térébenthine. Il ne faudrait pas
perdre de vue que la sciatique est une
maladie de longue durée et dans laquelle
il est sage de ménager les forces du pa-
tient et les ressources de l'art. Le repos
absolu du lit est un moyen très puissant
auquel on n'accorde pas assez de con-
fiance. F. R.
SCIENCE. La science (scieniia^ de
scire^ savoir) est un ensemble de prin-
cipes, de faits, de conséquences, certains,
évidents et reconnus comme tels. Dans
un sens plus large, on appelle savoir^
savoir humain^ toutes les connaissances
d'un intérêt général, plus ou moins éloi-
gné ; surtout celles qui sont la propriété
de rhumaoité entière et non de l'indi-
vidu. En français, on fait une distinction
entre la science^ mot dont nous venons de
donner la définition, et les sciences par
lesquelles on entend toutes les branches
du savoir susceptibles d'une démonstra-
tion rigoureuse. Ainsi, dans ces deux lo-
cutions : La science est longue et la vie
courte (Ars longa^ vita bre9is)yti II
se livra de bonne heure à V étude des
sciences^ le mot est employé dans des ac-
ceptions très différentes. Dès lors, l'his*
toire, par exemple, n'est plus une science,
mais simplement une branche de littéra-
ture {vor*)t ^ Ia science de la vie n»
mérite pas non phis cette dénondnation.
Cependanton accorde le titre de science
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sa
(Ut)
set
MS aWMilM liraidMt de Phifloire ui-
twelle {scienoes natMreUes)^ non sot-
ceptibles loQJoar» de démoBfCnUkm m-
tionseUe, miii aenleiiMBt tajeUce à une
dispoMtioo méthodique k laquelle VhU^
toire, à la riguear, peat égalemenft être
astreinte; elcet ezeoiple prouve que c'eat
moÎDS la rigneor de la démonatration que
reDcbaloement, laforoieiiiétliodiqiieaoua
laquelle les counaissauces sont présen-
tées, qui oonstitue la scîeoce. Aussi les
antres langnessont-elles à cet égard moins
sérères que la n6tre : pour elles, le do*
maioe de la science s^étend à toutes sor-
tes de notions (omme scibiie)^ avec cette
restriction toutefois qu'il y a dans la
science des parties exactes ou suscepti-
bles d'une démonstration mathématique
(sciences exactes)^ et d'autres parties for-
mées seulement par une agré^çation mé-
thodique de connaissances, classées sui-
Tant un oerUin plan (sciences naturelles,
philologiques, historiques, belles-let-
tres, en allemand belies^scienees, etc.).
Cependant il y a encore une autre dis-
tinction à faire. Incontestablement» la
science ne se compose pas de toutes les
notions, de toutes les connaissances quel-
conques que possède l'homme, et dès
lors, où commence la science, qu'est*oe
qm mérite d'y figurer? En ne considé-
mnt que leur objet, il est sans doute dif*
fidle de fixer la limite précise entre les
coniHilKanoes dignes du nom de science
«I les connaissances Tulgaires, simples ob-
jets de curiosité. Biais cette distinction est
plus aisée a établir lorsqu'on porte son
attention sur la forme on sur la manière
dont est traitée la science. Or ce dernier,
point de vue estjessentiel; car le bot réel
de la science étant d'arriver à la vérité
(yoy.) et de la manifester, et l'intelli-
gence n'étant que le sentiment du vrai
développé, la foroie de la science est le
produit de l'intelligence seule. Sans la
forme {vor. MirHODs), la matière scien-
tifique lie serait qu'une agrégation con-
fuse de connaissances; c'est elle qui en
fait UQ édifice scientifique^ et un édi-
fice semblable, construit régulièrement,
conformément aux lois de la logique ,
a'appelle un système {voy,). Ainsi la
science exige nécessairement une con-
struction systématique.
Cette eoosttuetion pent se fidre de
plus d'une manière : de là difBérentes
classes* L'intelligswce procède : 1^ par
compréhemsion on par inpention, seloa
que l'objet de la science est donné ou
purement abstrait; elle sépare ce qui est
essentiel de ce qui n'est qu'accidentel, ce
qui est important de ce qui ne Test pes,
ce qui est vrai de ce qui est (aux; 2^ par
disposition^ n'établissant aucune propo-
sition qui n'ait sa cause dans une pro*
position antécédente : dans ce cas, com-
me dans le précédent, elle est dirigée
plutôt par un tact sAr que par la réflexion,
et c'est dans ces deux opérations que se
rencontrent les qualités du génie; Se p^r
preuves^ en démontrant les propositions
émises : ici la connaissance devient une
science proprement dite, pourvu que la*
critique présidée l'opération. Nousavona
ainsi caractérisé les travÉux d'ahstrae^
tion on spéculatifs, les travaux d'érudi-
tion {vof, CCS mots) et les travaux scien-
tifiques proprement dits. ^
Selon qu*on travaille a poser les fon-
dements d'une science ou qu'en en fait
l'application, la science est théorique
' ou pratique, A propreesent parler, toute
science est à la fois théorique et pratique,
puisque toutes les sciences ne sont que
les parties de la science générale, et que
chaque science en particulier, n'eùt-elle
aucun rapport a la via, sert à compléter
et à expliquer une autre seienee. Tel est
le cas, par exemple, pour l'archéologie,
science complémentaire et explicative de
l'histoire : on l'appelle une science irajri-
iiaire. Comme il est imposMble è l'esprit
humain, quel que soit son degré de dé*
veloppement, d'embrasser le savoir hu-
main dans tonte son étendue, on a dik dtv^
ser le champde la science en plusieurs por^
tiens que les savants se chsorgent de cul-
tiver, chacun dans sa spécialité, en eiÉi-
ployant tousles moyens qui leur sont of^
feru parles travaux deleursiltvaodcrs.De
même que le talent, l'érudition est doue
une condition de la science. Mais comme
(*) A b éittioction expliqué* plot haut êé
rapporte mmtai calle qa'oa Ibit — ■■■ém— t •
entre no sa^mni et an «nutir. Daat le fait, ott
MTaot toat homme qui tait beancoop; mai» ea
fnm^U on eocoHe tpérialemeat cette dêoomi-
natiân ans boBUM* qal caltiveBt le* aeiceeea
esaetea et aaturellM.
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set
(141)
sa
lia IksiMfl es dwqiM Mi«M«^ B# lOÉtt ^s
wIlMMfit bioi MrqiiéM q»» Vmm paUà/t
mf^èser abfolament en, secMirs d« l'an*
tn» on am peot s^appUqaer ei^hirfvemant
è «DAMalb soienee ; il faut ail moins oon-
nakro let bases at las pi^eipas géoéranx
das seiances analogues à oatle qu'on tul-
tiwdepréfôrenoepifentposaéclerdesoon^
naksancea encydo|iédiqiMs {vqy, Emgt^
olopédib), al eneorey soos paina da ras*
ter «dans una nsédk»orité suballerne^ na
doit-on pas se oontanter da quelques no»
tîotts Taguas al superielellea. Les anciens
ééik aTaiantsanti eetia nécawité, et ils
«lîgadent du savant qu'il étudiât, lee au-
tres branebe» da la seianee pour dévelop-
per et pré8#ntar canvenablenient oeMe
dont il s'occupait d'une numlère ^lua spé-
ciale. On la sentit ttieux encore dans le
aoyen-ftge, oà l'ou enseignait les sept arU
Ubéranx sous* las noms de tntfium et de
quadripium, rattacbaat ainsi dhui o6té
la dialaeliqnaat la rbétoriqae à la gram-
maire, et de l'autre^ la géométrie, l'astro-
nomie et la musique è l'as^lkmétiqoe. La
dénoannation d'unIvOTsités (vo/.), appli-
quée dans le xn? siècle aux écoles su-
périanrat, n'itidîqnendt»alle pas aussi
qu'on considéniit ka sciences diverses
comme formant un ftiisoeau , un tout?
Quoi qu'il en soit, à la théologie, à la
jurisprudence et ii la médecine, les trois
sciences qui ooncamaiem plue directe*
ment la vie pratique, et qu'on a quelque-
fois désigttém sooB le nom de'9ciêMce9 de
fncuHéM^ on ajouta plus tird la pfailoso-
pbie, la poésie, l'éloquence et l'histoire,
comprises towtea quatre soua le nom
^humanités {vojr. ce mut)/
A cette division iles sciences, on en a
depuis sitetitué beaucoup d'autres. Le
premier qui essaya de lea classer systé*
maliquenient ftit Bacon {voy») de Yéru-
laëi. Dans son ouvrage De dignHaêe et
amgmemtii scientiarmm (Leyde, 1645),
il las divim, d'après les trois facultés de
ta mémoire, de l'imagination et da la
raison, an histoire^ poésie ni pkihsopMe.
Sa classification finit adoptée, avec quel-
■ qaaa cbangaments, par D'Alembert dans
son discours préliminaire de l'Encyclo-
pédie. A peu près vers la même époque,
Sulzar, BubUÎ^ Eachanburgf et d'autres
écrivains de l'Allemagne imaginèrent dae
dfvisfbtis ttoutélles. Les unt finig8reM
les sciences en seiencea nommaUs et en
sciences réelles^ selon quelles 8^occupe«t
de t'expremion par U parole de nos idées
et de noa connaismnces, ou qu'elles trai-
tent de nos idées et de nos notions dans-
leors rapports avec les objets eux-mêmes.
D'autres admirent des scienees empiii*
quesy dont les éléments sont fournis par*
l'expérience, et des sdenoes rationneUes^
qui ont uniquement leur source dans les
facultés supérieures de l'âme. Dans su
nouvelle division des sciences (Zulllch. ,
1806), Rrag tenta une autre clanifica*'
tion, et divisa les sciences en aciencm /f-
bres ou naturelles ^ dont la matière ne
dépend que de la libre activité da l'es-
pttt, et en scienees positives ou emprun-
tées aux fidu de la réalité. Il subdivisa
les premières en sciedctt phiiolàgiqtte»
9t kistoHqaeSj dont les éléments sont em-
piriques, en sciences tMUkématiques et
philosophiques^ dont les éléments sont ra«
tionnels, et en sciences anthropoiogiques
ei pitysiqttes f dont la matière primitive
est à la fois empirique et rationnelle. Dans
sa seconde classe, il comprit là théologie
et la jurisprudence positives. Mais commo
il existe des sciences, par exemple oaliés
dites camérates (voy.) ou adminbtratives
et la médecine, qui sont à la ibis libres
théoriquement et positives en pratiqtie,
il en fit une troisième dasse -sous le nom
de scfenc«i mia^ér. Cette classifi<A4bn^
qui peut paraître jitote ou inexacte, com-
plète ou insuffisante selon le point de
vue où l'on se place, a eu beaucoup db
succès en Allemagne. En France^ un sa-
vant illustre. Ampère, en a proposé uité
antre d'après une méthode analogue à
celle que Jussleu a appliquée à la bota-
nique. San^ s'arrêter aux éléments de ta
science, il s^ttacha surtout au progrès de
la cotfnaissance en nous. Il posa en prin-
cipe que, dans l'étude que nous fldsons
d'un objet, il y a quatre points de vue
distincts, selon que nous nous conten-
tons d'une observation externe et géné-
rale de l'objet, que nous recherchons ce
qu'il renferme de phis caché, que noiis
en étudions les altérations, ou que nous
essayons de découvrir les causes les plus
mystérieuses des phénomènes ; puis il di-
visa toutes les connaissances humaines
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m
(141)
set
{%htrMÇf m^nde) «t seienow aodiogiques
(y^vç, esprit, iMeUigenoe), et, prenant
cbeeune dee sdencee qni rentrent tooA
eee deui frandee rubriqaea, il les dWUe
•I les subdivisa selon lee quatre points de
vue de l'observation seientifique.
Dans l'impossibilité de faire connaître
«I dtéuil tous les systèmes qoi ont été
iirrvntés, nous devons nons en tenir à
«n seul, el nons donnons la préférence à
celui qui est exposé dans V Encyelopédie
d'Ersoh et Gruber^ non pas qu'il nous
■emble plus à l'abri de la critique que les
nalres^ mais parce qu'à notre avis il est
piss simple et moins artificiel.
Supposons l'bomme, dans la pleine
jouissance de ses facultés, placé en face
dti monde. La première question qu'il
s'adressera ne sera-t-elle pas celle-ci :
Qu'est-ce que loni ce que je vois ? et la
eeeonde : Qtt*sais«je moi-même? Il sen-
tira donc le besoin d'apprendre à con-
Bâllre le monde et à se connaître lui-
■lème. L'expérience, qui lui sor^ra de
guide et d'institutrice, lui fera en même
tempe sentir les rapports réciproques qui
Punissent au monde et l'influence qu'ils
•xercent sur son bonbeur. Il étudie donc
As nature du monde^ sa nature propre
^ies rapports qui les lient l'une à l'au-
tttk II ne tarde pas à s'apercevoir des mo-
illfications successives que subissent cer^
tains objets ; il en voit plusieurs dispa-
raître, et il s'en inquiète. Pourquoi cette
diiparitlon, cette mort ? Quelle est donc
bi destination du monde et de l*bom-
mm ? . Avant de pouvoir répondre à ces
questions, il aura encore à passer par
de rudes épreuves. H a le désir d'être
beureux, mais la nature oppose souvent
à ses vœux des obstacles cpi'il ne peut
vaincre. Pour en ti^ompber, il s'unit à
des êtres de son espèce ; mais si sa puis-
sance s'en augmente, il paie cet accrois-
sement de pouvoir d'une partie de sa
libertés Ses pencbanis, aee besoins, ses
passionB se trouvent dès lors en contact
avec lés penchants, les besoins, les pas-
sions de ses semblables ; et pour éviter
dm disputes, des collisions continuelles,
il doit s'imposer le frein du devoir. Ses
désira, sa volonté ne a'y soumeilent pas
toi^îoort sans murmure. Au lieu de com«
battre ta nature, il doit \
propres instincts, et dans cetto lutte don*
lonreoM, il s^écrie : Quand cette lutte ces-
sera-t- elle? Qui est Tauteurde tout cela ?
Il n'est pas un bomme bien organisé
qui ne se soit posé ces questions ou qui
n'ait senti le besoin de les résoudre. Ainsi,
nature^ homme^ rapports de l'un apee
r autre f destination et but final de Vhu^
manité^ institutions sociales^ causes de
la nature et de l'homme^ tels sont les
objets de la science, lesqueb peuvent se
ramener à trois grandes divisions, corres-
pondant aux idées de n€Uure^ â*homme
et de DieUy d'où la division des sciencee
en trois classes : Sciences naturelles ,
sciences anthropologiques et sciences
transcendentales,
I. Sciences naturelles. Les sciences
naturelles s'occupent des objets de la na-
ture: 1^ d'après leurs classes et leurs es-^
pèoes. La i7t//tem/o^/etraitedescorps in«
organiques; et quanta la nature organisée,
la botanique traite des plantes , le zooh^
gie des animaux . La géographie physique
étudie la terre en général et sa constitu-
tion extérieure; la météorologie^ les phé»*
nomènes atmosphériques ; Vastrognosie^
la disposition générale des corps célestes*.
3^D'après lenrcomp08ition,la disposition
de leurs parties, leur (orme.Vo/yctogno*
sie traite des corps inorganiques relative-
ment à leurs gisements; la structure des
corps organiques fait l'objet de VanatO'
mie des plantes et des animaux; la
géognosie considère le globe terrestre en
général. 8o D'après leurs principes. La
chimie compose et décompose les corps,
soit dans un but industriel, soit dans un
but médical ; dans son application à la
médecine, cette science prend les noms
particuliers de matière médicale j de
pharmacologie ^ de pheumaceutique ^
.etc. 4» Enfin les sciences naturelles
étudient la nature selon les lois de son
activité, et dans ce cas encore, elles se
divisent en plusieurs branches. La phy^
sfque s'occupe de la nature inorganique;
itip/^siologie^de la nature organique; la
géologie^ des corps terrestres; Viulrono^
(*) Noat reprodiritoBS tés noms nooTeaax qui
fi||«r«nt dans cette dflStiflMtioo.snnt «a disenter
le Bérite er acos \9é adopter tons poar notre
propre nsage.
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SCI
(IW)
SCI
FoniYert^i.
La plapart de cet acienoct tzigent ab*
■olumeiil les leoonrs d'une aotre qui, bien
qu'accefsoire en apparence, est dans le
ùXi YéritablemeDi fondamentale. Nous
Tenions parler des mathématiques pures
on appliquées , ou de la science de 1*^
tendue en tant qu'elle peut être détermi-
née dans le temps et l'espace. Sotis le nom
de mathématiques, on comprend Varith^
métique^ Va/gêbre^ le calcul analytique^
la géométrie et la trigonométrie. L'ap-
plication des principes mathématiques
aux phénomènes de la nature a donné
naissance aux sciences physico-matbéma-
tiques.La dynamique et la statiqùe^f\my
dans leurs diverses applications, portent
les noms de mécanique ^ hydraulique^
aérostatique, optique, acoustique, ren-
trent dans cette classe, ainsi que la géo^
graphie mathématique et la chronologie
ou ait de déterminer la durée du temps
par le mouvement de la terre et des astres.
Cette nomenclature est loin d'être com-
plète. Les physiciens s'occupent active-
ment de la théorie physico-mathématique
du calorique, de l'électricité, du magné-
tisme, et il est très vraisemblable qu'ils
arriveront h des résultats curieux, nom-
mément dans les sciences qui s'occupent
des émigrations, des transplantations, des
dégénérescences des êtres organiques, ob-
jet de V histoire naturelle, ou de recher-
ches sur la formation de la terre, but de
la géogénie.
Nous n'avons point classé parmi les
sciences naturelles V astrologie, la chiro^
mancie,Valchimie{voy.),ti toutesces pré-
tendues sciences qui n'offrent tout an plus
aujourd'hui qu'un intérêt historique.
IL Sciences anthropologiques. Ainsi
que leur nom rindique(vox'. Arthropo-
logik), ces sciences considèrent Thomnie
comme un être particulier, digne d'être
étudié en lui-*>même, abstraction faite du
milieu où il se trouve ; elles recherchent
(*) Des articles tpéctaax sont consacrés à
tobi cet noms et aux sniTaots : parmi les plos
importants, nous eiterons Pbtsiqoi, Camix,
GioLooia , Histoire XATiiaBi.x^BoTAViQnx,
Droit (jnrisprndence). Philosophie, Philo-
LOoiE TaTeo Lavoob et Lihooxstique), His-
toire (avee Historiooravhie), Chrovoumize
(a?e<! AmmÛM), AacBéoLOorE, Httiolooix,
PuBsiB, etc., etc.
qmll« «tt ta daMinatinn* tpmïïm co*di«
tions il doit remplir pour y attebidre, et
la manière dont il doit les atoomplir.
Quelque nombreuses qu'elles soient, elles
appartiennent toutes à une souche oo«-
mune : elles sont comme les branches d'an
seul arbre, et cet arbre est VanthropolO'»
^>, science que l'on pourrait aussi appe-
ler l'histoire naturelle de Thomme, et qoi
l'étudié : 1<* comme corps organique,ooa-
prenant ainsi la somatologie, hphysio^
logie et Vhistoire naturelle de l'espèoa
humaine, de ses races, de wê variétés;
2» comme être spirituel : dans ce cas,
elle prend le nom àt psychologie; 3<> d'a-
près les rapports qui constituent Tindivi-
dualité : c'est alors V anthropologie prag»
matique qui embrasse la physiognomi"
que, Upathognomique ei U mimique*;
4^ d'après l'organisase spirituel et les ré-
sultats qu'il fournit sur le but et les li-
mites de toute tendance humaine : c*eil
V anthropologie philosophique.
En étudiant l'organisation physique de
l'homme, il est naturel de se préoccuper
de son état de santé ou de maladie. Lea
recherches sur son étal de santé font l'ob-
jet de V hygiène tt de la diététique; celles
sur son état de maladie rentrent dans la
pathologie, la nosologie, Vœtiologie, la
symptomatologieou\Bsémiotique, Nous
ne parlons pas de la chirurgie qui se ratta-
che à l'anatomie.
Gomme être spirituel, l'homme est
doué d'instincts, de capacités, de facultés
dont l'action constitue sa vie psychique.
Sous ce rapport, il nous apparaît comme
un être intellectuel, moral, esthétique.
La psychologie noiu apprend tout cela^
mais elle ne nous l'apprend qu'empiri-
quement, et ce n'est pas assex pour satis-
faire l'esprit humain qui en ceci surtout
veut sapoir, et non pas seulement con^
Jecturer, puisque de cette connaissance
dépend la solution de Timportante que»»
tion de la destination de l'homme. Lea
recherches sur cette OMtière sont l'objet
de la philosophie théorique, de la/^ili-
losophie pratique et de Vesthédque, La
première de ces sciences développe les
lois auxquelles est soumis l'esprit hu
(*) On peut èomprendre tout cela sons la dé-
nomination pins usitée de pkrm»Ufi; Fpjr, ee
root.
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sa ( 145 )
lortquHi pense et raiioiiBe pour arriver à
U oonneiaMuioe: on Fappelle aniBi logi-
que. Le grammaire générale on la théo*
rie philosophiqae dés langues (voy, ces
mots et tous les suit.) s'y rattache de la
manière U plus intime. La philosophie
pratique développe les principes du droit
et du devoir, et se divise en droit naturel
et en morale ou éthique^ L'esthétiqne
enfin dirige Tesprit humain dans ses jtt«
gements sur le beau, lui apprend à le
eonnattre et à le produire; et comme le
beau est toujours une œuvre d'art , la
théorie des beaux'^rts ne saurait en être
séparée {voy. A rt8,Bsaux-Arts , Poisn).
L'étude de ces difTérentes branches de
la science a appris à l'homme ce que c'est
que le vrai, le bien, le beaii. Eit-ce assez
pour lui? Notre existence est-elle bornée
à cette vie terrestre? Ici se présentent na*
tnrellement les idées de Dieu et de l'im-
mortalité, les deux fondements de la re»
iigion , qui, considérée comme science,
devient la théologie.
La destination terrestre de l'homme
étant le développement harmonique de
toutes ses facultés, il doit, pour atteindre
son but, vivre avec les autres hommes,
et non pas seulement avec ceux qui sont
avec lui en contact immédiat, mais avec
les hommes de tous les pays et de tous les
temps. La géographie anthropologique^
Vethnographie * et les sciences politiques
dans le sens le plus large du mot, lui en
fournissent les moyens. Ces sciences nous
montrent l'homme à tous les degrés de la
civilisation et dans tons les rapports où il
a pu être placé parla nature, par les cir-
constances ou par son propre choix. Et
quoique les facultés humaines soient par«
tout les mêmes, nous rencontrons autant
d'opinions, de mœurs, d'usages, de cou-
sa
tûmes, d'institutions différentes que de
climats on de productions naturelles.Gette
variété infinie durera-t-elle toujours? La
question est résolue par V histoire : celle-ci
se divise en histoire généralcj histoire
particulière et biôgraphicy selon qu'elle
a pour objet l'humanité entière, une na-
tion ou un individu.
Le caractère essentiel de l'histoire est
la vérité {voy. Cb&titudb et Critique).
(*) Avec te mot, vof, Homki et Racxs hit*
Vàurss.
£mcxelop. d. G.d. M, Tome XXL
Pour approcher le plus possible de ce ca*
ractère, elle a besoin des secours de la
linguistique et de la philologie^ de la bi-
bliographie et delà littérature y de Var^
chéologie et de la mythologie^ de la nu^
mismaiiqueyàt Vépigraphique^de hdi^
plomatiquCj de la héraldique^ et de la
généalogie j de la chronologie , de la géo^
graphie historique et politique.
A l'histoire se rattachent encore, par
plus d'un point, les sciences politiques,
qui se divisent en deux dasses, selon
qu'elles s'occupent du but des institu-
tions politiques on des moyens de le réa-
liser. A la première appartient le droit
politique^ qui ûxe les limites du pouvoir
souverain et en détermine les droits; à la
seconde, le droit administratif. Toute
institution politique a pour but la sûreté,
le bien-être des citoyens et leur culture:
de là, la triple division du droit adminis-
tratif. Pour garantir la sûreté des citoyens,
l'état doit prendre des mesures intérieu-
res et extérieures: il doit protéger les
droiu de chacun contre tonte atteinte de
la part des autres membres de l'état, de
même que contre les attaques des étran-
gers. Il y a donc une politique de sûreté
intérieure qui comprend hjurispruden •
cCf la législation civile et criminelle^ et la
police; et une politique de sûreté exté-
rieure qui se divise tn politique de paix
e% politique de guerre. A la politique de
paix, qui garantit la sûreté des citoyens
par des traités, appartiennent le droit des
gens et la diplomatie; à la politique de
guerre, toutes les sciences militaires, telles
que science des fortifications, artillerie ,
pyrotechnie y tactique , etc*, ainsi que le
droit de la guerre.
Ce n'est point assez pour l'état de pro-
téger les citoyens, il doit encore veiller à
leur bien-être , créer, conserver, multi-
plier, répartir également la richesse na-
tionale. Cette branche importante de la
science s'appelle économie politique;
elle embrasse V agriculture, la science
forestière, Vexploitation des mines, les
sciences technologiques^ les sciences
commerciales, en un mot, tontes les
sciencesqni traitent de la production et de
la circulation de la richesse nationale, en
sorte que V architecture, la7iairft'^if^,etc.,
rentrent également dans cette catégorie.
10
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SCI
(146)
m
Muit pour «voir qn« kK* «xnçlt de U
ricbMBe d'an pajs, il e»t mdlipeiitabb
d'en suivre les variathms au moyen de U
statUtique et de la géographie politi'
que. La fortune nationale oounue, il s'a*
git de déterminer quelle portion en ré-
clament le» besoins de l'eut : c'est le but
de la science ^financière. Le bien»étre de
toutes les classes de la population est le
but essentiel de toute société politique :
de là encore, une police de4 pauvres et
une hygiène publique ^ embrassant les
hôpitaux, les hospices, les lazarets et wa^
très établissemenu semblables (vor* c«>
moto).
Enfin , rhomme n'a pas seulement des
besoins physiques, il a aussi des besoins
plus relevés auxquels l'état doit satisfaire
à plus forte raison; il est de son intérêt
comme de son devoir d'éclaiier et de mo-
raliser le peuple. La science de Véduca^
don ou pédagogie comprend tous les
moyens de culture physique, intellec-
tuelle, morale, esthétique et religieuse,
àv^uM\9igymnasUque\vM\\ii% Ureligion;
elle s'occupe, par conséquent, de l'orga-
nisation des établissements d'instruction
publique, des écoles élémentaires, des éco*
les spéciales, des écoles scientifiques, des
académies, des sociétés des sciences et des
arts, des bibliothèques, des musées, des
cabinets, des galeries, des établissements
religieux, de l'imprimerie, de la librairie.
IQ. Sciences transcendentales. Les
sciences naturelles mènent en dernière
«nalyse à l'idée d'un Dieu; il ne peut y
avoir d'effet sans cause, et cette cause
première est l'absolu. Les sciences an-*
tbropologiques y conduisent de même;
la liberté de la volonté fait concevoir
k l'homme l'idée d'une volonté supé-
rieure a la sienne, qui lui apparaît avec
le caractère de la nécessité , et qui est
encore l'absolu. Â.insi, toute la science
humaine aboutit a Qieu, La science de
Dieu ou de l'i^^ln e été appelée wiéta"
physique^ et divifée en ontologie^ science
des propriétés générales des choses; oos';
mologiCj résnlutdi U spéculation sur le
monde a^i^ible ; psychologie rationnelle
€mpneumapriogie ex théologie rationnel-
le^ résiyluila de la spéculation sur le
monde ipvûiil^le. Kant a substitué a l'ex-
pression de métaphysique celle de piU"
losçpki0 tnms^ndemHUe y esprosion
que M. de ScheUing 4 son lour a aban-
donnée pour oeUe de système de tidea»
Usé, par laquelle il désigne la science de
l'absolu. *♦♦
Telle est, d'après la grande EncyeUpé*
die allemande à laquelle nous fiiisons
quelquefois des emprunts, la classification
qu'on peut donner de la sdenee; reste-
rait à parler de l'intérêt qu'elle doit in*
spirer, de son utilité^ de ses bornes, de U
part que différentes elasses d'hommes y
ont prise, et qui faisait des uns des sa^
i»an/s et dmérudiis^ des autres de simples
lettrés ou même des hommes tont-໣ùt
illeurésj des ignoranu ; mais il a déjà
éié question de tous cesdifférents points
aox mots £ifov<3LoriDiB, LBrrais et
LiininATiimB, Érudition, eic
Autrefois réservée à certaines castes,
comme elle Test encore dans TOrieni, la
science est aujourd'hui l'apanage de loua,
et e'est à la dtvulgner que oopstsu la
principale utilité des encyclopédies. Mais
ces ouvrages cherchent encore à satisfaire ^
un autre besoin de notre époque, celui
de purifier, de simplifier la sdenee, de .
la décharger de cet énorme bagage dont
elle est encombrée, et qui ne permet pas
d'en tirer tout le parti possible. Ce qu'on
a appelé \Afanago^ la matière scientifi-
que, n'est pas utile à tous les moments,
ni nécessaire à tout le monde; et c'est
pour en éviter Tembarras à beaucoup
d'hommes avides de lumières, mais éco-
nomes de leur temps, tout en le revendi-
quant pour nous-oaéme aui( heures des
laborieuses investigations, que nous con-
sacrons nos faibles moyens à cet abrégé de
la acîenee, malheureusement encore trop
au* dessous de notre idée, malgré l'aide
que nous prêtent tant d'hommes émi-
nents ou distingués. Que les hommes de
seience n'y voient pas avant tout le danger
d'abaisser le niveau de la science afin de
la rendre abordable à duoun : ses inté*
rets nous sont chers eomme à eux-mê-
mes; mais à côté de ce danger, nous
voyons l'avantage d'élever à la science, en
leur en donnant le goût, ceux que ses for-
mes sévères et ses inextricables longueurs
effaroucheraient inévitablement. t>e plus,
àquoilascienceest-elle bonnes! ellen'est
pas au service de la civilisation ? Doit-on
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%c\
■Mfti V^jÊi qn'il ^agU a^teiodr^ et
qiÊ^woic^mtmkm eelMà B'«st que PiMlnh
■Mot ëcNil iMi ae aerC à œt cfftt? Use
i0liltt leieiiot, eelle des mérités Bieral«sel
«•ligÎMUtty porte son hvA ta «Ife-séme;
tottlM las «iCrM B'oBt dt valeur q«e co«i-
me mrnmâlùâtmf aak qu^eUaa forment pour
aiaai diva la lynoattiqne de Feaprity soit
^'oa ne kwr laaomMÛwe diantre «Tao-
taga ^p» eekii dk remplir utilement et
dipwaaattt un umpt eale?ér dès lors aux
paaaa-tMBpa migaîretet groMiers. Le bat
êfimX aal la moraUiatioii de l'bommè, la-
qnalle «al la lâdM et le tome de la ol-
▼ilîaation. C'est aussi cette dernière ,
baaucoap plos que la scienee, q«e neos
avo«a ea en vue dans tonte cette publi-
cation, qni tooohe maintenant è sa fin ; et
ai \m ai:^f rage des savants nous iatto» nons
aonnaes eneore infiniment plus sensible
m em\mà des bommes de bien en général,
aaaâa de l'bumanité et pleins de respect
IMKir les vérités étemelles .q«l doivent
UMnat tent fiier son attention.
£n terminant, nous indiquerons com-
mo ponvant compléter cet aperçu, les art.
ÉooiAs, bnmnanoir, Péuplb, Livuks,
laRTénAVomE, TnÉAiM, etc. J. H. S.
SCIBMGBS (AoAninui des), Aoa-
DtfaoK nss SoxBiiFCEs Monâtas bt pou-
TiQUBSy VOf, AciAnélf tB, InSTRtlTy ctc.
8€IB1I€B8 OGGCLTES, vor- Ma-
8CIBRIBS, inines oà plusieurs
, mises enmouvement par un mo-
tnnr mécanique comme Pean, la vapeur
on le ventt scient le bois en long pour
«n faire des planches. De semblables
naines existait de temps ImméflMrlal;
nuûs eUesont été singulièrement per-
fectionnées. Dana ces dernières années,
on a imaginé des seica circulaires qui,
dans une plancbe d'un pouce d*épaiasenr,
soient jusqu'à 13 feuilles de placage. Le
pins bel établisselnent de ce genr^ est
cekii que M. Brunel a formé auprès de
Londres. X.
MINMAH, wr. foriMAS.
•CIO, voy. Gbios.
ftClOMANGIB, vfff, DiviHATioir;
T. VIII, p. 886.
S€ION, voy. GBsnn, T. XIII,p. 86.
KlPiOH» (lbs) étaient une branche
k dis Cor-
( 147 ) sei
de k aéWbve Amttb patrioie
néliens (OnmeHa ge/m}* : aussi l
membres partaient le nom de Cornélius.
Quant au surnom de Seipion, il leur lut
donné, parée que l'un d'eux avait servi
de bâton (en lat. soipio) à son père aveu-
gle (Macrobe, Sattirn,y I, 6). Nous ne
parlerons ici que des Sapions qui se sont
le plus illustrés par leurs dignités et leurs
L.CoBH. ScinoN Baebatus fut consul
l'an 398 av. J;-C. ; il s'empara de plu-
smrs places dans le Samnium et conquit
toute la Lucanie.
L. CoEH. Sgipion, son fils, consul en
359 , et censeur l'année d'après, enleva
la Corse et U Sardaigne aux Carthaginoié
pendant la 1** guerre punique. C'est
de Inl et de son père Barbatus qu'en
1760, on a découvert à Rome les tom-
beaux qni figurent parmi les j^us précieu-
ses antiquités du Musée Pio-Ciémentio.
Cirius CoEH. SciFiov AsiNA , deux
fois consul, en 360 avecDnillius (vo^.),
et en 354, tomba au pouvoir èU Car-
thaginois au combat de Lipara; rendu à
la liberté par les victoires de Régolus
(j^oy-)^ il se signala contre ces mêmes
Carthaginois par d'éclatants succès en Si-
cile. Il leur prit^ entre autres villes im-
portantes, Panorme, le centre et le point
d'appui de leurs opérations. .
PiTB. CoBzi. Sqipiok et CifiiSB GoBir.
Scipiov Calvus , fils du Conquérant de
la Corse et de la Sardaigne , forent ton»
les deux consuls, l'un -en 316, l'autre
en 333. Le premier perdit , cette même
année de son consulat, la bataille du
Tésin contre Annibal (l'or*)' 1 ^(bles-
sé et ne dut la vie qu'à son fils. L'an-
née suivante, il prit, comme procon-
sul , le commandement d*une armée en
Espagne, et opéra de concert avec son
£rèreCnéus, qui s'était précédemment
illustré dans une guerre contre les Gau-
lois de la Cisalpine, et que Rome envoya
aussi , avec le même titre de proconsul,
en E^gné. Il y eut entre eux une étroite
fraternité de gloire et de malbeurs.Vain-
queurs dans quatre combats acharnés où
périrent plus de 40,000 Carthaginois, ils
crurent devoir diviser leurs forces pour
(*) Vègr. Stlla, LiHTULOs , et t. VII, p. i%
U note. 8»
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SCI
(148)
SCI
twiDÎoer plut tôt la goem; ootU fiiusse
maocBOTTO lès perdit. AccÂblét séparé-
ineiit par tes armées réunies d'Asdrabal,
de MagOD et de Masiniasa {vor.)f Pablius
et Cnéos forent battus et périrent en hé-
ros (313 ans a?. J.-G.J.
Pub. CoRir. Sgipion Afeicakus y fils
du Pttbiius qui préeède, naquit à Rome
l'an 385 av. J.*C.y et reçut une éduca-
tion à la fois grecque et romaine. Dès
l'âge de 17 ans , il se fit un nom dans
l'armée en sauvant son père sur le champ
de baUille du Tésin. A 33 ans, Rome lui
dut peut-être son salut, lorsque après la
fatale journée de Cannes, il menaça de
mort les officiers romains qui , désespé-
rant de la patrie, avaient formé le projet
d'abandonner l'Italie. A 34 ans, il brigua
un commandement en Espague où son
père et son oncle avaient péri , afin de
venger leur mort et d'y rétablir la domi-
nation romaineX'enthousiasme militaire^
qui l'anima dans sa candidature , fit une
vive impression. Malgré sa jeunesse , il
fut élu proconsul, et bientôt la province
fut reconquise, la nouvelle Garthage em-
portée d'assaut; les alliés rentrèrent sous
la protection de Rome, et les peuples sou-
mis auK Carthaginois se soumirent aux
Romains. C'est dans cette campagne que
Scipion rendit à son fiancé une jeune Es-
psgnoie que le sort des armes avait fait
sa prisonnière. Il renvoya également sans
rançon* tous les captifs, pratiquant ainsi
des vertus quin'étaient pas dans les mœurs
romaines, mais dont la Grèce lui avait
donné l'exemple. An reste, cette géné-
rosité même contribua au succès de
ses armes. De retour dans sa patrie,
le pacificateur de l'Espagne sollicita le
triomphe, mais on lui objecta que la loi
ne l'accordait qu'aux généraux revêtus
du consulat. Il sollicita cette suprême
magistrature et l'obtint (104 av. J.-G.)
avec la direction de la guerre contre An-
nibal. Sa grande pensée était d'en porter
le théâtre en Afrique même. Par cette
manœuvre hardie, il força le général cai^
thagiuois d'abandonner enfin Tltalie et
de venir au secours de sa pstrie mena-
cée. Les deux généraux se rencontrèrent
à Zama , où Tarmée romaine remporta
la plus éclatante victoire.Sci pion put alors
dicter à Garthage ces condiliotis h4m(-
liantas qui détruisirent sa force politique,
qu i firent donner au vainqueur le snriiona
glorieux d'Africain y et laissèi^Bt Rome
désormais sans rivale. Quelques année»
après, une coalition formidable que de*
vait commander Annibal se forma en
Orient contre la république ; mais cette
coalition fut promptement vaincue , el
Annibal forcé de se retirer en Arm^ie ,
grâce à la rapidité des marches, au cou-
rage, aux talents militaires de Lucins,
frère de Scipion, alors consul, et surtout
du grand Scipion qui servait sous ses or-
dres comme son lieutenant. Tant de suc-
cès et tant de gloire excitèrent a Rome'
la jalousie des chefs du peuple et de
membres mêmes du sénat. L'inimitié de
Fabius et de Caton vinrent en aide aux
tribuns. Ils cherchèrent querelle à Sci-
pion sur les contributions de guerre qu'il
avait versées dans le trésor, et une acou*
sation formelle de péculat lui fut intentée
devant le peuple. Scipion dédaigna de se
justifier. Dans la première assemblée, il
fit lui-même son éloge; dans la seconde,
il rappela que, à pareil jour, il avait vaincu
Annibal, et il s'écria : « Allons au Capi«
tole en rendre grâces aux dieux.» Tout le
peuple l'y suivit, moins les tribuns. A Vé^
poque du troisième ajournement, Sdpioa
avait quitté Rome et s'était retiré k sa cam-
pagne de Liternum en Campanie. C'est
là que, après 4 ans d'un exil volontaire,
dont il consacra les loisirs aux lettrée
grecques et que charmèrent le génie et
l'amitié d'Ënnius (vo/.), il mourut dans
sa 63* année, gardant jusqu'à sa mort le
ressentiment de tant d'ingratitude, à ce
point qu'il défendit de rapporter ses cen- .
dres dans Rome.
LuGius Corn. Scipion Asxatigus fit,
avec son frère Scipion l'Africain et oom-
me son lieutenant les guerres d'Espagne
et d'Afrique. Ses services le fii*ent nom-
mer préteur en 194, puis consul en 191,
à l'époque de la guerre contre Antioohus-
le-Grand et contre Annibal. Chsi^é «hi
commandement de l'armée d'Asie, il eut
à son tour, pour lieutenant, le vainqueur
de Garthage , et il eut le bon esprit de
faire d'un tel lieutenant son guide et son
conseil. Cependant la gloire de la bataille
de Magnésie lui appartient tout entière;
car il y battit, seul et «o ral>9enc« 4e scm
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SCI
(U9)
SCI
Mff«y U roi de Syrie. Uannée suivante,
il forqà ce prince a signer une paix avan-
tageuse à la république, et termina ainsi
une guerre qui en reculait les limites.
Borne loi décerna les honneurs du triom-
phe el le surnom d^Jsiatique. Après la
aMirt de Scipion rAfricain, Lucius qui
avait été accusé, comme lui,de s'élre laissé
corrompre par For d'Antiochus, fut de
nouveau et avec plus de violence en butte
aux poursuites des Caton et des Pétilius.
Les tribuns le firent condamner à une si
forte amende qu'il ne put la payer. Ses
biens furent Tendus et il eût été mis en
prison, si Graccbus ne se fût opposé à ce
qu'on jetât dans les fers un général qui
avait tant honoré les armes romaines. Le
vainqueur d'Antîochus passa le reste de
sa vie dans l'obscurité.
Pub. Gohh. Scipion Nasica, fils de Sci-
pion Calvns , tué en Espagne , et cousin
germain des deux Scipions, l'Africain et
l'Asiatique, fut proclamé , par un séna-
tas-consulta, le plus homme de bien de
la république , et conformément à l'ora-
cle de I>elphes, chargé à ce titre de re-
œroir^la statue de la mère des Dieux ,
IdiJta mater ^ qu'on fit venir de Pes^i-
Dunle à Rome pour le salut de la répu-
bUque(307 av. J.-G.}. Un tel début lui
promettait un rapide avancement. Après
avoir exercé l'édilité curule et la préture,
il partit pour l^Espagne en qualité de pro-
préteur et fit, avec succès, la guerre aux
Luaitanien8.Uannée suivante ( 1 9 3),élevé
au consulat, il se signala par une victoire
décisive contre la formidable tribu gau-
loise des Boîens. Aux talents militaires ,
Scipion Nasica unissait la connaissance
approfondie des lois, et passa pour un des
plus habiles jurisconsultes dé son temps.
Son fils, P. GoRN. Scipion Nasica, sur-
nommé CoKCULUM, à cause de la bonté
de son cœur, dut è sa piété héréditaire,
à son mérite personnel , le choix que fit
de lui Scipion l'Africain pour gendre.
Bien jeune encore, puisqueTite-Live l'ap-
pelle egregiuÊ adoleseens , il se distin-
gia à la bataille de Pydna , où Paul-
mile vainquit Persée (168 av. L-G.}.
Ce fut lui qui, le premier, plaça dans
Home une horloge d'eau {voy. Glepst-
Das). En, 155, vainqueur des Dalmates,
pendant son aecond consulat, il eut la
modesilo de refuser le titre d*impemioff
et les honneurs du trioipphe.
P. Coair. SciPioM Nasica SbAapion ,
fils du précédent, fut un des plus impla*-
cabtes ennemis des Graoques (vo/.), et
tua, de sa propre main> Tib. Gracchus
(133 av. J.-G.). Il eut ainsi le malheur
d'être le premier Romain qui eût fait cou-
ler le sang dans une sédition. Le parti
populaire regardait ce meurtre oomme
un sacrilège, à cause du souverain pon-
tificat dont Scipion était alors revêtu; et
ce fut pour le soustraire à la vindicte
populaire que le sénat l'envoya en Asie,
sous prétexte d'une mission. II y mourut
près de Pergame (131 av. J*-G.), acca-
blé, dit-outdu remords d'avoir méconnu
la modération que lui imposait sa dignité
pontificale.
Pub. Gobk. Scipion ^mili ahps Afb.i-
GANUs NuM ANTiNus , fils de Paul-^mile
(no/.), naquit à Rome l'an 185 av. J.*C.
Selon l'usage des grandes familles romai*
nés qui souvent échangeaient entre elles
les héritiers de leur gloire, il fut adopté
psr un fils, de Scipion l'Africain.. Après
avoir servi en Macédoine sous son père
Paul-Émile, et fait à son écolel'appren-
tissage de la guerre, après s'être diâtiogué
oomme tribun légionnaire en Espagne,
Scipion Émilien partit pour l'Afrique,
et là, auxiliaire de Masinissa, l'allié de
Rome, il prit une part glorieuse a la lon-
gue et sanglante bataille entre ce prince
et les Garthaginois, prélude de la cam-
pagne où il devait donner à Rome l'em-
pire du monde. A son retour, il fut élu
édile, puis cousul, quoiqu'il n'eût pas
Tâge légal. Les hostilités deU 3* guerre
punique (voy,) venaient de commencer;.
Scipion Émilien passa en Afrique, prit le
commandement des armées,,et s'Inspirent
de l'exemple de son aïeul , dea conseils
de Lielius et de Polybe (w/.)» ^P^ ^
ans de siège et la plus héroïque dé-
fense, se rendit maître de Garthage (146
av. J.-G. ). Exécuteur des ordres impi-
toyables du sénat, il mit le feu à la ville,
il en rasa les remparts , non sans verser
des larmes généreuses sur le sort d'une
cité si longtemps florissante, ha retour
d'Émilien à Rome fut celui d'un se-
cond vainqueur d'Annibal : il y rentra
en triomphe , et le titre d'Africain lui
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SCL
( 160 )
SCO
fut décenë. Douce ans après (184), élo
de nouveau oontal» il fol earojé en £•*
pagne au siège de Nomanoe (in»^.)» siège
terrible qoi oa finit qva par la destmo*
tion de cette YiHe el de sas défenseors
(138). Un second triomphe fat la récom*
pense de cette noovelle Yictoire, et le
titre de Nêêmmatin îsX igouté à celai d'A*
fricain. La popalarité que tant d'exploits
loi aeqnîrent ne fut pas de longue du-
rée I il avait eu le courage de la oompro-
mettre en appvounnt le meurtre du tri-
bun Gracchus, son beau-frèra. Les au-
tres tribuns ameutèrent le peuple contre
lui, et des sifflets accueillirent le Vain-
queur de Gartbage et de Numance. Gom-
me son aieul, dégoûté des affaires publi-
ques par Fiogratitude populaire, il se
retira à Caîete où, avec son ami Laslius
et quelquefois avecTérence(9or'»), il paisa
presque tout le rmie de sa vie dans les
doux loisirsdes lettres et de l'amitié.Mal-
gré ses goûts pour la retraite, il fut rap-
pelé aux affaires par les instances de la
nobleise etdu sénat (139 av. J.-G«). Le
Yosu de tous les bons citoyens était de
lui décerner la dictature pour qu'il put
réublir l'ordre et défendrâ la constilu*
tion; mais ce vœu ne put se réaliser. Au
grand étonnement de Rome et du monde,
Scipion fut trouvé mort dans son lit (1 38
av. J. -G. )• Des soupçons d'assassinat
s'élevèrent) mais on ne fit pas d'enquè*
le, dans la crainte, a dit l'histoire, de
trouver parmi les coupables, Sempronie,
sa propre femme, scsur des Grecques et
G. Gracobus lui-même» F. D.
SGUiaOTlQUE, wry. OËiu
SCOLAfiTIQUB, de schola^ école,
euseigaeaMQt philosophique qui se don«
nait dans les écoles savantes chrétiennes
du ix^ au XTi^ slèelci Voy. Puiloso»hib,
T. XIX, p. ^38 et suivantes^ RiAUsm,
Dmts ScoT, Scot ÉaioiNB, etc.
SGOU ASTB ou Scholiastx , inter^
prête , commentateur, mot grec formé
du verbe 9;(0>càÇfl*> et dérivé de v^^^ii,
loisir, parée que, satw doute, dans l'o<^
rigine, les scholier (e'^^éXix, plur. de cr^o»
Xcov) ) éuient de petites notei ou expli-
catioiis que les lecteurs, hommes de k>i^
sir, consignaient sur la marge de leun ma-
nuscriU. Plus tard et lorsque sârvinreot
Psltération du langage et l'appauvriise-
ment des IjSttres, la besogne dessoolias^
tes acquit une telle importance, que l'uu
d'entre eux, Didyme d'Alexandrie, mé«>
riu le surnom de x«>xcvtc/>oc (aux en*
treilles de fer). En eflet, la patience des
commentateurs, jalouse de conserver iel
saines traditions au milieu de la dégé*
néresceace générale, s'appliqua à une
foule de détails portant sur le sens et
l'étymologie des mots, leur iréritable
prononciation, sur l'explication de cer»
tains laits d'histoire ou de géographie
tombés eu oubli, etc. Alexandrie {oay,)^
le dépàt des sciences et des arts de l'an-
tiquité, vit naître les premiers et les plus
célèbres scoUastes, dont les études forent
d'abord dirigées sur les nombreux textes
d'Homère. Ptolémée Évergète ne dédai-
gna pas de descendre dans cette lice nou-
velle, et devint l'un des commentateurs
de l'immortel poète. Après lui, Didymé,
de l'école d'Aristarque {voy, ces noms),
et une foule d'autres savants, à défaut
de l'inspiration qui désormais abandon-
nait la Grèce , firent preuve d'une vaste
et utile érudition, dont les débris sont
psrvenus jusqu'à nous. Plusieurs villes
de l'Asie payèrent leur tribut à ce be-
soin d'interprétations, dont l'un des der*
niera repréasntants a été, au xii* siècle,
EusUthe (l'orOi 1^ pl^ célèbre oom«
mentateur d'Homère. Le règne des sco«
liastes, qui n'a pas été indifférent pour
l'histoire de la grammaire, de la pronon*
dation , de la prosodie ancienne, et qui
nous a valu la conservation de passages
précieux d'une- foule d'écrits perdus, at-
teste pourtant à quelles minuties s'stu-
chsient alora les savants les plus notables.
Parmi les Grecs du Bas*£mpire, on ren-
contre, en effet, è travers leurs recherches^
tant de critiques puériles, tsnt d'étymo-
logies forcées on de mauvab goût, que
bien peu d'entre eux résistent è une étude
approfondie. D* A. D.
SCOLOPENDRB,iH?r.MYRU]>ODKS.
SGOPAS, général étolien, voy. Éto*
LU, T« X, p. 107. — Pour la sutuaire,
vof. SdtiLPTomB.
SCOPS, voy. HiBOD.
SGORBCT, maladie plus particulière
aux gens de mer parmi lesquels elle fid*
sait jadb de grftnds ravages, mais qui à
pour ainsi dire disparu devant les prô*
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SCO
(Ifil)
SCO
grès de la navi^tioo. Soo nom, en aile-
maJKl Seharbock^ en anglab scurvy^ vient,
dit-on^ de scorbecky mot d^origîne èep-
tentrionale , et qai sigiiifieraît déchire^
ment, aans doute parte cja'on Toyaît
tomber en lambeaux les chairs des mal-
heureux scorbutiques.
Le scorbut est une affection essentiel-
lemeiit épidémique, susceptible de se
développer partout o2i agissent les causes
déterminantes : aussi le voit-on survenir
dans les hôpitaux, les prisons et dans
toutes les réunions possibles aussi bien
qu'à bord des bâtiments, sous Tinfluenoe
d'un mauvais régime tiint poàr la nature
que pour la quantité des aliments, de
rhumidité, soit chaude, sOit flroidey de
l'elioombrement, des fatigues et du dé-
couragement* C'est à l'action de chacune
des. causes en particulier, lorsqu'elle est
portée à un haut degré, maik plutôt en*-
€X>re à leur influence simultanée et pen-
dant un temps assez long, qu'on doit at-
tribuer le développement de la maladie,
qui jamais, dans aucun cai, n'a pu étire
contagieuse.
L'invasion ne saurait donc être que
lente et successive, et, dans lesépidémies,
elle a Heu plus tôt ou plus tard, suivant
la disposition individuelle. Le début s'an-
nonce par un sentiment de lassitude,
d'abattement et de tristesse avec lequel
coïncident le refroidissement et la déco-
loration de la peau. Le visage prend une
teinte plombée, les gencives deviennent
bientôt tuméfiées , rougeâtres , doulbu*-
reuses, saignantes, et parfois même lais«
saut couler une matière sanieuse et fé*
tide. Dès lors aussi quelques ecchymoses
commencent à se montrer sur la peau.
Tel est le premier degré. Si alors les ma->
lades sont secourus avec intelligence, on
les voit bientôt recouvrer la santé; dans
le cas contraire, ils perdent rapidement
ce qui leur reste de forces physiques et
morales; leurs gencives s'ulcèrent, se gan-
grènent et donnent lieu à des hémor-
ragies quelquefois très considérables;
toute la peau devient sèche et rugueuse,
et les membres, s'infiltrent de sang et de
sérosité, prennent une couleur rouge-
brunfttre , marbrée de toutes sortes de
nuances, de bleu , de jaune et de violet.
Plus tard «ofin, lés hémorragies se mul-
tiplient, les dents tombent, les os de la
mâchoire se cariant, et une salive abon-
dante et mêlée de sang s'écoule sails cessé;
des ulcérations gangreneuses naissent sur
les membres et deviennent de nouvel*-
les occasions d'hémorragies et même de
carie des os. A ces affreux symptômeè
to joignent des douleurs cruelles, que la
persistance des facultés intellectuelles et
sensorialesrend plus pénibles encore. Le
typhus vient souvent terminer cette scène
digne de compassion ; mais souvent les
malades se Voient périr, pour ainsi dire,
par morceaux, au moyen des hémorra-
gies et des suppurations. Les fonctions
digestives se maintiennent longtemps, la
respiration et la circulation ne s'altèrent
qu'à une époque avancée. Tout enfin
montre que la nature lutte et résiste avec
énergie au mal dont la cause intime pa-
rait être l'appauvrissement graduel du
sang. Transportés à terre, où mis dans
des conditions salnbres d*habitation et
deVégime,les malades, mêmes ceux dont
l'état semblait désespM, se rétablissent
promptement et complètement.
Le Scorbut est facile à distinguer de
toute autre maladie, tous ses symptômes
sont essentiels; quant aux distinctions
en aigu et en chronique , en chaud et
tufroidy enfin en scorbut de terre et en
scorbut ^^ mer y elles n'ont que peu d'im-
portance pour la pratique.
Le l^rognostic est funeste tant qu'on
ne peut pas soustraire le scorbutique atix
influences qui le tuent. Aussi a-t-on vu
autrefois des équipages tout entiers dé-
truits par cette affreuse maladie , dont
on ne rencontre plus maintenant que de
rares exemples, à mestnre que rhygiène pu-
blique et l'hygiène privée se sontenrichies
des applicatioils des sciences physiques.
C'est donc à l'hygiène seule qu'on
doit demander le traitement du scor^
but: tons les médicaments lesr plus anti^
scorbutiques sont un secours illusoire,
quand on ne petit soustraire les mala-
des à des influences toujours agissantes;
et dans les cas où l'on ne peut disposer
d'un air plus pur et d'une alimentation
pli» eonvenable , on sera réduit à une
détespérante impuissance. Il s'est trouvé
des gens assez mal inspirés pour vou-
blr eombatire le acorbut par le saignée,
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SCO (152)
ou par les tooiquet et par les exciunu.
Mais les médecins qui ont navigué sa-
Tent bien que les Tégétauz frais et en
nature valent mieux que les sirops et les
décoctions qu'on en peut faire. Ils ont
constaté Tutilité des acides végétaux, l'a-
cide citrique en particulier qui mainte-
nant fait partie des approvisionnements
de tous les équipages au long cours, ainsi
que les avantages des liqueurfrspiritneu-
ses prises en proportion modérée chaque
jour. F. R.
SCORIES, voy. Fxa, T. X, p. 653.
SCORPION (scorpio), genred'arach-
nides {vqx.)^ de la famille des pédipal-
pes, et dont le corps très long se termine,
en avant, par deux palpes très grands
armés d'une pince didactyle ; en arrière,
par une queue noueuse composée de six
anneaux, dont le dernier se recourbe en
SCO
une sorte de dard ou de crochet aigu. Ce
dard est percé en dessous de plusieurs
ouvertures qui communiquent avec une
glande venimeuse : aussi la piqûre de ces
animaux a-t-elle des effets très redou-
tables pour l'homme, au moins dans les
pays chauds; car en Europe elle n'est ja-
mais mortelle : il en résulte seulement
une inflammation locale assez vive, ac-
compagnée de fièvre et de sjrmptômes
spasmodiques que l'on combat par l'usage
de l'ammoniaque liquide (alcali volatil)
administré intérieurement à la dose de
quelques gouttes dans un verre d'eau
sucrée, et instillé extérieurement dans la
plaie pour détruire le venin. Les scor-
pions vivent dans les parties chaudes des
deux continents, cachés sous les pierres,
dans des troncs d'arbres, et même dans
l'intérieur des maisons. Ils courent très
vite en tenant leur queue relevée au-
dessus du dos, et la dirigeant à leur gré
contre leurs ennemis ou contre les ani-
maux dont ils veulent faire leur proie.
Extrêmement voraces, ils détruisent une
grande quantité d'insectes qu'ils saisissent
avec leurs serres. Ils sont ovovivipares;
la femelle porte pendant quelque temps
ses petits sur son dos. On en connaît
plusieurs espèces. Le ^co/pû>/2 (TEufvpe
est long d'environ 0™.03, de couleur
brune. Sa piqûre n'est pas à beaucoup
près aussi dangereuse que celle du seor^
pion d'Afrique^ que l'on trouve en Bar-
barie et même dans le midi de l'Europe ;
celui-ci est plus grand, rousiâtre, sa
queue est plus longue que la reste de son
corps.
On donne vulgairement le nomàt scor»
pions de mer à des poissons de mer de
la famille des trigles on grondinSf et que
les naturalistes désignent sous le nom de
scorpènes. C. S-tb.
SCORPION, voy. Gohstbllation et
ZODIAQUB.
SCOT, voy. ERioiNB et Dims Sgot.
SCOTS, voy. PiGTBs, CauLdomix et
Égosse.
SCOTT (sir Waiaxa^, le grand ro-
mancier écossais, naquit a Edimbourg le
1 5 août 1 77 1 . Il était le 8^ fils de Walter
Scott, écrivain du sceau*, et d'Anne Ru-
therford, fille d'un professeur de méde*
due très distingué de l'université de cette
ville. Les Scott de Harden étaient une
ancienne famille du Teviotdale, dont le
nom avait été mêlé aux vieilles luttes du
Border (lisière, confins), et aux guerres
civiles des derniers temps. Envoyé à la
campagne par suite d'un accident à la
jambe droite, dont il resta boiteux, le
futur auteur de fFoperiey respira dès son
enfance la poésie des sites et des souve-
nirs. Sa bonne tante Janet le berçait avec
des chansons jacobites ; les fermiers des
environs redisaient encore avec terreur
les cruautés de l'armée de Cumberiand;
enfin une notoriété populaire s'attachait
a la mémoire du vieux Beardie, son ar«
rière grand-père, qui avait laissé croître sa
barbe en signe de regret de la chuta des
Stuarts. Son infirmité avait développé
chez lui le goût de la lecture et des prome-
nades solitaires, goût qui le suivit soit à la
ville, où il retourna à l'âge de 8 ans, soit à
Kelso, où il passait ordinairement ses va-
cances. Il étudia successivement à l'école
supérieure d'Edimbourg, puis au collège,
où, comme il le dit lui-même, il ne fit pas
grande figure, et brilla plus, ce sont ses
expressions, à la cour qu'à la classe. A
l'exception du docteur Adam, excellent
humaniste, qui sut reconnaître et culti-
ver en lui quelques dispositions heuren*
(^If^rittr to tk$ signêi. Ce soot, ainsi que nons
Tavons ditàVart. Ëuxmboubo (T. IX, p. i8i)i
àen bommM de loi ajeo» aeoU lé droit de rédi*
ger les «ctee sonmis ao sceto royal.
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SCO ( 168 )
•es *^ mailrat n'amenl pat unt iràt
bavte opinion de ta capacité ; son pro*
fesMur de grec le déclara tlnpide nn joor
qu'il Tenuôdit mettre i'Arioste au-desMis
d'Bomère» Hait ion talent pour le rédc
l'ami rendu populaire parmi set cama-
imdee, qui, en hiver pendant lee heures
de récréation 9 faisaient cercle autour de
loi pour Técouter. L'auteur a donné lui-
néine sur ce talent de sa jeunesse, qui
devait faire un jour sa gloire, det détails
pleins de charmes soit clans l'autobiogra-
phie qui se trouve en tète des Mémoires
donnés par M. Lockhart, soit dans la
prtface générale de ses QEuvres^ mor-
ceaux qui sont eux-mêmes des modèles
de narration intime et familière.
An sortir du collège, le jeune Walter
Scott mena de front la clérici^ture et le
stage ; il n'opta définitivement pour le
barreau qu'en 1792. Tantôt grossoyent
des actes dont le produit lui servait à
acheter des livres, tantôt, comme ce jeune
légiste qu'il a peint dans son roman de
Eedgaunileif balayant de sa robe le par-
quel du tribunal , médiocre avocat, mais
bon vivant et joyeux confrère, il semble
n'avoir pris de la vie judiciaire que ce
qu'il lai en fallait pour tracer d'après na-
ture ses types d'hommes de loi. Le théâ-
tre, les clubs, les sociétés littéraires, la
lecture, absorbaient une bonne partie de
son temps ; mais il s'attachait avec une
prédilection marquée aux œuvres d'ima-
gination en tout genre, et, quand il eut
épuisé le répertoire romanesque de l'An-
gietore, ce fut pour connaître ceux des
autres pays qu'il étudia les littératures
étrangèîres, surtout le frai^çais et l'alle-
mand. Bien que parhint assez mal notre
langue % il connaissait bien nos auteurs,
notamoient nos historiens et nos roman-
oters. La muse romantique de Bûrger et
de Gœthe fut le premier attrait qui lui
inspira l'envie d'écrire. Ces essais, con-
sistant en une traduction de Lénore, de
Gœts de BerUchingen^ en imitations de
ballades allemandes, reçurent une pu-
blicité restreinte ou furent envoyéi à
(*) m MoA Dite ! comne fl attropiait , eotiw
d^x viiM, le Inn^it do bon tire de JoiaTille, i»
«lÎMit k ce sojet ne des geatilabonuiiet de Cber-
lea X, avec qui il euaya de cooTener ea fran-
çais, lora de téjoar de celiii'd à ÉdijBboerg,
ea i83o«
SCO
Lewis pour être insérés dans set Tale$
offf^onder (1796^99). Pendant les va-
cances, voyageur infatigable, le jeune
Walter Scott parcourait les Highlands^
le Border^ poussait même parfois jus-
qu'aux comtés du nord de l'Angleterre,
observant les localités, dont les moindres
détails se gravaient dans sa mémoire avec
une fidélité merveilleuse, recueillant des
traditions, des ballades, des traits de
mœurs qui devaient défrayer plus taid
et ses vers et sa prose. Ce fut dans une
excursion de ce genre aux lacs du Cum-
berland qu'il connut miss Carpenter, fille
d*un protestant royaliste de Lyon, réfu-
giée avec sa mère en Ecosse, à la suite
de la révolution française. Il l'épousa en
décembre 1797 et en eut 4 enfants, 3
fils et a filles. Cependant les faibles reve-
nus de sa profession d'avocat n'auraient
pas longtemps suffi aux charges du mé-
nage, s'il n'y avait joint ceux d'une place
de shériff du comté de Seikirk (1799),
et de clerc de session (1806), doublet
fonctions qu'il remplit, l'une pendani
plus de 20 ans, l'autre jusqu'à sa mort^
avec une régularité exemplaire.
Mais la littérature devait bientôt de»
venir pour lui une source bien autrement
féconde de fortune et de gloire. Sans par-
ler de GlenfiniaSfde La maison d'Aspen^
de Sir Trisirem et de quelques publica-
tions qui n'eurent pas un grand reten-
tissement, ses Chansons du, Border-écos-
sais^ 1800-1808, œuvre à la fois d'anti-
quaire et de poète, furent remarquées,
grâce à ce mélange de science et d'hna-
gination qui devait rester le principal
caractère de son talent. « Ce fut ainsi,
dit-il, que le succès de quelques ballades
eut pour effet de changer le plan et l'a«
venir de ma vie, et de métamorphoser un
laborieux légiste de quelques années de
stage en un poursuivant littéraire. » Bien-
tôt les trois grands poèmes du Lai dm
dernier ménestrel^ 1805, de Marmion^
1808 , et de la Danu du lac^ 1810, sui-
vis d'autres de moindre importance , la
Vision de don Rodrigue^ 1811, Roke^
bjr^ 1813, le Lorddes lies, 1815, etc.,
vinrent placer le nom de Walter Scott,
comme poète, immédktemeni après ce-
lui de Byron, et leur succès prodigieux
ne put être surpassé plus tard que par celui
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SCO (164 )
ém moMins sortis d« la méttt phuM. Tout
•B doBiMUil à ces composUioiM poéciqint
k plus grande partie du loisir que l«i
labsaieiit ses fonctions, il a^oocnpaitd'ar**
tkles pWffVEdMttrgk9i le Çttarigrlf
Review , de pablications hisloriqnes iet
Kttéraires> telles qne d'excellenles édi«
ttons des œavres de Dijden^l 80$^ 1 8 volj
in-8% et de Swift, 1834, 19 lol. in-8^)
ateo noies, introdnctiODS, biographie»,
les Somers TntcUy les Sadiei's PaperWf
etc.; il enrichièBait la ^oveUtU Library
d'ingénieuses notices* qui ont été réunies
en français son» le titre de Biographie
éké romanciers célêbrtgydepms FteUùig
Jusqu'à nos jomrs (Paris, 1835,4 voL
in* 1 3) . A cette prodigieuee activité litté-*
raire, le démon de la propriété avait
ajouté un noureau stimulant depuis l'ae*
quisition d'Abbotsford (1811), château
romantique situésur les bords de l'abbaye
de Meirose, oè Scott, à partir de cette
année, passa l'intenralle des sessions, el
dont le prodoit considérable de ses ou-
trages suffisait à peine è payer les bâtissca,
les plantations, l'hospitalité somptueuse.
Cependant l'auteur, malgré le mérite
do ses poèoies , n'avait pas encore ren-
contré la forme qui convenait le mieux à
son talent. Il a raconté lui-même com-
ment il fut amené à choisir celle du ro-
man. « Mes peintures des sites et des
mcnirs des Highiands, dit<*il, tracées d'a-
près mes souvenirs de jeunesse, avaient
été accueillies si favorablement dans mon
poème de U Dame du lac^ que je dus
songer à essayer quelque chose de sem-
blable eu prose. J'avais fait de nombreu-
ses excursions, dans nos montagnes, à une
époque où elles étaient beaucoup moins
aocessibles et moins explorées qu'elles ne
Font été depuis quelques années ; j'y avais
connu plusieurs vieux combattants de
1746, qui, comme la plupart dea vété*
rans, se laissaient facilement persuader
de recommencer leurs batailles pour le
plaisir d'auditeurs bénévoles tels que moi.
L'idée me vint naturellement que lea an-
ciennes traditions et l'esprit exalté d'un
peuple qui portait dans un siècle et dans
un pays civilisés une si forte empreinte
des mcsnrs primitivei, devaient offrir un
sujet favorable pour le roman, si le conte,
commeon dit, n'était pas gâté pur le con-
SCO
teur. » C'eH daoa cette p«ntée que, de»
1806« il avait esquissé le <
de f^ai»êrlâr$ mais, détourné de son en-
treprise par un ami, il avait relégué e#t
•smi dana la tiroir d'un vieux meuble, oè
le basard le lui fit retrouver en 1814. A
ae remit à l'ouvrage; le roman parut eect*
année aoua le voile de l'anonyme, maia
avec un imasenae succèa. La ^ine était
rencontrée t on sait avec quel bonheur
l'auteur la suivit d'abord. C'est aina&
qu'on vit se succéder rapidement G§gr
Mannering* tt rjntiqumire^ i9î4; In
1» série des Comes de mon Mie {Taies
ofmjr Landiord)^ renfermant te Nain
noirtx le Fieilkûtl des tombeaux {/tes
Puritaimsd' Ecosse) ^ 1816; AobSor^
la 3* série des Contes^ renfennant Le
cœtir de Mid Lothian (la Prhon d'É*
dimbaurg) 1818; enfin (18 19-1 83a), la
3* série, raofermani la Fiancée de Idusê-
mermoor et une Légende de Momroee
{y Officier de/bnume)i puis, pour eou*
ronner cette suite de dMfi^d'<Buvre,/Miis-
koêf è qui il faut foire une place à part
entre l'épopée, dont il a l'intérêt gran-
diose, et l'histoire qu'il a inspirée si heu»
reusenient sous la plunn d'undenoa ploa
brillants écrivaina. Tous œa romans, qui
ne portaient pour la plupart d'autM indi-
cation qiw oes mots asagiques :par/'«u»-
ieur de fFaueriey^ valurent au grand
inconnu (ihe gréai unknovon)^ c'est ainsi
qu'on l'appelait, une réputation pltu
qu'européemie. Contrefaits, traduits, re-
produits par la scène , par la peinture,
embellis du prestige de la muûque , ila
semblèrent pendant quelque temps être
en possession de défrayer seulsia littéra-
ture comme les beaux-arts de toua ka
pays civilisés. Partout on t'intéressa aux
scènes et aux mmtira d'un paya presque
(*) Cm romab d« Writer Scott fat le prsnier
qnV>B tradoiiit ea français s il parât em i&i6
(trad. par M. Joseph Martin) et fat anÎTi, à na
an d'intervatle , de V Antiquaire (trad. par
tgficï9 Maraise). A partir de i8i8, le tradnetair
français, d« romanoier éooseais, fut Defanoon*
prêt qui noos fit coonattre saccessiTement ton-
tes ses productions et les publia souvent en
même temps qae l*orig{nal anglais. On sait qne
ee dernier offrait toojonrs beancoap de diffi-
enités • oanae dea aombraaans cxprnaaiona «t
loentioiu éooasaisea mêlées au teste anglais. Dn-
fanconpret est mort près de Paris, en mars 1848 :
son ftls, qni a songent été soe coUaborâtaar, aat
direcltnr da ooUége RdUa. S»
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sert
(»"),
SCO
cmsgeté il« la eottkîor locil*, on rocoii«
BOI bientél le» traits féoéraax et sâiiîi^
flttls qui cMractérîseBt l« cAor Iranithi.
Cette époque marqn» pour Tiiitettr
Fapogée de 8â fortune et de sa réputation.
8ès ouvragée lui assuraient un reyenv da
10,000 liv. st. par an. Accueilli dans m
▼oyage à Londres, à'Bmaelles et à Paris,
éti 1816, par les tètes couronnées et par
len notabilités de tout genra, créé baron**
■et en 1 SI 9, visité à Abbotsford par une
foule de pèlerins littéraires et par des aU
teases royales, sir Waher Scott vit ses
traits reproduits par le pinceau d^Lavr-»
renoe et par le ciseau de Cbantrey. Parmi
les ouvrages qui suivirent (1831«>24),
Cfuelques-unssoutinrentau moins, s'tls ne
Paugmentèrent pes, la réputation de l*au«
teur : tek furent YAkhé^ prodamé par un
ingénieux critiquée plue vrai que l^bistoi*
re, » le Château de KenikPorth^ Quentin
DmvfWrâ^ beureuscs excursions dans les
chroniques étrangères ( d'autres, le Mo*
nanèrey le Pirate^ les Apentures de Ni-
gely Pépefil du Pic^ surtout les Eaux de
Saint^RonoH etRedgawttiet^ accusaient
une décadence pliu sensible. Vers le mé»
me lempa, les embarras toujours crois*
sants des maisons d'imprimerie et île li*-
braîrle Ballantyne et Consuble, avec
lesquelles Wal ter Scott avait depuis long,
temps eontractédes liaisons d'intérêt plus
étroites qu'il ne convenait è la prudence
du père de famille et è la dignité de
l'homme de lettres, aboutirent, par suite
de la criseducommeroe anglais en 1834,
è unendtieoomplète. t L'auteur de f^a-
perley nriné! s^écrla è cette nouvelle le
comte de Dudtey ; que chaque homme à
qui il a procuré des mois de plaisir lui
donne seulement six penee^ et demain
matin il se lèvera plus riche que Roth-
schild. » Pour lui, avec une résolution
qui honore Thomme, mais qui malheu«
reusement enchaînait la liberté de l'écri*
vain, il songea aussitôt è dévouer le reste
de §a vie au service de ses créanciers.
Bialgré des infirmités douloureuses, mal-
gré des diagrins domestiques, la mort de
sa femme et d*ttn petit-'fib, il se remit
au travail avec une activité fébrile. Cest
è cette période qne se rapportent les
Ctiteê dm tempe de» erùiHUhe {Taies
ef^ CmHtders^ IBU)^ la T* série dea
Ckrwtiqnee de la (Mongole, et dea
Contes d^mn grahd-père à son petit- filé
sur l'histoire d'Ecosse^ cadre fiimilier^
ojr H retrouva son talent gracieux etfa-
die; enfin les travaux préparatoires de
VBistoire de Napoléon, Il se rendit k
Londres pour consulter les archives dea
ministères, qui lui furent ouvertes, et k
Paris ou ia conversation de quelques per-
sonnages éminentsdn temps de l'empire,
notamment des maréchaux Macdonald
et Marmont, devait lui fournir des ren-
seignements pour la partie anecdotique
de son ouvrage. La réception flatteuae
qu'il re^t dans les deux oapiules, et la
solennité Uttéraire ou, pour la première
fois,àsonretourenÉco8se(33fév. 1827),
il se reconnut officiellement pour l'uni-
que auteur des romans pAbliéssousIenom
de routeur de fFaverieyy tempérèrent
qndque peu la tristesse de ces mauvaia
jours. La Vie de Napoléon (1827) fut
accueillie, même en Angleterre, avec peu
de faveur; la France y retrouva la plume
boktile des Lettres de Paul et toutes lei
préventions de 1815. Cette publication
attira è l'auteur des critiques et des ré^
futations fort vives, surtout de la part
du général Goorgaud {voy.) et de Louia
Bonaparte. De 1828 à 1880, il publia
encore la Jolie fille de Perth^ la suite des
Contei éun grand^pêre^ et des Chroni*
qtses de la Canongate^ Anne de Geiers^
tein^ V Histoire d'Ecosse, les Lettres sur
la démonologicy sans compter un Essai
sur V ornementation des jardins, un au*
tre sur les plantations, et les soins qui!
donna jusqu'à sa mort à ce qu'il appelait
son Opus magnum, c'est-à-dire la ré-
impremion générale de ses rémans avec
introductions, préfaces et notes, qui- pa-
rut en 1834, 48 vol. in- 12.
L'année 1880 fut triste pour sir WaU
ter. Deux attaques d'apoplexie et de pa-
ralysie le frappèrent dans sa constitution
physique, et ia révolution de juillet dans
ses sympathies politiques. Une seconde
fois il reritàHolyrood, comme aux jours
de sa jeunesse, les Bourbons exilés, et fit
en leur fsveur un touchant appel à la gé-
nérosité de ses compatriotes. Il fut moins
heureux lonqu'il voulut opposer an grand
mouvement de la réforme parlementaire
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(166)
SCR
les derniers efforts d'une voix éteinte
et d*UDe, plume affaiblie. Habitué à vi-
vre par l'imagination dans les régions du
passé , le grand romancier n'avait pas
toujours compris les nécessités politiques
de son époque. L'insuccès d*un pam«
phlet pseudonyme, et d'indignes outrages
à Toccasion d'un discours anti-réfonniste
prononcé par lui à Jedburgh dans ses
fonctions de sbériff , répandirent l'amer-
tume sur la fin de cette carrière entou-
rée jadis de si éclatantes sympathies. En
même temps Robert de Paris et le Chd"
teau dangereux^ les derniers et les plus
faibles de ses romans, révélaient, dans
son talent, un déclin semblable à celui
de sa popularité et de sa santé. Effrayés
des progrès du mal, les médecins con-
seillèrent un voyage dans le midi de l'Eu-
rope. Sur la demande du capitaine Ba-
sil-Hall, une frégate de l'état fut mise
à la disposition de l'illustre malade, vers
la fin' de l'année 1831. Il s'arréu succes-
sivement à Malte, à Naples, à Rome, etc.,
presque insensible à ce qui l'entourait.
Une nouvelle attaque d'apoplesie vint le
frapper à Nimègue et hâter son retour.
Le 11 juillet 1883| il rerit son château,
ses arbres, ses livres chéris, mais ce fut
pour leur dire bientôt on étemel adieu :
le 21 septembre suivant, il rendit le
dernier soupir en présence de tous ses
enfants réunis autour de lui. L'un de ses
fils était major de hussards, l'autre atta-
ché à l'ambassade de Naples. L'aînée de
ses filles avait épousé M. Lockbart, édi-
teur du Quarterlf Review^ et auteur de
Mémoires sur la vie de sir ffalter Scott
(1837, 4 vol. io-8<^), qui nous ont prin-
cipalement servi à rédiger cette notice.
Les œuvres de Walter Scott peuvent
se diviser en 4 séries distinctes : 1° Ro^
manSf 3<* Œuvres poétiques^ 8® Gff«-
vres historiques^ 4^ Mélanges* Les tra-
ductions de ses œuvres n'ont guère fait
connaître au public français, plus ou
moins complètement, que les trois pre-
mières. Celle de Defauconpret a été le
plus souvent réimprimée, sous tous les
formats. On assure qu'en 1830 il s'en
éUit déjà débité plus de 1,400,000
exemplaires. La traduction de M. Al-
bert deMontémont, 14 yol. in-8<> à 2co-
tonnes, est moins recherchée. M. Louis
Vivien entreprit en 1887 d'oi dannei*
une plus e&acte, qui devait comprendre
en 24 vol. gr. in-S® les ouvrages de l'au-
teur en tout genre; mais il n'a para
qu'une partie des romans. E-t.
SCRIBE, scribaf écrivain, voy. Co-
piste. — Dans les traductions françaises
du Nouveau-Testament, on a rendu parce
mot le grec ypaiiftaxtvÇy qui répond à
l'hébreu sopher (ifiD) • Les scribes étaient
les théologiens des juifs, assesseurs du
sanhédrin (vo/.), docteurs de la loi, ses
interprètes et ses gardiens. On les nom-
me le plus souvent avec les pharisiens^
et comme ceui-ci, Jésus-Christ les a
souvent signalés à ses disciples et au peu-
ple comme des sépulcres blanchis^ hy-
pocritement attachés à la lettre du Code
sacré, mais infidèles à son esprit, et hos-
tiles aux innovations les plus heureuses
et les plus désirables. S.
SCRIBE (AnGUsmr-EûOiifB}, le
plus fécond de nos auteurs dramatiques,
est né à Paris, le 24 déc. 1791, de pa-
rents voués au commerce. Après avoir
fait ses études au collège Sainte-Barbe,
et remporté plusieurs prix aux concours
généraux , le jeune Scribe se trouva or-
phelin à l'âge de 15 ans, et possesseur
d'une modeste fortune, à laquelle la né-
cessité d'acheter un remplaçant vint faire
une assez large brèche. Confié à la tu-
telle de l'avocat Bonnet (vo^.), son peu -
chant pour le théâtre l'emporta bientôt
sur les 'attraits de l'École de droit, et il
se laissa doucement aller à sa vocation.
Les DerviSf vaudeville en un acte, com-
posé en société avec G. Delavigoe , son
compagnon de classes, et donné en 1811
au théâtre du Vaudeville , fut son pre-
mier essai. La vérité nous force d'ajouter
que ce début ne fut pas heureux.. Pen-
dant les dix années qui suivirent, M. Scri-
be donna à ce même théâtre, la plupart
du temps, avec le concours de quelques-
uns de ses amis, une foule de pièces lé-
gères, d'un caractère plus ou moins éphé-
mère , et parmi lesquelles nous citerons
seulement , comme les plus connues , le
Comte Oij (18 16), le Nouveau Pour-
ceaugnac (1817), et une FUiteàBed^
lam (1818), toutes les trois en société
avecDelestre-Poirson. De 1816 à 1821,
M. Scribe, déjà en possession d'une cer-
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SCR
(141)
SCR
taioe popularité, éCMdit tes tratMt «ni
icènes d« rOdéon, de k Porto-SainU
Mardn et soirtoat des Yariétét. La plo-
pait de ses ouvrages y composés presque
toQJoara en collaboration, réassurent, et
ont en les honneurs de l'impretston ; il
suffira de mentionner, parmi ceux qui
lurent joués aux Variétés, ie SoUickeur
(1817), Les deux Précepteurs (1817),
eOurs et U Pacha (1810). Le Gjmnase
s*étant fondé en 1821, M. Scribe fut
attaché, par un traité fort avantageux
pour lui , à la fortune de oe théétre, et
y exerça pendant longtemps une sorte de
monopole dont le public n'a eu qu'à se
féliciter. Parmi les pièces de cette pé-
riode, qui lui appartiennent en propre,
en peut citer la Maùresse du Logis
(1828), ta Haine d^une Femme (1824)?
Malvina ou un Mariage d'inclination
(1828), etc.; parmi celles, beaucoup plus
nombreuses, qui ont été faites en société,
le Parrain^ le Mariage enfantin^ le Se--
erétaire ttle Cuisinier , Michelet Chris-
sine (1821), ^ Demoiselle et la Dame^
les Mémoires d^un Colonel de hussards ^
le Vieux Garçon (1822), Rodolphe
{iS2Z),tBéritiêreyleCoiffeuretle Perru-
quier (i 824), Leplusbeaujourdelavie
(1 825), la Demoiselle à marier^ Simple
Histoire^ le Mariage de raison (1826),
une Faute (1830), etc. Créateur d'un
genre nouveau, M. Scribe donna beau-
coup d'éclat à la scène du Gymnase par ces
petits drames, nécessairement superfi-
ciels, mais pétillants de grâce et d'esprit,
ramarquables en général par le bon goût,
par la finesse de l'observation, par la
peinture légère, mais fidèle, des moeurs
coflpiporaines*, et surtout par une
paflEe entente de la scène. Joués par
d'excellents acteurs, ils furent applaviîclis
par la société la plus élégante de Paris.
. Tout en faisant la fortune du Gymnase,
M. Scribe trouvait encore le loisir de
composer, seul ou en participation, une
foule de charmants opéras -comiques,
leb que la Neige (1823),/rî Concertàla
cour ( 1 824), /e Maçon^ la Dame blanche
(1825), la Fiancée^ les Deux Nuits
(1829), Fra-'DiaPolo (1880), le Chalet^
PJSstocq{tSl4)yrJmhauadrice{iSZl)y
(*) Qaoi qa*oo eo ait dit, set eotomtU dt Ftm»
fin n'oot point «oaujé le public.
la Sirène (1844), etc. Ces travaux intel-»
ligents, poursuivis pendant plus de 80 ans
avec une infotigable activité, loi ont valu
la plus belle fortune littéraire de nos
jours. M. Scribe avait reçu, en 1827, la
décoration de la Légîon-d'Honneur; en
1 836,il fut appelé à occuper,à l'Académie-
Française, le fauteuil d'Amault. Depuis
lors, M. Scribe a abandonné k de plus jeu>
nés concurrents les scènes inférieures qvà
avaient été pendant si longtemps le théâ*
tre de ses triomphes. Son talent, plus mûr
et plus sérieux, s'est consacré plus exclu-
sivement au grand opéra, à l'opéra-co^
mique et à la haute comédie. L'énu-
mération de ses travaux nous mènerait
trop loin, et serait nécessairement incom-
plète , parce que son répertoire s'enri»
chit sans cesse de nouvelles productions;
mais nous ne pouvons nous dispenser
d'indiquer, parmi les pièces représentées
sur la scène française, Valérie (1822),
composée avec Mélesville, te Mariage
d argent (1828) , Bertrand et Raton
(1888), la Camaraderie (1837), une
Chaine (1841), le Verre d'eau (1842).
On doit à M. Scribe les opéras suivants :
la Muette de Portici^^ Comte Ory
{t%%%\leDieuet laBayadère^ lePhil-^
tre (1880), Robert le Diable (1881),
le Serment (1882), Gustave 111 ^ Ali-^
Baba (1883), la JufPe{\MS\ les Uu-
guenots{\%W)y\tLazzarone ( 1 844),etc.
M. Scribe a aussi écrit quelques /loa-
vellesz La collection de ses œuvres (non
complète) a été imprimée in-18 et in-8%
et a en un grand succès. Ses pièces elles-
mêmes sont jouées sur tous les points
du globe où il existe un théâtre. M. Scribe
est, pour les étrangers, le représentant de
Paris, et restera, pour la postérité, un des
meilleurs peintres des mœurs de notre
époque. A. B.
SCROF1JLE,MALADIBSCmOFULBUSI,
ÉcaouBLLXs (du latin scrophulœ^ mot
dérivé de scrofa^ truie*), maladie du
système lymphatique, consistant dans
l'engorgement et la dégénération tuber-
culeuse des ganglions sous-cutanés ou
intérieurs, et souvent des uns et des au-
tres à la fois. Elle est extrêmement ré-
(*] Par U raison tant donte qo*on Toit sou •
Tent Im porci atteiots d'eagorgeoifata glamiu-
Unx. 5.
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Sût
(U8)
SCft
qot d«iM 1« ptyt froUif 9 BMÛif«rioiit
b«t et hamidesy daat \m goifM de aiôn-
Ugoesy dans les qoertiers mel»ains dei
TilleSi où ft^entaiM Hoe popnletioD miaé»
rable, mil nourriey et dont l'ignoreBoe
«ggrave encore le triste pontion. Ce n^
pas qu'elle ne se manifeste aussi dans
des conditions meilleures an premier
•bord ; man généralementy elle est bien
moins commune dans la classe aisée.
L'enfant et la jeuneme y sont plus par-
ticulièrement «posées^ qnoiqueles exem-
ples de scrofules ne soient pas rares chez
des sujets d'un âge avancé déjà et qui ne
semblaient pas y être prédisposés.
La cause intime et immédiate échappe
à toute investigation; mais les oanses |w4-
disposantes, dont Tinflaoïoe kidividuelle
ou jûmultanée est admise par la généra-
lité des médecins, sont : lliérédité, le
tempérament lymphatique, Tenfanoe, le
sexe féminin, TaUmenUtion purement
végétale, jointe au défaut d'air , de Ui-
mare et de mouvement, aux affedions
morales tristes et aux excès. La contagion
n'a jamais été constatée et ne saurait être
admise* ^
Il est rare que cette maladie soit ra*
pide dans son invasion : le plus souvent,
les gang lions (vojr*) lymphatiques du col
s'engorgent les premiers et deviennent
voluminimx et durs, quoique la sensibi-
lité y soLt à peine augmoitée. Peu à peu,
on voit Ija maladie envahir les ganglions
aiiliaireti tt inguinaux, et même ceux qui
sont imperceptibles dans Tétat de santé.
Déjà, lesi ganglions mésentériques ont
particifié au mouvement maladif, et le
ventre présente une disparate choquante
de vokimie avec le reste du corps, qui s'a-
maigrit plus ou moins rapidement. Quel-
quefbis, c'est par le ventre que commen-
cent les »crofnles (carreau), Qaand le mal
eat arriréi à ce degré , le sujet présente un
aspect (*jiractérlstiqne : pâleur et bouf-
filinre d t\ visage, surtout sensible aux lè-
vres'et au nez; yeux souvent affectés
d'inflammation opiniâtre ; écoulement
purulent par les oreilles, haleine fétide
et acide, altérattion des dents, maigreur
générale, affaiblissement, déformation
du troàc ot des membres, fièvre hectique.
Pendac«t (|ue ce» phénoroènes ont lieu,
des ab«^ se UrmmX dam différenUt
parties du corps, et laissf «t après eux
des nleèreade mauvaisaspeet, et auxquels
succèdent des cicatrices diffonnsi; l«t
articulations s'engot^mit, les poumons se
âM'cissent de tubercules, et toutes ces
causes réunies ne peuvent manquer d'à*
mener dans un court délai une terminai-
son fatale.
Mais ce n'est pas là, tant s*en faut, la
marche tticlusive des scrofules. Tel sujet
n'en présente que de légères éteintes
qui se dissipent par les progrès de l'âge
ou seua l'influence du traitement; mais
souvent aussi, plus tard, voit-îl revenir la
maladie soua forme de phthisie pulmo-
naire. D'autres, plus heureux, continuent
leur carrière sans accidents et, unis à un
conjoint sain et rdiiuste, donnent nais-
sauce à des enfants intacts. Il n'en eit
pas ainsi malheureusement lorsque les
deux époux sont plus ou moins entachés
d'affection scrofiileuse, et cette considé-
ration devrait avoir plus de poids dans les
mariages.
La marche des scrofules est générale-
ment lente; elle est plus rapide chez les
pauvres enfants abandonnés, privés de
soins et soumis sans relâche à l'action des
causes prédisposantes et déterminantes.
Chez ceux-là, tous les symptômes se
groupent et s^accumulent ; l'économie,
envahie tout entière, ne saurait £ûre une
longue résistance.
Le diagnostic est fiicile dans les cas
dont nous venons de parler; mab il est
plus délicat quand il s'agît de donner des
conseils dans un cas de mariage, relative-
ment à une personne suspectée de scro-
fule. Quant au prognestic il est f<^cl|^| :
en effet, la disposition sorofuleuse^ii
survH à la disparition des symptêmes
doit toujours laisser de l'inquiétude sur
l'avenir.
A l'ouverture des corps de ceux qui
succombent, on trouve des tubercules
crus ou ramollis dans presque tous les <Hr-
ganes , mais plus particulièrement daiM
les poumons et dans ie mésentère. Une
foule d'autres désordres phlegmasiques
( voy, ) viennent se grouper autour du
l'affection principale, cpii, à die seule,
suffit presque toujours pour expliquer la
mort.
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sca
(tw)
sor
»£fofHU» un f|4<»&<iuii> o*ituà-4)irf wi
remède oapabla d« contrebêlaaowr et ik
^«iacre TacUoD mnlUple dflt cvmiè pro»
doctrU*!* Le progrèi de U imeoee eoa*
siite à bien prouver qu'un pereil re-
média efi ialronvabW, el que toue \m ef-
fqrU de la médecine adminiairetive et
prÎTée doÎTent avoir pour but de kmm*
traire lee popolation» aux indneoeei fu-
nretm qui lee ont déciméee jusqu'ici, et
qui prélèvent encore sur eile» un trop
l^rge uibut. Le traitement hygiénique
^ dooo celui qui doit paner le pcemiery
tant comme préservatif que comme ca*
in&îf. Donne» de l'air pur, de la iumiàre,
di la ohaleur et des alimenU généreux,
dans une juste proportion, suivant les
btfQins individuels et locaux ; étejtdissex
4e judicieuses 4a9mpensations là où vous
ne serex pas le maltjpe absolu des circon-
itances« et vous ferex disparaître la pré-
disposition scrofuleuse, parUnt vous gué-
rîrex facilement le petit nombre de cas
qui auront échappé à votre surveillance.
C'est alora que les médicaments toniques
et excitantA vous fourniront d'utiles se«-
cpurs, tandis qne, dépourvus de cette
l^aae, les remèdes appelés aruiscrojuleux
ne comptent que des succès rares et dou-
teux. On ne se fait pas une idée des
mauvais effets que produisent ces médi-
caments administrés sans mesure, et dans
les cas où les organes digestifii, déjà ma*
Wdes, en reçoivent une irritation fâ-
cheuse. Dans l'eut actuel des choses,
on fait, en général, passer les malades
nwp rapidement au régime substantiel et
ans médications toniques : le régime
doux et le traitement émollient sont sou»
Tant indiquée. On ne saurait donc trop
înviter les parents à ne pas s*empresser,
sur de vagues soupçons, d'administrer à
leurs enfants un traitement dit antiscro*
fuleux sans prendre l'avis du médecin.
Pc nombreux emais ont été faits avee
presque, toutes les substances connues
contre les scrolulee. Les substances mi-
nérales lee plus vénéneuses ont été ad-
ministrées avec des espérsnees qui ne se
sont paa réalisées : l'or, le mercure, l'hy-
drocblorate de baryte, le soufre, les aU
calis, ont été tour à tour préconisés. Dans
ces derniers temps, c*est l'iode seul ou
oomlilié avee diverses matières qui est
plus paMseulièrement raeommandé, tant
à l'tnlérieaff que pour l'usage sttteroe.
Aux phénomènes locaux des médica-
tions locales sont applicables. Les tumeurs
réolament, suivant lenr état plus on
moins inflammatoire , les émolUeats, les
excitanls, les causticpies ou l'inoisMMi. Les
uleèMs et les fistules, qui leur succèdent,
ont besoin d'être traités par les panse*
ments appropriés, les agglntinatifk et les
catbérétiques. Les fnctioos. avee les pom«
mades indurées ou merenrielles sent em->
ployées avec avantage pour favoriser la
résolution des engorgements survenus
dans les diverses parties dn corps. F. R.
SCRUTIN, du latin êermtimitm, exa-
men, visite que l'on fait. Le scrutin est
l'opération de recueillir les votes d'une
asssmàilée délibérante ou électorale, ex*
primés en secret, soit avec une boule
blandie ou noire, lorsqu'il s^agit de voter
par oui ou par non , soit an moyen d'un
bulletin sur lequel on inscrit un ou plu-
sieurs noaas propres (scnstin simple ou
scrutin de liste). Les personnes chargées
de i-eeueillir les votes, de les compter et
de veiller à leur dépouillement sincère,
s'appellent scrutateurs. Ils se servent
pour cela d'un tronc ou d'ime urne, où
les membres de l'assemblée sont succes-
sivement admis à déposer leur vote, aussi
Icmgtempsque le scrutin n'est pas déclaré
fermé par le président. Dans nos assem-
blées politiques, toutes les lois sont vo-
tées au scrutin secret, sprès que les arti-
cles ont été adoptés ou rejetés par assis
et levé. Pour l'urne électorale, iHir. Éleg-
Tioirs. S.
SCUD£RI (Gxoaoxs db), littérateur
français, naquit au Havre en 1601. Jeté,
presqu'au sortir de l'enfance, dans le mé-
tier des armes, il donna en plusieurs cir-
constances, notamment au PasKle-Suze,
des preuves de bravoure. Cependant il
abandonna de bonne heure ûi carrière
ni^itaîre et se mit à écrire pour le théâ-
tre. On lui fit obtenir, comme une sorte
de reiraiu honorable, le gouvernement
du petit fort de Notre-Dame-de-la-Garde,
bâti sur un rocher près de Marseille. Les
soins de cette charge ne b'oocupaient pas
telleasent qu'il ne put vaquer en toute
liberté à ses travaux littéraires ^ mais ju-
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(leo)
scu
{tant, «vec otttA vanité qui loi était pro*
pre, qo6 son éloifDtiiieiit compromettait
les i|itéréu;de l'éUt, il qnitU bient6t
ton potte pour rerenir à Paris. Scudéri
a^aity en effet, la plus haute opinion de
sa capacité, et se croyait un homme uni-
versel et indispensable. Ces prétentions,
bien supérieures ti son mérite» le rendi-
rent ridicule ; mais de nobles qualités
richetaient chez lui ce travers de Pes-
pril. Ainsi, il n'abandonna pas son ami
Théophile dans le malheur, et se montra,
pendant les vidssitudes de la Fronde,
fidèle à la fortune du prince de Coudé
son bienfaiteur ; il refusa aussi à la reine
Christine de retrancher du poème d'^-
laric des vers en l'honneur d'un cour-
tisan dis^cié. Scudéri balança pendant
quelque temps la réputation de Cor-
neille : les sucrages du public se parta-
geaient, en 1 636, entre le Gd ti l* Amour
tyrannique. La postérité en a jugé au-
trement» On trouve cependant dans les
tragédies de Scudéri, notamment dans
la Mort de César^ûêM fygdamony dans
l'Amour iyrannique^ du mouvement,
une certaine facilité de versification, des
scènes bien faites, des vers dont la pensée
est belle et la facture noble; mais, cpmme
il ne savait ni chercher, ni choisir, les
beautés qui ont pu lui échapper sont
noyées dans un fatras aujourd'hui illisi-
ble. Son poème A^Alaric offre le même
exemple de l'abus du talent et de la né-
gligence d'un écrivain qui, plein de con-
fiance en son génie, jette sur le papier
tout ce qui lui vient a l'esprit. Scudéri
passa longtemps pour l'auteur des romans
de sa sœur {yoy, plus loin) qui parurent
d'abord sous son nom, et ne fit rien pour
détromper le public ; il profita même de
cette erreur pour épouser une femme
d'esprit, M^ de Martin Waast, qui s*était
éprise de lui à la lecture du Cyrus et de
la Clélie. Scudéri vécut dans une hono-
rable médiocrité de fortune, et sa renom-
mée littéraire dura autant que lui. Il fut
élu membre de l'Académie-FrançaÎBe, en
1650, à la place de Vauge^as, et mourut
à Paris, le 14 mai 1667.
Màdeleikk de Scudéri, sceur du pré-
cédent, née au Havre le 16 juin 1607,
mourut à Paris le 3 juin 1701. Peu de
noms, dans notre littérature, ont été
l'objet de j^tis d'épigrammea banilet qn«
oelui de M>^ de Scudéri, et peu d'ou-
vrages sont moins lus que les siens. Lais-
sant de c6té toutes ces critiques lancées
sur la parole de Boileau, l'impartialité
nous fait un devoir de déclarer que U
lecture des romans de M^" de Scudéri,
si elle n'inspire pas une vive admiration,
ni même beaucoup d'intérêt, laisse toute-
fois une impression moins défavorable.
On aura surtout plus d'indulgence si l'on
considère qu'à l'époque où M"* de Scu-
déri dut chercher dans son travail dea
moyens d'existence que la fortune lui
avait enlevés, le roman n'existait pour
ainsi dire paa, l'analyse du cœur et dea
passions éuit encore inconnue. M^ de
Scudéri comprit la première que la pas-
sion devait être l'âme du roman, que
les événemenu devaient être, jusqu'à un
ceruin point, subordonnés aux passions.
Malheureusement, à force de cherchera
approfondir le cœur humain, elle s'égara
dans cette étude. Elle joignait aussi à
beaucoup d'imagination un esprit qti'elle
a prodigué sans mesure ; il en est résulté
qu'elle n'est parvenue le plus souvent
qu'à peindre un monde factice et à' ex-
primer dans un langage sans naturel dea
sentimenu sans vérité. Mais au milieu
de ces fadaises prétentieuses et de mau-
vais goût, dont Molière s'est moqué dana
ses Précieiêtes ridicules^ on ne saturait
contester à M"* de Scudéri le mérite d'ua
style assez pur, d'une politesse exquise,
et bon nombre de pages détachées qui,
partout ailleurs, pourraient passer pour
excellentes. Ses principaux romans sont
IbrtUdmyOuP illustre Bassàf^wrh^ 1 641,
4 vol. in- 8® ) ; Artamène^ ou te grand
Cr/»#(1660,10vol.in.«o); aéUe{t6S%
10 vol. in -8**) ; Almahide^ ou t esclave
reine (1660, 8 vol. iu-8o), etc. Ces ro-
mans durent une partie de leur immense
réputation à ce qu'ils ofirent une galerie
de portraiu des principaux balntués de
l'bdtel Rambouillet (voy,) et des per-
sonnages les plus distingués de l'époque.
Ils sont, du reste, interrompus à chaque
instant par des épisodes, dont la multâ-
pUcité fatigue l'attention du lect^ar et
jeue beaucoup de confusion dans l'ou-
vrage; mais l'introduction de ces hors-
d'œuvre permettait à W^^ de Scudéri de
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( 161 )
SCU
mt rendre Técho de tontes les anecdotes,
de toutes les fmolités do jour, et la so-
ciété élégante de Tépoqne dévorait ces
psges arec avidité. La magistratare, la
aôblessey le clergé exaltaient à Tenvi le
talent de M^* de Scudért, et les femmes
les pins distinguées par leor esprit ren-
chérissaient encore snr ces louanges. Elle
fat pendant toute sa rie Tobjet de ces
bonmages empressés : la cour et la ville
s^occupaient de ses moindres actions. L'af-
fabilité de ses manières, son commerce
aimable et poli rehaussaient son talent
IHtéraîre. Elle inspira, malgré sa lai-
deur, plusieurs passions violentes ; mais
elle, qui avait passé sa vie à écrire sur
Pamour, voulut toujours rester étrangère
à ce sentiment Lorsqu'elle mourut, Fhos-
pice des Enfants- Rouges et la paroisse
de Suint-Nicolas-des-Champs se dispu-
tèrent l'honneur de lui donner la sépul-
ture. Son discours de la Gloire^ quoique
fort médiocre, lui fit remporter, en 1 67 1 ,
le prix au premier concours d'éloquence
française fondé à l'Académie par Balzac.
Un éloge de MH^ de Scudéri, composé
par l'abbé Bosquillon, a été inséré dans
le Journal des Sapants, du 11 juillet
1701. A. B.
S<ULPTURB(du latin sculpere^^c^*
ver, puis découper, lui-même probable-
ment formé par transposition du grec
7>Ti^, je creuse, grave). C'est l'art de
donner à différentes matières la forme de
corps organisés, soit en taillant, à l'aide
du ciseau, le bois, la pierre, soit en fa-
çonnant une p&te molle, soit en coulant
des métaux. La sculpture embrasse le
bas- relief aussi bien que la ronde-bosse
(voy, ces mots).
De tous les arts, la sculpture est celui
où l'imitation est le plus sensible. Dans
son œuvre, le sculpteur reproduit la na*
ture d'une façon pour ainsi dire toute
matérielle i elle s'y trouve, en effet, non-
seulement visible, mais palpable; la main
ttéme peut la sentir , en apprécier , en
reconnaître la vérité. Cependant ce que
la reproduction gagne en fidélité, sous le
rapport des contours, elle le perd à l'œil
par l'absence des couleurs : aussi parait-
il probable que les anciens coloraient
leurs statues. Qc^i qu'il en soit, c'est
IVravra du statuaire qui brave le mieux
gmi^hp. d. G. d. M. Tome XXI.
llnjure du temps. Nous conntkltrtons à
peine l'art antique, si la sculpture ne nous
avait fait parvenir ces chefs-d'œuvre
qu^'on a pu exhumer des entrailles de la
terre oà ils étaient ensevelis. Le statuaire
donne la vie aux matières inertes, non-
seulement en leur faisant prendre la fbr-
me des êtres organisés, mais surtout eu
les pénétrant du feu créateur de l'inspi-
ration, en les animant du souffle du génie.
Privé généralement de la ressource des
grandes scènes, car à peine peut-il met-
tre deux ou trois indiridus en groupe, si
ce n'est danslebas-reKef, c'est principale-
ment dans le développement des types que
le sculpteur doit exercer son talent : amou-
reux de sa statue, comme Pygmalion
(îioy.), il lui donnera toutes les formes
idéales qu'il a rêvées, en recherchant la
véritable beauté dans vingt modèles,
comme Praxitèle, qui, pour sa statue de
Vénus, emprunta, dit-on, aux plus bel-
les Athéniennes ce que chacune avait de
plus beau. Ou bien le statuaire s'élèvera
plus haut ; il trouvera des beautés de
formeet d'expression inconnues aux hom-
mes : on n'aura pas seulement l'Apollon
du Belvédère, l'Hercule Famèse, la Ju-
non d'Argos, Phidias parviendra à repré-
senter le maître des dieux, Michel- Ange
fera descendre l'inspiration divine sur la
figure de Moïse. Ou bien encore le sculp-
teur, groupant ses héros, pourra se ser-
vir des contrastes : alors le malheur de
deux jeunes enfoats ajoutera à l'admira-
ble expression de douleur résignée du
Laocoon.
Les procédés dont on fait usage en
sculpture sont plus simples qu'on ne l'i-
magine généralement. Et d'abord, il ne
faut pas croire que la difficulté réside
dans la taille du marbre. Ce qu'il y a de
délicat, c'est la composition du modèle
en matière molle; c'est là que le génie se
déploie; c'est là qu'il faut avoir dans la
main même le sentiment exquis de l'ex-
pression du jeu de l'âme par Tadditiou
ou le retranchement d'une parcelle de la
matière, par telle dépression ou tel relief
plus ou moins prononcés* Mais une fois
le modèle achevé au gré de l'artiste , le
reste n'est plus qu'un procédé presque
entièrement mécanique. On fixe bien so-
lidement snr une base , en Fy scellant
U
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8GU
(«*^)
scu
•▼fc d» pUtre, U bloc d^ «Mffbrt qu'on
yçal traYailler; on (ait de même da mo-
dèle. Au-deaeui de celui-ci ^ on place
horiaontalemeot on châisis carré de ma-
nière qu'il soit invariable. Ce ch&ssis a
B^t ses quatre cÀtés des divisions en ii^
tervalles égaux , et ces divisions portent
des numéros. On établit au-dessus du
Woc de marbre un cbAssis absolument
pareil ; puis, k l'aide de fils à plomb qui
«n descendait ^ et aussi du compas » on
détermine, sur le bloc, des points de re*
pcre placés exactement comme les points
correspondants du modèle. On a enfoncé
dans le plâtre de celui-ci de petits clous
en cuivre dont la tète porte à son cen-
tre un trou pour loger la pointe du
compas qui mesure les distances obli-
ques. Les points les plus sailUnU sont
déterminés les premiers et de telle sorte
qu'ils fixent, trois k trois, la position de
plans enveloppant la statue. Établir ces
plans s'appelle épannekr^êtcê travail de
dégrossissement est abandonné à un ma«
omuvre qu'on nomme praticien. Pour
atteindre ces premiers points^qui sontd'a*
t>ord à une certaine profondeur dans le
marbre, on perce celui-ci avec un feret,
puis on enlève des éclats jusqu'à ce que
le fond du trou aoit a découvert. Lsa
points principaux servent ensuite à k
fixation d'autres points que l'on multi-
plie an furet à mesureqne l'œuvre avance,
ft qui, dans certains endroits, ne sont
pas à plus d'un centimètre l'un de l'autre.
Quand l'ouvrier a mis au jour ces points,
dont l'ensemble forme la snrfiuseiûi la fi-
gure représentée, survient alors le sculp-
teur qui enlève comme le rideau de mar»
bre, derrière lequel est la statue avao
tonte son expremion. Les Italiens, au lien
de cbâssis, emploient un instrument en
bois qui a la forme d'une double croix,
et qui sert comme de compas à |fo«s
pointes. Gatte^ux pèi» a inventé un pro«
cédé à l'aide duquel on peut rendre In
modèle avec une exactitude maihématî-
que, et même, v l'on veut, le copier dans
une position f pyejcse, c'est-à-dire mettre
à droite cf qui est à gaucbe, et récipro-
quement (vo^r. T. XII, p. 181).
Il est UQ autre genre de sculpture dans
lequel les aqpiens Grecs ^nt pareillement
Mcellé, eeini qu'on ap|èlle ta lomusli-
ane, qui eonaistn à former nao I
l'assemblage de diverses parties : elle s'^
pliqueit généralement eux statues colœ*
sales. C^ ainsi que le Jupiter Oiyn^
pien de Phidias, lequel avait 60 pieds do
haut, était composé d'or et d'ivoire» Oa
façonnait des feuilles de métal en les boA-
tant comme font nos chaudronniers. JUn
Grecs connurent pareillement l'art 4m
fondeur. Le moulage (vo^* oes mota)
fut aussi en usage; Pline nous appreii4
que les statues dm athlètes qui avnieal
remporté trois fois le prix étaitnt mom-
ies sur les membres du vainqueur {cm
mtmhris ip$orwa êimUitudine expreS'^
êây Enfin la ciselure (vof.) rentn enoom
dans la sculpture , et Phidias ne dédaigna
pas de s'occuper des travaux de la dee-
lure, où il no se montra pas moiiu admi-
rable que dans ses grands ouvrages, X.
Histoire. L'art de la sculpture remoola
à la pUu haute antiquité; oa eaaroono
déjà des traces daas la Geaèse : aiaai La*
ban, plus de 3,000 ans avant J.'C., atait
des dieux domestiques , sculptés proba-
blement en bois, et appelés en hélnmi
térapkim. On trouve aussi des slatuea
dans les anciennes grottes saoréea dos
Hindous, ainsi que dans Iccnrs teaiplea
taillés dans le roc à une époque ineon-
nue; dans la pagode d'Éléphantiae, prèe
de Bombay, par exemple, on voit aao
statue colossale de Brahma. Cependant
les relieli, peiats pour la plupart, qai
sont ciselés à une profondeiff élonnanto
dans le porphyre argileux des paroia de
la cavorae, paraissent remonter eaeoco à
uae aatiquité pliu reculée. L« ladieaa
ont une grande richesse d'imaginé tioa;
mais leur prédilection pour les symbalee
et Les allégories ne leur a jamais permis
d'arriver à la pureté du atyle en sooJp-
tor^. 6i leurs travaux en ce genre eoai
d'une haute importance, ce a^esc peéni
pour la beauté des formes, mais uniqaa»
ment pour les idées dont il9 loaien qao^
que sorte la traduction. Les Pewm, sumia
du luxe et de la magnifioenoe, eyroai
aussi leurs scalptoiui, et los amnamoats
qui rattesteat, par eiemple les miaes 4o
Persépolis (vox*), offreat de l'iatérét sous
le rapport technique; mai* cet sealpteap%
n'ayant jamais oaàa'oncaper du aa,ot ae
produisaat qaa dos igacaa <
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sdi
(iw)
scw
pféMBtcr le» beautés d«4 foraMt hovuii-
nct. La sctilpture fleurit en Asiym feus
Séiniramit. Les bbtopent parlent de sta-
tues en bronze de cette reine^ de Bélos
et4le Nînus. Les rsstes de fifuies taillées
dans le roc irif, qne le professeur Sohnltz
•déconteru près dn lac Van, en Arménie^
annoncent paiement beaneoop d'habi-
leté. IVautres voyageors ont vu» dans les
montagnes du Kjcurdistan^ d'antiques
statues qui représentent, an dire desbar
bîlanu, le roi Khosroès et sa chère Chi»
fine, et qui doivent avoir été laites par
Ferbad, aussi célèbre comme poète que
comme sculpteur. Les Egyptiens forent
lea piemieia à adopta un style soumis
a des règles fixes. Tons les ouvrages
d'art de ce peuple se distinguent par un
caractère sombre , grave, vais profiond;
ils se rattachent, par les biéroglypher qui
les couwent, à la poésie cl è l'histnirey
de même qu'en psenant pour ^pe la
momie» ils symbolisent la croyance à
l'immortalité de l'âme. Biais il résulle
aussi du cette dernière oiroonatanco que
l'art égyptien tient plus de la. mort que
de la vie. Ses figures sont raides et im*
mobiles, caractère qui se retrouve même
dans les statues dlsis, lesquelks pani^
aent avoir servi de types è l'ancienne
Diane d'Éphèae, comme en général auji
plus anciennes productions de la statuaire
fiucqoe; tandis que, d'un autre côté, 1«
earyatides qui surmontent les colonnes
du temple de Denderah, la taille biaar*
rement allongée des corps de femmm, 0%
le mélange des formes de l'homme et de
l'animal dans les spbini, le8Ànubi8,ete.,
rappellent évidemment le style indien*
Si de l*Égypt« oous passona en Grèce,
nous y rencontrons d'abord des figures
sy mbdiques grossièem #à la piété reoo»*
; cependant riaaage des dieux. Le
»i, la scniptnre en relief avait œrtai*
nementprécédé la Ponde«bome« Bientél»
ppur attirer davantage l'attention sur
«m emblèmes informes» on y ajouta une
télé» des bras, et le pluseoueent le phaU
hu (i»er.), symbole de k puissance créa*
trîoec telle fut l'ocigMie des hermès (voy.)
qui restèrent longtsmpe l'unique objet
de la sculpture des Gvees. Cependant
les sculpteurs en bois firent un pas db
plyi, m tillknt des imagm qui finreet,
pendant dm sièclm, rtf^ém avec uu
saml respect; car les ornements dont on
les couvrit faisaient passer sur la gros-
sièreté de la forme. Avec Dédale (vay,)
s'ouvrit une ère nouvelle. Dans leur ian*
gage symbolique, les Grec* disent do M
qu'il fit marcher, voir et parler les sta-
tues. Mab on ne décorait pas les tempim
exclusiveasent avec desstatumç on y coo*
sacrait encore, soit des trônm ricbeiMst
orpés, soit des cassettes, des bondiers,
des trépieds ou dm vases. La cassette de
Cypselus, qu'on admirait à Olympie, était
de bois de cèdre avec des incrustatioos
d'or et d'ivoire. Le Ur<ine d'Apollon à
▲myolée, chef-d'œuvre de Bathyclès de
Magnésie, qui vivait du temps de Selon,
n'était pm moins célèbre. Il offrait, à
l'esiérleur, 38 panneaux etè l'intérieur
14, sur lesquels étaieirt représentés tous
les dieux et Im héros de la fable. Dlpes-
nus et Seyllis^ Fun et l'autre de Itle de
Crète^ perfectionnèrent l'art de travailler
le marbre. Lm artistm d'Égine^ de Sa*
mes, d'Argee et de Sicyone s^lbstrèreut
per leur habileté è couler en brooae le|
stalUM dm dieux, dm héros et dm athlè-
tes; toutefois il parait qu'à cette époque
encore, il était plus ordinaire de fiiire lm
statnm de plaqurn métaUiqnm emboutim
au marteau et rivém par dm elous. Plu-*
sieun ouvragm de cette époque reculée,
arrivés jusqu'à nous, prouvent lm pro*
grès qu'avaient d^à fûts la eoulpture.
Klle en fit de plus senaiMm encore sous
lm Pisistratidm; cependant ce fut pen«
dant Lm guerrm médiquei , et sous le
gonvemeaMut de Pévlelès (^0^.) qu^eHe
atteignit au plus haut point de perfec«
tion. Dens ce court cSpaœ de tempe j
Athènms'enrkbit de plus dechefr^Pesu-
vre que Roara, b maltresM du nmode,
ne put en conquérir pendant sept cents
ans. Lm grands poëtm de ce siècle exer-
cèrent, sans contredit» une puissante in-
fiuenee sur lm arts plastiques. Cette épo-
que fut celle du style idéal. Le génie de
Phidias (ifoy.)créa deux typm d'une
beauté sumi^urelle, la Minerve du Par*
thénon et le Jupiter Olympien d'ÉUs»
statnm eobssslm en ivoire incrusté dW.
Depuis Phidiu préivalurent lm formm
idiulm appliqném à la représentation
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scu
(164)
SCO
des dieaxy desdemi-diMix et desbéroi.
DtDS celles des déesses régoâ dès l*abord
plus de ▼ariété : les artistes adoptèrent
celle de la jeane fille dorienoe-crétoise,
à la taoique retroossée, à la double cein-
Uire, pour représenter Diane y les ama-
sones, lesBymphes et les bacchantes, on de
la jeune fiUe athénienne^îonienne pour
les mosesy les canépbores et les prê-
tresses ; nae figure de matrone servit de
■KNlèle ponr la Jnnon d*Argos, Cérès,
Gybèle, et pins tard pour Némésis, la
Fortune, la Pudeur, la Piété, ainsi que
pour les impératrices romaines et les ves-
tales; c'est aux plus fameuses hétères on
courtisanes que fut emprunté le modèle
de la Vénus Anadyomène; et quelque
▼irago, admirée pour ses membres ner-
veux, devint le type de la Pallas atbé«-
nienne, déesse de la guerre et des arts.
D'autres formes virile furent emprun-
tées au gymnase et à la palestre, à
l'exemple de Polyclète {voy,) qui en éta-
blit le type par son Diadumène occupé à
se ceindre lui-même le front de la cou*
ronne du vainqueur, et par son Dory-
phore qui s'avance hardiment la lance en
arrêt. Il est aussi l'auteur du célèbre ra-
noiif le modèle consacré de toute pro-
portion. Avec Polyclète, il faut nommer
Myron comme auteur du genre athléti-
que; ses lutteurs sont célèbres, surtout
son Discobole, et son Hercule est la
perfection de ce genre. On lui doit aussi
les formes typiques de tout lerègneanimal.
Cent ans afûrès Phidias, le haut style
ou le style idéal fut abandonné pour la
beauté des formes. Alors parurent les
statuaires en marbre proprement dits,
à leur tête Scopas et Praxitèle {voy. ce
nom et les suiv.). Ils s'attachèrent spé-
cialement au genre des danses bachiques
on thyases, unissant les formes les plus
délicates de la beauté à un délire dee sens
fortement exprimé. La nature animale
elleHonême fut alors comprise dans toute
son étendue, ténkoin la vache de Myron;
on s'appliqua à donner une expression
spirituelle à la vie sensuelle s'abandon-
nant aux transporu de la joie la plus vive,
comme dans les Bacchus, les Amours et
les Vénus de Praxitèle. Ce dernier ar-
tiste fut le chef d'une école nombreuse;
nais après lui, vint le genre gracieux :
le style s'affadit et gagna en expression et
en mollesse ce qu'H perdait en grandeur.
Dès lors, on s'attacha de préférence aux
proportions et à la symétrie. Ce fut le
siècle d'Alexandre, où Lysippe choisit
une route nouvelle en sculptant un grand
nombre de statues en portrait. U fut le
seul à qui le conquérant maoédonies
permit de le représenter en marbre, com-
me il avait permis an seul Apelle de In
peindre sur la toile. Cette période, qui
commença l'an SS6 avant notreère, fut la
dernière où fleurit la sculpture grecque.
Elle ouvrit la dernière phase possible de
l'art, celle de la représentation idéale
des rois et des guerriers. Lysippe observa
scrupuleusement le canon de Polyclète ;
mais il fit les corps plus élancés, les têtes
plus petites , et il mit un soin particulier
à travailler les cheveux. La sculpture ap-
prit de la peinture à rendre jusqu'à un
certain point les sentiments, comme la
prouve le groupe de Laocoon (vof.), la
chef-d'OBuvre du genre sous ce rapport.
Le goût du colosàid se répandit alors et
contribua beaucoup à la décadence de
l'art, qui se mit aussi à charger outre me-
sure ses productions.
Avec les guerres de Macédoine et de
Syrie, 200 ans av. J.-C.^ commencèrent
les déprédations des Romains. PauU
Emile orna son triomphe d'une multi-
tude de chefs-d'œuvre enlevésè la Grèce.
A plusieurs reprises, le Forum fiit tenda
de tapis précieux et converti en un théâ-
tre décoré d'au moins 8,000 statues. La
Capitole seul en renfermait 13,000. Les
artistes grecs suivirent a Rome les trésors
enlevés à leur patrie; mabils ne purent
y naturaliser les beaux-arts. Cependant,
depuis Sylla, l'amour de l'art devint une
fureur. La sculpture jeta un dernier éclat
sous le règne d'Adrien ; elle se distinguait
alors par une éléganoei un poli, un fini
extrêmes. Ce goût persista sous les An*
tonins, quoique légèrement altéré déjà;
puis, la sculpture déchut entièreiMBt
sousS. Sévère etses successeurs : elleavait
disparu avant le règne de Constaatia.
Les images des andens chrétiens se rat-
tachent à un type particulier. Foir^ ou-
tre l'excellent ouvrage de WinckeUnana
(vox.)f le Manuel de Varchéologie d^
l'art f par Mûller (Breslan, 1800).
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(165)
SCU
La seulpture moderne s^appnya mut
rarchitcctare. Pendant d^ siècles^ foute
de documents suffisants, on n'en peut
anifre les modifications. Tout ce qui nous
reste sont quelques diptyques, quelques
croix, quelques colonnes ou quelques
sarcophages, qui prouvent toutefois que
toutes les branches de Part ne s^étaient
pas perdues. On traTaillait la pierre, on
ciaebit et on coulait le métal. Lltalie,
aurlout Pise, peut encore aujourd'hui
produire des preuves de Thabileté de ses
artistes, entre lesqueb se disiiogua Nie.
Pisano {voy, Pisau). L'Allemagne aussi
s'enorgueillit à juste titre du maltre-au-
lel de Marbourg, ouvrage de Kœlo (vers
1290) et de la belle fontaine de Nurem-
berg (vers 1860), Ce ne fui qu*à partir
du xv** siècle que la sculpture commença
à s'émanciper de la tutelle de Tarchitec-
ture ; et cet avantage, elle le dut au talent
de Gbiberti {voy.). Dès l'année 1482,
Milan posséda une Académie des beaux-
arts; les sculpteurs apprirent à mieux
connaître l'objet qu'ib devaient avoir en
vue , et d'importantes découvertes vin-
rent leur ladliter le travail. Toutes les
branches de la plastique {vqx») avaient fait
déjà des progrès essentiels, lorsque l'art
moderne célébra sa renaissance au com-
mencement du XVI* siècle. La passion
qui avait saisi l'Italie pour les débris de
l'antiquité se communiqua à toute l'Eu*
rope ; la découverte de précieux monu-
ments Texcita encore , et ne resta pas
sans influence sur la sculpture. L'étude
approfondie de l'anatomie permit à Mi-
chel-Ange de donner à ses statues une
grande vérité de mouvement et d'expres-
sion. A cette époque, cependant, les or-
fèvres , qui s'occupaient principalement
de sculpture , comme Benvenuto Cellini
(voT^.), imaginèrent de donner à leurs
franda ouvrages ce faux brillitot qui sem-
blait plaire dans l'orfèvrerie , en sorte
que la sculpture s'éloigna de plus en plus
de cette noble simplicité qui distingue les
beaux monumenU de l'art antique. La
France, restée fidèle à U sculpture du
iBoyen-âge jusqu'à la fondation de l'é-
cole de Fontainebleau, fut entraînée par
k Primatice dans les voies nouvelles, etses
artistes se laissèrent aller, comme les élèves
de Micbel-Ange|à une imitatioii trop sar-
vile de U nature. Ainsi, même dans les
meilleurs ouvrages de Jean Goujon {voy»
tous ces noms) et de ses contempo-
rains, on rencontre parfois une repré-
sentation maniérée delà forme humaine,
et des détails d'une richesse souvent sur-
abondante, mais du plus précieux fini. En
Italie, nous nommerons, parmi les plus
habiles imitateurs de Michel-Ange, Fran-
cavitla. La Lombardie compta plusieurs
fondeurs de mérite , qui ont produit des
bas-reliefi , des arabesques et des statues
fort estimables. Comme Orvieto l'avait
été dans une époque antérieure, Loretta
devint une espèce de musée des produc*
lions de celle-ci. Torregiano porta le
style italien en Angleterre et en Espa-
gne. L'Allemagne aussi suivit l'exemple
de l'Italie ; mais elle ne sut passe garan-
tir d'une exagération qui permet à peine
de reconnaître le modèle dans la copie ;
il faut excepter, cependant, les bas-rdielk
dont Matthieu Kollin orna le tombeau
de l'archiduc Maximilien , à Salzbourg.
Le besoin de nouveauté fit dégénérer
de plus en plus l'architecture et la sculp-
ture avec elle. On s'habitua à voir des
bâtiments surchargés d'omemenls y sans
aucun égard à leur distribution ou à leur
destination, des colonnes accouplées, des
frontons brisés et d'autres choses aussi
bizarres. Finalement, on trouva tout cela
charmant : aussi n'cut-on point d'objec-
tions contre les monuments de Bernini
(î7o/.), qui ne tenait aucun compte ni de
la nature des matériaux ni des lob de
l'art. Les services que cet artiste célèbre
rendit sous le rapport technique suffirent
pour le justifier aux yeux de ses contem-
porains, habitué qu'on était, depuis Jean
de Bologne et Fiamingo, à priser par«
dessus tout ce genre de mérite. L'orgueil
des artistes, qu'une critique sévère ne
contenait pu, alla si loin qu'ils osèrent
porter la main sur les cbels-d'ceuvre an-
tiques pour les approprier au goût cor-
rompu de l'époque; et les Français, qui
donnaient alors le ton à l'Europe pour
tout ce qui concernait lea sciences et les
arts , vantèrent comme un triomphe de
l'art moderne sur l'art antique les corps
nus de Paul Ponce Trebati , les sUtues
vmlées de Corradini et d'autres sem-
blaUes productions d'une imagination
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(166)
SCU
«abdite. U failot Its traYaiu d« Wip-
ckel«Miii (voy, ) bot l«t moDumeDU de
raouquitéy dat idées plii» justes sor
l'encieaoe architecture » idées dévelop-
pées par uoe étude plus approfondie
des ruines de la Grèce, ainsi que par les
recherches de la société des dilettanti,
les épigrammes de Milizia et finalement
Texemple de quelques habiles artistes,
pour Âiire sentir jusqu'à quel poiot la
aoilpture était déchue au milieu du xviu^
sîède. Les ouvrafes de Sergell ^ qui au-
raient pu 1^ faire loucher au doigt , ne
fixèrent l'attention que d'un bien petit
nombre de personnes. CanoTa fut plus
heureux;' et quoiqu'il n'e&t pas secoué
entièrement la poussière de l'école à la-
quelle il s'éuit formé, il exerça une puis*
santé influence sur la sculpture, en lui
gagnant de nouveau Testime publique. Il
fut asses favorisé par la fortune pour vi*
vre au moment même où la France ré-
publicaine protégeait la sculpture comme
l'art le plus monumental; et 4a rivalité
de Tborwaldsen le contraignit à faire les
plus grands efforts. Comme à l'époque de
la renaissance, ce fut l'Italie qui eut la
gloire de remettre en honneur la sculptu-
re, de lui prescrire les limitesoù elle doit
ae renfermer, de faire connaître lesgrands
moyensdoDtelledispose, ainsi queses rap-
port8avecl'antique(2H>f .ce mot).Lascuip*
ture et Tarchitecture ont renoué leurs
relations fraternelles; la première a su
profiter de toutes les découvertes récen-
tes de la science, surtout en ce qui oon-
eerne la fonte et le jet des métaux; et
par le rang qu'elle a reconquis, elle est
redevenue ^hgne de préparer des ma-
tériaux k l'histoire et des sujets d'étude
à l| postérité.
L'ère nouvelle de la sculpture date,
oomme nous venons de le dire, des tra-
vaux de Winckelmann. Il fut heureux
que quelques artistes, comme Gavin Ha*
milton, Julien et Cavaceppi, se montras-
sent disposés à appliquer ses théories.
Cependant l'art resta vacillant longtemps
encore entre Tidéal et la nature; il man-
quait de caractère, laissait froid , et ^ar-
vait tout au plus à satisfaire les lantai-
aies du luxe. Mais Canova, par le charme
et la grâce qu'il sut mettre dans ses
grands ouvrages, parvint à attirer l'inté-
rêt général. U forma une école que sou-
tinrent ou soutiennent encore en Italie
d*£ste, Marchesi, Ricci, Finelli, Posai et
ifne foule d'autres artistes qui jouissent
d'une réputation justement méritée, tan-
dis que Tenerani,Luigi Bienaimé et Galli'
ont pris Tborwaldsen pour modèle. Gm
dernier a contribué, plus que CaooTa
peut-être, àfaire remonter son art au rang
dont il était déchu. De nos jours, en ef-
fet, grâce aux efforts de ces de«x hommes
de génie, la so^lpture est cultivée avec
succès dans l'Europe entière. La France
cite avec orgueil dee noms tels que Bridan,
Cortot, Bosio^ Lemoine, David, Flatters,
Fessard) Lemaire, Dumont, Duret, Pra-
dier, Étex, Foyatier, Gechter, etc., di-
gnes successeurs des Dupaty, des Lemot,
Cartellier, Houdon, Chaudet , Falconet,
Bouchardon, G. PiUon, Pigalle, et sur-
tout der Girardon et des Puget (tfo/. la
plupart de cea noms). L'Allemagne lui op-
posedea noms non moins célèbres, telsque:
Fernow, Zauner, Schadow, Rûhl, Ranch,
Tieck, Wichmaon, Ëberhardt, Schwan-
thaler, Dannecker, Obmacht, Schaller,
Haller,Rietschel,Stiglmaier,Schœpf,etc.*
L'Angleterre aussi compte un grand
nombre de sculpteurs , comme Cibber,
Rysbrack, Sbeemaker, Roubiliac, Wil-
ton, Nollekens, Flaxman, Westmacott|
Chantrey, Bailey, Wyatt,Gib9on, Cotte-,
ril^; mab aucun d*eux ne jouit d'une
réputation européenne, malgré leur ta-
lent incontestable. Dans le Nofd, l'école
de Tborwaldsen se continue par Freund^
Salmson, Blunck, Bystrœm, Fogelberg.
Au grand sculpteur danois se rattache
aussi le plus célèbre sculpteur belge,
Kessels, sur les traces duquel marche
avec succès Geefs. Le sculpteur hollan-
dais Gabriel appartient, au contraire^
à l'école de Canova. En Espagne, Alva-
rez peut passer à juste titre pour un des
pliu illustres sculpteurs de ce siècle ; sans
oser prétendre à un rang aussi élevé, Gi*
nés, Agreda, Alberis et Sola, tiennent
(•) Parmi eux, Daonecker, Ohmach», Raoch,
Scbadow, TieciL» ainsi que Scblater, oot des ar-
ticles dani cet ouvrage. La France pourrait ré-
clamer le aecoed qni a véca k Straaboorg, oà
il est mort Stigimaier vient de moarir (nari
1S44) k Munlt'li, aa moment on il terminait lé
Statue colossale de G«the. S.
(**) ft^, ttàMÈLkm et CsASTâÉT.
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»CTr
ini)
8CY
plâC8 eaoore fort dUUiigvéè. Le
sculpteur portQ^ab Machado de Castro
a été Baroommé atêc eapbase le Caoova
Insitaoien ; il fonda une école dont eét
■orti Rodrigue», et eut pouir riiral Garcia.
La Hongrie ne possède qu^un seul sculp-
teur de renom, c'est Ferenczy, l'élève de
Thorwaldsen, dont l'influeBce s'est éten-
due jusqu'en Russie par un autre de ses
élèves, Orlowski (mort en 1837), qui, né
serf, avait d'abord eu pour maître Martos,
le plus célèbre sculpteur russe (mort en
18d6)*— - On peut consulter: Cicognara
{voyJ)f Sioria délia scultura{ïïovLy, éd.,
Prato, 18^4 et suiv., 7 vol., avec atl.),
l'histoire la plus complétai sinon la plus
impartiale de la sculpture; puis, en on^
tre^ Émerie-David, Recherches sur l'art
statuaire^ considéré che% les anciens
et chez les modernes^ ouvrage couronné^
par rinstitnt de France (Paris , 180S,
ia-8*). C. L. m,
SCUTAEI ou IsKimAR, ville de
35,000 âmes, qui est comme utt foubourg
de Gonstantinople (vo/.), en Asie,de l'au-
tre côté du Bosphore, détroit qui sépare
les deux continents.
SCTLAX, de Cpryande, en Carie, géo-
graphe de l'antiquité sur lequel nous n'a-*
TOUS point de données certaines.On peut
même supposer qu'il y eut plusieurs per-
sonnages du même nom, et qui acquirent
le même genre de célébrité.Hérodote parle
d'un Scylax qui futchargé par Darius, fils
d'Hystaspe, d'eiplorer les côtes de l'o-
céan Indien. Aristote et plusieurs autres
auteurs citent un Scylaz qui a raconté des
faits plus ou moins e&t^ordinaires sur
rinde, mais qui n'a que ce rapport-là
avec celui d'Hérodote. Malgré l'extrême
difficulté de les faire concorder tous les
deux, quelques écrivains moins anciens
ont essayé de prouver qu'il n'a existé
qu'un seul Scylax. Quoi qu'il en soit,
et qu'il y ait ou non nécessité de recon-
naître un on plusieurs géographes nés à
Caryande, et appelés Scylax, il existe,
sous ce nom, un Périple, ou relation
d'une circumnavigation le long de la
Méditerranée. Cette description ^ asses
succincte, embrasse les contrées et cités
littorales du détroit de Gadès, suit les
oôtes de ribérie, remonte vers l'iulie
qu'elle parcourt an détail, pour visiter
ensuite le Ultorml de la Grèee, de Ih
Thrace, du Pont-Euxki , de l'Asie- Mi-
Bieure, de k Syrie, de la Phéiikie, de
l'Egypte et de tout le côté septeatrhmd
de l'Afrique. Quelque incomplet que soit
ce Périple^ il jette cependant quelques
lumières utiles sur la géographie des aa-
ctens, et semble même avoir été compoaé
pour l'instruction «le la jeunesse d'Athè-
nes, ou de quelque autre ville de la Grèce.
Il est compris dans le recœil des pedtt
Géographes (voy, ce demiernot); Hes-
iM^el ( Augsb., 1 600) et Gronovius (Leyde,
1697) en ont donné des éditions sépa-*
rées. D. A. D.
SCTIXA et Chautbdb. La mer qui
est resserrée entrera Sicile et l'Italie, Si"
cutum fretum^ on détroit de Messine,
avait,selon les anciens, deux écueils épou-
vantables, Charybde sur la côte de la Ca-
labre et Scylla sur celle de Sicile. G'éteit
la personnification des brisants et deé
tourbillons de cette mer féconde en nau-
frages. Tel était le danger qu'offrait jadié
le passage de ces deux éeueils, qu'on dit
encore proverbialement tomber de Cha*
rybde en Scylla. D'après hi fable, Scylhl
était une nymphe aiaiée de Gkuous qu'ai-
mait Circé , et que oetta magicienne par
jalousie étreignit d'iuie ceinture hurlant*
de diiens et de loupe. Frappée de déliré
à la vue de cette métamorphose, Scylla se
précipita dans la mer. Le, ses chiens épou-
vantaient les nochers de leurs aboiements,
et psir leurs bonds formaient un tourbil-
lon immense. Pour Charybde, c'était une
femme sicilienne qui vola des bœnls dé
Géryon à Hercule ; Jupiter la foudroya
et la changea en un gouffre. Charybde et
Scylla ne sont depuis longtemps que des
tourbillons fort ordinaires et peu dan-
gereux. Voy. SiciLs. F.D.
SCTMNIJS de Chios, géographe grec,
auteur d'une périégèse {yoy.)iBXk vers, qui
vécut environ 90 «ns av. J.-G. On a plu-
sieurs éditions de ce poème, et l'on doit
à Dodwdl une disNTtation de Scymno,
SCYTHB8. Les anciens géographes
donnent ce nom tantôt à un peuple uni-
que, tantôt aux tribus nomades qui ha-
bitaient dans les immenses plaines au nord
de la mer Caspienne et de la mer Noire
jusqu'au fond de PAsie orientule. Héro-
dote, celui de tous les historiens gred
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&Ek
(1«8)
S£B
qui • pu k QÙenx les ooDiiailre, «mire
que, dans leur propre laogot, ils t'appe-
laient Skolotet (IV, 6) et qu*iU se 4hi-
MÎeot enScjlhet propreaeDt dits, dont la
principale tribnétaient leftScy thés royaux
(la Horde d'or?), et en Scythes agricul-
teurs. Les premiers, généralement no*
inades , occupaient la steppe au nord de
laTauride; les autres s'étendaient de leurs
confins jusque dans les régions septentrio-
nales de la Russie d'aujourd'hui. On sa-
irait avec certitude qu'ils étaient venus de
l'Asie^ et les Perses leur donnaient le nom
de Saces (sâxoc). Ils avaient des rois» et
quelquefois ib étaient réunis sous l'au-
torité d'un seul. On les autour à tour re-
gardés comme les ancêtres des Slaves, des
Finnois et des Turcs, Komans {voy.) ou
autres^ mais Schafarik croit qu'ib ap-
partenaient à la famille mongole, comme
les Huns et les Avares. Peut-être les Sla-
ves les comprenaient-ils sous le nom de
Tclioudes^ dont les Grecs auraient alors
fermé celui de Scythes. On ne tarda pas
i confondre sous ce nom les peuples les
plus divers, de telle sorte que la dénomi-
nation de 4Sc;^Mi>s'étendit à tout le nord-
est de TEurope, depuis le Pont^Euiin jus-
qu'au-delà des sources de VHyj>anis. La
confusion augmenta encore lorsque les
Strmates (vo/.) eurent soumis les Scy-
thes. Après Hérodote , c'est Hippocrate
qui nous donne les notions les plus exac-
tes sur les Scythes. Th. -S. Bayer {Opusc.
ad histor. antiq.^VikWt^ 1770, in- S*') et
Pïiebuhr [Kleine hUfrisçhe Schri/ien^
X. r'yBonUflSaS) ont écrit sur eux des
choses excellentes) nous citerons en ou-
tre la savante dissertation de M. Brand-
stseter (Scythica, l^œnigsb . , 1887); mais
ce qu'on peut lire de plus satis&isant sur
leur compte se trouve dans les ^/ti/çn/-
tés siaçonnes de M. Schafarik, t. I«r, p.
367 et suiv. S.
SEAPOTS ou CiPAYBS, fantassins in-
digènes de l'Inde, dont les Anglais, a
l'exemple du gouvernement colonial de
Pondichéry, jadis plus puissant qu'au-
jourd'hui, ont formé de nombreux régi-
ments d'infanterie généralement com-
mandés par des officiers européens. Ces
hommes à la fois dociles, sobres et accli-
matés, sont pour eux de précieux anxiliai-
icf • Le nom vient de sip , arc ; maisde-
puis longtemps les Cipayes sont armés
d'un fusil et d*ttn sabre. Foy, anssi Spahk
SÉBAâTlAMI (HomACB-FmAirçois-
Bastixh, comte) db laPo&ta, maréchal
de France, né à la Porta, bourg du voi-
sinage de Bastia en Corse , le 1 1 nov.
1775, entra de bonne heure an service,
et obtint un avancement rapide pendant
les premières campagnes de la révolution.
Sa belle conduite à la bataille d'Aroole
lui fit donner le grade de chef de bataîl*-
lon par Bonaparte, et il fut fait colonel
par Moreau sur le champ de bataille de
Vérone (1799). Prisonnier des Russes à
Verderio, il ne tarda pas i être échangé,
et (ut appelé à Paris avec son régiment
afin d'en réparer les pertes. Ses déméléa
avec le société républicaine àa Manège,
lui donnèrent des droits a k confiance
de Bonaparte , qui , à son retour d'E-
gypte, en fit un des principaux instru-
ments de sa fortune, au 18 brumaire.
En effet, les dragosu de Sébastiani se*
coudèrent activement ce célèbre ooap
d'état, et la présence de leur colonel an
conseil des Cinq-Cents ef au palan du
Directoire, décida du succès de la jonr-
née. L'année suivante, il combattit à
Marengo, et fut chargé, avec Marnent,
de présenter les bases de l'armistice de
Trévise. A la suite de la paix d'Amiraa,
Bonaparte l'envoya en misuon à Con-
stantinople, pour remettre an saltkan
Sélim des propositions de paix. De gran-
des difficultés s'opposaient a l'accomplis-
sement de ce projet : l'envoyé français
eut à lutter non-seulement contre le
mauvais vouloif du divan, mais contre
les dispositions hostiles des ambassadeurs
étrangers. Cependant il réussit, etle pre-
mier consul lui témoigna sa satisfiuAion
en le chargeant bientôt après d'une se-
conde mission non moins importante qne
la première. Il s'agissait en apparence
d'aUer exiger l'évacuation d'Alexandrie
par les Anglais, en exécution du traité
d'Amiens, mais en réalité, le premier
consul qui prévoyait la possibilité du re-
tour des Fraoçais en Egypte, ûiisait son-
der le terrain par son envoyé, et dirigeait
en même temps son attention sur les lies
Ioniennes, occupées alors par les Russes.
Les projeu de la France éventéa par le
pacha de Saint-Jean d'Aore hâtèrent la
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SEB
(IW)
SEB
mptan avec PAngleterre. Le pranier
comI rappela son repréMiiUnt, et après
Itai av okr donné le grade de général de
Wigade, il lui confia rinspeetlon dei co-
tas de rOoéan, depnb la Vilaine jusqu'à
Brest. En 1804^ il fnt envoyé en Saiase
•t en Franconie, pour observer les mou-
TeBMnts de l'armée antriehienne, et ses
avis, parvenus a propos, déoidèrent la
«sampagne d*Atttriche à laquelle il prit
une part active. Gommahiéint l'avant-
garde de la cavalerie aujL ordres de M^-
xat) il entra l'un des premiers dans Vien-
ne. Après s*élre distingué à HoUabrûan,
il fit une charge heureuse à Austerlitz,
Maïs j fut grièvement blessé. Cette action
d'édat lui valut le grade de général de
division, et k 2 mai 180€, Tempereur
lui confia le poste important de l'am-
bassade de Constanlinople, où il devait
se couvrir d'une gloire immortelle.
Cette fois encore , il avait à lutter
contre l'influence anglaise, et contre la
Irajcur qu'inspirait à la Porte otbomane
la prévision d'une guerre avec la Russie.
Après avoir obtenu l'aUiance de Sélim III
(vo/.), il le décida à se déclarer contre
les Eusses, mais en même temps il pro-
tégea l'ambassadeur du tsar contre les
Turcs, qui voulaient l'enOermer au châ-
teau des Sept-Tours. Alors l'Angleterre
donna l'ordre à sa flotte de franchir les
Dardanelles, et d'aller forcer, dansCon-
stantinople même, le sulthan à se repla-
cer sons son influence. A celte nouvelle,
k général Séba^ani essaya, mais en vain,
de triompher de l'apathieothomane : il ne
put obtenir que \è détroit et la ville fus-
eent mis en état de défense, et .lorsque
l'amiral Duokworth parut, la menace à
IfL bottchey k divan effrayé envoya si-
gnifier à l'ambassadeur ^Irançais, que k
peupk koonsidéraitcommelaseuk cause
ck celte guerre, et qu'il eut à quitter
Constantinopk. Le général Sébastiani re-
fusa de se soumettre à cette décision, et
ajouta en congédiant l'envoyé du sul-
than : « Dites à votre prévoyant monar-
que, qu'il ne voudrait pas descendre du
haut rang où l'ont placé ses gkrieux
ancêtres, en livrant une viUe de 900,000
àoies, qui a des armes, à quelques vais-
seaux angkis. » Sélim, honteux de sa fai-
blesse, êongea dès lors i^ sa défendre, tt
confia à l'ambassadeur françab le soin
de diriger les négoeiations à l'aide des-
quelles on devait tromper l'amiral Dodi-
vrorth, et d'armer en même temps les
remparts de la ville. Tout réussit au gré
du général Sébsstiani^ et lorsque le com-
mandant des forces britanniques s'aper-
çut que les négociations entamées n'é-
taient qu'un moyen de gagner du temps,
il était trop lard pour assurer le succès
de son entreprise, et ss flotte eut grand*
peine à repasser le détroit des Darda-
nelles à travers les batteries otbomanes
qui lui firent éprouver des pertes sé-
rieuses. Le général Sébastisni, à qui re-
vint tout l'honneur de cette belle défense,
reçut les remerclments de Sélim an nom
de k nation otbomane, et Napoléon lui
envoya le grand-cordon de la Légion-
d'Honneur (7 avril 1807).
Quelque temps après la révolution
qui renversa Sélim du trône, le général
Sébastisni revint en France, et fut bien-
tôt dirigé sur l'Espagne, à la suite de la
honteuse capituUtion de Baylen. Nom-
mé général en chef du 4^ corps, après la
prise de Madrid, il força le passage de la
Guadiana, et gagna la bataille de Ciu-
dad-Réal et de Sanu-Cmz. Il défit à
Almonacid l'armée espsgnok qui mar-
chait sur Madrid, enleva les retranche-
ments d*Ocana et de Montisson, où il fit
une multitude de prisonniers ; et, après
un engagement à Alcala-Réal, il entra
dans Grenade. Maître de cette ville, ainsi
que des provinces de Jaên et de Malaga,
il s'efforça d^y ramener k tranquillité,
en faisant poser les armes aux d^ris des
armées espagnoles, et notamment à deux
batailfons de moines. Puis il fit réparer
les fortifications de Grenade, construisit
un pont, une salle de spectacle, des pk-
<ies publiques, des fontaines, etc., et
s'occupa sous tous les rapports de l'ad-
ministration du pays placé sous son au-
torité. Inquiété par les Anglab, il re-
prit sur eux le fort d'Estapona, et fit
prisonnier un régiment entier. Mais les
latigues de la guerre le décidèrent à de-
mander son rappel, et il rentra en Franeci
en ao4t 1811. Malgré l'altération de sa
sant^ il voulut faire partie de l'expédi-
tion de Russk, et fot pkoé à l'avant-
garde. U combattit avec éokt à SflM>knsk
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3EB
et à la Motkvft, et eotra^ ik
àmm la Tieille capitale de la Rnaue. Pen-
dant la retraite, il lutta sanarelàobe con-
tre rennemi qui ne put Ini enlever qn^une
partie de ion artillerie, et qui Ivî fit moins
de mal que le cUmaU Blemé à Leipiig, il
retronva aaaea de force ponr oontrîbaer
à la défaite da général de Wrède à Ha-
naa. Il it k campagne de Franee à la
tète dn 6* corps, chargé de la défiense dn
Bas^Rhin, pnis, vree trois régimenta de
caTalerie de la gardeimpériale, il se dis-
tingua à Reims, à Arcis et à Saint-Dizier.
Resté sans emploi pendant la première
Restauration, il fut envoyé dans les Gcnt-
Joursà la Chambre des représentants par
lé département de TAisoe, et après Wa-
terloo, il fut désigné, avec La Fayette,
d*Argenson, Pontéoonlant , Laforèt et
Benjamin Constant, pour aller traiter de
la paix avec les souverains alliés. On sait
quelle fut Tlnutilité de cette démarche.
Le général Sébastian! se retira d*abord
en Angleterre, mais l'année suivante, il
reparut en France, eiSi il fut mis en de-
mi-solde. En 1819, la Corse l'élut ponr
la représmter à b Chambre des députés.
Il alla s'asseoir à Textréme gauche, et s'y
fit remarquer par une opposition vigou-
reuse. Labsé en 18S4 sur le champ de
bataille das élections, il était rentré dans
la retraite, lorsqn'après la mort du gé-
néral Foy, l'arrondissement de Yervins
le choisit, en 1826,^ pour remplacer l'il-
lustre orateur. Toujours hostile an mi-
nistère, il ne négligea aucune occasion
de le ^ïombattre et de critiquer tons ses
actes. Réélu en 18S7, il donna de nou-
veaut gages è l'opinion constitutionnelle,
et dans la discussion de la loi départe
mentale, en 1829, il défendit avec une
grande supériorité les amendements de
la commission dont il- était rapporteur.
On sait que le ministère retira sa loi, vic-
time d'un premier échec dans le vote des
articles.
En 1880, à la suite des événements
de Juillet, le général Sébastian! fit, en
qualité de député présent à Paris, partie
de la commission chargée de modifier la
charte, et le nouveau roi le comprit dans
l'organisation de son premier ministère.
Chargé, le 1 1 août, dn portofeuiUn de
la marine, il pâme, le 17 nnv.^ anx aHû-
(170)
S£B
réohal Maiams. La situation était grave^
et les difficolléa surgissaient de tonte»
parte. Conservé le 18 mars 1881, dast
le remaniement dn ministère Périer, kf
général Sébastiani esmbla d'abord ne pné
vouloir affronter k session qui alhdt
s'ouvrir : dès la discuisioB de l'adreate,
il rapporta son portefeuille an roi; malt
sa démission ne fut point acceptée. U
eut alors une vive lutte a soutenir oontm
l'opposition qw poussait è la gnerre (vof .
LàMAXiqmj MAunuiv, ete.) et qui re^
prêchait au ministre des affaires étrange*
res de soutenir un système de paix è tout
prix, indigne de la France et contraire
è tons ses intérêts, surtout en ce qui
concernait là-Belgique, la Pblogne et H*
talie. Offensé de quelques paroles pro«^
noncées à la tribune par le général La-
marque (vof .), le comte Sébastiani In
provoqua et il s'ensuivit un duel qui,
quoique acharné, n'eut cependant pair
de conséquences funestes. Lorsque k Po-
logne succomba dans k tentative qn'elln
avait faite ponr reconquérir son indé-
pendance, le général Sébastiani acheva de
s'aliéner l'Opposition, en venant proférer
à k tribune lesmalheurenaespmlea qui
lui ont M si souvent reprochées deplUs :
L'ordre règne à Farsepie. Le S4nov., il
fut chargé encore par in^rim du porto-
fenilk de k guerre qu'il garda jusqu'au S
juillet 188S. Cependant sa santé cbanoe-
lante lui ayant rendn nécèmaires l'emploi
des eanx de Bonribonneet le dimat de Ni-«
ce, il renon^ pendant quelque temps aux
afkires, mais en conservant k titre de
ministre sans portefeuille, avec entrée an
conseil (3S mars 1888). Ses adversairea
politiques lui préparaient un échec qu'il
ne put parer, au début de la session dn
1884. Il s'agissait d'un traité provisoire
qu'il avait signé, en 188 1 , avec les État*-
Unis pomr le paiement d'une somme de
26 millions, que la Chambre ne voulut
pas rcoonnettre. Le soir même, k géné-
ral Sébastiani remit sa démission enim
les mains du roi, qui l'accepta malgré In
grand attaehement qu'il afait ponr Ini.
Trois jours après^ k.4 avril, il reçut en
dédommagement l'ambasnde de Naples.
Le7 janrier 1885^ il passaàcelkdeLôn-
dresi et k Chambre ayant para oMnreqn'H
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SËB
(171)
SEC
etttéMitftiftpowMUiiéDeMttédcM 9M*
ir^ettretiiDe BOttvdle ékctâon, il eofoya
«a «lémiiMOB à sa nafedilAÎre». Quel-
ques mois apfès, sob fràre^ le général Ti-
iHurceSébasliMii*! dépaté d*AjaocM>,soiiP
mis tusaî à Im réélactien par suiie de sa
BominetioD ta oonmaDdemeiil de le 7^
dUfieioii militaire^ lu céda ses droits,
et l'ambasiadeiir d'Angleterre fm élu à
Funaninîté par ses eompatriotea. Pen*
dant tOBt le temps ^e dnra sa raisnon à
Londres et qai ^t rempti par d'impor*
tantes négoolationsy comme celles relatî-
vea à la tionstitatkm définitire de la Bel-
gique, an droit de visite maritime dans
Pintérèt de la snppresrîon de la traite di»
naîrsy et à la pacifioatioB de rOrient, il
assista pett anx débats de la Chambre, et
B^en fnt pat moins réélu deux fois à Ajac-
oio et uoe fois à Bastia. Lorsque les rap-
porta de la Fraaee avec l'Angleterre œs-
sèrent d'être intimes et qu'un langage
plus fonneet une déférence plus excla-
sive pour les déeitlons ministérielles pa-
rurent nécessaires, il fut rappelé (9 fé-
vrier IS40), et remplacé par M. Guiaot
dont la présence dans la coalition avait
abouti k la IbrmatioB du ministère de
M. Thiers {w>y.)y dit du 1"": avrU. Mais
grâcoà la confiance dont il jouissait près
du souverain et à la souplesse de son es-
prit, formé par une longue expérieBce,
le général Sébestia&l b'cb conserva pas
moins une certaine influence sur les af-
faires, et ton autorité est restée grande
dans la Chambre dont il est nwmbre en-
core anjourd'bui. Le SI oet. 1840, il
r«^ot le bâton de maréchal de France ;
le collège d'Ajaoeio lui renouvela aussitôt
son mandat. Mais depuis cette époque,
il n'a fait à la tribune que de rares ap-
paritioBs. Une fois, en 1841, il a parlé
en favemrdes fortificattoBs de Paris, et a
vt>té contre tous les aasendements* Après
la mort à jamais regrettable dtt duc d'Or-
léans, en 1843, il a été nommé prési-
dent de la commission d'examen du pro-
jet de loi sur la régence.
Le maréchal Sébastlani avait épousé
en premières noces M'** de Coigoy, qui
moostit pendant sa célèbre ambassade de
(*) Aujoard^bo! commandant de U i'* diri-
ftîon militaire, dont l« »lége ett à Paris, et où il
sèccéda ao géaéral PajolW.), dapuit décédé.
eeBalaBtiM>ple. Marié depuia ài M>>« de
Grammont, il a eu la douleur de la per-
dre le 8 1 février 184S. D. A. 0.
SÉBASTIEN (don), roi de Portufil,
né en 1564, éuit fils de rinfisat Jean et»
par sa mère, petit-fils de Charles- QubL
Arrivé an trône dès l'âge de 3 ans, à la
mert de Jean m, son grand-père, il ae
distingua par une extrême soumission «u
Saint-Siège. Après une première expédi-
tion contre les Maures, entreprise dans
l'année 1574, il retourna en Afrique eo
1678. Le 4 aoAt de cette année eut lieu,
dans la plaine d'Alkassarquivir, «ne ba-
Uille sanglante, où les deux sulthast
compétiteurs au tr6ne de Maroc périrent,
et après laquelle don Sébastien lui-même
ne reparut point. On ne sait ce qu'il de-
vint. Le cardinal Henri prit alors la ré»
gcBoe dcBs le Portugal, qui, après sa
mort| deviut la proie de Philippe U. Plu-
sieurs faux Sébastien se montrèrent) mais
ils périrent, soit snr l'éohafaud, soit dans
les cachots. X«
SÉBEKTÉEUIIDES, voy. QtzMi-
TIBXS.
SÉCANTE (de seeare^ couper, fen-
dre), terme usité en géométrie pour dé-
signer nue ligne qui en conpe une autre
ou ia divise en deux parties. Todte ligne
droite qui en traverse une autre est donc
une séômte : on la dit perpendiculaire
(voy») ou oblique suivant sa position re-
lative à la ligne coupÀ. Il est facile de
démontrer qne d'une pareille section ré-
sulte égalité d'angles poar ceux dont les
sommets sont respectif ement opposés. Les
rapports des angles résultant des sections
de lignes sont surtout étudiés dans la
théorie au parallèles {vcy.)^ où le mot de
sécante s'entend particulièrement d'une
ligne droite coupant les deux lignes pa-
rallèles. On nomme encore généralement
sécante une ligne droite traversant en
un sens quelconque un cercle dont die
coupe la circonférence en deux points.
Biais en trigonométrie ce nom est réser-
vé à une semblable ligne tirée du centra
d*un cercle et qui, coupant la ciroonfé-
reoce, est prolongée jusqu'à ce qu'elle se
rencoiUre avec une tangente au .même
oerde. On nomme alors coiéctmte la
sécante du com|^émcnt de Tare de cer-
cle qui est compris entre elle et le rajon
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SEC
(i7J)
SEC
iboatiasani à la Usgente, ce qui revient
à dire que la cosécante d'un arc «tt la sé-
cante d'un autre arc dont la> mesure est
le complément du premier on ce qui lui
manque pour valoir 90^. L. L.
SÈCHE ou Seiche^ vof • C^phalo*
ponEs.
SÉCHELLES (îles), vo^* Sstchel*
LES.
SÉCHELLES (HiRAULT de}, voy.
HiaauLT.
SECOND (Jean), voy. Jean.
SECOURS PUBUCS, voy. Hôpi-
taux ET Hospices, Notïs, AsPHTaiis,
Iecendie, Police, Salubeit^ etc.
SECRETAGE, voy. Feuteb.
SÉCRÉTION (de secemere, sépa-
rer), fonction ayant pour but de séparer
du sang des matériaux divers dont les
uns sont destinés à être éliminés com-
plètement, tandis que les autres ont à
concourir à l'exécution de divers actes
de Téconomie. Mais ces produits ne s'or«
ganisent point, et c'est ce qui établit la
différence entre la sécrétion et la nu-
trition {vox* ce mot). Cette séparation
a*opère soit au moyen d'appareib spécia-
lement disposés, soit par rintermédiaire
du tégument tant interne qu'externe, et
même du tissu cellulaire, comme aussi
des membranes séreuses, synoviales, etc.
On est surpris de la multiplicité et de la
variété des sécrétions ; cependant elles
peuvent se rapporter à quelques groupes :
telles sont les sécrétions cohérentes , qui
donnent naissance aux fils de l'araignée,
du ver à soie, etc., et aux concrétions
calcaires comme les perles, les yeux d'é-
crevisse. Viennent ensuite les sécrétions
non cohérentes, dont les unes, sans carac-
tère spécial, demeurent renfermées dans
le corps, soit dans les interstices des tissus,
soit dans des vésicules particulières; les
autres se répandent à la surfoce sons
forme de liquide ou de gaz. Enfin on
connaît plus particu lièremen t sous le nom
de sécrétions celles qui offrent un ca-
ractère spécial et s'opèrent dans un or-
gane tout-a-fait distinct, comme le foie,
les reins, les glandes salivaires, mam-
flsaires, etc.
Ce sont les recherches plus profondes
et plus attentives de la physiologie mo-
derne appuyée sur toutes les sciences
physiques et mathématicpics, qui ont fait
envisager la sécrétion dans son ensemble
en rapprochant des faits dont l'isolement
avait fait méconnattre l'importance et
les rapports, et qui ouvrent la voie à de
nouvelles découvertes en signalant les
points à éclaircir. Nous sommes encore
pea éclairés sur la sécrétion et les usages
du corps thyroïde, du thymus, des cap-
sules surrénales, et enfin de la rate; nous
entrevoyons mieux la production de la
sécrétion pigmentaire delà peauj de la
choroïde, «t de l'enduit phosphorescent
de ceruins animaux ; enfin nous voyons
clairement le but et les usages de la li-
queur qui baigne les membranes séreuses,
delà synovie qui favorise les mouvements
des surfaces articulaires, et de la graisse
déposée comme en réserve dans les aréo-
les du tissu cellulaire.
A mesure qu'on s'approche des sécré- '
tions à organes spéciaux, on acquiert de
plus en plus de eertitude et d'évidence.
L'eau cutanée (transpiration et sueur),
l'eau pulmonaire sont la conséquence de
décompositions successives de composés
organiques, ramenés pour ainsi dire à
leur plus simple expression. L'air que
l'on trouve dans la vessie nautoire des
poissons, l'acide carbonique formé par la
respiration, Tazèle qu'on rencontre quel-
quefois, appartiennent à la même série de
produits. Le mucus et le suc gastrique
sont de nature mixte, c'est-à-dire des-
tinés à être expulsés seulement après
avoir joué un certain rôle et concouru à
une fonction : ils ne sont plus de simples
résultaU de décomposition comme les li-
quides venant des sécrétions tégumentai-
res; ils ne sont pas non plus plastiques
et organisâmes comme la sérosité de la
plèvre ou du péritoine. '
Nous devons renvoyer anx articles spé-
ciaux Foie, Mamelle, Reihs, etc., tout
ce qui est relatif aux décrétions d'orga- '
nés particuliers, de même que pour se
faire une juste idée de la sécrétion en gé-
néral il faudrait consulter presque tous
les articles de physiologie, car il n'est
pour ainsi dire aucune fonction dans la-
quelle ne se présente quelque sécrétion
plus ou moins importante.
Les animaux les plus inférieurs et
même les végétaux présentent oe grand
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SEC (17S)
«louTenenI ifo déeompotilioii qui ba<
st;b
lance le momreaent BOiritîf y et de foètUB
cm y Toît des séerédoM de diserte at^
tnre, sar leiqaellefl noof ne poniroiw poiot
iMNit trréter ici.
La naladie modifie lesiécrétioBt d*aiie
nenière sensible : tentât elle lee toppri-
me pins on moins.complétenienty tentôt
elle infioe snr la quantité et la nature de
lenrt produits. Les Tims {voT') sont les
résnltats de sécrétion morbide. Souvent
«nasi la terminaison des maladies coin*
cide soil avec le rétablissement des sé-
crétions qui ont été suspendues, soit avec
un accroissement plus ou moins notable
des sécrétions muqueuse, urinaire ou cu-
tanée (voy, Caisb), et c*est sur cette ob-
senration que reposela pratique générale
consistant à provoquer des évacuations
au moyen de médicaments divers. F. R.
SECTES, partis religieux qui, s'atU-
chant {seetari) à des distinctions plus ou
moins importantes, et le plus souvent à
de vaines subtHités, se séparent d*une so-
ciété religieuse y d*une Église, pour se
gouverner d'après leurs propres idées,
ou qui en sont repoussées i cause de leurs
innovations qualifiées d'béréaie. Dèa l'o-
rigine du cbristiaBisme^ les sectes ont été
nombreuses dans son sein : l'Église ca-
tholique, fondée sur l'unité, n'en admet
pas ; toutefois les jansénistes et les molt*
nistes étaient des sectes, et l'on ponmit
qualifier de même les ultmmontains et
les gallicans ( vay, tons ces noms). Le
protestantisme, en proclamant le libre
examen, a beaucoup liavorisé l'esprit
de secte, qui a surtout pris un caraotère
prononcé chez les puritains (iiox.) et au-
tres sectaires d' Ecosse {voy. Doomb, H<*
misiB, ScHisMB, ÉoLiSB et tous les noms
particuliers dont on y fait mention). Pour
les sectes de l'Église orientale, vof. Ras-
KOLKULs, DouKBOBOETSBs, ctc. Avant le
christianisme, le judaïsme avait ses diffé-
rentes sectes (voy. Phabisibhs, SAonn-
cixvs, EssiHiEiis), et il en existe ausai
de nombreusesao sein de l'islamisme {voy.
SouMNiTES, Chutes, Hahépites, Soii-
Fis, etc.) et des religions polythéistes.
SECTEUR, THff. Cbbclb. La surface
d*nn seeteur s'obtient comme celle d'un
triangle rectiligne dont la base aurait pour
longueur l'arc qui le compote et pour
hauteur le rayon du cercle auquel 11 i|]^
partient, c'est-à-dire en multipliant ces
deux quantités 1\ine par l'autre et en
prenant la moitié du produit. Les sec*
teitrs semblables toixX. des secteurs de
cercles différents dont les rayons for*
ment des angles égaux. — Dans les cour*
bes qui ont des foyers, on donne aussi le
nom de secteur à l'espace compris entre
deux rayons vecteurs et la portion dn
courbe inter«)eptée : il y a ainsi des sec-
uurs elliptiques^ paraboliques^ etc. —
On nomme secteur sphérique {voy.
l'art. SpHiax) unsoKde engendré par la
révolution d'un secteur de cercle tour-
nant autour du rayon qui le partage en
deux parties égales : ce solide peut être
considéré comme un c6ne ou comme une
pyramide régulière ayant un nombre in-
fini de faces et pour base une calotte sphé-
rique; pour obtenir sa solidité, on mul-
tiplie donc la surface de la base ou caYotte
sphérique par le tiers de la hauteur ou
rayon. — Dans FastroOomie, on donne le
nom de secteur à un instrument ayant
moins d'étendue que le quart de cercle. Z.
SECTIONS, subdivisions des arron-
dissements de Paris, créées par un décret
de l'Assemblée constituante du 21 mai
1791 (voy. CoMMunrn dk Parts, T. VI,
p. 484). On sait quel r61e ces sections
ont joué au temps de l'anarchie révolu-
tionnaire, tantôt prêtant leur appui au
maintien de l'ordre (journée du l*' prai-
rial an ni), tantôt se mettant au service
des hommes de la Terreur, qui essayaient
de ramener ce régime détruit (journée du
18 vendémiaire).
8fiCTIONSC01fIQI7ES,'vor CôivK.
SÉCULARISATION.C'estracte par
lequel on fait rentrer dans l'ordre sécu-
lier^ dans le monde (qu'on appelait aussi
le siècle f sœculum)^ une propriété, une
institution cpi avait appartenu jusque-lè
a l'Église, à l'administration ecclésiasti-
que. C'est ainsi qu'on dit la sécularisa''
tion des biens du clergé, ^o/. ce dernier
mot et Bimrs nationaux. — Le clergé
séculier est celui qui vit avec le siècle,
avec le monde, par opposition au clergé
régulier f séquestré du Monde et soumis
à une règle.
SEDAINB (Michbl^Jsan), avieur
dramatique, membre de l' Académie*
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SEI)
(174)
SED
FraD^ûiCy né à Paris , en jnin oa joHIet
1719, était fils d'un architaota mwz ka-
bil6y mais qoî novriit laiisant set affairet
en fort mauvais état. Le jeune Sedaine,
à peine âgé de 15 ans, se trouva alors le
•eul soutien de sa mère et de deui frères
eu bas âge. Trop dénué de ressources et
d'instruction poursuivre d'abord la même
ourière que son père, il se résigna avec
Hiodestie à Tlramble métier de tailleur de
pierres, et fut employé en cette qualité
par Tarcbitecte Buron , aîeni du célèbre
peintre David. Son application et ses pro.
grès furent tels que, de simple ouvrier
qu*il était, Buron en fit bientôt son élève,
et ensuite son associé. Sedaine^cependant,
donnait à la lecture tous ses moments
de loisir. Ayant formé des liaisons avec
quelques poètes de second ordre, il s'es-
saya avec bonheur dans le genre de la
chanson, et son pot-pourri de la Tenta^
tion de S. Antoine eut une vogue popu-
laire. L'ingénieux et philosophique ba-
dinage intitulé ÉpÙre à mon habit le
fit connaître d'une manière encore plus
avantageuse. Il valut d'ailleurs k Sedaine
la protection deLeeomte,homme spirituel
et riche, et il devint l'ami et le commen-
sal de cet ancien magistrat. Cette nou-
velle situation l'ayant mis au-dessus du
besoin, il put dès lors se livrer exclusive-
ment à son goût pour le théétre. Ce ne
fut pourtant qu'à l'âge de S 7 ans qu'il
donna sa première pièce , le Diable à
quatre^ parade charmante, jouée en 1 766
sur le théâtre de la Foire, et dont Phili-
dor {yOy,) avait composé la musique.
Après plusieurs ouvrages bien accneilUs
du public sur la même scène, Sedaine fit
représenter, en 1764, è la Comédie-Ita-
lienne, Rose et Colas ^ le chef-d'œuvre
de l'opéra-comique dans le genre villa-
geois. Un succès plus éclatant lui était
réservé, en 1765 , au Théâtre-Français
avec le Philosophe sans le savoir^ drame
en 6 actes, pièce excellente et dont la vo-
gue semble s'accroître avec le temps. La
Gageure impréçue^ charmante comédie
en 1 acte, obtint plus tard un succès égal
et non moins mérité. Le genre du grand
opéra fàt moins favorable è Sedaine : il
n'y réussit que très médiocrement dans
Mine de Golcondeti Amphitryon; mais
chaque année il donnait au Théâtre«Ita-
lien- Opéra-Comique un ouvrage wm-^
venu. Après Philtdor, Monsigny et Gré-
try {voy, leurs art.) associèrent leur musé
a la sienne, et , pour chacun d'eux , ce
fut l'occasion d'une suite de triomphée.
Celui que Sedaine remporta, eu 1784,
avec Grétry, d«ns Richard Cœur- de»
Liony lui ouvrit les portes de l'Académie-
Fraoçaise. Il y prit place le d7 avril 1 7S6,
a l'âge de 67 ans. U était déjà, depuis
plusieurs années, secréulr^ de l'Acadé-
mie royale d'architecture. GaillûMme
Telif opéra- comique en S actes, joué en
1791, et dans lequel Sedaine eut encore
Grétry pour collaborateur, fut son der-
nier ouvrage dramatique. U mourut à
Paru, le 17 mai 1797, laissant une veuve
et plusieurs enfants sans fortune.
Sedaine, qui doit être regardé oomme
le véritable créateur dePopéra-oomique,
ce genre si éminemment français , fut,
dans toute Pétendue du mot, un homme
de bien et m homme de talent. Libéra-
lement doué par la nature, il ne dut pree-
que rien à Pétude : aussi, littérateur au-
dessous du médioere, fut^il un vrai poice,
si^ dans le poème dramatique, la poésie
consiste surtout à exprimer la passion
avec vérité, et à en faire passer les mou-
vements de l'âme du personnage daos
celle du spectateur. Or, ce ftit en quoi
Sedaine excella. Jamais auteur dramati-
que ne mit plus de naturel dans le dia-
logue, n'entendit mieux* la marche de
l'action , et ne combina avec plus d'a-
dresse et de bonheur les effets de aeène,
en les faisant surtout ressortir du mélange
de la galté et du pathétique. Là est le a«i>
eret du succès si populaire de hi plupart
de ses ouvrages; et cela rachète biep Piii-
oorrection , disons même la barbarie de
ses vers d'opéra-comique, admirableesent
coupés d'ailleuvs, pour le travail du mu-
sicien. La Harpe, puriste sans rémission,
a donc insisté avec trop de rigueur sur
les défectuosités du style d'un auteur qui,
dans /è Philosophe sans le savoir et dans
la Gageure imprévue ^ a prouvé qu'au
besoin il savait écrire avec autant de force
que de pureté, avec autant d'espirt que
de délicatesse. Outre ces deux chefihd'œu-
vre , Sedaine donna, en 1789, au Théâ-
tre-Français, Raymond, comte de 7bu-
iouse (en 5 actes et en prose). Une autru
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Ifirfif ou Paris *amé^ non Ftpr^yentéo,
9 ét^ imprimée, eo 1768, iii-8^.
Sedaioe « fait reprétenlttr sur dos di-
7lirf tbéàlre» lyriques 37 ouvrées, qui
presque tous ont réuMÎ, Après ceux que
Opqs ^voos menUovnéSy nous indique-
roi^ encore le Roi et le Fermier^ le Dé^
9€rteur^ Félix, ou l'Enfant trou$é^ avec
Monsigny \ le Magnifique^ Juaassinei
Ificoleite^ le Comte d* Albert ^ la Suite
^ cornted'Jlbert^BaoulBarée-Bleuef
%fec Grétry.
Indépeodanunent de ses pièces de théâ-
fr^ Sedaine a dooné au public le Vau^
de^liCf poème didactique en IV chants,
P^^ 1766, in-U. Ses Œuvres dra^
matiques oQt paruen 1 776, 4 vol. in-8<>.
Sçs OEuvres choisies (publiées avec une
potice sur la vie et les ouTrages de Tau-
teur, par Auger), Paris, 1813, t yoI.
in- 18. — Ducis et }M^^ la princesse
Constance de Salm lont publié l'éloge
de cet auteur. P. A. Y.
. SÉDÉCIAS , dernier roi de Juda,
690-688 av. J.-C, qui fut aveuglé et
«sunené en captivité à BabyloBOf vof.
9iBRBiJx(T. Xni,p,571).
SEDJESTAN, voy. Sxîstas.
SEELANDB, la plus importante des
Iles de la monarchie danoise (vqy. T.
Vn, p. 498). £lle est située entre le Cat-
t0^t et la Baltique; le Sund la sépare
de la Suède et le grand Belt de la Fionie
{;(fpiy.UM& ces noms). Elle a 16 è 17 milles
4e long sur Id à 14 de large. On évalue
«I superficie totale a 127 ^ milles carrés,
et sa population à 836,000 àm«s. Le sol
est bas, pUt, mais très fertile, surtout en
grains, et couvert de belles forêts de hê-
tres, d'ormes et de chênes. L'éducation
des VMtiauz a pris un grand développe-
ment. Les chevaux, de belle raoe,sont re-
cherchés fur les marchés étrangera. Outre
Gopenhagoe, la Seelande renferme Else*
iieur,avec l'ia^portante forteressedeKron-
bQrg;Eoeskilde(iior* ces noms), avec une
Olth^aie, beau monument godiique où
Von vçit Les caveaux des rois du Dane-
mark^Soroe, remarquable par ses établis-
«ime»ts Uttécaires; Leîre, Tancienne ré-
4dence des rois, aujourd'hui un simple
village; Frederiksberg, Frederikaborg et
pUl^Miri Antres ehàleaox royaux. La
sec
anrme,«vec les tlea^Borttholm,
de Samsoe, d'Amack, de Moeo, etc., «a
gouvernement de même nom, dont la su-
perficie totale est de 144 milles csrrés et
la population de 360,000 âmes. C. L*
SEGMEJNT (du latin segmentant^
section, division), voj^. Cercle. Pour ob-
tenir la surface d'un segment, on cherche
d'abord celle du secteur {voy.) qui serait
formé par deux rayons conduits à Textré*
mité de la corde, puis on en retranche celle
du triangle isocèle comprisentre cette cor^
de M les deux rayons. — Le segment sphé*
r/'^oe est le solide de révolution engendré
par la rotation d'un segment de cercle sur
la partie du rayon perpendiculaire au
milieu de la corde qui, de cette ligne, va
rejoindre la circonfiérence. Le volume
d'un tel corpss*obtienl aussi en calculant If
solidité dnseetenr sphérique, ayant la mê-
me calotte sphérique, eten en retranchant
celle du cône ayant pour base le cercle
engendré par la révolution de la oorde et
pour hauteur la partie du rayon allant de
cette corde an centre. — On donne en-
core le nom de sepnent à des parties de
diverses autres courbes. Z.
SEGRAIS (Jxair RxiMum/r, sieur
de), écrivain français connu surtout par
ses Églogues que Boileau cite avec éloge,
membra de TAcadémie-Française dès
1662, éUit né à Gara, le 23 août 1634,
et mourut dans eette ville le 1 6 mars 1 7 0 1 •
Quelques essais de poésie lui avaient valu
une espèoe de réputation dans sa ville na-
tale, lorsque le comte de Fiesque, qui s'y
trouvait par suite d'une disgrâce, l'cm-r
mena a Paris avee kû et, en 1648, le fit
entrer comme secrétaire au service de
M^^ de Montpenner (voy.). Cette prin-
cesse lui accorda plus tard le rang de
gentilhomme ordinaira. C'est en cette
qualité qu'il la suivit dans sa terre de
Saint«Fargeau, où elle avait dû s'exiler;
mais ayant osé désapprouver son projet
de mariage avec Laozon, il perîdit sa
place en 1672. M"''' de La Fayette lui
offrit alors un appartement dans son hô-
tel. Il ne fut pas étranger, dit-on, au ro-
man de Zaïde et a oekii de la Prin^
cesse de Clèpes. En 1676, Segrais se re-
tira dans sa ville natale, dont il devint
premier échevin, et où il épousa une ri-
che héritière. Outre ses Églogues (publ.
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SEG (176)
wte Jtkkf poème pastoral einv cbantt.
Paria, 17S8, in-S»), Segrais mt antenr
d'ane trad. eo vers franc, de VÉnéide
(166S-1681) et des Géorgiques (oun*.
posth., 1712, iD-8% qoi eut da saocès,
mm <|ve celle de DelÛle a ooflaplétement
fait oublier. On ne lit pat davantage an-
jourd'bai son roman de Bérénice (Partt^
1043 et 1650, 4 toI. in-8») et le Se-
gresîanoj ou Mélange d'histoire et de
lUlérature (1 7S2, in*8^) ; maïs on troaye
encore de Tintérêt à la lecture des NoU'
9eH£s franchisée f qui parurent en 1656
sous ce titre, et qu'il intitula ensuite Les
divertissements de la princesse Auréife:
G^est un recueil de 6 nouvelles racontées à
la petite cour de Mademoiselle. Em. H-g.
SEGUEDILLES, voy. Ai&, T. V,
p. 812, et BoLiiao.
SÉGUIER. Ce nom d'une ancienne
famille originaire du Languedoc, d'oà
elle passa dans le Quercy, a été illustré
dès le XIV* siècle où elle siégeait au par-
lement de Toulouse, avant de passer au
milieu du siècle suivant dans celui de Pa-
ris, par quelques-uns des magistrats les
plus intègres dont la France s'honore.
Nous leur consacrerons unecoorte notice.
PiSBES Séguier , « une des plus briU
lantes lumières du temple des lois, • an
jugement de Scév. de Sainte - Marthe ,
était né à Paris en 1504. La réputation
de talent quHI s'était acquise comme
simple avocat le désigna aux faveurs de
François I^*" qui le nomma, en 1585,
avocat général à la Cour des aides, et
bientôt après chancelier de la reine, Éléo*
nore d'Autriche. Devenu avocat général
au parlement de Paris, sous Henri II, et
en 1554, élevé è la place de président à
mortier, ce fut en cette dernière qualité
qu'il porta aux pieds du trône, en 1 555,
les remontrances du pariement qui refo«
sait d'enregistrer un édit concernant l'é-
tablissement de l'inquiMtion en France.
Sa parole fut écoutée , et l'édit fut rap-
porté. « Par son talent et son caractère,
dit M. Dupin , Pierre Séguier e mérité
d'être placé au rang de nos plus grands
magistrats. » Il mourut en 1580. On a de
lui des BarangueSf et un traité intitulé
Rudimenta cognitionis Deiet stti(i 686,
in- 12 ; trad. en franc, par Colletât).
Des 6 fib qn^il eut et qui tous se die-
SEG
tinguèNDt dans les postes les plos émi-
oenis ée la magistrature , nous ne dte*
roBs que le 5«, Antoihb Séguier , né ft
Paris en 1662. Suocessivrn)ent conseiller
an parlement, mettre des requêtes, suria«
tendant de justice en Provence (1576) ,
conseiller d'état, avocat général au pail^
mentde Paris, président à mortier (1 597),
et, en 1506, ambassadeur auprès de la ré-
publique de Venise, « il se montra comoM
tous les grands magistrats^dit M. Dnpîn,
défenseur des droits de la couronne et dea
libertés de l'Église gallicane. » Ce fut sur
ses conclusions que la bulle de Grégoire
XIV, se disma fiape, fbt condamnée à
être lacérée par arrêt du 5 avril 1 591 .
Il mourut en 1626, léguant par son tes«
tament, toute sa fortune aux pauvres.
Comme il n'avait point d'enfant, ne s*^
tant janmis marié, il réiigna sa charge à
un de- ses neveux, Pn&Bx Œ, fib de son
frère Jean, lieutenant civil.
Né a Paris, le 26 mai 1 586, Pierre m
fat successivement conseiller au parie*
ment, maître des requêtes, intendant d«
, Guienne, président à mortier, garde-dea-
sceeuxenl688etchancelieren 1685.D8e
signala par aa fermeté et son attachement
au roi dans les troubles de la Frondé
(voy. T. XI, p. 725). Ses ennemis eux-
mêmes ont reMiu justice à son habileté, à
sa prudence dans le conseil ; mais ib ont
cherché à flétrir son caractère en Taccn*
sant de souplesse et de servilité envers la
cour. LouM XIY dbait « qu'il avait tov-
jours reconnu dans le chancelier un es-
prit intègre et un coeur dégagé de tout •
intérêt. » A la suite d'un rapprochement
entre les part», les sceaux lui avaient ^é
enlevés en 1650 pour êtrerembè Chi-
teanneuf qui ne les garda qu'un an et ,
en 1652, pour les donner à Mole qui le«
conserva jusqu'à sa mort en 1656 ; nab
alors ils lui furent rendus pour ne pltia
lui être ôtés. A. cette charge , Séguier joi-
gnait les titres de due de FiHetnor^ de
pair de France et, après la mort du car*
dinal de Richelieu, de protecteur de PA-
cadémie- Française, dont il fut on des
principaux fondateurs. L'Académie dn
peinture et ^e sculpture n'eut pas moim
à se louer desa protection éclairée. Après
sa mert, Louis Xiy et aaasuQoesseœrs pri-
rent eux - mêmes le titre de proCecteor«
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SfiG (177)
PiflmSégiiiemeiinityle38j«Bv. 1673,
à Saint*Geniuiin-eii-Lay« , ne laîaMst
que deux filki, dont l'aînée t¥ait été buh
née en premières noces au dac de Ois-
lin y et en secondes au nuniuis de LeTsI ;
la cadette^ la dudiesse de Solty, devenoe
iewf9 , époosa Henri de Bonrbon , doc
de Vemeoil. L'oraîson Ainèbre de Pierre
Ségoier a été prononcée par Masearon;
ei son Éloge, par le famenz Barrère, a été .
conronné a Monunèan en 17S4. La So-
ciété de l'histoire de France Tient de pu-
blier de lai ( 1 844), d*apràs an namnorit
de la Bibliotbèqoe royale, le Diaire ou
Journal du. cha9C9Uer Séguier en Nor^-
Buuu/c^ (1689-40).
Une notre brancbe de la fiimille, iasoe
de Nicolas Ségoier , seigneor de Sai/tt*
CyTf frère de Pierre 1**^, et qoi sobsiste
encore de nos jours dans la personne do
premier président de la conr royale de
Paris, a produil également plosieon ma-
gistrats remarqoables par leur savoir et
par leur caractère. AjmnfB-Letns, aro-
cat do roi ao Châtelet de Paris en 1748,
aTocat général aa grand conseil en 1 761 ,
avocat général ao parlement de Paris en
1756 jnaqa'à Fépoqae de hi,sopprewon
des coors sotfreraines en 1790, membre
de TAcadémie-Française dès 1757, était
né à Paris le l"" décembre 1736. Son
père, Loois-Anne, était conseiller au
parlcoient de Paiis« Antoine- Louis an-
non^ de bonne heurc les plus beureoses
dispositions ; sa mémoire surtout était
prodigieuse. Grâce à la protection de
Louis XVy il parvint rapidement aux
pbm bautes magistratures de Tétat.. C'est
en sa qoalité d'avocat général qâ'il s'at-
taqoa, par son réquisitoire de 1770, aux
nouvelles doctrines politiques qui corn*
mençaient^ à se répandre : ce qui lui at-
tira une foule d'ennemis.irayant pu pré-
venir la scission entre le parlement et la
cour, il donna iftdémission après l'instal-
lation du parlement Maupeou en 1771,
et ne reprit ses fonctions qu'en 1774,
.après le retour de l'ancien parlement.
Lors de la suppression des cours soov^
raines, Séguier se retira à Tournai, oà il'
mourut d'une attaque d'apoplexie le 35
janvier 1793. Son Eloge a été prononcé
à riostîtut le 3 janvier 1806, par Portalit .
AutquiWbah-Mâthizv Séguier, fils
Smerciop, d. G. d. M. Tome XXI.
SËG
du précédent , premier président de fa
cour royale de Paris et vice-président de
k Gbambre des pairs, est né è Paris la
31 sept. 1768. Après avoir émigré avec
son père, il rentra en France peu de temps
après le 9 tbermidor et vécut loin des
aflaires à Montpellier. Mais, en 1800,
Napoléon c|oi désirait rattacberè son gou-
vernement toutes les anciennes familles
de France, le nomma commissaire du
gouvernement près les tribonaux , puis
en 1803 président de la eour d'appel;
et lorsqu'en 1810 Tordre judiciaire fut
soumis à one nouvelle organisation,M.Sé-
goier fat élevé à la présidence de la Cour
impériale de Paris, avec le titre de baron
et la décoration de commandant de la
Légion-d^Honnenr. Il resta fidèle a Na-
poléon jusqu'à sa mauvaise fortune; mais
dèsleretoinrdesBourbonsil s'empressa de
porter à leurs pieds l'hommage de son dé-
voueaMut inaiiérable. Pendant les Cent-
Jours, il se tint à l'écart. A la seconde res-
tauration , Louis XVm lui rendit son
poste è la cour royale ^t l'appela, le 17
août 1815 , dans Je sein de la Chambra
des pairs. Sa conduite sous la Restaura-
tion fut conforme à celle qvll avsit te-
nue-sons l'empire : aussi a-t-il été un des
premiers à sç rallier à la nouvelle dynas-
tie après la révohition de Juillet. Le 30
avril 1884, il a été élevé au grade de
grand'-crou de la Légion-d'Honneur.
Les harangues que M. le baron Séguier,
à la téta de la cour royale, adresse fré-
quemment au roi dans les circonstances
solennelles, rappellent rarement l'austé-
rité de l'ancienne magistrature.
Un savant antiquaire et botaniste qoi
avait une origine commune avec les pré-
cédents, a aussi illostré le nom de Sé-
guier. Né à Nîmes, le 35 nov. 1703,
d'une famille honorable de la magistra-
ture de cette ville, Jbak-F&ançois Sé-
guier se livra de bonne heure , contre le
vmn de soU père, qui avait voulu lui
transmettre sa charge, à l'étude de la nu-
mismatique et de l'histeire naturelle. Les
fruiu de ses travaux sont consignés dans
êtiBibUotheeubotanica (LaHaye,1740,
in- 4*) , ouvrage devenu classique dès sa
publication; dans ses Plantœ veronenses
(1745*54) , auquel- il joignit un supplé-
à la Bibliothèque botanique; et
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4fuu un fraïul ouvraf •> rtaU Iméâk^ qiû
GODtienty o.mre un CataVogae 4% UmUk
U» inscriptîaoa aaciwQet, nut Htaloim
crîtique de toiu le» écriu publiés sar ceU«
matière jotqu'tfo t764 et qui ae trouve
k k Bibliothèque royale à Parts. Oa lui
doit eoQore diilereots mémoires pleins
d*érudition sur des questions d'arcbéolo-
gie y et la iradnction en français des Mé-
moires du marquis de Majfei (La Haye,
1740, 3 vol. in- 12), le frère aîné du sa-
vant Scipion Maffei qui dirigea tes poe-
miers pas dens la scienoe et avec lequel
il se lia d'une amitié que U mort seule
put rompre. Il mourut d*nne auaque d*a-
popWxie le 1*' sept. 1784, léguant, par
son testament, à TÂcadémie de Nimes sa
ricke bihliotliièque , ses manuscrita, ses
n^édailles , son cabinet d'histoire uatn*
relie, etc. Dacier prononça son Élege à
l'Académie desinscriptiona et Bellea-l4et*
très t <iont il avait été noma>é associé en
1772. Em.U-o.
8ËQUII. Ce nom appartient è une
ancienne et nçble famille originasre de
la Guienne, qui a produit des hommes
distingués dans la carrière des armes,
dana la diplomatie, dans l'Église, dana les
lettres, et qui compte parmi ses mem^
bres un maréchal de France minisire de
la guerre et plusieurs pairs de France.
Il en est fait mention dès le sx* siècle :
nous lisons en effet qu'en l'année 888
le château de Ségur fut mis en état de
défiense contre les infidèles. En 1242,
on voit figurer Guillaume I^*" de Ségur
an nombre des seigneurs convoqués par
Henri III d'Angleterre pour faire partie
de son armée de Saintonge. A partir de
cette époque, la filiation de la maison
de Ségur se suit sans interruption jus*
qu'à nos jours. Elle s'est ramifiée en dix
branches, éteintes pour la plupart, el dont
trois surtooft ont marqué dans l'histoire.
I. Ségur-PardajiUan. JAOQmadeSév
gur, marquia de j^ardailkn, fut surin-
tendant de la maison de Henri IV, alon
roi de Navarre, qui lui confia diverses
missions. Le banôn de Pardaillan, son
frère, qui avait été le oompegnon d*en-
fance de ce même prince, fut une des
victimea de la Saint*Bartbélemy.
II. Ségur-Bouufy. Sous Louis XUI,
U Ounille da Ségur se vit presque entier
(tY$) SiËli
rcnant minét par auiêa 4m faerrea ra-*
ligieiMes et des oonfiaeations. La branche
qui nous occupa dans ce moment resta
protesunte. mriEVVB, marquis de Se-
gur-Booaely, élevé, en 178fi, an grade de
BMUPéchal-de-camp, esourut dans l'éari-
gration. Son neveu, HaHai-PniLipaa,
marqub de Ségnr*Boutely, né en 1770,
émigra également et joignit l'armée de
Condé. En 1800, il rentra en France et
reprii du service. Disgracié par suite de
son refus d'assister au couronnement de
l'emperenr, il fit néanmoins la eampagna
de Pmsse, en 1806, et eut le bras em«.
porté ei la poitrine fracassée à la bataiUa
de Heibberg. Il fut attaché en 1808, a«
roi Murât, et ae distingua encore dans
plusieurs aCKsires. Tourmenté de pku en
pins par ses anciennes blessures, il se
suicida en 1829.
m. La branche des Ségur i|ui a en le
plus d'illustration est celle des seigneurs
et barons de PtmcÂaiy de FougueroUei^
etc. DaviKL de Ségnr, l'auteur de celte
branche, était, sous Louis XIII, gentiU
homme de la chambre et mestre-de-camp*
Son arrière petit*fils, HxNai-FaÀHçoiS|
comte de Ségur, surnommé le hetiu Sr*
guTy né en 1689, commandait, en 1742,
un corps d'opérattons en Allemagne ; il
sa signala par la retraite de Pfaffenhofen^
et il éuit à LavrCsId. U avait épousé une
fille naturelle du régent, et mourut en
17fil. PHiLms-Hsimi, marquis de
Ségnr, file du précédent, naquit en 1724,
et se distingua aux journées de Eocoux
et de Lawfeld. Fait maréchal-de-camp
et général, investi plus tard du corn*
mandement de la Franche-Comté, il re«
904 de Louis XYI, en t7êO, k porte-
fsotlle de la guerre. De grandes réformes
signalèrent son ministère : l'instruction
dea officiers fixa particulièrement son
attention, la dbcipline fut rétablie dans
les corps et l'ordre dans tontes les par*
ttes de l'administration astlilaire. C'est à
lai qu'on doit l'organisation de l'artil-
lerie légère et du corps de l^état-major.
L'ordonnance qui réeervatià la noblesse
tous lès emplois d'officiem kti a été re«
prochée; mais elle kii avait été imposée.
Le marquis de fiégur était juste, ferme,
plein de loyauté et de désintéressement.
Quand le traité de 1 788 eut mis fin à la
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SEG ( m )
^té ëe BMrédMl dt FrMm. h tt pro*
noBça contre la coniN>câtîon dct nota-
blet» et lorsqu'il vit set e€(bru paralysés
par des intrigaas de conr, il donna sa
dénîssioB. Gonine û n^avait d'antre for*
toBC q«e ses traîleasenls et ses pensions,
k fféfohrtioo le mina complètement. La
OonTention ent la barbarie de faire vendre
saa meablesi l'encan. Le marédial deSé-
gw^ âgé de 70 ans, pauvre, infirmé et
prtvé d'un bras, fut jeté à la Force; ce-
pendant on épargna sa vie ^ il pnt finir
ses jours ^ liberté. Le premier consul lui
necordaunepenMonde4,e00 fr., etqnand
«e vieux guÉrrier se présenU aux Tuile -
riee pour lui adresser ses remcrdmenl^ la
farde eut prdre de lui rendre les bonneurs
miliuires. Le marécbal de Sé§ur mourut
à Paris Ie8 oKîtobre 1801, laisunt une ré-
putation sans taofaeeldeux fiisquidevaient
iMilHiir l'honneur de son nom 4
Loma - Pni'i'PK 9 comte de Séfur
IJ^JguêS9eau*y né à Psrii le 1 0 décembre
f75S, éuit le fils atné du marécbal de
Ségnr. n re^t une éducation sévère et
it de brillantes éludes. Lancé dans la
earrièro militaire, il parvint au rang de
colonel de dragoM. Il alla joindre en
Amérique La Fayette son parent, et fut
bonoré de ramiUé do Watbington. De
Mtoor en France^ il fut envoyé comme
ambassadeur auprès de Gatberine II, qu'il
accompagna dans son voyage de Crimée,
et conclut, le 1 1 janvier 1787, uq traité
lie commerce avantageux pour son pays.
Su 1793, le ooaste de Ségor fut chargé
dHtne mission auprès du roi de Prussew
n refusa le portefeuille des affaires étraur
gères que Louis XVI le pressait d'ac*
œpter : il suspecUit avec raison la sin*
eérité de la cour. Il ne voulut pas émt-
grer, et se retira, pendant la Terreur, à
Ohâtenay, près de Sceaux, où il vécut
avec sa famille du produit de sa plume,
jusqu'au moment où il fut appelé par te
premier consul au Conseil d'état/L'Aca-
démie-Pran^ise lui ouvrit aussi ses per-
tes (1808). Il eaer^, dans la cour im-
périale, la charge de grand-mattre des
oéfémonies à laquelle se'mbkiient l'ap-
peler sa naissance, son esprit et la dit-
(*) Sa flamme ^taît fille an célèbre chanceUer
SKG
doaaa manîèvm. Ce fut a cette
e qu'il composa en grande partie
son Hiêioirt urwers^Uanei€9mett wuh'
demei à Fusage de la jeunesse, (Paris,
1817 et ann. suiv., 44 vol.), laquelle
comprend l'hisloirs ancienne^ l'histoire
romaine, Phiêtoire du bas-empire, et
llristoire de France (jusqoeset y com-
pris le règne de Louis XI); sa Gale-
rie morah et potitique (1817 et ann.
suiv.);sea Pemsées (1832); Les quatre
âges de ia i>/> (1818); et ses Métnoires^
ou Sompenirs ettmeéeèotes (Paris, 18J8-
26, 8 vol. in*8®), incootestaUemenf \t
plus remarquable de ses ouvrages. Après
la campagne de Russie, le oomte de Ségur
fut nommé sénateur; mais il perdit cette
poailion sous la Rastauralion, ayant ac-
cepté du service pendant les Cent- Jours,
où il fut envoyé comme oomarissaire ex-
traordinaire dans k 18* division miM*
taire pour y maintenir l'ordre. Le f t
Bov. 1819, le roi te rappela a la Cham-
bre des pairs, et il trouva encore l'occa-
sion d'y servir son pays. Le salon du
oomte de Ségur était ouvert è toutes les
notabilités de l'époque. Il survécut deux
ans à «ne épouse chérie, et mourut à
Paris le 27 août 1880, après une vie
remplie par de bons ouvrages et de belteé
actions. Il laissait deux fils, dont nous
parlerons tout è l'heure.
Joseph -ALBXAHDas, vicomte de 9é->
gur, frère du précédent, né en 1756,
consacra sa vie entière aux lettres et aux
plaisirs; il eut néanmoins un avance-
aMUt rapide : il était, en 1 788, mare-
chakte-eamp. Il avait ftiit représenter
l'année précédente, au Théâtre-Franctfa, '
h^suHne et Ploncourt. En 1780, il pu-
blia la Correxpondtuice secrète de M-
nsn de i'Bnclos, et i' Opinion constdé*
née comme une des princtpeUes causes
de. la Mifolution. Le vicomte de Ségur
était de oes hommes d'esprit qui croyaient
pouvoir arrèterce grand mouvement po^
tique avec des épigrammes. It ne voulut
point émigrer, et aima mieux rester en
France avec sa famille. Dépouillé de tout,
il trouva dans ses talents littéraires des -
moyesis d*extstenoe. A la suite d'un em-
prisonnement de huit mois , il publia
itfb prieon, depuis ie 23 vendémiaire
jmsqm'atê 10 thermidor ( Paris, an IH).
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SËG
D«puii9 il donna à difTârentt théâtres
ua grand nombre de pièces^ qni réuni-
rent presque toutes. On Jui doit aussi
une foule de jolies chansons : celle de
t Amour et le Temps est un petit chef-
d'œuvre. Son dernier ouvrage, iei Fem-
mes, leur condition et leur influence
dans V ordre social et'chez les différents
peuples anciens et modernes ( Paris ,
180S, S vol. in-13)y a été souvent réim-
primé. Le vicomte de Ségur ne vonhit
recevoir aucune faveur du nouveau gou-
vernement. Frondeur malin durégimeim-
périalyil plaisanUit quelquefois son frère
lui-même en signant : Ségur^ sans céré»
monie^. Il mourut k Bagnères, le 37 juil-
let 1805. Peu d'hommesont été plus aima-
bles; son commeroeétaitcbarmantfSa con-
versation pleine de grâce et d'aménité.
Le comte Octave de Ségar, fils aîné
du comte Louis-Philippe de Ségur, né
en 1778, fut un élève distingué de l'É-
cole polytechnique. Blessé dans la cam-
pagne de Russie » il est mort depuis of-
ficier de la garde royale. Il a publié
deui romans traduits de l'anglais, ÉtAe-
lindeei Belinde; la Floredes jeunes per*
sonnes /et des Lettres sur la chimie^ éta^
près Us cours donnés à C École pofy'^
technique. Son fils atné, pair de France,
est le chef de la famille.
Le comte Philippe >Pàitl de Ségur,
aussi pair de France, né le 4 novembre
1780, est le second fils du comte Louis-
Philippe de Ségur. Élevé jusqu'à l'âge
de 9 ans sous les yeux de sa mère, il
alla passer ensuite quelques années en
Angleterre, puis revint auprès de sa fiî-
mil|e à Châtenay, où il acheva son édn*
cation. Après le 18 brumaire, il s'en-
gagea comme simple hussard. Promu au
grade de sous-lieutenaot, il fit la campa-
gne de Bavière sous Moreau, puis celle
des Hautea-Alpes, dont il écrivit la re-
ladoiu En 1803, le premier consul l'at-
tacha à son état- major particulier, et le
chargea de la sûreté de son quartier-gé-
néral et de sa personne. Il fut désigné,
en 1804, pour inspecter Tétat de défense
des c6tes de l'Océan. Il fit la campagne
d'Austerlitz, et fut envoyé dans Ulm pour
sommer la place de se rendre. A la paix,
il alla servir à Naples auprès du roi Jo-^
seph. Élevé au grade de chef d'escadron^
( 180 ) SEG
il revint faire la campagne de Prusse«
Dans la guerre de Pologne, il remplit tes
fonctions d'aide-de-camp de Napoléon.
Fait prisonnier à Nazielsk, il recouvra la
liberté à la ^ix de TilsîU. Il fit ensuite
la guerre d'Espagne sous l'empereur, et
commanda la fameuse charge des landers
polonais è Somo Sierra; il y fut criblé de
blessures. Récompensé par le grade de
colonel, il eut l'honneur de présenter «m
Corps législatif les drapeaux enlevés nnx
Espagnols. Retenu à Paris pour le réia*
bKssement de sa santé, il fut chargé, tort
de la surprise de Flessingue, du comman-
dement des gardes nationales à cheval de
la Seine. Fait, en 1813, général de bri-
gade, il prit part è la campagne de Rue-
%\tj eo qualité de maréchaUdes- logis de
l'empereur. A son retour, il fut nommé
gouverneur des pages. Eu 18 i 3 , Napo-
léon lui. confia l'organisation du 5* régi-
ment des gardes d'honneur, qui se dis-
tingua en plusieurs occasions, notamment
aux deux affaires de Reims où le comte
Philippe de Ségur fut mis hors de combat.
Après l'abdication, il se rallia à la Res-
tauration, et Ait nommé chef d'état-major
des corps royaux. Pendant les Cent-Jours,
il fut attaché, en la même qualité, au corps
d'armée chargé de la défense de la rive
gauche de la Seine. M. Ph. de Ségur se
retira ensuite dans la vallée de Mont-
morency, où il écrivit sa célèbre Histoire
de Napoléon et de lagrande-^rmée, qni
parut en 1824 (S vol. in-8S souveat
réimp.), et fit une vive sensation. De nom-
breuses éditions en constatèrent le suc-
cès ; mais le général Gourgaud (voy.) re-
garda ce récit comme injurieux pour la
mémoire de Fempereur, et en publia une
réfutation qui donna lien à une ren-
oontre entre eux. En 1839, M. deSégnr
dont les affections particulières rame-
naient constamment l'attention sur l'em-
pire mo9caw\ttfpfMiàVBistoire de Russie
et de Pierre-te^GrandjOuvn^ fort re-
marquable, maisplusdistingué parla ibr^
me que par la profondeur des rechercheset
l'exacte connaissance des situai ions. Il fut
élu à l'Aeadémie-Française, le 36 mars
18S0, et re^le 39 juin suivant. Pour U
première fois on vit alors le père et le fib
siéger en même temps dans cette illustre
compagnie. Mais le père ne jouit pas loog-
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SËt
(181)
SËI
tcHips de cette s^tisiactioD. La Restaura-
tion avait faitM. Ph. de Séf^ur grand*
officier de la LégioQ-d'HonDeur (23 mai
1836). Rappelé à l'activité à la suite de
la révolution de JuUlet, il fut^ en 183t»
prcNODU au grade de lieutenant général, et
appelé à la Chambre des pairs (19 nov.).
£ol885,il fit pknâireV Histoire deChar-
les Vllly 3 vol. in-8^, comme continua-
tion de l'Histoire de France de son père
et i^ l'aide de ses papiers. A. B.
SEICflE y voy. Céphalopodes.
SÉID , Setd ou SiBi) vox» Koaéi-
cBiTES, Chsrif et Fatimides.
SEIGLE [secale céréale) y genre de
la famille des graminées. Originaire de
l'Asie- Mineure^, le seigle est annuel ain&i
que le froment, et ne diffère de lui que
par le nombre de ses fleurs et par la
longueur de son grain. Il donne une ex-
cellenle farine, et mûrit aisément, même
dans ^ts terrains secs et sablonneux où
le froment ne viendrait pas. Mêlé au fro-
ment, il fournit un mélange que l'on
lèomme méteil ou méture^ qui fait un pain
plus frais et de meilleure qualité que s'il
était de Croment seul. Le seigle sert aussi
comme fourrage et comme engrais. Semé
comme le froment, il lève beaucoup plus
vite et rapporte un sixième de plus que
lui. On l'emploie dans la confection de
la bière et de Teau-de-vie de grains; on
(ait de la tisane avec son gruau , et sa
paille sert aux mêmes usages d'embellb-
sèment et d'utilité que la paille de fro*
ment. Le seigle n'a pas de variétés ; celui
qu'on nomme petit seigle^ seigle de prin^
temps^ seigle marsais, seigle trésnoùy
etc., ne varie qu'en raison de la saison où
ila été semé, et revient en quelques années
à la grosseur du seigle commun. Quant
au seigle ergoté^ après avoir été regardé
longtemps comme une maladie de la se-
mence, ou comme une espèce étrangère,
il a été reconnu pour n'être que l'ovaire
non fécondé, et surmonté d'un cham-
pignon d'une espèce particulière. Cet
ovaire, long de 6 a 12 lignes, est avec
son champignon un violent poison' qui
peut occasionner la mort, ou un remède
auquel on n'a recours que dans les cas
d'accouchements désespérés (voy. Er-
got). . D. A. D.
SEIGNEUR, du latin senior ^ plua
âgé, parce qu'anciennement, chez la plu-
part des peuples, l'autorité, surtout ju-
diciaire, était entre les mains des vieil-
lards. Au moyen-age, on appelait seigneur
quiconque possédait un héritage territo-'
rial, soit en fief soit en franc-alleu (i^o^*.
ces mots.), ou celui qui tenait en fief la
justice d'un lieu ^seigneurs justiciers, haut
ou bas justicier). On appelait seignéu*»
riage le droit qui lui appartenait en sa
qualité de seigneur; mais ce terme fut
ensuite réservé pour exprimer le droit
qui appartient au roi pour la fonte et fa-
brication des monnaies. Foy, Droits
FÉODAUX, Justice, etc.
On appelle grand seigneur un homme
de noble et même xl'illustre extraction,
riche, opulent, faisant une grande dé-
pense, et non moins distingué par l'élé-
gance des moeurs que par toutes ces fa-
veurs de la fortune et de la naissance.
Jusqu'à Richelieu, il y eut en France
de grands-feudataires, comme il y avait
en de grands-vassaux jusqu'à Louis XI :
depuis , il n'y eut plus que des grands-
seigneurs; encore la révolution fran-
çaisç et l'égale division des biens en
ont -ils considérablement diminué le
nombre. Aujourd'hui, c'est en Angle-
terre, en Bohême, en Hongrie, en Russie,
qu'il faut eller pour se faire une idée de
la vie de grand seigneur, dont la v!e ^e
château de quelques familles françaises
n'est plus qu'un faible reflet.
Dans nos usages actuels, le titre de sei"
gneur^ bien différent du seiior espagnol
et du signore italien , n'appartient plus
qu'aux souverains et aux princes de leurs
familles,lesquels s'intitulent encore hauts
et puissants seigneurs. Les grands-ducs,
ducs, princes, et tous les membres d'une
famille souveraine reçoivent la qualifica-
tion de monseigneur^ qu'un usage^ plus
italien que françab, et peu conforme à
l'humilité dont les pasteurs chrétiens de-
vraient faire preuve, a maintenu même en
faveur de nos évêqnes et archevêques.
Autrefois ce titre appartenait aussi aux
ministres et à quelques grands digniuirea
de l'état, anxq^els, depuis la révolution
de 1 830, on ne donne plus que le sim-
ple titre d'Excellence. En même temps a
disparu de nos mœurs l'usage, importé
d'Angleterre , d'appeler «Sa Seigneurie
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SEl
(183)
SËl
MD pair dtFraoct) mais dans le parlamaol
britaBOÎqiM, le his lordship est toujoure
4e rifucur. Par ane siogularité digne d'ê-
tre notée, on traite eo français de nobles
et puûsanu séignêtirs les membres des
deux Chambres réunies du royaume des
Pays-Bas, descendants de ces Tieux ré*
poblieaÎBS baUves si austères et si simples
de mesurs; mais il faut dire que Texpres*
•ion boUandaise de çpohtmcegende Ber^
rem n'a pu donner lien que par abus à
•ne traduction si empbatique. X.
SEIGNEURIE, voy. Tart. précéd. et
FiBV. A Venise, la seigneurie était le
conseil suprême de gonTernement, com-
posé du doge et de 6 noèUi (t;ox* Venise).
Dans ploslenrs TÎUes d'Italie, c'était le
titre du magistrat, cbef de la république
•t du conseil de magistrature.
8EIKIIS, voy. Sikhs.
8E1NE. Cette rivière, appelée par les
Romains Sequana^ prend sa source au
pied d'un coteau entre les villages de
Chanceanx et de Saint-Seioe (C6te*d'0rj.
Ce n'est d*abord qu'un modeste ruitaeau,
nais à quelques lieues de là, ses eaux sont
ééjà asMS considérables, grâce au tribut
abondant que lui apportent la Douix, et
quelques an très cours d'eau. ResserréejuSi'
qu'à Troyes. entre des coteaux couverts
d*arbres et de vignobles, la Seine entre,
à partir de cette villci dans un pays plat
et monotone à travers lequel elle trace un
verdoyant sillon; mais depuis Nogent,
nous la retrouvons gracieuse et pittores-
que comme auparavant. Déjà elle a reçu
l'Aube^ et bientôt elle devient. navigable
au village de Marcilly. Jusqu'au moment
où elle eatmà Paris, après avoir traversé
les dép. d»la C6le-d*0r, de l'Aube, de
8eine-et-MartM, de Seine-et-Oise et de
la Seine, elle voit se réfléchir dans ses
ondes Cbâtillon, Bar-sur-Seine^ Troyes,
Nogent-sur-Seîne, Montereau^ dont^ le
pont fut témoin du meurtre de Jean-
sans-Peur, Melun et Corbeil. Grossie,
dans son cours, par l'Yonne et la Mame^
elle pénètre enfln dans la grande ville à
laquelle elle doit sa célébrité, et dont elle
s'éloigne en faisant de longs détours pour
aHer visiter Saint-Cbud, Neuilly, Saint»
Ouen, Saint- Denis, Argenleuil, Saint*
Germain, Poissy, Mantes, Vernon, les
Andelys, Pont -de- l'Arche, filbosuf,
Rouen, Tancarville, Harflenr, Honiewr
et le Havre. Enfin elle porte à l'Océan la
tribut de ses eaux augmentées encore dn
celles de l'Oise^ de TEure et de la Rille.
Son embouchure est digne de la longueur
de son cours^ Depuis Quillebœuf, pe«^
dant la haute marée, on dirait un lac im-
mense borné par des c6tes élevées qui
apparaissent dans un lointain bleuâtre.
Mais à la marée basse tout cbange d'as*»
pect, et l'on n'aperçoit pins qu'un sablo
fangeux coupé de quelques canaux où
les bâtiments sont obligés de chercher
leur route souvent incertaine^ car oes sa-
bles perfides sont aussi changeants que
les flou.
Si la Seinc^est intéressante par les béan-
tes naturelles et les souvenirs historiques
de ses rives, elle ne l'est pas moins con-
sidérée comme voie de communication.
Son cours total est de 724 kilom. La na-
vigation est généralement fincile. Afin
d'éviter le passage dangereux des ponts
de Paris, on a construit un canal qui met
l'entrée de la ville en comniunication
avec Saint- Denis. A Pons et à Pontnle-
l' Arche, deux canaux remplacent le lit
du fleuve. Le phénomène appelé là barre
{voy,) se fait sentir jusqu'en cet endroit.
Il est produit par l'entrée de la marée dans
le fleuve à Quillebœuf. Le cours de la Sei-
ne est peu rapide surtout au-dessous de Pa-
ris, à cause du peu de pente du sol : sur
100™, sa pente est de 0m. 003 entre Paria
et Mantes; de 0'^.0015 entre Mantes et
Rouen, et de 0™.0007 entre Rouen et
le Havre. Les plus grands bateaux qui
naviguent entre Paris et Rouen ont de
53 à &4'° de long sur 8 ou 9 de Urgt.
Les bâtiments de 3&0 à 300 tonneaux
peuvent remonter jusqu'à Rouen. C*est
par la Seine que Paris reçoit la majeure
partie de »t^ approvisionnements. Par la
Marne, lui viennent les vins, les bois, les
fers de la Champagne; par ITonne, lee
vins, les charbons de la Bourgogne. Dif«
férents canaux mettent ensuite la capitale
en rapport avec les provinces les plus fer-
tiles et les plus riches de la France (voy.
Cahal). Celui de l'Ourcq (vof.) a moine
pour objet le commerce que les besoins
alimentaires on autres et rembellisse-
ment de Paris.
Le bassin de to Seine a environ 100
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SEI
(188)
SEI
lie^ies dt loDf, dn nord-ônest au sad--€st,
€t 60 liett^ dans ta plus grande largeu*.
Il embrasse les dép. de TOise, de rEore,
de Seioe«et-Oise» de la Seine, de Seioe-
et-Marne, de la G6te*d*0i^, d'Eure-et-
Loir j nue pordoii de ceux de la Seine-
Inférieure, des Ardennes, de la Meuse,
de la Nièvre, du Loiret, c'est-à-dire plus
de la moitié de la France septentrionale.
8BINE (département be la), le plus
petit en superficie, mais le plus peuplé des
86 départements de la France, et le plus
important de tous^ comme renfermant
h capitale, siège du gouvernemeiit, et
laa grandes institutions de Pétat. Il est
tout enclavé dans le dép. de Seine- et*
Oise ('»o>jr.)i n'a qu'une superficie de
47,660 hectares , et se trouve sous le
méridien à partir duquel les Français
comptent les longitudes. La Seine (vof-,)
arrose ce dép. en formant an- dessous de
Paris de grandes sinuosités, après avoir
reçu la Burne à Charenton, et la petite
rivière de Bièvre dans Paris f même. Le
canal de l'Ourcq amène les eaux de la ri-
vière de ce nom au bassin de la Villette
ou aboutit aussi le canal de Saint» Denis,
qui met ce bassin en communication avec
la Seine du c6té de la vlHe de Saint- De-
nis, tandis que, par le canal Saint-Mar-
tin, le même bassin correspond avecia
Seine dans Paris. Le sol crayeux du dép.
abonde en carrières de plâtre, de moel-
lons et de pierres de taille, et Paris est
entouré, en quelque sorte, de matériaux
de construction : aussi les plaines et coU
lines, autour de la capitale, sont-elles
percées de puits et d'immenses souter-
raiots d'où l'on extrait les pierres depuis
des milliers d'années, ainsi que le plâtre
et la chaux. Quelques minerais de fer
sont, dans le bassin de Paris, les seules
traces de matières métalliques. L'agri-
culture consiste surtout dans le jardinage,
dans la production des légumes et fleurs
destinés. aux marchés de Paris, et dans
la culture de ta vigne qui couvre la plu-
part des coteaux du dép., et dont les
produits, fort médiocres de qualité, se
consomment sur ks lieux. Autour de
Sceaux, Fonteuay et Châtenay^ on n'a-
perçoit que des champs de fraisiers, de
groseillierB, d'asperges et des veiigers. Las
effets <hi commerce immense de la eapi-
Ule se communiquent à tout lé dép. On
évalue à 9 mHtf obs de tonnes le mouve-
ment général des transports sur la S^ine;
au-dessus de Paris , les ports de Bei*cy^
Ivry, et dans Paris même, l'entrepôt deà
vins, et la gare de l'Arsenal, servent dé
points de débarquement potlr les arri-
vages de la Haute-Seine. Les octrois de
' la capitale rapportent mftlutenant plua
de S7 millions de fr. pair an.
Ce dép. avait, en 1841, une popula^
tion de 1,194,603 hab., dont eAvirott
260,000 demeurent hors de la capitale.
En 1886, la pop. étatt dl$ 1,106,891
hab., présentant le mouvement suivam:
naissances, 35,^55 (17,804 masculines,
17,451 fêm.), dont 10,479 illégitimes;
décès, 39,670 (15,192 ma^., 14,487
fém.); mariages, 10,149. Outre fa pré-
fecture du dép, et la préfecture de po*
lice (voy.) , il a deux sous- préfectures ,
on arrondissements, savoir Sceaux et
Saint- Denis; il comprend 30 cantons on
justices de paix et 81 communes. Ses 14
collèges électoraux s'assemblent , un danft
chaque arrondissement municipal de Pa-
ris, et les deux autres à Montrouge et à
Saint-Denis. Au 9 juillet 1842, il avait
18,975 électeiurs. Le dép. est compris
dans le ressort de la cour royale et de
l'académie de Paris, dans le diocèse de
cette ville, et il lait partie de la 1'* di-
vision militaire, ayant son quartier-gé-
néral dans la capitale.
Nous avons fiiit connaître le chef-lieu,
Paris ^ et quelques lieux remarquables
des environs, tels que Saint- Denis, Mont-
martre, Bicêtre, Charenton , Alfort, Ar-
cueil, etc., dans des art. particuliers; il
ne nous reste plus qu'à indiquer ici ceux
qui méritent encore de fixer l'attention.
Sceaux, petite ville de 1,670 hab., dans
une jolie situation, n'a plus le beau châ-
teau ni le parc' qu'ont possédé et habité
autrefois Colbert, la duchesse du Maine
et le duc de Penthièvre; un reste du
parc sert maintenant de promenade pu-
blique. yanvres(2,427 hsb.), Issy (2,104
hab.) , Montrouge (5,995 hàb.) , Châ-
tenay (545 hab.), Gentilly (6,000 hab.},
Auteuil (3,286 hab.), Passy (5,702
hab.), etc., sont remplis de petites mai-
sons bourgeoises où les Parisiens aiment
à passer là belle saison. Pàssy a une sour-
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bËl
(18*)
SËl
ce d'eaux fernigiDeuset. lioe foule de pe-
tites ville» se pressent aux barrières de Pa«
ris; car on peut bien donner ce nom aux
Batignolles-Monceau(l 1,566 bab.),àBel-
leviUe (10,968 h.), a Vaugirard (8,842
hab.), àLa Villette (7,681 hab.),à Ber-
cy (6,428 bab.),qui fleurit par son com-
merce de vins et d'eaux-de-vie, à La Cba-
pelle-Saint^Denis (5,000 bab.)» Cha-
ronne (3,683 babit.)> les Ternes (3,871
hab.)y etc. Yincennes (3,033 hab.), an-
cienne résidence royale, conserve en-
core en partie son vieux château gothi-
que et surtout son donjon. Ce château a
été converti d'abord en prison d'état,
puis en fort militaire et en dépôt d'ar-
tillerie; son ancien parc continue d*étre
un domaine royai^ de même que le bois
de Boulogne {vox*) » situé à l'autre ex-
trémité de Paris. Auprès de celui-ci est
le joli village de Neuilly, peuplé de 7,654
âmes, dans lequel la famille royale pos-^
sède un château agréablement situé, et
qui est la résidence dite ordinaire du
roi. Nanterre (3,591 hab.), à 19 kilom.
de Paris, est une très ancienne ville cé-
lèbre pour ses carrières, et surtout pour
avoir été la patrie de sainte Geneviève
{vojr.). On y voit une petite église avec
un clocher en style roman. ^^int-Ouon,
sur la rive droite de la Seine, près de
Saint-Denis, a 986 hab., et possède un
beau château, célèbre pour avoir été le
séjour de Louis XVHI avant son entrée
dans Paris, lors de la première Restaura-
tion, Choisy-le-Rol, sur la rive gauche
de la Seine, au- dessus de Paris', et tra-
versé par le chemin de fer de Corbeil,
a aussi un château qui tombe, en ruines.
Saint-Maur (1,073 hab.), sur la,rive
droite de la Blarne, illustré par son an-
cienne abbaye de bénédictins, possède au-
jourd'hui un magnifique canal souterrain.
Il faut citer encore la plaine d*Auber-
viUiers ou des Vertus (2,292 hab.), re-
marquable par ses belles cultures et par
son grand établissement d'équarrissage
et de fabrication de produits chimiques,
produits qui sont fournis aussi par le
nouveau village de Grenelle (2,816 hab.).
Montreuil (3,556 hab.), est célèbre par
ses pèches; Fontenay (967 hab.), par ses
roses; les poisde CUmart( 1 ,268 hab. }sont
également renommés. Les vins de Su-
resnes, recherchés autrefois, ont acquis
aujourd'hui une lâcheuse réputation. Le
département de la Seine est sillonné par
toutes les grandes routes et par tous les
chemins de fer qui partent de la capitale.
Les abords de celle-ci sont protégés par
une enceinte continue de 50 kilom. de
développement et par des forts déta-
chés, construits en avant de cette en-
ceinte. D^G«
SEINE -ET -MARNE (niPÀaTs-
MXHT Dx), borné à l'est par les départe-
ments de l'Aube et de la Marne, an sud
par ceux du Loiret et de l'Yonne, à
l'ouest par celui de Seine-et-Oise, et nu
nord par ceux de l'Oise et de l'Aisne,
renferme l'ancienne Brie et le Gâtinab
(voy,). Il est arrosé au nord par la Marne
et au sud-ouest par la Seine qui y reçoit
l*Yonne; de plus il est traversé au nord
par le canal de l'Ourcq, et an midi par
celui de Loing qui, venant du Loiret,
aboutit à la Seine. Sa superficie est de
563,482 hectares ou d'un peu plus de
285 Ueues carrées, dont 367,824 hect.
de terres labourables, 33,293 de prés,
18,972 de vignes et 79,862 de bois. La
forêt royale de Fontainebleau occupe
à elle seule 1 6,700 hect. On trouve d'au-
tres forêts considérables à Crécy, Va-
lence, Villefermoy, Jouy, etc.; environ
2,680 hect. sont couverts d*étangs. Le
sol se compose de terrains tertiaires avec
des bancs de gypse très étendus, soi*
tout dans l'arrondissement de Meaux.
Le calcaire siliceux fournit les pierres
meulières ( vo/.) de La Ferté - sous-
Jouarre. Ce calcaire forme un vaste pla-
teau entre la Seine et la MarnCi et les
grès constituent des masses considérables
dans l'arrondissement de Fontainebleau ;
on eo tire des pavés, et des sables em-
ployés aux verreries. Les terres qui se
reposent sur les roches à gypse, parti-
culièrement dans les cantons de Meaux,
Lîsy,Glaye etDammartin, sont au nom-
bre des plus fertiles du royaume, et la
Brie, en général, est renoUimée pourTa-
bondance de ses récoltes en céréales et
pour l'excellence de ses pâturages. Le
dép. exporte pour Paris des farines de
la valeur de 7 millions de francs, et une
grande quantité de fromages. On récolte
beaucoup de vin, mais il est d'une qua*
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SEl
(185)
SEI
lilé Biédiocre. Telle est la divisùm des
proprîélés , que l'on compte plus de 3
Biillions de parcelles. Il ii*y a pas de mi»
ses; cependant Provins a une source
d'eau ferrugineuse; les carrières de Gbà-
teau-Ljindon foumiteent des pierres de
taille de très bonne qualité. L'industrie
manufacturière consiste dans les tanne-
ries établies à Meaux, Coulommiers et
Prévins; dans les papeteries du Marais,
près Jouy, et de Courtalin ; dans la ma*
Bufacture de toiles peintes de Claye;
dans la verrerie de Bagneaux, dans la
fabrique de porcelaine de Fontainebleau
ei dans les filatures de cette ville et de
celle de Meaux.
Le dép. se divise en cinq arrondisse-
ments : Coulommiers, Fontainebleau ,
Meaux, M elun et Provins, ayant ensem«
ble 29 cantons et 689 communes, dont
63 seulement ont plus de 1,000 âmes.
La population totale est^ selon le recen-
sement de 1841, de 888,811 bab.; en
1886, elle était de 325,88 1 bab. En voici
le mouvement pendant cette année : nais-
sances, 9,048(4,693 masc.,4,855 fém.),
dont 456 illégitimes; décès, 7,977
(4,166 maac, 3,811 fém.); mariages,
3,054. Environ 8,000 électeurs (9 juil-
let 1842 ) nomment cinq députés, un
pour chaque arrondissement. Le dép.
appartient à la l^'^division militaire dont
le quartier-général est à Paris ; il est du
ressort de la cour royale et de l'acadé-
mie universitaire de la capitale, et il for-
me le diocèse de Meaux, suffragant de
celui de Parb. Il paie 2,844,069 francs
d'imp6t foncier; il a 25 bospices des-
servis par 110 sœurs de cbarité, et en-
viron 28 bab. sur 1 ,000 sont traités dans
les bospioes ou reçoivent des secours a
domicile.
Meluny cbef-lieu du dép. de Seine-et-
Blame, est uneville de 6,846 bab., située
sur la Seine, qui la divise en trois parties.
£lle existait déjà du temps des Gaulois,
sous le nom de Melodunum; mais alors
elle était bornée probablement à la par-
tie de nie. Elle a une vieille église igo-
tbiqueavec de beaux vitraux, une grande
place, de vastes casernes, une bibliotbè-
que et un collège. Brie -Comte- Robert
(2,725 bab.), sur la petite rivière d'Yer-
fes, avait autrefois un château remar-
quable dont il reste encore des tours.
Coulommiers, ville de 3,578 bab., sur le
Grand-Morio, cultive dans ses environs
beaucoup de melons d'excellente qualité.
Meaux, siège de l'évéché, sur la Marne,
a 7,809 âmes. On y remarque la vieille
cathédrale avec le monument de Bossuet
qui en fut évêque. Les moulins de la
Marne préparent les farines pour Fap-
provisionnement de Paris. Une grande
forêt 8*étend entre cette ville et La Ferté-
sousJouarre (8,907 bab.), qui fait un
commerce considérable de meules. Pro-
vins, ville de 6,007 bab., sur les petites ^
rivières de la Voulzie et du Durtain, se
compose de la ville haute, dans laquelle
on voit les ruines derancien cbâtéau-fort,
et de la ville basse où est la fontaine mi-
nérale. Nous avons consacré un art. par-
ticulier à Fontainebleau, ville de 8,021
bab.; les autres villes remarquables sont
Montereau (4,494 bab.), au confluent de
la Seine et de l'Yonne : c*est sur le pont
qui traverse la dernière de ces rivières,
que fut assassiné le duc de Bourgogne,
Jean- Sans- Peur; la ville a été fréquem-
ment prise et dévastée ; Nemours (3,889
hab.), sur le canal du Loing , ville bien
bâtie et agréablement située, qui a un
pont remarquable sur le canal, un Hôtel-
Dieu et un vieux château : c'était autre-
fois le chef-lieu d'un duché, de même
queNangis(2,015 hab.) était celui d'un
marquisat. Voir Essai historique, sta-
tistique, chronologique^ etc.^ sur le dé-
partement de Seine-et-Marne^ Meluo,
1829-1834, 4 vol. in-8». D-c.
SEINE- ET -OISt; (départemeht
de), dans lequel est enclavé celui de la
Seine {voy,)j et qui faisait autrefois par-
tie de l'kle-de-France, est borné à l'est
parledép.de Seine-et-Marne, au sud par
celui du Loiret, au sud- ouest et à l'ouest
par ceux d'Eure-et-Loir et de l'Eure, et
au nord par celui de VO\&e{voy, tous ces
noms) ; la Seine, en le traversant par de
grands circuiu, surtout au-dessous de Pa-
ris, y reçoit l'Essonne, auprès de Corbeil,
et rOise,auprè8deConflans; à l'est,ledép.
est encore traversé sur un petit espace
par la Marne , qui , comme nous l'avons
dit, se jette dans la Seine dans le dép. de
ce nom. Tous les chemins de fer un peu
considérables qui partent de Paris passent
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SKI
(18e)
SËl
par le 4ép. de Seîne-et-Ob»| notam-
ment ceux deVerseîlles, Rouen, Orléans,
Corbeil,etc.Des660,887 hectares, faisant
eoTiron 283 lieues carrées, qui consti-
iaeot la superficie du dép*, 867,741,
c'est-à-dire plus de la moitié, consis-
tent en terres labourables, qui, selon
le calcul de M. Fremj [Recherches sur
la récoUedes céréales de 1829, Versail-
les, 1880), produisaient alors 2,346,941
heetol. de blés, seigles et avoines, dont
la moitié seulement se consommait dans
ledép.Ilya20,09]bect.deprés,16;711
de vif nés et 84,499 de bois communaux;
4e plus, Pétat possède 15,608 hect. de
bois, . dont le produit annuel est de
1 80,372 stères. Ces bob se trouvept sur-
tOBl auprès des cbàteaux royaux de VeV-
sailles,Saint-Gloud,Rambouillet et Saint-
Germain. Il existe une ferme expérimen»
taie à Rambouillet, qui a beaucoup con-
tribué à Pamélioration de la race ovine,
et une institution agronomique à Gri-
gnon , aiec une féculerie et uoe (romage-
rie.Les moulins de Gorbeil apprêtent la
farine pour l'approvisionDementde Paris ;
Gonesse se distingue par sa boulangerie;
Versailles a des fabriques d* horlogerie, et
Jouy, oùOberkàmpf (vo^.) établit sa ma-
nufacture d^indiennes, a encore aujour-
d'hui une industrie florissante.
Le dép. de Seine-et-Oise se compose
des 6 arrondissements de Versailles, Man*
tes , Rambourllet , Corbeil , Pontoise et
Étarapes, comprenant ensemble 86 can-
tonset 684 communes,dootla population
élait,en 1 84 1 , de 470,948 âmes; en 1 886,
elleétaitde449,582hab., présentant pour
mouvement : naissances, 1 1 ,475 (6,026
masc., 5,449 fém.), dont 729 illégiti-
mes;décès, 10,765 (5,621 masc., 5,144
fém.); mariages, 8,973. Le dép. appar-
tient à la V® division militaire, dont Pa-
ria est le quartier- général; il forme le
diocèse de Versailles, suffragant de l'ar-
chevêché de Paris , et sous les rapports
de la justice et de l'instruction publique,
il est du ressort de la cour royale et de l'a-
cadémie de Paris; il a un collège royal
de 1^ classe et une école normale pri-
maire (à Versailles), et 10 congrégations
religieuses de femmes vouées à l'éduca-
tion des filles. Le dép. paie 3,888,885 fr.
d'impôt foBèier) il avait, It 9 juill. 1841,
3,842 électeurs nommant 7 dépotés dâ^
les collèges électoraux qui se réunissent
è Versailles, Saint-Germain, Corbeil,
Étampes, Mant^, Rambouillet et Pon-
toise.
Nous parlons, dans des articles parti-
culiers, de Versailles^ chef- lieu (29,209
hab.), réuni à Paris par deux chemins àm
fier, de Saiot-Germain-en-{jaye (10,951
hab.), la Malroaison, Saint-doudjf2,2 1 9
hab.), Saint-Gyr (1,018 hab.), Ecouen
(657 hab.) et Montmorency (1,789 hab.).
Ce dép. a encore beaucoup d'autres lieiift
remarquables , que noils devons citer :
Poissy, ville de 2,880 bab. , sur la rive
gauche de la Seine, a une maison cen-
trale de détention , et il s'y tient chaque
semaine un marché important de bes«
tiaux pour l'approvisionnement de la ca-
pitale. Sur la même rivière est située 1a
petite ville de Meulan ( 1,941 hab.), entre
des vignes et des prairies ; elle % un Hôtel-
Dieu et une halle pour les grains.Le bouff
de Sèvres, peuplé de 8,979 hab., avee
un beau pont sur la Seine, a une manu-
facture royale de porcelaine , d'on sor-
tent les plus beaux ouvrages de ce genre
que fournisse la France, et où l'on a fail
de remarquables essais de peinture voit
verre; une belle avenue conduit de là sur
la hauteur de Bellevue, couverte de char-
mantes maisons de campagne, et jus-
qu'au château de Meudoii, qui dominé
la gracieuse vallée de Fleury, ainsi qoe
le bourg' de Meudon (8,286 hab.), oà
Rabelais était curé. Mantes, jolie ville
de 3,8 1 8 êmes, sur ia rive gauche de
la Seine, possède une ancienne cathé-
drale gothique, et le chemin de fer de
Paris a Rouen y passe. Corbeil, au con-
fluent de la Seine et de l'Essonne, a
8,690 hab., qui expédient beaucoup de
grains et de farines pour Paris; le cours
de la Seine et un chemin de fer facilitent
les relations. La ville de Pontoise (5,408
hab.), près de laquelle passe le chemin de
fer du Nord , doit son nom è son pont
ancien sur l'Oise, rivière qui y re^it celle
de Viosne; la ville possède un grand hô*
pital. A quelques lieues de là est l'Isle-
Adam (1,542 hab.), où l'on voyait aa-
trefois un beau château situé dans une
Ile d« rOise. A Rambouillet (t'oy^.), ville
de 8,006 hab., dans une vallée, on voit le
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SEl ( l
cbâteau où est mort François I*', et où
Charles X signa l'acte de son abdication;
un parc de 1,200 hect. est attenante
cette ancienne résidence royale. Un châ-
teau plus Tieux et une forêt existent à
Doordan,? ili6de2,547hab.,sur la rivière
d'Orge; cette ville a aussi une église go-
thique et des halles remarquables. Une
das villes les plus considérables du dép.
est celle d'Étampes, peuplée de 7,896
âmes et située dans une belle vallée sur la
Juine et sur le chemin de fer de Paris à
Orléans; dans les guerres civiles, elle a été
plusieurs fois prise et saccagée, et au
moyen -âge les rois de France y possé-
daient un château. Il faut encore citer les
petites villes d'Arpajon (2,172 hab.), Pa-
laiseau (1,633), et Ghevrense (1,542
hab.) . A EnghieD(i;o^.) existe une source
d'eau sulfureuse , la seule source miné*
raie du département. D-g.
SEINE-INFÉRIEURE (niPARTE-
MENT DE la)^ bomé à Test par le dép.
de la Somme et par celui de l'Oise, au
sud par celui de l'Eure et par le cours
inférieur de la Seine (voy.)> 9**' y • *<*°
embouchure dans la Manche , à l'ouest
et an nord-ouest par l'Océan. La Seine,
dans ses grandes sinuoskés, reçoit plu-
sieurs petites rivières, telles que le Robec,
à Rouen, celle de Cailly, etc., mais dont
aucune n'est navigable; d'autres rivières
débouchent sur les c6tes : ce sont sur-
tout la Bresie, qui sépare ce départe-
ment de celui de la Somme, infères, T Ar-
ques qui, se composant de la Varenne,
de la Béthune et de l'Aulne, a son em-
bouchure à Dieppe. « La surface de ce
dép., dit M. A. Passy {Description géo*
logique du dép. de 4» Seine- Inférieure^
Rouen, 1 832, in-4**), est un vaste plateau
sillonné par des vallées et surmonté par
des collines peu élevées, qui n'atteignent
pas 250™ de hauteur au-dessus du niveau
de la mer. Dans le centre, deux grandes
plaines communiquent ensemble et pa-
raissent s'abaisser de chaque côté d^une
espèce de chaîne un peu plus élevée que le
reste du sol. Des deux revers de cette
arête, généralement large et surbaissée,
descendent des vallées qui , en s'appro-
fondlssant, conduisent, soit è la mer, soit
à la Seine, les rivières qui coulent vers lé
nord- ouest ou le sud- est. » Le I6hg de la
87 ) SEl
mer régnent des roches crayeuses avec des
assises dé silex pyromaques que les flota
battent sanÀ cesse en brèche , et qui, eo
s'écroulant , donnent lieu à celte masse^
de galets [voy.) qui forment comme une
ceinture à la partie maritime du dép. La
pays deCaux [voy.) est remarquable par
sa fertilité en céréales et en fruits ; le Braj,
du côté du dép. de TOise, a des tourbiè-
res imprégnées de sulftite de fer que Ton en
retire poui* mettre dans le commerce.
Le long de la Seine on voit de beaux pâ-
turages et des coteaux couverts de boit.
La surface du sol présente en général dea
couches profondes , soit de sable et de
gravier, soit d'argiles, parmi lesquelles il
y a des argiles plastiques contenant du
fer sulfuré, du lignite et des débris d'a-
nimaux antédiluviens. On tire des car-
rières du marbre lumaehelle, des argiles
employées à la poter^ie, et les silex pyro-
maques des falaises donnent 6^9 pierres
à fusil et sont employées aux construc-
tions. Le dép. a plusieurs sources d'eauk
ferrugineuses, entre autres celles de For*
ges et d'Aumale : les premières avaient
autrefois une grande réputation et atli*
raient beaucoup de malades.
La superficie totale du dépt etit de
602,9 f 2 hectares, ou un peu plus de 805
lieues carrées; elle comprend 378,016
hect. de terres labourables, 28,024 de
prés, 68,844 de bois, dont 84,595 ap-
partenant à l'état et donnant un produit
annuel de 133,420 stères, et 61,178 de
vergers, pépinières et jardins. Le cidre
étant la boisson générale, oti cultive par-
tout des pommiers, et les grandes routes
en sont bordées. On élève beaucoup de
bestiaux; les troupeaux de bétes à laine
donnent environ 650,000 kilogr. de laine
par an. Aux richesses naturelles du pays
se joint une industrie manufacturière très
importante: 60 à 70 manufactures d'in-
diennes occupant plusieurs milliers d'ou-
vriers livrent au commerce 1 million de
pièces par an, de la valeur de 40 raillions
de fr. On tisse en outre, tant dahs les
villes que dans les campagnes, beaucoup
de cotonnades blanches. Darnetal fabri-
que des nanquins ; on compte au moins
200 teintureries, autant de tanneries,
autant de filatures, plus de 106 impri-
merie» de toiles peiritès^ une centaine de
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SËl
(188)
SËJ
pftpeleries; U y « plot de 300 éubliate-
nents indiutrieUsdr le» trois petiletriviè-
resy le Robec, TAobeUe et la Renelle qiM
Irafertent le chef-lieu.On foil de Thuile
de coixa et on exporte aae graode quan-
tité de cidre. Sar les cètesi la pèche ma-
ritime occape des milliers d^ndividos et
donne un produit très important, tout
en formant d'excellents marins. Par la
Seine y les productions de l'intérieur de
la France arrivent facilement an Havre,
qui, de plus, est lié à la capitale par un
diemin de fer déjà achevé jusqu'à Rouen,
de môme que les productions d'outre-
mer remontent dans l'intérieur par cette
double voie. Le |>ort de Rouen reçoit
plus de 3,000 bateaux et petits navires,
et il en sort autant.
Le dép. de la Seine-Inférieure, uades
plus peuplés du royaume, a, suivant le
recensement de 1841, 787,206 hab.;
en 1886, il en avait 730,526, dont voi-
ci le mouvement : naissances, 31,395
(10,910 masc., 10,485 fém.), parmi les-
quelles 3,533 illégitimes; décès, 17,738
(8,90} masc., 8,837 fém.); mariages,
5,910. Il se compose des 5 arrondisse-
ments de Rouen, Dieppe, le Havre, Yve*
tôt et Neufchàtel, qui se subdivisent en
60 cantons et 759 communes. Le 9 juill.
1843,8,198 électeurs étaient inscriu
dans ce dép., qui nomme 1 1 députés; Tar-
rondissemeut de Rouen se divise en 4,col-
léges électoraux, celui de Dieppe en 3,
les autres se réunissent au Havre, à Roi-
bec, Neufchàtel, Yvetot, et3aint- Valéry.
Le dép. paie 4,793,474 fr. d'impôt fon-
cier. Il renferme le quartier-général de
la 14® division militaire, une cour royale,
une académie universitaire, un archevê-
ché, deux églises consbtoriales pour les
réformés avec sept pasteurs.
Nous avonsdéjà fait connaître les prin-
cipales villes, savoir : le chef-lieu, i{otf^/2,
ville de 93,088 hab., les ports du Havre
(35,618 hab.) et Dieppe (16,830 hab.),
ainsi que la ville d'Eu (3,739 hab.). Le
port de Fécamp, à l'embouchure d'une
petite ririère du mémf nom et au débou-
ché d'une longue vallée, a 9,463 hab. et
possédait autrefois une grande abbaye.
Au nord de ce port , on trouve ceux de
Saint -Valery-«n-Caux,^avec 5,336 hab.,
et de Tréport (3,419 hab.), à l'embou-
chure de la Rresle où Ton trouve une
bonne rade entre les falaises. Le village
d'£tretat, également au milieu des falai-
ses, a un parc d'huttres assez renommées;
enfin le port d'Harflenr (1,583 hab.),
situé à peu de distance du Havre et au-
dessus de l'endroit oh la Lézarde se jette
dans l'mnbouohure de la Seine^ est ensa-
blé en partie et a perdu son ancienno
importance. Parmi les villes de l'inté-
rieur, il faut nommer Bolbec (9,803
hab.), à la réunion de quatre vallées et
sur la rivière du même nom, ville manii*
facturière, bien bâtie, entourée de maisons
de campagne et d'une population rurale
très industrieuse. Caudebec (3,713 hab.),
avec un petit port aur la rive droite de
la Seine, a une belle église du xy* siècle.
Neufchàtel (3,468 hab.), sur la Réthune
et Goumay sur TEpte (8,164 hab.), en-
voient à Paris, en grande quantité, l'une
ses fromages et l'autre son beurre. Lille-
bonne (3,^580 hab.), l'ancienne JuUa
Bona^ dans une jolie vallée, a conservé
beaucoup d'antiquités romaines , telles
qu'un amphithéâtre, des statues, des
tombeaux, etc. Il ne reste que des ruines
des anciens châteaux d'Harcourt,de Tan-
carville et d'Arqués (vpT*)» &i>pr^ ^^
dernier, Henri IV vainquit le doc de
Mayenne. La ville d'Yvetot, peuplée de
9,313 âmes, était autrefois un franc-fief
qui avait acquis, on ne sait comment, le
titre de royaume, titre qui n'a pas donné
lieu seulement à des facéties, mais encore
à des dissertations sérieuses. D-G.
SEING (Blanc-), voy. Blanc. Le
mot seing est le latin signum^ et syno-
nyme de cachet {voy,) ou de marque en
général. .
SEING PRIVÉ, voy. Acte.
SÈISTAN ou Sbdjxstan (l'ancienne
Drangiane)y voy. Pe&sb et Kaoeaçan.
M. Ch. Ritter {Géographie de PAsie^
X. VI, r* part., p. 149) écrit Sedsches-
tan le nom de ce désert contigu, au sud,
à celui du Béloutchistan (voy.).
SEIZE (faction des), voy. Lions,
Basbicaobs (Jouméedes) et QjjisE{Hen»
ride)
SÉ4AN. Ce favori de Tibère, fiU d'un
ohevalier romain, fut un homme qui sut
adroitement dissimuler son ambition et
son orgueil; mais qui, du reste, ne recula
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SEL ( 1S9 )
deTant aucaii moyen poar Mtisfiûre ses
pftMioiM. Ayant gagné la confianœ dn
•oapçotfnenx emperaor au point de le
dominer entièrement, le sénati lenrile-
ment tomib, lai témoigna le plue grand
respect. Séjan parvint aussi à s'attacher
les cohortes prétoriennes, et pour arri*
ver an ponroir sapréme, rien ne le gênait
pins qne Dmsns, fils de Tibère, et les fils
de Germanicos, les plus proches parents
de Fempereor. Il se débarrassa dn pre*-
micr par le poison ; les derniers forent
bannis avec leur mère et jetés dans une
prison où ils mourorent bientôt. Pla-
sieurs Romains illustres, amis de Ger-
manicos, furent envoyés an supplice à son
instigation, et lorsque enfin Tibère s*é-
loigna pour jamais de Rome et se retira
tout-a-faitdu gouvernement, Séjan i^-
gna avec un pouvoir absolu ; le sénat or-
donna d'aâorer publiquement les statues
qui lui avaient été élevées à Rome. Mais,
au moment même où il venait d'atteindre
au faite de la puissance et des honneurs,
Tibère conçut des soupçons, et prenant
ses mesures avec tant de prudence que
Séjan ne se méfia de rien, il finit par
l'accuser publiquement dans le sénat
(l'an 31 de J.-C). Mis en prison, Séjan
se vit condamner à mort, et la sentence
lut exécutée le même jour. Sa famille, ses
amis, et parmi eux vraisemblablement
Yellékis Paterealos, subirent le même
tort. C. L.
SEL. Les chimistes n'ont pas toujours
été d*aocord sur ce qu'il faut entendre
par ce mot. Bergman désigna dans son
temps par sel toute substance- soluble
dans moins de SOO fois son ppids d'eau
pure. D'après<«tte définition, Bergman
considérait comme des sels une foule de
substances d'une nature bien différente.
LaToisier, en réformant la chimie en gé-
néral, réforma aussi la notion qu'on avait
alors sur les sels. U établit qu un' sel est
une combinaison d'un acide avec une
base, que cette rombioaison soit soluble
dans l'eau ou non. On a expliqué aux
mots Acini et Basb ce qu'on entend par
chacune de ces dénominations. Cette idée
du célèbre chimiste français a ensuite
été adoptée généraleinent. Les progrès
de la chimie ont cependant rendu même
oalte définition insuffisante.. liC sel par
SEL
excellence, le sel de cuisine, qui, nics
l'origine, a donné son nom k toute la
classe des sels, aC qui, dans le temps
de Lavoisier, était considéré comme une
combinaison d'acide muriatique et de
soude^ ne serait plus un sel, d'après
cette définition, puisque des découvertes
faites ultérieurement ont montré qu'il
ne contient ni sonde ni acide muriati-
que, mais bien le métal sodium uni à
une snbsunce simple ou éléoMntaire, le
chlore, d'où on a changé le nom de mu-
riate de soude en celui de chlorure de
sodium.
Quelques chimistes, en suivant stricte-
ment la définition des sels donnée par
Lavoisier, ne considèrent donc psn le sel
de cuisine comme un sel; d'autres chi-
mistes donnent à cette dénomination une
plus grande étendue, en y comprenant
non- seulement les corps qui ont une
composition analogue è celle du chlorure
de sodium, mais encore aux combinai*
sons des corps sulfurés entre eux.
L'halurgie {voy,) comprend, d'après
ces derniers, deux classes générales de
sels, qu'on appelle seb baloîdes et &els
amphides, 1 o Les sels haioides on halo^
sêfs sont composés d'un métal et d'un
corps halogène, tel que le chlore, le bra-
me, l'iode, le fluor et le cyanogène; on
appelle ces corps halogènes (engepdrant
des seb), parce qu'en se combinant avec
les métaux, ib produisent des sels. Cette
classe de sel» n'est donc composée qun
de combinaisons formées de deux corpe
simples, un méul et un corps halogène.
3« Sels amp/iides ou amphisels. Ces sels
sont composés, généralement parlant, de
trois corps simples, savoir d'un métal,
qui est le radical de la base, d'un corps
simple métallique on non métallique, qui
est le radical de l'acide, et d'un troisiè-
me corps, qui, en se combinant avec ces
derniers corps, convertit le premier en
base saKfiable et le dernier en un adde :
ce trobième corps qui a la propriété de
produire des acides aussi bien que des
bases, est appelé un corps amphigène^
c'est-à-dire qui engendre les deux (£^-
fu). Les coirps appartenant à cette caté-
gorie sont IV>xygène, le soiîfre, le sélé-
nium, le tellurium. Cependant on n'a
étudié sons ce rapport que les combi*
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SRf.
(19«)
SKI
Miboni de l'oxygène et da loiifr». Les
•eb aflipkides i|ai contienneot de ro«.y*
gèoe soDt appelés des oxyseisj et cmik
«|ai oofUienneot da soafre des suifoseh.
La eonposUioB des sulfosels est parfiû*-
temeot ôdqoéesor oelle des oiysels, maïs
Poxy|;èDes'y troafe reoiplaoé paras égal
nombre d*atomes de soufre. L'arséoiate
de potasse, par exemple^ eo dissolulioD
dans Peau se décompose, par un ooaraat
de gaz hydrogène sulfaré,en eaa ,qai pro-
▼ient de la combinaison de Thydrogène
da gaz avee Poxygène da sel, et en sulfar-
séniate de poUssium, dans lequel Tozy*
gène du sel primitif est remplacé, atome
poor atome, par le soofire da gaz hydro-
gène «alfuré.
Les sels haloldes doivent- ils en effet
être considérés comme des sels ou non?
C'est purement une affaire d'opioion. Il
est parfaitement indifférent tant poor la
pratique que pour la théorie de U science
que l'on se dbètermine plutôt pour Tun
que pour Tautre, pourvu qu'on soit con-
séquent dans l'opinion adoptée. Ceux qui
ne considèrent pas les chlorures, bromu-
reSy etc. , comme des sels, fondent leur opi-
nion sur ce que ces combinaisons ne sont
composées que de deux corpsaimples, tan-
dis que les sels en doivent contenir an
moins trois. Tant qu'on persiste a baser la
classification des sels sur le nombre des
corps simples qui y sont oontenoS| on a
raison de ne pas considérer ces combinaK*
tons comme des sels. Ceux qui préfèrent
l'opinion contraire n'admettent pointqoe
le nombre des éléments qui constttaent
an sel doive être pris en considéra-
tion lorsqu'il s'agit de déterminer ce que
c'est qu'un sel. La classification chimi-
que en général a pour but de rassembler
en certains groupes les corps qui se res-
semblent le plus par leurs caractères,
quelle que soit d'ailleurs leur composition.
Gomme cette base de la classification
tend à rendre les notions des propriétés
des corps plus claires, nous nommons,
par exemple, acides les corps doués des
propriétés des acides en général « sans
avoir égard au nombre de leurs éléments.
Ce nombre peut être 3, 8, 4 et aa^
delà. Or il y a des seb baloîdes tellement
ressemblants aux oxysels, qu'un chimiste
même exercé ne saurait les distinguer
l'un da l'antre, sans enipb|«r dans 09
but un réactif qualoonqne : tels sont ef<-
tre Autres le chlorure -de magnésimn et
le nitiate de magnésie, Ex^ore k chlo-r
rare ém magnésiom de la claata a la^
quelle appartient le citrate de magnésie»
pam)e qu'il ne contient que deux élé*
ments, tandis que le dernier en contient
trois, reviendrait à exclure l'acide acé-
tique de la cUsse à laquelle appaitien-
nent les aoidea sulCuriques, phospho-
riques, etc., parce que le premier con*
tient troisélémentS) tandis que lesdemievs
n'en contiennent que deux. Il s'ensuit donc
qu'on a raison d'admettre les sels halo!*
des dans la classe des sels.
Les anciens chimistes se trouvaient
très embarrassés pour la nomenclature
des sels. On leur donnait des noms em-
piriques, tels qaeiTtf/ tie Glauber (voy.)^
sei polycbrtsty arcanum duppiicaUnRf
etc. ; meis le nombre des selâ, qui aog-
mente joarBellement par suite de noa-
veUesdéoott vertes, rend cette manière de
les nommer fort incommode, Bergman
imagina de remplacer les nomsempiriqaes
par une définition de leur composition :
il disait par exemple aihaii v^iabiU
vitriolaûimy alhàU minérale vitriola'^
tumf en parUnt dea sels de potasse et de
soude avec Tacide solfurique, qu'on ap*
pelait autrefois acide vitriolique» Guy-
ton de Morveau ptofita de cette idée
d'ane manière très heureqse : il divisa les
sels en genres. Les sels formés par chaque
acide formaient on genre à part, dont le
nom fut déduit de celui de l'acide : ainsi
il appelait les sels formés par l'acide soi-
furique des sulfates, ceux formés par l'a*
cide nitrique des nUraies{voy. oesmota);
les sels formés par les acides sulfureux et
nitrenx, il les appelait des ^it^e^ et des
nitrûes. De cette manière, le nom d'un
acide étant donné, celui du genre des sele
qu'il forme l'était aussi. Pour distinguer
ensuite les différentes espèces de chaque
genre, il ajouta le nom de la base. On a
donc dit sulfate de potasse^ nitrate de
soude^ sulfite de chaux. A partir de ce
moment, la nomenclature de tous les aela
possibles était détjermiaée d'avance. Maïs
lorsque Guyton de Morveau créa la no-
menclature chimique, on ignorait encore
que les alcalis et les terres fussent dei
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S«L
( t»o
SBL
Oljdkt Bl<ttMii<tfwî : il Mdopttt p«% j^r
v<Miié^cBt,4o»t« TéteséiM qu'^ia fil à
ittèoM de donner aotaeHenent à la no*
■MloUtare des sels, en modifiaol le nom
^ k base, coome il Tairaic i«il pour ce-
lui de Facide. Il ne fii qiM nooMoer la
bâte du se!, et, poorletaels méulliquet,
il nomma aenlcment le métal, comme
$mifate defer^ niiraie d'argent, Mab
oette nomenclalnre se trouve en défaut
tontes les fois qu'un métal donne deux
oxydes basiques, comme par exemple le
far, le cuivre, le mercure, puisqu'elle
nHndSque point leqnel des oxydes basi-
ques se trouve dans le sel. Guyton essaya
de les distinguer en disant sulfate deftr
vtr$ et sulfate de fer rouge» On a tâché
ansuite de remédier à ce défisut, en disant
lam^ protosuif au et persulfate defer^
UMii6t su^te de protojcyde et sui/ate
dm peroxyde de fer. Plus tard, on a com-
mencé à simplifier encore cette nomen-
clature, en employant, pour les différents
degrés des oxydée basiques du même mé-
tal, le principe de nomenclature que
Guyion employa si heureusement ponr
celle des acides. L'usage s'est donc intro-
duit de dire oxyde ferreux et oxyde jer^
rique^ au lieu de protoxyde et de /^er-
oxyde defer^ tout comme on dit acide
sulfureux et aeide sulfuriique. D'après
eette nomenclature, la potasaeestl'axy^^e
potassique^ la soude Voxyde sodique^
U chaux V oxyde calcique; on dit donc
sulfate potassique^ sodique^ eaiciquey
ferreux^ f&rrique^ cuivreux^ cuiprique^
ete« Cette nomencîature «it .parfaitement
en harmonie avec la nomenclature chi-
mique en général, elle est courte, ex«
presMve et commode. Quelques -auteurs
de mémoires de chimie ont commencé à
s^n servir, mais elle n'est point généra-
lement reçue. La nomendature des ha-
losela se fait comme ceUe des oxysels : en
dit ekhrure de potassium^ protoeblo*
rure de fer y perehloruredefer^ ou bien
chierure potassique^ chlorure ferreux j
ektorure ferrique^ ete. La nomenclature
4m aulftMeb est la même que ceUe des
sela, avec cette différence qu'on met le
nom suifo avant le nom générique du sel,
par exemple, sulfopkosphatt^ suifarsé-
mate^ sulfi^molybdate potassique^ fer^
HrMr, ete.y pow indiquer que la sub*
sunoe basiqtte aussi bien que eelle qui
joue le rôle d'acide est 'un suMbre.
Dans l'esprit de la nomenclature, les
ÈtU sont partagés en genres d'après leur
partie conelituante électro- négative ou
Taçide, et en espèces d'après leurs bases.
I9éanmoins, dans un grand nombre de
Manuels de chimie, on les trouve classés
en genres d'après leurs bases et en espè-
ces d'après leurs acides, sans que pour
cela leur nomenchitnre y ait été changée.
En partant du degré de saturation
mutuelle des parties constituantes des sels,
on les divise en sels neutres, sels acides et
sels basiques.
Sels neutres. Lorsque uaft dissolution
de potasse on ajoute de l'acide suUurt-
que étendu en petites quantités à k lots,
on arrive à un point où la saveur et les
réactions de la potasse (voy, Alcau) ont
entièrement disparu, sans qu'aucune tra-
ce de la saveur et tles réactions de l'aci*
de s'y manifeste. La solution a acquis
un goût salé et ne change plus les cou-
leurs végétales. On dit alors que l'acide
et la base se sont neutralisés, H en est
résulté un sel, le sulfite de potasse, et ce
sel est neutre. Un atome de potasse se
trouve alors combiné avec un atome d'aci-
de sulfurique. Il n'y a cependant que les
bases les plus fortes, combinées aux aci-
des forts, qui produisent cette neutralité
complète. Les bases les plus fortes combi-
nées avec les acides les plus faibles, avec les
acides carboniques et boriques, par eiem-
pie, donnent des sels où la propriété al-
caline de la base ne peut pas être neu-
tralisée; ils ont une saveur alcaline et
colorent en bleu le papier de tournesol,
rougi par un adde. De même les acides
forts, combinés avec des bases moins for-
tes, comme l'acide sulfurique saturé de
protoxyde de fer, tourne tout de saiie
au rouge le papier bleu de tournesol,
comme le ferait un acide libre. Le nom-
bre des sels neutres serait donc très li-
mité, si l'on ne considérait comme neu-
tres que les sels où toute réaction ana-
logue à celle des alcalis on des acides
aurait cessé ; mais on est convenu d'ap*
peler neutres tous les sels où la base est
combinée avec un atome d'acide pour
chaque atome d'ouygène qu'elle renfer*
me. Lorsque k base ne contient qu'un
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SËL
(192)
SEL
seul atOBMd'oxygèoe, die donBe an sel
neutre avec un atome d'un acide quel-
conque; mais si elle en contient 2 ou 3
atomes, il lui faut 3 ou 8 atomes d'acide
pour produire le sel neutre. C'est pres-
que toujours celle neutralité cooTention-
nelle qu'on veut indiquer, et non pas la
neutralité absolue.
Un sel neutre, dans la dernière ac-
ception du mot , peut se combiner en
proportions définies avec une nouvelle
dose, tant de l'acide que de la base. Dans
le premier cas, il en résulte un sel acide
ou sursel\ dans le dernier, un ^f/^o/îi^ic^
ou sôussel. Cependant cette propriété
n'est point générale. Le plus^and nom-
bre dlea seb ne sont connus qu*à l'état
neutre. Ceux qui forment des sursels ne
peuvent que rarement produire des sous*
sels. Quelquéfob aussi l'inverse a lieu.
Les sursels sont composés le plus sou-
vent d'un atome de sel neutre, combiné
avec an atome additionnel de l'acide ; mais
il y en a où Fatome du sel neatre est
combiné avec 3 et 8 atomes de Tadde, et
d'autree où 3 atomes du sel neutre ne
sont combinés qu'avec un seul atome de
l'acide. Noua avons, par exemple, unsur-
sul&te de potasse, composé d'un atome
de sulfate de potasse et d'un atome d'aci-
de sulfurique, puis un autre composé de 2
atomes du sulfiite et d'un seul atome de
l'acide. Il y a deux suroxalates de potasse
dans lesquels un atome de Toxalate neu-
tre est combiné avec 1 et avec 8 atomes
d'acide oxalique. Nous avons deux sur-
cbromates de potasse composés d'un ato-
me de chromate neutre avec 1 et avec 3
atomes d'acide chromiqne. Certains aci-
des ne donnent jamais de sursels, par
exemple l'acide nitrique, l'acide acétique;
et d'autres en donnent avec la plupart
des bases, tels sont l'acide pbosphorique
l'acide Urtrique. La nomenclature des
sursels dérive du nombre d'atomes d'a-
cide qui sont combinés avec un seul
atome de la base : ainsi nous disons ses»
quisulfate et bisulfate de potasse, 6/-
oxatate et quadroxalate de potasse, bi-
et trichromate de potasse. Il se présente
des cas, mais ils sont rares, où un sel
neiitre se combine avec un autre acide
que le sien : telles sont les combinaisons
de l'acide sulfurique anhydre avec les
nitratM de potasse et d'ammoniaque, et
celles dea addea auliuriqu* et cbromi-
que avec plusieurs chlorures.
Les soussels se forment lorsqu'un
atome du sel neutre se combine avec 1,
3, 3, etc., atomes de la base du même
sel. Ils sont plus communs que les sur*
sels. Un sel neutre d'un protoxyde ne se
combine qu'avec le protoxyde, et un ael
de peroxyde qu'avec le peroxyde. Lea
alcalis et les terres ne donnent que ra-
rement des soussels. L'alumine, le per-
oxyde de fer ««l'oxyde de plomb en don-
nent avec presque tous lea acides. On lea
désigne, dans la nomenclature, en ajoa-
tant au nom du sel les mots monoban^
que^ sesquibasique^ bibasique^ tribasi^
que, etc. Les auteurs néanmoins m
comptent point les atomes des bases de
la même manière. Les uns indiquent p«r
le nombre ajouté au mot basique, com-
bien d'atomes de base sont combinés avee
un atome de l'adde ; les autres au con-
traire entendent par ce même nombre
la quantité d'atomes de base combinée
avec un atome du sel neutre. Par conaé*
quant, ce qui est le sel tribasiquedes pre-
miers est le sel bibasiqne des demien.
Il nous semble que la méthode qui con-
siste a compter les atomes de base ajou-
tés au sel neutre doit être préférée.
Les haloaels ont aussi leurs sursela et
leurs soussels. Dans lessursels, le sel neu»
tre se trouve combiné avec 1 atome, ra-
rea»ent avec 3, de l'adde que le corpa
halogène (le chlore, le brome, etc., etc.)
qui y est continu forme avec l'hydro-
gène. Dans les sels basiques un atome du
sel neutre se combine avec 1,3, 3, ete.
atomes de l'oxyde du méul contenu dana
le sel ; mais toujours de manière-à ce que
dans tous les cas où les métaux donnent
lieu à deux oxydes basiques, comme par
exemple le fer, le mercure, etc., ce aoit
toujours le protoiyde qui seeombineavee
le protochlorure, protobromure, etc., et
le deutoxyde avec le deutocfalorure, deu-
tobromnre, etc. En sorte que ces sdsiui«
vent absolument les mêmes lois que lea
oxyseb. Lessulfoseb se comportent abso-
lument comme les oxyseb.
L'expérience a montré qu'une aulfo-
base peut qudqudois s'ajoutar à un pxy*
sel ou à un balosd, et une oxybase è ou
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âEL
(198)
SEL
iulfbiel; iiiaitaiicoiiiiâhlMeDprad*acem-
plctdeoagcnredccoiiibiMMoni, et cefont
jusqaHci exelunTcment les protoMls de
mereare oa les sek mercnreux qui les
fournissent.
Seis doubles* Les sels se combinent
entre enx et donnent des sels pins com-
posés^ doués des propriétés des deux sels
combinés^ mais dont, en général, la for-
me cristalline et l'aspect sont très difié-
rents de ceux des sels qui les composent.
Un atome d'un sel se combine avec 1, 3,
8^ etc., atomes de l'autre. Le cas le plus
ordinaire est celui où les deux sels se
combinent à nombre égal d'atomes de
cbacun des sels intégrants. On appelle
ces nouveaux sels des seis doubles. Les
deux seb combinés ont le plus ordinal*
rement l'adde ou le corps halogène en
commun. La même base se trouve moins
souvent unie à deux acides différents, ou
le même métal à deux corps halogènes
différents. Il est plus rare encore que des
seb, qui n'ont ni la même base, ni le
même acide, se combinent pour former
un sel double. Tous les seb ne possèdent
pas la propriété de s'unir à d'autres sels
pour former des sels doubles; il y en a
qui n'en forment jamais. Les haloseb
suivent les mêmes lob à cet égard. Un
chlorure se combine avec un autre chlo-
rure, , moins souvent avec un bromure,
iodure , etc. , et plus rarement encore
avec un okysel ou un snlfosel, quoique
nous ne manquions point de quelques
exemples de- ce genre. Les chimistes qui
ne rangent pas les haloseb dans la classe
des seb, considèrent les chlorures, bro-
mures , etc., des radicaux, des alcalis et
des terres alcalines, comme des bases, et
ceux des métaux en général comme des
acides. Us admettent par conséquent les
haloseb doubles dans la classe des seb
simples. Lorsque le bichlorure de mercure
(chlorure mercurique), par exemple, se
combine avec le chlorure de potassium
(chlorure potassique),on donne au bichlo-
rura le nom d'acide ehlorohydrargyrique
on ckloromereuriquef et an sel le nom de
chlorohydrargyratefiiQ. cMoromercitrate
de potassium* Mais cette manière de
voir, quoique reçue, a cependant ses in-
convénienu théoriques, parce qu'il y a
des chlorurée doubles, teb que celui de
Bnerelop. d. G, rf. M, Tomt XXI.
potassium et de magnésium, dont aucun
des seb qui le composent ne saurait être
considéré comme un acide; et lorsqu'un
chlorure se combine avec un oxysel, par
exemple le chlorure de calcium avec
l'acétate de chaux, c'est bien un sel dou-
ble où aucun des sels ne saurait être
nommé acide ou base*
Sels triples. Les seb doubles se com-
binent aussi quelquefois entre eux et for^
ment des seb triples, puisqu'ils sont com*
posés de trob seb : l'un des seb simplet
y est presque toujours commun aux deux
seb doubles. C'est particulièrement parmi
les silicates et parmi les cyanures qu'on
trouve les seb triples.
Une grande partie des seb , tant seb
simples que seb doubles, est soluble dans
l'eau; une autre partie y est insoluble.
L'alcool dissout un bien moins grand
nombra de sels. L'éther, ainsi que les
huiles, tant grasses que volatiles, n'en
dissolvent qu'un très petit nombra et c'est
même en petite quantité. Il y a des seb tel-
lement avides d'eau, qu'ils la précipitent
de l'air pour s'y dissoudre. On dit alora
que ces seb entrant en déliquescence.
Lorsqu'on dissout dans de l'eau chaude
telle portion d'un sel qu'elle peut dissou-
dra à cette température, elle dépose, en
se refroidissant, un excès de sel, qu'elle
a pu dissoudra en faveur de l'influence
de la température plus élevée. Le sel.
prand alors ordinairement la forme de
cristaux, qui deviennent de plus en plot
réguliera,à mesura que le refroidissement
se fait plus lentement. En faisant rafroidir
rapidement la dissolution et en la ran^uant
en même temps , le sel se précipite en
petits grains : c'est ce qu'on appelle rm-
talUsation troublée. On a prétendu, mab
àtort,que le sel ainsi précipité d'une solu-
tion de plusieun seb mélangés serait plus
pur que les cristaux réguliera formés len-
tement.Un très grand nombre de sels, qui
se déposent ainsi de leur dissolution dans
l'eau, se combinent avec de l'eau en pro-
portions fixes et les cristaux en contien-
nent souvent une quantité considérable.
Cette eau , qui y est solide, à l'eut de
glace, pour ainsi dire, est nommée ecm
de cristallisation. Il y a des sels qui
fixent ainsi une quantité d'eau dont le
poids excède la moitié du poids des cris-
13
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SEL
Uui, le wûhf et le pbotplMite de loude
par eiemple; d'autres en cootiennent
fort peu ; et d'autres encore ne se com-
binent point du tout avec de i*eau de
cristallisation : teb sont le sulfate et le
nitrate de potasse. Même des seb inso-
Inblea dans Tean ont souvent la propriété
de se combiner avec de l'eau de cristalli-
sation, qu*ib prennent en se précipiunt
do liquide. Les proportions dans les-
quelles les sels se combinent avec Teau
varient. Il est rare de trouver 2 atomes
d'un sel combinés avec un seul atome
d'eau ; mais un atome d'un sel se combine
avec 1, 3, 8, 4 et jusqu'à 13 atomes d'eau
et au-delà. Le même sel peut se combi-
ner avec plusieurs doses d'eau, et cristal-
lise alors différemment avec chacune de
ces portions d'eau. La température influe
beaucoup sur la dose d'eau de crUtalli-
saiâon. Lorsque les crisUux se forment à
une température élevée, ils contiennent
ou moins d'eau que lorsqu'ib se forment
à Une température basse, ou ils n*en con-
tiennent pas du tout. Le sel de cuisine,
par exemple, qui au-dessus de 0 du ther-
momètre cristallise sans eau de crUtalli-
sation, formant ce qu'on appelle un sel
anhydre^ prend 6 atomes d'eau en crU-
tallisant à— •10®. Si on fait sécher ces
crbtaux à cette même température et
qu'on élève ensuite celle-ci à 0% l'eau de
crisUllisation s'en sépare à l'eut liquide,
et les cristaux tombent en poudre dans le
liquide qui se forme. Les seb doués de
la propriété de se combiner avec plus
d'unc^iroportion d'eau de crbtallisation,
jouissent souvent d'une inégale solubilité,
qui dépend de la quantité d'eau qu'ils
renferment. Plus ces cristaux contiennent
d'eau, plus ib sont solubles. Il en résulte
que des sels crbtallisés qui se dissolvent
facilement dans Peau à la température
ordinaire, s'en déposent au contraire
lorsqu'on élève la température de leur
dissolution; car, à cette température, ou
il se forme une combinaison nouvelle
avec moins d'eau, ou le sel devient an-
hydre, et l'un ou l'autre est moins so-
luble que la combinaison plus riche
en eau de cristallisation. L'eau saturée
à 16® avec du sulfate de soude, qui con-
tient 10 atomes d'eau de crbtallis»-
ttOD, se trouble a 60® et dépose du sulfate
(194) SfiL
de toodc aolixdre, parce (foe déjè à 40^
la combinaison de ce sel avec de l'eau de
cristallisation se détruit, et parce que Ib
sel anhydre est moins soluble que oelle-cû
Les seb retiennent leur eau de crUtalli-
satioB avec une force très inégale. Quel-
ques seb la laissent s'évaporer par l'ex-
position à l'air, même à des températures
très basses. Les crbtaux perdent alona
leur transparence. Si la quantité d'eaa
abandonnée est considérable,ib tombent
en poussière; si elle ne surpasse point 16
à 30 centièmes du poids du cristal, c«
dernier conserve ses contours, mab prend
un aspect laiteux et devient friable : on dit
alors que les sels effleurissent on tombent
en ej^urescence. Ti^huimst\t ne perdent
leur eau qu'à une température plus élevée;
la plupart la cèdent au-dessous de 100®,
d'autres 4 130^ ou à 160^ Bien peu de
seb la retiennent à une température plua
haute. Quelques-uns, qui contiennent
de l'eau de crbuUisatioo, entrent en fu-
sion lorsqu'on les chaufle subitement,
commencent à bouillonner et se solidi-
fient ensuite. Ici, c'est U combinaison du
sel avec l'eau de cristallisation qui entre
en fusion; mab à mesure que Peau se vo-
latilise, le sel se dépose anhydre et noo
fondu.
Quelques seb anhydres, dissous à sa-
turation dans de l'alcool absolu et chaud,
se combinent avec de l'alcool en propor-
tions définies, en cristallisant de lenis dis-
solutions. Cet alcool combiné remplace
l'eau de cristallisation dans ces crisuux ; ,
mais lorsqu'on Jes expose à l'air, il s'é-
chappe.
On fait cristalliser les seb de diverses
manières. En grand, on les dissout dans
de l'eau chaude, on filtre la dissolution
et on l'évaporé ensuite, jusqu'à ce qu'une
goutte, qu'on (ait tomber sur une plaque
froide, laisse entrevoir des cristaux en se
refroidissant; quelquefob on évapore jus-
qu'à ce qu'il se forme une pellicule de
parties solides à la surface du liquide : on
laisse alors refroidir ce dernier, qui dé-
pose les cristaux, d'autant plus grands et
plus réguliers qu'il se refroidit plus^ len-
tement. Le liquide qui ne donne plus de
crisuux est appelé eau-mère. En l'éva-
porant oltérieurement,elle donne de noa>
veaux crituux. Si la disiolutioD ne oou«
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âSL
(t»5)
âKL
I !• tdl fnir^ «IW fooroH ëtt flfîè-
laaxdb U Hiéttft «tpèc» jofqo'à la dernier»
goutte ; maïs iî la «al dÎMôna t9X mélangé
aTecune petite qttantitéd'aatrea tels, eenx»
ci restent dans l'eaa-toère, qai ne donne
ansaite queues cristaox moins pars. CcsC
pour cela qu'on se sert de la cristallisa*
tiôa des sais poar les purifier. La pre-
mière cristallisatioa est toujours la plus
pure, et en dissohrant de nouTcau le sel
cristallisé et le faisant cristalliser encore
une couple de fbis^ on parvient è le purifier
complètement. On purifie de même les
demièrm cristallisalions moins pures» en
les fiûsant recristàlliser un certain nom*
bre de fois. Lorsque les chimistes Teulent
aroir des crisUux grands et très réguliers,
œ qui ne peut point se faire sans que la
cristalliMtion s'opère très lentement, ib
laisseut la solution s'évaporer à l'air libre,
sans en élever la teaspérature, mode de
concentration appelé époporation spon*
Uinée, Les cristaut que dépose un liquide
sont d'autant plus Tolomineux et régu-
liers que la colonne de ce liquide est plus
baute par rapport à son diÉmèfre. Quel*
ques lels, dont on laissa ainsi évaporer
la dissolution spontanément, ne déposent
rien ou foH peu de cboae dans le liquida
même ; mais le sel s'élève autour du bord
du liquide, sous forme d'une végétation,
aouvent très belle, qui ressemble à- une
mousse régulièrement formée. Le bisul-
frte de potasse est surtout remarquable
pour cette propriété. La végétation s'im-
bibe du liquide et reste bumide aussi
longtemps qu'il y en a. Uévaporation ne
sa fait alors qu'à l'extrémité des branebea
de la végétatiofi, et de là l'accroisaemenl
continuel à leurs extrémités.
Lorsqu'on regarde à travers un verre
dans lequel se trouve une solution pen-
dant l'acte de la cristallisation, on voit se
former des courants dans le liquide qui
rmnontent de chaque cristal vers la sur-
face : cela vient de ce que la partie du
liquide qui a déposé sur le cristal une
partie du sel qu'elle retenait en dissolu-
tion, est devenue par là plus légère que
le liquide ambiant et remonte ainsi à la
surface, pour être remplacée par une au*
tre partie plus saturée qui, à son tour,
produit le même phénomène. C'est par
cette circulation continuelle du liqaîde
que laa arlMav* sPaccroissent de plus m
plus.
On trouve dans la nature quelques sels
tout formés, tels que hseléh cuisine(th\o^
rure de sodium), le nitre (nitrate de po-
tasse), le gjpse (sulfate de chaux), etc.
D'autres sont un produit de l'art. On se
procure les sels de deui manières diffé-
rentes, ou eh combinant l'acide, et la
base directement, ou en mêlant de telle
fa^n deux sels qui se décomposent mil*
tuellemeni, qi:f*il soit possible d'en sépa-
rer le sel qu'on veut produire, soit par
h o^tallisation ou précipiutién , soit
par la distillation. Cest là ce qu'on ap*
pelle préparer un sel par double décom-
position. Si l'on a besoin par exemple de
chlorure de magnésium, qui est trop cher
à produire par l'acide hydrochlorique et
la magnésie, on dissont ensemble dans dé
l'eau chaude du chlorure de sodium et
du sulfate de magnésie dans la proportion
du poidsatomique de chacun, et on laissé
relinoidir ensuite le mélangea — 8«, con-
dition dans laquelle des cristaux cle sul-
fate de soude se déposent. En évaporent
l'ean-mèreet en la refroidissant de nou-
veau, on obtient encore des cristaux dé
sulfate de soude. Eorépéftrit cette ma-
nipulation une oouple de flDlt, en iuit
par avoir une eau-mère qui ne contleiit
plus que du chlorure de asagnésium, Fa-
dde snifurique du sulfirte de magnéfie
ayant échangé tout le magnésium contre
le sodium du chlorure de sodium. Le ré-
sultat final est du sulfate de soude, séparé
par la cristallimtion, et du chlorure de
magnésium en dissolution concentrée. Si
Fou veut avoir du sulfiite d'argent , ou
mêle ensemble des solutions étendues et
bouillantes de sulfate de soude et de nl«
trate d'argetit : le sulfate d'argent cràl*
tallise seul par le refiNrfdissement ; oti
bien si on mêle les dissolutions conceti-
trées et frimles, doiv il aa ptéelinte du
liquide au moment oè le mélange se fait.
Le liquide contient ensuite du nhrate de
soude. En mêhint ensemble du sulfate du
deutoxyde de mercure et du chlorure de
sodium et chauffant le mélange sec dans
un appareil coftirenable, le bicblorure
de flMreure subKme seul et laisse du sul-
Ihta de soude pour résidu.
Les propriétés des sels août si taria-»
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SEL
(196)
SEL
bles qu'il est inlpoMible d'eii donner des
notions générales. On en a de presque
toutes ks couleurs. Les eoides et bnes
incolores donnent des sels non colorés.
Une.base colorée donne le plus souvent
desseb colorés. L'oiyde de cobalt donne
dessels rougesetquelqnefoisblens; l'oxy-
de de nickel des sels Tert-pomme; l'dkyde
de enivre des sels tantôt d'un bleu su*
perbe, tantôt d'un vert-pré; leprotoxjde
de fer des selsd*un vert bleuâtre; ledrâtr
oxyde de fer des sels d^un jaune oran-
gé, etc. Quelques acides colorés donnent
aussi dea sels colorés, par exemple, les
chromâtes, les manganates, les oxyman-
ganater, dont les couleurs sont rouge-
orangé, vert et pourpre. Un trèr petit
nombre de sels seulement exercent une
action sensible sur l'odorat; mais tous les
sels solnbles dans l'eau ont un goût. Les
sels à base alcaline, tant balosels qa'oxy-
sels, ont un goût salé; ceux des terres
alcalines, un goût à la fois salé et amer ;
ceux des terres proprement dites, un
goût astringent et même sucré. Le goût
des seb métalliques est ou astringent,
comme ceux du fer et de Tétain; ou su*
cré, comme ceux du plomb; ou métalU«
que, comme ceux de l'argent, du enivre,
du bismuth, du zinc, etC4 Les sels absolu-
ment insolubles sont ordinairement in*
sipides. Les sulfosels répandent ordinal-»
rement une odeur de gaa hydrogène
sulfuré, produit par leur décomposition
moyennant l'acide carbonique de l'air;
leur goût est toujours hépatique; leur
couleur est variable.
Un gipand nombre de sels supportent
une température très élevée sans subir
d'autre changement que d'entrer en fu-
sion» Les sels des bases faibles perdent
au fen, on une partie de leur acide, en
laiuant pour résidu un soussel, ou tout
leur acide. Certains acides donnent des
sels destructibles an feu, même avec les
bases les plus fortes, par exemple les
acides nitrique, chloriqne, bromique,
ainsi cpie tous les acides d'origine organi-
que. Certains sels sont volatils à une tem-
* pérature élevée et se laissent sublimer,
comme ceux à base de mercure et d'am-
;Dkoniaque. D'autres, quoiqu'on ne puisse
les sublimer en vase clos, s'évaporent à
nne lempérature élevée, lorsque l'air a
libre accès, par exemple, le dilomve dt
sodinm, dont on emploie la vapeur pour
glacer la poterie. Les sulfosels se com-
portent au fen , dans des vases fermés,
à peu près comme les oxysel^ mais lors-
que l'air a libre accès, ils se convertissent
peu à peu en oxysels.
Le nombre des sels connus est très
grand : il dépasse S,000 en y comptant
les sursels, soussels, ainsi que les sels
doubles et triples. Leur énumération
serait inutile ici, de même que leur des-
eription. Le lecteur trouvera les notions
générales de chaque espèce de sel, qui a
pu mériter d'être mentionnée, sous les
noms génériques de Sulfates, Niteatxs,
Agiotâtes, Boxâtes, Carbonates, etc.
L'emploi des sels est des plus fréquents
et d'une haute importance dans l'éco-
nomie agricole et domestique, dans l'in-
dustrie, dans la médecine et pour les
réactiims chimiques .* B-z-s.
SÉLAM, nom que les Ortentauz don-
nent à un bouquet dont les fleurs sont
disposées, ordinairement par les femmes
d'un harem, de manière à exprimer tine
pensée, un sentiment secret, soit en s'at-
tachent à leur nom, soit en feisant allu-
sion au caractère particulier qu'on eat
dans l'usage de prêter è chacune d'elles.
Comme la flore varie suivant les contrées
et sa nomenclature avec elle (le souci^
par exemple, ne rappelle point cette idée
à l'Allemand), il s'ensuit quetshaque pays
a un langetgét des fleurt particulier. En
France, M^ Charlotte de Latour, entre
autres, en a donné la clef; il existe des ou-
vrages analogues dans plusieurs langues
étrangères. MaisVest parmi les femmes
(*) Peor réitnctioB da «et de coiaiBe, «or.
Hjxuae» et Salisis. On rappelle aottl «ef
marih , parce qu'H proTÎent en graode partie
des marais Mlants des bords de la mer { et <«l
f«iiiiie> lorsqnHl se tronve à Téut fossile , daat
des Bines, en^conehet solides. En France» il a
occopé, en 1S41, a3,753 ooTriers, et le produit
total a été de a«973»074 qointaax roêtriqaes«
valant 7,38a,ooa îr. Sur ce chiffre de près dn
3 millions de qnint. m^., 418,397 sealement
ont été tirés des saines et des lonroes famées, le
reste prorenait des marais et des laveries. Quel-
quefois le sel est l'objet d*nn monopole | près*
que tonjoon U est givré d*un impM dont tont
le poids retombe sor la dease pen aisée, «tqni
ne permet pas d*en faire, dans l'économie m*
raie, tout l'usage qui serait désirable, surtout
pour l'édacatioii des bestiaux, 9*
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SEL
(197)
SEL
tnrqaes qœ ce laDgtge esl le pins uftité :
M. de Hammery dans les Mines de /'O-
rientj 1. 1 et II, nous a donné des expU-
catîons sur la méthode qu'elles suivent
pour s'en servir. X.
SÉLANDEy vày. Solahdb.
SELDJOCCIDES^ vof. Tuacs.
SÉLÉNÉ^ nom grec de la lune, es-
yàfiQy voy, HicATB.
SÉLENITE, voy. Gtpse.
SÉLÉNIUM, corps simple non mé-
tallique que M. Berzélius a découvert à
la fin de 1816 , et qu'on trouve dans le
soufrei ou associé au plomb, au'mercure»
au cobalt, etc. A Fablun, en Suède, on
le retire de la galène sélénifère en la gril-
lant dans des fours : le sélénium se su-
blime alors ^vec le soufre. C'est pour
rappeler son analogie avec le tellure
{voy.) que le célèbre chimiste suédois a
donné à cette substance le nom de sélé-
nium, dérivé de frù^ma la lune. X.
SÉLÉNOGRAPHIE, vor. Lunb.
SÉLEUCIDES, dynastie des rob de
Syrie, fondée par Séleucus {yoyX à la
suite de la bataille d'Ipsus {yoy,)^ l'an
80 1 av. J.-C. Grâce à leur valeur, les pre-
miers Sélenddes agrandirent, dans toute
les directions, leur empire, qui était très
borné dans l'origine ; mais lorsque, quit-
tant les vertus die leurs ancêtres, ils se li-
▼rèrent à l'indolence, leur empire s'af-
faiblit graduellement et s'écroula. A sa
décadence, il se forma de ses états dé-
membrés lesroyaumesde la Bactriane, de
la Parlhie, de l'Arménie, etc. \ le surplus
de cet empire, si vaste autrefois, devint
province romaine. Les Séleucides ai-
maient généralement la magnificence et
protégèrent les arts et les sciences, par-
ticulièrement Séleucus I"** et Antio-
chus IV. — Foir Vaillant, Seleucida^
Tum imperiavriy La Haye, 1733 ; E. Rei-
neccius, FamiUa Seleucidamm^ Wit-
tenb., 1571.
Pour l'ère des Séleucides, voy. Èrv^
T. IX, p. 710. X.
SÉLEÙCIE , sur le Tigre, en Baby-
lonie, fut temporairement une des plus
grandes villes du monde ; sa population,
composée de Macédoniens, de Grecs, de
Syriens et de Jui£», s*éleva, dit-on, à
600,000 âmes. Elle conserva une con-
stitution libre même sous la domination
parthe : le gouvernement était fomé
d'un conseil de^ 800 nobles. Saccagée
sons Trajan, à cause d'un soulèvement
de ses habitants contre les Romains, la
ville fut entièrement détruite sous Verus
(163 de J.-C). On en voit encore ka
mines, appelées El-Madain (les deux
villes). Séleude avait reçu son nom de
son fondateur, Séleucus \voy.) Nicator,
qui la destinait à remplacer Babylone.
Parmi les autres villes du même nom,
il faut surtout remarquer celle qui, située
à peu de distance de l'embouchure de
l'Oronte, portait le surnom de Pteria et
de S. ii€/ Mare. £11^ avait le même fon-
dateur que la précédente et en renfer-
mait le tombeau. Forteresse du premier
ordre , elle n'a jamais été prise que par
trahison. Il y evait ensuite une Séleude
en Pisidie, ou ad Taurum;^w autre en
Gilide, surnommée aussi Ttachée^ ou ad
Catycadnum^ et plus tard IstmHennef
lorsque, conquise par les Isauriens, au
IV* siècle, elle fut devenue leur capi-
tale, etc. X.
SÉLEUCUS, surnommé Nicanor on
Nicator (c'est-à-dire le vainqueur), était
fils d'Anliochus (voy,)^ un de» généraux
de Philippe et d'Alexandre-le-Grand, et
de Laodice. Dès sa tendre jeunesse , il
passa en Asie avec l'armée macédonienne,
et commandait ordinairement les élé-
phants. A la mort d'Alexandre, il devint
général en chef de la cavalerie des alliés,
et ensuite gouverneur de la Rabylonie,
au second partage de l'empire, l'an 831.
Dans ces fonctions, il fut d'abord l'aini
d'Antigone (voy.) ; mais quand celui-ci
exigea des comptes de son administra-
tion , et que Séleucus refusa de les ren-
dre, il s'éleva entre eux une grande irri-
tation , au point qu'Antigone cherdia à
se défaire de Séleucus. Gelni-d ayant con-
çu des soupçons, s'enfuit de son gouver-
nement et se rendit auprès de Ptolémée,
fila de Lagus. Là , il rassembla quelques
troupes, qu'il renforçai d'un corps de Ma*
oédoniens, qui occupaient la ville de Car-
res, en Mésopotamie. A son approche, les
habitants de Babylone , qui aimaient ce
prinee doux et affable, se joignirent en
■Msae à lui, de manière qu'il lui fut aisé
de se mettre en possession de tout le
pays (l'an 813). Antigone envoya pour le
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cMobiltrctongéoéralNicanor; mais Se-
Icacotayaot défait sod armée sur les bords
du Tigre , les soldats ennemis passèrent
à lui^ et avec son armée ainsi renforcée,
il conquit toute la Médie et la Susiane,
•t devint bientôt le plus puissant des
successeurs d'Alexandre. LVrtf£/^i Séleu-
eides (voy, ÈtB) dat» de cette seconde
conquête de la Babylonie. Antigone, pro-
fitant de l'absence de Séleacus, donna or-
dre à son fils Démétrius de rentrer dans
Babylone ; mais Séleucus , à son retour^
reprit cette capitale. Alors, oe prince
continua ses expéditions triomnbantes en
Perse, dans la Bactriane, en Hircanie ; et
à cause de la rapidité de ses victoires, il
prit le surnom de Nicatot. Plusieurs
gouverneurs de l'empire macédonien
s^étant arrogé le titre de roi, il imita cet
exemple. Il fit alors plusieurs campagnes
dans rinde. Depuis dix ans, Séleucus u'a«
Tait pris aucune part à la guerre contre
Antigone; cependant, tous les cbefs, maî-
tres de Tempire démembiré, s'étant con-
fédérés contre les prétentions de ce der-
nier, il accéda à cette alliance. Antigone
fut défait. Tan 801, à la bataille dlpsus
{voy,)f dans laquelle Séleucus tira grand
parti des 500 éléphants que Sandro-
cottos lui avait donnés. Il réunit alors
sous son sceptre la Syrie, l'Arménie, la
Mésopotamie, la Cataonie, avec une au-
tie partie de la Cappadoce et l'Asie Mi-
neure. A cette époque, ce prince fit bâ-
tir un grand nombre de villes, sous les
noms d*Jntioehe et de Séleucie. L'a-
grandissement démesuré de son empire
donna de l'inquiétude aux souverains ses
voisins : àson tour, une alliance se forma
contre lai; Séleucus mit dans ses intérêts
Démétrius Poliorcète, en épousant sa fille
Stratonice et en lui donnant une armée
à commander. Maiscelui-ci s'étant rendu
de nouveau formidable et ayant refusé de
lui livrer quelques-unes des villes qu'il
avait conquises, Séleucus lui 6ta le com-
mandement de l'armée et s'assura rigou-
reusement de sa personne jusqu'à sa
mort (l'an 384). Appelé par les parents
d'Agathoclèi , que Lysimaque, son pro-
pie père, avait fait mettre à mort, Séleu*
eus porta ses armes contre ce roi de
Thrace; toutefois, avant d'entreprendre
cette expédition , il céda a son fils An-
tiochus {voy,) une partie de soq empir»
et son épouse Stratonice. Ensuite, il dé-
fit Lysimaque, près de Cyropédion, et
s'empara de tous ses états. Son empire
s'étendait alors depuis l'Indus jusqu aux
rivages de l'Hellespont j mais les provin-
ces éloignées de la Syrie, comme la Haute-
Asie et rinde , ne lui étaient soumises
que nominalement : son autorité était
faible même dans l'Asie-Mineure. Néan-
moins, il voulut conquérir encore la Ma-
cédoine; ce fut pendant cette expédion,
que Ptolémée Géraunus, qu'il avait se-
couru récemment contre Lysimaque, l'as-
sassina, l'an 38 t. Philétérus.son ami, ra-
cheta son corps et lui fit des funérailles
magnifiques. On vante,- outre le génie
militaire de Séleucus Nicator, son affa-
bilité, son équité et son amour des arta
et des sciences. Foir de La Naupe, Sur
la durée du règne de Séleucus Nicator^
dans les Mémoires de l'Académie des In-
scriptions, t. yn, p. 87 et suiv.
Si^LEûGUs n, dit Callinicus et Pogon
(la Barbe), le 4* souverain de la dynastie
des Séleucides, fils d'Antiochus Théos et
de Laodice, et arrière- petit- fils de Sé-
leucus Nicator, régna de l'an 347 à 337
av. J.-C Son père, ayant répudié son
épouse Laodice, épousa Bérénice, fille
de Ptolémée Phlladelphe. Quoiqu'il eût
été stipulé que les enfants qu'il aurait de
cette princesse régneraient après lui, à
l'exclusion de ceux qu'il avait déjà de
Laodice, ce fut Séleucus, grâce aux arti-
fices de l'épouse répudiée, qui, à la mort
du roi son père, monta sur le trône. Il
commença par mettre à mort, à Daphné,
sa belle- mère Bérénice, son fils et les
Égyptiens leurs partisans. Pour punir
ces crimes, le frère de Bérénice, Ptolé-
mée Éyergète. l'attaqua en Syrie avec une
armée formidable, et aurait peut-être
mis fin à son empire, si une révolte de
ses propres sujets ne l'eût rappelé en Egy-
pte. Séleucus rassembla aussi t Ôt u ne flotte,
à l'effet de reconquérir ceux de ses étaU
qui lui avaient été enlevés, et fit une al-
liance avec son frère Antiochus Hierax.
Ptolémée fit alors avec Séleucus une trêve
de dix ans. Antiochus réclama les pro-
vinces de l'Asie-Mineure que le roi, son
frère, lui avait promises pour prix de
Pappui qu'il lui avait prêté ; mais Séleu-
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eus refusa de tenir m promesse. Les deux
frères marchèrent donc Tun contre l'au-
tre ; et à la bataille d*Ancyre , Séleucns
fut complètement défait. Le bruit de ta
mort s'étant même répandu, Eumène,
dans l'Asie- HineurCy et Arsace, en Hir-
canie et en Partbie, secouèrent le joug
do la domination syrienne. Le roi par-
vint néanmoins à vaincre son frère ; et à
la mort de celui-ci , il dirigea toute son
attention vers les provinces orientales de
ton empire, qui s'étaient soustraites à sa
domination. Cependant, la fortune le
trahit, et il fut forcé de battre honteu-
sement en retraite. Une seconde tenta-
tive pour reconquérir la Partbie le fit
tomber au pouvoir d'Arsace, l'an 236.
Après avoir longtemps vécu en captivité
à la cour du prince des Parthes, la Syrie
reconnut l'indépendance de ce peuple,
et Séleucus recouvra sa liberté; mais il
mourut peu après , l'an 327, des suites
d'une chute de cheval.
Outre un fils, du nom d'Antiochus, et
une fille , qui épousa Milhridate, roi de
Pont, il laissa SiLBUCUS III, surnommé
très improprement Céraunus ou la Fou-
dre , prince faible de corps et d'esprit,
et qui régna jusqu'à l'an 224; il ne se
distingua ni comme souverain ni comme
grand capitaine : son cousin Achéus fai-
sait tout en son nom. Dans une guerre
contre Attale, roi de Pergame, les trou-
pes de Séleucus, qui avaient pour chefs
Nicator et Apaturius, et qui n'avaient
pas reçu leur solde, se révoltèrent, et Se*
Ifeocus mourut empoisonné. Achéus ven-
gea sa mort.
Ce roi de Syrie n'ayant pas laissé d'en-
fants, l'empire, qn'Achéus avait généreu-
sement refusé, échut à son frère Antio-
chus-le-Grand {yoy.)^ qui, après avoir
régné d7 ans, eut pour successeur son fils
SiLEUCus IV, surnommé Philopator ou
Soter. Ceprince régna de l'an 187 à 176.
A la bataille de Magnésie, il avait com-
mandé l'aile gauche de l'armée du roi son
père. L'an 190, il assiégea Pergame ; mais
ilfntrepoussé parEumèneet les Romains.
Il avait succédé à son père Antiochus-le-
Grand, avec l'obligation de payer aux
Romains un tribut annuel et une énorme
contribution, qu'il acquitta dans les onze
années do son règne. Les Juifs lui avaient
décerné le surnom à^Soter^ sauveur ^
parce qu'il leur fit des dons considéra-
bles, ce qui ne l'empêcha pas d'envoyer
Héliodore, son trésorier, à Jérusalem,
afin d'y enlever les trésors accumulés
dans le Temple. L'an 176, il fut assassiné
par ce même Héliodore.
SÉLEUCUS y, dit Démétrius^ fils de Ni-
cator, obtint, l'an 126, une partie de la
Syrie, mais ne régna qu'un an , sa mèr»
Cléopâtre l'ayant fait mourir.
SéLEucus yi, dit Épiphane^ l'alné
des cinq fils d'Aotiochus Grypus, suc-
céda à son père, l'an 98, fit la guerre a
son cousin Antiochus Cyzicénus (i>orOt
et l'ayant fait prisonnier, le condanna V
mort l'an 93 ; mais bientôt après Antio'
chus Eosèbe l'expulsa lui-même de son
empire. Séleucus s'enfuit en Cilicie, dont
il chargea les habitants, ses sujets, d'un
lourd tribut. Ceux-ci, dans leur irrita-
tion, se révoltèrent et le brûlèrent vif|
ainsi que sa suite , l'an 93, a Mopsueste,
dans son palais.
SiLsucusyiI,dit Cybiosacte^ filsd'An-
tiochus Eusèbe, passa quelque temps à
Rome , avec son frère Antiochus l'Asia-
tique et obtint, à la mort de ce dernier, ia
Commagène, qui lui était restée. Par son
mariage avec Bérénice, fille du roi dé-
trôné Ptolémée Aulèta, il obtint le
royaume d'Egypte (l'an 68), qu'il perdit
bientôt après. Z.
SÉLIJH I-III. Nous avons parlé da
ces sulthans à l'art. Othomah {empire)^
T. XIX, p. 47, 49 et 64; cependant le
3* du nom réclame de nous une notice
particulière.
Sélim m, sulthan des Othomans,
que son ardeur pour des réformes né-
cessaires con4uisit à une mort prématu-
rée, éuit né le 24 déc. 1761, Fils uni-
que de Moustapha (vo/.), sa jeuoesse et
la répugnance naturelle que les Turcs ont
toujours eue pour les minorités furent cau-
se qu'à la mort de son père, arrivée le 2 1
janv. 1774, il ne lui succéda pas immé-
diatement, mais qu'on lui préféra son on-
cle A bdoul-Hamid. Celui-ci ne manqua
pas d'une certaine affection pour son ne-
veu, dont l'éducation, seloifi l'ussge des
cours de l'Orient, demeura néanmoins
abandonnée aux femmes et aux eunuques
du sérail. Biais le jeune Sélim avait une
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SEL ( 200 )
âme ardente et de grandes dispositions ;
outre le Coran I et les annales de l'empire
dont il fit Pétudo la plos attentive, il
n'eut pas d'abord pour s'éclairer d'autre
guide qu'une espèce de testament politi-
que que Moustapha avait écrit pour Tin-
struction de son fils. C'en fut assez pour
lui faire entrevoir les vices et les abus
auiqaeb il fallait porter remède. Vive-
ment pénétré de ce sentiment, il résolut
de devenir un jour le régénérateur de l'em-
pire. Pour mieux se préparer à ce rôle ,
Sélim, usant de la liberté qu'on lui laissait,
se mit dès lors en rapport avec quelques
anciens servjteurs de son père et plusieurs
grands fonctionnaires turcs, avec lesquels
il entretenait , du fond de sa retraite, une
correspondance assez active. S'étant éga-
lement lié, depuis 1786, avec le comte de
Choiseul (vo^O» ambassadeur de France
à Constantinople , il se concerta avec lui
pour envoyer en France son confident
Isaak-bey, qui devait y étudier le mé-
canisme de l'administration. U échangea
même, par l'entremise de cet agent, plu-
sieurs lettres avec le roi Louis XVI. A
la mortd'Abdoul-Hamid (7 avril 1789),
qui ne laissait également que des enfants
trop jeunes, Sélim, alors âgé de 28 ans,
fut proclamé padichah. L'empire était
en danger et pliait sous les forces réunies
de Catherine II et de Joseph H ; déjà
l'année précédente la prise d'Otchakof
était venue se joindre à une défaite ma-
ritime des Turcs. Sélim aurait voulu
se mettre lui-même à la tête de l'armée,
pour reconquérir la Crimée , dont son
prédécesseur avait fait abandon aux Rus-
ses en 1774; mais le divan Ten dissuada.
Les victoires des deux alliés à Fokcbany
et à Martinestié en Valachie, la prise de
Belgrade suivie de la chute de Bender, en
1789, et le terrible sac d'Izmaîl, en 1790,
auraient mis la Porte en grand danger^
si l'Angleterre, la Prusse et la Suède ne
s'étaient pas entendues pour la sauver.
L'avènement de l'empereur Léopold H,
plus pacifique que son prédécesseur Jo-
seph U, procura au sulthan une paix as-
sez favorable avec l'Autriche, définitive-
ment conclue à Szistowa, le 4 août
1791; mais la Russie hésita longtemps
à suivre cet exemple, et ne modéra
ses prétentions qu'à la paix de Jassy, le
SEL
19 janvier 1792. Ce fut alors senlemest
que Sélim put songer à combattre l'a-
narchie dans l'intérieur et à réprimer
l'ambition rebelle des pachas. Mais à
peine l'Egypte et la Syrie, en insurrec-
tion depuis 1786, furent-elles momen-
tanément rentrées sous l'obéissance, que
la révolte du fameux Paaswan-Oglou
(mort pacha de Viddin, en 1807) éclata
sur les bords du Danube. Ce chef hardi
et victorieux ne reconnut de nouveau la
souveraineté de la Porte qu'après l'a-
voir forcée, en 1798, à lui accorder le
gouvernement objet de ses désirs.
Dans les premières guerres de coali-
tion contre la France révolutionnaire,
Sélim III observa une stricte neutralité;
mais notre expédition d'Egypte le poussa
dans la ligue de la Russie et de l'An-
gleterre contre la république française.
Après l'évacuation de l'Egypte par les
débris de nos troupes, au mois de sep-
tembre 1 801 , Sélim prit un peu fastuen-
sèment le titre de Gazi, ou le Victo-
rieux. Cette contrée ne lui fut pourtant
restituée par les Anglais qu'en 1803.
Un rapprochement, suivi de la paix con-
clue le 25 juin 1802, avait eu lieu dans
l'intervalle entre la France et la Porte.
Le sulthan s'était déjà décidé, en 1799» à
faire aux Anglais la concession du droit
de libre navigation sur la mer Noire ; il
ne négligeait rien pour se concilier l'a-
mitié des puissances de l'Occident , afin
de se ménager un appui qui le mit à
même de poursuivre plus activement les
réformes de l'intérieur. Son plus pres-
' sant désir était la réorganisation de l'ar-
mée , qu'il aspirait à monter sur le pied
européen, en partie à l'aide d'officifsrs
français ; pour augmenter les cadres du
nizatn djédid (c'est le nom qu'on don*
nait aux troupes organisées d'après la
nouvelle ordonnance, depuis 1798),
il se proposa d'y incorporer les janis-
saires les plus jeunes et les plos ro-
bustes. Cette mesure, qui en entraîna
d'autres non moins graves, telles que l'é-
tablissement d'impôts de consommation
pour fournir à la solde dès nouvelles trou-
pes, l'abaissement du titre des monnaies,
produisit une égale irritation parmi la
milice privilégiée et dans le peuple, en
même temps que l'Insurrection des cbré-
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SEL
(ÎOl)
SEL
tiens édati^t m Servie (voy.). Les ptro-
grès de l'inflaenee que notre ambassa-
dear à Gonstaotinople, le général Sé-
bastian! (vojr.)f gagnait fur Fetprit du
•nltban avait, à la même époque, excité
la jaioosie de l'Angleterre et réveillé l'a-
nimotité de la Rouie contre la Porte. H
a'enaliivit une rnptore formelle, et une
escadre anglaise , sous l'amiral Daok-
wortb, parut devant Constantinople, au
nob de février 1S07 ; mais elle y trouva
une résistance si ferme et si vigoureuse,
dirigée par Sélim en personne, con-
formément aux habiles dispositions du
général Sébastian!, qu'elle fut obligée de
se retirer avec perte, le 2 mars. Malheu-
reusement pour la Porte, elle était loin
d'avoir les mêmes succès par terre contre
les Russes, et les revers de son armée dé-
terminèrent Sélim à hâter l'application de
son système de réferme aux vieilles trou-
pes. Le moment était mal choisi, car la
révolte levait hardiment la tête sur tous
les pointséloignés de l'empire, et au centre
même le fanatisme des partisans des vieil-
les coutumes présageait une explosion
prochaine* Le moufti Yeli-Sadeb , ami
d'enfance de Sélim, et ton plus fidèle
auxiliaire^ était mort. Son successeur,
d'intelligence avec les janissaires et les
oulémas, travaillait sourdement à la perte
dusnithan. Une catastrophe étaita crain-
dre. Nous avons vu, T. XV, p. 256, à
quelle occasion et comment elle eut lieu.
Les janissaires et les troupes des autres
corps mécontents se soulevèrent, ainsi
que le peuple de Constantinople , pen-
dant que le moufti et le cafinakan, par *
leurs conseils perfides, empêchaient Sé-
lim de prendre aucune des mesures éner-
giques par lesquelles le mouvement au-
rait pu être facilement étouffé, avant
qu'ils se missent eux-mêmes ouvertement
à la têu des révoltés. Ceux-ci forcèrent
l'entrée du palais, où la déposition de
Sélim fntaussit6t prononcée; et ce prince,
obligé de céder le sabre d'Osman à son
cousin MoosUpha IV {voy,)^ fut relégué
dans un kiosk du sérail. Cette révolu-
tion s'accomplit le 39 mai 1807.
Dans sa prison, le sulthan déchu fut
traité avec égards. Il y partageait son
tem psentre la poésie et l'instmctionde son
autre oousia, le j^ine Mahmoud , quand
MousUpha Beïrakur {voy.)^ padm dé
Roustchouk, qui devait son élévation à
Sélim, forma le projet de le i^placer sur
le tr6nè. Victorieux dans sa tentative, le
pacha entnr dans Constantinople à la tête
de son ariÀée, le 28 juillet 1808. Mous-
tapha IV, assiégé dans le sérail, n'avait
plus d'autre parti à prendre que d'abdi-
quer à son tour, quand le moufti lui
persuada de faire étrangler le prince que
les assaillants réclamaient à hauts cris.
Le forfait fut consommé malgré les vi-
goureux efforts déployés par la victime
dans la lotte contre ses assassins; puis
le cadavre de l'infortuné Sélim fut pré-
cipité hors de l'enceinte du sérail , aux
pieds de Beîraktar, qui ne fit pas long-
temps attendre sa vengeance. Après avoir
jeté Moustapha IV en prison, et proda*
mé Mahmoud II (vo/.), son jeune frère,
il honora les restes de Sélim par des fu-
nérailles magnifiques, et livra au supplice
les meurtriers et tous les principaux en-
nemis de cet empereur. Ch. V.
SELLE, Sellxub. La sellerie, pro-
prement dite , ne consiste pas seulement
dans l'art de travailler le cuir pour selle9|
brides et colliers ; mais elle s'étend à tout
ce qui concerne les harnais (voy, Bour-
beliea), et en général l'équipement des
chevaux de selle et de voiture, y compris
même les mors, les étriers et les articles
d'éperonnerie. Autrefois, il y avait à
Paris deux corps de selliers, celui des sel^
tiers» bourreliers et celui des selliers^
hrmiers'^carossiers. Les privilèges des
premien se bornaient à la confection des
harnais et des selles ; mais les seconds ,
ainsi que l'indique leur nom, outre des
selles, fabriquaient des carrosses et tout ce
qui a rapport à cette industrie. Ces der-
nienavaient placé leur communauté sous
l'Invocation de S. Benoît, et leurs sta-
tuts étaient les mêmes que ceux des épe*
ronnien , dont ils ne s'étaient séparés
qu'au milieu du xvxi* siècle. Pendant les
quinze premières années de ce siècle, l'art
de la sellerie était cultivé en Angl^erre
avec plus de succès que dans toute autre
partie de l'Europe; mais depuis 1815,
la fabrique française ayant abandonné
ses lourdes et incommodes selles et ses
harnais, pour adopter les harnais et les
selles sans arçons de nos voisins d'outre-
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(108)
SEM
IfandiQy on n*a pas tardé à lai doDotr
la préférence, noD-sealemeot en Europe^
flUais aussi dans toute l'Amérique, où les
telles fabriquées en France jouissent d'un
avantage marqué , en raison de lenr for-
me légère, et de la perfection de nos cuirs,
anrtout de nos cuirs Ternis. D. À. D.
SELTZ (eau de). On appelle ainsi en
France, et même en Allemagne (Seltzer^
masser) j l'eau minérale, célèbre dans
toute l'£urope,qu'on puise dans la source
voisine du village de Nieder-Selters, dans
une contrée pittoresque et presque San-
Ytge du duché de Nassau , non loin de
U m bourg. Cest donc eau de Selters
qu'il faudrait dire. Froide, limpide, per-
lée, couverte de bulles gazeuses, elle est
alcaline et saline, d'une saveur piquante
et sans odeur. Elle renferme des carbo-
nates de soude, de chaux et de magnésie,
du sulfate de soude, un peu de fer et de
silice, beaucoup de sel de cuisine et d'a-
cide carbonique. Puisée à la source, elle
est très efficace,et, employée comme bain,
•lie enivre pour ainsi dire les personnes
faibles; enfermée dans des bouteilles,
elle pétille et fume comme le vin de
Champagne. Sans parler de sa vertu
diurétique, elle excite salutairement
l'estomac, aiguise Pappétit, facilite la di-
gestion. Avec ou sans sucre et un peu de
vin,elle forme une boisson agréable, fraî-
che et désaltérante. C'est par cruchons
qu'elle est livrée au commerce : et l'on en
emplit annuellement près de 1 million et
demi. Découverte au commencement du
xvi^ siècle , la source fut comblée pen*
dant la guerre de Trente- Ans et ne com-
mença à être d'un grand rapport que vers
la fin du dernier siècle. Elle est affermée
au prix de 80,000 florins. C. L. m.
SEM , fils aine de Noé, béni par son
père à cause de sa piété, s'établit, après
sa sortie de l'Arche, dans l'Asie antérieure,
et mourut à l'âge de 600 ans. La Bible
lui donne cinq fils : Élam , Assnr , Ar«
phaxad, Lud et Araro, dont on fait des«
cendre les Élamites, les Assyriens, les
Hébreux, les Lydiens, et les Araméens ;
mais les langues de ces différents peuples
n'offrent pas assez d'analogies pour qu'on
puisse les regarder comme appartenant
tous à la race sémitique (vorO' ^' H-o.
SEMAILLES, voy. Semehcb.
SEMAINE, vor* CALnrDmisA(T.IV»
p. 497), et CH&oHOLoaiB.
SÉMÉIOTIQUE (méd.), du grec
on^ctov , signe , voy, Stxpt6mes et
Diagnostic. — Pour la signification
du même mot en musique , vo^r» Nota*
TIOW.
SÉMÉLÉ, fille de Cadmus [voy.) et
d'Harmonie,si remarquable par sa beauté
que Jupiter prit la forme d'un mortel
pour obtenir ses faveurs. En proie à la
plus violente jalousie , Junon ne songea
plus dès lors qu'à perdre sa rivale. Pour
y réussir elle emprunta la figure d'une es-
clave de Sémélé,Béroé, et, jetant le donte
dans le cœur de son ennemie, elle lui con-
seilla artificieusement, pour s'assurer si son
amant était réellement le puissant dieu da
tonnerre, de Ini demander qu'il se mon-
trât à elle dans tout l'éclat de sa majesté.
Pour son malheur, Sémélé écouta oea
suggestions perfides , et dès qu'elle revit
Jupiter , elle lui demanda une grâce que
celui-ci jura par le Styx de lui aocor*
der. A peine instruit de ses désirs, Il es-
saya , mais en vain de la faire changer
d'avis; forcé de tenir sa promesse, lediea
de rOlympe parut entouré des insignes
de sa puissance, la foudre et l'éclair. Sé-
mélé, éblouie et embrasée par les flam*
mes, périt victime de sa fatale curiosité.
Jupiter ne put sauver que le fruit de son
amour, Bacchus (vof.), qu'il enferma à
l'état d'embryon dans sa cuisse. L'ombre
de Sémélé s'éleva jusqu'aux cienx, où
elle fut admise au nombre des immor-
telles quand Jupiter l'eut réconciliée avee
^unon. Ce fut Bacchus lui-même qui
l'enleva au Tartare pour la transporter
dans l'Olympe, où elle reçut le nom de
Thyone. C. £.
SEMENCES, SEMAILLES, SE-
MIS. Le mot de semence^ du latin se^
rnen est dans beaucoup de cas considéré
comme synonyme du mot graine (vo^*)*
En culture, on l'applique plus spéciale-
ment aux graines réservées pour perpé-
tuer l'espèce à l'aide des semis.
Les agriculteurs appellent semaUle»
les travaux d'ensemencement qui s'opè-
rent sur de grandes étendues et qui ont
pour but la propagation des espèces vé-
gétales les plus usuelles^ spécialement lea
oéréales. Les jardiniers réservent le noas
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S£M
(20S )
SEM
dt semis aux opérations plus délicates
de la petite culture.
Uoe bonne semence doit non -seule-
ment avoir été fécondée, mais il faut en-
core qu'elle n'ait point été mise en des
conditions qui puissent lui avoir fait per^
dreses propriétés germinatives; qu'elle
n'ait pas vieilli au contact d'un air
trop souvent renouvelé ; qu'elle n'ait
pas subi l'action d'une chaleur, d'une
sécheresse excessives ou d'une humidité
susceptible d'amener la fermentation de
ses éléments, faute d'une quantité d'oxy-
gène nécessaire à la germination (vojr,),
ou d'une somme de chaleur sans la-
quelle elle ne pourrait se produire ,
même avec le concours d'une suffisante
quantité d'air et d'eau.
On a souvent cherché, dans les voya-
ges de longs cours, à conserver les grai-
nes en bon état. Pour les préserver des
inffuences fâcheuses, à l'action de l'air
on a cherché à substituer celle de gaz
privés d'oxygène ; à l'humidité on a op-
posé des matières siccatives; à la séche-
resse des substances diversement hygro-
scopiques; à la chaleur une température
aussi basse que possible sous les régions
intertropicales; mais tous ces moyens
n'ont conduit qu'à des résultats négatifs
ou incertains. Cependant on savait que
les semences se conservent naturellement
à une certaine profondeur dans le sol,
et cela pendant un temps dont on ne
connaît pas encore les limites; en con-
séquence , l'Idée vint de les stratifierj
c'est*à*diredeles placer les unes à c6tédes.
autres, par couches alternatives, entre
d'autres couches de sable, de terre ou
de terreaux divers, et, par ce moyen, on
parvint à prolonger efficacement pen-
dant d'assez longues traversées leurs fa-
cultés gern^ioatives. On parvint égale-
ment à conserver jusqu'au moment où il
convient de les mettre en terre, les grai-
nes indigènes qui s'altèrent dès le mo-
ment où elles tombent de l'arbre ou de
la plante.
En général, il est bon de choisir
parmi les semences lesplus mûres, parce
qu'elles sont mieux disposées à perpé-
tuer l'espèce sans altération; les plus
grosses , les mieux constituées, parce
qu'elles donnent généralement des indi-
vidus plus vigoureux; les plus récem-
ment récoltées ^ parce qu'elles lèvent
plus sûrement et plus uniformément. H
est vrai que divers essais tendraient k
faire révoquer en doute, en de certains
cas, la rigoureuse exactitude de quel-
ques-uns de ces principes; néanmoini|
la pratique les a sanctionnés. Ainsi, on
a vu des contrées entières recourir plus
fréquemment que d'autres au rcnouveU
lementy parce que la culture locale ne
laissait pas mûrir complètement les cé-
réales sur pied ; on a vu, dit-on, des orges
dégénérer promptement en Islande, sur
le petit nombre de points où l'on a tenté
de continuer à les propager, par suite
du défaut de maturité complète des grains
employés à la semence. Ainsi encore ,
lorsque les jardiniers, pour obtenir plu-
tôt de meilleurs fruits, cherchent à di-
minuer la trop grande vigueur foliacée
des pieds de melons , ils préfèrent des
graines un peu vieillies ; ainsi enfin, pour
citer un dernier exemple, l'un des meil-
leurs moyens d'assurer une belle récolte
de froment sera toujours le criblage.
Mais il ne suffit pas de faire un bon
choix des semences , il importe beau-
coup, surtout en horticulture, de choisir
encore le pied qui les a portés. Si on
oubliait, un instant, que les végétaux
auxquels on a donné le nom d'espèces
jardinières ne constituent que des races
ou des variétés dues à des circonstances
de climat ou de culture, et qui sont sus-
ceptibles de se propager, avec des carac-
tères identiques, d'autant plus longtemps
qu'elles sont ^^{us franches ou, en d'au-
tres termes, qu'elles ont moins de ten-
dance à dégénérer, on verrait bientôt,
faute d'attention, les races se rappro-
cher de l'espèce primitive ou passer
par de nouvelles variations dues tantôt à
l'hybridité, tantôt à la seule dégénéres-
cence du pied porte-graine.
On a souvent cherché à activer le dé-
veloppement du germe dans les semences,
ou à provoquer en lui une énergie vitale
insolite. Les anciens employaient pour
cela le salpêtre; on a recommandé de-
puis l'iode , le chlore , etc., et quelque-
fois ou a eu recours au jus de fumier ,
ou à diverses compositions restées se-
crètes. Il est certain que l'immersion dans
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(J04)
SEM
Peau pure^ en fooflant les lûsos, amëie
plus promptement les transformalions
cbimîqaes et vitales qui constituent la
^erminatioD ; que de certaines substances
dont Paction stimulante n'est point en-
eore bien expliquée, en ont cependant
une fort appréciable, de concert avec
Feau ; mais toutes les mixtions organi-
ques dont on enveloppe les graines, en
produisant autour d'elles une atmosphère
d'acide carbonique, et en disputant l'oxy-
gène nécessaire pour rendre soluble la
lécule des cotylédons ou de l'endosper-
me, semblent plutôt de nature à entra-
ver qu'à faciliter la levée des plantes.
On sait, en effet, que pendant les pre-
mières phases de leur végétation, loin de
profiter du voisinage d'un engrais trop
énergique, elles sont souvent détruites
par son action. Certaines sabstaneea mi-
nérales comme la chaux, le sulfate de
cuivre, etc., ont pour but spécial la des-
truction de la carie (vojr.).
Dans nos pays, la saison la plus na-
turelle des semis est l'automne, parce que
c'est à cette époque que les graines déta-
chées de leurs fruits, et gisant par terre,
trouvent, sous l'influence des pluies équi-
noxiales et des dernières chaleurs de l'an-
née, les conditions favorables à leur dé-
veloppement. A mesure que le climat
devient plus chaud, le moment des se-
mailles est reculé. Celles des blés ont
lieu dès le 15 août dans la Haute- Autri-
che, en septembre et octobre au nord de
la France, en novembre et jusqu'en dé-
cembre dans le midi. Les semis d'au-
tomne , de quelque nature qu'ils soient,
donnent constamment plus de produits
que les semis de printemps. Ceux-ci sont
néanmoins une nécessité en diverses con-
ditions d'assolement. Us conviennent
seuls aux plantes qui redouteraient les
froids de nos hivers, et, en donnant
des récoltes moins abondantes, ils peu-
vent en produire de plus recherchées
pour certains usages. Quant aux semis
d'élé , hors des jardiiTs où leur succès
est assuré par de fréquents arrosements,
ils s'appliquent encore dans les champs
aux cultures dites dérobétSj parce qu'el-
les suivent immédiatement une pre-
mière récolte estivale , et qu'elles occu-
pent ainsi une seconde fois le sol dans
le cours d'une méoia saison agricole.
La quantité de semences à répandre
sur une sur&oe donnée de terrain varie
en raison de la nature des plantes et des
produits qu'on en vent4>bteBir. Le lin,
le chanvre doivent être semés très épais,
lorsqu'on leur demande une filasse douce,
plus souple que résistante; il faut les
semer clair quand on dénre des filaments
plus tenaces. Les colzas dont les pieda
seraient trop rapprochés s'étioleraient
faute de lumière sans presque rien pro-
duire. Le froment, s'il était semé grains
à grains dans les conditions les plus &-
vorables, couvrirait de ses touffes 15 à
20 centiaràtres et plus en carré. Lors-
qu'on le sème à raison de 2 à 2 ^
hectolitres à l'hectare, à peine reste-t-
il 4 à 5 centimètres pour chaque pied ,
et le produit de chaque semence est-
il souvent d'un seul chaume et d'un
seul épis : aussi est-ce un fort mauvais
moyen de tirer parti des graines, dans
les cas ordinaires, que de les prodiguer,
et peut-on très bien s'expliquer qu'en
semant moins, mais mieux, on puisée
récolter davantage.
L'une des conditions d'un bon semis
est évidemment, d'après ce qui précède,
un espacement suffisant et régulier. Le
terrain doit être couvert sans excès; les
plantes doivent être réparties de ma^
nière à ne pas se gêner les unes les
autres sur de certaines places, tandis
qu'elles laisseraient des vides sur de cer-
taines autres. Une seconde condition
non moins importante, est que la pro*
fondeur des semb soit aussi uniforme
que possible. On enterre plus profondé-
ment les grosses semences que les petites;
celles que l'on confie a un sol sec et léger
que celles qui tombent sur une terre hu-
mide et consistante; celles qui doivent ger-
mer dans les climats chauds que celles qui
le feront en des régions plus fraîches, etc*
Mais toujours, pour chacun de ces cas, il
est aussi fâcheux d'outre-passer que de
ne pas atteindre les limites convenables.
Malheureusement, dans l'état actuel de
l'art agricole, si la théorie est bien assise
à ce sujet, les moyens d'exécution sont
loin de présenter la perfection désirable.
Malgré l'habileté du semeur, les semailleB
a la volée laissent par elles-mêmes beau-
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coup ta hasurdy et aucun daft procédés
de couvraiiies comniay à la herse, à Tex-
tûrpaUor, à la cbarnM ou méflM à fai houe,
ne peai dans la oallnre des champs rem-
placer l'action intelligente qui assignerait
à chaque graine une place définie, comme
cela arrife , pour quelques espèces , en
jardinage. Les semoirs eux-mêmes, lais-
sent beaucoup à désirer : en lesemployant
on peut, il est Trai, obtenir, entre les li-
gnes ensemencées des distances réguliè-
res ; Tappareil peut être réglé de manière
à laisser tombeur un nombre déterminé
de graines sur une surface donnée , et
lorsque le terrain est parfaitement pré-
paré, rien ne s'oppose encore à ce que
ces graines soient déposées à des profon-
deurs voulues ; mtb toute cause suscep-
tible de détruire le parallélisme néces-
saire entre l'instrument et la couche
labourable rompt aussit6t cette unifor«
mité. D'ailleurs les conditions physiolo-
giques d'un bon semis sont si rarement
d'accord avec les conditions économi-
ques de l'exploitation du domaine, que
longtemps encore on verra ce qu'il y
aurait à faire sans pouvoir le réaliser,
et que, faute de pouvoir atteindre la
perfection théorique, on devra chercher
à améliorer les pratiques connues sans
changer les conditions qui les ont ren-
dues peu a peu usuelles. En partant d'un
tel principe,- an nombre des travaux les
plus utiles aux progrès de l'économie
rurale, on doit incontestablement placer
ceux qui ont pour but d'apporter dans
les semailles à la volée toutes les amélio-
rations qu'elles comportent, sans ajouter
à la difficulté , au temps, à la fisitîgue et
à la dépense qu'elles exigent. L'ouvrier
qui ne sait pas diriger et régler son pas;
proportionner le nombre de grains qu'il
réunit dans chaque poignée à la vitesse
de son allure et à la somme totale de
semence à répandre sur une superficie
déterminée; projeter convenablement
cette semence; croiser ley>/, dans la di-
rection et avec l'uniformité qui permet-
tent de ne pas ajouter à Tin-égularité
trop ordinaire de surface de la couche
labourable , l'irrégularité non moins fâ-
cheuse de la force de projection, cet
ouvrier, disons- nous^ ne fera jamais un
bon semeur. O. L. T.
SEM
SEMI-ARIBNS, voy. ÂMxtM.
StiMINAIRES, Petits siuiirAimi^.
L'Église chrétienne emploie le mot sémi»
noire dans le même sens que Tite-Live
quand il dit : L'ordre équestre est la pé-
pinière {seminariunty de semen^ se*
mence) du sénat. Les séminaires sont, en
effet, les pépinières du clergé; ce sont
ses écoles spéciales. Dans les grands sé-
minaires, on forme les jeunes lévites au
ministère sacerdotal : ils y apprennent la
théologie, ib y reçoivent les ordres(i;qf .);
dans les petits séminaires, on donne à des
enfants l'enseignement classique en vue
de la religion : on dirige leurs esprits vers
l'état clérical, on y étudie les vocations.
S. Augustin passe pour le premier in-
stituteur de ces établissements de novi-
ciat ecclésiastique. Le concile de Trente,
dans sa 93^ session, a ordonné à tous les
évéques d'organiser et d'entretenir un sé-
minaire dans leur diocèse. La même obli-
gation est imposée à ceux de France par
les articles organiques du 26 messidor
an IX, qui enjoignent en même temps
d'y enseigner les maximes gallicanes de
la déclaration de 1683. Les petits sémi-
naires, sous le titre À^écoles secondaires
ecclésiastiques y ont été établis par une
ordonnance du 5 octobre 1814. Uoe au-
tre ordonnance duJ6 juin 18S8 limitée
20,000 le nombre de leurs élèves*, inter-
ditl'admission d'externes, en outre, oblige
les séminaristes de 14 ans, et après 2 ans
de séjour, à porter la soutane. Malgré ces
sages entraves , le nombre des petits sé-
minaires est grand, et l'on commence à
s'apercevoir qu'il y a une université ec-
clàiastique, indépendante de l'état, à
côté de Funiversité laïque et nationale.
A la suite du concordat de 1801 et
par les articles organiques des cultes pro-
testants, il a été statué qu'il y aurait deux
(*) Répartis proportioDoellement tnr les dio-
cèses psr ordooasBce royale. Il existe aojoor-
d*hoi xi3 écoles secondaires ecdesiaktiqaes, et
le nombre de leurs élèTcs est de x8,5a4. Deux
diocèses n*oot point d*établissemeaU de ce genre
4g n'en ont qn'nn , aS seulement en ont deox ,
3 en ont trois, le diocèse de Lyon en a cinq. Les
écoles secondaires de 44 diocèses n'atteignent
point le nombre d^élires qni lenr est assigne
par l*ordoonance de répartition | «elles de 7 dio-
cèses excèdent le nombre. r«sp là-dessus, l'ex-
cellent rapport fait ( avril 1844 ) à la Chambre
des pairs par M. le duc de Broglie, an anjet d^i
projet de loi sur ranscignemeot secondsire. S.
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^M
(306)
SEM
académiei ou témioairav diM l*«tfe dk la
France pour riustrucUon des miaialres
de la coofessioD d^Augsboorg, et un au-
tre féminaire pour FiDstmction des mi-
nutres des églises réforméet • Le sénii-
naire de Slra&boorg ettua précieux débris
de PaDcienue université protestante de
cette YÎ Ile.
En Allemagne, il y a des institutions
seolaires, des collèges qui ont le nom de
séminaires 9 quoique ce soient presque
toujours des établissements laïcs et mu-
nicipaux. Les cours d^exercioes pratiques
de philologie prennent aussi souvent le
même nom. F. D.
SÉMINOLES, voY' CasxxSy In nixirs
D'ÀMÉaiQUB et Floeiob.
SÉMlOTlQUEy voy. SÉMiioTiQUX.
8ÉN1RAM1S, reine d'Assyrie dont
l'histoire ne nous apparaît qu'à travers
un voile de fictions. Son origine était
obscure, mais elle éuit douée d'une
grande beauté et de beaucoup d'esprit.
Epouse de Menon, illustre capitaine du
roi Ninus(vox. Asst&is)| elle attira l'at-
tention de ce prince dans la campagne de
la Bactriane, et l'épousa après la mort
de son premier mari qui se tua de jalou-
sie et de désespoir. Ninus étant mort à
son tour, Sémiramis prit les rênes du
gouvernement comme tutrice de son fils
Ninyasy et régna avec beaucoup de gloire.
On dit qu'elle bâtit Babylone , mais cela
paraîtra peu croyable si l'on songe que
IVinuSy dont elle doit avoir été Tépouse,
mourut vers l'an 1909 av. J.-C On lui
attribue en particulier les jardins suspen-
dus, une des sept merveilles du monde.
Poursuivant les plans de conquête de
son époux, elle traversa la Médie et la
Perse, et entra en Bactriane; elle pé-
nétra jusqu'à l'Ethiopie d'une part, et
aux rives de FIndus de l'autre ; mais une
défaite complète qoi lui coûta plus des
deux tiers de son armée, la força à se re-
plier sur Bactra. Dans cette retraite, son
fils Ninyas ourdit contre elle une con-
spiration et la fit mourir, ou tout au
Moins la déposa après un règne de 42
ans. Il est impossible de révoquer en
doute l'existence de Sémiramis , mais il
est difficile de déterminer l'époque où elle
vécut. Peut-être appartient -elle à une
époque postérieure à celle de Ninus. On
trouve à Van^ en Arménie, ém testes
d'inscriptions conétibroMs qoi se rappor-
tent, dit-OB, à ses exploîu. C. L,
SEMIS, voy^ Sembvgis.
SËMITES, SiMinQiiB. Les Séosîiee
sont les descendants de Sem (ih>x«)< fils
aine de Noé ; on compte parmi eux les
Arabes, les Hébreux, les Chaldéens, les
Phéniciens, les Syriens, etc. Les idiooMs
de ces divers peuples, auxquels appar«
tiennent en outre les Éthiopiens, les Kep-
tes {yoy. tous ces nooss), etc. , forment
une famille qu'on désigne sous le nom àm
langues sémitiques. Nous en avons suffi-
samment, parlé à l'art. Livguistiqub ,
T. XYI, p. 570, et à l'occasion de cha-
cun de ces idiomes en particulier. S.
SEMLER ( Jxiur-SALOMON), un des
théologiens allemands les plus influents
du xviii® siècle, naquit à Saaifeld, le 18
déc. 1726. Élevé dans les principes les
plus exagérés du piétisme, il partit, ea
1742, pour l'université de Halle, oà il
continua pendant quelques mois encore à
se livrer aux pratiques minutieuses d'nas
dévotion outrée^ mais le bon sens et la
raison finirent par l'emporter sur la bi-
goterie dont il ne lui resta qu'un certain
penchant au mysticisase, tempéré par une
horreur invincible pour la supmtition
et l'intolérance. Ses fréquents rapports
avecS.-J. Baumgarten (vof .), dont il fut
un des collaborateurs dans diverses pn«
blications, lui apprirent à envisager la
théologie sous le point de vue historique.
En 1749, il parUt de Halle pour aller
remplir une chaire de professeur à Ko-
bourg. Appelé à Altdorf en qualité d#
professeur d'histoire et de poésie, il ac-
cepta cette place qu'il ne conserva que
peu de temps, puisque, en 1751, nous
le trouvons professeur de théologie à
Halle, et combattant, aux o6tés de Baum-
garten, le parti piétiste (for*)» qoi nour-
rissait contre Semler une implacable ran-
cune. Ses le^ns sur l'histoire ecclésias-
tique, l'herméneutique et la dogmatique
rassemblèrent bientôt autour de lui des
centaines d'auditeurs, et en 1757^ il ob-
tint la place de directeur du séminaii*
théologique, laissée vacante par la moîrt
de Baumgarten; mais le ministre de Zed«
liu lui enleva, deux ans après, la direc-
tion de cet établissement. Pour se eonso^
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SEN ( âOÎ ) SEN
Itr d« tiHi ioiliftUce et d*âiiU«i v«satioDfl ; GiaoMTOomATiB). Les RoomIdi ^ à Unr
pareilles, il temllà étudier U minértlogie | iniitation, adoptèrentcelaide je/tafic#yde
et la chimie, et il prit ud tel goût à cette
étude, qa*il y ccmsacrait tous les moments
dont il pouvait disposer. Malgré leurs
imperfections , il y a dans les écrits de
Semler tant d*éruditioo , des notices si
savantes, des remar(|ues si fines, que U ' celui d* Athènes (i^or., et de plus Aaio
êeneXf vieillard (Cic.,Z)tf /lep., Il, 28).
Les sénats les plus célèbres chez les
anciens sont celui des Jui& ou Sanhédrin
{voy,)^ en grec orwsd/scov, assemblée; ce*
lui de Sparte (vo/., et aussi Ltcuagus);
théologien ne les lira pas sans fruit, même
aii^^onrd'hni. A ce mérite ils joignent ce*
lui d*une sincérité indépendante qui fait
dire franchement et librement a Thisto-
rien ce qu'il croit être vrai, sans s'inquié-
ter s'il heurte quelque préjugé. On le
regarde comme l'auteur du système ^ac
commodation (voy, ce mot). Au nombre
des ouvrages les plus remarquables de
Semler, écrits soit en latin, soit en alle-
mand, nous citerons : Apparatus ad li"
ieralem F. T, interprtUUionem (Halle,
17 7 3); Recherches sur le canon (1771-
75, 4 vol.); De tiafmoniacis (4* édit.,
1779); Essai d'une Démonologie bibli"
que (1776); Selecia eapiia historiœ
ecclesiastkœ (1767-69, 3 vol.); Essai
d'annales chrétiennes j ou tableaujâ dé^
tatllés de f histoire de l'Église Jusqu'en
1500 (1783-86, 9 vol.); Obserpaiiones
no9m quibus historia ehristianorum us»
que ad Constantinum magnum illustra''
tur (1784). Semler distinguait la religion
privée qu'il voulait absolument libre, de
la religion publique, manifestée par cer*
tains rites, par certaines formules, dont
le maintien , selon lui , appartenait au
gouvernement. Il n'hésita donc pas à ap-
prouver l'édit de religion de 1 788,et cette
démarche l'exposa a des atuqnes violen*
tes qui empoisonnèrent ses dernières an«
nées. Il mourut le 14 mars 1791. CL.
SEMOULE, vor. Farimb, T. X,
p. 516, et Patk.
SEMPACH (bataillb de), livrée aux
Autrichiens par les Suisses, le 9 juillet
1386 (vox» Suisse). Sempach est un
bourg de 1,500 hab., situé sur le lac de
Lnoerne dans le canton du même nom
{voy, LuGBmHE).
SÉNAT. C'éuit une institution com-
mune aux villes de l'antiquité, un reste du
gouvernement patriarcal. Les Grecs don-*
naient aux membres qui composaient ces
conseils de la cité un nom qui signifiait
vieillards : ilalesappelaient^^nwK»/(iM>7'.
PAGE et Solon); celui de Carthage {voy.)
qui partageait le pouvoir avec les Suf fê-
tes {vox.y^ enfin, et au-dessus de tous les
autres par sa durée, sa puissance politi*
que et ses grands hommes d'état et de
guerre, le sénat de Rome. Ses origines et
sa formation sont aussi obscures et con-
tiftiverséesque celles mêmes de l'état dont
il était le conseil suprême et perpétuel.
Les historiens le présentent comme de
création royale. Primitivement tous les
sénateurs étaient patriciens (vor»)y et Té-
lite de leur ordre. L'aflection du peuple
leur donna dès l'origine le titre de Pères,
patres. Après l'expulsion de Tarquin,
on nomma les sénateurs nouvellement
élus conscriptif c'est-à-dire inscrits avec
les anciens. De là la dénomination de
patres conscriptij qu'ensuite on donna
indistinctement à tous les sénateurs. Se-
lon Tite-Live et Denys d*Halicarnasse,
leur nombre à la mort de Romulus était
de 200 ; selon PInUrque, de 150 ; ce se-
rait Tarquin-l'Ancien qui l^urait porté
à 300. Ce nombre de 300 autorise à
penser que chacune des trois tribus pri-
mitives apporta ub égal contingent, c'est*
à-dire que les trois nationalités distinc-
tes, la ville latine, la ville sabine et la
ville étrusque versèrent chacune dans l'a-
grégation leur sénat particulier, leur cent
sénateurs, à mesure de leur adjonction à
la cité. Ce nombre de 800 sénateurs se
maintint avec peu de variation jusqu'à
Sylla, qui l'accrut dans une proportion
qu'on ignore. Au temps de Jules-César,
le sénat se trouva composé de 900 mem-
bres, et après sa mort de 1 000. Sous pré-
texte d'en éliminer les centurions gaulois
de son grand-oncle et les affranchis qu^il
y avait introduits , Auguste réduisit le
nombre des sénateurs à 600, et parvint à
faire du sénat un instrument de complai-
sance. Ses successeurs achevèrent d'à*
moindrir son autorité politique. Après
le renversement de la royauté, ce fut un
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SEN
(Î08)
S£N
dit privilégfli âm oonialf, comme kéri-
lien du poUToir royal, dénommer au sé-
nat. Us en jouirent jusqu'à la création
(i'an 8 1 0 de R.) des censeurs (vojr,)f dont
ce fat une des attributions spéciales. Ces
magistrats, au renouveUement du lustre
{7>oy.)f inscrivaient sur les fastes du sé-
nat les fonctionnaires élus par le peuple,
quand ils le méritaient par leurs senrices
et leurs mœurs, et principalement les
citoyens les plus distingués de l'ordre
équestre : de là cet ordre a été appelé la
pépinière du sénat (Tite-DTe,XLII, 61j.
Les consuls, les dictateurs, les décemvirs,
les tribuns pouvaient le convoquer. De
lui-^méme il s'assemblait aux calendes ,
aux noues et aux ides de chaque mois, et
toujours dans des temples ou dans une des
caries Hostilia, Julia, Octaria, ou Pom-
peia. On ferma cette dernière après que
César y eut été assassiné. Les sénateurs
avaient pour marques distinctives le la-
tiolave {vay. Toge), et des cothurnes gar-
nis d'un G d'argent. Sous l'empire , on
leur donna le titre de clarissimi.
L'autorité du sénat avait été sans bor-
nes au commencement de la l'épublique;
mais le peuple et les tribuns lui portèrent
bientôt de rudes coups. Néanmoins, il
lui resta la haute direction politique et
administrative des affaires publiques. Il
avait une inspection particulière sur la
religion ; il réglait ce qui concernait le
gouvernement des provinces et le com-
mandement des armées; il exerçait la
poursuite des crimes publics ou des tra-
hisons tant à Rome que dans tonte l'Italie
et les provinces ; il nommait à toutes les
ambassades et donnait audience aux am-
bassadeurs de tous les peuples ; il décré-
tait les actions de grâces à rendre pour
les victoires remportées, et décernait aux
généraux victorieux les honneurs de l'o-
vation ou du triomphe; il convoquait le
peuple, ajournait ses assemblées et pro-
nonçait le fameux copeant consules. Les
décisions qu'il prenait sans la participa-
tion des plébéiens sur des questions de
droit public , de diplomatie ou d'admi-
nistration , s'appelaient senatus^eontul-'
teSf et avaient force de loi (Gains, inst.j
I, 4). Les rois, et, après eux, les consuls
ne régnèrent, n'administrèrent que sous
son autorité. C'est par lui| par sa politi-
que constante et traditionnelle que Rome
est devenue la maîtresse du monde. Sa
décadence date des mauvais jours où son
autorité, son influence morale fut étouf-
fée sous le despotisme des premiers em-
pereurs. Son utilité finit par être tout-à-
fait méconnue; et, après 1 3 siècles de du-
rée, cette grande et patriotique institution
fut abolie par l'empereur Justinien. Foir
le traité de Paul Manuce : De senatu ro^
manoy dans ses Jntiq. rom,\ et Montes-
quieu , Grandeur et décad, des Romains^
ch. IV, VI, Vm, XII et XV. F. D.
Plusieurs états modernes ont adopté
ce titre de sénat pour leurs^ assembléea
délibérantes.
On a parlé à l'art. Russie de son sé-
nat dirigeant, tribunal suprême de l'em-
pire établi parPierre-le-Ghrand,en 171 1,
après la suppression de la Cour des boîars.
Depuis l'oukase du 20 sept. 1801, il dé-
cide en dernier ressort les affaires qui
concernent l'administration intérieure*
Foy, T. XX, p. 693.
En France, après la révolution du 18
brumaire {yor,)y\9i nouvelle constitu-
tion établit un Sénat consen*ateur com-
posé de 80 membres âgés de 40 ans au
moins et nommés à vie par rassemblée,
constituée d'abord par une nomination
de 60 membres, sur une liste de trob
candidats proposés par le premier con-
sul, le Tribunatet le Corps législatif. Ses
fonctions étaient de s'opposera toute in-
novation illégale, à tout abus de pouvoir
de la part des différentes autorités, d*in-
trodnire dans la constitution les modi-
fications nécessaires, de choisir les con-
suls, les tribuns et les législateurs sur les
listes d'élection envoyées par les dépar-
tements. Chaque sénateur recevait an*
nuellement un traitement de 2fi,000 fr.
qui fut porté plus tard pour quelques-
uns à 30,000. Le Sénat conservateur ab-
diqua lui-même son indépendance, le
4 aoiit 1802, en adoptant le sénatus-
oonsulte qui lui fut envoyé tout r^igé
par Bonaparte, et qui le réduisit au rôle
d*un simple conseil d'état. Il ne fut plus
dès lors qu'un instrument entre les maint
du premier consul qui en fut nommé
président, et à qui les sénateurs durent
prêter serment de fidélité. Le maximum
des membres du lénat fut fixé à 120,
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SEM (209)
Deux comiiûflsiont furent formées dans
atm seiû, Tane pour la liberté indivi-
duelle, l'antre pour la liberté de la presse.
Le 18 mai 1804, il proclama Bonaparte
empereur, et sa considération diininna
de plus en plusjusqu!en.l814, où il dé-
clara Pïapoléon déchu du trône. Il comp-
tait à cette époque 186 membres, non
compris les princes du sang et les grands
dignitaires de l'empire. A la Restaura-
tion, il fut aboli et remplacé par la Cham-
bre des pairs.
En Belgique {vay.\ le Sénat partage
avec le roi et la Chambre des députés le
pouvoir législatif; il est électif, se com-
pose de la moitié du chiffre des membrea
de Tautre chambre, et se renouvelle par
moitié tous les quatre ans. Le mandat
dure 8 ans. Chaque province choisît ses
sénateurs proportionnellement à sa po-
pulation. Us doivent être Belges d'ori-
gine ou avoir obtenu des lettres de grande
naturalisation, jouir de tous les droits
civils et politiques, habiter la Belgique,
être âgés de 40 ans et payer an moins
1,000 florins de contributions directes»
L'héritier présomptif est sénateur à l'âge
de 18 ans.
En Espagne, d'après la constitution du
18 juin 1837, le pouvoir de £iire les lois
est exercé par le roi conjointement aiwc
les cortès divisées en deux corps co-légis-
latifs, le Sénat et le Congrès des députés.
Le nombre des sénateurs est égal aux
trois cinquièmes de celui des députés.
Ils sont choisis par le roi sur une liste
de trois candidats proposés par les élec-
teurs qui dans chaque province nom-
ment les députés aux cortès. Chaque pro-
vince propose un nombre de sénateurs
proportionné à sa population ; mais tou-
tes .doivent en avoir au moins un. Pour
être sénateur, il faut être Espagnol, être
âgéde 40 ans, posséder des moyens de sub-
sistance et remplir les autres conditions
déterminées par la loi électorale. Chaque
fois qu'on procède à une élection géné-
rale des députés, le tiers des sénateurs
doit être renouvelé par ordre d'ancien-
neté. Les sénateurs sortants sont rééli-
gibles. Les fib du roi et ceux de l'héri-
tier présomptif de la couronne sont sé-
nateurs à l'âge de 25 ans.
Dans la république des il^ Ioniennes,
Mneyelop. d. G. d. M. Tome XXI«
SEN
le sénat, composé d'un président et de
cinq membres, exerce le pouvoir exécu-
tif sous la surveillance 4xï lord haut-
commissaire.
Pour le sénat des ÉUts-Unis, voy* oe
mot, T. X, p. 146.
Dans quelques villes, le magistrat porte
le nom de sénat, ainsi que cela avait lieu
pendant le moyen-âge dans la plupart
dea villes dltalie.
Enfin les universités, notammoK en
Allemagne, sont régies par un sénat aca-
démique composé des profiesseurs ordi-
naireset sur lequel legouvemement exer-
ce son contrôle par l'intcnrmédiaire dHm
commissaire du souverain. C. £.
SÉNATUS-CONSIJLTE , v.SiwAT.
SÉNÉ. On désigne sous ce nom cer-
Uines feuilles et follicules douées de pro-
priétés purgatives. Ces feuilles, qui ont
beaucoup d'analogie avec celles du ba-
guenaudier, appartÎMinent à deux plantes
du genre cassia, et à une autre du genre
cyrumchum^ toutes originahres de la
Haute- Egypte et des pays voisins : il est
même probable que le mot séné est dé-
rivé de sennaar. Plusieurs végétaux de
nos contrées portent aussi le nom de sé^
né : la coroniile, plante légèrement pur-
gative, s'appelle séné bâtard; le colutea
arhorescens , purgatif puissant , est le
faux séné; enfin la casse de Maryland
est connue sous le nom de séné d'Ame'»
rique. On faisait autrefois en France
4une consommation considérable de séné.
L'emploi de ce médicament est aujour-
d'hui bien plus restreint, à cause de son
goût désagréable. Cependant c'est un
purgatif sûr et énergique, et SI peut être
administré en lavements ou sous forme
de capsules gélatineuses. Foy. Pueoa-
Tirs. ^ X.
SÉHÉCHAL, mot d'origine germani^
que et dérivé de senne ^ cabane, et schalk^
serviteur. C'était, à ce qu'il parait, dans
le principe, le plus ancien officier d'une
maison^ lequel en avait le gouvernement.
Ceux qui étaient au service des princes
prenaient le titre de fprands-sénéchaux.
Us avaient l'intendance de leur maison en
général, et particulièremenfde leur table :
ce qui fit traduire leur titre par dapifer
{dapes^ mets, feroy je porte ; en allem.,
Trùchsess), Ces officiers étaient donc des
14
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SEN
lorUf d« mittres d^hotol ; BIM0 1«8 pâadt^
•éoécbaux ne portaiBot Us pûu que dant
IfligrandetcérémonieS) commeau oouroiH
nemeot du roi , aux cours pléuièrety elo^
encore ne servaient-rils que le premier
plat, et Ton voit en plusieurs occasiona
qu'ils le faisaient à cheval. L'ioteDdanct
qu'ils avaient de la maison du prince
comprenait naturellement l'administra-
tion des finances. Us avaient en outre un
commandement militaire : c'étaient eux
qui portaient la bannière du roi à l'ar-
mée etdans les combats. Sous la l'^raoe
de nos rois, les «éoéchaux aasiitaimit aux
plaids du prince et souscrivaient les char-
tes qu'il donnait. La dignité de maire du
palais s'étant éteinte, celle de grand-sé-
néchal de France en prit la place : Thi-
baut, comte de Blois et de Chartres, sons
Louis VU, fut le dernier qu'on en in-
vestit (1191); elle resU vacante, et la
place de grand- nui tre de la maison du roi
parait lui avoir succédé. Mais l'une dea
principales fonctions du grand- sénéchal
était celle de rendre la justice aux sujets
du prince. Les souverains qui possédaient
des provinces de droit écrit avaient cha-
cun leur sénéchal; lorsque ces provinoaa
furent réunies à la couronne, leur pre-
mier officier de justice conserva ce titre,
tandis que dans les pays de droit ooutu-
mier les rois établirent des baillis dont
les fonctions répondaient à oellea des sé-
néchaux. Louis XI rendit leur office non
révocable, et ils travaillèrent dès lors à;'
se rendre héréditaires. Quoique chefs de
la noblesse, on ne leur laissa que la con-
duite du bau et de l'arrière-ban quand
le roi les convoquait; le maniement des
finances leur fut 6té, et ils furent même
obligés d'avoir des. lieutenants de robe
longue pour rendre la j ustice en leur nom.
Jusqu'en 1491, ils choisirent eux-mêmes
ces lieutenants, puis enfin il ne leur resta
plus que l'honneur d'assister à l'audien-
ce. L'étendue de leur juridiction s'appe-
lait sénéchaïu^e. Tons les grands feu»
dataires de la couronne, comme les duos
de Normandie, de Bretagne, de Guienne,
de Bourgogne, les comtes de Toulouse,
de Flandre, de Champagne, etc., avaient
aussi leurs sénéchaux. Cette place était
même héréditaire dens certaines familles
nobles. Z.
( 210 ) SEN
SÉlISP(AAvaiLiJtDa), 1 1 ao^t li74,
voyr, Coiroi {pwince de), Sénef est un
village du Hainaut (district de Charleroi).
SfiNBF£LDEa (Alots), voy, Li-
TBOO&APHIE.
SÉNÉGAL. Ce fleuve, un des plus
grands de l'Afrique, prend sa source sous
le 9® de long. or. et le ll<»de lat. boréale,
dans Les monts Kong^ à environ 35 lieues
des sources dé la Gambie, à 75 lieues de
Sierra-Leone, près du village de Sues-
balako dans les environs de Tamboa,
capitale du royaume de Foutah-Gjallo.
Il roule d'abord entre deux chaînes de
montagnes ses eaux grossies du Kokora,
du Bafing et du Falemé, le plus considé^
rable de ses affluents connus, franchit les
rochers qui barrent son cours à Govina
et à Feluh, et, à partir de cette dernièm
cataracte, il déploie sa nappe d'eau pai-
sible et limpide sur un lit de gravier au
milieu de prairies verdoyantes et ^
champs cultivés ; puis, se divisant en deux
bras qui se réunissent, mais pour se sépa-
rer de nouveau, il change brusquement
de direction, et se détournant au sud, il
finit par se jeter dans la mer parune large
embouchure, après un cours de plus de
160 milles géogr. Navigable jusqu'aux
cataractes, il peut être remonté jusqu'à
60 milles par des barques de 40 à §0 ton-
neanz. Ses crues périodiques et les dé-
bordements qui esi sont la suite rendent
le pays qu^il arrose très malsain dans k
saison des pluies. Pendant 16 milles, il
court parallèlement à la mer, dont il n'est
séperé que par des dunes naturelles qui
n'ont en certains endroits qu'une tren-
taine de mètres de largenr et qui for-
ment une langue de terre appelée PoirUe
de Barbarie j et défendue par le fort de
Gttétandar. A quelque distance de son em-
bottchure, il forme plusieurs lies, entre
autres celle de Séo^al ou Saiot -Louis
(ver* l^^rt. suivant). Le Sénégal, ^^^^ 1'^^^
est excellente, est très poissonneux; mais
on y trouve aussi des crocodiles et des
hippopotames. Une barre formidable et
des fklaises rendent l'entrée de ce fleuve
très dangereuse. C L,
SÉNÉGAMBIB. Il a déjà été ques-
tion, T. V'^ p. !I40, de cette vaste con-
trée de l'Afrique occidentale située sous
U lone torride, entre tt* et fO* de l«t«
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SËN
(îli)
SEN
N. Bornée eu sad par hi Gniaée, «u
Bordptr le $alMiraouGnincl*Dé8ert, elle
s'étend) da c6té de l'est, jusqu'au bassin
du rïiger, et l'Océan baigne ses côtes occi-
dentales. Elle est arrosée par la rivière
poissonneuse de Sénégal {vojr.)^ qui, Te-
nant des environs de ce bassin, IraTcrse
k Sénégambie de l'est à l'ouest, se par-
tige en deux' branches à 20 lieues au*
dMus de l'établissement français de
Saint-Louis, et se jette dans la mer au-
dessous de celte ville, présentant à son
embouchure une barre difficile à fran*
diir pendant notre hiver à cause du choc
de ses flots et de ceux de l'Océan; dans
tes débordements, il inonde au loin ses
rives, dans les autres temps la marée y
pénètre jusqu'à 60 lieues de la mer. La
rivière de Gambie (voy, ) a un cours moins
étendu et presque parallèle à celui du
Sénégal ; enfin le fîio-Grande traverse
le sud dans le voisinage de la Guinée.
Entre les embouchures des deux premiers
fleuves s'avance le cap Vert, presqu'île
composée en partie de basalte et de tuf
•t formant le point le plus occidental de
l'ancien monde ; auprès de ce cap s'étend
lu baie dTof. Devant l'embouchure du
lUo-Grande est situé l'archipel des Iles
volcaniques appelées Bissagos , habité
par la race noire des Papels, et dont les
Portugais occupent Itle Bissao. La Séné<*
gambie a un soi très fertile le long des
rivières, il s'y trouve d'excellents pâtu*
rages dans lesquels les indigènes élèvent
beaucoup de bestiaux; les terres produi*
sent du riz, du maïs, du mil, des melons,
des ignames, des patates, et une espèce de
dianvre tippeXéhibisnus, On voit des bois
de gommiers, d'ébéniers, de palmiers,
aie. c ces derniers fournissent un vin assez
bon. Le pays a du bois de fer, des goya-
viers, lafaniers,etc.; les palétuviers abon-
dent auprès des eaux. Le baobab (voy.)
aat le géint de la végétation du pays. Les
parties arides ressemblentaux désertsde la
nigritie, et sont infestées de lions, tigres et
léopards, comme les fleuves le sont de cro-
codiles. Le règne animal offre en outre
des éléphants, beaucoup de singes et des
mrpents de diverses espèces ; les mousti-
ques sont très incommodes, et des nuées
de sauterelles ravagent quelquefois la v6-
félatkniy en même temps que des vents
brftliwts apportent les saMea des déserts.
Le Bambouc et quelques autres contrées
paraissent renfermer des mines d'or; ail-
leurs lés roches ferrugineuses que Ton
voit se prolonger sur de grands espaces
ne laissent pas de doutes sur l'existence
d'abondantes mines de fer. Depuis long-
temps des lieux désignés sous le nom
d'escales servent de marchés aux Euro-
péens et aux indigènes pour rechange de
leurs productions.'
Là Sénégambie comprend un grand
nombre d'états, et est habitée par trois
nations principales, savoir : les Wolofs *
ou Gjolofs, nègres d'une belle race dont
le visage se rapproche par son profil de
celui des Européens; les Foulahs ou Fé-
lans, appelés comniunémentP(7a/^^,mais
dont le véritable nom est Péuis (vo^.),
race fiera jusqu'à l'arrogance, turbulente,
belliqueuse et jalouse de son indépen-
dance, mais moins robuste que celle des
Wolofs ; enfin les Mandingoes , nègres
intelligents et actifs, doués du goût du
commerce. On trouve encore dans ce
pays des peuples de race maure sous les
noms de Dov^ichs, Braknas, Darman-
kous et Trarzas. Chacune de ces nations
a sa langue particulière. On a publié la
grammaire des Gjolofs ** : elle présente
des particularités intéressantes pour le,
philologue ; on dit cet idiome très an-
cien ; mais avant que les Français fon-
dassent une école dans leur établissement
du Sénégal, elle n'avait jamais été écrite.
Le fbulh est l'idiome des Peuls. La langue
des Mandingues nous est mieux connua
à cause des relations que le commerce
fait entretenir avec ce peuple, chez lequel
les Européens vont chercher la gomme,
la cire, la poudre d'or et l'ivoire. Autre-
fois les Mandingues leur vendaient aussi
beaucoup d'esclaves. Les Maures ont
propagé dans la Sénégambie la religion
mahométane : elle s'y pratique avec beau-
coup de superstitions de l'ancien fétichis-
me des nègres. Le gouvernement des
principales nations do Sénégal offre quel-
ques traits remarquables : ainsi une es-
pèce de féodalité régit les Wolofs, chez
^*) On éerit Muti ceaom OooloCi «t GbioloCi*
(•*) J, Bud^Di€tioHnmirefranfaii*»oloftt/raM»
foù'bambara, tuivi du Dicticnnairt motof-frû^^
cais, Paris, x8a5, fai-S^
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SËN
letqneb rariftocratie est maîtresse du sol,
de la jostice et des péages ; cette caste
tieDt le peuple en vasselage et prend part
au gouYemement da roi dont le pouvoir
est héréditaire. Autrefois les Wolofs for-
naient un seul empire grand et puis-
sant ; mais il s'est partagé en plusieurs
états. Au cap Vert, treize villages de cette
nation ont formé une petite fédération.
Les Peub ont des chefs qui réunissent
dans leurs mains le pouvoir politique et
religieux, restreint toutefois par un con-
seil aristocratique ; ils ont le titre arabe
d'émirs. Il faut encore remarquer les Ser-
rares, indigènes sauvages qui ont con-
servé leur fétichisme, leur férocité, et se
sont fait redoutersouvent de leurs voisins
par leurs brigandages.
Il serait trop long d'énumérer tous les
états de cette vaste contrée , nous nous
bornerons à indiquer les principaux. Ce
sont d'abord, auprès de la rivière de Sé-
négal, Wallo, ayant 30 lieues de côtes,
peuplé de 40,000 âmes et dépendant de
la colonie française, et Gayor, pays four-
nissant de l'indigo et du coton et peuplé
de 250,000 bab.; ce qui reste de l'ancien
empbre Wolof a une population un peu
moins forte. Au nombre des états Wolofs,
on compte encore le Baol dans lequel
habitent les Serrères, et où les Français
avaient autrefois le comptoir de Portu-
dal, comme ils avaient celui de Joal dans
le pays de Syn. Le principal état des
Peuls est Foutah-Toro sur ta rive gauche
du Sénégal, pays bien arrosé, où une
population d'environ 800,000 âmes cul-
tive du mil, de beau coton, de l'indigo,
du tabac et exploite des mines de fer ;
le roi de ce pays réside à Ghédey sur la
rivière A-Morfil, un des deux bras du
Sénégal, entre lesquels s'étend 111e A«
Morfil. Les autres états des Peuls sont:
Bondon, avec 300,000 âmes, des mines
d'or et de fer, et fertile en tabac, surtout
le long de la rivière de Falémé,un des af-
fluents du Sénégal ; Foutah-Gjallo, pays
montagneux^ d'où paraissent descendre
les sources du Sénégal et de la Gambie et
qui renferme des mines de fer ; le Kasso
et le Fouladou; le dernier est situé sur
un des affluents du Sénégal. Les Man-
dingues, dans le nord de la Sénégambie,
occupent Kaarta,6ambouky Dentilia, tra-
(J12)
SEN
versé par la rivière de Falémé et possé-
dant des mines de fer ; Tenda, pays pauvre
habité par des nègres idolâtres; Kabou,
et quelques autres états. Il existe encore
des provinces indépendantes des trois
nations, telles que Galam, habité par les
Bakeris, les Saràcolets, les Mandingues
et les fiambaras au nombre d'environ
100,000; Ghialon-kadou, et des hordes
nomades qui vivent de leurs troupeaux
et de quelques métiers qu'ils exercent.
La colonie française dans la Sénégam-
bie, dont l'origine remonte jusqu'à Tan-
née 1 365, se compose de deux parties ou
arrondissements, dont l'un est situé sur
le Sénégal, et dont l'autre comprend l'ile
de G orée et la côte vis-à-vis de cette Ue
jusqu'au-delà de la Gambie. Le 1^' ar-
rondissement consiste dans la ville de
Saint^Louis^ construite sur un bsnc de
sable formant une Ile à l'embouchure du
Sénégal, avec un port qui offre un boa
mouillage aux bâtiments qui ont franchi
la barre. La ville est construite réguliè-
rement; près de la moitié des maisons
sont en briques, les autres ne sont que
des cases ou chaumières. Chef- lieu d^
toute la colonie française, Saint-Louis
est la résidence du gouverneur, d*un
préfet apostolique et de deux tribunaux.
La ville a des casernes, un fort, un hô-
pital et une école; on n'y trouve d*aotre
industrie que des briqueteries, deschauf-
foumeries, et des fabriques de pagnes,
étoffe généralement portée par les noirs
qui forment la majeure partie de la po-
pulation, évaluée pour tout l'arrondisse-
ment à 10 ou 11 ,000 âmes. Dans le pays
de Wallo, voisin de la ville, et dont nous
avons parlé plus haut, on a établi des
plantations de bananiers, cocotiers, dat-
tiers, sapotilllers, manguiers, arbres à
pain, orangers, etc. Les lies de Babagbé,
Safal et Ghébar, dépendent de Saint-
Louis. Il y a des marais salants qui rendent
beaucoup de sel. En 1818, les Français
ont établi un poste fortifié à Bakel sur la
rive gauche du Sénégal, à 500 lieues au-
dessus de Saint-Louis, et, en 1825, ils
ont établi un comptoir à Makana, village
éloigné de Bakel d'une vingtaine de lieues.
Nous avons parlé séparément du 2^ arron-
dissement, celui de 6orée(2H7/.), dans le-
quel est compris le comptoir d'Albréda|
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SEN
( iii )
SEN
simé à sept lîeues au*dessu3 de l'eiaboa*
chare de la Gambie. La cote au sud de
cette rivière jusqu'au cap Falgrin est
fréquentée et exploitée à la fois par les
Flrançaiset les Anglais, sans être occupée
par aucune des deux nations. La colonie
française est en voie de prospérité; déjà
on évalue à 1 2 millions de fr.le mouvement
général de son commerce qui consiste
principalement dans rechange des gom-
mes recueillies surtout par les trois tribus
maures nommées plus haut, et livrées par
des traitants indigènes contre des toiles
grossières tissées à Pondichéry sous le
nom de gainées , et fournies par des com-
merçants français d'après un mode réglé
par le gouvernement. — On peut voir,
pour la description et l'histoire de la Séné*
gambie, les relations de voyage de Moo-
re, Lemaire, Bruce,MuDgo-Park et Mol-
lien, ainsi que l'ouvrage du P. Labat sur
l'Afrique occidentale, et celui du baron
Roger, ancien commandant du Sénégal,
intitulé Keledor; enfin, pour notre éta-
blissement, la 3^ partie des Notices sta~
tistiques sur les colonies françaises^ pu-
bliées par le gouvernement (Paris, 1839,
in- 8»). D-o.
SÉNËQUB. Deux écrivains ont porté
et nom dans l'antiquité, et leurs ouvra-
ges, en partie du moins, sont arrivés jus-
qu'à nous. Le premier, M. Aknjcus Ss-
KBCA, de Cordoue, s'il ne fut pas rhéteur
de profession , déclama du moins dans
les écoles , et Qointilien cite une de ses
déclamations. Doué d'une mémoire pro-
, digteuse , il recueillit , dans sa vieillesse,
sur la demande de ses fils , les nombreux
souvenirs que lai avaient laissés tous les
rhéteorscélèbres qu'il avait entendus dans
sa jeunesse, et composa un recueil de ces
extraits formant X livres pour les con-
troverses {yOY* DECLAMATIONS DES XHÉ-
TBUEs) et un seul pour les discours du
genre délibératif. Cet ouvrage , riche en
documents pour l'hbtoire de l'éloquence
et de la décadence du goût , est surtout
curieux pour les anecdotes nombreuses
et les faits littéraires contenus dans les
préfaces qui précèdent chaque livre. Le
texte est encore défiguré par une multi-
tude de fautes souvent grossières, et les
éditeurs n'ont fiiit aucun effort pour sé-
parer les uns des autres tons ces frag-
ments souvent fort courts, où l'on cher-
che vainement une suite. La lecture de
cet ouvrage est donc très pénible^ mais
elle est indispensable à ceux qui veulent
étudier sérieusen^ent l'époque littéraire
qui a suivi le siècle d'Auguste. M. Se-
nèque eut pour fils L. Sénèque le philo-
sophe, Gallion, proconsul d'Achaîe, dont
il est question dans les Actes des Apôtres^
et Annaeus Mêla, père de Lucain. *
L. AifVuEUs Seheca, fils du préoédent,
naquit à Cordon^, dans les premières
années de notre ère. Son père et sa mère
étaient d'une famille équestre, et le mari
de sa tante exerça pendûmt 1 6 ans les im-
portantes fonctions de gouverneur de l'E-
gypte. Amené fort jeune à Rome, il con-
tinua, sous la direction de son père , ses
études oratoires,, et suivit les écoles des
philosophes avec un zèle qui ne se bor-
nait point à la théorie. Sa jeune imagi-
nation , montée par l'étude des rhéteurs
sur le ton de la déclamation, saisissait vi-
vement tout ce qu'il y avait d'élevé, même
d'exagéré dans les doctrines philosophi-
ques , et son âme honnête lui faisait une
loi d'y conformer sa conduite. Sotk>n, le
premier de ses maîtres , lui inspira une
sorte de passion pour la philosophie py-
thagoricienne, et Sénèque, sans adopter
le dogme de la métempsycose, s'abstint,
pendant un an, de la chair des animaux.
Mais son père, qui goûtait peu la philo-
sophie, affecta de craindre que cette ab-
stinence ne fût confondue avec les su-
perstitions égyptiennes récemment ban-
nies de Rome, et le fit renoncer à ces
pratiques suspectes. Il avait encore pris
à cette école un usage anque} il resta fi-
dèle, celui d'examiner tons les soirs les
discours et les actions de sa journée. Peu
de temps après, il prit également au sé-
rieux les leçons du stoïcien Attale; et de
toutes les habitudes de luie que lui per-
mettait la fortune, il ne retint que ce
qui lui était imposé par les convenances
de sa position, renonçant même à l'usage
du vin, des bains chauds et des parfums,
(*) Les Dtelamationet, Sumsorim, ComtroMrsim
se troaTent dans toutes les ancienoes éditions
de Séoèqoe le Philosophe : Venise, 1490 ; Bâie,
iSag; Paris, 1607 et 1627 , etc.; dans réditîon
de J.-Fr. Grono^e, Leyde, 1649, •* Amst., 167a;
et, séparément , dans Téd. Bipontine, 1783 (a*
éd., Strasb., 18 10). S.
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SEN
(214)
SEN
et coDâenrtnt josqu'à la fin de sa vie un
lit dur et une table fragale. Il fut même
sur le point de suivre les théories stoî-
cieDues jusqu'au suicide , et le mauvais
état de sa santé, qui s'aggravait de jour
en jour, l'aurait déterminé à se dooper la
mort y s'il n*eàt craint de frapper d'un
coup trop rude la vieillesse de son père.
Les soins maternels de sa tante , depuis
peu revenue d'Egypte, rétablirent à peu
près sa santé. Parvenu par son crédit a
la questure, Sénèque se fit, au sénat et
dans le Forum, une hante réputation d'é-
loquence. Calignla, qui traitait ses dis-
cours de rhétorique pure et de ciment
scms chaux , ne se borna point à cette
critique assez juste. U l'aurait sacrifié à
sa haine envieuse , si on ne lui eût fait
observer que Sénèque n'avait que le souf-
fle et mourrait de consomption au pre-
mier jour. Ce fut peut-^tre alors que le
jeiyie orateur renonça aux plaidoiries
pour composer des ouvrages de philoso-
phie. Son Traité de la colère ^ en trois
livres, parait dater du règne de Calignla.
Peut-être écrivit- il à la même époque
son livre Sur les tremhlefnents de terre^
ses Recherches sur l Inde et celles sur
la géographie et les superstitions de VÉ'
gypiCy probablement d'après des maté-
riaux rassemblés par son onde. Ces trois
ouvrages sont perdus.
Vint le règne de Claude, et ce philoso-
phe cacochyme, que Calignla dédaignait
de frapper, fut accusé d'adultère avec
une nièce de l'empereur. L'accusation
venait de Messaline; mais comme elle
n'en voulait qu'à Julie , Claude pria le
sénat d'épargner la vie de Sénèque. On
l'exila dans l'Ile de Corse au moment où
déjà veuf de sa première femme, il ve-
nait de perdre son fils. Sénèque essaya
de se raidir contre tant de malheurs, il
adressa à sa mère l'ouvrage intitulé Con-
solation à Helvia , plus recommandable
par l'expression des sentiments les plus
afiectuenx que par la grandeur un peu
vide de ses idées stoïciennes. Mais l'ennui
et la tristesse ne tardèrent pas à se faire
sentir. Il cherchait à se distraire en se li-
vrant à des recherches sur la population
et les antiquités de la Corse, en compo-
sant des vers parmi lesqueb il faut peut-
être compter les tragédies que nous avons
sous son nom. Mais éloigné de tonte so-
ciété lettrée, priyé de ces entretiens phi-
losophiques, de ces causeries savantes,
de cette part active au mouvement des
esprits qui étaient devenus un des besoins
de sa vie, et aussi de ces succès littéraires
qui semblent avoir été nécessaires à an
vanité , il descendit aux prières et aux
flatteries envers Claude et ses affranchis;
La Consolation à Pofyhe, qui venait de
perdre son frère , est un monument dm
cette faiblesse qui fut du reste inutile.
Il ne revint qu'à la mort de Messa-
line. Rappelé alors par l'influence d'A-
grippine, il fut élevé à la préture et pré-
posé à l'éducation de Néron. Il parait
avoir été d'abord effrayé de sa tâche, et
la première nuit qui suivit sa nomination,
il rêva qu'il était chargé de l'éducation
de Caligula. Cependant , malgré le soin
que prit Agrippine d'inspirer à son fib
du dédain pour la philosophie, Sénèque
obtint un assez grand empire sur l'esprit
de son élève. Étranger aux intrigues qui
préparèrent l'élévation de Néron, il ne
servait ces projets ambitieux que par l'é-
ducation solide 4|u'il donnait au jeune
prince, et par l'influence de sa réputa-
tion à laquelle il ajoutait tous les jours
par des publications nouvelles. Ses trai-
tés De la tranquillité de l'âme et De la
fermeté du sagCy datent, à ce que l'on
croit, de l'année de son rappel. On rap-
porte encore, mais avec moins de certi-
tude, au temps de Claude, son traité De la
ProndencCy où il la justifie du malheur
des justes. Vers la même époque fut pro-
bablement écrite /â Consolation à Mar^
ciay fille deCrémutiusCordusqui pleurait
depuis trois ans la perte de son fils.
A la mort de Claude, Sénèque accom-
pagna Néron lorsqu'il se fit reconnaître
au camp des prétoriens et au sénat. Il
composa les discours qui furent pronon-
cés par le nouvel empereur, et que le sé-
nat se hâta d'accueillir comme une pro-
messe et de faire graver sur un monu-
ment public. L'éloge de Claude lui fit
moins d'honneur, et Néron, quand il le
prononça, fut accueilli par la risée pu-
blique. Sénèque eut le tort de faire en
même temps une satire contre le prince
imbécile qu'il venait de loner sans mesure*
Ce petit pamphlet asses spirituel nona
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SËN
(215)
SEN
Mt parvenu incomplet, et rien dans ce
qni nom en reste ne répond au titre d'à*
pocoloquiniosef sous lequel il est cité par
Dion. Avec le règne de Néron commença
une lutte fort vive entre Agrippine qui
voulait continuer la tyrannie des règnes
précédents, et le parti de la modération
dirigé par Sénèque et Burrhus, tandis
qu'une troisième influence, celle d'Ani-
cet et de quelques autres complaisants
obscurs, se signalait par la mort de Bri-
Iannicu5,et plus tard par celle d'Agrippi ne
{ifoy. tous ces noms). Sénèque tout- à-
fait étranfptr au premier de ces crimes,
fut accusé d'avoir accepté une partie des
dépouilles. Quant au second, Tacite n'ose
affirmer que Sénèque et Burrbus en aient
ignoré le projet. Ce qu'il y a de trop cer-
tain, c'est que, l'exécution commencée,
ils laissèrent consommer le parricide, et
que le premier écrivit le discours où le
meurtrier se justifiait en accusant sa
mère. Cependant Sénèque gouvernait
• l'empire, et son administration obtint
quarante ans plus tard ce bel éloge de
Trajan : «Les meilleurs princes sont bien
loin des premières années de Néron.»
Sénèque essayait d'enchaîner son élève
au bien, par de sages discours qu'il lui
faisait prononcer en public, par les élo-
ges du sénat, et par ceux qu'il lui adressait
lui-même. C'est ainsi qu'un mot heureux
de Néron lui inspira ce traité J>e la clé"
menée si flatteur et si beau toutefois,
plein de sages leçons que l'auteur eut le
tort de donner à genoux. Quelquefois il
descendait a des complaisances indignes
d'un philosophe, et qu'il ne craint pas
cependant de recommander en principe
dans un de ses ouvrages. Malgré tous ces
efforts, Néron lui échappait peu à peu.
Bien qu'élevé au consulat et chargé avec
deux collègues d'administrer les revenus
de l'empire, il pressentait sa disgrâce dans
les accusations dont il avait peine à dé-
fendre Burrbus, et Burrbus mort, il eut
à se défendre lui-même. Attaqué par les
flatteurs de ces passions qu'il ne pouvait
ni éteindre ni assouvir, il voulut se ré-
fugier dans la retraite et céder à l'empe*
reur ses dangereuses richesses. Sur le re-
fus de Néron dont les hypocritea<»uresses
lui fermèrent la bouche sans le tromper,
il essaya de désanoMr l'envie par la mo-
destie de ses habitudes. Il ferma sa mai-
son à la foule des dients et se rejeta tout
entier dans ses études philosophiques. Son
traité Du bonheur, qui est en partie une
apologie de sa fortune; l'ouvrage Du loi^
sir et de la retraite du sage; les Vil li-
vres des Questions naturelles, où le mo-
raliste se montre toujours à e6té du sa-
vant; sa Correspondance apee Lucitius,
où le public est toujours en tien et dont
le recueil probablement incomplet est la
partie la plus intéressante de ses ouvra-
ges; un traité de morale, aujourd'hui
perdu, mais souvent cité par Lactance,
attestent l'activité de sesdernièr^ années.
Il avait auparavant écrit, sous Néron,
son traité Des bienjaits, en VU livres,
où l'on peut étudier avec intérêt jusqu'à
quel point la philosophie des anciens s'est
approchée de la charité chrétienne ; un
livre Sur la brièçeté de la vie; un traité
De la superstition , éTkjonrà*hu\ perdu,
où les Pères de l'Église aiment à puiser
de spirituelles railleries contre le paga-
nisme. Un traité Du mariage, cité par
saint Jérôme, des Exhortations et des
Dialogues complètent la liste des ouvra-
ges cités par les anciens et qui ne nous
sont point parvenus. Pendant que Sénè-
que cherchait à détourner sa vue des
malheurs de Rome plutôt qu'à se faire
oublier, survint la conjuration de Pison,
danft laquelle son neveu Lncain (voy,)
était coïnprOmis. Les ennemis de Sénè-
que saisirent l'occasion. Il fut nommé
par lin des accusés, et reçut Tordre de se
donner la mort. Il se fit ouvrir les veines
dans le bain, et mourut en consolant ses
amis. Sa femme Pauline, jeune encore,
mais qui lui était tendrement attachée,
voulut mourir avec lui; mais Néron
craignant l'odieux d^un crime inutile don -
na ordre de la sauver.
On a quelquefois été sévère jusqu'à
llnjustice pour le caractère et la con-
duite de Sénèque. Sa croyance ardente
et vive à une morale que son ême affec-
tueuse et douce plutôt qu'énergique n'é-
tait pas capable de porter ; une situation
terrible, entre les passions de Néron,
l'ambition furieuse d'Agrippine et les
intérêts de l'empire auxquels il avait peut-
être la vanité de se croire nécessaire, fu-
rent probablement la cause de toutes ses
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SEN
(216)
SEN
fautes. S*il eût éié chrétien, comme on
l'a prétendu, moins de présomption peu^
être sût amené moins de faiblesse. Mais
tout ce que Ton a dit de ses relations avec
saint Paul a fort peu de fondement, et
quant à cette prétendue correspondance
qui Fa fait placer par saint Jérôme au
rang des saints, il suffît de la lire, car nous
l'avons encore, pour se convaincre que
ni Sénèque, ni saint Paul ne se seraient
exprimé de la sorte.
En philosophie, Sénèque n'a rien ajou-
té à la science, il a même donné fort peu
d'attention aux théories; mais il a dà
contribuer à répandre la morale qu'il
avait embrassée. L'ardeur de ses convic-
tions, la richesse de ses observations, la
finesse de ses aperçus, sa connaissance
profonde de la nature humaine lui assu-
rent un rang distingué parmi les mora»
listes. En littérature, il est à la tête de
cette école qui a retrempé dans le stoï-
cisme le talent comme le caractère de ses
contemporains. Les défauts qu'on lui
reproche ne viennent pas de lui ; il les a
autorisés en leur donnant la sanction de
son exemple, mais il suffit de lire les dé-
bris que son père nous a conservés des
déclamateurs, pourse convaincre que tous
les travers des écrivains du temps étaient
pour ainsi dire répandus dans l'air des
écoles. Sous ces formes prétentieuses qui
sont venues gâter son talent, Sénèque
a mis des idées justes, des sentiments no-
bles, il s'est exagéré comme tous les stoï-
ciens la force de la volonté humaine,
mais il en a bien analysé toutes les fai-
blesses. Il a l'esprit pénétrant d'un hom-
me du monde, et la gravité consciencieuse
d'un philosophe. Il n'est pas seulement
le père de Lucain et des écrivains qui
relèvent immédiatement du stoïcisme; il
est encore permis d'attribuer en grande
partie à son influence cette tendance de
ses contemporains à faire des études du
moraliste le fond de la littérature dans
tous les genres. Ses Quêtions naturelles
ont donné le ton à Pline l'Ancien, et Ta-
cite lui-même tient peut-être à Sénè-
que comme Salluste aux Gracques et
Tite-Live à Gicéron. Chez les modernes,
il est la source la plus riche où Mon-
taigne ait puisé.
Il nous reste à parler des tragédies con-
nues sous le nom de Sénèque. Les maaus»
critssont unanimes; le prénom seul varie.
Des auteurs anciens citent sous ce nom
des vers de Médée^ des Troyennes^
à^ Hercule furieux j à^Hippolyte^ d-( E-
dipey ^ Agamemnon et de Thyesie. Les
antres pièces sont Hercule sur l'OEta^
la Thébaïde et Octavie. Quant à cette
dernière, il est évident qu'elle n'est pas
de lui. Des allusions directes aux der-
nières circonstances de la vie de Néron,
et des différences assez grandes dans la
conduite de la pièce et dans le style ,
l'ont fait généralement attribuer à quel-
que imitateur. Toutes les autres ont des
caractères communs qui les font aisé-
ment admettre comme appartenant au
philosophe. Indépendamment du fonds
stoïcien, c'est la même tournure d'esprit
quie dans ses ouvrages en prose, le même
coloris de style, les mêmes cpialités et les
mêmes défauts, autant du moins que le
comporte la différence des genres. Attri«
buer ces pièces à M. Sénèque le Rhéteur,
c'est oublier son aversion pour la philo-
sophie et le caractère de son esprit ; les
donner à un M. Sénèque, neveu du phi-
losophe , ou à un L. Sénèque , contem-
porain de Trajan, c'est créer sans auto-
rité, on d'après des textes mal compris,
un personnage imaginaire. SidoinerApol-
linaire est le seul auteur ancien qui
distingue le tragique du philosophe.
Quintilien, qui cite des vers de la Mé^
dée, n'a pas parlé du tragique parmi les
poètes, et c'est une preuve en faveur de
notre opinion , puisqu'il déclare qu'il a
voulu réunir dans un même passage tout
ce qu'il avait à dire du talent de Sénèque.
Ces tragédies n'étaient pas faites pour
la représentation. Destinées à des lectures
publiques, elles ne recherchent pas les
effets de théâtre, mais seulement les ef-
fets de style. Les situations ne sont qu'un
thème pour des développements de mo-
rale stoïcienne, des déclamations contre
le siècle, contre la cour, contre les tyrans,
contre les vices, enfin pour des descrip-
tions étendues, toutes choses contraires
an mouvement dramatique, mais qui,
dans une lecture, prête souvent au trait
et à l'effet. Tous ces morceaux sont char-
gés d'un luxe d'érudition mythologique
que l'on croyait alors nécessaire à la poé^
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SEN
(217)
SEN
iitf paréf de tous les ornements dHm es-
prit coqott et prétentieux, semés d'ane
profusion de traits sonTent forts on pi^
qnants, d'idées élevées, mais ambitieuses.
Point d'action ; les scènes sont une suc-
cession de chants lyriques descriptifs ou
moraux, de monologues qui repréMUtent
avec force la lutte intérieure des passions,
de dialogues à antithèses destinéiesàfaire
ressortir Ténergie de ia volonté, mais qui
se prolongent .presque toujours outre
mesure, et mêlent quelques mots a la
Corneille à toutes les recherches d'un
assaut d'esprit. La même uniformité rè-
gne dans les caractères, qui peuvent tous
se rapportera trois : le tyran, le vulgaire
égoïste et lâche, et le héros. Point de
passions douces, pas de faiblesses excu-
sables, point de résignation touchante ;
femmes, jeunes filles, enfants, tous sont
oondamnésau même stoïcisme : Astyanax
et Polyxèoe meurent en disciples de Zé"
non. Ces tragédies ne sont donc pas des
œuvres dramatiques, ce sont des décla-
mations éloquentes. Les personnages ne
sont pas des hommes, ce sont des types
stoïciens qui fort souvent ne manquent
ni de force ni de grandeur, mais qui ne
sont jamais longtemps sans sortir de la
nature. Cependant l'étude de ces com-
positions n'a pas été sans influence sur le
théâtre moderne. Corneille surtout leur
a beaucoup emprunté. Racine s'en est
quelquefois servi dans Phèdre, et l'on
en a signalé des traces nombreuses dans
Shakspeare et dans Caldéron. * J. R.
{*) L'éditloo prinetpt An OEoTros de Sénè-
que le Philosophe est celle de Naples , 1475 ,
ÎD-fol. : comme ]a plupart des suivantes » elle
comprend aussi le liber deelamationum de Sénè-
queie Rhéteur; Péditioa de 1478 en est uoe sim-
plereprodnction. Parmi celles qui Tinrent après,
voici qoelles »ont les plus importantes: Bâle,
x5i5 et iSag, in-fol., par les soins d'Érasme;
Rome, i585, in-fol., par ceux de Muret; Hei-
dclb., t594; Paris, 1637, emm mot, vor.; l'édition
de J. Lipse» Anvers, i65a, in-fol.; celle de J.-Fr.
GroBove, Leyde, Elzevir, 1649, i<^i2*«t souvent
réimpr.; l'édition Bipootine, 1782, 4 vol. in-8*
(»• éd., Strasb , 1809, 5 vol.); celle de Rabkopf,
Leipz., Z797-1811 , 5 vol. in-d*»; celle de la Bi-
l»li.iibèqne classique de Lemaire, due aux soins
de M. Bouillet, Pari» , i8a7-3o, 5 vol. in-8**-
Parmi les traductions des mêmes Œuvres com-
plètes, nous citerons celle de La Grange , avec
des notes de Naigeon, Paris, X778-9X, 7 v. in-ia«
et 1819-20, x3 vol. in-xa; et celle de la Biblio-
thèque latine-française de M. Panckoucke, due
à divers écrivains, Paris, x83»36, 8 vol. ia-8<*.
8ENNACHÉRIB, roi d'Assyrie (vo^*
ce nom), 717-709 av. J.-C.
SENNAR. Ce royaume d'Afrique
dont la population s*élève à 2 millions
d'habitants et lasuperficie à 6,000 milles
carrés, est ordinairement compris, comme
celui de Dongolah, sous la dénomination
générale de Nubie (voy.). Il est situé
entre le Pïil et la Tacazzé, et comprend
une partie de l'aneienne Méroê (voy.)m
Au nord, il touche à la Nubie turque; à
Test, les montagnes le séparent des cotes
de la mer Rouge; au sud, il est borné
par l'Abyssinie; et à l'ouest, par la Nigri-
tie ou Soudan. Le Kordofan le sépare
du Dar-Four {voy, ces noms). Le sol du
Sennâr est généralement plat, couTertde
sable en beaucoup d'endroits, mais fer-
tile et bien cultivé sur les bords du Nil
et de la Tacazzé. Outre nos animaux do*
mestiques et nos volailles de basse-cour,
on y trouve différentes bétes sauvages de
l'Afrique; le blé, le riz, le tabac, les
melons, le sucre, le séné, le bois d'ébène
et de sandal, sont les principales pro-
ductions du règne végétal. Le climat est
brûlant : en été, la chaleur est souvent
insupportable; puis tombent des pluies
qui vicient Tair et engendrent une grande
mortalité. Le Sennâr est habité par des
nègres mahométans, appelés CliUlouks^
qui l'ont conquis sur les Arabes en 1504.
C'est un peuple grossier, ignorant, que
gouverne despoliquement un roi, inves-
ti de l'autorité suprême, mais qui risque
d*étre décapité aussitôt que ses ministres
jugent sa mort nécessaire. Quand ce mo*
narque meurt, tous ses parents sont égor-
gés, vraisemblablement dans le but de
prévenir la guerre civile. Le roi doit,
une fois dans le cours de son règne, la-
bourer et ensemencer un champ de ses
propres mains. Le souverain actuel est
Bàdy Vn, 29* roi de la dynastie des
Fundjis, peuplade de l'intérieur de l'A-
frique qui s'établit dans le Sennâr à la
fin du xv^ siècle. En 1821, ce prince fut
Il existe ensuite de nombreuses éditions sé|Mi-
rées des différents ouvroges de Séoique, parmi
lesquelles uoos nous bornerons à citer ceÔe des
BpiMtoim morales par Schvreigliaeuser , Strasb.,
1809, a vol. in-8* { celle des Tragmdim par Bo-
tbe, Lelpx., 18x9, 3 vol. in•S^ et Medêé, et Troa^
dêi, par Mattbi», Leips., x8a8 , in-S**. Bf . Grès*
Ion a traduit les Trmgédiu de Sént^ue pour la
BibUotbèqne Panckoucke, x834, 3 vol. hi4<». 8.
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SEN
(218)
SEN
forcé par les armes victorieuses dlsmaëU
Pàcha, fils de Méhémet-Ali, de recon-
naître la suzeraineté du sulthan. Outre
les Chillouks , le Sennâr est habité par
des Arabes nomades et des Bédouins tri-
butaires, ainsi que par les Dahéras, Nu-
biens idolâtres, en partie enlevés des pays
voisins, en partie achetés comme esclaves.
Ces Dahéras font la force principale de
l'armée du roi; 14,000 d'entre eux, ar-
més de lances et de boucliers et 1,800
Chillouks à cheval, sont spécialement
chargés de protéger sa résidence. L'in-
. dustrie du Sennâr est très bornée ; le
commerce a un pen plus d'importance :
il est surtout alimenté par les caravanes
de Suakem, de Djiddah, de la Mecque,
de TAbyssinie, de la Nigritie et de l'É-
Sennâr^ capitale du royaume, couvre
une éminence, près de la rive occiden-
tale du Pïil. Sa population s'élève, selon
Mengio , à 1 6,000 habitants. Les maisons,
mal bâties, ont des toits généralement
plats. Les faubourgs n'offrent quejde mi-
sérables huttes de roseaux. Le palais dn
roi, constrjiit en argile, occupe un vaste
espace ; il est entouré d'une haute mu-
raille de briques. Les environs sont très
fertiles, mais extrêmement malsains. CL»
SENONES ou Sénonois, voy. Gau-
le (T. XII, p. 193), et Champagne.
SENS (LES cinq), facultés par le
moyen desquelles Thomme et les animaux
se mettent en rapport avec le monde ex-
térieur, et auxquelles répondent certains
organes corporels (vo^. Vue, Ouïe, Odo-
rat, GouT, Touchée). Quant à Taction
des sens, voy. Perception; et quant aux
modifications de l'âme qui en résultent,
voj. Sensation et Sensibilité.
L'empire que les sens exercent sur
l'homme s'appelle sensualité.
On a nommé sensorium commune le
point où viennent aboutir toutes les im-
pressions amenées ainsi du dehors; mais
son vrai nom n'est-ce pas Tâme {vojr.)l
car c'est elle qui reçoit ces modifica-
tions.
On a donné le nom de sens interne
ou intime à l'opération du moi portant
son attention sur lui-même et sur tous
les phénomènes qui se passent en lui. Il
en a été traité au mot CpNscisNGi. X.
SENS , Bon skhs , Sens comniir. Lt
mot sens signifie quelquefois la faculté
de comprendre les choses et d'en juger
selon la droite raison. C'est ainsi qu'on
dit : avoir beaucoup de sens , un grand
sens, un sens droit, etc.
Le bon sens est cette vue juste des
choses qu'un esprit sain doit à i'nsage
bien réglé de ses facultés, et qui, sans pé-
nétrer à une grande profondeur, suffit
du moins aux besoins ordinaires de la
vie. Bossuet l'appelle en effet le maître de
la vie humaine. Le bon sens est essen-
tiellement pratique : il dédaigne la sphèr»
de la spéculation et fuit les illusions, de
quelque nature qu'elles soient. Quelles
sont les causes de nos erreurs? Ce sont les
passions {voy,\ qui nous font voir autre
chose que ce qui est, et l'imperfection de
nos facultés , qui nous empêche de voir
tout ce qui est : le bon sens voit les cho-
ses comme elles sont ; il se tient en gardn
contre l'entraînement des passions; et
d'un autre c6té, il évite d'aborder'lea
questions qui passent la portée d'une in-
telligence ordinaire. Il dédaigne les rê-
veries du poète, les illusions de l'homme
passionné; il se rit d'une imagination
aventureuse, comme Sancho Pança rit de
don Quichotte. Est- ce à dire qu'il faille
tout sacrifier au bon sens, et qu'il doive
être le seul guide de notre conduite ?
Non; mais il faut lui faire sa part, et re-
connaître les cas où son autorité est sanc-
tionnée par les plus nobles instincts de
notre nature. S^il y a , par exemple , on
bon sens vulgaire , qu'on invoque lors-
qu'il s'agit de proscrire une généreuse
imprudence, et qui tendrait à retrancher
tout ce qui dépasse le cercle de nos in-
térêts grossiers, à nier la poésie, l'enthou-
siasme, le dévouement, et à faire préva-
loir le côté prosaïque de la vie, il y a
aussi un bon sens élevé, qui n'est que
l'instinct du vrai en toutee choses, qui,
en morale, est l'inspiration spontanée de
la conscience, en politique, la vive sym-
pathie du sentiment national, et qui, dans
les œuvres de l'intelligence, lorsqu'il ren-
contre l'expression heureuse, ressemble
fort au génie. Le bon sens alors s'appuie
sur ce fonds commun d'idées auxquelles
tous les hommes participent , et qui sont
comme le capital intellectuel de l'huma-
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SEN
(219)
SEN
nité à chaqnt époqae : il «'appelle alon
le sens commun.
Le sens commun est donc l'ensemble
de toutes ces vérités, d'ane évidence in-
tuitive et immédiate, qui sont dans l'es-
prit de tous les hommes, au moyen des-
quelles ils s'entendent, et où ils puisent
les motifs de leurk jugements et les règles
de leur conduite. Sur ces notions ou cet
croyances, qui constituent la conscience
du genre humain , repose la démocratie
du monde intellectuel ; les philosophes
ou les penseurs en forment l'aristocratie.
Le triomphe de la philosophie, c'est d'é-
claircir et de légitimer les croyances in-
stinctives du sens commun. Par malheur,
cet accord est loin d'exister toujours;
dans l'hbtoire des systèmes philosophi»
qnes, on voit éclater d'étranges contra-
dictions entre les hommes de génie et le
vulgaire. Il importe de rechercher les
causes de cette divergence entre le sens
commun et la philosophie, et de consta-
ter par où ils se rencontrent, par où ils se
séparent.
Et d'abord, quelle est l'origine du sens
commun ? D'où vient cette mystérieuse
instruction que chacun de nous porte en
lui-même, et que personne ne se souvient
d'avoir acquise ? D*où nous viennent ces
notions, ces principes, dont l'autorité ne
craint pas de contredire souvent les sys-
tèmes des philosophes, et qui pourtant
ont besoin de se fiire légitimer par la
philosophie?
Les notions du sens commun peuvent
se partager en deux classes, qui émanent
de deux sources différentes. Les unes,
évidentes par elles-mêmes et inhérentes
pour ainsi dire à notre intelligence, vien-
nent directement de la raison intuitive :
elles président aux jugements que nous
portons sur le bien et sur le mal , sur le
vrai et le faux, sur le beau et le laid, sur
l'existence, etc. Or, telle est la nature de
ces idées primitives et fondamentales,
que l'aperception confuse n'en est refusée
à personne, mais que la conception claire
n'en peut être obtenue qu'au moyen
d'une analyse très délicate et très diffi-
cile. Les autres , quoique marquées en
apparence du même caractère primitif et
immédiat , sont cependant des acquisi-
tions de ^expérience; elle» sont le pro-
duit du travail successif des génératiom
antérieures, et elles sont venues accroître
successivement le fonds commun. Or,
cette seconde classe de vérités que la ré-
flexion découvre, ne reste pas la pro-
priété exclusive des eprits capables de
les découvrir. Dès qu'une fois le génie
inventeur les a mises en lumière, elles
tombent sous l'appréciation des esprits
droits qui, sans avoir le don de l'inven-
tion, ont du moins le discernement cri-
tique qui reconnaît le vrai et le faux.
hes idées soumises ainsi à l'épreuve d'un
examen souvent répété entrent dans la
circulation , elles pénètrent peu à peu
d^ns les étages inférieurs de la société,
et finissent par devenir un bien com-
mun auquel tous participent, le vulgaire
comme les savants. Mais en devenant le
patrimoine de tous, elles dépouillent leur
forme scientifique, elles se dégagent peu
à peu des arguments qui les ont fait ad-
mettre, et finissent par s'établir dans la
croyance générale sous la forme d'axio-
mes. C'est sous cette forme simple qu'elles
se transmettent de génération en géné-
ration, et qu'elles se rendent accessibles
aux intelligences les plus humbles com-
me aux plus élevées. Voilà comment le
sens commun lui-même est un fonds sus-
ceptible d'accroissement : des deux élé-
ments dont il se composé, l'un s'éclaircit
par la réflexion, l'autre s*étend et se dé-
veloppe par le travail continu de l'hu-
manité.
Maintenant, lorsque le sens commun
et la philosophie viennent à se contre-
dire, d'où peut naître leur divergence?
Si l'on compare la solution donnée par
le sens commun sur un problème quel^
conque avec les solutions diverses pro-
posées par les philosophes, on trouvera
toujours que la solution du sens com-
mun est moins étroite que les solutions
philosophiques. Si le sens commun n'a-
dopte pas les systèmes des philosophes,
ce n'est pas que les systèmes disent une
chose et le sens commun une autre; c'est
que les systèmes disent moins, et le sens
commun davantage. En d'autres termes,
c'est que les philosophes veulent le plus
souvent donner à une vue partielle de la
vérité l'autorité de la vérité complète. Et
d'un autre c6té, le sens commun n'a
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SEN
(220)
SEN
qu^iine aperception vagoA, oonfoM et
obscure de cette Yérité dont l'homme a
besoin ; pour la poiséder réellemeDt , il
lui faut recourir à la réflexion, c'est-à-
dire à la philosophie.
Le divorce du sens commun et de la
philosophie n'est donc pas fondé sur la
nature des choses, il n'est qu'accidentel,
et le progrès de l*intellif;ence humaine
consiste précisément à rétablir Tharmo-
nie entre l'un et l'autre. Les tentatives
les plus hardies de la philosophie n'ont
abouti qu'à mettre en lumière quelques-
unes des croyances du sens commun.
Le principal avantage que les génies les
plus perçants puissent avoir sur le vul-
gaire est de mieux comprendre quelques
points de cette révélation qui est accor-
dée à tous. C'est ainsi que la science
morale, dont les données sont primiti-
ves, nécessaires, inhérentes à notre na-
ture, est cependant essentiellement per-
fectible et susceptible de progrès; les
germes déposés dans l'espèce se déve-
loppent avec les siècles, et il en résulte
qu'en observant l'humanité à deux épo-
ques diverses de l'histoire, on reconnaît
des différences notables dans la morale
publique des deux époques. Ainsi, pour
prendre un exemple, il y a vingt siècles,
le vulgaire et les sages, le sens commun
et la philosophie étaient d'accord pour
sanctionner la légitimité de Tesclavage.
Un jour pourtant quelques âmes d'élite
conçurent l'idée de l'égalité morale des
hom mes, comme enfants d'un même Dieu .
Peu à peu cette idée descendit dans les
intelligences d'un ordre moins élevé; à
la longue, elle a conqub le monde et
changé l'ordre civil et politique des so-
ciétés. A-D.
SENSATION. La sensation est une
modification agréable ou désagréable,
une impression de plaisir ou de peine,
qui naît en noua à la suite de l'action
des objets extérieurs sur nos organes
(voy* Sevs). Les caractères essentiels et
constitutifs de la sensation sont : 1^ d'ê-
tre affective, c'est-à-dire d'exciter en
nous un plaisir ou une douleur ; 2^ d'ê-
tre fatale : les circonstances étant don-
nées , notre corps étant mis en présence
de certains objets de la natnr^ il est im-
possible que la sensation ne se produise
pas; Z^ personnelle ou relative : elle va^
rie selon les individus, et dans les mêmes
individus, sçlon les âg^ l'état de santé ou
de maladie , etc.; l'adage , qu'il ne faut
pas disputer des goûts ni des couleurs,
dépose de ce caractère individuel et ac-
tuel de la sensation ; 4<* enfin , elle ne se
produit qu'à la suite d'un fait de l'orga-
nisme. Cependant elle est distincte du
fait organique qui la précède, comme du
fait intellectuel qui la suit. Nous avons
dit qu'elle est essentiellement affective :
dès qu'elle devient représentative, elle
n'est plus la sensation, c'est alors l'idée ou
le phénomène intellectuel, qui apparaît à
la suite du phénomène affectif. En nous
modifiant intérieurement , en nous fai-
sant éprouver des affections de plaisir
ou de peine, elle ne peut éclairer immé*
diatement la raison; car elle n'est qu'une
capacité passive de l'ftme : elle n'a donc
rien d'actif par elle-même. Une sensa-
tion plus vive n'est pas l'attention, ainsi
que le dit Condillac ; elle sollicite l'at-
tention. L'attention est l'âine active se
dirigeant sur la sensation. Cependant il
faut remarquer que le concours d'un
certain degré d'activité est nécessaire
pourjfu'il y ait sensation. Nous agissons
de mille manières dans la sensation elle-
même, quoique nous n'ayons point avec
elle le rapport de la cause à l'effet. Con-
dillac dit encore : « Ce sont nos sensa-
tions qui nous représentent les corps. »
Non; elles ne suffisent pas; les sensa*
lions ne sont que certaines modifications
du moi, isolées, sans lien commun, et qui
n'ont pas entre elles de rapports néces-
saires, tandis qu'un corps est une réu-
nion de qualités groupées autour d'un
même cetatre , qu'on appelle substance.
Or, de cette substance, et de l'unité qui
la constitue, la sensation ne nous apprend
rien. C'est une autre faculté, c'est la rai-
son, qui perçoit l'unité et la substance.
La sensation pure ne peut donc nous
donner qu'un élément de certitude très
borné, restreint à l'affirmation indivi-
duelle de tel phénomène qui se passe
actuellement dans le mo/, sans pouvoir
en rif n conclure pour le passé ni pour
l'avenir, ni pour aucun autre individu.
Il faut que les données de la raison s'a-
joutent à la sensation pour transformer
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SEN
(221)
SEN
cette epertispUon indmdiielle et spé-
ciale à tel point de l'espace et de la du-
rée, eo on jugement dont la poKée s'é-
tend à nos semblables^ ainsi qu'an passé
et à l'avenir. La sensation, en eUe-méme,
est un phénomène purement interne;
c'est un fait de conscience. U n'y a pas
de sensation sans que nous en ayons
conscience ; autrement elle ne serait pas
sentie, c'est-à-dire qu'elle n'existerai tpas;
mais elle ne nous révèle rien sur la cause
qui la produit : ceci est l'aHaire de la
perception (voy. ce mot). Le moi, mo-
difié par la sensation, s'en distingue,
parce qu'il reconnaît qu'elle le modifie,
indépendamment du concours de sa vo-
lonté ; mais il réagit sur la sensation, et
la rend plus vive, plus distincte. Il la lo-
calise dans les objets extérieurs ; il rap-
porte l'odeur à la (leur dont Tapprocbe
affecte notre odorat, le son à la cloche
mise en mouvement, les couleurs aux
corps dÎTenement modifiés par la lu-
mière , U chaleur à l'action du feu ou
du soleil. Il y a à la fois une illusion et
un cûlé vrai dans ces aperçus. La science
démontre très bien la déception par la-
quelle nous transportons dans les corps
les impressions d'odeur, de son, de cou-
leur par lesquelles notre iTtoi est modifié;
mais en même temps, il s'y mêle une ap-
plication instinctive du principe de cau-
salité, indispensable à l'éducation de nos
organes comme au développement de
notre intelli|;ence.
Le caractère affectif propre aux sen-
sations varie selon les organes qui sont
affectés : le plaisir ou la peioe qu'elles
procurent est en général très faible dans
la vue et l'ouîe ; mais il ne faut pas con-
fondre avec ce caractère affectif les plai-
sirs intellectuels ou moraux qui nous
Tiennent par les sens de la vue et de
Touîe. Ces plaisirs, dus à la réaction de
l'esprit, ne se localisent pas ; ee ne sont
plus des sensations, mais des sentiments
{voy. ce mot) ; les organes n'en sont que
la condition. A-d.
SENSIBULITti. Notre conscience
nous atteste qu'à chaque instant nous
sommes modifiés d'une manière agréable
ou pénible , que nous recevons des im-
pressions de plaisir ou de douleur. De
ces phénomènes sensibles qui se passent
en nous-mêmes , nous concluons Téxls^
tence d'une faculté spéciale, appelée la
sensibiUtéj à laquelle nous rapportons
ces phénomènes^ et qui n'est que l'apti-
tude que nous avons d'être affectés en
bien ou en mal. La sensibilité ne noua
est donc pas connue en eUe-méme, mais
seulement par ses modes. Faire une théo-
rie de la sensibilité , ce sera donc faire
le dénombrement et la classification des
divers phénomènes sensibles, déterminer
leurs caractères essentieb , reconnaître
leurs rapports avec nos autres facultés,
et enfin constater le r6le qu'ils jouent
dans l'économie générale de la nature
humaine.
I. Modes dwers de la sensibilité. Les
phénomènes sensibles sont de diverses
espèces. Les uns se produisent en nous à
la suite d'un certain ébranlement excité
par Taction des objets extérieurs sur les
organes de notre corps : ee sont les /0/1-
sations{voY.), On distingue lessensations
externes^ qui nous arrivent par les cinq
sens, et les sensations internes <^\y au
lieu de se localiser dans un de nos sens,
semblent tenir à la vie secrète de l'orga-
nisme tout entier. Tel est le sentiment
de la fkim, de la soif, de la satiété, du
malaise dans la fatigue ou la maladie, du
bien-être dans la convalescence, du be-
soin d'agir après le repos. Mais tons les
phénomènes sensibles ne sont pas exclu-
sivement corporels : il en est d'autres qui
sont le produit d'une aperception intel-
lectuelle ou d'un acte moral ; ils pren-
nent alors le nom de sentiments {voy,).
Qui de nous n'a éprouvé des joies ou des
peines auxquelles les besoins du corps
n'avaient aucune part? La sensibilité,
qui originairement est une dépendance
de notre organisation physique, se r^é-
chit dans tout notre être intellectuel et
moral. Ainsi , l'acquisition de connais-
sances nouvelles, la recherche et l^per-
cepdon de la vérité sont accompagnées
de plaisir et de peine. De même, l'exer-
cice de notre puissance morale, l'emploi
de notre liberté lorsque nous faisons le
bien ou le mal, détermine en nous des
modifications agréables ou pénibles. Qui
de nous n*a été maintes fois atteint par la
douleur morale ? Qui n'a aussi connu le
contentement de soi-même, après avoir
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SËN
(222)
SËN
i^fifté à une mtuvaûe tenUdoBy oa «prêt
avoir vûota on penoliant coapftble? La
vue da beau physique, oomme du beau
moral y produit eu nous une émotion
agréable. Eu prétenee d'un objet beau,
tel qu^une fleur, un oiseau , une figure
de jeune fille, oomme en pvésence d'une
belle action, d*un trait de dévouement,
il s'élève en nous une émotion de plabir :
o'est ce qu'on appelle le sentiment du
beau, Nos propres actions ont aussi le
même effet: nous n'échappons pas plus
au remords d'avoir mal agi qu'à la sa^
tisfaotion d'avoir sacrifié l'intérêt person-
nel au devoir. De tous les sentiments
agréables , celui qui suit Taccomplisse-
ment du devoir est le pins doux, et celai
qu'il dépend le plus de nous-mêmes de
renouveler. On peut donc, reconnaître
quatre ordres de sentiments, engendrés
par les idées nécessaires du beau et du
laid , du vrai et du faux , du bien et du
mal moral, et enfin par les penchants, les
désirs, les passions qui naissent de l'a-
mour de soi.
II. Caractères des phénomènes de la
sensibilité. Le caractère éminent, essen-
tiel, des phénomènes de la sensibilité,
c'est d*être affectifs, c'est-à-dire d'exciter
en nous une impression de plaisir on de
souffrance. Les sentiments , comme les
sensations, n'existent qu'à la condition
' d'être sentis, ou d'éveiller dans le moi
une émotion agréable ou pénible. Il ne
fitut pas confondre le sentiment avec l'i-
dée qui l'engendre : l'idée est intellec-
tuelle, impersonnelle, absolue ; elle pré-
cède le sentiment, et par conséquent elle
peut exister sans lui. Le sentiment au
contraire est affectif, il est personnel ou
relatif, il s l'idée pour antécédent néces*
saire. Par cela même que notre nature est
sensible, aucune de ses tendances ne peut
être satisfaite sans qu'il en résulte pour
elle une modification agréable ; elle ne
peut être contrariée sans qu'il en résulte
jine modification pénible. Le plaisir est
l'effet sensible de la satisfaction de nos
appétits, comme la souffrance est l'effet
du besoin non satisfait. Les phénomènes
sensibles sont primitifs et instinctifs; l«
fait de sentir est au nombre des instincts
ou des tendances spontanées de la nature
: c'est une disposition primitive
qui nous fiiil aimer le dofux et hair l'a-
mer ; c'est de même une disposition pri-
mitive qui nous fait préférer l'utile au
nuisible, c'esc-à-dire notre bien à notre
nml. Tous ces faits de la sensibilité sont
passifs , involontaires , et marqués d'un
caractère de fatalité. La sensibilité est
mobile; elle varie selon les âges, lesseies,
les climato, les habitudes, le genre de vie,
selon même la dispositioii du moment.
III. Rapports de la sensibilité avec
nos autres /acuités. L'analyse philoso-
phique, en isolant les phénomènes pour
les étudier, les dénature jusqu'à un cer»
tain point. Dans la vie réelle , ils sont
complexes, confondus dans l'unité du
moi, ils se mêlent perpétuellement les
uns aux antres. La sensibilité appartient
au moi, codtme la pensée ; car le moi est
la force qui sent, qui pense, et qni vent.
La sensation est aperçue directement par
la conscience. Dans l'état actuel, la sen-
sibilité est la condition nécessaire du dé-
veloppement de l'intelligence et de la
voloDté; mais la sensibilité ne peut être
excitée sans qne l'intelligence en ait con-
science, ou sans un commencement d'ac-
tivité intellectoelle. Ainsi tous les phé-
nomènes de l'intelltgence et de la volonté
se réfléchissent dans la sensibilité : ces
trois facultés réagissent sans relâche les
unes sur les autres. D'une part, la sensi-
bilité fournit des matériaux à l'intelli-
gence; elle réveiHe, elle la stimule et
l'exalte. Mais la sensibilité doit à son tour
subir le frein de l'intelligence : l'esprit
nous a été donné pour r^er la sensibi-
lité et la soumettre aux lois de la raison.
Si de là nous passons aux rapports de la
sensibilité avec l'activité , nous trouve*
rons qu'elle met la volonté en mouve-
ment, elle la détermine à agir, en on mot,
elle lui sert de mobile. La sensibilité n'est
pas à nos ordres, comme l'activité loco-
motrice, ni même comme l'intelligence :
le plus souvent elle est indépendante de
Is volonté; elle reçoit des impressions,
et, à la suite des sensations qui en résul-
tent| elle produit une foule de mouve-
ments passionnés, qui sont le développe-
ment de la vie. sensible. Cependant la
volonté ou le pouvoir personnel réagit
aussi sur la sensibilité, la met à notre ser-
vice, l'emploie comme une pierre de ton-
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SEN
( 223)
SEN
«he pimr dMMOtrir les qoÊÊiéê bonnes
ou maa^aitis, ntiloft OQ saisiMes des cho*
ses. Noos nom en serrons aussi comme
dHMi ÎDStrament de plaisir, poor goûter
ee qn'îl y a d'agréable et de beau dans
les objets. Souvent la Yolonlé domine la
sensibilité, elle la paralyse et l'ab-
sorbe; souvent la réflexion maîtrise la
passion, et la modère par la vue des con-
séquences qu'elle entraîne, ou par la pré-
férence que la raison donne au motif
moral.
IV. Râle de la seniibUité dans Véeo^
nomie génércUe de la nature humaine.
C'est la sensibilité qui nous met en rap-^
port avec le monde extérieur. Les sens
•ont les moyenapar lesquels nous parti-
cipons à la Tie de relation ; c'est par eux
que nous entrons en communication avec
les êtres animés ou inanimés. Sans la sen-
sibilité, l'bomme demeurerait parfaite-
ment indifférent à toutes choses ; il n'au-
T9k\ d'autres motifs d'agir que ceux que
lui fournit la raison; il ne lai resterait
plus rien de spontané, plos d'amour ni
de haine, plus de plaisir ni de douleur.
Or, c'est par la sensation agréable ou dés-
agréable que l'enfant fait les premiers
pas dans la connaissance du bien et dd
mal. Dans notre existence actuelle, la
possibilité du mal est la condition né(^-
saire du bien. La sensibilité nous a été
donnée par la nature dans l'intérêt de la
conservation de l'individu et de l'espèce.
Mobile essentiel de l'activité humaine, la
sensibilité Féveille et la met en exercice.
Supposez l'homme un être purement in-
telligent et dépourvu de toute sensibilité,
supposez son activité poursuivant froi-
dement un but, sans espoir de bonheur,
tonte son existence est décolorée, on n'en
oomprend plus la signification. C'est la
prédominance de la sensibilité qui fait
les artistes; c'est elle qui sollicite et dé-
valoppe l'imagination. Cest surtout chez
les femmes et chez les enfants qu'elle dé*
ploie son énergie : là est le secret de cet
inscHict plus vif et pliis prompt , de ces
aperçus plus délicats et plus subtils qu'on
remarque dans les femmes. Par la même
raison , la jeunesse des peuples est leur
âge poétique, parce qu'alors les impres-
sions sont généralement plus énergiques
«t plut intenses I et que Vkmt^ ouverte à
toutes les émotions, a une exubéranee de
vitalité. La sensibilité est donc un attri*
but eisentiel de l'humanité ; l'en dépouil-
ler, ce serait altérer sa nature, paralyser
en elle le principe actif et frapper son
intelligence de stérilité. A-d.
SENSITIVE {mimosa), genre de la .
fainille des légumineuses, sous-ordre des
mimosées. Ce genre est propre à l'Amé-
rique équatoriale, et il renferme environ
60 espèces. Plusieurs sensitives sont fort
remarquables par les phénomènes d'irri-
tabilité qu'elles manifestent au plus léger
attouchement, ou en recevant une com*
motion quelconque. De ce nombre est
notamment la sensitive commune (mi^
mosa pudica, L.). En touchant un peu
fortement une feuille de cette plante, tou-
tes les folioles dont se compose la feuille
s'appliquent les unes sur les autres par
leur face supérieure, et le pétiole com-
mun s'abaisse sur la tige. Si l'on touche
légèrement une des folioles, cette fo-
liole seule s''ébranle et tourne sur son
pétiole particulier; si l'attouchement a
été un peu plus fort, l'irritation se com-
munique à la foliole opposée, et les deux
folioles se joignent sans que les autres
éprouvent aucun changement dans leur
situation. Si l'on gratte avec la pointe
d'une aiguille une tache blanchâtre qu*on
observe à la base des folioles, celles-ci
s'ébranlent tout à coup, et bien plus vi>
vement que si la pointe de l'aiguille eût
été portée dans tout autre endroit. Le
temps nécessaire à une feuille pour se
rétablir dans sa position naturelle varie
suivant la vigueur de la plante, l'heure
du jour, la saison et les circonstances at*
mosphériqnes. Si l'on coupe avec des ci-
seaux, même sans occasionner de secous-
se, la moitié d'une foliole de la dernière
ou.de l'avant-dernière paire, presque
aussitôt la foliole mutilée et celle qui lui
est opposée se rapprochent. L'instant
d'après, Ie*mouvement a lieu dans les fo-
lioles voisines, et continue de se commu-
niquer, paire par paire, jusqu'à ce que
toute la feuille soit repliée. L'acide ni-
trique, la vapeur du soufre brûlant, l'am-
moniaque, le feu communiqué par le
moyen d'une lentille de verre, l'étin-
celle électrique, produisent des effets
analogues. Une chaleur trop forte | la'
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SEM
(224)
SEN
privation de Fair, la submertioD dans
Venu 9 ralendasent ces mouvements, en
altérant la vigueur de la plante. Desfon-
taines aobservé que le balancement d'une
voiture fait d'abord fermer les feuilles;
mais quand elles sont, pour ainsi dire,
accoutumées à ce mouvement, elles se
rouvrent et ne se ferment plus. Ed. Sp.
SENSUALISME. Le sensualisme est
U doctrine qui ne reconnaît d'autre élé-
ment de la nature bumaine que la sen-
sation {voy. ce mot). Ce point de départ
psychologique entraîne toute une série
de conséquences des plus importantes
dans la métaphysique, la morale, la po-
litique, la théorie des beaux-arts et la
religion. La saine philosophie serait celle
qui s'élèverait sur la base d'une psycho-
logie complète, c'est-à-dire qui n'omet-
trait aucun élément de la nature hu-
maine. Les systèmes «n général sont faux
en ce qu'ils sont exclusifs et qu'ils ne
reproduisent qu'une partie de la réalité.
C'est ce qui a lieu pour le sensualisme.
En vouUmt concentrer tout l'esprit de
l'homme dans le fait unique de la sensa-
tion, on mutile d'abord la connaissance
humaine, on la limite au cercle des ob-
jets sensibles, et l'on se condamne à
nier les notions qui nous viennent d'une
source plus élevée que les sens, telles que
les idées nécessaires ,de cause, de sub-
stance, d'infini, etc., dont la sensation
ne peut rendre compte. Cette métaphy-
sique a été celle de Condillac et de toute
son école; avant lui, Hobbes et Gassendi
l'avaient professée; et en remontant dans
les temps antiques, elle a eu pour repré-
sentants principaux Démocrite, Épicura
et Lucrèce (voy, tous ces noms).
De la métaphysique de la sensation
dérive à son tour une morale sensuelle.
Si la vie des sens est tout pour l'homme,
il n'y a plus pour lui d'autre règle de
conduite que de chercher le plaisir et
de fuir la douleur (7H>y. HinoNism);
l'intérêt est le but unique de nos actions;
il n'y a d'autre loi morale que l'utile.
Toutes ces conséquences ont été tirées
du principe avec une rigueur parfaite
mais déplorable. Telle est la morale que
conliennentles ouvrages d'Helvétius; telle
est celle qui est formulée dans le Caté^
vliisme de Vobey.
La morale de Pintérèt engendre aussi
nécessairement une politique non moins
matérialiste. Si les jouissances corporel-
les sont le seul but pour lequel l'homme
ait été créé , le bien suprême auquel il
doive tendra, tous les moyens lui seront
bons pour y parvenir : les mois àt Juste
et à^injuste ne représentent que des idée!
chimériques ; il n'y a pas d'autre droit
que la force; le pouvoir n'a pas besoin
de se faire légitimer par la raison, ce
qu'il commande est par cela seul légi-
time. Telles sont les doctrines de Hobbes,
dont la politique est l'apologie la plus
complète du despotisme. Ceux qui, tout
en restant sous l'inftuenoe de cette doc-
trine , ont reculé devant le despotisme
d'un seul , ont admis par compensation
le despotisme de la majorité. La théorie
de la souveraineté du peuple , entendue
d'une manière absolue, sans le correctif
indispensable de la justice, véritable sou-
veraine de l'humanité, n'est autre chose
que la domination du grand nombre, en
d'autres termes le règne de la force. A
ces conséquences aboutiront tous les
systèmes qui feront abstraction de l'élé-
ment moral de l'humanité , qui nieront
la liberté de l'homme et la loi du devoir.
Que si nous suivons le sensualisme
dans ses applications à la théorie des
beaux-arts^nous le verrons aboutir à une
poétique tout aussi étroite que sa poli-
tique. Le principe des arts ne sera plus
que l'imitation fidèle de la nature, la co-
pie exacte du réel : l'artiste s'attachera
exclusivement à la reproduction des for-
mes sensibles; le poète tombera dans les
minuties du genra descriptif, ou dans les
monstruosités de ces drames qui n'ont
d'autre secrat pour émouvoir le specta-
teur que les infamies de la cour d'assises
et les horreurs de la Grève. Une paraille
esthétique est la négation de l'idéal, car
elle nie le monde invisible. Dieu et l'âme.
Enfin, par cela même que cette théo-
rie nie Dieu et l'âme, elle nie également
'tout élément religieux dans l'homme;
elle ne reconnaît d'autre Dieu que l'u-
nivers, elle aboutit forcément au natu-
ralisme {voy,) , soit qu'elle considéra la
nature comme le grand tout, comme l'êtra
unique, soit qu'elle disperse la puissanca
suprême dans la mullitade des êtres in ^
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SEN (3S5)
divida€b;eiidhnitres tannes, elle n'ad^an-
tre oondnsion possible que le panlhéime
ou ratombÔM (yojr, cet mots). Sar ce moD-
de, d'où la liberté et la Provideoce sont
bannies, pèse le joag 4'QBe ayeogle fau*
lité. A-D.
SENTENCE {sententia, de sentir^y
être d'avis), Térilé exprimée briàvement
et de manière à s'imprimer facilement
dans la mémoire. Voy. DictoiTi BiAXin,
Apophthkome, etc.
Dans la jurisprudence, le mot de f e/i-
tence est synonyme de jugement.
SENTIMENT. Transporté dans la
f phare intellectuelle et morale, la sensi-
bilité {yoT>) devient le sentiment; ce qui
était sensations {voy.) dans l'ordre des
phénomènes du corps, se transforme en
sentiments dans les phénomènes de l'in-
telligence et de l'activité morale. Les sen-
timents ne se localisent dans aucun or-
gane, quoique les sensations soient une
condition de leur développement \ ils vien-
nent à la suite de la connaissance ou de la
<»noeption , tandis que la sensation précè-
de la connaissance. Les sentiments ont
toutefois un caractère commun avec les
sensations : ils sont affectifs, c'est-à-dire
qu'ils sont accompagnés d'une émotion
agréable ou pénible. Le plaisir et la dou^
leur que nous avons trouvés à la racine
de toute sensation, revêtent dans le sen-
timent la forme de l'amour et de la haine,
qu'on peut appeler les deux sentiments
fondamentaux, susceptibles, dans leur
développement, d'une foule de nuances,
telles que le désir, l'espérance^ la joie oa
la crainte, le désespoir, la tristesse, etc.
Tous ces phénomènes sont passifs, invo-
lontaires, et marqués d'un caractère de
fatalité. Néanmoins, parvenus aa de-
gré ou ils se changent en passions {yoy^
ils admettent un certain mélange d'acti-
vité.
Les sentiments sont de diverses espè-
ces. On peut les partager en deux gran-
des classes: cmx qui naissent de l'exer-
cice de l'intelligence, et ceux qui naissent
de l'exercice de l'activité morale. On
peut encore les distinguer par leurs ob-
jets, et l'on aura ainsi le sentiment du
beau, du vrai, du bien , de l'infini ; les
sentiments intéressés, qui se rapportent au
SEN
thiques, ouïes affectionsqni nous portent
vers nos sembUbles.
Le sentiment est la vie de l'âme; il se
inévitablement à l'action de nos
autres facultés. La volonté et l'intelli-
gence ne peuvent se soustraire à l'in-
fluence de ce puissant mobile. L'homme
qui a fiulli, qui s'est Uissé entraîner à des
actes condamnables, ne saurait échapper
aux remords de sa oontoienoe; et an con-
traire, l'homme de bien a en lui-même
pour première récompense la saUsfaction
intime que lui donne sa conduite ver-
tueuse. C'est l'erreur des stoïciens {vay.)
d'avoir cru pouvoir anéantir le sentiment
et l'exclure des déterminations humaines.
Le sentiment jouera toujours un rôle im-
portant dans la morale, où il devance les
prescriptions de la raison; tout comme
dans l'esthétique, le beau nous est révélé
par le sentiment avant d'être justifié par
la pensée.
Nous devons mentionner ici, en pas-
sant, une école philosophique qui a été
appelée sentimenttUey parce qu'elle attri-
bue l'idée du bien moral a un instinct de
la sensibilité. Elle suppose que le bien
et le mal se révèlent au sentiment seul,
sans exiger l'intervention d'aucune autre
fiicttlté, tandis que les écoles rationalistes
ne reconnaissent d'autre origine aux idées
morales que l'intuition de la raison. L'é-
cole sentimentale n'admet ponr uniques
motife de nos actions que les penchants
instinctifs; au lieu que la plupart des
moralistes ne trouvent les motife obliga-
toires de notre conduite que dans les
idées, les notions^ les principes qui nous
sont révélés par la raison. L'éoole senti-
mentale prétend que nos déterminations
morales ont leur principe dans le senti-
ment, et non dans l'intelligence ; elle ad-
met que le sens moral est susceptible de
perfectionnement comme les sens exter-
nes. La doctrine du sens moral ou du
sentiment moral fut inventée pour com<»
bler une lacune laissée par le philosophe
scnsualiste^ qui, ne pouvant légitimement
tirer les idées mondes de la sensation,
principe unique reconnu par elle, avait
pris le parti de les nier. Cette «doctrine
admet le désintéressement comme fiiit;
mais son erreur est dans la source dont
bien-être du moi; les sentimenU sympa- | tUe prétend le dériver. Shaftesbury fut
Encxclop. d. G. d. M. Tome XXL ti
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SEP
(«tB)
êK9
Iç premier qui ima^îiuceatni moral ; Qtti-*
chesoD perfectioDoa ce premier aperça*
•t le développa avec taleot. Le sens mo-
ral de Hulcheson est une faculté de la
sensibilité; elle est affectée immédiate-
ment par la qualité morale * comme le
l^oùt psr les saveurs. Dans un cas comme
dans Tautre , il s*ensuit. des sensations
agréables ou désagréables. Chez les Alle-
mands, Jacobi {vc^r, tous ces noms), est
le principal représentant de Técole sen*
iimenUle. J.«J. Rousseau lui-même, dans
ses éloquentes protestations contre la mo*
raie de l'intérêt et contre les tendanoes
sensualistes de son siècle, est le plus sou-
vent un disciple de la morale senlimen-*
taie. La conscience, à laquelle il en ap-
pelle, est pour lui un sentiment in té*
rieur, instinctif, qui nous révèle le bien
et le mal d'une manière infaillible. L'er-
reur de cette école consiste à chercher
une base immuable et absolue à la mo«
raie dans le sentiment, qui, de sa nature,
est essentiellement immobile, variable et
relatif. A-d*
SENTIMENTAL (giuirb). Une sen»
sibiiité affectée, et par cela même outrée,
prend le nom de sensiblerie; et en litté-
rature, on a désigné sous le nom de mm*
timental un genre où, à propos de lout^
on s'attache à Jaire du sentiatent; ou
l'on porte une grande exagération dans la
description des sentiments surtout sym*
pathiques et affectueux , el où l'espèce
de succès qu'on ambitionne est de faire
couler les larmes du lecteur, s'il s'agH
d'un roman ou d'une pièce de vers, du
spectateur dans une représentation scéni-
que, de l'auditeur dans un sermon ou
tout autre discours. Relativement au ro-
man, Richardson, Cramer, Ang< Lafon-
taine. Al. d'Arlincourt {y9jr.)y ont misa la
mode le genre sentimental, dont k genre
larmoyant n'est guère qu*mM nuance.
SENTINELLE, vor- FÀcrioir ,
AvAHT-PosTia, etc.
SÉPALES» parli de la fleur qui for*
ment le caUœy comme lee péêtUes for-
ment la oofolle. Voy. Flkur.
SÉPARATION Dx go&ps. Aux art.
Divorce et Maaiagb, nous avons fait
connaître les principes qui se rattachent
è la question de l'indissolubilité de i'unioa
conjugale \ «m» dévoua laaiAtciiaB^ par*
1er d'un fait qui rtiâehe le lien aaae l'a-
néantir.
Les docteurs qui se sont le plus pro*
nonces pour l'indissolnbtlité du maria-
ge, n'ont pas nié qu'il pouvait arriver
telle circonstance où il serait dangereux
de laisser les époux cohabiter ensemble.
Us ont alors autorisé la séparation d'ba^
bitation : elle s'opérait anciennement, ou
par un consentement réciproque, oomme
par le vœu de continence, on par auto*
rite du juge. Dans le premier cas, le vœu
devait être solennel, en sorte que l'un et
l'autre époux entrassent dans des monas*
tères, ou que le mari reçût les ordres sa-
crés. La séparation forcée devait être
prononcée par le juge, dans le cas d'a-^
dultère, ou lorsqu'un des époux tombai!
dans l'hérésie ou était attaqué de oer«
taines maladies contagieuses , comme la
lèpre, les affections honteuses, etc.; enfin
loi^que le mari usait de sévices notables
et traitait sa femme cruellement : « En
on mot, dit l'abbé Fleury , si les époux
ne peuvent habiter ensemble sans le pé-
ril de la vie ou du salut. »
Le Code civil a réduit les motife de
la séparation de corps aux cas où il y
avait lieu de demander le divoree pour
cause déterminée, c'est-à-dire que le
mari peut deaMnder la séparation de
corps poor canse d'adultère de sa femme,
et la femme pour cause d'adultère de
son mari, mais lorsque celui-ci a tenu sa
concubine dans la maison commune ; que
ke époux peuvent réciproquement de-
mander la séparation de corps pourexcès^
sévices ou injures graves de l'un d'eux
envers l'autre ; et en fia la condamnation
de l'un des époux a une peine infamante
est pour son conjoint une cause de 8é«
paration de corps.
La séparation de corps emporte tou-
jours la séparation de biens.
S^AEATIOH DX BIElIft. Ob nomUM
ainsi le régime légat soue lequel chacun
des époux conserve la propriété et l'ad-
ministration de ses bien».
Ce régime peut être établi soit par le
contrat de mariage (art. 1596 du Code
civil), soit par jugement, dans le cas où
la dot de la femme est en péril, et lorsque
le désordre des affalrei du mari donne
lien de craindra fiM lut likni <to oeM-ei
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SKP
(Mt)
SBP
toe tot«it poîm tQflkanti fMmr rmnplfr
let droits et reprisas de le femnie ( srl,
144t| oiéiiie cmle).
La femme, qooiopie séparée de biens,
m% peut alîéMef ses immeubles sans le
aoBientement spéeiat de son mari, on, à
son reins, sans être autorisée par justice
(art. 1688). Chacun des époui, sous ce
régime, doit contribuer aux charges du
mariage, suivant les couTentions con te-
nues en leur contrat; et, sMl n'en existe
point à cet égard, la femme contribue à
ees charges jusqu'à concurrence du tiers
éê ses reteniu (art. 1587). A. T-&.
SÉPARATISTES, gens qui appré-
aient si peu Tanintage des sympathies re-
ligieuses et du culte en commun , qu'ils
s'isolent au contraire sous les plus futiles
prétextes et ne trouvent de satisfaction
réelle à leurs besoins religieux que dans
leurs Gonventicules intimes, loin du con-
tact des profanes, Foy. Sbctss , Mi-
nODISTES, Pl^ISTBS, CtC.
8ÉPIA. Ce nom latin de la sèche
m donne, en français, à la matière colo-
rante que répand cet animal ( v^jy- Ci-
PKALOPODis), et qui sert pour le dessin
au laris (voy. ce mot).
SEPT- ANS (ouBEAB db). Cette
guerre, qui eut lieu de 1766 à 1768,
Égita l'Europe entière. •— Par la paix
de Breslau (28 joUlet 1743) et erile de
Dresde (S6 déc. 1746), Marie-Thérèse
fttait dû abandonner i Frédéric II, roi
de Prusse, six principautés silésiennes et
le comté de Glatz; mais c'était là un
trop beau fleuron détaché de sa cou-
ronne pour qu'elle ne songeât p)u à s'en
rendre maître de noutean. Elle conclut
dk>nc une alliance avec Fimpératrice de
Russie, Elisabeth, ennemie personnelle
du roi de Prusse; attira dans son parti
Auguste in (voy. tous ces noms), roi de
Pologne et électeur de Saxe , et se rap-
procha de la France, quoique la maison
#Autridie fàt habituée à U regarder
nomme son ennemie la plus redoutable de-
puis des siècles. Cependant des discussions
aPélaient élevées entre l'Angleterre et
oette dernière puissance, su sujet des
llrontières de leurs possessions d'Améri-
que, discussions qui dégénérèrent en
hostilités dans l'année 1765. Voulant
«lettre ses états d'Allemagne ii l'abri dNine
atuqué, le roi d'Angleterre s^llia atec le
roi de Prusse ; et la France, de son côté,
conclut, quelques mois après, avec la
cour devienne, le traité deVersailles, par
lequel elle s'engagea à fournir un corps
auxiliaîre de 24,000 hommes, qui fut por^
té plus tard jusqu'à 180,000, la France
ayant conçu l'espoir de s'emparer do Ha~
novre tout en ayant l'air de coopérer à
l'exécution des projets de l'impératrice.
Un chancelier du cabinet saxon, nom-
mé Menzel , révéla à l'ambassadeur de
Prusse, MalzahUi ce qui se tramait con-
tre son maître entre les cours de Vienne,
de Saint-Pétersbourg et de Dresde. Aus-
sitôt Frédéric H demanda des explica-
tions à l'Autriche, et l'ambiguïté de la
réponse qu'il reçut le décida à prévenir
ses ennemis. Au mois d'août 1766, il
entra dans la Saxe à la tète d'une ar-
mée dirisée en trois corps et foHe de
60,000 hommes ; il assiégea Dresde , la
prit et fit investir le camp retranché de
Pirna,oùétaitrenfermée l'armée saxonne.
Le feldmaréchal Brown accourut de la
Bohème au secours de la Saxe. Frédéric
marcha à sa rencontre et lui livra, le
l*' octobre, près de Lowositz , une ba-
taille qui , sans être décisive , priva leé
Saxons du secours qu'ils attendaient, en
sorte qu'ils furent obligés de se rendre.
Les Prussiens prirent leurs quartiers
d*hiver en Saxe et en Silésie. La campa-
gne de Frédéric II fut considérée comme
une riolation do traité deWestphalie : la
France, qui en éuit garante, intervint,
ainsi que la Suède; en même temps la
diète cPAugsbourg mît le roi de Prusse
su ban de l'Empire, et la Russie, à son
tour, se présenta sur le théâtre des hos-
tilités Frédérié se trouva ainsi seul avec
l'Angleterre, qui ne pouvait lui être
d^nne grande utilité dans une guerre
continentale, contre l'Autriche, la Rus-
sie, la France, la Suède et l'Empire.
Cette situation périlleuse ne l'effraya
point. Dès le mois d'avril 1767, il pé-
nétra en Bohème avec quatre corps
d'armée; et le 6 mai, il remporu, près
de P^gue, une victoire sanglante qui
coûta la vie au brave Schwerin(î;o^.). La
plus grande partie de l'armée autrichienne
s^tant jetée dans la ville, les Prussiens
en commencèrent aussitôt le siège. Alors
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SEP
(M8)
SEP
le fel4m«r^<dua Dann {voy.)^ <|iii le
trouTait avec 60,000 AutrichÎMit aar let
baateun de GoUin (ryoy,), reçat Tordre
de tenter quelque action décisive pour
la délivrance de Prague. Frédéric te
porta à ta rencontre avec ^4,000 hom-
mes; maiS| battu à GoUin, il dut lever le
siège de la capitale de là Bohème et se
replier sur la Saxe et la Lusace.
Les Franigais^ cependant, avaient oc-
cupé Wesel , Clèves , la Frise orientale,
Vélectorat de Hesse-Gassel et le Hanovre.
Le duc de Gumberlapd (vùjr.)^ qui com-
mandait un corps de 40,000 hommes
composé de Hessois, de Hanovriens^ de
Brunswickois et d'autres alliés de la Prus-
se, fut défait à Hastenbeck (vor.)f >«
26 juillet, repoussé jusqu'à Stade et forcé
de signer, le 8 sept., à Kloster-Seven,
ancien couvent, une honteuse capitula-
tion. Une autre armée française, sous
les ordres du prince de Soubise {vcy.
RoH ah), à laquelles'étaient joints 1 5,000
Allemands commandés par le prince de
Hildburgbausen , menaçait la Saxe et les
états héréditaires de Frédéric. Laissant
leducdeBevernpourcouvrirlaSilésie, ce
dernier courut en Thuringe et chassa les
Français d'ËrfurL Sur la nouvelle que le
général autrichien Haddick était entré
dans la Marche de Brandebourg, il vola
à Torgau; mais les Autrichiens s'étant
repliés précipitamment, il revint sur ses
pas et remporta sur Soubîse la fameuse
bataille de Rossbach {voy,). Les Français
défaits se retirèrent dans leurs quartiers
d'hiver, et les Prussiens restèrent en
possession de la Saxe. Frédéric reparut
bientôt en Silésie, où Schweidnitz et
Breslau étaient tombées entre les mains
des Autrichiens. Avec une armée de moi*
tié inférieure en nombre et affaiblie par
une longue marche, il battit Daun, près
de Leuthen, le 5 déc. ; força Breslau à
se rendre avec sa nombreuse garnison et
ses immenses approvisionnements, et ré-
duisit Liegnitz quelques jours après.
Gette victoire du roi de Prusse coûta
40,000 hommes aux Autrichiens; la Si-
lésie fut perdue pour eux, et Frédéric se
trouva plus puissant que jamais. Quant
à l'armée russe qui, forte de 100,000
hommes, était en|rée dans la Prusse au
mois de juin, elle s'était retirée après
avoir ravagé toot le pays de la manière U
plus barbare et avoir défait, le SO août,
près de GrossjsBgemdorf , un corps de
24 ,000 Prussiens commandés par le feld-
maréchal Lehwald. Les Suédois, de leur
c6té, avaient occupé, au mob de seplena-
bre, Ajiklam, Demmin et Pasewalk; maïs
repoussés p.ir Lehwald, ils s'étaient ré-
fugiés dans l'Ile de Râj^n.
La troisième campagne fut ouverte^
dès le mois de février 1758, par 1^ due
Ferdinand de Brunswic (vojr. T. IV, p.
290), qui avait remplacé le ducdeGaoï-
berland a la tête de l'armée alliée dans
la Basse-Saxe et la Westphalie. Le nou-
veau général se rendit maître du couca
du Weser et battit les Français près d^
Grefeld (vo;^.), le 23 juin; puis, repas-
sant le Rhin, il en^'a dans la Hesse, oà
se trouvait le prince de Soubise et où le
comte de Glermont le suivit. Renforcé
par 12,000 Anglab, il força ces deux
généraux à se replier derrière le Rhio^
où ils prirent leurs quartiers d'hiv^.
Après l'expulsion des Autrichiens de
la Silésie, Frédéric II était entré en Mo-
ravie, et, au mois de mai, il mit le aiégn
devant OlmûU; mats l'approche de Daun
le força à le lever en juillet. Gependant
les Russes, après avoir repoussé le peu de
troupes qui leur étaient opposées, avaient
pénétré dans la Nouvelle-Marcbe, obU-
geantainsi Frédéric à voler avec une partie
de la grande armée auseooara de ses états
hérédiuires. Il atteignit les Russes sous
les murs de Gustrin, qu'ils assiégeaient,
et quoique de beaucoup inférieur.en nom-
bre, il remporta près deZomdorf, le M
août, uue sanglante victoire qui déter-
mina la retraite des Russes en Pologne,
U courut ensuite en Saxe, où son fiire,
le prince Henri (iK)/.), avait peine à sou-»
tenir les efforts des Autrichiens; et apràs
avoir appelé auprès de lui le feldmaré-
chalKeith (voy.)^ jl alla camper a Hoch-
kirchen (vorOt o^ surpris pendant le
nuit, il essuya une déûdte complète, le
14 octobre. Néanmoins il contraignît
bientôt après lea Autrichiens à lever le
siège de Neisse ; pois, rentrant en Saxe,
il fit lever le siège de Dresde et obligée
Daun à se retirer en Bohême. A la fin
de la campagne, Frédéric eut la satisfac-
tion de voir tes étau, i l'exception del ^
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SEP
( 329 )
SEP
Vî^tte-Proiaei âtihrés de la présence de
l'enaeini.
En France, Popinion publique, humi-
liée de PioDpuiflsance de noe généraux et
«nsie d'admiration pour le roi de Prusse,
M prononçait pour la paix. Louis XY,
poussé par ta marquise de Pompadour,
résista à ce vœu. L'alliance fut donc re*
nonvelée avec l'Autriche, le 80 déc. 1758,
c'ett^^dire dans le même mois où, par
vm nouveau traité, TAngleterre s'engagea
à payer à Frédéric II un subside annuel
cle 4 millions de thalers. Malgré la ri-
gaenr du froid , le prince Henri entra,
pendant l'hiver, en Bohème, dispersa les
troupes ennemies, enleva un corps de
3,600 hommes et s'empara d'une énorme
<{uaBtîté de munitions. Les Impériaux
Âirent chassés de la Franconîe ; Bamberg,
£rffirt et WûrSEbourg, furent mis à con-
tribution. Un autre corps prussien tom-
ba sur le duché de Mecklembourg-Schwe-
rtn, dont les malheureux habitants furent
cruellement punis des fautes politiques
de leur prince.
• Le commencement de la campagne de
1 7S9 ne fut signalé par aucune action
d'éclat. Ferdinand de Bmnswic voulut
reprendre Francfort, dont les Français
s'étaient emparés pendant l'hiver ; mais le
peu de succès de l'attaque qu'il tenta près
de Bergen, le 18 avril, fit échouer cette
entreprise. Il fut plus heureux, le l*'
août, près de Minden , où il remporta une
brillante victoire sur le marquis de Con-
tades et le duc de Broglie {voy, ces noms) .
Le même jour, les Français éprouvèrent
«ne seconde défaiteàGohfeld; le prince
héréditaire de Bmnswic les repoussa au-
delà de la Lahn et du Rhin. Mais la for-
tune ne favorisa point partout également
les armes prussiennes. Le général Wedel,
opposé aux Rosses, fut battu par Solti-
kof à Kay , près de Zûllichau dans la
Nouvelle-Marche, en sorte que Frédéric
se vit obligé d'accourir de la Silésie pour
défendre l'électorat. Le 12 août, il atta-
qua les Russes à Kunersdorf (Dor*)» ^^^
loin de Francfort-sur-POder, et déjà la
victoire semblait décidée en sa faveur,
loMque l'arrivée de Loudon (vo/.), avec
1S,000 Autrichiens, vint disnger son
triomphe en une défidte. Les Russes ne
aureiit pas profiter d'un soecès qu'ils
avaient acheté bien cher. La^ position de
Frédéric était des plus critiques , et il
commençait à désespérer lui-même dé
Fissue favorable de la guerre. Les Rosses
rictorieux étaient au milieu de ses états
héréditaires. Daun occupait la Lusace
avec une nombreuse armée , et la Saxe
était inondée par les Impériaux. Les Au-
trichiens et les Russes se préparaient à
opérer leur jonction; mais le prince
Henri, en enlevant leurs magasins, força
les premiers à battre en retraite. Frédé-
ric, de son côté, prévint les Russes dans
leur marche sur la Silésie, et les contrai^
gnit à rentrer en Pologne. Moins heu-
reux , le général Fink , qui commandait
en Saxe, dut se rendre aux Autrichiens
près de Maxen, le 21 nov., avec 11,000
hommes et une- nombreuse artillerie.
Malgré ce revers, la campagne se ter-
mina à l'avantage de Frédéric : les enne-
mis avaient été repoussés presque par-
tout ; Daun seul se maintenait encore en
Saxe. Les Suédois, qui, après la bataille
de Kunersdorf, avaient envahi la Pomé-
ranie prussienne dégarnie de troupes,
forent aussi refoulés, par les généraux
Manteufel et Platen , jusque sous le ca-
non de Stralsund.
La campagne de 1700 sembla s'ouvrfr
aussi sous de ficheux auspices pour Fré-
déric. Le brave général Fouquetfut fait
prisonnier à Landshut avec 8,000 hom-
mes. Frédéric lui-même dut lever, le 80
juillet, le siège de Dresde, qu'il avait
commencé le 14. Lorsque Glau fut tom-
bé au pouvoir des Autrichiens, il se vit
dans la nécessité de se rendre en Silésie
pour couvrir le pays. Retranché dans son
camp de Liegnitz(2)07). et menacé par plus
de 100,000 hommes sous les ordres de
Daun et de Loudon, il battit ce dernier, le>
15 août, sans que son collègue pût le se- -
courir. Les Autrichiens perdirent 10,000
hommes, tant tués que blessés ou fidts
prisonniers, 28 drapeaux et 82 canons.
L'armée prussienne, qui ne comptait que
80,000 combatunts, eut 1 ,800 hommes
tués ou blessés. Cependant un corps
austro- russe s'était porté sur Berlin et
avait mis à contribution cette capitale.
Frédéric courut lui couper la retraite;
mais ne l'ayant plus trouvé, il revint
sur la Saxe où Daun et.Lascy (voy.)
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SEP
avaMDt opéré leur joDction. n remporu
une flaBglante victoire à Torgaa, le 8
Dov.y et prit ses quartierji d*hiver. En
Silésie, Loadon fut repoussé jusque
dans le comté de Glatz, et les Russes,
iforcés de lever le siège de Kolberg, ren-
irèreut eu Pologne. Les alliés sous les
ordres de Ferdinand de Brunswic défi-
rent les Français à Marbourg, le 81
juillet ; toutefois ils ne purent les em»
pêcher de s'établir dans la Hesse où ils
avaient de grands magasins. En 1761,
leurs armée furent plus heureuses. Atta*
qués dans leurs quartiers, le 1 1 février,
les Français furent mis dans une déroute
complète. Les alliés remportèrent une
nouvelle victoire, le 14, à Langensalza
sur un corps franco-saxon, mais ils fu-
rent obligés de lever avec perte le siège
de Ziegenhain, Biarbourg et Cassel, en
sorte que les Français restèrent en défi-
nitive les maîtres de toute la Hesse et
de la route du Hanovre. Partout les peu-
ples soupiraient après la paix ; les souve-
rains seuls, Frédéric excepté, semblaient
disposés à continuer|la guerre. Aux yeux
de Marie-Thérèse, la restitution de la Si*
lésie n'était plus une compensation suf-
fisante des sacrifices qu'elle avait dû s'im-
poser. L'impératrice Elisabeth ne son-
geait à ^ien moins qu'à conserver la Prusse.
Le ministre Choiseul cherchait, en pro-
longeant la guerre, à se venger d'un sar-
casme de Frédéric. Les propositions de
paix faites par l'Angleterre et la Prusse
ne furent donc point acceptées, et Fré-
déric dut songer sérieusement à défen-
dre la Silésie contre les Autrichiens et
les Russes qui avaient opéré leur jonc-
tion a Striegau, dans le courant du mois
d'août. U sut garder ses positions près de
Schweidnitz en présence de forces bien
supérieures, jusqu'à ce que le manque de
vivres contraignît la plus grande partie
de {'armée russe à rentrer en Pologne ;
mais il ne put empêcher Loudon de s'em*
parer de Schweidnitz (voy.), le 1*^ octo-
bre. Une garnison de 3,700 hommes et
de nombreux magasins tombèrent ainsi
au pouvoir des Autrichiens. En Saxe, le
prince Henri fut obligé de se replier de-
vant Daun. En Poméranie, les Russei
prirent Kolberg, le 1 6 déc, après une vi-
goureuse résistance. lies Suédois, ao con-
( S30 ) SEP
traire, furent repousses jusque Slrdsnod
par Belling, et Ferdinand de Brunswic
reàiporta à Villingshausen, le 15 juillet,
sur les Français une brillante victoire
qui cependant ne décida rien. Frédéric
se trouvait dans une situation dése^ié-
rée; il semblait sur le point de auo-
comber, lorsque la mort de l'impéra-
trice Elisabeth, le 5 janvier 1762, vint
changer la face des choses. Son succès*
seur, Pierre HI ( vor-), grand admirateur
de Frédéric, s'empressa de conclure avee
lui un armistice, qui, le 5 mai, fut suivi
de la signature de la paix. La Suède ne
tarda pas à imiter cet exemple, et l'Au-
triche ayant repoussé la médiation de la
Russie, Pierre joignit ses troupes aux
Prussiens. La mort précoce de cet em-
pereur rompit bientôt l'alliance des deux
états, et Catherine U rappela lea 20,000
Russes qui combattaient dans les rangs
prussiens. Frédéric n'en fut pas moins
délivré d'un dangereux ennemi, et la pré-
pondérance lui fut assurée dès lors sur
tous les autres. Le 2 1 juillet, il chassa,
près de Buricersdorf, un corps autrichien
de ses retranchements; le 9 oot., il reprit
Schweidnitz, et laissant le duc de Bevera
en Silésie, il se transporta en Saxe, oik
le prince Henri remporta, le 29, près de
Freiberg, une brillûite victoire sur les
Autrichiens et les Impériaux. Une sus-
pension d'armes, qui ne s'étendit cepen-
dant qu'à la Saxe et à la Silésie, fut alors
conclue entre l'Autriche et la Prusse.
La campagne de 1762 ne fut pas heu-
reuse d'abord pour les alliés de cette
dernière, sous le commandement du
duc et du prince de Brunswic; mais, le
24 juin, ils défirent les Français à Wil-
helmsthal et les chassèrent de la forte
position qu'ils occupaient près de Cassel.
Cette ville se rendit à eux le l^*" nov.
Deux jours après furent signés les pré-
liminaires de la paix entre la France et
l'Angleterre, et la paix elle-même se con-
clut à Paris le 10 février 1768. Frédério
resta ainsi seul en face de ses ennemis;
mais il avait déjà sur eux une supério-
rité décidée. Le général Kleist força les
villes impériales lee plus importantes à
se déclarer neutres. Après de courts pré»
liminaires el sans médiation étrangère ^
Frédérie conclut enfin, le 16 février
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SfiP
(281)
S£P
|76S, avec PAntriche et la Saxe, la paix
de Hubertsbourg (voy,) qui léublit les
choses sur le pied où elles étaient «vant
la guerre. UuDité de volonté qui réglait
toutes les mesures de Frédéric, les im-
portantes ressources en hommes et en
argent que lui procura la possession de
la Saxe, l'étendue de son génie, d^excel-
lents généraux» le courage et la bravoure
de ses soldats, finirent par le tirer des
dangers qui le menaçaient et qui plus
d*une fois avaient mis la Prusse à deux
doigts de sa perte. La guerre de Sept-A^s
coûta à TEurope un million d'hommes
et épuisa tous les états qui y prirent part
sans leur procurer un seul avantage, si
Ton en excepte TAngleterre. Elle fit de
la Prusse une grande puissance euro-
péenne par le prestige moral qui depuis,
jusqu'à la bataille d'Iéna, resta attaché
à ses armes. —Le livre le plus populaire
sur cette guerre est celui d'Archenholz
(voy.) i mais il faut consulter en outre
dans les OEuvres posthumes à^ Frédéric-
le- Grand, V Histoire de la guerre de
Sept' Ans 'j de plus, Lloyd, Histoire de la
guerre de Sept- Ans; Retzow, Caracté*
ri s tique des événements les plus im^'
portants de la guerre de Sept' Ans (Ber-
lin, 1804,2 vol.)^ Kuniaczo, Aveux d'un
vétéran autrichien ,et quelques autres ou-
vrages indiqués à Fart. FaÉDi&ic II. CX.
SEPTANTE (les), nom particuliè-
rement donné aux 72 interprètes ou tra-
ducteurs de l'Écriture sainte, qui, selon
le récit fabuleux du Juif Aristée, repro-
duit par Josèphe dans ses Antiquités ju-
daïques^ auraient été chargés par le roi
d'Egypte Ptolomée Philadelphe, sur la
proposition de Démétrius de Phalère, de
traduire en grec TAncien-Testament. On
connaît la légende par laquelle on a pré-
tendu expliquer l'origine de cette version ;
mais il suffit de la lire pour rester con-
vaincu qu'elle n'appartient ni aux mêmes
écrivains ni au même siècle. Les livres les
mieux traduits sont le PentateiMue^ Job
et Xe^Proverbes ; la version à^ Es aïe, des
petits Prophètes et des Psaumes a déjà
moins de valeur, mais celle de Daniel
«t encore inférieure, ce qui donne un
haut degré de vraisemblance à la tradi-
tion talmudique d'après laquelle cinq
tradoctAurti d'origina afincaine, auraient
t l'avanie à la préteo due version dei Sep-
tante. En somme, cette traduction n'eet
ni claire ni fidèle. Elle a joui cepen-
dant d'une grande considération non^
seulement aux yeux de la colonie juive
d'Alexandrie, qui ne parlait que le grée
{voy, HELLiîciSTEs) , mais en Palestine
même. Josèphe et les auteurs du Noa*
veau-Testament ne citent déjà plus l'An«>
cien-Testament que d'après les Septanta
ou la version Alexandrine, Les Pères de
l'Église s'appuyèrent sur elledanslenr po-
lémique contre les Juifs, et plus d'une fois
ce fut par elle qu'ils triomphèrent : aussi
ces derniers finirent^ils par la prendre en
horreur. Origène la corrigea et l'inséra
dans son hexaple (i>o/.); mais elle ne tar-
da pas à être altérée de nouveau par lee
copistes, ce qui n'empêcha pas Julien ,
archevêque de Tolède, dans le vii* siècle,
de la préférer à toutes les autres. Depuis
le rvi^ siècle, la restauration des études
hébraïques, en permettant de consnlt«r
l'original, a rendu cette traduction moina
nécessaire et lui a enlevé en même tempe,
au moins en Occident, toute son impor-
tance canonic|ue. La version des Septante
a été imprimée pour la l'^ fois à Venise,
1 5 1 8, in- fol. On en a fait depub un grand
nombre d'éditions. £. H-o.
SEPTEMBRE, voy. Mois, AirmÉs,
Calshdeise, etc.
SEPTEMBRISEURS. On appela
ainsi les séides de Robespierre, de Danton,
de Tallien , de là Commune de Paria
(iM?^.), qui, vers la fin de la session de
l'Assemblée législative, le 2 sept. 1792 et
jours suivants, furent dirigés sur les pri-
sons de la capitale, les Carmes, la Con-
ciergerie, le Châtelet, l'Abbaye, la Force,
etc., pour y faire maiu- basse sur certains
détenus qu'on leur désignait, nobles, évè-
ques et prêtres, tous confondus sous le
nom d'arbtocrates. Cet horribles assas-
sinats se passèrent à la vue d'une légis-
lature réunie et de l'immense population
d'une grande ville. Vo!f. Maitubl, Mail-
LABJ), HiBERTiSTES, et, pouT l'uue des
plus intéressantes victimes, ï<AMBALTiK
[princesse de).
SEPTENTRION, aH>r. NoED at
POXHTS GAaOUIAUX*
SEPTIMANIE, voy. Namomuaiib
et Lakoukdoc.
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SEQ (332) SER
SEPTIME-SÉVÉRB, voy. SiviBS roos qua^ diaprés la loi française, les
et RoMAiirs {hist. des), T. XX, p. 591
SEPTIQUE, mot emprunté du grec
et dérivé de oiiiru, je fais macérer, pour-
rir. Ou appelle septique tout ce qui pro-
duit la putréfaction y et antiseptique
tout ce qui l'arrête. Le premier mot s'em-
ploie spécialement en médecine pour les
topiques qui font pourrir les chairs sans
causer beaucoup de douleur. Foy» Poi-
soir.
SÉPULCRE (sAinr), vo/. JiEusA-
iBii, T. XV, p. 347.
SÉPULTURE, du latin sepuîtura
(sepelire, enseveUr), voy. Mort, Fuiri-
RAILLES, ËNTEaBXMBM Ty £mBAUMBMEVT,
LilHUMATIONS, ClM^TliaE, CtC.
SÉPULVEDA ( JuAiT QniNEz de), sur-
nommé leTite-LiveespagDol, naquit vers
1490 à Pozo-BlancOy daos les environs
de Gordoue. Ses études achevées, il par-
tit pour Bologne en 1516, dans le but
de perfectionner ses connaissances. Ses
talents lui méritèrent l'amitié d'Alberto
Pio, prÎDce de Garpi, et la considération
des savants les plus illustres d'Italie et
d'Espagne. Nommé chapelain et histo-
riographe de Gharles-Quinti- en 1 536, il
retourna dans sa patrie et fut attaché
comme instituteur à l'infant don Phi-
lippe. Les désagréments qu'il eut à es-
suyer pendant sa querelle avec Barthélé-
my de Las Gasas (voy,), contre qui il
soutint non-seulement la légitimité, mais
la justice de la guerre contre les Indiens,
le dégoûtèrent de là vie des cours , et il
se retira dans sa terre de Mariano, où il
composa ses principaux ouvrages histo-
riques, et où il mourut en 1573. L'édi-
tion la plus complète de ses œuvres a été
publiée à Madrid, 1780, 4 vol. io^^.
Outre des lettres, des traductions et quel-
ques dissertations sur des matières théo-
logiques et archéologiques, elle contient
une Histoire de Gharles-Quint assez im-
partiale , une Histoire de la guerre des
Indes, et celle du règne de Philippe II
jusqu'en 1564. £. H-g.
SÉQUANIENS, tribus gauloises de
la Franche-Gomté {voy. ce nom et dép,
du Douas).
S ÉQUESTRE, du latin sequestrum.
Aux détails que nous avons donnés sur
cette matière à Tart. Dépôt, nous ajoute-
biens du condamné par contumace sont
mis en séquestre (Gode d'instr. crim., art.
465). La gestion en appartient à l'admi-
nistration des domaines qui ne peut être
forcée de rendre compte avfmt l'expira-
tion du délai ^\é pour purger la contu-
mace. Le séquestre de guerre est la main-
mise d'un gouvernement en état de guerre
avec un autre, sur les biens que possèdent
dans son territoire le gouvernement en-
nemi et les sujets de ce dernier. Ge fut
par une mesure de ce genre, qu'en 1778
les États-Unis d'Amérique confisquèrent
les créances des sujets anglais sur les
Américains. On peut citer àusii le sé-
questre que le roi d'Espagne mit, en juin
1793, sur les biens des Français expul-
sés du territoire espagnol , et auquel un
décret de la Gonveniion nationale du 16
août suivant répondit en plaçant de
même sous le séquestre les biens que les
sujets espagnob possédaient en France,
afin d'en employer la valeur à indemni-
ser les Français dépouillés par les me-
sures du gouvernement espagnol. Foy,
Représailles. £. R.
SEQUIN, de l'iulieo zecchîno (mot
dérivé de zecca, lieu pu Ton bat mon-
naie), monnaie d'or provenant de Venise,
et dont l'usage s'est répandu dans divers
pays musulmans. Sa valeur varie suivant
les pays. Le sequin de Venise vaut 1 1 fr.
89 c, celui de Toscane et de Gênes, 13
fr. 1 c, celui des états Sardes, dît sequin
à PAnnonciadej 1 1 fr. 84 c. Dans l'em-
pire Othoman , le sequin zermahboud
d'Abd-el-Hamyd, 1774, est évalué à 8
fr. 72 c, celui de Sélim III à 7 fr. 30 c ,
Les 9t<{\x\iïsfondouklis de Sélim III pas-
sent à Gonstantinople pour 9 fr. 80 c Le
sequin du Gaire vaut 6 fr. 71 c, et enfin
celui d'Alger, nommé soultanf, vaut 8 fr.
7 1 c. Il y a en différents endroits des ^
et ^ de sequins d'une valeur proportion-
nelle. Z.
SÉRAIL, nom formé du mot turc
serai' ou saraïj palais, bétel, qu'on re-
trouve dans celui de caravansérail ou
mieux caraçanséraï et qu'a porté aussi
une ville de la Russie méridionale, sur
le Volga, où résidaient les rois du Kip-
tchak [voy,). Habituellement il sert à dé-
signer le château de résidence du grand-
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SER
(583)
SER
•eifiMiir à Constantioople. Le lértil est
admireblement sitoé snr la pointe qui,
de la Tille s'avance dans la mer, à ren-
trée da Bosphore {voy. T. YI, p. 643).
C'est Boins un palab qu'on vaste assem-
Ma§e de constmctioQS irrégulières, ren-
Israsant beaucoup de mosquées et de
Yai tes jardins. Il présente une enceinte
de mors de quatre lieues de tour; près
de 10,000 personnes, en y comprenant
la nombreuse domesticité et les gardes du
cbAteau et de la personne du sultban, en
forment la population ordinaire; mais il
y aurait place pour un nombre double
d'habitants. Vus do côté de la mer, ses
oonpoles dorées, ses cyprès et les grou-
pes variés des bâtiments qui le compo-
sent, lui donnent on aspect aussi imposant
que pittoresque ; mais à mesure que Fon
s'en approche, des murailles impénétra-
bles dérobent aux regards tout ce tableau
Magique. Le harem {voy,)^ ou la demeure
des femmes, forme une partie très consi-
dérable et très importante du sérail ; il
comprend un corps de bâtiments entiè«
rement clos et séparé des autres. Les
principales maîtresses du lieu sont les
sept khatines ou femmes légitimes du
solthan, qui cependant ne jouissent pas
toutes des mêmes honneurs, mais gar-
dent entre elles un certain rang déter-
miné par les prédilections du grand-
seigneur. Chacune d'elles occupe une
maison à part, accompagnée d'un jardin,
et dispose des services d'un certain nom-
bre de jeunes esclaves ou odaliks {voy.
Odalisques) qui va quelquefois jusqu'à
300. Ces sept épouses ne se voient pres-
que jamais entre elles, et c'est à peine si
elles se connaissent. Mais, outre ses fem-
mes légitimes, le grand-seigneur entre-
tient encore dans le harem un millier de
concubines. Ce vaste gynécée apoor prin-
cipale directrice la kiaja khatine ou sur-
veillante des femmes. C'est toujours quel-
que ancienne favorite, chargée de veiller
à la tranquillité de la maison; Elle en
tient tcmtes les habitantes sous sa dépen-
dance, et n'a d'ordres à recevoir que du
suUhan. Pour tout ce qui concerne le
serviee extérieur et l'entretien du harem,
elle est néanoMMns obligée de s'entendre
avec le kiiiar aga^ ou dief des enuoqoes
noirs. Celui-ci joue no des premiers rô-
les dans le sérail, et a longtemps été un
des personnages les plus importants de
l'empire. Trois cents eunuques noirs sont
les gardes ordinaires des portes de l'en-
ceinte intérieure du harem ; seuls ils ont
accès dans les jardins qui en dépendent,
et toutes les fois qu'il plait au sulthan de
s'y promener, ils loi forment escorte avec
le kniar àga à leur tète. La garde de
l'enceinte extérieure du harem est con-
fiée aux eunuques blancs, également au
nombre d'environ 300. Leur chef, \ecapi
agassi {voy.)j est subordonné au kislar
aga. Quant au service auprès de la per-
sonne même du sulthan, il est rempli par
les itch oglans ou pages de la chambre,
qu'on appelle aussi itch agassis» Ce sont
ordinairement des jeunes gens d'origine
asiatique et de basse extraction. Ils se
rangent, d'après le genre différent de
leurs occupations, en quatre chambres ,
dont l'une la khasné odassi ou cham-
bre du trésor {voy. T. XIX, p. 43) est
CL outre, pour les riches dépôts qu'elle
renferme, placée sous la garde du kislar
Ootre les eunuques, on remarque en-
core dans le sérail différentes cluses de
créatures bizarres, dont les sulthans se
sont longtemps plu à peupler leur entou-
rage, mais qu'ils recherchent moins au-
jourd'hui. 'Tels sont les muets ou dilùif
jadis au nombre d'environ 40, et char-
gés de l'exécution des ahrêts de mort du
grand- seigneur^ an moyen du lacet fatal ;
les nains (ghudje), qu'on entretenait
pour le divertissement du sulthan, et qui
étaient ordinairement l'objet d'une fa-
veur d'autant plus grande qu'ils étaient
plus disgraciés de la nature. Aujourd'hui
les kapidji hachis (rfoy, C apidji) , espèces
de chambellans du sulthan, ont remplacé
les muets dans la qualité d'agents pour
les missions secrètes et comme exécu-
teurs des arrêts suprêmes. Ces officiers
couchent à tour de rôle dans une petite
loge près de la deuxième grande porte
d'entrée du sérail. Leur position est ex-
trêmement avantageuse, et les grands
n'épargnent pas les flatteries à ces fami-
liers du sulthan, afin de se ménager par
eux des infloences dans le sérail et auprès
du maître. Noos avons déjà parlé ailleurs
du corps nombreux des bostandfis{voy,)j
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saiDt
SER (334 )
jardioien ou ramears, et de leor chef ie
tostandji bachi^ le seul officier du pa*
lais qui ait le droit de porter la berbe,
comme le grand-seignear. A mn degré
plus bas encore, les baliadji oa fendeurs
de bois remplissent en partie, dans le sé-
rail, des fonctions de gardiens, ou font
les travaux les plus grossiers. Les peïks et
les solaAs sont les gardes-du-co^ pro-
prement dits, qui forment Tescorte im-
médiate du suîthan , quand il sort du
palais.
Les sœurs du padichah n'habitent pat
le sérail ; la suUbane mère de ^empereur
régnant, ou siilthane validé^ y demeure
seule. Celle-ci exerce ordinairement une
grande influence dans la distribution des
emplois, et sur tout le maniement des
affaires publiques; son fils ne peut même
adopter aucune fayorite nouvelle sans
le consentement de sa mère. Les jeunes
prince» et princesses sont élevés dans le
sérail, sous la surveillance de lenrs mères.
On consacre aujourd'hui beaucoup plus
de soin à leur éducation, qui autrefois se
bornait à l'instruction la plus vulgaire;
des eunuques leur étaient donnés pour
précepteurs, depuis l'âge de 6 ans. Quant
aux princesses, leur destipée était de lan»
guir toute leur vie dans le sérail, à moins
qu'un pacha ne vint les en tirer, en ac-
ceptant leur main. Aussitôt après le dé-
cès du souverain, les sulthanes veuves
sont obligées de passer du harem dans
Veski serai' ou vieux sérail, pour y porter
pendant le reste de leurs jours le deuil
de leur seigneur et maître. L'entrée du
sérail est quelquefois accordée aux étran*
gers par faveur spéciale , mais celle du
harem ne s'ouvre jamais devant aucun
homme du dehors. ^ Gh. Y.
SÉRAPHINS (de l'hébreu saraphy
a brûlé). Les séraphins, ainsi appelés
parce qu'ils semblent de feu à cause de
leur splendeur, forment le 1^*^ chœur de
la 1'^ hiérarchie des esprits célestes (vor*
Aïroa). Ésaîe les dépeint, dans sa vision
(VI, 2 etsuiv.),se tenant au-^esSus du trô-
ne de l'Éternel, et ayantsix ailes : de deux,
ils couvraient leur face, de deux autres,
ils couvraient leurs pieds, et les deux der-
nières soutenaient leur vol dans les airs.
Heureux de louer le Seigneur, ils se
criaient l'un à l'autre et disaient : Saint,
mn
, saint est l'Éternel, DleU eu at»
mées, tout ce qui est dans toute la terre est
sa gloire ! . . . L'un d'eux prit un charbo*
allumé sur l'autel et en brâia les lèvree
du prophète pour le purifier.
Oan&E DU S^&APBnrt intlitiié, «a
1 834, par le roi Megnue IV, 7}oy. SeinSé
SERAPIS. C'est le nom d'une éiwi^
nité égyptienne sur l'origine et les attrî»
butions de laquelle les opinions sont
partagées. D'après lablonski, un Sérapta
très ancien aurait servi à marquer l'en-
trée du soleil dans le solstice d'hiver pour
tourner en quelque sorte autour de l'hé«
misphère inférieur (ihi/. Éotptb, T. IX,
p. 273), ce qui lui avait valu le surnoa
àUn/ernai^ et ce qui avait engagé 2iOéga
à donner a ce nom la signification de
dieu des iénèèret» Considéré en outre
comme préposé à la crue du Nil, Sérapîa
porte un mpdius (mesure de blé) sur la
tète pour indiquer l'abondance de blé
due au débordement de ce fleuve. Le lt^-
lomètre {voy.) lui était consacré: ce qui
a conduit lablonski à traduire le nom de
Sérapis par la eohnne de la mesure.Ce
dieu avait à Memphis, à Bakotî on
Alexandrie des temples appelés par les
Grecs Sérapées (Serapeia). On fait en-
suite mention d'un Sérapis postérieur,
dont le culte se répandit particulière*
ment sous lesPlolémées, et finitaussi par
passer en Grèce et à Rome. Au dire de
Tacite, un Ptolémée aurait importé oe
dieu étranger de Sinope, ville du Pont,
en Egypte ; mais les choses se sont sans
doute passées autrement; car non*sen«
lement le nom de Sérapis est égyptien,
mais Tacite lui-même rapporte qu'il y
avait à Alexandrie, dès les temps là plus
reculés, un sanctuaire de Sérapis et d'I'^
sis. Cependant on appelait Simopion le
lieu près de Memphis où se trouvait nn
temple de Sérapis. Plusieurs bdles têtes
de cette divinité, conservées dans les ga-
leries d'antiques, portent le cachet de la
douceur et d'une réserve mystérieuse.
Mais jusqu'ici il a été impossible de dé-
couvrir des images de Sérapis dans les
monuments mêmes de l'Egypte. C, L,
8ERASKIER, ou plutôt seriasAer^
chef de l'armée, nom que les Tnros don-
nent à tout général ayant le oommande*
nMnt d'nne armée entière ^ et en parti-
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8ER ( 235 )
colier «n cbef d«s iorcei de t«rrt| «pèce
de ministre de la guerre ^ placé toutefois
sous l'autorité du grand- visîr. Ce haut
fonctionnaire ) jouissant d*un pouvoir
très étendu, est choisi par le sulthan par*
nù les pachas à deux ou à trois queuea* Z.
SERBES, v<yY^ Servis.
SERDAE, SiEDAA, titre d'un chef
militaire usité en Turquie, dans le Mon-
ténégro {voy.\ la Valachie, etc., et aussi
dans quelques états de TAsie^ tels que le
Lahore {voy, Sulhs)*
SEREIN, voy. R<;»8ix.
SÉREUX (sTsxiiqt), Membraii ss 5i-
aECSEs, voy. Mbmbrahes, S^osirii, etc.
SERF, Servage. Ces mots, ainsi que
celui de servitude^ sont dérivés du latin
servus^ esclave. Ils désignent la personne
et la condition de ceux qui sont assu-
jettis à cette forme mitigée de l'esclavage
\voy,) qui s'est établie, en Europe, à la
suite de l'invasion des peuples bi^rbares
et des institutions féodales, forme qu'on
désigne aussi souvent sous le nom de ro-
lonat {yoy, ce mot). Le servage constitue
un droit de propriété héréditaire que
s'arrogent les hommes des classes domi-
nantes et privilégiées sur des individus
d'état inférieur, privés ainsi de la liberté
personnelle non*seulement pour eus-
mêmes, mais encore pour tous leurs des-
cendants. Les obligations du serf vis-4- vis
de son maître, ou plutôt de son seigneur,
pour rester fidèle an langage historique,
consistaient soit en prestations de servi-
ces personuels {voy, CoavÉEs), soit en
redevances d'objets réels à fournir, quel-
quefois indépendamment de toute pos-
session territoriale Sk\e^ mais le plus sou-
vent a raison de l'usufruit d'un fonds déter-
miné et spécialement affecté à Tentretien
dttserfetdesa famille, fonds qu'il est for-
cément tenu d'exploiter. Cette dernière
forme du servage est le véritable servage
féodal , celui qu'on appelle aussi la set'
viiude de la glèbe ^^i qui faisait dire au
moyen-âge que les paysans étaient atta-
chés au sol (glebœ addictus ou adscrip-
tus; glebuy motte de terre). Cette con-
nexité du droit sur Tindividu avec le
droit sur le sol qu'il cultive, peut égale-
ment servir à distinguer le serf de l'es-
clave proprement dit. Tandis que celui-ci
éuit oonsidéré comme U choiie du mal-
SËR
tre en son principal, le serf 4ié audor
maine auquel il appartenait n'en était
jamais séparé. Cependant , au plus fort
de la barbarie du moyen-âge, le servage
était un véritable esclavage *, et il l'esl
encore jusqu'à un certain point en Rus^
sie, où le seigneur, s'il n'a plus le droit
de vie ou de mort sur le serf, peut ep-
core remployer à tel service qu'il lui
plait **, Dans nos pays d'Occident, lee
droits seigneuriaux et la condition du serf
étaient réglés par l'usage ou par des lois
spéciales, qui souvent protégeaient effi-
cacement la vie de celui-ci et même soa
état de possession, tout en le laissant sou-
mis à des obligations multiples, et auto-
risaient sur lui une foule de perceptions^
en partie aussi bizarres qu'humiliantes et
pratiquées au mépris des droits impres-
criptibles attacha à la qualité d'homme«
De ce genre était l'infôme droit de pré^
libation , qui accordait au seigneur la
première nuit des nouvelles mariées de
condition serve, droit que même des sei-
gneurs ecclésiastiques ne se faisaient pas
scrupule , dit- on , d'exercer. En réalité,
le serf dépendait toujours plus ou moins,
dans sa personne et dans ses biens , de
l'arbitraire du seigneur , qui pouvait
le revendiquer , s'il prenait la fuite , le
soumettre pour les moindres fautes à des
châtiments corporeb, le frapper et quel-
quefois même lui faire subir de cruelles
mutilations; les enfants ne pouvaient
suivre d'autre profession que celle de leur
père, ni les jeunes gens se marier sans le
consentement de leur seigneur. Souvent
tout ce que laissait le serf à sa mort reve-
nait de droit au seigneur ; mais souvent
aussi ce dernier ne pouvait prendre dans
la succession du défunt qu'une part limi-
tée, appelée dans le droit féodal le iTior-
iuaire.
On voit par là que le servage admet-
tait, selon les temps et les pays, une in-
finité de degrés et de nuances , d'après
lesquels celte triste condition apparaît
comme plus ou moins dure, plus ou moins
dégradante pour les malheureux qui y
étaient soumis. Ce n^est que dans les
(*) On en peat voir la peinture dans le romaq
dlvanhoi, par Walter Scott.
(**) r0y. lee rMtrieHottsiMNquéea à Tart. Ros«
SU, T. XX, p. 6g& ^
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SER
(336)
SER
temps modeniet qvi'oii a commencé , là
où il exÎBlait eocore des serfs, à les consi-
dérer enfin comme des membres de la so-
ciété politique, et à introdoire, en leur
faveur , dans la législation quelques ga-
ranties tutélairw plus solides.
Si ou remonte à l'origine du senrage,
on recbnnatt qu*il y a beaucoup de va-
riété dans le mode de son établîwement.
Tantôt c'est la conquête qui a rendu les
populations vaincues esclaves du peuple
vainqueur; tantôt ce sont les puissanu
qui, dans les temps d'anarchie, de ténèbres
et d'igooraoce, ont substitué l'empire de
la force brutale au règne de la légalité,
asservi les faibles,san8 distinction de race :
c'est même ce dernier cas qui parait avoir
été le plus fréquent, tnis, il est arrivé,
dans ces mêmes siècles de fer, que des
malheureux se constituèrent serfs volon*
tairement, et firent de leur plein gré le
sacrifice de leur liberté personnelle , afin
de trouver au moins dans le maître au-
quel iU se donnaient un protecteur in-
téressé à défendre leur vie et leurs biens.
Il y en eut surtout beaucoup qui se dé-
vouèrent à l'Église, car le régime du
clergé était en général réputé plus doux
que celui des seigneurs d'épée. Enfin, on
devenait quelquefois serf par le seul fait
de rhabitation sur certains domaines
investis d'une espèce de droit de pres-
cription sur la personne de tous ceux
qui venaient y chercher un asile ou leur
entretien.
L'affranchissement des serfs aussi s'est
opéré de différentes manières, soit in»
dividuellement, par la renonciation spon-
tanée des seigneurs, soit en masse, au
nom de l'état, par dts mesures législati-
ves d'émancipation, mais qui, la plupart
du temps, en subordonnaient encore le
bénéfice à oeruinea charges de rachat,
de corvées, etc.
Jetons maintenant un coup d*œil sur
l'histoire du servage dans les diverses par-
ties de l'Europe.
En France, il commença à s'éublir,
après la conquête des Francs, sous les
faibles successeurs de Clovis; mab il ne
devint général que sous les derniers Gar-
lovingiens, époque cruelle d'anarchie et
de misère. Le mouvement d'émancipa-
tion se manifeste à l'époque des Croisa-
des (voy, ce mot et Communes), et se con-
tinue ensuite par les ordonnances succes-
sives de nos rois, en même temps que la
condition des s^rfs s'adoucit peu à peu,
au fiir et à mesure du progrès des lumiè-
res et du développement des principes
d'humanité. Cependant il y ent encore iso-
lément, par exemple dans la Franche-
Comté, jusque vers la fin du règne de
Louis XVI, quelques communes de serfii
dont l'ère de liberté ne date que de 1 789.
En Allemagne, on sait que déjà les
anciens Germains tenaient leurs prison-
niers de guerre dans une espèce de ser-
vage assez doux, en les obligeant à culti-
ver leurs dbamps (Tac, Germ,^ c. 25);
mais, dans cette contrée aussi, l'asservis-
sement général des campagnes, effet d'une
usurpation barbare, n'est venu qu'à la
suite de l'établissement du régime féodal
avec lequel il eut en partie des destinées
communes. Il convient pourtant de re-
marquer, comme un fait d'exception,
que, dans l'Allemagne du nord, les
paysans étaient originairement des co-
lons libres et ne devinrent serfs qu'an
milieu de l'oppression enfantée par lea
désordres du xy^ et du xvi* siècle. C'est
dans le Holstein, et dans les pays de Sla-
ves germanisée dans le Mecklembourg,
en Poméranie et en Losace, que les
paysans avaient la condition la plus dure ;
mais au commencement du siècle actuel,
l'affranchissement a été presque généra-
lement consommé dans tous les états
d'Allemagne : en Prune, le principal
mérite eo rerient, après Frédéric U, au
prince de Hardenberg (voy,). Dans le
Danemark, il s'est déjà opéré dans le siè-
cle dernier, sous l'administration phDan-
thropique des Bernstorff (voy.). Dans les
provinces hongroises et slavonnes de
l'empire d'Autriche, le servage existe en-
core jusqu'à un certain point, quoiqu'il
ait été beaucoup mitigé par les édita de
Joseph U. En Rusrie, où il est postérieur
à l'invasion des Mongols et date surtout
du règne de Boris Godoonof, il continue
à peser de tout son poids sur l'immense
majorité de la population ; mais il n'a
jamais existé en Finlande (comme dans
les autres pays Scandinaves) et a été aboli
dans les trois provinces baltiques» L'in-
fluence française l'a fait disparaître, en
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SER
(J8Î)
âEa
lg07« ^ la P^k^iie, oà llioiiiicur do
premiBr csifti dût povr Pabolir refitst
toutafbis à la ooiiiUtutioo du 8 mai 1791
(voy. T. XX, p. 12).
n ne terait pent-èlre pas saiif d« grai^ct
dangen d'opérer trop bmtqaemeot Taf-
iraiicbisMmeiit des terù dans des pa^rs
où les masses sont encore ploofées dans
un état Yoisin de la barbarie; oependant
cette barbsrie même, qni en est le froît,
doit en faire sentir depinsen pins la néces-
sité. On procédera à cette grande mesure
avec la circonspection néqfsssaire et gra-
duellementymais il est impossible de Ta*
jouraer encore longtemps : la civilisation
la réclame ; la servitude de la glèbe, con-
traire à tous nos sentiments, est aiyonr*
d'bui considérée comme on outrage à
l'humanité. Gh. V.
SERGE, étoffe légère de laine croi-
sée. D'autres tissas, en soie, en coton,
recoiTent également le nom de serge,
<{aan d ils sont fabriqués à l'instar des ser-
ges de laine.
SERGE ou SEEonjs, voy. Papes.
SERGE (saimt), anachorète russe que
ses compatriotes comptent parmi les plus
iUustres bienfaiteurs de leur nation. Né
à Rostof, en 131 5y il choisit la vie reli-
gieuse et se retira dans un ermitage du
Tillage de Radonège. A cèté de son er-»
mitage« il éleva nne église consacrée à la
Sainte Trinité : de là le. nom russe de
Troïlza sous lequel cette église est deve-
nue célèbre comme un des principaux
sanctuaires du pays (vay, Laues). Des
moines attirés par la réputation de sain-
teté de Serge, qu'on surnomma le Thau-
maturge, se bâtirent des cellules tout
autour de sa demeure, et le reconnurent
comme leur supérieur. C'est par les con-
seils de ce saint homme que Dimitri
loannovitch Donskof entreprit de mar-
cher contre le khan Mamaî, afin de dé-
livrer sa patrie du joug mongol. Il don-
na sa bénédiction au grand ««prince et à
l'armée lorsqu'ils avancèrent vers le Don
où fut livrée (1880) la balaille de Kou-
likof (voy. T. XX, p. 703). Serge mou-
rut en 1393, l'année même où les Ta-
tarsy faisant une nouvelle invasion dans
la Moscovie, détruisirent le monastère
de Troîua et mirent tout à feu et à sang.S*
8ERUI {€arduclis)f petit oiieaafor-
mantunfanra de Vordnàa^passereatatf
Camille des cçmrostres {v^y,) L'espèce
lapins célèbre est le serin dss CaaarieSf
aiyourd'htti répandu partout, grâce à sa
facilitée multiplier en esclavage. Sa cou»
leur est jaune ou verdâtre, susceptible de
nombreuses nuances par suite de ses croi-
sements avec plusieurs espèces Toisines
(la linotte, le tarin). Ce n'est pas seule»
ment un des plus agréables chanteurs,
c'est un des plus intelligents volatiles.
On sait qu'il se prête à mille tours d'a-
dresse» et qu'il retient avec beaucoup de
facilité les airs qu'on lui apprend, ce qui
donna lien jadis à l'invention de la seri^
nette. On le trouve encore à l'état sau-
vage dans les Iles Canaries. On conualt
plusieurs variétés de serins : le i. vert^
jame dit venturon ; le s, d'Italie jaune
dit cini; le ^ . veri de Provence^ etc.;
toua sont plus on moins susceptibles d'é-
ducation. C. S-TE*
SERINETTE, vay. Oeoits de Bae-
BAEIE.
SÉRIMGAPATNAM, ancienne ca-
pitale de Hyder-Ali et de Tippo-Saheb,
et alors ville très populeuse {voy,
M tsoee). Aujourd'hui presqu'en ruines,
elle est réduite à une population de
10,000 âmeSy et ne forme plus qu'une
ville secondaire de la présidence de Ma-
dras. Fay. Iudes-Oeieittalbs.
SERINGAT (philadelphus, L. ),
genre voisin de la famille des myrtacées
{voy,) ; on en connaît environ 12 espè-
ces dont la plupart se cultivent fréquem-
ment dans les jardins. Ce sont des ar-
bustes à feuilles opposées et dentelées, à
fleurs grandes, blanches et odorantes. Le
seringat commun (pAiladeipkus çoro-
nariuSfh,), qui est l'espèce la plus ré-
pandue dans les jardins , est originaire
d'Orient; ses fleurs répandent une forte
odeur de jasmin. Toutes les autres es-
pèces du genre sont indigènes de l'A-
mérique septentrionale; leurs fleurs ont
une odeur faible, mais plus agréable
que celle du seringat commun. Ed. Sp.
SÉRIQUE, SiEXs, voy. ProubciB
(aw«if),T. XX, p. Î41.
SERMENT. On nomme ainsi l'affir-
mation par laquelle on prend Dieu à
témoin que l'on dit la vérité dans la dé-
claration d'un fait, ou que l'on tien«
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an fMigafeaent que FdA
Le Serment poUtique eit cehii q«e kà
fonotioBDftires publics sont Ifenns de prê-
ter avant d'entrer en fonctions» Le plus
élevé de tous, le roi, au moment où il
Alt appelé au tfône, a prêté le serment
suivant : « Eo présence de Dieu, je jure
d'observer fidèlement la Charte constitu-
tionnelle, avec les modifications expri-
mées dans la déclaration ; de ne gouver-
ner que par les lois et selon les lois , de
Aiire rendre bonne et exacte justice à
chacun selon son droit, et d'agir en toutes
choses dans la seule vue de Tintérêt, du
bonheur et de la gloire du peuple fhm-
çais. » Les pairs, les députés, les étec-
tenrs, les magistrats, les autres fonction-
naires publics, ainsi que lés officiers des
armées de terre et de mer doivent prêter
le serment à^éift fidèles eut roi des Fran-
çais , d'obéir à la Charte constitution^
nelle et aux lois du royaume. Ce ser-
ment , dont la formule a été réglée par
la loi du 81 août 1830, est celui aussi
que l'on fait maintenant prêter aux évê-
ques , bien qu'aux termes du concordat
de 1801, ih doivent en prêter un plus
étendu, et ainsi conçu : « Je jure et pro-
mets à Dieu, sur les saints Évangiles, de
garder obéissance et fidélité au gouver-
nement établi par la Constitution de la
république française; je promets aussi
de n'avoir aucune intelligence, de n'as-
sister à aucun conseil , de n'entretenir
aucune ligue soit an dedans, soit au
dehors, qui soit contraire à la tranquil-
lité publique ; et si , dans mon diocèse
ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame
quelque chose aa préjudice de l'état, je
le ferai savoir au gouvernement. »
Les jurés (vo)^.), avant de connaître
d'une affaire, prêtent serment devant
Dieu et devant les hommes d'examiner
avec l'attention la plus scrupuleuse les
charges qui seront portées contre l'ac-
cusé, etc. (art. 313 du Code d'instr.
crim.).
En matière judiciaire, on appelle ser^
ment déctsoire celui par lequel l'une
des parties déclare s'en rapporter au ser-
ment de l'autre, et serment supplétoirej
celui- que le juge défère d'office, pour
compléter la preuve d'an fait.
Le serment est l'un des actes Ic^ plus
t â3â ) ^R
•érievx de là vto. hmA^ A-t-tl été [
qm lOQJoùrt environné de solennités en
quelque sorte religieuses. Chez presque
tous les peuples chrétiens le serment est
prêté la main sur l'Évangile. Les juifs
prêtent le serment more jûdaïcoj c'est-
à-dire dans là synagogue, en présence
du rabbin, et la main sur le Talmnd.
Les lois nouvelles de la France ont
singulièrement modifié la formalité du
serment. Il se prête debout, la tête dé-
couverte et la main droite levée. Le nom
de Dieu a même disparu de presque ton*
tes les fori^ules de serment , ainsi qu'on
l'a vu plus haut. Nous ne le retrouvons
que dans le serment du roi et dans ceux
des évêques et des jurés.
Plusieurs sectes religieuses, notam-
ment les quakers {voy,)^ prohibent le
serment, se fondant sur la défense qu'en
fait Jésus^Ghrist, d'après saint Matthieu
(y, 83 et suiv.); pour elles, la simple af-
firmation doit suffire.
La fidélité au serment est l'un des pre*
miers devoirs de Thonnête homme. Toute
restriction mentale, toute capitulation
de conscience qui a pour objet d'appor-
ter dans le for intérieur une modifica-
tion quelconque à l'affirmation qui s'é-
chappe de la bouche, est une action
Infime, malgré les subtilités de certains
casuistes.
La loi punit le faux serment (art. 366
du Code pénal) ; la conscience publique
réprouve , sous la qualification de par'-
juresy tous ceux qui par de vains pré-
textes se mettent en forfaiture avec leur
serment. A. T-r.
SERMON, discours de la chaire fai-
sant partie du culte public, et que pro-
nonce un ministre des autels appelé pré»
dicateur,
La prédication forme l'un des éléments
les plus essentiels du culte protestant;
mais elle est aussi en honneur dans l'É-
glise catholique, où on la pratique le
plus fréquemment pendant l'Avent et le
Carême. Les pays où les prédications
sont rares, comme en Russie, sont aussi
les plus lents à suivre les progrès de la
civilisation. En France, on a appelé quel-
quefois prêches les sermons des mi-
nistres réformés, et l'on fait souvent cette
antithèse : entendre la messe on aller an
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SëR
(3S9)
6Eft
préthe, Ub Mnbôti att ordioalMMiit le
4évelopp6flMnt d'one vérité religteufe,
d'un thème dogmâtiqae on moral, d'one
idée quelconque , utile à la pratique ,
empruntée surtout à l'Écriture sainte. Un
sermon simplement analytique et ou le
prédicateur se borne à l'explication d'un
fait historique s'appelle homëUe. Voy,
ce mot, ainsi qu'ÉLOQUErrcs de la chaire,
DiSGOiTBS et Oratoiex {ari\. X.
SÉaOSITË, liquide animal, inco-
lore, légèrement visqueux, composé chi-
miquement d'eau, d'albumine et de di-
ters sels. Il est le produit de la sécré-
tion normale des membranes séreuses
(i»o/.), dont il a pour but de favoriser
le glissement à la surfiice des organes sur
lesquels ces membranes s'étalent. C'est
ce liquide qui forme la matière des épan-
chements dans les dhrerses hydropisies
{yoy. l'art.). M. S-H.
SÉROUX , voy, AoiNcon&t.
SERPENTIN. On a donné ce uom au
porphyre \;0oy.) vert antique on ophite.
*— La serpentine est une pierre (vof.) de
la famille des talcs, qui est ordinairement
d'un vert obscur, ou plus ou moins fon-
eé et jaunâtre, avec des nuances, des ta-
ches et des veines qui lui donnent l'ap-
parence de la peau d'un serpent. Cette
pierre, composée essentiellement de silice
et de magnésie avec un dixième et plus
d'eau, nese laisse point rayer par l'ongle,
est peu onctueuse au toucher, et suscep-
tible de recevoir un poli assez brillant.
Sa pesanteur spécifique varie entre 3.17
et 3.58. Exposée à une haute tempéra-'
tore, elle se fond en un émail, mais avec
beaucoup de difficulté. On la divise en
trois espèces qui ont reçu les noms de
serpentine noble^ serpentine commune
et serpentine oUaire, Z,
SERPENTS on Ophidieks (o^^cf,
serpent), ordre de reptiles sans pieds,
et dont le corps cylindricpie, très allongé,
se meut au moyen des replis qu'il fait
sur le sol. C'est par les mouvements de
leur colonne vertébrale douée d'une
grande mobilité, et munie de muscles
puissants, qu'a lien ce mode de progres-
sion. Le nombre considérable de leurs
^rtèbres (qui va au-delà de 200 dans
qnelques espèces) est singulièrement fa-
vorable à la fadiité de ces mouvements.
^ur se porter en avaUt, l'animal rap-
prochant en arc de cercle les deux extré-
mités de son corps, s'élance à la manière
d*un ressort qui se détend, et peut frau-
chir un assez long intervalle sans tou-
cher le sol. Il est des ophidiens qui à une
force prodigieuse Joignfsnt une extrême
agilité, et montent très facilement sur
les arbres. Il» n'ont qu*un poumon ; point
de conque auditive. Leurs yeux man-
quent de paupières, ce qui donne à leur
regard cette fixité efOrayante qui a fourni
matière à tant de fables ridicules sur
la fascination qu'ils exercent sur là
proie dont ils veulent se rendre maîtres.
Leur langue presque toujours longue,
bifide, très extensible, est à tort regar-
dée par le vulgaire comme lançant le
venin propre à certaines espèces. Cette
propriété est due k une glande dans la-
quelle s'élabore le fluide venimeux qui
s'écoule ensuite par un conduit particu-
lier percé dans deux dents particulières,
(les crochets)» La faculté dont jouissent
ces reptiles d'avaler des animaux entiers
de beaucoup supérieurs au volume de
leur corps, vient de la grande extensibi-
lité de leur canal digestif, et du mode
d'articulation de leurs mâchoires, dont
les ligaments lâches et élastiques permet^
tent à la bouche, profondément fendue,
de s'écarter prodigieusement. Ces énor-
mes proies se tk'ouvent souvent atteintes
par la putréfaction avant d'être complè-
tement digérées. Pendant tout le temps
que dure cette laborieuse digestion, Ta-
nimal plongé dans la torpeur et pouvant
à peine se remuer, est incapable d'oppo-
ser la moindre résbtance aux ennemis qui
viendraient le surprendre. Les serpents
ovovivipares et ovipares produisent un
grand nombre de petits, et abandonnent
leurs œufs aussitôt ;après lesavoir pondus.
Ils passent toute la mauvaise saison dans
un engourdissement léthargique, cachés
dans quelque retraite obscure, les uns
isolés, les autres réunis en troupes. C'est
à la fin de cette hibernation qu'ils chan-
gent de peau, ou, pour parler plus exac-
tement, qu'ils se dépouillent de leur épi-
derme, dontils sortent quelquefois d'uoe
seule pièce, comme d'un î'ourreau^ en
commençant par la tête. Le serpent a été
pris comme emblème de l'éternité , et
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SER
(240)
IMSR
comme celui de la pmcUnce pur let di«-
ciples d'Ësculape.
C'est dans les contrées méridionales
que les ophidiens sont presque exclusive-
ment répandus. On n*en trouve point
dans la zone glaciale. Sous l'influence du
ciel des tropiques, an contraire, ils ac-
quièrent un Tolume énorme. C'est là aussi
que sont les espèces les plus redoutables.
Cet ordre comprend d^nx familles
principales : 1^ anguis et les serpents
proprement dits.
Les premiera, connus sous le nom d'or-
vetSy forment le passage des ophidiens aux
sauriens ou lézards. Semblables aux ser-
pents par la forme générale de leur corps,
ils en diffèrent par lee vestiges de bassin
etd'épauie que Ton trouve sous leur peau,
et par une triple paupière. Ils sont recou-
verts d'écaillés imbriquées. Le^r queue se
casse très facilement; leur corpa lui-
même se rompt quelcpiefois par suite de
la violence avec laquelle ils se raidissent
contre la main qui les saisit : circonstance
singulière qui leur a valu le nom de ser"
pents de verre. Ce sont de petits an! maux
très doux, et qui ne songent pas même à
mordre. Uorvet commun qui se trouve
en France et dans presque tonte TEuro-
pe, est long de 0™.30 environ, jauu&tre
en dessus, noirâtre en dessous. Il se creuse
des galeries souterraines.
Les serpents proprement dits ont été
divisés en trois tribus : celle des doubles-
marcheurs; celle des serpents sans ve^
nin; istWe des serpents venimeux. La l*"^
a reçu son nom de la faculté dont jouis-
sent les espèces qui la composant de mar-
cher à reculons : telles sont les amphis-
bènes (ror-)» !«• typhops ou serpents
a^^eugles.Bsins la 3' tribu, celle des ser-
pents sans venin, sont les boas^ le^ cou-
leuvres [voy. ces noms); dans celle des
serpents venimeux , let serpents à son^
nettes ou crotales et les vipères (voy.
ces mots). C. S-ts«
SERR ANUS, voy. Siarnss {fean de).
SERRE (hort.),lien fermé et couvert,
où l'on abrite, pendant l'hiver, les arbus-
tes et les plantes qui périraient par les
geléf s sans cette précaution. La chaleur
qui doit régner dans ces sortes de bâti-
ments éunt de 1 5 à 20^ R., température
ordinaire des tropiques, il est nécessaire
d'y ménager un large vitrage pour que les
rayons du soleil y puissent pénétrer et en
réchauffer alternativement toutes lea (êcm
intérieures. La construction d'une 'serre
doit être habilement calculée sur sa posi-
tion à l'égard du soleil et sur la nécessité de
lui conserver le plus de lumière possible.
Les serres tempérées ne s'écfaaufîeotqu'à
l'aide des rayons du soleil; mais il existe
une autre espèce de serres, appelées ser^
res chaudes f dans lesquelles notre climat
humide rend l'emploi du feu indispen-
sable. On établit donc un fourneau dana
la terre, soit hors de la serre, soit au de-
dads, soit enfin dans le mur, d*oà par*
tent des conduits en tuyaux de terre, de
fonte de fer ou de cuivre, dans lesqueb
l'air chaud circule, et qui distribuent une
chaleur convenable dans toutes les parties
du bâtiment. On a essayé de chauffer lea
serres avec de la vapeur d'eau bouillante,
et ce moyen, à la fois plus sûr et plus éco«
nomique,deviendra sans doute d'un usage
géuéral. On peut^ à l'aide de cette seconde
espèce de serre, obtenir des résultats bien
plus étendus qu'avec la serre tempérée, et
amener à maturité des légumes et dea
fruits, que notre climat ne produit que
dans les saisons les plus chaudes. D.A.D.
SERRE (hisf. nat.), voy. Ongix.
SERRE (Pisrbe-Héaculb, comte
bb), garde- des-sceaux sous la Restaura-
tion, était né à Pagny-sous-Prény (Memr*
the), en 1777, d'une famille honorable.
Bien jeune encore, il émigra et servit dans
l'armée dé Condé ; rentré en France en
1802 , il fit son droit et fut reçu avocat
à Metz. Nommé d'abord premier avocat
général près la cour impériale de oette
ville, de Serre, qui possédait parfaitement
la langue allemande, fut envoyé en 181 1
comme premier président à la cour im-
périale de Edimbourg; la Restauration
lui donna le même emploi à la cour
royale de Col oiar, en février 1815. Quand
Napoléon fut rentré k Paris, de Serre ha-
rangua sa cour, lui fit renouveler le ser«
ment de fidélité è LouisXVIII, et manifes-
ta l'intention de rendre la justice au bohi
du roi; mais déjà le drapeau tricolore était
arboré, et obligé de céder à la force, le
premier président de la cour royale de
Colmar prononça solennellement la dis-
solution de sacompagnie. Après laseooBd^
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SER
(241)
SER
rehtiurtrîoD, le dép. du Haat-Rbin le
nomma député. li fit partie de cette sage
minorité qui comptait dant ses rangs Ca*
mille JordEin et M. Royer-CoUard, et qui,
soutenant le ministère, tentait d'opposer
une digue aux réactions du parti incor-
rigible {voy. Chambre intboitvable).
Après la dissolution de la Cbambre (5
sept. 181 6)9 deSerrefntnommé président
du collège électoral du Haut-Rhin, qui le
réélut député. Il siégea avec la majorité
roîoistérielle, et, dans le coors de la ses-»
sioD, il en tFhonneur de remplacer M. Pas-
quier, nommé garde- des-sceaox, dans la
présidence de la Chambre (22 janvier
1817). La session suivante fut encore
présidée par lui; mab il perdit beaucoup
dans l'esprit de ses collègues, en propo-
sant l'emploi de moyens coercitifs vio-
lents, comme l'emprisonnement, contre
les membres de la Chambre qui trouble-
raient l'ordre de ses délibérations. Celte
proposîiion fut écartée à une grande ma-
jorité. A la réouverture, le député Ravez
fut choisi pour présider la Chambre.
Mais le 29 déc. 1818, le duc de Ri-
chelieu s'étant retiré du ministère, M. De-
cazes, appelé dans le nouveau cabinet, fit
confier les sceaux à de Serre. Le com-
mencement de cette administration fut
une suite de triomphes. De Serre défen-.
dit avec autant de vigueur que de talent
la loi des élections et le système d'élec-
tion au chef-lieu. C'est aussi lui qui pro-
posa et soutint la discussion des lois de
1819 sur la presse; on sait qu'elles ad«
mettaient le jury pour juge des délits
commis par voie de publication, et la
preuve testimoniale dans les affaires de
diffamation contre les fonctionnaires pu-
blics. Malheureusement de Serre persista
trop peu dans cette ligne de conduite. Le
1 9 nov. 1 8 1 9, les membres du ministère
qui ne voulurent p^a consentir au chan-
gement de la loi des élections durent se
retirer (voy. Dessolles, Saint -Ctb,
Louis). De Serre resta garde-des-sceaux.
Cependant une maladie de poitrine, dont
il était menacé, lui fit conseiller les eaux
du Moot-Dore, d'où il alla respirer l'air
de Mice. Il se trouvait dans cette ville
lorsque la mort du duc de Berry occa-
sionna la chute du principal ministre. Le
dac de Richelieu fut rappelé aux affai-
Ençyclop. d. G. d. M. Tome XXL
res : de Serre prêta les mains à la réac^
tion. De retour à Paris, il rompit avec
ses anciens amis, et mit son influence et
sa puissante éloquence au service des
idées qu'il avait combattues ; il contribua
au renversement de cette loi d'élections
qu'il avait sauvée l'année précédente. Re-
nonçant aux principes de modération et
d'impartialité qu'il avait autrefois pro-
fessés, le garde-des-sceaux exigea des ma-
gistrats une entière soumission à son
système, et c'est alors que M. Madier de
Montjau fut poursuivi disciplinairement
(27 nov. 1820) pour avoir adressé à la
Chambre une pétition où il dénonçait les
plans des royalistes implacables. Les no-
tes de la police infltièrent sur la formation
des listes du jury ; enfin tout fut mis en œu-
vre pour fausser les élections. La liberté
de la presse était enchaînée, de Serre vint
demander la prorogation de la censure ;
mais une majorité s'était élevée contre
le ministère, et de Serre dut quitter son
portefeuille le 14 déc. 1 821, pour le cé-
der à M. de PeyronneU Assis au centre
droit , de Serre défendit alors avec succès
le jury en matière de pressé, et le minis-
tère, peut-être pour l'éloigner de l'arène
politique, lui fit donner l'ambassade de
France a Naples. Un voyage diplomati-
que à Vérone fut le seul incident de son
séjour en Iulie, et lorsqu'en 1824 la
France procéda à de nouvelles élections,
de Serre ne fut point réélu : une affec-
tion mortelle le minait d'ailleurs depuis
quelque temps; transporté dans une mai-
son de campagne à Castellamare , il ex-
pira dans la nuit du 20 au 21 juillet
1824. a La nature avait formé M. de
Serre pour devenir orateur, a dit M. Ma-
httl ; l'étude et la méditation fortifièrent
en lui ces dispositions. Le caractère do*
minant de son éloquence fut l'élévation
et Ténergie. Ni la finesse, ni le sarcasme,
ni même la plaisanterie, ne s'offraient à
son improvisation. La facilité elle-même
en paraissait exclue...; mais en revan-
che, s'il cherchait souvent l'expression,
il ne tardait pas de faire éprouver à son
auditoire un charme de satisfaction et
d'étonnement quand il l'avait trouvée
bientôt originale, pittoresque, et quel-
quefois sublime. Il avait la conception
large et profonde , abordait son sujet de
16
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SER
(242)
SER
luntt, resTittgatît toos M0 points de Tue
Im plëft Bevfs et les plas importt«U. Sa
métkxle de ditciiter éuit neCle et par-
faiteaieni bien ordonnée ; ion ttyle cor-
rect et sagement hardi, il n'accordait rien
à la période on à la déclamation. » L. L.
SERRES (Olivibu db), célèbre agro-
nome, seigneur du Pradel, domaine si-
tué à quelques lieues de Villeneuve de
Berg, dans le Vtvarais, où on le croit né
en 1 539. Il commença par servir dans Im
rangs des cahiniiCeS| ses coreligionnaires,
et se fit reaurqner par son acharnement
contre les catholiques. Mais après s'être
marié, en 16(9, il se retira dans sa pro-
priété) et se Kvra è une étude approfon-
die de l'agriculture. Le premier ouvrage
qu'il publia fut fait , comme Ta dit de
Thou , « pour seconder le désir du roi
Henri IV de propager en France les vers
à soie et les mûriers; » il avait pour titre :
CueiUette^e la soie pour la nourriture
des vers quilafont^ Paris, 1699. C'é-
tait un échantillon de son Théâtre d'a^
griaUture^ qui psrut l'année suivante et
qui fut suivi d'une 2^ éd. en 1608. Cinq
autres édilions parurent successivement
à Paris de 1606 à 1617, et il s'en fit en
même temps à Genève, à Rouen et à
Lyon {vof. l'art. Agrigultcbe, T. I*', p.
285). Cet immense succès était dû à un
ouvrage rempli d^aperçus oouveaux qui
contrastaient avantageusement avec les
erreurs de Columelle, de Palladius et de
Varron,seulsguidesdesagriculteur8avant
cette époque. Cependant le Théâtre d'à*
griculture était tombé dans l'oubli lors-
qu'une nouvelle édition de ce livre, don-
née en 1802 par A. -M. Gisors, qui avait
jugé convenable d'en rajeunir le style, fil
naître l'idée à la Société d'agriculture de
Paris de fournir à Olivier de Serres une
éclatante réparation en réimprimant son
ouvrage avec des notes et d'utiles com-
mentaires, 1804, 2 vol. in-4^ Olivier de
Serres, le père de l'agriculture française,
est mort à Villeneuve de Berg, le 2 juill.
1619. Quoique son style vieilli lui eût
fait préférer, dans le siècle dernier, les
Maisons rustiques^ plus faciles à com-
prendre, ses services ne furent pas ou-
bliés, et en 1790, T Académie de Mont-
pellier mit son éloge an concours. Le prix
fut remporté par M. Dorthes. En 1804,
Ch.-A. deCaffarelli, préfet de fArdic^,
fit élever à sa mémoire un monument
dont une souscription nationale avait fait
les frais. D. A. D.
Le frère eadet d'Olivier de Serres,
Je Air, connu dans le monde savant sons
le nom de SerranuSj se fit également une
haute réputation. Le massacre de la Saint-
Barthélémy l'ayant obligé de se réfugier
à Lausanne, il y traduisit en latin et an-
nota les œuvres de Platon {voy,)^ et com-
posa des ouvrages d'histoire qui lui va-
lurent en 1697, peu de temps avant sa
mort, le titre d'historiographe de France.
Il professa d'ailleurs la théologie aux aca-
démies de Lausanne et de Nîmes , rem-
plit les fonctions pastorales et publia di-
vers travaux sur la religion et l'exégèse.
Quoique attaché à sa foi, il aurait voulu
rétablir la paix entre les calvinistes et les
.catholiques par des moyens de concilia-
tion , qui toutefois déplurent à Tun et à
Tautre parti. Quant aux jésuites, il en fut
l'adversaire déclaré. Serranus mourut à
Genève, le 81 mai 1598. Z.
SERRURERIE, Seekure. Lasemi-
rerie (de serrer^ enfermer), comprend
tout ce qui concerne la clôture en fer des
meubles, des appartements et des habi-
tations. C'est un des arts mécaniques les
plus utiles et les plus répandus. Outre
les serrures dont elle tire son nom, et qui
forment un de ses plus importants pro-
duits, elle fournit a peu près la totalité
des ouvrsges en fer qui entrent dans la
construction des machines et dans celle
des bâtiments de toute espèce. Delà, plu-
sieurs sortes de serrureries: la serrurerie
en bâtiments est celle qui se rapporte
principalementaux grosses constructions,
comme la fabrication et surtout la pose
des serrures , verrous , cadenas , gonds ,
coffre-forts, charnières, espagnolettes,
ressorts de sonnettes , ceintures, ancres,
corbeaux, balcons, grilles, rampes, trin-
gles, boulons, équerres, pitons, etc., etc.
En général, ce n'est pas le serrurier qui
fabrique toutes ces pièces, mais il les re-
çoit toutes faites de diverses manufactu-
res ou des mains du marchand quincail-
lier, et les ajuste seulement. C'est à lui
aussi qu'on s'adresse pour les racommo-
dages de pièces de taillanderici de quin-
caillerie et d'autres femirea. ]ja i
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SEB
(24S)
SER
rie en voitures est la partie de Tart du
carrossier qui dépend de la ior^, connue
la fabrique et FajastemeBt des ressorts
de suspensioDy des cols de cygne, la fer-
rare des roues et des trains, etc. Le ser-
rurier-mécanicien est celui qui s'occupe
de la labricatioB des pièces de nécani*
que, et eiécute les machines d'sprès les
plans de l'inventeur. Certains serruriers
s'occupent exclusitement de la fabrica-
tion des lits (voy^) en fer, industrie nou-
▼elle qui pourra prendre une grande ex-
tension. D*autres enfin exploitent la ser-
rurerie de précision , c'est-à-dire qu'ils
confectionnent les serrures de s6re(é , à
secret, etc. La serrurerie exige un outilla-
ge nombreux; l'ouvrier doit savoir forger,
limer, ajuster, manier le marteau, la lime,
le ciseaUy le vilebrequin, les crochets, etc.
Od sait que les serrures sont de petites
machines formées d'une boite nommée
palastrej d'un ou plusieurs pênes, et en
dedans, de ressorts, gâchettes et garnitu-
res ou gardes, qui font qu'une serrure ne
peut être ouverte qu'aveo la c/4f/ fabri-
quée exprès. Malheureusement ces pré-
cautions sont maintenant inutiles contre
les tentatives des Voleurs; car il suffit
d'introduire dans la serrure une clef
dont le panneton est enduit de cire, pour
connaître les endroits où il faut faire des
entailles, afin d'avoir une fausse clef.
C'est pour remédier à cet inconvénient
que divers mécanismes ingénieux ont été
inventés, comme les serrures à combi-
naisons^ à pompe, etc.
La serrurerie française est estimée
pour sa solidité et son élégance. Les
principaux centres de cette industrie
sont la Picardie, la Normandie et Saint-
Étienne. Paris est le grand entrepôt de
ses produits; la serrurerie de précision ,
la serrurerie de luxe et celle pour meu-
bles, ont leur principal siège dans cette
grande ville. La loi des douanes prohibe
l'introduction d'objets de serrurerie en
France. C-b-8.
SERRURIER (comte), voy. SiÊnu-
RIEA.
8ERTORIUS (Quiimjs), général
romain, naquit à Nursie, au pays des
Sabins. Il quitta de bonne heure le bar-
reau pour 1^ carrière militaire, et fit ses
premières armes contre les Cimbres :
chargé par If ariusde s'inlrodoir» i
espion dans le camp ennemi, il mérita ^
par ce trait d'audace, le prix du courage.
Fait tribun militaire, il passa ensuite ea
Espagne et prit Gastiikm, glorieux fait
d'armes qui fonda sa réputation. A soa
retour, il fat investi de la questure de la
Gaule cisalpine (90 ans av. J.*C.), et se
disdngua plus tard contre les Menés : il
perdit un œil dane celle guerre. Jeté ,
par haine de SyHa, dans le parti de Ma^
nus, il fut, après la prise de Rome par
ce dernier, le seul des diefr du parti
vainqueur qui se conduisit avec modéra-
tion. Marins étant mort, Sertoriusse re-
tira en Espagne. Contraint bientôt de
chercher en Afrique un asile contre les
poursuites deslieutenantade Sylla, il reçut
dans sa retraite une députation des Luai»
taniens, et consentit à s» mettre à leor
tète. Gomme il eonnaissafit l'empire de la
superstttîbn sur ce peuple encore barba-
re, il feignit d'être en rapport avec les
dieux par l'intermédiaire d'une biche
blanche, qu'il disait avoir reçue de Dia-
ne, et, à Taide de cet artifice , il acquit
sur lui un ascendant illimité. Dans sa
longue résistance contre Rome, il se
montra capitaine accompli, évitant toute
bataille décisive, mais fatiguant l'enne-
mi par des marches fréqtientes, l'attirant
dans des défilés et des embuscades. Avec
8,000 hommes environ, il battit quatre
généraux romains et s'avança jusqu'aux
Alpes : il défit Pompée lui-même, à Su-
cron et à Tuttia. MIthrIdate rechercha
son alliance, et Sertorius la lui accorda,
mais en lui prescrivant les limites dans
lesquelles il devait se renfermer en cas
de victoire ; oar le guerrier proscrit ne
portait la guerre contre sa patrie que
parce qu'il y était en quelque sorte forcé,
sans renoncer à ses devoirs envers eHe
et sans consentir è l'exposer à aucune
humiliation. Trahi enfin par Perpenna ,
jakmx de son autorité, il fut assassiné
dans un festin, l'an 78 av. J.-C. Avec
Sertorius périt la république, dontilavalt
recueilli les débris dans son camp. A. B.
SERCM, portion aqueuse du sang ,
du kit, etc., voy, ces mots et Cas^ux .
6ÉRURIER (JBAim-MATTHnin-
Phiubbxt comte), maréefaal^e France,
Bé a Laon le t déc. 1T43, entra de bonne
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SER
(244)
SER
benre au serrioe comme lioitenant de la
milice de cette Tille, et plus tard comme
enseigne au régiment de Beauce. Il fit ses
premières armes dans la guerre de Ha-
novre, et eut la mâchoire fracassée d*une
balle à rafîaire de Warbourg (1760). Il
combattît ensuite en Portugal (1762) et
en Corse (1771), et déjà il avait gagné le
grade de major lorsque éclata la révolu-
tion, dont il embrassa avec ardeur les
principes. Son aTancemeut,. favorisé par
rémigration d'un grand nombre d'offi-
ciers, fut rapide. Dès le 22 août 1793, il
se trouvait général de brigade , et c'est
avec ce grade qu'il servit sous les ordres
de Kellermann et de Scherer. Le 2 juin
1795, il fut nommé général de division.
Sous Bonaparte, il se signala en plusieurs
rencontres, à Saint-Michel, à Vico, au
passage du Mincio, à Mondovi, au blo-
cus de Mantoue , à Castiglione, et reçut
du général en chef la mission de porter
au Directoire les drapeaux enlevés à l'en-
nemi. Nommé commandant de Venise
(1797)^ puis de Lucques(1798), et char-
gé d'y organiser un gouvernement pro-
visoire, il déploya une grande sagesse et
une grande fermeté dans ces postes im-
portants. Rappelé peu de temps après à
la tête d'une division sous Scherer, il se
vit, après la bataille de Cassano^ forcé de
capituler à Verderio, le 28 avril 1799.
Libre sur parole, il se trouvait à Paris à
Tépoque du 18 brumaire (yoy,) et il prit
une part active à cette révolution. Bona-
parte le nomma successivement sénateur,
vice-président, puis préteur du sénat,
maréchal de France et grand-cordon de
la Légion-d'Honneur et de plusieurs or-
dres, comte de l'empire, gouverneur des
Invalides, etc. En 1 809, Sérurier reçut
le commandement de la garde nationale
parisienne. En 1814, il vota la déchéance
de Pïapoléon et reçut de Louis XVIII le
titre de commandeur de Saint- Louis et
de pair de France; mais étant allé saluer
une dernière fois la fortune de Tempe-
reur au Champ-de*Mai des Gent-Jours,
il fut disgracié à la seconde Restauration
et le gouvernement des Invalides fut
donné au duc de Goigny en 1816. Le
maréchal Sérurier vécut dès lors dans la
retraite et mourut le 21 déc 1819.
Son neyeU) Lovis-BAluu^CBAïkiilS;
comte Sérurier, pair de France, est né à
Marie, près de Laon, en 1775. Il entra,
dans la carrière diplomatique, en 1800,
comme secrétaire de légation à GasseL
Secrétaire d'ambassade en Hollande em.
1805, chargé d'affaires en 1810, puis,
après la réunion de ce pays à la France,
ministre plénipotentiaire en Amérique ,
il fut rappelé à la seconde Restauration
et resta sans emploi jusqu'à la révolutloii
de juillet. Alors M. Mole lui donna la
direction politique des affaires étrangè-
res; puis il retourna aux États-Unis, cm
il resta cinq années. Le message du pré-
sident relatif à la créance de 25 millions
fut cause de son retour en France, où il
reçut la croix de commandeur de la Lé-
gion-d'Hoqneur (29 avril 1835). Nom-
mé, le 29 oct. 1886, ministre plénipo-
tentiaire en Belgique, il fut créé pair de
France le 3 oct. 1837, et après avoir
quitté son poste, le roi lui accorda le cor-
don de grand-officier de la Légion-
d'Honneur (29 juin 1840). Z.
SERVAGE, vof. Serf.
SERVAN (Joseph-Michel-Antoi-
ne), avocat général au parlement de Gre-
noble, naquit à Romans (Drôme), le 3
nov. 1737. «Il est célèbre, ditM.Dnpin,
surtout pour avoir employé son savoir et
son éloquence à signaler, à flétrir cha-
leureusement les abus et les vices de no-
tre ancienne législation criminelle, et
pour avoir appelé les réformes qu'il vit
plus tard se réaliser. «Membre du Gorps
législatif, sous l'empire, il refusa d'y sié-
ger, et il mourut dans la retraite à Saint-
Remy, près deTarascon, le 3 nov. 1807.
Ses nombreux écrits, lettres, discours,
éloges, réflexions, etc., ont été réunb
sous les noms â^OEuvres diverses^ OEur
vres choisies^ OEuvres posthumes ^ etc.
Son frère, Joseph Servan, ministre de
la guerre sous Louis XVI, naquit dans la
même ville de Romans, le 1 2 févr. 174 1 .
La révolution le fit successivement co-
lonel et maréchal-de-camp, et l'influen-
ce des Girondins lui valut, le 9 mai
1 792, le portefeuille de la guerre. Servan
ne le garda pas longtemps, mab il lui fut
rendu après le 10 août, et lorsqu'il dut
le résigner de nouveau, le 3 oct. 1792,
le commandement en chef de l'armée des
Pyrénées-Orientales loi futQonfié« Après
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SER
(245)
SER
la chute de la Gironde (voy.% il se retira
et fut arrêté. La journée du 9 thermi-
dor, en lui sauvant la vie, lui rendit la
liberté et son grade; cependant il ne fut
plus employé qu'en 1799, comme ins-
pecteur général, et mourut en 1808^
laissant, dit un de ses biographes, la ré*
putation d'un homme.de bien, d'un ad-
ministrateur habile et irréprochable, et
d'un général médiocre. Comme à son
frère, on lui doit quelques écrits. X.
SERVANDONI (Jeah-Kicolas), né
à Florence, le 2 mai 1 695, étudia la pein-
ture sous Pannini, et Tarchitecture sous
Rossi. Entraîné par le goût des voyages, il
visita successivement le Portugal, la Fran-
ce, l'Angleterre, l'Autriche et l'Allema-
gne, laissant partout des traces de son
génie à la fois hardi et fécond. On est
étonné de la quantité de plans, de dessins,
de tableaux de ruines et de perspectives
dont il est l'auteur; mais l'étonnement
redouble quand on pense à tous les des*
sins de décorations qu'il a exécutés. On
pourrait dire, sans exagération, que pen-
dant 25 ans il fut l'ordonnateur des fêtes
de toutes les cours de l'Europe. Le roi
de Portugal lui accorda l'ordre du Christ,
le pape le créa chevalier du sacré palais
et comte de Saint- Jean de Latran, le roi
de France le nomma son peintre déco-
rateur, ainsi que celui de Pologne, et
FAcadémîe française de peinture l'admit
dans son sein en 1737. Parmi ses tra-
Tanz les plus remarquables, on cite la fa-
çade de l'église de Saint-Sulpice à Paris
(voy. T. XIX, p. 216). Servandoni mou-
rut en cette ville, le 19 janvier 1766,
dans la rue qui porte son nom. Z.
SERVET (Michel), né à Yillanneva
dans l'Aragon, en 1509, vint étudier le
droit à Toulouse. Il parait cependant
que, selon le goût de l'époque, il donna
plus de temps à la lecture de la Bible
qn'àcelledesinstitutes. Il adopta les idées
de la réforme; mais, poussant la liberté
d'examen beaucoup plus loin qu^ n'é-
tait prudent de le faire alors, il osa com-
battre les dogmes de la Trinité et de la
consubstantialité du Verbe, dans un
traité De Trinitatis erroribus , publié
à Strasbourg en 1581, et suivi bientôt
après des Dialogues sur la Trinité, Ce
fut vers le même. temps que, pau satis-
fait du barreau, il se mit à étudier la
médecine, et il parait y avoir fait de
grands progrès. Cependant il ne réussit
pas mieux dans cette nouvelle carrière,
et il finit par entrer comme correcteur
dans une imprimerie de Lyon. L'arche*
véque de Vienne le chargea de surveiller
une réimpression de la Bible. Touten s'oc-
cupant de l'exercice de sa profession ,
Servet, qui était entré en correspondance
avec Calvin {voy.\ commença contre les
dogmes de IXglise un ouvrage qu'il fit
imprimer à Vienne(Isère), en 1553, et qui
lui attira les plus grands malheurs. Nous
voulons parler du fameux traité De
christianismi restitutione (s. 1,^ 1558,
in-8°). Calvin, que Servet n'avait peut-
être pas assez ménagé , fit dénoncer cet
écrit au cardinal de Tournon. Le mal-
heureux Servet n'eut que le temps de
fuir; mais s'il échappa au bûcher à Vien-
ne, ce fut pour périr dans les flamAies à
Genève, où il fut arrêté sur la demande
de Calvip. Accusé d'hérésie, il fut con-
damné au feu, et brûlé vif le 26 oct.
1553; déplorable exemple d'intolérance
donné par un parti qui semblait avoir
le plus grand intérêt à protéger dans au-
trui la liberté religieuse qu'il réclamait
pour lui-même. Foy^ ce qui en a été dit
T.IV,p.550. E.H-0.
SERVIE ou Sbrbib, principauté vas-
sale de l'empire Othoman, mabqui, pla-
cée par les traités sous la protection de la
Russie, sa coreligionnaire, jouit d'une
certaine indépendance. Elle mérite de .
fixer l'attention publique ; car il est pro-
bable qu'elle jouera un grand rôle dans
la transformation prochaine qu'on est
fondé à prédire à la monarchie dans
la dépendance de laquelle se trouve en-
core, dans ce moment, cette principauté
slavonne jadis glorieuse.
1® Géographie et statistique, La
Servie est bornée par la Valachie, la
Boulgarie, la Macédoine, l'Albanie, la
Bosnie et par les dépendances de la Hon-
grie dont le Danube et en partie la Save
la séparent. D'un autre côté, le Timok
marque sa limite à l'est ; et laDrina, af*
flnent de la Save, à l'ouest. Sa supe^cie
est de près de 800 milles carr. géogr. ou
de 44,000 kilom. carr., ce qui place la
Seryie, pour l'étendue^ entre la Grèce et
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k Soiflse. Sa population, qa'on exagère
sans doute en rétalnant à 1 million d*bab. ,
atteint au moins ie chiffre de 600,000.
Outre les rivières déjà nommées, le pays
est arrosé par un autre afHnent du Da-
nnbe, la Morava, qui en parcourt une
étendue considérable. Quoique monta-
gneux, il est d'une grande fertilité,
mais coutert encore d'immenses forêts
que Ton commence seulement à défri<^
cher. Les montagnes renferment beau-
coup de métaux que Ton exploitait au-
trefoisavec plus d'activité qu'aujourd'hui.
. L'éducation du bétail est une des occu-
pations principales des habitants, d'aiU
leurs peu industrieux; les forêts sont peu-
plées de porcs dont on entretient partout
de nombreux ti'oupeaux. L'agriculture
est cependant aussi en voie de progrès, et
quelques filatures de coton ont été éta-
blies de nos jours. Tant que la Servie
a été sous l'autorité immédiate du sul-
than, elle a été comprise dans Téyalet
de Roumélie ; mab aujourd'hui ^le forme
une principauté tributaire de la Porte,
divisée en 17 naîfCLS ou départements*.
Le pacha, représentant du stfzerain, se
tient renfermé dans Belgrade. La Servie
paie un tribut annuel de 2,800,000
piastres turques; mais, en revanche, la
Portée abandonné ses prétentions sur les
domaines et ses droits régaliens.
Les Serviens professent la religion
chrétienne d'après le rit grec, et jouissent
d'une entière liberté de conscience ; le
clergé, qui doit être pris au sein de la
nation, est soumis à l'autorité du prince.
Le commerce n'est gêné par aucune en-
trave. Le peuple se divbe en cultivateurs,
bourgeob et clercs ; il n'y a pas de no-
blesse, quoique certaines familles puis-
santes exercent une influence réelle. En
cas de guerre, la Servie est tenue de four-
nir à la Porte un contingent de 12,000
hommes. Lorsqu'il s'agit de la défense
du territoire, chaque citoyen est soldat.
Le prince (knez ou obor^Ânes , voy.
Kjiiaz) traite directement avec la Subli-
me-Porte, et entretien ta cet effet un agent
à Constantinople. Sous les Obrénovitch
(yo)r.)f 11 &luit sa résidence à Kragouîé-
(*) M. A« ialhi ditaiwirfiff*Mi o»c«rclM| ania
BOOfl chertboat vainement ce mot dans le dlc*
tionnalre^serbe, l*eiit-étre faat-il lire àkmtjiat
▼atz, sur la Lepnftza, petite ville ouverte
et entourée de plusieurs collines, qui au-
paravant ne comptait pas 800 maisons,
et dont la population s'est accrue, dit-on,
jusqu'à 5,000 âmes. Mais la ville la plus
importante est Belgrade {vor,)y sur la
frontière de l'Esclavonie, forteresse et le
seul point du territoire que puissent oc-
cuper les Turcs : elle a près de 20,000
hab. ; viennent après : Sémendria, égale-
ment à la frontière du nord, au confluent
de la Morava et du Danube, résidence
de l'archevêque primat, avec 8 à 10,000
hab. ; Oujitsa, vers l'ouest, ville forte avec
une population de 1 5, 000 hab. Nous nom-
merons en outre Chabatz, petite citadelle
sur la Save, au nord-ouest, qui passait ja-
dis ponr très forte; Pocharévatz, com-
munément nommé Passarowitz ( voy, ),
non loin de Sémendria ; et Poretch, sur une
tle du Danube, avec près de 3,000 hab.
2® Histoire. Cette province faisait au-
trefois partie de l'Jllyrie; Belgrade ap-
partenait à la Pannonie inférieure (yoy.
ces nomè). Des peuplades slavonnes, les
Khorvates et les Serbes , envahirent ces
contrées vers le milieu du tu* siècle. Les
derniers (5^r^//}, à qui l'empereur Héra-
olius avait permis de s'établir dans la
Macédoine, vainquirent les Avares {voy,)
et s*empiirèrent d'une partie de leur pays,
qui prit d'eux le nom de Serbie ou Servie.
L'histoire nous montre les Serbes^ pres*-
que constamment en guerre, soit avec
les empereurs grecs, soit avec les Hon-
grois ou la réptiblique de Venise, et près*
que toujours vaincus, malgré leur bra-
voure. Après avoir été pendant de lon-
gues années gouvernés par leur propres
princes {zupans^ prononcez joupans)^
dont l'un prit le titre d'archi-joupan, sans
toutefois se soustraire encore à la suzeral-
(*) Sous le nom de Strhes, employé par les an-
ciens dans on leDS plus géuéral, nous comprenons
tente nne branche de la raoe on de le lamille
des Slaves (vo^.)* forte, selon M. Kopitar, d'en-
viron 5 millions d'hommes, et à laquelle appar-
tiennent anssi les Bosniaks, les Bsclavons et les
Dalmates) les Serbes de la Serrie sont plas spé*
cialement disignés soes le nom de Sêrp'umi, Ni
l'nn ni l'antre de ces noms n'a rien de commun
avec le latin sértus r le nom de Serbes, de même
que ceini de Sorbes («o/.), dérite de la racine
slavoae êrb dont on ne pent pies donner exac-
tement la signification.La premiàre mention des
Sêrhi se trouve dans Pline (H. iV^., TI, 7), mais
comme voiiliii du Bosphore Cimméries.
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nelé^ des emptrcurs d'Orient Tohoa-
domili fiU d'Oaro6cb-le-Blanc, fondateur
de la dynastie de Neeman, essaya , en
1150, de se rendre indépendant en s*al-
liant, contre Tempereur Manuel Com*
nène, avec les Uongrob auxquels ii pa-
rait avoir abandonné la Bosnie. Manuel
marcha contre eux , les battit, et fit même
prisonnier Tchondomil dans une lutte
€X>rpa à corps, que les poêles nationaux
ont célébrée. L'archi-joupan des Serbes
adieta sa liberté par sa soumission. Une
nouvelle tentative de ce peuple, sous
Etienne Neeman, pour secouer le joug,
n^eut pas plus de succès. Le général grec
Isaac l'Ange , qui depuis fut empereur,
les défit sur les bords de la Morava, en
1198. Cependant la paix s'élant rétablie
biieiitôt, Etienne reçut de l'empereur le
titre boAorifique de despote» Son suc-
cesseur du même nom fut chassé par les
Hongrois. Son frère Yolkan régna sur la
Servie, à partir de 1208, mais sous la
suzeraineté de la Hongrie.
La puissance des empereurs grecs s'af-
faiblissant de plus en plus, les Serbes
avaient peu de chose à craindre de ce
côté ; il n'en était pas de même de la part
des Hongrois, qui avaient réduit sons
leur domination la Bosnie et une autre
partie de la Servie. Heureusement ceux-
ci, occupés à d'autres guerres, ne purent
achever la conquête du pays. Etienne
remonta sur le trône, et en 1321 l'ar-^
cbevêque le couronna roi {kral)^ titre
que le pape avait déjà offert à son frère
pour le détacher de la communion avee
l'Église orientale, à laquelle les princes
comme le peuple restèrent fidèles. Un
de ses fils, Etienne Onrosch 1"', s'inti-
tula même véliki^kral^ ou grand rqi. Un
antre de ses successeurs, le roi Etienne
Doucbân, qui régna de 1886 à 1366, fit
contre lesempereurs grecs plusieurs cam-
pagnes heureuses, et s'empara de quel*
qoes provinces, alla jusqu'à prendre le
titre d'empereur ou de tsar de Servie, de
PÂIbanie,de la Boulgarie et de la Grèce.
Mais en divisant le pays en plusieurs
gouvernements^ il prépara lui-même la
ruine de sa patrie. Bientôt le titre de
tsar fut abandonné, et, après l'extinction
de la braneke légitime de la maison de
KeeMD, Latare (1871-$9) fut obligé |
de se contenter de celui de knèz eu
reconnaissant la suzeraineté de la Hon-
grie» Ce fut sons son gouvernement que
le sulthan Hourad T' envahit la Ser-
vie et lasoumit en partie. Le 16 juin 1889,
il battit les Serviens dans les champs
de Gassova ( voy. Cassovix) , et Lazare
étant tombé entre ses mains , il le fit dé-
capiter dans sa tente. Mais il périt à son
tour sous les coups des Serviens Milosch,
Kobilitcb, Milan Toplitchanine et Ivân
Kossantchitch. Son successeur Bajazet
partagea la Servie entre Etienne, fils de
Lazare, et Youk Brankovitch, son gen«
dre. Tous deux se reconnurent tribu-
taires et s'engagèrent à fournir aux Turcs
un contingent. Depuis cette époque, les
Serviens ont essayé à plusieurs reprises
de briser un joug odieux, mais leurs ré^
voltes ne firent qu'attirer snr eux de
nouveaux malheurs. Après la bataille
que les Hongrois, commandés par Hn-
nyade {voy,)^ lif rèrent et perdirent contre
Mourad U , dans les mêmes champs de
Cassovo, en 1 446, la Servie fut traitée
comme une province conquise, les fa-
milles les plus anciennes et les plus in-
fluentes furent décimées ou ruinées, et le
peuple tomba dans l'inertie et l'abrutis-
sement.
Par la paix de Passarowitz {voy.\ 21
juillet 1718, l'Autriche se fit céder Bel«
grade avec toute la partie septentrionale
de la Servie, jusquNiu Timok, et aux
monts Bouloudasch ; mais la paix de Bel-
grade {yoy.)^ en 1780, fit retomber ce
pays sous la domination des Oihomans.
La sévérité impitoyable des gouverneurs
turcs, jointe à la morgue des janissaires ,
occasionna, en 1801, un soulèvement à la
tête duquel se plaça George Pétrovitchy
plus connu sous le nom de George-le«
Noir, Kara ou Tsemy-George(90^.) . Son
habileté, les secours qu'il tira de la Rus-
sie, et la faiblesse à laquelle était rédidC
le sulthan , forcèrent ce dernier à lui faire
des concessions importantes. Grâce à loi^
les Sertiens sont, depuis 1806, maîtres
chez eux sous le protectorat de la Russie*
Le peuple l'avait déjà choisi pour chef
lorsque, après l'armistice de Slobosje,
conclu avec la Porte le 8 juillet 1808, il
ftit Domaié koèi de Servie et
tel per Vmfnma de
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Rassemblée des représeotants da peuple
servien, ou le sénat, autrefois appelé sy^
notif^y se transporta de Sémeiidria à Bel-
grade, où elle mit la dernière main à la
nouvelle constitution. La guerre s'étmt
rallumée, en 1809, entre la Russie et la
Turquie, Tsemy, rappelant aux armes les
Serviens, soutint vigoureusement les
Russes. Dans le traité de paix signé par
les deux puissances à Boukarest {yoy^ le
28 mai 1813, paix qui fut bâtée par Fin-
vasien desFrançau en Russie, il fut con-
venu que la Porte traiterait les Serviens
avec douceur et proclamerait en leur fa-
veur une amnistie générale. Les forte-
resses que les Serviens avaient élevées
pendant la guerre devaient être déman-
telées, et les autres places fortes remises
aux Turcs. L'administration intérieure
était abandonnée à la nation, et les im-
pôts modérés qu'imposerait la Porte de-
vaient être consentis par le peuple. Au
surplus , les Serviens devaient jouir ^es
mêmes avantages que les sujets turcs de
FArchipel et des autres parties de l'em-
pire. La nouvelle de cette paix ne pou-
vait manquer d'irriter les Serviens. Ils
refusèrent de livrer aux Russes les places
fortes du pays, et de mettre leurs milices
aux ordres d'un de leurs généraux, ainsi
qu'on le leur demandait, sous la pro-
messe de l'appui de la Russie pour l'a-
venir, et lorsque les troupes moscovites se
furent retirées, vers la fin dejuillet 1812,
les Serviens tentèrent d'obtenir quelques
modifications avantageuses au traité, en
négociant directement avec Constanti-
nople, et en se rapprochant de TAu-»
triche. Ces tentatives échouèrent, et les
pachas qui commandaient dans les provin-
ces voisines reçurent l'ordre de soumet-
tre la Servie par la force des armes. La
guerre i'ecommença donc en 1813.; elle
continua avec acharnement et des chances
variées, jusqu'à ce que les Turcs eussent
triomphé , après quatre mou de combaU.
Tsemy -George ne voulant pas priver
son pays de l'assistance future de la Rus-
sie, passa le Danube le 8 oct. 1813, et
les autres chefs serviens se réfugièrent
dans les états limitrophes, à l'exception
de Milosch Obrénovitch {yoj,]^ rassuré
par la poiiibilité de trouver un refuge
diaos le mont Roiidmk. Let wnqueurs
traitèrent les Serviens avec une atroce
barbarie, et firent du pays un véritable
désert. De nouveaux soulèvements furen^
comprimés avec rigueur. Enfin, sous la
conduite de Milosch, les Serviens obtin-
rent, par le traité du 15 décembre 1815,
une espèce d'indépendance sous la su-
zeraineté de la Porte. Le gouvernement
du pays fut confié à un sénat composé
d'un président et de quatre députés, et
siégeant à Sémendria. Milosch en fut élu
président, et ses concitoyens ne tardè-
rent pas à l'appeler à la tête de l'état
(1817). Consacrant tous ses ^ins à
maintenir la tranquillité et à remédier
aux malheurs causés par la guerre, il sut
conserver son indépendance en face de
la Porte et de la Russie, et vivre en paix
avec. ces deux puissances, malgré la po-
sition difficile que lui faisait l'irritabi-
lité def Serviens et l'occupation de ton*
tes les places fortes {palankes) par des
garnisons turques. Tsemy-George, qui
passa le Danube, en 1817, pour exciter
un soulèvement dans la Servie, périt vic-
time de cette malencontreuse entreprise,
et l'on accuse Milosch de sa mort. Celui-
ci, après avoir étouffé, en 1825, une ré-
volte provoquée par sa sévérité, et pré-
venu, en 1826, une conspiration diri-
gée contre sa vie, fut nommé dans une as-
semblée nationale tenue à Kragoulévatz,
en 1837, prince avec droit de transmis-
sion de ce titre à ses descendants. D'après
la volonté de la Russie, un hattichérif du
29 nov. 1829 rendit à la Servie les six
naîyas qui en avaient été distraits {yoy\
BOITKABBST, AxERMAK et AVD&nrOPLE),
et le 3 août 1830 arriva aussi le bérat qui
confirmait le prince Milosch dans sa di-
gnité. Il venait de convoquer les chefa
des districta, les juges et les ecclésiasti*
ques en assemblée nationale {skoup^
chtina)^ dans sa capitale, et dénommer
une commission qui devait s'opcuper,
sous sa présidence, d'élaborer une con-
stitution. Lorsque cette commission eut
tarminé son travail, il assembla, le 10
février 1835, un nouveau congrès oà le
projet de constitution fut adopté. Mais
quand il s'agit de le mettre en vigueur,
il rencontra une opposition insurmon-
table de la ^rt de l'autocrate russe, de
l'empereur d'Autriche et du tulthan. A
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cette conslitution jugée trop Ubérale,
H fallut donc songer à en substituer une
autre plus aristocralique , qui fut ap-
prouvée par un hatticbérif daté du
mois de septembre 1888. Les assemblées
populaires furent remplacées par un se*
nat auquel fut conféré le droit de voter
les imp&tSy de fixer la solde de l'armée
et le traitement des employés, d'exami-
ner et de sanctionner les résolutions du
gouvernement e^ de mettre en accusation
les ministres.
Il était facile de prévoir que si jamais
le sénat se jetait dans l'opposition , des
pouvoirs aussi étendus lui asstu^raient la
victoire sur le prince. C'est ce qui arriva
en efl«t dès l'année suivante. Milosch,
dont le gouvernement plus personnel
que national n'avait point jeté de racines
profoodes dans le pays, fut forcé d'abdi-
quer le 1 3 juin 1 839^ Le sénat lui permit
de se retirer en Yalacbie, et proclama,
le 1 6, prince de Servie, son fils Milan,
qui mourut quelques jours après, et eut
pour successeur son frère Michel* D'a-
bord Milosch, qui avait protesté contre
la violence exercée sur lui, ne voulut
poiot consentir au départ de son jeune
fils ; mais il lui fallut céder aux ordres
venus deConstantinople. Michel se rendit
donc dans cette capitale oà il fut reçu
avec honneur, et, au mois de février 1840,
il se mit en route pour Belgrade où il
arriva le 14 mars. Le parti aristocrati-
que, à la tête duquel était le générai en
chef Youtchitch et le sénateur A vramPé-
troniévitcb, avait déjà eu l'occasion de
s'apercevoir qu'il s'était trompé dans,
son espoir de gouverner sous le nom du
prince : aussi chercha-t-il à le renverser
par ses intrigues à Constantinople et dans
le pays même. Instruit d'une conspira-
tion ourdie contre sa personne, Michel
se mil à la tète de quelques troupes pour
la réprimer ; mais il fut battu et obligé
de s'enfuir à Semlin avec la princesse
Lioubitza et son oncle leffrem. L'as-
semblée du peuple élut alors (16 sept.
1843) pour le remplacer le petit-fils de
Tsemy -George , Alexandre Pétrovitch,
jeune homme aussi distingué par son
éducation que par les traditions de sa fa-
ucille, qui prit la direction des affaires
»ous le nom d'Alexandre Georgévitch.
Quoique cette élection eût été faite avec
l'assentiment et en. la présence du com-.
missaire turc et du pacha de Belgrade, la
Russie en exigea l'annulation. La Porte s*y
refusa d'abord etjdéclara s'en rapporter
au jugement des puissances de l'Europe.
En attendant, elle envoya le bératd'inves-
Uti^e au nouveau prince de Servie ; mais
l'Autriche ne se prononçant pas contre
les prétentions de la Russie, l'Angleterre
et la France gardèrent la neutralité. Une
nouvelle assemblée du peuple dut être
convoquée ; la Russie exigea encore l'é—
loignement des cbeû de rinsorrection ;
mais le prince Alexandre n'en sortit pas
moins triomphant de cette nouvelle
épreuve. Réélu par l'assemblée, sa qua-
lité de J^nèz du peuple serbe est aujour-
d'hui reconnue sans contestation.' — On
peut consulter sur la géographie et l'his-
toire de la Servie : Gyprien Robert, Les
Serbes^ histoire du prince Milosch
(article de la Revue des Dêux-Mondes^
l«mars 1843,Xm*année, t.r%p. 81 1-
890) ; Pejacsevich, Historia Service^ Kol.,
1799 ; Engel, Geschichte von Serwien
und Bossnieny Hist. univ. de Halle, t.
XLIX, 3* partie ; Ranke, Die serbiscke
Révolution^ Hamb., 1839; S. Milouti-
novitch, Istoriia serbié troîégodischnia
(1813-15); Richter, Serbiens Zusiand,
1840; Jufschiiisse und EnthiiUungen
liber denserbischen Verfassungskampj
(dans le recueil Konsiitutionelie Jahr-»
bùçher,Siuit%.9 1844,t.I«,p.26-71); et
surtout Schafarik, Antiquités slaponnes
(trad. allem.), Leipz., 1844, t. II, p.
237-76.
m. Langue et littérature serbes *.
Le serbe, une des quatre briM^^ prin-
cipales du slavon, compte parmi les lan-
gues des Slaves orientaux. Il se rappro-
che plus du rosse que du polonais et du
bohème. Les voyelles y dominent, ce
qui rend cette langue beaucoup plus
douce et plus harmonieuse que ses sœurs.
Cet avantage, elle le doit à l'influence
qu'exercèrent sur elle les riches idiomes
de l'Italie et de la Grèce, pays avec les-
quels le commerce ou la communauté de
(*) Ifoot prendront ici pour goide l'onTrage
do M. Sohafkrik. iotitolé : Gêtchkhu der Simmi-
sckm SptÊchê wU Ltlirs«iir(Bade, xSaô), aomrel
on ê*tt ê$ên eiadtment canfarmédan* le C,L»,
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(250)
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i«ll§loti BireBt la Serrie en rapport p«n-
dant loof temps. Il est feoile de recon-
«atrre aussi dans la iangoe des Serbes les
enpranls qa'elle a faiU aa turc. Ce-
pendant elle a cooserxé son caractère
parement slavon. Elle a ane déclinaison
et une oonjogaison complètes, ane entière
liberté de eonstraction^et elle se plie non
' moins facilement aai formes des langaes
anciennes et aa rbytbme. Gomme noos
Favons dit plus baut, elle est parlée par
environ 5 millions d*bommes. M. Voak
StéphanoYitcb distingae trois dialectes
dans le senrien : celui de VBer%ef(OPinef
qoi se psrle dans la Bosnie , THerzeg o-
Yine, la Dalmstie et la Croatie; celui dé
Eetapa^ sar les bords de la Reeava, de la
Morara supérienre et jasqu*à Négotine ;
enfin celui de Sirmium^ dans le oomitat
de Sirmie, dans TEschiTonie, leBanatet
la Servie, du Danube et de la Save jus-
qu'à la Morava. Le boulgare est regardé
comme une variété de la langue serbe,
qnoique, de tous les dialectes slarons, il
soit eelul qui a été le plus altéré dans sa
construction, qu'il ait adopté Tarticle,
et qu'il forme sa déclinaison à l'aide de
prépositions. Les Serbes , ainsi que les
Boulgares, se servent de l'alpbabet cy-
rillique (vo^.). M. Youk Stépbanovitch
Karatcfaitcha publié an Dictionnaire ser»
be, latin et allemand (Vienne, 1818,
in- 8*), composé de plus de 80,000 mots,
et précédé d'un petit précis de gram«
maire ; on lui doit aussi une Grammaire
plus étendue (Vienne, 1814, in-S**) dont
M. Jacques Grimm a donné une traduc-
tion allemande enrichie d'une eioellente
préface (Leip£., 18a4,in-8«).
En Servie, comme en Russie, depuis
l'introduction du cbristianisme, le vient
slavon d'église, qai était la langue liturgi-
que, est devenu tellement dominant que
le serbe primitif nous est à pea près in«
connu aujourd'hui. Cette langue assez in-
forme était seale employée par les lettrés
josqo'en 1788, où le moine Obradofitch
se servit le pramler du serbe vulgaire
pour écrire sa biographie. Le plus an-
cien document qui soit arrivé jusqu'à
nous en cette langue ne ramonte pas au-
delà du ziu* siècle : c'est un manuscrit
ooMcrvédantle oouveat duBMùt Àthoi,
•t mifcrail let Chregiques de Daoiel,
archevêque des Scribes, relatives aux rè*
gnes des rois Oorosch, Etienne Dra-
goutine, Etienne Miloutine, et Etienne
Detcbanskii ( 1172-1386). On possède
aussi un code des lois àvLgrand'^roi Etien-
ne Douchâo (1886-66), où le type sU*
von se montre moins altéré que dans
les lois des autres peuples slaves; il est
aittsi conçu dans un esprit plus humain
et plus doux. Nous avons en outre de
cette époque quelques livres d'église et un
assez grand nombre de diplômes. La vic-
toire que MouradP' remporta sur les Ser-
bes, en 1 889 {voy, Casso vie), arrêta pour
longtemps les progrès de la littérature na-
tionale, dont elle dot la première pé-
riode. Pendant 200 ans, la Senrie fut
alora le théâtre des guerres les plus san-
glantes, des dévastations les plus horri»
blés, et toute trace de culture intellec»
tuelle avait disparu, lorsque George
Brankovitch vint ouvrir une ère nou-
velle. Né en 1645, Brankovitch avait été
ambaisadenr de l'empereur Léopold 1^'
auprès du sultban; mais étant tombé en
disgrâce, il fot enfermé comme prisonnier
d'état à Eger, où il mourut en 1711.
On a de lui une Histoire des Serbes^ de«-
puis leur origine jusqu'à Léopold I^**,
dont le manuscrit, en 5 vol. in-4«, se
conserve dans la bibliothèque archiépb-
copale de Carlowifz.
La seconde période de la littérature
serbe est caractérisée par les efforts ten-
tés pour séparer l'idiome vulgaire de la
langue liturgique , et l'élever lui-même
an rang de langue savante. L'archiman-
drite Jean Raitch, né à Carlowiiz en
1720, mort en 1801, y travailla le pre-
mier et non sans succès^ par la publica-
tion de nombreux ouvrages, dont le plus
estimé e^iV Histoire des Slgves^ particu-
lièrement desKhorvates, des Boulgareset
desServiens (Vienne, 1792-95, 4 vol.in-
8») . Mais l'idiome dont il se servit n'était
point encore le serbe vulgaire pur : com-
me nous l'avons dit, il était réservé à Do-
sithée Obradovitch d'employer le premier
la langue nationale. Cet écrivain remar-
quable était né à Tsakovo,en 1789. Après
avoir parcouru pendant 25 ansla Turquie,
riulie,la Russie,l'Allemsgne,la France et
l'Angleterre, il fut élevé à la dignité de
sénateur et chargé de l'éducation des en-
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(261)
SEB
fimtt de TMray. H aïoiirat àBdgradê en
1 8 1 1 • Obradovitch troaia des iaiUUwrt
•t des adversaires.
Sur 400 ouvrages envii^n qui ont paru
depuis 1743 (voir Milowick, Cataiogue
des liçres serbes^ yienne, 1888), il n'y
en a qu'un huitièeie tout au plus qui soient
en vieux slavon d'église et un huitième
en serbe pur; les autres sont écrits dans
une langue qui s'en rapproche plus ou
■K>ins et dont l'orthographe varie beau-
coup. Pour essayer de remédier à cette
anarchie, Déméirius Davidovitch, secré«
taire du prince Milosch, entreprit à Vien-
ne, em 1814, la publication d'un journal
et d'an almanach serbes, qu'il continua
pendant plusieurs années. Ses eflbrts fu«
rent puistammeot secondés par Youfc
Stéphanovitch Karatcbitch, né en 1787,
à Terchitch (Servie occidentale), docteur
en philosophie, qui, après avoir siégé
dans le tribunal supérieur de Belgrade,
vit anjoard'hui retiré à Semlin. Dans sa
Grammaire, il a ii&é les caractères parti-
culiers an serbe, et| par l'impression des
chants populaires des Serbes [Narodné
serpské piesméf Leipz., 1833-24, 8 vol.
in-8^; trad. en partie en allemand par M. J.
Grimm et Bi^'* de Jacob, sous le pseudo*
nyme de Talvi, Halle, 18S6-36, 3 vol.
in-8^, et par W. Gerhard, Leipz., 1828,
2 vol.; en français, d'après Talvi, par
M*"* Élise Voisrt, Paris, 1884, 3 voL
in-8^) % 41 a eontribué à faire adopter
Pidiome vulgaire par les littérateurs. Une
vie presque patriarcale au milieu des so-
litudes de leur peys pittoresque, avait
depuis des siècles inspiré aux Serviens
des chants qui peuvent paraître grossiers
et incorrects, mais qui unissent à leur
énergique rudesse bMueoup de naïveté,
de sensibilité , de chaleur et d'imagina*
tion. Quelques-uns sont antérieurs à l'in-
vasion des Turcs en Europe; d'antrca ont
pour sujet la lutte soutenue contre eux,
les hauts faiu du roi Doochân et du kra«
lévitch Marco, qui est comme l'Hercule
des Serbes. Le reste appartient aux tempe
nodemes et rappelle tantôt l'oppression
du peuple, tantÀ les aventures ou les
combau qui signalèrent lee guerres de
(*) Voir nnt apprédaUon détaillés qa'«a a
donnée M. Kopittr, dans Ist ABasleS de yiÊtmt,
c$ag,i,nx,p«if9-e77,
Pindépeadanee. On doit encore à M. Ka*
ratchitch l'almanach serbe intitulé Do-
nitza ou l'ÉtoUe iiu matin (Vienne^
1838). D'autres écrivains, entre autrea
Spiridion lovitch, ont publié de sembla-'
blés almanachs. Parmi les poètes qui ont
écrit dans la langue vulgaire, on distin-
gue encore Simon Miloutinovitch , qui ,
sous le titre de Serbianàa^ a fait impi i-
mer une suite de chents héroïques (Leipz ,
1837, 4 vol. in-80).
Le gouvernement autrichien met tous
ses soins à hâter le développement intcl*
lectuel de ses sujets serbes : il a fondé
plusieurs écoles et des gymnases è Car-
lowiu et à Neusalz. Vienne» Peslh, Ve-
nise, ont des imprimeries serbes. Dans |e
pays même, le prince Milosch en a établi
une a Kragoufévatx, en 1886.11 s*esc
formé aussi une société littéraire {la Mèi e
servienne) qui distribue des prix aux
meilleurs ouvrages en langue serbe, et
publie une espèce de revue intitulée £e*
topis serbska. J. H. S*
SERVITES, ver. MovianQUEs
{ordres), T. XVIU, p. 88.
SERVITUDE. Le Gode civil fran-
çais définit la servitude une charge im-
posée sur un héritage pour l'usage et
l'utilité d'un héritage appartenant à un
antre propriétaire. On appelle héritage
domuuuU celui qui profite de la servi-
tude, per opposition à l'héritage tervani^
qui la subit.
Les servitudes doivent avoir pour ob«
jet l'utilité d'un fonds, et non celle d'une
personne : c'est ce qui les distingue dee
droits d'ttsnfiruit, d*use§e et d'habiution.
On ne doit pas non plus les confondre,
soit àvee les choses qui demeurent par
leur nature dans une indivision forcée,
soit avec les propriétés souterraines ou
superficiaires dont parle l'art. 663 du
Code civiL Toute serritnde consiste es-
sentiellement dans une exception, dans
une règle spéciale établie pour permettre
cequen'antorisentpaslesrèglesordinaires
de la propriété (Ducaurroy, Imstitutfs
expliquées, liv. II, tit. 8 , n« 43 1). On
ne peut donc reconnaître le caraet^e de
servitudes aux règles qui constituent les
charges légales de k propriéU. Les ser-
itttudee proprement dites ne s'éublissent
que pMT lu Yokmté dm propriéiaires.
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SER
(252)
SER
Au nombre des charges légales de la
propriété que le Gode considère comme
des senritudes, se trouvent les obligations
qni concernent les eaux, le droit des pro-
priéuires de se contraindre réciproque-
ment au bornage de leurs propriétés con-
tigttêsy la faculté pour tout propriétaire
de clore «on hériUge, le marche- pied
le long des rivières navigablesrou flotta-
bles, la mitoyenneté des murs, des £o9sés
et des haies, les obligations que produit
l'indivision forcée de certaines parties
d'une maison dont chaque étage forme
une propriété distincte, les distances à
observer dans la plantation des arbres ,
l'obligatioà de faire des oontre-murs,
ou de laisser un espace vide entre cer-
taines constructions et l'héritage voisin,
les vues sur la propriété d'autrui, la dé-
fense de laisser tomber sur l'hériuge de
son voisin l'égout de ses toits, et l'obli-
gation de laisser passer sur son propre
héritage celui qui n'a aucun autre moyen
de passage.
Le nombre et la nature des servitudes
établies par la volonté de l'homme, or-
dinairement par convention , sont illi-
mités, et chacun peut créer sur ses pro-
priétés, ou en faveur de ses propriétés,
telles servitudes que bon lui semble,
pourvu que les services ne soient impo*
ses ni à la personne, ni en faveur de la
personne (art. 686). Les servitudes se
divisent en continues et discontinues,
en apparentes et non apparentes. Elles
êont continues lorsque leur usage, comme
celui d'une conduite d'eau, est ou peut
être continuel , aans avoir besoin du fait
actuel de l'homme; discontinues^ si pour
être exercées elles ont besoin , comme le
droit de passage, du fait actuel de l'hom-
me; apparentes f quand elles s'annon-
cent par des ouvrages extérieurs | tels
qu'une porte, un aqueduc; non appa--
rentes^ quand elles n'ont pas de signe
extérieur de leur existence, comme la
prohibition de bâtir sur un fonds.
Les servitudes peuvent s'établir de
trois manières : par titre, par prescrip-
tion fondée sur une possession de trente
ans, et par la destination du père de
famille. Toutefois, la prescription ne
pouvant s'acquérir que par une posses-
sion publique et non mtenrompne^ la
loi ne l'admet 'ni pour les servitudes dis-
codtinues , ni pour les servitudes non
apparentes. Quant à la destination de
père de famille, elle donne naissance à
une servitude au moment où le pro-
priétaire aliène L'un des héritages sur
lesquels, il a élevé, pendant qu'ils étaient
réunis sous sa main , des ouvrages appa-
rents de nature à constituer, par eux-
mêmes et sans aucun fait de l'homme ,
en état de servitude des héritages qui
appartiendraient à des mattreà différents.
Ajoutons que la destination de père de
famille ne vaut Utre qu'à l'égard des ser-
vitudes continues et apparentes. L'éta-
blissement d^une servitude comprend
tout ce qui est nécessaire pour en user:
il suit de là qu'une servitude peut quel-
quefois naître comme accessoire d'une
autre. Ainsi le droit de puiser de l'eau
à la fontaine d'autrui emporte néces-
sairement un droit de passage. L'éten-
due du droit de propriétaire du fonds
dominant est réglée par le titre constitu-
tif, qui lui-même doit être interprété
suivant l'intention des parties^ la posses-
sion actuelle et le but de la servitude;
dans le doute, on doit se décider en fa-
veur de la liberté et restreindre la servi-
tude plutôt que l'étendre. La nature des
servitudes, qui consiste uniquement à
souffrir ou à s'abstenir (loi 15, § 1, ff.*
de serffitutibus)j met aux frais du pro-
priétaire les ouvrages nécessaires pour le
maintien de la servitude.
Les servitudes s'éteignent : 1* au temps
on au cas prévu ^ lorsqu'elles ont été
établies à terme ou sous condition;
2^ lorsque le changement des lieux est
tel que l'exercice de la servitude est im-
possible ou ne présente plus aucune uU-
lité, mais la servitude revit si le rétablis-
sement des lieux vient en rendre l'usage
possible ; 8^ pair la confusion, c'est-à-
dire par la réunion dans la même main
du fonds servant et du fonds dominant ;
40 par l'abandon du fonds servant;
5^ par le non-usage pendant trente ans.
Le mode de la servitude peut se pres-
crire comme la servitude elle-même. La
jouissance de l'un des copropriétaires
du fonds auquel la servitude est due
empêche la prescription à l'égard de tous.
Foir le Thaitédes tervitudes ou services
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SES
( 253 )
SET
fonciersy ptr J.-M. Pardenus, 8* éd.
' Paris, 1888, 2 ▼oU in-8'*. E. R.
SERVIIJS^ vor- Virgile.
S£RV1US TULLIUS, 6* roi de
Ko me, mort, à ce qu'on aisure, Tan 534
av. J.-G. voy. Româiics {hisU des)^ T.
XX, p. 579.
SÉSAMB {sesamum orientale^ L.)^
plante oléagineuse, cultivée de temps im-
mémorial dans TAsie équatoriale, ainsi
qu'en Orient et en Éfjpte. Au rapport
d'Hérodote, les Babyloniens ne faisaient
usage d*autre huile qîie de celle de sésa^
me. Cette huile, à ce qu'on assure, se con-
serve plusieurs années sans rancir, et peut
remplacer en tout point l'huile d'olives.
On en fait aussi des préparations cosmé*
tiques. Les Égyptiens sont grands ama-
" teurs d'un mets composé de marc d'huile
de sésame, auquel ils ajoutent du miel et
du jus de citron.
Le sésame appartient à la famille des
bignooiacées. C'est une herbe annuelle,
velue, haute de !l à 3 pieds; à feuilles
ovales ou oblongues, les inférieures op-
posées, longuement pétiolées, dentelées,
les supérieures alternes, entières, cour-
tement pétiolées; à fleurs solitaires, azil-
laires, ayant une corolle blanche et assez
semblable à celle de la digitale pourpre.
Le fruit est une capsule oblongue, té-
tragone, un peu comprimée, à 2 valves
et à 4 loges. Les Égyptiens appellent cette
plante semsem. Éd. Sp*
SÉSOSTRIS ou RHAXsis VI, voy.
ÉoYPTE, T. IX, p. 269.
SESTERCE. Les Romains comp-
taient ordinairement par sesterces, ses^
tertii ou. seslertia. Le petit sesterce, ses-
tertiusj était une monnaie réelle qui
valait le quart du denier (yoy*) ou 2 as
et demi (22 centimes); mih\tses,tertiumj
au pluriel sesterùa , était une monnaie
fictive ou de compte qui valait 1,000 ses-
terces : decem sestertia^ 10,000 sester*
ces (2,200 fr.); qui valait même 100,000
sesterces avec un adverbe numérique :
quadragies sestertiûtn , 4,000,000 de
sesterces (880,000 fr.). On trouve dans
les auteurs et sur les inscriptions deux
sigles pour les sesterces IIS ou HS : ce
sont des expressions abrégées de 2 as et
demi. F. D.
SETH, trobième fib d'Adam, et le
second des patriarches de la Genèse »
mourut à l'âge de 912 ans. Ses descen-
dants conservèrent le culte du vrai dieu,
et se dbtinguèrent de ceui de Caîa par
la pureté et la douceur de leurs mœurs:
aussi la Bible leur donne-t-elle le nom
d*enfants de Dieu. Cependant ib fioirent
aussi par se corrompre. On attribue à
Seth l'invention des caractères hébraï-
ques, des années, des mois, des semai-
nes, etc. Unesecte gnostique,les^^////e/i^,
prétendait que Jéspis n'était autre que
Seth revenu sur la terre.^ X.
SETIBR, voy. Litui. La velte pre-
nait aussi quelquefob le nom de setier.
On appelait setUr de terre la superficie
de terre labourable nécessaire pour y
semer un setier de blé. Z.
SÊTON {àtseta^ soie, crin). On dé-
signe <par ce nom un eiutoiire [voy,)
consUtant «a une double plaie faite à la
peau et dans l'épaisseur du tissu cellu-
laire sotts-jacent,et dans laquelle on place
un corps étranger, pour entretenir la sup-
puration. Voicisucoinctement la manière
donts'eiécute cette petite opération. L'o-
pérateur pince fortement la peau sur la-
quelle il doit agir, de manière à former
un pli, dont il confie l'eitrémité su-
périeure à un aide, tandb que delà main
gauche il tient lui-même l'eitrémité in-
férieure ; puis, de la main droite il en fonce
un bbtouri, ou un instrument particu-
lier pour cette opération, au travers de ce
pli. La peau transpercée, il agrandit suf-
fisamment l'incbion, et introduit ensuite
une petite bandelette de linge effilée,
enduite de cérat, dans la plaie qu'il vient
de pratiquer. Cette bandelette doit être
assec longue pour servir au pansement
de l'exutoire pendant un certain temps.
Ce pansement se fait chaque jour au
moins une fob, et il oonsbte à tirer
au dehors la porUon du linge qui a été
souillée par le pus , à la couper et à la
remplacer ainsi par une partie de la ban-
delette qui est restée en dehors de la
plaie du côté opposé. Immédiatement
après l'opération, comme après chaque
pansement, un petit gâteau de charpie
doit être placé sur la plaie; une com-
presse est ensuite posée sur la charpie,
et le tout est maintenu à l'aide d'une
bande médiocrement serrée» Un grand
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(ÎI4)
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BôBbr« de points de la fieta peuvent re-
cevoir un selon, cependant c'est à la na-
qae qu^on le pUee ordinairement, parce
que c'est lit en effet qae ée trouvent réu-
nies les conditions les pUis henreuses
ponr son application. Les maladies dans
lesquelles oe moyen est snrtont employé
sont les ophthalmies (tH>/.) chroniques,
quelques affectiotts à marche lente, ayant
Itnr siège dans l'eneépbale. Quant au mo-
de d'action du séton, il en a été suffisam-
ment traité à Tart. ExuroiaB. M. S-v.
SËVASTOPOL (ville d'Auguste ou
de l'empereur), dans la tangue du pays
JkhtiaTy et chez les Orientaux Sarou^
Kermdn (marché Jaune), petite ville du
gouvernement de Tauride ( voy, ), au
sud ' ouest de la presqutle et à 62 verstes
de Simféropol, est pour les Russes dans
la mer Noire ce que Kronstadt est pour
eux dans la mer Baltique (golfe de Fin-
lande). « Le port est magnifique, dit le
marédial due de Raguse; la nature en a
fait tous les frais. La rade profonde, dont
l'entrée a une ouverture de 760 toises,
assez large pour rendre fadle la naviga*
lion et pour permettre aux bâtiments de
louvoyer, mais assez resserrée pour étoe à
l'abri de la grande mer, est facilement
défendue. Le port est armé df 860 pièoes
de canon ; on ne peut y pénétrer par la
force, et 80 canons-bombes à ta Paixhans
devaient y être encore ajoutés. .. Cette lo-
calité maritime est une des plus t>elles du
monde. » Les documents olficiels don-
nent aujourd'hui à la ville de Sévastopol
41,165 bab., en y comprenant sansdoute
toute la population consacrée, d'une rafa*
nière directe ou indirecte, au servioe de
la marine. Il y a une amirauté, un ar-
senal, de vastes casernes, une quaran-
taine, etc. L'enceinte de rochers qui for-
me le golfe est criblé de cavernes, et en
suivant de là la route de Balaklava, le
voyageur visite les ruines insignifiantes
de l'antiqne ville de ChersonnesuSp ainsi
que l'emplacement du fameux temple de
la Diane de Tauride, au promontoire
Partbénion. S.
SÉVÈRE (ÀLKXJkiTDBX-), empereur
romain de 132 à 285, voy. Alsxav-
D&E S. et RoMAiHS, T. XX, p. 691.
SÉVÈRE(SsFT«B-).Lucn78 Septi-
MiuB SsvxRUt naquit à Ltptisy en Afiri-
que, Tan 146, d'ane famille patricienne.
Ambitieux et doué de talents distiogn^a
que ternissait, fl est vrai, son go6t pour
la cfébauche , il s'éleva rapidement dans
la carrière des honneurs. Marc-Aurèfe
le fit entrer an sénat, et le nomma suc*
cessivement questeur en Afrique et com-
mandant d'une légion en Espagne. A la
mort de ce prince, Sévère se- démit de ses
emplois et alla vUlter la Grèce. Commode
ne tarda pas è le rappeler, et l'envoya k
Lyon en qualité de gouverneur. Il Re-
leva plus tard au consulat et au com-
mandement des légions de la Pannonie.
Après l'assassinat de Pertinax, Sévère,
s'annoncent comme son vengeur, se fit
proclamer empereur par ses soldats, en
198, marcha rapidement sur Rome, et ,
avant même d'y être arrivé, il apprit la
déposition de Didius Julianus et sa pro-
pre élévation sar le trône desCésars (voy.
Romains, T. XX, p. 591). Le premier
soin de Septime-Sévère fut de châtier les
prétoriens qui avaient pris part au meur-
tre de Pertinax: leur corps fut dissous et
dispersé. Cependant la couronne n'était
point encore affermiesur sa tête, car Pes-
cenrfius Niger en Syrie, et Albinus dans
la Bretagne, étalent des rivaux dangereux.
Le premier, défait en plusieurs rencon-
tres, perdit ta vie en se sauvant versTEu-
phrate. Sévère abusa cruellement Ae sa
victoire. Il exila les fils de Niger, en
attendant qu'il les fit mettre à mort ,
frappa de contributions énormes les villes
qui avaient pris son parti, proscrivit ses
partisans, et détruisit Byzsnce qui, pen-
dant trois ans, lui avait opposé un rési-
stance héroïque. De retour a Rome, il se
sentit assez puissant pour ne plus rien
avoir à craindre d'Albinus: il le dépouilla
donc du titre de César, qu'il lui avait ac-
cordé pour s'ôter, de ce e6té, tout sujet
d'inquiétude pendant sa campagne d'O-
rient. C'était une déclaration ^e guerre.
Albinus y répondit en assemblant des
troupes çt en prenant le titre d'Auguste.
Les deux artoées se rencontrèrent j>rès
de Lyon, l*an 197 de notre ère. La ba-
taille fut sanglante et longtemps dispu-
tée ; mais la fortune de Sévère finit par
remporter, et son compétiteur se tua en
se jetant sur son épée. Les mêmes ven-
geances qui avaient suivi la défaite de
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(2S5)
6EY
Ti\%tTf te répéièrettt avec un caractère
plus atroce encore. Pour atténuer le
mauvais effet que devaient produire tant
de cruautés, Sévère s*appliqna à gagner
l'affection du peuple et des soldats par
des fêtes y des distributions de vivres et
d'argent, une diminution des impôts len
plus lourds, des exemptions, des privi-
lèges de tonte sorte. Bientôt une inva-
sion des Parthes dans la Mésopotamie
l'appela de nouveau en Orient II vain-
quitsuccessivementles Parthes, les Armé-
niens, les Arabes, et ne retourna à Rome
qu'en 203. Son retour fut consacré par
Parc de triomphe qui porte encore son
nom. La révolte des Calédoniens vint
faire, quelques années après, une heu-
reuse diversion à ses chagrins domesti-
ques. Il se rendit en Bretagne en 208 ,
et étendit sa domination jusqu'à la Clyde
et au Forth. Les attentats de son fils Ca-
racalla (voy,) contre sa vie empoisonnè-
rent ses derniers jours, et hâtèrent sa
fin. Il mourut à York, en 211. Malgré
sa cruauté et sa sévérité infleiible, Sep-
time-Sévère fut un des empereurs ro-
mains les plus remarquables. Doué d'une
activité incroyable, d'une grande ardeur
pour le travail et d'un courage à toute
épreuve, ami de l'ordre et de la juàtice,
il parvint à eitirper beaucoup d*abus
qui s'étaient glissés dans l'administration.
Il s'était d'abord montré favorable au
christianisme, mais les étonnants pro-
grès des chrétiens Tinquiétèrent , et il
défendit sous des peines sévères d'em-
brasser leur religion. Z.
SÉVÈRE (Sulpice), historien eccté»
siastique, né en Aquitaine vers l'an 368,
embrassa la carrière du barreau dans la-
quelle il ne se distingua pas moins par son
éloquence que par son savoir. La mort de
sa femme, qu'il perdit vers 892, lui causa
une si vive douleur qu'il résolut de quitter
le monde; en effet, après avoir dbtribué sa
fortune à l'Église et anx pauvres, il se
retira dans un ermitage près de Béziers,
où il vécut en cénobite. La réputation
de S. Martin étant arrivée jusqu'à lui ,
il se rendit auprès de l'évéque de Tours,
qu'il accompagna dès lors dans ses nom-
breux voyages. Sur la fin de sa vie, l'in-
vasion des Vandales l'obligea à chercher
m Mile dans nn ooavent de Maneille^ où
il parait qu'il termina ses jours. Son Jtf//-
toria saera ÇRi\e, 1556, in- 8^), le prin-
cipal de ses ouvrages, est écrit d'un style
si pnr et si élégant pour le temps où il
vécut, qu'on l'a surnommé le Saltutte
chrétien. Il nous reste encore de Ini une
Vie de S. Martin et trois Dialogues (Pa-
ris, 1511, In- 4*), ainsi que quelques
lettres. Sesceuvres complètes ont été im-
primées plusieurs fois, entre autres, à
Leyde(1685,in-12)etàVérone(1741-
64, 2 vol.in-4^). E. H-o.
SÉVIGNÉ (Maeib dk Rabutih^
Chantal, marquise de). L'acte de nais-
sance de cette femme illnstre, trouvé
récemment par M. Ravenel , établit
qu'elle est née à Paris, en février 1626.
Petite-fille de sainte Frémiot deChanUl,
orpheline en baè âge, elle dut à l'abbé
Christophe de Coulaoges , son oncle et
son tuteur, de douces années passées à
Sucy, et une éducation solide à laquelle
eurent part Ménage et Chapelain. Cette
éducation fut complétée par la société
polie de la cour de Louis XIII et d'Anne
d'Autriche. La jeune Rabutin- Chantât
y brillait moins par nne beauté régulière
qde par l*éclat de son teint, l'éléganee
de sa taille, la vivacité de sa physiono-
mie, la facilité de son esprit, la sensibi-
lité de son cœnr, la gatté franche de son
caractère. Sa fortune ajontaft encore à ses
qualités, lorsque le marquis Henri de
Sévigné, d'une des plus nobles maisons
de Bretagne, l'épousa le 1*^ aoàt 1644.
De Cette union naquirent Charles de
Sévigné et Françoise-Marguerite, si con-
nue sous le nom de M"^^ deGrignan.
Tous les témoignages s'accordent sur les
torts de Henri de Sévigné envers la mar-
quise. Amant de Ninon et d'autres bea»-
fés moins séduisantes, homme insouciant
et railleur, il avait relégué sa femme en
Bretagne pour se livrer à ses plaisirs en
toute liberté, c On disait, au rapport de
Conrart(Jf^m. mss,), qu'il y avait cette
différence entre son mari et elle, qu'il
l'estimait et ne Taimait point, au lien
qu'elle l'aimait et ne l'estimait point. »
Dès 1651, Henri fdt tué en duel, et
M"* de Sévigné, restée veuve de si bonne
heure, se consacra sans retour à l'éduca-
tion de ses deux enfants.
Elle reparut à la oonr trois ana après
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(266)
SEV
la mort de son mari; mais Tidée qu'elle
s*était faite de ses devoirs de mère lui in-
terdit un second mariage et la mit à l'abri
des séductions de l'amour. Les soupirs
de Turenne et de Gonti, frère du grand
Coudé, ceux du prodigue Fouquet et de
l'impétueux Bussy, a'enrent pas plus de
succès que les vaniteuses avances du che-
valier de Méré et les déclarations ingé-
nieuses du savant abbé Ménage.
M''^' de Sévigné avait une trempe
d'esprit peu commune. Ornement de l'hô-
tel Rambouillet, elle ne fut atteinte par
aucun de ses travers. Les calomnies de
son cousin Bussy l'avaient indignée; mais
elle ne sut plus que le plaindre quand il
fut tombé dans la disgrâce de Louis XIV.
Pendant le procès du surintendant, elle
ne prit pas moins d'intérêt à son sort que
La Fontaine et Péliason, et ses lettres a
Pomponne sont, comme on l'a dit, un
monument de fidélité à l'amitié malheu-»
reuse. Sa grande âme ne faiblit que dans
une circonstance qu'elle n'avait pas pré vue
et qui dura des années, alors que sa fille
(févr. 1671) suivit son époux dans son
gouvernement de Provence : séparation
dont s'applaudit la postérité, douleur ma-
ternelle qui nous a valu dix volumes d'une
correspondance où se révèle à toutes les
pages le cachet de l'originalité la plus
vraie et de la plus inimitable perfection.
Nous ne discuterons pas les reproches
divers qu'on a faits à M°°* de Siévigné.
On n'a pas assez tenu compte, en la ju-
geant, de la rapidité des impressions; on
A trop souvent imputé à son esprit et à
son caractère ce qu'elles avaient de pas-
sager. Ce n'est pas dans des lignes rapi-
dement jetées sur le papier, en vue de
plaire à un parent fier de sa noblesse, à
une fille que charmeront de petites mé-
disances; ce n'est pas dans un mot échap-
pé à son vieil enthousiasme pour Cor-
neille, qu'il faut reconnaître le jugement
et les pensées habituelles de cette femme
extraordinaire. Si l'on surprend dans un
petit nombre de ses pages quelques pré-
jugés de son époque, on y remarque sans
cesse des idées lumineuses, sages, élevées,
toujours exprimées avec bonheur, et tour
à tour avec énergie et grâce , finesse et
simplicité, éclat et naturel. Jamais on
n'a pris avec moins de peine les tons les
plus variés : Bossuet et Montaigne, Ni-
cole et Fénelon, Pascal et La Fontaine,
semblent fondre leurs couleurs pour en
charger la palette de Sévigné. Il est bien
vrai, comme elle le dit, que sa plume a
toujours la bride sur le cou; que ses
pensées f sa plume^ son encre ^ tout voie :
nous en admirons davantage cette abon-
dance d'esprit et de sentiment, de phi-
losophie et d'images, cette aisance ad-
mirable dans l'ampleur d'un style qui
s'ajuste à toutes les idées avec une indi-
cible flexibilité, enfin cet art infini des
nuances qui doivent échapper fréquem-
ment aux étrangers, mais qui reculent les
horizons de l'âme à mesure qu'elles sont
mieux senties.
La seule passion qu'ait eue M"** de Sé-
vigné avança le terme de sa vie. Elle avait
éprouvé de longues fatigues" et de mor-
telles inquiétudes près de M™* de Gri-
gnan longtemps malade ; une peti te* vé-
role l'emporU le 18 avril 1696. On avait
cru à la violation de sa tombe en 1793;
mais on a reconnu qu'elle est encore in-
tacte à l'entrée du chœur de l'aneienne
église de Grignan {voy* Dromk).
Quelques lettres de M"^* de Sévigné
furent publiées en 1696 dans les Afé"
moires f et en 1697 dans la Correspond'
dance deBussy-Rabutin. Le premier re-
cueil parut en 1726 , Rouen et La Haye,
2 vol. ln-12. En 1734, le chevalier de
Perrin en édita 4 volumes auxquels il en
ajouta deux nouveaux en 1737. Ami de
la famille, il trouva dans les communi-
cations de ses membres les éléments d'un
précieux commentaire, et en 1754 il don-
na une édition plus considérable, enri-
chie dénotes et d'éclaircissements, 8 vol.
in- 1 2. Les éditions de l'abbé deVauxcel-
les,1801,10vol.in-12,etdeGrouvelle,
1806, 8 vol. in- 8% ont été complète-
ment effacées par celles de MM. de Mon-
merqqé et de Saint* Surin, Paris, 10 vol.
in-8°, avec portraits, vues tifac-simUe^
1818-19, plus un vol. de supplément
imprimé en 1820. Il faut citer encore
l'édition de M. Gault de Saint-Germain,
Paris, 1823, 12 vol. in-8o, avec 25 fig.; et
celle de Lefèvre, 1843, 6 vol. in-S^».
L'éloge de M™^ de Sévigné fut mis au
\ concours par l'Académie de Marseille, en
, 1774^ une femme^ la présidente Brisson^
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(247)
SEV
renporta le prii. Une femme encore,
M*^ TastUy a été couronDéei en 1840,
par FAcadémie-Françaîse, qui avait pro-
posé le même sajet l*amiée précédente.
Un Sévignianay compilé par l'abbé Bar-
rai, ent dans le dernier siècle plusieurs
éditions. Notre savant collaborateur
M. Walckenaêr a publié des Mémoires
touchant la vie et les écrits de Marie
de Rabuiin'^Chantaly dame de Bour^
bitlfj marquise de Séçigné^ durant la
Bégenee et la Fronde^ Paris, 1842-43,
2 Tol. in- 18.
Aux lettres de M™* de Sévigné se
joignent celles qu'on a de M°^^ de Gri-
gnan, de Charles de Sévigné, de M"^*" de
Simiane, de quelques autres membres de
cette famille qui tint le sceptre épisto-
laire pendant plus de 60 ans. Les Cou-
lange ont un article dans cette Encycio*
pédie. En y renvoyant, nous ajouterons
ici quelques lignes sur les descendants de
M°*« de Sévigné. Son fils, né en 1647,
se distingua dans plusieurs campagnes.
Séduit par Ninon comme son père, lié
d'amitié avec les grands hommes de son
siècle, il eut part à la rédaction du Dia-
logue sur les héros de rotnan^ et publia
contre Dacler une dissertation sur un pas-
sage d'Horace. Il mourut sans enfant, le 27
mars 1713. — M'^ deOrignan, née en
J 648, belle et parfaitement élevée, était
une femme d'un grand mérite. La phi»
losophie de Descartes allait à son esprit
sérieux, les dogmes de Port- Royal à son
cœur froid, et sa gravité contrastait avec
l'enjouement de sa mère. L'opposition
d*hnmeur8 troubla quelquefois leur af-
fection réciproque ; mais il n'y eut jamais
entre elles que de ces légers nuages qui
s'élèvent dans le cours d'une longue pas-
sion. La différence de leurs caractères se
retrouvait dans leur correspondance :
malheureusement nous avons très peu de
lettres de M"^^ de Grignan, qui mourut
le 13 août 1705. L'une de ses filles,
Pauline, marquise de Simiane, née en
1674, fut Tidole de sa grand* mère, qui
la disait, dès 1679, a une personne ad-
mirable, une petite fille à nunger. » On
a d'elle, outre une centaine de lettres
auxquelles La Harpe trouve un air de
famille, quelques vers assez jolis, et des
opuscules dont le plus long est le badt-
Bneyelop^ d. G, d, M. Tome XXL
nage intitolé : Le coeur de Loulou, Elle
mourut le 2 juillet 1737. J. T-v*s.
SÉVILLE, grande ville d'Espagne,
capitale de la province de son nom, ainsi
que de toute l'Andalousie {voy.)^ est une
des plus anciennes cités de l'Europe. Elle
s'étend au milieu d'une campagne superbe
sur la rive gauche duGuadalquivir {voy,)^
qui la sépare du faubourg de Triana, avec
lequel elle communique par un pont.
Elle a dans son ensemble près de 6 lieues
de circuit, et son enceinte est formée pi^r
une double muraille, flanquée de 150
tours. Élevée en partie sur pilotis, à cause
de la nature marécageuse du sol, elle ne
renferme généralement que des rues tor-
tueuses,étroiteset mal pavées. Qui n'a vu
Sépilley n'a pas vu de merveille ^ disent
les Espagnols, généralement un peu amis
de l'emphase; mais si l'aspect intérieur de
la ville ne répond pas som tous les rap»
ports à ce dicton de l'orgueil national,
celui-ci n'en est pas moins justifié par la
splendeur imposante d'une partie des
monuments de cette vieille métropole,
qui rivalise à cet égard avec Grenade et
Cordoue. Parmi ses 30 églises, on ad-
mire la magnifique cathédrale, chef-
d'œitvre de l'art mauresque, et la plus
grande de l'Espagne : on ne compte pas
moins de 82 autels dans l'intérieur de ce
temple somptueux, riche en tableaux et
en mausolées , parmi lesquels le plus vif
intérêt s'attache à celui de Qiristophe
Colomb .Un orgue superbe réclame de son
côté l'attention. La flèche qui domine l'é-
glise, connue sous le nom de la Giralda
(girouette), a 374 pieds d'élévation. L'es-
calier par lequel on y monte offre une
pente si douce qu'on peut arriver à che-
val jusqu'au sommet de la tour. Parmi
les autres monuments qui attestent l'éclat
dont Séville jouissait au temps des rois
maures, la première mention appartient
à l'Alcazar, leur antiuue palais de rési-
dence, remarquable par l'élégante bizar-
rerie de son architecture, par ses orne-
ments et par ses jardins. C'est dans ce
même édifice que l'inquisition établit, en
1478, son premier tribunal. Le. vaste
aqueduc, autre ouvrage des Maures, se
compose de 400 arches. La Bourse, dite
Lonja^ est un bâtiment de belle appa-
rencc; qui renferme le dépôt des archives
17
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(258)
SEV
de toutes les découvertes espagnoles en
Amérique» La vaste manufacture royale
de tabac est la seule du royaume; elle
a été établie en 1757. Le palais de Tar-
chevéque, Fbôpital de la Sangre, un des
plus grands qui existent, l'hotel-de-ville,
la monnaicyla fonderie royale d'artillerie,
méritent également de fixer les regards.
L'université, fondée en 1504, est Une
des plus fréquentées de TËspagne et com-
prend une bibliothèque die 20,000 vo-
lumes. Séville possède en outre une aca-
démie des belles* lettres, une école des
beaux- arts, une école royale de naviga-
tion, connue sous le nom d'école de
Saint-*£lme, 9 collèges, etc.; enfin une
école de tauromachie instituée par Fer-
dinand VU , le seul établissement de ce
genre dans le monde, où Ton exerce
spécialement aux combats de taureaux
dix élèves entretenus aux frais de Tétat.
L'arène destinée à ces divertissements
sanglants du peuple espagnol est conte-
nue dans un vaste amphithéâtre, construit
moitié en bois, moitié en pierres de taille,
et présente un diamètre de 240 pieds.
L'Âlaméda est une délicieuse promenade,
ombragée de belles allées et embellie par
des jets d'eau*
Séville est le siège de Vaudiencia reai,
tribunal suprême de l'Andalousie. Cette
ville qui , aux temps de sa plus grande
prospérité, passait pour avoir une popu-
lation de 400,000 hab. , n'en compte
plus maintenant que 96,000. Ses fabri-
ques de soieries et de draps étaient autre-
fois très florissantes, mais cette industrie
aussi y est aujourd'hui tombée en décaden-
ce. Séville a un port où s'est trouvé con-
centré pendant quelque temps le mono-
pole du commerce du Nouveau-Monde ^
Les plus gros bâtiments, en remontant le
Guadalquivir , y apportaient alors direc-
tement leurs riches cargaisons; mais peu
à peu les sables se sont tellement accumu-
lés dans le lit du fleuve , qu'il n'est plus
accessible à cette hauteur que pour de
petits navires; tous ceux dont le port
excède 100 tonneaux doivent être main-
tenant déchargés à San-Lucar de Barra-
méda, à l'embouchure du fleuve. La dé-
(*) On sait que Christophe Colomb est parti
pour 80Q voTage de décoaverte da port de ^•
lot, petite vUle de la province de Séville. S.
cadence du commerce de SévîUe date da
xvu^ siècle. La formation de la compa-
gnie royale pour la navigation à la va-
peur sur le Guadalquivir , établie dans
cette ville depuis 1827, tend néanmoins
à y ranimer l'activité commerciale,
£n suivant une route bordée de déli-
cieux jardins et parsemée de bosfqu^
d'orangers, hors de la ville, on arrive an
village de Saint-Ponce, où l'œil est frap-
pé par les ruines d'un amphithéâtre qu'a-
voisinent une foule d'autres débris. Il est
probable que ces restes marquent rem-
placement de l'ancienne lialica des Ro-
mains, aujourd'hui nommée par les ha-
bitants Sevilla la vieja^ qui se glorifiait
d'avoir donné le jour à Trajan, à Adrien
et à Théodose. On y montre encore la
maison en ruines du premier de ces em-
pereurs.
Suivant la tradition, Séville aurait été
fondée par Hercule. Son nom était pri-
mitivement Hispalis ou Spalis, Les Mau-
res auraient, s'il faut en croire les éty-
mologistes, transformé Spalis en Sbilia^
d'où serait finalement résulté le nom de
Seçilla, Après la dissolution du khalilat
de Cordoue, Séville eut des rois maures
particuliers depuis 1023; pais elle s'éri-
gea en république en 1236, et se gon^
verna elle-même jusqu'en 1248, époque
où Ferdinand III, roi de Casiille, la sou-
mit à sa domination. An xvi^ siècle, elle
devint le principal foyer des sciences, des
lettres et des arts dans la péninsule ibé-
rique. Les peintres Yelasqnez et Murillo
y ont formé une école. Dans ces derniers
temps (1843), insurgée contre l'autorité
d'Ëspartero, à qui elle refusait d'ouvrir
ses portes, Séville a subi un bombarde-
ment ; mais sa résistance força le régent
à quitter TEspagne. Le nouveau gouver-
nement de la reine récompensa la con-
duite héroïque des habitants par des dis-
tinctions honorifiques. Ch. Y.
SEVRAGE. C'est le temps où se ter-
mine Tallaitement, soit naturel, soit ar-
tificiel , et où l'enfant , dont les dents se
sont développées, commence à prendre
une nourriture de plus en plus solide.
Ce changement doit se faire par une
douce transition plutôt que d'une ma-
nière subite, et Û s'opérerait presque
spontanément ai on se hwait âUar da-
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(259)
SEV
yantage aux indications de la nature. Au
lieu de cela, souvent d'après des vues pu-
rement théoriques, le sevrage est avancé
ou retardé au détriment de Penfanl , ou
tout au moins sans profit pour lui.
Bien que dans les premiers mois dé la
TÎe le lait de la mère ou de la nourrice
doive généralement suffire aux besoins
de Penfant , et que la nourriture étran>
gère doive être donnée avec réserve, pour
ne pas amener un accroissement anormal
et maladif y il est bon , vers le sixième
mois, d'associer au lait quelques potages
légers au pain ou aux pâtes , un peu de
bouillie même y pourvu que le tout soit
bien préparé , observant toutefois que
les digestions se fassent d'une mauière
régulière, sans vomissements et sans éva-
cuations surabondantes. Quand l'enfant
est délicat, et que le lait de la mère est
faible ou peu abondant, il devient utile
d'administrer quelques cuillerées de vin.
On augmentera la proportion des ali-
ments solides lorsque les dents se seront
développées^ évitant toutefois le moment
de leur sortie, où se manifestent d'ordi-
naire des symptômes inflammatoires.
L'apparition successive des dents mon-
trera ce qu'on doit faire sous le rapport
de la viande, dont généralement l'usage
doit être modéré.
En procédant de cette manière, le se-
vrage se fait tout seul \ l'enfant, bien repu
le soir, cesse de téter pendant la nuit;
dans la journée , étant distrait , il cesse
de jour en jour de rechercher le sein, et
finit par le refuser tout-à-fait. C'est du
12^ au 15* mois que les choses se pas-
sent ainsi en général. Il y a peu d'avan-
tage à prolonger l'allaitement au-delà ^
comme le font quelquefois les mères par
une tendresse mal entendue. Plus tôt, le
sevrage , arrivant au milieu du travail de
la dentition, ajoute aux embarras de cette
époque.
Il peut cependant se présenter des cas
où l'on est obligé de sevrer brusquement
et où l'on ne peut pas donner une nour-
rice. On éprouve alors beaucoup de dif-
ficultés pour accoutumer l'enfant à une
nouvelle nourriture, et sa santé en rççoit
souvent une atteinte d'autant plus fâ-
cheuse qu'on est plus près de la nais-
sance. C'est pourtant ainsi qu'on procède
dans divers pays où l'on nourrit les en-
fants au petit pot dès le début (yoy. Al-
laitement artificiel).
Relativement à la mère, le sevrage gra-
duel n'a aucun inconvénient, la sécrétion
laiteuse ayant diminué peu à peu et d'une
manière presque insensible. Il n'en est
pas de même lorsque l'enfant cesse bms-
quement de téter , et qu'une évacuation
aussi abondante se trouve tout à coup
interrompue. Des maladies graves et va-
riées peuvent se manifester alors si l'on
ne suscite upe puissante révulsion sur le
canal intestinal ou sut* la peau, en même
temps qu'on diminue la quantité des ali-
ments. F. R.
SÈVRES (d^partemeht des Deux)-.
Borné à l'est par le dép. de la Vienne ,
au sud par les dép. de la Charente et de
la Charente-Inférieure, à l'ouest par ce^
lui de la Vendée , et au nord par celui
de Maine-et-Loire ( voy. ces mots ), il
reçoit son nom de deux rivières qui y
prennent naissance, dont l'une, désignée
sous le nom de Sèvre Nantaise ^ se dirige
au nord vers la Loire, et l'autre, appelée
Sèvre Nlortaise , a un cours très étendu
dans le midi du dép., devient navigable
au nord, et se réunit à la Vendée dans
le dép. de ce nom. D'autres rivières pren-
nent naissance dans le dép. des Deux-
Sèvres : tels sont le Choué, la Vendée et
la Boutonne. L'intérieur forme un pla-
teau qui sépare la Gatine , ou la partie
montueuse et septentrionale du dép., de
la Plaine , nom sous lequel on comprend
tout le midi, où, au lieu de collines, on
trouve des marais et des étangs. L'arron-
dissement de Niort repose presque entiè-
rement sur le calcaire jurassique que l'on
emploie aux constructions , et dont la
partie supérieure, facile à tailler, sert à
faire les grands vases à lessive appelés
ponnes. Le dép. a une superficie de
607,350 hect., ou près de a07 \ lieues
carrées, dont les deux tiers, c'est-à-dire
404,355 hect., sont des terres laboura-
bles, 74,953 des prés, 20,893 des vignes,
et 36,090 des bois. Environ 23,000 hecU
ne présentent que des landes et bruyè-
res. On élève beaucoup de bestiaux, de
chevaux et de muleta pour l'exportation^
on engraisse des porcs et des volailles \
on recueille 400,000 kilogr. de laine ,
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SEX
et Ton fait 300,000 hectol. de vins, qui
touufois sont de qualités ordiDairea,
d'eau-*de-vie et de vinaigre. On exporte
aussi de ce dép., en partie très fertile et
bien cultivé, des grains et farines, et du
bois. Les rivières et les étangs donnent
beaucoup de poissons. Quant à l'indus-
trie, elle porte principalement sur la
tannerie, la mégisserie et la ganterie, sur
la distillerie , le tissage des draps et ser-
ges, et la papeterie ; on exploite des mi-
nes de fer , et on apprête ce métal dans
les forges de la Meilleraye. Il y a des car-
rières de marbre, de granit et de pierres
meulières; les environs de Celles don-
nent des cristaux de quartz, et les envi-
rons de Niort des calcédoines. Il y a des
eaux minérales à Bilazab, à Saint-Léger
de Montbrun et à Fontadan.
Le dép. des Deux- Sèvres se divise dans
les 4 arrondissements de Niort, Bres-
suire, Melle et Parthenay, ayant ensem-
ble 31 cantons et 355 communes, avec
une population de 310,203 âmes en
1841. En 1836, on Tavait évaluée à
304,105 habitants. En voici le mouve-
ment pendant cette même année : nais-
sances, 8,22 1 (4,278 masc., 3,943 fém.),
dont407ilLégitime9;décès, 5,007(2,563
masc, 2,444 fém.); mariages, 2,521.
Chacun des 4 arrondissements nomme
un député; au 9 juillet 1842, il y avait
1,788 électeurs. Le dép. fait partie du
diocèse de Poitiers et de la 12* division
militaire , qui a son quartier général à
Nantes ; ses tribunaux sont du ressort de
la cour royale de Poitiers, et ses établis-
sements d'instruction dépendent de l'a-
cadémie de la même ville. Pour les ré-
formés, il y a cinq églises oonsistoriales et
quinze écoles. Le dép. paye 1,466,063 fr.
d'impôt foncier.
Niort^ chef- lieu du dép., est une ville
ancienne, peuplée de 18,199 âmes. Si-
tuée sur la Sèvre Niortaise, elle a de
grandes casernes, une salle de spectacle,
utke bibliothèque, un hôpital, des halles
et un jardin de botanique. On y fabrique
beaucoup de souliers ; son angélique est
renommée. Cultivés en jardins , les en-
virons donnent un produit annuel de la
valeur de 250,000 fr. A quelques lieues
de là, et sur la même rivière, est la ville
de Saint-Maizent (4,214 hab.) avec on
vieux cbâtetn. La ville de Bressuire, sur
l'Argenton,a 1,894 hab. ; elle était plus
considérable autrefois; et le bourg d'Ar^
genton-Château (566 hab.}, privé de l'é-
difice qui lui a valu son surnom , pré-
sente la même décadence; ces lieux, ainsi
que Châtillon-sur-Sèvre (1,060 hab.),
ont été ravagés dans la guerre de la Ven-
dée. Thouars, ville de 2,275 hab., sur le
Thoué, est dominée par un vaste château
qui a appartenu à la famille de la Tré-
moille ; la ville possède un hôpital et un
hospice. Melle, sur la Béronne, a 2,724
hab.; c'est une ville mal bâtie, mais agréa-
blement située. Parthenay, ancien chef-
lieu de la Gatine, ville de 4,288 hab., a
été ravagée aussi pendant la révolution.
Un des lieux les mieux bâtis du dép. est la
petite ville d'Airvault (1,923 hab.}, sur le
Thoué. liCS châteaux abondent dans ce
pays; on remarque surtout celui de la
Meilleraye, qui a 16 pavillons et 365
fenêtres ; celui de Murzay, sur la Sèvre,
ceux d'Ouoiron et deCoulaoge. Ce dép.,
ayant fait partie de l'ancien Poitou , a
des antiquités d'une date plus reculée ;
ainsi on y trouve plusieurs monuments
primitifs et sans doute religieux {voy.
Druidiques} des Gaulois, tels que la
Pierre- pèse auprès de Limalonge, des
dolmens auprès de Thouars, et des pier-
res-levées auprès de Saint-Maixeot. Une
société de statistique, formée à Niort, a
publié des Mémoires intéressants dans la
Revue littéraire de l'Ouest. On peut
consulter aussi avec fruit la Statistiqueàt
ce dép. par l'ancien préfet Dupin. D-c.
SEXE, Orgaves sexuels. Ce n'est
qu'à un certain degré d'organisation que
la sexualité se manifeste , et ce n'est
que dans les êtres complets que les orga-
nes sexuels apparaissent et fonctionnent
d'une manière évidente et distincte. Dans
l'hétérogénie ou production de corps vi-
vants par des êtres ou substances d'une
nature différente de la leur, il est tout na-
turel qu'on ne recherche point la sexiu-
lité; elle ne se montre pas non plus dans
Fhomogénie monogénique où un indi-
vidu produit un individu qui lui res-
semble : ce n'est que dans Thomogénie
digénique que deux séries d'organes de-
viennent nécessaires à la production d'un
nouvel être semblable à ses parentsji loit
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SEX
(261)
SEX
que ces appareils sexuels se trouvent réu-
nis sur le même sujet (fleurs monoïques),
on séparés sur le môme pied (fleurs iliol-
ques) , soit enfin que les organes mâles
et les organes femelles soient portés
sur des individus complètement séparés,
comme on le voit dans les palmiers et
dans le plus grand nombre àts animaux.
L'idée de sexe entraîne celle de la sé-
paration complète des organes génitaux,
et les deux parties de cette dichotomie
sont le sexefémirdn qui possède le germe
du nouvel individu , et le sexe masculin
qui lui donne en quelque sorte Fimpul*
sion vitale nécessaire à son évolution.
Mais, dans les animaux supérieurs, le
caractère sexuel ne se borne pas aux par-
ties spécialement destinées à la reproduc-
tion : il s'imprime à Forganiime tout en-
tier, et se fait reconnaître à des variétés
de forme , de volume et de consistance
connues de tout le monde. Il modifie
également les passions et les affections ,
et se retrouve dans tous les actes de la
santé et de la maladie. Gela est tellement
vrai qu^on voit ces caractères s'effacer,
et une sorte de transformation s'opérer
chez l'homme à la suite de la castration
{voy. ce mot et Eunuque), et chez les
femmes, lorsque l'âge du retour a en quel-
que sorte anéanti l'influence de la fonc-
tion génératrice, comme aussi chez les
sujets de sexe équivoque et incomplet
qu'on désigne vulgsirement sous le nom
à^ hermaphrodites {voy, ce mot).
Les organes sexueb étudiés dans les
diverses classes d'êtres qui en sont pour-
vus présentent d'innombrables variétés,
à commencer par l'étamine et le pistil
dans les végétaux , et en s'élevant par
degré jusqu'à l'espèce humaine. Là exis-
tent deux appareils organiques bien sé-
parés , l'un destiné à la production et à
la fécondation du germe, l'autre ayant
pour objet de le développer. Nous ne
pouvons ici qu'indiquer rapidement les
diverses parties de ces appareils, et en
signaler les fonctions. Chez la femme,-
l'appareil sexuel est renfermé dans le
bassin, cavité osseuse faite pour le proté-
ger, tandis que chez l'homme, il est pres-
que entièrement situé à l'extérieur. Les
ovaires {vojr,)y au nombre de deux , four-
nissent Fœuf qui, descendant par la trom-
pe, pénètre dans V utérus (voy.), organe
creux, dilatable et contractile, qui com-
munique à l'extérieur par un canal mem-
braneux appelé le vagin. Chez l'homme,
les organes sexueb, ayant des fonctions
essentiellement limitées, occupent moins
d'espace. Le testicule^ organe pair, four-
nit le sperme fécondant, qui va se déposer
et se perfectionner dans la vésicule sémi-
nale, d'où il est excrété et porté à sa des-
tination au moyen du pénb, cylindre so-
lide pourvu d'un canal qui sert également
à l'expulsion de l'urine. C'est aux articles
GiÉKKaATiON et autres qu'on y trouve in-
diqués , qu'il faut chercher les détails
relatifs à la part que prennent les sexes
dans ces actes importants. Il faut consul-
ter aussi l'art. Femme pour connaître les
différences que le sexe suscite dans l'or-
ganisme tout entier. F. R.
SEXTUS EMPIRICUS, sceptique
célèbre de la fin du ii* siècle de l'ère
chrétienne, vraisemblablement d'origine
grecque , vécut à Alexandrie et à Athè-
nes, et fut disciple d'Hérodote de Tarse.
Il unissait beaucoup d'esprit à beau-
coup d'érudition. Il fut surnommé Em"
piricus parce que , comme médecin, il
appartenait à l'^le empirique qui flo-
rissait à cette époque. Aucun écrivain de
l'antiquité n'a présenté le scepticisme
d'une manière plus lumineuse; personne
n'en a développé le principe, la méthode
et le but plus clairement que lui. Son
unique mérite, d'ailleurs, c'est d'avoir
recueilli et dbposé convenablement les
maximes et les conclusions des sceptiques
antérieurs, surtout d'Énésidème {vojr^) ;
il n'a rien tiré de son propre fonds, tout
au plus a-t-il appliqué les résultats ob*
tenus aux problèmes agités de son temps.
Toutefob, comme il s'est attaché princi-
palement à combattre les systèmes phi-
losophiques, sans dédaigner souvent, il
est vrai , de recourir au sophisme , ses
écrits sont d'une grande importance pour
la connaissance de la philosophie grec-
que. Il nous reste de lui deux ouvrages,
dont l'un : PyrrJioniœ hypotyposes, est
on développement, et l'autre : Adversus
mathematicoSf une application des doc-
trines de Pyrrhon {voy.). Ce dernier ou-
vrage est divisé en 2 parties dont la 2«,
en y livres, est dirigée particulièrement
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SEY
(262)
SFO
contre les philosophes. Tous les deux ou-
vrages ont été traduits du grec en latin ,
et publiés pour la 1'* fois par Henri
Estienne et Hervet (Anv. , 1 569 et 1 60 1 ),
et réimpr. à Paris avec le texte grec, en
1631. La meilleure éd. est celle de Fa-
bricius(Leipz., 1718,in-fol.). LesHypo-
ty poses ont été trad. en franc., Paris,
1725, ln-15. C. L.
SETCHELLfiS (îles) ,* groupe de
trente îlots, situé dans Tocéan Indien, et
formant comme une dépendance de Pile
Maurice; groupe très important, dit
M. Balbi, par sa position centrale pour
le commerce de Phémisphère austral ,
par ses ports excellents et par la culture
desépicesqui est très- florissante. Les plus
grandes des Seychelles et les seules ha-
bitées sont: Mahé, avec la ville du même
nom renfermant près de 6,000 hab.,
Praslin et La Digue ; les autres ne sont
guère que des rochers couverts de sable.
Le climat en est assez doux; on y cultive
toutes sortes de fhiits , la canne à sucre,
le café ; et Ton y trouve une grande quan-
tité de tortues. Découvertes par un Fran-
çais qui leur a donné son nom, les Sey-
chelles ont été cédées à l'Angleterre
en 1814. X.
SEYDLITZ (FaiDiiEiG-GuiLLAUME
de), général de cavalerie qui s'est fait un
grand nom dans la guerre de Sept- Ans
iyoy.)^ surtout par la part glorieuse qu'il
prit aux batailles de Rossbach et de
Kunersdorf. Né d^une famille noble à
Clèves, en 1722, il mourut en 1773, et
ÎQi enterré dans sa terre de Silésie. On
lui a érigé une statue en marbre blanc
sur la place Guillaume à Berlin. Z.
SEYMOUR , ancienne famille dont
la célébrité en Angleterre date du règne
de Henri VIII et de ses successeurs. Sir
John Seymour de Wolfhall, dans le
Wiltshire, eut trois enfants : 1* jEAimE
Seymour, fille d'honneur d'Anne de Boo-
len {voy,)^ et qui lui succéda dans le cœur
de l'inconstant monarque. Mariée au roi
le 20 mai 1536, le lendemain même de
l'exécution de sa rivale, elle en eut un
enfant dont la naissance lui coûta la vie
(12 octobre 1537), et qui régna après
la mort de son père sous le nom d'E-
douard VI {voy. ce nom). 2* Edwaed
Seymour^ protecteur sous le règne de
son neveu, avec le titre de lord So-
merset {voy,) sous lequel il est plus
connu. Ses trois filles Anna , Maegue-
EiTECt Jeanne Seymour, furent célèbres
par leur talent pour fa poésie. Les vers
qu'elles composèrent sur la mort de Mar-
guerite de Valois, sœur de François 1^%
furent traduits en français, en grec, en
italien, et imprimés à Paris en 1551,
in-8^. 3^ Sir Thomas Seymour, lord
SuDLEY, frère puîné du précédent, nom-
mé lord grand-amiral en 1547, épousa,
en mars 1548, Catherine Parr, veuve de
Henri VIII, et , après sa mort , essaya à
plusieurs reprises d'obtenir la main de la
princesse Elisabeth. Hume le dépeint
comme un homme supérieur au protec-
teur par ses talents, mais d'une ambition
insatiable, et ne se faisant pas scrupule
de troubler l'état pour conquérir la part
qu'il croyait lui être due dans le gouver-
nement du royaume. Mécontent de n'être
que conseiller privé, quand il voyait son
frère à la tête de l'administration, il ca-
bala contre lui et essaya de se faire nom-
mer gouverneur du jeune roi. Ses menées
coupables furent enfin déférées par le
protecteur au parlement qui le condamna
à mort. L'exécution eut lieu à la Tour, le
20 mars 1549. Le titre de lord Seymour
est actuellement porté par le fils aîné du
duc de Somerset, Édoua&d- Adolphe, né
le 20 octobre 1 804 , et membre de la
Chambre des communes. R-t.
SFORZA, nom d'une célèbre famille
italienne, qui a joué un grand rôle dans
le XV® et le xvi® siècle, a donné six
ducs à Milan et s'est alliée aux premières
maisons souveraines de l'Europe. Elle fut
fondée par un paysan de Gotignola,dans la
Romagne, nommé Giacomo ATTENDOto,
qui, par son intelligence et son courage,
réussit à se placer parmi les plus fameux
condottieri de l'Italie. Las de sa vie ob-
scure et pénétré du sentiment desa force,
il se mit à la tête de quelques hommes et
offrit ses services au roi de Naples. En peu
de temps , il acquit une telle puissance
qu'il fut le principal soutien du trône de
Jeanne tl. Le comte Albéric deBarbiano
lui donna le surnom de Sforza^ par allu-
sion à sa violences et à Pempire qu'il
exerçait
n laissa , en mourant, ses bandes dé-
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SFO
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SGR
vùoém à son fib F^ApcKSCOf no» moins
brave que lui. Fraocesco sut bientôt se
rendre si redoutable que le ducde Milan,
Philippe Marie Visconti (vor*)» lui don-
na sa fille en mariage et lui confia le com-
mandement en obef de ses troupes dans
la guerre contre Venise. A la mor| de
son beau -père, en 1447, Franoesco»
résolu de faire Takûr les droiu que sa
femme Bianca pouvait avoir au trène,
ooncint la paix avec Venise, marcha sur
Milan et força par la famine les habiunts
à se rendre. Élu duc en 1448, il devint
la souche dVne famille qui n'hérita ni de
son habileté ni de sa fortune.
Il eut pour suecessenr, en 1466, son
fils GAL^Az-MAaiB, prince cruel et vo-
luptueux, qui fut assassiné en 1476.
Chassé du trène par son oncle, Louis-
k-Maure, son fils JzàX'QàJsàAz s'allia
avec le roi de France Charles VIII et lui
ouvrit, en 1494, la route du royaume de
Naplea. Mais étant entré plos tard dans
la ligne contre la France, il fut déposé,
en 1499, par Louis XII. Les Suisses le
rétablirent sur son trône l'année même.
Louis XII rentra donc en Italie, détacha
de Ini les Suisses, s*empara de sa personne
et le fit enfermer dans le château de Lo-
nhes où il monmt, en 1610.
Son fils MAxnuuEV parvint, avec le
•eoours des Suisses, à chasser encore une
fois les Francis en 1512; mais après la
bataille de Marignan, il lui fallut aban-
donner ses états à Françob I^^, et se
oonlenter d'une pension annuelle. Lors-
que Charles-Quint eut reconquis le Mi-
lanez, il en investit le frère de Maximilien,
Feàsçou, qui monrnt le 24 oct. 1636.
Cmq ans plus tard, l'Empereur donna
Milan à son fils Philippe II d'Espagne.
Le premier des Sfora, Giaoomo, avait
Imsaé un fils naturel, ALSKAiiDaE, né en
1409 , mort en 1473 , et l'un des plus
fameux capitaines de son temps, qui fut
le Ibndatrâr de la ligne collatérale des
sèignenrs de Passano. Cette ligne s'étei-
gnit, en 1691 , en la personne de Jsax
Sforza que César Borgia dépouilla de ses
états pour le ponûr d'«voir répudié sa
scBur Lucrèce.
Une amlre ligne collatérale dont les
membres ponaimitle titre de princes ro-
mainsy a'eat étninU, au noitdemai 18S2y
dans la ligne masculine , en la personne
du jeune duc Cesarini. C. X.
S'GRàVESâNDE (GuuxAmxJAO
QQEs Ykv)f philosopheet mathématicien,
né le 27 sept. 1688 a Bois*le-Duc en
Hollande, descendait d'une ancienne fa-
mille patricienne de Delft. Il étudia à
Leyde la jurisprudence qu'il abandonna
bientôt pour s'occuper plus spécialement
des sciences physiques et mathématiques.
Il n^avaitque 19 ans lorsqu'il publia son
Essai sur ta perspective, et ce premier
ouvrage lui valut 1^ éloges de Bernoulli.
Reçu docteur en droit en 1 7 07, il vint à La
Haye et suivit le barreau; puis, de 1713
à 1722, il rédigea avec plusieurs jeunes
savants hollandais le Journal littéraire
qni fut plus tard transporté à L^yde et
continué sons le titre de Journal de la
répuklique des lettres. Si cette publica-
tion se pla<{a à un haut rang dans l'estime
du mondes^vant, ce ait certainement en
grande partie à la oollaboration de S'Gra-
vflsande qu'elle le dut. Ses dissertations
mathématiques étaient en ^ffet aussi pro-
pres à intéresser les mathématiciens, que
ses considérations sur la liberté à fixer
l'attention des philosophes. En 1 7 1 6, il
fat nommé secrétaire d'ambassade è Lon-
dres, et en 1717, professeur de mathé-
matiques et d'aslronomie à Leyde, chaire
à laquelle il réunit dans la snile celle de
philosophie. Il moamt dans cette der-
nière ville, le 28 Céarr. 1742. Doué d'une
sagadté extrême et d'âne grande profon-
deur d'espiit, S'Gravesand^ était en état,
au milieu daia société la |4us bruyante,
de résoudre les problèmes les plua diffi-
ciles de mathématiques. Plusieurs fois il
refusa des places avantageuses pour res-
ter dans sa patrie qu'il ehénssait. Admi-
rateur de Newton, son respect n'allait pas
toutefois jusqu'à adopter sans examen
tontes ses opinions. En philosophie, il
combattit le fatalisme de Spinoza et de
Hobbes. Ses OEuvres ont été pubUées à
Amsterdam, 1774, 2 vol. in-^. C. L,
sa AFTESMJHY ( Aifrom àxiast
CoopOL, comte db), né le 22 juillet
1621, orateur, homme d'état, minisirey
il fut mêlé, en Angleterre, à tons lea
événements d'une époque £ftoonde en
révolutions et en intrigues. Il descendait
par son père 4ee ïCo^cr da oomié de
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Haols, et par sa mère des Ashley chi
comté de Dorset. Orphelin à 13 ans , il
commença son apprentissage de la vie
par disputer son patrimoine à des créan-
ciers et à des'parents avides ; à 19 ans,
il était éla membre de la Chambre des
communes; à 23 ^ il avait déjà groupé
autour de lui un parti. La guerre cirile
commençait, et son génie pour l'intrigue
trouva bientôt matière à s'exercer. II se
présente d'abord à la royauté comme né-
gociateur d'une alliance avec les gentils-
honuncs de province ; repoussé comme
un auxiliaire trop dangereux, il se donne
an parleoienty reçoit le commande-
ment d'une brigade, et, après plusieurs
expéditions heureuses, il se fait nom-
mer juge de paix dans le comté de Dor-
set où, fort d'une magistrature popu-
laire et de son crédit personnel, il at-
tend les péripéties du drame sanglant
qui se joue à Londres. Gromwell essaya
de se l'attacher comme grand- chance-
lier, mais le jeune magistrat refusa de se
compromettre, et réélu au parlement
malgré l'opposition du protecteur, il se
trouva, à sa mort, libre de tout enga-
gement. Avec la sagacité politique qui
le caractérisait, il avait prévu de longue
main la réaction qui allait s'opérer en
laveur de la royauté, et si Monk (voy-)
fut l'instrument de la restauration, on
peut dire que sir Ashley Gooper eu fut
l'âme. Aussi fut-il comblé de faveurs par
Charles II, qui le nomma membre du
conseil privé, gouverneur de l'Ile de
Wight , lord-lieutenant du comté de
Dorset, comte de Shaflesbury, en avril
1672, et enfin, le 4 novembre suivant,
grand -chancelier d'Angleterre. Mais
quoiqu'il parût appuyer de son nom et
desapotition officielle la politique réac-
tionnaire de la royauté restaurée, un
noyau d'opposition ne tarda pas à se for-
mer autour de lui dans la Chambre
haute, et, pendant plusieurs années il
donna le singulier spectacle d'un minis-
tre du roi influent auprès de set collè-
gues, personnellement agréable au mo-
narque, qui faisait échouer la plupart des
mesures du gouvernement, et parfois
celles même qu'il avait proposées en qua-
lité d'organe de l'administration. Ainsi
il s'opposa au bill qui plaçait les oorpo-
ratioiM sons la maki du- roi, à l'abandon
de Dunkerque, à la guerre de Hollande.
Membre du ministère de la cabale (voy,)
qui consomma l'alliance vénale de la
France et de la Grande-Bretagne, il sut
échapper au soupçon de corruption qui
atteignait des noms respectés {voy, Rus-
SELL et Siditey); indifférent en matière
de croyance, il eut l'art de se poser en
défenseur zélé de l'Église protestante.
C'est à ce titre qu'il fit repousser le statut
de non-conformitéy et adopter celui du
test qui donna tant d'embarras à Jac-
ques II, et mit pendant un siècle et demi
les catholiques hors de la constitution.
Enfin, quand il vit la Restauration mar-
cher à sa perte, il déposa les sceaux et
tira l'épée, comme il ledit à son succes-
seur (nov. 1678). Dès lors il devint le
chef avoué de l'opposition à la Chambre
des lords, y combattit la doctrine de l'o-
béissance passive, exploita le complot
papiste et contribua puissamment au bill
d'exclusion (voy. Jacques II). Malgré
ces actes, malgré une décision récente du
parlement, qui l'avait condamné à l'a-
mende honorable et à la prison , il eut
encore assex de crédit pour se faire nom-
mer, en 1672, président du nouveau
conseil privé qui dota l'Angleterre du
fameux bill de V/u^beat corpus (voy,).
Arrêté de nouveau, en juillet 1681, sons
la prévention du crime de haute-trahi-
son, mais acquitté par le jury, il fut im-
pliqué peu de temps après dans la con-
spiration du duc de Montmouth (voy.)j
et se réfugia en Hollande où il mourut
le 2 janvier 1688. M. Manyn a publié
à Londres, en 1837, des Mémoires sur
la vie de Shafteshury^ d'après des pa-
piers de famille.
Antoine Ashlbt Coopee, comte de
Shaftesbury, petit-fils du précédent,
naquit àLondres le 26 févr. 1671. H fut
élevé par son grand-père et par le célè-
bre Locke. Ce fut dans leurs leçons et
dans un commerce suivi avec Rayle, qu'il
puisa cet esprit pénétrant et libre qui
l'a fait proclamer par Voltaire un des
plus hardis philosophes iie l'Angleterre.
Il fut membre du parlement et assez en
crédit près du roi Guillaume qui lui of-
frit une place de secrétaire d'état. Mais
il refusa, et sa carrière politique n'offre
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gnère d^lnddents remarquables, si ce
n'est la part qu'il prit au bill tendant à
iaire accorder un conseil aux accusés de
haute trahison, à Pacte de partage de
1701 9 et à la grande coalition de Tannée
auîvante. Le reste de sa vie fut rempli
par des voyages en Hollande, en France,
en Italie, où il mourut le 4 févr. 1713,
et par la publication de divers ouvrages,
dont le plus célèbre est intitulé : Cha^
racteristicks qfmen^ mannerSyOpinionSy
times^ trad. en franc., 1 77 1 , 3 vol, in-8**.
Voltaire, Diderot et Pope ont beaucoup
emprunté aux opinions philosophiques
de Shaûesbury, qui ont été réfutées par
Leibniu, Berkeley et Warburton.
C&OPLET AsHLEY CooPBR, cinquième
comte de Shaftesbury, né en 1768, est
président des comités dans la Chambre des
lords. R-T.
SHAKSPEÂRE (William), naquit
àStratfordsur TAvon, le28avril 1664,
et mourut dans la même ville, le même
jour, à 52 ans de là, après avoir illustré
la scène anglaise par ses chefii-d'œnvre;
voilà peut-être les seuls pointsincontestés
dans la biographie do premier poète dra-
matique de l'Angleterre. Son nom même,
ce nom que l'enthousiasme de ses compa-
triotes a déclaré « au-dessus de toute ri-
valité humaine », n'a pas échappé à l'in-
certitude qui règne sur la plupart des
circonstances de sa vie et surtout de sa
première jeunesse^. Sa famille, ancienne
dans le comté de Warwick, y possédait-
elle encore des terres concédées à son ar-
rière-grand-père par le roi Henri^YII,
comme l'affirme un octroi d'armoiries
obtenu par le poète pour son père, en
1606, ou n'était-ce là qu'une fiction
complaisante de la part du collège héral-
dique? toujours est-il que celui-ci, ca-
tholique et père de dix enfants, gantier
et cardeur de laine, quelques-uns ajou-
tent boucher à Stratford, tomba, quand
son fils aîné William était jeune encore,
(*) Malone vent qa*oo ccrive Shaktpêore ; sir
Frédéric Maddeo et M. Charles Knight Shak-
ipertf orthographe déjà adoptée dans l'éditioa
de Bell, en 1785. Celle de Shakéspean a poar
elle Tautorité de M. Collier et de la Société tha-
kespgarUnne. La publication récente da/acti'
mii» de six signatares autographes du poète n'a
pas décidé la question, à cause do peu de net-
teté des caractères.
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dans un élat de gêne tel qu'il ne payait
ni son boulanger ni ses taies. Heureu-
sement la ville avait une école gratuite,
où le jeune homme put recevoir quel-
ques éléments d'instruction. On croit
qu'il fut ensuite sous-mattre dans quel-
que établissement du même genre, puis
clerc de procureur. Son union avec Anne
Hathaway, plus âgée que lui de 8 ans et
qui le rendit père de trois enfants, avait
donné lieu à des conjectures changées en
certitude par la découverte de l'acte de
naissance du premier de ces enfants,
acte postérieur de deux mois seulement
au mariage. On s^explique comment ce
mariage, coiïtracté à 18 ans et dans de
pareilles circonstances, tint si peu de
place dans la vie du poète, qui parait ne
s'être souvenu de sa fenune que dans son
testament, pour lui léguer le second de
ses lits après le meilleur [the second best),
U porta toujours si légèrement le joug
conjugal, que cet état ne parait jamais
avoir rien ôté ni aux allures aventureu-
ses de sa jeunesse ni à la complète indé-
pendance de son âge mûr, et si l'épisode
du daim tué en braconnant dans le parc
d'un gentilhomme du canton offre plu-
sieurs invraisemblances, malgré l'exis-^
tence de la ballade satirique attribuée à
Shakspeare et l'allusion que semble ren-
fermer la scène de Falstaff et du juge
Shallow dans les Joyeuses commères de
IFindsor^ il faut reconnaître, du moins,
que le fait n'a rien d'absolument incom-
patible avec les habitudes du héros de
l'aventure à cette époque.
Quel que soit le motif qui lui ait fait
quitter sa ville natale, nous le trouvons
à Londres de 1585 à 1587. Peut-être y
vint-il avec une de ces troupes d'acteurs
qui donnaient alors des représentations
à Stratford, à Kenilworth et dans les en-
virons. Mais l'anecdote, suivant laquelle
il aurait débuté par garder les chevaux
à la porte du théâtre et avertir les acteurs
au moment de leur entrée en scène , a
perdu toute vraisemblance depuis les
nouveaux documents découverts par M.
Collier. En effet, dès 1599, il nous ap-
paraît non-seulement comme un des co-
médiens ordinaires de la reine à Black-
friars, mais comme propriétaire pour ime
part de l'entreprise, et son nom se place
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le douzième sor uoe liste de 16 action-
naires. En 1566) il fignre le cinquième
sur une pétition signée par 7 de ses ca-
marades. Bn 1608 y la patente accordée
à la troupe le cite parmi les trois pre-
miers intéressés. Knfin, en 1 608, Burbage
et lui sont les deux propriétaires princi-^
paux, ayant à extr deux 8 actions sur 20 ;
de plus, les costumes et les décorations
appartiennent à Shakspeare. Diverses ac-
quisitions de terres dans sa province na-
tîde concourent avec ces données pour éta-
blir la prospérité croissante des affaires
du poète, et, dès 1590, les injures de ses
rivaux, consignées dans les pamphlets du
temps, fournissent un indice non moins
évident de Timportance littéraire quMl
commençait à acquérir.
A cette époque, des représentations
théâtrales plus régulières remplaçaient
les masques et les intermèdes, qui avaient
eux-mêmes succédé aux moralités et aux
mystères. Greene et Marlowe avaient es-
sayé de polir le drame encore grossier
de Heywood et de Sackville; mais ils ve-
naient de mourir, et le théâtre anglab
attendait un homme de génie qui le mar-
quât de son empreinte. Les salles du
Globe et de Blaekfriars se remplissaient,
à une heure après midi, moyennant quel-
ques pence y d'une foule de gens du peu-
ple, d'apprentis et de marins qui man-
geaient et buvaient pendant le spectacle,
de jeunes seigneurs qui encombraient les
cètés de la scène, comme les marquis de
Pfaôtei de Bourgogne. De vieilles tapis-
series au lieu de décorations, de jeunes
garçons pour les rôles de femmes, des
chivns pendant les intermèdes, telles
étaient les ressources restreintes qu'of-
Araient le matériel et te personnel, quand
Shakspeare commença à travailler pour
le théâtre. Nous suivrons Malone, Chai-
mers et Tieck pour ja série chronologi-
que de ses ouvrages , rendue fort incer-
taine par les arrangements et remanie-
ments dramatiques si fréquents à cette
époque. Les premières productions au-
thentiques de notre auteur paraissent da-
ter de 1«S93, où il donna sous son nom
trois comédies : les Deux gentilshommes
de Féroney les Peines W amour perdues
et les Erreurs. « On y retrouve à la fois,
dit Goleridge, recoller qui s'essaie, Far-
liste qui subit l'influence d'un art à peine
ébauché, et l'homme de génie qui se dé-
barrasse de ses langes. » Immédiatement
après (1584), viennent lès premières es-
quisses de Roméo et Juliette et à^Hamlet^
que l'auteur remania plusieurs fois. On
rapporte à la même date deux poèmes
élégiaques et erotiques imités de l'italien
et des auteurs classiques, Vénus et Jdo^
nis et l'Enlèvement de Lucrèce ^ que
Shakspeare appelle cependant « le pre-
mier-né de son imagination. » De 1594
& 1600, se place la série de ses chro-
niques dramatiques qui, ffenn FUI
excepté , appartiennent toutes à la même
phase, le roi Jean^ Henri Fy les trois
parties de Henri FI^ Richard 11, Ri-
chard 111, manuel vivant de l'histoire
nationale, où l'homme du peuple, et
quelquefois, de son aveu, l'homme d'é-
tat lui-même, vont puiser la oonnais-
sance de leurs vieilles annales et l'amour
de leurs antiques libertés. Avant 1598
avaient paru Le moyen ^apprivoi-
ser une femme repêche {Taming the
shrew) , le Rêve de la mi-août, Tout
est bien qui finit bien , le Marchand
de Fenise , et peu après, Beaucoup de
br^il pour rien -y la Nuit des Roisy les
Joyeuses commères de fFindsor^ Ro^
méo et Juliette, enfin la seconde par-
tie des Sonnets , dont les premiers
avaient paru en 1 596. La dernière phase
de son génie est celle des quatre gran-
des tragédies de passion : OtheUoy le
dernier Hamlet, le Roi Lear et Mac~
beth ; celle de Henri FIII, Timon d*A^
thènesy Troitus et Cressida , Intrigue
contre intrigue {MeasureformcasureYy
celle enfin de Coriolany Jules César,
Antoine et CléopâirCy Cymbeliney le
Conte d'une nuit d" hiver ^X la Tempête^
que l'on croit des essais de jeunesse re-
touchés dans l'âge mûr, peut-être dans la
retraite. Après les ballades et les cbroni-
ques nationales , les NoveUieri italiens,
Bocace, Luigi da Porto, Bandelli, furent
les sources auxquelles l'auteur puisa le
plus fréquemment. <c Peu de latin et pas
de ^ec,» ap dire de Ben -Johnson, son
contemporain, probablement assez de
français * et d'Italien pour déchiffrer dans
(*) Shakspeare a certainement fait de nom-
breux emprants directs on indirects à Boistoan,
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l'oTÎglnal quelques nouvelles non tradui-
tes, yoilà à quoi se bornait l'érudition
de Sbakspeare, sur laquelle le docteur
Farmer a composé un curieux Essai.
Les dieux du paganisme invoqués par un
chrétien, la Bohême transformée en une
contrée maritime, Hector citant Aristote,
sont à coup sûr de singulières bévues;
mais à côté de cette ignorance qui s'allie
souvent à une affectation pédantesque de
savoir, à côté d*une recherche qui vise
tantôt a la pompe, tantôt à la subtilité,
quelles touches profondes, quelles pein-
tures vives et saisissantes du cœur hu-
main, et parfois quelle fanUÎsie pittores-
que, bouffonne ou mélancolique! Cest
quelque chose dont Tantiquîté classique
n'offre aucun modèle , c'est le génie du
Word et l'expression d'un siècle de tran-
sition entre le moyen-âge et la civilisa-
tion moderne.
Les autres compositions deShakspeare
{Minorpoëms) sont loin d'offrir le même
intérêt que ses drames, et fun de ses
commentateurs a été jusqu'à dire qu'il
ne faudrait rien moins, pour décider à
les lire, qu'un acte du parlement. Ce-
pendant il est juste de faire une excep-
tion pour ses sonnets, qui, indépendam-
ment de leur mérite poétique, semblent
oflrir des ressources précieuses pour U
biographie intime de l'auteur. « Là, dit
un critique anglais, à travers Tobscurité
peut-être calculée d'une poésiemoitié ita-
lienne par les concettiy moitié septentrio-
nale par la tristesse , on voit surgir deux
figuresycelle d'un jeunç homme ami et pro-
tecteur du poète, noble, spirituel, brave,
accompli, où les uns croyaient recon-
naître Southampton, d'autres Pembroke,
et celle d'une femme jeune et belle, à la
noire chevelure, préférée par Shaltspeare,
coupable d'aimer et d'être aimée, et par-
tageant les sentiments comme les remords
de celui-ci. Enfin celle qu'il aime le tra-
hit en faveur du gentilhomme ami de
Shakspeare, dont il lui a fait Téloge et
Îa'il a introduit lui-même auprès d'elle,
près bien des regrets, le poète accepte
enfin son malheur comme l'expiation
d'une faute morale, et repoussant sa
à B6UeforMt,à âtamOoilart, àiay*t,m Mo»
taigiM,4 Aabalaii^ ^ jaffa^ autre vitax tr^
que Oarnier.
maltresse légère, tend la main au jeune
homme qui lui témoigne repentir et af-
fection. »
La carrière littéraire de Shakspeare,
commencée vers 1593 sous les auspices
du comte de Southampton , se continua
jusqu'en 1613, sous les règnes et avec la
protection d'Elisabeth et de Jacques l^**.
Il continua à paraître sur le théâtre au
moins jusqu'en 1603. On sait qu'il joua,
entre autres rôles, ceux du spectre dans
Hamlet et de frère Laurence dans Roméo
et Juliette, Vers l'époque que nous ve-
nons d'indiquer, il se retira dans sa ville
natale, acheta un manoir confortable, et,
sauf quelques voyages à Londres , où il
avait dû conserver quelque intérêt dans
les entreprises théâtrales, les soins de
l'agriculture y occupèrent ses instants.
Pendant plus d'un siècle, l'on montra un
mûrier planté par lui, le premier qui eût
été introduit dans le canton. Une vieillesse
paisible et honorée semblait l'y attendre,
lorsque la mort vint le frapper, le 23 avril
1616, le jour même où il accomplissait
sa 53^ année. Confondu dans l'estime
de ses contemporains avec d'autres noms
d'une valeur fort inégale, éclipsé par les
guerres civiles et par le puritanisme, ce
né fut guère que dans la seconde moitié du
XVIII* siècle que le nom de Shakspeare
commença à exciter l'enthousiasme de
l'Angleterre et la curiosité des autres na-
tions. C'est alors que ses pièces, arran-
gées par Cibber, Garrick et autres, d'une
manière plus ou moins heureuse, furent
remises au théâtre avec un succès tout
nouveau, que les éditions de ses œuvres
se multiplièrent, que furent institués un
jubilé en son honneur et un pèlerinage à
sa maison de Stratford, enfin que Féru-
dition des Warburton, des Johnson, des
Steevens, detThéobald, etc., s'exerça sur
sa vie et ses ouvrages. Cette c^>ècede culte
s'est continué jusqu'à nos jours, et il y a
quelques années une société littéraire s'est
formée à Londres, sous l'invocation du
nom de Shakspeare, dans le but spécial
de publier les documents rares ou inédits
qui pourraient se rapporter à ce double
objet. Nous citerons aussi ; Douce, lUus"
trations of Shakspeare^LouàrtAf 1807,
2 vol. in-8«»; le docteur NathanielDrakc,
Shakspeare and his tîntes^ 1817, 2 vol.
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în-4»; Skollowe, The llfe ofShakspeare^
1824, 2 vol. ia-S*^. Parmi les ioDombra-
bles éditions de cet auteur, ou remarque
l'édition varier um avec les noies de
Johnson, Steevens, Malooe, etc., publiée
par M. Boswell, 1821, 20 vol. in-8<>,et,
tout récemment, celle donnée par M. J.-
P. Collier , qui , par ses New Facts et
New particulars f a tant soit peu élargi
le cercle des données authentiques sur
la vie du poète; le Shakspeare illustré^
par M. Ch, Rnight, et le Piclorial
Shakspeare^ 1842-1844. MM. Cole-
ridge en Angleterre, Schlegel et Tieck
en Allemagne, Villemain, Guizot, Ma-
gnin, etc., en France, ont heureusement
apprécié le génie de Shakspeare. La fai-
ble traduction de Letourneur, 1776-82,
20 vol. in -8°, a été revue et considéra-
blement améliorée par M. Guizot, 1821
et ann. suiv. , 10 vol. in-8^. Deux
nouvelles traductions ont paru depuis
cette dernière, sans la faire oublier : Tune
par M. Francisque Michel, Panûiéon
littéraire^ 3 vol. gr. in-80; l'autre par
M. Benjamin Laroche, 1838-89, 2 vol.
gr. în-8®,et 1842-43, 7 vol. gr. in-18.
Après les élégantes imitations de Voltaire
et les pâles contrefaçons de Ducis {yoy,)^
nous pouvons citer, parmi les essais plus
ou moins heureux, pour faire passer dans
notre poésie ou sur notre théâtre les
beautés de Tauteur anglais, ceux de
M*"® Amable Tastu, de MM. Bruguière
de Sorsum, Alfred de Vigny, Emile Des-
champs, Jules Lacroix, Ed. Roger. R*t.
SHARP (William) y graveur an-
glais, né en 1749, mortà Chiswick^le 15
juillet 1824. Foy. Gbavure, T. XII,
p. 800.
SHAWL, voy, Ghale et Cache-
MYRE.
SHELBURNE (lord), voy. Lans-
DOWKB.
SHELLEY (Peecy Bysshe) naquit
le 4 août 1792, à Fieldplain, dans le
comté de Sussex , d'une famille riche et
ancienne. Dès sa jeunesse , à Éton et à
Oxford, il se fit remarquer, non-seule-
ment par son penchant à la mélancolie
et au mysticisme , mais encore par un
esprit de révolte qui, du régime uuiver-
siuire, s'étendit bientôt à TéUt social
tout entier. Chassé de l'orthodoxe éu-
blissement, il apporta dans le monde, ou
le formalisme des mœurs anglaises ne de-
vait pas moins le choquer que le pédan-
tisme du collège, un cœur déjà froissé par
l'injustice, une intelligence brillante,
mais incomplète, un parti pris de décla-
rer la guerre à toutes les idées sociales.
Doué d'un sentiment religieux vague et
profond, il transporta dans la poésie le
système de Spinoza, et se créa une sorte
de panthéisme philosophique et senti-
mental, qui ne parut à la sévérité angli-
cane que de l'athéisme et de l'immora-
lité. La société traita Shelley tn ennemi.
Son père le chassa de la maison pater-
nelle, et, pour demeurer fidèle à ses prin-
cipes, il lui fallut abandonner un riche
héritage. Devenu père lui-même par un
mariage irréfléchi, la loi lui 6ta la tutelle
de ses enfants. Il épousa en secondes
noces (1816) Marie Woobtonecroft, fille
de Godwin {yof,\ dont le philosophisme
hardi et l'imagination bizarre s'accor-
daient bien avec les idées de Shelley.
Après avoir mené quelque temps une vie
solitaire, repoussé par sa famille, pour-
suivi par le clergé et par le gouverne-
ment, il passa avec sa femme en Suisse et
en Italie, où il forma une liaison assez
étroite avec lord Byron. Venise, Rome
et Naples lui servirent tour à tour d'a-
sile. Voué à la cause de toutes les révol-
tes contre toutes les tyrannies, il partagea
la joie prématurée que la révolution de
ce dernier pays excita chez les amis de la
liberté, et lui adressa une belle ode qui
offre de frappants rapports avec la Mes-
sénienne de Cas. Delavigne sur le même
sujet. Après la catastrophe, il se retira
en Toscane où le reste de sa courte car-
rière se passa au sein de l'étude, entre sa
femme, un fils qu'elle lui avait donné et
un petit nombre d'amis. Il se noya par
accident, d'autres disent a dessein, le 8
avril 1822, dans un trajet en bateau sur
la Méditerranée. Lord Byron, d'après le
vœu souvent exprimé par Shelley, déposa
son corps sur un b&cher et le réduisit en
cendres^ funérailles bizarres, mais qui
convenaient bien à l'imagination païenne
et panthéiste du poète.
Les principaux ouvrages de Shelley
sont la Reine Mab^ poème composé vera
I 1812^ mais que l'auteur ne destinait pas
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SUE
(à69)
SHë
à rimpreftaion y et dont la pubUcatioD,
quelques année» après, avec des notes où
était consigné le système religieux et phi-
losophique de Fauteur y provoqua des
poursuites judiciaires; la Révolté d*ls~
lam, 1818, in-8<*; les Cenci^ tragédie en
b actes, publiée d'abord en Iulia ; Pro-
méûiée délivré^ 1819. On a donné à
Londres y en 1834, les Poèmes posthu-
mes^ tXy plus tard, les Papiers de Shel-
ley. On y remarque Bellas ou le triom-
phe de la Grèce y AdontUs^ Julien et
Maddaloy la Sorcière de VAtlasy Epip^
sychidioriy etc. — Mistriss Shelley, née
en 17 97, est auteur de plusieurs romans
dont le plus connu, Frankensteiriy ou le
nouveau ProméthéCy 1817, a été trad.
en français. Elle a publié à Londres, en
1839, avec quelques suppressions, les
OEuç^res poétiques de P. B. Shelley^
4 vol. in-12. V R-Y.
Sil£IlIDAN(RiCHARDBRiNSLEY)na-
quita Dublin, le 30 oct. 1751. Son grand-
père, le docteur Sberidan, est connu par
Tamitié et la correspondance de Swift;»
son père, Thomas Sberidan , auteur du
Dictionnaire anglais qui porte son nom,
était professeur de déclamation et parut
même sur le théâtre où il soutint quelque
temps une lutte inégale avec Garrick. Ce
fut dans ce milieu littéraire^ dramatique,
et, il faut le dire, passablement dissipé,
que le jeune Richard passa ses premières
années; et lorsque sa mère, auteur de
romans assez estimés, le remit à 7 ans
avec son frère aîné aux soins d'un pré-
cepteur, elle lui déclara que c'étaient les
deux têtes les plus dures qu'elle eût ja-
mais connues. Plus tard, le premier fut
mis à l'école d'Harrow où il acheva tant
bien que mal ses études, tandis que sa
mère allait mourir à Blois, et que son
père promenait sa fortune errante et né-
cessiteuse d'Irlande en Angleterre, d'An-
gleterre en France, et de Londres à Bath.
Ce fut dans ces deux dernières villes que
le rejoignit son jeune fils, sorti du col-
lège avec peu de connaissances acquises,
mais avec un esprit vif, un caractère émi-
nemment sociable, une grande ardeur de
se signaler, un prodigieux besoin d'ar-
geot et une extrême facilité à le dépen-
ser. Il débuta dans le monde par un duel,
un enlèyement et on nuurlage arec une
canUtrIce, miss Linley, dont les (alentt
et la beauté faisaient alors les délices de
Bath. Une union secrète, contractée en
France par les deux jeunes gens, dont
l'un avait 20 ans et l'autre 17 à peine,
fut enfin sanctionnée, le 13 avril 1773,
en vertu d'Une autorisation spéciale; mais
il ne fallut pas moins deux rencontres
avec un rival jaloux, des ruses et des
efforts inouïs pour éluder la rigueur,
puis, pour vaincre enfin la résistance des
deux familles mécontentes de l'éclat qu'a-
vait produit toute cette affaire.
Quelques semaines avant son mariage,
Sberidan s'était fait inscrire à Middle-
Temple, comme aspirant au barreau,
mais il chercha des ressources dans une
carrière mieux appropriée aux allures
vives et un peu décousues de son esprit.
Du reste, en travaillant pour le théâtre,
il sut honorablement résister à la tenta-
tion de tirer parti du talent de sa jeune
épouse, et ne lui permit de se faire en-
tendre que dans des réunions particuliè-
res, où la voix de sa femme et les bons
mots du mari attiraient une société amie
du plaisir. Vers la même époque (1775),
trois succès obtenus en moins de cinq
mois, les Rivaux^ le Jour de Saint^Pu"
trice et la Duègne^ vinrent établir de la
manière la plus brillante la réputation
de Sberidan comme auteur dramatique.
Lors de la retraite de Garrick, il lui suc-
céda dans la direction du théâtre de
Drury-Lane, et prit une part d'intérêt
dans l'entreprise. Son administration fut
d'abord assez heureuse, grâce à la faveur
soutenue dont ses pièces jouissaient au-
près du public. Bientôt il eut la gloire
d'avoir donné à la scène anglaise son meil-
leur opéra, la Duègne^ sa meilleure farce,
le CritiquCy et enfin sa meilleure co-
médie, l'École de la médisance (1776-
1777). Celle-ci, traduite et imitée dans
toutes les langues et sur tous les théâtres
de l'Europe*, obtint un succès cosmopo-
lite, grâce au constraste éternellement
populaire qu'elle reproduit, après Fiel-
ding, entre l'hypocrisie du vice et l'é-
tourderie d'un bon cœur.
(*) Les imlUtioDS les plus connoes de VÈeoh
de la midisanetg en français , sont Ir Tmnuft de
mœurs, par Ch^n , et les Portnitt dt/umillg^
par Çfïài^w*
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SHE
(270)
suii;
Depuis quelque temps, Slierîdan voyait
dans le monde les membres les plus dis-
tingués du parti whig, Burke , son com-
patriote, Fox, dont le caractère liant
sympathisait particulièrement avec le
aien^ toute cette brillante phalange qui
combattait an parlement le ministère de
lord North {voy,\ et se réonissait le soir
au club de Brookea ou dans les salons
du duc de Devondiire {vojr.). Ces liai-
sons décidèrent de sa vocation poli-
tique. Le premier service qu'il rendit à
l'opposition fut la part active qu'il prit
à la rédaction de VEnglishman^ journal
créé par elle pour seconder au dehors son
action parlementaire. En 1780, il réus-
sit à se faire élire par le bourg de Staf-
ford. Fils d'acteur, directeur de théâtre
lui-même , il se sentit d'abord un peu
embarrassé dans cette assemblée où il sié-
geait à côté des fils des Bedford, des HoU
land et des Chatham. « Il passa, dit un
ingénieux critique, deux ans sur les bancs
de l'opposition, parlant peu, mais votant
avec une ardeur extrême. Au dehors de
la Chambre, il se vengeait de son silence
par des pamphlets pleins d'amertume,
et, dans la vivacité piquante de ses écrits,
on pouvait apercevoir que si la facilité
ou l'audace de parler lui venait, nul ora-
teur ne pourrait rivaliser avec ce spiri-
tuel et mordant adversaire. » L'impor-
tance politique deSheridan ne date guère
que du ministère Rockingham, dans le-
quel il partagea, comme sous-secrétaire
d'état, le triomphe de son parti. Plus
tard, la fameuse coalition {yor^ Fox et
I*(orth) le choisit pour secrétaire du tré-
sor, mais cette combinaison eut peu de
durée, ainsi que la précédente, et il se
retrouva toujours avec succès dans l'op-
position, son élément naturel. Plus d'une
ibis il se prit corps à corps avec le redou-
table Pitt, et notamment dans la séance
du 14 février 1788, où il sut rétorquer
avec esprit les allusions malignes que
celui-ci avait dirigées contre les rapports
, de son adversaire avec le théâtre. Voué
au triomphe des libertés publiques, She-
ridau n'oublia pas les griefs particuliers
de la province qui l'avait vu naître, et
dès lors, comme plus tard, quand on en
vint à discuter l'uoioo et l'émancipation
des cathoUqiMi| il déploya UB patriotisiiit
qui le fit surnommer le représentant o/-
ficicux de V Irlande, Mais jamais son
éloquence ne brilla d'un plus vif éclat
que dans le procès de Warren Hastings
(vo/.), où il fut chargé avec d'autres com-
missaires de soutenir l'accusation devant
les deux Chambres. Son discours da 7
février 1787, sur le 4* chef, dit Begum
charge , produisit sur les auditeurs une
impression dont l'analyse imparfaite
qu'on en possède ne saurait donner une
idée. Pour la première fois, on entendit
retentir dans l'enceinte du parlement des
applaudissements prolongés, et Pitt ap-
puya la motion d^ajourner le débat pour
se soustraire, dit- il, à l'influence « de la
baguette de l'enchanteur. ^ En 1789, la
maladie du roi jeta brusquement la ques-
tion de régence au milieu de la lutte des
partb. Sheridan , qui passait pour l'un
des familiers de Carlton-House, fut, dît-
on, le conseiller intime du prince de
Galles dans cette circonstance et dans les
occasions analogues qui se représentè-
rent plus tard. Bientôt la révolution fran-
*çaise fut un autre brandon de discorde,
et la scission qu'elle amena entre les
whigs {yoy. Pitt, Fox, Burk.e, Geeit-
ville) commença par une rupture entre
Burke et Sheridan qui avait chaleureu-
sement défendu les principes de cette
révolution contre le$ attaques violentes
de son ancien ami. Dans cette session et
dans celles qui suivirent, notamment dans
sa réplique à lord Mornington en 1794|
et dans son dbcours sur les taxes as*
sises en 1798, celui-ci ne cessa de s'é-
lever contre la guerre ruineuse et impo-
litique que l'Angleterre avait déclarée à
la France, et c'est à propos d'un des épi^
sodés de cette guerre (yoy. Quiberon),
qu'il s'écria un jour : « Le sang anglais
n*a pas coulé, dit- on ; non , mais Thon-
neur anglais a coulé par tous les pores ! »
Cependant, par une contradiction qu'on
a peine à s'expliquer, celui qui ne vou-
lait pas qu'on fît la guerre à Robespierre
et aux terroristes se montra, vers la fin
de sa carrière parlementaire, un des plus
violents adversaires de la paix avec Bona-
parte et avec les gouvernements plus régu-
liers qui se succédèrent en France à partir
de 1803, alors que Fox et quelques autres
la croyaient possible et honorable. Il parla
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SHE
(27
aussi avec succès contre PintenrentloQ de
la Graude-Bretague daus la guerre entre
la Russie et la Porte, et quoique adver-
saire déclaré de toutes les mesures extra-
légales, telles que les bilU de trahison et
de sédition , la suspension de Vhabeas
corpusy etc., il montra dans deux cir^
constances remarquables, la révolte du
^ore et la tentative de régicide du 1 5 mai
1800, qu'il savait au besoin répudier ho-
norablement les excitations de l'esprit de
parti y si puissantes sur un caractère
eu m me le sien. Il sut aussi résister à
d'autres tentations non moins séduisantes
pour nn homme nécessiteux comme il
l'eiait presque toujours, et refusa plu-
sieurs fois les places qu'on lui offrit pour
lai ou pour les siens. Il accepta cepen-
dant du ministère Grenville et Fox celle
de trésorier de la marine, qui lui avait
été destinée dès 1789. Plus tard, il fut
nommé par le prince régent receveur du
duché de Gornouailles. L'épisode de sa
vie parlementaire, qu'il est le plus diffi-
cile d'expliquer à son avantage, c'est Je
rôle qu'il joua dans les négociations mi-
nistérielles de 1812 entre le prince et
les lords Grey et Grenville, et dans les-
quelles il montra peu de loyauté ou peu
d'adresse.
Revenons rapidement sur la carrière
littéraire de Sberidan et sur sa vie pri-
vée que la politique nous a fait perdre
de vue. La mort de sa femme, en 1792,
avait laissé le champ libre à ses goûts
pour la dissipation et la dépense. Ils ne
furent point diminués par un second ma-
riage contracté trois ans après avec une
riche héritière, miss Ogle, fille du doyen
de Winchester. En 1 799, le succès de sa
tragédie de Pizarro avait heureusement
renoué la chaîne de ses triomphes dra-
matiques; mais il lui était plus facile d'é-
crire de bonnes pièces pour son théâtre
que de le bien diriger, et les embarras
toujours croissants de son administration
furent couronnés par l'incendie de Drury-
Lane, en février 1809, qui consomma sa
ruine. Le reste de la vie de Sheridan
n'offre plus qu'un spectacle pénible. On
vit cet homme qui avait brillé de tout
l'éclat du luxe et du talent, l'ami de
Burke, de Fox, d'un prince du sang, qui
dans la même soirée s'était enivré des ap-
1) SHE
plaudissements de la tribune et du théâ-
tre, traqué par les huissiers de taverne
en taverne où il cherchait dans le jeu et
dans l'ivresse des distractions indignes de
lui, une fois même arraché malade de
son lit et conduit dans une maison d'ar-
rêt pour une dette minime. U fallut qu'un
article de journal apprit un matin a l'An-
gleterre que l'un de ses premiers ora-
teurs, que son premier auteur comique
allait mourir dans la misère et dans l'i«
solement. La pitié publique s'émut; d'il-
lustres visiteurs se présentèrent à cette
porte dont ils avaient oublié le chemin ;
mais il éuit trop tard î Sheridan avait
cessé de vivre le 7 juillet 1816, et leur
zèle tardif n'aboutit qu'à lui faire célé-
brer à Westminster de magnifiques funé-
railles.
Outre les imitations partielles des piè-
ces de Shei^dan, il a paru récemment
deux traductions complètes de son Théd'
tre : l'une par F. Bonnet, 1836, 2 vol.
in-8<>; l'autre par M. B. Laroche, 1841,
in.l2. R-T.
SHERIFF (du mot anglo-saxon ge^
re/a), nom donné en Angleterre au pre-
mier fonctionnaire d'un comté. Il ti*y a
par comté qu'un sheriff, excepté celui
de Middlessex qui en a deux, dont Tuu
pour la ville de Londres. Le sheriff, ap-
pelé aussi high-sheriff ou haut^sheriîf,
a sous ses ordres le sous-sheriff et les ju-
rés {voy.) qui, lorsque le sheriff a instruit
l'affaire, rendent leur verdict sur sa pro-
position. C^est loi qui est chargé de faire
exécuter le jugement; mais il lui est dé-
fendu de s'immiscer en aucune manière
4ans le cours de la justice. Les fonctions
de sheriff sont gratuites, et comme elles
entraînent à des dépenses considérables,
personne ne peut être forcé à les rem-
plir deux fois en quatre ans. La respon-
sabilité de ce fonctionnaire est d'ailleurs
fort grande. Le sheriff a beaucoup depoa-
voir et jouit d'une grande considération.
La police du comté, la perception des
impôts, la rentrée desamendes et des con-
fiscations, l'exécution des jugements, la
décision des affaires civiles, font partie
de ses attributions. Il siège tous les mois
pour juger les procès civils dont l'objet
ne dépasse pas une valeur de 40 shillings,
et tous les aïs mois pour ka craiea filiu
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âuo
(272)
SUR
graves et lea procès criminels, sauf les
cas réservés au parlement. C £.
SHETLAND (îles), groupe d'Iles
dépendant du comté d'Orkney (Ecosse),
situées dans la mer du Nord, au nord de
la Grande-Bretagne. Elles présentent une
surface de 46 milles carr. et sont au nom-
bre de 86, dont 46 grandes et 40 peti-
tes; plus de 50 sont inhabitées. Le sol
est marécageux et très fertile, surtout le
long des côtes qui comptent des ports
nombreux. L'été est court mais chaud,
et l'automne humide; il tombe fort peu
de neige pendant l'hiver qui est pluvieux
et prolongé. Le sommet du Rona est éle-
vé de 8,944 pieds au-dessus du niveau
de la mer. De petits torrents arrosent ces
tles, qui renferment aussi quelques lacs.
Elles produisent du fer, de la chaux, un
peu d'ambre, etc. Les habitants, au
nombre de 29,400 environ, sont protes-
tants et d'origine normande; leur lan-
gage est un mélange d'écossais et d'an-
glais dans lequel il entre beaucoup de
mots norvégiens (norsiques) et un peu
de hollandais. Us sont pauvres et de
mœurs simples; ils ne cultivent que l'or-
ge, l'avoine, et, depub peu d'années, la
pomme de terre; ils élèvent des bœufs,
des moutons, dont ils travaillent la laine,
des chevaux et d'autres animaux domes-
tiques; ils cuisent la chaux, s'occupent
de la chasse du lapin, des chiens de mer,
de la loutre et des oiseaux de mer ; ils
pèchent des huîtres, des écrevisses de mer
et surtout les harengs et la baleine, dont ib
font le commerce ainsi que de leurs pro-
duits indigènes. Ltle principale est celle
de Shetland ou Mainland, dont les prin-
cipales villes sont Lerwick et Kirkwall.
Unst, la plus septentrionale de ces lies,
offre le long des côtes de curieuses ca-
vernes creusées dans le roc. ^o/rHib-
bert, A description ofthe Shetland-Is^
iandSf Édimb., 1831, in-4% av. grav. X.
SHIEL (Richard - Lalor) , célèbre
orateur irlandais, et représentant de Tip-
perary au parlement britannique, voy,
Irlande, T. XV, p. 85-86.
SHILLING, voy. Livre.
SHIRES, vor. Angleterre (T. P',
p. 743), et Grande-Bretagne (T. XII,
p. 740).
SHOEB {Jtm)f maitresM da roi
Edouard IV, à qui le protecteur (vof.
Richard III) fit intenter un procès pour
s'emparer de ses biens. Elle fut con-
damnée à faire publiquement amende
honorable, en chemise, devant l'église
de Saint-Paul. Vouée dès lors à une pro-
fonde retraite, elle atteignit un âge avan-
cé et mourut sous le règne de Henri VIU.
SHREWSBURY, voy. Talbot.
SIAM , royaume de l'Inde transgan-
gétique, dont il occupe à peu près toute
la partie moyenne, entre Tempire Bir-
man et les provinces nouvellement arra-
chées à ce dernier par les Anglais, à
Touest; et le royaume Annamite, à l'est.
Ses autres limites sont au nord l'empire
chinois, et au sud le golfe dit de Siam,
partie de la mer de Chine, ainsi que di-
verses principautés de la presqu'île de
Malacca. Cet état comprend aujourd'hui
le Siam proprement dit; une portion du
ci-devant royaume de Camboje, au sud-
est de Siam, notamment la belle et fertile
province de Chantibon, avec le littoral
qui la borde jusque vers les rives du
Kangkao (Athien), et les petites Iles voi-
sines ; une partie de la grande région in-
térieure et encore presque inconnue de
Laos, sur le haut Ménam; enfin les qua-
tre principautés malaies de Patani, de
Tringano, deKalantan et de Quéda, dans
le Malacca même , en partie seulement
tributaires de Siam, en partie incorporées
à ce royaume, avec plusieurs petites lies ,
qui en dépendent sur la côte occidentale
de la presqu'île. La superficie de ces dif-
férents territoires a été en total évaluée,
d'après la carte de Berghaus, a 13,330
milles carr. géogr. *, dont plus de la
moitié consiste en possessions immédia-
tes. Quant à la population , elle ne pa-
raît pas devoir être portée, pour l'en*
semble de cette domination si étendue, à
plus de 5, ni à moins de 3 millions.
Le Siam proprement dit forme une
vaste et longue vallée, renfermée entre
deux grandes chaînes de montagnes, d'en-
viron 5,000 pieds de hauteur moyenne,
et arrosée du nord au sud par le Ménam,
qui se décharge dans le golfe de Siam,
et contribué puissamment par ses inon-
dations à la fertilité du pays. Le Cam-
n Nous ayons dit à l'art. Iwde (T. X!V, p.
6oj}( « 37,028 litBOf car^ (dt a5 so degré).
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su
(i73)
SIA
bojt et U Lios sont àa profiiicM éf«-
lemenl montagneuflet. Le premier, au-
trefois indépendant» te tronire partagé,
depuis 1809, par suite de divisions in-
testines, entre le souverain de Siam et
celui d'Annam, qui s'en est attribué la
majeure partie. Le Laos, où paraissent
régner plusieurs princes tributaires, dont
quatre sont soumis an roi de Siam, re-
connatl en outre pour maîtres les Bir-
mans , le souverain d'Annam {voy. ces
noms) et l'empereur de la Chine. Dans
le Siam proprement dit, la vallée du
Ménam est seule cultivée , les montagnes
ne présenUnt des deux côtés que des fo-
rêts et des déserts peuplés d'éléphants,
de rhinocéros, de baffles, de tigres et de
singes. Les éléphants de Siam passent
pour les plus beaux et les plus intelli-
gents de l'espèce, et sont employés dans
le pays à des ^rvices divers : les blancs,
extrêmement rares et recherchés, y sont
l'objet d'un culte presque divin; car les
Siamois, qui, comme tous les peuples
bouddhistes, croient à la métempsycose,
s'imaginent que les âmes de leurs rois
passent, après la mort, dans le corps de
ces animaux. Les productions végétales
consbtent surtout en maïs, millet^ riz,
légumes, fruits du sud, coton, café. Su-
cre, poivre, cannelle, bétel, bambous,
bois de teinture et bois de tek, excellent
pour les constructions navales. Le sol
recèle de l'or, du cuivre, du fer, du
plomb, de l'étain, de l'aimant naturel,
du salpêtre, du soufre , des diamants et
d'autres pierres précieuses. La popula-
tion est d'origine en partie mongole, en
partie malaie, et offre beaucoup de traits
de ressemblance avec les Chinois. Elle se
compose des Siamois proprement dits,
qui s'appellent eux-mêmes C/tdru ou
Tàaïs {voy. T. XIV, p. 698), de Lao-
ciens, de Cambojiens, de Malais, de Chi-
nois et de Cochinchinois , et en outre
d'un petit nombre d'Hindous, de maho«
métans de llnde et de quelques descen-
dants de familles portugaises.
Le despotisme k plus monstrueux rè-
gne dans le Siam. Le roi est seul proprié-
taire du territoire et maître absolu de la
Tie et de la libertéVie ses sujets. Tons les
cultivateurs mâles sont obligés de tra-
vailler pour lui à la corvée pendant qua-
Eneyclop. d. C. d. M. Tome XXL
tre flKHS de l'année. Il s*esten outre ré-
servé le monopole commercial des prin-
cipaux produiu du pays. L'industrie,
stationnaire depuis des siècles, se borne
au tissage d'étoffes de soie et de coton, et
au travail de quelques métaux. Le com-
merce y serait susceptible d'un dévelop-
pement beaucoup plus considérable : les
Chinois et les Cochinchinois, parmi les*
quels on trouve aussi les meilleurs srti-
sans, s'y adonnent presque seuls et en
réalisent, après le gouvernement, les prin*
dpaux bénéfices. Us forment en quelque
sorte une classe privilégiée, qui n'est sou-
mise envers l'état qu'à l'impôt de la ca*
pitation. Les hauts fonctionnaires du
royaume portent, comme en Chine, le
titre de mandarins. Les nombreux fa-
iapoins ou prêtres de Bouddha ne jouis-
sent d'aucune considération, et, comme le
reste des habitants, se traînent dans la
poussière devant le chef de l'état. Le peu-
ple est misérable et présente le type de
l'abratissement le plus abject. Les Sia-
mois sont en génénl de taille courte et
ramassée; ils ont une propension très
marquée à l'embonpoint. Sous le rapport
religieux, ils se caractérisent par une
grande indifférence. Les maisons chéti-
ves qu'ils habitent ne sont le plus sou-
vent construites qu'en bambous. Le nom-
bre des troupes entretenues par le roi ne
doit pas excéder 30,000 hommes; elles
sont mal armées, et suivies d'un certain
nombre d'éléphants. Le revenu est éva*
lue à 3,144,000 liv. st., dont à peu près
les I sont perçus en nature.
Bangkok^ sur le Ménam, non loin de
son embouchure, est la capitale moderne
du Siam et la résidence actuelle du roi.
C'est une ville industrieuse et très com-
merçante, pourvue d'un port spacieux,
d'un arsenal et de chantiers pour la con-
struction des petits navires du pays. Elle
est en grande partie formée de maisons
élevées sur df s radeaux, amarrés le long
des rives du Ménam, et qui forment en
quelque sorte une seconde Tille flottante,
avec des rues et des bazars sur l'eau. On
a prétendu que sa population s^élevait à
1S0,000 âmes, mais ce chiffre, d'après
Crawfurd, parait devoir se réduire an
tiers. Youthia, la Siam des Européens,
bâtie sur une lie du Ménam, est l'an-
18
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stA
i^ny
m
cSetiné ctplute. Fondée vers 1350, elle,
étiit au siècle der/ilèr beaucoup plus peu-
plée que Bâhgkok ; mais, dét^^ite par \e$
Birmans en 1760, elle déchut de son
importance, et n'a été que très peu visi-
tée depuis. Ghantibo'n, sur le fleuve du
même nom, avec un excellent port, est la
principale ville du Camboje siamois.
Histoire, L'bistoire de Sîam rie com-
mence à présenter uu peu de certitude
qu'à dater de Tépoque des progrès des
Européens dans Tlnde. A en trotre des
traditions indigènes, le culte dé Gati-
tdma (Bouddha) se serait introduit dans
lé Siam'y en 688, tous un roi nommé
Krek, après lequel on compte une série
de 60 souverains jusqu'à nos jours. Lor^
même quePauthenticiié de cette tradition
ne serait pas contestée, il faudrait encore
admettre que cette série a dû se trouver
mainte fois interrompue par de violentes
révolutions dynastiques. En 1567, le
Siam, ayant subi une invasion des Bir-
mans, dont il ne parvint à se délivrer que
aous Pramerit, en 1596, profila contre ses
efanemis du secours des Portugais, qui,
en réeompense, obtinrent du roi la per-
mission de trafiquer librement dans se^
états, et même celle d'y prêcher le chriâ^
tiauisme, depuis 1622. Mais, en 1627,
la dynastie régnaute fut renversée et ex-
ierminée par l'usurpateur ChanPasatong.
Chan Nataja, son fils et son successeur,
protégea néanmoins les missionnaires
chrétiens. Un aventurier grec, nommé
Constantiii Falcon , qui avait su gagner
la faveur de ce prince, et s'était élevé
auprès de lui au poste de premier mi-
nistre, le détermina, en 1680, à envoyer
une ambassade à Louis XIV, ménagea
l'accueil le plus amical à celle que le grand
roi chargea, en retour, d'une mission dans
le Siam, et fit même accorder aux Fran-
çais le droit de garnison dans plusieurs
des places les plus impoi^tabtèS dupays.
Par cet appui, fâhibitiéux favori comp-
tait Se frayer à lui-même le chemin du
trône; mais il manqua l'exécution de son
Srojpt, et sa chute entraîna celle de l'in-
uence française. Un chef militaire , le
mandarin Petratja , monta sur le trône,
en 1688, après s'être défait des héritiers
légitimes, et ordonna le supplice de tous
le$ Français dont ou put s'emparer. Les
pf^diléctfén^ âa âToiiveau gouverâèmeht
étaient pour Xei HdtUndaîs, qui, moins
arrogants que les Poftdgais, ifvàiefit de
bonne heure siipplantécesderuiers; mais
iU durent bientôt, à leur tour, partager les
avantages acquis àvee les Abglais, l\ni
obtinrent égalemeht le droit d'établir âtà
factoreries dans le Siam. De sanglantes
querelles entre lés successetlft de Pe-
tratja affaiblirent beaucoup le royaume ,
et en facilitèrent la conquête aux Bir-
mans , qui subjuguèrent tout le pays en
1766, après avoir emmené la famille
royale en captivité. Mais, en 1769, Pia-
titk, riche Chinois, que les Siamois
avaient proclamé leur chef, reconquit
l'indépendance du pays. Ce prince régna
d'abord avec habileté , courage et ht"
meté, et favorisa beaucoup ses compa-
triotes; mais, dans sa vieillesse, il se laissa
gagner par l'avarice et par des penchants
tyranniqùes qui amenèrent sa chute. Il
périt assassiné en f 782. Le rôi actuel,
Krom Chiat, 3' successeur de l'auteur de
cette révolution , occupe le trône depuis
1824, et se montre en général favorable
au progrès et aux étrangers. Il a fait
mettre à mort un des rois tributaires du
Laos, qui s'était révolté contre l'oppres-
sion siamoise, en 1827. Les Siamois et
les Birmans vivent entre eut , sur leurs
frontières, dans uîi état de {lermanente
hostilité, marqué de part et d'autre par
des incursions , des dévastations et des
brigandages continuels. — - f^oir Fin1ai<^
son, Mission /rom the Bengal to Siam
and Eue, the capital of Cochinchina ^
Londres, 1825, iB-8o. Ch. V.
StBÉRIfi, ou plutôt SiBiEiE. Sous
ce nom , primitivement limité au petit
khanat de Sibir, sur les rives de l'ichim,
affluent de l'Irtysch , on comprend au-
jourd'hui toute la région de l^Asie sep«
tentrionale formant à peu près un tiers
de toute cette partie du monde, et s'éten»
dant, de l'ouest à l'est, depuis les monts
et le fleuve Oural {yoy,) jusqu'à la mer
d'Okhotsk et à l'océan Pacifique, en-
tre le 44^ et le 78^ parallèles. Cette
contrée immense, bornée au sud par l'Al-
taï (vo/.), les monts Sayans, lablon*
noî, etc. [voy, Russie, T. XX, p. 680),
et au nord par la mer Glaciale jusqu'au
détroit de Bering [voy.) par lequel ell«
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StB
IHBM— Uyi» trec l'oeétn Pteifique, n'a
pat moins àê 950»0OO ttîlks fiirr. géogr.
oa environ 18,600,000 kHom. carr.
d'étendue, c'est-à-dire pins d*an qnart
de PAsie * et becnconp pins que le sa-
perfide de FEorope entière. De cette
BMMse eontinentele , dépendent difTé-
rentes Mes telles qne rarcbipel de It
liéne on les lies Rotehnii et de U Non-
Telle^ Sibérie 9 à Tembonchare de ce
grand flenve, les Iles des Ours et de la
Croix, pins à Test dans la mer Glaciale;
puis, dans l'Océan oriental, 111e de Saint-
Laurent et l'archipel des Kouriles. On
donne à ces Iles, mais avec peu de certi-
tvde, une étendue de 1,068 milles carr.
géogr. et une population de 10,000 âmes.
Qoant à la Sibérie proprement dite, elle
n'offre, dans toute sa partie septentrio-
nale, que d'affreux déserts à perte de vue,
couverts de marais glacés [tundrf) où les
mousses et leslichenssont presque la seule
trace de végéuiion. Rien n'égale l'âpreté
do climat, même dans la partie méridio-
nale; mais, en revanche, l'air est d'une
grande pureté, et le ciel constamment se-
rein en hiver. Voici comment s'exprime
à ce sujet un savant voyageur, M. Han-
ateen : « Je crois, dit-il, qu'il serait dif-
ficile de trouver un climat aussi favora-
ble aux observations astronomiques que
celui de la Sibérie. Depuis le moment où
l'Angara, qui sort du lac Baîkal et entoure
en partie Irkoutsk, est prise par lesglaces,
jusqu'au mois d'avril, le ciel est constam-
ment serein : on n'aperçoit pas un nuage;
le soleil se lève et se couche dans toute
aa splendeur, le froid étant de 80 à 85<»ll.,
et n'a pas cette apparence rouge qu'il
offre chez nous près de rhorizon en hi-
ver. La situation élevée du pays (le baro-
mètre ayant, depuis le 9 févr. 1829 ju8<»
qu'aujourd'hui [1 1 avril] varié entre 787'
et 710'), et la grande distance où il est
de la mer, rendent l'air sec et libre de
vapeurs. Au printemps, le soleil a tant
de force à Irkoutsk que lorsque le ther-
momètre marque à Tombre depuis — 90®
jusqu'à -^ 80*, Teau coule des toits du
(*) Oei ii*6tl pas en oontradiedon avec ce
^on lit à Tart. Russn, T. XX, p. 679 : il eat
^aetdon là de la Enaaie d'Aaie daoa toat aon
eotembte, aTec U Caocaiie, et ici de U Sibérie
txdiuiTemeot
(«5) 3IH
côté elpoié aux rayons de cet astre...*
Quand le froid est à — 30^, l'air est heu-
reusement toujours <5alme, et, en consé*
qnence de sa sécheresse, nous souffrons
moins ici avec cette température que dans
notre pays avec 1 5®. Le nez et les oreilles
sont les parties les plus exposées à l'effet
du froid.... J'ai couvert avec du cuir
mince les vis des instruments, parce que
si quelqu'un touche un métal avec la
main nue, il éprouve la même douleur
que s'il palpait un charbon ardent, et il
en résulte une ampoule blanche comme
après l'attouchement d'un fer rouge. »
Sauf les contrées tout- à-fait inhospi-
talières du nord et de t'est, contrées en
partie inexplorées, mais dont M. le baron
de Wrangell a récemment reconnu les
côtes et les extrémités, l'aspect général
de la Sibérie est moins désolé qu'on se
le figure. Nous avons vu à l'art. Russie
quels sitespittoresques on rencontre dans
les montagnes du sud; dans les steppes
et dans les vallées, on trouve de belles
prairies et degras pâturages ; la végétation
est d'une grande richesse , et d'immenses
forêts couvrent des étendues incommen*
surables. Outre le cèdre de Sibérie, arbre
majestueux propre à cette contrée, et qui
aime les marais couvrant des fonds ro-
cailleux, le saule, le pin, le bouleau y
croissent en grande abondance ; le mé-
lèze ou larix , dont la résine est si utile,
avance jusque vers la mer Glaciale, tan-
dis que le peuplier blanc et le peuplier
balsamifère se renferment dans les lati-
tudes méridionales. On connaît cinq es-
pèces différentes de V arbre à pois y très
commun en Sibérie. Le règne minéral, qui
a donné à cette contrée son ancienne célé-
brité, produit de l'or, de l'argent, du
enivre, du fer, des malachites, des pierres
précieuses, y compris le diamant, etc. Les
animattx de tout genre abondent, et l'on
trouve en Sibérie 1^ deux extrêmes de fa
famille des quadrupèdes, la musaraigne
du léniceT et le gigantesque mammouth
fossile. On connaît d'ailleurs, parmi les
animaux domestiques, le renne et le chien
sibérien, et l'on sait qu'on trouve ici les
bêtes à fourrure les plus précieuses, l'her-
mine, la zibeline, des renards noirs et de
différentes couleurs, etc. Signalons en-
oora parmi les richesses de la Sibérie se%
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SIB
(27«)
SIB
Neuves poissoDneox et ses Itcs salants.
Mous avons déjà fait mention de la Taste
nappe du Baîkal décrit dans un article
particulier, et nous avons aussi traité sé-
parément des principaux fleuves, TObi,
riéniceïi la Lena , artères gigantesques
dont quelques-unes animent ces contrées
déshéritées sur une longueur de près de
mille lieues, et auxquelles il fifut ajouter
encore Tlrtysch, la Tungouska, PAbakan,
PAnabara, lalana,rindighirkay la Koiy-
ma, PAldân, l'Anadyr, etc.
Pour le gouvernement russe, la prin-^
cipale importance de la Sibérie ne con-
siste pas seulement dans ses magnifiques
fourrures et dans ses miùes inépuisables,
telles que celles de Nertcfainsk , Zmeio-
gorsk (Schlangenberg), Bamaoul, Roly-
vân (voy. T. XX, p. 684), mais encore
dans les rapports qui se sont établis, par
son intermédiaire, entre lui et les états
de l'Asie, notamment avec la Chine que
le mercantilisme européen cherche de-
puis longtemps à entamer. La culture
fait aussi des progrès dans la région mé-
ridionale, et la population qui se grou-
pe autour de Tobolsk, de Tomsk et d'Ir-
koutsk gagne tous les ans en importance.
Cependant le total ne s'élève guère en-
core aujourd'hui qu'à 2 ^ millions d'ha-
bitants, ce qui ne fait pas un habitant
par lieue carrée; cette proportion s'ex-
plique par les déserts inhabiubles et ne
s'applique nullement auk districts des mi-
nes et du lac Balkal situés entre le 50* et
le 55* parallèles. La population appartient
à différentes races : les Russes sont le peu-
ple conquérant ; le reste se compose de Ta*
tars , peu nombreux aujourd'hui, quoi-
que jadis dominants dans la Sibérie oc-
cidentale, de Iakoutes, tenant à la même
famille, de Finnois Vogouls et Ostlaks,
de Samoyèdes , de Bouriates, de Tun-
gouses, de Lamentes, de loukaghirs,
etc. Mais il ne faut pas croire que tous
ces peuples reconnaissent unanimement
la domination russe : les Iakoutes, peu-
plade très nombreuse, ne sont que tribu-
taires et paient leur iassak en fourrures et
pelleteries; les belliqueux Tchouktcbis,
à l'extrémité boréale de cette contrée,
non loin de l'Amérique, se maintiennent
encore dans une parfaite indépendance.
Il y a ensuite des Boukhares et des Tur*-
komans de Taschkent, que lecommerod
amène; des Kalmonks et des Kirghiz-
Kaîssaks, parcourant en nomades les step-
pes limitrophes; desCosaksàqui la garde
des frontières est confiée. La déportation
y jette enfin des hommee de toute ori-
gine ou extraction. Quant à la religion,
c'est le culte de l'Église gréco-rosse qui
domine dans le sud et à Tonest, tandb
que le chamanisme règne encore à l'est
et au nord. Les Tatarssont mahométans;
d'autres peuplades sont bouddhistes ,
quelques-unes même fétichistes. Leur rie
estousédentaireounomade.Leaindigènes
se livrent à la pèche, à la chasse et à Té-
ducationdes bestiaux; ils abhorrent l'a-
griculture. D'autres encore s'adonnent au
commerce, dont la principale branche est
celui qui se fait avec la Chine. Les Rus-
ses et les Tatarssont en même temps agri*
culteurs et produisent beaucoup de cé-
réales, surtout dans le gouv. d'Iéniceî, en
entretenant aussi une belle race de bes->
tiaux; enfin l'industrie et le travail des
mines occupentaussi un assez grand nom-
bre de bras parmi eux.
Depuis l'oukase du 22 juillet (2 août)
1 822, toute cette vaste contrée est divi-
sée en deux parties, la Sibérie occiden^
taie et la Sibérie orientale; mais des
modifications ont été apportées, en 1888,
aux subdivisions de ces deux moitiés.
Suivant l'état actuel des choses, la Sibé-
rie occidentale, où il n'y a plus de pro-
vince d'Omsk, se compose des deux gou-
veruementsde TobôlsketdeTomsk, ayant
ensemble 5,272,400 verstes carrées et
1,478,000 hab. Le chef-lieu en est 7b-
boUk^ioWe ville de 14,246 hab. (1842),
située sur la rive droite de llrtysch, vis-
à-vis du point où le Tobol s'y réunit,
an milieu d'agréables collines. Les mai-
sons y sont presque tontes en bois; la pre-
mière en pierre lut construite en 1771.
Les autres rilles de cette division, rangées
suivant l'importance de leur population
(tableau de 1 842),sont: Tomsk( 1 2,082),
Omsk (11,705), Tiumeli(10,803),Bar-
naoul (d,456), et Semipaletinsk (5,221)
sur l'Irtysch. Irbith, lieu célèbre par des
foires annuelles, quoique situé an-delà
de l'Oural, fait encore partie, ainsi que
Catherinebourg, du gouv. européen de
Perm. A la Sibérie orientale, d'une éten^
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SIB
(277)
SIB
diM totale de 8,880,000 ventes ctnréesi
«?ec environ 1,900,000 hab., appar-
tiennent les deux gouvernements dlr-
koutsk et de lénioeisk, la province (o6-
lasth) de lakontsk, la régence c6tière
d'Okhotsk, celle de Kamtchatka et le
pays des Tchouktchis {vay. la plupart de
ces noms). Irkoutsk, la pins penpiée de
tontes les villes de la Sibérie et la place
de commerce la pins importante , en
est le chef-lien. Elle est située siur l'An-
gara , l'Irkout et TOucbakofka, au nord-
ouest dn lacBaîkal, à une faible dis-
tance de la frontière chinoise. Sa po-
pulation est de 16,773 hab. Les autres
villes un pen importantes sont Krassno-
larsk (6,928 h. ) sur Tlénicei, chef-lieu
du gouvernement auquel ce fleuve donne
son nom ; léniceisk , sur le même fleuve
(6,48 1 h.); Troîtxko -Savsk, ville frontière
où l'on a établi une école bouriato- mon-
gole, et dont un poste avancé, plus con-
nu sous le nom de Kiakhta (vo/.), est
le grand entrepôt dn commerce avec la
Chine (5,186); enfin Nertchinsk (8,686),
fameux par ses mines et comme lieu de dé-
portation, à Textrémité du monde connu.
Cependant bien au-delà encore sont Ok-
houk, petit établissement qui ne compte
pas plus de 967 hab., et le pOrtde Pétro-
pavlolsk avec 641 hab. , à une distance
de plus de 3,000 lieues (12,000 verstes)
de Moscou.
Histoire» Ce fut d'abord par une fa-
mille de riches marchands, les Stroganof
(voxO> <iae le tsar de Moscovie apprit à
connaître la Sibérie : jusqu'alors, l'Iou-
^e, rObdorie et la Kondie, contrées li-
mitrophes, avaient seules figuré dans son
titre. Au-delà, à l'est de l'Oural, étaient
les Tatars, en partie Mogaîs et mêlés de
Mongols, dont les principales tribus ou
o^loiisses étaient celles dlchim et deTin-
men ou Chiban. Là , sur Flrtysch , non
loin de Tobolsk, à l'endroit où se trouve
aujourd'hui un lieu appelé Koutchou-
mova-Goroditché, éuit la ville deSibir,
ainsi nommée peut-être des Sabires, dont
Karamzine dit qu'ils expulsèrent les Ou-
griens et les Boulgares, et que nous re-
trouvons dans des hbtoriens orientaux
dtés par M. E. Qnatremère, mab dont les
conquérants roahométans changèrent le
nom en Isker. Vers le milieu dn xyi* sièolei
Kontchonm avait fondé un khanat assez
important, lorsque Simon Stroganof dé-
chaîna contre lui un ataman desGosaksdu
yolga(branche de ceux duDon),IermakTi-
moféîef, dont les brigandages menaçaient
les intérêts de sa famille qui aima mieux
le prendre à sa solde, en 1 679. Il vint avec
640 guerriers; et, ce petit corps s'étant
grossi d'un certain nombre de prisonniers
de guerre lithuaniens et allemands, il par-
tit à la conquête de la Sibérie avec 840
hommes, munis d'armes à feu encore in-
connues aux barbares que ce Pierre si*
bérien allait attaquer de son autorité
privée ou au nom d'une famille de mar-
chands. En suivant le cours delà Tchous-
sovaîa et de son affluent la Serebrannoîa,
puis le Taghil , il arriva sur la Toura,
d'où il ^gna le Tbbol et l'Irtysch. Sur
ces deux rivières eurent lieu plusieurs
combats meurtriers dans lesquels la pe-
tite troupe des Cosaks eut le dessus sur
des milliers de Tatars et d'Ostiaks,
grâce à leurs armes nouvelles, mais non
sans de grandes pertes ; car 107 de ces
intrépides Cosaks tombèrent dans l'un
des combats. Cependant l'épouvante se
mit dans les rangs des ennemis , et, au
mois de novembre 1681, lermak s'em-
para d'Isker, résidence de Koutchoum,
qui, quoique aveugle, avait fait de nobles
efforts pour défendre son pays. U ne se
laissa pas accabler par le malheur, et
bientôt il put reprendre cette ville après
avoir surpris une petite bande de Cosaks,
pendant leur sommeil. lermak était du
nombre de ces imprudents : le héros se
précipita dans l'Irtysch pour échapper aux
Tatars ; mais il y trouva la mort (août
1 684), et ses guerriers durent opérer leur
retraite versl'£urope.Cependant,quelque
tempsavantce désastre, lermak avait écrit
aux Stroganof et au tsar loann lY Vas-
siliévitch le Terrible : il avait demandé à
ce dernier sa grâce et celle de ses com-
pagnons, et lui avait annoncé la con-
quête d'un royaume qu'il mettait à ses
pieds. Grande avait été la joie des Mos-
covites : non-seulement le tsar avait par-
donné à ces bandits transformés en héros
chrétiens et en conquérants victorieux
des infidèles, il avait envoyé des présents
honorifiques à lermak, l'avait nommé
prince de Sibir et lui avait promis l'en-
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SiB
(278)
SiB
voi d'ao* armée. Cette prom^sae, il n»
put la tenir ; mais sou» son successeur
Fœdor, le ministre Boris Godounof en-
voya vers rOural uoe petite armée que
les Cosaks eo retraite saluèrent avec des
cris de joie sur les bords de la Toura. On
retourna sur l'Irtysch, reprit Isker, ville
qu'on abandonna bientôt pour Tobolsk,
où s'éleva, en 1587, la première église
chrétienne; el Koutchoum, qui refuiia
obstinément les offres les plus séduisan-
tes du tsar, dut chercher un refuge dans
les steppes d'Ichim et deBaraba. IJn voîé-
vode fut établi à Tobolsk , et bientôt le
commerce multiplia les petites villes, en
même temps que des forts protégèrent
la nouvelle conquête.
Notons encore quelques époques im-
portantes. L'île de Novaîa-Zemlia, qui
dépend maintenant du gouvernement
d'Arkhangel, avait été découverte en
1647 ; en 1654, on connut la presqu'île
de Kamtchatka. Dans la méuM année,
peu de temps après la conquête de la
Chine par. les Mandchoux, le premier plé-
nipotentiaire russe arriva à Péking ; mais
de 1684 à 1687 eut lieu la guerre sur
l'Amour, terminée, avec perte pocur les
Russes , par la paix de Nertchinsk. En
1 670, on trouva sur l'Oupsa (Touba ?) les
premières traces dVgent; la mine de
Nertchinsk fut découverte en 1691. £n
1688, Toboldt reçut le premier exilé : ce
fut un Samoîlof de TOukraine. Le code
de lois {Oulojénié zakonn) d* Alexis Mi-
khaîlovitch fkil déjà mention, parmi les
peines, de la déporution en Sibérie : de-
puis 1769,^oq)ie postérieure de 15 ans
à Tabolijtion du dernier supplice , elle le
remplaça généiralement, mais avec la con*
dition spéciale des travaux forcés. La
simple Golonisationi qui n'entraîne pas la
mort civile, s'éublit dans l'usage à partir
de 1799 ^ De 1710 à 1720, plus de
(*) Ponr la pdpe de U déportatloo en Sibé-
rie, dont le traTail aux mines d'argent de Ner-
tcbinsk est la plus grande aggravation, nons
renvoyoufl à l'art. CoLOirns piNAi.BS. An i«
janvier 1 835, on compUk le aomfare flai?Mt de
déportés en Sibérie :
Mie BM»e« wie fém.
Sibérie occidentale.. 85,797 6,942
Sibérie orientale.... 40,896 16,223
76,696 23,166
Total général... 99,860
Le nomi»!* de vriaes «niqnels ont pris part les
30,000 Ostiaks, Yogonb, Yotiaki^&h'
moyèdes, Tungoosea ou Tatars» idolâr
très ou mahométans, avaient reçu le hê^"
téme ; 12,496 autres individus le re*
curent de 1744 à 1770, et, depuis, 40
nouvelles conversions ont eu lien tous Its
ans, £n 1783 furent érigés les goovMTB*-
menu de Tobolsk, d'Irkoutsk et de Ka-
lyvân ; ce dernier a été remi^oé depuis par
celui de Tomsk, auquel appartient aussi
une partie de la province d'Omsk récem-
ment supprimée. Le gouvernement dlé-
niceîsk date seulement de l'oukase du 22
juillet 1822. Bien que son nom sonne
mal à l'oreillep la Sibérie semble destinée
à devenir un jour une contrée florissanle^
sinon par l'agriculture^ au moins par l'ia-
dustrie et le commerce.
On peut consulter sur cette contrée :
Chappe d'Auteroche, Voyage en Sibé^
riejaiten 1761, Paris, 1768, 2 vol. gr.
in-4^, atlas in-fol; Martvinof, Voyage
pittoresque de Moscou cmx fron>^
Itères de la Chine, A^ éd., Saint-Pé-
tersb., 1819, in<8^; Gocfarane, iWir/a-
tive qf a pedesirian Journejr threug
Russia and Siberian Tartary-y Lond.,
1824, in-80 ; Karniloi, Obserpations sur
la Sibérie (en russe), Pétersb., 1828,
in-8<^ \ Bélaîefski, Voyage à la mer Gia-
eiale (en russe), Moscou, 1833; Erman,
Reise um die Erde duFch Nord-Jsien^
etc., Eistor. Beriçhty Berlin, 1838-36,
2 vol. in-8<>; Siépanof , Description du
gouv. dlépicéisk (en russe), 1 8 35 ; baran
de Wrangel , Lt Nord de la Sibérie,
Voyage parmi les peuplades de la Rus--
sie asiatique et dans la mer Glaciale ^
trad.du russe par le pr. £m. Galitsyne, PtL-
ris, 1843, 2 vol. in-8''; A. deHumboyt,
VÀsie centrale^ Paris, 1843,3 vol.in-8<>;
Fischer, Sibiriseke GescÂichten^ von
der Entdeckung Sibirifins bis auf die
Eroberung dièses Landes dureh ^
russisehen fTaffen, Pétenb., 1768-69,
2vol.in-8o. J.H.S.
SIBYLLE, nom formé des deux moCa
grecs, iMÇi c'est-à-dire ènbç ^u>aQ, con-
seil, volonté de Jupiter, et signifiant lU-
téralemeni inspirée de Dieu. L'antîqwié
conaaissait dix sibylles, vierfes <pie l'ac*
tion directe d'une cUvâmié jeuât dans des
déportée, de 183$ à t83f , ne t'éleveit qn'à i65
pçnr toakf U fiiMrie.
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m
ii^9)
SIC
jicoès ée eaînl enthouiiafoie (voy. Ihsfx-
EATioa) pendaotleiqiielA elles prédisaieat
l'avenir. Mab U pim célèbre d^ toutei
fut celle dià Oxmm (vqjrX Seloo O. Mûl-
Icr, Toracle sibyliiD et le culte d'Apol-
lon furent portés dans œtte dernière
TîUe, de Gorgû^en Troade, où existait le
plus ancien oracle et le tombeau des si*
bylles. Ou leur attribue ce recueil de
prophéties en vers grecs qui fut offert
en vente à Tarquin-l'Ancien par elles-
mémesi selon les uns, ou par une vieille
femme incounue, selon d'autres, et qui
était cél^re à Rome sous le nom fit
Lwr^s sibyllins. Le roi en ajapt trouvé
le prix uop élBvéy U vieiUe en jeta six «en
deux (ois dans h feu, et Tarquin étonné
fini^ par lui donner pour les trob derr
pifir» 1^ prif qu'il avait refusé 4*abôrd des
neuf. La garde de ces volumes précieujL,
qi^^ l'on ooDSultait dans les circonstauces
importantes, fujt confiée à des magistrats
spéciaux, dont Le nombre s'éleva dans Uk
suite de 2 âi 1 0, et que Sylla porta même à
} $. L'iooeudie du Capitole dévora ce irér
sor; mais, en 67 7 , lesénat envoya en Grèce
des ambassadeurs pour y recueillir tout
ce qui existait encore dje ver:s sibyllins,
et, après un triage aUentif, on en réunit
une collection d^ imlle que l'on pla^i
dans le nouveau temple de Jupiter Capi*
tolin. D parait que, o^algré tous les soiuf
q/a'on y avait mis, beaucoup de ces vers
étaient apocryphes : aussi Cicéron n'hé-
sita-t-il pas à rejeter la prédiction ap-
portée au sénat par Cotta, qu'un roi seul
vaincrait les Partbes.Gomme le buX qu'on
se proposait aurait été manqué si d'au-
tres prophéties avaient fait concurrence
aux prophéties officielle|i, le sénat fit
à plusieurs reprises rechercher et brûler
toutes les prédiciionf qui se trouvaienc
entre les maiua de particuliers. Auguste
en agit de même. Plus de 2,000 volumes
de prophéties furent jetés dans les flam-
mes par ses ordres, tandis que les livres
sibyllins authentiques, placés daiks deux
cassettes d'or , furent déposés sous le
sodé de l' Apollon Palatin. Toutefois la
croyance aux oracles des sibylles resta
tellement forte, que Tibère en fit faire
un AQuveau r«;cneil. Uu second incendie
dévora les livres sibyllins sous Néron, ce
qui n'empêcha pas« 1'^ 270 , q^i^lqueç
membres du sénat de ^^gra*?^ qu'on If
consultât si^ l'issue de la guerre contre
les Marcooians. Au reste, ils étaieut alors
tellement falsifiés, que les chrétiens y
trouvaient, dans leur ardeur de prosély-
tisme, toute sorte de prédictions sur le
Messie, Cette collection nouv^Mle fut brû-
lée sous Julien, en 363. Uu quatrième
recueil fui livré aux flammes par Stili-
con, sous le règne d'Honorius, en 896 î
mais la confiance qu'on avait en ces livres
n'en fut point ébranlée. Pendant le siégis
de RxMue par les Goths, au milieu du vx*
siècle, on répandit une prophétie d'uue
sibylle qui disait que le ^iég/e durerait
cinq mois; mais elle ne se réalisa pas»
Au reste, les oracles sibyllins étaient %\
obscurs, si cofffus, que l'explication ua
pouvait qi^'eu être fort arbitraiie. La
collection de vers sibyllins qui existe en?
core,et dont l'édition la plus pomplète a
été donnée par Galioeus (Amst., 1689,
in-4^), est regardée comme apocryphe. Il
y avait, en effet, dans l'Église chrétienne,
au u* siècle, des gens inspirés qui pro*
phétisaient en vers, et dont les orsîcles,
réunis eu collections, s'appelaient livres
sibyllins 9 comme les prophètes eux*
mêmes se nommaient sibylUstes. Théo-
loririus nous ^ laissé un traité latin sur
ces prophéties. Le cardinal Bfai a publié
des fragments des livres sibyllins trouvés
dans un manuscrit de la bibUolbèqœ
Ambrosienne (Milan, 1 S 1 7); et M. StrU'**
ve, les prédictions des sibylles rapportées
par Lactance (Kxenigsb., 1818). C. L,
$|C AMBRES , peuple de la Germa-
nie qui habitait entre le Ehin, la Sieg
et la Lippe, dans les duchés actuels de
Juliers, cLb Clèves et de Berg. Leurs in-
vasions dans les Gaules furent réprimées
par Drusus ^ par Tibère, qui les trans-
planta sur la rive gauche du Rhin ; mais
ils retournèrent dans leur pays, i ce
qn'jl parait, sous le rè^ne de Claude, et
au ui^ siècle ib entrèrent dans la lijgue
banque. Depuis cette époque^ ils cessè-
rent de former un peuple particulier.
Les ancieu# historiens dési^ient quel-
quefint las fraiics par |e nom de Sicam-
hres. X.
SICARD (RocH-AneiquoiSx Cvcu&«
&0N, abbi^}, né au Fowsaeiqet (Haute-
Gfrgnuf), en 174^» ^ipbraasa d'abord
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(2ao)
SIC
l*éut ecclésiastique; mais il ne tarda pas
à abandonoer la caitière àa minisûre
sacré pour se dévouer à rensei^ement
des sourds-muets {vojr). Placé par l'ar-
chevêque de Bordeaux à la tète de l*écolc
qu'il venait de fonder dans sa métro-
pole, l'abbé Sicard eut, en 1789, la
gloire de remplacer à Paris l'illustre abbé
de l'Épée (vo^.). Malgré son empresse-
ment à prêter le serment exigé, il fut ar-
rêté et conduit en prison en 1 792 ; mais
il eut le bonheur d'échapper aux mas-
sacres de septembre, grâce au dévoue-
ment d'un horloger nommé Monnot ,
et aux démarches de Chabot. Sicard re-
tourna alors à ses travaux philanthropi-
ques, et il est probable qu'il n'aurait plus
été inquiété s'il n'avait pas pris part à
la rédaction des Annales religieuses^
journal consacré à la défense des prê-
tres insermentés. Cette circonstance le
fit inscrire sur la liste des journalistes
condamnés à la déportation. Il réussit
cependant à se cacher jusqu'à ce que la
révolution du 18 brumaire lui permit
de reprendre la direction de sa maison.
Dès lors, il ne s'occupa plus que du soin
d'introduire des perfectionnements dans
la méthode de son prédécesseur, en éten-
dant aux choses abstraites le procédé
employé par l'abbé de l'Épée pour les
choses matérielles. Ses découvertes ont
été consignées dans un grand nombre
d'ouvrages, parmi lesquels nous cite-
rons plus spécialement les suivants : Ca»
iéc/usme à V usage des sourds^ muets de
naissance (Paris , 1796, in- S**); Cours
d'instruction d'un sourd-muet de nais^
sance (1800, in-8«; 2® éd., 1803);
Théorie des signes pour servir d'intro-
duction à Tétude des langues, où le sens
des mots, au lieu d'être défini, est mis en
action (1808, 2 vol. in-8'';2^éd., 1828),
travail jugé digne d'un grand prix décen-
nal de 1** classe destiné au meilleur ou-
vrage de morale et d'éducation. Ce livrv
contient, par ordre alphabétique, la dé-
finition de tous les mots nécessaires aux
sourds-muets et à ceux qui veulent com-
muniquer avec eux. Membre de la 2* clas-
se de l'Institut depuis sa création, l'abbé
Sicard fut conservé, en 1816, membre
de l'Académie-Française. Il mourut, le
10 mai 1822, à l'âge <i« 90 ans. E. Hg. I
SICILB(ilbdk). Cettelle,oélèbredès
la plus haute antiquité par sa fécondité
et sa civilisation, dont les glorieux sou*
venirs forment un pénible contraste avec
son état présent, est la plus grande et
la plus peuplée de la Méditerranée. Ja-
dis appelée Trinaeria par les Grecs , à
cause de la forme triangulaire que lui
donnent ses trois caps , nommés alors
Pelorum au nord-est, Pacfdnum an sud,
et Lilybœum à l'ouest, elle n'est sépa-
rée de la Calabre que par le détroit dit
phare de Messine (^qx*)* ^^'^ '^ àwn
bords de cet étroit passage maritime, dis-
tants l'un de l'autre de 4 de lieue à peine,
on remarque, du côté de la Sicile , le fa-
meux gouffre de Gharybde (aujourd'hui
Charilla ou Calqfan))^ et du côté op-
posé le rocher de Scylla (aujourd'hui
Remo)^ tous les deux si redoutés des na-
vigateurs dans l'antiquité (vqjr. Scn.-
Iia). L'étendue de la Sicile, y compris
quelques petites lies et groupes voisins ,
est de 495 milles carr. géogr"^. C'est une
terre de formation volcanique et pres-
que entièrement couverte de montagnes ;
mais celles-ci généralement ne s'élèvent
pas à beaucoup plus de 1,000^^, ex-
cepté l'Etna (vof.) ou Monte-Gibello,
dont le sommet a 3,318^ de haut. Ce
volcan, dont le cratère vient de se rou-
vrir, forme un groupe isolé dans la partie
orientale de l'Ile. Les tremblements de
terre sont pour ces bdles contrées un dé->
saslreux fléau. Le climat est très chaud,
mais parfaitement salubre, quoique le si"
roco (vqjr,) j souffle souvent de l'Afrique
en été. Le sol volcanique est d'une ad-
mirable fertilité, mais très mal cultivé.
Il produit en al^ndance des blés, sur-
tout de l'excellent froment ; des vint
dont le plus renommé est celui de Syra-
cuse ; de l'huile d'olive , da ris , tons les
fruits du sud, le safran, etc. ; la canne à
sucre y mûrit. La production de la soie
(voy.) est très considérable : introduit en
Sicile au comn^cement du xii* siècle ,
c'est de là que le ver à soie s'est répandu
en Iulie et dans les autres contrées d'Eu-
rope. On récolte aussi beaucoup de miel.
Le bétail est généralement de la meil-
leure qualité. La pêche, notamment celle
(*2 a7,aa5 kilom. carr. Cett ea pea moia«
qiM la soperficb d« U Belgi€|a«. S.
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(281)
SIO
èa thon et de It sardine, est très pro-
ductÎTe; mxr la o6te occidentale, on se li-
▼re à celle du corail. Le règne minéral
fournit divers métaux, des pierres fines,
du marbre, de l*albàtre, d'immenses
quantités de soufre et du sel.
La population de la Sicile n'a guèi«
angmenlé pendant le dernier quart de
•iècle : elle s'élève, d'après VJlmanacco
reale pour 1843, à 1,965,069 âmes *.
Le Sicilien, d*noe race extrémemeot mé-
langée, dans laquelle on reconnatt l'in-
fluence du sang arabe, est irascible, fou-
gueux, vindicatif, inconstant et mobile
plus que tous les autres hommes du midi.
Le peuple est en général très arriéré,
inculte et superstitieux. Malgré la richesse
naturelle du pays et les heureuses dispo-
sitions dont les habitants sont doués à
beaucoup d'égards, nulle part le specta-
cle de la misère et des désordres mo-
raux quelle entraîne ne se présente sous
nn jour plus affligeant. L'extrême con-
centration de ta propriété foncière, qui
appartient presque en entier à la no-
blesse, à la main-morte ou aux commu-
nes par indivis, et s'oppose à une exploi-
tation convenable des terres, forme, avec
le manque de moyens de communication
k l'intérieur, une des principales causes
de cette excessire pauvreté. On compte en
Sicile près de 9,500 familles nobles dont
78 portent le titre de duc, 127 celui de
prince, 1 30 celui de marquis, et le reste
ceux de comte, de baron, etc. Les nom-
breux couvents ne renferment pas moins
de 18,000 moines et 12,000 religieuses.
La mendicité est très répandue dans
nie; plus d'un tiers des habitants ne
pourraient subsister sans le secours des
aumônes qui leur sont assignées sur le
produit des vastes possessions de l'Église.
La population est, en majeure partie, en-
tassée dans les villes et sur les côtes;
elle est clair- semée dans les vallées et
dans les campagnes de l'intérieur, sou-
vent encore infestées par des bandes de
brigands. La suppression des droits féo-
daux les plus onéreux, et les mesures
adoptées pour favoriser le morcellement
de la propriété territoriale, sont trop ré-
(*) Ea i83i , on ■ compté i,q43,366 hab.,
doDt 959,63a da in* mite, et ^3»734 da Mxe
contes pour que Té pays ait déjà pu en
ressentir l'influence. Des famines cruelles
désolent souvent cette lie, anciennement
considérée comme le grenier d'abondance
de Rome. La branche la plus importante
de l'exploitation minérale est celle du sou-
fre, qui a surtout pris un immense déve-
loppement depuis qu'en France et en
Angleterre on emploie cette substance à
la préparation de la soude artificielle. La
Sicile en pourvoit presque exclusivement
toute l'Europe: en 1887, la production
s'est élevée jusqu'à près de 70 millions
de kilogr., c'est-à-dire à une quantité
supérieure à la consommation. Girgenti
est le principal entrepôt du commerce
du soufre, dans lequel sont engagés beau-
coup de capitaux anglais et français.
L'industrie manufacturière n'a qu'une
existence factice, puisqu'elle ne se sou-
tient qu'à l'aide des prohibitions dont
sont frappés tous les produits similaires
étrangers. Elle se borne d'ailleurs à quel-
ques fabriques d'étoffes de soie et de co-
ton , établies à Palerme , à Messine et à
Catane {voy, ces noms). Dans ces trois
villes , qui sont les plus grandes et les
plus populeuses, en même temps que les
principaux ports de l'Ile, avec Girgenti,
Trapani et Syracuse, la classe marchande
est nombreuse et jouit d'une certaine ai-
sance. Les trois premières sont reliées
entre elles par la seule grande route ar-
tificielle qui existe dans le pays. Partout
ailleurs le manque de chemins est d'au-
tant plus à regretter que la Sicile est pri-
vée de rivières navigables. Cette lie a son
régime commercial distinct de celui du
royaume de Naples, aux intérêts duquel
les siens propres n'ont que trop souvent
été sacrifiés. Des droits élevés pèsent
même sur l'exportation des produits les
plus communs.
Les séparations naturelles marquées
par les chaînes de montagnes qui par-
courent la Sicile, y avaient fait autrefois
admettre la division en trois grandes ré-
gions on vallées, qui étaient celles de
Mazzara, comprenant la partie occiden-
tale; de Démona, ou région nord- est; et
de Noto, on région sud-est. Aujourd'hui
(depub 1817), le pays est partagé en in-*
tendances f arrondissements et commu'^
nés. Les divisions générales ont été in-
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(382)
SIC
diquées par U nature Aa paja. Les sept
vallées principales formeDt autant de
circonscriptions administratives nom*
mées valii. La soos-division qui a été
faite y diaprés les rapports politiques,
donne 23 arrondissements (distretti), et
854 communes (^comuni). Les che&-
lieux des valli^ à qui ils ont donné leurs
noms^ sont tous très peuplés. Palerme,
la capitale de nie y avait, avant l'invasion
du choléra, 173,478 âmes ; Messine en
compte 83,773, CaUne 53,400, Syra-
cuse 16,805, Calunisetu 17,000, Gir-
geoti 17,767, et Trapani 34,735. .
Parmi les petites lies dépendantes de
la Sicile, il faut distinguer, au nord, les
Lipares Ivojr.)^ îles Éoliennes ou Fulca^
niennes, dont les principales sont Lipari,
Stromboli etVolcano ; à Touest, leaÉga*
des , et enfin Tile de Pentalaria , entre
la Sicile et l'Afrique (vo^* FKaDurAKDBA).
Rochers incultes pour la plupart, plu-
sieurs d'entre elles renferment des pri«
sons d'état.
Nous renvoyons, pour tout ce qui con-
cerne l'état politique, administratif, re-
ligieux, financier et militaire de l'Ile qui
nous occupe, à l'art, suivant, Deux-Si-
GiLEs, où ces données seront présentées
conjointement avec celles relatives à la
partie continentale de la monarchie.
Histoire. Il est peu de pays qui aient
aussi souvent changé de maîtres et de
forme de gouvernement que la Sicile. Ses
premiers habitants, les Sicaniens ou «Si-
cules {vpy,)^ auxquels elle doit son nom,
paraissent lui être venus de l'Italie. Plus
tard, les Phéniciens et les Grecs y établi-
rent de nombreuses et florissantes colo-
nies : l'antique Ségeste, Himera, Lson-
tinî, Drepannm (Trapani), près du mont
Eryx, Sélinonte, ruinée de fond en com-
ble par les Carthaginois, et la résidence
du tyran Phalaris, Agrigente, dont on
voit encore des restesremarquables a Gir-
genti, y rivalisaient alors d'opulence et
d'ambition. On y voyait aussi déjà Pa-
norme (Palerme), fondée par les Phéni-
ciens, et Messana (Messine), d'abord ap-
pelée Zancle, puis repeuplée par les
Messéniens, chassés du Péloponnèse.
Mais au-dessus de toutes ces oités, mu-
nies pour la plupart d'institutions repu-
blicainesi s'éleva de bout» bfBure la ri*
che Syracuse (tioy.)^ filla Uliistri é$ Cop
rinthe, patrie de Théocrite et d'Axchi^
mède. La célébrité de plusieurs princes
{voy^ GiiiOH, HiÉROff, Devts et Aâ4-
THOCLs), qui, a diverses époques, y usur-
pèrent le pouvoir ou l'obtinrent par
élection; ses hautes vues de domination
sur la Sicile et sur laGrande-Grèoe, ainsi
que les guerres multipliées qui en résul-
tèrent, d'abord avec les villes rebelles à
sa suprématie^ pub tour k tour avec les
Athéniens (vo/. Pïicias et Ajxibiu>b),
les Carthaginois et lés Romain^ le cult#
empressé qu'on y vouait aux sciences c|
aux arts, et l'exoellence de ses rhéteurs^
lui assignèrent un rang glorieux parmi
les républiques les plus vantées de Tan-
tiquité. Au commencement de la pre-
mière guerre Punique (im^O> ^ Car-
thaginois, maîtres d'une partie de la Si*
cile, firent d'Agrigente leur principale
place d'armes ; mais, déjà en l'an 363 av.
J.-C, cette ville tomba au pouvoir des
Romains, qui se firent céder HLe entière
en 341. Ils y affermirent leur domina-
tion par la prise de Syracuse, que Mar-
cellus (voy.) réduisit en 3 13, et la main-
tinrent jusque vers le milieu du v* siècle
après J.-C. La Sicile fut alors conquise
par Genséric, roi des Vandales» récem-
ment établis en Afrique; mais, en 535,
Bélisaire (vojr,) en chassa œs barbares
dominateurs. Les empereurs de Byzance
furent dépossédés à leur tour par les Sar-
razins, en 837. C^>endant le comte
Roger, frère de Robert Guiscard {tfoy.)^
duc normand de la Pouille et de la Cala-
bre, parvint deux siècles et demi plus
tard, de 1060 à 1091, à arracher la Si-
cile aux Infidèles. Son fils Roger II, qui
lui succéda en 1101, réunit en outre
sous sa domination, par suite de la mort
du jeune duc Guillaume , petit-fils de
Robert Guiscard , en 1137, rhériuge
entier de la maison de Hauteville, sur le
continent italien. Le premier il prit» en
1 1 30, le titre de roi des Deux-Siciles, qui
lui fut confirmé par le pape, à charge de
rendre l'hommage au Saint-Siège. Dès
lors les destinées de la Sicile ont toiigours
tendu à se confondre avec celles du royau-
me de Naples, bien que de nouvelles sépa-
rations aient encore eu lien par intervalles
en^ les deux couronnes, Cn. Y.
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(2St)
SIC
SICILBS (ftOYAViim bis Dsux*).
C'est &e nom offieMlement, ifaoïfoe im»
proprcBieBty adUplé povr la «lésî^tkMi
callecUve dss deux royioaics de Neples
et de Sicile réuois en une seule mooar-
cbie. D*spi«s leur position à i'égsrd du
détroiton phare de Messine, oesdeos par-
ties sont distingnées^ dans tons les actes
du goaveraeasenty en domaines en^iieçà
du phmrt^ oosprenaot le territoire oon>
linental avec les petites Ues adjsceotes,
et en domaines au-^là du phare ^
composés du tenritoîre insulaire on de la
Sicile proprement dite avec ses dépen-
danees. Gomme la description de cha-
cnoe de ces deux eontrées a déjà fait l'ob-
jet d'un article à part, nous dcTons nons
liorner ici à un court aperçu statistique
sur l'ensemble de l'état qu'eMes forment,
pour résmner ensuite leur histoire, de-
puis l'époque de la première réunion des
deux couronnes, au moyen-âge. Cerapide
historique complétera l'aperçu qui a déjà
été donné à l'occasion du royaume de
Naples.
La monarchie des Dcux-Siciles oc-
cupe une superficie évaluée à environ
109,000 kilom. carr/, et contient, d'a-
près VAimanatco reale pour 1848,ane
population de 3,308,687 âmes, répartie
dsDs 684 villes, 899 bourgs et 2,156 vil-
lages. Les I enriron de ces différents ohif-
1res se rapportent aux états de terre fer-
me. Les habitants sont tous Italiens et
professent la religion catholique, à l'ex-
ception d'un certain nombre d'AlbaiMÙs,
grecs»unis, et d'enriron 3,000 juifs, to-
lérés dans la capitale de Naples seulement.
La religion catholique est toujours celle
de l'état ; mais le concordat qui règle ,
depuis le 16 février 1818, les rapports
de cette monarchie avec l'Église de Ro-
me, a détruit les iieiss de vssselage que
s'arrogeait le Saint-Siège. Le clergé sé-
culier et les ordres religieux forment tou-
jomrs dans la monarchie un corps très
nombreux et richement doté. Il y a 20
archevêques et 78 évéques dans le seul
résume de Naples ; 8 archevêques et
7 évéques en Sicile. Palerme est le siège
primatial dm roy«ime« La noblesse est
également très considénble; en posses-
sion de vasies domaines constitués en ma-
(*) Enviroo é d« Tétendae ds U France. 8.
jorato , elle jo«it de très grands privilé*
ges, et se compose de près de 9,000 fa-
milles, dont environ 6,500 dans le royau-
me de Naples, présentant un chiffre to-
tal de pins de 50,000 individus. Sur In
continent napolitain, comme en Sicile,
l'isolement résultant du manque de
communications dans les provinces inté-
rieures a fiiit affluer les populations dans
les villes et sur les côtes, an grand pré-
judice de l'agriculture et du développe-
ment de la richesse matérielle do pays.
Cette agglomération est surtout remar-
quable dans la capitale et aux environs :
c'est une des causes du progrès du pau-
périsme. Aussi celte monarchie contient-
elle plus d'indigents et de mendiants de
profusion qu'aucun antre pays de l'Eu-
rope. D'immenses terrains restent en fri-
che ou ne sont utilisés qu'en pâturages ;
et, malgré la fertilité naturelle du sol ,
l'importation de grains est encore qud-
quefois nécessaire. Les campagnes de la
Terre de Labour , dans les états en-deçà
du phare, et celles de Oatane, en Sicile,
offrent seules un état de culture avancé.
Le commerce se ressent de l'état de
langueur de l'industrie agricole et manu-
DMlorière. Dans le royaume de Naples ,
l'importation , qui s'élève à environ 15
millions de ducaii , on 64 millions de
francs par an , est à peu près balimoée
par l'expcNTUrtion. La Sicile , soumise à
on régime particulier, est tenue, pour ses
importations, dans- une dépendance très
onéreuse du continent, source d'une con-
trebande très active en objets de manu-
facture des pays étrangers. Ces dernières
restent pourtant au-dessous des exporta-
tions, qui consistent en produits bruts de
l'Ue, et s'élèvent à plus de 18 millions de
dmeaiiy ou à peu près 56 millions de
francs par an. Quant à la navigation, fa-
vorisée par le grand développement des
côtes, par ie recrutement facile et peu
dispendieux des équipages, et par les en-
couragements du gooveroement, elle est
généralement en progrès. La marine mar-
chande oomprenait déjà, en 1838, dans
le royaume de Naples, 4,668 navires,
jaugeant ensemble 181,709 tonneaux,
et distribués dans les ports de Naplea ,
(kiéte. Tarante, Saleme, Barlelte, Man-
bmàmwÊL^ PeM^ara ,«tB. En Sicile i
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SIC
(284)
SIC
elle compte ploi d« 3,000 navires, qui
ne participent néanmoins qae ponr nn
qaart au commerce extérieur de l'Ile.
L'instruction publique^ abandonnée
presque en entier aux prêtres et aux moi-
nes, n'a répondu jusqu'ici que par de fai-
blesrésttluu à quelques mesures adoptées
pour lui donner plus de force et d'exten-
sion. Naples seule possède une univer-
sité, avec divers autres établissements
spéciaux pour les sciences, la littérature
el les arts, tenus sur un pied respectablci
sans pouvoir néanmoins se comparer ,
sous ce rapport, avec aucun des grands
foyers d'où rayonne le mouvement in-
teUectuel en Europe. Les trois universi»
tés de la Sicile, celles de Palerme, de
Gatane et de Messine , cette dernière ré-
tablie en 1888, ne peuvent être rangées
qu'en seconde ligne. Les entraves d'une
censure très rigoureuse pèsent sur toutes
les productions de la presse, ainsi que sur
l'introduction des livres étrangers.
Nous avons déjà indiqué la division
administrative de la monarchie formée
de 1 S provinces dans les états en-deçà,
et de 7 intendances dans les états au-delà
du phare. L'ordre judiciaire se compose
de deux cours suprêmes établies à Naples
pour le continent, et à Palerme pour la
Sicile, de 4 hautes-cours pour les matières
civiles dans le royaume de Naples : à Na-
ples, Aquila, Trani et Gatanzaro; et de 3
du même rang en Sicile: à Palerme, Mes-
sine et Gatane; enfin, des tribunaux crimi-
nels des provinces et des tribunaux civils
ordinaires, établis également dans le chef-
lieu de chaque province , mais ces der-
niers dans le royaume de Naples seu-
lement. La juridiction inférieure est
dévolue à des juges de paix et à des juges
de district élus à temps dans leur ressort.
Le nouveau code ou Gode de Ferdi-
nand P% en vigueur depuis le 1er sept.
1819, est entièrement calqué sur les co-
des français , sauf la légblation relative
aux majorau, au jury, qu'on n'a pas
adopté, aux formes de la procédure cri-
minelle, toute secrète, aux délits de m-
crilége, etc.
Le royaume des Denx-Sidles forme
une monarchie absolue, héréditaire en
ligne masculine, et même en ligne fémi-
nine à défaut de mâles. En Sicile^ le roi
se fisit représenter psr un lieutenant gé-
néral qui réside à Palerme , et remplit
les fonctions de vice-roi. L'héritier de
la couronne porte le titre de duc de Ca-
labre.'
A la tête du gouvememoit sont pla-
cés 8 ministres secrétaires d'état ^ar*
gés des divers portefeuilles , un conseil
d'état et une consulta générale insti-
tuée en vertu de l'ordonnanoe royale du
14 juin 1824, établie à Naples et for*
mée de 16 membres napolitains et de 8
membres siciliens , choisis à tempe on à
vie par le souverain parmi les grands pro-
priétaires fonciers, les hauts fonction-
naires ci vils.et les militaires les pins mar-
quants. Cette consulta, substituée aux
deux assemblées du même genre, dont le
décret du 96 mai 1821 avait prescrit la
formation pour chacun des deux royau-
mes en particulier , n'a que le droit de
donnw des avis sur les projets de lois^
mesures financières et règlements qui lui
sont soumis. Six directeurs, qui ont leurs
bureaux à Palerme et relèvent du gou-
verneur général, sont chargés de l'admi-
nistration de la Sicile. Les provinces et
intendances , ainsi que les communes ,
administrent et répartiSMUt l'impôt ellcsp
mêmes dans leurs circonscriptiona res-
pectives.
D'après le comte Serristori, les revenus
derétats'élevaient,enl886,à26,089,000
ducats, et les dépenses è 26, 100,000. Ce-
pendant dans le seul royaume de Naples,
le revenu , pour l'apnée financière 1838-
89, éuit évalué à 26,670,000 ducats ou
environ 114 millions de fr.; la dette s'é-
levait à 108 millions de ducats ou 440
millions de fr. environ. Le budget par-
ticulier de la Sicile , continuellement en
déficit, éuit, en 1888, taxé à 1,897,495
onces d'argent ou plus de 24 millions de
fr.; la dette de 111e à environ 22 { mil-
lions de fr.
L'armée napolitaine, dont la réorga-
nisation sur le pied actuel date de 1888,
comptait, en 1888,environ 46,000 hom-
mes, dont 29,881 d'infanterie, y com-
pris les régiments des gardes; mais, en
temps de guerre, elle pourrait être faci-
lement élevée, dans là mêmes cadres, à
64,000 hommes. Elle se compoie de
troupes étrangères (4 régimenU suisses)
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(S85)
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«t de troupes nationales^ recrutées par la
voie de la oonscriplioD. Les seldato iodi-
gèoet, après avoir fini leur temps an ser*
vice actif, restent encore pendant cinq
ans sujets à l'appel pour la réserve, nom-
mée aussi garde nationale, et qui est sus-
ceptible d'être portée à 160,000 hommes.
La Sicile, dont les habitants manifestent
pour l'état militaire une répugnance in-
vincible, ne fournit que deux régiments
d'infaoterie, contingent péniblement ra-
massé dans le rebut de la population.
Outre ces troupes, il existe encore, dans
les deux royaumes, pour le maintien de
la police, une nombreuse gendarmerie.
La marine militaire se compose de 3
vaisseaux, 4 frégates, 3 corvettes et plu-
sieurs bâtiments de moindre grandeur,
armés en tout d'environ 600 canons.
Les ordres de chevalerie dépendant
de la couronne des Deux-Siciles sont :
Vordre royal militaire de Saint-Con^
stantin^ d'origine byzantine, fondé en
1 190, par l'empereur Isaac l'Ange, de la
maison de Gomnène, transmis, en 1699,
par un des descendants fugitifs de cette
illustre &mille , au duché de Parme, et
de la au royaume de Naples, par le duc
infant don Carlos, qui, après son avène-
ment à la couronne des Deux-Sidies, le
renouvela solennellemoit en 1 768 ; l'or-
dre de Saint'Janvier^ institué en 1788,
k plus considéré du royaume; Vordre
de Saint-Ferdinand du mérite, créé en
1 799 ; Vordre militaire de Saint'-Geor^
ges de la Réunion, fondé par le roi
Joseph-Napoléon, puis conservé par Fer-
dinsnd lY et réorganisé parce monarque
pourlesDeux- Siciles, par décret du 9 jan -
vier 1819; enfin Vordre iie François i***, le
seul du royaume pour le mérite civil, et
dont l'institution ne date que du 38 sept.
1829.— roÂr Richard, abbé de Ssiut-
Non, Foyage pittoresque, ou Descrip"
tion des royaumes de Naples et de Si^
elle (Paris, 1781-86, 4 tom. en 6 vol.
gr. in-fol., av. fig. ; nouv. éd. revue et
corr., 1889, 4 vol. in-8®, av. atl.).
Histoire, La première réunion de Na-
ples avec la Sicile, opérée, en 1 130, par
Roger II (1^'' oomme roi ) , sous le titre
de royaume des Deux-Siciles, dura un
siècle et demi. La résidence était Paler-
me. U n'y eut aucune fusion entre les
deux parties de la monarchie : chacune
conserva ses propres lois. Cependant la
dynMtîe de Tancrède de Hauleville s'é-
teignit déjà avec Guillaume II , le Bon,
petit-fils de Roger, en 1 1 89. L'empereur
d'Allemagne, Henri YI de Hofaenstaufen,
fit alovs valoir ses droits à l'héritage des
Deux-Siciles, du chef de sa femme, Con-
stance, fille de Roger; mais les SiciKens,
dans leur aversion pour la dominatioa
allemande, préférèrent appeler a leur
tète un fils naturel de ce dernier, Tan«
crède,({ui se défendit vaillamment contre
Henri : celui-ci ne dut qu'à la mort pré-
maturée de son courageux adversaire, qui
ne laissa pour successeur, en 1 1 94, qu*un
fils en bas âge (Guillaume III), de pou-
voir se rendre mettre de la Sicile, où les
rigueurs qu'il exerça rendirent son joug
odieux. L'Ile n'en reconnut pas moins, en
1197, son fils Frédéric II (comme em-
pereur, l^*" comme roi des Deux-Siciles),
à peine âgé de 8 ans, lequel, pliu tard,
fit beaucoup pour la prospérité de ses
états d'Italie, et transféra le siège du gou-
vernement à Naples. Cependant les Sici«
liens , mus par cette antipathie qui les
anime encore aujourd'hui contré les N«-
politains^ne soupiraient qu'après l'indé-
pendance; le voisinage d*un établisse-
ment aussi formidable de la maison de
Hohenstaufen faisait en outre ombrage
aux pontifes de Rome« En conséquence,
après la mort de l'empereur Conrad lY,
en 1364 , le pape Urbain lY appela au
trône des Deux-Siciles Charles d'Anjou,
frère de S. Louis, roi de France (1365).
Dans rintervalle , Mainfroi ou Maufred
(voy,), fils naturel de l'empereur Frédé-
ric II et tuteur du jeune Conradin (voy.),
dernier représentant légitime de rillustre
maison de Souabe, s'était fait proclamer
roi des Deux-Siciles, à la place de son
neveu , en 1368. Il fut défait et tué par
Charies d'Anjou, à la bataille de Réné-
vent, en 1 366, et 3 années plus tard l'in-
fortuné Conradin loi«méme, vaincu par
le spoliateur de son héritage, fut décapité
à Naples. Mais Charles V ne put con-
server en entier sa conquête. La Sicile se
délivra de la domination des conquérants
français par le nussacre fameux des Yé-
pres Siciliennes (voy.), en 1383. Elle fut
stoondée danscette insurrection par le roi
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Pierre III d^Aregon,cendre d*liMnfre<l|
à qui Conradia avait légué loua ses dfoila
et le soie de m ^eo§eiiiee« Ainsi a'opér»
la dissolutioii du premier lira qui miil
les Deux-Siciks.
Pendant que Naplea était realée soob
la domination de Charles d'AnjoU et de
ses snecesseurs , la Sicile , après s'être
donnée à Pierre III (eomme roi d'Arm-
fon, I^ ooinme roi de Sicile), qui trans-
mit la couronne de i1le, en l3S5y à son
fils cadet Jacques, se dérobait tout-à-fait
à la suprématie pontificale* Tantôt réu-
nie sous un même sceptre avec l'Ara-
gon, tantôt gouTemée comme un apa«
nage royal distinct par des princes
cadeu de la dynastie espagnole , elle de-
meura séparée du royaume de Naples jus^
qu'à ce qu'en 14S6, Alphonse Y {voy.},
roi d'Aragon et de Sicile , s'étant aussi
emparé de Naples, établit sa domination
des deux côtés du détroit. Mais, à la
mort de ce prince , qui régna sur Naples
sous le nom d'Alphonse 1^^ , l'Ile conti-
nua de rester unie à la couronne d'Ara-
gon , qu'Alphonse transmit à son frère
Jean II, tandis qu'il disposa du royau-
me de Naples en faveur de Ferdinand I«%
•on fils naturel. A la mort de ce der*
nier, qui porta la couronne de 14l»d à
1494 , on vît se succéder rapidement à
Naples son fils Alphonse II, qui mourut
en 1495, et son petit-fils Ferdinand II,
qui eut à subir la même année dans ses
états l'attaque chevaleresque, mais té-
méraire , de Charles YlII. I^e bouillant
roi de France s'était lancé dans cette
eipédition lointaine pour faire valoir des
prétentions que la seconde maison d'An-
jou lui avait léguées sur le trône de
Naples ; mais la jalousie des puissances ri-
vales fit échouer cette tentative. Ferdi-
nand II lui-même ne vécut que jusqu'en
1496, et laissa la couronne à son on-
cle Frédéric, qui , à son tour, en fut dé-
pouillé, en 1501, par son cousin Ferdi-
nand le Catholique, roi d'Aragon et de Si-
cile. Ce monarque s'était ligué pour opé-
rer cette conquête avec Louis XII; mais
la division ne tarda pas à se mettre entre
les deux alliés au sujet du partage, et le
rusé Ferdinand finit (1505) par rester
seul maître du royaume de Naples dont
U devait en grande partie la oooquéte à
la valeur de son illustre eapitaisa, Gott*
salve de Goftknse (vûy, ee nom).
Les Deax«Sseîlea lo trouvèrent minai
réunies avec la grande monarchie espa^
gnole, et leur état de dépendoMe de
celle-ci devait eeeore dmr deux siè-^
des. Pendant cette longue période de la
dominatson étrangère f les libertés dont
les villes avaient auparavant joui daiu les
deux royaumes fléchirent peu à peu, tan-
dis que le pouvoir toujours croissant des
barons féodaux et du clergé prenait un
caractère de plus en plus oppressif, et
mettait le comble aux misères du peu*
pie , écrasé d'impôts et réduit à la ser-
vitude dans les campagnes. L'Église a-^
grandit telleflwnt ses domaines, que près
des deux tiers de la grande, propriété ter-
ritoriale finirent par tomber en main-
morte. Lorsque la branche espagnole de
la maison d'Autriche s'éleigoit, en 1700,
les Deux-Siciles , ainsi que PEspagne
elle-même , formèrent un sujet de litige
entre les deux compétiteurs à la succes-
sion du feu roi Charles II, Philippe
d'Anjou et l'archiduc Charles. En 1713,
par suite de la paix d'Utrecht, le royau-
me de Naples, avec la Sardaigne et le
duché de Milan , fut cédé à l'Autriche.
L'influence de l'Angleterre , dans des
vues d'intérêt mercantile, fit que l'on
disposa séparément de la Sicile en laveur
du duc de Savoie; mais, en 1717, Phi-
lippe y, roi d'Espagne , poussé par son
ambitieux ministre Alberoni, reconquit
cette Ile sans pouvoir néanmoins la gar-
der longtemps; car ayant vu se former
contre lui la quadruple alliance entre
l'Empereur, la France, l'Angleterre et les
sept Provinces-Unies, il fut obligé, eil
1719, de céder la Sicile à l'Autriche,
qui dédommagea le duc de Savoie, en lui
abandonnant la Sardaigne {vojr,). Mais,
en 1788, lorsque la question de la suc-
cession au trône de Pologne occasionna
une nouvelle conflagration en Europe, les
Espagnols s'emparèrent de nouveau des
Deux-Siciles, et obtinrent, en 1785, à la
paix de Vienne, qu'elles fussait recon-
stituées en monarchie indépendante pour
l'infant Don Carlos, alors duc de Parme.
Celui-ci ayant, en 1 759, hérité du trône
d'Espagne, qu'il occupa sous le nom de
Charles III (imi/.), dut laisser celui dea
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(iil)
m
Dand lYy et H lilt èo ftténie tétops sti^
pulé que cette cooroirae ne pourrait phn
juMÔs se réonlr à celle d'Espagne.
On a déjà parlé lillears des prindpam
évéMments dfl règne peu glorieux, mais
long et agité, de Ferdinand lY, à Fart,
daqnd nous devons rentoyer, minsi qi»*â
celai de k reine Caroline , qni eut ane
ai grande infloence snr les affiiires de-
pois 1768. En 1761, la dynastie de Na-
plea s*éuit associée an pacU de famille
(voy*) condu entre les dilfi§rentes bran-
dies régnantes de la maison de Boturbon.
Fendant les guerres de la république et
de l'empire français, les progrès de nos
armes en Italie obligèrent deux fois le
roi et son goufernement à se réfugier à
Pderme. La première fois, en 1799, le
cardinal Ruffo parvint, la même année,
à reconquérir Naples, oà une terrible
Maction eut lieu aussitôt contre tous
ceux qui s^étaient montrés accessibles
aut idées libérales, et fit couler des
flots de sang. Après k seconde expulsion,
en 1806, pendant que la couronne de
Naples était passée snr la tête de Joseph -
If apoléon pour être ensuite conférée à
Joachim Murât {voy, ces noms) , force
fat à l'ancienne dynastie de prolonger
jusqu'en 1816 son séjour en Sicile, oè
encore elle n'aurait pu se maintenir sans
la protection armée de l'Angleterre. En
1812, lord Bentinck établit dans 111e une
constitution en grande partie modelée
sor celle de U Grande-Bretagne; mais
dès 1814 le roi la supprima. La défaite
de Murât par les Autrichiens ouTrit
enfin, en 1816, à Ferdinand lY le re-
tour dans ses états du continent , où il
s'intitula dès lors Ferdinand P', roi des
Deux-Sidles. Mais l'esprit rétrograde
et l'inhabileté de son gouTcmement mé-
contentèrent profondément ses sujeU,
ftitoriâèrent l'extension des racines du
carbonarisme {vojr.)^ et firent pénétrer
les germes rétolutionnatres jusque dans
les rangs de l'armée. Ausn, lorsqu'on
Apprit à Naples , au commencement de
l'année 1820, qu'en Espagne la consti-
ftttion des Certes de 1812 avait été ré-
fablie par les troupes, plusieurs régiments
îfliitèrent cet exemple à Nola, d*oii le
montement militaire se communiqua
promptement l tout le royénme, k partfr
du 2 juillet. Dès le 9, le général GuiU
hrtime Fepe fit ton entrée dans la capi-
late, à la tête des insurgés, et le 18, le
serment à la constitution espagnole, pro-
visoirement adoptée pour base de celle
qu'on voulait établir à Naples, fut exigé
du roi et des princes. Le parlement con-
voqué se réunit dans cette ville, le 1^^
octobre , et le 5 il se fortifia par l'adhé-
sion de Palerme, où les patriotes sici-
liens avaient d'abord réclamé avec véhé-
mence une représentation distincte pour
leur Ile. Mais les auteurs de la révolu-
tion qui paraissait si heureusement ac-
complie nuisirent à leur cause par trop
d'exagération, et manquèrent ensuite de
la résolution et de la vigueur nécessaires
pour la défendre. La nouvelle constitu-
tion fut solennellement proclamée par
le parlement le 30 janvier 1821 ; mais
déjà le congrès des monarques absolus
s'était ouvert^ Laibach (yoy,],En exécu-
tion de ses arrêts, une armée autrichienne,
sous le général Frimont , marcha sur les
Abruzzes (voy,). Le 7 mars, son avant-
garde dispersa complètement Tarmée na-
politaine commandée par le général Pepe
(voy. ce nom etCARASCosA); le 10, toute
résistance avait cessé; le 24, Naples fut
occupée par les Autrichiens, à la suite
d'une capitulation, et le 15 mai le roi
rentra dans sa capitale, où l'ancien ordre
de choses venait d'être rétabli. De Flo-
rence , où il s'était retiré, après avoir
nommé le prince royal , François , son
aller e^ (i>or)f l« monarque avait dé-
claré nnU tous les changements intro-
duits dans le gouvernement par suite de
la révolution. Les principaux chefs de
celle-ci parvinrent à se sauver par la
fuite, d'autres furent condamnés à mort
et exécutés. L'esprit réactionnaire sévit
atec fureur contre tous ceux qu'il sus-
pectait de participation aux sociétés se-
crètes, et les prisons se remplirent de
milliers de malheureux. Le gouverne-
ment n'admit que des réformes insigni-
fiantes. La Sicile, où l'irritation des es-
prits et les excès commis par de nom-
breuses bandes de brigands s'étaient ac-
crus en proportion des désordres et des
vices de radmioistration, bien plus pro-
fonds encore dans cette Ile que dans le
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(288)
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rojauMe d« Naplfli» fat cDUiremenl dé-
tachée de celaî-ci| relativement à ton oi^
gaoisaUoDy et reçat égalemoit det car-
oisons autrichiennes. Le clergé reprit
plos d'influence qoie jamais, et la police
déploya des rigueurs telles que l'Autriche
se crut elle-même obligée d'intervenir
par des représentations pour y mettre
un frein. L'arn^ée avait été, dès le com-
mencement, dissoute et remplacée en
partie par des enrôlés suisses , irlandais
et albanais. On s'appliqiu néanmoins à
rétablir un peu d'ordre dans les finan-
ces, et à i'avénement de François I*'
(voy^f fils atné de Ferdinand (5 janvier
183s)y quelques adoucissements eurent
lieu dans le régime du règne précédent.
En 1827 y les derniers régiments de
l'armée d'occupation autrichienne éva-
cuèrent le royaume. Cependant la tran-
quillité intérieure n'était pas encore à
l'abri de toutes les secousses. Vers la fin
de juin 1898| un mouvement éclata dans
la province de Salerne. Il avait pour
auteur principal un prêtre patriote, le
chanoine Luca, qui se proposait l'établis-
sement d'une constitution semblable à no-
tire charte; mais comprimé p^r les ar-
mes , au mois de juillet , il fut cruelle-
ment expié par ses chefs. La Galabre
souffrait en même temps plus que jamais
de ses vieilles bandes de brigands. Le
différend arec l'état barbaresqne de Tri-
poli, qui réclamait un tribut, fut néan-
moins aplani par la médiation de la Fran-
ce au mois d'octobre suivant.
On connaît l'activité déployée par le
souverain actuel, Ferdinand II (iiox*T. X,
p. 677), qui succéda à son père le 8 nov.
1 830, pour réorganiser l'armée, régula-
riser les finances, combattre certains abus
de l'administration et relever la prospé-
rité matérielle du royaume de Naples. Il
abolit les privilèges de chasse, allégea la
charge des imp6ts et prit diverses autres
mesures non moins salutaires. Cependant
la fermentation que le retentissement de
notre révolution de Juillet produisit dans
toute l'Italie donna lieu pareillement,
dans cette partie de la péninsule, è diverses
conspirations suivies de tentatives de bou-
leversement dans les années 1831, 39 et
85. Dans la querelle avec Tunis, le bey
fut obligé de céder; a ce conflit en suc-
céda un notM iVM le Maroc, en 1884.
En 1836 , au mois de janvier , à l'occa-
sion delà naissance d'un héritier du irôoe,
le roi publia une amnistie assez éteadae;
mais il ne s'ei^ attadia que plos fortement
aux principes abeolntisteB et renfor^
même l'autorité dn clergé dans ses étaû.
On a déjà fait «itrevoir plus haut que ,
lors de la révolution militaire de Naples^
en 1830, deux partis s'étaient dédaréa
parmi les insurgés siciliens : l'un à Mes-
sine, pour la eonstitntion proclamée dans
le royaume en-deçà du phare ; l'autre à
Palerme, dirigé surtout par les patrideaa
de l'Ile, pour une séparation complète du
continent. La séparation administratifOy
admise en principe au congrès de Lai-
bach, ne reçut pourtant aucune exécntioQ
avant 1 824. Dea mesures tendant à raf-
fermir le système de centralisation adgplé
par le roi actuel excitèrent de nouveau le
mécontentement des Siciliens. Pendant
l'été de 1 837, les terribles ravages du cho-
léra , accompagnés de &mine, exaspérè-
rent la popukce qui, dans son ignorance,
s'imaginait que les médecins avaient or-
dre du gouvernement d'empoisonner les
pauvres. De sanglantes révoltes, souillées
par d'horribles excès, éclatèrent è Pa-
lerme et à Catane, se propagèrent dans
toute Itle et y répandirent une épouvan-
table confusion. Le gouvernement, mo-
mentanément obligé de prendre la fuite,
ne put rétablir son autcurité que par la
force des armes; les exécutions se multi-
plièrent , et au mois de nov. 1837, pa-
rurent 19 décrets royaux, par lesquels la
Sicile, privée de son administration dis-
tincte, fut réduite à FéUt d'une simple
province de la monarchie. Au mois do
mars 1888, le roi visita néanmoins cette
Ile, y proclama une amnistie partielle et
révoqua les commissions militaires. Bien-
tôt, le 19 déc 1838 , fut publiée une loi
tendant a l'abolition des derniers restes
des institutions féodales, et que suivirent
d'autres mesures relatives aux moyena
de rétablir la sûreté des routes, d'intro-
duire des améliorations dans le systèmn
des impôts et de l'administration en gé-
néral,etde rendreà Itle la jouissaneed'nne
partie de ses droits par la réinstallation
des bureaux du gouvernement è Palerme.
Biais un peu de calme venait à peine de
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renittre, que le cabinet, par nae menurt
imprévoyante, compromit de nouveau
gravement la situation. Il érifea ce que
Ton a appelé le monopole des soufres, en
exécution d'un traité conclu le 27 juin
de la même année avec une compagnie
de négociants français. Cette opération
mal combinée eut des conséquences fu-
nestes, rïon- seulement elle jeta dans la
détresse les nombreux ouvriers employés
à cette industrie frappée de stagnation,
mais encore elle suscita au gouvernement
de graves embarras avec l'Angleterre. Des
réclamations en faveur désintérêts de ses
nationaux, cette puissance passa à des dé-
monstrations menaçantes qui allèrent jus-
qu'à un commencement d'hostilités et au
blocus de Naples, et ne forent suspendues
qu'en 1840 , par l'intervention média»
trice de la France, après que le roi se fut
décidé à la révocation du monopole. Les
désordres, en Sicile , avaient repris un ca-
ractère si alarmant qu*il fallut y renvoyer
des renforts de troupes considérables en
1889.La loi martiale fut de nouveau pro-
clamée et maintenue en vigueur jusqu'à
la fin de 1840. Elle servit à étouffer Tin-
aurrectioà, mais elle n'était guère propre
à fermer les plaies toujours saignantes
du pays ni à calmer une irritation qui
dure enoore.Gette année même des trou-
bles ont éclaté dans la Fouille et en Ca-
labre, à Foggia et à Gosenza, devenue»
le théâtre de collisions sanglantes entre
le peuple et la gendarmerie. Partagé en-
tre la crainte des révolutions et le désir
d'accroître en Iulie un pouvoir que gêne
la prépondérance de l'Autriche, le gou-
vernement des Deux-Siciles, suivant les
complications multiples de ses intérêts
politiques au dedans et au dehors, et sol-
licité de part et d'autre par l'attrait des
liens de famille , subit tour à tour l'in-
fluence de la cour de Vienne et celle de
la nouvelle dynastie française. Ch. V.
SICIUENNES (Vipuss), voy. Vê-
pres.
SICKINGEN (FAAirçou de), cheva-
lier du Palatinat, conseiller et général
impérial, naquit en 1481 au château pa^
trimonial de Sickingen, dans le cercle
du Moyen-Rhin actuel (grand-duché de
Bade). Dès sa jeunesse, il se voua à l'é-
tat militaire, et se réunit au comte de
Smcyeiop, d. G. d. M. Tome XXI.
Nassau dans la guerre contre la France.
Plus tard, il s'érigea en défenseur des
opprimés, se chargeant de àdre obtenir
justice aux faibles qui avaient à élever des
plaintes contre quelque ville impériale on
à réclamer des créances de quelques sei-
gneurs. Briser le despotisme des princes
et abattre l'orgueil du clergé, telle était
la tâche du preux chevalier. Sans être le
moins du monde lettré, il se montra tou-
jours le protecteur des savants : c'est ainsi
qu'il défendit Reuchlin {voy») contre les
moines de Cologne, et accorda l'hospi-
talité dans son château à plusieurs hom-
mes éclairés en butte aux persécutions,
tels qu'Uhric de HuUen {voy.) et autres.
Il contribua beaucoup à répandre la ré-
forme dans les contrées rhénanes. Une
lutte malheureuse contre Trêves, le Pa-
latinat et la Hesse le fit mettre au ban de
l'Empire. Au siège de son château de
Landstnhl, entre Lautem et Deux-Ponts,
une chute entraîna sa mort qui eut lien
le 7 mai 1523, peu de temps après la
reddition du fort. — Fbir Mûnch, Franz
von Sickingen^s Thaten^ etc. (Stuttg.,
1837-28, 2 vol.), avec un Codex di^
phmaticus (vol. lU*, Aix-la-Chapelle,
1829).
En 1 7 7 3, les descendants de Sickingen
furent élevés au rang de comtes de l^m*
pire et se divisèrent d*abord en plusieurs
lignes, dont celle de Sickingen posséda
seule des biens immédiats dans la sei»
gneurie de Landstuhl, droits qu'elle fut
obligée de résigner en 1803. C L,
SIjCDLES, peuplade italienne pri-
mitivement établie dans le Latium, mais
qui en fut expulsée par les Tyrrhéniens
et d*autres peuples, et qui, après avoir
trouvé momentanément un retuge en Ca-
labre, passa le détroit et se fixa dans l'ile
qui reçut d'eux son nom. Foy. Sicile.
SICTONE, aujourd'hui Basilico ^
bourg situé sur le golfe de Lépante, à
quelque distance de Corinthe, était jadis
une des villes les plus anciennes, les plus
célèbres et les plus belles du Pélopon-
nèse. Selon Pausanias, Égialée, fils dl-
nachus, en jeta les fondements, et Sycion,
un de ses successeurs, lui donna son nom.
La Sicyonie partagea le sort des petits
états vobins lors de l'irruption des Hé-
radides dans le Péloponnèieé Elle fut
19
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m
(190)
81b
conqnite par PIraestos et fouiliiie iti r«i
d*Arg08. La démocratie y fut établie
dans la suite, mais les lattes des partis
laforiflèreqt plusieurs fois Tusurpatiou
du pouvoir par des tyrans. Quelque fai-
ble qu'il fût, cet état sut conserver son
indépendance y non pas néanmoins sans
avoir beaucoup à souffrir des querelles
d'Athènes et de Sparte. Un de ses plus
grands citoyens, Aratus (vo/.), fit entrer
Sicyonedans la ligue Achéenne {voy,), où
elle joua un r6le important jusqu'à sa
dissolution. Toutefois la gloira de Si«
^one repose moins sur ses eiploits mi-
liuires que sur la culture deà arts de la
paix. Son école de sculpture et de pein-
ture jouissait d'une haute réputation, et
produisit des artistes qui, comme Aristo-
dès, Canachus, Polyclite, Euphranor^
Lysippe dans la sculpture, Pamphile,
Pausias, Mélanthius, Nicophane dans la
peinture, rivalisèrent avec les plus grands
maîtres d'Athènes* X.
SIDDONS (SAAAHKBMBLk,miatre8s),
une des plus grandes tragédiennes de l'An •
gleterre, sœur des deux Kemble (vojr,)^
naquit le 1*' juillet 1755, à Brecknock,
dans le pays de Galles. Fille d'un diree^
teur de comédiens, ambulants, elle épou-
sa fort jeune et par inclination le jeune
Siddoné, qui faisait partie de la troupe,
et se voua à la scène. Garrick l'appela, en
17 75, à Londres, où elle débuta à Drury*
Lane, dans le r61e de Portia. Elle acquit
bientôt la plus grande réputation : aussi
les deux premiers théâtres de Londres se
la disputèreni-ils toujours, et elle fut
tonte sa vie comblée d'honneurs. D'un
esprit orné, d'un caractère pur, d'une
conduite irréprochable, elle avait un
port majestueux, un geste noble, et l'or*
gane le plus sonore et le plus harmonieux.
Elle ne fut jamais surpassée pour le jeu
de la physionomie, pour l'expression des
yeux et peur la grâce dM mouvements.
Ses principaéx r6les (Vimit : lady Mac-
beth^ et Catherine dans i7e/irf FUI. Elle
se livra aussi à la sculpture, et plusieurs
de ses ouvrages^ entre antres le buste dtt
président dtes Etals-Unb, Adams, joui-
rent dtt suffrage public. Elle quitta la
aeèneen 18IS; mais en 1810 elle irepa-
rut, à Édl«itM>urg, dans quelques repré-
•entetioM an béttéfioe de son firèi^ GiMr-
les ILemMé. Det>di§, elles*ÉttÉébaèttHotit
à développer lès talents de sa nièce, Fran-
cis-Anna Kémble. Elle mourut le 8 juin
1881. — f^of'rBoaden, Memoirscfmis*
tressSiddons{Lond,^ 1 827, 2 vol.), et sur-
tout Thomas Gampbell, Life ofmistress
Siddons (Londres, 18 84, 2 vol.). C\ X.
SIDELHORN, voy. G&imsel.
SIDÉRAL, desidttSf -en>, astre, vof,
AirivÉB, Chronolooib, Jour, RévoLu*
TION, etcr
81DÉRIQUE, vor* Asteal.
&IDÉRISME. Ce mot dérivé dn
grec ci^poÇf fer, acier, désigne une mé-
thode de traitement magnétique des mala-
dies^ préconisée par Mesmer (t'Of .), daaè
laquelle la main de l'homme n'opère pas,
mais qui se fait au moyen d'appareib
particuliers comme des tiges inétaÛiquea
partant d'un baquet contenant des mé-
taux. C. L.
SIDMOUTH (lorb), voy.kmuKO-
toK. II est tnort le 15 février 1844.
SIDNfiT on Stdiyet, nom d'une fa-
mille illustre d'Angleterre dont l'origine
remonte à Guillaume Sidney, qui sui-
vit d'Anjou en Angleterre le roi Henri II,
en qualité de chambellan, et mourut en
1154. Heh&i Sidney, l'un de ses des-
cendants, fut ambassadeur d'Édotiard YI
auprès de la bour de France. A la mort
de ce prince, qui lui portait la plus vive
affection, il se retira dans ses terres^ mais
il fût bient6t rappelé à la cour par la
reine Marie, qui^ comme son frère, l'ho-
nora de la plus haute faveur. Sous Elisa-
beth, il fut nommé gouverneur du pays
de Galles et député d'Irlande, charges
qu'il remplit avec autant de sagesse que
de ttiodération. Il mourut en 1586.
Sir Philippe Sidney, son fils, né à
Penshurst, en 1554, vbita le continent
a))rès avoir achevé ses études , et à son
retour dans sa patrie, quoiqu'il n'eût que
22 ans, il fut nommé ambassadeur de la
reine Elisabeth auprès de l'empereur
Rodolphe II. En apparence, ce n'était
qu'une ambassade de féiicitation; mais
datte le fait Sidney était chargé de for^
mer une ligue des princes protestants
contre le pape et l'Espagne. 11 y réussit,
et en récompense de tes services Elisa-
beth lui donna la place de granci-écban*
Ion, qu'il perdit Uentôt à la suite d'une
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SID
^my
m
ipMKll* ^*il em avee Edouard Vere.
* Exilé de la eoor, il cootaera ses loisirs è
oomposer son énneux roman pastoral
VArcadie (Loodres, 1591), qui ne fat
oepondant i Apriasé qu'après sa mort* Au
bottt do dottz ansy Elisabeth la rappela
et le créa chevalier. Le comté de KeUt
la ehoiiit, fers le même temps, pomr son
fvprésentant aa parlement. Toujours dé-
voué à sa souyeraise, Sidney renonça sans
effort, pour lui obéir, au voyage de dé^
couvertes qu'il se proposait de faire avec
Francis Drake ; il lui donna même une
preuve plus éclatante encore de son at-
tachement, en refusant la conroone de
Pologne qui lui était offerte. Elisabeth
Peovoya en Flandre en qualité de géné-
ral de cavalerie et de gouverneur de Fies-
lingue. Il surprit Axel, en 1586, sauva
l'armée anglaise à Gravelines, et se cou-
vrit de gloire à Zutphen, où il reçut une
blessure dont il mourut à Amheim, le
16 oct. de la même année. Outre PAr^
eadiey il nous reste de lui Astrophel et
Stella (Londres, 1591), et plusieurs
pièces de poésie. Ses œuvres ont été pu-
bliées à Londres en 1735, 8 vol. in-8^
Foir sur lui, Zouch, Memoirs oftfie Hfè
and fpritings of sir Pk, Sidney^ Lond.,
1808.
ALOEBifOir Sidney, 3* fils de Robert
Sidney, à qui fut conféré, en 1618, le
titre de comte de Leicester, naquit l'an-
née d'auparavant selon les uns, en
1623 selon d'autres, et fut élevé sous
las yeux de son père qu'il suivit dans les
missions qu'il eut à remplir en Dane-
mark (1633) et en France (1686), puis
an Irlande, lorsque le comte de Leicester
eut été nommé vice-roi de cette lie. Il y
servit avec distinction contre les rebellea
aous les ordres de son frère, le comte de
lisle, avec qui il retourna en Angleterre
an 1643, et passa au service du parle-
ment. En 1645, il fat nommé colonel
dTnn régiment de cavalerie sons Fairfax,
•I quelque temps après gouverneur de
Chichester. L'année suivante, nous le
nstrouvons en Irlande avec le titre de
lieatenant et de gouverneur de Dublin,
mais le parlement ne tarda pas à le rap-
peler et è lui confier le gouvernement de
Douvres. Quoique membre de la haute-
haï*', Il n'asAfâik point au prononcé de
la sehtence, ni ne signa l'ordre de l'exé-
ention, sans désapprouver d'ailleurs Sa
condamnation du prince. Ennemi dé-
claré des empiétements du pouvoir, il ne
pouvait acquiescer à l'usurpation de
Cromwell : aussi se retira-t-il des affaires
pendant tout le temps que dura le pro-
tectorat. On croit que ce fut à cette épo-
que qu'il écrivit ses célèbres Discours sur
le goupememeni (Lond., 1 698, souvent
rétmpr. ; trad. en franc, par Samson,
La Haye, 1703, 3 vol. in-8<»), aussi re-
marquables par la vigueur du style que
par la richesse des idées, et qui respirent
un tèle ardent pour la défense et le per-
fectionnement de la constitution anglaise.
Après l'abdication de Richard Cromwell
et le rétablissement du Long Parlement,
Sidney accepta la place de conseiller d^é-
taty chargé de la négociation de la paix
entre la Suède et le Danemark. H était
encore à Copenhague lorsque la Restau-
ration eut lieu. Ne voulant point accepter
le bénéfice de l'acte d'oubli et d'immu-
nité de 1660 accordé par Charles II lors
de son avènement au trône, il préféra
passer 17 ans en exil. Ce ne fut qu'en
1677 qu'il consentit à retourner dans sa
patrie, à la prière de son père qui dé-
sirait le voir encore une fois avant sa mort,
et qui lui avait obtenu do roi un pardon
particulier. Élu membre du parlement
en 1678 , malgré les efforts de la cour
potur faire échouer sa candidature , il y
fut un des adversaires les plus redoutables
du ministère. Dalrymple l'accuse d'avoir
été à la solde de la France, mais une ac-
ctisation de ce genre, portée contre un
homme de ce caractère, aurait besoin de
preuves moins suspectes que celles qu'il
en donne. Ce qui est plus certain, c'est
que Sidney, pour sauver la liberté civile
et religieuse de TAngleterre qui lui sem-
blait menacée par Charles II et surtout
par le duc dTork, héritier présomptif du
trône, se Ha avec Monmouth et d'autres
mécontents qui parugeaient ses craintes.
Au mois de juin 1683, sous le prétexte
d'une conspiration dirigée contre la vie
du roi, il fut arrêté avec lord Kussel, et
litre, le 31 nov. à Jefferys {voy,)^ l'abo-
minable instrument des vengeances de la
de justice formée pour juger Char- | cour. La loi exigeait deux témoins, et un
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SU) ( 393 )
leul, lord Howard, U honte de là no-
blesse anglaise, se présenUnt, Jefferyt
suppléa à cette lacone en produisant un
manuscrit saisi dans les papiers de Sid*
ney, et il le fit ainsi condamner à la peine
capitale. Il fut décapité le 7 déc. 1688.
Un des premiers actes du gonvemement
de Guillaume III fut de causer la sentence
qui rayait frappé, et le nom d'Algernon
Sidney est resté en honneur parmi les dé»
Censeurs de la liberté de son pays.E. H-o.
SIDNEY (géogr.), voy. Galles mx-
mdionâle { Nouvelle*) f Goloviss pi*
VALXS et BoTAinr-BAT.
SIDNEY-SMITH, voy. Smith.
SIDOINE APOLLINAIRE (Gaius
m
SoLLius), poète et écrivain latin, évé-
que de Glermoot en Auvergne, naquit
à Lyon le 5r nov. 480. Élève des rhé-
teurs Haenius et Eusèbe , il devint lui-
même no des hommes les plus remarqua-
bles de son époque. Avitus, qui sut
l'apprécier, lui donna sa fille en mariage
et l'emmena à Rome. Lorsqu'il fut dé-
claré Auguste, Sidoine prononça le pa-
négyrique de son beau-père devant le
sénat et le peuple : cette pièce lui valut
une statue dans la bibliothèque de Tra-
jan, parmi celles des poêles célèbres.
Après la mort d'Avitus, Sidoine Apolli-
naire, ayant refusé de reconnaître Majo-
rien , se retira dans sa ville natale où il
eut longtemps à supporter les effets de la
colère du nouvel empereur, avec lequel
il finit cependant par se réconcilier. Sous
le règne de Libius- Sévère, il fut obligé
de se réfugier en Auvergne où étaient
les biens de sa femme. £a 468, étant re-
tourné à Rome auprès d'Anthémius, il
fut nommé gouverneur de Clermont, et
en devint évêque en 473. Sa tranquillité
fut souvent troublée dans cette dernière
dignité. LesGoths le destituèrent; il re-
monta néanmoins sur le siège épisoopal,
mais il eut à lutter contre Tambition de
ses subordonnés qui s'efforcèrent de l'en
expulser. Sidoine Apollinaire écrivait
avec une grande facilité, et quoique son
style soit loin d'être correct, il n'en est
pas moins un des meilleurs poètes chré-
tiens parmi ceux qui ont fait usage de la
langue latine. Nous ne possédons de lui
qu'un choix de ses œuvres qu'il fit lui-
même et qui renferme 9 livres contenant
des lettres et 94 pièces de vert,
compter celles contenues dans les lettres.
Les panégyriques d' Avitus, de Majorien
et d'Anthémius sont ce qu'il nous a laissé
de plus parfait. Une histoire d'Attila^
commencée par lui, ne fut jamais lermi»
née. Euric, roi desVisigolhs, lui avait de-
mandé une histoire de son époque, maie
l'évêque de Clermont ne crut pas devoir
obtempérer à ce vœu. La l' édit. des
œuvres de Sidoine Apollinaire parut à
Utrecht, sans date (vers 1478), in-fbl.^
en caract. goth. On cite ensuite les édit.
d'Élie Vinet, Lyon, 1653, in-8«; de J.
Savaron, 1598, in- 8^, réknpr. avec des
notes, 1609, in-4<'; de J. Sirmond, 1614,
revue par le P. Labbe, 1652, in-4^, on
a une trad. franc, de Sidoine par Sau«
▼>8^y9 1787, 2 vol. Les lettres seules
ont été trad. par R. Breyer, 1706. X.
SIDON, ville de la Phénicie {voy.)^
qui fut bâtie, dit*on, par Sidon, fils de
Chanaan. Elle était déjà renommée par
son industrie et son commerce du tempa
de Jacob : le livre de Josué en parle
comme d'une cité aussi célèbre par la
magnificence et la richesse de ses habi-
tants que par l'habileté de ses ou-
vriers (voy. CoxMSBGset Navigation}.
Longtemps elle fut la capitale de la Phéni-
cie, dont elle fonda la plupart des villes.
Nabuchodonosor la détruisit, 600 ans
avant J.-C. Plus tard elle fut prise par
Alexandre- le-Grand (832). Elle conti-
nua à partager dès lors le sort de la Phé-
nicie. Aujourd'hui elle forme encore,
sous le nom de Séîde, une ville asses
considérable. X.
SIÈCLE, du latin sœculum^ temps
illimité, comme le grec a<uv, œimuiy
âge , période , puis espace de cent ans.
L'étymologie du mot est incertaine : s'il
n'est pas de la même famille que^ppimiy
dérivé d'aiwv, mot dont l'aspiration apa
produire 1'^ initiale, peut-être vient-iL
de sequoTf je suis , ou aussi de seco^ je
coupe ; Varron le dérive à sene, de vieux. '
La chronologie {voy. ce mot. Ère, Ah-
HKS, etc.) divise, comme on sait, le temps
en siècles qui se comptent en arrière pour
le temps antérieur à, la naissance de Jé-
sus-Christ, et en avant depuis cette gran-
de époque. On s'est longtemps disputé
sur la question de savoir par quelle an«
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SlË
mée oommenoe ckaqoe siècle,
et ii*éuit pas néoessairement par 1 ; mais
on a prétendu qoe l'année 1800 faisait
partie du xix* siècle et non du xvui*,
oe qui est absurde , car il n'y a pas de
cent sans le centième. Noos avons parié,
an mot Jubilé, de certaines fêtes
aéculaires on demi-sécnlaires. Les Ro-
mains déjà avaient, comme on sait, des
iucU sœculartSj dont Horace a célébré
le retour, peut-être variable dans cer-
taines limites, par les beaux vers du
Carmen sœculare. Dans le sens d'âge, les
anciens disaient le siècle d'argent, le siè-
cle de fer, comme on dit aujourd'hui le
siècle d'Auguste, de la Renaissance ou de
Léon X, de Louis XIV, de Voltaire; et,
dans cette acception, le mot peut dési-
fner une période indéterminée de bien
moins on de bien plus de cent ans. C'est
sous cette restriction seulement qu'on
peut dire que chaque siècle a son carac-
tère propre.
Voici de qnelle manière un écrivain
philosophe, M. Edouard Alletz, caracté*
rise le siècle actuel :
« Tandis que les grandes âmes s'ef fa^
cent, dit-il, le niveau universel paraît
s'élever. Ce ne sont pins les hommes qui,
par leur volonté et leurs passions, chan-
gent le monde ; les événements sont l'œu-
vre de trop de monde, pour l'être de
personne ; ils écrasent l'individu. Aussi
les esprits que n'éclaire pas la foi adorent-
ils une force mystérieuse qui, pour les
chrétiens, n'est que la Providence tra-
vaillant plus à découvert. La destinée de
oe siècle est de faire participer un plus
grand nombre d'hommes dans un même
pays au bien-être et à Tinstmction, et
un plus grand nombre de peuples, sur
l'échelle des nations, à la civilisation et
au commerce. Une fusion entre l'Ecurope
et l'Asie se prépare, et la domination
bienfaisante de l'esprit chrétien sur l'O-
rient barbare sera un des grands traits
de notre époque. Enfin, les effets de la
découverte de la vapeur dans les rela-
tions internationales, la décadence des
«rbtoeraties européennes an dedans des
sociétés, et le déclin de la philosophie
anti-chrétienne dans l'ordre moral, don«
oeront à notre siècle sa figure, ion esprit
et ses moun. »
(293)
SIE
Dans le langage biblique, tiêele est
quelquefois synonyme d'âge, comme, par
exemple, dans ces mots : Gloire à Dieu
au siècle des siècles^ on quand S. Paul
parle de ee siècle mauvais ^ et que Jésus-
Christ lui-nkême dit qu'à celui qui aura
parlé contre le Saint-Esprit le pardon ne
sera accordé ni eians ce siècle ni dans
celui qui est à venir; on encore Les en-
fants de ce siècle sont plus prudente
dans leur génération que les enfants de
lumière. Dans ce dernier passage, siècle
est même synonyme de monde actuel,
par opposition au monde futur, infini*
Aussi désigne-t-on généralement par les
mots enfant du siècle un homme char-
nel, mondain, préoccupé des intérêts
terrestres; vivre selon le sièclCy c'est s'at-
tacher aux joies de ce monde, à ses vaines
pompes, à ses promesses trompeuses. Ainsi
séculier {sœcularis) est devenu presque
synonyme de profane, quelquefois de laï-
que : on oppose les intérêts séculiers on
temporels aux intérêts ecclésiastiques et
spirituels; et rendre au monde extérieur,
à la société laïque, une personne, un
bien, un territoire, c'est les séculariser^
Cependant on appelle aussi clergé sécu-
lier celui qui vit dans le monde, par op-
position au clergé régulier^ soumis à une
règle et séquestré du monde. S.
SIÈGE, voy. Attaque, Défshsk DBS
PLACBs, Blocus, TaAircHis, PAmAixiLK,
Sapb , MiNB , Battb&ibs, A&tillerib,
MonTiEE, Fo&TincATioNfBRÀcHK, As-
saut, CAPiTULATioir, etc. Pour les sièges
les plus célèbres dans l'histoire, voy»
T&OIK, JiaiCBO, J]£&U8ALSM, ROMK, St-
RACusB, SAOOim, Cabthaob, Paeis, Si-
viLLB, Lisbonne, Aceb (Saint-Jean d*)^
Oel^ans, Constantinoplb, Maeseiixe,
Vienne, BIalte, La Rochelle, Lille,
Baegblohe, Copenhague, CEiMONE,
GlBEALTAE, TOULOH, MaNTOUE, GiNES,
Saeagosse, Algeb, Anvees, etc., etc.,
et les notices consacrées aux guerres dans
lesquelles ces sièges onten lieu, ainsi que
les noms des généraux qui ont conduit
soit l'attaque, soit la défense.
État de siéoe, vojr> Place (commun^
dont de).
SIENNE, anciennement Sena Julia^
ville archiépiscopale, chef-lieu du dé-
partement du même nom dans le grand-
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SIË
(M4)
SIE
ktioB d» 18,000 hab. Toute déchae
qu'elle est, Skune préseole eacored'im-
posants vestiges de son ancienne splea-
deur. Sa magnifique cathédrale, chef-
d'œuvre deGiov. Pisano (voy, Pisav), est
un riche musée d'antiquités du moyen-
âge. Ses nombreux eouYents renferment
une foule de tableaux estimables, entre
autres la Madone de Gui de Sienne, pein«
tre en 1S21. Son uniTeraité, fondée en
1880 par Charies-Quint , compte en-
core 60 professeurs et possède une biblio-
thèque riche en livres rares et en manus-
crits précieux. Parmi ses monuments
publics les plus remarquables, on doit
citer le nouvel Opéra, la porte Camollia,
la Fonte Gaja sur la place du marché.
Cette place, en forme de coquille, est une
des plus curieuses de l'Italie.
Colonie romaine fondée par Auguste,
Sienne commença à jouer un r61e impor-
tant dans l'histoire des républiques ita-
liennes pendant les querelles entre l'Em-
pire et la papauté. Des guerres acharnées
avec Lucques, Pise et Florence, des que-
relles intestines entre Taristocratie et la
démocratie, la menacèrent plus d'une
fou d'une ruine complète jusqu'à ce que
le gouvernement ferme et sage de Petrucci
(1487) parvint à rétablir la tranquillité.
A la mort de ce grand homme, les trou-
bles recommencèrent; les nobles furent
chassés, et Sienne se mit en 1 640 sous la
protection de Charles^uiot,qu'eUe aban-
donna ensuite pour s'allier à la France.
Les Espagnols l'assiégèrent, et, après une
résistance héroïque, elle fbt obligée de
capituler en 15Ô6. Deux ans après, elle
fut cédée par Philippe II À Cosme de lié-
dicis en paiement des fortes sommes qui
lui avaient été avancées, à lui et a son
père. Depuis cette réunion, l'histoire de
Sienne se confond avec edle de la répu-
blique de Florence. E. H-o.
8IBRRA-LEONB, nom d'un gou-
vernement anglais embrassant les colonies
de la Guinée occidentale, et dont le chef-
lieu est Freetown. Foy. GuiK^E et SiÉ-
HiioAMBiE. — On sait au reste que sierra
est un mot espagnol qui signifie au pro-
pre scie^ dentelure et figurément moni€t^
gne^ à cause de l'aspect dentelé que pré
«■REA MOREIIA (mmmieê BÊtt-
riani)^ chaîne de montagnes aride, Im-
praticable, de l'Espagne, qui commence
dans les environs d'Alcarac, sur les limi-
tes orientales de la Hanche, court entn
oette province, l'Estramadouve et l'Alen-
téjo qu'elle laisse au nord , traverse les
royaumes de Jaén , de Cordone et des
Algarves, et va se perdre dans la mer au
cap Saint-Vincent {voy,). Son point cul-
minant s'élève à 2,640 pieds. Dans le
royaume de Cordoue, elle porte le nom
de Sierra de Cordopa; entre l'Estrama-
doure et Séville, elle est connue sous ce-
lui de Sierra de Guadalcanalj et sous
celnide Sierra de Caldeiraon et deSierra
de Monchique^ elle forme la frontière
septentrionale des Algarves. Elle va en
s'abaissent à mesure qu'elle approche du
cap Saint-Vincent, et se termine presque
en plaine. Les vallées qu'elle domine sont
généralement marécageuses. La Sierra-
Morena est célèbre par les aventures de
Don Quichotte et par les tentatives de
colonisation faites par P. Olavide (vo^*)»
de 1767 à 1776. On fit venir des diflCé-
rentes parties de l'Europe et de l'Espagne
un certain nombre de colons qui furent
établis les uns dans des fermes isolées, les
autres dans des villages construits aux
frais du gouvernement. La principale de
ces colonies, appelée Carolina^ du nom
de Charles III, est située dans la province
de Jaên, et compte 9, 100 hab. C. Z.
SIÈYES (Emmahuei^- Joseph), cé-
lèbre publiciste et homme d'état français,
naquit à Fréjus le 8 mai 1748. Son père,*
qui avait sept enfuits, jouissait d'une mo-
deste aisance et occupait la place de con-
trôleur des actes. Emmanuel commença
ses études dans la maison paternelle, sous
la direction d'un précepteur qui le con-
duisait au collège des jésuites pour y sui-
vre les cours. Ceux-ci ayant remarqué les
heureuses dispositions du jeune Sièyes,
voulurent l'envoyer dans leur grand pen-
sionnat de Lyon ; mais son père s'y refusa
et fit achever les études de son fils au col-
lège des doctrinaires à Draguignan. Lors-
que Sièyes les eut terminées, il voulait
suivre la carrière de l'artillerie ou du gé-
nie ; cependant les obsessions desafbmille,
secondées parcelles derévéquede Fréjus,
sentent les sommets de certaines chaînes. | le firent entrer dans Tétat ecclésiastique.
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SIE
($M)
SIE
A Tâge de 14 Ms, H foC eaveyé à Parit,
au sémlBaira 8aiiiHSalpk)e, peur y fairt
aet coom dt pl|Uo«»p)Uf at da théologie.
« Dans «ne position si contraire à ses
goàts natarels, a-t-il dit loi-méme dans
une notice qu'il publia sur lui en 1796,
il n'est pas eitraoMlinaire qu'il ait oon-
traeté une sorte de mélancolie sauvage,
accompagnée de la plus stolqne indiffé-
rence sur sa personne et son avenir. » Il
sertit du séminaire après avoir suivi en
Sorbonne ce que Ton appelait le cours
de lioeiuey et avoir reçu la prêtrise.
On eompv^ faoîleaseot que pendant
ces du années d'une vie si monotone,
Sièyes ait profondéaoent étudié ta mé-
taphysique, l^oeke, Condillac, Bonnet
étaient ses lectures favorites. Il se délas*
sait en cultivant la musique. Dans l'année
1776,11 fut doté d'un canonicaten Bve*
tagne; mais 11 ne tarda pas à obtenir l'au-
torisation de revenir à Paris, el peu de
temps après il devint successivement vi-
caire-général, cbanoioe et chancelier de
l'église de Chartres ; puis conseiller* com-
missaire, nommé par ce diocèse è la cham-
bre supérieure du clergé de France.
Oo approchait de l'époque où la révo-
llltion allait éclater ; déjà les assemblées
provinciales étaient convoquées. Sièyes
fut nommé membre de celle d'Orléans.
Puis vint l'assemblée desÉuts-Gènéraux .
Sièyes, dans l'été de 17S8, fit imprimer
un écrit intitulé' : Fues sur ks moyens
d* exécution dont les représentants de
la France pourront disposer en 1769;
mais il crut devoir en suspendre la pu-
blication. Jeté au milieu des émotions
profondes qui agitaient toutes les âmes à
cette gnmde époque, il lit paraître son
£ssai sur les privilèges (nov. 17tS), et
immédiatement après (janv» 1789) son
célèbre pamphlet: Qu^esê<eque le tiers'"
état? Ce dernier ouvrage plaça Sièyes à la
téta des publicistes qui secondaient la ré-
volution.
Les assemblées de bailliage venaient
d'être convoquées : Sièyes sembla leur dic-
ter ce qu'elles avaient à faire dans son Plan
de délibérations pour les assemkiées
de bailliage. Il rédigea de plus, pour le
duc d'Orléans, des Délibémtioms à pren-
dre pour les assemblées de bailliage, qui
forent en voyéaa par les precDMura fondés
de ce prince dans les nombreux bailliages
de son apanage.
Des travaux si importants et en si
grande harmonie avec l*opimon publi»
que appelèrent sur Sièyes l'attention des
électeurs de Paris. H fut nommé, par le
tiers-état de cette ville, IHin de ses vingt
députés aux États-Gén^ux.
Dès son entrée dans cette assemblée,
Sièyes y prit la place que ses talents et
son patriotisme le destinaient à y occu-
per. Il fut le principal promoteur de la
réunion des ordres et le rédacteur du
serment du Jeu de Paume. Le roi, dans
la séance du 93 juin, ayant cassé tous ces
arrêtés, et envoyé son grand- maître des
cérémonies a l'assemblée pour lui ordon-
ner de se séparer, Sièyes, après l'apo-
strophe célèbre de Mirabeau {voy,)y dit.
avec son flegme habituel t Nous sommes
aujourd'hui ce que nous étions hier.,. y
délibérons.
Nous n'entreprendrons pas d'analyser
les grands travaux de Sièyes à l'Assem-
blée constituante : nous nous contente-
rons de rappeler que, membre du comité
de constitution, il jeta les bases de la dé-
claration des droits, dans un excellent
écrit intitulé : Reconnaissance et expo»
sition des droits de l'homme et du ei^
toyen (juillet 1 7S9). Il eut la plus grande
part à la division de la France par dépar-
tements, et publia un Aperçu d^une nou-
velle organisation de la justice et de la
police en France (mars 1790). Il ne put
toutefois fkire prévaloir ses idées sur l'é-
tablissement du jury en matière civile,
ni sur le rachat de la dtme. Ce fut à l'oc-
casion de l'abolition de cette dernière
qu'il dit le mot fiimenx : lis veulent être
libres et ne savent pas être justes.
H joua un r6le presque passif pendant
la dernière période de l'Assemblée con-
stituante. Administrateur et membre du
directoire du département de la Seine,
on voulut aussi le faire élire évéque de
Paris; mais il empressa d'écrire au corps
électoral quHI n'accepterait pas.
Sièyes s'était retiré à la campagne pen-
dant la durée de l'Assemblée législative,
et il y était encore lorsqu'il apprit sa
nomination à la Convention, où il avait
été élu par trou départements, il op<a
pour celui de la Sarthe, el fax pla#e ay
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SIË
(296)
SIE
comité dMnttruction publique; mais il
joua dans cette orageuse assemblée le
rôle d*un obaenrateur plutôt que celui
d*au acteur. Dans le procès deLouisXVI,
Sièyes yota contre l'appel au peuple et
pour la mort sans sursis. Du reste, il ne prit
aucune part aux actes sanguinaires qui
signalèrent cette triste époque, et il ne
rappela son nom au public que par quel-
ques travaux législatifs, tels qu'un Rap"
port sur l'organisation provisoire du
ministère de la guerre^ et un Nouvel éta-
blissemerU d'instruction publique^ qui
fut communiqué à la Conirention par
M. Lakanal.
Lorsqu'après la chute de Robespierre
la Convention s'occupa de réorganiser la
France, Sièyes, qui avait cru devoir pu-
blier la Notice dont nous avons déjà
parlé et dans laquelle il explique et jus-
tifie sa conduite (an III), refusa de faire
partie de la commission qui allait prépa-
rer la nouvelle constitution. Consulté au
nom de cette commission sur son travail,
il refusa de donner ses conseik. Cepen-
dant il Ait nommé membre du nouveau
comité desalut public (1 5 ventôse an III),
et fit en son nom et en celui des comités
de sûreté générale et de législation un
Rapport sur une loi de grande police
(1*' germinal). Il fut élu président de la
Convention le 2 floréal suivant.
A l'organisation du Directoire exécu-
tif (9 brumaire an IV), Sièyes fut nommé
Fun des cinq directeurs; mais il refusa, et
fut remplacé par Rewbell (voy,). Il de-
vint membre du conseil des Cinq-Cents
qu'il présida au commencement de l'an
VI. Ce fut vers cette époque qu*une ten-
tative d'assassinat eut lieu sur lui par son
compatriote, l'abbé Poulie. Une balle
lui fracassa le poignet, une autre lui ef-
fleura la poitrine. Il se contenta de dire
à son portier : Si Poulie revient^ vous
lui {lirez que je rCy suis pas.
Quelque temps après , le Directoire ,
qui ne lui tenait pas rancune de ce qu'il
avait refusé d'en faire partie, le nomma
ministre plénipotentiaire à Berlin. Il rem-
plît avec habileté cette grande et difficile
misMon, qui occupa une partie des années
1798 et 1799.
A son retour en France, Sièyes ne tarda
pM^ voir que le Directoire^ dont il était
membre depuis le 27 floréal an VU, lou-
chait à son terme. Il voulut présider à
l'installation du gouvernement nouveau et
lui imposer son système de constitution
dont on parlait beaucoup depuis long-
temps, mais que l'on connaissait à peine ;
car Sièyes semblait croire que bien peu
d'espri ts étaient à portéede le comprendre.
Bonaparte, de son côté, voulait aussi ren-
verser le Directoire à son profit. Ces deux
hommes s'entendaient, espérant bien cha-
cun de son côté qu'une fois la nouvelle
révolution opérée, il jouerait le princi-
pal rôle dans l'organisation du gouver-
nement nouveau. Sièyes agissait auprès
des députés influents, appartenant à To-
pinion républicaine modérée, pour les
engager à porter la main avec lui sur la
constitution de l'an III; et comme il
éprouvait de la résistance, il leur dit :
« Si vous ne voulez pas agir avec nous,
je me tournerai du côté des jacobins. »
On sait l'histoire du 18 brumaire
{^voy. ) : Sièyes y montra beaucoup de
sang* froid, et fut immédiatement nommé
le premier des trois consuls provisoires.
Mais là devait s'anréter, à proprement
parler, sa vie politique. Bonaparte, qui
avait l'armée derrière lui, et qui était en-
vironné du prestige de sa gloire, n'eut pas
de peine à effacer son rival. Sièyes ne put
faire triompher son plan de constitution ;
sa politique métaphysique ne pouvait
convenir à un esprit aussi positif que
celui de Napoléon. La constitution de
l'an VIII ne contint qu'un pâle reflet
des idées de Sièyes. Napoléon amortit
tout-à-fait son influence en le faisant sé-
nateur et en lui donnant un domaine
considérable (celui de Crosne), qui mon-
tra que ce rigide républicain savait se
consoler, au milieu de la fortune et des
honneurs, de l'échec de ses efforts et de
la perte de la liberté de son pays. Sièyes
fut plus tard nommé président du sénat
et comte de l'empire, mais il ne tarda pas
à résigner la préiidence. Il était membre
de l'Institut ^classe des Sciences morales
et politiques) depuis la création de ce
grand corps; il entra à la classe de littéra-
ture (Académie-Française) au moment où
Napoléon supprima la classe des sciences
morales.
En 18 15, Sièyes qui y dans les Cent-
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SIG
(«7)
SIG
Jonrsy vnài été membre de la Chambre
des.pairsy fut protarit, au second retour
des Bourbons, par soite de son vote sur
la mort de Louis XVI; il se réfugia à
Bruxelles, où il ne s*occnpa guère que
des soins de sa santé. Il rentra en France
après la révolution de 1880, et mourut à
Paris, le 20 juin 1836, à Page de 88 ans.
Sièyes fut un des esprits les plus vastes
de la révolution. Son influence a été
immense pendant le premier acte de ce
grand drame. Sa constitution n'a jamsis
été bien connue. On en trouve ce-
pendant un tableau dans V Histoire de
la révolution de M. Mignet. Sous le titre
de Théorie constitutionnelle de Sièyes
et de Constitution de tan Vlll^ Boniay
(de la Meurthe) a publié deux cbapiires
de ses Mémoires (inédits), où cette con-
stitution est exposée avec détails. Outre
les brochures de Sièyes que nous avons
citées, ceux qui voudront bien connaître
la vie de cet habile politique devront
consulter Touvrage intitulé : Des Opi-
nions politiques du citoyen Sièyes ,
(par OEIsner, in- 8®, an VIII), ainsi que
ïtL Notice historique sur la vie et/estra^^
POUX de M. le comte Sièyes, lue par M.
Mignet dans la séance publique de l'A-
cadémie des Sciences morales et politiques
du 28 déc. 1886. A.T-R.
SIGBBERT, fils de Glothaire T' et,
de 561 a 676, roi mérovingien d'Aus-
trasie, est surtout connu comme époux
de Brunehant. Foy, ce nom^ et Fbamcb,
T. XI, p. 626.
SIGILLÉE (teule) , vcy. Lemnos.
SIGISBÉE, voy. Cicubio.
SIGISMOND, fiU de Charles IV,
et frère de Venceslas, de la maison de
Luxembourg (vo/.), roi de Hongrie et
de Bohême, régna de 141 1 à 1487 com-
me empereur d'Allemagne. Ce fut lui qui
convoqua le concile de Constance (voy.) ,
et lliktoire lui reproche amèrement,
mais avec justice, la mort de Jean Huss
(voy,) et de Jértoe de Prague, livrés
au supplice, malgré le sauf-conduit qu'il
leur avait donné. Ce fut aussi lui qui
engagea, en 1417, le margraviat de
Brandebourg à Frédéric de Hohenzollem
(voy, ce nom).
SIGISMOND I-m, rois de Pdl6-
gne, vor^Poi'Oon, T. XX» p. ^ et vm.
Le premier de ce nom, fils du roi Ca-^
simir IV, de la famille des Jagellons,
régna avec sagesse de 1 606 à 1 648. Sous
lui commença l'âge d'or de la littérature
polonaise; mais sons loi aussi Tindépen-
dance fut concédée à la Prusse ducale, et
l'esprit intrigant de sa seconde épouse,
Bone Sforza, en indisposant la noblesse,
donna lieu (1687) à la première oon§6«
dération, dont le suooès fit, dans la suite,
du soulèvement un moyen habituel d'ar-
river au redressement des griefs.
Sous son fils, Sigismond II Auguste,
roi de Pologne de 1646 à 1672, la réfor-
mation s'introduisit dans ce pays, agité
en outre par de longues guerres avec la
Russie. La Lithnanie fut réunie à per-
pétuité avec la république. Dans la per*
sonne de Sigismond-Auguste s'éteignit,
pour le malheur de la Pologne, la dynastie
des Jagellons (voy. ce mot).
Sigismond III, de la maison de Wasa,
était fils de Jean III , roi de Suède, et ré-
gna de 1687 à 1632 (yor. T. XX, p. 8),
après Etienne Batorî. Ce fut le temps
des faux Démétrius (voy.). Prince d'un
esprit étroit et borné, il était peu aimé
des Polonais que, de son c6té, il n'aimait
point. X.
SIGLBS (siglœ)^ lettres initiales dont
on se servait par abréviation : c*est ainsi
que les anciens Romains écrivaient S. P.
Q. "R.fSenatus populusque romanus. On
en faisait grand usage dans la jurispru-
dence et la diplomatique. Justinien les
prohiba à cause des différentes interpré-
tations dont souvent ces signes étaient sus-
ceptibles; mais les copistes do moyen-âge
les remirent à la mode. Fbir Nioolai, De
siglis veterum^ Leyde, 1706.
SIGMARUf GEN, voy, Hohshzoi.-
Lsav.
SIGNATURB (de signatura^ appo-
sition du sceau), nom d'une personne
écrit de sa main, à la fin d'une lettre
ott d'un acte quelconque, pour le certi-
fier et le rendre valable.
La signature est la preuve du consen-
tement des parties, et, comme telle, une
formalité essentielle commune à toua les
actes, La loi française n'exige pas que
les actes soient écrits de la main de ceux
qui les souscrivent. Cette règle re^it
I deux eaceptioiis. La première est rela-
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SIG
(2M)
«G
tive «a tatumeet olographt qai Ml être
écrit, daté at signé de la malo da tetU-
tacur; la saconde coooarna Taata privé
portant obligation uniiaiéraie d'una
lomma d'argant ou d'una diota appré-
ciabla : il doit étra éorit da la main da
celui qui la sontcrit, on du moins il fiiut
qu'outra sa signatora» la souscripteur ait
écrit un bon ou un approuvé^ énonçant
an toutes lettres la somma ou la quan-
tité da la cbosa, sauf la cas où l'acte
émane de marchands, artisans, labou-
reurs, vignerons, gens de journée et de
Les actes notariés doivent être signés
par les parties , les témoins , et les no-
taires qui doivent constater dans l'acte
l'acoomplissament de cette formalité, et
faire mention de la déclaration des par-
ties ou des témoins qui ne saTant ou ne
peuvent signer (loi du 36 vent6se an XI,
art. 14).
An moyen-âge, alors que l'art d*é-
crira était peu cultivé, on se servait sou-
vent pour signature d'un monogramme
(vofy,)y ou d'une simple croix. Dans un
grand nombre d'actes, la souscription
des notaires consiste en des figures de
roues et de damiers, surmontées de croix,
formées avec des esUmpilles dont la for-
me varie à l'infini. Une sorte de parapbe
ou de chiffre raqiplaca quelquefois cette
souscription. Dans le xiii* siècle et les
deux suivanU, l'apposition du sceau
{voy.) tint ordinairement lieu de signa-
ture et même de témoins. Depuis Fran-
cis P', les souscriptions réelles de-
vinrent fréquentes. La formula ^/^/UMPt
manuale^ pour désigner la souscription
faite de la propre main des souscrivants,
d^ta du XVI* siècle. En 1 664, François II
enjoignit aux particuliers de signer leurs
actes. Cette prescription fut renouvelée
par l'ordonnance d'Orléans da 1660,
mais elle parait être demeurée sans exé-
cution; car le parlaosent da Paris, par
un arrêt de 1679, ordonna que les ac-
tes des notaires seraient signés des par-
ties.
£n termes d'imprimerie, on nomme
signature les lettres ou les chiffres que
l'en met au bas dea feuilles imprimées ,
afin d'an raconnaltra l'ordre quand on
vaut laa aaMmblar pour an former un
Yoluma. Dana laa anriena maMnerila, laa
sigaatnraa sont plaoéaa sur la deniiéra
page de chaque cahier. Fojr. CoMPoai-
nOV, AsfBMBLAQBetlNCUVABLBS. £. R.
SIGNES, vay. ÉoEiyuan, Gnivpni,
AxoÀBaB, ÉQUATiova, Calcul, Foe-
KULB, ZoDiAQnx, eto.
SIGNIFICATION, connaissanoa
que l'on donne d'un arrêt, d'un juge-
ment , d'un acte , d'un iait quelconque,
par un officier public. Les signifieationa
se font ordinairement par le ministèrp
des huissiers (voy.). Elles se font, sui-
vant les cas, soit par exploit à peason*
ne, ou domicile, soit par acte d'avoué à
avoué. Les significations à personne, on
domicile, indiquent la personne à la-
quelle la copie est remise. Toutes signi-
fications faites à des personnes publiques
préposées pour les recevoir doivent êtia
visées par elles, sans firais, sur l'origmal.
En cas de refus, l'original est visé par la
procureur du roi près le tribunal da
première instance de leur domicile. Les
refusants peuvent être condamnés, snr
les conclusions du minbtère public, à
une amende qui ne peut être moindre
de 6 francs (Coda da procédure, article
1039). E. R.
SIGONIUS (Charles), né à Modèna,
en 1630, et mort près delà même ville, an
1684. En 1646, après avoir fait aas étu-
des aux universités de Bologne et de Fa vie,
il fut appelé à une chaire dans sa villa
natale; mais bientôt (1663) il passa a
Venise en qualité de professeur da belles-
lettres; puis il fot nommé professeur
d'éloquence à Padoue (1660). Enfin une
place honorable lui fut assignée (1668) à
l'université de Bologne. Atteint par les
infirmités de la vieillesse, cet érudit se re*
tira dans sa campagne près da Modène,
et y mourut.
Sigonins était un savant du pramîar
ordre : la science des antiquités et l'his-
toire ancienne lui doivent beaucoup. On
peut le regarder comme le créateur da
la science de la diplomatique (vajr,). Le
xèle infatigable avec lequel il explora las
bibliothèques de l'Italie lui procura da
grandes richesses pour ses travaux d'é-
rudition. Il étaitd'ailleursan relation avao
les homaMs les plus notables parmi sas
conlampovfdns. Outra une tradnatkm aip
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laUa dm la Mhétariqme cTAristote, une
éd. cU TUe-Lif«y noui dtcront 4'abord
\m ea«ra(^ suiyanta parai le grand
sombra de «eux qu'il a publiés : Ec"
gmmy eonsulum^ dietutarum ac censo-^
rum Moméutorum fasHf etc., Modèoe,
1560, in-fol.y aoovant réimpr. ; De
Momimibus Romanorunif Vaniaa, 1455,
ÎD-fol.; Fragmenta e libfis deperditis
Cieeronis collecta^ ibid., 1559. Sîgo-
niiit ayaot découvert quelques fragmtots
du traité de Cioéron De conâolattone^
•Btraprlt de réparer la perte de cet <mi«
▼rage, et publia, sous le nom de Cioéron,
le texte restauré par lui. Ant. Ricaoboni
déroîla au public oetta supercherie :
une polémique violente s'ensuivit entra
rélève et le maître. Sigonius a publié en
outre ( OnUêonet sepiem Femetiù ka-
biue, 1552-59, Yen., 1560; De amti^
quojure civium Eômamormm ; De and*
que Jure Italiœ; De antiquo jure pro-
vimciarum^ Yen., 1560 (oouv. éd. par
Franck, Halle, 1738); De dialogo^Yen.,
1561; De republicd Atheniensium ;
de Jikeniensium et Lacedœmoniorum
temperibuSf BtAo^e^ 1564; Devitd et
rébus gestis P. Sdpionis JEnUliani^
ib., 1569, xn^A^ \ De Judicîis Romcmo-
rumf ib., 1 594, in-4® ; De regno Italiœ^
Yao., 1580; De occidentaliintperio^àt
ran381 à575,Bol.,1577,in.fol.;^tf.
tariœ BoHonienses (jusqu'à l'an 1257),
ib., 1578, in-fol.; De republicd He-
brœorunty ib., 1582, in-49; Historiœ
ecoiesiasticœ. Cette dernière histoire,
que l'auteur avait entreprise sur l'invi-
tation du pape Grégoire XIII, fut trou*
vée par Argellati dans la bibliothèque du
Yatican. Elle a été imprimée, pour la l'®
lois, dans les œuvres dis Sigonius en 6 vol.,
Mtkn, 1783-87, in*fol., avec annota-
tions de Stampa et autres, et une biogra-
phie de l'auteur par Muratori. Les écrits
de Sigonius sur les antiquités se trouvent
aussi dans le Trésor des antiquités grec^
ques et romaines de Graevins et Gro-
novius. Les élèves de Sigonius publièrent
après sa mort plusieurs autres ouvrages
sous le nom de jour maître. -^ f'o/r, ou-
tre la Biographie de Sigonius par Mura-
tori, la BMietkeea ModenensiSj t. Y,
p. 76-119. X.
ttQOVËSB, vey. BsuMéas.
( 2»Q ) SIK
anOTO oo Sn-DAmu, Wfy. UxAm-
TB.
SIKHS ou Sina, secte indienne im-
portante qui devint l'origine d'an pea«
pie, dont le berceau, au nord-ouest de
Flndostan, forma bientèt un état puis-
sant, mais c|ui maintmiant penche déjà
vers sa dissolution. Le nom de Sikhs si-
gnifie disciples (en sanskrit sikcha), La
fondateur de cette secte, Nanaka ou Na-
nek, Hindou de la caste des guerriers,
naquit à Talwandy, petit village du dis*
trict de Bhatti, dans la province de
Lahore, en 1469. Élevé dans un paya
où l'islamisme et le brahmisme se trou*
valent an présence et souvent en conilt,
il conçut, après une étude profonde des
livras sacrés qui renferment les deux doè-
trines , le projet de les concilier entra
elles par leur base commune, l'idée d'un
Dieu unique , invinble , étemel, lont-
pnissant, et en rejeta comme des acces-
soires sup«rflas tout ce qu'ellea offrent da
divergent et de dissemblable. L'esprit de
charité dont était imbne sa doctrine atti-
ra de nombreux partisans à son auteur,
qui n'employait pour la répandre d'autrea
moyens qu'une douce persuasion et l'an-
lorité d'une vie pore et livrée a l'étude.
« Le Tout-Puissant, avait- il l'habitude
de dire, ne demande pas, an jour du ju-
gement, à quelle tribu, à quelle confes-
sion, ont appartenu ceux qui comparais-
sant devant son trAne, mais seulement
quelles œuvres ils ont accomplies. » Il
paroonmt tout l'Indostan, visita même
respectueusement le tombeau du pro-
phète a la Mecque, et parut, en 1527, à
la cour du premiâr grand*mogol , Ba-
bour, qui le traiu avec distinction. Na-
nek avait été aMurié à une jeune Hindoue
qui lui donna deux fils : l'un d'eux fon-
da la secte des Oudari, dont les parti-
sans se nomment Nameà'Poutra (anfimta
de Nanek). Lui-même mourut a Kartl-
pour-Dehra, en 1 5 89, et fot inhumé sur
les bords du Ravy (l'ancien Hydraotes),
dont les eaux recouvrent maintenant cette
sainte sépulture. Kartipour est encore un
lieu sacré pour les Sikhs, qui y font des
pèlerinages.
Ne trouvant aucun de ses fils capable
de lui succéder dans ses lonctioos sphri-
tuallaa, Manak en investit f vaut sa mort
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SIK
(300)
SIK
•on disciple chéri Lthana, qui t>rU le
titre de gourou (c'est-à-dire mattre, in-
slitutear), lequel a été porté depuis par
tons lesche£i de la religion des Sikbs.
On peat Toir dans le Nouveau Journal
asiatique de 1831 (t. YII, p. 14) la
liste des snccessenrs de Nanek, qni se-
raient Gouroa Angad, mort en 1553;
Amera-das, kchatrya de race, mort en
1574; Ram-daSy son fils, mort en 1585 ;
Ardjoun-mal, rédacteur du principal
livre sacré desSikhs, nommé Jdi- Granthj
mort en 1606. Par ce moyen, ce prince
unissait ses partisans en corps, mais leur
attira aussi les persécutions des mabo-
métans, et finit par en être victime lui-
même. La cruauté de leurs ennemis, en
poussant les Sikhs à la Tengettnce, fit
d'eux, jusque-là paisibles croyants, de
rudes g;uerrier8 qui soutinrent une lutte
acharnée contre l'oppression mahométa-
ne, mais expièrent souvent la terreur
qu'ils causaient dans les tourments du
supplice. Hargovind succéda à son pare
Ardjoun-mal, et fut le premier gouroa
guerrier : il mourut en 1644. Un de ses
descendants, Goiurou Govind , prêtre et
soldat, releva l'esprit militaire des Sikhs.
Il décréta l'abolition des privilèges de
castes, et vit grossir rapidement le nom-
bre de ses partisans par l'affluence d'une
multitude d'opprimés et notamment de
l>jale8,auxquelsil persuada que leur salut,
dans ce monde et dans l'autre, dépendait
de l'extermination de leurs persécuteurs
mahomélans. Le courage impétueux des
Sikhs leur fit donner le surnom àtSinghsj
qui signifie lions. Gourou Govind est l'au-
teur du livre intitulé Dasema Pa^ak ke
granth ou livre du dixième prince , rang
que lui-même occupait dans la série des
prophètes successeurs de Nanek , et dont
une sainte légende avait borné d'avance
le nombre à 10. Son livre contient, ou-
tre des matières de religion, le rédt
des exploits, et n'est pas moins en bon*
neur que VJdi- granth. Gourou Go-
vind prescrivit aux Sikhs de porter un
vêtement bleu, pour se distinguer des
mahométans et des Hindous, de se lais-
ser croître les cheveux et la barbe, et
d'aller toujours armés. Afin d'assurer la
stabilité de ses institutions, il créa un or-
dre spirituel y les akaiis ou immortels.
qu'il chargea de la propagation de sa
doctrine et de l'initiation des nouveaux
convertis, et qui ont conservé jusqu'à noe
jours une très grande influence religieuse
et politique. Bfalhenreux dans ses der-
nières entreprises. Gourou Govind chassé
du Lahore mourut dans le Dekkan, en
1708, sans avoir désigné personne pour
lui succéder. « Je remets l'empire à Dieu,
qui ne meurt jamais, » avait- il dit avant
d'expirer. Il en résulte que la constitu-
tion desSikhs revêtit la forme d'une théo-
cratie fédérative : chaque petit radjah se
fit chef spirituel et temporel, et il n'y
eut plus de gourou général.
Privés de leur grand chef, les Sikha
furent de nouveau écrasés par les forces
de l'empire mogol.Les mahométans pour-
suivirent à outrance et livrèrent aux plus
cruels supplices tous ceux qui furent sai-
sis vivants. Les débris de la secte, expul-
sés des plaines malgré leur r^istance
désespérée, furent contraints à chercher
un refuge dans des montagnes inaccessi*
blés, où ils vouèrent une haine implaca-
ble à leurs ennemis, et continuèrent de
les épouvanter par leurs brigandages. La
terrible confusion où Tinvasion de Chah
Nadir jeta l'Indostan , leur permit de
redescendre dans les campagnes, et, au
retour du conquérant en Perse, ils pillè-
rent ses riches bagages, chargés de tout
le butin de l'empire mogol. Redevenos
maîtres du Pendjab (voy.)^ et même de
la partie septentrionale de la province de
Delhi jusqu'au Djoumna , la décadence
de l'empire mahratte servit beaucoup à
relever la puissance des Sikhs. L'Afghan
Ahmed-Cbah-Abdali défit les Sikhs à
différentea reprises en 1762 et 1763;
mais ils se relevèrent bien vite. Ils s'é-
taient divisés en 13 misouU ou tribus
occupant chacune un district, sous des
chefs appelés sirdan, et réunissant dans
leur personne l'autorité et les fonctions
saoerdoules, militaires et politiques. Con-
voqués par les akaiis, les sirdars tenaient
de temps en temp^ à Amretsir, une es-
pèce de diète instituée par Gourou Go-
rind , le Gourou-mata , où ils délibé-
raient avec beaucoup de solennité sur les
intérêU généraux de la confédération, et
procédaient à l'élection d'un chef su*
prême pour les commander à la guerre.
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(301)
sm
Pendant la dorée de ces anemblées, tonte
querelle devait cesser entre les sirdars,
qui le reste dn temps étaient souvent auiL
prises et ne se prêtaient jamais la main que
pour le pillage. Le désordre toujours
croissant de ces discordes usa les liens de
la confédération y et finit par provoquer
l'assujettissement des différents chefo au
pouvoir de l'un d'entre eux , le fameux
Rundjet Singh*.
Ce prince remarquable descendait des
Djates zemindars ou gouverneurs de
Soukr-Tchuk. Tcheret-Singh, son grand-
père , devint sirdar on chef du Soukr*
Tchuka-Misoul, et s'empara d'un terri-
toire ayant un revenu d'environ 30,000
liv. st. Il fut tué en 1774, laissant le pou-
voir à son fils Maha-Singhy encore mi-
neur. Celui-ci sut étendre son gou-
vernement, et donna le jour à Rund-
jet-Singh, le 2 nov. 1782. Fiancé à l'âge
de 5 ans à une petite- fille de Jy-Singh,
sirdar de Gkanneya-Misoul , il n'avait
que 12 ans lorsqu'il succéda à son père,
qui avait pris soin de lui transmettre un
trésor considérable; mais, en revanche,
l'éducation du jeune Rundjet fut telle-
ment négligée, que jamais de sa vie il ne
sut ni lire ni écrire. Cependant son excel-
lente mémoire lui fit acquérir la con-
naissance de trois langues, et la vivacité
pénétrante de son esprit suppléa à ce
désavantage ; la ruse ne le servit pas moins
bien que la force dans l'accomplisse-
ment de ses projets ambitieux. A l'âge de
17 ans, on prétend qu'il empoisonna sa
mère, afin de se débarrasser d'une tu-
telle incommode; puis il rechercha la pro-
tection de Siman, chah de Kaboul {voy.
ce mot), afin d'en obtenir pour lui seul
l'investiture du Lahore( vo^.) , où il réus-
sit, en 1800 , à dépouiller plusieurs des
autres sirdars. Le Gourou- mata cessa
tout-à- fait d'être convoqué après 1805,
quand l'habile chef eut réduit tous ses
rivaux à l'obéissance, et fixé dans Lahore
le siège de sa domination. Trop prudent
pour aller se heurter contre la puissance
anglaise , il conclut avec la Compagnie
les traités de Ludianah (5 déc. 1805} et
(*) La proDonciation de ce nom parait se rap-
procher de Randjit ; Vu et Va êe confondent de
même dan» Ptmdjab on Pendjab (Pendjab),
dans Sutlâdgê (Satledge), etc.
d'Amretair (25 avril 1809), qui borne*
rent an Sntledge la limite de son royaume
à l'est ; mais, en même temps, M appliquait
tous ses soins à l'organisation d'une ar-
mée régulière, pour mettre à exécution
les projets d'agrandissement qu'il médi-
tait à i'onest. Quatre canons de Siman-
chah, tombés par hasard entre les mains
deRundjet-Singh, lui servirent de noyau
pour la création d'une artillerie, et quel-
ques déserteurs anglais furent les in-
structeurs avec lesquels il entreprit d'a-
bord de discipliner ses troupes, à l'instar
des Cipays (voy- Seapots) de la Compa-
gnie. Dans le Kaboul, plusieurs compé-
titeurs se disputaient l'empire (vojr*
T. XV, p. 575). Rundjet-Singh profita
de ces troubles pour se faire une part
dans le démembrement qui s'opérait. Il
s'empara de la forteresse d'Attok par
trahison, en 1818; de Moultan (vqf .) de
vive force, en 1818; et en 1819, il par •
vint également, plus heureux que dans
les expéditions antérieures entreprises
dans le même but, à se rendre maître du
Cachemyr {voy.)y la plus importante de
ses conquêtes. C'est alors qu'il prit le
titre de maharadjah {voy. Radjah) «L'ar-
rivée dans ses états, en 1822, de deux of-
ficiers de distinction qui avaient fait les
campagnes de l'empire, MM. Allard et
Ventura, fut pour ce prince une bonne
fortune dont il profita pour augmenter
les cadres et fortifier Tinstruction de son
armée régulière. Avec ces nouvelles for*
ces, il acheva de soumettre au tribut
toute la province de Peschaweryen 1829.
Les Anglais, contre lesqueb il resta tou-
jours en défiance, tout en ayant soin
d'éviter le moindre conflit avec eux et
de garder une stricte neutralité dans leurs
guerres avec les autres priqces de la pé-
ninsule, ne mirent point obstacle à ses
progrès au-delà de l'Indus; mais au sud,
vers le delta de ce fleuve , ils élevèrent une
barrière contre tout envahissement de sa
partdaDsletraitécoDclupareux,en 1832,
avec les amirs du Sind (voy.). Il mon-
tra pourtant de Fempressement à se mé-
nager l'amitié de la Compagnie, sentant
bien qu'il en avait besoin pour se main-
tenir, contre les Afghans, dans la posses-
sion des provinces qu'il leur avait enle-
vées. Aussi le plus brillant accueil était*il
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m.
toajottn réiervé, à sa eonr, uni éû^éà
MtliDDiqiies cbargét de négodatim» atl>
pf^ de lui. RoudjeU^Sktih tnoiUrat le 27
jahi 1889. La petite-vérole Tavaity trèè
jeune , rendu borgne. Endurci à toutes
les fiitignes et doué d'une actitité d'es-
prit remarquable, il finit malheureuse*
ment par s'énerver dans des excès de
toute espèce. Quoique tyrannique dans
ses volontés, il se montra toujours plein
de respect pour la religion, et de défé-
rence pour les ministres du culte de son
peuple. Longtemps )[>rodigue par amour
du faste et de la magnificence, cette dis-
position se changea chez lui, avec l'âge,
en mÉe avarice sordide, dont l'adminis-
tration deaes états et même l'entretien de
son airméé se ressentirent d'une manière
ftoheuse* Suivant la barbare coutume de
l'Inde, les 4 épouses du maharadjah et
plusieurs de ses concubines favorites du
Gachemjr se dévouèrent aux flammes du
bûcher, lors de ses funérailles.
Peu d'années se sont écoulées depuis,
•t déjà la domination fondée par Rond-
jet-Singfa parait à la veille d'une dissolu-
tion complète. Des assassinats, accompa-
gnés d'horribles boucheries, ont frappé
le trène coup sur coup, et presque achevé
l'extermination de la famille du maha-
radjah. Son successeur immédiat, le faible
et inepte ELourrouk-Singh (né en 1802),
auquel son père avait transmis le pou-
voir, sous la direction de son ministre
favori Dihan-Singh , mourut le 6 nov.
1840, après une maladie douloureuse; le
jour même de ses obsèques, son fils uni-
que Nehal-Singh fut tué par la chute
d'une poutre. Ghéré-Singh (né en 1806),
fils adoptif de Rundjet, et auparavant
gouverneur de Gachemyr, Ait alors
proclamé roi. Cependant une des fem-
mes de Kourrouk-Singh ayant été dé«
clarée grosse, il se forma pour elle un
parti qui avait pour chefs les officiers
européens précédemment attachés au
vieux Rundjet-Singh. Chéré-Sîogh né-
gocia avec eux ; néanmoins la princesse
ne renonça à ses droits qu'après avoir li-
vré une bataille dans laquelle périrent
3,009 des siens. Depuis ce temps, Chéré-
Singh, homme énergique et résolu, était
parvenu è maintenir son autorité; mais
livré à des débauches excessives, il avait
fini par abàtedôkiner le gouvernement dei
aifidrei à son ministre Dihan-Singh. Ce
visir et plusieurs sirdarft formèrent uu
complot contre sa vie, et le 1*' sept 1843^
à une revue des troupes, Àdjet-Singh,
un de ses parents, le tua d'un coup de
pistolet. Ce crime fut suivi du massacré
de toute la famille de la victime. L'ins-
tigateur, Dihan, périt ensuite lui-inéme
des mains d'Adjet , son complice ; maii
il fut à son tour vengé par son fib Hira-
Singh, qui s'empara de Lahore et se mit
en possession du trône, sur lequel il éta-
blit, pour la forme, le seul fils survivant
de Rundjet, Dhoulip-Singh, enfant de
10 ans, dont la légitimité néanmoins est
contestée. D'après les nouvelles les plus
récentes, Hira ne se soutient que par la
corruption et par Tappui de la soldates-
que; tous les liens entre les provinces
sont à peu près rompus; l'anarchie por-
tée à son comble et les jalousies profon-
des qui divisent les sirdars tendent à
ramener les choses à l'état qui avait pré-
cédé l'avènement de Rundjet-Singh, à
moins que la Compagnie anglaise, qui
tient déjà soumis à sa domination leè
Sikhs établb en-deçà du Sutledge, et fait
surveiller par un corps d'observation les
mouvements qui ont lieu chez ses turbu-
lents voisins, ne soit également tentée de
subjuguer le Lahore et d'étendre partout
jusqu'à l'Indus la frontière occidentale
de son vaste empire.
Nous terminerons cette rapide esquis-
se historique sur les Sikhs par un tableau
du royaume de Lahore , tel que l'avait
constitué Rundjet-Singh. Cet éUt, en
partie assez faiblement peuplé pour son
étendue, offre 445,816 kiiom. carr. de
superficie, selon M. A. Baibi, et une
population que le même géographe
porte à environ 8 millions, tandis que
d'autres ne l'estiment qu'à 4 millions,
dont 3 seraient pour le Lahore propre-
ment dit (Pendjab et Kohestan). Les
provinces conquises, déjà nommées, dé-
pendant du maharadjah, étaient : le Ga-
chemyr, contrée jadis si renommée pour
la florissante industrie de ses habitants,
mais aujourd'hui ruinée et presque dé-
serte par suite de l'action réunie des
fléaux de la guerre, de la famine et du
choléra; le Moultan, toujours fertile^ e|
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\e Péschawét, gouvemé par lifi roi af-
ghan, qai founiisâait à Rundjêt Singb un
tribot annuel en riz et en chevaux. Nous
fa'aTons rien à ajouter pour la descrip-
tion de ces provinces, donnée, pour la
plupart d'entre elles, sous leurs noms
respectifs. Le capitaine Murray évaluait
te revenu total du maharadjah à 2 ^
imillions de liv. st. Son armée pouvait
l'élever à plus de 80,000 hommes,
âont 30,000 de troupes régulières, fan-
tassins, cavaliers et artilleurs, munis
d'an parc de 150 pièces de canon» Le
reste se composait des contingents irré-
guliers, infanterie et cavalerie, four-
nis par les sirdars. Ces chefs jouissaient
encore d'une très grande autorité dans
Itours districts, où ils rendaient aussi la
justice. A côté du souverain temporel
eilstait également un suprême chef spi»
Mtuel, le Bedi ou Saheb-Singhy auquel
Kundjet témoigna toujours les plus
^nds égards.
Le peuple conquérant du Lahore, les
Sikhs, sont braves, dociles et plus durs
à supporter les fatigues que les autres
Hindous, mais aussi ennemis de toute
gène et difficiles à discipliner. Le capi-
taine Murray nous les dépeint en outre
comme faux, parjures, querelleurs, abru-
tis et profondément superstitieux. Leur
vieille haine, pour tout ce qui est maho-
ihétan, n'a rien perdu de son intensité.
On peut consulter les ouvÉ*ages suivants :
Origine et progrès de la puissance des
Sikhs dans le Penjah et Histoire du ma"
haradja Randjid'Singt^ suivis de dé^
tails sur l'état actuel^ la religion , les
loisjes mœurs et les coutumes des SiAhs^
d'après le manuscrit du cap. W. Murray,
agent du gouvernement anglais à Amba-
la, et divers écrits; par H. T. Prinsep,
trad. en franc, par X. Raymond (Paris,
1839^ in- 8®, av. fig. et cartes) ; baron de
Hûgel , Kaschmir und das Reich der
Sikh^ Stuttg., 1840 et ann. suiv., 4 vol.
iâ*4**, avec planches; enfin Ch. Ritter,
Géographie de l'Asie ^ t. V,p. 129 et
itiit. Ch. V.
SILAS, un des compagnons des ap6-
lirôs, voy. Paul (saint),
iStLÉNlC&(myth.),r(>)'.HAapocRATE.
SILENCES (mus.), do/. Notation.
SILÈNE y que la fable représente
( iot ) SlL
comme te précepteur et le compagnon
de Bacchus {voy.)y passait pour le fils de
Mercure ou de t^an et d'une nymphe, et,
selon d'autres, pour le fils d'Uranus. Pin-
dare raconte qu'il eut pour femme une
nymphe, Naîs, d'autres disent que ce fut
une nymphe de Malea, dans l'Ile de Les-
bos, de laquelle il eut le centaure d'Ar-
cadie, Pholus. Silène éleva Bacchus, l'in-
struisit dans toutes les sciences et l'ac-
compagna dans ses expéditions. Grand
amateur de la boisson enivrante de son
élève , il était presque toujours dans un
état complet d'ivresse, qui l'inspirait et
excitait sa verve poétique. Virgile nous
le peint ivre et aux prises avec deux jeu-
nes satyres qui l'enchatnen t avec des guir-
landes pour le forcer à chanter. C'est
encore ainsi qu'après s'être enivré à uue
source pleine de vin, il fut pris par Mi-
das (yoy,), qui engagea ensuite avec lui
une conversation sérieuse et philosophi-
que. En soutenant les dieux dans leur
guerre contre les géants, la terreur s'em-
para de ces derniers, lorsqu'ils entendi-
rent des cris qui leur étaient inconnus
poussés par l'âne que montait Silène. Il
donna son nom à toute une famille de
vieux satyres, dont le caractère offre le
calme allié à la gaité et à la bonhomie.
On les représente avec la barbe crépue,
le front déprimé et la tête chauve. On dis-
tingue Silène de ses descendants par l'ou-
tre dont il est souvent chargé ; il est d'ail-
leurs monté sur un âne, ou bien il mar-
che à côté de Bacchus. Le plus souvent,
on le représente tenant Bacchus enfant
dans ses bras. C, L.
SILÉSIE, grande province de l'Al-
lemagne orientale, autrefois duché, pri-
mitivement dépendant de la Pologne,
puis de la couronne de Bohême. Depuis
sa conquête par Frédéric- le-Grand, la
tarasse en possède la partie la plus con-
sidérable; l'autre, bien moins étendue, est
restée soumise à la domination autri-
chienne.
La Silésie prussienne comprend ton*
te la Basse- Silésie, autrefois divisée en
une foule de principautés, en partie qua-
lifiées de duchés, dont les principales
étaient celles de Breslau, de Biieg, de
Schweidnitz, de Jauer, de Liegoitz, de
Wohlau, de Glogau, de Sagan, d'OEU,
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(304)
SiL
etc. ; et UM portion de la Hante- Silène,
formée snrtont des principautés d^Op-
peln, de Eatibor, de Neiase, etc. A ces
pays on a ajouté depuis, bien qu'autrefois
indépendants de la Silésie proprement
dite, le comté de Glatz et presque tous
les districts de la Haute-Lu^ce, cédés à
la Prusse en 1815 : le tout formant un
territoire de 741 ^ milles carr. géogr.,
avec environ 3,750,000 hab. Cette vaste
province a pour limites le Brandebourg
à l'ouest et au nord, le grand-duché de
Posen au nord et à Test, le royaume de
Pologne et la république de Cracovie à
l'est, la Silésie autrichienne et la Moravie
au sud , la Bohème au sud-ouest, et le
royaume de Saxe à Touest. La partie oc^
câdentale et méridionale du pays est domi-
née par les Sudètes(iiox.) , dont le Riesen-
gebirge (monU des Géants), sur la fron-
tière de la Bohême, constitue le groupe le
plus imposant. La Schneekoppe, haute de
1 ,602**, qui en est le sommet le plus éle-
Té, est aussi le point le plus culminant
de toute la monarchie prussienne. Vers
les provinces de Brandebourg et de Po-
sen, le payss'aplanit tout- à-fait en même
temps quMl présente beaucoup de dis-
tricts sablonneux et marécageux. Le sol
est en général très propre à Tagriculture.
I(ous avons déjà parlé, dans un article
particulier, de TOder, principal fleuve
de la Silésie, et des affluents les plus con-
sidérables qu'il y reçoit. Comme voie na-
vigable, il est d'une très grande impor-
tance pour le commerce de ce pays, qu'il
parcourt dans toute sa longueur, du sud-
est au nord-ouest. A son extrémité sud-
est, la Silésie touche à la Vistule. Cette
province abondeen céréales, lin, garance,
houblon et tabac. Les montagnes sont
fortement boisées. Les moutons de race
améliorée fournissent beaucoup de laines
recherchées pour leur finesse. Le règne
minéral est riche en fer, cuivre, plomb,
etc.; il donne également de la houille, et
un peu d'argent. La fîd>rication des toiles
de lin, industrie très répandue et long-
temps très florissante, souffre beaucoup
aujourd'hui de la concurrence des pro-
duits de la filature et du tissage mécani-
ques étrangers. H existe en outre dans ce
pays très industrieux des ftbriques d'é-
toffes de laine et de coton ordinaires^ des
papeterifli et des mannfacUures de tabac
et de faîenoe. L'exportation consiste sur-
tout en fils et en toiles de lin, en drapa
communs, cotonnades , laines brutes et
garance.
Les habitants de la Silésie sont de raoe
allemande ou slavonne. Les Allemands
forment la grande majorité; les Slave^
qui se rapprochent beaucoup des Polo-
nais, sont les plus nombreux dans les prin-
cipautés d'Oppeln et deRalibor (Haute-
Silésie) . La population est en majeure par-
tie protestante, et en partie catholique;
mais à c6té de ces deux confessions on
trouve encore plusieurs communautés de
frères Moraves et des Juifs. L'évêque de
Breslan, chef du clergé catholique de la
Silésie, est en même temps prince de
Neisse. Une grande partie du pays ap-
partient à des seigneurs de diverses ca-
tégories, dont plusieurs ont conservé
l'administration civile et la juridiction
ioférieure dans leurs domaines. Sous le
rapport gouvernemental, la Silésie est
divisée entre les trois régences de Bres-
lau, de Liegnitz et d'Oppeln. La capi-
tale Breslau {voy,) est le siège des
États de la province et possède une unU
versité. Les principales villes de la pro-
vince, toutes plus ou moins manufactu-
rières, sont, outre les chefs-lieux déjà
nommés, celles de Brieg, de Gœrlitz et
de Grûnberg, et les forteresses de Glatz,
de Schweidnitz (tiof .), de Grand-Glogaa
et de Neisse.
La Silésie autrichienne ou la partie
de la Haute-Silésie restée à l'Autriche, à
la paix de Hubertsbourg ( 1 7 63), est com-
prise entre la Silésie prussienne, la Mo-
ravie, la Hongrie et la Galicie, et ne
contient que 83 | milles carr. géogr.,
avec une population très dense d'en-
viron 450,000 hab., où l'on remarque
à peu près le même mélange que dans la
Silésie prussienne. C'est un pays très
montagneux, bordé par les Karpaths au
sud-est, et couvert par les Sudètes dans
presque tout le reste de son étendue. Le
soly en partie pierreux, est d'une fertilité
très inégale, quoique très bien arrosé
par l'Oder, TOppa, la Vistule, la Bialaet
d'antres petites rivières. Le pays est éga-
lement industrieux, et sa position li-
mitrophe lui procure un commerce de
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(305)
SiL
transit très kicraiif. Les iMriodpftQx sei-
gBeurs, auxquels tjppartîeDt presque
toute Ift proTincei sont l'évéque de Bres-
lauy pour la partie autrichieone de
la principauté de Neisse, le prioce de
Lîchteostein, pour le ducb^ de Troppau
et la principauté de Jtegerodorf , le duc
de Saxe-Teschen pour le duché de ce
nom. Ces trois derniers ont pour chefs-
lieux les petites Tilles du même nom, qui
sont en même temps les plus considéra-
bles du pays. La Silésie autrichienne, ad-
ministrativement partagée entre les deux
cercles de Troppau etdeTeschen, forme
une annexe de la Moravie. Elle a néan-
moins ses États provinciaux dbtincts, or-
ganisés en 1791 par Temperenr Léo-
poldU.
Histoire. Des peuples germains , les
Lygii et les Quades, habitaient originai-
rement la Silésie. Ils en furent expulsés
au Yi* siècle par les . Slaves , a la suite de
l'occupation desquels le pays passa sous
la domination polonaise. Ces derniers
avaient appelé leurs adversaires zlé^ dé-
nomination slavonne qui, comme le mot
Quades, signifiait,' dit-on, les méchants:
de là est dérivé le nom de Silésie * (en
allemand Schlesien), Les Polonais firent
dominer dans le pays leur langue et leurs
mœurs, et y propagèrent le christia-
nisme. Ils y fondèrent, en 966,àSchma-
ger, le premier évéché, transféré plus
tard à Breslau. Lors du partage des états
de Boleslas III, roi de Pologne, entre ses
quatre fils, en 1 1 39 (voy. T. XX, p. 8),
la Silésie tomba dans le lot de l'alné, La-
dislas II. Ce prince tenta de dépouiller
ses frères. Ses trois fils^ les ducs Boleslas-
le-Superbe , Micislas et Conrad se par-
tagèrent la souveraineté de la Silésie, en
1163. Plus tard, de nouveaux fraction-
nements donnèrent lieu à la formation
de la plupart des principautés dont elle
se compose.
A c6 té des descendants de la dynastie des
Piasts s'étaientaussi élevés quelques prin-
ces d'origine bohème, tels que les ducs de
(*) Cette élymologie ett incertaine. Tool en
rejeUnt celle que Dobrowsky «Tait proposée ,
et cTapris laquelle les Silésieos eussent été les
SlsTes reealés, de«/«x#,postérieor, M. Schafarik
déri?e leor nom de la tribn det SUi^anint, et de
la riTiére Slensa, aolt qne oelle-ci ait donné,
•oit qa*elle ait re^ii son nom det premiers. S.
Bneyclop. d. G. d. M. Tome XXL
Troppau, de Jœgemdorf et de Ratibor,
issus d'un fils naturel du roi Ottocar, qui
périt, en 1278, dans la guerre contre Ro-
dolphe de Habsbourg. Ces morcellements
et les querelles des princes entre eux con-
tribuèrent beaucoup à l'afTaiblissement
de la Silésie. Jean de Luxembourg, roi
de Bohême, s'en prévalut : il obligea, en
1327, presque toutes les petites dynas-
ties du pays à le reconnaître pour suze-
rain, et, en 1855, son fils Charles IV
parvint à réunir toute la province à la
couronne de Bohème. Sous la nouvelle
domination, les doctrines de Huss, de
Luther et d'antres réformateurs se ré-
pandirent en Silésie; elles y comptèrent
bientôt de nombreux partisans qui ob-
tinrent en partie le libre exercice de leur
culte. Les anciennes maisons polonaises,
desoenduesau rang de vassales, virent leur
importance s'efEaoer p^u à peu devant
l'autorité croissante de la couronne. Le
roi Ladislas II garantit néanmoins d'une
manière formelle, en 1498, les droits des
ducs, des princes et des États, et chercha
à établir entre eux une espèce de lien
par l'institution d'un tribunal suprême.
Mais les dynasties issues de la maison des
Piasts s'étaot successivement éteintes,
leurs possessions furent en partie immé-
diatement incorporées à la domination
royale, et en partie concédées comme fiefiià
d'autres familles avec des droits beai^coup
plus restreints. C'est également à partir
de cette époque que l'élément germani-*
que se substitua peu à peu dans le paya
à l'élément slave. De nombreux colons ,
venus d'A.llemagne , s'étaient établis en
Silésie, y avaient fondé Tindustrie et le
commerce , introduit les sciences et les
arts , et formé une bourgeoisie considé-
rable; ils y firent aussi prévaloir leurs
lois et leurs coutumes. Bien que la Silé-
sie, depuis sa réunion avec la Bohême, fût
toujours censée partie intégrante de l'em-
pire germanique, elle ne ressortissait
néanmoins à aucun cercle. Les traces de
l'oppression religieuse qu'elle eut à subir,
sous le gouvernement autrichien, et qui
fut si funeste à la prospérité du pays, n'a-
vaient pas entièrement disparu lorsque
Frédéric-le-Grand l'envahit en 1740, et
en obtint la cession définitive en 1763,
Nous avons indiqué, T. XI, p. 650, Vom
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(%M)
SlL
rtgia* des prétentions éWv^M ptr W oob «
quérant à la possession de calte prorisor.
Depuis, la Silésîe^ sous le révise pvtt»-
sien, n*a fait constamment qu'aoeroltre
sa richesse et son importance. Gh. V.
SILEX, v.QuAKn et PiBEEE ▲ fusu.
SILHOUETTE. On appelle ainsi le
dessin du profil d'nn visage qa'oo a tracé
an moyen de Tombre qu'il projette à la
clarté d'une bougie. Cet art était porté
à un haut degré de perfection chez les
anciens, comme le prouvent les monoi
chromes des vases étrusques. Cependant
k nom de silhouette, appliqué à ces sor*
tes de dessins, est moderae : il vient d^É-
tienne de Silhouette, contrôleur générsfl
M ministre des finances soi:^ la règne do
Louis XV. Pour remplir le trésor épuisé
par des guerres désastreuses et par des pro-
digalités excessives , Silhouette proposa
des réformes, de sévères économies, et un
édit de subvention qui créait plusieurs
impositions nouvelles. Mais Poptnion pu-
blique se souleva contre son plûn : il dut
quitter le ministère au bout de hait mois.
Le ministre déchu ne tarda pas à deve-
nir ridicule, et la caricature s'attacha è
lui. Toutes les modes prirent le caractère
de la raideur et de la mesquinerie; on
portait des surtouls sans plis, des taba-
tières sans ornement; au lien de peindre
des portraits, on se contentait de tracer
an crayon sur une feuille de papier bknc
les profils projetés par la lumière d'une
ebandeile. En un mot, tout fut à la SU'*
lUmette; mais la mode passa,et le nom do
silhouette ne resta qu'à cette espèce de
dessin. Quoique sans mérite sous le rap»
port de l'art, la silhouette a de la valeur
pour la physionomie. Aussi a-t-on in-
venté différents instnnnents, comme le
phfsionotrace , propres à lui donner le
plus haut degré de fidélité. Des portraits
découpés aux ciseaux dans du pspier noir
reçoivent aussi lenom de silhouettée. X.
SILICATES, seb formés d^aeide si-
lieiqne (siKee) avee une base. Ces seb
abondent tellement dans la nature qu'à
eux seuls ils ibrment bien la moitié des
minéram connus. Le verre ordinaire est
un composé de silicate de soude et de si-
licate de chaux. La plupart des silfeates
sont fîisiblesèttnotempératureélevée, stir^
foui lorsque leur osydeest fbsibl^ comme
ceux, de plomb, de bismutbi de potesK^
de soude , etc. ; mais les silicetes d'alu-
mioe et de flMigâésie ne font qne s'aggluti-
ner même sous l'action du chalumeau de
Brook. Il n'y a guère que les silicates de
potasse et de soude qui se dissolvent
dans l'eau; plus les silicates sont acides,
moins ils se dissolvent dans œ liquide;
les silicates à plusieurs bases y sont un
peu solubles. Les acides décompoeent lea
siHcates solubles, s'emparent de la base
et précipitent l'acide siKcique sous forme
de gelée. Ceux de ces sels qui sont inso-
lubles ne sont attaqués que par les acide»
forts et concentrés et sous l'action de hr
chaleur. Z.
SILICE, SnjciVM. Les chimistes mo-*
dernes ont donné le nom de siUciùm à
m corps simple , obtenu pour la pre-
mière fois par notre illustre collabora-
teur M. Bertélius, et qui dan» les pre-
miers temps de se découverte fbt classé
parmi les métaux, mais qui, d'après ses
propriétés mieux connues aujourd*hut,
doit être placé auprès du bore et du car-
bone. Il est d'un brun de noisette som-
bre et dépourvu de l'éclat métallique .On
ne le rencontre dans la nature qu'à l'état
d'oxyde, c'est-à-dire combiné avec l'oxy-
gène ; et, dans cet état, il est connu sou»
le nom de silice pmt les minéralogistes,
et sons celui ^acide silicique par les
chimistes.
La sihee constitue en minéralogie un
genre que l'on divise en deux espèces r
la W/£ce amhydre^ c'est-à-dire dépour-
vue d'ean^ ou si l'on veut le quartz (voj .},
et la silice hydratée^ plus connue sous
le nom ^ opale {vcy,),
La silice joue le r6le d'acide dans ses
combinaisons avec diverses substances,
telle» que la potasse, avec laqueMe elle
ferme dans la naénre \e feldspath appelé
orthose; la soude, avec laquelle elle cons-
titue le feldspath %^pe\éalbite; l'alumine,
avec lequel le elle forme les diverses argiles;
la magnésie, avec laquelle elle constitue
le talc et la serpentine; enfin elle se com-
bine avec un si grand nombre de anbstan-
cesque le genre silicate est le plus nom-
breux en espèces. Foy,'9i'EViSx.J, H*T.
SILICS ITAUCUS (Caîus), poète
latin d*une famiUe plébéienne, mais il-
lustre SOS» l'empire. Ou n\i que des oon-
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SlL
jactora fort Inceruincs sur Porigiiie du
snrnom à*Italicus. Né la 15* année de
notre ère. Il suivit d'abord la carrière
oratoire, qui était celle des charges pu-
bliques, et fut consul la dernière année de
Tiféron ; on le soupçonna d'avoir rempli
spoDtanémentsousce règne le rôle odieux
d'accusateur; le reste de sa vie fut hono-
rable. Nommé proconsul en Asie, il exer-
ça ces fonctions avec gloire : c'est l'ex-
pression de Pline. A son retour, il vécut
dans la retraite, sans influence, mais en-
touré de considération, recevant de nom-
breuses visites, et parUgeant la journée
entre des causeries littéraires et des com-
positions poétiques. Au nombre de ses
protégés, on compte le stoïcien Goruntus,
qui lui dédia ses commentaires sur Vir-
gile, et Martial, qui ne lui a pas épargné
ses flatteries. A la fin de sa vie, il se retira
en Campanie, et ne reparut pas même à
Favènement de Trajan. Pline voit là un
trait d'honorable indépendance, et loue
Trajan de ne pas lui en avoir su mauvais
gré : de tels éloges peignent une époque.
Silius vécut dans cette retraite jusqu'à
l'âge de 75 ans, que las desouflrir d'un
mal que les médecins ne pouvaient gué-
rir, il se laissa mourir de faim, avec une
constance qui fut admirée de ses contem-
porains. Son fils atné avait été consul, et
son second fils mourut an moment d'ob-
tenir cette dignité.
Silius poussait la passion des arts jus-
qu'à la prodigalité. Ses nombreuses villa
étaient remplies de statues, de tableaux
et de livres. H rendait une espèce de culte
aux images des grands hommes, parti-
culièrement à celle de Virgile dont il cé-
lébrait tous les ans le jour de naissance
avec un soin religieux. A Naples, il visi-
tait son tombeau comme il aurait fait
d'un temple. Il professait le même res-
pect pour Gicéron, dont il avait acheté les
propriétés. Cette admiration pour les
bons modèles, an siècle de Sénèque et de
Lacain, n'empêche pas Silius d'être un
mauvais écrivain,et les éloges mercenaires
de Martial ne doivent pas nous faire il-
lusion sur l'estime que son talent obtint
dans l'antiquité. Pline dit qu'il faisait des
vers avec plus de soin que de génie, et Si-
doine Apollinaire est le seul écrivain qui
^ cité ses ouvrages. Son poème de la
( 307 ) SlL
Ouerre puniqme fvalr traversé le moyeta-
âge tont-à-fait ignoré, au point que Pé-
trarque avait composé pour le remplacer
son Ajriea^ lorsque le Pogge le découvrit,
en 1416, dans le monastère deSaint-
Gall. On en a retrouvé depuis plnsieura
antres manuscrits.
Le poème de Silius embrasse toute la
deuxième guerre punique, il comprend
même dans un récit inséré au VP livre les
principaux événements de la première.
D autres faits plus anciens s'y rattachent
de diverses manières. Il est inutile de
dire que l'auteur y a fait entrer (au m*
livre ) les éloges de Vespasien, de Titus
et de Domitieé.
Silius est au milieu du ^ècle des Fia-
riens un mauvais poète du siècle d'Au-
guste, et un imitateur sans talent des
meilleurs modèles. H a cru pouvoir faire
un poème avec des extraits de Tite-Live
et la machine épique de Virgile. Ses dieux
interriennent au milieu des événements
comme au temps des héros d'Homère.
Lesbataillesd'AÎinibal, calquées sur celles
de Virgile, sont une contrefaçon ridicule
des temps héroïques. Ses caractères sont
forcés, les sentiments exagérés, les mœurs
sans vérité. Une manie d'érudition alexan-
drine lui fait adopter pour les pays et
les peuples des noms qui remontent à
des temps fort reculés : ce qui le rend
souvent obscur, toujours pédant, et par-
fois ridicule. Son style est d'une inégalité
fatigante. Sa langue se ressent de Pin-
fluence des grands écrivains qu'il imite ;
elle est assez pure, mais ses constructions
sont lotirdeset sa versification chargée de
spondées; si elle a plus de variété que celle
de Glaudien et plus de grarité que celle
de Stace, elle manque d'éclat, de grâce
et souvent même d'harmonie. En un mot,
Silius est le plus faible des poètes épiques
latins que nous possédions.* 7. R.
n La pllM aadaDM édition d<«tpotee(P«.
aiopmm Uhri Jf7/),,éditioii belU et rare» est
celle de Rome, 147I9 io-fol. ; les meillearei sont
celles de Drakenborch , Utreckt, 17179 in*4«;
d'Eraesti, Leipa., 179^-99, 3 toI. io-8% et celle
de Ruperti, Gottiog., 1795-98, a vol. in-8% r*-
prodaite dans la collection Lemaire, Paris ,
i8s3, a Toi. in-8*. Il fait aassi partie de la col-
lection blpontine, 1784; de la Bibliothèqae
PanckoBcke, où le texte latin est accompagné
de la trad. fr. de MM. Corpef et Dubois , x837»
a vol. ln<8*. Le principal tradoctenr fraoçm
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Sltt
(308)
SIM
SILLAGE, SiLtoMiTEï, vay. Loch.
SILLESy espèce de poésies satiri-'
ques en usage cheï lesGrecSjOÙ l'on tour-
nait en ridicule moins les mœurs que les
discours et les doctrines des philosophes,
quelquefois en leur appliquant les vers
parodiés d'un poète. On cite comme s'é-
tant particulièrement dbtingués dans ce
genreTimon et Didyme. Le premier avait
composé trois livres de silles en vers hexa-
mètres, où il se moquait impitoyablement
de toutes les sectes des philosophes , k
l'exception de celle des sceptiques à la-
quelle il appartenait. X.
SILO, voy, GraïwSjT. XII, p. 709.
SILTAIN, i)oy. Sylvain.
SILVESTRE I et II, papes, voj.
Sylvbstiuu
SILVESTREDESACY, vo/.
Sacy.
SIHARREjdu latin syrma^ robe am-
ple et longue que les ecclésiastiques met-
tent par-dessus la soutane, et qui devint
en France la marque distinctive de la di-
gnité de chef de la magistrature, voy.
Chaitcelibr et Gaede-des-Sckaux.
SIMÉON , le second fils de Jacob et
de Lia, voy. Tribus {les douze),
SIMÉON, aïeul de Matathias, père des
Maccabées, voy, ce nom.
SIMÉON (sAiirr), vieillard juste et
pieux de Jérusalem, qui se trouva dans le
temple lorsqueMarieyprésenU son fils, et
qui reconnut en cet enfant le Messie an*
noDcé par les livres saints. Il le prit en s'é-
criant : « Seigneur, tu laisses aller mainte-
nant ton serviteur en paix selon ta parole;
car mes yeux ont vu ton salut (Luc, II,
25-35)! » La tradition a rattaché toute
sorte d'histoires à ces paroles. Selon les
uns, Siméon était aveugle et recouvra
la vue en tenant Jésus dans ses bras; se-
lon d'autres, il expira en le rendant à sa
mère. Quelques-uns le regardent comme
le même personnage que Siméon4e-Juste,
fils d'Hillel et maître de Gamaliel; mais
cette opinion ne repose sur aucun fon-
dement solide. X.
SIMÉON Stilite, voy. Akacho*
RATES et Stilites.
SIMÉON JOSEPH-JÉRÔME, comte),
de Silias lulicns est Lefebyre de VillebroBe,
qui publia, en 1781, le texte accompagné de sa
traduction , 3 toI. in-xa. J. H, S.
pair de France, ministre sous la Restau—
ration, était né à Aix en Provence, le 30
sept. 1Y49.Son père, avocat célèbre, lui
fit embrasser la même carrière; après s'y
être distingué, le. jeune Siméon devint
professeur en droit à l'université d'Aix;
puis, en 1788, il fut élu, avec son père et
son beau-frère Portalis, un des adminis-
trateurs de sa province. Il remplissait en-
core cette place lorsque la révolution
éclata; il n'y prit d'abord aucune part,
et refusa même en qualité de professeur
en droit le serment à ta constitution ci-
vile du clergé, ce qui lui fit perdre sa
chaire. A l'époque du soulèvement d'une
partie du Midi contre la Convention na-
tionale, Siméon fut élu procureur-syn-
dic par le département fédéré des Bou-
ches-du->Rhône. Mis hors la loi en août
1793, il se réfugia en Italie, d'où il re-
vint quelques mois après le 9 thermidor.
Après la promulgation de la nouvel le con-
stitution de l'an III, Siméon fut envoyé
au conseil des Cinq- Cents par son dépar-
tement, et s'y plaça parmi les modérés. Il
était président de cette assemblée lors des
événements du 18 fructidor. En présence
des troupes du Directoire, il protesta en
ces termes : « La constitution est violée,
la représentation nationale est outragée;
je déclare que l'assemblée est dissoute
jusqu'à ce que les auteurs d'aussi crimi-
nels attentats soient punis. » Compris le
lendemain dans la liste de déportatiou,
il fut assez heureux pour éviter d'être
arrêté, et en janvier 1799, il se rendit
à l'Ile d'Oleron, où un décret enjoignait
à ceux qui s'étaient soustraits à la dépor-
tation de se retirer sous peine d'être con-
sidérés comme émigrés. Le 26 décembre,
le gouvernement consulaire permit à ces
condamnés par acte législatif de revenir
sur le territoire continental. Siméon fut
d'abord nommé préfet de la Marne, place
qu'il refusa, puis substitut du procureur
général à la Gourde cassation. Il ne rem-
plit ces fonctions qu'un mois, ayant été
appelé au tribunal lé 22 avril 1800.
En février 1801, il défendit au nom de
ce corps le projet de loi tendant à établir
des tribunaux spéciaux. Lorsque le gou-
vernement présenta an corps législatif le
Gode civil, Siméon qui avait concouru à
sa rédaction développa les intentions de
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SIM
(â09)
SIM
ce hù\ ouvrage avec beaucoup de talent
Le 7 avril 1802, il fil un rapport sur le
concordat qui fixait l'état et les formes du
culte en France; puis il défendit le nou-
veau plan d'instructidta publique. Après
s'être prononcé en faveur de l'institution
du consulat à vie, il parla aussi en fa-
veur de la motion tendant à ce que Bo-
naparte fut déclaré empereur, et fit partie
de la commission chargée d'examiner ce
projet. A cette occasion, il prononça un
discours où les Bourbons étaient fort mal-
traités, et qui lui fut souvent rappelé plus
tard par leurs ennemis, lorsque les servi-
ces qu'il avait rendus à la Resuuration
avaient dû le lui faire pardonner. Mal-
gré ce zèle, porté comme candidat à la
présidence du tribunal après l'installa-
tion de l'empire, Napoléon lui préféra
Fabre de l'Aude (voy,) ; il nomma Si-
méon conseiller d'état, et lui conféra le
titre de baron. Le 18 août 1807, un dé-
cret impérial forma une régence de qua*
ire conseillers d'état pour administrer
la Westpbalie : Siméon en fit partie;
quand Jérôme Napoléon prit possession
cle ce royaume, il le nomma ministre de
la justice, qu'il avait eu mission d'orga-
niser. En 1813, il demanda et obtint
sa retraite qu'il motivait sur son âge.
U avait eu fort peu à se louer du gou-
vernement impérial, et rentra très mal
disposé en sa faveur : aussi la Restau-
ration le trouva-t-elle tout prêt à la ser-
vir. Le roi le nomma grand-officier de la
Légion-'d'Honneur, et lui donna la pré-
fecture du Nord , qu'il quitta aux Gent-
Jours. Nommé alors député du dép. des
Bouches-du-Rbône à la Chambre des
représentants, il ne s'y fit point remar«
quer. Après la seconde Restauration, Si-
méon fut élu par le dép. du Yar à la
Chambre des députés, et le roi l'appela
au conseil d'état en service ordinaire.
Vers la fin de 1815, il fit partie de la
commission chargée de l'examen du pro-
jet de loi sur les cours prévôtales qu'il
approuva ; cependant il vota avec la mi-
norité en faveur de l'amnistie proposée
par les minbtres. Le 18 déc. 1817, il
défendit le projet de loi sur la liberté de
la presse, et en 1818, il soutint le pro-
jet de loi sur le recrutement, en qualité
de commissaire du roi. Peu de tenpa
I après, il refusa les sceaux qui furent don-
nés au comte de Serre (vo^.), et le 7 mai
1819, il fut créé inspecteur général des
écoles de droit; nommé sous-secrétaire
d'état au département de la justice , le
24 janvier 182ro, et chargé des affaires
de ce ministère pendant l'absence du
comte de Serre, il remplaça M. Decazes
au minbtère de l'intérieur le 20 février
suivant. C'est en cette qualité qu'il sou-
tint les projets de loi destructifs de U
liberté individuelle et de la liberté de U
presse, comme des nécessités du moment.
Sous ce cabinet aussi, la loi des élections
subit de graves atteintes. Cependant Si-
méon était encore trop attaché aux in-
stitutions constitutionnelles pour con-
tenter longtemps le parti rétrograde. Le
14 déc. 1821, le ministère dut donner
sa démission, et le comte de Corbière
remplaça Siméon. Le roi l'avait déjà dé-
coré du grand cordon de la Légion-
d'Honnenr, et l'avait nommé (25 oct.^
pair de France avec le titre de comte; à
sa sortie du ministère , il le fit encore
ministre d'état, membre du conseil privé.
Depuis ce temps, le comte Siméon ne
reparut à la tribune que pour défendre
nos institutions.
Après la Révolution de juillet 1830,
il demanda le maintien de IHiéridité de
la pairie, s'opposa à l'admission du di-
vorce dans nos codes, dont il avait déjà
contribué à le faire bannir. Le 26 déc.
1882, l'Académie des Sciences morales
et politiques réorganisée l'appela dans
son sein. Le 27 mai 1837, le roi le
nomma premier président de la cour
des comptes. Enfin, le 19 janvier 1842,
il expira sans souffrance à l'âge de 92 ans.
« Avec lui disparut, dit M. Mignet
qui vient de lire son éloge à l'Institut,
le dernier représentant de cet ancien
barreau de France qui avait donné à la
Révolution des tribuns et des législa-
teurs Il avait dit de M. de Marbois
(éloge prononcé le 17 janv. 1838) : « U
<t ne voulut être d'aucun parti que de ce-
« lui des principes de justice et d'ordre qui
« sont nécessaires à tous les gouveme-
« ments pour leur durée, et aux gouvernés
« pour leur sûreté. »Cest d'âpre ceUe rè-
gle qu'il se dirigea lui-même. Jurisconsulte
habile, législateur éclairé, administrateur
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(«10)
SIM
Ipradent, homaM d'éUt et homme de
bien, ayuit traTené 60 «ni de troubles
tant commettre un excès, eyeol ét^ dé-
crété de mort et frappé d'eiil sans exer-
cer de représailles, s^étant fait aimer dans
un pays de conquête, ayant secondé plu-
sieurs gouvernements avec mesure et
servi sa patrie avec constance, M. Siméon
laissa un nom qui se rattache honorable-
meut à de grands souvenirs de notre his-
toire comme aux plus purs bienfaits de
nos institutions, et qui participera à l'im-
mortalité du Gode civil. » — L# comte
Siméon avait publié pour ses amis un
Choix de discours et d'opinions suffi-
sant pour le dire apprécier comme ora-
teur (Paris, 18S4, in-8*); le recueil de
TAcadémie dea Sciences morales et poli-
tique contient de lui un Mémoire sur le
r^imedotaletUrégimeen communauté
dans le mariage ; enfin il avait publié
dans la Revue française un article sur
l'omnipotence du jorj (1839).
Le fils du comte Siméon, Jo8Bph-B4l-
THÀZÂ& , comte Siméon , pair de France
depuis le 11 sept. 1885, est né à Aix le
6 janv. 1781. Employé d'abord dans la
diplomatie, il fut appelé à remplir di«
verses préfectures sous la Restauration,
et entra au conseil d'état. Il est com-
mandeur de la Légion -d'Honnc^nr (31
mai 1837), et membre libre de l'Acadé-
mie des Beaux-Arts. — Son fils Hsirmi,
vicomte Siméon, né à Florence le 16 oct.
1808 , successivement attaché de léga-
tion, auditeur an conseil d'état, préfet
des Vosges et du Loiret, officier de la Lé-
gion-d'Honneur, et directeur de l'admi-
nistration des tabacs, vient d'être nommé
conseiller d'état. L. L.
SiniLOR, voy* Crktsocalque.
SIMMERN (Deux-Ponts-), princi-
pauté rhénane, située inir le Hundsruok,
voy. Palatinat.
SIMNBL (Lâxbe&t), imposteur du
temps de la guerre des deux Roses, voy,
Hkn&i Vn, T. Xm, p. 676.
SIMOIS, vof. Mtsib.
SIMON, un des fils du grand-prêtre
Matathias, voy» BIacgab^es.
SIMON. L'Évangile parle de plu-
sieurs personnages de ce nom.
S. Simon, fils deCléophaset deBfarie,
frère de Jacquet, de Jade et de Joses,
que l'Écriture donne ponr frères a Jésut-
Christ, fut un des premiers disciples du
Sauveur. Lorsque (l'an 62 de J.-€.) les
chrétiens se rassemblèrent à Jémsalem,
après la mort de S. Jacques, pour nom-
mer tui nouveau chef de l'Église, ils choi-
sirent Simon qui se relira à Pella pen-
dant la guerre des juifii, et ne revint
qu'après la destruction de Jérusalem.
Sotu le règne de Trajan, il sabit la tor-
ture, et fut crucifié en présence du
gouverneur Atticns. Simon était alors
âgé de 1 30 ans. L'Église romaine honore
sa mémoire le 18 février, et l'Église
grecque le 37 avril. X.
On le confond généralement avec Si-
mon le Cananéen ou Zélotes^ qui fut l'un
des 1 3 apôtres de Jésus, et prêcha, dit-
on, l'Évangile en Egypte, en Cyrénaîque,
en Afrique et même dans la Grande-Bre-
tagne. Selon quelques-uns, il fut marty-
risé à Sunir (Perse). Quoi qu'il en soit, on
ne trouve ni parole, ni action de lui men-
tionoée dans le Nouveau-Testament. Le
surnom de Cananéen ou Cananite pa*
ratt être le même en hébren que Ze-
lotesen grec. Les juifs donnaient ce nom
à ceux qui se distinguaient par un ar«
dent amour de la patrie et de la religion.
Du temps de Jésus-'-Christ, il existait une
sorte de société, dite des zélés^ dont les
membres prenaient sur eux de punir sans
jugement toute atteinte portée aux droits
de la nation on è la sainteté du culte.
Peut-être Simon avait -il appartenu à
cette secte. Suivant d'autres, son nom de
Cananéen lui serait venu de la ville de
Gana, en Galilée, dont il aurait été ori-
ginaire.
Simon le Pharisien habitait Naf m, rille
de Galilée, près de Caphamaûm. C'est
chez lui qu'invité à dtner, Jésus vit une
femme pécheresse et pénitente, que l'on
a confondue à tort avec MarieMagdeleine
(vq^r.), se jeter à ses pieds, y répandre
des parfums, les arroser de larmes et les
essuyer avec ses cheveux. Cette conduite
scandalisa le pharisien; mais Jésus qui
pénétrait sa pensée déclara que lea pé-
chés de cette femme lui étaient pardon-
nés, parce qu'elle avait beaucoup aimé.
Une femme vint encore répandre une
huile odoriférante sur la tête de Jésus
ches un autre Simon de Béthanie, aur^
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SIM
(811)
SIM
r U Léprmts, qw le Christ anût
peat-étre guéri de cette mdadie* On
oooMtt encore Sîaon le GyréAéea, qoe
les tokUtti pomaÎM feroèreot à porter la
CMNZ de JéiDt^lurkt jusque sur le Gml-
YÛre. Simoii le Migicien éUit à Siaoïerie,
qoMid Philippe TÎm y préd^r. Il reçut
k beplémey et s'attira une vite répri-
mande de S. Pierre lorsqu'il hû offrit de
l'argent pour obtenir le pouvoir de ûdre
reoeveir le Saini*£sprit à ceux à qui il
imposerait les niains (vor> SiMOirax). Il
n'en oontiooa pas moins de se livrer à
la magie) s'associa une courtisane de Tyr
qu'il présenteit comme la première in-
t^ligence^ et vintà Rome, oà il fit un
aaws grand nombre de partisanSé Les
apàtre» 6. Pierre et S. Paul se rendirent
aluns en cette irille pour combattre ee
lanx prophète. Simon, voulant donner
une preuve éclatante de sa puissance, prit
l'engagement de s'élever en l'air dans un
char de £mi $ mais il tomba et mourut ,
dit'*'On , de sa chute , vers l'an 64, Sa
icote subsista jusqu'au iv* siècle. Z.
SIMON (EiQHAan) , né à Dieppe, le
18 mai 1638, entra dans la eongréga-*
tion de l'Oratoire, à l'âge de 91 ans.
Chargé de dresser le catalogue des livres
et manuscrits orientaux que possédait la
maison de son ordre, dans la rue Saint-
Honoré, à Paris, il lut avec avidité tous
les ouvragm qui lui passèrent sons les
yenx, et son amour de l'étude, joint à
sa méoioire prodigieuse, le plaça bien-
' t6t parmi les hébralsants les plus renmr-
qnables de la France. Sm écrits sont
nnmbreux, mais plusieurs sont pseudo-
nymes, comme V Histoire de Poriginè
et des progrès des revenus ecelésùuti''
^fi0# (Francf. [Rotterd.], 1684; nouv.
édition , Rouen [Francf.], 1706, 9 vol.
in- 13),* qui parut sons le nom de Jérô-
me Aeosta) la Bibliothèque choisie,
(i».ia, t. I-n, B&le ,1709; t. DI-IV,
Amsc, 1708*10), sous celui de Saint-
Jore; V Histoire critique de la créance
et des coutumes €Us nations du Levant
(Amsterd., 1684, dem. édit., Francf.,
1 7 1 1), sons cehù de M oni. Pleins d'idées
nenvtt, d'aperçus intéressanu, d'anec-
dotes curieuses, ces ouvrages annoncent
beaaconp d'érudition ; amis ib trahitsent
tmm iam r»Qt«Mr un gett décidé fonr
la critique, qu'il exerçait d'ailleurs avec
une grande supériorité. Ce besoin de cri-
tiquer resiort encore davantage dans les
Remarques sur 4a bibliothèque des au»
teurs ecclésiastiques de Dupin (4 vol.
in-^8®), dans les Jntiquitates ecclesiee
orientaiis (Lond., 1682 , in-lS) , dans
les Lettres critiques (Bàle [Rouen],
1600, in- 12). Richard Sim<m ne pou-
vait manquer de s'attirer beaucoup d'en-
nemis par ses attaques^ son Histoire cri*^
tique de VA. -T. (Leyde, 1679; Rott.
et Amst., 1685, in-4®) l'exposa à une
espèce de persécution. Dans cet ouvrage
remarquable à plus d'un titre, il avait
osé avancer que Moise n'est point l'au-
teur du Pentateuque t rien n'est moins
douteux aujourd'hui; mais à cette épo-
que une opinion aussi hardie devait le
rendre plus que suspect de protestan-
tisme. Bossuet se chargea lui - même de
poursuivre la suppression de ce livre
«plein de principes dangereux,» et ce
ne fut pas sans peine que l'auteur par-
vint à sauver l'exemplaire qui fut réim-
primé à Rotterdam. Exclu de l'Oratoire,
Richard Simon , avec une fermeté qui
fait son éloge, se livra avec plus d'ardeur
qtie jamais à ses travaux littéraires. En
1680, il publia une Histoire critique
du N.nT. (Rott., in-4<») qui fut suivie
d'une Histoire critique des principaux
commentateurs du N.'T. (Rott;, 1698,
in-4<»), et de Nouvelles observatioru sur
le texte et les versions du N.-'T. (Pa-
ris, 1608, in-4^).Le second de ces ou-
vrages fut également saisi, à la requête
de Bossuet, qui oublia, dans cette circon-
stance, tou& les principes de la modéra-
tion. Sur la fin de ses jours, Richard Si-
mon se retira dans sa ville naule oè il
mourut, le 1 1 avril 1718. £. H-o.
8IMONIDE, célèbre poêle grec, fils
de Léoprepès, naquit dans l'Ile de Géos,
une des Gyclades, 558 ans av. J.-C, et
florissait encore après les grandes guerres
Médiques. En Grèce, en Sicile, telle
était l'estime dont il jouissait comme
po8te que les athlètes vainqueurs aux
jeux publics, et leurs cités natales fai-
saient d'énormes dépenses pour qu'il
chantât leurs victoires : ce fut une des
I sources de sa fortune. Ses odes agonis*
tiques^quirivalisaient atec^lci 4t ^Q<*
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SIH
(812)
SIM
dUire {voy.)y aont percUi^, ainsi que ses
Thrénes ou oomplaintos, si célèbres dans
l'antiquité, ses élégies sur les courts
d'Artémisium et de Marathon et son
ode sur la rictoire de Salamîne. Il ne
nous reste du poêle de Céos que des
inscriptions dédicatoires et funéraires
recueillies dans les anthologies (vojr,),
et des fragments d'élégies, genre dans
lequel il vainquit tous ses antagonistes,
nul n'ayant mieux eonnu que lui l'art
d'intéresser et d'attendrir. Il était égale-
ment sans rival pour sa mémoire, qu'il
avait perfectionnée par une méthode dont
il passe pour l'inventeur (voy. Mmbio-
KiQUE.) Il eut aussi la gloire de complé-
ter l'alphabet grec en y ajoutant les let-
tres doubles «I, 0), S, ^. Sa renommée le
fit rechercher des grands hommes et des
roi& de son temps; il fut l'ami d'EUppar-
que {voy,)f d'Aleuas, roi de Thessalie,
qui, après la mort du Pisistratide, le re^
cueillit à sa cour; de l'Athénien Hiémisto-
de; du LacédémonienPausanias; daHié-
roo, roi de Syracuse, et de Théron, roi
d'Agrigente. Il avait 87 ans lorsqu'il se
rendit à la cour de Syracuse, et c'est la
qu'il mourut à 00 ans. Hiéron et les Sy*
racusains lui élevèrent un magnifique mo-
nument; mais ce qui est plus glorieux
pour sa mémoire, ce sont les éloges que
lui décerne Gicéron, quand il le prodame
Non tantum suavis pàeta^ sed doctus
sapiensque {De Nat. Deor.y I, 22). Les
fragments de Simonide se trouvent dans
les AnaUcta de Brunck et dans la Syl-
loge de M. Boisaonade. F. D.
SIMONIE. Le droit canon appelle
ainsi la ventoet l'achat des dignités et
des bénéfices ecclésiastiques, soit à prix
d'argent, soit par corruption ou par d'au-
tres moyens honteux* Toutes les sectes
condamnent sévèrement la simonie; mais
les théologiens de la cour de Rome ne
tiennent pas pour un acte simoniaque la
vénalité des dignités ecdésiastiques à
Rome. Ce crime, non moins grand de la
part du vendeur que de celle de Tache-
teur, a été ainsi nommé de Simon le ma-
gicien {voy.y, qui, au rapport de S. Luc
[Actes fies Apôtres^ VIII, v. 9 et suiv.),
voulut acheter à prix d'argent des apâtres
la communication des dons du Saint-£s*
prit par l'imposition des mains. 6. L»
SIMPLES^ woia^^ea^Mkàxk remèdes j
voy. ce mot.
SIMPLICITÉ , qualité de ce qni est
simple, c'est-à-dire sans composition,
sans mélange, sans apprêt, sans recher-
che, sans artifice, sans déguisement. Ap-
pliquée à l'intelligence, cette expression
se prend presque toujours en- mauvaise
part. Si la simplidté offre un certain
charme dans l'enfance, elle aanonoe dans
l'homme mûr une étroitesse de. jugement
qui provient^it d'une faiblesse naturelle
de L'intelligenoe, soit du manque d'exer*'
dce des &cultés mtellectudies , et qui est
le premier degré de laaottîse(iio)^.).€epen»
dant on aperçoit sons cette i^ooranoe,
sous ce manque total d'expérience et de
finesse, tant de bonté, dedouceur etd'in*
nocenoe, qu'on éprouve toujours quelque
intérêt. L'homme d'un esprit simple est
ordinairement simple de cœur : voilà
pourquoi Jésus appelle bienheureux les
pauvres d'espriuCette simplidté de cosnr,
qui peut se rencontrer d'ailleurs unie à
une vaste intelligence , n'est autre choee
qu'un caractère innocent, naturd et
droit, ne connaissant ni déguisement, ni
raffinement, ni malice^ ne se doutant
même pas qu'il puisse être utile et sage
qudquefois de dissimuler ses sentiments.
Sous ce rapport, die se oonfond avec
la naïpetéy V ingénuité j et, plus que
cdles-d, elle se rapproche del^ candeur ^
qui est toujours l'indice d'une belle àme.
Dans les oeuvres d'art, enfin, rien ne pldt
comme la simplidté : il n'est pas • de
grandeur sans elle. Elle tend directement
au but, et emploie les moyens les plus na-
turels pour y atteindre; elle ne cherche
pas à plaire par un faux brillent, par des
ornements pompeux ; elle lîiit toute re-
cherche pomr s'en tenir exdusivement à
la nature ou à l'idéal basé sur la nature,
qui exclut comme elle l'afféterie et le
maniéré. £. H*o.
SIMPLICICS.Ge philosophe grec du
VI* siède de notre ère, originaire de la
Gilicie, enseigna la philosophie à Alexan-
drie et à Athènes, d'où il fut chassé par
Justinien, lorsque cet empereur, aveuglé
par un fiiux zèle pour la rdigion duré»
tienne, fit fermer les écoles païennes. Il
se retira en Perse où il fut accueilli avec
bienveillanoe par Kiiosrou; mais il ren-*
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SIN
(31S)
SIN
tni pkH Hurd dans m patrie. Il a kiasé
des commentaires sur plusieurs traités
d*Anslote et sur V£nchiridion d'Épîc-
tète, que Von trouve dans les anciennes
éditions de ces deux iUustnM philosophes.
Foy. aussi ScHWUoinsDSKa. E. H-g.
8IMPLON (en italien Stmpione)^
moBtsgne haute de 10,337 pieds, dans
le canton da Valais, en Suisse, apparte-
nant aax Alpes Pennines et connue prin-
cipalement par la route que Napoléon y
a fait construire de 1801 à 1806. Cette
rcmte, qui établit une communication
facile entre le Valais et le Piémont, part
du bourg de GUs et aboutit à Domo
d'Ossola. £lle a 14 lieues de long sur 36
pieds de large , et quoiqu'elle s'élève à
une hauteur de 6,000 pieds, ette est si
douce que les voitures- le plus lourde-
ment chargées peuvent la parcourir sans
peine. A environ 1 ^ lieue du village de
Simplon, on a bâti un magnifique hospice
élevé de 4,648 pieds au-dessus du niveau
de la mer. H n'est point encore habité.
Les Bernardins qui doivent s'y établir
occupent toujours l'ancien hospice à
côté de la route. £n 1 799, le Simplon fut
témoin d'un engagement entre les Fran-
çais et les Autrichiens; et en 1814, un
oorpe de l'armée d'Italie en chassa les Au-
triehîens, mais il fut repoussé et dispersé
par- les habitants du Valais. Lorsque Na-
poléon réunit le Valais à son empire, en
1810, il lui donna le nom dedép. du
Simplon, qu'il porta jusqu'en 1815. CL,
SINAIet HoaiB, monts célèbres dans
l'histoire sainte, situés, l'un près de l'au*
tre, dans l'Arabie-Pétrée, sur .une prcs-^
qu'Ile de la mer Bouge. Le Sinaî (auj.
Djebel Mousa) , qui a donné son nom
au désert environnant, s'élève à une hau-
teur de 7,060 pieds. C'est sur son som-
met que, d'aprèe l'Ancien*Testament,
Moïse reçut de Dieu la révélation de ses
dix commandements , qu'il transmit an
peaple Juif, gravés sur des tables de
pierre {yoy. Dégalogue). Plus tard, sons
l'ère chrétienne, a été fondé non loin de
la un couvent dédié à sainte Catherine,
qui est un des plus vénérés de l'Église
grecque : il ressemble è une petite du-
délie; de nos jours encore, il existe' en
outre plusieurs chapelles au pied du Si-
naî,ainsi que sur le Horeb, Ce dernier
est surtout remarquable comme la mon-
tagne où Dieu apparut à Moïse pour lui
commander d'aller délivrer les Juifs de
la servitude de l'Egypte. Ch. V.
SINAMARI (ville et rivière), voy.
Guyane française.
SINAPISME (mot que les Grec^ ont
formé de o'ivaTrt, sénevé, moutarde), to-
pique composé avec de la farine de mou«
tarde noire et un liquide qui est le plus
ordinairement de l'edu ou du vinaigre.
On a supposé pendant longtemps que dé-
layer la farine de moutarde avec le vi-
naigre, c'était un moyen de rendre ce to-
pique plus actif : une expérience plus
attentive a prouvé que, lorsqu'il est pré-
paré avec l'eau simple, il stimule plus
énergiquement les tissus avec lesquels il
est mis en contact, et la chimie est venue
confirmer Texactitude de cette observa-
tion, en démontrant que l'huile volatile,
qu i est l'élément vraiment actif de la mou-
tardey n'y préexiste pas, et que l'eau est
nécessaire à sa formation.
Les maladies dans lesquelles on a re-
cours à l'application de ce topique sont
très nombreuses. Tantôt on se propose
par là de combattre le mal dans l'un de
ses éléments essentiels, tantôt au con-
traire de mettre fin à de simples acci-
dents qui viennent compliquer la ma-
ladie principale. Dans tous les cas, l'in-
dication qu'on a surtout pour but de
remplir en recourant à l'emploi de ce
moyen , c'est de détourner un mouve-
ment ûnxionnaire qui menace de s'ac-
complir, et qui déjà est réalisé sur un
organe important à la vie : de là la né-
cessité d'appliquer le plus ordinairement
ce topique sur une région plus ou moins
éloignée de celle qui est le siège du mal.
C'est là, nous le répétons, l'indication la
plus généralequ'on se propose de remplir ,
quand on emploie les sinapismés dans les
maladies; mais si Fon conçoit bien le
mode d'action de ce moyen, on comprend
qu'on peut également le mettre en usage
pour provoquer certains mouvements
fluxionnaires, qui sont une des condi-
tions de l'accomplissement de certaines
fonetioni : il en est ainsi , par exemple,
dans quelques cas d'aménorrhée {voy,).
L'effet immédiat des sinapismés appli-
qués à la surface de la peau est une m*»
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SiN
(SI4)
SIN
béfacttoo plut ou maint tiv* 4« etite
laeœtMrADe : œtte rubéfactioo est U coo-
séqoeoce du chaogemeot funrenu daos U
circulation locale, et explique l'acUon
secondaire ou thérapeutique du topique
employé. Le degré de cette excitation
varie auiTant. diveraet conditions, dont
les principtiea sont la pureté de la fiurine
dont on s'est servi , la durée de l'appli-
cation du topique, et la délicateaie de U
peau sur laquelle celui-ci est étendu ; il
est très important de tenir conçipte de ces
diverses circonstances, car sans cela il
pourrait arriver que TexcitatiDn dépassât
les limites dans lesquelles on veut res«
treindre la révuUion, qu'elle allât pres-
qu'à la vésication, la mortification même
des tissus toucha par le sinapisme. On
ne saurait se guider ici d'après la seule
durée du temps, car outre qu'on ignore
souvent si la moutarde est pure, on ne
peut pas toujours apprécier à l'avance
le degré de sensibilité de la peau : le
moyen le plus sûr pour éviter ces graves
inconvénients, c'est de s'en rapporter à
la douleur accusée par les malades. U ar-
rive parfois que la peau, après la sinapi-
sation, reste très douloureuse: on calme
cette excessive sensibilité par l'applica-
tion de cataplasmes simples on narcoti-
ques. Lorsqu'on doit employer ce topi-
que chez des enfants ou des individus
très irritables, on tempère l'action de la
moutarde en y mêlant une certaine quan-
tité de farine de lin. M. S-H.
SINCIPUT,vor. TâTS.
SIND (fleuve), voy, licous.
SIND ou SiXDBi, provînoe de lln-
dostan septentrional, récemment incor-
porée à l'empire anglo-indien. Elle s'é-
tend sur le vaste delta de l'Indus (voy.)
QU Sind, depuis le Pendj|d> jusqu'à la
mer; confine au nord-ouest avec le Bé-
ioutchistauy et touche dans sa partie orien-
tale à des plaines désertes, qui la séparent
du reste de l'Inde {vojr, tous ces mots).
On évalue son étendue à environ 24,000
milles oarr. anglais. La population, d'un
million d'âmes à peu près, se compose de
Bélotttches mahométans, en partie no-
mades et guerriersi et d'Hindous séden-
taires, pratiquant seuls le commerce el
un peu d'iùdustrie. Les Béloutches du
Sind appvUeunent à U tribu 4at T«i-
pourlsy dont les prinQis ^érifèrant, ven
1780, en dominateurs du pays, d'abord
seulement comme vassaux du Kaboul,
puis, lors du démembrement de cet em-
pire, avec une indépendanoe complète.
Ces prinoes, tous iwus de la même laîaille,
sont appelés amirs ( de l'arabe émirf les
Anglais écrivent ameers). Leurs troupea
combattaient ordinairement à pied^ rare-
mentà cheval, et, quoique sent di«oipliney
ellçs savaient très bien (aire usage de rar^
tillerie. Le bouclier leur servait d'arme
défensive. Cependant il n'y avait pas dana
le pays d'armée permanente ; chaque
adulte, à l'exception des marchands, y
devenait soldat à l'appel dies chefs. Le
gouv^nement des amirs, entièrement
despotique, parait avoir été très oppres-
sif à l'égard des populations paisibles des
villes. Ces princes étaient unis entre eux
par une espèce de lien fédératif et entre-
tenaient des relations amicales avec leur
voisin de l'ouest, le khan des Brahouis,
autre tribu béloutohe, établie à Réiat et
à Goundava (voy, BiLOUfCBisvAir).
On distinguait dans le Sind trob prin-
cipautés dominantes. La plus puissante
était celle de Hyderabad, dans la partie
méridionale, où de 4 frères qui l'avaient
régie conjointement depuis 1786, un
seul,Mir-Mourad-Ali-khan, rivait encore
en 1892. La seconde branche des amirs
avait sa résidence à KJiyrpcmr, dans le
Sind septentrional; la troisième et la
moins considérable était établie dans le
Delta, à Mirpour; Us passaient pour avoir
le premier 16, le second 10, le troisième
6 Iaks , ensemble 90 laks de roupies ou
800,000 liv. st. de revenu annuel, et
possédaient de riches trésors.
Outre Hyderabad^ capitale du pays,
aaseï industrieuse et commerçante^ dans
une tie formée par l'Indus, aveo environ
20,000 hab., et les deux autrae résiden-
ces déjà nommées, les places les plus re-
marquables du Sind sont Koratchi, port
très commerçant et fortifié; TatU, rille
am'ourd'hui bien déchue, sur l'Indus, à
la pointe du DelU; et Chikarpour, qui
fait un commeroe très étendu, rûifermant
chacune de 10 à 16,000 hab.*
Le désir de s'ouvrir la navigation de
(*) Foir C3i. Hitler , Giêgrmphiê de VJêit ,
t. Y, p. iTfttt auiv* 8.
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SIN
(816)
SIN
riadas «n §'«DfM«Bt ém bmiclMB de ce
fleii?e, éi de frayer de cette nuunière à
spB commerce le cbemin de l'Asie ioté-
rieure^ a Mrtout dirigé vert le Siod la
politique et les opératiooe milkairet de la
oompafuie anglaiie des Indet- Orieota-
les. La mort des amlrs précédents avait
jeté la divisioii dans l'état de Hyderabad,
tous lenrs fils ayant prétendu à la fois à
leur suooession. Il en résulta un Arao-
lionnement «i quatre partis politiques ,
dont le plus puissant, qui avait pour
chef un des plus jeunes prinœs, Mir-
Mouasir-Rhan , inclinait pour les An-
glais. Dès 1809 , la Compagnie avait
conclu avec les amirs un premier traité
de paix et d'amitié. En 1837ylordAuck-
landy afin d'assurer toutes ses commu-
nications pour l'expédition qu'il proje«
tait dans le Kaboul , leur imposa de
nouvelles conditions qui les mirent dans
la dépendance du gouvernement bri*
tannique, et les obligèrent à payer tri-
but. Au commencement de 1848, lord
£llenborough, sous le prétexte que les
amirs meuaient obstade à l'exécution
de ces traités onéreux et refusaient de
céder aux Anglais certains terrains de
cbasse qui gênaient la navigation de l'In-
dns, dirigea sur Hyderabad une armée
anglaise sous le commandement de sir
Charles Napier. Près de Miani, à neuf
milles anglais de leur capitale, les Béloot*
chesy forts de 32,000 hommes, avec 15
pièoes de canon, tentèrent de s'opposer
à la marche de leurs adversaires; mais
malgré la vigueur de leur choc, ils es-
suyèrent une déroute sanglante, et le
1 9 février, Hyderabad fat occupée par les
Anglais. Retirés dans le désert avec les
débris de leur armée , les amirs y furent
poursuivis 9 et complètement défaits, au
mois de juin suivant. Mais les vainqueurs
ettx«> mêmes, sous l'influence nieurtrière
d'une chaleur excessive, et d'un climat
malsain , périrent en grand nombre vic-
times de maladies. Le Sind, après la dé-
ehéance de ses anciens maîtres , a été
totalement réuni aux posiesstons de la
Compagnie, qui y maintient encore un
corps d'occupation de 16,000 hommes
pour assurer sa conquête. Ch. Y.
SIBfBIAH ou ScMMDUM , dynastie
mahratte , louveralae d'un état sitaé au
centre de Plndostan, etqni, naguère en*
core indépendant, est récemment devenu
tributaire des Anglais. Ce pays, que nous
avons déjà décrit géographiquement à l'ar-
ticle Maheavtbs, présente une étendue
d'environ 40,000 milles carrés anglais,
avec une population de 4 millions d'âmes
àpeu près, Onyestimait, en 1836, le re-
venu du souverain à 1 million de livres
sterl. par an. Une armée de 36 à 40,000
hommes, en partie composée de maho-
métans, brave, mais turbulente, était
chargée de la défense du pays, et le gou-
vernait dans les derniers temps ; elle dis»
posait d'un parc de 300 pièces d'artil«
lerie, et des officiers européens, atta-
chés au service du Sindiab depuis la chute
deTippoo-Saheb, l'avait formée à une cer-
taine discipline*.
L'origine de la puissance de cette mai-
son remonte au radjah Mahadjiadji- Sin-
diab, et à son successeur Daoulet-Raou«
Sindiab, rival du fameux Holkar (i>qf .)»
qui tous les trois exercèrent, à la fin du
siècle dernier et au commencement de
celui-ci, une si grande influence sur les
gouvernements caducs de l'empire mogol
et de la confédération mahratte {voy.
tous ces noms). Lorsque les Anglais ache-
vèrent, en 1818, la ruine de cette der-
nière, Daoulet-Raou, en se séparant à
temps des autres chefs ligués pour arrê-
ter les progrès de la domination bri-
tannique et en faisant le sacrifice d'une
partie de son territoire, réussit à sauver
l'indépendance de celle qui lui restait II
mourut en 1826, après avoir disposé du
trône en faveur d'un fils adoptif , Djen-
kadji-Raou-Sindiah. Ce prince faible,
indolent, dissolu, et qui ne justifiait son
élévation par aucune qualité, épuisa les
ressources, et compromit gravement la
tranquillité de son pays par l'ineptie et
par les désordres funestes d'une admi-
nistration ruineuse. Comme il mourut
également sans laisser de postérité , au
mois de février 1848, sa veuve, jeune
femme de 19 ans, choisit pour lui suc-
céder, du consentement des chefs mah-
rattes, un parent, Djiadji-Rapu-Sindiah ,
enfant de 9 ans. Afin de se ménager dans
les affaires du pays lee moyens d'obvier
(*) Foir Ch. Ritter, G§ogr. tU rJiit, t. IV,
9* part., p« 755. S.
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(S16)
SIN
aux tronblas dont le menaçait cette iiii<«
noritéy et qai pouvaient devenir conta-
gieiUL pour ses propres possessions, sinon
d^ pour servir d'autres vues plus am-
bitieuses y la Compagnie crut nécessaire
d'imposer à la régente un ministre entiè-
rement dévoué aux intérêts britanniques.
Mais les Mahrattes, peu disposés à subir
l'influence anglaise , ne tardèrent pas k
renverser ce dignitaire complaisant, et à
lui substituer un de leurs chefe entière-
ment hosUleà l'autorité de la Compagnie.
Legouvemeur général de l'Inde, lordEl-
lenborough, rappela sur-le-champ le ré-
sident anglais et fit ses préparatifs de
guerre. La régente, pour conjurer l'o-
rage, consentit en vain à la déposition
du nouveau ministre, et à l'occupation
de ses états par les troupes de la Compa-
gnie. Celle-ci exigea de plus la dissolu-
tion de l'armée mahratte et la remise du
matériel considérable de son artillerie.
Ces prétentions exaspérèrent les .troupes
mabrattes et les déterminèrent è la résis-
tance. Celles de la Compagnies'avanoèrent
alors sur la capitale du pays, Goualior
(Gwalior) et eurent à essuyer deux com-
bats, le 20 déc. 1848, pour enlever les
retranchements de l'ennemi : le premier
a Maharadjpour, le second à Punniar. A
Maharadjpour, où le succès ne put être
décidé qu'à la baïonnette par les troupes
européennes , les Mabrattes, au nombre
de 18,000 hommes, commandés par le
vieux colonel Baptiste, se défendirent
avec la plus grande opiniâtreté, et se firent
tuer sur leurs pièces; les Anglais éprou-
vèrent des pertes considérables. Le 8
janvier 1844, le gouverneur général
entra néanmoins dans Goualior à la
tête de ses soldats, qui depuis n'ont en
partie évacué l'état de Sindiah qu'après
l'avoir complètement réduit sous la dé-
pendance de la Compagnie. L'ancien
ministre , Nama-Saheb, a été réintégré
dans son poste,* et le licenciement de l'ar-
mée mahratte elTectué. H n'est resté de
celle-ci qu'un corps de 10,000 hommes,
dont la Compagnie s'est réservé la dispo-
sition, en augmentant leur solde, et en
leur donnant pour chefii des officiers an-
glais. Peut-être cette médiatisation, ac-
compagnée de nouvelles diminutions de
territoire, n'est-elle même que le pré-
lude d'une séquestration complète, que
l'état agité du pays peut amener d'un
jour à l'autre. Ch. Y.
SINGAPOORE, mieux que Sinca^
pourûf port franc, situé dans 111e de ce
nom, à l'extrémité de la presqu'île de
Malacca (yoy, ce mot et Indb), avec
22,000 hab. C'est un établissement bri-
tannique très important. Peu d'années,
dît M. Balbi, ont suffi pour en faire une
des premières places commerçantes de
l'Asie. Foir Ch, Ritter, Géogr, de V Asie ^
t. IV, p. 60 et suîv., p. 600. X.
SINGES (ffiTiia), famille de mammi-p
fères, constituant presqu'en entier l'or-
dre des quadrumanes (vo^.), et ceux de
tous les animaux qui ressemblent le plus
à l'homme par leur conformation géné-
rale, comme par leur organisation in-
terne. Loin de nous cependant la pensée
de faire du singe un homme dégénéré, ou
de l'homme un singe plus parfait ! En
vain feriez-vous disparaître du corps du
quadrumane lé poil qui le couvre; en
vain feriex-vous rentrer son museau sail-
lant, ces longs bras qui rasent presque
le sol , et indiquent si bien que le singe
est £sit pour sauter plutôt que pour mar-
cher : derrière ce faux-semblant d'hom-
me, vous n'auriez encore qu'une brute,
c'est-à-dire un être incapable de s'élever
jusqu'aux lois de l'ordre naturel et du
monde moral, hors d'état de transmettre
à sa postérité l'héritage d'une science
perfectible. Or, ceci n'est pas seulement
vrai de l'Européen civilisé, mais aussi
du plus sauvage habitant de l'Océanie :
en effet, cette grossière créature possède
virtuellement au moins, si ce n'est dé-
veloppées, les facultés départies par le
Créateur à sa créature d'élite; percez cette
enveloppe grossière, et vous trouverez
une âme, une âme douée de raison , de
consciente et de liberté; soumettez au
contraire à une éducation intellectuelle
le singe, ce prétendu homme déchu; sôu-
mettez-l'y dix ans, vingt ans, des siè-
cles , et puis vous viendrez nous dire
quelle idée morale vous aurez fait ger-
mer, quelles facultés nouvelles vous aurez
vu poindre dans ce cerveau si bien orga-
nisé ! Laissons donc chaque chose à sa
place, et ne voyons dans ces quadruma-
nes que des êtres curieux à observer, et
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SIN
(31
dont Padresae, la pétulance, les rases et
Thabileté à contrefaire les actions humai-
nes, sont de nature à dérider le front le
plus soucieux.
Considérés dans les traits les plus gé-
néraux de leur organisation , les singes
ont le corps sTelte, plus velu postérien-
rement qu*à la face antérieure qui par-
fois est presque nue. Leurs membres
longs et grêles se terminent par de véri-
ubles mains dont les doigts allongés et
flexibles rendent ces mammifères plus
propres à grimper qu'à marcher. La face
est colorée, dans un certain nombre d'es-
pèces, de la manière la plus bizarre. Leur
système dentaire, leurs organes digestifi^
respiratoires et circulatoires, ont une
grande similitude avec ceux de l'homme;
cette ressemblance se retrouve même
dans les organes de relation. Les singes
sont essentiellement frugivores; ils se
tiennent presque tous sur les arbres , et
vivent en troupes composées d'une ou de
plusieurs familles. Les femelles mettent
bas un ou deux petits qu'elles portent
dans leurs bras et entourent des plus
tendres soins, jusqu'à ce qu'ils soient en
âge de pourvoir eux-mêmes à leur sub-
sistance. Les mœurs varient d'ailleurs
dans chaque espèce ; mais le penchant à
l'imitation et au vol , la ruse , l'extrême
mobilité des idées et la vivacité des mou-
vements qui s'y rattachent , en forment
toujours les traits distinctils. Constam-
ment dominés par leurs impressions du
moment, on voit ces animaux passer du
calme le plus parfait à la plus furieuse
colère. Ils se montrent, en général, d'au-
tant plus doux et plus soumis qu'ils sont
plus jeunes. Avec l'âge, ils reprennent
ordipairement leurs plus mauvais pen-
chants; il en est même qui deviennent
intraitables. Ces quadrumanes sont ex-
clusivement propres aux pays chauds:
aussi snccombent-ils presque tous dans
nos climats à la phthisie pulmonaire. Le
midi de l'Europe ne nourrit qu'une seule
espèce de magot ^ sur les rochers de Gi-
braltar, encore est- elle originaire d'A-
frique.
Les singes de l'ancien continent diffè-
rent à beaucoup d'égards de ceux du
Nouveau - Monde. Ces différences ont
•ervi de base principale à leur claisifica-
7) SIN
tion. Les premiers ont la queue cooHé
ou nulle; souvent dea abajoues {voy.)^
des callosités aux fesses, provenant de
l'habitude de s'asseoir ; les narines ou-
vertes en dessous du nez et séparées par
une étroite cloison ; les dents molaires an
nombre de 20, comme chez l'homme.
Les seconds ont une longue queue pre»
nantCf qui leur sert de cinquième main,
aussi sont-ils presque toujours en mon-
▼ement, et n'pf&rent-ib point de callosi-
tés aux fesses; ils n'ont point non pins
d'abajoues; leurs narines, ordinairement
séparées par une large cloison, s'ouvrent
sur les côtés du nez ; ils ont 4 molaires
de plus que les précédents.
Parmi les singes de V Aneien^Monde
sont tes orangs et les gibbons^ genres an-
thropomorphes, complètement dépour-
vus de queue, et dont la position est pres-
que verticale. Les orangs propremem
dits {simia satyrus) ont les bras si longs,
que leurs mains touchent à terre lors-
qu'ils sont debout Vorang-outang (motB
qui, en langue malaie, signifient homme
sauvage y voy. Hommbdbs Bois), est celui
de tous les singes qui, dans le jeune âgn
du moins, ressemble le plus à' l'homme.
Sa Uille peut dépasser S*"; il a le corps
couyert de gros poils roux, la face nue et
bleuâtre. Sa force est aussi grande que
son agilité. Il ne marche qu'avec peine
et en s'appuyant sur un bâton ; qnelque-
fob il se sert de ses longs bras appuyés
sur le s6l pour se porter en avant. Pris
jeune, il s'apprivoise faoUement; on as-
sure qu'il se construit au haut des arbres
des espèces de huttes. Les chimpansés
{pongêsJockoSf troglodytes noirs), es-
pèce d'orangs à bras courts, ressemblent
beaucoup aux précédents par leurs moeurs
et par lenr conformation. Ils se défendent
à coups de pierre et de bâton contre les
hommes, et même contre les éléphants
qu'ils cherchent à effrayer de leurs hur-
lements. Lesgibbons (x. iar, moloch, etc.),
qui ont les bras longs comme les orangs,
sont surtout célèbres par la tendresse
qu'ib montrent pour leurs petits. Us sont
peu susceptibles d'édocatioB.
Viennent ensuite, parmi les singes à
queue de V Ancien^Monde^ lea semno^
pitheçues, qui ressemblent beaucoup
aux gibbons } les guenons f de pins petite
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SIO
(318)
StP
tailU et fWÊimu de vattes tbtjonfli qui
seooodent menreilleuiemeiit leorremar*
qaable imUnct pour le vol^ les moca-
qmeSj mievx organiiés pour la norche 4
quatre pattes qoe poor le saut; les ma-
goU dont les tours d'adresse amusent le
public de nos villes ; pots enfin les ejmo^
céphales ou singes à tête de chien (pa-
pionSf babouinSf voy.)^ et les mandrills^
espèces qui, par leur museau saillant,
leur allure quadrupède, forment le pas-
sage des quadrumanes aux autres ordres
de mamnûfères. Ce sont les plus brutaux
et les plus féroces de tous les singes.
Parmi les singes du Noupeau^Monde^
compris quelquefois sous le nom collec-
tif de /d/M|/bttf| nous citerons les aloua-
tes ou singes harleurSf qui doivent à une
conformation particulière de l'os hyoïde
une voix tellement retentissante, qu'on
l'entend à plus d'une demi-lieue à la
ronde ; les atèlesy nommés aussi singes-
araignées ^ à cause de l'extrême longueur
de leurs membres grêles et flexibles; les
sqjous ou singes masqués ^ ainsi appe-
lés de l'odeur assez forte qu'ils répan-
.dent ; les sakis ou singes à queue de re-
nardy et les saïmiris ou titisy genres qui
appartiennent au groupe des sagouins,
et sont susceptibles d'éducation. Les ti-
tis sont particulièrement remarquables
par rattachement des petits pour leur
mère , au cadavre de laquelle ils restent
attachés lorsqu'elle tombe sous les coups
des chasseurs : circonstance bien connue
des Indiens , qui en profitent pour s'en
emparer* C. S-tb.
SINGULIER, v<yr» Noiib&b.
SINNIS, voy, Procustb.
SUfTO (bxuoion de) y voy. Japon,
T. XV, p. 166.
SINUS (math.), voy: Cobdb. — Pour
la signification du mot en anatomie , on
peut voir l'art. Os.
SION , "voy* Valais. — Pour Sion
(Tsion), dénomination biblique, voy^
JÏXUSALEM.
SIPHON (engrec9(f(uv, tube, tuyau),
instrument de physique très simple dont
on se sert spécialement pour transvaser
les liqukieB et qui consiste en un tuyau
recourbé de verre ou de métal, ayant ses
deux branches d'inégale longueur. Si
om plonge la plus courte dans un vase
contenant un liquide, et qu^on aspiré
l'air par l'ouverture de l'autre branche
tournée vers la tarre , l'écoulement de la
liquetir se produit aussitôt par cette ou-
verture et continue tant que l'extrémité
de la branche la plus courte plonge dans
le fluide. On a reconnu que c'est la pe-
santeur de l'air qui est la cause de ce
phénomène depuis si longtemps observé.
En effet , le vide étant produit dans le
tube par l'aspiration, l'atmosphère qui
pèse sur la surfiice libre du liquide force
celui-ci à monter à la place de l'air dans
le siphon, et son propre poids le sollicite
à s'écouler. Cet écoulement empêche dès
lors l'air de rentrer dans le siphon , et
la pression atmosphérique le fait conti-
nuer , a la condition que le poids de la
colonne contenue dans la branche hors
du vase soit plus fort que celui de la
colonne contenue dans l'autre branche ,
perce que cet excédant de poids empê-
che que la pression de l'atmosphère, à
l'ouverture extérieure, ne fasse équilibre
à cette même pression è l'extrémité du
tube intérieur. Mais si ces deux colon-
nes deviennent égales, l'équilibre de pres-
sion s'établit aux deux ouvertures du si-
phon, l'eau ne monte plus, et l'écoule-
ment cesse; c'est pourquoi la branche
extérieure du siphon doit être plus lon-
gue que. celle qui reste dans le vase.
Dans la météorologie, on nomme 5i-
phon un tourbillon ou nuage creux qui
descend sur la mer en forme de colonne;
on l'appelle ainsi dans l'idée qu'il enlève
et pompe l'eau de la mer. L. L.
SIPYLUS(mont), aujourd'hui ^002-
dagh^ vqy. Taukus et Natolib.
SIR, titre usité dans la Grande-Bre-
tagne, voy, Angletb&ex (T. I^', p. 744)
et BABOifiTET. Dans l'allocution, sir ré-
pond exactement à notre monsieur.
SIRACH, voy, Jisvs Siragide et Ec-
clésiastique.,
SIR-DARIA ou SiHomr, voy.
Iaxarte.
SIRE, qualification qu'on donne aux
rois ou aux empereurs en France et en
général lorsqu'on se sert de la langue fran-
çaise. Elle est une abréviation de Sei~
gneur^ei anciennementelle avait une ap-
plication bien moins bornée. On disait
sire chepalier^ le sire de Coucy (voy,)^'
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StR
tt la Urra d'nn seigmor étsH «imi ap-
pelée sirerie ponlr seigneurerie* Le //r
anglais (vox*) ao dérive, mab a pris une
•igoification spédale. Fojr, Roi^ EaroVi
ete. X.
8IRÈ1IBS ( soÎTant latims de sir^ en
pliéiiicieii chant; raWant d*autre6y de
ciipiit ehaùiéy Fillet d« fleave Achéloûs
•t de fifelpomènei et compafMs de Pro-
•erpine, ellea ftirent, par Cérès (voy. ces
noBf) irritée de ce qu'elles n'avaient
fm défendu sa fille, métamorphosées en
monstres moitié femmes et moitié oi*
seanx on poissons. Postées an promon-
toire de Pélore , ensuite à Giprile , elles
attiraient les navigateurs par hi douceur
de leurs chanUet les faisaient périr.Ulysse
échappa à leurs séductions en se feisant
attacher an mât de son vaisseatt^ en hou*
diantavecdelacire lesoreiliesdesescom-
pagnons. Vaincues dans cette épreuve,
conformément à leur destinée , les sirè-
nes périrent. L'une d'elles, Parlfaénope,
f«t jetée sur la o6te de Campanie; on lui
éleva un tombeau, puis un temple; près
du temple fut bâti un bourg qui devint
Naples [vayJ) , l'ancienne Parthénope ,
restée une sirène enchanteresse. Dans le
mythe des sirènes on reconnaît l'allégo-
rie des passions , des Toluptés que l'on
tœ en n'y cédant pas.
Pour le nom de sirène , en histoire
naturelle, vqy. Lamaktih. F. D.
SIAIU8 , k plus brillante étoile du
ciel, 7>oy, CMmfs (astr.).
SIRMIB, vi»y. EscLATONiB.
SIROCO. C'est le nom qu'on donne
an vent de sud-est qui souffle des côtes
africaines dans la Méditerranée et en Ita-
lie. Ce vent brûlant dessèche tout; il ei-
Cète la transpiration et un grand abatte-
ment. Le sirooo se lève ordinairement
vers Pâques et ne dure , dans sa grande
▼iolence, que de 8Q à 40 heures; il rè-
gne moins violemment, et parfois d'une
manière peu sensible, de 14 à )0 jours.
Bomr se garantir de ce fléau , on ferme
hermétiquenient portes et fenêtres en les
c4uvrant de draps mouillés cpi'on trempe
ffléquemment dans l'eau. Quoiqt
Quoique le si-
reeo brûle l'herbe et les plantes, il est ra-
rement mortel pour les hommes. X.
ftiaOP, voy, SucRB. — Quant aux
tîrops qu'on emploie <l«is la pharmacie,
ce sont des décoctions ou des extraifi
{voy.) de végétaux ou de substances ani-
males , déhyés dans un sirop ordinaire
composé de sucre et d'eau (29 onces de
sucre raffiné pour une pinte d*eau}. On
feit ainsi des sirops de guimauve, de vio-
lettes, de pavots rouges ou coquelicots,
d'flrillets, de roses rouges , de mûres, de
citrons, etc. (voy. la plupart de ces
mots).
SIRTES, voy. Statbs.
SIRVENTE, sorte de poésie ancien-*
ne, mise en usage dès le xi* siècle par les
trouvères français et les troubadours pro-
vençaux. Leurs inventions qui s'appe-
laient jeiix^ partiSf se composaient éé
iirpenies et de tensbns. En opposition
avec les tensons qui n'étaient consacrée
qu'à l'amour et à la louange, les sirventeé
étaient des satires divisées en couplets ou
en strophes qui rappelaient assez les vers
saturnins tifescennins des Romains. Les
Italiens n'étaient pas étrangers non plus '
à ce genre de poésie, puisqu'on trouve,
en 1278, à la cour de Raymond, comte
de Provence, trois gentilshommes génois,
les deux frères Doria , et Lanfiranc Sy-
galla, qui y faisaient des sirventes à deux
interlocuteurs, dirigés contre la cruauté
des tyrans. L'histoire rapporte que ce
Sygalla plut tant au comte de Provence
qu'il l'arma lui-même chevalier, et que
plus tard, envoyé en ambassade auprès de
Raymond, le poète génois obtint de lui un
secours en faveur de sa république. Foy.
TaouBADouRetTaouriEss. D. A. D.
8ISMONDI (^JXAK-CHABLES-Lio-
HABD SmoirDB de), historien éminent à
l'égard duquel VEncyclopédie des gens
du mondey dont il était un des principaux
collaborateurs, a un pieux devoir è ac-
complir,!! naqaitàGenève,le9 mai 1778.
Sa famille, qui s'est éteinte en lui, était ori -
ginaire de la Toscane, Patricienne et gibe-
line, elle avait quitté Pise à la chute de son
indépendance. Établie ensuite dans le
Dauphiné, elle y avait embrassé le cal vin is-
me à soà origine. Enfin la révocation de
l'éditdeNantes l'avait conduite à Genève,
oà elle avait pris rang dans l'aristocratie
de cette petite république. Sous le nom
francisé de Simondcy auquel son petit- fils
ajouta depuis la forme italienne de «$/>-
mondif le grand- père do l'historien avait
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SIS ( no )
servi cUm les^urmées £r«ii9Ùaes.SoD père
était ministre de TÉvaiigile. Sa mère,
femme d'un esprit cultivé et d'un carac*
tère énergique, fut à la fois pour son fils
un conseil et un soutien. Celui-ci passa
du collège à Vauditoire où il reçut le
complément d'une instruction plus so«
lide que brillante. M^is il trouva dansia
maison paternelle tout ce qui pouvait
favoriser son développement intellecluel
et moral, la fortune et le mérita de ses
parents leur permettant de rfissembler
MUour d'eux une société «^MMsie, non«
seulement parmi leurs compatriotes, mais
dans ce nombreux concours d'étrangers
qui, de tout temps, afflue a Genève.
Les troubles de notre révolution, en
ébranlant les états voisins de la France,
vinrent bouleverser cette existence pai-
sible. Confiants dans les vues financières
de Necker, leur concitoyen et leur ami,
les Sismondi avaient placé leurs capitaux
disponibles dans les fonds français : la
fortune et le repos dont ih jouissaient se
trouvèrent compromis à la fois. Envoyé
d'abord à Lyon dai^s la maison de com-
merce Eynard, où il puisa des notions
financières et des habitudes d'ordre qu'il
porta depuis dans des travaux d'un autre
genre, le jeune Sismondi suivit bientôt
(1793) ses parents en Angleterre, et,
pendant un séjour de 18 mois, il étudia
avec soin la langue, les ressources, la lé-
gblation civile et commerciale de ce pays.
Au bout de ce temps, le mal du pays ra-
mena la famille Sismondi à Genève. L'o*
rage qu'elle avait fui y régnait encore
dans toute sa violence. Bien que reitée
étrangère à la politique, elle eut à souf-
frir des exactions et des persécutions
personnelles. Un émigré français qu'ils
avaient voulu sauver, fut arraché de leur
maison pour être fusillé. Un instant mê-
me le père et le fils forent mis en prison.
Frappés dans leur fortune, dans leurs
affections pour la patrie et pour la liber-
té, ils songèrent à cette autre patrie, la
Toscane, berceau de leurs ancêtres. Avec
le prix de leurs biens de Genève qu'ils
vendirent, ils achetèrent un domaine à
Pçscia. C'est dans cette riante contrée,
où se trouvaient réunis les bienfaits d'un
beau ciel, d*cui sol fertile et d'une bonne
adroinistratioui que Sismondi passa cinq ^
SIS
des plot bettes années de sa vw, aVNito«
pant d'agrîoulttire^ étudiant les causes de
l'aisanee dont le spectacle frappait par-
tout ses regards, et joignant, par un rara
privilège, la pratique de l'exploitatioB
rurale aux spéoulatîons de la science éeo-
nomique. Son bonheur aurait été tans
mélange, si les réactions politiques ne
l'avaient poursuivi jusqu'au fond de sa
paisible retraite. Trop Français pour les
Autrichiens, trop Italien pour les Fran-
çais, il se trouvait toujours dans le parti
opprimé. Trois fois, il fut jeté en prison,
et sa pauvre mère eut à tremblerpour les
jours d'un fils qu'«Ue aimait avec ido-
lâtrie. Il lui écrivait à cette époque :
« Blasphémerex^vous encore contre la no-
ble liberté des Angkûs i^ VkabeOs corpus^
le jugement par jurés, etdes lois claires et
précises? La pauvre copie même que les
Français ont adoptée, nous mettrait à
l'abri, si nous étions en France, des in-
justices que nous essuyons. »
Enfin, en 1800, nous retrouvons la
famille a Genève, où, le fort de la tem-
pête passé, elle s'occupait de recueillir
les débris d'une fortune autrefois consi-
dérable et qui se bornait maintenant à
4,000 fir. de revenu. Sbmondi s'était oc-
cupé en Toscane de recherches sur l'his-
toire d'Italie qu'il songeait déjà à écrire,
et d'un grand ouvrage sur la constitution
des peuples libres dont il réduisit phts
tard le cadre sans parvenir à le remplir
complètement. U interrompit ces travaux
pour publier, en 1801, à Genève, un
Tableau de l'agriculture toscane y et
deux ans plus Urd, un Traité de la ri*
ckesse commerciale; car l'économie po-
litique partagea toujours avec Phistoiro
les sympathies de cet esprit positif et gé-
néreux, qui semble avoir pris à tâche dans
tous ses ouvrages de réaliser la fusion de
ces deux sciences. Le succès des deux pu-
blications que nous venons d'indiquer
valut à leur auteur l'offre d'une chaire à
l'université de Vilna, qu'il refusa, et la
place de secrétaire delà chambre decom«
merce du département du Léman, où il
déploya une activité, des lumières et un
patriotisme au-dessus de tout éloge. Dana
de nombreux mémoires adressés, dans
l'intérêt de sa ville natale, au gouverne-
ment dont elle dépendait alors^ il osait
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SIS ( 321 )
reprétenter aux hooMMt âm blocnt oon-
tiiiental Ut malheiin que le lyatène pro-
lûbilif y tngendraity disait haatemant qp»
ce n^était pas des capitanx, mais la liberté
qa'U fallait à son oomaMffce, et prock-
mait ainsi les saines doctrines de laseienee
en même temps qa*il accomplissait un
acte de coorage civil. Désormais Stsmondi
ayait pris place parmi les notabilités de
GeoèTe. U y comptait pour aaus De Gan*
dolle, les Plctet, V. de Bonstetten, Da-
monty M. Rossiy 11*^ Necker de Sanssore.
Il allait souvent à Coppet, dont les bôtaa
étaient avec lui en étroite communauté
d'opinions littéraires et politiques. Il fit
avec M'^'^de Suël deux voyages en Italie;
lors de la mort de son père, il courut au
devant d'elle en Allemagne pour la pré-
parer à cette triste nouvelle, et ne put
céder qu'à Benjamin Constant la pénible
tàcbe d'adoucir ce coup affreux. Bientét
il allait faire connaître à l'Europe un ta-
lent si bautement apprécié dans son pays
natal. Les 16 vol. de V Histoire des ré^
publiques italiennes furent publiés entre
les années 1807 et 1 81 8; ib firent ranger
Sumoodi parmi les premiers historiens
de l'époque.
Cependant le père de l'auteur avait
rejoint M^e de Sismondi à Pesda, où il
mourut en 1810. Demeuré seul dans sa
maison attristée, Charles poursuivait as-
sidûment la grande tâche qu'il avait en-
treprise, sans cependant rester étranger
aux relations du monde et au mouvement
littéraire du dehors. Dans l'hiver de 1 81 1
à 1812, il professa à Genève son Cours
sur la littérature du midi de l'Europe^
qui fut publié l'année suivante à Paris,
par la maison Treuttel et Wûrtz. Ce fut
à cette occasion qu'il fit son premier
voyage dans cette ville, où, indépendam-
ment des relations, non interrompues
depuis, avec la maison honorable que
nous venons de citer, il se lia avec Tabbé
Morellet, Rumford, M. Guizot, etc. Son
second voyage à Paris eut lieu en 1815.
n s'y trouvait pendant les Cent*Jours,
et fit acte public d'adhésion au gouver-
nement impérial, qu'il avait peu flatté à
l'époque de sa splendeur. Les iniquités
du congrès de Vienne, dont Genève aussi
avait eu à souffrir, l'enthousiasme géné-
ral excité par le retour miraculeux de
Bmefêlop. d. €. d. M. Tome XXI.
SIS
l'Ut dIKttM, paraissent aroir agi vtirement
sur Te^t, ordinairement calme, de
Sismondi. Il publia dans le Moniteur
une série d'articles (29 avril, 2, 6, 8 mai
et 2 juin) en faveur de l'acte additionnel,
réunis depuis sous ce titre : Examen de
la constitution de 1815, et obtint de
l'empereur une audience particulière,
sur laquelle il a donné, dans une lettre à
sa mère, de curieux déttiib\ Dans un des
voyages périodiques qui le ramenaient en
Toscane, auprès de cette mère chérie,
Sismondi avait connu une jeune Anglaise^
miss AUen, dont la famille comptait dans
son sein et dans ses alliances plusieurs
noms rendus célèbres par l'industrie et
par la politique, entre autres les Wedge-
vrood et sir James Mackintosh {voy. ce
nom). Le désir de revoir celle dont les
grâces et l'esprit supérieur l'avaient char-
mé attira Sinnondi en Angleterre. Il
écririt en anglais, pour X Encyclopédie
d' Edimbourg f un aitide où se trouvaient
exposées les doctrines qu'il développa
depuisdans ses Nouveaux principes d'é"
conomie politique* Ce fat le 19 avril
1819 qu'il contracta, avec mim Allen,
l'union qui devait faire le charme du
reste de sa vie. Les années suivantes, pas*
sées soit à Pcsda, soit à Genève, furent
pour lui celles d'un bonheur domestique,
malheureusement troublé par la mort de
sa mère, qu'il perdit en 1821. C'est à
cette dernière époque que parurent les
8 premiers vol. de son histoire des
Français^ entreprise immense qui l'oc-
cupa sans relâche jusqu'à sa mort, et à
laquelle il s'était trouvé conduit par les
nombreux rapports qui rattachaient cette
histoire à celle de l'Italie. Depuu ce
temps, il ne se passa guère d'année qu'il
n'en parût un ou plusieurs volumes.
La liberté, dont Sismondi recherchait
avec amour les premiers sympt6mes dans
l'histoire du passé, qu'il défendait dans
son application pratique au sein du con-
seil représentatÎT et du corps académi-
que de Genève, avait droit à ses sympa-
thies partout où elle se produisait en Eu-
rope. Il prodiguait avec une généreuse
imprévoyance sa plume et sa bourse à la
(*) On peot Ifls lire dans un article iotéres-
Mnt dn Qumrtêrljr Rêvùm, de septembre 184 3,
coiiwé à Mtmoadi.
21
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SIS
(a2î).
m
mm» 4«9 IuIWm, dUs GMesi d« Co-
lonbieM, eta II saluait avec eathooaÎM*
BM aotrt révolution (k 18S0é « La«OB^
duite de la Fnuiee, écriTail«il k oatle oe«*
casîoBy a relevé rhunaDÎté à mes yeax. »
Plus tard, Ifs eaoès de la déMoera^ es
France e( à Genève, ooineidant avee le
déoUsi de ràfe, loi causèrent des aoeès de
déoonragenent et de tristesse dont ob
tronve des traces nombreuses dans sa oor»
respondanee. Dans deni eeeasions im-
portantes, il n'bésiu pas à braver i'im»
popularité pour acquitter emren la sauss
da l'ordre la detu qu'il avait si laggemenl
payée à celle de la libertés Lorsqu'en
ia3a la France demanda a k républi-
que de Genève l'expulsion du prince
Louis Bonaparto , qui voulait è k iok
s'imposer comme pîétendanl à un paya
et rester citoyen de l'autre, SismoBdi
parla ouvertement dans k sens do cette
demande. Honni et menacé, il n'en sou-'
tint pas avec moins de hardiesse, en Csce
de l'insurrection et des coups de fusil,
son opposition au système do vkknce
qi|î prévalut parmi le peuple des campo»
gnes et jusque dans les conseiU geaevois.
Mais k crainte que tant de troubles b^
menassent la cbute de cette petite rép»»
bKque, « dernkr refuge oà l'amour de
k cité se confonde encore avec l'amour
de la patrie , » oppressait son eesur. La
seconde occasion oà il se vit appek à
donner des preuves d'un courage diffieik
fut le mouvement du 22 novembre 1841,
qui renversa , a Genève, l'ancienno con-
stitution. Déjà atteint de k maladk qui
le conduisit au tombeau (un squirre à
l'estomac), attristé par k perte d'amis
bien chers, il retrouva toute son énergie
pour combattre cette révolution, qui, di<*
sait-il, «était la plus funeste de toutes à
la cause de la libertéi pmiaqu'eUe n'avait
aucune de ces excuses qu'un mauvais or«
dre de choses antérieur fournissait à
d'autres révolntânm , » Dana k Bouwrclk
assemblée constîtuanto, donfc il fut nom-»
mé membre, U no eessa de protester con-
tre k légalité de tput ce qui a'était kil,
et prit une attitude d'ofposilkD teUc'-
ment vive que ses amis niéase, eCfkuyés,
n'osaient le plus souvent voter avec lui.
Il y pronon^, le 30 avril 1842, im dis-
cours qui dura une heiwo^ ot apè» k»
quel son médecin du« lui défendre d^M-
sîster désonpals ani séances. Mais il s'é*
tait enceve imposé une autre lâche, ceik
de conduive son Histoire de$ FrançaU
jusqu'à k convocation des Éuos-Géné-»
rauz on du moine jusqu'à k more de
Louis XV* U l'a reaspUe jusqu'au bout,
et il a pu se rendre à lui-même k témoi-
gnago suivant, consigné dans k dernier
fragment qu'il ait écrit t « Ce ne sont
paa des offerte ordinaires quHI a fallu
pour no pas me détourner un seul jour
do mon tnnFail, pour lui consacrer tout
ce qu'U me restait de temps, tout ce quil
me testait da force, tandie qu'un hoquet
convulsif mo secouait k poitrine depuis
le moment où je me levais jusqu'à celui
ou jo me oouchak; que Poppresskn, Pé~
tonlfemcBt, ks nausées, me rendôeat
pénible de me tenir assis, et que mon es-
tomae arrivait eniu à rejeter toute es-
pèce <k nourriture. » Le 14 juin, M. do
Siemoudi corrigeait encore les épreuves
de sou S9^ volume; k té, H avait oeasé
de vivre*
Les ouvrages de Fhomme émlnent,
pvebe et eonsciencieui, dont nous venons
d'esquisser k biographie, peuvent se di-
viser en 8 classes : 1* Histoire. L'Awiorfv
dês répiMqmes itmiittmeê du moyen^
4ye (Zurich et Piris, 1807-1818, 18
yoLin-8«;2«éd., 182S-1828;8«, 1840,
10 vol. in-8o) fui k première, et est res-
tée OM yeni de certains juges la meUknro
composition de l'auteur en ce genre. Un
grand art s'y cache sous une apparente
simplicité de fbnnes. Le manque d^unité,
qui est le vice politique de FltaKe , kh
aussi k difficulté de son histoire. Passer
de Florence à Naples, de Gènes à Pîse,
do Yeniae à Mikn, mener en laisse, ainsi
que k disait ingénieusement k mère de
les affaires de tant d'états sé-
parés, rassembkr dane sa main tous ces
fik qui s'entrecroisent sans se brooilkr
jamais, tel étai t k problème que Sismondt
a résolu avec un raro bonheur. Les hio*
gi'aphias italknBcs écrites pour k grand
ouvrage de Michaud; VBistùire dèlare^
naisséiMCë de la liberté en Italie^ 2 vol.
in»8«, 1881, d'aboid écrite en angkia
pour le Cabinet eycèofpœdia de LarAoer;
une brochure publiée la même annéo
sous oa litre : De$e9pérance$ etdabe*
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m
(iii)
SIS
soif» éë tJtlaSe; etrfio \'Hàii>iPe et la
ekmte de VEmp^ ronMfn H du déeHn
dé la ehêiisaUon , de tan 250 à l'an
tOOO, professée 4*abord à Oc»èv« en
eyclopédie de LerdMr, et enio publiée
à Faris sont sa forme définitive *y eom^
pUtam la série dee ottft^^at lilslorIqueB
qol se rapperteni à ntalie, eetté seconde
patrie de l'aateiir, dont il s*oeciip« ten»
joûfs atec Une espèce de prédileellon. «-»
l/Bîitoirë dêêFnmçtth^ 81 ^l.ln-«^,
dont un de tables, IStl-IS48, awMMi*
fait par si»q litre ae«l l'ouTiage dHni
éerirain qvi^vyaildias les amiales dHine
Batieo antre efaose que la série et la bl^*
grapbie de seerob, et cImb leqsel nti tH
aneor de rkvBMiiiléy ime ba«te intelH*
fenoe, use iaDpartiattté e<iDseieBoietiie,
fenplaeeraleiil jasqti^à t» eerttfiii poliK
Féaaiotioii syaspsrfbl^ae, le seatittetrt prc»*
fend d« mojm^êi%&y k fibre natioMlle.
A tovt prendra, et malgré oe qui pe«l hd
■mnqiier aoM ee rapport^ l'anlewr, ea
posant la plnme, « après arolr été aassl
Mn q«e ses fevees Itti atalenl permis
dVHer** », a p« dbre ai«> nu jM* ep«
gneil : « Pai donné à ht natlen française
œ qaVile n'atail pu, mn lablean complet
de son existence, nn taMean eooscien-
denx dans leqnel l'amovr ott la haine,
k crainle e« k flatterie ne m*oiit jaesak
perte h dégniserancwio irérîté; mm ta**
bkan aamrml oè eHe pemrré teeffeare re^
eennattre qnek Ihiiis aÉMrs a perte» lo
fî i835, a taI. Ib^, ch«s tVenttel etW&f»,
e—ae YBittwin d»s Fnmfmt sS pratqee IMU
Im astres «uivrii^ lU SUoMM^di.
(**) « Un trentième et dernier Tolame devait
cooteoir l'histoire des seize premières années cf il
lègne de tmmU ZYI et m tewker pas aa ceap
if«Ml jeté •» «niève sur rwBiaiiihIe daaaévalâ
tions dont le penole français avail ressenti l'in-
fttoeoce avant la chute de rancieone monarchTe;,
f aoraii eberehé à fsfreeoaantt^ commem eNey
ylle part elles a«aïsa» l^jnéa à «n patiioiisBw
qoi ne se rattachait pas aox institutions da pays,
«pette fosion ellet avaient opérée entre des ra-
Mn «Ivenos » et queUai élilai^iMW ppowneae
fllkaavakDl musi kAiiNft seMnea aetae alkit
ejvl degré de boaliear, enfin, et qnel mélange
dt souffrances ce corps social qui allait se dis-
••odre pour Mre plate I su uoehia», avait ae^'
aMDéi.è eema yi m nttàÊmk ■e^r<ii> «Tel «tais
le cadre tmce pas Tautew: Ui^wiéiae, et qioi, a
dû être rempli par une autre main qne la sien*
ne, Yàgc et la maladie ne hii en ayaot pat kftsé
▼fce, qneb fhihs exceiknfê a portés Ift
▼etttt, et où, sans s*enfler d'une vaioe
gloire, elle apprends et pourra edse).
^er k ses enfants à s'estimer et à se res-
pecter, n Rédigée d^bord tout ent'ère
en forme dVmnales, écrite ad moins detlk
fois sons fa forme actuelle» l'Histoire de«
Français a été resserrée par sod aOledr
hri-méme en un Précis, t8S9, 3 vol.
iil'8* (complété depuis par un $•); puis,
pour cette Encyclopédie , en un tableau
rapide (wr/. Frahck, T. XI, p. 523-
848), qui est la dernière concentration
de k pensée dont elle émane, /alla St'-
vém ou fan 493 [Tableau des moeurs
et des usages dans les Gaules, du temps
de eiùPh), 1833, 3 toi. in-13, est Une
éttide des premiers temps de notre bis-
toire, ivrétae de la forme, alors en fa>
vetir, du roman bfetorique. 3* Écono-
mie politique, batis son premier ouvragé
sur la Richesse commercialcy Fauteuf
atalt suivi pas à pas Adam Smith {voy.\
mais bientôt , éclairé par ses réfleiions
et par le spectacle de TAngleterre sur
les dangers d^une production exagérée,
il sé sépam de ce qu'il appelle Técole
ehtéituttistiquef et, à Topposé de ces ma-
térialistes de la science, il définit Téco-
nomîe politique « Fart de distribuer le
bonheur et non la richesse. » Telles sont
les doctrines qui, déjà sensibles dans les
Noupeaux principes d'Économie poli-
tique, f819,3vol.in-8*(3*éd^ ÏM4)\
(*} VoX' ce que nous en avons dit, et les eztraita
qo« non* en avons donnés T. IX , p. xio^ L'is-
hiiaéin des psineipes akàmm Sm^, par Siv«
moadi,lui suscita de nombrenoi coaaradicle— s|
mais tons ceux, parmi les irnnnmâstnn, qni pla-
cent les iatéréts de Pâme aanfessM des intérêts
paveMMot asaténels teroer fvojoars île son a vi^
et ses adveeaairea aséni* ■• penrveaC lefasee
lear homma^ à la jjénérosité de senti Bien ta
de cet homme essentiellement ami de l'huma-
ndté; qni, entais de sa hante destination, né
la perd pas de vae un seul instant ni- pottr f«l
ni poar ses tawhUyai. « La Intle^ii • nay
gae ne fttt paa stérile, • dit tooS t écenak
diseipla d'AéaAfrucli: eR»ré¥eMa lèas
seAt établies avec certitude ,, les seeherclMs d«
Si» iectateara m diwiçmî mittÊU» «err Im wmymm
é^pién^immjhmitëi dbasapt iéijwi (sawas ém
npffaaane p«av lea classe» lihoaiaese»)* «■ àm
raaia, llMame exoeUenft anqneb cette notie»
est en— aeiée a tonionrs sapp«rté la eontvadie»>
peux analyses pins on iania«eSlli^fl
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SIS (3â4)
domioent dans les Études sut les seien*
CCS sociales^ 1886-1887, 8 iroL iB-8®,
dont le l^*" renferme les Études sur les
constitutions des peuples libres , et les
deux derniers, les Études sur l'Écono»
mie politique. 8<> Littérature. L'ouvrage
De la littérature du midi de rEurope^
1818, 4 vol. in.8«> (2e éd., 1819; 3«,
SIW
1829), est une heureuse excursion de
Fauteur dans le domaine de l'histoire
littéraire. La partie qui regarde l'Espa-
gne et le Portugal laisse à désirer, mais
celles qui traitent des littératures pro-
vençale et italienne se lisent encore avec
intérêt, en présence des travaux plus
étendus de Raynouard et de Ginguené.
Dans cette rapide énumération des
principaux ouvrages de Sismondi, nous
avohs omis une foule de publications
moins importantes sur le papier mon*
naie dans les états autrichiens^ 1810 j
sur la traite des nègres ^ 18i3etl814;
sur la guerre des Grecs^ 1826; sur la
constitution de Genève^ etc.; de nom-
breux articles insérés dans les Atti délia
Jccademia Italiana^ dans la Revue en»
cyclopédique^ la Bibliothèque uniper"
selle de Genève, la Biographie univel^
selle^ enfin dans V Encyclopédie des gens
du Monde, Parmi ces derniers, toutefois,
nos lecteurs nous en voudraient sansdoute
de ne pas rappeler les articles Bourgoovk
{roy. et duché de)y Cohdottibri, Con-
strruTioN, Guelfes et Gibbuhs, Bii-
DiGis (les) et Cosme (les), Feancb (his-
toire), etc.; et^urquoi n'avonerions-
nous pas qu'il, nous est doux de répondre
à leur sentiment? R-t.
SISTOW ou SisTovA (tbait< db),
mieux que Szistowa. Dans cette ville de
la Boulgarie fut conclu, le 4 août 1791,
le traité de paix entre l'Autriche et la
Turquie dont nous avons parlé à l'art.
Siuxin.
uj9nt été reçaes dam la Bên» mêfdcpiiiqm $
à laqoella il prenait ane si grande part , Sis-
noncn se borna à présenter quelques obserra*
tions ealaes et simplet contre eelle dont l'ap-
teor était M. Dnno jer ; et cette lettre (qu'on pent
trouver dans le t. XXXT,p. a64, du recueil) est
une preuve entre mOle de sa modestie, égale à
sa soience et à la hauteur de son esprit. Chei
lui, Ms qualités, chose bien rare au temps où
nous TÎTons, étaient dans une union intime arec
un cœur désintéressé et une probité sans restric-
tloo. Voy. ee que nous en avons dit d^à T. XVII,
p. 489» la Bote, J* H« 8.
SISTRE, instrument de musique
dont les Égyptiens se servaient à la guerre
et dans les cérémonies religieuses dlsis
{voy, ce nom). C'était un petit cerceau
de métal traversé de plusieurs baguettes
qui produisaient na son lorsqu'on les
agitait. X.
SISYPHE, roi deCorinthe, dont it
fut, dit-on, le fondateur, était fib d'Éo-
le et d'Énarète. Il épousa Mérope , fill«
d'Atlas, et fut la souche des Sisyphides.
Les poètes athéniens nous le peignent
comme un homme plein d'artifice et de
ruse. Thésée , dont il avait inquiété les
états, le tua de sa propre main. D'autres
prétendait qu'il ftit victime de la ven«-
geance de Jupiter, irrité de ce qu'il avait
appris à Asope l'enlèvement de sa fille
Égine.Oa raconte qu*il enchaîna la Mort
envoyée contre lui, en sorte que pendant
quelque tempselle ne put moissonner per«
sonne; il fallut qu'à la prière de Pluton,
Mars vint la délivrer. Un scoliaste assure
que Sisyphe, en mourant, prescrivit à sn
femme de jeter son cadavre sur la voie
publique, nu et sans sépulture. Or tout
homme non inhumé ne pouvait franchir
le Styx : Sisyphe obtkii de Plnton la per*
mission de revenir snr la terre pour aviser
à ses funérailles; mais une fob revenu à
la vie il crut pouvoir braver impunément
le dieu des Enfers. Alors Mercure le f raina
de force au-delà du fleuve fatal. Sisyphe
fut précipité dans leTartare et condamné
à rouler an sommet d'une montagne une
énorme pierre qui en retombe sans cesse.
SIVA , mieux que Chiven , vay. In-
DiEHirs {religion)^ Adi-Bouddha etTai-
SIW AH , SiouAH ou Stouab. C'est
une des oasis (vof .) de la Libye, dépen-
dant du Sahara (vo^.) on grand désert,
£Ue est située vers le 30* degré de lat.
N. Elle a 60 miUes de tour, et, suivant
d'autres géographes, 6 milles seulement.
Vers le nord s'^èvent dea montagnes ari*
des, d'une hauteur qui va jusqu'à 609
pieds.On trouve dans cette oasis des sour*
ces d'eau douce, an nombre de près dé
vingt. La végétation y est magnifique :
les palmiers, oliviers, grenadiers, la vigne
et en général les végétaux du midi y abon-
dent, ainsi que les animaux domestiques,
tels que chiens, moutons , bétail , etc. |
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(326)
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Doarrit dans de gras pAtorages. Les jar»
dk» j font arnwés par dea eananx.
Sa popalalion «t nombreuse: elle se
compose de tribus de Berbers (voy,) au
teint noirâtre ; les bonmes y portent des
blouses btanebes de coton , et les femmes
des blouses bleues ; criles-ci se parent de
bagues et de bracelets faits de métal de
peu de valeur. lies habitants sont mabo-
métans, et soumis à des cheikhs dépen-
dant du pacha d'Egypte, auquel ils
paient tribut. Leur commerce consiste
en dattes, bestiaux, paniers faits de
feuilles de palmiers, et productions de
leur sol, qu'ils échangent contre de la
toile, do âi£é, etc. L'oasis de Siwah est
la contrée connue des anciens sous le nom
d'oasis d'Ammon(i'0)r.]; l'on voit encore
des restes importants du temple de ce
cUen, ainsi que d'autres temples, à Um-
mebéda (Haimabaida) et dans ses envi-
rons. Le chef-lieu de l'oasis porte éga*
lement le nom de Siwali : il est bâti sur
et parmi des rochers, et les rues en sont
très étroites. X.
SIXTE (mus.), voy. brrE&VALLBS.
SIXTE. Cinq papes ont porté ce nom ;
mais c'est particulièrement le dernier qui
doit nous occuper ici. Relativement aux
quatre autres, deux mots suffiront. Foy*
d'ailleurs l'art. PiUPAUTÉ.
Xtstkou SixTBl*%quel*Église romai-
ne vénère comme un martyr, monta, dit»
on, sur le siège de Rome l'an 1 1 6ou 117.
On le croit auteur de deux lettresqui ont
été publiées dans la Bibliothèque des Pè-
res. SixTX II succéda à Etienne en 157;
Il était Grec d'origine, avait éprouvé beau-
coup de persécutions, et il mourut d'une
mort violente, peu de temps après son
intronisation. Sixtb III, Romain, com*
me Sixte 1*% gouverna TÉglise de sa ville
natale de 4S2 à 440. Il eut pour succes-
seur Léon-le-Grand. Sixtx IV, natif
de Savone, et dont les vrais noms étaient
François d'Jlbescoia de la Ropère^ fut
pape de 147 1 à 1 484. Il rendit des ser^
vices à l'Église, mais il ternît sa réputa-
tion par toutes sortes de vices, tels que
le népotisme, la simonie, une vanité ex-
cessive et un orgueil extrême.
Sixtb Y ou SiKTB-Quiirr, le plus cé-
lèbre de tous les papes de ce nom, et le
pliu distingué, comme souverain et com-
me homme d'état, de tous les souverains
pontifes des trois derniers siècles, s'ap-
pelait proprement Félix PerettiytXé\a\X
né, le 13 déc. 1521, à Grotte-a-Mare,
près de la petite ville de Montalto dans la
Marche d'Ancône. Son oncle, francis-
cain de Montalto, l'arracha aux travaux
vulgaires qui nourrissaient sa famille. Il
entra dans l'ordre de Saint-François en
1584, et il ne tarda pas à se faire remar-
quer par ses connaissances dans la phi-
losophie scolasUque , la théologie et la
littérature latine. En 1544, il fut chargé
d'enseigner le droit canon àRimini, d'où
il passa, en 1546, à Sienne, et deux ans
plus tard il entra dans les ordres, reçut
le bonnet de docteur en théologie et fut
nommé régent de l'école établie dans le
couvent des franciscains de cette dernière
ville. Habile dialecticien et prédicateur
distingué, sa réputation s'étendit jusqu'à
Rome, oi il fot appelé en 1551. Il y
brilla non-seulement par ses prédica-
tions, mais encore par ses œuvres pies,
telles que la fondation d'une corporation
qui devait accompagner solennellement
l'hostie portée aux malades, sous le nom
de société du Saint-Sacrement, et l'éta-
blissement d'un asile pour les jeunes filles
pauvres, soumis è la règle de sainte Glai-
re. Son ouvrage sur la théologie mystique
et son Registre d'or^ extrait des écrits
d'Aristote et de son commentateur Aver-
rhoès, forent également les fruits de son
séjour à Rome, oà il s'attira d'ailleurs
des désagréments par son humeur in-
quiète et son dégoût de la vie monasti-
que. Use plut encore moins à Venise, où
il passa quatre années comme supérieur
du couvent des franciscains et inquisiteur
général : ausri saisit-il avec empressement,
en 1 560, l'occasion de retourner è Rome.
Le pa^ le nomma consulteur du Saint-
Office, professeur à l'université, et son
ordre, à la recommandation du cardinal
Capri, l'élut procureur général. En
1 565, il accompagna, en qualité de théo-
logien, les légats du pape en Espagne; il
y apprit à connaître la politique espa-
gnole et s'acquit par ses prédlcatioiu l'es-
time de Philippe II et de sa cour.
Sur ces entrefaites, le cardinal Michel
Ghbleri monta sur le siège pontifical
sous le nom de Pie V. Il n'oublia pas son
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«ncien 9mi Perettî ({«'il fit Tiourt gêné*
rsl des franciscaio», évéque de SaiQl«»
Agathe des Golhs, et qa'il choisit pour
confesseur. Peretti se tervitde r«atorit4
qui lui était confiée pour réprimer lee
désordres de son ordre et pour réformer
les mœurs du clergé de son diocèse; meii
il dédaigna d'en faire usage pour se veo*
gBT de ses ennemis à qui il pardonna gé*
qéreusement. Dès Tannée U70, û (nt
életé au cardinalat, et alors il prit le nom
de Afontalto. Connaissant la politique de
ses collègues, il pensa que ie plus sur
moyen de ceindre la tiare que son am*
bidon convoitait, était de se conduire de
manière à n'exciter aucune jalousie. Jus-
que-là violent, actif, plein de vigueur,
la pourpre parut l'avoir complètement
métamorphosé. Il n'usa qu'avec modéra*
Uon de son influence sur Pie Y, et dans
le conclave qui suivit sa mort il se tint
à l'écart de toutes les brign^. Sous 1^
pontificat de Grégoire XIII, il se retira
presque entièrement de la cour; ce fut
malgré lui qu'il travailla à la réforme du
calendrier et qu*il prit part aux impor-
tantes négociations politiques avec la
Russie et l'Angleterre, malgré le besoin
que l'on avait de ses talents et de son ex-
périence. Il se montrait doux et humble
envers chacun; il supportait avec pa-
tience les offenses, et, sans négliger entiè-
rement ses parents, il évitait avec soin le
reproche de népotiime. Ses revenus, peu
considérables d'ailleurs, étaient consa-
crés à des fondations pieuses, à de bon-
nes muvres, à des entreprises scientifi-
ques; il faisait élever des autels a dea
saints tombé* dans l'oubli; il cherchait
è se donner Tapparenoe d*un vieillard
maladif, débile, n'aimant plus que la paix
et la dévotion. Mais, sous main, il recueil^
lait activement des renseignements sur les
dispositions et le caractère des Romains
les plus influents. Sous ce rapport, le
eonfessionnal lui rendit les plus grande
services, car les grands de Rome lui con-
fiaient de préférence leurs secrets. Ce fut
ainsi que, sous le masque d'uqe limpli-!
cité bigote et d'une décrépitude propre
à exciter la commisération, ie cardinal
Montaito se prépara à ses hautes destinées.
Tout le monde y fut trompé, et la ma-
jorité d^6 cardinaux, dans la conviction
q«« peiiKinAB M ae laisatndt i
facilement que hii| s'empreau de l'élirt
à la mort de Grégoire XIII, «n 1585.
Hais, à peiiM élu, Noiitallo jetalebâtmi
sur lequel il s'appuyait, et, à k stnpéfco^
tion générale, il redressa sa Uille mwa
on air de fbree et de majesté qui aano»*»
çiit l'esprit d'indépendanœ du nouveau
souverain pontife. Dès les premiers jowra
de son gouvernement, la prompte exéott**
tion de plusieurs criminels apprit aux
Romains qu'il rendrait à la justice la vi-
gueur qu'elle avait perdue sous aea pré-
décesseurs. Tous les attentau à l'ordre «C
à la sûreté publics furent punis démon,
sans égard à Tinterceasion des person^
nages les plus considérables. Les jogee
indolents furent déposés, les États de
l'Église purgés des bindits qui les infes-
taient, et la paix publique fut partout
rétablie. Sa sévérité juste et inflexibto
rendit son nom formidable, et l'indomp-
table cité romaine dut enfin rentrerdana
les bornes de la légalité. Si Sixte- Quint
fut la terreur des méchants , il voulut
être en même temps le soutien et le pro-
tecteur dea innocenta injustement op-
primés , ainai que le père des pauvrea.
Des milliers de bras furent employés par
ses ordres à l'embellissement de Roane,
et tous les travaux qu'il entreprit daUa
oe but s'achevèrent avec une rapidité
merveilleuse. Le grand aqueduc nommé
d'après son prénom AtquafeUcej l\>bé-
lisque sur la place Saint^Flerre, les co-
lonnes de IVajan et de Mare-Aurèle, In
magnifique coupole de Saint*Pîerre, l'h^
pital du Tibre, aont autant de m6nn-
ments de sa sollicitude pour la splendeur
et le bien-être de sa capitale. Il ^est ao**
quis une gloire immortelle par la foada<«
tion de la bibliothèque du Vatican, pour
laquelle il fit construire un superbe édî<«
fice, et où il établit une imprimerie desti-
née à la publication des Pères de l'Église.
C'est de cette imprloserte que sont sor*
ties son édition complète des œuvres de
S, Ambroise, et son édition revue de la
Yulgate. Il fonda à Fermo une université^
à Rome le oollége de Saint-Ronaventnra
pour les jeunes franciscains, è Bologne
le collège de fliontalto avec dea placée
gratuites pour un certain nombre d'étu*
diants do If Marehe d'Aneène. Cepen^
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(S27)
SKA
4tml et fotsar U KonvmveoMiit des États
,cU l'ÉgU3« et flor la direetioii des affairet
politiques qa'U dirigea priocipalement
•on attention. A lUMne, il chercha k ra*
mmtr le commeroe et Tindiistrie en abo*
liMant des imputa onéreux et en étabUs-
aant des nanidaotuMa de laine et de soie,
afin d'occuper utilement les pauvres. Il
réorganisa la police et l'administration
dea finanoea, et amassa un trésor de 8
millions d^écus. Les dépenses de sa cour
forent réduites au strict nécessaire^ et,
quoique libéral envers ses anciens pro-
tecteurs» il ne voulut jamais élever ses
parents aa-dessus d'une honnête aisance.
U établit 16 congrégations de cardinaui
et d'autres fonctionnaires pour l'admis
nistralkm des États de l'É^^ et les af-
faires de la religion. La célébration de
nouvelles Cfttes fut prescrite ) le nombre
des membres dusacrécoUége fixé à 70, et
tous les évéques de la catholicité furent
tenos de venir an moins une fois à Rome
tous les trois» cinq on dix ans, selon l'é-»
loignement de leurs sièges.
Sixte«Qttint observa une sage neutre-
lité dans les querelles théologiques, et
il imposa le silence eux jésuites, qu'il
n'aimait guère, dans leur dispute avec
('université de Louvaia. Il prit une part
d'autant plus active anx événements po-
litiques. S'il éehoua d%ns son projet de
rattacher plus étroitement l'Allemagne
an.fiéga de Rome» il sut an moins pous-
ser Rodolphe n à poursuivre sévère-
ment les hérétiques^ Deux souverains
protestants, Henri de Navarre et Elisa-
beth d'Angleterre, forent frappés par lui
d'excommunication, quoique au fond du
<;«Bar il m sentit pour l'un et pour l'au-
tre beaneoup d'estime. Cette dernière
considération, jointe aux soupçons qu'il
avait oon^ sur ies vues de Philippe II,
expliqua pourquoi il ne voulut jamais
appuyer sérieusement l'Espagne contre
eux. U ne aa montra pas disposé davan-
tage à soutenir la Ligue, bien qu'il eût
excommunié Henri HI après le meurtre
du due de Guise. En restant dans d'as-
sea bons rapports avec les souverains, il
rénasit à les affaiblir l'un par l'autre, et
à les tenir sous sa dépendance. Il nour-
rissait de vastes projets pour l'accroisse-
t de son pouvoir temporel et de son
autorité spirituelle. Il appelait Naples
son royaume, et il fit constamment sentir
au rice-roi espagnol le poids de sa suze-^
raineté. Il essaya de soumettre à son siège
la Russie par Etienne Rathori, et l'Egypte
par le grand - duc de Toscane , mais la
mort de ces deux princes déjoua ses pro-
jets. U fallait son activité infatigable pour
suffire à tout ce qu'il a entrepris et exé-
cuté dans le court espace de cinq ans.
Un système d'espionnage, organisé sur
une large échelle, le tenait au courant
de tout ce qui se passait en Europe. Sa
profonde connaissance des affaires, sa
présence d'esprit, qui ne se démentait ja*-
mais, et la supériorité de son génie in-
spiraient à tous ceux qui l'approchaient
le respect et l'admiration. L'adresse avec
laquelle il repoussait une plaisanterie par
un bon mot, ou donnait le change sur
ses projets, est connue. Simple dans son
extérieur, peu soucieux de l'étiquette, il
n'imposait pas moins par son air de
majesté, par la dignité de toute sa con-
duite. Du reste, froid, rusé, dissimulé et .
ferme dans ses résolutions jusqu'à l'in-
flexibilité, Il subordonnait ordinairement
la religion à la politique; cependant il
ne manqua pas des qualités qui con-
viennent au père commun des fidèles,
et on doit dire, à son éloge, qu'il n'a-
busa pas de son pouvoir pour satisfaire
ses ressentiments personnels. Il ne fot
point aimé , mais il fot généralement
craint.
Lorsqu'il expira, le )4 août 1590, le
peuple, accablé d'impôts, brisa la statue
que le sénat lui avait fait ériger au Ca-
pitole. On a accusé , mais sans preuves
suffisantes, la cour d'Espagne d'avoir
hâté sa mort par le poison ; ce qui est
certain, c'est que les princes se félicitè-
rent de ne plus le voir sur le siège pon-
tifical , et ils eurent raison , car jamais
pape n'a montré comme lui tout le parti
que le génie et la force de caractère d'un
homme pouvaient tirer des moyens que
la réforme religieuse avait laissés au pon-
tife de Rome. Fofr. G. Leti, Histoire de
Sixte- Quint^ trad. franc., Paris, 1703,
2 vol. in-8<>; Tempesti , Storia délia
vita € geste di Sisto F^ Rome, 1764,
3 vol. in-4». C. L.
SRAOBR-EAG, partie de la mer du
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SKA
(328)
SKR
P^ord ou d* Allemagne, qui s'éteod entre
le Julland et la Norvège méridionale, et
dont la oontinuatiom à l'est s'appelle le
Cattegat. Voy. ce mot»
SKALDES, poètes du Nord, vay*
IsLAVDAisKS {langue et litl,) , T. XV,
p. 110-111.
SKANDERBEG, le héros de l'Alba-
nie , 8*appelait proprement Georob Kas-
TaioTA. NéàKroîa,en Ëpire^l'ao 1414,
ou, selon d'autres, en 1404, il était le
plus jeune des fils de Jean Kastriota,
seigneur d'Émalhie, et de la princesse
aerbe Voîsava. Lorsque Mourad entra
pour la première fois dans l'Épire, en
1423 , le jeune George lui fut remis en
otage avec ses trois. frères. Après avoir
été circoncis et élevé dans le mahomé-
tisme, qu'il abjura dans la suite, il re^ut
un saodjak à l'âge de 19 ans. Doué d'un
courage et d'une vigueur corporelle ex-
traordinaires, il se signala par tant d'ex-
ploits qu'il gagna la faveur du sulthan,
qui lui donna le nom ^Iskender^Beg ou
prince Alexandre; mais la confiscation
des états de son père, la mort, par le
poison, de ses frères, et la crainte d'é-
prouver le même sort, décidèrent le jeune
héros à quitter le service de Mourad. U
profiu de la déroute de Nissa (3 noT.
1443) pour mettre son projet à exécu-
tion. Un ordre, qu'il arracha violemment,
mais avec une hardiesse prodigieuse, au
secrétaire du sulthan, le mit en possession
de la forte place de Kroîa, autrefob capi-
tale de l'Épire, oà il introduisit de nom-
breux partisans réunis en secret, et dont
ilfitégorgerlagarnison. Les autres forte-
resses lui ouvrirent leurs portes l'une
après l'autre, en sorte qu'au bout de 80
jours il se vit maître de tout le pays.
Il convoqua alors les princes d'Albanie
{voy.) à Lissus, à l'embouchure du Dri-
no, et se fit reconnaître pour leur chef.
A la tète de 8,000 cavaliers et de 7,000
fantassins, il dispersa une armée turque
de 40,000 hommes, commandée par, Ali-
Pacha. Trois autres pachas eurent le mê-
me sort. Sa uctique était celle de l'en-
nemi; mais son bras et son ^ie lui ap-
partenaient en propre. An mois de mai
1449, Bioarad mardia oontre lui avec
une année de 100,000 hommes {voy*
T. XDC, p. 46) ; il ne put que s'em-
parer de deux forteresses, et, affaibli par
la résisUnce héroïque de Skanderbeg,
il dut se retirer honteosemont. Cepen-
dant, l'année suivante, il reparat devant
Kroîa qu'il canonna sans succès, et dont
il fut enfin forcé de lever le siège. Après
la mort de Mourad, arrivée en 1461,
Skanderbeg, plusieurs fois battu, trahi
par ses principaux chefs , affaibli par la
défection de son propre neveu , réittsit
néanmoins à se maintenir en possession de
l'Albanie contre les arméesde Mahomet II,
et le conquérant de G>nstantinople dut
lui abandonner, en 1461, le paya qu'il
savait si bien défendre. Trois ans après ,
sollicité par les légats du pape et lesam-
bassadeurs de Venise de rompre la paix,
il reprit les armes, battit deux des meil-
leurs généraux du sulthan et échappa aux
poignards des assassins envoyés pour Pé^
gorger. Enfin Mahomet entra en Épire
avec 100,000 hommes; mais il édiona
devant Kroîa, et son armée fut batme à
plusieurs reprises par Skanderbeg, qui
termina peu de temps après, en 1466, sa
glorieuse carrière à Lissus {Alisso)^ où
il fut enseveli. Il laissa un fils encore en-
fant, nommé Jean, qu'il mit sous la pro-
tection de la république de Venise. La
guerre continua encœre pédant 19 ans;
mau Kroîa finit par tomber au pouvoir
des Turcs, et le pays, couvert de ruines,
se soumit.
On peut consulter une EUstoire ano-
nyme de ce héros, en latin, Rome, 1624,
in-fol.; puis Barlesio, De vùa et mon^^
bus oc rébus gesUs Georgii Casinoti,
cl. Epirotdrum principes p etc., Stiasb.,
1637, in-fol. (trad. fr. par J. de Lever-
din, seigneur du Plessis-Bourrot, Paris,
1697, in-80; 1621, in-4o), et sa vie,
par Pontanus de Breittenbeig, par l'é-
véque François Blancus, par le P. Da
Poucet, Paris 1709, in-8<>; par Biemmi
(Brescia, 1 742), etc. C. L.
SKRZYNBCKI (JxAir m Matha),
généralissime de Tartoée polonaise «n
1831, est né en 1787, enGallicie. U fit
ses études à l'université de Léopol (Lem-
berg), oili il se distingua dans toutes les
branches des mathématiques. Lorsque
Dombrowski (vo/.) et Wybickî soulevè-
rent la Pologne en 1 806, il quiiU la mai-
son paternelle et courut se ranger sous
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(m)
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le df«peau BitioMl. Au
de la cenpegue éa 1809, il entra a^ec le
grade de capiti^iie dans le 16* régiment
dUnfiniterie de ligne, nouvellement or-
ganisé par Gonetuitin Grartoryski. En
1813, il déploya nne valenr si brillante
que Napoléon lui donna le commande-
ment d'an bataillon. C'était Ini qui corn-
mandait,en 1 8 1 4, le carré qni sanva Fem-
peienr i Areia-tur^Anbe. Napoléon le
décora loi- même de l'étoile de la Lé-
gion-d'Honnenr. Les Polonais étant ren-
fla dana lenr patrie après l'abdication
de Fontaineblean, Skraynecki, alors co-
lonel, obtint le commandement d'an régi-
ment d'infanterie polonaise. Dans lasoirée
da 29 noT, 1880, il se trouvait auprès da
dief de l'état-major général da grand^^lac
Constantin : en entendant les premiers
coups de fea, il pressentit nn soulève-
ment et fit assurer le césarévitch qu'il
pouvait compter sur lui. Il alla en effet
se mettre à la tète de son régiment à Pul-
tusk et accompagna Constantin dans sa
fuite; mais dès le 8 déo. il rentra à Var-
sovie pour mettre son épée au service de
la cause nationale. Le dictateur Chlb-
pîcki (voy^,) lui confia le commandement
de la brigade dont aon régiment avait fait
partie juaqu'alora. Le 5 février, à l'ap-
procbe de l'armée russe sous les ordres
de Diebitscfa(vor.)>^'*ynecki, élevé au
grade de général de brigade par le prince
Raduwill, fut chargé de former le centre
de la ligne de bataille avec huit bataillons
et huit canons. Le 17, il arrêta près de
Dobra, à la tête de sia bataillons, le corps
du général Rosen, et, lorsqu'après un
combat de quatra heures, il se vit obligé
de céder à des forces supérieures, il opéra
m ratraite en si bon ordra que les Russes
osèrent à peine le poursinvre. Il déploya
en cette ohroonstance, comme dans plu-
sieure autres, une telle présence d'esprit,
jointe à une énergie si grande, que dès
Ion l'armée polonaise vit en lui son fu-
tur chef. A Grocbow, quand CMopicki
blessé eut été emporté à Varsovie (vof .
Pou^omt, T. XX, p. 16), il enleva, è la
tête de sa division, le bois qu'occupait
l'artillerie russe, repousm le riment des
oulans de la garde et les cuirassien du
prinoe Albert de Prusse, et partagea ainsi
avee le général Uasinshi, qui parut pen«»
dant le combat sur le champ de bataille,
et avec Prondzynski, les honneurs de cette
journée. Dans la nuit du 25 février, il
parut devant le conseil de guerre qae le
gouvernement avait convoqué è 8 heures
da matin, et, tout en rendant justice au
patriotisme de Radzivrill, il l'accusa d'in-
capacité comme général. Nommé pour le
remplacer par le parti aristocratique, il
accepta le commandement en chef de
l'armée, à condition qu'on lui donnerait
Prondzynski pour quartier-mat tre géné-
ral, et Chrzanowski (voy,) pour chef d'é-
tat-major, en déclarant d'ailleun qu'il
ne restait presque plus aucun espoir de
vaincre, mais en jurant de tout faire pour
qa'au moins la nation tombât glorieuse-
ment. Il rappela à Varsovie une grande
partie de la garnison de Praga, et chargea
le lieatenant-colonel du génie Leiewel
de défendre la tête du pont. Le 26, la
diète confirma sa nomination. « Qae la
diète se souvienne des sénateurs romains
qui mourarent sur leurs chaises curules,
répondit-il a la dépuUtion qui lui fut
envoyée à ce sujet, et comptez que je se-
rai votre Fabius Cunctator. »
La conduite a la fois ferme et prudente
du généralissime releva le moral de l'ar-
mée. Le ton mystique de ses ordres du
jour*, l'impartialité avec laquelle il ré-
compensait les services et livrait les traî-
tres au mépris public , le firent regarder
par le peuple comme l'instrument choisi
par la Providence pour son salut. Dans
le fait, ce fut Skrzynecki qui donna à
l'armée son admirable organisation ; ce
fut lui le pramier qpi la mit sur un véri-
Uble pied de guerre. Il laissa au libre
choix des troupes la distribution des gra-
des et des honneurs. Il confia le porte-
feuille de la guerre au général Morawski.
En un mot, il prit d'excellentes mesures;
mais il ne songea pas è profiter des fautes
de Diebitsch , qui avait affaibli sa ligne
d'atUque en dispersant ses troupes sur
une trop vaste étendue de pays. Il com-
mit une autra faute non moins grave,
(*) lions avoot §out les jeux son ordre da
joar daté deVarsoTie, le lo mars i83(. U n*y a
riee de myitiqae , mait bien an caractère pro*
foodéaeat religieux qw, certes, ne neaeied pae
à un gaerrier ceaifreCfciil pour CuiOncê de $•
pairie comme pour la/oi de S9S pires, au ailieu
des oircoBStaocet les plus critiques. S.
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(iiO)
sKa
lomqu'ii t'imtiwa qaa, pour t'atUrfr It
resped âm lïma géoéraox tout letqoeb
il avait lenriy il datait les traitar ayae
haotaur : il ne réuaait qu'à laa néaoB*
teotor»
Son plan était, aa lien d'atUqnar brna-
qnanent les RmaaSp do les arrêter jusqu'à
l'intervention des puissances étrangires;
mais les espérances qu'il avait pu eonoo*
voir de ce côté s'évanouissaient de jour on
jour. U n'avait rien à attendre de l'Au-
triche qu'inquiétait le aouléveasent des
Légations. Depuis que M. Laffitte était
sorti du ministère^ le cabinet français ré-
sbta davantage à l'enthousiasuie qui ani-
mait U nation pour la cause polonaise;
et lord Palmarston enfin déclara netto-
ment k l'envoyé polonais Wielopolski
<pi^l s'étonnait que la Pologne voulût
conclure des alliances avec les puissances
étraaf^es au moment même ou elle trai-
tait avec la Russie. Skrsynecki, qui était
en elEst entré en correspondance av^ le
général russe dès le t) mars, sentit enfin
qu'il ne lui restait plus qu'à tenter le sort
des batailles. Dans la nuit du 80 au SI
mars, les divisions Gielgud et Mala-
chowski (yqX' c^ noms) sortirent de Var-
sovie avec la cavalerie et marchèrent sur
Wawer. Le 38,Rybinski s'était déjà porté
vers Modlin pour attaquer sur un autre
point. Le général Geismar fut battu com-
plétement à Wawer, et Eosen défait à
Dembe« Il aurait fallu poursuivre ces
avantages, mais rien n'j put déddor
Sknynecki; et ge ne fut que quand il vit
les Busses sur le point de concentrer tou-
tes leurs forces, qu'il attaqua Siedioe ot
détruisit les corps de Eosen et de Pahlen.
Le 8 avril, 8,000 Polonais défirent à
Iganié une armée trois fois plus forto«
Après ces succès, Sknynecki retomba
dans son inaetivit^ et il fallut la catastro-
phe du brave général Dwemicki (vof.),
jointe aux ordres du gouvernement, pour
l'engager à marcher contre la garde russe
campée le long du Narev. I^a 15 nwi,
il tomba sur les avant^postes établis à
Prxylycza; mais, le 16 et le 17, il ren-
oontra une telle résistance, qu'il lui
fut permis de douter de la réussite de
son plan. La garde russe, forte de
30,000 hommes, occupait Sniadow.
Prondzynski pressa la général en chef de
donner l'ordm d'attaquer lo 1
Après de lonfiMs hésimtions, Sknyneoki
dieu enfin an quartîaiHBahre génM un
ordre pour Gîelgiid de aa porter sur Oa-
trolenka, non pas avno sa division mt*
tière, mais seulement avec deui brigades^
mardiantàun mille de distance l'une de
l'antre, k seconde servait de réservée la
première. Prondaynski, dit-on, jeta la
plume en protestantqu'il n'écrirait jamais
un ordre anssi insensé^ et le généralis-
sime dat a'en charger lui-aséase. Dans b
nuit, Dembinslri avait attaqué le pont
d'Ostrolenlca et empêché Us Eusses de In
détruire. C'était le moment d'agir, et
Skniynecki y seashlait résohi« Thiis or»
dres aux eaaunandants de division forent
snocesstveasent éeriu et déchirés. Dès eei
instant, le lien qai attachait Psnndiynsld
à son général fut brisé, et k confiance
do l'arasée en son chef détruite.
La défalu d'Oitroleaka fot la salle da
o« malhenreusM hésiutiens« Si le mé«
pris de k Hwvt anflisait pour foire b
grand capitaine, ^knynacki e4t redneilll
dans cette journée des lauriers imasor^
uls| mais il était trop tard. Il se rit forcé
de se replier sur Varsovie. Arrivé à Pram
il adressa à la diète un mémoire justifi-
catif, et la diète lui fit exprimer toute sa
woonnaimance. Le dub patriotique no
satisfoit, et, pour lm«
poser des bomm à sea attaques, le gêné
rallssinw s^Mcupa d'opérer une réforma
dans ieguuiarnsnsani au liendemarehar
oontra l'arasée russe privée de aon chef
et affoihlia par aes nombrunsm pertes.
Cependant, forsquVm vit le général Pas*
kévitch, par une aaarahe de flano, passer
la Vistule et arriver sana opposition à 10
osillm de l'arméa poloni^, l'opinion
publiaue se eonleva contre Skr^yneoki,
et k diète fit partir, le tO no4t, pour fo
camp doBoliaîow, une nammiiiian d^en»
quête qui le priva du oommandeasent an
chef et noawna à sa plaça le général Dam-
binski(vo^. ce nom). A la suite des mas*
sacrmdn 16 août, Sknynecki se déndtda
tous sea emplois et se joignit au corpa de
partisans du général Roxycki, avec laquai
il M réfugia à Graoovie, le S3 sep
après l'aàaira de Lagor al i
U rentra ensuite en GalKeie, ]
que teaspa à Pragoa sous la nom de Sin-
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SLA
(«()
SLA
Biisewiki, et se retira enfin dani U réai*
dence que le fouvernement autrichien
lui assigna. Maia il la quitta furtivement
lorsque le gouvernement belge, voulant
prendre une attitude énergique vis-à-vis
de laBollandeet de le conférence deLon«-
dresy lui fit des ouvertures. Le t*' fé-
vrier 1839, il fut admis, eomme général
de division en disponik^lité , au service
du nouveau royaume. Aussitôt le cabinet
de Saint-Pétersbourg, qui n'était pas
représenté à Bruxelles, témoigna son mé-
contentement dans une notç adressée aux
cours d'Autriche et de Prusseï et celles- ci
firent parvenir à leurs représentants un
ordre de rappel ; mais l'adoption définitive
par la Belgique du traité avec la Hollande
ramena la paix. Depuis, le nom du géné-
ral Sknynecki n'a plus été prononcé dans
l'histoire contemporaine. C. £«
SLATATA (comte), voy. Bosiiqii
T. m, p. 617, et DimnssTEATiON.
SLATES, race ou plutôt famille
ethnographique nombreuse, un des prin-
cipaux éléments de la population euro-
péenne.
On Jie sait pas au juste d'où vient le
nom de Slaves qui parait d'abord chee
Jornandès (Sclavi^ Sclavini) et chez
Procope (2xVa6i9vo/ et SxAa^tvoi), mais
qu'on peut reconnaître déjà dans leSTav«-
vot de Ptolémée, le géof^phe. Les uns
le dérivent de Hava^ gloire; les autres,
avec plus de raison peut-être, de slovo^
mot, parole. Ces derniers se fondent snr
ce que, dans la dénomination indigène
primitive, il n'y a pas d'à .* on disait Slo-
vianine, Slovène; aujourd'hui même, cer-
taines tribus se nomment Sloventzes et
Slovaks. En même temps, ils rappellent
qu'il y a deux noms qui se font pendant :
chez les Slaves, tout ce qui ne compte
pas parmi eux est Niémetz^ dénomina-
tion'qu'on applique en particulier aux
Allemands, mais qui signifie en général
muety c'est-à-dire ne parlant pas la même
langue. En effet, les Slaves divisaient les
peuples en deux catégories : d'une part,
impmriamSf c'est-à-dire eux-mêmes et
tous ceux dont ils comprenaient l'idiome;
de l'autre, lesmoe^, c'est-à-dire ceux
qu'ils na comprenaient pas. Dobrawsky
a pensé que le nom de Sloi^ aura d'a-
bord été donné à une localité détermi-
née, peuti-êM i WM viUe, M qu'enraîla
elle aura pris une plus grande extensiw».
M. Schafarik admet eette hypothèse et ne
nijettaauevnedaspvéoédentea; maisdana
l'incertitude du choix il en établit ont
nouvelle, fort problématique suivant
nous, quoique ingénieuse. Les plus an->
ciansSlovènes habitaiealHolmgard (No¥*
govod), dit«il, c'est-à*direla villede l'ilez
QT, en lithuanien, leuMt qui exprime tla
est sallavOf en letton salia^ etc. Les Sla-
ves seraient ainsi les habitants d'une tle.
Malgré la grande autorité de M. Scha-
farik, nous ne pourrions adopur oatta
étymologies'il la proposait sérieuseroeau
Personne, au reste, mieux que ce sa-»
vaut Bohême, dans ses JniiquUés sia^
vonngSp n'a fait oonaaltre l'origine et les
plus anciens sièges de la fiimille des Sla-
ves, une des plus nombreusca an corn-
mencemoit du moyen4ge, et qui, oonuie
les Germains, l'emportait alors snr les
autres éléments respectifs de la population
européenne. Quoiqu'elle ne fit partie ni
des Scythes, ni des Sarmatei, M. Schafarik
la croit trè« ancienne en Europe, aussi
ancienne que les Celtes, lesTbraoes, les
Germains, etc. Cétaient peut-être, sui-
vant lui, les Budins, les Neures, les Bo*
rysthénites, faussement appelés Scythes
ottltivateors et confondus avec eux. Leur
nom antérieur éuit celui da, Serbes* et
celui de Viadesou Vénèdes*% queooa-
naissaient Pline, Tacite, Ptolémée el la
plupart des géographes grecs et romains»
Des flots de Barbare» les Mveloppèrent
on les aonmirent vers le v® slèole de ne-»
tre ère, et de là une grande confusion|
mais bientôt ils se font jour| leur nom
reparaît dans Thisloire, et le christiania-
ma finit par les mettre partout en oon-
taet avec la eivilisation.
Quoi qu'il en soit, suivant Jomandèa,
le premier historien qui «nentionne leur
nom, l'an 550 de J.-G.« les Vénèdes, les
Aatea et les Slaves étaient trois branches
d'tme même souche t les Antes (vay,) ne
tardèrent paa à disparaître; le nom des
Vénèdes {voy*) fut restreint à une por-
tion de oette vaste fiimille; celui des
(•) Le ZWpot de Procope n'est pa§ ■utrc
chose, quoique lliistoriea grecezpliqne différea*
■lent ce nota.
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SLA ( 332 ) SLA
Slaves prévalatteal pour l«dérigMr dans Havel. Les migiralions des STates cesse
son ensemble.
Dans le ly* siècle les Goths, et dans
le ▼* les Huns s'assujeltirenl Im Slaiws.
Plus tard ces derniers furent emportés
par le mouvement des peuples |;ermains
vers le midi et vers l'ouest, en même
temps que les invasions presque oonti-
Dueiles des, bordes ouraliques et tur-
ques ou Utares, venues du Volga et du
Caucase, les chassaient des rives septen-
trionales de la mer Noire et les refou-
laient en partie vers roccidenty en partie
vers le nord. Dans le yi* siècle^ les puis-
sants Yénèdes, s'élançant du revers sep-
tentrional des Karpatbes, fondirent sur
les contrées voisines de l'Elbe, qu'avaient
habitées les Goths et les Suèves, tandis
que les Slaves méridionaux s'emparaient
des pays situés entre le Danube et les Al-
pes boriques et Juliennes, poussant leurs
expéditions jusqu'en Grèce et dans le Pé-
lopouoèse. Il se forma alors deux gran-
des fédérations slavo-vénèdes : celle de
la Grande-Kbrobatie, dans la Bohème
orientale, la Silésie et la Gallicie, et celle
de U Graude-Servie, dans la Mi&nie, la
Bohême occidentale et la Moravie. Sub-
juguées par les Francs et les Avares, ces
confédérations furent dissoutes; mais Sa*
rao, en 650, en réunit les membres épars
et fonda up puissant empire, qui n'eut
toutefois qu'une courte existence. Au
vil* siècle paraissent pour la première
fois dans l'histoire les Tchekhs (Bobé-
mes), les Moraves et les Silésiens. Plus à
l'est habiuient les Lekhs ou Polonais ;
plus loin encore, les nombreuses tribus
siavonnes qui furent comprises dans la
suite sous le nom général de Russes (Slo-
vènes, Viatitches , Radimitches, Soulit-
ches, Sévériens,Drégovitches,KrivHches,
Polotchans , Drevllens, Doulièbes, Bou-
jans, etc.). Sur les rives orientales de la
Baltique, nous trouvons les Prussiens;
puis, en avançant plus a l'ouest, les Po-
méraniens, les Obotrites, dans le Meck-
lenbourg actuel; IcsPolabes, à l'em-
bouchure de l'Elbe; les Rugiens, dans
les iles de la Baltique, notamment dans
celle de Rûgen. Les Viltses s'étendaient
dans la Marche, depuis TOder jusqu'au-
delà de l'Elbe. Les Sorbes s*éublirent
dans la Misnie, depuis la Saaie jusqu'à la
rent vers le milieu du yii* siècle ; à par-
tir de cette époque, ils furent plusieurs
fois vaineuipar lâiFrancs et les Allemands,
dispersés, ou amalgamés avec les Ger-
mains, repoussés de l'autre côté de l'Elbe,
et même plus loin. Dans le xi* siècle,
Gottscbalk, prince des Obotrites, réunit
de nouveau les tribus siavonnes; mais son
royaume fut conquis dès le xii* siècle
par les ducs de Saxe et par les Danob.
Les Bohèmes furent plus heureux : ils
formèrent , jusqu'en 1806, un état sé-
paré sous des princes indigènes. La Po-
logne et la Russie se constituèrent égale-
ment en nations indépendantes. Au midi,
les Slaves s'étaient avancés le long du
Danube jusqu'à ses embouchures et jus-
qu'au Dniester. Plus tard ils s'étendi-
rent à l'ouest jusqu'à la mer Adriatique.
Ih envahirent, à plusieurs reprises, l'em*
pire romain; mais ils finirent par tomber
sous le joag des Avares, pais de Gharle-^
magne. Renforcés par les émigrations des
Slaves de la Grande-Servie et de la Gran-
de-Kbrobatie, ils fondèrent, au sud du
Danube,les royaumes de Groalie,d'Escla-
vonie, de Dalmatie, de Servie, de Bosnie
et de Boulgarie {voy. ces noms) qui, après
des guerres incessantes et plus ou moins
heureuses avec les Grecs , les Magyares ,
lesVénitiens et les Turcs, tombèrent dans
la dépendance des uns ou des autres de
ces peuples*'.
D'après le témoignage des historiens,
les Slaves , au moment où Tattention se
porta d'abord sur eux, étaient un peuple
laborieux, hospitalier, paisible et ne fai-
sant la guerre que pour se défendre. Fort
attachés aux coutumes de leurs ancêtres,
ils se montraient fiers de leurs chants po-
pulaires qui célébraient la gatté et la gloire
nationale. L'agriculture et l'éducation des
bestiaux leur fournissaient leurs moyens
de subsbtance. Ils ont fait moins de pro-
grès dans la civilisation queles Allemands,
ce qui s'explique par l'isolement où ils vé«
(*) On tait quelle latte acharnée s'engage*
au ix« et uu x» siècle entre les Slaves et les
Allemiiods. Ces dernien, qui faisaient aux an-
tres une guerre d^exterminatioo. Tendirent lents
prisoonieri de guerre ponr être employés oom»
me travailleurs : alors le nom do Slave, sons la
forme de Sklav^ Esclavon, êtclav; devint syno-
nyme de serf.
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SLA
(â83)
SLA
cnrent pendant des siècles, dans nn pajs
éloigné d«i psnrtiw rovies commerclaUs,
at privés de Théritage imellaielael qne les
Aoniains avaient laîs$é à tonte TËaropa
occidentale. Leurs prinoes, cbeis habiles
«t conrageoz , portaient les titres de go$^
podine (bospodar), de hnez on knia%y
de votpodef zoupan^ kral ou korolj etc.
Kulle part, le lien féodal n'imposa chea
eux le moindre frein aux petits seigneurs;
nulle part, le droit de propriété n'aiguil-
lonna Tactitité du paysan et ne lui pro-
cura le bien*étre ; nulle part, le tiers-état
n^arrîva à la liberté par énumcipation lé-
gale; nulle part enfin, le droit romain ne
jeta de profondes racines. Une barrière
difficile à franchir, celle d'une haine in-
vétérée , les séparait de leurs voisins et
oppresseurs les Allemands. Ils habitaient
«n général de misérables huttes dissémi-
nées; cependant ils avaient quelques vil-
les, telles que Novgorod, Kief, Pskof,
Julin,qui, d'après M.de Rumohr, seraitla
Wollin actuelle en Poméranie, et Vine-
ta dont la mer couvre les ruines. Les
Slaves, longtemps païens, célébraient leulr
cuke dans des temples et dans des bois
sacrés. Leurs divinités principales étaient
PérouM ou Perkourij le 4ieu du tonnerre ;
JBielbog^ le dieu blanc et bon; Tcherni"
bogf le dieu noir et méchant (appelé Diva
chez les vieux Russes et Sçantévii dans
rUe de Rûgen). Ils adoraient en outre Xe/,
ou le Plaisir; Ladoy la déesse de l'amour ;
M/urzanna^ ou la mort, ainsi que des
génies protecteurs du foyer domestique
JdonuH^ié douché) tidts nymphes appe-
lées Roussalki chez les Russes, et Fila
chez les Slaves méridionaux. Ils brûlaient
leurs morts. Le christianisme leur fut ap-
porté à la fois de Rome et de Constanti-
nople : on sait qu'avant Cyrille et Mé-
thode (V07-.), l'Évangile avait été prêché
parmi eux par des missionnaires latins.
Les Slaves n'étaient pas sans jouer un
rôle assez brillant dans les commence-
ments de l'histoire moderne : tout le
monde sait quelle part la Bohème eut à
la réformalion, au mouvement des esprits
en général, et quelle fut la puissance de
la Pologne sous ses rois Piasts ; cependant
l'Europe ne voyait guère en eux un élé-
ment ethnographique particulier, car le
latiui langue universelle è cette époqua.
était aussi la Ungue littéraire H |HiblK»
que de ces peuples, et le français deyint
bientôt pour les Polonais la langue de U
bonne compagnie. GVst de nos jours seu-
lement que les Slaves eux-mêmes ont eu
eonsdence de leur nature spéciale et de
la feree qn'ib y doivent puiser. La résis-
tance et l'oppression leur ont rendncber
l'idiome particulier qui les caractérise le
mieux ; et la haute puissance d'une por-
tion de leur grande famille leur a inspiré
de la confiance en enx-mêoses, ainsi que
la ferme détermination de ne se laisser sa-
crifier è personne. Ilsforment aujourd'hui
une population de plus de 50 millions d'â-
mes. Les uns sont indépendants comme
les Russes; lesautres soumis à des nations
de la même famille, comme les Polonds
du royaume; d'autres enfin, et c'est le
plus grand nombre, incorporés è des mo-
narchies fondées par des peuples d'une
origine différente. C'est ainsi que les Ser-
bes, les Boulgares, les Monténégrins, etc.
sont sons Tautorité de la Turquie; les
Dalmates et d'autres Illyriens, les Mora-
ves, les Bohèmes, etc., ainsi qu'une partie
des Polonais, sous celle de l'Autriche ; une
troisième partiedesPotonais,lesSilésienSy
les Poméraniens, les Cassoubes, etc., sous
celle de la Prusse. Toutes ces branches di-
verses d'une seule et même souche occu-
pent les immenses contrées qui s'étendent
depuis l'filbe jusqu'au Kamtchatka, de-
puis la mer Glaciale jusqu'à Ragnse sur
l'Adriatique. L'insuffisance des monu-
ments ne permet pas de diviser les Slaves
d*aprèa leur filiation ; d'après la langue
qu'ils parlent, Dobrowsky, le premier,
les a dirisés en Slaves du sud-ouest et
en Slaves occidentaux. Ces derniers for-
ment 8 ohttses : 1^ celle des Lekhs^ à
laquelle appartiennent les Polonais, les
Cassoubes, les Silésieos et les Poméra-
niens; 3® celle des Tckekhê et Siofaks^
embrassant les Tchekhs de la Bohême ,
les Moraves et les Slovaks de la Hon-
grie; 3<> celle des PolabeSf k laquelle ap-
partiennent les Slaves de l'Allemagne sep*
tentrionale, Lutitzes ou Yélètes, Bodrî-
tzes, Sorbes, Miltchanes, etc. Les Slaves
du sod-ooest forment anasi trois dames :
10 les Russes^ nom sous lequel on com-
prend les Grands-Russes ou Moscovites^
puu les habitants de la Russie-Rouge,
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SLà (ââ4)
àè là Amn^AUnche, de la Ruatie-Nèfire ,
d« la Patite-Eutue, \m Ootaki dm Don
•t de Sibérie*; 3« les Boûigarei {'»oy*)$
piîmitinament oaralieiUi mais qui se sont
eBtièremenI fondus ateo les Slates de k
Itoiîe; S<* les lUymns (vof .), aazquels
appartiennent les Serbei (Serriens, Es»
clamons et Bosniaks) , les Dalmates y les
Monténégrins , enfin les Vindes on Slo-
irantxes, c'est*à»dire les Slares de la
Carintbie. Longtemps on a cherché à
dénationaliser plusieors de oes branches
de la famille slaTonne, en leur imposant
les mmors, les usages et méoM la langue
des Allemands leurs voisins, quelquefois
aussi en ne favorisant chez eux comme
langue littéraire que le latin \ mais depuis
yingt ans une grande réaction se mani-*
feste, et les Slavea se préparent à prendre
dans les destinées de Thumanité la part
importante qui leur appartient **.
Lasoubs slavohhss. Leslavon^nne des
langues indo-enropéennm, atteste d'une
manière incontestable l'origine asiatique
de lagrande Emilie qui la parle,car il oflk«
dans ses racines et même dans certaines
ÀLÂ
(*) Ob p«at voir ce qo* ooos aroot dit ao taj«t
de ces noma T. XX , p. 69a , et dans notre oa-
trage £• iUM^« U Pohghê «I Im FùUa$iiê, p. 18
et suiT.
(**} Oo a beaucoup parlé, dans cet dernien
temps, de panslapùme , c'est-à-dire da système
qui tendrait à réonir tous les SUtes, non pas en
■n aeul corpê de nation , mais pour ainsi dire
dans une coaunuaton intelleeCoelle» sur la Imm
d'une même langue nniTersellement comprise
partons. Cen'estlà qu*nne belle idée : nous ne
croyons paa plus au panalaTisme qu'au panro'
wnniims oa ae pmngtrmmmismê. Toutefois nous
reconnaissons qu'il y aurait moins de diCficultéà
effacer les nuances de langne , de mœurs et de
^nie national, chez les Russes, les lUyriens, les
Bobémea, elB.« peuplée relatif ement peu araa»
eés en cuHnre« qu'à obtenir ee mime résultai»
d'ane part, dea Italiens, des Français, des Espa-
SnoU et autres nations romanes; d'autre part,
ea Alleoaands, des Danois, des Suédois et des
▲uglaîs (si OB Teut compter ceus-d dans la le*
mille germanique), la cirilisution ayant déjà pé«
nétré ches eux dans tous les rangs de la popula-
tion. Au reste, au-dessus de la famille slavonne,
de la famille germaBlqse, delà famille romane,
fl y anrcitla faaailte huaiaiBe» on tout an mcias
la famille chrétienne ; et mieux vaudrait pré-
parer la réalisation d'une langue universelle que
de aciBdcr l'Barope en deex ou trois parties,
ehacane très paissante et hoatile l'tfBe à l'aalrc^
à raison même de leur dirersité. Nos rorax , i
nous, sont pour I'Avimmimm § les aetres agréga-
tions générales ne nous paraîtraient pas sans
«Itag^r,
de ses (ormes grammaticales une analogie
frappante atec le sanscrit. %de déclinai-
son sans article, une conjugaison sans pro-
nom, les Yoyelles qui terminent la plupart
de ses mots, la liberté de sa construction
et la richesse de sou vocabulaire lui as-
surent de grands avantages. Peut-être les
consonnes y sont un peu trop accumu-
lées; maki la prononciation en supprime
un bon nombre^et le slavon est beaucoup
moins rude que ne le pensent ceux qui pré-
tendent juger du son par les veux. Les
fragments de chants nationaux des Slaves,
qui sont arrivés jusqu'il nous depuis l'é-
poque où ils vivaient dans l'idolâtrie,
prouvent qu'ils étaient parvenus avant
rère chrétienne à un certain degré de
culture. Les Slaves méridionaux, mêlés
aux débris du peuple hellénique, adop-
tèrent l'alphabet grec; ses caractkes
furent ensuite diversement modifiés.
Cyrille et Méthode trouvèrent parmi
les Slaves du Danube un idiome as-
sez développé pour devenir une langue
écrite. Cet idiome, le plus anciennement
cultivé, est connu sous le nom de vietuc
slavon ou slavon d'Église^ parce qu'il a
été employé dans les premières traduc-
tions des saintes Écritures et dans les
livres liturgiques; il resta d'ailleurs la
propriété exclusive d'une caste savante ,
des prêtres et des moines. On ne sait si
cette langue ecclésiastique, ainsi que l'as^
sureDobrowsky,doit être regardée comme
un dialecte du serbe actuel; ce qui est in-
contestable, c'est qu'on ne peut admettre
qu'elle ait donné naissance aux autres
dialectes. Les plus anciens monuments de
cette langue sont : l'Évangile d'OstromIr,
qui remonte à l'année 1057, et qui se
conserve à Saint-Pétersbourg ; le Sbomiky
collection d'écrits ecclésiastiques faite en
1073, qui se trouve au monastère de la
Nouvelle- Jérusalem, près de Moscou; on
autre Sbornik^ de 1076, propriété de la
bibliothèque impériale de l'Ermitage de
Saint-Pétersbourg; l'Évangile écrit en
1135 pour le prince Mstislaf YladSmiro-
vitch et conservé àMoscou, à la cathédrale
de l'Archange; la plus ancienne copie du
livre des Impêts, dit Kormtchaia Kni-
gOy et celle de la collection de lois dite
Pravda Rousskaïa (voy. Jaroslaf) ; le
code Laurentin ou le plus ancien 1
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SLA ( àS5 )
«crlt coontt de la dttroniqoB àè Nestor
(voy.)^ etc.* n hnt y ajouter encore le oia-
miterit ghigoUtiqne du comte de CI002 ,
publié par M. KopHar y et peut-être le
i^oieux Texte du sacre { vay. T. VII,
p. 404, la note), conservé à Reims, mais
qui ne remonte pas, comme on le croyaiti
à TarriTée d'Anne de Russie, femme du
roi Henri I^. La division qui s*éleva entre
ki Siavea convertis au catholicisme et
eaux qui embrassèrent le rite grec, em«
pédia le vieux slavon de devenir U lan-
gue savante de totu les Slaves et un lien
éa nationalité; les membres divers de la
llMiille, qui lîurent séparés plus tard du
trone commun par la conquête, se for-
mèrent cbaeun un dialecte et une litté-
rature particuliers, et d'autant plus dis-
tincts que Tonbographe eC l*îdpbabet
étaient aussi différents.
Quant à ce dernier, les uns, comme les
Russes, adoptèrent récriture cyrillique;
les autres, comme les Dalmates, récri-
ture glagolitique (vof, ces noms) ; chez
les Menais, l'usage consacra les carac-
tères latins ; chez les Bohèmes, les carac-
tères gothiquesou allemands. Le dévelop-
pement littéraire fut lent chez les Slaves
derÉglised'Orient, qui re^rent leurs lu-
mières des Grecs du Bas-Empire, tombés
eux-mêmes dans un état de torpeur intel-
lectuelle. Qnoiqu'en communion avec
Rome, les GlagoÙtes firent encore moins
de progrès, et leurs livres sont presque
exclusivement liturgiques; mais chez les
sntres Slaves Utins , les lumières se ré-
pandirent de bonne heure. Les lettres et
les sciences fleurirent d'abord en Bohême
et arrivèrent dans ce pays, ainsi que bien-
têt après dans la Pologne, à un haut de-
gré de splendeur. Leur âge d'or était
déjà passé quand la Russie, en se débar-
rassant , sous Pierre-Ie-Grand , des en-
traves dHine langue littéraire purement
ecclésiastique, vint à son tour prendre
part au mouvement des esprits pour se
créer une littérature nadonale. Cest aux
mou BoHim, Poi.ooirB, Ritssis, Sxr-
Tit, etc», qu^lt fiiut chercher les déuib
mt loutea ces littératures partielles.
Il n'y a donc pas, à proprement parler.
(*) Fèir mmm éMiméMli«a ploâ leagM éaot
Schtfarik, Gemhûhtê dêr slsmadm Sprêêhê mm4
lit^rmr, p. i»7 tf •«!?,
SLA
de littérature slavonne; mais la langue
des Slaves, le fonds commun d*oà déri-
vent tous les dialectes ou idiomes parti-
culiers, et qui n'est pas le slavon d'é-
glise, fe été étudiée dans son ensemble
par les linguistes. Nous citerons spécia-
lement les ouvrages suivants : Dobrow-
dey, Instàutiones lùiguœ slapicœ dia^
ieetiveteris,VieBiï€f ]839,in-S*;yino-
gradof. Grammaire slaponne. Pétersb.,
1S26, in-8*; Vostokof, £d. (en russe)}
métropolitain Eugène, Diciiorm. abrégé
Simon (en russe), Pétersb., 1784, in-8*;
et le Dictionnaire de rAcadémie-Russe,
Pétersb., 1806-11, in.8^ Foy. aussi
nos art. Dobrowsxt et Ropitar. Sur la
littérature slavonne en général , on peut
consulter avec nruit: SchtihrikfGesehieh'
te derslawischen SprachettndLUeratur
naeh ailen Mundarten ^Bude^ t8S6,
în.8«; Taivi*, ffUtorieai viea^ of the
slopie language in its various dialects,
Andover, 1884; Eichhoff, Histoire de
la langue et de la littérature des Slapes^
considérées dans leur origine indienne ^
leurs anciens monuments et leur état
présent^ Paris et Genève, 1839. — Sur
l'histoire et les antiquités des Slaves, on
puise le plus d'instruction dans le Slavin
de Dobrowsky (dern. édition, Prague,
1834), et surtout dans les excellentes
Antiquités slavonnes {Slovanské Sta-
roszitnostiy en bohème), de M. Schafa-
rik (traduct. allem., Leipz., 1843, 3 voU
in-8<*), ouvrage d'une admirable érudi-
tion.
La place qu'occupe en Europe la fa-
mille slavonne, et Timportance toujours
croissante de Tétude de son idiome, ainsi
que des différentes littératures qui en re-
lèvent, ont décidé notre gouvernement,
vers 1840, à créer pour leur enseigne-
ment une chaire spéciale au Collège de
France. On peut lire dans le Moniteur
l'Intéressant rapport que feu le baron de
Gerando fit è ce sujet a la Chambre des
pairs. Un célèbre poète polonais, M. Mic-
kiewicz {voy») , ayant été chargé de ce
cours , les Polonais réfugiés s'y donnèrent
rendez-vous : aussi fut-il dirigé de ma-
nière è devenir pour eux une consolation
•O CPetI Iv pni
Peti H pÊt^kàmfmm 4« Ml» de Mob
qpc l«0ob, p. a5i)»MJeard^]iai mkamk
c . . ^ .
Robinson, à AndoTtr saittats-Unis.
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SLË (
«laoft leur exil et à favoriser le calfe des
lourenirs. Une tradaction allemande des
leçons des deux premières années a été
publiée sous ce titre: Forlesungen ûher
slavUche Liieratur und ZustçBnde ^
liOipz., 1848 y 2 vol. în-8<'; mais elles
n^ont pas encore para en français ^ si ce
n'est en un extrait, dans la Revue des
Deux ' Mondes f an commencement de
oeUe année (1844). J. H. S.
SLEIDANUS (JxAir), ainsi nommé
de SIeida, près de Cologne, où il naquit
en 1506, s'appelait proprement Philip^
son^ et fut un des publicistes les plus re-
nommés de son époque, celle du concile
de Treftte, auquel il assisU. Employé à
différentes autres missions importantes
par les protesUnts, il fut, de 1542 è
1556, année de sa mort, professeur en
droit à Strasbourg. On lui doit beaucou p
d'ouvrages; mais le principal, distingué
par un style classique et par une louable
impartialité, est la composition bistori-
que^célèbre intitulée : De statu religion
nis et reipublicœ Carolo V Cœsare
Commentarii^ Strasb., 1555, in- fol., et
souv.réimpr. On regarde comme la metU
lenre édition de cet ouvrage celle de
Francfort, 1785*86, 8 vol. in-8''. X.
SLESWIG ou ScHLBSvno, duché
appartenant au Danemark, d'une super-
ficie de 164 milles carr.géogr., avec une
population qui était, en 1840, de
848,500 âmes, disséminée dans 18 villes,
14 bourgs et 1,500 villages. Le SIeswig
forme la partie méridionale du Jutland;
il est borné au nord par la partie sep-
tentrionale, au sud par le duché de Hol-
stein, dont il est séparé par l'Eider et le
canal de Kiel, à l'ouest par la mer d'Al-
lemagne, et à l'est par le petit Belt {vof»
ces noms). Le sol est peu accidenté et
coupé seulement par des collines. La
côte occidentale est couverte de marais
protégés contre les invasions de lamer par
des digues de 20 pieds de haut, et par des
dunes qui ont de 20 à 60 pieds d'éléva-
tion. Au centre du pays se trouve une
lande sablonneuse où l'on rencontre un
grand nombre de tourbières. La c6te
orientale, moins basse que l'occidentale^
est aussi moins fertile. Le climat est en
général tempéré et sain, «xoepté sur la
c6te occidentale où il est plus humide.
) SLE
Le dodié de SIeswig manqne de bliis^
mais il produit en abondance des cé-
réales dont on exporte annuellement
150,000 tonnes; des bestiaux qui, avec
le beurre et le fromage, forment un ar-
ticle important de commerce, et des che-
vaux dont 8,000 au moins se vendent à
l'étranger chaque année. La pèche est
aussi une grande ressource pour les ha-
bitants. La religion dominante est U
protestante. On parle généralement la
langue allemande (le plat-allemand);
mais le danois est aussi très répandu. Il
n'y a de fabriques que dans les villes,
encore sont- elles peu importantes; les
plus considérables sont celles de dentelles
et de bas de laine de Tondem, Husum
et Friedrîchsudt.
Le SIeswig, partie intégrante du Dane-
mark dès les temps les plus reculés, n'a
été incorporé à l'empire d'Allemagne que
pendant 95 ans, de931 à 1026. Depuis
qu'il est retourné sous la domination des
rois de Danemsirk, il a presque constam-
ment servi d'apanage aux princea de la
famille royale, et à plusieurs reprises il
a été une pomme de discorde entre eux.
Ce n'est que depuis 1720 que le Dane-
mark en a la possession non contestée ;
encore la maison de Holstein n'a-t»elle
renoncé à ses prétentions qu'en 1778.
La loi royale^ qui a remis le pouvoir ab-
solu entre les mains du roi de Dane-
mark, n'a aucune autorité dans les du-
chés de SIeswig et de Holstein (vo/.l'art.):
ces deux pays jouissent, an contraire»
depuis l'élection de Christiern 1*% en
1460, de franchises dont les successeurs
de ce prince doivent jurer le maintien à
leur avènement au trône. Au nombre de
ces franchises se trouve celle du vote des
impôts. Au reste, ces deux duchés ont
encore d'autres liens communs ; ils sont
soumis au même gouvernement, aux
mêmes lob, et l'administration de la jus-
tice y est uniforme. Les États provinciaux
se sont assemblés de nouveau après un
long intervalle, en 1836.
La capitale du duché, SlestPtgf siège
du gouvernement des deux pays depuis
1885, est située sur la Schley. Elle est
divisée en trois parties : U FieilU-^FUie^
le Lolifuss et le Friedrichsherg. Sa po-
pulation est évaluée à 1 1,000 âmes, sans
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SMA
lâ farniioii. Lli6tel-de*WUe et It
ihédrale sont des moouiDentfl remarqua-
bles. Parmi les établissements de bien-
faisanee, noas citerons le couvent gris
(das graue Kloster)y la maison des or-
phelins, la maison de travail et l'institot
des sourds -muets. Le couvent de Saint-
Jean est bâti sur le Holm (Ile), auquel on
arrive par un pont de bateaux. SIeswig
possède des fabriques de faTencei de toile
à voile, de bas, de batiste et une. raffine*
rie de sucre. La navigation est assez ac«
tive, depuis quV>n a rendu navigable
Tembouchure de la Schley au moyen d'un
canal. Près de la ville, sur une Ile de la
baie, s'élève le château de Gottorp, ré-
sidenee du gouverneur. — On peut con-
sulter : Dœrfer, Topographie du duché
de Sleswig{Z* éd.,Slesw., 1839), et
les Feuilles du Holstein et du Sleswig
(Slesw., 1886, 3 vol. in-8«). C. X.
SMALKALDE (ueuB xt oux&ba
Dx). Smalkalde, ou plutôt «Sc^noMa/cfoii,
est une principauté de 6 ^ milles carr.
géogr. dans l'ancien comté d'Henneberg,
aujourd'hui province de Fulde dans la
Hesse électorale. Le chef- lieu, de même
noâi, située sur la Smalkalde, avec une
population d'environ 4,000 âmes, pos-
sède un grand nombre de fabriques de
quincaillerie, et une saline dont le pro-
duit annuel s'élève à 13,000 quintaux.
Le nom de cette ville est célèbre par la
ligue qui y fut conclue, au mob de mars
1581, entre neuf princes et comtes pro-
testants et onze villes impériales , pour
la défense de leur foi et de leur in-
dépendance politique contre l'empereur
Charles-Quint {voy,) et les états catho-
liques. Cette confédération, à la tête de
laquelle se placèrent l'électeur de Saxe
et le landgrave Philippe de Hesse, fut re-
nouvelée, en 1535, malgré la paix de
religion de Nuremberg, et renforcée par
l'accession de nouveaux membres. Deux
ans après, les articles de SrnaUsalde^ ré-
digés par Luther et signés par tous les
théologiens présents à l'assemblée qui se
tint à cette époque dans la même ville,
établirent un lien plus étroit encore en-
tre les confédérés ; ils font partie des li-
vres symboliques des luthériens. Dès lors
la ligue de Smalkalde prit une attitude
de plus en plus ferme. Elle disposait de
Knçyelop. d. G. d. M, Tome XXI.
(337) SMA
la moitié te forces de rAllemagne; la
Saxe entière, la Hesse, le Wurtemberg,
le Lunebonrgt le Danemark^ la Pomé^
renie» le Brandebourg, les pays d'Anhah
et de Mansfdd , la grande majorité des
villes de la Haute -Allemagne-, de la
Souabe, de la Franconie, do Rhin, dt
la Westphalie et de la Basse-Sexe, con-
stituaient une puissance qui semblait
n'avoir rien à reidouter , ni de la sainte
ligue catholique conclue en 1588, ni de
r£mpereur alors harcelé par les Turcs et
le roi de France. Aussi l'audace de l'é-
lecteur Jean-Frédéric de Saxe et du land«
grave Philippe {voy,) qui, en 1 549, chas-
sèrent de ses états le duc de Brmnwic,
Henri le Jeune, un des ligueurs catholi-
ques les plus ardents, resta- t-clle d'abord
impunie. Trop occupé ailleurs, Charlea-
Quint eut recours è la ruse ; il amusa les
protestants par des négociations, il senm
la division parmi eux, et il réussit ainsi
à retarder une attaque qui l'amrait con*-
traint à leur accorder tout ce qu'ils au*
raient voulu. Il faut reconnaître aussi
que l'irrésolution, la faiblesse, l'orgueil
insensé, l'imprévoyance inconcevable de
certains princes protestants le servirent
à souhait. Cependant, lorsque la guerre
éclata enfin au mois de juillet 1546, la
confédération était encore assez puissante
pour lutter avec avantage contre les for-
ces impériales. Malheureusement la ja-
lousie de l'électeur de Ssxe et du land-
grave paralysa les mouvements du géné-
ral Schœrtlin qui marchaitsur leDanube,
pour en défendre le passage ; mais ce
qu'il y eut de plus fâcheux encore, c'est
qu'un prince protestant,l'ambitieux Mau-
rice de Saxe, se chargea de mettre è exé-
cution le ban lancé, le 90 juillet, contre
lee deux chefs du parti protestant, et en-
vahit l'électorat, ce qui força Jean ^Fré-
déric de voler à la défense de ses étau.
Manrioe dut se retirer dans Fautomne ; en
revanche,ClMurles-Quint et son frère Fer-
dinand s'avancèrent pendant l'hiver en
Franconie, à la tête d'une armée aguerrie,
après avoir soumis toute la Haute- Alle-
magne. Abandonnés à eux-mêmes, Jean-
Frédéric et Philippe s'apprêtèrent à faire
face à l'orage qui les menaçait; mais lil
bataille de MuMberg (vt^f .), le 34 avril
1547, les fit tomber l'un et l'autre entre
33
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SMl
( 338 )
âMi
à Uquelie la trabisoo eut «uuot d« p«r(
que la faiblesse, mil fiq à U guerre deSoial'-
l^de et rompit (a ligue de» protestants..
Cependant la liberté de coosoienoe, véri-
t^\e but de la confédération, fut con*.
<mi$e quelques annéea après, en lâôS,
par Maurice de Saxe lui-même, et pro-
clamée par U convention de Passau (v^T.
ce nom). C, Zf
SMBRDlSyiior* BlioBs et Daeius
By&taspb.
S]||lTII(A9aM), fondateur duijrstème
d'économie politique qui a seryi de point
de départ à la science moderne, naquit
le 4 juin 172S, à KJrkaldy, en Ecosse, où
sqii père occupait l'evaploi d'inspecteur
des douanes* Il le perdit quelques moia
^iprèf «a naissance, et fut enlevé, à Tàgft
de trois ans, par une troupe de bobémiens.
Retrouvé au bout de quelque temps , e(
tiré de leurs mains , il fut envoyé à l'u-
niversité de Glasgow, puis a celle d'Ox-
ford. Un tç«npéraqient délicat, joint à
vn cacaoèra sérifU3(, fit qu'il s'adonna
4e bonne beure aux sciences exactes et
spéculatives, sant toutefois négliger l'ér
^uie des belles-lettre^. Au bout de sept
ans, il retourna dfina som pays natal, et ne
a« seotant pas de vocation pour Télat
occlésiastique , auquel l'avait destiné sa
mère, il donna, dès 1748, à Edimbourg,
des leçons de rhétorique et de littéra-
ture. En 1761, il fut nommé professeur
de logique à l'université de Glasgow, et,
l'année suivante, il eut la chaire de phi-
losophie inorale. Ses cours, très suiyîa a
oett^ époque, n'ont malheureusement pas
été recueillis, mais il en a fait entrer dana
ses diHérenta ouvrages des fragments qui
font vivement regretter cette perte. Sa
Théorie des senXùneiUsmoroMJCyfiVihïié^
en 1759 • avait déjà fbnflé sa répuutîon
comme philosophe et conune écrivain ,
lorsqu'il se décida à aooompagoer le duc
de Buccleogh 4%9ê «e^vc^ages sur le con«
tinent. }\ piMTCOUcut avoc lui la Suisse et
le midi dç la France, et s'arrêta à Ge-
nève , à Toulouse et à Paria. Ses liaisons
avec les éçauoqù^t^ français, les docu-r
menu qu'il recueillit sur l'état de ce pays,
forent une i9A^enot marquée sur la com*
position de so^ grand ouvrage : Jnquiry
iiuo tke nmuK^ (md çatuôiqfihêfveakà
o//9aijojaf , Uiidees, n76, X vol. in*4^
Ce livre, traduit dans toutes les langue^
valut bientôt a «ou auteur une jrenommée
européenne, et fit une révolution dana
la, science de l'économie politique {voy^
ce mot, T. IX, pu 116, 120 et soiv.)«
Deux ans après aa fmhlioatioo , Adaoi
Smith obtint, grâce au crédit du duc do.
Qucclengb , son élève, la place lucrative do
oommiasaire des douanes en Ecosse. Il ao
fixa à Édimbp.urg,oùil passa les douae der*
nières années de aa vie au sein de l'aisanee,
et livré aux études sérieuses qu^ avaient
fait le charme et la gloire de sa vie. U
nsourul le S juillet 1790, après avoir
donué l'ordre de détruire tons ses mano*
scrits» à l'exception de quelques essais dé*
tachéa qui ont été publiés en 1 76ft,.in-49^
par ses amis et exéicuteurs testamentaires,
Ifs docteurs Black et Hutton.
Il a paru en 1 8 1 7 une édition deadfiMi'
w^4 wmpiéiei d'Adam SmùAf avac nne
notice sur sa vie et ses écriu, par Da«
gald Stewart, 6 vol. in*ë**. On y ramai^
que : une Repue des diiten systèmes de-
philosophie momie dans l'antiquité;
une Critique du Dictionnaire de Jokt^
siM , qui avait été insérée dans le 2* n^
de ^ancienne Revue d'Edimbourg , en
1764, avec. un Ubleau rapide de l'élat
des sciences et des lettres en Ensope è
cette époque; une Dissertatàm sur l'o*
rigine des langues^ etc. Il paraît qu'il
avait composé un traité de rhétorique
resté inédit, auquel le docteur H. Blair
reconnaît avoir eu de grandesobligations;
car Smith n'était pas seulement un éco-
nomiue de premier o|Mke , on moraliste
éminent, c'était encore un écrivain dia->
tingoé, et il avait étudié la littérature
dana ses rapports les plus intimes aveo
l'intelligence et la sensibilité hunuines.
Noua devons renvoyer aux articles spé»
oiaux qui traitent de ces sciences Fappré-
ciation deses travaux sur l'économie po«
litique et sur la philosophie osorale; con-
tentons-nous de dire ici qo'en cherchant
une base a la première <kos W travail^ è
à la seconde dana la sympathst , il a co
la gloire de proposer àftux. solutions nou-
velles , dont Tune au moins a résisté è
la critique. La théorie dçs semiimenss
moraux a été traduite eo firaoçaia, dV
bond eo 1764, pacdeox. aoooyaiefy )
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SMl
(3Sd)
fol. im-î% «t Mi-8^; ««feiiîtft par IliUbé
Bkvet, 1774 et 178l7, 2 vol. ki*12; «I
enfin par M""* de Condorcet, 1798, %
vol. in-8«y qui j ft joint les ConjWrfrn»
tiomf sur l'origi/^ tt la fonmatiem dê$
Immgues^ déjà tndnîteften 17ft6 par H.
Bonlard, Une première traduction des
hnherdmt »mr U iMivrtf e/ Us caH$€*
4$ la riekeêse deê matùms f par Tahàié
BUvet (Tverd«ft, 1781, 6 ^ol. în-lS) ,
Ait ploiieors Mt réimpriniée. RcNioker
§m donna une antre en 1780, 4 toI. in*
tf". CeUe de Germain Garaier, 1800,
dont la 9* édition a para en 1823, 8 ¥ol.
n«8^, avee notea, etc. , a £ait oublier Ut
pvéeédentei.£lleetteompri9eiki»)aCe^
kctwH des pféacipmuas économistes du
UbraireGuUtanmin, fr. ln-8S t. Y et Yl,
ou elle est précédée d*une notiee bîofra*
phiqne par II. Blenqui. Lee ûfmvnr
posthumes djdam Smith ^ a^ree b mst*
tiee de Ongald Stewart (v<irO> ^^ ^^^
tradniiei par le profeatenr P. Prêtée^ de
Genève, 1707, % vol. in-8^. E*t.
8M1TH (air Wuxiam Swit)^ né à
Weataainater, en 1764, était filad'un an^
GÎMi aide-de-camp de lord SackviUe; Il
«itra dana la marine anflaiae à Tâgede 18
ana , et y obtint un avaneement rapide s
il était déjà capitaine de firégate à la eon-
ehiaion de la paii de 1788. Avide de
gloire, iialla offrir aeaaenricea à la Snèdct,
pnia à la Porte; maia lorsque la guerre
éclata entre la Fianoe ei L'Angleterre, il
ae béu de rejoindre la ieUe britannique
q|ai croisait devant Toulon. Quand cette
ville fut reprise par les armées de la &éK
publique, ee fut lui qia» Pamirai Beod
ebargea d'incendier l'araenal, eommia-i
aioii dont il nu s'acquitte que trop bsen.
En 1796, U eut Fandace éê pénéirev
dana le port de Brastanee sa frégate soue
pavillon trieelere, eCyassec beuieun peue
«s pus être reeonmi,! là rappoeu à sou
aiiiwJ, Warran, ua éial ûact dea forcée
nuvales fran^aisea. L'année suivante , il
lili aaoînsbeureuiiLdavakraideduBavre.
JFait prisonnier, Il lut Uramafièré à Paria,
ut enfermé au Tempk d^eà qne^uesi«^^
divi^is, ennemis du gounremeaaent, per^
vinient à lo faire évadw^.'A sud retour
ftt Angleterre,il fm tecneillâ aeec le pi»
vif entbouaiaame. Lemînîstèie lui CMifia
le oemmandemeAt du Tigre de 80 ca*
etPeutoya MÎeindPt la slallilii de
la MédilefTanée.Ses effbrtt réunis àeeux
de sun frère James Spencer 8mi|b, aid<»
nistre plénipotentiaire à CSonstantîunpU^
décidèrent \k Porte à signer avee PAu*
gWterre un traité d'alliancu dé(enaftvu|
ayant pour but révaeuetion de l*Ég]rptct
La conunodore se raidit ensuite sur les
c6tes de Syrie , s'empara de la fiottille
française mouillée à Gaina, et, par ee aue»
eàa éclatant, onotriboa puisismmint à
Isire éebouer l'eûtrepcise de Boneparle
sur Saint«Jea»Ml'Acre ^. L'année ans*
vante, il aignaavecKiéber la oonvantian
d'£l*Ariacb (vof.) que kwd Keitb reluaa
de ratifiari puia il ritnuma eu Anglu»
terre o4 il lus comblé d'bouueura. Bu
1809, Koebeater Fébit pour aon repré«>
sentant au parèemant. A k luplure deb
paix d'Amiens, il obtint le sammsuds
meut d'une escadre légère deus la llaB«t>
cbe. Nommé caaHre-amiral eu 1888, il
alla n^ndre dmu la Méditerranée 1^
mirai Golliogwood, qui le ebargea de pru-
t^ger la Sidle et d'inquiétai Ua Pranfaia
alors m^trm de NaplM. En 1 807, il croi.
sait à Fembouobnre du Tage toraqne le
prineerégaut du Portugal, foyanl «kvant
Juttot, se réfugia sur ses vaiBseana cl m
fil par bit transporter su Brésil. Depuis
celte époque, sir Sidney Smith ne 8at plus
eaaployé activeaaent ; il Soaaba mèmadana
une espèce de disgrâce qu'eu altrâMM aux
atteutione qu'il eut peur la prineems de
Galles pendant sou voyage sur le oeuti*
nemi. En 1814, |dusieure sociétés pbi^
antbropfcpses cbargèrent l^amiral d'aMar
dèmUnder au congrès de Ylenne F^bol»*
tien de Fesdavegeet realirpnlion dea pc»
lutes barbaresqnes. Su mMou n'eut auH
cÉu résultat; cependant il ne renoufa
pas à aon idée favorite : il forma à IWfa^
en 1815 , une société mnei-pimêe qui
sTesl dissoute eu 18 1 8. Il vivait euFvaueev
sa uemiuattau, par Guilbpnnu iV, au
gradede Keulauao« général de la mairiue^
lo rappela dana m patrie en 1880. Ccm
pendant il revint à Paria, et y naeurut le
|> M mal t848. C. L. m.
(*) Oo Mit quMt «nroya aa cartel an géliélral
an «Uf d« l'amée répabUcdM, qui aT& Miftà
l'ordfw da joer qae la ccmm^àoê^ était dav—e
foa » «t qa« catta proTOcakioa ne (ot poict m*
captéa* _^ ^
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SMO
(340)
SMO
SHM^RNSK, Tillefortifiée délaRvi*
sie oocidfliitale, sur k ri^e gaothe du
Dnieper, ebef-Uen du gcmvenieiiieiil da
Même nom, une des olelv et une des plus
•neiennéf ailles de Templre, D*après les
p«iblicationsoflîcielles,eUe avait en 1843
1 1 ,000 hab. Au noyen^âge^Smolenak fut
le sléf^ d'une principauté parUouUère,
dont le chef prit même quelquefois le
titre de grand-prinoe. Soumise par les
lithuaniens en 1404 , elle fut replacée
sous la dûminatien moscorice lorsque la
trahison du prince Michel Glinski (yoy.)
l&wt eut litre la tIIIs en 1 5 1 4.0n entoura
alors cette dernière de fortifications im-
portantes qui toutcfoisn'easpéchèreBt pas
les Polonais de s'en emparsr encore en
1611. La paix de Déoulina (1618)et
oeHe de Viazma (1 684) leur en confirmè-
rent la possession ^ mais, en 1 667, Smo«
lensk fut définitivement rendu aux Rus»
ses envertttdutraîcéd*Androu8Bof(iior*)*
Pierre-k-Grand en compléta le systènie
de fortifications.
C'est sons les murs de Smolensk que,
le 8 août 1812, après l'invaûon desFran-
çais, lesdetix masses principales de l'ar-
mée russe, sous le commandement de
Barclay de Tolly et du prince Bagrathion
(vo^. ces noms) opérèrent leur jonction.
Cependant le premier de ces deux géné-
raux, inTestî du oommandement suprême,
ne jugea pas à pro|pos de livrer bataille
pour essayer de disputer a nos troupes
cette ville réputée sainte^ et qui renfer*
mait une garnison de 80,000 hommes
derrière ses murailles hautes de25 pieds,
épaisses de 16 , et dont on venait de
réparer Tenoeinte dans toute son élen-
dos de 4,000 pieds. Ne voulant pas
se laisser oouper de Moscou, suivant le
plan de Napoléon, il se porta derrière le
Dnieper et la ville. Celle-ci fut aus8Ît6t
attaquée, et, après un combat meurtrier
pendant lequel les flammes en ravagèrent
une grande partie, les Français y entrè-
rent le 18 août 1812. Ifais^le 17nov.
suivant , ils furent forcés de Tévacuer.
Le lendemain de la prise de la ville eut
lieu le combat de Valoutina (et non pas
Valontina) où l'arrière«gsfrde russe, sous
Korff, fut entamée par Ney à la tête de
l'avsnt-gsrde française. Quant au fdd-
maréchal Barclay, on sait que le mécon-
tsntement des Russes ne lui permit pat
de conserver le oommandea^nt de l'ar-
mée. S. '
SMOLLBTT (Tonus), romancier et
pobttdste écoisais du xviii* siècle, né en
1730, dans le oomté de Dnmbarton^
mort à Livoome, le 21 oot. 1771, oc*
oupe^ dans les annales intellectuelles de
l'Angleterre, une place beaucoup plus
importante que celle qui lui est assigoée
par b plupart des critiques, mais moins
haute et moins honorable qoe le rang
dont Walter Scott le juge digne, en le
plaçant sur le niveau de Fteldiog. Les
tories et les jacobites oot exagéré son ta-
lent qit'ib ont transformé en génie; les
whigs, dont il était l'ennemi, en ont (ait
un écrivain vulgaire et sans valeur. C'est
ainsi que flotte dansTincertitude des opi-
nions contraires toute l'histoire de la lit-
térature et des arts chez nos voisins.
Contemporain du mouvement ascen^
sionnel qui emportait les whigs, Smollett,
doué de beauooup d^prit, de sagacité et
de verve, se consacra non-seulement à lu
défense du pouvoir, mak aux intérêts de
l'Éoosse, sa patrie, et du ministre écos-
sais, lord Bute, qui dirigeait les consetia
du souverain. Il fut caloBNuié, haï et dé-
précié : son talent y perdit, non de la
vigueur et de la puissance, osais de la
souplesse et de la grâce; et^ ses vengean-
ces continuant è irriter ses ennemis puis-
sants , son caractère et son style s'enflsm-
mant et s'irritent à mesure qu'il conti-
nuait la luUe; il fut dépouillé, par cette
étrange situation, d'une partie de sa gloire
légitime. La trempe de son caractère ir-
ritable et facilement militante, les goûts
d'élégance et de luxe dont il ne pat ja-
mais se déftnre et qui ooTocidaient avec
ses tendances arktocratiques, achevèrent
de détruire ou da compromettre sa posi-
tion, déjà mise en péril par la générosité
d'un mariage imprudent. Il lutta contre
le courant des opinions générales et de
sa propre fortune^ exempt de vénalité
comme de crainte , et bravent , avec un
mépris qui allait souvent jusqu'à la co-
lère, les calomnies dont il était l'objet.
Le parti popclaire était aussi celui de la
sévérité calviniste, de la réserve excessive,
de la pruderie exagérée : Smollett, com-
me Fielding, Butler, Pope, Sterne, Swift
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SMO
(«41)
SMY
•C loQt Im éortndBS qa« eeCta •oMérité
■léoooteatait, arbora l« drapeau, fort
condamnable d'aillanrs, de cette licence
da langa^ ti fréquente ehei Sierne et
sème chez Fieldinf . De Ui, cette accusa-
tîon dVibBcénité dont set eonemii s^em*
preiicrent de le flétrir^ tandis qu'ils lais-*
•aient dans l'ombre les immondes équi-*
Toqoes de l'auteur de Tyùtram Shandf^
ministre de l'Église anglicane.
Les détails que nous Tenons de donner
eipliquent toute la ^ie de SoMllett, chi-
rurgien sur un vaisseau pendant sa jeu-
nesse, et tour à tour historien simple et
élégant {Complète HUtoty ofEngland,
Londres, 1 768, 4 vol. in-4*), poète éner-
gique {The teart cf Scotland^ ou l'É-
cosse en pleurs, 1747; ie Conseil et
la réprimande; Ode à l'indépendance)^
remaocier, satirique du premier ortfre
{Roderik Eandom^ 1748; Peregrine
PicÂle, 176lj ffumphryainker, 1770),
et polémiste habile dans la Criiical
MePietv {vay. T. XX, p. 46 J)*. C'est
lui qui a saisi et reproduit avec le plus
de naïveté et de talent les mœurs et le
langage spéciaux des marins anglais. Sou-
vent, il est vrai, dans cette imiution trop
fidèle, il dépasse les bornes de la décence
(*) Tout ct% roouos ont été tradoiU en fran-
cait et à plnsieurs repriaei : lea ÂPênturts dt
kodtrlk Eandom, roman o4 Ton croit qne Paa-
tenr a'eat peint lui-méma, à répoqne oà il ae
troarait an aiége d« Cartluîgèoe vomme cbirar-
gieo, le furent d'abord en 1761, et eurent de
aombreafcs éditions, dont nona dterona celle
de Paria. 1797, 4 vol. in-ia.Béa 1753 avait para:
AtHetrt 9t CMRinr»! 4* tir ff^UUom PieUê , trad.
de Tangl. par Tou^saior, Aroat (Paris), X753, 4
toi. iu'xa ; DouT. éd., Paris, an VIF, 6 ▼. io-ii.
•Fathom tt MêUit fut trad., sur la i5« éd. angl.,
par Bertin , Paris , an VII, 3 vol. in-ia. £a£n le
f^mjragê da Sumphrjr Clinkar fat également natu-
ralisé en France eu 1816,. 4 %ol. in-is, ainsi que
les À»9nturts de tir LauncUot Grtm»a » x8a4 , 4
roU io-f 9t ronan que Smollett, condamné ponr
libelle, écrivit sous les verrons. VBiUoire d'ÂH'
glêttrrt, trad. par Targe, se divi»e en denx sec-
tions: la t***, depuis la descente de Jules-César
jnsqa*aa traité d*Aix-lii Chapelle. Orléans, 1759,
19 vol. in* I a( I» a* depuis ce traité, en x 74S, jos-
S n^au traité de Paris, en 1763» i768,5ToUin«xa.
omme au-delà de la Manche, elle ■ été souvent
réimprimée dans les éditions françaises de rais-
toii'e d^Angleterre par Home (v«/.) et ses eoa-
tinuateors. On sait enfin qoe Smollett «atreprit
une traduction de Don Qmicholit, et qa^U publia
une relation de son voyage en France et en Ita-
lie (1 763-65). BCoore et Walter Scott oat donné
des BOticea mit se vie. g.
et encourt le même raprocbe que l'on
peut adresser aux artistes Van ÛMade et
Téniers* Mais la facilité^ la vivacité, la vi-
gueur du style feront vivre, en dépit de
certaines censures puritainesi les csuvres
de cet écrivain, qui, s'il a quelques-uns
des dé(auu des peintres flamands, la
vulgarité et la minutie, a aussi leurs mé-
rites, l'étude sincère de la nature, de la
vérité de l'observation, et Part du dé*
tail. Pk. Cm.
SMTRNB (nommée par les Turcs
ItaUr\ ville grande, industrieuse et prin*
cipal port de la Turquie d'Asie, est située
dans une contrée ravissante, sur le golfe
du même nom, formant une échancrure
asseï profonde du littoral occidental de
la Natolie {yoy. ce nom). Elle s'élève en
amphithéâtre sur la pente d'une monta-
gne, couronnéi^ par un château en ruine.
Deux autres châteaux la défendent du
côté du golfe et du côté de la terre. L'as-
pect général de la ville, où se' presse
constamment une foule bruyante et af-
fairée, ne manque pas de charme; la
plupart des maisons toutefois n'y sont
qu'en bois, et d'un seul étage. Les rues
sont étroites et sales , à l'exception des
rues couvertes. Elles garanlbieot parfai-
tement contre l'aixleur des rayons du so-
leil, mab ne permettent aucupe circula-
tion de voitures. La partie la plus belle
et la pltis opulente de la ville est le quar-
tier des négociants européens ou quartier
des Francs, voisin de la mer. On y re-
marque de riches et brillants bazars. Mal-
gré les ravages que la peste, lestremble«
ments de terre et l'incendie ont souvent
causés dans cette ville , la population y
est toujours très nombreuse; on l'évalue
de 130 à ISO, 000 âmes, douta peu près
la moitié se compose de Turcs, l'autre
moitié de Grecs, d'Arméniens, de Juifs
et d'Européens de toutes les nations.
Parmi ces derniers, 00 compte près de
mille négociants domiciliés. Le genre de
vie de la population franque, dans lequel
la civilisation de l'Europe, avec toute
l'activité et les divertissements variés qui
l'accompagnent se déploie librement, for-
me un piquant contraste avec les mœurs
et les habitudes graves et mesurées de
l'Orient.
La position deSmyrne, l'étendue et la
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SM¥
(3*t)
SNO
tidneté é» m rade, là ladff té de ma eoiii*
MiBliftcatioiM par caravaiMs avec IcspartTei
Iftft plus éloigoées de l*hitérieury ont ren-
du cette place lapins importante dn Le*
vant, après Gonstantinople. Elle est IVn-
trep6t général des produits de TA^ie-Mf^
nenre , ainsi que de ceux de ISndustrie
ettTDpéenneet des denrées coloniales im-
portées en échange. Le chif ft*e des Impor'^
talions s'y élevait, en 18S5,àl6^758,600
fr., celui des eiportattons à 35,797.600
f^. Depuis queloues années cepeuaànti
le commerce de la soie y diminue beaà-^
coup ; celui du Suivre s*«t concentré k
Tarsotts, mais celui des fruits secs y est
toujours immense. Parmi les diverses fii«
briques de cette ville, les plus renommées
sontc elles de tapis.
Smyme, avec son territoire, forme
aujourd'hui un petit gouvernement, régi
par un pacha à trob queues. Elle est le
siège d*un archevêque Grec, d'un arche»
^que arménien et d'un mollah turc de
première classe. Les Grecs y ont un col-
lège où Ton enseigne la littérature et les
Miences. Il y existe deux couvents ca-
tholiques, un de capucins et un de fran-
tHscaios, et plusieurs hôpitaux pour les
chrétiens d'Orient et d'Occident. Pres-
que toutes les puissances commerciales
de TEurope ont leurs consuls dans cette
ville, où se publie aussi, comme on sait,
un journal en langue fhunçaise.
Quoique Sinyrne n'offre plus aucune
antiquité remarquable, elle a contribué
peut-être plus ({u'aucune autre ville de
l'Asie à enrichir les collections et les
cabinets des antiquaires de l*Enrope.
Celte ville était probablement une colo-
nie d'Éphèsé ; bU sait qu^elte comptait
parmi les cités cjui revendiquèrent l'hon-
neur d'avoir donné le jour è Homère,
dont une antique tradition place le ber^
ceau non loin de II, sUr leé bords du
Mélès. Les colonnes du monument érigé
dans la ville en Phonneur du prince des
poètes servaient de lieu de réunion aux
citoyens, et les monnaies y étaient frap-
pées à son effigie. Gomme les autres cités
grecques de l'Ionie , Smyme fleurît de
bonne heure par le commerce et, par
l'amour des lettres et des aru; puis,
comme ses sœurs , elle tomba an pou^
Voir des Lydiens, et fut détruite. Plus
taré, Lysfmaclue ou, setoh Arabon, ûéjà
Alexandre la rebâtit, et elle ne tard»
pas à recouvrer son ancienne prospérité^
mais, pendant la décadence de Tempiru
byzantin, elle dépérit de nouveau, et
au commencement du xnt* siècle elln
était en miné. Son importance commeN
claie ne se releva qu'à la fkveur du calme
qui suivit l'affermissement de la domi-
nation othomane dans les contrées &a
Levant, dont elle devint bientôt l'échelle
la plus ft'équentée sur le rivage asiatique.
Un affirenx incendie y a détruit en quel-
ques heures, le S9 juillet 1841, environ
4,000 maisons, le tiers delà ville. Gtt. T.
8NORRI-8TURLU80N. n existe
beauct>up de variantes au sujet de ce
nom; en latin, il a pris la fbrme de
SnorrOj et nos auteurs modernes écri*
vent tantôt Snorri^StuHeson^ et tantôt
Sturiason , parce que son père se nom-
mait Starlu, Mais ce mot islandais fait
au génitif «Smr/a, et c*est ainsi qu'il se
combine avec le mot son, fils. Snorri,
qui est regardé comme le plus grand gé*
nie du Nord des temps historiques, na-
quit, en lits, à Hvamm, propriété de
sa (kmitle. W fut un des chefs du peuple
Islandais. A peine âgé de 4 ans, il alla à
Oddi, et entra, comme fils adopttf, dans
la famille de Jon, le petit-fils du célèbre
Saemund , et le savant le plus distingué
de son temps. Jon s'appliqua conscien-^
cieusement à développer les dispositions
remarquables que Sturluson avait reçues
de la nature. Son élève devint à la fois
philosophe, mathématicien, architecte,
artiste, légiste, philologue, antiquaire et
historien. Il prèMUta les Sagas sous une
forme admirable, et s'acquit de la repu*
talion comme skalde. Pauvre d'abord ,
un riche mariage le mit en possession
d'une grande fortune qu'il sut encore
augmenter. U en consacra une partie à
élevée de beaux édificeë à Reykiabollt.
A partir de 1218, il exerça à plu*^
sieurs reprises les fonctions de logsogtt^
madrf la dignité la plus éminente en
Islande. Il était placé si avant dans l'es-
time du roi, et du iarl de Norvège, où il
fit deux voyages, qu'il fut nommé lan"
dur- madur on hëron^ puis /or/, dignité
qui suivait immédiatement celle de duc.
Sbn caractère contrastait singulièrement
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S«Y
(348)
SOB
•tae l^Mprk qui règne ditts aes Gcnvrcft :
il était âTBR, quetielieur, SlicoiksttDt , et
il abanddima son épbttte, à qui il déirait
tout. Eo 1 380, Il èe vit obligé da s^enluir
de Reykiahollt en laissant ses propriétés
à là merci du parti à la tète duquel était
aoa pro|f»r« frère Sigbwat et son neveu
Stnrla. Il se sauva en Norvège, en 1384,
avee le parti vaincu, et y débarqua au
BMment oà son protecteur, le iarl Skuli,
allait sa révolter contre le roi Hakon.
Bturittson combattit le monarque, non
pas avet lea armes, mais la plumé è la
main. Cependant la chute de Sighwat
«I d« tén parti lui permit bientôt de
rstourttèr en Islande; mais la vengeance
du roi Vj poursuivit. Ses propres gendres,
Rolbëin et Oissur, l'assassinèrent à Rey-
kiahollt, le 13 septembre 1341. Le prin-
cipal iMivrage de Sturluson est le Btims*
Kringla (Oràis ma/t<iif),auquel on a ajou-
té,commeappendice,leschantshistoriqttes
des skaldps contemporains. Peiringskiold
en a publiéunê traduction en suédois et en
danois (Stockh., 1697,in-fol.);uneautre
trad. danoise, celle de Pierre Glausson, a
été réimpr. par Grundtvig (Copenh.,
1818-33, 8 vt>l. ito-4*). Le nom de StUr-
Ittaon a été immortalisé aussi par la Snôt^
tn Edday dont la première partie surtout
porte le cachet de son génie. On ne peut
douter non plus qu'il ne soit Tauieur
de la partie de la Sêalidn^ appelée Kan-
tdngary OU SkalldsAaparnïaij ainsi que de
HaUafykili (Chef des mélodies), chants à
la louange du roi Hakon et du iarl Skuli,
publiés par Rask dans un recueil intitulé
Skorm^Edda asami skàêdn (Stockh.,
1818). On lui doit enfin un grand nombl^
de Braedibaeknr ou ouvrages de science,
sans parter de plusieurs petite poèmes.
F&f, nos art. Edda, Islakoaisb (//ff.),
•t l*ouvrage allemand de Wachter, Intro»
dmetkm é la traduction du Heims'Krinf
gta. C. L.
SNTDBftS ou Sktbes (F&akçois),
un des plus célèbres peintres d*animaux,
né à Anvers en 1579, mort en 1657,
ne s'appliqua d'abord qu'à la peinture
des fhiiu. Élève de Henri Van-Balçn,
Snyders ( prononcei Sneîders ) travailla
beaucoup avec Rubeos, qui se plaisait ii
rendftt justice à son mérite* On a de lui
ma grand nombre de tableam avec des
figOresdeRubenSydéJok^daens, déHont*
hbirst et de Mierevelt, qu'il est difficile
de distinguer des siennes. Philippe m
d'Espagne, ayant vu une chasse au cerf
de ce grand maître, lui commanda phi-
sieurs tableaux, ainsi que l'archiduc Al-
bert, gouverneur des Pays-Bas, qui le
nomma son premier peintre. Il représen-
tait les combats d'animaUx avec la plua
grande vérité, et savait saisir et grouper
avec un art admirable toutes les nuances
des passions, le courage et la crainte, U
colère et la fureur, la ruse et la cruauté.
Ses combats d'ours, de lotips et de san*
gliers, ornent les galeries dé Vienne, de
Munich,deDresde,deSalQt-Pétersbonrg. .
Il ne peignait pas avec tholns de vérité
les animaux en repos ou morts, les fruits,
dés intérieurs, etc. C. L,
SOBIB8KI ( JtAir) , roi de Pologne
de 1674 à 1696, et III* du nom {voy.
T. XX, p. 9), naquit en 1639^^, au châ-
teau d'Olesko, dans la Petite-Pologne
(district dé ZloczOw, de l'ancien palati-
nat de Belz),et descebdait d'une famille
puissante et illustré pat* ses exploits. Son
grand*père,MA.aG, né Vers 1535, frappé
de mort k l'Assaut de Sbkot, en 1 58 1 , fut
palatih de Lublin et le Hval de rillustre
Eamoyski (vo^.), sous le rè^e d'Etienne
Bathori.Son père, ^ACQtrfes, fit la guerre
de Russie sous lé grand Zbikiewiki, dont
il épousa la petite- fille, et sl^na, le i 1
déc. 1618, le traité de Déoulina entre
la république et les Mostovités. « Ce fut
lui, dit son royal fils dans une note qu'il
nous a laissée, qui, dans la feampagne glo-
rieuse de Choczym rKhotttae) , membre
d'une commissioti investie des pleins
pouvoirs de lA diète pour la conduite des
hostilités, réussit à conclure la paix avec
Tempereur Ostean (9 oct. 1631). Depuis
ce succès, il fbt chargé de toutes les né-
gociations de la république avec les Sué*
dois, lesCoséks, lesTàtars, les Mosco-
vites, les Turcs. Quatre fbis leï nonces
le mirent è leur tête dans les diètes en
l'élisant maréchal, et 11 finit par arriver^
de charge en charge, au poste de premier
(*) lïoas trouvoDS ailleort , mais taiu indica-
tion de la Bonrce, le a janrier 1634* ^ one note
de M. de SaUandy [BistmM th P»A»f»e «'«m éi
S9IU U r^i Jhm Sobiùki^ t. l«r, p. léf )« qoi d«Ba«
cependflut lui-même Taonéc lôa^^seiqble venir
à rftppui d« UttC VariSnM. S.
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(344)
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iéoateiir téovlier d« la Pologne, à titre
de cMlelÛD de Cracovie. » Jacquet So-
bieski, ami des arts et des sciences, que
ses richesses lui permettaient d'encou-
rager efficacement, se distingua lui-même
comme écrivain. Il a décrit la guerre
deCihoczymyà laquelle il eut une si grande
partydans un ouvrage intituléCo//imf /iia-
riorum Chotimiensis belU lib, Ily Dan-
tzig, t646, in-4^ Il présida lui-même à
la première éducation de ses deux fils
aines, Marc et Jean, laquelle se faisait à
Zolkiew, héritage du grand Zolkiewski,
et il les envoya ensuite à Paris pour la
perfectionner ; il mourut bientôt après,
en 1645.
Jean Sobieski tint à honneur de com-
mencer, sa carrière militaire dans les
rangs des mousquetaires du jeune roi
Louis XIV, et il s*y fit distinguer par le
grand Condé, qui lui prédit un brillant
avenir. Après avoir visité les différentes
parties de l'Europe, il accourut en Po-
logne à la nouvelle de la miort de Vla«
dislaa Wasa, et vint mettre son bras au
service de Jean-Casimir, nouvellement
proclamé roi. Uinsurrection des Cosaks,
sous la conduite de Bogdan Khmielnicki
{yoy,)^ avait mis la république à deux
doigts de sa perte. Les deux firères prirent
aussitôt les armes (1649) et signalèrent
leur jeune courage par des faits glorieux.
Son brillant début valut à Jean la staros*
tie de Jaworovr. En 1661, il se distin-
gua encore à la bauille de Beresteczko,
gagnée sur les Cosaks et les Taurs. Éloi-
gné pendant quelque temps de Tarmée
par une blessure, il apprit à la fois, dans
sa retraite, la mort de son firère Marc
Sobieski et la nouvelle ligue des Russes,
des Cosaks et des Suédois^ qui , sous la
conduite du roi Charles-Gustave, avaient
envahi le territoire de la Pologne. Jean
Sobieski ressaisit aussitôt son épée, et
courut prendre part aux fatigues et aux
dangers de sescompatriotes pendant toute
la durée de cette guerre» qui se termina
par la paix d'Oliva , laquelle rendit aux
Polonais les posaessionsque Charles-Gus-
tave leur avait enlevées. Bientôt après, les
Cosaks et les Russes rentrèrent en lice;
mais Sobieski les força à la retraite par
Téclatante victoire de Slobodyaza(l 660),
où il emporta avec une rare audace des i
retranchements hérissés d^artiUerie cft
défendus par 70,000 hommes. Pour
prix de ce nouvel exploit, il reçut (1666)
la charge de grandHOiaréchal, et quelque
temps après il épousa Marie-Casimire
d'Arquien , de la maison de Bétbuoe ,
veuve deZamoyski, palatin de Sandomir
et Tun des plus grands seigneurs de la
Pologne.
Un nouveau danger menaçait la pa-
trie : une armée innombrable de Cosaks,
de Taiars et de Turcs venaient encore
d'envahir son territoire, et Jean-Casimir,
faute de ressoiurces pécuniaires, n'avait
pas d'armée à opposer à ces barbares.
Dans cet imminent péril, Jean Sobieski^
investi de la charge de grand-hetman de
la couronne (1667), engagea ses biens,
réunit à grand*peine un corps 4le 20,000
hommes, et, avec cette faible ressource,
oâa venir affronter l'ennemi qui se re-
gardait déjà comme maître de toute la
Pologne : deux victoires décisives dé-
tournèrent l'orage et sauvèrent la répu-
blique.
Sur cesentrefaites(1669), Jean -Casi-
mir venait d'abdiquer et de se retirer en
France. Michel Koributh Wisniowteeki,
qui lui avait succédé, s'était hâté de si-
gner une paix désavantageuse avec les
Turcs. Mais l'autorité de Sobieski était
déjà supérieure à la sienne : il fit désap-r
prouver cette paix par le sénat, et, se-
condé des voîvodes de Moldavie et de
Valachie, il marcha contre les Turcs, qu'il
rencontra, le 11 nov. 1678, rangés, au
nombre de 80,000, autour de Chociym
{voy. KoBPRiu). Le jour même où il ga-
gnait cette célèbre bataille, qui l'éleva au
niveau des premiers capitaines de l'Eu-
rope, le roi Michel mourait sans enfants,
et la diète se réunissait pour élire un
nouveau souverain. Sobieski se hâta dA
se rendre à ceUe assemblée, et, au milieu
des . divers concurrents qui se présen-*
taieot pour obtenir les suffirages de la
majorité, il jeta le nom du grand Condé.
Cette proposition inattendue, maiscaU
culée de la part de son auteur, allait tout
remettre en question lorsqu'un membre
influent de la diète, Stanislas lablonowski,
demanda qu'un Polonais fût seul appelé
au trône, et que ce Polonais fut Sobieski.
Oè» ce moment, les incertitudes fie. la
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(84^)
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ykn 9ruîd0 partie des él«et«yn hrmt
filées, ei, rermée aidant, Jean Sobietki
lot prookHDé roi de Poiégoey le Si mai
1674, après une longne et orageosedîs^
. Cependant les Tares araîeni prtffité
des troubles inséparables d*ane nouvelle
élee&îoD, et, après s'élre emparés par sur-
prise d*Uuman (Oumâo) et de plusieurs
antres localités sur la frontière de la Po-
/dolie, ils s'étaient retirés dans leurs quar-
tiers d'hiver. Sobieski, une fob en pos-
session de la oourrâne, se hâta de ras*
sembler une armée pour profiter de rem-
barras que les Moscovites donnaient alors
à Fennemi. Le lieutenant de HabometlV,
Ahmed Kesprili, foreé dans ses retran-
cbements, repassa bientôt la firontière;
mais, Tannée suivante, il revint à la téta
d'une pttiisante armée attaquer à Léopol
(liemberg) Sobieski, à qui les tiraiU
lements intérieurs de son malheureux
pays n*avaient permis de réunir que
6 à 6,000 hommes. Il osa, avee cette poi-
gnée de combattants, affronter une ar-
mée de plus de 100,000 hommes, et
nemporta sur elle une victoire des plus
complètes (24 aoàt 1674). La guerre
semblait terminée; mais TAntricbe, in*
quiète des grands succès de Sobieski,
hai suscita dans son propre' royaume des
difficultés telles, que le roi]Be vit tout à
coup abandonné de ses soldats au mo»
ment où les Turci^ revenus de leur pre-
mière surprise, attaquaient la ligne du
Dniester, au nombre de 150,000 hom-
mes, Sobieski réussît enfin à rassembler
quelques troupes avec lesquelles il vint
prendre position dans la place deZura-
now, ou il sut résister aux efforts des
Musulmans assez de temps peur con-
traindre leur chef à lui accorder une
paix avantageuse.
A cette époque (167 9), un grand orage
était près de fondre sur la chrétienté, par
la faute même des puissances européen-
nes. Loroi Jean ni, qui prêchait la néces-
sité d*une ligue pour arrêter les envahis-
sements de la Porte, ne pouvait parvenir
à se faire écouter. Il avait d'ailleurs con*
tre lui le roi de France, ennemi naturel
de l'Empire et aUié des Turcs. Tout a
coup les Hongrois, sous la conduite du
comte Émcric Tuj(<Bli,secc«èrent le joug
de^ la AMmon d'Autriche et appèlèrant
les musulasans à leur aide. L'empereur
Léopold 1^' fit retentir dans toute l*fin-
rope un long cri de détresse, mais il ne
fut entendu que du généreux roi de Po-
logne, qui, à la tête d'une faible armée,
voulut encore essayer d'arrêter un tor-
rent de plus de 100,000 hommes. Le 14
juillet 1663, le grand^visir Kara-Mous*
tapha était venu mettre le siège de^nt
Vienoe, d'où l'empereur s'était enfui
avec sa famille, eu laissant le comman*
dément de son armée au duc de Lor-
raine {vof. T. V, p. 681). Cet habile
capilaioe était trop infisrieur en forces
au grand-visir pour espérer de tenir long-
temps contre lui, et déjà les musulmans
se préparaient à un dernier assaut, lors^
que Jean Sobieski, accouru de Craoovie,
descendit du Kahlenberg avec ses Polo*
nais, vint prendre position devant les
Turcs, le 13 septembre, et s'écria , après
avoir examiné attentivement les prépa-
ratifs du visir : « Cet homme-là est mal
« campé; nous n'aurons pas d'honneur
« à cette sffaire, par la facilité qu'il y aura
« d'y réussir^ » En effet, Kara-Mousta-
phs ne put tenir contre Timpétueux élan-
des chrétiens, et il abandonna le champ
de bauîlle, en laissant d'immenses ri-
chesses aux mains du vainqueur, qui, pour
tonte nouvelle, écrivsit à sa femme :
<c Mousiapba m'a fait son légataire uni*
« versel. » Vienne était délivrée. Le roi
de Pologne y fit son entrée; les habitants
de la ville vinrent lui baiser les pieds et
les bouts de ses vêtements , et tous les
peuples décernèrent au héros polonais le
titre de sauveur de la chnéiienté. L'em-
perenr, jaloux de son triomphe, se mon-
tra seul ingrat envers lui, et le remercia
à peine d'un si incalculable Service. Mais
l'àme de Sobieski était trop grande pour
rendre la cause générale victime d'une in-
jure personnelle : i( résolut d'achever son
ouvrage. Par malheur, les Turcs, quoique
vaincus, étaient encore redoutables, et
il en acquit la preuve à Parkan, où l'ar-*
mée esusulraane faillit, en l'enveloppant,
lui faire perdre le fruit de cette mémo-
rable campagne. Sobieski répara bien vite
cet affront, et, à la suite d'un combat où
il tua 12,000 homoses aux infidèles, il
les chassa de la Hongrie où ils régnaient
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SOG
{^«)
SOC
]Mi «Mtttrcf. Il nalm dans Mé étati au
bruit dM icclamaticMis de toute 1*E«*
rfipe; vais il fut reçu froidemeat. La no*
blêaie oa xeaia d« lui auacltar dtt qi|e«
relhM. Une. fois enoora U courut aui ar-
iBesy en 1691 ^ pour reprendre a«z Tuieft
Kaménielif les repouata de la Bessarabie,
et leur enleva la Moldavie; ma» il laissa
rhonneur du triomphe au comte lablo-
nowskiy grand-r général du royaume, et à
iSapieha^ grand-général de Litbuanie.
Retiré dans sa capitale, il emaya de con-
sacrer les dernières anvées de sa vie
an bonheur da la patrie; mais des dis»
cordes civiles vinient, jusifue daaa sa
propre famille, empoisonner le reste de
sa glorieuse carrière, qui se termina
le 17 juin 1696, è bi suite d'une attaque
d'apopleiie» Ses trois fils furent écartéa
du trône, et sa succession échut à Fré-
déric-Auguste, électeur de Saxe* La fii-
mille de Sobieiki s'éteignit dans la per^
sonne du prince Jagquxs-Louis , qui,
après une vie orageuse, en partie errante^
en partie passée dans la captivité» mou-
rut, le dernier de sa race, en 1784. -p— La
vie de Sobteski a été écrite par l'Anglab
D . Connor, par Pabbé Goyer, et par M. de
Salvandy (vcf,)^ éditeur en outre des
Lettrée dm roi de Pologm^ Jetm So^
kiesklf k la reine Marie^ Casimire^pen^
dani éa campagne de f^iemne ^ dues
aux soins de M. le oomtePUter (Paris,
1826). D. A. D.
60€IABILITÉ,SoGiÂi.isMBX'hoaa.
me a été créépour vivre avec ses sembla*
blés : mêmes faettltés,mémes inclinations,
mêmes désirs, méaMs besoins, tout, jus-
qu'à sa faiblesse qui Tempêche de se pro-
téger et de se suffire à lui-même, lui en
lait une loi : auui sur tous les points du
globe, partout où il se trouve quelques
hommes, les voyons-nous réunis en so-
ciété (vojr,). On peut donc dire avec
Saint-Évremond qàe la sociabilité n'est
pas moins attachée à Tessenoe de l'hom-
me que la qualité d'être raisonnable;
ou, comme s'exprime Pufendorf, que
le premier devoir de la loi naturelle,
est la sociabilité. Si Rousseau l'a nié, c'est
un de cas paradoxes comme on en ren-
oontre souvent dans les admirables écrits
do philosophe genevois i et l'on peut
d'anteni moina se ranger à son avis^ que
ee ptlichant à m rapprbnhnt» è f4n« cft
comilml, nei-inatinet sntoial se raosarqnë
jusque dana oerlâiaes aspkns d'alsi-
Dans l'étet le plus rappro<^ de la
isature, nous voyons d^à les bommea
a'associer pour b ohasse ou la pêche^ 4
■Msure qu'ils se oivillseot. Us deviennent
pasteurs ou agriculteurs, selon qne le eli-
mat et le sol le permettent. Lw assoda-
tionsBont alors plus nombreuses, et, dana
l'un oomase dans Taimm de «s éteU , fl
y a des maîtres et dès serviteurs, e'esl^
à-dire quelques hommes qnd vivent d«
travail de beanooup d'adtrw, avec oatth
diflérenoa toutefois que les terres ne an
perdant paa comme les troupeaux, llné^
galité dea fortunes et la dépendance qui
en est la suite pour beaucoup d'homosea^
sont sujettes à de moins brusques varia-^
tions chez les peuples agrioulieure. Dana
le but d'assurer leurs propriétés, les ni-
ches se Ugueni entra eux; ils ferment
une aristocratie territoriale ; ils instituent
un gouvernement dont ils attendent aé^
curité et protection, et qui les aide à tè^
nir leurs subordonnés, esclaves, serfo ott
sujets , dans la plus grande sonmissiott
possible.Leurs fortunes a'aecmissent aiml
de plus en plu», et moins ila ont besoin
de leurs semblables, plus ils deviennent
égobtes. A l'amour de soi sotat saerifiéa
les deux autres grands ressorts du systèuM
de l'humanité, l'amour de DieU et ceM
du prochain. Il n'est plus question d§
l'intérêt oommun^ ne principe fonda-^
mMitel de toute société, e'est-à-dira qu'il
n'y a plua de société^ car est»ee une as*»
sodatioik réelle que celle oà l'une dea
parties est complètement sacrifiée à l'au-
tre? Cependant la subsistance qu'en tire
du aol est moins précaire que celle qu'on
se procure par tout autre moyen. La po-
pulation augmente done^ les beaoina se
multiplient; et comme les riches peuvent
satis&ire sans peine et sans travail à tous
leurs caprices, ils abandonnent aux pau-
vres, aux prolétaires, le soin de leur pro«*
curer ces jouissances nouvelles. Le serf
devient alors commerçant et industriel |
il spécule sur les néoessités, il fsit naltrtt
des besoins; il s'enrichit et devient pro-
priéteire à son tour. A asesura que cette
d'aficanchis augmente, les
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ROC
(84Î)
SOC
eotM le «Mlfre da m1 et oeloi qui l*ex-
fkÀ9B se relieheilt. En mène teiiipi,)|>ar
les rilefimiê qn^H* éuMiiteiit atee les
étrangers^ par les veyages qu'il» eiigeat,
le QOflimeroe et l'iodastne oontribtteot à
fliMlrttcliDB générale. Les idées s^en-
deat, le seothaeiK du droit s'éteiHe^ et
. l'on iitfit par se demander à quel titre
«ne classe privilégiée s'est résertée la
propriété du sol?
BientAt l'industrie qnl, elle aussi, a ses
seigoeun et ses serfs, ae^oit «snaoée éga-
kment. Plus elle prend de développe^
nents, plus il devient dlffieile de main-
tenir les relations existantes entre les pa-
trons, les compagnons et les apprentis.
On est forcé de laisser le champ libre aux
forces îndiTidnelles, et la Kbni concur-
rence s'établit*
Ce système, si tante par les écoles d'A-
dam Smilb et de J.-B. Say , domine depnis
cinquante ans à peine,et depuis longtemps
on s'aperçoit que, loin de produire tous
les heureux effets qu'on en attendait, il
n'a engendré qn'nne espèce d'anarchie en
donnant aux intérêts individuels une fa»
taie prépondérance sur Fintérét général,
et en tendant directement à rétablir ce
qu'on avait détruit, è reconstituer la
grande propriété par la division i l'infini
des patrimoines, et à tuer la petite indus-
trie par la grande (l^f . SismOHDi).
Remédier an mal est urgent, mais en
trouver les moyens est difficile; aucun de
ceux qui ont été proposés jusqu'ici n'est
satisfaisant. Il est vrai que le socialisme,
eu la science de l'organisation du travail,
est encore dans l'enfance. Les anciens
n'en avaient aucune idée; ce n'est que
depuis un bien petit nombre d'années
que l'on sVt avisé de faire de la société,
dans ses rapports les pins variés et les
plus étendus, l'objet d'une étude scienti*
îique. Fay. AssociATioir.
Le premier qtil entra dans cette voie,
cnse portant comme réformateur de la so-
ciété, fut le marquis de Condorcet (vb/.
ce ilom et les sniv.). Posant en principe
l'égalité de tous les hommes et leur per-
l^lîbilité morale et physique, il réclama,
pour effifcer le contraste choquant de la
fichease extrême et de l'extrême pauvreté,
TeXtension du crédit public aux classes
lÉbbrieuses, la création de caisses d'épar^
gnn sontenuea et surveBléea par le gou«*
verneaaent. A cette réforme modérée,
conçue dans l'esprit des Girondins, Ba-
beuf, dont les théories sociales comptent
eneore de nombreux partisans dans In
daise ouvrière, opposa sa réforme radi-
cale) aon jaoobinismesocial.Vers la méaM
époque, Saint-Simon et Fourier jeuient
les bases de leurs doctrines matésialistet.
Vfait ensuite M. de Lamennais avec su
théorie de ta fraternité universelle sous la
législation du Christ, dont un grand écri-
vain, George Sand(TV>^. DunsvAirr), s'est
également fait l'apôtre *. De concert aveo
George Sand, M. Pierre Leroux a fondé
la Revue indépendante (rkfy. T. XX,
p. 461 ) pour défendre les intérêts po-
pulaires. L'un et l'autre inclinent vers la
paHi républicain, qui, au reste, s'attache
davantage au c6té matériel de la ques-
tfon, accuse ouvertement le système de
la libre cont»rrence de n'être qu'une ex*
ploitation immorale des travailleurs , et
proclame hautetoent que le seul remède
an mal est l'établissement d'un gouver-
nement démocratique qui se fasse le ré-
gulateur de la production, en combat-*
tant la concurrence illimitée par sa pro-
pre concurrence.
A peu près vers le temps où Condor-
cet développait sa théorie sociale,Godwin ,
en Angleterre, attaqua la constitution de
la propriété, les institutions politiques et
le mariagecomme la source de tout le mal.
Malthus réfuta sa doctrine en rejetant le
malaise de la société plutôt sur les indi-
vidus que sur les institutions; mais l'o*
pinion de Godwin , soutenue par Owen
et son école, se répandit de plus en plus.
Une puissante société s'est formée, sous le
nom de Société des raHonalisies reii"
gieNJtjpout propager sa doctrine parmi le
peuple. Elle publie, à cet effet, un grand
nombre de brochures et un journal, The
new moral tPoHd^ qui compte une foulfe
d'abonnés à Londres et dans les grnndes
villes manufacturières de l'Angleterre.
Les doctrines socialistes ont trouvé
jusqu'ici peu d'accès en , Allemagne ;
mais elles ont été accueillies avec plus
de faveur en Belgique et dans les
(*) S#s derniers romant, C<msuêl0 et lu Corn*
ttssê de Huiohtait (i843)» ont été composés
soQs ribflaenee de cèS idétet.
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soc
(M8)
SOC
cantons mÉnttfactmrien de la Saisie.
Les qoesdciDs sociales joueront on
grand r6le dans l'avenir le plus prochain :
îndépendammetit des notices biographi-
ques indiquées, on y a tonché en divers
endroits de cet onvrage, notamment aux
mots RiLiotOF, PnnLAKTBmopis, Asao*
cuTtoN, PmcPEiinÉ, Travail, SÎLàiRm,
ÉPAROim {caisses d')^ Pri^totangb (so^
eiétés dê)^ Esclavage, Tiaitb, Paupé-
risme, etc., etc. P^oir Louis Reybaud,
Éludes sur les réformateurs ou tocid-
listes modernes^ Paris, 184t)-48, 2 vol.
In- 8**. E. H-o.
SOCIALE (ouerrb), wtf. Aixiis
(guerre des).
SO€ltiTÉ, assemblage d'hommes «nia
par la nalure ott par les lois; ooromeroe
que les hommes réanis ont natnrellement
les uns avec les antres. Ainsi qn'il a été dit
au mot Sociabilité, l'homme est né pour
vivre en société; tous ses instincts l'atti-
rent vers ses semblables; sauvage, isdié,
il ne résiste qu'avec peine aux animaux
féroces et aux intempéries des saisons ;
civilité, il les brave facilement. Sa raison
cultivée supplée à sa faiblesse; il détruit
tout ce qui le gène, il couvre plus chau-
dement son cbrps, se bâtit des abris sûrs
et commodes. L'homme s'attache à sa
compagne; ses enfants ont besoin de
soins, il les défend, les protège : de là des
liens de famille (voy,), La famille s'é-
tend en diverses branches, qui s'allient,
se recherchent, s'unissent en cas de dan*
ger : de là formation de la tribu. Des tri-
bus différentes se rencontrent, échangent
leurs produits ou se combattent ; chacune
tend à se fortifier, soit en s'assimilant
les individus d'une tribu plus faible, soit
en se confédérant avec d'autres tribus
ayant le même intérêt : ainsi s'organise
Télat, sous un chef commun. Maisl'homp
me a appris à estimer son semblable, il
aime à le défendre, il se l'atUche par sa*
reconnaissance pour les bons offices qu'il
en a reçus; il se platt à se trouver avec
hii, rinduatrie les rend dépendants les
uns des autres. Dsns le contact des hom-
mes entre eux, leur esprit s'étend , ils
,se polissent, la civilisation (voy,) mar-
che, de bonnes lois assurent les droits de
chacun. Tel est à peu près le point où
sont arrivées les sociétés modernes.
Nous avons |Mirlé, aux nott Dmorr
(T. VIII, p. 58 1 ), État, GonvBRiiEiiEifT,
Peuple, Poutiqub, de la société géné-
rale formée pour garantir les droits de
chacun, de la société civile el politique,
dont la famille est le point de départ, et
la commune (voy.) la base esseôtielle;
mais outre cette grande association pu-^
bKque, il y a encore la société religiense
qui constitue l'Église {tioy,)^ elle^méaae
divisée en sociétés pItM petites appelées
commurttuuéf congrégation y etc. De
plus, on donde le nom de société à une
compagnie, à une réunion d'un certain
nombre de personnes jointes enseoMe
pour arriver à un but quelconque. L'ea-
pHt d'association {voy, ce mot) est natu-
rel à rhomme et trouve des appUcationi
spéciales dans l'une et l'autre des gran-
des sociétés dont nous venons de parler.
Ainsi il y a des sociétés religieuses for-
mées de getM décidés à vivre ensemble
selon les règles données par leur insti-
tuteur, comme la société de Jésus ou des
jésuites {voy, ce nom et ConvBHT, Or-
dres MONASTIQUES, etc). D'autTcs sont
formées de personnes qui se réunissent
pour conférer sur des objets scientifiques:
telles sont les différentes sociétés savan-
tes, les Académies, la Société royale de
Londres, etc. {vof, ces mots et aussi Asia-
tique, GïoGRAPHiQim, Institut, Anti-
quaires, etc.). D'antres personnes en-
core s*allient dans un but moral ou phil-
anthropique {voy. ce mot. Prévoyance,
Biblique, etc.). D'autres enfin se recher-
chent pour se procurer les plaisirs de la
conversation, do jeu, de la danse, etc.
Mais une pareille société peut être bien
ou mal composée, plus ou mo«s choi-
sie : dans une mauvaise compagnie l'es-
prit- se corrompt, le cosur se gâte,
l'homme tombe dans l'abjection; dans la
bonne société, au contraire, il apprend
à vivre, il se forme aux usages.du monde
(iH>x.), il relève encore ses qualités par la
politesse, Turbanité, les belles maniérée
qu'il y acquiert. Quelquefois aussi les
hommes s'associent dans un but quHIs ne
sauraient avouer, par exemple, pour ren-
verser les lois qui régissent la société; ou
bieti ils mettent en commun les moyens
qu'ils possèdent pour Caire des affairée et
augmenter leur fortune: nous devons
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soc
(34»)
soc
Mâflnîner ipéoîaleiiient cet deux genres
de aooiélé. S*
I>ent le laagÉge oommercial, le mot
sociélé a deux aoceptimif différeotef :
Untét il ftigaifie le oontrat d'assodetimi
fermé entre plnsieurs penonncs, tantôt
il désigne le corps moral composé des as^
sodés qui en sont les membres. . La loi
définit la société an contrat par lequel
deoiou plusieurs personnes conviennent
de mettre quelque chose en commun »
dans la vue de partager le bénéfice qui
pourra en résulter. Cette définition n'est
peut être pas rigoureusement exacte, car
tontes les sociétés n'ont pas pour objet
une réalisation de profiu personnels.
Quoi qu'il en soit, les besoins du com-
merce, en multipliant ces associations qui
Sont sa force et qui lui permettent d'a-
border ees grands pfobfèmes de produc-
tion, de circulation, d'échange, de con-
sommation, qu'il «6t été impuissant à
néoudre sans la réunion d'efforts indi-
viduels, sans le concours de facultés dif-
férentes, ont aussi nécessité des règles
spéciales, destinées à en fixer les condi-
tions. La société n'est autve chose que
l'association régularisée et devenue lé-
gale. La loi romaine avait déterminé tout
ne qui est de l'essence des sociétés con-
ventionnelles : notre droit civil s'est em-
paré de ces principes et les a consacrés.
L'ordonnance du commerce de 1673 et
l'utdonnance de la marine de 1081 ré-
glementèrent ce qui concerne les sociétés.
Mais les entreprises commerciales ayant,
depuis cette époque, pris un développe-
ment eatraordinaire, et le tempe ayant
introduit de grandes modîfioatlons dans
la forme des associations comme ilans la
iiature des opérations, le Code civil de
1808 et le Code de commerce de 1807
ont dû pourvoir aux nouveaux besoins
qûe'éttûent manifestés, en fixant d^une
manière plus précise Ins règles relatives
au oonUrat de société. .
Toute société doit avoir une cause li-
cite; chaque associé doit y apporter de
l'argent, ou d'autres biens, ou son in-
dusl^e; enfin elle doit être rédigée par
écrit I quand son objet est d'une valeur
de plus de 160 fr. Le Code civil distin-
gue les sociétés en unwerseUes et paru-
eidières. Il y a deux sortes de sociétés
iuwerselie.i .* 1o la société de tous lîéài
présents, par laquelle les psrtîeii mettent
en commun tous les biens meubles et
immeubles qu'elles possèdent actuelle-
ment, et les profits qu'elles pourront en
tirer; 3^ la société universelle de gains^
qui renferme tout ce que les psrties éc-
herront par leur industrie pendant le
cours de la société. La simple convention
de société universelle^ sans antre expli-
cation, n'emporte que la société univers
selle de gains. La société particulière de
s'applique qu'à ceruines choses détermi-
nées, on è leur usage, ou aux fruits à en
percevoir. Le contrat par lequel plusieurs
personnes s'associent, soit pour une en*
treprise désignée, soit pour l'exercice de
quelque métier ou profession, est aussi
une société particulière.
Les sociétés commerciales sont de trois
espèces : elles ont chacune leur régime
particulier, dont on ne saurait s'écsrter
sans de graves inconvénienu. Ce sont :
la société en nom collectifs la société en
commandite et la société anonyme, 1 » La
société en nom collectif 9i pour objet de
faire le commerce sous une raison so^
ctalCf qui comprendles noms de plusieurs
des associés, ou d'un seul, suivi d'une in-
dication qui annonce une société, comme
et compagnie. Chacun des associés est
solidaire de tons les engagements de la
société. 3* La société en commandite se
contracte entre un ou plusieurs associée
responsables et solidatnss, et un ou plu-
sieurs associés simples bailleurs de fonds,
que l'on uomme commanditaires ou as^
sociés en commandite : elle est régie sons
un nom social, qui doit être celui d'un
ou de plusieurs des associés responsables.
L'associé comaaandiuire n'est passible
des pertes que jusqu'à concurrence des
fonds qu'il a d4 mettre dans la société;
mais il ne peut fisire aucun acte de ges«
tion, sous peine d'être obligé solidaire-
ment pour tous les eogagements de la
sodété. Z^ La société anonyme est qua-
lifiée, par la désignation de son objet,
comme société des Messageries royales*
Elle est administrée par des mandataires
qui ne contractent, à raison de leur ges-
tion, aucune obligation personnelle ni
solidaire relativement aux engagementa
de la sociéié. Elle ne peut exbter qu*svec
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âûc
(WO)
»oc
l'mUunMlkm du roi, et aet itfiUtU CMH-'
ttUutift doivêot 4tre ég«Uai60t lounit à
l'approbation du gouvarpemeaU U Và
résulte que let toctétét aiUM^iuai »a pan-'
lant élre fornéaf que par des actes pu-
blics, Uodis que les sociétés en nooi
collectif ou en conmandite pauvaniétre
contractées soit par des actes publio»»
aoit par des actes sons signature pritéoi
cp se conformant, dans ce dernier caa,
mpx prescriptions du Code. Le capital da
la société anonyme se divise en actions;
celui des sociétés en coaMuanditepent être
divisé de la même manière. Indépendam-
inent de ces trois espèces de sociétés coo»-
merciales, la loi reconnaît encore les so-
ciétés êfi parMpatiom : ces associationa,
relatives à une ou plusieurs opérationa,
ne sont pas assujetties aui foraiidités pro-
écrites pour Us autres sociétés.
Les sociétés finissent par Téobéance du
larme qui leur a été assigné, par l'eztinc^
lion de la cbose, ou la consoaMsation de
l'opération qui faisait l'objet de la société,
par k mort naturelle ou civile, l'interdio*
^n ou la déconfiture d'un desassociés,par
le consentement de tous les sociétaires, ou
aiéme sur U demande d'un seul , pourvu
qu'il existe, dans ce dernier cas, des mo-
Ufii suffisants, dont la légitiaûlé et U cra-
nté sont laissées à l'appréoiatiou des jn^
fss. La perteestun cas de dissoluiîott; ce-
pendant la loi n'ayant pas déterminé
quelle devait élre rimportance de celte
perte pour autoriser une demande en
dissolution, il esi nécessaire que le oon^
Irat de sociélé s'explique sur ce points
Du reste, le dissolution des sociétés eom-
■lercialei, anticipée ou non, ne décbatgs
poinises membres de leur responsabilité }
il laut enooeequala liquidalîon sois com-
plètement opérée. La loi annule toute
sedélé UontMC (vor»)' ^Ue a voulu que
toutes les oonSesutions entre associés, et
pour raison de la société , fussent jugées
par des arbitres : en cela son but a ésé
d'afûraocbir les commerçants des firais et
dm lenteurs de la justice ordinaire, but
bienveillant, mais qui n'est pas toujours
atteint fille laisse eussi beaucoup à dé*
sîrer en ce qui toucbe les sociétés en
commandite, qui se sont multipliées dé«
mesurément. La division par actions, qui
ftcilite la formation d'un capital consi-
fléraiilo, a» d'un autre côii^ desérieun
iqeonvénients. On a vu des spéeulateun
fonder des société)^ sur une keise chimé-
rique, et attirer des actionnaires par t'ap*
p4| de bénéfices illusoirm eu de divide«*
des prélevés sur le capiul social. Gea
industriels, qu'un a psrsonnifiés dans Eo*
bert Hacaire {voy,)^ se sont plus d'une
fois enricbis en ruinant les pauvres ao-
tionnaires pris au piège. U n'y a guèse
de contrat, disait Savary iwrs le miiiau
du xvu* siècle, eu la probité et labenue
loi soient plus uécessaiPM que deua la
société. Autrefois ceux qui étsiaut oeu-
vaincus de mauvaise foi dans les sociétés
étaient déclarée infâmes; il serait à dé»
sirer quV>n les traitât de méoM aojour»
d'bui. A.B.
SoGiinis ro&intuas et sBouins, ee-
sociaiions forsaées sans le eoneoursita
l'état, et le plus souvent inspirées pur
des influences bostiUs à ce demiert La
danger que les seciélés de eelie
quand ellee m tiennent en secrei
vent offrir pour le repœ et la stabslilé
des éuts a c^onduit beaucoup de gouvee*
nemenu à resireindse considérablement
pour leurs sujets le droit d'association.
D'autre part, ee seul précisément cas
défenses qui ontfait entourer de plus de
seeest la plnpert des assecialioni palsti
Jetons un coup d'ceil rapide sur Félat
de la législation qui, danaleaseeiéaéa mo-
dernes, régit eetuelleaMut le droit d'esi»
sociaiion. De loua les étals oonstitntio*-
nels de l'Europe, l'Angleterre est eehti
où les institutions consacrent le prinespe
et garanttment Texerciee de ce droit de
la asanièfe la pkia brge. Kon-seulement
ellea laissent aux citoyens la liberté pleine
et entière de s'assembler, de former œ
qu'on appelle un meetings soit pour la
célébration d'une ièie, soit pour reiytt
d*nne délibération, eu pour k réduotion
d'une déclaration, ou enfin pour la si*
gnature d'une adresse (tH»x*)» d'une péti-
tion, etc., mais encore le droit de m
réunir en associations dnrablm et régn«
lièrement organiséw. Toutefois, pour
qu'une société pourvue de sUUsis puisse
les faire respecUr par tous ses membres
et se comporter comme use personne
juridique, acquérir des biens et assurer
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âOG
(361)
SOC
l4 ««liAté 4ti •figlBWH iMMOtii
]^ cU««i«iipen «Ite, m o»Militvier en
un- MOI flft eorpoPiCMOi «H* dok reqvié*
m la MUMlkm Ugal«» qnî n« P«iit lui
élra coafmée qnVa verta dHio acte
fnté 4a peakeaieBt i eWl ee qae let
jingkii DOMmeat Vmcorporaiiom. Mais
qnant à la konké des ci«oyeB§de ae réo-
ùr «i de fonder des tociélés libres, elle
■te sabordeanée à aucune autorisation
de ee «sure. Le gouvemenent, qui ne
peut interdire ees réunient, n^eroe à
à leur égard quHHidroll deeurveiltance.
In qsaséquence de ee droit, qui s^end
à lent ee qui se passe dans Fétat , il
peut exiger qu'on l'instruise à Faranoe
du bnl et de IHmportanee de toute as^
lewtilfts qui dépasse les proportions dHuie
Muple réunion de Isaiille ou d'amis; il
pont s'y faire peprésentcr par tels sgento
qu'il lui pktt de désigner. Lorsqu'il a
des raisons pour craindre que le inee-
Éèig ne prenne un caractère dangereux
le UMÛntien de lV>rdre et de la
tMnquiltilé publique, il peut
Wnteniire préiventirenient ; mais eette
défense, toutes les fois que le but de la
■énnion ou de l'association ne constitue
pas une transgression formelle de la loi,
ne saurait parer d'avance à l'éventualité
d^uioune réunion postérieure du àséase
genre. Il sVnsuit que, sous l'empire de
la législation britannique, tonte assem-
blée, toute association pc»litique ou au-
tM, entièreoMut licite letequ'eUe satii*
fait aux conditions précitées, cesse de
Fétre du moment oè eHe m dérobe ans
peux de Fautorité, et se transforme en
socMté secrète.
Dans les diflérenles monarcbies du
continent européen, ces principes si H-
bétaux ont souftet de graves restric-
tions. En France , avant la révolution ,
tonte assemblée populaire, non autori-
sée par les oiiâciers du roi, était défen-
due sous des peinm sévères. La révolu-
tien de 1799 emporta cm défenses; mais
dspuii, notre léffislalion s'est, à plusieors
repilses, armée d'une nouvelle sévérité
eontee les sociétés politiques , à raison
dn caractère violent et dm tendanem
anbversiva de plusieurs diantre elles.
Le goo^ianMment impérial rétablit dans
ht loi Im pveasiènm mmnrm restrictivm.
Lm aH. Ml à M4 dn Code pénal par<»
tent, en substance, que nulle sssocistion
de plus de tOptérsoonm, dont le bot sera
de se réunir tons les jours, on s certsîns
jours marqués, quel que soit l'objet dont
on s'j occupe, ne pourra se Ibrmer qu'a-
vec l'igrément du gouvernement, et sous
les conditions qull plaira à l'autorité de
lui imposer. Toute contravention en-
traînait la dissolution dé la société et
une amende de 16 à 300 fr. Mais ces
dispositions, suffimntes sous le régime
fort et absolu de l'emphre , pouvaient
être facilement étudém dans un temps
de crise intérieure. Peur remédier à l'im-
puissance des moyens légaux existants, en
présence dm attaques violentes des fac-
tions $ une nouvelle loi, soumise aux
Gbambres au mois de février 1834, fut
promulguée le 10 avril suivant. Elle mo-
difie la disposition du Code pénal, en
déclarant illicite toute association de plus
de 20 personnes, non autorisée par le
gouvernement, sans distinguer si les
réunions de sm membrm ont lieu ou
non à dès jours fixes; elle porte aussi
que Fautorimtion donnée par le gouver-
nement est toujours révocable, et ren-
force considérablement la pénalité, en
frappant le délit de participation à une
société non autorisée, dans tous ses mem-
bres indifféremment, d'une amende qui
peut s^lever de 50 à 1,000 fr,, et au
double en cas de récidive. Elle réserve
finalement au pouvoir exécutifla faculté
de déférer le jugement des attentaU con-
tre la sûreté de FéUt, dérivant du fait
des associations, à la juridiction de la
Cbambre dm pairs, conformément a
l'art. 38 de la Cbarte.
Quelque loin que les regards de l'his-
torien se reportent en arrière, il saisit dm
tracm de l'existence de sociétés secrètes
à presque tontes les époqnm et chez pres-
que tons les penpim dont Fétat de civi-
lisation n'excluait pas la combinaison
dm moyens Indispensables à la vie et à
Faction de cm sociétés. Mais nous au-
rions id trop à faire si nous voulions
suivre tous cm fils épars dans le tissn
vaste et compliqué d'événements qui ap-
partiennent à un passé lointain. Au der-
nier siècle, quelle que fût déjà Tintensité
dn travail dm idem rénovatrices, on peut
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dira que le prlaclpt (U ralifofctfi
moiuurçbiqtta et de l'obélsMoc» passive
n'en contioua pai moins de dominer ex«*
clusivement dans le mécanisme poliiiqiM
des étals snr tout le continent eumpéen*
jusqu'au jour où éclata la révolution. La
frano-maçounerie (voy, ce mol et Ordre
IfAçomiiQUKJyd'uoeori^ne aussi ancien-
ne qu'incertaine, et encore aujourd'hui
si répandue, et Tordre des illumina
(i>pr.}>qtii eompCa de nombreux adeptes
en Allemagne sur la fin du règne de
Frédéric II, méritent seules d'être si-
gnalées. La tendance de ces associations
était surtout cosmopolite et humanitaire,
et n'a pris qu*accidenteUement une di-
rection politique là où l'eicitation géné-
rale des esprits y concourait. Le grand
acte de la révolution francise ne fut lui-
même rien moins que propiceau dévelop-
pement des sociétés secrètes. Gomment
ces dernières euraient-elles pris racine
au milieu du tourhillon des passions* po-
pubdres?Les clubs si fameux de ce temps-
M (vo/. Feuillants , Coedblixrs » Ja-
coBnfs) n'étaient poiut des sociétés po-
litiques, mau plutôt des arènes ouvertes
à la démagogie. Plus tard, quaod Bona-
parte eut mis un terme à ces réunioos
tumultueuses, Targus vigilant de la po-
lice impériale suffit pour faire échouer les
tentatives isolées de ces restes o)>iaiâlres
des partis abattus» dont le grand homme
n'avait pu vaincre les ressentiments ni
détruire toutes les espérances. Des asso-
ciations secrètes se formèrent , mais tous
leurs efforts, basés sur de trop fs^ibles
ressources, furent impuissants (voy. Phi-
LADBLPHES).
Hors de France néanmoinsi le réveil
du sentiment national des peuples, fati-
gués dn joug napoléonien, finit par pro-
duire plusieurs associations dont l'acti-
vité morale prépara d'une mantèire plus
efficace la chute du maître de l'Euro-
pe* L'une fut le Tugendband ( ligue de
la vertu), né en Prusse, qui, loin d'être
hostile aux gouvernements des pays où il
se propagea, ne travaillait qu'à n^imer
dans tous les esprits le désir de recouvrer
l'indépendance de la patrie allemande,
et ne recherchait le secret que tant qu'il
avait à se prémunir contre les persécu-
tions des dominateurs étrangers. L'autre
(362)
ùmle
SOC
gi^e pandt se rappoiter m» dernièiw
années du règne de Joaehim Blnrat daae
le .royaume deNaples. Le premier, lout-
à-fait eonforme au caractère . germam«-
que, génévalement religienx et philoso*
phique^ s'appliqua suHontà répaiidre 4m
idées el à stimojkr le patriotisafte par ém
moyens moraux; le second, profoBclé>*
ment empreint du cachet méridional, et
recouvert du voile mystérieux tVmnm
multitude de iormalités et de cérémonien
bizarres, visait au contraire à l'aotion.
Le rô^ du Têigendèund y qui comptait
parmi ses initiés ISO grand nombre^l'hom ■
mes très influents dans leor patrie ,
d'homoMis d'état minw, finit en quekfM
sorte locs de l'évacuation dn sol getour-
nique, par les armées Crâneuses ; ceW
du carbonarisme, au oontmire, dont il n
été traité en détail ( vof. CAnBowAmi et
Galbbiaei), n'aeqnit une grande impot^
taoœ historique qu'en entrant, aptes
181^, dans une phase d'activité tonlo
nouvelle* A son but primitif, qui avait
été aussi le renversement de la puissanon
napoléonienne, succéda le bouillonne*
ment des idées de liberté, d'iodépendaBoe
et d'uniié nationale, qui se manifesu dana
la péninsule par les révolutions de liaplea
et du Piémont, et par les troubles fré«
quents de l'État de TÉglise (voy. Itauk).
La vivacité non moinsgrande des ten«
danoes libérales^ les répugnances et lea
mécontentements nombreux senlevéa
par le gouvernement vacillant de la Rea-
tauratioot provoquèrent en France, aven
une foroe nouvelle, la résurrection des
sociétés secrètes. L'organisation dn car»
booarisme lenr servit en partie de mo-
dèle, et quand, à partir des années 1820
et 1831, l'absolutisme triomphant fit son
possible pour étouffer, dans toute l'Italie,
cette association Ibraûdable, un grand
nombre de ses measbrea, réfugiés en
France, se mirent en communication
avec les libéraux firançais, et finirent par
s'associer entièrement à leur cause. Paris
devint ainsi le principal foyer de la char-
bonnerie,. à laquelle se rallièrent pen ù
peu toutes les autres sociétés déjà exis-
tantes, et qui s'empreignit dès lors d'nn
caractère essentiellement français. Lo
vaste réseau de son organisation myslé-
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soc
{iii)
toc
riéMt a^élmdît «¥80 tipMili ior pmqiM
teoft ^ kt défNvtUMDtiy tt po— a quel-
qo€t TWiiônio—jmyie dbM kt ninsi
d0 Famét, ainsi que k prcmw le prooèa
dn général Bertoo, oalni dw quatre soi»»
officann de LaBocheUe, ceini de TroM
aa mwinioflieieri de la garaiaoa de Siras-
bonig. Lat initiia étaient répartia en
^9emies (de l'italien mendka)^ dont cha-*
owaa ne ponvait fcnfcrier «jne SO mem-
bna tont an plus. Cenz-d a'appelaiettt
entre enz bon* ^omsimsy et détifnaient
aena k nom de pagam (payent) tont ee
qui ne knr était point affilié. Les dé-
potés de 30 ventes fbrasaient ooUeetive*
ment nne vente eentruUf et ees dernières
witea oonunnniqttaient à knr towi par
délégués, avec k Aamir iMnie , dans k
nyoïi provincial on départenMntal de
Ugoelk elksse tronment comprises. An
somnMl de tonte l'organisation figurait
la v^mte smpréme^ sapées ck comité di«
rootenr (dénomination célèbre sons k
Eeatanration }, qui arait son siège à Pa-
ria, et transmettait ses ordres ans hantes
ventes , par Torgane de ses émissaires.
Fonr atknx garantir k secret , k cbar-
bonoerie avait ponr règle de ne jamais
rien confier de ses projeU an papier, et
de procéder uniquement par des conrann*
nâcÂtions verbales. Ordinairement cba«
qoe carbonaro ne connaissmt qne les
nMmbrm de k vente à kqnelk il appar-
teoaiL Tons s'engageaient, par semwnt,
à ne rien divulguer des secrets de l'asso-
ciation, et k parjure devait être frappé
de mort ck k main d'un bon cousin que
k sort désignait. Chaque membre était
tenu d'avoir des arases, et, depuisk mois
de septembre ISSO jusqu'en 16 mars
18S1 , il y eut même un comité spéck-
kment chargé de k direction des en«
treprises atilitaires, dont les fonctions
consistaient à ordonner des prises d'ar*
asm et des ezerdces réguliers. Cepen-
dant rimpnbion réactionnaire qne k
poUtiqne intérieure du cabinet firaoçais
le^t par suite de Pintervention victo-
rieuse de ses armes en Espagne, porta un
coup très sensible à kcharbonnerie, qui
n'osa plus dès lors se montrer directe-
ment agressive en face du gouvernement.
Malgré son aflfaiblissamant, dkcontinua
; à. travailler Fesprit de k na-
tion dans un sens libéral et révoliitioii«*
nafare, jusque 1880. Bfais, en général,
il faut reconnaître que la propagande
des idées et des résolutions libérales en
France s'eierça bkn plus efficacement
par l'intermédiaire des assodations po-
litiqnes, procédant ouvertement et dana
un but avoué, comme, par exemple , la
société Aide^tei , le Ciel f aidera , que
par les sodétés secrètm.
Pendant qu'en France le libéralisme
Mpdt les fondements dn trône mal affer-
mi de la branche aioée des Bourbons, un
peupk longtemps opprimé, mais peu à
pen revenu au sentiment de ses droits
en recttdlknt les souvenirs d'un passé
glorieui, les Grecs, s'étdt soulevé, en
Orient, contre la tyrannie musulmane.
Uneoélèbre assocktion, raétérie (vq^*) «
fondée à Vienne, en 181 4, sur k modèle
du TugemUmndf dans le but de propa-
ger davantage les lumières du christia-
nisme et de fortifier k sentiment reli-
gieux et national chez l« enfiints de k
Orèce, avait de loin préparé l'insurrec-
tion. En Pologne aussi, le sentiment de
k natknalité humiliée prodnidt, dès
l'année 1817, au sein de k jeunesse, di«
verses assodations seciètes ; mais la po-
lice impériale étant parvenue a les dé-
couvrir pour la plupart, elles se fbndi«
rent presque tontes en une seule, VAsso^
dation patriotique. Dans les années
18i8 et 1894, celle-d se mît en rapport
avec une autre sodété, la Ligne secrète^
qui avait ses prindpales ramifications en
Russk méoM, dans les prorinoes du sud-
ouest*. L'avottement de la conspiration
quiédau à Saint-Pétersbourg, après la
mort de l'empereur Alexandre {voy, cet
art., ainsi que Nicolas et Constantiit
Pavlovitch), entraîna la dissoloiion de
k sodété patriotique polonaise; mais ,
en |8t8, nne autre assodation, formée
dans le même but, et qui avait son foyer
dans l'école militaire de Yanovie, la
rempkça. Cette dernière parrint à trom-
per la vigilance ck la police, et c*est
d'elle , comme auparavant de l'Hétérie,
en Grèce, que partit, en 1880, le signal
d'une lutte hér6Tqne, dont l'issue mal heu-
Ï) Sur Iflt sociétM teerètcs ea Eatsie. vai'r
apport dt U eommUsiom d'tnquitê (trad. fr..
Pétatib.» t6a0^ p. 8 et soiv.
Smeretop. d. G. d. M. Tome XXL
93
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S0e
(m)
snB
vt«it prin la PoUfiM dt M MUtoMlUé.
Ko AllMDHMf oA ^ batoÎM çt \m
àéain de liberté êi d'uolU reperareai à
Tordre da jour après le irionpbe de la
oaoM iaerée de l'iodépendasee territo*
riale^ le» astociatkiM qn'eiifaiiU cette
ilouvelle tAMlance prirent aortoat r«*
âne daaa lea oaiTerNtéa* Noaa en avena
trailéi el oolMinMnl de la gnnde Bur-
tchensehaftf a« aM>l ÉvuDUNre. Celte
demièrei anr laquelle il aérait tnperfla
d'entrer danadenonteaaz déulla, main-
tint dans ton etprit, nnon dana ses fins
et dans ion oh^f lea principea et le
mode d'action qui avaient autrefois ani-
mé et dirigé le Tugêmdbmnd. Elle ne prit
qu'inoidemnient un oareotère politique,
qui ne fut d*ailleurt jauMîs avoué par le
totalité de ses membres. Néanmoins le$
ettaqnes et les incriminations multipliées
contre elle par dm ebampions trop fbu**
gueux des intérêU i^lutistm et nobi-
liaires qu'elle menaçait» irritèrent l'emal-
tntion de quelqom jeunm gêna j«s(pi'aa
fiioatisme, et Us portèrent à dm attenuti
eiusi ooupablmqn'irréflécbîs. Tek furent
l'assassinat de Kotxebue {voy.) par Té*
tndiant Sand, à Manbeimi et quelqnsÉ
autrm tentativm isolém du même genre,
qoi donnèrent lieu, en vertn dm décvett
de Garisbad, à reKerdce dm penrsuitm
Im plus rigonrensm contre une partie de
la jeunesse académique» sons la prési-
dence de la commission centrale d'en-
quête établie à Blayenee. Cependant |
malgré Im défensm et Im arrêts fulminés
contre elle, la Burschenschaft ne s'é-*
teignit pas encore ; on la vit ae relever,
à divcrsm époques, avee dm tendanom
analogum, quoiqu'elle adoptât en partie
dm formm et dm noms différents) mais
on ne murait pourtant, jusqu'à la révo««
hitlon de juillet, lui imputer aucune eo^
treprim tendant d'une maniève nsiens&«
ble au renversement de la eonsti^atâon
politique de l'AMemagnCt
Par la révolution de tdSO» le biU vm^
médiat dm sociétés politiques, secrètm
et autree, nées^en France sons la Resta»-
ration, setNmva tamporaireasentatteint.
Cependant , du fait accompli de l'éla-
blisMment d'une cbarte et d'une dyom-
lie nonvtlleà de pouvait immédiatement
résulter une barmonie telb qa'on vU
s'clftcm Wi stéMitant<
sans de bi beanebe déebne et ks prétem*>
tiens delà framicn k pbm bnnillMmedec
libéraux victoriens, qui aurait vouba
suivre le principe démocratiqne jusque
dans sm ccniéqnencm extrêmes, jcI nè^
tarda pas è rompre lout^à*falt nene la
mijoràé, sincèrement attachée au gmit*^
vernement de eon cbciai Une situaliom
pareille^ compliquée de font dn mé*
oomplm, de passions et d'i
témérairm^ contenait en elle le i
d'assomations nonveilcs. H s'en
d'abord au sein du parti légitioristCi etil-
est certain qu'à l'époque dm tcnrném
secrètm de M«»U dnoheme de Berry en.
France^ il eiismit plnsiturs sociétés ér
cette couleur, surtout répendum dnne
im dépcrtements do midi. Mêla ellm en^
■cet moine d'éckt et fnvent, en génésel,
beaucoup nmins redoutables an |iMnrer«
nement que ceUm^'on vk bientêt eut^
gir dens le perti républicain. Le eaiw
bonarisese ressuseim sons le nomdc le
ckarbonmerw éénôcmtiquê^ Lm pria*
dpm prcfJMséi par cette nouvelle aaso-'
dation, qui oomptait parmi sm cbelii
PoetogéneireBttonaretti(mai i8t7),en*
cien et sincèm pertisan dm idem de fia-«
beuf (v&r')i ont éeé développés pcr um
de sm membrm lm plus iniucnts, M. Or
Tmte, dansFéaritintitttié 2 Pr^ttmn^
eomgUtutimi répubUmime. On y leirouve
Us mémw tbéorim égalitairm sur lm-
qneUm Babeuf avait autrefois essayé de
fonder son système, mais qu'ici lenteur
ne poumnit pm jusque dans leurs demiè-^
rm censéqucncm, en élaguant tout ce
qui lui parait impraticable dans l^émi
actuel. Cependant lm républicaine Ice
plus jeunm et lm plus Idognenz, pour
gagner de l'influence sue lm massée, pué*
ttraient le esoycn dm réunions publiqum
à celui de l'assodatien secrètcw Une dm
principalm de cm sociétés, formém mns
déguieHnent, fut celle dm Amis dupe»*
piCf qui naquit peu de temps après le
véeolution de juillet. L'interdiction de
sm amemhlém offcasienna bi créatien de
la fsnmuMBociélé d$$ Dr^itfdefiAommt
(spcf . T. Vm, p. ê^t)^' qui M divim en
sections penr m dérébev à l'appllcatiett
de U loi. Mais le govecmcment l^iyaM
b plus ea fhm
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soc
C^ft)
soc
«me imkhtmiélàèn
Droiu cie rhomme ài$ OMtqnw «m pir^
tie de Aon organiittioo et de M6 lurojets.
Aînn se forma un comilé secret, dii see*
iion ^octifMy ooinpofé des homaies les
plus déienDÎnés du parli. M aïs, après les
événeoMBls de Lyon et de Paris da aïois
d^eml 1834» troubles quî^ dans la pre*
nûère de oes villes, avaient été prinapa»
leviflut TœoTre dmPwiuelUêteSf ouvriers
associéspoorse seustraireà ladépendanœ
de leurs chefs d'atelier, ce comité fot
disaotts en même temps que la soeiété
des Droits de l'homme, lorsque le gou^
vemement, profitant de sa double vie.r
toire sur le parti républicain» parvint
enifin à assurer l'ezécutîon de la nouvelle
ioi snr les associations. Atyourd'hni il pa-
rait certain que toutes les sociétés poli^
Uqaee sont à peu près mortes en France.
L*écho que la révolutkm de Juillet
trouva chez les patriotes italiens réveilla
l'activité du carbonarisme^ dont le foyer
principal se transporta, sur la fin de la
mémo année, dans le canton du Tessin,
puis, a la suite des réclamations de l'An*
triche, à Genève et dans le capton de
Vaud. Vers la fin de t8SS, one partie
dea réfugiés italiens présents à Pans
en rallièrent à la nouvelle cbarbonne-
rie française; mais bientôt le mécon-
tentement qu'ils éprouvaient de l'inac-
ticm de cette société fui cwmo (pi*ils
a'en détachèrent de nouveau, etlafàcbcn-
ae issue de l'équipée de Savoie, dont nous
avons parlé à l'art. ^taU Sa.wd^ ren-
dit la scission complète, en 1884. IMyè
eelle-ci avait produit une nouvelle assor
ciation secrète^ la Jeune Italie* A son
«emple, d'autres réfugiés polonais, aUe*
^innds, etCy concoururent, en France et
en Suisse, èformer, des hommes de leur
nation respective , dea sociétés pareilles ,
qui, en s'alliant étroitement avec la prêt
eédente, prirent le nom de la Jeume
Europe {voy.y Car, en Allemagne, la
iunchenschtrfty rappelée par la lévolit-
tlon de juillet à son rèle politique, n'a^r
vait pss mieu< réussi qne le carbonarisme
dans la Péninsule, Enhardie par la chuie
de Varsovie, la diète fédérale avait même,
4ès le t6 juillet t8d2, étendu l'appU-»
^tion des mesores de rigueur, adoptées
par elU en iai9 è l'égard des onivwr
siiésy à tenlei les assooiatioiii et i
blées politiques quelconques. Une nou-
velle eommissîon centrale^ installée à.
Francfort, en vertu d'une résolution de
la diète du SO juin 18$ft, fut chaifée de
poursuivre les promoteurs de l'agiution
et de sévir contre eui» tandis que les fu«t
giti£i cherchèrent en (p'and nombre un
asile en France, ou fixèrent leur s^mir
en Suisse, ou ils se lièrent étroitement
avee les réfugiés des autres nations. Les,
représentations des cabinets finirent par
décider les autorités cantonnales à se
prononcer pour la dispersion de cette
£n Espagne, en Portugal^ et dans les
paysd' Amérique qui ont longtempsdépen*
dndeoea deu^ couronnes, c*est l'ordre
maçonnique qui, depuis le rétablissement
du trône de Ferdinand Yli, a toiyours le
plus influé snr la marche des révolutions.
Bnoutre, il faut mentionner, en Espagne,)
l'association des commaneros (vo^.),
qni gagna de nombreux partisans dans
les rangs inférienm de l'armée, et se
trouva presqne oontinuellement en lutte
avec les firancs-maçons. Assea aemblable
dans la forme au carbonarisme, elle dân.
parut avec la défisite du parti oonstilUf»
tionnel^ mais,lorsdu retour dea patriotes
exilés, après la mort de Ferdinand VU»
ses débris entrèrent dans dîiérentea a^
soeiations nouvelles.
Il nous reste à dire un mot de quel*»
qnea asaoeiations britanniques qui oui
joué aa rôle dans les demlera tempt^
c'est-à-dire des loges orangistee (ver*)»
fbrméee par les adversairea les plus vé*
héments de l'émancipation de l'Irlande
et des projeu d'O'Gonnell {vof.)^ et de
la vaale association duMepeal ou société
pétitionnaire du rappel de Funion, fon-
dée par le célèbre tribun irlandais. Q**^
qme désappeouvéas par le gonverneinen^
elles se- sont pow^nien général contSN*
nues l'une et l'antre dans les limilei de
U^ légidité* U n'en bit pas da même des
ckarêisîe^ anglak, assepistion radicela
et turbulente d'ouvriers mécontents,
dont un Irlandais, M. Fergus O'Gen-'
nor, fut un des prineipanx meneurs^ et
qui se portèrent, en 1889, à des désor-
dres et è des excès graves, dont les loU
ont ensnitA fait jusiios. Gea pertnriit«
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soc
( 856 )
SOC
teurft liraient leur Dom du projet de
charte démocratique doot ils araleot ré-
damé l'adoption par le parlement. Quant
aux reùeecaïeeSf cei petits fermiers dans
la principauté de Galles, dont les chefs
se montrent en costume de femme et
prennent tous le nom de Rebecca y nous
ne saurions décider jusqu'à quel point
il existe entre eux une anociation pro-
prement dite, qui dirige leurs audacieux
coups de main. Ch. Y.
SOOÉTÉ TaxoLK de), vojr. Coupa-
omx {régie de).
SOCIÉTÉ (iLBS DE la), archipel de
l'océan Pacifique (voy, ce mot et OcÉk"
nie), situé entre les 16<> et IS^ de lat.
S. et les 150» et 156<> de long, occid.,
comprenant les Iles de Taîti, de Tetha-
roa, d*Eimeo, de Maitea, de Huahine,
de Raiatea ou UUetéa, de Tahaa, de Bo-
rabora, de Maupiti et de Tubai. Décou-
vert par Cook, en 1 769, et peut-être déjà
par Quiros, cet archipel est un des plus
fréquentés de POeéanie par les Euro-
péens. A l'exception des Mariannes, il est
aussi la premier dont les habitants aient
renoncé à l'idolâtrie. Depuis 1815, ils
ont presque tous embrassé le christianis-
me que des missionnaires anglicans leur
aTaient apporté. Ils paraissent déjà assez
avancés dans la civilisation, surtout ceux
deTMti, de Raiatea, d'Huahine, etd'Eî-
meo, où sont établies des écoles et des îm*
primeries. Les missionnaires ont fondé à
Eimeo vue académie dite de ia mer du
Sudf pour rinstruction supérieure. Sou-
mises presque toutes, il y a quelques an-
nées, au roi Pomaré II, k» Iles qui compo-
sent ce groupe sont aujourd'hui paita*
gécs entre plusieurs chefs.
TAÎfi (Tahiti ou Ota/Uti)^ la princi-
pale Ile de cet archipel, et l'une des plus
étendues de la Polynésie, a environ 100
milles carr. anglais de circonférence (80
milles de long sur 20 de large). Elle en
possède aussi le point le plus élevé après
les pics de l*lle HawaI {yoy. Saitdwigh).
Située sous le 17* 45' de lat. S., elle se
compose de l'Ile proprement dite, et de
la presqn*lle de Taiarabou, qu'un isthme
y joint. Les lieux les plus remarquables,
surtout à cause de leur mouillage, sont :
Pari (Psré), Papaoa (Papava), Mauvae
(Matatai)i Papéiti, Papara, Aitipeha*
Le tiom d'Ôtahiti réveille les Souvé-
nîrs les plus agréables qui soient consi*^
gnés dans l'histoire des voyages* Com-
blée de tons les dons de la nature, cette
lie enchanteresse parut un paradis ter-
restre aux navigateurs français et anglaia
qui la visitèrent les premiers. Qui n'a la
avec le plus vif intérêt les récits pleins de
charme que Cook fait du climat et de la
végétation de l'Ile, des mœurs douces et
aimables des insulaires? Une tempéra-
ture chaude, un sol bien arrosé, cou-
pé de montagnes et de vallées, et dis-
posé toute l'année à se couvrir des phie
belles productions tropicales, un om-
brage délicieux, des fruits savoureux,
une mer abondante en poissons et en
crustacés, un climat salubre, voilà ceq ue
la nature a donné aux habitants. Elle lea
a dispensés des travaux pénibles par les-
quels l'homme arrache ailleurs à la terre
sa subsistance. Les fruits de quelques ar-
bres joints aux taros, aux patates, aux
yaruB et à des coquillages suffisent à la
nourriture du Taîtien; son pain est sus*
pendu aux branches des arbres, son lait
et son huile sont renfermés dans la noix
de coco. Il n'a besoin ni de semer ni de
labourer; les frimats ne le font point
trembler pour sa récolte future, l'intem-
périe des saisons n'interrompt jamaia les
travaux des champs. Point de maiscme
maçonnées et fermées, point de précau-
tions contre les attaques nocturnes et
contre le vol. Un toit de larges feuilles,
soutenu par des poteaux à l'ombre dee
bananiers et des cocotiers, voilà l'habi-
tation du Taîtien. Cet abri léger ne
comporte ni meubles ni décoration de
luxe : la verdure suffit pour l'embellir.
C'est sous le doux ombrage de ses erfaree
que l'insulaire se livre aiix travaux fa-
ciles qui l'occupent dans la journée, res-
pirant un air embaumé par la végétation^
Le spectacle enivrant des danses à»
femmes de cette Ile, nymphes à la peau
olivâtre, la faisait déjà regarder à Cook
comme une seconde Cy thère. Aussi Boa-
gainville lui a-t-il donné ce nom. «Qult
y a loin, s'écrie le voyageur anglais, dit
caractère aimable et enjoué des Otahi*
tiens à la férocité des habitants d'autrae
archipels! — Otahiti, ajoute-t*il, dut pa-
raître aux voyageurs le séjour des plai«»
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(357)
SOC
airsy d6 la paix et du vrai bofnbear. ^
Malheoreasement il y a un revers au ta-
bleau ftédaisant tracé par Gook : le peu-
ple sensuel de cette Âe se livrait, sans
rougir, aux vices les plus honteux ; la pro-
atitution était générale parmi les femmes,
et à l'arrivée des Européens elle fut, par
cupidité, encouragée de la part des pères,
des frères et des maris. Une religion su-
perstitieuse effrayait de ses terreurs mys-
térieuses l'esprit faible des insulaires; les
moraïs (tombeaux de fiimille), dont on
comptait plus d'une centaine dans Ttle,
étaient fréquemment souillés du sang
des victimes humaines. Une sorte de féo-
dalité pesait sur la population: les aréoî
formaient la haute aristocratie, et dispu-
taient le pouvoir aux rois; ces vassaux,
dont les terres se transmettaient sans
partage, avaient au-dessous d'eux des
tavanasj espèce de barons et d'arrière-
vassaux qui combattaient pour eux, «et
faisaient aussi la guerre pour leur propre
compte. Les chefs de Taîti et des iles voi-
sines se livraient des guerres acharnées ;
ib opprimaient les femmes, partageaient
le pouvoir avec des jongleurs fanatiques;
la caste aristocratique mettait sans scru*
pule à mort les enfants nouveau-nés du
sexe féminin. Bref, la cruauté et la dé-
bauche dégradaient une race pour la-
cpielle la nature avait tout fait, et que
l'on pouvait regarder comme une des
plus favorisées du globe.
Depuis que des relations se sont éta-
blies eotre r Europe et Taîti, l'état moral
et matériel de cet te Ile a beaucoup changé;
elle présente maintenant un spectacle peu
satisfaisant, et même affligeant jusqu'à
un certain point. La population, autre-
fois de 100,000 âmes, est réduite, par
suite de maladies affreuses,' à 6 ou 7,000.
Les insulaires n'ont plus cette naïveté en-
jouée qui a charmé les premiers voyageurs.'
Us essaient de s'àffVibler de vêtements
européens, d'imiter les usages des blancs;
ils s'enivrent; la prostitution, quoique
prohibée, a lien comme par le passé,
mais moins ouvertement. Les mission-
naires, qui y ont 66 églises, interdisent le
Utouage,la danse,et forcent ces insulaires,
jadis si gais, si insouciants, à la rigide
observation du culte, et surtout à écou-
ter de longs sermons, à chanter force
psaumes. La cupidité est éveillée par les
bénéfices que leur offre le commerce des
viandes de porc salé, du sucre, de l'arrow-
root, de la nacre, qu'ils échangent con-
tre des métaux, des étoffes, du tabac, des
boissons fortes, ou contre des espèces.
Leur langage est doux et sonore; il
fut le premier idiome polynésien fixé par
l'écriture; les missionnaires ont traduit
les saintes Écritures et divers autres ou-
vrages dans cette langue.
Taîti est restée inconnue aux Euro-
péens jusqu'au xviii* sièclv, car on j>eut
douter que ce soit cette ile que le na-
vigateur espagnol Quiros ait visitée au
XVII* siècle et à laquelle il avait donné
le nom de Sagittaria. Quoi qu'il en soit,
les premiers navigateurs, Wallis , Cook
et Bougain ville, trouvèrent à Taîti un roi
nommé Amo en possession du pouvoir,
non seulement sur cette Ile, mais encore
sur les lies voisines. Après ce roi, un chef
nommé Otou, qui dans la suite prit le
nom de Pomaré, s'empara du trône, aidé
dans cette entreprise par les présents et
les armes qu'il avait reçus des navigateurs
européens. En 1803, son fils lui succéda,
sous le nom de Pomaré H. Lerègnedece
prince est remarquable par la révolution
tant politique que religieuse qui s'opéra
dans rUe. Dix*huit missionnaires mé-
thodistes anglais étaient venus, en 1797,
s'y éublir; ils y eurent d'abord très peu
de succès, et lorsque, vers 1809, une ré-
volte des chefs força Pomaré à se ré-
fugier dans l'Ile d'Eimeo, les missionnai-
res le suivirent. Cest alors que, lui fai-
sant espérer le secours du Dieu des chré-
tiens, ils réussirent à l'amener peu à peu
au christianisme : il abjura le culte du
dieu Oro, en 1812, et, l'année suivante,
aidé d*un parti dans l'ile, il vint repren-
dre possession de son trône. Le parti
païen s'arma contre lui : une bataille san-
glantefut livrée, Pomaré resta vainqueur,
et, d'après le conseil des missionnaires, il
fit grâce aux vaincus.Getle clémence eut un
effetprodigieux pour augmenter les con-
versions. Dès lors les missionnaires établi-
rent publiquement le culte chrétien, et
devinrent très puissants. Après la mort de
Pomaré II, ils firent élire son fils, et ré-
digèrent une espèce de constitution qui
fut adoptée dans une assemblée générale.
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soc
(366)
iOc
\ml qtti, néUot le aacré et U |profMM| ae
rttMDUit de l'îoexpérieiice ilet niitioB*-
ttaîre» dent ie§ affaire» de § ouveroeiiieiit.
Pomaré III étant mort jeooe, en 1827,
aa MBur Aîmata a été appelée k lai sne*
céder sous le nom de PonMiré-Yahioé.
Conquis à la civilisatioD par des mis-
sionnaires an|;laisy qui n'ouÛîent jamais
leur patrie, eon?aincos d'aillears eux-
mêmes de leur insuffisance, les chefii in-
digènes deTaîti demandèrent an roi de la
Grande-^Bretagne de les prendre sous sa
protection immédiate et de leur accorder
le paTillon anglais. Canning était alors
ministre des aCTaires étrangères. L'ami<>
rauté consultée émit l'avis que l'accession
4« cet archipel à l'empire Britannique
serait une charge plus onéreuse que pro<»
fitable à l'état; en conséquence le mi-»
nistère répondit par un refus à Toffîne des
Taîtiens. En 1838, l'Ile proclama son en-»
tière Indépendance et adopta pour pa-*
Tillon un drapeau rouge surmonté d'une
étoile blanche. Mais, en 1843, les Fran-*
çais ayant pris possession des Iles Map*
qmises, l'amiral Dupetit-Thouars se pré*
senta devant Taîti pour réclamer des in^
demnités en faveur de ses nationaux ^
victimes de tontes sortes d'injustices,
annonçant qu'il était prêt à user de la force
pour les obtenir. La reine, effrayée, con»
sentit alors, pour se libérer, à mettre son
pays sous la protection de la France.
Le 8 septembre, elle signa avec l'amiral
Un traité par lequel elle acceptait le pro»
tectorat du roi des Français. Un gou»
vemement provisoire fat éubli, atPami»
rai fit flotter sur l'Ile un pavillon pro-
tecleur, signe de notre souveraineté ex-
térieure. Le rpi ratifia ce traité, et
l'amiral, revenu à Papéiti le 1*' novem-
bre 1848, notifia cette acceptation à la
reine ainsi qu'aux consuls étrangers. Mais
depuis son départ de cet archipel, lea dis-
positions de la reine avaient bien changé.
« J'étais bien convaincu à l'avance , dit
l'amiral dans son rapport officiel, que
notre position aux Marquises entraîne-
rait les officiers de la marine britannique
à chercher à s'éublirà Taîti; et on ne
peut douter que sans le pavillon du pro-
tectorat le leur eût été arboré sur cette
Ile avant que le roi eût en la facnlté de
se pnmoiicer. » En efiety dans le mois de
janvier lf4l, une corvette anglàiie ar-
riva 4 Taltf, et, trouvant ta France instal-
lée, le commandant sVfTorça de sonfller
la discorde ; bientôt un missionnaire con»
sal, nommé Pritcbard, débarqua dans nie
et fit ton t pour Penlever à notre influence.
La reine , espérant le secours de TAn*
gleterre, chercha dès lors à revenir sor ee
qu'dleavail fait Elle déclara que sa signa*
tnre lui avait été pour ainsi dire arrachée.
Une lettre fut éiariteen son nom à la reine
d'Angleterre afin d'imptor^ son secoure;
un pavillon defantaisie fut arborésur l'ha-
bitation de la princesse, etc. A la vue da
tant de signes de mauvais vouloir, Tami-
rai Dupetit-Thouars demanda formelle-
ment a Pomaré- Vahiné d'amener sans
reurd son pavillon, qu'il regardait com-
me le symbole d'une résistance organisée
par des agents anglais. Sur son refus, il
descendit à terre, et prit possession de
Taîti le 8 novembre. Mais le gouverne-
ment français a désavoué son amiral et
déclaré vouloir s'en tenir au traité de
protectorat. — P'oir Ellis, Pofynesiûn
Besèarches (1 8Î9, 2 vol.); Barrow, Ota*
heite and Piteaime's Istand; Stevnirt,
f^isit io the South seas ; Dnmont dTJr-
vîlle, Fofoge autour du monde ;B., Lut-
teroth, O'Tatii, Histoire et Enquête
(Paris, 1848, in-8»), etc.
Du royaume de Taîti dépend aussi Plie
de Tethuroa^ qui est composée de dnq
îlots enfermés dans un récif: ce petit pays
est renommé pour la salubrité de Vair
qu'on y respire. Suivant le capitaine Bee*
cbey, plusieurs Iles de l'archipel Pomo-
tou seraient tribttUires du roi de TaftI.
Etmeo (Moorea), autre lie du groupe de
la Société, est remarquable par sa ferti-
lité, ses paysages, ses deux beaux ports,
sa fabrique de cotonnades, son atelier de
charpente,son collège, etc. Elle possède un
des plus hauts pics de la Polynésie. Ella
était autrefois soumise à un chef nommé
Mahiné. Maitea (peut-être la Dezena
de Quiros, l'Osnabruck de Wallis, la
Boudoirou le Pic de la Boudeuse de Bon-
gain ville) est une Ile petite, haute et d'un
aspect agréable; les huîtres perlières abon-
dent sur ses cêtes. Buahine (Wahine) a na
bon port et des montagnes volcanlcpies^
ainsi qtie Tabouai^Manou, Kaiatéa on
Weiéa é de bons ports, est bien pea*
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(3*8)
SOC
plié«9 fl aes babitanu tont 9mez «Tuicés
4tii8 la cÎTilisatioD. Tahaa (Ouha) m
ttitouréa 4a méina récif que (Uiatéa; eU«
Il oepeodiMI^I quelque» porudans lesquels
on pénètre par des ouTertures que laisse
le récif. Borabora est une petite Ile,
mais des plus belles et jouissant du meil-
leiir port, noifimé Yatapé. On y voit une
montagne escarpée* ilfaif/7i^*(Maurua)est
remarquable par son pic. Enfin, TUbai
(Motou«lti)t la plus septentrionale» est
pompoiée d'iloU très bas et boisés. Jj% pé*
cbe y est très abondante. D-o.
90CINISNS. noi)(i donné aux parti-
•auf de^ opîiilons religiebses de Liuus
il de Fau«T« Socih. J^e premier, de Til-
Jttstf e famille dea Soz^ni^ naquù à Sien^
iMy fa lâ2fi. U embrass# la carrière du
luarreiiu» dans laquelle il acquit de la rén
putation; nuôa il quitta Tétude de la ju^
rispruilencf pour celle de la tbéologie,
Sient^ dea doutes s'élevèrent dans sou
esprit sur différents dogmes de k rt«y
ligion. Poussé parle désir de s'inst|uire|
Lélw Socin voyagea en Suisse et en
Allemagne afin de consulter quelques^
uns des réformateura les pbia célèbres df
cette époque, et il se fixa à Wittepber^
oà il passa près de trois ansà étudier les
langues orientales. Se« talents et son xèk
lui gagnèrent ramitié^cMélancbtbop;
a est vvai ^'il dissimulait alors sca op^
imaa béférqdovt. D^ Wittenberg» il se
rendit en Pologne où il se |ia avec plu^
aieurs persounaa qui pensaient secrète-
ment comme lui. Hdgré le soin qu'il
mettail à cacber ses sentiments, il fut
^ioupfonné d'bérésie, et il ne put échap-
per aux persécutions qui le menaçaient
qu'en s'enveloppent d'un mystère plus
profond encore. Il passa les dernières
années de sa vie a Zoricb, où il mourut
en 1561 (roir Illgan, VUaLœUi Socinif
Leips,, 1936), léguant ses manuscriu et
ses opiuiona a son neveu , Fauste Socin.
Vé à Sianne eu 1639, Fauste, à l'/lge
de 30. fm», avait dû quitter sa ville na*
taie, soupçonné d'opîniops bérétiquet ,
el s'était retiré à Lyon. Ce ne fut cepen-
daaft quVprès la Qy>rt de spn oncle qn'il
rmapnença à répandre ses sentiments
daps jquelques brocburea pseudonymes.
Menapé p«r l'impûsition , il s^enfuit de
nées à la cour du gravd-doe, el alfa
pbercber un asile à BAle. Il se tendll
ensuite dans la Transylvanie, où fl trouve
beaucoup de partisans, ainsi qu'en Fe«*
logne. Ces deux pays oompteieni déjà
un gnmd nombre de communautés uni-»
Uires , mais elles professaient des opi«
nions différentes des siennes sur plu«
sieurs points , el elles ne voulurent pee
l'admettre dans leur aeia« H lui lalhn
donc réunir sea sectateurs en église per^
ticulière. Persécuté par toutes les autaea
communions, Il mourut en Pologne en
1604. S— cBuvres se trouvent âuu le
Bihliotheca fratmm Polimmrum^ %. I
el n. On en a récemment publié un
choix en français.
Fauste Sociia fui la précuttenr du ra-
tionalisme (voy. ce mot). Il rejeiail
Uon-*senlement tout ce qui est contraire
aux lois de la raiaon, aMÛi encore tout
ce qui est au^dessua , el ne voulait ad«»
mettre eomme vérité dogmatique que ee
que cette orgueilleuse peut eemprmidre*
Il ne croyait doue ni à la divinité de
Jésus-Cbrisi ni à U Trinité. Dens les
premier» siècles du ebristianbme, Paul
de Samosate, Sabejlius et d'autres, et à
l'époque méose de la réforme, Heoev,
pampanus et Serval aTaîeul professé lea
mêmes opinioui anii-trinitaires. Eu Ile»
lie, en Suisse, en France, en ▲llemagne,
s'étaknt déjà présentés ije bardis nova-»
teura qui attaquaient avec une violenee
égale lea confessions de fbi de TÉgUee
caiboliqiaa el de l'Eglise évangélique, el
qui étaient fondé une foule de seelaa
dissidentes, s'éloignent sens doute lea
unes des autres en beaucoup de pointa
de leurs doctrines, mais a'aoeordant sur
d'autres, el principalement dans leurs ef*
forts pour tout expliquer. Cette opposi«*
tion a tont ce qu'il y a d'lneomprébeMi«>
ble, de surnaturel ^bns la religion, rffçul
elprs le nom général de soêimlaniimê.
Poursuivis atec acharnement par les pra*
tesiants comme par les catholiques, lea
soeiniws ou unikûrês^ comme ils al*
maient à s'appeler, ne trouvèrenl de le«p
lérance qu'en Transylvanie el en Polo«-
fie où plusieurs seigneurs, et même le roi
tienne Baihori, les prire9t sous leur pro-
tection. Malgré la variété de bnifa confea*
siow 4i ^9.iU Mf«BMi^ jiifMia fVH
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SOG
(360)
SOC
▼enir à en Ibmoler use qui réunit toat
les suffrages, et ils restèrcnl divisés en
une naltltnde cU petites commanaatés
sans lien oommun. Leors docteurs les
plus célèbres furent, dans le xvu" siè^
de, Jean Crell, Gbristophe Ostcrod, Jo-
uas Schlichtingy Valentin ScbmaU, Jean
Yœl^ely M. Ruarus, Jean- Louis baron
de.Wottxofen, et surtout André Wis-
sowatius. Pour se donner une apparence
d'oribodozie , ils calquaient en général
leur symbole sur «lui des apôtres. Ra-**
rement ils aTouàrent francbement et
bautement leurs véritables opinions, et
presque toujours ils atlacbaient un sens
détourné aux expressions dont ils se ser-
vaient. Quelques-uns même se permi*
rent d'altérer les oonfessions de foi qui
avaient élé rangées au nombre de leurs
livres symboliques. La plupart de leurs
écrits dogmatiques et apologétiques ont
été publiés à Rakow, en Pologne (pala-
tinat de Sandomir), où ils avaient établi
une imprimerie et un séminaire. Le ca-
técbîsme de cette ville (le grand, 1605,
le petit, 1 639) donne une idée assez claire,
quoique inoompUte, de leur doctrine.
Dans le xyxii^ siècle, les ofMuions soct-
nlennes se répandirent dansquelques uni-
versilés d'Allemagne, mais elles furent
bientôtextirpées. Bu Pologne aussi les so-
cîniens finirent par être en butte à beau-
coup de persécutions; cependant on ne
parvint pas à les anéantir entiècement;
Aujourd'hui Us comptent encore un assez
grand nombre de communautés floris-
santes dans la Transylvanie, où ils sont
tolérés sous le nom d'unitaires. C. X.
SOCRATB, le plus grand nom peut*
être du monde antique, le réformateur
de la philosophie grecque, l'auteur de la
révolution morale qui a préparé de loin
la révolution chrétienne.
Socrate naquit à Athènes, la 4* année
de la Lxxni® olympiade, on l'an 470
avant notre èro, le 6* jour du mois thar-
gélion, qui r^nd à peu près au milieu
de mai. Son père, Sophronisque, était
sculpteur, et sa «ère , Phénarète , sage-
femme. Né dans la pauvreté, la tradition
rapporte qu*tl apprit d'abord le métier
de son pèse, et^eelon Pausanias, on voyait
à r«Hrée de la eitadeUe d'Athènes un de
tes ouvrag^f te aUtucs des Grâces voi-
lées; lescoliiste d'Aristophane les place
derrière la Minerve de PhiiËas. Peut-
être dut-il à ces habitudes de sa jeunesse
le goût du beau qu'il conserva toute sa
vie, et qui fut un des sentimenls direc-
teurs de sa conduite. D'un autre c6té, il
fait lui-même, dans fo Theœtète de Pla-
ton , une allusion ingénieuse aux habt*
tudes d'esprit qu'il contracta, comme
par imitation , du métier de sa mère; il
se donne pour l'accoucheur des âmea.
Cependant Griton , riche' Athénien , qui
l'akla de ses eonseils et de ses secours, le
décida à quitter la carrière d'artiste pour
se livrer à Tétude des sciences. L'histoire
de sa vie, peu féconde en événements^ est
tout entière dans le développement de sea
idées, dans l'influence qull exerça aur
ses contemporains , et en particulkr anr
la jeunesse. Cette époque était celle du
règne des sophistes, de ces rhéteurs, ha-
biles artisans de phrases et dîaleetidetts
subtib, qui improvisaient sans prépara-
tion sur tous les sujets, et enseignaient à
soutenir indifféremment le pour et le
contre. On conçoit les ravages que de-
vaient faire dans les esprits leurs pro-
messes falkmeuses, an milieu de l'anar-
chie intellectuelle et sociale où la Grèce se
trouvait alors plongée , et dans un tempe
où le talent de la parole était Punique
source du pouvoir et de la fortune. Lea
plus célèbres de ces sophistes, Crorgias
de Léontium, Protagorasd'Abdère, Pro*
dicus deCéos, Hippias d'Élu, Pofassd^A-
grigente, Thrasymaque «lie Chalcédotne,
Eodiydème de Cbios, afitoaient à Athènes
où ils trouvaient de nombreux dtsdplea
et un théêtre ouvert à toutes les spécula*
tioos de la philosophie et de la politique.
Quel effet les leçons de ces maîtres d^er-
reur, de ces apôtres du scepticisme, du-
rentpelles produire sur un esprit sain,
avide de pénétrer les secrets du monde
physique et intellectuel? Plus on les écou-
tait, plus on voyait crouler les beses de
toute certitude. Il est donc naturel €|ue
la première tâche entreprise par Socrate
ait été de combattre ce Protégeras, qui
soutenait l'impossibilité, pour l'homme,
de parvenir à la connaissance de la vé-
rité ; ce Gorgias, qui employait les res-
sources d*une éloquence éblouissante et
d'une diakctiqae captieuse à démontrer
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chose, naw MmiMi dans PimpoMaMlité
éê k proofvr; M Prodieas qoi piPéteD»
tait la m mmmt mû prêtent fiuieste fait
à l'koBiM par b aatare, et le retoar mi
néeol conne la délimmce la phis dési-
rable ; enfin ton ces aoplitstaf qui, ooia-
■M Polos etThrasjnMqoe, niaient toute
différence entre le bien et le bmI, entre
le joste et l'injofte. Une drconstanoe qai
coniribaa poissaaiaient à le détoomer
de cette fausse sagesse et è cbercfaer la
Inmière dans une n>ie noiifeile, ce fut
la médîlation firoToode qu'il fit de la cé-^
lèbre inscription dn teaiple de Delphes :
ConMUtt9'4oitci-mém€. Cooforméosent à
ce préœpte do dien, il oomaMoça à
rentrer en lni*aiéney à réfléchir sur les
phénomènes intiaMS de sa consdenoe, et
•ortcnit sur les lois <pii président à nos
actions. Il prit dès lors la réwlntion de
aonsacrer sa vie è éelairsr ses concitoyens
snr l'intérêt le pins élevé des étrss intolli-
gents, et de traraiUer sans cesse à cniti-
ver en ens la nature morale. Ce plan de
condoite le constituait en état de guerre
avec les sophistes. Pour les combstlre, il
employa une méthode dont le double
procédé est célèbre dans l'antiquité, sous
les noms àfiroMÎe et d^mductiam sûcra-
tique*, Ptonr amener ses adfermirss à dé»
Wiler eoiHnémes la fausseté de leurs prin-
dpesy et leur arracher l'aven des con*
tradietions et des absurdités qni étaient
la conséquence rigoureuse de ces prin-
cipes, il ^a<faresmit è eux avec toute Tlm*
milité de llgnoranee ; il interrogeait ces
présomptueux docteurs comme poursMn-
struire, et de questions en questions il
les réduisit à se condamner enx-méaMS
per leurs propres réponses, et à avouer
leur défaite en présence de ce jeune au-
ditoire qne leurs idées fausses risquaient
de pervertir. Cette méthode mtee de
SeeratCi et sa manière de phHosopher,
. loi ételMit en quelqae sorte imposées par
le genre d'adversaires qu'il voulait dé*
masquer et par les habitudes de ses com-
patriotes quHI voulait instruire. On sait
qne les Athéniens passaient leur vie sur
les places publiques, dans les gymnases
et les jardins qfù environnaient la ville.
Dans son projet de fonder l'enseignement
poprialm-d» la «9v»le et ^nhéir è U
(Mi)
SOC
nlêAùtk qn^ croyait a^olr i^sçue comme
mahre de la sagesse pratique, S<»crate se
rendait donc tous les jours sur les places
publiques et dans les lieux de réunion
les plus fTéquentés.II entrait dans les bou-
tiques des marchands et des artisans^ et
il s'entrelenait avec ceux qu'il rencon-
trait sur tous les rapports de la vie so-
ciale^ sur les relations de fttmille, les
devoirs de la religion et toutes les ques-
tions de morale. Avec les jeunes gens,
c<lmme avec les gens du peuple, avec les
esprits peu exercés à penser, il sf'effbrçait
de se mettre à leur portée, en rattachant
ses leçons aux idées qui leur étaient ha-
bituelles. De là ces imsges fsmiKères ,
ces exemples empruntés à la vie usuelle,
ces comparaisons tirées des métiers de
forgeron, de cordonnier, de corroyeur,
par lesquelles il savait attirer leur atten-
tion. Mais une hsute ssgesse se cachait
sous cette écorce grossière, et plus on
pénétrait dans le sens de ses paroles,
plus l'âme se sentait captivée. Qu'on lise,
dans le Banquet de Platon^ l'admirable
éloge qu'Alcibiade y fait de renseigne-
ment de Socrate, et la puissance avec la-
quelle il remuait le cœur de ses jeunes
auditeurs. Cest ainsi, comme on l'a dit,
qu'il a fait descendre la philosophie dn
ciel sur la terre, en s'appKquant à lui
donner toujours une direction pratique.
Ce dédain qu'il témoignait pour les
spéculations qui n'avaient aucun rapport
avec le perfeetf onnement moral de l'hom-
me, il ne l'avait conçu qu'après s'être
livré sérieusensent à l'étude des ma-
thématiques, de l'astronomie et de la
physique. Il avait eu pour msltre Théo-
dore de Cyrèoe, le plus célèbre des géo-
mètres de cette époque. Il avait aussi
consacré beaucoup de temps à l'examen
des théories cosmologiques d'Anaxagore
et d'ArchélsAs. On a mis en doute qu'il
eAt connu personnellement Anaxagore;
mais du moins avait* il étudié ses écrite,
et il eut le mérite de compléter ce qu'A-
naxagore avait commencé. Ce qtd assure
en effet la gloire de ce dernier, c'est d'a-
voh* aperçu bi nécessité d'une inteltigenca
souveraine, et de l'avob, le premier d'esK
tre les phystoiens, mise è hitète de la
cosmogonie. Mais en donnant à cette in-
èatattrêbonéelasil-
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(IM)
90G
fit Ciir* OD pat imoMiiM à UtdmioaflMH
nie et à la théologie : oe pa§«Mvq««iiiie
époque décitif e dani Tbiatoire de fMée
de Dieu.
Socrale eut dei idéea non BMfaia aafc<
ne» et ooa moioa élevéea anr l'âme ha*
■Mine. U la regardait comaie d'^rigÎM
divine et d'une nature entièmneot dtffé-
rente da oorpa, mais en rapport a?eo la
diiinité par la raiion et la ikonlté de pen-
ser. Il disUnf oait en effet une âme sen-
sible et une âme raisonnable, et il pré*
tendait que les pamioni étaient implan*
fées avec l'âme dans le eorps, vers lequel
elles s'efforçaient de la ramener. Il croyait
fermement à l'imesonaUté de l'âme, et
les motifii de eette eroyanœ étaimit tfanés
de la dignité même de l'âme, de l'état de
rêve, de l'idée d'une existence antérieure,
et de U nature de l'être divin, dont l'âme
est imue. Il regardait la mort eomme un
passage à une vie meilleure, du moins
pour les gens de bien, et dans son Jpa^
iûgiâ il parle avec une certitude cahne de
SM espérances; H se sent doneeoaent ému
à la pensée de se trouver réuni avec les
hommes les plus vertueux des siècles pas*
ses; il s'apprèu à paraître sans peur de-
vant des juges incorroptibles, et il espère
trouver dans le séjour des bienheureux
la récompense d'avoir id- bas cherché la
vérité et hitté pour la vertu. Lm âmes
des méchants au contraire eont plongées
dans un lieu de supplices , pour j être
améliorées et épurées par Ua châtiments»
Socrate fonda sa morale sur sa doctrine
religieuse. C'est pour obéir à la volonté
de Dieu que l'homoM doit conformer
la conduite à la règle du bien. On peut
regarder comme le principe de sa mo-r
raie la loi suivante : « Fais ce que la dir
vinité le commande, » H disait que la vertu
est la vraie sagesse, et que le penchant au
mal ne diffère pas de la folie. Il préten<«>
dait que l'homine qui connaît le bien, le
filit aussi , parce que l'homme agit d^or^
dinaire en vertu de ce qu'il sait.
Il était âgé d'environ SO ans, lorsqu'il
prit la résolution de conmcrer sa vie au
culte de U sagesse et à combattre lm cor*
rupteurs de la morale. Si mus le eonsi*
dérone eomme citoyen, nous trouverons
fu'tt
timde loim les âtvmrs qui kH ^
posés» n neeùrtit dPAlhènmque lorsqiM
était requis pour le service militaire, m
une fois pour se rendre a«t jeux isihmi.*
q«ea.Trols foisil fut appelé pourpolerim
arums : la première ibis à Fâge do 19 «M,
U première année de la guerre du Pél»*
ponnèse, au siège de Fotidée, en Tkraee ;
il y surpassa tons ses compagnona par la
constance evee laquelle il supporta lus
fatigues d'une campagne d'hiver; il é^
distingua par sa brai^ourc) y sauva la vie
à Alcibiade, et ahandonna à oe jewM
homme le pvix qm sa valeur avait mé*
rite. Sept ans plus turd, en 434, il peetu
les armée à Délium, et fut le denner è eu
retirer devant Penneasi ; Ut enoere il smiK
va la vie au jeune Xénophou. Enfin, en
410,11 servit «vecCléon contre AmpU-
poUs, en Thrace t ce fut le dernière fese
qu'il prit les arums. Tm^eurs il iq^portn
U mémo exactitude et lo même aèle à
remplir ses devoirs de citoyen. Sa eun*
duite en effet ne fut pas moins exem*
pleire» lorsque dans la 65^ année de eau
âge, soua le gonvernenmnt des Trente^ il
fut élu per le sort membro du eonesil
des Gnq-Oenis, et porté aux fenatioui
d'épistate : c'était celui des meaahrss qui,
le jour oÀ il remplissait ces fonotioM,
présidait l'assemblée du peuple et gar-r
dait U def de laeltadeUe et du tréaer
publie. Alors lm dix généraux de l'armée
étaient accusés de crime eapiul, parue
qu'après la bataille navale des Atginuse^
la tempête les avait empêchés de remplir
le devoir sacré d'ensevelir lm morta« I^s
ennemis dm généraux innocents faisaient
jouer toutes lee ressourem de l'intrigne
pour obtenir du peuple une oondnnna-
tion à mort contre eux. Déjà ils avaient
fait dissoudre plusieurs asssmbléw du
peuple, perce qu'ils avaient vu la majonté
disposée à les dMondre. Enfin une aa^
scflsblée eut lieu le jour même où Socrate
émit épiUate. Lesdémagognes, voyant ka
pâmions populaires soulevées, proposè-
rent avec p^fidie une forme inusitée et
irrégnKère de jugement, qui aurait in*
foMUbleaMtot entntoé leur condamna*
tion. Lm collègues de Socrate, efCrayéa
dm umnaemde la populace, approuvaient
dé}è cette violation dm foresw légalm ;
8oerateaeul|
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soc
■ y VOTQ09 ^i^ W^fBT 99
qo'il «mC prêté, «1 fiffiitttà lotevoMi-
foraiém«iit à U loi» U obtmi «inti im
irkMBphedigMd'êftvi», 4b ^wvfmr^ èuim
•on fr#|Nr« jvflMMttt» nin>*<^ ^ M»wir
MiDit qm bd moI avilit iMiTé cm dix
inMOMift db Uar paru imininwl».
U «t tké 4k ooaotvok <whi«i d'«»*
Béni» divrat lai HMdiflr tt oowrafraM.
iotégrilé, sa féniiilé iaiMmiptiJhlf , m
paniév4mc9 à tUManfiier l'faypoflviiit,
k prétanption , l'i{(DoraiiM «l 1m tum
iBlér«Mées. Lt» «opliista» (|o'il «Ytit dit-
ciMtéty k» poiti» eMiîi|BM dont il blâ-
naii k licenoa, las dévagogntt-ipi'il avait
H MNtTent oonvaiBuni de iouiie, »'e««aa(
pat de peina à k faire aoMidéffar ooaMia
nn tophisla amn subtil al aassi habik,
•Mis pins dingtrem ipia ions oaai qa'il
9«ail eambatmi et décriés; eemine un
coffrnptciir de la jeunesse » qu'il jetait
dans k doalef ai à kqueUe il inspirait
da l'aversion pour ke institutions dn
pa|s. D^ les poètes eoaûqnes» Àristo*-
plMue dans ks Jlfué€9 , Aasipsias dans
son Connuif et finpolis dans les Mapf0Sf
avaieni dirigé contre Soorata ks atta-
qnes ks plos mordantes» On sait que k
mprésantation des ^uées est anifoiaura
da 94 ana au procès de âoorate, Cspen-^
daot les 0rie£i artiouka contre le sa^
sont kaméoses, et rédigésdans ks mépe»
termes que les accusations dirigées contre
loi par Aristophane ; on loi reproche en
efkt de ne pas reconnaître les dieua de
l'état, d'introduira de nouvelles divinités
et da corrompre la jeunessa. De pins, Skw
«rate n'avait jamak dissimulé m pansée
s^r ks fîinestea eonséquenom des formes
démocaatîqnes dn ymvemement d' Atbék>
nés, oi, par une passion excessive de l'é*
galiié^ la loi faisait dépendra du sort l'é*
kction des juges et des msgistiutsde tous
tes ordres. Goinasa k pluiiart des hommes
supérieur» de sau pays» il. avait laissé
apensevoir m prédikction pffur l'aristo-'
aratia, cooMue beauçaup plus &vQrabk à
la direationdesallaires publiimaf. Un de
SM disciples, Crilias, avait été un des
principaux mendNPua du gouvernement
dés Trente, étabU à Athènes par Lacédé*
mosie,à kândekguanreduPélopon»
nèse. Uo autre daseï» discipks AkiÛade,
%n/À élé d^ckié^imflM publie* Aiiyia%
(JM)
sec
ciiosronrkhatt)
qui avait été petsécnié par ks trsnte tjh-
rans, prêta son appui aux eonemkda &^
orata; an ks secondant, il servit à k fbk
sa haine personnelle et k vengeance du
parti popukiae. IléUtua, jeune poète obs-
cur et sans taknl, présaîita au second ar^
cbonte un^dénoncktion oontre SearaÉe,
comme ayant introduit des divinitéano»»
valks, sous k nom de géniea, et corrompu
k jeunesie d'Athènm. Cette aooamtima
concluait à k peine de mort; elk était
soutenue par Anytos, et par Lyeon, un
des orateurs qui avaient alors k pkw da
crédit auprès de k multitude. Socrate»
fort de sa conaeknee» dédaigna de reoDU^
rir aux moyens qu'empkyaionl ordinai«
rement ks accusés pour se rendre les jn«
gns favorables, tek que dm harangum
artistemeni composém , ks soUiciutiona
de sm amisy Im krmesdesa kmase et de
ses enfonis. Il refom de se servir d%n
discours tooahwdt quaLysias, k pks élo-
quent des orateurs de son temps^ avait
préparé pour lui, et il répondit s Bsr*
musgène, qui k coterait da travailler à
9a déknse i « Je m'en suis occupé toute
ma vie. • Il pensaiten efiktqnasavka»»
tière, passée soua ks yeux de sm conci*
toyens, devait être un témoignage sufl»
saut de son innocence* C'est da^ ces
dispositions qu'il comparut dai«m( k tri-
bunal des héliastm* composé de cinq à
six canu JQgm ou'jurés,.car4k étaiani
choisis par k.aort dans Im dix tribus. Il
repoussa les sesumtipns intentées contre
Inien peu de motset avaa un nobk or*
gusil, et il rappela ses services. Lm jogas,
au nombre de ^^, ayant été aux voix,
l$i suiïrages «outre 376 k déçkrèrsnt
coupabk. Trok voix de plus en sa kveor
eussent donc suffi pour Vabi^udre. il mt
évident qna k phis kgiàradémiurcba faite
pour fléchir sef juges» ou moins de fierté
dans sadéknia,auiait.ameoé ce résultat.
Quaikd k loi ne détaraMuait pas k pjsine,
on kissait au condamné k faculté d'in-
diquer lui-même celle qu'il s'imposait*
So^te pouvait donc faire substituer à
k peine de mort proposée par Mélitus ,
un exU, ou k prison, ou une amen4a«
Socrate, ne voulant pM mus doigte as m»
connaîtra cpupabk an «k'iafligeaitt lui*
qpMptw
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soc
( i6* )
soc
iSAlMTOiié timl MlMT «I MrHee à» m
ptlrie, pour avoir travnlM laDt ciMé k
rendre Mt coDciteyens Tertveux, pour
et eir dans eette tue né^gé Mt i^ret
domeeliqnei el tous Mt ii^érétt, il ae
oDodamiiail à être , le retle de Mt
jo«rS| nourri dans le PrylMée (twir.)
aux frais de la république. Cette jus-
tice qu'il se rendait à lui-uiéaie parut
le comble de l'arrogance, et acfaera d'in»
disposer les juges, déjà blessés des leçons
qu'il leur avait faites : 80 des voix qui
lui avaient été favorables passèrent con-
tre lui, et il fut condamné à boire la ci-
guë. Il reçut la sentence avec le même
calme, et se rendit en prison avec une
sérénité înskérable. Il consola ses amis
affligés, et leur fit remarquer que dès le
jour de sa naissance la nature l'avait con-
damné à mourir. Le jour même où il
entra dans la prison, le vaisseau sacré
chargé de porter des offrandes au tem-
ple d'Apollon à Délos partit d'Athènes.
Or une ancienne loi défendait de mettre
à mort les condamnés pendant l'absence
de ce vaisseau. Ce précieui délai fat mis
à profit par le sage et par ses disciples.
Tous les malins, ses amis se réunissaient
auprès de lui, et il se livrait avec eux a
SM entretiens habituels sur le vrai, le
beau, le bien, sur la jostice, sur tontes
les questions de |a morale. Ftaton, dans
deux de ses beaux dialogues, le Phédbn
et le Critonj a recueilli la substance de
ces précieux entretiens. Socrate prouvait
par son exemple que le strict accomplis-
sement du devoir assure à l'homme le
calme intérieur, le véôtable bonheur qu*il
lui est donné de connaître sur la terre.
Cependant ses amis étaient inconsolables
à l'idée de sa perte prochaine , et le pro-
jet de le délivrer de sa prison ne pouvait
manquer de venir à leur pensée. Un d'eu x,
Simmias le Thébain, était prêt à fournir
autant d'argent qu'il en aurait faUu pour
gagner le gardien : mab naturellement ils
n'osèrent rien entreprendre sans le con-
sentement de leur inattre, et, d'après sa
manière de voir, bien connue d'eux-mê-
mes, il y avait peu de chances qu'il se
rendit à leurs prières. Ils voulurent du
moins en faire l'essai. Son ancien et fi-
dèle ami Criton se diargea de le tenter.
La veilla do jour où Socrate devait boire
là oîgttë^ Grtton «ntra de bonne heure
dans sa prison ; le juste dormait encore.
Après avoir attendu son réveil, Criton
lui soumit la prière de ses amis, en y
joignant les motifs queponvaientsoggérer
la position particuKèrs de Socrate et le
soin de sa famille. Cdoi-ci le remerdn
de cette preuve d'amitié, mats il déclara
que cette Ibile ne pouvait s'accorder avec
le» préceptes qu'il avait enseignés tonte
sa vie, et que l'injustice même dont il
était victime ne pouvait le dispenser de
rester fidèle à ses principes et de rem-
plir jusqu'au bout tous ses devoirs de ci-
toyen. Toute eette scène est représentée
en détail dans le dislogue de Criton, Le
vaisseau fatal étant de retour a Athènes,
les magistrats annoncèrent à Socrate qu'il
devait mourir le jour même et lui firent
6ter ses fers. Ses amis entrèrent ensuite,
et il fit retirer sa femme Xanthfppe, qui
s'abandonnait au désespoir, et bientôt
commença ce célèbre entretien où le sage,
instruisant pour la dernière fon ses dis-
ciples, s^attacha à leur prouver que l'an»
est immortelle. Lorsqu'il prit la coupe
de poison pour la porter è ses lèvres, ses
amis fondirent en larmes. « Que faites-
vous, leur dit-il, ê mes amis! j'ai tou-
jours ouf dire qu'H fallait mourir avec de
bonnes psoroles r montres donc plus de
fermeté. » Sentant ses jambes s'appesan-
tir, il se coufchasur le dos. L'homme qui
lui avait donné le poison avertit les amis
de Socrate que tout serait fini dès que le
froid aurait gagné bccMr. Déjà tout le
bis- ventre étsit glacé, lorsqu'il dit à Cri-
ton : «c Nous devons un coq à Escnlape. %
Ce firent ses dernières paroles. H regar^
dait la mort comme la gnérison de tous
les maux. Il mourut à 70 ans, l'an 470
av. J.- C. Bientôt après, les Athéniens re-
connurent son innocenceet fol érigèrent
unestatueen bronze, ouvrage de Lysippe.
Il ne reste aucun écrit de Socrate, si
ce n'est le début dVin hymne è Apollon,
cité par Diogène Laêrce, et Tune des
fables d'Ésope qu'il avait mises en vers.
Les ouvrages de Xénophon, notamment
ses Mémoires sur Socrate et les dialo-
gues de Platon {voy. leurs art.), sont les
sources principales où l'on peut.chercher
la connaissance de sa doctrine.
Eu résumé, Socrate a été le mission «
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SOD
(3&S)
SOI
niiré du ft^itaa&isaMiilaMleâtMiM an-
tiques. Ce qui loi a oanqu» raibnirnÎMi
des siècles, è^esl oe «obWelavdeotea*
prit de prosâjtisme qui l'anîflie, c'est
ce aentimem d'apostoUt qa'eatépciattvé
toas les hooifMS qui a»l exercé une
grande infliience sur leurs semblaUes^ et
qui le sontient lorsqu'il se présente de-
vant tes jo§es le CriNDt levé, iNravani la
perspective du martyre, et forçant en
quelque sorte sa condanusation lorsqu'il
déclare que la mort seule pennra le oon*
traindre au silence. * A-d*
SOCRATE, surnommé U Scakuti"
quey auteur d'une . Histoire ecclésiasti-
que importante, en VU livres, continna-
tion de celle d'Eusebe {ver*) ^ s'éten^
dant de 806 à 439. On sait qu'il naquit
à Constantinople vers l'an de J«-C. <80;
mais les détails de sa vie nous sont d'ail-
leurs presque incottnns. Son ouvrage,
préparé avec soin, composé avec lageiss
et nue certaine indépendance {voir Til-
lemont , BUioire des emperturs^ t. VI,
p. 119 etsuiv.), a été imprimé le plus
souvent avec celui de Sozomène, autre
historiep ecclésiastique , avec lequel il a
les plus grands rapporta : aussi ren-
voyons-nous àcenom pouv l'appaécîation
de leur mérite respectif, dévolue à un
helléniste de la plus haute autorité* S.
SODIUM, vcy. Soiu»«
SODOMIE et GOMORBHB, viUcs
de la vallée de Siddim, sur la eéle sud-
ouest de la mer Morte (iKi)rO« ^ ^eisdie
(ch. XIX) raconte que leurs bahitanu
ayant attiré la colère céleste par k cor«-
ruptîon. de. leurs moeurs, Dieu fit pleur
voir sur elles du soufre et du leu, et les
détruisit, aipsi qu'AdanM, Zéhoim et
Zoar, les trois antres villes de la Peata-
pôle. Cette contrée qui, du temps d'A-
hrabam et deLoth (vo/.), était ausM fer-
tile, aussi peuplée, aussi bien cuUivée
que l'Egypte (Ge/t., XIU, 10), n'oOre
plus aujourd'hui la moindre trace de vé-
gétation; les rochers mêmes, noirs et
arides, semblent porter encoce l'em«
preinte d*une catastrophe terrible. On
sait que la femme de Loth y fut aave«
(*) La Vie da Socratc • été écrita par F. Gbar*
pantier (3« éd , Août.. 1690); par J.*G. Cooper
(Lond., 1749; trad. fr., itSi); parWigcer (a*
éd.,Eostock, 1811)
•\ par Delbroek (Colo*
lappée par sa désùbéiasance, étant chan^
gée, dit la Genèse^ en statue de sel* X.
BŒXM , "woy. PAasar, Faèma. —
SoBuaa nn la csânm^ Sonm» oeisbs,
etc., tior* Gmàmnri {frères et seours de
la)^ HosfffKÉLiBas {pirdres).
80rFARI»BS^tiar*PBMB)T. XIX,
p» 44<.
SOF ¥8 (lbs) ou Sophis (Sefewiés) de
Perse, dynastie qin régna de \h%% à
172», 'Wf. ^WÊBX.^ T. XIX, p. 444-
445. Il ne ûmt pas con^MKlre cette dy-
nastie célèbre: avec la secte dee soupUs
à laquelle noueeonsaerens plus loin un
article*
SOCM^IAliB, provinee deFandenne
Perse {wyf. T. XIX, p. 4t0), formant
aiyourd'hui la Graiide-fionkharie (nof •
ce ckmier mat).
8060R, iior* IsLAinMtisis {ktng.'et
^«.), T.XV, p. 112.
SOIB, Sonmns. La sole «et un fli
délié et brillant, produit par un insecte
nommé ver à saie. Laissant pour ce mot
tout ce qui concerne l'histoire natarelle
de cet insecte et la manière 'dont se
forme la soie, nous n'aurons à parler ici
que de l'édnoation qae le ver reçoit dans
les étahUsaemesMs appelés magnaneries;
nous dirons ensuite les direrses espèces
de aoie qu'on en tire, et enfin nous pes*
serons rapidement en rewe Im dilFérentei
étoffes en soierie que fîhdttstrie livre
Lm- wmgnameries (mot qui vient du
nom de magnan^ qu'on donne en Lan-
gnedaa an ver à soia) doivent être vastes
et bien aérées; les mieux exposées sont
sur des plateaux élevés, et ont leurs fe-
néaresau levant et au couchant, garnies
de toil^ pour préserver l*intérieur contre
les rayons duaaIeiL Une élendae de
14°" de long sur 6 de bfge suffit à
4M^90avers; il faut 4*^ de hauteur podr
àvair7 étages dechiîesque l'on posesurdes
tasaeaux fixés le long des montants da
bois qui vont du sol an plafond ; le rez«
dfr*ehauieéeest réservé au dépM des feuil-
les, au calorilèva, au vendiateur et à
l'étave où l'on lait édore lm œnfii. Le
premier étage, nommé tUeUer cet entiè-
rement occupé par les vers et doit être
divisé par une tesson en deux parties,
dont l'une^plna petite, est destinée aux
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$m
{iM)
toi
dHiDÉ
▼Ml«ft4tllK
«a 4KMMi
A« bîIAhi iU U ^loiMB fsi léfarc •••
deoxpartÎM, enréatrvttMiitttbùitl carré
qui eoaismai<|B««fMU iwrdft^lMlMBée
par une trmppeyau moyeocU laqnaUe e«
fiMl Bontof iat kiiiUfls et daneadre la
lîtMbra dea van; U aal da la ploa gnuadê
iinportaiiça pMir la «uaté da c««i«oi
d'aotratanir wm tampéralsra aoattaaia
•t appropriéa à laar i^a : a'aat an^riroa
3%^ Béanfliiir qa?'à init pavr let dnq
premiart jours, al ao*» pour la roata da
réd«oalîoii; PbjgroMètfa» daaibié àré-
fltor l'anpM da wasUlaUMr^ da?» tMi*
joar» «ufqntr 70 à S6.
La HiobîUard'aoe aagnaMriaaaJbonM
ma objai» i«tf«nU : iaa botlas à fiura
éclora las œafi daoa l'étvra , Iaa daiaa mr
lasqttallaa «n poaa las «ars éaloa^ da pa-
illas tablas à trois rabovds pour inm^
paner las vara, das filais pour la délka»
«a«t al la dédoMblaiMal au fur al à «a-
aota qae ks f<ars sa détaloppant» da
patils fiigoto pour la Boméa qnaad las
Tafa sa préparant à filar» al^sfia das càa^
^laCs pa«r la posla; cas danûara coii«
aîstant ao dau& tablas posées mm cbaiva*
latS| eoavartaa d*Bii liôga sur laquai ftas
faÉMllas déposant laurs asoi^ ol dVià oa
las anlèTa aa plangaaal le lii^a daaa l'aan
tiède et ea passant dessas aT«»aa fa»
aloir ea oa$ oatracala il foal dasaoalaaas
pour couper las leoilles qa'oa doaae aaz
vers paadaal leur praoûer ége» das ba»>
bas poar aattojFar ks claîas^ daaéobal-
les^etc.
L'édoaatâoa da ver à sok dans laaMh>
gaaaark dara 24 joars et se dtviso aa
4 âfcs; pendant cal espace de teiaps
400,000 vers (prodail approxinu^Uf de
$%0 fraaMaea de graine) oonsomaMat
10,000 kilogr. deieuillas| k 84* jour de
son éducation, k ver a atteint aae ka-
gaear de O^'.OS^, et se dispose à fikr son
cocon qa*il acbèva ea 9 joars $ alors il
faat dérwner^ o'eal-à«dîre déplaœr ks
feuilles et délaebar las ooooas» On aiat
ansailade eété les mieaa coaforoiés powr
la reproduction, ci oa dépose lea autres
sar des ckies jasqa'aa maniant d'étouf-
fer ks ebrysalides. Cette dernièta opéra
tian, ^-dairaa lalia saai débû^ afin es
aux papillons k temps da
aoniîsCa à klradttfaa
dans daa lubaa de liao bar«*
I knaés, qu'on dam ploagéa
Il quelques iiearea dans l'au
boulkma.
Avaat de piaaédar au déviésge, on sa
livra aaoera à plusieurs triagaa pfélimi^
nairaa. D'aboréoa sépara dtiea aatraa ks
coaoaa qai saal lacbés au provkaaent
da vers awrtat a'esl ce qa'oa appeik ehi^
qme; easuite on met de côté ks d»mp-^
pioms^ e^mv-k'^ékm caam fermés par deux
vers réunis, et enfin on choisit les co^
tfom ^alDt^« La praoséèra opération qaa
btsoia ait à aubir esl ceik da dMiaf»,
soit dêmâitifm€^ soit industriel : k pra-
mkr se fait, ckas k aiagaanerie aiéaM,
par des kmmss assises devant aae baa*
siae en métal ramplk d'eau cfaauda at
pkoéa ea kœ da Umr qai sert à tirer k
sok; k fikase jeMe plasieara caaeas daaa
cette basiiae pomr détremper k aNrtièra
gammeass qoi antoara el eolk k fil;
puiaelkésbrak pfamikaaoaebe fonaéa
d'an ai grossier naauaé eéêes; qaaad
aUaesl aivi^ée à k sok pare, elk aom<»
manaa à dévbkran arakaat kfil) envase
à cet état qae celui-ci passe à k tom^
nmus qoi k «m anr k dévidaér et aa
kit des écbavoaax, tout en eakvaat ka
Jme$s€i^ les maHagm , les houek^Hs et
aairasdéfsotaaaités qai ont éabappé è k
fiknsa. La bonne aoM ne doit pas donner
pbM da 1 à 1 p. y, de décbat après aaita
dernière opéralka. MaiSravee k praeédé
que noas venons da décrira, an cet lala
d^obtemr ua lésahat aasd mtlikilam
qu'avec l'apparail Gensoul, qui appliqae
aa tiraffc de k soie k cbaufkge à k va-
peur at offire plusieurs avantages kspar»*
tanis, panai ksquab il faut eîiar oeuft
daaminienir l'eau de k bassine à une
température toujours égale, de ranoava^
kr wns oasae une eau très pure, paie*-
qu'dk est ittatillée, et de donner ainsi à
la soie un plus grand édal, d'offrir une
éoonomk notable dans le oombnslibki et
de meure falalite è l'dwi de kfoméa at
dm vapeurs da abarboUé
Après k tirage, Im Soier sont transfi!»
rém sur dm bobinm dites roehets^ en«-
suiteonkspasseaumoa/ftaage,qaidoaa^
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sot
M fil la
Noafi4l<MutKMiîii«ri
furiooipaltd Mpèwi de tok qui oircvltiit
4aiift kooBoitvM. Iamm frWfr oa^ifmt
ul la «oie a l'eut au alla tan ctes naioa
d« filataor. Oa la dwtiaffiw aa toia/rrme
al ao mwjimet la praaiièra ta coai|>ata
lia 12 à 20 coconi et se difite ao 4 q«a*
litéa ^ tarTMit à la fabricatîoB dat ga-
aaa^ dat arépat al dat rabaaa) la •aooadai
dUa gré§9 bkmehe wkjammt ée Fmne^f
an foméa de S à 10 eaoanti el^ owréa
an tnuna al orgaaiiD^ alla aart à la fabrl*
aatioD das gaïaÉ, '^•'^S**» nibaM| aie.
Ijk soiepiatewoL gfégm eammÊUte est da
94 à 26 brioi, aiiart daoa la tapiataria.
Lai grégês $ima , par leur édat al leur
blaaialiaiir^ taal laa aaulak praptat aux li»
lait *«^ '«Mi al géaéralaaMnt ans taÎB*
lai palet I al s'appliquaot taoi prépara-
tion arlîfidalle à la fabriaatiaa dae bloa-
dai et do conçoit qni fidt lai diiiiiii dant
laa fpuai al les étoffci da toîa brodiéai*
Lia frégaa dn Levaal» dhaa bromse 9m
mêitOMp, les grégea da ValaBoa ^ da Vé«
fana et île Bagiio «m aaiployéas an lolaa
àaoudraiaordonnetaatfaktpUtei. La
•oîa gréfa devient soie owrée quand alla
nrefu la piéparaiioo détamiinéa par la
La eaoonda opération «pi'on fiut mbir
à la soie ait la poûf qni aonsiala à rénnir
piMÎenis fila da toîa préga par nna tor-
tian à la Méoaniqna, da maniera à an
ftke «ne tpîrale; la taie grége mite en
poil» à pelltt teart, tans apprêt, dévi*
dée al ranîia an éabareanx 4*nn gain-«
dafe plnt petit, tert de ohaUia dant la
faWioalian dat barégea al dn crêpa. On
appelle poil ^tidlais nne aoia grége à on
iânl boni «pii a tubi nn tort au aKHilin
ai <|ni tcrtà la rabannarîa, la broderie et
la ptttanwntarie.
La tramée att la rénnîon da deux filt
lie toie yéga en poil, tordna Tnn tnr
Pantre; elle t*eoip|oie an tiitage comoM
bout. La trame double^ formée de 9 on
8 boott, n'a reçn qu'un léger tort et tert
de trame pour let étoffât , la patieman»
terie,la bcNineterief on aenaare oan trama
doubla dite namkin^ d'an Wana natif tn*
périenr, formée comme la précédente et
aerrâut à la fabrication dta blondes. Ce
qn'onigppella soie êùrduêf organsin on
(Mf) ÊOt
«Ante, «lia fil de soie tcml ftitl -p6nr Ui
tIaMige et deiilné à fiMMéf la cHélne det
éioftlst t Vofgmmtn ta oanposc de i on
d^WÊ plot grand nombre defilfe rémiU par
une donUa torsiott afin de pradttire on fil
élaitiqna et attea fort pour rétitler è ric«
tlon du peigne; il att trmté par dat ma-
cbhiat nomméat moulins^ qui font mar^
cber un grand nombre da bobinatat met^
tant la fil an pedu écheteanx nommés
coures tours, Let organtina només en
France^ dans laTIfarab, te nommant ot*
gamins de pays.
Oo dittingue encore plntienn etpècet
dasoiet dans la commerces tels sont t IV>^
¥ale^ qui tert à la ftJbricatlon det lacets,
à la broderie, à la cootiure dm ganfo ; la
grenadine , dont on fkit let affilés , les
grattes dentallat et let bloudet nolret ; la
grenade ou rondelettinett la demi-gre*
mufe, qui terfcnt dans la pattenienterie
et dont la dernière ta fait aTCC let doup-
piont dont II a été question dans le cou^
rant da cet article ; \é fantaisie fine et lé
fantaisie tommmne tout employées dahfc
la bonneterie, la pastemettterie^ la tapié*i
terie et dant la &bricatlott det cbâltot de
fantaina; \t fleuret monté de Piémont
on galette sert dant la pastementerie et
forme la cbalne des galons d'or et d'ar«-
gsat.
En Buropa, ce sont lltalle, la Fk^nca,
l'Espagne et le Portugal, la Grèce ^ etc.,
qni produitent le plus de toie. Les ma-
gnaneriet Ihmçaisat peutent en fournir
jotqu*à 1,600,000 kilogr., malt la con^
tommation m beaucoup au-delà. La
Turquie d'Atie, la Perse et la Cbine en
produisent ausal de grandes quantités.
On suppose que la consommation de l'Eu-
rope est de 0 à 7 millions de kilogr.
La soie ayant la propriété d'absorber
une cartaîoe quantité d'éati, qui aug-
mente ton poidir d'une manière trèt led-
tlble, d'où il ponrHiit résulter de grandes
pertes pour l'acbeteur, on a imaginé de
former de» établlsteniants qni , sous la
snnraUlance des cbàmbret du commerce,
procèdent à la dessiccation de la soie avant
qu'elle soit offerte an Aibrlcant : ces
éttMistametttv se nommant (Conditions des
iOiar/ créés d'abord à Turin, en 1760, ib
ftmnt importés plus tard à Lyon , etii.
Un «allalwfaianr Mnairo que la mon
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SOI
(W8)
SOI
a ooDMGré UD •rt.apéciAl daofl oét oovngf .
Le fil de loie, ooBune Bom raroni dit
plus haot, eti cotvtert d*iiii enduit gla-
tineuz qe'on enlève «?ent de lÎTrer ce fil
à la teinlare; oetu préperation t'appuie
cuite on décretuagef et consnte dans an
la¥a§e à l'eau bouîHante chargée de la-
Ton : la soie y perd 25 p. 100 de son
poids et doit subir un nouveau dévidage.
Voilà donc un double déchet assez iai«
portant^ mais il est inévitable y car on ne
ianrait obtenir un tissu moelleua et bril-
lant avec du fil teint sur écru. Toute soie
destinée à la teinture doit, au préalablci
être doublée en trame ouenchatne.Lyon,
qui a su reoonnaldre et mettre à profit
les principes colorants des eaux de ses
deux fleuves, a possédé les premiers ate-
liers de teinture.
Il ne nous reste plus qu'à donner luie
énumération succincte des étoffes de soie
comprises sous le nom de soieries^ qu'on
distingue en unis tt/açonnéSf ainsi que
nous l'avons déjà dit plus en détail dans
notre art* Étoffes.
Les UHÎs sont opérés par le croisement
des fib de chaîne et de trame et s'ezécu-
, tent par 2 à B lisses ; c'est par les diver-
ses combinaisons de ces lisses qu'on ob-
tient les armures^ petits dessins nommés
ainsi parce que l'ouvrier, pour les pro-
duire , attache telle lisse à telle marche,
et appelle cela armer son métier. La ca-
tégorie des unb comprend le taffetas ,
le satin et le sergé*
Le tqffetas est tissé ordinairement
et de préférence en chaîne organsin de
France; les étoffes armures-taiîetas ser-
vent à la fabrication des chapeaux de
dame, robes, mantilles, doublures, gi-
lets, cravates, parapluies, rideaux, reliu-
res, etc.; les taffetas, suivant la grosseur
et le nombre des bouts de la trame ou la
quantité de la chaîne, produisent les
gros de Napks^ de TourSf d'Orléans et
d'Afrique , les foulards , les pou-^--
soie^ les crêpes^ les marcelines, et tant
d'autres étoffes que la mode adopte et
rejette tour à tour.
Le satin se fabrique ex^Jiuivement à
Lyon. La trame est en qualité ordinaire
de France, la dialne apparaît à l'endroit
comme une peau unie, U sert pour ro-
bes, cbapeanx dé femme, gUètt, crava-
tes, habits de eour et de théâtre, etc.
Le sergé est en seconde c|oalité d*or«
gansin et de trame de France ou d'IiaU^
sa côte esten biais, et, suivant ses variétéa,
il devient léifansine^ Virginie ou éolo-
via ; on en fait des robes ^ surtout dea
doublures.
Im façonnés soot des étoffes de soie
sur lesquelles on voit des dessins fornaét
par la combinaison d^ fils de chaîne et
de trame mêlés d'or, d'argent, de laine,
de coton, de duvet de cygne, etc. Ok
emploie les façonnés en chapeaux de feoi»
me, en robes, doublures, boutons, gileta,
robes de chambre , meubles de palais ^
ornements d'église, etc.; on classe anaai
dans les façonnés les crêpes de Chine,
les châles en bourre de soie ou Thibec, les
châles de Lyon et de satin broché, les châ-
les satin uni, les velours frisés, brochée,
cbdés, Mmulés, larmes, etc. Les plus
beaux velours unb se font à Lyon ; c'est
aussi de cette ville que viennent les ve-
lours feçonnés appelés ve/our^ à cantres^
fabriqués sur le métier à la Jacquard
{vof.) : ces -derniers s'emploient en gi-
lets, habits de cour et de théâtre.
Les pays où l'on fabrique le plus de
soieries sont la France, l'Angleterre,
l'Italie, la Subse et l'Allemagoe. On
trouve dans l'ouvrage de M. Sohnitsler,
intitulé De la création de la Rtchesse,
ou des Intérêts matériels en Ersutee^
t. V^^ p. 96, 372, S79 et suiv., et t. H,
p. 140, 156 et suiv., des détails intéres-
sants sur les valeurs des produits de Tin^
dustrie séricicole dans notre pays. On y
voit que la soie, avec les produits qu*el^
sert à fiibriquer , est l'article le plus im*
portant de tout le commerce extérieur
firançab. En 1840, il a donné lieu à un
mouvement commercial de plus de t89
millions de fr., importation et expoita-
tion réunies. En voici le détail :
IMPORTATION l
Soies en laine à consommer fr.
dans le pays 53,731 ,536
Soies en laine à transiter.. . . 40,134,301
Tissus de soie et de fleuret à
oonsommer dans le pays. . 5,299*490
Tissus de soie et de fleuret à
transiter 37,204,483
ToTAi.... 136,369,810
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SOI
(m)
SOI
utoaTATioir :
Soi» en laine de pradection tr,
frtnMiM 3,7W,103
Jd, de prod. étrangère. 47,491 »t 64
Tissus de soie et de fleuret faits
'en France 141,924,906
Tissus de soie et de fleuret faits
«n pays étnwfers 60,732,723
Total... 243,886,886
Dès 1880, il eûatait en France
65|000 métiers occupés au tissage de la
soie pour étoffes, et 80,000 pour rubans.
En moyenne, chaque métier consomme
entiron 80 kilogr. de matière première.
Lyon est le principal siège de la première
industrie, Saint-Élienne et Saint-Amand
le sont lie la seconde. Sans avoir la même
▼ogue, le fabrication des soieries est en-
core plus considérable en Italie , où la
Lombardie est au premier rang : Milan,
Bei;ganM, Brescia, Vicence, etc., sont les
principaux siégea de cette industrie. En
Angleterre, ce sont Spitalfieids et Man-
cluttler ; en Suisse, c'est Bàle, etc. En Tur-
quie, les manufactures de soieries sont à
peu près les seules florissantes.
Ce fut en Gbine qu'on éleva les pre*
miers vers à soie , et l'on croit générale^
ment que l'industrie séricicole est origi-
nnîre de ce pays où l'on cultivait le mû-
rier sous le nom d*arbre. iPor.
. Le mot latin scricum (étoffe de soie)
parait avoir pour étymolo^e le nom de la
Sérique, province au nord-ouest de la
Chine, à l'est de la Scythie asiatique,
(vqr. T. XX, p. 241), où, dès les temps
les plus, reculés, cette industrie avait été
portée à un haut degré île splendeur.
Pline dit que les habiUnto de l'Ile de G6
s'y sont livrés avec beaucoup de succès,
et l'on vit plus tard le commerce des
soieries fleurir sôus le règne de Justinien,
dans les principales villes de la Grèce,
d'où Roger, roi de Sicile, rapporta cette
industrie dans son pays.
Lyon commença en 1460 à produire
des soieries; Tours fut la seconde ville de
France qui se livra à ce genre de fabri-
cation, en 1470; après elles vinrent Avi-
pmn, Nîmes, Saint-Chamend, Saint-
Etienne, et enfin Paris et la Picardie, Le
■létier Jacquard a, au commencement
de ce siècle , imprimé une nouvelle vie
à eelle fabrication. C-b-s.
Bncrelap. d. G. d. M. Tome XXI.
SOBS, vof. Poils, Goeiioir etteâi-
mXA¥.
SOIF, appétition des liquides. En état
de santé, l'homme satisfait ce besoin sans
qu'il lui soit oommaiHlé d'une manière
bien impérieuse* Mais dans certains cas
exceptionneb ou dans certaines mala-
dies , la sensation produite par la soif sur
nos organes devient parfois un cruel tour-
ment. Une irritation douloureuse se fait
sentir d'abord dans la bouche et dans la
gorge, qui deviennent sèches, arides et
chauffes, puis dans les conduits alimen-
taire et aérien, et enfin dans l'estcmiacet
dans les poumons. Le cerveau^ sollicité
par eet appel des voies digestives, ang*
BMnte ou diminue œ supplice, en raison
du plus ou moins de facilité qu'il voit à
le faire eesser. C'est cette corrélation en-
tre cet organe et celui de l'estomac qui a
donné à penser ani physiologistes mo*
demes que lesié^s de la soif, comme ce-
lui de U^ faim, pourrait bien exister dans
l'enoéphale. Quoi qu'il en soit, les mo-
difioaûons de la soif, dans l'état de santé,
s'expliquent par la différence de la dé-
perdition du fluide nécessaire à notre or-
ganisme. Or cette dififérence vient, la
plupart du temps , d'un excès d'exerâice
du corps ou de l'esprit poussé jusqu'à la
iistigue.
Il est à remarquer que plus on avance
dans la vie et moins la spif détient im«
périeuse; elle semble aussi moins vive
chex l'homme que chez la femme , chex
les personnes lymphatiques que chez les
gens nerveux, abstraction faite toutefois
des modifications apportées par le genre
de vie, les goûts, les professions, etc.
On cite des hommes qui éprouvent ce
besoin à un si imperceptible degré qu'ib
peuvent pesser plusieurs mois sans boire;
mais ce sont là des exceptions dont la
physiologie ne seurait rendre compte. La
médecine place la soif au noml^ des
signes caractéristiques de la fièvre et des
maladies aigués. On Tobserve aussi dans
les midadies chroniqnes et dans les alfoo-
tions accompagnées de sécrétions exces-
sives, par exemplede fortes sueurs, comme
la chaleur en oeoasionne. La cessation
de cet impériwix besoin est souvent aux
yeux des médecins un sipie fiuieste.
Du langage physiologiqnoi le mot soif
34
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âoL
(370)
SOL
i pMsé ttttttffelletiient dkfll le lftn§age
figuré, où il est toujours pris, dans èoil
«oeeptioD eifrénie, peur désigner un be-
•oio ou un désir ionnodéré s c'est ainsi
^ne l'on dit d*an homme qn*!! a totfàé
gloire, d'bonneurs, de ricliesBes, de ven-*
geanœ, etc. L^Évangite a dit : Bienhet^
reum ceux qui ont faim ei soif de la
Justice* D. A. D.
SOL (dn latin seium), voy. Tsa&E,
Teaboia.
BOL (monnaie), vof* Sou.
80LA1NB, voy. Solvil, AinriB (t.
h'j p.787 ),CADa49, CTGLK,SracnLB,ete.
SOLAHÉB8, famille de végétaux di-
cotylédones, à corolle monopétale hypo*
gyne. Le nom de oe groupe est dA an
genre soianum (vpigairement marelle)^
qni renferme la pomme de terre, la to*
mate, la mélongène et la douee^amère;
néanmoins la plupart des solanées cen>^
tiennent des poisons à la fols acres et
narcotiques : telles sont, parmi les esp^
ces indigènes, les iusquiames, les man-
dragores, la beUadone et la stramoine;
parmi les eaotiqnee, le tabae {voy, tses
mots) en est on exemple bien notoire.
Les solanées abondent dans la zone tor-
fide, et la proportion numérique des
•spèees diminue des tropiques vers les
pâles ; les régions arctiques en offrent à
peine quelques rares transfuges. Rd. Sp.
SOLDAT, traduction du vtkolHipen^
sUarius^ militaire recevant une ^d^e jour-
nalière, appelée aussi paye ou prêt. La
iolde augmente en proportion du grade,
nt elle varie , en divers pays , suivant les
elreenstances i elle est plus élevée dans
eertaines garnisons que dans d'autres, en
temps de guerre qu'en temps de paix, ete.
Fof, AnMix , MiUTAi&s {administra-
tion)^ etc.
SOLB (solea\ voy, PLBoaoïrEOTSs.
SOLltolSMEw L'étymelogie de oe
mot vient de la ville de Soles, en Gilieie,
fondée par Solon, dent les habitants e«^
blièrent peu à peu la langue de la mé^
tropole. PoHer comme un coion tie
Soles f oû faire des solécitmeSf c'était è
Athènes manqner aux règles de la gram-
maire et de r«Mge| de même à Rome
(«o/r QttintiKen, Inst orat,, I, 6). Dans
toutes les langues fixées par des gram-
maires, un solécisme est une faute con-
tre lee règkn gfÉtnmallealcs {vey. Bar*
BAaisMB). Figurémenietpar plaisanlerin,
e'cftt une faute quelconqucv F. D.
SOLElL (eti lathi sol, solis), astre
du jour, le plus éclatant de tous ceux
qui se montrent à nous sur la voûte cé-
leste, globe immense jouissant d'une lu-
mière à lui propre qu*il dispense à tooa
les corps composant son système. Placé
I l'un des foyers des orbes elliptiques que
décrivent les planètes {voy.) dans l'es^
pace, le soleil exerce sur elles la frfua
grande infliienee , ses rayons les échauf«
fent et les éclairent. Sa lumière est si vivn
que Foeil de l'homme n'en peut suppor-
ter la vue qu'en s'sbHlant derrière un
verre coloré. Les rayons du soleil sont
la source vitale de presque tous les oHni^
vements qui ont lieu sur la surface de In
terre. « P|r son action vivifiante, dit sir
J. Herschel, les végétaux sont élaborée
datis le sein de la matière inorganique,
et deviennent à leur tour le soutien de
l'homme et des animaux ; par elle, les
eaux de la mer se transforment ea va«
peurs pour circuler dans l'air, arroser la
terre et produire les sources et les riviè-
res. Elle est la cause de toutes les pertur-
bations de l'équilibre chimique entre lea
éléments de la nature qui, par une série
décompositions et de décompoaitioiis,
donnent lieu à de nouveaux prodnita. »
(Foy, VsLTUhvuiàK^.)
De la terre, le soleil parait affedé de
deux mouvements qui ne sont que des
illusions d'optique par suite desqueUea
nous lui prétons les révolutions qui ap-
partiennent au globe sur lequel nous vi-
votB, à peu près comme nos yeux croient
voir marcher les objets situés sur les bords
d'une route ou d'un fleuve que nous par-
couroQS en voiture ou dans un bateau.
Le premier de ces mouvements apparents
du soleil est celui qu'on nomme com^
mun, parce qu'il appartient a toute hi
sphère céleste , qui fait une révolution
complète autour de la terre, en 34 heu^
res, décrient en occident i ee mouvemeot
est dû à la rotation de la terre sur son
axe ; il cause le jour et la nuit et produit
le lever et le coucher du soleil, et sa mar^
che an-dessus et au-dessous de l'horixon.
L'autre mouvement apparent du soleil ,
qti'on nomme son noavenent propm^
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SOL {il
B*Mt fMtt plot réel, et rérahe MAmnenl
de le nerohe de le terre eatonr de cet
«être. £o effet , per suite de cette révo-^
lotioD de le terre, le reyem mené de no-
tre oeil an cebtre du soleil changé cob-
tiDoellement de direction et Ta marquer
dansleciel, parmi lesétoiles fixes, uo poiat
ams eesae différent. Ainsi, dans le cours
^ d'une réroKition complète, de 866> 6^
^ 10*.6, le soleil parait avoir décrit
d'occident en orient un grand cercle de
la To4te céleste, suivant Forbite même
que parcourt la terre (vo)^. ÉcLiPTiQtrE).
ik»mme Paie de la terre est incliné sur le
plan de son orbite, il s'ensuit qu'elle pré^
sente dîtersement les différents points de
sa sorCioe à l'action solaire pendant cette
réf dation : de là vient Tinégalité pério-
dique de longueur des jours et des nuits,
la succession des saisons et les différences
de zones et de climats que l'on remarque
sur la terre.
Ce n'est point ici le Heu de nous ar-
rêter sur cette prétendue marche du so-
leil que le» anciens regardaient comme
réelle et qui a faussé une foule de locu»-
tions usitées dans ^astronomie. Mais
comme toutes les apparences dues au
ttourement de la terre ont leur utilité,
11 se trouve qu'on a particolièrement be-
•oln de connaître à chaque instant le
liem du soleil , c'est-'à-dire le point du
grand cercle de la sphère oélesteoù le pro-
jette une ligne menée de notre œil à son
centre. Pour cela on suppose la terre im-
mobile au foyer de l'ellipse que le soleil
semble parcourir dans ledel, et on tran^
porte même à l'astre les vitesses varia-
bles du mouvement de notre globe. Gela
admis, si l'orbite do soleil était un cercle
et qu'il le parcourût d'un mouvement
uniforme, il suffirait de connaître sa si*
toatioD à un instant déterminé, pour trot»*
ver imaiédiatement celle qu'il occuperait
il un moment quelconque; mais il n'en
eai pas ainsi ; l'observation a fait voir que
le vitesse angulaire de son mouvement
varie continuellement , et (}ue , dans le
même espace de temps, il décrit des arcs
différents suivant l'époque de l'année où
Kon se trouve. Il est dotie nécessaire de
•avoir ramener le mouvement moyen et
•niforme que l'ou prend potir base des
ctlettlsan mouvement réel et inégal t c'est
<>
SOL
à cet Qiagè que servent les êahles du fo^
hii. D'abord, de la durée de l'année si-
dérale, temps dans lequel le soleil par*
court les 360^ de l'écliptique , on tire
facilement la grandeur de l'arc quil fran^
cbit en un temps donné, la vitesse étant
supposée uniforme (5^' 8". 88 par jour);
en sorte que le lieu du soleil se trouvant
indiqué pour on point initial qu'on nom^
me Vépoque ( partant ordinairement dtt
minuit, temps moyen, qui sépare l'année
de la précédente), le lieu de l'astre s'ob«
tient naturellement en ajoutant la quan-
tité de ces arcs qu'il a dû parcourir de*
pnis« Cependant on n'a point ainèi le
lieu vrai du soleil ; pour cela il faut en*
oore réduire le mouvement circulaire
qu'on a supposé en mouvement ellipti-
que, pois tenir compte des diverses per-
turbations qui résultent de l'attraction
mutuelle des planètes. Tous ces éléments
du calcul solaire se trouvent dans les tà-
Le diamètre apparent du soleil variant
oontinoellement de grandeur, on en a
ooncld que cet astre est tentât plus près
et tentât plus éloigné de la terre. Son ex-
centricité a été trouvée égale à 0.0 1 67 94,
le demi grand axe de l'ellipse qu'il par^
court étant pris pour unité. La mesure
de la parallaxe (To^.)solaire, évaluée à en*
viron 8".0, donne pour distance moyenne
du soleil à la terre 38,984 fois' la hm-
gueur du rayon terrestre, ou à peu près
162,000,000 de kilom. Pour se Aûre
une idée de cette énorme distance, on n't
qu'à songer qu'une locomotive de chemin
de fer qui marcherait avec une vitesse
continuelle de 83 kilom. à l'heure met-
tait 600 ans pour arriver au soleil 1 Cette
dntance une fois connue, on a pu trouver
les dimensions propres du soleil, en la
combinant è l'angle qui mesure son dia-
mètre apparent. C'est ainsi que le à\k*
mètre réel du soleHa été évalué 109.98^
fbia cehii de la terre, ou l,4O6,O0<l
ktlom. (près de 4 fois la dbtance de le
terre à la lane). Le volume de ce corps
prodigieux équivaut donc k 1,838,480
fois celui de ta terre, c'est>Ȉ-^dire que les
(*} Ce chiffre est celui de fJnh, dm Bvr. d»i
img, M. Biot dit ailUnrft m fois ^',} sir J.
Herschel met iii~{ ce qui produit naturelle-
mcnt qaelqaet légères Yariantes dans les cbif*
fret tpA ■mtvat.
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SOL
(57Î)
SOL
volumes réanU de toutes les planètes
Bont bien loin d'en approcher. La niasse
du soleil, dédalte de la théorie de l'at-
traction , est représentée par le nombre
854,936 f celle de la terre étant prise
pour nnité. En comparant la masse au
▼olume, on voit que la densité moyenne
du soleil est à celle de la terre seulement
comme 0.9 S43 est à 1, ou à peu près le
quart.
Lorsqu'on observe le soleil avec des té-
lescopes d'un pouvoir amplifiantsnffisant,
•t garnis de verres colorés , on découvre
souvent à sa surface des taches noires de
formes irrégulières et changeantes, en-
tourées généralement d'une sorte de pén-
ombre ou bordure moins sombre. Dans
un temps plus on moins long, ces taches
s'élargissent, se resserrent et disparaissent
même entièrement. Les plus persistantes
semblent traverser le disque solaire dans
l'espace d'environ 14 jours; arrivées à
l'on des bords de l'astre, elles cessent
d'être visibles pour reparaître au bord
opposé après un égal intervalle de temps.
Quelquefois, auprès des grandes ta-
ches, on observe de larges espaces cou*
verts de raies plus lumineuses que la
masse entière, et qui ont reçu le nom de
/acules. Les grandes taches se montrent
à peu près toujours dans une région
comprenant une soixantaine de degrés :
c'est an milieu de cet espace qu'on a
placé l'équateur solaire; et, expliquant
le mouvement apparent de translation
des taches par la rotation du soleil sur
son axe, incliné de 87<> 30' sur le plan
de l'écliptique, on a conclu de la durée
uniforme de la marche révolutive de ces
taches, que l'astre tourne sur lui-même,
d'orient en occident, dans une période
lie 351.0115, suivant Delambre , de
35I.5, suivant VAnn. du Bur, des long,
Lidépendamment de ce mouvement sur
lui-même, W. Herschel a cru reconnaî-
tre dans les étoiles {voy.) un petit dépla-
cement qui semblerait indiquer un mou-
vement extrêmement lent du soleil vers
la constellation d'Hercule, et qui pourrait
faire croire à des révolutions des systèmes
stellaires les uns autour des autres.
La découverte des taches du soleil avait
été attribuée jusqu'ici à Galilée; mais
M. Arago, dans sa savante Analyse
historique et critique de la vie et dès
trwaux désir W. Rerscliel (insérée dans
VAnn. du Bur, des long, pour 1 843), la
revendique pour J. Fabricius, qui en parla
dans un ouvrage dontl'épltredédicaloire
porte la date du 18 juin 1611, tandb
que la première publication de Galilée
où il en soit question est seulement de
1613. Le judicieux secrétaire perpétuel
de l'Académie des Sciences pense que Ga-
lilée avait aperçu vaguement quelques
taches au soleil lorsque Fabricius les ob-
serva avec assez de fidélité. C'est enoore
à l'astronome allemand que M. Arago
adjuge la priorité de l'observation de la
rotation du soleil, soupçonnée par Jor-
dan Bruno et Kepler; mais il reconnaît
que Galilée découvrit les grandes facules,
et le jésuite Scheiuer les petites, c'est-
iirdire les points lumineux, les rides
dont le soleil est parsemé dans toute re-
tendue de sa surface. On trouvera dans
le même ouvrage une énnmération com-
plète des diverses opinions des anciens el
des modernes sur la constitution physi-
que du soleil et sur la nature des uchea
qui paraissent à sa surface. On sait que
les astronomes sont encore loin d'être
d'accord a ce sujet. Quelques-uns oot
imaginé que le soleil est un corps en
combustion, et que les taches obscures
ne sont que des scories qui viennent na-
ger à sa surface. Les facules, au contraire,
seraient dues à des sortes d'éruptions vol-
caniques. D'autres pensèrent que la masse
solaire était recouverte d'une matière
lumineuse soumise à certains flux et re-
flux, par suite desquels d'énormes por-
tions rocheuses étaient mises à nu. Wil-
son, le premier, supposa, en 1774 , que
le soleil était composé d'un noyau solide
et obscur entouré d'une sorte d'atmo-
sphèrelumineuse. Sir W. Herschel inter-
posa, entre cette atmosphère phosphori-
que et le noyau, une autre atmosphère
compacte, beaucoup moins lumineuse,
ou même ne brillant que par réflexion.
Dans cette hypothèse, la plus générale-
ment admise am'ourd'hui, l'apparilioa
des taches s'explique par des échan-
crures produites dans les atmosphères,
au moyen desquelles on aperçoit le noyau
du soleil; la pénombre est l'extrémité
de l'atmosphère obscure moins largo ^
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SOL
(373)
SOL
ment écbftncrée qae Tatmosphère lami-
neute, et entourant Touverture qai laisse
\oir le noyau. Pour rendre compte de
FagiUtion produite dam la masse lumi-
neuse (lu soleil, Herschel supposait qu^nn
fluide élastique, d'nne nature inconnue,
se formait incessamment à la surface du
corps obscur jet s*élevait dans les hautes
régions de Tatmosphère solaire, à cause
de sa faible pesanteur spécifique, en dé-
chirant dans son passage les diverses en-
veloppes de Tastre. De l'activité de ce
courant naissent les différentes apparen«
ces lumineuses qui frappent nos yeux, et
auxquelles le grand astronome de Slough
donne les noms idH ouvertures ^ lorqu'on
voit le noyau obscur; de bas^fonds ,
quand il y a seulement dépression de la
matière lumineuse; de chaînes^ quand,
au contraire, cette matière s'élève au-
dessus de la surfifte moyenne des nuages
solaires lumineux ; les nodules sont pour
kii Ae% petites places lumineuses extrê-
mement élevées; les corrugations se
eomposentd'élévations et de dépressions ;
les dentelures sont les parties obscures
des corrugations; enfin. Us pores sont
les parties basses des dentelures. « Si
cette théorie de la formation des taches
solaires était fondée, dit M. Arago, il
faudrait s'attendre à trouver que le so*
leil n'émettrait pas constamment les mè-
nes quantités de chaleur et de lumière.
De grands noyaux, de larges pénombres,
des rides ^ des jacuies indiqueraient
l'existence de courants ascendants très
actifs, et, dès lors, une abondante émb*
sion lumineuse et calorifique. L'absence
de ces divers genres de tacbes , au con-
traire, signalerait une diminution d'ac-
tivité dans la combustion solaire, une
certaine rareté dans les nuages lumineux.»
On sait que l'idée d'une influence des
taches solaires sur les températures ter-
restres se présenta, en effet, de bonne
heure aux physiciens. Herschel, man-
quant d'observations météorologiques
suffisantes^ et sans se dissimuler ce qu'il
pouvait y avoir d'erroné dans une sem-
blable appréciation, s'avisa de comparer
l'apparition des taches au soleil avec le
prix moyen do blé : il trouva que les
récoltes étaient d'autant meilleures que
le soleil avait plus de taches. Une hypo-
thèse de M. Brewster (art. Astronomie
de VEdinb, Encjrclop,) pourrait servir à
corroborer ce fait. Ce savant imagine
que les rayons de calorique non lumi-
neux qui forment une partie constituante
de la lumière solaire sont émis par le
noyau obscur du soleil, tandis que les
rayons visibles, colorés, proviennent de
la matière lumineuse dont le noyau est
entouré. De là, dit-il, la raison pour la-
quelle la lumière et la chaleur paraissent
être toujours combinées, l'une des éma-
nations ne pouvant être obtenue sans
l'autre. On comprendrait alors pourquoi
il ferait plus chaud quand il y a plus de
taches, car la chaleur du noyau nous ar-
riverait sans avoir été affaiblie par l'at-
mosphère qu'elle traverse ordinairement;
mais, ajoute l'auteur lui-même, le fait
de l'excès de chaleur pendant l'apparition
des taches n'est pas certain.
Herschel pensait aussi, après d'autres
philosophes, que le soleil pouvait bien
être habité» Pour le prouver, il chercha
è démontrer que le noyau solaire peut
n'être pas très chaud malgré l'incandes-
cence de l'atmosphère^ et que la réaction
chimique lumineuse pouvait s'opérer à
un assez grand éloignement de la surface
solide pour n'y produire que l'apparence
de nos aurores boréales. D'ailleurs , les
couches nébuleuses intermédiaires peu-
vent être douées d'un assez grand pou-
voir réflecteur pour protéger efficacement
le corps solaire contre son atmosphère
lumineuse, dont l'état d'ignition peut
bien être mis en question. Quoi qu'il en
soit, on en est encore rédnit à des con-
jectures sur la nature du soleil. Cepen-
dant il résulte d'observations aussi déli-
cates qu'ingénieuses que la matière in«
candeseente du soleil ne peut être ni solide
ni liquide, mais gazéiform^ attendu que
les rayons lumineux émanés d'une sphère
solide ou liquide en incandescence jouis-
sent des propriétés de la polarisation,
tandis que ceux qui s'échappent des gaz
incandescents en sont privés, ainsi, que
Fourier s'en était aperçu. Or M. Arago
a reconnu que la lumière du soleil était
dans le même cas, ce qui parait prouver
qu'elle émane d'une sorte d'atmosphère.
L^expérience qui conduit à ce résultat
montre en même temps que la lumière
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SOL
[iU)
SOL
des bord» dn soleil est aussi ▼!?• qae celle
da centre, d'où il résulte que lesoleti n'a
point d'atmosphère an delà de la matière
lumineuse; car, s'il en était autrement, la
lumière des bords en ayant une plus forte
couche à traverser, se trouverait plus af«
faiblie. D'un autre côté, M. Pouillets'é-
tant proposé de déterminer quelle peut
être la température des rayons solaires
évaluée d'après les effets qu'ils produisent
sur la terre, a cm pouvoir l'élever à
1,200<* en moyenne.
Telles sont en résumé les notions que
la science a acquises touchant le globe
magnifique qui nous éclaire et qui parait
être la source de toute vie; astre qui a dû
être adoré des hommesavant aucun autre,
qui a reçu primitivement leur culte (voy.
Baal, Osiius, Phébus, etc.), et qui mé-
riuit cet hommage, si on le considère
comme une des plus belles créations de
l'Auteur des choses. Et pourtant, trompé
par les apparences, on a longtemps fait
rouler ce char de feu autour de la terre
en l'assujettissant à ses lois. Mais cette
erreur a fini par faire place à des opi-
nions plus rationnelles. Des esprits hardis
ont proclamé la fixité de cet astre im-
mense par rapport à nous (voy» Plahé-
TEs); la science a dessillé nos yeux et ravi
au ciel la connaissance de ses lois ; c'est
alors qu'un grand poêle, le chantre de la
Henriade^ a pu retracer le système de
l'univers en ces vers admirables :
Dans 1« ceotr« éeUtaDt de ces orbetimmensee
Qoi n*ont pn nons cacher lenr marche et lenrt
distances,
Lait cet astre du jonr, par Dieu même allumé.
Qui toaroe aotonr de soi sur soo axe enflammé.
De lai, partent tans |in des torrents de lumière;
Il donne, en se niontrant, la vie à la matière.
Et dispense les jours, les saisons et les ans ,
A des mondes divers autour de lui flottants.
Ces astres asserris à la loi qui les presse
S'attirent dans leur course et s'évitent sans cesse.
Et servant l'un à l'autre et de règle et d'appui
Se prêtent les clartés qu'ils reçoivent de lui.
Au delà de leur cours et loin de cet espace
Où la matière nage tt que Dieu seul embrasse
Sont des soleils sans nombre et des mondes sans
fin.
Par delà tons ces deux le Dien des cieux ré-
side!...
L. L.
SOLEIL (coups dp), V0r*ÉEY8I99feui
et Insolation.
SOLEIL (bot.), voy. HiLUHTRE.
SOLKUfàN, kbalile, vey. Om..
whrADSs. Du reste, pouro^méoMWWiy
voy. SouiCAV.
SOLEURB, 10« canton de la Confé-
dération suisse (vof .)> dans laquelle U
entra avec Fribourg en 1481, est borné
au nord par le canton de Bâle, à l'ooeil
par la France, au sud par le canton de
Berne, et à l'est par celui d'Argovie. Il a
une superficie de 13 milles carrés géogr.
et une population de 69,100 bab., fioaa
catholiques, exoepté les 4,S60 réforséa
dn bailliage de Bucbeggberg. Le pajs est
coupé par quelques chaînons escarpée dn
Jura, dont le point culminant s'appelW
Hasenmatte; cependant le sol est gêné*
ralement fertile et bien cultivé, snrtout
sur les bords de l'Aar : aussi Soleure ert»
il le seul canton de la Suisse en état d*ex«
porter dn blé. On en exporte pareiHement
une assez grande quantité de lin et de ier,
de la verrerie, de la poterie et beaucoup de
kirschwasser. La constitation dn 17 aoàc
1814 ne reconnaît aucun privilège ; «e«
pendant les habitants de la ville jooia»
sent d'avantages considérables, La nooM^
nation des ^ des membres du graad
conseil leur appartient. Ce grand conseil,
oomposéde 101 membres, exerce k poia-
aance législative, tandis q«*un petit con-
seil de 2 1 membres est chargé de tout œ
qui concerne l'exécution des lois et l'ad-
ministration. Une oour d'appel, formés
de 13 membres choisi» dans le grand
oonseil, décide en dernière instance lea
causes déférées aux tribunaux de canton.
On évalue à 180,000 fr. le revenu pa-
blic. Le contingent fédéral est fixé à 904
hommes, et la contribution à 18,000 fr.
Ij» chef- lieu du canton, Soieurcj est
situé dans une des plus belles contrées de
la Suisse, au milieu de prairies dont de»
collines chargées d*arbres fruitiers et de
bouquets de bois, ainsi que de jolies mai-
sons de campagne, rompent la monoto*
nie. Le voisinage du Jura donne au pay-
sage un caractère alpestre. La ville
elle-même est divisée par l'Aar en deux
parties inégales que réunissent des ponla
en bois. Elle compte 4,260 hab. Les mea
ne sont ni droites ni égales , mais elles
sont assex larges, fort propres, bordées
de belles maisons et ornées de jolies fon*
tsinei. Lea remparu ferment de olisr^
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SOL
(876)
SOL
PMrmI 1m éfiftcet
publiât, on cite F^Um de Saint-Uniii
«▼•cane tour d« 180 piedi^ uabeau por-
tail et on graad aotel remarquable f^ Fé«
gliea au Jé»aitety la naisoo de correctioD
avec de ooubrem trophées; la caserne
^ servait antrefoîs d'bÂtel à l'ambassa-
dewr fraa^ais^ et le théâtre. Soleure pos-
sède un lycée et «■ gymnase , cinq con-
^rentSi une bibliothèqQe de 8,000 vol.,
«ne maison d'orphelins, une grande
■Mnnfactnre de toile peinte, des fabri-
. fnas de eoton, de cuir, de tabac, de vi*
naîfrode beis, une librairie et quelques
noprineries. Un important commerce
dn transit rend la ville fort viYante. A
,«ne demi-Uene, on va visiter Termitafe de
âaiat^Vérone. C. £.
SOLFATARE, vey. Soufre.
SOLFÉQB, SOLMISATION. Ces
deux mots, dont le premier est tiré des
■notes êoifa^ et le second des notes sol
mif sont anonymes, mais ne s'emploient
fias tonjouM indifféremment l'un pour
l'antre. Le mot solfège désigne propre-
ment une pièce de musique sans texte,
4eslinée à être chsntée, en nommant cba-
mine des noies qui la Oomposent avec
l'intonation et le rhytbme convenables,
^est par abus que l'on a quelquefois ap-
pelé snUéges des pièces destinées à être
ohantées sur Tune des voyelles de l'al-
^haftmt : ces sortes de morceaux se nom-
. ment vocmlises (v^y. Voix , Vogaluâ-
nov). On nomme encore solfège le re-
«Mil de pièces de oe genre destiné à l'u-
sage des élèves. Dans ces deux sens, on
ik^emploie jamais le mot solmisation qui
sert apéoialement è désigner l'action de
solfier 9Ê^ de solmisery mais dans e^sens
on peut anmà se servir dn mot solfege, et
dira ^«Ttf, l*éùuU dm solfège.
Les anciens Grecs se servaient a cet
MêH des syllabes vce, vu, t«*, rt, qui se
■epranaient pour chaque tétracerde ; si
le tétracorde étaitconjoint, au lieu du tc,
on nommait immédiatement le va. Cet
usage passa sans doute chex les Romains
atec la musique greoqne;mais on ne trou-
ve plus aucune trace dn solfège dans le
moyen-âge jusqu'à l'époque de Guido
d'Areax<K Ce musicien justement célèbre
fienvfût ponr la lecture du plain-chant
ma BiéthtdU mnémofthnigne qui ooa-
sistait à retenir par cceur un hymne on
pièce quelconque , dont ensuite on opé-
rait le rapprochement avec le morceau
qu'on voulait exécuter. L'hymne de saint
Jean-Baptbte offrait è cet égard un avan^
tage particulier ; la première strophe en
est ainsi conçue :
Ut queant Iaxis
RBSonare fibris
Mira gestorum
FAmou tuorum ;
3oLve poUuti
LAlûireatum,
Sancte Joamies I
Or, dans le chant de cette pièce , la
première syllabe de chaque vers manche
de degré en degré, le semidiaton se troc^
vaut du troisième au quatrième; il était
facile, pour s'habituer à lire d'autres
morceaux, de Im confronter avec cft
hymne appris d*abord par cœur. On
étendit ensuite cette pratique, et l'on
prit l'habitude de nommer les notes par
les syllabes initiales indiquées comme
moyen dé reconnaître l'intonation. Mais
comme dans ce système six degrés seule*
ment portaient un nom, il fallait, lors-
que le chant dépassait Thexacorde, trou-
ver un moyen pour exprimer le demi ton:
de là le système des mtmnces^ qui con-
sistait à ramener l'appellation mi^Ja au-
tant de fois que se présentait le semidia-
ton employé alors sous les seules formes
mi'fa^ la-si ^ si l|-tt/; on solfiait ainsi
par nature , par bémol et par bécarre*
Les Italiens, qui furent les derniers à se
servir de cette méthode, ont aussi été les
derniers à la quitter. L'invention de la
syllabe i/, indiquant le second semidia-
ton de Toctave, la fit d'abord abandonner
en France, en même temps que les Alle-
mands adoptaient pour solfier les lettres
de l'alphabet. Quantité de modifications
ont été proposées dans la dénomination
des syllabes destinées à la solmisation ; la
seule qui ait été reçue en assez grand
nombre de pays consiste à substituer da
à ût , comme étant plus sonore , et par
conséquent plus commode à prononcer.
Dans le plain-chant, on a quelquefois
nommé en solfiant lesîk zaytilemi^may
ma» dans l'usage ordinaire, en musique
comme eu plain-chant, les notes ne chan-
gent pat de nom lorsqi^élias sont afftc-
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SOL
(876)
SOL
téw du di^ ou du bétBol^el pir conié-
queui élerées pu abaîsiéet du temidiatoii;
pour parer à cette anomalie, oo a long-
temps employé uoe méthode qui ne faisait
au fond que substituer un înconvéDient
à un autre. Tonte musique , quelle que
fût l'armure de la clef, était ramenée
aux modes d*ar majeur ou la mineur:
on sent que de cette manière l'on n'ob-
Unait plus le Yériuble degré du son et
que l'on donnait à une cbose le nom
d'une autre; d'ailleurs l'irrégularité à la-
quelle on avait voulu porter remède sub-
•isuit à l'égard des notes altérées acci-
dentellement! et cette méthode n'offrait
pour l'élève qu'une facilité apparente;
de plus, il fallait en solfiant ainsi par
transposition lire dès le commencement
sur toutes les clefs. Quoi qu'il en soit,
longtemps ce système a été usité en
France et ailleurs, où on l'appelait soU
misation à la française.
On peut dire qu'au fond il importe
peu quel nom l'on donne aux notes, pour-
vu qu'on les entonne juste et qu'on leur
conserve la durée nécessaire, car la est
vérîublement tout l'art et tout l'avantaga
de la solmisation.
Quantité de professeurs de chant ont
publié des solfèges plus on moins estima-
bles. Le recueil connu sous le nom de
Solfège d Italie ne baissera jamais dans
l'estime des connaisseurs , car il est dû
■ua plus beaux génies de l'ancienne éoole
napolitaine. Le Solfège du Conserva'-
toire (de Paris) renferme aussi un assez
grand nombre de morceaux reoomman-
dables. Le Solfège de Rodolphe^ quoique
d*assez mauvais style, est encore le plus
répandu. J. A. m L.
SOLIDE, CoEPS, Volume. On donne
ces noms, en géométrie, à l'étendue [voy.)
considérée dans ses trois dimensious, lon-
gueur, largeur et épaisseur ou profon-
deur. Néanmoins le mot solide s'emploie
plutôt relativement à la forme, à la fi-
gure d^un corps, et celui de volume quant
a sa mesure. On distingue deux sortes de
solides, suivant qu'ils sont terminés par
des surfaces planes ou par des surfaces
courbes. Les premiers se nomment aussi
polyèdres[vor. l'art.); parmi lesseconds,
la géométrie élémentaire ne s'occupe
guère que de la sphère^ du cylindre et du
cône^ auiqnek spui <
particuliers. On a dit an mot Bisous»
TioN ce qu'on entend par solides de ntf-
volution. Il a été question des corps ré-
guliers à l'art. PoLTiouB : ajoutons aen-
lement ici que la sphère, qu'on suppoee
limitée par un nombre infini de polyg»»
nés, peut encore être considérée oomMe
telle. On appelle solides sembUMes ceux
dont les volumes peuvent être différents,
mais dans lesquels la relation des limitai
est la même. Par exemple, deux polyè*
dres sont semblables lorscpie tous Iran
angles solides sont égaux et semhlabU
ment plaoés, et que leurs hùm skoées de
la même manière sont semblables. Laa
solides réguliers de. même nom jowiissot
naturellement de cette propriété. Deox
polyèdres semblables sost entre eux
comme les cubes de leurs o6tés homolo-
gues.
Pour mesurer les solides, en les rap-
porte à un autre solided'nne étendue dé^
terminée : un cube {voy.) sert ordinal»
rement d'unité comparative; c'est-à-dirt
que pour mesurer les solides, on charehe
combien de fois ils contiennent le vd«
lume d'un cube dont le odté
ayant, par exemple, 1 mètre de lo
Ce cube prend le nom de mètreonlie. La
capacité d'un autre enbe s'obtient en
multipliant deux fois son eûté par lui-
même ou en l'élevant à la S* puissance,
dite aussi puissance enbe. Pour bien eoM
prendre ceci, supposons un carré de 8*
de côté; posons diessns, le long d'nn eêlé
d'abord, des cubes en forme de gras dés,
ayant chacun 1™ de côté : il y en anm
3 ; il en faudra enoore ^ antres sembla-
bles pour couvrir l'aire de œ carré;
maintenant, mettons une anire oonohn
de 9 cubes sur celle-*là, puis enoore unn
autre sur cell&^i : a présent, si nous me-
surons en hauteur le côté du nonvean
cube que nous venons d'élever, il est bien
évident qu'il aura également S*", pnis->
qu'il résulte de la superposition de 8 eu-
bes de 1°^ chacun. £h bien! si noua
comptons le nombre des plus petits en*
bes qui composent le plus grand , nous
en trouveroos 8 fois 9 ou 27 : un cube
de 8™ de côté aura donc 37 mètma en-
bes, c'est-à-dire que ce dernier nombre
résultera de la nmUiplicatton.du carré
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SOL
(377)
SOL
ptriarMiiie o« dk la BNillipltettioii mie
Ibk fépétée da ^produit éa c6té par liii-
•mème. SappoioDf encore qa\me aatre
eoiiohe de 9 dét foit ajoutée sur les trois
Mitret^ Bout muront an prisme ayant
4*^ de hautenr et 8™ sur la bâte : 80 cu-
bes de t^ y seront renfermés; ce nom- ,
bve résultera delà multiplication de Faire
de la base 9, par la hauteur 4, ou de la
BualtipUcation swccetsive des diverses sré-
Iss les unes par les autres. Aussi, en rè-
gle générale, pent-on dire que le volume
.d'un solide s'obtient en mesurant stcc
l'unité linéaire les trois dimensions du
solide eienles multiplisnt successive-
ment, la longueur par la largeur pour
avoir l'aire de la base, et celle- ci par la
kanteur pour avoir le volume. Cette loi
xe^t qiielques modifications pour plu-
steors figures; mais elle est exacte pour
tous les parallélipipèdes.
Ce que nous venons de dire est suffi-
sant pour faire comprendre comment on
mesure le volume de tout solide qu'il est
possible lie décomposer en prismes ou en
pyramides, puisque, ainsi que nous l'a-
iwns dit à ce mot, celleS'Ci peuvent être
considérées comme le tiers d'un prisme
de méflse base^ de même hauteur; mais,
dans la pratique, les corps dont les sur*
faces sont remplies d'illégalités offrent
des difficultés souvent insurmontables :
on se. contente alors généralement d'une
valeur appro&imative. Cependant, lors-
qu'il s'agit de corps très petits, les phy-
siciena emploient un moyen assez simple :
ils le jettest dans un vase contenant un
liquide, et mesurent la quantité de celui-
ci qu'il a déplacée, lorsqu'il n*est ni trop
léger ni spongieui.
En physique, on donne le noqi de so-
lides nua corps qol ont de la consistance
et dont les parties démentent naturelle-
ment dans la méoM situation, et qui ont,
an ovtre, une fermeté capable de résister
au choc d'un autre corps. L. L.
SIRiILOQUB, vof. M(moLoous.
SOLIMAN I-III, sulthaus turcs dont
neus avons déjà parlé à l'art. Othomaii
(empire)^ T. XIX, p. 46 et suiv., ainsi
que de Soliman-Chah {vox. i^., p. 45).
Nous ne reviendrons ici que sur la vie
du principal d'entre eux, Soliman H.
Cet empereur , surnommé Kanouni
ou le Législateur par ses sujets, et le fila-
gnifiqne par les écrivains chrétiens, na-
quit en 1496, et régna de 1530 à 1666.
Fils unique deSélim I^, à qui il succéda,
il n'avait pas été élevé comme l'étaient
ordinairement les princes turcs , mais il
avait été initié à tous les secrets de la po-
litique. Dès son avènement an trône, il
donna une preuve éclatante de son amour
de la justice, en rendant leurs biens à
tous ceux qui les avaient perdus sous le
gouvernement de son père , en relevant
la considération des tribunaux et en ne
nommant aux emplois que des personnes
capables. Il força a la soumission le gou-
verneur de Syrie, Gazeli-Beg, qui s'était
déclaré contre lui et avait entraîné dans
sa révolte nue partie de l'Egypte; détruisit
les Mamelouks et conclut une trêve avec
la Perse. Tournant ensuite ses armes con-
tre l'Europe , il assiégea et prit Belgrade
en 1521. L'année suivante, il conçut le
dessein de s'emparer de l'île de Rhodes,
qui était depuis 318 ans entre les mains
des chevaliers de Saint-Jean-de* Jérusa-
lem. Il leur écrivit une lettre pleine de
fierté où il les somma de se rendre, s'ils
ne voulaient être tous passés au fil de l'é-
pée. Cette conquête lui coûta beaucoup
de monde; mais enfin la ville, réduite
aux dernières extrémités, fut obligée de
capituler le 96 déc. 1523. Le vainqueur
envahit ensuite la Hongrie, où il gagna,
en 1 636, la fameuse bataille de Mohacs
(voy.). Il prit Bude en 1539, et marcha
sur Vienne. Il livra vingt assauts en vingt
jours k cette capitale ; cependant il se vit
contraint d'en lever le siège, arec une
perte de 60,000 hommes. En 1584, So-
liman II passa en Orient et conquit la
Tauride, mais il fut battu par Nadir-
Chah, et, en 1565 , il éprouva le même
sort devant 111e de Malte. En 1566, il se
rendit mettre de 111e de Chios, et il ter-
mina sa glorieuse carrière, le 80 août,
derant les murs de Szigeth en Hongrie ,
quatre jours avant la prise de celte place.
Les marais qui l'entourent lui avaient
suscité une fièvrd maligne. Ses armes vic-
torieuses le firent également craindre en
Europe et en Asie. Son empire s'étendait
d'A.1ger à l'Euphrate, et du fond de la
mer Noire jusqu'à la o6te occidentale de
laOrèceetdePÉpire.
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SOL
(878)
SOL
{lolimao éUit auiti propra MX af-
faires dé la paix qu'à cellaa d« la guerra.
Il aTait UDA activité tarprenaiite ; il était
eiact observateur 4e sa parolei ami d^ la
justice et attentif à la faire reodre. Â.aHi
l'amour paitioooé qu'il éprouvait pour
Roxelaoe, esclave italienne selon les uns,
russe selon M. de Hammer, mais aasu«>
rément pas sœur du roi de Pologne^ qu'il
épousa et perdit au mois d'avril 165S,
put seul l'entraîner k faire égorger les
enfants qu'il avait eus précédemment,
pour assurer le trône au fils de eette aul-
thaoe. Du reste, il était cruel, et il ternit
l'éclat de sa gloire, après la bataille de
Mohacs, en faisant ranger en cercle 1,600
prisonniers de distinction et en les faisant
décapiter en présence de Tarmée. Soli*
man ne croyait pas que rien fût impos-*-
sible lorsqu'il ordonnait» U se servit de
•on pouvoir sans bornes pour établir
l'ordre et la sûreté dans ses états. Il di-
visa l'empire en districts dont chacun de-
vait fournir un nombre déterminé de
soldats. Une partie des revenus de cha-
que province fut destinée à Tentretien
des troupes, et il surveilla lui- même con-
stamment avec la plus grande attention
tout ce qui concernait l'armée. U intro-
duisit dans son empire un système d'acU
ministration financière , et pour que les
impôts ne fussent pas trop lourds, il s'im-
posa dans ses dépenses la plus sévère éco-
nomie. Il fut sans contredit le plus grand
des sulthans othomaos. Sous son règne,
les Turcs atteignirent à l'apogée de leur
puissance ; avec lui disparut le bonheur
constant qui jusque-là avait accompagné
leurs armes. Ambitieux et actif au su*
préme degré, il signala chaque année de
•on gouvernement par quelque entre-
prise considérable. Observateur conscien-
cieux des préceptes du Coran, il fut moins
corrompu et beaucoup plus instruit que
ses prédécesseurs. U aimait les mathéma<>
tiques et surtout l'histoire. En un mot,
il eut toutes les qualités d'un grand prin-
ce, mais il n^eut pas celles d*un bon roi.
Son successeur fut le fils de Roxelane ,
Sélim IL C. X.
60LIN (C. Juiius SouHus), écrivain
du temps de Septime ou d'Alexandr»»
Sévère, a donné, som le titre de Poly^
histor^ une sorte 4a ravut de tout les
pays plosou i
Ce n'esl guère qu'une o^mpilation Ini»-
telligente de tout oe qu'il a trouvé de
merveilleux dans PUne le Batwraliato. Smi
livre, traité svee une juste sévérité par
les savants mèmesqoi font commenté, n^
guère d'intéi4t que pour un éditear ds
Pline, qu'il peut aider, par ooaiparaîso»^
dans la critique du texte. Ce Hvre, sans
aucune valeur scientifique et sans mérît»
littéraire, reçut pourtant de rimpatienea
des contemporains une publication pré^
maturée. Nous l'avons tel qu'il fut plus
tard publié par l'auteur, et nous ne pou-
vons expliquer son succès que par la ra*
reté des livres et la cherté du grand o«^
vrage de Pline. S. Jérôme et Prisden
sont à peu près les seuls auteurs qui
l'aient dté. On prétend que le judicieux
Ammien n'a pas dédaigné de s'en servir;
cependant il ne l'a jamais nommé. Au
moyen-âge, un moine a fait un abrégé
de cet abrégé, et Ton assure quHui autre
moine l'avait mis en ven.
On attribue à Solin un fragment de
43 vers, très prétentieux et remplis d*i-
mitations fort peu déguisées, sur les pio^
ductioDs de la mer.
Solin a été imprimé pour la piemièw
fois à Venise, par Nichas Janaon, en
i 47 1. Le meilleur teste estceltii de San-
maise, publié avec ses études sor Pllne^
Paris, 1629, 2 voK in^fol., et mîem
Utrecht, 16S9. L'édition de Reyher,
Gotha, 1666, est pourvue d'un bon* in-
dex. Solb est eoaspris dans laeollection
de Deux-Ponts, ainsi que dans éslles dm
Panckoncke et de Nisard. J. IL
âOLIPftDBS (de soins, seul, •tpet,
pied), famille de l'ordre des paehydar*
OMS, veiy, ce mot.
SOLIS (don JOAV Diab ds), woy. Rio
DB LA Plata, t. XX, p. 617.
SOLIS (don Anronffo de), poêle et
historien espagnol , naquit à Plasenda,
dans la Vieille -Castiile, le 18 julllel
1610. Son goût pour l'art dramatique se
développa de bonne heure : il fit jouer
plusieurs pièces qui eurent un grand
succès, entre antres BiJlicazar dil i^-
creto et la Gitanilèa de Madrid, Il mit
aussi des prologues (ioas) à plusieura
pièces de Caldéron. La réputation qu'U
acquit oomflw poéu draaati||na, joinln
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SOL
(379)
SOL
mer Solb membre de U ebeocelierie d^é-*
ut ei bûtoriogrephe des Iodes. Aprèê de
longues éiiides » il écrivit loo éloquente
Histoire de la conquête du Mexique
(Medr.» 16$4, io-fol. ; 178S, 2 vol. in-
4*»; Lood., t809, 8 vol. in-8*'), le der^
nier ouvrege classique de l'Espagne en ce
genre. Il entra plus tard dans les ordres,
et monrut àlifadridylel9 avril 1686. CL.
SOUTAIRB, vo^. MoNASTiM, En-
ifiTjEy etc.
SOUTAIRB (vui)» voy. Veas nr-
TSSTIIUVX.
SOIXICITOR 9 SoLUGITOa GBHX-
%ài^ VOy. AlTOElIBY.
SOUJNG (ro&iT de), voy, Hâno-
-VUE et BmuMswic.
. SOi.MISATION, vor- SoLrÉOB.
SOLMS (maisoh de)* On fait descen-
dre le maison de Solms, jadis immédiate
de l'Empire, de U même soacbe que celle
de Nassau (2>o/.), ce que semble confir-
mer la situation respective des possessions
de cee deux familles et l'analogie de leurs
armes (la porte et le lion). Toutefois ce
n'est qu'à dater de 1129 qu'on voit figurer
les comtes de Solms dans T histoire. Cette
maison acquît en des temps fort reculés
des possessions oonsidérables dans le
Wettéravie ; meis elle se divise de bonne
beure en plusieurs brancbes , dont deux
ieurissent encore anjourd'boi sous le
nom de lignes de Bernard et de Jean.
P Ligne de Bernard. Beenaed,
fondateur de cette ligne, était le fils aîné
du comte Othok, qui mourut eu 1409.
A le mort de son 4* deacendant , Cou*
EAD, en 1693, il se forme trob nouvelles
brencbea : celle de BraunjeU^ qui s'é-
teignit le 80 juillet 1698 ; celle de Hua-
gem^ qui ne subsbta que jusqu'en 1678,
et celle de Gretfenstein^ qui recueillit
l'bérîtage des dena autres. Cette dernière
avait été fondée par le comte Conrad;
son petît«fils,GutLULO]iB-MAUEXCE, hé-
ritier de ses collatéraux, prit, en 1698 ,
le titre de Solm^-Braunfols. Son fils,
Fesoixic> Guillaume, fut élevé, le 22
mars 1743, par l'empereur Charles VII,
à la dignité de prince d'Empire. Le chef
actuel de cette ligne, qui profosse le ve-
ligion réformée, est le prince Fx^déeic*
GoiLLàmcx^FiEPUiAiin, i|é le 14 déc.
1797 et neveu du roi de Hanovre,
2^ Ligne de Jean, Jean, fondateur
de œUe ligne, était le second fils d'û»
tboB. Il obtint en partage les bailUagaa
de Lich et de Laubaofa, auxquels , par
son mariage avec Elisabeth deKronberg,
il ejoota Basdelheim. Cette lignene tarda
pas à se diviser en deux branches : celle
de Solms'Lich et celle de Solms -Lau^
bach. En 1590, la première se subdivisa
en deux raoneaux i Solms'Lichei Hohen*
solms; mais, HEEMAini-Ai>OLPHE-MAii-
EiGB, comte de lich, étant mort sans
postéritéen 1718, FaénibiiOrGuiLLAiJits
de Hoboisolms, mort le 17 janv. 1744,
hérita de ses possessions. Son fils, Chae-
LES-CnaiTiBN (m. le 22 mars 1808)^
fot élevé, par l'empereur Francis II, le
14 juillet 1792, à la dignité de prince
d'Empire. Le prince de Hohensolms eo*
tuel, Louis, est né le 24 jan¥. 1805. Il
professe aussi le culte réformé. La seoon*
debranche,oelledesoomtesdeSolms-La«-
bach, qui appartiennent k l'Église luthé»
rienne, se divisa plusieurs foisen un grand
nombre de rameaux, dont quelques-uns
fleurissent encore aujourd'hui, oomme la
branche de Solms-Sonnerwalde^ k le^
quelle se rattachent le maison de SolmS'»
Leypcj enSilésie, etcellede «$o///ir^^a-
ruthy souche des fomilles de Solnu-Roe»
delheim^ dont le représentant actuel,
Chaeles -FEioiEic-Louis-CnE^EV-
Feeoinavd, est né le 16 mai 1790 ; de
Solms " fFiidenfels ^ qui a pour chai
FEiDiEio-MàONUs, né le 17 sept. 1777,
et de Solms' fFilder^els'Laubaehf re«
présentée par le comte OrnoH, né le
r'oct. 1799.
Les possessions de le maison de Solms,
d'une superficie totale d'environ 21
milles carr. géogr., avec une population
de 60 à 65,000 Ames, ont été médiati-
sées. Elles sontdispersées dans la Prusse,
la Hesse, la Saxe et le Wurtemberg. La
partie la plus considérable et la plus
compacte est située dans la Prusse rfaé«*
nane. C'est là que se trouvent les denx
bailliages de Brauofols et de Greifon-
stein qui appartiennent au prince de
Solme-Braunfols, et celui de Hohen-
solms, que potaède le prince de Solms^
Lich et GLobensolms. E. H-o.
SOLO, mot iulien qui signifie «f#/
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SOL
(380)
SOL
•t désigna un morceau de musique joué
par un nenl iottrument ou chanté par
une seule toîz, avec ou sans accompagne-
ment. Il est l'opposé de tutti ^ tous, et a
pour corrélatif les mots duo^ trio^ qua-
tuory eic, For. STMPHomi.
SOLOGNE, petit pays de TOrléanais
Îvor*)f '"^'^î^îoi' ^® Tancienne Beauce
vof,)^ ayant pour chef-lieu Romoran-
tin. La Sologne est connue pour son ari-
dité. Nous en avons suffisamment parlé
à l'art. Loui-st-Ghe&. Foy, aussi Cher.
SOLON, législateur d'Athènes et l'un
des sept sages {voy,)^ naquit dans Tlle de
Salamine, Tan 688 av. J.-C. Son père
descendait du roi Godrus, et par sa mère,
aïeule de Platon, il était parent de Pisis-
trate. Après avoir recueilli, dans le com-
merce et par ses voyages, de la fortune et
beaucoup d'observations sur les mœurs
et les institutions des peuples; après s'é«
tre exercé aux sciences de la politique et
de la philosophie dans les réunions des
sages de la Grèce , il revint se fixer dans
sa patrie. Athènes était alors eu proie
aux dissensions et dépouillée de Salamine
par les Mégariens. Solon, par son esprit
conciliant, par son courage, parvint si
heureusement à rétablir l'ordre, à re-
prendre Salamine, que ses concitoyens
reconnaissants lui offrirent le souverain
pouvoir. Il repoussa cette offre et n'ac-
cepta que la dignité d'archonte , avec la
mission de réformer les abus des diffé-
rents services de l'éUt et d'organiser un
nouveau code de législation. Le premier
acte de son autorité fut d'aboUr les det-
tes pour mieux rétablir l'égalité, pour
rendre surtout la multitude favorable à
ses nouvelles institutions. Le peuple fut
divisé en 4 classes, suivant le revenu : les
8 premières pouvaient seules entrer dans
les magistratures ; la 4*, trop pauvre ,
n'eut que le droit de voter dans les as-
sembléies et les jugements. Ainsi, cet
homme d'état, mêlant habilement la dé-
mocratie à Taristocratie, offrit à tous les
citoyens des garanties et des droits. Dans
l'intérêt des mœurs, qui sont la force
d'une république, il accrut l'autorité de
l'aréopage, en lui conférant les devoirs de
U censure sur chaque famille. Enfin, aux
lois de Draeon (vo/.), dont il ne garda
que celles contre les meurtriers, il sub»
stitua un codeuge, modéré, en harmo«*
nie avec le caractère national. Quand ces
réformes dans la constitution furent ac->
oomplies, quand les nouvelles lois furent
promulguées, Solon fit prêter aux Athé-
niens le serment d'y être fidèles pendant
un siècle; puis il résigna ses fonctions
de législateur. C'est alors qu'il visita l'E-
gypte, alla chez Grésus {wyy,)^ qu'il con-
vainquit de l'instabilité de la fortune, et,
après 1 0 ans d'absence, il rerint à Athè-
nes ; mais telle fut sa douleur de la voir
près de tomber sous le joug de Pîsistrate
(vof,) et de ne pouvoir empêcher son as-
serrissement, que, désespérant de la H*
berté, il se retira des affaires et se réfugia
en Cypre; il y mourut dans sa 80* an-
née (l'an 558 av. J.-G.).
Solon, qui s'est tant illustré comme lé-
gislateur, comptait aussi parmi les meil-
leurs poètes. De ses poésies élégiaques et
gnomiques, il ne reste plus que des frag-
ments recueillis dans les Ânalecta de
Brunck , dans les Poetœ gr, minores de
Gaisford et dans la Sylloge de M. Bots-
sonade. F. D.
SOLSTICE (solsiitium^solis statiOf
point d'arrêt du soleil). Ce nom a été
donné au temps où le soleil, dans sa
course sur Técliptique, se trouve le plus
éloigné de l'équateur et touche à Tun dea
deux tropiques (voy, ces mots), parce
que, durant quelques jours, cet astre, à
cette époque, semble comme stationnaire,
conservant à peu près la même hauteur
méridienne, et que les jours avant et
après le solstice sont de la même lon-
gueur : cela vient de ce que la portion
de l'écliptique que le soleil parcourt
alors est presque parallèle à l'équateur.
On se rappelle que la ligue suivie en ap-
parence autour de la terre par le soleil,
ou Técliptique, est inclinée d'environ
23^ sur l'équateur, cercle terrestre dont
tous les points sont également éloignés
des pôles. Lors donc que le soleil •
quitté un des deux points équinoxiaux,
où les deux cercles se coupent, pour al-
ler rejoindre l'autre, il décrit sur l'un dea
deux hémisphères une courbe qui s'éloi-
pke chaque jour de Téqusteur et se rap-
proche de l'un des tropiques, cercles pa*
rallèles à l'équateur. Arrivé à ve point
culminant, qui est le soUtioe, il redes-
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SOM
(381)
SOM
ceisd par une courbe semblable Ters Vé-
quateur, le travene, et passe sur l'hé-
misphère opposé, pour exécuter lejnéme
mouvement* Ainsi dans la révolution an-
nuelle apparente autour de la terre, le
soleil touche deux fois les tropiques,
comme il cOupe deux fois l'équateur; il
y a donc deux solstices: l'un, quand le
soleil entre dans le signe du cancer,' qui
est le point où l'édiptique touche le tro-
pique auquel ce signe donne son nom;
l'autre, quand l'astre parait au premier
point du capricorne, point où l'éclipti«
que touche au c6té opposé le tropique
de ce nom. Cest à la première de ces
époques, vers le 21 juin, que commence
notre été : aussi nommons-nous le sol-
stice qui 7 correspond solstice (Télé;
les jours sont alors les plus longs de Tan-
née pour nous; à l'autre solstice, vers le
21 décembre, commence notre hiver : on
l'appelle solstice d'hiver; nous avons
alors les jours les plus courts. On conçoit
facilement que le contraire a lieu pour
les peuples de l'hémisphère austral {yoy.
Saisons). Le grand cercle qui, passant
par les pôles et l'équateur, réunit les
deux points solsliciaux^ s'appelle le co»
lure {vqjr,) des solstices. On a donné un
nom particulier à ce méridien, parce
qu'il sert à mesurer l'obliquité de l'édip-
tique. L. L.
SOLUTION, iSoLUBiLiTi. En géné-
ral, on nomme solution [solutio^ de xo/-
pere^ délier) le dénoùment d'une diffi-
culté, d'un problème. Une question
solubie est celle qui peut être résolue ,
dont on peut donner la réponse. En ter-
mes de chimie, on entend par substances
solubles celles qui ont la propriété de se
foudre dans un liquide, de s'y résoudre
en particules invisibles, comme le sucre
et une grande quantité de sds dans
l'eau, etc. On dit alors que cette eau
renferme du sucre ou tel sel eu solution
ou dissolution. Ia solution est donc To-
pération par laquelle un corps solide se
fond dans un liquide ; la solubilité est la
qualité de ce qui est solubie. Voy, Divi-
sibilité. Z.
SOMERSET (comtes et ducs de).
Us tirent leur nom d'une des provinces
ocddentales de la Grande-Bretagne, si-
tuée au sud du canal de Bristol. Ia pre-
mier de ces litres appartint d'abord ià la
famille de Molum^ et le second à celle de
Beai^fortfdont les fils le portent encore^*
Mais, dans l'intervalle, il fut illustré par
Édouàed Szymovwl(vox,\ protecteur du
royaume sous le règne d'Edouard VI, son
neveu. Beau- frère de Henri VIII, par
suite du mariage de ce prince avec aa
sœur Jeanne Seymour {voy,)^ il s'étaîi
déjà fait connaître, pendant ce règne^
sous le titre de comte de Uertford. Gréé
duc de Somerset, le 1 1 févr. 1 548, comte»
maréchal le 17 du même mois, puis en*
fin gouverneur du roi et protecteur du
royaume le 12 mars suivant, il jouil
d^abord d'un pouvoir presque illimité.
Ses succès militaires en France et eu
Ecosse, sa partialité pour les Communes,
lui avaient valu une grande popularité.
C'était plus qu'il n'en fallait pour lui at-
tirer des ennemis puissants dans le sein
de l'aristocratie. Le premier de tous fut
son frère Thomas Seymour (i^o/.), grand*
amiral , dont la mort lui fut imputée.
Les comtes de Southampton et de War-
wick se mirent à la tète d'une ligue con-
tre lui. Somerset, envoyé à la Tour eC
dépouillé de ses biens en octob^ 1^49,
réussit, an mois de février suivant, à res-
saisir son pouvoir et son influence sur
l'esprit du jeune roi. Mais, en octobre
1551, Warwick, qui venait d'être créé
duc de Northumberland, les lui fit per-
dre de nouveau, en l'accusant de projets
d'assassinat et de complot. La première
de ces accusations ayant été admise par
les juges, Somerset fut décapité à Tower-
Hill, le 32 janv. 1553.
Édouard-AdolpheSetmoue,] t^duc
de Somerset, né le 24 févr. 1775, l'ait
partie de la Chambre des pairs depuis
1793. L'alné de ses fiU, lord Seymour,
né le 20 déc. 1804, a épousé une petite-
fille de Sberidan. Depuis longtemps
membre de la Chambre des communes,
il appartient au parti whig, qui, lors-
qu'il parvint au pouvoir, le fit nommer
(1835) un des lords de la Trésorerie.
Robert Cabb, vicomte de Rochester,
puis comte de Somerset, né en Écoa-
(*) Le lieatenant général lord Bouht*
Édoitard-Hbnri Sojmerset , et lord GraoTÎHe
Cb A aLM-Hiir RI Somerset, premier et second
fils da duc defieaafort actael» Ibat partit de la
Cbanbre des comamnes.
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SOM
(Ui)
mu
•è, d*Qiie famille noble, fui quelCjoe
temps favori da roi Jacques I^, auquel
il avait plu par sou extérieur séduisant.
Mais cette faveur dura peu (1618-1616),
et bientôt ses liaisons avec la comtesse
d'Esses y qu'il épousa après l'avoir fait di-
vorcer, la part qu'H prit à l'empoisonne*
ttent de sir Thomas Overbury, son ami,
lui aliénèrent l'esprit du roi, et le fameux
Yilliers, duc de Buckingham {voy.)^ le
femplaça dans la confiance de Tlncon-
atMK monarque. Somerset, sauvé par sa
démence du dernier supplice, mena une
tie obscure et misérable jusqa'en 1 638 ,
époque oà l'on croit qu'il mourut. R-t.
SOMRHET, vor. GioEOiE.
SOMMAIRES (MATii&Ks et juge-
MBHTs). En termes de pratique, on nom-
me matières sommaires les affaires qui,
par leur nature ou leur faible impor-
tance, exigent une procédure et une dé-
cision plus promptes et moins dispen-
dieuses que celles des affaires ordinaires.
On appelle yn^/rarn// sommaires ceux
qui sont rendus dans certaines contesta-
tions qui requièrent célérité, mais qui
eependant ne sont pas soumises à la pro-
cédure établie pour les affaires som-
Les afiaires sommaires sont en géné-
ral dispensées du préliminaire de la con-
eiliation. Elles doivent être communi-
quées au ministère public, dans les
mêmes cas où le seraient les affaires or-
dinaires. Les parties ne peuvent plus,
comme autrefois, plaider seules leurs
causes sommaires : elles ont besoin de
i'assisunce de leurs avoués. E. R.
SOMMATION , action de sommer,
e'est-à-dire de signifier, de déclarer à
quelqu'un, dans les formes établies, qu'il
ait à faire telle ou telle chose, sinora
qu'on l'y obligera. Un général somme
une ville de se rendre avant de l'attaquer.
L'amtorité doit faire des sommations avant
d'employer la force armée pour dissiper
les attroupements {voy»)» Ce mot se dit
particulièrement des actes par écrit con-
tenant une sommation faite en justice.
Dans les cas de mariage, on nomme som"
mation respectueuse un acte extra-ju-
diciaire qu'un fils âgé de plus de 35 ans
ou une fille nuyeure de 31 ans sout te-
nus, d'après le Code civil, de signifier à
leur père et à leur mèf e ou à lettn aTeul
et aïeule , lorsque ces parents refusent
leur consentement à Punion projetée
{voy. Maeiaoe). Z.
SOMME (nuith.), vay, Additigh.
Somme y du latin stmtma^ substance,
résumé, est aussi le titre de quelques
ouvrages, de certains livres qui traitent
en abrégé de toutes les parties d'une
science, d'une doctrine, etc. {wf. S*
Thomas).
SOMME ( DÉPAETEHEBrr DE la).
Borné à Test par les dép. de l'Aisne et
du Nord, au midi par ceux de la Seine-
Inférieure et de rOise , à l'ouest par la
Manche, et au pord par le dép. du Pas-
de-Calais (vo)^.ces noms), il est traversé
de l'est à l'ouest par la rivière qui lui
donne son nom, et qui, venant de Fons-
Somme auprès de Saint-QUentin, se jette
dans la Mancbe après avoir reçu dans le
dép. la rivière d'Avre et la Celle ; cHe
est longée par un canal commençant dans
le dép. de l'Aisne et appelé canal de
la Somme» Ce (ianal , commencé depuis
un siècle, a été terminé dans ces derniers
temps : il a coûté près de 30 millions de
fr. La rivière d'Authie, k peu près pa-
rallèle à la Somme, et qui débouche éga-
lement dans la Manche, forme dans son
c6urs inférieur la limite entre ce dép. ef
celui du Pas-de-Calais, de même qu'au
sud# ouest la Bresie le sépare de celui de
la Seine- Inférieure. Le bassin de la Som-
me forme une vallée tourbeuse et d'une
grande fertilité. Il en est de même de la
partie littorale appelée Marque nterre^
comprise entre les embouchures de lé
Somme et de l'Authie. Le nord-est a des
collines d'environ 150ia de haut. Sur
une superficie de 614,287 hectares, ou
près de 3 1 1 lieues carrées, le dép. a pitis
des deux tiers, savoir 476,363 hect. de
terres labourables, 1 5,433 de prés, et
51,207 de bois, dont 4,660 appartien-
nent à l'état. La plus belle forêt est celle
de Crécy. On cultive beaucoup de plan-
tes oléagineuses, du houblon, du chan-
vre, du lin, et des pommiers à cidre dont
le produit est d'environ 300,000 bec-
toi. Une industrie particulière dans la
vallée de la Somme est celle des hortil^
tons ou maratchers qui, dans des aires
séparés par des rigoltes, cultiveût déC
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son
(983)
son
UpkBÈéÊf dii fleurs et dÎTtn Andliy «t le»
txporteDt ta bateaux aux marobéi d*A-
nûeos. Oq évaliM k plua da 800,000 fr.
k produit annuel de leur venta; catta
industrie &it vivra un millier d^iudivîdus.
En été, une centaine da bateaux partent
abaque jour des bortillontavab des obar*
famenu da denréee. L'extraction de la
tourbe occupe beaucoup de bras, et four«
Bit un combustible employé surtout dana
les campagnes. On na connaît point de
mines ^ cependant il y ^qffel(|nes sources
d*caux minérales, entre autres k Saint-
Christ. A une agriculture bien entendue
at favorisée par l'excellente qualité du
' mI ledépartem. joint plusieurs branches
d'industrie manufacturière assex impor-
tantes , surtout le filage et le tissage des
laines du pays , dout oo recueille plus
da 760,000 kilogr. par an. Amiens et
Abbeville se dislioguent, depuis le règoé
de Loub XIY, par leurs fabriques d'é-
toffes et lainages. On tisse beaucoup de
toiles de lin et de chanvre; environ 1,600
métiers servent au tissage des toiles de
coton. On fabrique des velours d'Utrecht,
at au moins 60,000 pièces de velours de
ooton. Il y a un grand nombre de fabri*
ques de savon noir, de sucre de betterave,
de produits chimiques, de papiers, de
tapis, de machines, aiosi que des corroie-
ries et tanneries.
Le département avait, an 1841, une
population de 650,680 habitants ; en
1836, on en comptait 662,706, présen-
tant le mouvemeot suivant : 14,416
Baissance8(7,649 masc.,6,866fém.),dont
1,076 ill^Hmes) 11,813 décès (6,987
mMo., 6,876 fém.); 4,47S mariages^ Il
aa partage dans les cioq arrondissements
d'Amiens, Doullens, Montdidier, Pé-
ronaa et Abbeville , comprenant 41 can-
tons et 831 communes. Pour l'élection
de sept députés, nommés par 4,2S6 élec-
teurs (9 juillet 1 842) , Amiens et Abbe-
ville sont divisées en villes et arrondis*
sements; le dép. appartient à la 16* di-
vision militaire, dont Lille est le quar-
tier général; il forme le diocèse d'A-
miens; ses tribunaux sont du ressort de
la cour royale, et ses écoles dépendent
de Tacadémie universitaire de la même
ville; il y a aussi une église consistoriale
et una école secondaire de médecine.
Aprèi la chef-lieu, Jmienf^ auqud
nous avons consacré un art« BfHrMHl , la
principale villa du dép. est Abbeville,
sur la Somme, ancienne capitale du comté
de PoDthieu (voy,)^ avec une population
de 18,247 hab. Elle est bien bâtie et
renferme plusieurs édifices remarqua-
bles, tels que l'église gothique de Saint«*
Vttifran, le palais de justice et la grande
oaaeme; ses fabriquas de laine, parmi
lesquelles celle que le Hollandais Van-
Robais fonda sous las auspices de Col-
bert, en 1669, est la plus célèbre et oc-
cupe plus de 600 ouvriers, fournissent,
outre les draps, des moquettes et boura<>*
cans.Le nom d' Abbeville lui vient, dit<*
on, da ce qu'elle fut, à son origine, une
maison de campagne de l'abbé de Saint-
Riquier (abbatis villa). Saint' Riquier,
qui avait autrefois una grande abbaye da
bénédictins, est en effet à deux lieues
d'Abbeville; elle a 1,618 hab. Des deux
côtés de l'embouchure de la Somme on
volt, d'abord sur la rive droite, le petit
port du Crotoy (1,248 hab.), et puis, sur
la rive gauche, Saint-Valery, ancien chef-
lieu du Vimeux, dont le port est fré-
quenté annuellement par environ 400
bâtiments qui y apportent des vins, des
eaux -de- vie et des denrées coloniales,
ou prennent les productions ou marchan-
dises du nord de la France. Ce com-
merce d'entrepôt est la principale res-
source des 3,286 hab. On sait que c'est
de ce port, autrefois plus considérable,
que partit la flotte normande de Guil-
laume-le-Bâtard pour la conquête de
l'Angleterre. Sur û haute Somme , an*
dessus d'Amiens, il faut citer Cor-
bia {voy.)^ ville de 2,686 bah., autrefois
célèbre par son abbaye dont il ne reste
que l'église, et Péronne (4,119 hab.),
place forte sur la rive droite de la Somme,
qui a soutenu plusieurs sièges, entre au-
tres un en 1636 contre les Impériaux,
commandés par Henri de Nassau, prince
d'Orange; on y remarque l'hôtel-de-ville,
l'ancien château, l'église gothique et les
boulevards. Sur la rive gauche de la mê-
me rivière^ Ham, petite ville de 2,186
hab., est remarquable par son château mas-
sif, flanqué de grosses tours, qui sert
maintenant de prison d'état. DouUeus,
ville de 8,912 âmes, sur TAutbie, est
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son
<3a4)
SOH
gn Dooibrt des pUo« fortcê dia dép.
Mootdidier, ayant niM population da
8,790 hab.y ast nal b4li| mais on y
▼oit qaelqoat édifices , tels qne le col-
lège, régKte Saint -Pierre et rH6teU
Diea. La ville de Roy e (3,800 hab.),
mr PAvre, est située dans le pays fer-
tile de Santerre. Des batailles célèbres
ont été liTrées k Sauconrt, Crécy {vqy.)
et Noyelle» et on a signalé des empla-
cements d^anciens camps romains à Pic«
qnigny, TÉtoile et liercourt. On trouve
aussi de vastes souterrains qui paraissent
avoir servi de refuge aux babitanu dans
les guerres d'invasion. — Foir Dosevel,
Description historique et pittoresque
du dép. de la Somme^ Amiens , 1836 ,
2 vol. in.8<*. D-o.
SOMMEIL {somnus). C'est un état
périodique de l'organisme vivant, carac-
térisé par la suspension plus ou moins
complète des fonctions de relation et une
diminution marquée de l'activité de di-
verses fonctions de la vie organique.
L'exercice plus ou moins actif,. pendant
l'état de veille, des fonctions des organes
des SMis, de l'intelligence et du mouve-
ment, en amène naturellement la fatigue
et appellent le sommeil, qui est surtout le
repos du système nerveux. L'absence de
tout excitant externe, tel que toute préoc*
cupation forte, une position dans laquelle
la plupart des muscles soient dans un état
de relicbemeot, l'influence de la nuit,
une chaleur modérée sont les conditions
les plus favorables au sommeil. Certaines
substances, comme l'opium {yoy, Nab-
coTiQuxs), y provoquent et sont appe-
lées pour cette raison somnifères. On
nomme somnolence l'état de torpeur pro-
longée qui accompagne quelques mala-
dies, où, sans dormir profondément, on
n^est pas éveillé et l'on n'a pas sa con-
naissance. Le moindre bruit réveille;
mais à peine a-t-il cessé qu'un nouvel
assoupissement vient continuer le même
état et priver encore le malade de l'usagé
de ses sena. Un sommeil ploi profond
avec snq^eaaion, au moins apparente, des
fonctions vitales est la léthargie^ dont
nous avons traité séparément.
Les rêves oo songes sont un des phé-
nomènes les plus reaurquables qu'offre
le sommeil : ils consistent dans certaine
actes intellectuels, dans certains mouv*-
menu automatiques qui se lient d'ordi-
naire aux imprMiions ou aux habitudes
de l'état de ^ei^e. La souffrance de
quelque organe, la gène qu'éprouvent
certaines fonctions dans leur accomplisse-
ment, sont les causes qui exercent la plus
grande influence sur la production des
rêves. Le plus ordinairement , la raison
ne coordonne pas les idées disparates qui
constituent cet accident du sommeil;
mais d'autrefois on voit, sons l'Influence
de cet état , oertaines facultés de l'Intel-
ligenoe prendre un développement inso-
lite, et réalbar les merveilles du som*
nambulisme {voy, ce mot).
Quelques philosophes se sont, à pro-
poa du sommeil , posé cette question :
L'esprit dort- il avec les sens, durant cet
état? et quelques-uns d'entre eux, Jouf-
froy entre autres, Tont résolue dans le sens
négatif. Assurément l'esprit ne dort pas
pendant le rêve, et peut-être cette acti-
vité qu'il déploie évidemment pendant
Tengourdissemeut des sens, la déploie-
t-il toujours, seulement nous n'en avona
pas la conscience. Quoi qu'il en soit de
cette question, le sommeil, en reposant
les organes, renouvelle leur aptitude à
l'accomplissement régulier des fonctions
dont iU sont chargés dan^ Tétat de veille,
et devient ainsi une condition essentielle
de la permanence de la vie. M. S- h.
Sommeil des Plahtes, voy. LuMiinn
{influence de la) et Fbuillbs.
Pour le sommeil d'hiver propre à
certains quadrupèdes, reptiles, etc., vof,
HlBBEMATIOir.
na Dx LA PExmimE paetie du tome ynror-imièiiE.
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ENCYCLOPÉDIE
DES
GENS DU MONDE.
TOME VINGT-UNIÈME.
IDenfihnr partir.
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IBCPBIHÉ
PAR liBS PaeSftBS MÉCANIQUES D^B. DUVfiRQBR,
BVB Ul TEHNSUff., (1^4.
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SIGNATUKES
DES AUTEURS DU QUARANTE-DEUXIÈME VOLUME.
MM.
MM.
A&TAUD (rinsp. général). A-d.
Atbnbl M. A.
AvKZAC (d*) *A...
BûHOHBRS A. B.
boulatighibb j. b-r.
Cabanis G-b-s.
Chasles (PhUarète) . . . Ph. Gh.
Ghbvallbt (de) A. db Gh.
DéADDi D. A. D.
DBHàQUE F. D.
Dblsàbt AuG. D.
DBFPIirG D-G.
Do Mbbsan D. M.
Dupw (âtné) D.
GoLBiBY (de) P. G-Y.
GUIGHIAUT G-N-T.
Haag (Emile) £m. H-o.
Haag (Eugène) E. H-g.
HAiLLOT(le oomniandant),
à Lyon C. A. H.
Hasb H.
HooT (à Versailles) ... J. H-t.
La Fagb (Adrien de) . . J. A. dbL.
Lbobàhd A. L-d.
Lbmonhibb C. L-B.
Louvbt L. L.
MoNGLAVB (Eugène de) . E. db M.
MOBOZBWICZ C. M-cz.
Naudet N-T.
PjiLIGOT E. p.
PaévosT (ConsUnt). . . C. P.
Ratheby R-Y.
Ratier (le docteur). . . F. R.
Regnabd (Emile) E. R.
Reihaud R.
RiNif J. R.
ROYBB-COLLABD (Paul) . P. R. G.
Saucebotte (à Luné ville). C. S-te.
Sauhois V. S.
SCHlflTZLBR J. H. S. et S.
Schoenefeld (de). . . . S-p-d-
Simon (Ma;^.) , à Mont-
mirail M. S-n.
SOYF.R L. G. S.
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LISTE PES COLLABORATEURS.
MM.
MM.
Spach (Édontrd)
TAILLAlTDnn . .
T&AYBAs (à Caeo)
Ed. Sp.
A.T.m.
J. T-v s.
Ybeht (le patleiir)
YlBiLLABD
YOOKL
E. V-Y^
p. A. v!
Ch. V.
Les lettres C L. indiquent qu*an article est traduit du Com^naUons^Lexieon on
de ton supplément intitulé ConQersaUonS'-Lexicon der Gegenwart^ le plus sou-
vent avec des modiications (m.). Ene. amer, signifie Ençjrciopœdia americana.
Enfin la signature £ne, autr, se rapporte à V Encyclopédie nationale autrichienne.
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ENCYCLOPÉDIE
DES
GENS DU MONDE.
O {smie de la lettre).
SOMNAMBULISIUE, du Udn lom-
nus^ sommeil, et ambulare^ marcher^ se
promener. En eflet, il arrive souvent
qu'une personne endormie non- seule-
ment se lète et se promène, mais exécute
dififérentes actions qui n'ont Heu ordinai-
rement que dans l'état de veille. C'est là
le somnambulisme naturel^ produit soit
par un dérangement, soit par une surex-
citation des sens. Tout le monde sait avec
quelle sàreté les somnambules marchent
quelquefois sur les toits des maisons et
franchissent les pas les plus périlleux; on
sait aussi combien il y a de danger à les
réveiller subitement dans une telle situa-
tion. Mais il importe de surveiller ces
personnes, de chercher à «Imer leurs
sens et de les guérir, par un traitement
judicieux, de cette maladie, qui souvent
est la suite d'autres aCCections plus graves
qu'on avait négligées. S.
Après le somnambulisme naturel vient
le somnàmbuUsme magnétique^ désigné
aussi sous le nom de magnétisme animal
. (par opposition au magnétisme terrestre).
Suivant un médecin qui s'est occu-
pé sérieusement du magnétisme ani-
mal , on doit entendre par là « un ^t
particulier du système nerveux, état !n*
solite, anormal, présentant une série def
phénomènes physiologiques jusqu'ici mal
appréciés, phénomènes ordinairement
détermina chez quelques individus par
l'influente d'un autre individu exerçant
certains actes, dans le but de provoquer
cet état.> Nous avons préféré cette défi-
nition à d'antres défiinitions beaucoup
plus explicites, parce que le vague même
Snefclop, d. G. d, M. Tome XXL
qu'elle présente fkit mieux ressortir l'in-
certitude des phénomènes réels qu^ l'on
peut provoquer dans l'organisme par le
moyen des pratiques magnétiques. -
C'est im Allemand, Mesmer {yoy,)^
qui, le premier, observant les phénomè-
nes dTinnervtition anormale 4lont il s'a-
git ici, essayi'd'eo faire une théorierS-
gulière. Il supposa que l'univers entier
est plongé dans une sorte «l'éther, de
fluide éminemment subtil; que ce fluide
pénétrerons les corps, les c#rps vivants
comme les corps inorganiques, et qu'en
se rendaiU maître , à l'aide de certaines
pratiques, de cet agent mystérieux , on
pouvait produire dans TécAviomie ani«
maie des effets merveilleux, et principa»
lement amener la solution de certains
états morbides réfractaires aux moyens
ordi Aires de la médecine. Personne d'i-
gnoré les divers artifices auxquels Mes-
mer avait recours pour piMuire les phé-
nomènes magnétiques, son fameux ba-
quet, autour duquel se réunissaient les
sujets sur lesqueb devait se faire l'ex*
périmentation, la chaîne mystérieuse
qui les liait là uns aux autres pour
renforcer l'action du fluide magnétique,
et les tiges métalliques mobiles qui sor-
taient du baquet merveilleQx et que cha-
cun pouvait appliquer sur l'organe souf-
frant. Si nous ajoutons que l'harmonisa,
le forte-piano, ou U musique vbcale, te-
naient ajouter encore à l'impression que
cet appareil devait produire sur des ima-
ginations presque toujours exAtées, on
comprendra que le thaumaturge alle-
mand de lit fin du xvin* siècle ait pu
2S
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SÔM
développer d«s phéDonèncs qui altat
tout d'abord &%é ^rtemenl raUeDi«ou«
£o effeC, un certaÎD nombre de personne^
éprouvèrent des sj^mptômes nerveux in-
aoliles, dont on se préoccupa beaucoup
et auxquels on prêta un caractère mer-
Teitieux qu^ils n'avaient pas; d*autreSy
atteintes de maladies hypocondriaques,
vaporeuses, furent soulagées ou guéries.
U n'en fallut paa^^l'avanta^e pour que le
mesmérisme obtint un succès de ^gue;
mais l'enthousiasme ^saFssa vite, et Mes-
mer ne tardfi pas à abandonner son ba-
quet devenu solitaire.
Toutefoi» quelques hommes, poursui-
vant les expériencea dont les résultats
avaient d*abord si vivement frappé l'at-
tention, agitèrent^ de nouveau la question
du magnétisme; et le marquis ^le Puysé*
gu'r {voy.) ajouta à la doctrine mesmé-
rienne ce qu'î] appelai le somnambulisme
magnétique. Depuis cet observat^r jus-
qu'aux magnétiseurs contemporains, un
( 386 ) SOM
«impies Wte», U yolonté même, sans
aucune manifesti^tion eatérieure, suf-
fisent pour développer ces phénomènes,
dans leur ensemble ou en partie, chez
les individus que leur constitution ner-
veuse rend aptes à recevoiri'action ma-
gnétique.
Après cet exposé succinct de l'histoire
et des phénomènes du magnétisme ani-
mal, il nous reste une tâcbe,plus difficile
à remplir, c'fAt, cçlle de soumettre à une
critique sévère les faits sur lesquels le
magnétisme repose, ainsi que la pratique
à laquelle il aboutit. Et d'abord, tous les
phénomènes qu'on dit se développer
sous l'JnQuencedu magnétisme doivent-
ils être indistinctement rejetés comme
entachés de mensonge ou d'illusion ? Les
hommes compétents, qui ont sérieuse-
ment éludié le somnambulisme, n'hési-
tent plus aujourd'hui à résoudre négati-
vemeul cette question. Oui, parmi ces
phénomènes il en est un certain nombre
qui sont réels, incontestables; mais il en
lisme, et eifont faix des applications plus
ou moins éclairées, plus ou moins con-,
sciencieuses au traitement des inaladies.
Pariai les phénomènes d'un ordre moins
élevé, on observe le sommeil, une cer-
taine exaltation des facultés morales,
divers accidents nerveux, des sueurs par-
tielles, etc. Mais il en est de bien plus
extraordinîiires, si Ton doit s'en rappor-
tef aux magnétiseurs, au nombre des-
quels, il faut le reconnaître, on compte
quelques hommes dont la probité au
moins ne peut être mise en doute. Dans
le somnambulisme lucide, assure-t-on,
l'individu, placé dans ces conditions phy-
siologiques et morales tout-à-fait inso-
lites, est sous la dépendance exclusive et
absolue de son roagnéti.«<eur ; il peut lire
sans le secours des yeux; il lit même dans la
pensée (les personnes qi^sont mises en
rapport avec lui; il a l'instinct des remè-
des; ii prévoit l'avenir. Et ce qui n'est
piismoin^admirableque ces résultats eux-
mêmes, c'est qilMl n'est pas besoin, pour
les produire, de l'appareil dont Mesmer
croyait (^voir s'entourer: quelques attou-
chements faits au front, le long des bras,
du sujet qu'il s'agit démagnétiser, attou-
chements que Ton appellf passm^ de
grand nombre de médecins se sont
qpcupés spécialement du somnambu- est d'autres q^ ne peuvent supporter le
contrôle d'une critique rigoureuse. Parmi
les fkits du premier ordre, nous place-
rons k sommeil provoqué par les prati-
ques magnétiques, l'exaltation des facul-
tés morales dans certaines limites; dans
quelques cas, l'abolition de la sensibilité
qui nerépondplusauxexcitantsdu monde
^térieur, divers phénomènes nerveux, le
développement d^ueurs locales, l'appa-
rition de flux supprimés depuis un temps
plus ou moins long, et, comme bénéfice
de ces diverses perturbations du système
nerveQx ou (^ quelques fonçons de
la vie organique, la guérison possible de
certaines maladies. Une observation se*
vère a démontré la réalité des phéno-
mènes variés que nous venons de signa-
ler. Maintenant, ces faits sontrils telle-
ment spéciaux, qu'il faille en faire UDe
^théorie particulière? nous ne le pensons
pas. Tous ces phénomènes doivent être
rattachés directement ou indirectement
au système nerveux , dont l'action nor-
male se trouve modifiée par les diverses
circonstances qui constituent la pratique
magnétique. Les médecins, dans tous les
temps, ont observé des faits dont l'analo-
gie avec ceux que nous venons de rap<-
peler est évidente pour tout esprit ]
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mm
rcly dtDS Testase palhoWgiq«e» i'bys-
térle , U catalepsie » Tépilepsie même
(vo)^. tous ces nrotft), n'obtewe-t-QD
pas des phéoomèDes qui rappellent par-
lailement les pbéaoïnèoes magDéiiques?
Ainsi, dans l'épilepsie , dans la eata-
lepsie, n'y a-t-il pas suspension oompAè-
te de la sensibilité ? L'hystérie n'offre-
t«elle pas dans sa physionomie mobile
les symptômes nerveux les plus bizarres ?
Dans l'extase, le somnambulisme natu-
rel, n'observe-t-on pas l'exaltation la
plus remarquable de quelques-unes de
nos facultés, par le fait seul de la cob-
oentration de l'activité intérieure sur
une série déterminée d'idées? Renfermés
dans ces limites, les phénomènes magné-
tiques sont donc des phénomènes possi-
bles, puisque, aous l'influence de condi-
tions différentes de l'excitation magnétî*
que, ils apparaissent comme un résultct
4» jeu anormal de rionervation^ib sont
de plus très réels, puisqu'une observa-
tion authentique les a rigoureusement
consutés.
Mais il y a loin de ces fiûts, qui ren-
trent, comme on le voit, dans la catégo-
rie des faits connus, aux faits merveilleux
que nous avons précédemment indiqués,
•t dont les fauteurs du magnétisme affir-
ment l'existence de la manière ia plus
positive. S'il était vrai, que sous l'In-
fluence des pratiques magnétiques, on put
Qpérer le transport des sens, qu'on pût
douer l'homme de la faculté de lire dans
l'avenir, de pénétrer la pensée de ses sem-
blables, de saisir la nature des maladies,
et en même temps de trouver les remèdes
efficaces qui leur sont applicables , etc. ,
U est évident que le magnétisme serait la
icienee des sciences, et que le somaam»
bnlisme lucide deviendrait un or^panom
nouveau qu'il faudrait appliquer, comme
l'appareil lo^que le phis sûr, à tovtesdes
recherches dont s'occupe Tesprit humain.
Malheureusement ce sont la des préten-
tions qui s'évanouissent devant l?obser-
Yation impartiale des faiu. Parmi les
phénomènes de cet ordre, il n'en est pas
un seul de réel : c'est k conclusion à pen
près unanime à laquelle sont arrivés les
hommes vraiment compétenla qui se sont
focnpéi do c^tiaqtttaion. Qm ù ^«
( »9T ) »0M
qneaeyitSyJHilWwM» #ûUittr«, païur^
snivent avec un xèle digiae d'un^ étude
plus imitante l'observjatMM des pbé*
nomènes magnétique , c*estque, d'une
pari, une certaine crédulité, l'amnnr d«
merveilleux, ne sont pas rigoureusement
iocompatibl^s avec de hautes Uranhés de
l'intelligence, et que, d'un autre côlé, ib
ont pu rencontrer quelques somnam-
bnleây dupes eux-mêmes de leurs pro-
pres hallucinations, et par là d'afrtant
plus explicites dans leurs affirmatiens.
C'est sur ces iUnsions seosorialm, dont
oes observateurs ne se rendent pas eomp^
te, qu'est fondée, nous en sommes sûrs,
lenr inébranlable conviction; ce snnt
des fous, en un mot , qui en imposent k
dea hommea sensés. Quant aux chark>
tans qui ont trafiqué ou q^ trafiquent
encore du magnétisme, ils ne méfitenl
point de nous occuper ici.
Il ne nous reste plus qu'un root à dire
sur les prétendues intuitions diagnosti*
ques dm somnambulisme et sur les ap*
plications du magnétisme au traitement
des maladies* Il n'est point douteux que,
par le moyen des pratiques magnétiques^
on ne puisse modifier l'organisme vivant^
et que ces modifications, déterminées
dans des conditions opportunes, ne puis-
sent amener la solaiion d«quelqnes étaU '
morbides. C'est ainsi qu'on peut, par ce
moyen , calmer de^ douleurs névralgie
ques, dipûnuer l'irritation fébrile, ré-
veiller certaines fonctions snapenduea.
Sous la direction d'une persenne pruden-
te et éclairée , le magnétisme peut donc
élee employé à titre d'agent thérapenti-
qtte% Mab il n'en Mmrait être de mémn
dtt soo^nambttlbme : les somnambules ka
pka lucides et les mieux dressés ne font
que déiMker les plus grossières errenra
lorsqu'il s'agit de décrire les parties ma-
lades , de diagnostiquer une aflection »
morbide, et d'indiquer ks remèdes qni
hi* sont applicables. Que l'on s'amuse^
dans lessakns, dasjongknes dusomnap-
bnlisme, c'est la mode aujourd'hui, on
ne pent l'empêcher ; mab qu'on se garde
bkn de se kisser guider dans les maladies
par les inspirations de ces pythonisset,'*
car*on pourrait par là se préparer dn
tardifiirepentirs, — On pourra eonsnlter
PJjjp'fffffiT owdifnnjut du MtMpÊé9ifff^
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SON
animal f actompagiée de naêss ei de
remarques critiques sur tontes les ob-
servations et expériences faites just^u'à
ce joury par C. BaMlio jeune et Fréd.
Dubois (d'ÂmîeDs), Paris, 1841, gr,
in^^. M. S-H.
SOHPTUAIRW (Lois). Ce août
celles qui, dans rinléréldes mœurs, et
pour mettre des boroes sui progrès du
luxe {yoy,)j renferâieiit dans je certai-
nes limites la dépense ( en latin sumptus)
que Uon lait, au delà des besoins réels,
dans sas vêtements , pour sa table , pour
des fêtes, des équipages, des cherauz,
des chiens, etc. On sait la sévérité de Ca->
ton à regard de ces objets de luxe; mais
les lois somptuaires romaines furent im-
puissantes, comme toutes les autres, à
arrêter le mal. Un frein meilleur est ce-
lui Jes usages et des mœurs. Z.
)SON, Il ue taot pas confondre le son
avec le bruit (voy, ce mot); Toreille la
plus inattentive, la moins exercée, saura
distinguer la sensation confuse causée par
le bruit, ce mélange d^une foule de sons
de nature diverse, qui viennent la frap-
per «n même temps, de celle que lui font
éprouver les vibrations régulières, iso-
chrone et successives d'un corps disposé
par sa nature et par sa forme pour ce
goare de mouvement moléculaire. Le
son est produit par tous les corps dont
les molécules sont susceptibles d'entrer
en vibration, et principalementpar ceux
qu*on désigne par le nom de corps élas-
tiques. Les molécules de ces corps, mo-
mentanément écartées de leur position
naturelle, produisent dans Pair des coo-
densatioos et des dilatations alternatives,
par les vibrations successives qu'elles
exéoulent pour revenir à leur état primi-
tif. Pour que l'organe de l*oufe per^ive
ce phénomène, il faut que ces vibrations
. aient un certain degré de rapidité, et
oette rapidité plus ou moins grande amè-
ne dans les sons des différences qui ont
permis de les diviser en une échelle, de
les distinguer par des noms, de les re-
présenter par des signes ( voy. Nota*
TioN, Gamue, etc.). Les sons les plus
t>as de l*échelle sont ceux qui sont pro*^
dults par le moins de rapidité : ib ont
été nommés sons grattes ; les sons aigus ^
qui occupent le haut de TécheUe, résol-
( sg8 ) son
tent de vibrations dont la rapidité aUg->
mente avec l'acuité du son.
On prouve expérimentalement et avec
la plus grande facilité que c'est ainsi que
le son se produit. Qui ignore, du reste,
que pour obtenir un son d'une corde de
harpe (ou de tout autre instrument du
même genre), on l'écarté, en la pîn9uit,
de la ligne verticale qu'elle décrit? Et si
l'expérience a été faite sur une des cor-
des les plus longues et les plus grosses, on
la voit agitée d'un mouvement oscillatoire
dont Tamplitudé va sans cesse en dimi-
nuant et qu'elle conserve cependant, sans
altération dans llsochronisme, jusqu'à
ce qu'elle ait repris sa position de repos.
Pendant tout ce temps, le son préalable-
ment produit persbte, mais va sans cesse
en s'affaiblissent. Si l'on examine une
grosse cloche, au moment où elle vient
d'être fortement percutée par un lourd
marteau, on verra toute sa masse, mais
surtout son bord circulaire, agit^ d'un
mouvement rapide, sensible à la vue et
au toucher.
Si on prend une corde volumineuse
et qu'on la tende faiblement entre deux
points fixes , on pourra la faire vibrer
sans produire aucun son : il est aisé d'en
conclure que notre oreille n'est affectée
par un son qu'autant qu'on excite un
certain nombre de vibrations dans un
temps donné. Il est généralement admis
que le son le plus grave que l'on puisse
entendre est produit par SO à 82 vibra-
tions opérées dans une seconde. Il a été
pins dilficile de déterminer la limite pos-
sible des sons aigus; il résulte cependant
des recherches de F. Savart que notre
oreille perçoit encore un son quand un
corps fait 48,000 vibrations dans une
seconde.
Dans les conditions les plus ordinai-
res, c'est fair atmosphérique qui est le
véhicule du son : la preuve en est facile
k donner. On phce sous le récipient de
la machine pneumatique une sonnerie
à ressort, avec la précaution de la poser
sur un petit coussin dont la mollesse
mette obstacle k la transmission du son
par le plateau de la machine. Le son
produit par les vibrations du timbre est
perçu pendant tout le temps que la clo-
checontientde l'air; mais à mesure qu'on
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SON
(M9)
SON
l'en rttire, le son devient de plus en plok
faible et finît par ne plus éire eatendu.
Il est de nouveau perçu si on laisse pé-
nétrer dans la cloche de l'air atmosphé-
rique ou tout autre fluide élastique, soit
gaz permanent, soit Tapeur. Oh prouve
par cette expérience que le son croit
avec la densité du Ûuide. Cette propriété
de l'air nous fait comprendre pourquoi la
nature» dans son admirable prévoyance,
a placé de l*air dans la caisse du tympan
(vcf. Ouïe), air qui, en se renouvelant
sans cesse par la trompe d'Eustacbe, con-
serve toujours la même densité que l'air
ambiant. Cependant le son se propage
aussi, et parfaitement bien, par l'inter-
médiaire des corps liquides et des corps
solides. Ainsi une personne complète-
ment immergée entend, et à de grandes
distances, le son d'une clochette qui se-
rait agitée par un autre plongeur; en
appliquant son oreille à l'extrémité d'une
très longue pièce de bois, on entendra le
bruit qui serait produit i l'autre bout par
une pointe d'épingle promené sur le bois,
quoique ce bruit restât trop faible pour
être perçu par l'intermédiaire de Tàîr.
De toutes ces expériences il est facile
de conclure que le son croît avec la den-
sité des milieux, soit qu'ils le produisent,
&oit qu'ils servent à sa propagation.
Ainsi de Saussure nous apprend qu'une
petite pièce d'artillerie tirée sur le som-
met du Mont- Blanc fait une explosion à
peine comparable à celle d'un pistolet
qu'on ferait pariir à sa base. M. Gay-
Lussac, dans son mémorable voyage aé-
rostatique, a reconnu l'affaiblissement de
la voix humaine quand on atteint ces
hautes régions de l'atmosphère.
Au moment où le son est produit , il
ébranle circulairement toute la masse
d'air environnante, et c*est par suite d'on-
dulations successives et excentriques que
le son se propage également dans toutes
les directions. Mais EUiler a découvert
une propriété remarquable: c'est qu'une
fois le premier ébranlement produit, les
ondulations qui suivent ne se transmet-
tent que dans.un seul sens et ne rétro-
gradent jamais, à moins cependant qu'el-
les ne rencontrent un obstacle qui les
réfléchisse et les force à revenir sur
çlles'ipémes {vojr. Écho). Auifi le 9on
ne revîent-il plus une fois qu'il a cessé
de frapper Foreille.
La vitesse du son varie selon le corps
qui le transmet. Des expériences faites
en 1789, et répétées en Ift^S par plu-
sieurs membres de PAcadémie des Scien-
ces, ont établi que, par un temps calme,
la température étant de 16^ centigr. et la
pression atmosphérique de 0™.766 , la
vitesse du son était de 340"^. 98 par se-
conde. Cependant il existe des différen-
ces datts les évaluations données par l'ex-
périence et par le calcul, et la science ne
nous parait point atoir donné son der-
nier mot pour la solution de cette ques-
tion. Ce qui est bien établi, c'est que les
sons graves et les sons aigus se propa-
gent avec une égale vitesse. Ce fait se
trouve péremptoirement prouvé par cette
circonstance que de la musique bien exé-
cutée est aussi agréable a l'oreille, qu'elle
soit entendue de près ou de loin, ce qui
n'avrait pas lieu si les sons graves ne se
transmettaient point aussi vite que les
sons aigus, car les sons qui, entendus de
près, formeraient desconsonnances, don-
neraient au contraire d'horribles disso-
nances à une certaine distance, puisqu'ils
n'arriveraient plus dans le même ordre à
l'auditeur éloigné.
Dans les expériences entreprises pour
déterminer la vitesse du son dans l'air on
s'est servi du canon : il fallait en effet une
grande masse de son, vu la manière dont
s'éCendent les ondulations sonores au mi-
lieu de l'atmosphère; elles s'affaiblissent
alors en raison de l'étendue qu'elles ac-
quièrent. Il n'en est plus ainsi quand le
mouvement se propage le long d'une
masse d'air cylindrique. M. Biot a re-
connu que la voix la plus basse, se com-
muniquant par une masse d'air de 951"'
de longtteur, renfermée dans les tuyaux
des aqueducs de Paris, était parfaitement *
entendue à cette distance. On a fait des
applications ingénieuses de cette expé-
rience pour mettre en communication
des parties fort éloignées les unes des au-
tres-d'un vaste établissement. En effet,
à l'aide de longs tuyaux d'un pouce de
diamètre, on peut ainsi propager 'des or-
dres à d'assez grandes dbtances, et même
au besoin avoir une conversation suivie
et tenue a voix Intsse. Le porte^voi^
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SON
(390)
SON
{voy,) est encore utie applîcatibn du
même principe : c*est dans le sens de Ift
direction du pavillon que la voix se pro-
page, tandis quelle est peu distincte datik
toutes les antres. £o effet, les vtbrationa
sonores ne peuvent s^opérer pendant un
certain temps que suivant la longueur du
canal de Tinstrument; elles acquièrent
donc dans ce sens seul la somme des in-
tensités de tontes les autres directions, et
ht dernière masse d*air contenue dans le
pavillon du porte -voix représente une
onde sonore, déjk d^lne grande étendue
et suivant la ligne représentée par &on axe.
La vitesse de transmission du son par
les liquides est très grande : Laplace l'a
déterminée théoriquement. Appelant 1 la
vitesse de transmission par Tair, il a re-
connu quVIle était 4 ^ par Teau de pluie,
et 4 j^ par Peau de mer. MM. Oolladon
et Sturm ont déterminé directement la
vitesse du son dans Peau, et font trouvée
de 1435™ par seconde, résultat expéri-
mental qui est en rapport avec celui
donné par la théorie. D*après une série
d'expériences entreprises à Turin, par
M. Perolle, la vitesse de transmission du
son par les liquides serait en raison di-
recte de leur poids spécifique.
La transmission des sons se fait encore
avec beaucoup plus d^énergie et de rapi-
dité à travers les corps solides, surtout
ceux à fibres longitudinales, que par Pin-
termède des liquides et conséquemment
de Pair. Chiadni a calculé que nommant
toujours 1 la vitesse de transmission par
Pair, elle était 7 \ par Télain, 9 par Tar-
geut, 12 par le cuivre , 17 par le fer, de
1 1 à 1 7 par les différentes espèces de bois.
Aussi, dafas les expériences de M. Biot, le
son produit simultanément sur l'extré-
mité de Tassemblage des tuyaux et sur la
, colonne d'air, était-il transmis 10 fois
plus vite par le métal que par l'aîr.
Les fluides élastiques, les liquides et
les solides étant susceptibles, ainsi que
nous venons de l'exposer, de transmettre,
le son, on conçoit sans peine comment il
se fait que nous entendions dans l'Inté-
rieur de nos appartements les bruits ex-
térieurs , et nous pouvons en percevoir
plusieurs simultanément, car, dans un
. grand nombre de cas, les ondes sonores
se croisent sans se nuire absolument. Ce-
pënflabt les sons les plus forts absôriièiit
nécessaîremeniles plus faibles, et, comttia
nous l'exposerons bientôt, les ondes ho-
nores sontsusceptiblesd'oftrirte phéno-
mène de Vinterjércnce. Cette transmis-
sion du son à travers les solides s'opèt«
avec d'autant plus d'énergie que ces so-
lideà se trouvent dans des conditions qui
leur permettent de mieux vibrer. Les vi-
tres , par exemple , vibrent au moindre
bt-uit : aussi transmettent- elles le son avec
beaucoup d'énergie. Les substances mol-
les, au contraire, les matelas dont cer-
taines personnes font garnir leurs con-
trevents, les draperies absorbent le son
et s'opposent énergiquement à sa trans-
mission. Tout le monde saîi que, dans un
salon vide, la voix a infiniment plus d'é-
clat que dans un salon meublé et garni de
draperies.
S'il se rencontre quelque obstacle sur
le trajet d'un rayon sonore, le son sera
réfléchL Les lois et les phénomènes de
la réflexion du son ont été exposés avec
assez de détails au mot Écho, pour qu*îl
nous suffise d'y renvoyer le lecteur. Nous
ajouterons cependant que les corps so-
nores nous paraissent toujours situés daot
la direction des rayons qui parviennent
à notre oreille, et à une distance égale à
la longueur de l'onde sonore directe et
de l'onde réfléchie ; la réflexion éprou-
vée par les sons qu'ils émettent, nous in-
duisant en erreur sur leur véritable po-
sition.
Si deux ondes sonores se rencontreut
de telle manière que les parties conden-
sées des unes correspondent aux parties
raréfiées des autres , elles se détruisent
complètement, si elles ont la même lon-
gueur et la même intensité ; l'oreille
alors ne perçoit aucun son. Elle perce-
vrait au contraire un sou renforcé si les
deux ondes de même longueur se ren-
contraient dans un même mouvement de
condensation : c'est ce phénomène, assez
récemment découvert, qu'il faut désigner
par le nom à* interférence des ondes sa^
nores, M. Kane est parvenu a produire
ce phénomène si curieux, et qtii établit
entre les phénomènes lumineux et les
phénomènes d'acoustique une parfaite
analogie, en faisant parcourir à un Son
des tubes de différente longueur et
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son
(391)
SOΫ
mboQtMMDt, de chaqoe cèté^ à une ex-
trénîté commane. £n le faisant réson-
ner aépaféinent avec ane anche, cbaqne
tabe rend nne «nîte de sons dépendant
de sa longoear. Si enstiite on joint les
tubes ensemble, on trouve que les sons
qui leur sont communs sont fortement
renforcés, tandis que d*autres cessent
d*étre produits. Pour que le son soit
eomplétement éteint, M. Kane, qui a
réalisé ce phénomène, a composé des
systèmes de tubes tels que, l'un dVux
rendant un son donné, Taulre soit plus
court ou plus loag d^un nombre entier
de demi-ondulations.
Le son a des sources fort nombreuses.
Chez rhomme et chez les animauz, c*ett
un organe particulier qui est chargé de
firoduire les sons : nous en donnerons la
description au mot Voix. Presque tous
les corpa solides peuvent aussi produire
des sonS) si on les place dans les condi-
tions requises pour la production de ce
phénomène. Tels sont les cordes ten-
dues [instruments à cordes) y )eè vêtues
solides et fixées par une extrémité {bot-
tes à musique f mqntres h répétition)^
les surfaces planes, certains mélanges
métallique* auxqueb on fait prendre
des formes appropriées (timbres^ cio-
càes); le verre, soit qu'on lui donne la
forme de cloches , soit qu'on le dispose
en lames étroites et de difiérentes lon-
fUeura (harmonica)^ les membranes ten-
dues (tambour)^ l'air agité daes une ca-
pacité longue et étroite (instruments à
vent)» Vtty, ces mots.
La nature ne nous a pas seulement
pourvu d'un organe producteur des sons,
•lie nous a aussi donné celui qui nous
permet de les pev«evoir, et surtout d'ap-
pié^ier^ avec une grande perfection pour
certains hommes, kurs différence et
leurs qualités {yoy, Oaeillb). L'expé-
rience et un long usage ont bientôt dé-
montré qu'il fallait rapporter tous les
sona possibles à sept sons , auxquels on
u donné des noms qu'on a représentés
par des chiffres pour créer le système
musical généralement employé. Hâtons-
nous de dire ce qu'expriment ces déno-
minations, afin qu'on n'aille pas croire
que chacun de ces noms appartienne
absolument à un son plutôt qu'à un
autre, car il n'en est rien , et, pour être
exaot, il faut dire que ces noms expriment
les rapports qui existent entre les sons.
Ainsi, un son quelconqua^étant donné
par un certain nombre de vibrations d*un
corps sonore, le son qui vient immédia*
tement après, soit en montant, soit en
descendant l'échelle musicale, est produit
par un autre chiffre de vibration plus
gf^nd ou moindre, selon qu'on a lAarché
vers un son plus aigu ou qu'on est des*
oendu vers un son plus grave, de sortu
que chaque nom donné à chacuti de ces
sons n'exprime réellement que l'inter-
valle qui %xiste entre l'un et l'autre, et la
différence entre d«nx chiffres de vibra*
tions.
Il a anffi de sept dénominations prin-
cipales, à chacune desquelles on fait su*
bir des modifications , pour représenter
tous les sons dont Tensemble constitue,
le système musical européen. Ces noms
sont : «fou do^ réy it^iyfay sol^ la y si;
le huitième son est la répétition db pre-
mier, c'est son octave [voY' Solpéob);
c'est évidemment le même son, mais plus
aigu et représentant un nombre ^e vi-
brations double. Si, au lieu de monter la
gamme, ainsi que nous l'avons fait, on la
descend (k/, si, la^ soiy fa, mi, re, ut), on
retrouve encore ce même son d'tf r, mais
c'est alors Voctave grave^ exprimant un
/lombre de vibrations moitié moindre. La
série de ces huit rapports constitue ee
qu'on nomme la gamme; au-dessus et
au-dessous, on retrouve ces mêmes rap-
ports, mais pour des chiffres doubles ou
moitié moindres de vibration*.
L'expérience a appris et le calcul a
démontré qu'une seule corde peut pro*
duire les sons de la gamme et même au
delà. Ainsi, une corde, en vibrant de
toute sa longueur, produira un son que
nous nommerons ut et que nous repré*
senterons par f . Si on la raccourcit de
moitié, elle donnera dans le même temps
le double de vibrations et produira un
son qui sera encore ut, mais l'octave du
précédent et que nous représenterons
par S. Les sons intermédiaires seront
obtenus par des loogucurs différentes de
la corde et par des chiffres de vibrations
correspondant a ces longueurs.
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SON
9Dnt le» longueurs de vovd^ iiéc««nii-
res pour produire les huit chitïres de vi-
bralimis de chaque d^gré de la gamme;
2
BOUS donnent l'expression do. chiffre de
iribratioos que fait chaque longueur de
corde pour chacun des sept sons de la
gamme. Ces chiffres seront compris en-
tre Syet 64, si nous supposons avoir pris
une corde dont la longueur et le degré
de leosioB soient tels qu'elle ne fasse que
33 vîhcutioos dana une seconde.
On obtiendrait des ut de plus en plus
étfevés en prenant la moitié, 1# quart, ie
huitième, le seiziènw de la corde qui a
donné le premier ui} et on établirait la
gamme diatonique de cet ur, en mnlti-
pliaot les rapports indiqués dans la secon-
de ligne par 3 , 4, 8, 1 6, etc. Mais, s'il était
possible d'obtenir des ut plus graves, il
faudrait doabler,^uadnipler la corde du
preiçier ut^ et alprs, an lieu de muUi«
plieiT, diviser par 3, 4,8, etc. On con-
çoit qu'il est toujours nécessaire dte con-
naître lenombre de Vibrations que donne
en une seconde la corde qui fournit le
premier ut»
On a nommé intervalle {voy») la dis-
tance d'un son à un autre et chèque di-
stance d*un son à la note fondamentale ut.
Quoique, parmi ces intervalles, plusieurs
portent le même nom, on les a cUstin^
gués, appelant majeurs les plus grands,
mineurs les plus petits , selon que leurs
rapports de vitesse varient. On trouve
que le rapport de vitesse d'ir^ à /^ est
comme 8 est à 9; celui dtrékmiii 9 :
10; de 171/ à/a :: 15: 16;deyaà^o/: :
8 : 9; de/o/à/a:: 9: 10; de/aàic : :
8 : 9 ; de W à tt/ : : 15 : 16. On voit de
suite que le rapport 8 à 9, qui est le
plus grand , correspond aux intervalles
ut-ré^ fa^solf la^sié Ce sont des tone ou
intervalles oiajeurs ; c'est la seconde ma^
Jeure. Le rapport 9 à'IO correspond aux
intervalles ré^mitl solfia. Comme il est
ua peu plus petit que le précédent, l'in-
tervalle qu'il constitue est un intervalle
mineur I un ton mineur, une seconde
mineure. Enfin, le rapport 15 à 16,
moitié du premier , correspond aux in-
tervalles mi-fa et si^ul l vu leur peti-
tes|e, ils ont été iioiqmés déminions. Il
( 892 ) SON
y a donc dana la gamme diatonique trois
Ions majeurs , deux Ions mineurs et
deux demi-tons. Tous les autfes inter-
valles sont majeurs ou mineurs, selon
qu'il entre, dans leur composition plus
de secondes majeures que de mineu-
res.
L'intervalle d'un son à un antre est
assez grand pour qu'un son produit se
trouve intercalé dans cet intervalle. Cha-
cun des intervalles peut en recevoir un.
On n'a pas créé d'autres noms ni d'autres
signes, mais on a ajouté une épithète au
son principal, qu'on a consid^ comme
altéré , on Ta aussi affecté d'un sigue sur-
numéraire : c'est le dièse (^) et le bé^
mol (1^). Un caractère particulier distin-
gue parfaitement ces deux altérations :
c'est que le dièse, qui est plus haut que le
bémol, tend toujours è monter sur la note
suivante, tandis que le bémol tend tou-
jours à descendre. Toutes les notes de la
gamme diatoniquesontsusceptiblesd'élre
affectées de ces deux signes : le ^ quand
on la monte, le ^ quand on la descend.
Cette nouvelle gamme s'appelle gamme
chromatique.
Tous ces nouveaux sons résultent de
nouveaux nombres de vibrations qui
sont dans les rapports avec le chiffre de
vibrations de la note fondamentale; on
les obtient en faisant vibrer des longueurs
de corde intermédiaires aux longueurs
que nous avons données pour chacun des
sons de la gamme diatonique. Voy, nos
art. IzTTEavALLB, et Ton, Tohalit^.
La science des sons est V acoustique è
laquelle un art. spécial a été consacré,
ainsi qu'il Chladni qui, avec Félix SavarC,
enlevé aux sciences vers 1840 *, a le plus
fait pour le développement de coltescieii-
ce. A. IrD.
(*) Oo peot coaraltar l«s oovrigefl oo né-
moires toitasts de Savart : Sur /• emutrmstioti
dêt inttninuMU à cordes et â urckêi, Paris, 1819,
iD-8* ; Sur la communication det mouvements m-
hrtoiret entre les corpt tolides, i8ao; Reckoreho»
sur iee vibrations de i'air, xSaS ; Momoire sur les
vibrations des corps solides considérés eu générml,
i8a3 ; Recherches sur les usages de la membreme
du tjrmpan et de l'oreille externe, 1824 \ If oie sur
la communication des moueemeats vibratoires par
las liquides, 1826; Noaeolles reehorehes sur tes
vibrations de l'air, 1 8a5 ; Mémoire sur la voix
humaine, i825; 5ar la voix des oiseaux $ f8a6 ;
tieckerches sur les vibrations normales, 1897;
etc. , etc.
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SON
(393)
SON
SON (tecbn.). On oomniB ainsi , dans
le commerce^ les enveloppes du grain des
céréales I après qu'elles en ont été sépa-
rées par la mouture. On distingue quatre
«•pèces de son , qui se reconnaissent à
kur grosseur : le grosso/if le petit son^
ks recoupes ou recoupettes^ et enfin les
remoulages. Les deux premières espèces
se donnent aux chevaux, moutons, la-
pins, etc., tandis que les deux dernières
constituent une nourriture forteatimée*
pour les vaches. Le blé moulu fournit à
peu près 20 pour 100 de son poids de
son. X.
SONATE , mot qui sert à désigner^
dans la langue musicale, une pièce in-
strumentale composée de deux ou trois
morceaux d*étude : Vallegiv^ Vadagio
et le presto ou rondo. Quelques compo*
aiteurs y joignent un menuet^ comme
dans les symphonies (voy,). Une sonate
est ordinairement écrite avec un accom-
pagnement de basse. Elle a sur le con^
certo ( vojr, ) cet avantage de ne pas
entraîner à sa suite une armée d'accom-
pagnateurs. Les plus grands maîtres se
sont exercés dans ce genre : Ton citera
toujours avec éloge les sonates de Beet-
boven, de Tartini, de Yiotti, etc. Le
culte de ces célèbres jcompositeurs pour
la sonate l'avait mise si fort à la mode
pendant le cours du siècle dernier, que
tout le monde aurait pu s'écrier avec
Fontenelle : Sonate y que me veux- tu?
Les temps sont bien changés I La sonate
a presque disparu pour faire place à la
fantaisie et à Yair variée et c'est à peine
si elle a trouvé asile au milieu des saifftes
doctrines du Conservatoire, qui n*ont pu
se défendre de l'envahissement de Técole
de Paganisi et de Berz. Il n'en est pas
moins juste de mentionner parmi les
meilleures sonates pour le violon celles
de Corelli, Tartini, Yiotti, Baillot, Kreu-
tzer ; pour le piano, celles deEm. Bach,
Haydn , Mozart, Beethoven , Cleinentî,
Dnasek, Hummel, Moschelès, Kalk-
brenner, Field, etc.; pour piano et vio-
lon, celles de J.-Séb. Bach; pour le
violoncelle, les sonates de Franciscello
et de Duport; et enfin pour lesinstru-
meuts à vent, celles de Cramer et de *
R^'icha. D. A. p.
SONDE [^hu pE m), o^ vD\t^% de
Sounda^ nom qui rappelle celui de Sand
et parait signifier grande eau, groupe in»
salaire de l'archipel indien, au sud-est de
la presqu'île de Malacca, voy. Suma-
TEA, Java, Tmoa. Quelques géographes
comprennent aussi Pile de Bornéo {voy.)
sous cette dénomination générale que
M. Balbi, dans ses Éléments^ n'a point
reproduite. X.
SONGE ou Rivs, voy. Somheil.
SONNENBBBG (Fbahçois-Artoi-
he-Joseph-Igkage*Maiue, baron de),
non moins célèbre par sa triste fin que
par son génie poétique, naquit en 1779
à Munster, dans la Westphalie. Son ima-
gination hardie, indomptée, parait dès
son enfance l'avoir emporté sur toutes
les autres facultés de son âme, et, l'édu*
cation qu'il reçut n'ayant point rétabli
l'équilibre, le mal ne fit qu'augmenter.
La Mes stade àe Klopstock, qui lui tomba
sous les yeux pendant qu'il était au gym-
nase , lui donna Tidée d'une épopée gi-
gantesque , la Fin du Monde ( t. 1^%
Vienne^ 1801 ), où se trouvent réunis
tous les défauts d'un plan irrégulier,
d'une diction boorsoufflée , d'une ima-
gination en délire. Ce fut peut-être plu-
tôt par obéissance que par goût qu'il
étudia le droit. A l'âge de 19 ans, il fit
un voyage en Allemagne, en Suisse et en
France, et, à son retour, il s'établit à
Drakendorf près d'Iéna, où il mena la vie
la plus retirée, tout occupé qu^il était
de la composition d'un second poème
épique, Donatoa^ auquel il travaillait
avec tant d'ardeur qu'il en oubliait de
prendre de la nourriture et du repos. La
tension continuelle de son esprit réagit sur
lui d'une manière funeste ; il se donna la
morte léna, le 23 nov. 1805, en se pré-
cipitant d'une fenêtre. Sonnenberg était
véritablement poète; malheureusement
ses précieuses facultés ne reçurent pas
un développement harmonique. Malgré
ses défauts, son poème de Z>o/?â/oa mon-
tre en quelques parties de la profon-
deur, de la force, de l'élévation dans les
sentiments. Il a été publié , accompagné
d'une biographie de l'auteur, par Gruber
(Halle, 1806, 4 vol. en 3 t. in-lS). CL.
SONNET. Ménage dérive ce mot de
sonettuSf diminutif de sonusy qui a si-
gnifié vnc chanson^ C'est un petit yott^^
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SÔP
(à94)
SOP
de quaVànevera, ordtuafrenieiitdeniéiiie
mesure, partagés ett deux quatrains sar
deux riddes que chaque quatraîo doit of-
frir dans le même ordre, et en deux ter-
cets divisés par le sens comme les deux
quatrains. Les deux premiers vers du
premier tercet riment ensemble; dans
les vers suivants, les rimes ont, en géné-
ral, un ordre autre que dans les deux
quatrains. Aucune licence poétique n*est
admise dans le sonnet ; aucun mot sail-
lant ne peut s'y présenter deux fois; ce
poème n'occupe qu'une faible étendue,
mais tout doit y être clair, nettement ex-
primé; la perfection qu'on lui demande a
fait dire au législateur de notre Parnasse :
Un konnet sans défaat vant seol nn long poème.
Le sonnet eut ses phases de vogue et
ses phases d'oubli. Nous croyons, avec
Ginguené, qu'il est d'origine sicilienne
et qu'il remonte an xiii* siècle. H est
vrai que son nom est antérieur, et qu'on
le trouve dans nos poésies romanes;
mais son on sonnet s'y prend pour toute
poésie lyrique, et notre vieux La Fres-
naye a dit justement dans son Art poé^
tique :
Do son se fit sonntt, du chant se fit ékanton.
Quant à la forme spéciale du sonnet,
consacrée par les Italiens, elle fut im-
portée chez nous parMellin deSaint-Ge-
lais, Joachim du Bellay et Pontus de
iThiart. Le xvii^ siècle lui fut trop favo-
rable, puisqu'on vit, en 1651, la cour et
la ville partagées en deux camps à l'oc-
casion du sonnet de Benserade sur/o6,
et de celui de Voiture sur Uranie. La
faveur du public entraîna Boileau a don-
ner à ce petit poème trop d'importance,
pendant qu^il oubliait l'épttre, leconte, ta
fable, le poème didactique, le poème Mu-
sical, etc II y eut réaction, et le xviii^
siècle dédaigna le sonnet. Beaucoup de
poètes, au xix^, sont revenus à cette
forme ; mais ce n'est pas dans un temps
où tout se fait en hâte qu'on peut atten-
dre ce travail delà lime, limœ tabor^ in-
dispensable à la perfection. Aussi doit-
on répéter, comme au temps de Boileau :
• » . .En vaio mille auteurs y pensent arriver,
Et cet henreuk phénix est encore à trouver.
J.T-v-s.
SOraiÈ ALÈXÉIEVNA, tsarevne
et grande- princesse de Russie, naquît i
Moscou !« :j^ sept. 1 657. Son père, Aieïis
Mikhaîlovitch (vof.), avait une îiom-
breuse famille; mais, à l'exception de soà
plus jeunefils, Pierre-le-Grand, aucun dé
ces princes et princesses n'égalait Soplklè
en intelligence et en énergie. Elle était née
de la même mère que Fœdor et loaâil
Alexéfevitch, et les Miloslavskii, ses on-
cles, la gouvernaient. Ceux-ci avaient
vu de mauvais oeil le second mariage du
tsar avec Natalie Naryschkine (wyf.\ et
surtout la naissance de son fils Pierre;
cependant ils étaient en possession de
pouvoir sous le règne de Fœdor et avaient
l'espérance de le conserver sous loann ,
prince presque imbécille. Mais lorsque
cette espérance fut trompée, lorsquli-
près la mort de Fœdor (1682) , les Ifa-
ryschkine réussirent à faire proclamer
tsar le fils de Natalie, alors une lutte san-
glante éclata entre les deux familles , et
les Naryschkine , ainsi que deux princes
Dolgorouki et le vertueux Matvéîef, en
devinrent les premières victimes. Milos-
lavskii n'eut pas de peine à y entraîner là
tsarevne, alors âgée de 24 ans : fùrieUsè
de la préférence qu'on donnait sur son
frère utérin au fils de l'odieuse Narysch-
kine, elle jura de défendre ses droits, et
appela les strélilz à la révolte. Pendant
trois jours (mois de maî) le Kremlin Ait
livré à une barbare soldatescpie , et 6t
personnes perdirent la vie dans le mas-
sacre. Enfin, le 3 juillet, les deux fVères
furentcouronnés ensemble, et Sophie prit
la régence, qu'elle garda jusqu'en 1689,
c^st- à- dire sept ans, non sans gloire, car
elft alliait à une grande énergie beaa^
coup de perspicacité, ainsi que l'amour
des arts et des lettres. Elle-même poète,
ce fut elle qui fit^ionner aux Russes
les premières représentations théâtrales.
Mais un nouveau soulèvement d^s stré-
litz, taiécontents du peu de déférence
qu'on leur témoignait, et qui avaient k
venger la mort de leur chef, te prince
Khovanskii, la força bientôt de quitttt'
Moscou et de chercher un rë(\ige dans
le couvent de Troîtza. Ge ne fut qu'a-
près avoir triomphé de cette rébellion
qu'elle put se livrer aux soins de l'état.
Tous les principaux faits de sa régence ont
ét»^racotttés à l'art. Galitsticb (T. Xlt,
p. 47) , ifh de h^ nombreux fkvorH et
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^OP
(895)
SOP
son principal ministre. La fin de cette pé-
riode se confond avec Thistoire de Pier-
re-Ie-Grand : aassi a-t-il déjà été dît,
dans la notice concernant ce dernier
(T. XIX» p. 630), que, las de sa tutelle
et choqué de ses prétentions excessives^
le jeune tsar y mit fin lorsqu'il eut accom-
pli sa 17* année. Il ne craignit pas d'en-
tier en latte ouverte avec cette sœur im-
périeuse, ety k Toccasion d'une solennité
qui devait avoir lieu en juillet 1689, il
hii signifia qu'elle eût h y paraître simple-
ment comme sœur et tsarevne, mais nulle-
menten qualité derégente ou même d*au-
tocratrice, titre qu'elle prenait publi-
quement depuis deux ans. La résistance
de Sophie à cet ordre amena la rupture.
Pierre eut le dessus. La tsarevne fut en-
fermée dans le couvent dit Novo-Dévit-
cheî-Monastyr, quelle avait fondé elle-
même non loin de Moscou, et le 18 sept,
elle y prit le voile sous le nom de sœur
Susanne. On sait que néanmoins elle fut
soupçonnée d'avoir eu une grande part
& la révolte des strétitz qui eut lieu bien-
tôt après, pendant que Pierre voyageait
k l'étranger , et que 230 de ces miliciens
furent pendus à 30 gibets élevés sous les
fenêtres de la royale récluse. Elle resta
sous une surveillance sévère jusqu'à sa
knort,arrivée le 1 4 juillet 1704. J. H. S.
SOPttlS ou SoFYS, voy. Peuse, T.
XIX, p. 444 et suiv.
SOMlSME, SOPHISTK {(TOflCllK^
ffOfco'Tuc, de ffô^oc» sage, instruit). En
remontant aux racines des mots, on con-
state souvent des révolutions dans les
choses. Ainsi les sophistes furent d^abord
les savants, les sages par excellence, et les
sophismes les habiles déductions de ces
grands esprits. Quand les sophismes dé-
générèrent en raisonnements subtils;
quand les propositions les plus opposées
furent soutenues publiquement, an choix
de l'auditoire, dans des discours vides de
raison et pleins de roots; quand la solide
éloquence fit place à une vaine rhétori-
que, les sophistes purent avoir encore des
succès de vogue; mais les vrais^mis de
la sagesse n'eurent pour eux que du mé-
pris. Et comme, à la longue, c'est le ju-
gement des hommes éclairés qui l'em-
pot'te, quel qu'ait été le mérite de quel-
ques sophistes pottérieun aux luttes fé«
condes de Socrate cou tre le charlatanisme
de ceux de son temps (voy, son art.),
ce nom de sophistes est devenu Tépithète
injurieuse des discoureurs superficiels,
pleins d'audace et d'ostentation, qui pré-
tendent tout savoir, tout prouver, et qui
éblouissent le vulgaire, incapables qu'itk
sont de l'éclairer. Ainsi que nous l'avons
fait dansrartRHKTEUR, nous renvoyons
à Belin de Ballu ceux qui voudraient
connaître l'histoire des sophistes, et nous
allons dire quelque chose des sophismes.
Les sophismes diffèrent des paralogis-
mes {voy, ce mot) : ceux-ci sont des er^
reurs de bonne foi ; les autres, l'arme de
la perfidie. L'auteur d'un paralogisme
est dupe de sa propre illusion ; celui qui
emploie un sophisme fait ou cherche à
faire illusion, dans une intention coupa-
ble. Quant aux faux raisonnements, pa-
raiogismes ou sophismes , que l'on se
trompe ou que l'on veuille tromper, ce
sont des illusions dont voici les princi-
pales : 1** illusion de cause non cause
(non causa pro causa) ^ lorsqu'on assi-
gne pour cause à un effet un concomi-
tant qui n'a pu le produire; 2^ illusion
dkéquivoque^ quand on prend un terme
en plus d'un sens dans le même syllogis-
me; 3** illusion éCexlension^ quand où
conclut de la partie au tout, du particu-
lier au général, de Vaccidentel à l'absolu;
4^ illusion de composition^ en unissant
des choses qui ne sont vraies que divisées;
5^ illusion de division^ en prenant sépa-
rément des choses qui ne sont vraies que
prises collectivement; 6^ illusion de
question , en prouvant ce qu'il ne faut
pas prouver, et réciproquement ; 1^ illu-
sion de pétition de principe et de cercle
vicieux [voy, ces mots), en prenant pour
moyen de démonstration la chose à dé-
montrei*, en prouvant l'une par l'autre
des choses douteuses et contestées; 8<^ il-
lusion de dénombrement imparfait ^
dk induction défectueuse y àt passage du
naturel au surnaturel^ etc. La double
cause de nos erreurs, c*est la faiblesse de
l'esprit et la force des passions : malheu-
reusement il est plus facile de le recon-
naître que d'y remédier. Aristote avalk
signalé les formes que les idées ou les
combinaisons d'idées peuvent revéttlr
comme instrutnenU de déception. Où
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SOP
(396)
SOP
B'avait guère fait que le saÎTre, lorsque^
de nos jours, J. Beotham a eu des aper-
ças neufs d&as ses Sop/iismesparieirten'
taireSf estimable ouvrage déjà deux fois
traduit en français. J, T-v-s.
SOPHISTICATION, voy. Falsifi-
CATION.
SOPHOCLE, un des trois grands
poètes tragiques de la Grèce, et le ploi
parfait , au jugement de la plupart des
critiques , naquit environ 5 siècles av.
J.*C. Uan née précise de sa naissance est
sujette à quel ques di fficul tés. L'indication
qui se conciHe le mieux avec les circon-
stances de sa vie est celle du scoliaste grec,
qui le fait naître dans la 2® année de la
Lxxi* olympiade (495 av. J.-C). Les
marbres de Paros avancent de trois ans
l'époque de sa naissance, en la fixant à la
3* année de laLXX'olymp. Quanta l'allé-
galion de Suidas, qui la porterait à la 3*
année de la Lxxiu'olyrop., elle s'accorde
mal avec les époques les mienx connues
de ses ouvrages. Plus jeune qa'Eschyle
de 25 ou 30 ans, Sophocle était plus
âgé qu'Euripide d'environ l5 ans. La
tradition a attaché le nom de ces trois
poètes au souvenir de la jouvnée de Sa-
lamine (480 av. J.-C.) : elle rapporte
qu'Eschyle combattit avec valeur dans
les rangs des défenseurs d'Athènes; So-
phocle fut choisi, à cause de sa beauté ,
pour être coryphée des adolescents qui ,
la lyre en main, le corps nu et parfumé,
chantèrent l'hymne de victoire et dan*
aèrent autour des trophées; et Euripide
naquit pendantle combat, dans l'îlepême
de Salamine.
Sophocle était de Colone, bourg situé
aux portes d'Athènes, qu'il a chanté dans
son OEdipeà Colone. D'après des auteurs
cités par le scoliaste qui a écrit sa vie, son
père, Sophile, aurait été forgeron ; mais
le scoliaste révoque en doute cette asser-
tion, parce que, dit-il, « il n'est pas
vraisemblable qu'un homme d'une telle
extraction eût été nommé général con-
jointement avec les premiers citoyens
d* Athènes, tels que Périclès et Thucydi-
de. » Cette réflexion pourra paraître bien
aristocratique, appliquée è un gouverne-
ment tel que celui d'Athènes. « En ou-
tre, continue le biographe, les poètes co-
I9ique9, auxquels la naissance d'Euripide,
fils d'une fruitière, a fourni de si gros-
sières plaisanteries, n'eussent pas mena*
gé à Sophocle les traits mordants qu'ils
n'épargnèrent pas même à Thémistocle.
Peut-être, ajoute -t-il, son père avait-il
des esclaves forgerons et ouvriers en ai-
rain. » Si l'on goûte ces raisons, il faudra
en revenir au témoignage de Pline le
naturaliste, qui, d'après d'autres autori-
tés, assure que Sophocle était issu d'une
grande famille, principe ioco geniiurn,
Tjes anciens n'ont pas oublié de nous
apprendre que Sophocle reçut une édu-
cation brillante : il s'exerça, dans son
enfance, à la palestre et à la musique, et
il fut couronné dans Fun et l'autre exer-
cice. Son biographe et Athénée (I, 20)
lui donnent pour maître le musicien
Lampros; peut-être est-ce le même que
le célèbre poète lyrique cité par Plutar*
que {De musicd).
Des avis divers ont été émis sur la
question de savoir quand Sophocle fit
représjenter sa première pièce. Selon les
marbres de Paros, il vainquit pour la
première fois sous l'archonte Apsephion,
la 4<^ année de la lxxvii* olympiade, à
l'âge de 28 ans. (Nous avons vu que cette
chronique lapidaire le fait naître, o1.
Lxx, 4.) Cette date nous parait la plus
conforme au récit détaillé de Plutarque
dans la Vie de Cimony ch. 8 : « Cet acte,
dit-il ( Cimon avait rapporté de Scy-
ros les ossements de Thésée), lui valut la
faveur du peu pie, et c'est à cet te occasion
que s'établit le jugement des tragédies
par des juges désignés. En effet, Sopho-
cle, encore jeune, faisant représenter sa
première pièce, comme il y avait du tu-
multe et de la cabale parmi les spectateurs,
l'archonte Aphepsion (Plutarque écrit ce
nom autrement que les marbres de Pa-
ros) ne tira pas au sort les juges du con-
cours; mais Cimon s'étant avancé sur le
théâtre avec les généraux, ses collègues,
pour faire aux dieux les libations vou-
lues, il ne les laissa pas se retirer ; mais,
leur ayant fait prêter serment, il les força
de s'asseoir et déjuger, étant au nombre
de dix, un de chaque tribu. »
Le biographe d^Eschyle dit qu'il fut
vaincu par Sophocle encore jeune, et qu'à
cette occasion il quitta Athènes, pour se
retirer en Sicile. Sophocle fit en effet
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SOP
(â9t)
SoP
Jouer âà première tragédie avant Tâge
fixé par la loi, qai défendait aux poètes
•t aux acteurs, qu'on ne distinguait pas
alors des poètes, de parattre sur la scène
avant 40 ans; d'autres disent 80.
Malheureusement, Plutarque ne nom-
me pas la pièce qui valut a Sophocle cette
première victoire sur Eschyle. On con-
jecture seulement que c'était une tétra-
logie, dont Triptolème était le drame
satirique, etc. C'est Pline le naturaliste
qui a mis sur la voie de cette conjecture.
Depuis ce premier succès jusqu'à sa
mort, Sophocle ne cessa de travailler
pour le théâtre; il n'est donc pas éton-
nant qu'il ait composé un grand nom-
bre d'ouvrages : Suidas dit 123 ; le gram-
mairien Aristophane de Byzancedit 1 30,
dont 17 supposés. Sept tragédies seule*
ment nous sont parvenues en entier, mais
dans ce nombre se trouvent plusieurs
chefs-d'œuvre. £n voici les titres : 1^
Ajax armé du fouet ou Ajax furieux ^
2** Electre, 3** OEdipe roi y 4** An-
tigone^ 5® les Trachiniennes ou la Mort
d'Hercule^ 6<» Philoctètey 7<» OEdipe
à Colone,
Sophocle, à cause de la faiblesse de son
organe, ne se conforma pas a l'usage qui
Yoalait que le poète jouât lui-même le
principal rôle dans ses ouvrages. Il ne
parut sur la scène que dans des rôles qui
exigeaient un talent particulier. Ainsi, il
remplit le rôle de Thamyris jouant delà
lyre , et celui de Nausicaa jouant a la
paume. Il introduisit d'ailleurs plusieurs
innovations dans les représentations dra-
matiques, il sjouta à la pompe des dé-
corations, et porta à 1 5 le nombre des
personnages du chœur, qui n'était que
de 1 2. Malgré les heureux changements
qa'Ëschyle (voy,) avait faits à la tragé-
die, l'enfaoèe de l'art se fait encore sen-
tir dans ses pièces : Sophocle, à son tour,
en vaodifia la forme, et la porta à sa
perfection. Il fit paraître sur la scène
un troisième interlocuteur, et, tout' en
rattachant toujours le chœur à l'action,
il le réduisit à un rôle secondaire, celui
d'un simple spectateur qui témoigne par
jiea paroles lintérêt qu'il prend à l'évé*
nement. Cette place que le chœur con-
serve encore dans la tragédie grecque,
cette espèce d'intervention populaire,
suffirait seule pour marquer un des ca-
ractères distinctifs qui la séparent pro«
fondement de la tragédie française.
Sophocle remporta vingt fois le pre-
mier prix de la tragédie; souvent il ob-
tint la seconde nomination, jamais la
troisième. Telle était la douceur de son
caractère, dit son biographe, qu'il était
chéri de tout le monde. Il était si attaché
à son pays, que les offres de plusieurs rois
qui l'engageaient a venir auprès d'eux ne
purent jamais le décider a quitter sa patrie.
Les Athéniens, pour lui donner un té-
moignage de leur admiration, Pélurent
général, à l'âge de 57 ans, sept années
avant la guerre du Péloponnèse, lors de
leur expédition contre Samos. Aristopha-
ne de Byzance rapporte que cet honneur
lui ^ut déféré aprè» le grand succès de sa
tragédie à^Antigone. Au premier abord,
on ne peut se défendre d'une certainesur-
prise, en voyant un mérite piuement lit«
téraire récompensé par les charges les plus
importantes de l'état ; on est tenté de sou-
rire devant les bizarres caprices de cette
démocratie qui payait le talent drama-
tique par un commandement militaire;
on a beau jeu alors à plaisanter sur le ca-
ractère frivole dts Athéniens, assez riches
d'ailleurs sous ce rapport pour qu'il ne
soit pas besoin de charger le portrait.
Quant aufait que Sophocle fut général
une fois en sa vie, il est attesté non-seu-
lement par son biographe, mab aussi par
un grand nombre d*écrivains. Plutarque,
dfns la Vie de Périclès, dit que Sophocle
fut son collègue comme stratège; d'autres
précisent l'époque au temps de la guerre
de Samos. Pour ce qui est du motif qui
fit élever no|re auteur tragique i ce poste
important , il est assez probable que la
poésie si riche, si élevée, si touchante de
la pièce n'était pas le seul mérite que les
Athéniens applaudissaient dans VAnti^
gone. On oublie trop le côté politique de
la tragédie grecque, et il est à propos de
remarquer avec quel soin particulier et de
quel ton grave l'auteur de cette tragédie
expose (v. 1 75- 190) des règles de gou-
vernement, des maximes sur les devoirii
du citoyen et sur l'obligatiorf imposée au
chef de VéiA de sacrifier ses amitiés par-
ticulières a l'intérêt public. Dénosthène
dans son discours sur les préportcaiiûm
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soi*
de l*ambassade^ a cité toat oe paaitge,
et il ajoute que ce soot Don-^teuleveot
de beaaz Tersy id«U qu^ils sont pleins de
conseils utiles auz Athéniens. Plus bas
(t. 659-676), le poète attaque Tanar-
cbie, il recommande ^obéissance aui
lois, la soumission aux magistrats; de la
fltricte obserTation de ce devoir dépend
le salut de Pétat, comme Tiosubordina-
tion de quelques-uns peut amener la
perte de tous. De plus, tout en prenant
dans cette pièce la défense des lois divi-
nes et du culte dû aux dieux infernaux,
ce qui fait du dévouement d^Antigone
Bon-seulement un acte de piélé frater-
nelle, mais aussi un acte essentiellement
religieux, Sophocle a su néanmoins trai-
ter ce sujet avec tant de mesure, qu'il se
garde bien de porter la moindre atteinte
à Tautorité des lois civiles. Enfin, une
autre cause qui a pu valoir à l*auteur la
faveur populaire, c'est la haine de la
tyrannie qui respire dans cette pièce, et
qui, bien que formellement exprimée
dans tel passage particulier, par exemple
T. 729-735, se révèle encore plus par
llmpression générale de tout Touvrage,
comme un sentiment qui s'exhale de l'àme
même du poète. On conçoit très bien que
cette aversion pour la tyrannie ait été de
nature à agir vivement sur l'esprit de la
multitude, à provoquer ses acclamations
et son enthousiasme, et à inspirer le dé-
lir de récompenser l'auteur en l'élevant
à de hautes fonctions politiques.
Selon Aristophane de Byzance, Vj4n»
tigone était la 32* pièce de Sophocle. 'Si
l'on admet l'opinion la plus accréditée,
qui place sa naissance à l'an 495, il au-
rait eu cinquante et quelquo années lors-
qu'il fit jouer cette tragédie. Il était alors
dans la force de son génie, qui d'ailleurs
se maintint longtemps dans tout son éclat,
puisque la plupart des chefs-d'œuvre qui
nous restent de 'lui sont postérieurs à
VAntigone*. AinsiV OEdiperoi^et VOE-
(*) Cette pièce vient d*étre remise lar la icène,
d'abord à Berlin, aoua les aaspicet d'an roi pro*
tecteur des lettre^ et dea arta, pur les ftoioa da
célèbre Tieck et avec l:i musique de M. Men-
delasobo-Burtholdy; pui^ à Paris, mu théAtre de
l*Odéoo, oà «Ile est depuiii ua qiois en postes*
aioa d*aUirer la foule et de aatfSfaire les jugea
lea plus tlifijciles. Ricujie semblait mnnqiier à
la gloire <i«; So|»boctej mai» ^ucl niomphe pour
( 3dS ) SOP
dfpe à Coione^ qui sont ^néralement
reconnus comme ses deux plus be^iu ou-
vrages, l'un sous le rapport de^ l'art dr%T
matique, l'autre pour l'élévation de If
poésie et pour la pureté des idées mora-
les, ont été composés par Sophocle, le ^
premier a Tâge de 64 ans au moins, et 1^
second à 76. A la composition de l'ûff-
dipe à Colone se rattache une anecdote
rapportée par un assez grand nombre
d'écrivains, entre autres par Cicéron,
Plutarque, Apulée, Lucien, etc. Voici en
quoi s'accordent leurs diverses relations :
Sophocle, paraissant négliger son patri-*
moine pour se livrer à la poésie tragique,
fut cité en justice par ses fils, ou bien par
son fils lophon^ dans l'intention de lui
faire enlever l'administration deses bienSy
comme n'ayant pas l'esprit sain et n«
possédant plus l'usage de toutes ses fa-
cultés. Alors Sophocle lut devant set ju-
ges des passages de son OEdipe à Co^
lone auquel il travaillait, notamment le
beauchœurqui contient l'éloge del'Atti-
que; puis il leur demanda si un tel pol-
me était l'ouvrage d'un homme qui ra-
dote. Il fut renvoyé absous, et les jugea
blâmèrent son fils.
La mort de Sephocle arriva sous l'ar-
chontat de Gallias, dans la 3^ année de
la xciit^ olympiade, Tan 406 av. J.-C,
peu de temps après la niort d'Euripide,
et un peu avant la prise d'Athènes par
Lysandre. Il était âgé de 89 ans, si l'on
adopte, comme nous l'avons fait, la date
indiquée par le biographe. pour sa nais-
sance. Q^te mort est racontée de plu-
sieurs manières : selon les uns, il mourut
de joie en apprenant le succès d'un^
de ses pièces; selon d'autres, il expira à
la fin d'une lecture de son Antigpne^
pendant laquelle il aurait fait effort pour
soutenir sa voix. Ce dernier f^it est évi*
demment supposé. Une épigramme de
l'Anthologie prétend qu'il mourut étouffé
par un grain de raisin vert. "
Selon le biographe , les sépultures
de la famille de Sophocle étaient à Dé-
célie , à 1 1 stades d'Athènes. Les La-
cédémoniens occupaient alors DécéUe,
et ravageaient le territoire ajfbénien. Bac^
lui f ae cette éclatante réaurrectinn après aa siè-
cles et dans un temps de iHSSÏMide et de déseo*
chaatemeotl J^ &• ^«
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«0?
(m)
SÛ$
chus apparaît eift «<>t^^ ^ f'SWW^rft» chef
dés Spartiates, et lui ordonna de laisse^
inhumer le poète, que ce dieu chérissait.
Lorsque ce général eut appris par des
transfuges quel éuit celui qui venait de
mourir, il envoya un héraut porter à la
ipUe assiégée la permission d'ensevelir
Sophocle. Ce récit du biographe pré-
sente plus d'une difficulté. D'abord Dé-
célie n'était pas , comme il le dit, à 1 1
stades d'Athènes, mais à 1 20 ; de plus, le
g^éral lacédémonien qui commandait à
cette époque n'était pas Lysandre, mais
le roi de Lacédémone, Agis, fils d'Archi-
damus (Thucyd., VII, 9). Lysandre n'as-
siégea Athènes que par mer, la 1^^ année
^e la xciv* olympiade : or Aristophane,
dans ses Grenouilles^ qui furent i[epré-
tentées la 3* année de la xciii* olym-
piade, parle de Sophocle comme déjà
mort.
L'espace dous manque ici pour mar-
quer avec des développements suffisants
le progrès des idées morales tel qu'on
peut le suivre dans les tragédies de So-
phocle, en partant àiAjax^ qui parait
être un de ses premiers ouvrages, pour
arriver à \OEdipe à Colorie^ où l'idée
de la justice divine se montre si épurée.
Qn est frappé de l'intervalle immense
qui sépare ces deux pièces. Il y a, il
est vrai, dans le caractère d'Ajax une
idée exagérée de la puissance humaine :
c'est l'bomme des temps héroïques, c'est
le guerrier qui doit tout à la force de
çon bras. Le délire qui égare son esprit
est une punition de son irrévérence en-
fers les dieui ; mais, dans la réalité, Ajax
est victime de la colère de Minerve : ao
fond du délit qui lui attire un châtiment
si funeste, on ne voit guère qu'une ran>
cnne de la déesse qui veut venger un
grief personnel. L'intervention divine
n'apparait donc ici que dans un intérêt
privé, et non dans l'intérêt de la loi mo-
rale. Que si nous passons à VOJËdipe à
Coloae^ nous voyons encore en lui la
victime de la fatalité ^ mais il n'en con-
ft^ye pas moins un caractère hautement
moral. Un enchaînement de circonstan-
ces extérieures, toutà-fait indépendan-
tes de son libre arbitre, l'a rendu crimi-
nel, mais sans qu'il l'ait ^oulu, et c^te
^Mençe de participation de sa volonté
rauurt aa cpnscîance. Jl p«^U ^ &«:& «ri-
mes involontaire. fans embarras: ils sont
l'œuvre des dieux. Il établit nettement^
et à plusieurs reprise^ que c'est T inten-
tion qui fait la faute; la culpabilité n'est
reconnue que dans l'intention de faire le
mal : le crime involontaire n'est plus nu
crime; l'homme a pu servir d'instru-
ment dans la main des dieux ; mais, si sa
conscience est pure, il n'est pas vrai*
ment coupable. Voilà doue le dogme de
la faulité épuré ou plutôt dégagé de la
moralité qui ne lui appartient pas ; voilà
li^ ligne de démarcation profondément
tracée entre le domaine moral de la con-
science, où règne la liberté humaine, al
le domaine de la fotalité, qui p'est plu»
que Tenchsloement des faits e&térieura,
placés en dehors de notre action, et der^
rière lesquels la liberté de l'homme reste
entière. Ainsi, du trbte dogme de la pré-
destination, le poète n'a pris, en qutrique
sorte, que la partie étrangère à l'homme;
il en retranche toute la partie odieuse,
cell^ qui répugne le plus à la nature
humaine, c'est-à dire Timputabilité.
Certes une pareille transformation de
l'idée du destin dans la tragédie grecque
marque un progrès assez important dans
l'histoire des idées morales, pour auto-
riser à dire que Sophocle avait pressenti
quelques-unes des vérités que le chris-
tianisme devait mettre en lumière quel-
ques siècles (»hi8 tard. Il suffit de citer
toute la réponse VOEdipe à Créon (v.
^0- 1003), trop longue pour être rap-
portée ici : on y verra toutes ces notions
parfaitement éclaircies et en accord avec
la conscience la plus pure et le bon sens
le plus* élevé .* A>d.
(*) La pi as aDcienne édition' de Sopiîocle est
celle des AUfes^Ven., i5o2, io-a^, édition rnre,
correcte et très bien imprimée \ elle fut suivie
des schulies de Lasiraris, Rome, i5x8, et des
éditions des Jantes, Flor., iSaa, in-4'*; de Vie*
torrus, i6., i547, in-i^; deTumèlie, Paris, iSSiy
in-4^; de H. Estienne, iivec notes. Pans, i56a,
in-4*', etc- Parmi les modernes, on cite celles de
Brunck, Stra^J^ X7^6 % a toL iu*4* et a vol.
in-® ; de Mosgrave, Ox(brd, iBoo-i, 4 tpl. iu.8^$
d'Ërfnrdt, Ltaipi., i8oa-ii, 6 toI. in-S** avec
nn 'f vol. en i8a5, etc. Une édition accompa-
goée de notes allemandes par M. Schneider
(Weimar, i82^3o, itt-ia) est MiiTie d'un glos'
«ire détaillé, ti existe en uoUe un grand aoin*
br« d'éditions de pifces détecbées. Sophocle a
été partieU«nent traduit ea français par de
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!^R
(400)
SOR
SOPBONIBi dont le nom est écrit
Zéphanyah dans les Bibles hébraïques,
Tun des 12 petits prophètes, éuit fils de
Gusi, et appartenait à une famille illustre.
On ne sait rien de sa mort; mais c*est
sous le règne de Josias que Sophonie rem-
plit son ministère. Son livre, en 3 chap.,
s'élève contre les désordres de Juda ,
l'oppression des grands, les vices du peu-
ple et son idolâtrie. Z.
SOPHONISBE, fille dÂsdrubal et
femme de Syphax, née à Garthage, vers
Tan 2 35 av. J.-C. Etant tombée au pou-
voir de Masinissa, à qui elle avait d'a-
bord été destinée, sa beauté frappa vive*
rement le roi des Numides, et, loin de
songer à la livrer aux Romains, il résolut
de l'épouser. Mais elle avait déjà dé-
tourné Syphax de l'alliance des Romains,
et Scipion craignit qu'elle n'ébranlât
aussi la fidélité de Masinissa. Il lui or-
donna donc de renoncer à ce mariage, et
réclama la princesse. Ne pouvant résister
aux instances de l'illustre Romain, Masi-
nissa en donna avis à Sophonisbe par un
message secret. Alors la jeune femme
héroïque, qui craignait par-dessus tout
l'humiliation d'être traînée à Rome, de-
manda «I son nouvel époux, pour son
présent nuptial, une coupe empoisonnée.
Le roi eut la lâcheté de la lui envoyer,
et elle la vida courageusement.
L'histoire de Sophonisbe a souvent été
traitée pour le théâtre. Sans parler du
Trissin et d'autres vieux poètes, Corneille
en fit le sujet d'une de ses tragédies, puis
après loi Lagrange-Chancel et Voltaire.
Mais la plupart de ces pièces soût tom-
bées dans foubli. Z.
SOPRANO, dessus, voy. Voix.
SORBES, voy, Slaves et Lusace.
SORBIER , genre d'arbre de la fa-
mille des rosacées, sous-ordre des poma-
cées. Les sorbiers ne diffèrent guère, par
Longepierre, J.-B. Gail, etis. Noos iTons les
Tragidêêi greefMes par À. Dacier (Aast., 1693,
in-ia; Altenb., 176^, ip-8«); 1« I\ Branloy a
i;om|>ri.i Sophocle dans son Théâtre d$s Greetf
• G. RoirUefort en a âossi doilaé une traduction
eatimée; enfin, on doit i notre savant collabo-
ratear, auteur de cette notice, une traduction des
Tragédies de Sophocle (Paris, 1817, 3 vol. in-3a),
dont une a^ éd. a constaté le mérite at le sac-
ddt. Parmi les tradadlons étrangères, on eite
surtout cellacbSbIger, eu «en allemands (as éd.,
Berlin, 1824, a toI. ia-8<*). S.
les caraolèrti de leurs fleurs et fruîti,
des autres genres du groupe des poma-
cées (pommiers, poiriers, alisiers, etc.),
mais on les en distingue facilement à
leurs feuilles pennées. Leurs fleurs, pe-
tites, blancbes et légèrement odorantes ,
se montrent, a la fin du printemps, au
sommet des jeunes pousses : elles sont
disposées par bouquets serrés, étalés en
forme de parasol.
Le sorbier commun ou sorbier des
oiseleurs (sorbus aucuparia^ L.), qu'on
désigne aussi par le nom vulgaire de co-
chéne^ est très recherché pour l'orne-
ment des parcs et des bosquets; il pro-
duit un effet des plus pittoresques, non-
seulement a l'époque de la floraison,mait
surtout en automne, étant couvert d'in-
nombrables bouquets de baies d'un écar-
late vif; d^ailleurs ces fruits persbtent
jusqu'au fort de l'hiver, et ils offrent
l'avantage d'attirer les grives, les merles
et autres oiseaux frugivores qui tous en
font leurs délices. Le sorbier croit spon-
tanément dans toute l'Europe, ainsi qu'-en
Sibérie , et même dans les régions arc-
tiques; un climat froid lui convient mieux
que de fortes chaleurs : aussi vient-il de
préférence, en Europe, dans les stations
élevées des montagnes. Le boîs de sor^
hier est dur et compacte ; on l'emploie
aux ouvrages de tour , de menuiserie et
de charronnage. Les fruits ont une sa-
veur fortement âpre et astringente : l'a-
cide malique y abonde ; néanmoins les
habitants du Nord mangent ces fruits lors-
qu'ils ont été iifioucis par les gelées ; ils
en préparent aussi une sorte de cidre et
une boisson alcoolique.
Le sorbier cultivé (sorbus domesiica,
L.),plus généralement connu sons le nom
de cormier^ croit dans les forêts de l'Eu-
rope australe ; on le retrouve , mais peu
abondamment, dans plusieurs contrées
de France et d'Allemagne. C'est cette es-
pèce que les anciens ont désignée sous le
nom de sorbus. On le cultive comme ar-
bre fruitier, notamment dans nos dépar-
tements de l'Est, et en Allemagne. Le cor-
mier n'acquiert tout son développement
qu'à un âge très avancé. M. Loiseleur-
Deslongchamf^ en a obsejcvé un tronc de
12 pieds de tour, et dont il estime l'âge
à 6 ou 600 ans. On peut greffer cet |ir«
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SOT
(401 )
SOT
bre sar poirier et sur anbépine ; mais il
ne se maltiplie bien qae de graines. Le
bois de cormier est roux y dur et très
compacte; son grain est fin et suscep-
tible d'un beau poli; c'est un des bois
les plus recherchés pour l'ébénisterie, tes
ouvrages de tour, de mécanicpie et d^ar-
murcrie. Les fruits, appelés sorbes ou
cormes, ne deviennent mangeables qu'en
hiver,quelque lempsaprès avoir été cueil-
lis; alors leur saveur,d'aslringenle quelle
était, finit par dtvenir douceâtre et ana-
logue à celle des nèfles ; en Allemagne, on
utilise ce fruit pour faire de Peau-de-vie et
des boissons semblables an cidre. Éd. Sp.
SORBONNE, voy. UnivEasiTi.
SORCIER, Sortilège, voy. Maoie.
SOREL, voy, Agnes Sorel.
SORGHO ou DouRA {sorg/ium vul'
gare^ Pers.; holcus sorghum^ L.), gra-
minée céréale, fréquemment cultivée en
Egypte , en Syrie , en Perse , en Arabie,
et dans Plnde. Très productive dans ces
contrées, elle n'est que d'un rapport fai-
ble ou mal assuré dans les climats moins
chauds. Du reste , la farine de grain de
sorgho est fort inférieure à celle du fro-
ment pour la confection du pain; on
l'emploie surtout à faire des galettes et
des bouillies. Les tiges, qui atteignent jus-
qu'à 1 3 ponces de haut et plusieurs pouces
de circonférence , ont assez de consistance
pour servir de combustible. Ed. Sp.
SORITE {soriteSf deo'ujooc, tas, mon-
ceau), genre de syllogisme (voy.) qui con-
siste en plusieurs propositions entassées
les unes sur les autres, et si bien liées en-
tre elles que l'attribut de Tune devient
le sujet de la suivante, en sorte que la
dernière proposition doit être implicite-
ment comprise dans la première si le rai-
sounement est juste. En voici un exem-
ple : A=B, B=C, C=D, donc D=rA.
F'ox. Gradation.
SORLINGUES (Iles), ou Scillt,
▼it-à-vis la pointe de la presqu'île de
GomouaiUes, groupe d'Ilots dont l'en-
•emble offre une population d'environ
1,500 âmes. Fof. CASSiriniDES.
SORT, Sorts, Sortilège, voy- Ma-
oie, Divination, etc.
SOSTENI3TO, voy. Mouvement.
SOT, voy. Sottise.
SOTER, surnom grec signifiant séiu^
Mmeyelop. d. G. d. M, Tome XXL
veur^ lK>)r. Ptoli^mèe, Antiochus et Si-
LEUCTTS. * ,
SpTHf AQUE (piEiODE), ainsi nom-
mée de SothiSy qui est le nom de Tétoile
Sirius chez les Égyptiens, vo^. Lever des
astres. Cycle caniculaire, Amèno-
PHis IV, Année et Héliopolis.
SOTIE, Sottise, espèce de farce qui
appartient au premier âge de la oomédie
française, et qui se distinguait des autres
par de grossières personnalités. Les so-
#es étaient l'œuvre des joyeux compa-
gnons qui formaient ces confréries de
plaisir connues sous le nom de Bazo*
chiens (voy,), d^Enfants^sanS'Souei oa
Principauté de la Sottise , de Mère-
Folie , de -Mère-Sotte , etc. C'éuit une
émancipation grotesque de l'esprit fron-
deur. Pierre Gringoire, qui vivait dans
les pr^ières années du xvi* siècle, est
l'auteur de la sotie la plus connue. Elle
fut jouée aux halles de Paris, le mardi-
giras 1511. Tout, dans celte pièce à 18'
personnages, est allégorique et dirigé
contre le pape Jules II, à l'occasion de
ses démêlés avec Louis XII. Les soties
imprimées ou manuscrites sont d'une
grande rareté. J. T-v-s.
SOTTISE, défaut d'esprit et de ju-
gement, dit l'Académie. Il faut, ce nous
semble, quelque chose de plus pour ca-
ractériser la sottise, à savoir la manifes-
tation de ce défaut. L'ignorant qui écoute
et se tait a le mérite d'un silence à pro*
pos; l'homme incapable et qui ne fait
rien n'est pas répréhensible pour rester
dans l'inaction; ntaii parler, mais agira
tort et à travers est le cachet de la sot-
tise. Voltaire l'a personnifiée dans le m*
chant de la Pucelle; après avoir peint
les lieux qu'elle habite, il ajoute :
De ce pays la reioe têt la Sottise.
Ce vieil eofent porte nne barlie griie;
Sa lourde maiia dent pour sceptre no bochet.
De riffooraoce elle est, dit-oo, la fitte.
Près de soa tr6oe est sa sotte famille,
Le fol Orgoeil, rOplaiâtveté,
Et la Paresse et la Crédalité.
Les EnfantS'Sans^souci personnifiè-
rent aussi la sottise , et proclamèrent'ke
souveraineté sur le genre humain; leur
chef s'appela le Prince des Sots, et set
sujets forent dignes de leur roi. C'était
un bon cadre satirique; mais on ne sa*
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sou
(402)
soti
les
Hit alors qae barbouiller une toile
grands peintres so0C nés plus tard.
La f ottise n*ot paà Tapanage seulêinent
des sots : lès gens d*esprit, les honames
de génie eux-mêmes sont sujets à dire et
à faire des sottises , non en vertu de leur
génie ou de leur esprit , mab par suite
d'aflections qui les ateugleoc et les pouB-
tent à Tétourdie. A côté -des progrès de
la civilisation , des merveilleui travaux
de la science , des beai|i-arts ef de l'in-
dustrie, à côté des chefs-d^œuvrede ta
raison humaine, l'histoire montre avec
douleur les aberrations de cette raison
trop fièrcy les sottises qu*elle a faîtes
chez tous les peuples, à toutes les épo-
ques, sous rinfluence des passions, sot-
tises de grands et sottises de petits , sot-
tises de lâches et sottises de héros, sottises
de théologiens et sottises de philosophes.
Notre orgueil est légitime, quand nous
contemplons les conquêies de Thorome ;
notre humilité l'est davantage encore,'
quand nous (>arcourons l'effrayant cata-
logue de nos sottises. Que d'erreurs cha-
leureusement soutenues ! que de querel-
les sans objet! Sottise des deux parts
est une locution proverbiale qui s'ap*
plique dans presque tous les cas. Et c*est
oe qui doit nous rendre moins hardis
dans nos assertions et pUis circonspects
dans nos jugements; car Montaigne a
raison : « Combien de sottises dis ie et
responds ie louts les iours, selon moy ; et '
Tolontiers doncques combien plus fré-
quentes selon aultruy? si ie m'en mords
les lèvres, qu'en doibvent faire les aul-
tres? Somme, il faut vivre entre les vi-
vants, et laisser la rivière courre soubs le
pont, sans nostre soing, ou, à tout le
moins, sans nostre altération. » J. T-v-5*
SOU. Ce mot, que l'on écrivait an-
ciennement io/, vient du latin solidus.
L'uniformité de poids de nos ancieoties
monnaies d'or avec celles des empereurs
romains prouve que les Français se ser-
virent d'abord de la livre romaine pour
peser et tailler leurs monnaies. Les Ro-
mains taillaient 72 sols dans une livre
d'or; il y en avait 6 à l'once, et .cha-
que sol pesait 96 grains; mais les 12
onces de la livre romaine n'en pesaient
que 10 1 des nôtres, et les sois d'or des
derniers empereurs romains ne pèsent
qu'l peu près 86 grains du poids de
marc. Les monnaies d'or de nos rois
mérovingiens sont des sols et des tiers
des<^ d'or. On pense que les Français
imitèrent les Romains dans la fabrica-
tion de leurs monnaies après qu'ils se
furent emparés de la ville de Trêves, où
ces derniers avaient des ateliers moné-
taires, ainsi qu'à Lyon et à Arles. Mar-
culphe, moine français, qui vivait vers
670, et qui a fait un Traité desformu*
les ecclésiastiques y parle des solulifran'
ci. Il en est aussi fait mention dans le
testament de Leodebodus, abbé de Saînt-
Aignan, daté^e la 2* année du règne de
Glovis II. La valeur du sol d'or était
de 40 deniers d'argent; il était égala
celui des Romains; celui qui éuit parti-
culier aux Français n'en valait que douze :
il est mentionné dan« le 2* canon d'un
concile assemblé en 743, par l'ordre de
Carloman, fils de Charles -Martel. Ce
prince ordonna que les gens de guerre
paieraient tous les ans, pour chaque fer*
me, à l'église ou au monastère à qui ap-
partenaient les biens dont ils jouissaient,
un sol valant douze deniers.
Selon Le Blanc ( Traité des monnaies)^
il y eut, sur la fin de la première race, un
sol d'argent qui valait douze deniers
d'argent : on a pensé que ce n'était pas
une monnaie réelle, mais de compte ,
comme elle Tétait avant qu'où n'eût mis
a 1 2 deniers nos sols marqués. D'autres
ont .cru que les sols d'argent étaient ef-
fectifs, cependant on n'en trouve aujour-
d'hui aucun, au lieu qu'on possède beau-
coup de deniers d'argent, et même d'o-
boles des rois de la seconde face*.
Avant la réforme générale des sols de
France, on les distinguait par les .rois
sous lesquels ils avaient été frappés, com-
me les douzfiins de Henri 11^ les sols de
Charles IX et de Henri IF; ou par les
noms des provinces : sols de Dauphin
néf etc.
Le sol a été, dans divers états , uae
monnaie de compte et une monnaie
réelle. Le sol de France , de douze de-
niers tournois, était appelé douzain : il
(*) Ce sujet a été discuté pir M. Guértrd ,
dans son traité Du tftttm* monéiairt dés Fr^mtê
toui Ut deux prêmiêns roêês (At#M mmmismtiti<»
fM, 1837).
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S0t3
(4oâ)
S61J
à subi divers changeiiients à diverses épo-
ques. Pen après sa fabrication, il fat
augmenté de trois deniers, en sorte qu'il
eut cours pour 15, et fut marqué d'une
fleur de lys : il fut nommé sou marqué^
et par le peuple sou tapé.
Sous le règne de Charles- le- Chauve,
le sol' devait peser 384 grains : les de-
niers qui nous restent de ce temps pè-
sent 32 grains; il ne devait donc y en
avoir que 18 à la livre de poids.
Les historiens du commencement de la
3* race font mention des sols et des de-
niers de ce temps. Dans un titre du roi
Robert et de la reine Constance, daté de
Tan 1039y il est fait mention de eiuas
libras denariorum^ et octo solidos (Di-
plomat.^ p. &83); mais on ne connaît
point le poids de ces monnaies. Sous Phi-
lippe i*', les monnaies d'or, qui depuis le
commencement de la monarchie avaient
été appelées sols^ furent nomméesyr/i/?rf
ou florins (vo/» ces noms). Il y avait
iussi alors des sois parisis. Le sol du
temps de S. Louis fut affaibli d'un quart
dans son titre, et ne revint plus à son an-
cienne valeur. Sous Louis XII, le sol
tenait encore 18 grains d'argent. Nous
n'indiquerons pas les nombreuses varia-
tions que l'on a fait subir à cette mon*
naie. En 1 666, Louis XIV fit fabriquer
des sols et des doubles sols de 15 et de
20 deniers; ils furent ensuite remis à 13,
et augmentés, en 1709, jusqu'à 18 de-
niers.Eufin,en 17 88, Louis XV ordonna
une nouvelle refonte des sols, et les nou-
veaux furent au titre de 2 deniers 12
grains. On fit aussi des demi -sols, com-
munément appelés pièce de deux iiards
{vojr, Liaed).
Plus tard, les sous portèrent la tête du
roi, et au revers l'écu de France. Cela
fut ainsi jusqu'à la révolution. En 1791,
les sous portèrent, au lieu de l'écu de
France, un faisceau surmonté du bonnet
de la liberté^ au milieu d'une couronne
fle chêne. Légende : La nation f la loiy le
roi. Exergue : Van 111 de la liberté,
bans le champ 12 D. (douze deniers), et
pour les pièces de deut sous, 2 S. On fit
aussi des pièces semblables de six et de
trois deniers. Ces nouveaux sous furent
fabriqués en cuivre et en métal de clo-
che.
(Quelques particuliérsyautorisèrent de
l'article 5 de la Déclaration des droits de
l'homme., pour faire frapper des pièces
de confiance. Les frères Monneron, né-
gociants, mirent en circulation des pièces
de 2 et ue 5 sous^ qui prirent leur nom ;
mais l'Assemblée nationale défendit cette
émission par un décret du 3 sept. 1792.
Jusqu'au commencement de 1793, il
ne fut pris aucune disposition législative
relativement aux monnaies, et l'on con-
tinua de frapper des pièces à l'effigie de
Louis XVI ; mais après l'exécution de ce
prince, la Convention rendit, le 5 févr.
1 793, un décret pour faire cesser le cours
des monnaies à effigie royale. Ce décret
porta que la livre numéraire serait divi-
sée en dix parties appelées décimes , et
le décime en dix parties appelées centiè-
mes {voy, ces mots). La pièce de cinq
centimes remplaça le sou , et en garda
communémant le nom; elle fut fabriquée
d'un mélange de cuivre et de métal de
cloche, à la taille de 5 grammes. Après
plusieurs essais , le sou de 5 centimes fut
adopté en sept. 1796. Il porta au droit :
République française; le buste de la Li-
berté coiffée du bonnet phrygien. Au re-
vers: Cinq centimes^ l'an 4. Lapièce de 2
sous porta au revers les mots : Un dé^
cimej l'an 4, Depuis ce moment, il n'a
plus été fabriqué en France de monnaies
de cuivre; les sous frappés dans nos co-
lonies portent seuls Teffigie des souve-
rains. Les anciens sous continuent à rester
en circulation y un projet de loi sur !•
refonte des monnaies de cuivre et de bil-
lon ayant été récemment rejeté par la
Cbambre des députés. D. M.
SOUABE, ancien duché et cercle de
l'empire germanique ( voT'.CEECLEffD'AL-
lemagnb), et une de ses contrées les
plus fertiles. Dominée par la Forêt-
Noire à l'ouest, par i'Alp au centre, et
par quelques rameaux des grandes Al-
pes au sud, parcourue par le Danube du
sud-ouest au nord-est, et séparée de la
Suisse et de T Alsace par le Rhin, la
Souabe était comprise, des autres côtés,
entre le Palatinat et la Franconie an
nord , la Bavière à l'est , et les éuu hé-
réditaires d'Autriche au sud, oili elle
s^étendait même un peu au-delà du lac
de Constance. Sur une étendue d'environ
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sou
(404)
SOU^
6S0 millM carr. géogr., tUe reDfermiit
tout le territoire formant aujourd'hui le
grand^duché de Bade, moins les parties
du Palatioat et de la Franconie, et le
BrisgaUy ci-devaot dépendance de l*Au*
triche; puis, en outre, le* royaume de
Wurtemberg à peu près tout entier; les
principautés de Hobenzollern et celle de
Lichtenstein ; enfin le cercle bavarois
auquel Taucien nom de Souabe a été
rendu, et quelques enclaves peu considé-
rables, appartenant au grand -duc de Uesse
et à l'empereur d'Autriche.
De tous les cercles allemands, la Souabe
était le plus morcelé. Outre le duché de
Wurtemberg et le margraviat de Bade,
on j comptait, depuis le xiii* siècle, une
multitude de principautés, comtés, sei-
gneuries, abbayes, etc., et 3 1 villes libres
impériales, dont Augsbourg, Ulm, Reut-
lingen et Heilbronn étaient leâ plus im-
portantes. Les anciennes petites souve-
rainetés du pays ont été presque toutes
supprimées ou médiatisées en 1806.
La Souabe a emprunté son nom des
peuples suèves qui s'y établirent de bonne
heure et y formèrent successivement plu-
sieurs confédérations, dont la dernière
et une des plus célèbres fut celle des Aie-
maoni {vof, ces noms). Ceux-ci, non-aeu-
lelnent occupaient tout le pays compris
entre le Bas-Meinet le Rhin supérieur,
parallèlement au cours moyen de ce fleuve,
mais s'étaient encore répandusau-detà de
ce dernier en Alsace et sur toute la Suisse
allemande. Toutes ces contrées réunies
reçurent , au y* siècle , le nom d'Alé-
mannie, qui a donné lieu chez nous, par
une extension abusive, à celui beaucoup
plus général d'Allemagne. L'Alémannie
(voy.), après la soumission de ses habi-
tants par les Francs, forma un duché
d'abord relevant de ces derniers, puis
incorporé à l'Allemagne par le traité de
Verdun, en 843. Déjà vers 600, des mis-
sionnaires irlandais, entre autres S. Co-
lomban (vo/.), y avaient prêché le chris-
tianisme. Après que la France rhénane,
l'Alsace et la Rhétie eurent été distraites
de l'Alémannie, celle-ci prit le nom de
Souabe et fut administrée par des délé-
gués royaux {nuncii caméras), Erchan-
ger, rbn de ces derniers, ayant osurpé,
ta 915^ le titre^e duc d'AIémannie, fut
condamné par la diète impériale» et dé-
capité en 917. L'année suivante, le peu-
ple proclama duc un seigneur indigène,
le comte Burkhard, qui dut cependant
reconnaître pour suzerain le roi des Al-
lemands, Henri I^ l'Oiseleur. Depuis
lors, les chefs de l'Empire disposèrent de
l'investiture de ce duché comme d'ua
grand fief.
En 1 057, Agnès, mère et tutrice de
Henri IV, le conféra à son gendre Ro-
dolphe de Rheinfelden, sans tenir compta
des prétentions d'une autre dynastie
souabe , celle des ducs de Zshringeo.
Rodolphe de Souabe s'élant laissé op-
poser, en 1076, à l'empereur Henri IV,
fut mis au ban de l'Empire. Dans cette
lutte, les villes souabes, auxquelles Henri
donna des armes pour s'en faire un ap-
pui contre son puissant antagoniste, ac-
quirent leur indépendance. Vainqueur
de ce dernier, en 1080, il donna le du-
ché de Souabe au comte Frédéric de Ho-
henstaufen [voy, l'art., T. XIV, p. 126),
souche des rois et empereurs de l'illustre
maison de ce nom, dite aussi maison de
Souabe, Sous les successeurs de ce prince,
qui ne put toutefois se mettre en tran«
quille possession de son fief qu'en 1096,
les Souabes devinrent le peuple le plua
riche, le plus civilisé et le plus considé-
rable de TAllemagne. C'était l'époque dea
troubadours allemands ou Mtnnesinger^
dont les plus célèbres florissaient à la cour
des Hohenstaufen. Mais, pendant qae
les guerres d^Ilalie et la lutte avec le parti
guelfe tenaient en haleine toutes les for-»
ces de cette maison, qui s'éteignit à le
mort de l'infortuné Gonradin, en 1268,
tous ses anciens vassaux en Souabe se
rendirent à peu près indépendants ; vil-
les, prélats, comtes et chevaliers, fini-
rent par ne plus reconnaître d*autre su-
zerain que l'Empereur , le plus souvent
trop faible ou trop occupé ailleurs pour
exercer sur eux une autorité réelle. Il
s'ensuivit une anarchie terrible, qui ruine
en partie la prospérité matérielle du pays.
Les mesures de pacification adoptées par
Rodolphe de Habsbourg, après la sou-
mission du comte Eberhard de Wurtem*
berg, le plus remuant et le plus ambi*
tieux de ses vassaux de Souabe, en 1286,
n'apportèrent qu'une courte trêve au dés^
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sou
{40i)
SOU
ordre. Cependant, dans eette longue
aoite de démêlés entre le chef de PEm-
pire et ses feudalaires, les villes se mon-
trèrent en général attachées à la cause du
premier.
Elles obtinrent même de Charles IV,
en 1347, a prix d'argent et moyennant
différents services, une extension consi-
dérable de leurs droits et privilèges. Mues
par le besoin de pourvoir à leur sûreté
et de défendre leurs intérêts communs
contre Pambition des seigneurs féodaux,
on les vit é<;ateroent se rapprocher par
des ligues. Parmi celles-ci, une des prin-
cipales à mentionner est la première
ligue de Souaùey conclue en 1376, et
qu'il importe de ne pas cou fondre avec
In- seconde ou grande ligue de Souabe,
dont nous aurons à parler plus loin ) une
autre ligue célèbre fut celle de Marbach^
formée, en 1405, entre le Wurtemberg,
Bade et 1 7 villes souabes. Dans les guerres
de la maisond*Âutricheavec les Suisses, la
noblesse souabe se déclara constamment
pour la première, tandis que les villes
prenaient presque toujours le parti des
cantons. Afin d'imprimer plus de vigueur
à leur action pour le rétablissement de
Tordre et de la paix , ces villes décidè-
rent, en 1 449, à Ulm, la formation d'une
armée et d'une commission militaire per-
manente, et en 1488, elles s'unirent en-
core plus étroitement a Esslingen. Ainsi
fut créée la grande ligue de Souabe^
qui eut sa constitution administrative et
judiciaire, soumise à l'action d*un pou-
voir rentrai régulièrement organisé.
Cette confédération fut d'une très
grande utilité pour la répression des que-
relles féodales, auxquelles Maximilien I**^
parvint enfîn à mettre le frein d'une jus-
tice sévère, en 1495. En 1512, lors de
la nouvelle division de l'Empire en cer-
cles, la délimitation de celui de Souabe
fut également fixée, et l'organisation que
ce dernier reçut,en 1563, par lesordon-
nances d'Ulm, est demeurée la même, à
quelques changements près, jusqu'à Ta-
bolition définitive de l'ancienne constitu-
tion germanique en 1 806. Mais la Souabe
n'en eut pas moins cruellement à souffrir,
durant toute cette période, du fléau sans
cesse renaissant de la guerre intérieure
tt des invasions étrangères. La guerre
des villes contre le duc Ulric de Wur*
temberg {voy. ce mot), celles des Pay-
sans {voy)^ dont la Souabe fut un des
principaux foyers, la guerre de Trente-
Ans et les longues luttes qui suivirent,
entre la France, la maison d'Autriche et
l'Empire,* ont toutes été funestes a cette
contrée. Pendant les guerres de religion,
les villes libres impériales perdirent leur
constitution démocratique, et, avec elle,
leur force et peu a peu aussi leur pro-
spérité. Il ne leur restait plus rien de leur
importance politique quand elles furent
Incorporées, au commencement de ce
siècle, aux divers états dont il a déjà été
question plus haut.
MiBoiR DK SoiiABB [Schwaben^Spie-
gel), titre que l'on a donné à un code
du moyen-âge, collection de traités de
droit publiée, à la fin du xiii* siècle, à l'i-
mitation du Sachsenspiegel (voy, Saxb,
p. 69). Ce code se divise en effet, comme
ce dernier, en deux livres, qui traitent,
l'un du droit féodal, et Vautre du droit
des provinces. Le peu de liaison de ses
différentes parties fait supposer que plu-
sieurs auteurs y ont travaillé, et que cha-
cun a eu égard aux contrées qu'il habi-
tait. Il existe un code semblable, avec
beaucoup de variantes^ qui porte le titre
de Droit impérial {^Kaiserrecht\ quoi-
qu'il ne soit qu'un mélange du droit de
l'Empire, du droit romain, et même du
Schwaben-'SpiegeL L'usage légal de ces
codes n'a jauMs été général; certains
pays seulement les adoptèrent , comme
l'Autriche, la Bavière, l'Alsace, la Hesse,
les provinces rhénanes, etc. La meilleure
édition àjjLSchwabenSpiegel eiicx\\% de
Senkenberg, Corpus juris germant me-
diiœvi(u I, Francf., 1760). C. X.
SOUBAH, SOUBAHDAR, VOy. IlfDB et
MoGOL (Grand-).
SOUBÏSE (pEiircE db), maréchal de
France, vny, RohaN.
SOUBRETTE. Ce nom, qu'on don-
nait autrefois à une femme attachée au
service d'une autre , sert à désigner au
théâtre le rôle des suivantes de comédie.
On les représente en général rusées,bavar-
des, caustiques, au propos leste, à l'œil
mutin, mettant leurs bons offices auprès
de leurs maîtresses aux gages du plus gé*
néreux de ses soupirants, dont elle finit
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i^OU (4
BouTeot p«r épouser le valet. Cet emploi
a presque disparu de la hai|te coiyédie
moderne; mais on eo retrouve des tra-
ces dans beaucoup de comédiea-vaude-
irilles. Z.
SOUDAN. Ce mot est employé par
les bistorieos et par les géographes daos
deux acceptions bien distinctes, ayant
toutes deux, comme le root lui-onèr^ç,
leur origine dans la langue arabe. Dans
le premier cas « Soudan est. une dériva-
tion française, à travers le bas-latin soi-
danus y ou Titalien soldanoj du titré
arabe de soUhdn^ qui i*est en mémcT
tempe nationalisé chez nous sous la forme
aujourd'hui plus vulgaire de sulthah
(vojr,)f empruntée aux Turcs. Ce sont
les croisades et lea romans de chevalerie
qui ont mis d'abord en circulation dans
PEurope méridionale le titre de Soudan,
pour désigner les souverains musulmans,
de race turque, entre les mains desquels
éiaieat tombées TAsie Mineure, la Syrie,
rÉgypte : Mais puis que les Tarez en
conquirent la seigneurie, dit un écrivain
du xiT* siècle, tlz ordonnèrent sur eulx
ung seigneur que Hz appellent le souU
dan de Turcquie» Ce titre appartenait à
la fois aus princes d'Iconium, d'Alep et
du Caire; la puissance de ces derniers
ajKant survécu à celle des autres, il ne fut
plus question que du souldan de Babi^
tonne d'Egypte , chiefdes Sarrazins , et
c*est ainsi que le titre de soudan acquit
chez nos historiens et nos romanciers
une signification absolue, et qui a long-
temps persisté , pour désigner le souve-
rain de l'Egypte.
Au poip( de vue de la géographie, le
nom de Soudan est une introduction ré*
cente dans les langues européennes, non
plus par simple dérivation, mais par em-
prunt direct, du mot arabe souddn^
forme plurielle de Tadjectif asouad au
masculin , soudd au féminin , signifiant
/lo/r, de couleur noire. Les Arabes ap-
pellent en commui^5oiid!^/7, les nègres;
Bèled eUsQuddrt , on pays des noirs, la
Nigritie ; Bahhr el - soudân , ou fleuve
des Noirs, le grand fleuve nommé vul-
gairement Niger. Les Européens n*ont
point adopté le mot Soudan avec sa si-
gnification exacte de nègres, mais bien
fivec cellç de pays dea uè^e? 9M ?f igritie,
OS) SOU
tout eo çn restreignant rapplictlion a I4
Nîgritie centrale exclusivement. Avant
que l'Europe civilisée eût vu ses propref
voyageurs pénétrer dans cette région ai
longtemps fermée à nos explorationa, il
y avait une propension naturelle et ex-
cusable à adopter, même en les mutilant,
. les dénominations ayant cours chez les
Arabes, dont les descriptions consti-
tuaient nos seules autorités; mais au-
jourd'hui que nous avons recueilli dea
notions plus directes, que nous possé-
dons une description et une histoire de
cette région même, écrite par le monar-
que puissant qui s'en attribue la souve-
raineté, c'est par le nom de Takrour
(voy ) qu'il lui donne, que nous deyooa
la désigner, préférablementà toute autre
dénomination étrangère. *A...
SOUDE, combinaison d*nn métal
particulier, le sodium^ avec l'oxygène.
Ce métal entre dans les composés les
plus utiles à Thomme; la nature noua le
présente principalement à Tétat de ael
marin (chlorure de sodium), qui se trouve
en immense quantité dans les eaux de la
mpTf et qui forme , dans certaines loca-
lités, des amas solides d'une grande
étendue.
Si les composés du sodium sont très
communs, il n*en est pas de même du
métal libre. Ce corps, en effet, est d*une
préparation difficile et d'un prix très
élevé ; son existence a été méconnue jus-
qu'en 1807, époque à laquelle Davy
{voy.) parvint à décomposer, par Télec-
tricité, plusieurs oxydes qu*on considé*
rait comme des corps simples, notamment
la potasse et la soude. On prépare au-
jourd'hui le sodium en décomposant le
carbonate de soude par le charbon, à
une très haute température, dans un vaie
de fer; on le condense dans un récipient
contenant de Thuile de naphte qui le pré-
serve du contact oxydant de Pair.
Le Sodium est mou et ductile comme
la cire, son éclat métallique est compa-
rable à celui de l'argent ; sa densité, de
même que celle du potassium auquel il
ressemble beaucoup, est très faible , car
elle est de 0.972. Il fond à 90», et il se
volatilise au rouge naissant. Il est telle-
ment ^vide d'oxygène, qu'il décompose
TfAi^ % U te9i|»<r«turc ordinaire, avec
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sov
dé|agttnieDt d*bydrogèo«; la tempéra-
ture qui résulte de cette décompo^itioiiy
quoique très élevée, n^est pa9 suffisante
pour enflammer Thydrogène , ainsi que
cela arrive pour le potassium ; néanmoins
ribflammatîon de ce gaz a lieu quand le
globule métallique en contact avec Peao
est maintenu pendant quelque temps à
la même place, de manière à accumuler
tor un seul point beaw^up de chaleur.
La soude (oxyde de sodium hydraté)
a la plus grande analogie avec la potasse;
les propriétés physiques sont les mêmes,
ses caractères chimiques sont peu diffé-
rents. La soude caustique, eiposéeà Pair,
te liquéfie d'abord par suite de Teau
qu'elle emprunte à l'atmosphère, puis
redevient solide en passant à Tétai de car-
bonate de soude; ce sel est beaucoup
moins soluble que le carbonate de po-
tasse, qui reste liquide dans les mêmes
circonstances; on peut, par conséquent,
au moyen de cette expérience bien sim-
ple, distinguer la potasse caustique de la
aoude prise au même état.
L'incinération des plantes qui végè-
tent sur les bords de la mer fournit un
résidu satin très riche en carbonate de
soude. On obtient ainsi les soudes du,
commerce dhts naturelles. Depuis cin-
quante ans environ, le sel marin (chlo*
rure de sodium) est devenu l'origine de
la majeure partie de la soude que les arts
chimiques consomment enimmensequan-
tité; car cette base a remplacé la potasse
dans un grand nombre d*indu&tries,étant
produite à un prîi moins élevé, et ayant le
plus souvent des propriétés analogues.
On emploie la soude dans la fabrication
du verre à vitres et à glaces, dans celle
des savons durs, dans l'art du blanchi-
meqt, pour le blanchissage du lipge ; elle
entre dans la composition du borax, etc.
Ijti soude artificielles prépare en dé-
composant le sel marin que l'eau de la
mer» les mines de sel gemme et les sour-
ces salées nous donnent à un prix si bas
et en si grande quantité-, par l'acide sul-
furique, et en chauffant le sulfate de sou-
de ^insi produit avec de la craie (carbo-
nate de chaux) et du charbon. On ob-
tient ainsi une matière brune, fondue,
3ui consiste essentiellement eo carbonate
r i9Qdf et ozjraalfurc 4e calciam : oe
( 407 ) SOU
dernier composé n'étant pas soluble dans
l'eau froide, on le sépare, par la lévigatio«
de la soude brute^ du carbonate de soude
qui se dissout. En évaporant jusqu'à sic-
cité cette dissolution, on obtient le sel
de ioude du commerce : si l'évaporatioo
de l'eau fTest poussée que jusqu'à mi
certain point, et si on laisse refroidir len-
tement la liqueur convenablement coo-
centrée, on donne naissance aux cris^
tausç de soude dm commerce, qui coo^
sistent en carbonate dessoude uni à une
fonte proportion d'eau (62.7 d*eau tlans
1 00 de sel). Ces cristaux, dissous dans
l'eau ettraités par la chaux éf^'nte, four-
nissent la soude caustique, dont la pré-
paration ne diffère pas de celle de la po-
tasse.
La fabrication de la soude artificielle
est une industrie toute nationale ; an mo-
ment oà les guerres de la révolution de
1 7 93 supprimèrent l'importation dessou-
des espagnoles, le comité de salut public
fit un appel aux chimistes français ^ur
les engager à rempl^per les soudes étrao-
gères par des produits indigènes. Parmi
les nombreux procédés qui furent pro-
posas pour la solution de ce difficile et
important problème, celui que nous Te-
nons de décrire est seul resté; îk est dû
à Leblanc, et il fait époque dans l'bb»
toire des arts; il a enlevé sans retour à
l'Espagne un commerce d'exportation de
plus de 20 millions par an, et il a créé
poor la France une notrvelle richesse
minérale et industrielle. E. P.
SOUFFLEURS (poissovs), v<^.
Éyents.
SOUFFLOT(JACQUBs*GxaMAiN), né
en 17 H, à Irancy (Yonne), fut destiné
de bonne heure à la magistrature par son
père, qui ^tait lui-même lieutenant de
bailliage. Mais le jeune Soufflot, sentant
en lui le feu sacré des arts, manifesta sa
«vocation d'une manière si absolue que
son père cessa de s'y opposer et lui donna
de très bons maîtres ; puis il lui fournit
les moyens d'accomplir un voyage d'é-
tudes en Italie et dans l'Asie- Mineure*
A son retour, il fut, par le crédit de l'am-
bassadeur de France à Rome, compris ao
nombre des pensionnaires du rqi. Bientôt
il adressa aux chartreux de Lyos» qui
avaient desseiji de faire r^e^fisiniirt IfW
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sou ( 408 )
église, ooplaD de dôme qae ces religieux
adofltèreiity et pour Pexécution dugnel
SoufBot repassa en France. It s'occupa
ensuile dans la même ville de la con-
struction de THôtel-du-Change, pui? de
la salle de spectacle, ^t enfin de THôtel-
Dieu, qui est encore considéré aujour-
d'hui comme un modè|e de noblesse,
d'élégance et de simplicité. Ces divers
travaux avalent attiré sur loi l'attention
générale, et le firent admettre aux Aca-
démies d'architeeture et de peinture. A
Paris, il reçut le cordon de Saint-Miche 1,^
et fut nommé contrôleur, puis intendant
des bàtimenu de la couronne. Là con-
struction de la basilique de Sain te- Ge-
neviève ayant été mise au concours, en
1757, les plans de Soaiûot furent adop-
tés, et les travaux commencèrent aussi-
tôt sous sa direction. Il en posa la pre-
mière pierre le 6 sept. 1764; mais il ne
lui fut pas donné d'en voir la fin. Lors-
qu'il eut terminé son magnifique portail,
qu'on a comparé au portique du Pan-
théon de Rome, tiiMlf et les bas-côtés de
l'église, il éprouva, au sujet du dôme, des
critiques si fEinères et si violentes qu'il ne
put les supporter. En vain, ses amis,
l'ingénieur Gauthey et l'abbé Bbssut, de
l'Académiedes Sciences, prirent^ilssa dé-
fense contre les attaques de son rival Pat-
te : le coup était porté, et il mourut de dé-
périssement, le 29 août 1781, entre le^
bras de l'abbé de l'Épée. Le dôme n'en
fut pas moins achevé sur ses dessins, et
l'admiration publique le vengea de ses
envieux {voy. Pauthkon). Cependant ,
comme pour donner i*aison à leurs cri-
tiques, il fallut plus tard avoir recours à
de nouveaux moyens pour soutenir le dô-
me qui avait fléchi, sans doute à cause
du peu de solidité des terrains sur les-
quels il est eonstmit, et qui recouvrent
des carrières.
Outre la basilique du Panthéon, Souf-
flot a encore construit l'hôtel de Lauzun,
dans le faubourg du Roule, le château
d'eau de la rue de l'Arbre-Sec (au coin
de la rue Saint- Honoré), l'orangerie du
château de Ménars et la grande sacristie
de Notre-Dame de Paris, ainsi que la
grande chaire de cette basilique. Soufflot
ne se borna pas i être un excellent ar-
chitecte , il cultiva aussi la peinture, la
sou
statuaire ef. même la littérature. En Ikit
d'onvi^ages spéciaux , il a laissé : 1^ une
Suite de plans ^ coupes j profils ^ étéva^
irons jféométrales et perspectives de
trois temples antiques^ tels qiiits exis^
taienty en 1750, danf la bourgade de
Pœstuniy etc., 1764; 2** OEuvres ou
Recueil de plusieurs parties (Tarchitec"
turcj Paris, 1767, 2 vol. gr. in- fol, or-
nés de 230 pi. I^ a laissé en outre une
traduction inédite de plusieurs morceaux
de IVlétastase. D. A.D.
SOU FI S ou SouPHis, mystiques ma-
iiométans qui •prétendent arriver, par les
exercices ascétiques et le renoncement au
monde, à l'illumination de l'esprit, à la
quiétude de l'âme et à l'union intime avec
Dieu. Ce nom leur vient des vêtements de
laine (de l!arabejo//^, laine) qu'ils portent
comme d'autres derviches {voy, ce mot).
Dès les premiers siècles de Tislamisme, il y
eut des sectes ascétiques et des anachorètes
chez les mahométans aussi bien que chez
les chrétiens ; et dans la suite, il s'établit
également différents ordres religieux, au
sein desquels se développèrent les idées
mystiques du soufisme. Elles trouvèrent
surtout de nombreux partisans dans l'A-j
aîe-Mineure et dans la Perse, vraisem*
blablement sous Tinfluence d'opinions
analogues répandues dans ces paya de-
puis longtemps. Le soufi 8*absorbe dans
la contemplation et l'admiration de la
Divinité, devant la magnificence de la-
quelle tout| autre personnalité, toute au-
tre individlialité, s'anéantit. Pour lai, la
personnalité n'est que l'imitatibn ; la re-
lativité des individus n'est qu'apparence;
le mal n'est que relativement différent da
bien, ou, en d'autres termes, ce n'est qaa
le plus bas degré de son développement;
en un mot, tout pour lui est identiqua
dans le monde, bien et mal, homme et
bête, nuit et jour, mort et vie.
Dès le 1 1^ siècle de l'hégyre, les écrivains
mahométans attribuent ces opin ions pan-
.théistiques à plusieurs personnes, entre
autres à une femme pieuse, nommée Rà*
bia (vers l'an 738 de J.-G.); ce ne fut
cependant qu'au commencement du m*
siècle de l'hégyre que le soufisme se des-
sina plus nettement. On regarde comme
le fondateur de cette secte un certain
Saïd-Aboiil-Chaïr, qui vivait vers l'an
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sou
(409)
SOU
8S0 de notre ère ; penuétre fut-il seu-
lement le premier qui réunît dans une
as«ociaiion religieuse quelques-uns de ces
•piritualtstes mystiques dont on vient de
parler. Plusieurs des poètes les plus dis-
tingués de la Perse ont été soufis, comme
Senâji, qui, dans son Hadtka ou Jardin,
a peint les contemplations de ces sectai-
res j et FéHd-Eddin-Âttâr, qui, dans ses
grands |ioême8 de JÏ/e«/eX<*/frtfr (Dialo-
gue des oiseaux) et de DJévdhir cssât
(Propriétés de TÊtre), a développé les
divers degrés de Tintuilion auxquels le
toufi peut s'élever, en même temps qu'il
a publié les vies des 50u6s les plus célè-
bres, sous le titre de Teskeret et cvUja
(Peinture des amis). A cette secte appar-
tinrent encore Djélal-Eddin-Roumi, fa-
meux par son poème de Mesnevi; Hafiz,
qui, dans ses odes anacréon tiques et ba-
chiques, peint symboliquement Tivresse
au sein de Tamour divin ; et Djàmi (voy.
ces noms), qui florissait vers la fin du
x\* siècle de notre ère. L^ordre religieux
des Nakcbbendi , fondé en Perse Tan
1800 de J.-C, passe pour partager les
idées des soufis , dont la doctrine rap-
pelle tout'à- fait celle des mystiques et des
quiétistes chrétiens. — Voir^ sur les doc-
trines et l'histoire des soufis, les articles
de Graham et d^Erskine, insérés dans les
Tramactione de la Société asiatique de
Bombay, V Histoire de l'éloquence en
PersCf par M. de Hammer; Tédition du
Pendrndméf par Silvestrc de Sacy, et
aurtout les deux traités de M. Tholuck,
Smfismus sis^e theosùphia Persarum
pantheisiica(Berly 1821), et Fleurs du
mysticisme oriental [ibtd,y 1835). C Z.
SOPFRE , uy des corps simples les
plus importants, en raison des nombreux
services qu'il rend à Tinduslrie. A l'état
brut et à l'état rafBné, il est l'objet d*un
commerce très considérable \ combiné en
différentes proportions avec l'oxygène,
il donne naissance à ai^ acides, dont deux
jouent un grand r6le dans les préparations
chimiques iTacide sulfureux, qiyri sert au
blanchiment des matières d'origine ani-
male, et l'acide ^ulfurîque, sans lequel
la plupart des opérations manufïicturiè-
res seraient impraticables. En Franoe, la
consommation du soufre dépasse actuel-
lement 20 millions de kîlogr. par année.
La progression toujours croîssaiite de t%
chiffre (en 1830, il n'atteignait pas 7
millions) témoigne du développement in-
cessant de notre industrie. L'Angleterre
consomme également une énorme quan-
tité de soufre; uUe hausse de prix sur-
venue sur cette matière première a failli
dernièrement amener la guerre entre ce
pays et le royaume de Naples, qui est en
possession d^alimenter de soufre presque
tous les marchés du monAe{v(>y, Sicile).
Le soufre existe en abondance dans la
nature : a Tétat natif, il se rencontre par-
ticulièrement dans les terrains volcani-
ques. Le Vésuve, l'Etna, les volcans de
l'Islande, de Java, de la Guadeloupe, de
l'Amérique méridionale, en vomissent
constamment. Le sol de plusieurs volcans
éteints est tellement imprégné de soufre,
qu'on rencontre ce corps à une profon-
deur qui dépasse 1 0 mètres ; ces terres
de soufre ou solfatares constituent des
mines qui semblent inépuisables. Corn*
biné avec les métaux, le soufre est éga-
lement fort répandu; les sulfures de fer,
de cuivre, de plomb, d'antimoine, de
zinc, d'argent, de mercure existent dans
des localités assez nombreuses; ils sont,
dans quelques-dnes, le minerai dont on
extrait ces métaux, à l'exception du fer
qui ne peut être obtenu du sulfure de fer,
le plus abondant cependant des auUu-
res naturels. Quelques sulfates natifs sont
également assez communs : le sulfate de
chaux (gypse, plâtre) est, parmi eux, le
plus abondant et le plus utile. Enfin, le
soufre existe aussi dans le règne organi-
que: certaines plantes, telles que le chou,
le raifort, le cochléaria. les semences de
moutarde, etc., en renferment une no-
table proportion ; les œufs , la laine, les
cheveux, les p«ils, les os, en contiennent
aussi. Yauquelin a signalé son e»isle«ce
dans la matière cérébrale.
Dans son état de pureté, ce corps offre
des caractères physiques très simples et
très tranchés : aussi est-il connu de toute
antiquité. Il se présente avec une belle
couleur jaune citron, qui e»t caractéris-
tique; il n'a ni a«veur ni odeur; frotté,
il devient électrique, et il prend la faculté
d'attirer les corps légers. «Il est ordinai-
rement qpaque, très fragile; i^ coudait
mal la chaleur. Sa densité est représentée
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sou
(4iO)
SOU
par 1# iiombr* 1.99. A U tçAupératnrt df
i 1 0^, il eDtre en fusion et il forme un
liquide 1res fluide, transparent et de cou-
leur citrîne, qui, par un refroidis^ment
lent, fournit des aiguilles transparentes
et flexibles, mai? qui deviennent, au bout
de quelques heures, opaques et très fria-
bles. Ces aiguilles ne peuvent être obte-
nues qu'autant qu'on les sépare par dé-
cantation du soufre encore liquide » au
sein duquel elles se soot produites : au-
trement, ce liquide venant lui-même à se
solidifier, on obtient une masse amorphe
et compacte; c'est sous cette dernière
forme que se trouve le soufre du com-
merce.
lia chaleur fait éprouver an soufre
fondu des modifications très curieuses.
On sait qu'il eiiste des corps dont l'état
de liquidité ne change pas sensiblement
avec la température qu'ils subissent. Ainsi
l'eau, l'alcool, etc., offrent un degré de
fluidité qui ne varie pas entre la tempé-
rature nécessaire à leur congélation (tem-
pérature qui n'a pas encore été atteinte
pour l'alcool) et celle de leur passage à
l'état de gaz, D^autres corps sont d'au-
tant plus fluides qu'ils sont plus chauf-
fés : tels sont le verre, la fer, le platine;
le travail de ces derniers corps repose
sur leur plasticité variable avec la tem-.
pérature. Le soufre offre une inexplica-
ble exception : a U 0°, il est fluide comme
de l'eau ; si on continue à le chauffer^ on
le voit s'épaissir vers 1 60° ; à 200°, il est
tellement visqueux, qu'on peut retour-
ner! >^Q^ ^^ir® tomber la masse fondue,
le vase qui la contient; en même temps
la belle couleur citrine du soufre a fait
place à une couleur brune foncée. Vers
3&0O, il redevient un peu fluide, et enfin
à 420<*, il entre en ébullition et il four;-
nit une vapeur très dense et très brune.
En laissant refroidir le soufre bruiv ^
vi»<|neux, il offre en sens inverse les mo*
dificationsqui viennent d'être indiqi^ées; -
ver%l!20^, il a repris sa fluidité^t sa cou-
leur primitives. Une autre pfirticolarlté
appartenant à ce corps est la suivante :
le soufre visqueux , refroidi subitement
par son immersion dans l'eau, reste n^pu,
transparent et ^run ; il peut alors se 14-
E«r, à froid, en fils élastiques'at très fins ;
il peut sçrvlr f pc«Q4r* des «mpreiotai»
comma la cira molle. Ce o'aai qu'an hop|
de quelques jours qu'il reprend sa fragir-
lité et sa couleur citrine.
L'extraction do soufre est une opéra-
tion fort simple : la presque totalité da
ce corps provient des terrains volcani-
ques; la distillation du aulfure de far
(pyrite martiale) en fournit néanmoina
une petite quantité an commerce, et de-
viendrait une ressource très précieuse e^
cas de guerre, si les soufres de la Sicilf
venaient a manquer. Le soufre des ter-
rains volcaniques est seulement mélangé
avec d'autres substances fixes ou volati-
les; il suffit, pour l'extraire, de le sépa*
rer de ces matières. Pour atteindre oa
but, plusieurs modes d'extraction sool
mis en usage dans le royaume de Naples^
suivant que le minerai est plus ou moina
riche en loufre. Lorsque le soufre ai|
accompagné de p^u de substances étran-
gères, on se contente de le fondre à l'air
libre^ dans une chaudière en fonte hémi-
sphérique, très épaisse, placée au-dessui
d'un foyer. Quand le soufre est bien li-
quide, les parties terreuses ou sableoaef
se précipitent; les substances plus légè-
res viennent surnager : on écume oaa
dernières, puis on décante le soufre, au
moyen d'une cuillère en fer, dans des ba-
quets ou auges en bois mouillés. Le re-
froidissement étant opéré , pn retourna
ces sortes de moules, et on obtient dea
pains de soufre moins impurs que celui di|
minerai, ma» contenant encore beaucoup
de matières étrangères. Lorsque le mi-
nerai est ipoins riche, on fait usage d'une
espèce de haut-fourneau en briques ,
dans l'intérieur duquel le minerai, en-
tassé par couches successives, se liquéfie
par la combustion même d'une partie do
soufre. La portion de soufre liquéfié s'é-
coule par un orifice ménagé à la partie
ijnj^ieure, à quelque distance du fond
du creuset, et les matières solides s'en-
tassent dans Je fourneau, qu'on nettoie
de temps à autre.
Enfin on emploie un troisième procédé
lorsque le minerai est tellement pauvra
que la grande quantité des matières étrao •
gères retiendrait dans «ss pores, ou in-
terposée dans ses fragments, une partie
notable 4fi soufra même liquéfié : on
procède «lors parla diitillation; callt-ci
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sou (4
•*9sécoU dans des espèces de pots en terre
qu'on range sur les deux côtés d*un four-
neau en briques y plus loog que large,
qu^on àpptïie/ouraeau de galère* Le
produit de ces opérât ions, qui »e font dans
des appareils très grossiers et à peu de
distance des soufrières , est le sçufre
brut , qu'on trouve, dans le commerce,
en morceaux irréguliers, d^une couleur
grise, jaune foncé ou brune. Il renferme
encore de 4 à 15 p. 100 d9 matières
terreuses, dont on sépare le soufre pur
par une seconde distillation , faite avec
soin sur les lieux de la consomma-
tion. Ce raffinage se pratique sur une
grande échelle à Marseille, à Rouen et
aux environs de Paris. Le. soufre en va-
peur est condensé dans une chambre fai-
sant Toffice de récipient; si, dans un
temps donné, on distille beaucoup de
soufre, et si Topération est continue, la
chaleur produite échauffe Tintérieur de
la chambre assez fortement pour que le
soufre qui y arrive se condense a l'état li-
quide; il coule alors sur le sol et on le
retire à mesure, au moyen d*on robinet
placé à la partie la plus déclive de la
chambre; on le coule dans des moules de
buis, légèrement coniques et mouillés;
cVt ainsi qu*on obtient le soufre en ca^
nans qu*on trouve dans le commerce.
Lorsque la di>tillation est intermittente,
ou bien lorsque la capacité de la chaïqbre
est très grande, les vapeurs de soufre se
condensent sous la forme d'une poudre
jaune qui est \9l fleur de soufre. Celle-ci
se produit dans les mêmes conditions
que la neige.
Tout le monde connaît la plupart des
usages du foufre. Son principal emploi
est pour la fabrication de l'acide sulfuri-
que [voy* T. 1*^, p. 163). Pour cet usage,
il n'est pas utile de le raffiner : on l'em-
ploie tel qu'il arrive de la Sicile. Sa grande
combustibilité et son bss prix' le font
employer, depuis bien longtemps, à la con-
fection des allumettes. On l'emploie quel-
quefois pour sceller le fer dans la pierre;
il sert aussi à prendre des empreintes de
médailles dont le creux a été obtenu au
moyen du plâtre. La médecine tire un*
parti airaiMagaui de ses plropriéiés médi-
cameiUeuses, surtout dans ^es maladies
df h pcsn* l^ prodnlt de 8« cdbbtistion
par l'air, l'acide salforeQX, est employé
pour le blanchiment de la soie, de k
laine, des éponges, de la paille, etc. On
sait enfin que le soufre est l'un des prin-
cipes constituants de la poudre à canoft
et de la plupart des poudres employées
par les artiHciers. £. P.
SOULI£(la), vor. GuiENiTB etBiUuu
SOULI, SonLiOTBS. Souli est un«
ville de la Turquie d'Europe, dans la
vallée de l'Âchéron, du sandjak de OeU
vino , célèbre par la lutlç hémfque qiM
ses habitants, petite peuplade belle*
no-a>banaise professant le culte de l'É-
glise orientale, soutinrent pendant dooz«
ans contre Ali -Pacha (voy*)' <°*'> dana
laquelle \U finirent par succomber en
1803. Pour échapper à l'e>clavage, un
grand nombre de Sou liofes se précipite*
rent du haut des rot*hars, d'autres s'en-
fuirent dans les lies Ioniennes. Ali-Pacha
les appela à son#KO«irs contre les Turcs,
et ils firent des prodiies de valeur sont
les ordres de Marc BoTxaris. A la chute
du tyran de ianina, les Souliotes, serrée
de près par les Turcs, durent abandon-
ner encore une foie ledr patrie. Ils pri«
rent plus lard une part active à ta guerre
de l'indépendance de la Grèce. Foy. l'art.
BoTSAXis et l'ouvrage en §pec moderne
de Perrhœbo, Hixêt>iré de Souti et de
Ptirga { 3« éd., Venise, 1816, 8 vol.),
ainsi que cetui, en allemand , de Lûde-
mann, Dex guerres des Semliotes et des
chmnts populairet qui s'y rapporteMj
Leipz , 182&, in 8«. £. H-o.
SOULOI] (aicsipel ns), dans la
Blalaisie, composé de trois groupes d'Iles
dont l'eui^emble forme le royaume de
Holo ou Soulou , gouverné par un sul-
thsn qui réside à Bévan , dans l'Ile de
Holo, dont les habitants sont adonnés à
la piraterie et au ooniiperce. Foy, Ocià-
NiB, T. XVHI, p. 624.
80ULT (NlCOLAS-lXAir-DB-DlB9),
duc DE Dalmatib, maréchal et paiç de
France, grand 'croix de la Légion-d*Hon-
neur, actuellement président du conseil
des mîtiistres, et secrétaire d'état au dé*
parlement de ta guerre , est né a Saint-
Amans- la > Bastide (Tarn), le 39 mars
1769. Le 16 avril 1785, le jeune Sonlt
entra au. service comme enrèlé volon*
Uire, dans 1« régiment de Et^l-in*
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sou (4
§Êùitrit (2tK), It «vait passé soctessÎTe-
Bient par tous les grades de soas-offi''
eier, lorsque, en 1 79 ( , oo forma tes ba-
tailloDS de garde nationale desiîoés à
entrer dans les cadres de Tarmée. Sur
la demande da f du Haut-Rbin , il
fut nommé, le 17 janvier 1792, in-
•tructeur de ce bataillon. Cette nomina-
tion lui donnait le grade de sous-lieu-
tenant, et elle était ainsi contraire aux
dispositions de la loi q»i laissait aux com-
pagnies de volontaires le cimix de leurs
officiera; mais^es suffrages des grenadiers
la ratifièrent aussitôt , et peu après ,
le 16 juillet, Soutt fut nommé adju-
dant*major. OW en cette qualité qu^il
assista au combat d*Oberfekheira, le 29
mars 1793, où il se fit remarquer du
général Custine, qui lui confia le com-
mandement de deux bataiHons pour re-
prendre le camp de Budeqtbal. Il s'ac-
quitta avec succès de celte mission, où
se révélèrent 'déjk^ses grandes qualités
militaires. Au mois d*août suivant, il fut
nommé capUaioe. Eu novembre, le gé-
néral Hoche l'attacha à l'état-major de
l'armée de la Moselle, etnit a^ista, le 29
de ce mois, à la bataille de Kaisersiautern.
Malgré rinfériorilé de fOn grade, il re-
çut le commendement d'une troupe dé-
tachée, avec ordre d'enlever le camp de
Mar&thal, ce qu'il exécuta, en rapportant
deux drapeaux de l'ennemi. Le26d^em«
bre, prenant ^t au combat de Wissem-
bourg, il délogea les .Autrichiens des
hauteurs 4|u'ils occupaient. Le lendemain
de cette brillante affaire, le général Ho-
che lui confia le commandement du camp
de Roth. Le 7 févr. 1794, il est nommé
chef de bataillon par les représentants du
peuple près l'armée de la Moselle, com-
mandée alors par le général Lefebvre,
qui le fît son chef d'état-major. De là, il
passa oomme chef de brigade (14 mai)
sous les ordres dit général Jourdao, qui
commandait l'armée du Nord. C'est en
cette qualité, qui lui donnait le rang cle
colonel, qu'il assista, le 16 juin 1794, k
la bataille de Fleurus (voy.). Les divi-
sions des Ardennes, sous les ordres de
Marceau, avaient plié sous le choc des
Autrichiens, et s'étaient retirées près du
moulin de Fleurus, en découvrant la droi-
te de l'armée. Soult, voyant le jeune gé*
12 ) SOU
néral en proie au désespoir, s'approche
et lui dit : « Tu veux mourir, Marceau,
et tes soldats se déshonorent : ramène-
les au combat, il te sei^a plus glorieux de
vaincre avec eux !» A sa voix, Marceau
reprend courage, il rallie ses troupes, et
contribue au succès de cette mémorable
journée. Le colonel Soult assista à tout
les combats qui se livrèrent jusqu'au mo-
ment où les Français eurent conquis la
Belgique^t il concourut au succès de
l'action meurtrière qui eut lieu à Lin-
nich. Ses services furent récompensés par
le grade de général de brigade, le 11 oct.
1794. Il passa alors dans la division du
général Hatry, chargé du blocus de
Luxembourg , jusqu'à la reddition de
cette place. Quand l'armée de Sa m bre-
et- Meuse revint sur le Rhin, il fut de
nouveau attaché à la division du général
Lefebvre, qui lui confia ses troupes lé-
gères. Par ses habiles manœuvres, il as-
sura-le succès de la journée d'Altenkir-
chen. Plus tard, ayant reçu l'ordre de
ceuvrir la gauche de l'armée, il repoussa
avec trois bataillons sept attaques géné-
rales d'un ennemi nombreux qui l'avait
enveloppé et sommé de se rendre, prou-
vant ainsi qu'un corps d'infanterie en or-
dre et bien pénétré du sentiment de sa
force, est inexpugnable contre les atta-
ques de la cavalerie.* Il coopéra efficace-
ment à la mémorable victoire de Fried-
berg; il prit une part active à celle de
Liebtingen, où 6,000 Françaissoutinrent
avec avantage le choc de 30,000 Autri-
chiens, et restèrent maîtres du champ de
bataille. Tant d'actions éclatantes lai va-
lurent le grade de général de division le
21 avril 1799.
Masséna ayant remplacé Jourdan com-
me général en chef des troupes qui étaient
sur le Rhin et dans l'àelvétie, Soult re-
çut le commandement ^de levant- garde
qui »e réunissait dans le Frickthal. La
Sirisse va devenir le théâtre de ses nou-
veaux succès. Diverses causes avaient, de-
puis quelque temps^ fomenté l'insurrec-
tion contre l'autorité française, dans les
petits cantons deSchwyt2, Urî et Unter-
Valden. Masséna chargea le génâ^Soult
'de les soumettfc. Gelùi-dt vouWt user
d'abord de modération avant de recou-
rir à ht force", dans une'^r6clMiatfoii
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sou (il
énergique, il offrit le pardon a tous ceux
qui rendraient leurs armes et retourne-
raient dans leurs foyers. £n deux jours,
le canton de Scbwytz fut soumis et dés«
armé ; 300 Françai:» captifs daus les ca-
chots de la ville furent rendus à la liberté.
Mais les cantons d'Uoterwalden et d^Uri
persistaient dans leur révolte. En quinze
jours, le général Soult soumit les re*
, belles et paciBaia contrée; puis il viot
rejoindre Masséna à Zurich (juin 1799).
Trois mois après, pendant que le général
en chef défait Souvorof et farroée russe
(24 sept.), Soult comble en une nuit
150 toises de marais qui protégeaient les
Autrichiens, et y fait passer sou artillerie,
en même temps qu*un bataillon de na>
geurs vient porter le désordre dans le
camp des ennemis, qui perdent leur gé-
néral, 80. pièces de canon, 50 cai&soos,
600 chevaux, et des magasins considé-
rables; puis il pourHiit les débris de Tar-
mée de Souvorof, qui se dispersent au
milieu des Alpes, mourant de faim et de
fatigue, et jonchent de leurs cadavres Jes
sentiers et les précipices.
Sur ces entrefaites, arrive le 18 bru-
maire (voy,), Bonaparte, premier con-
sul, donne le commandement de Tarmée
d^Iialie à Masséna, qui demande le gé-
néral Soult pour son lieutenant (déc.
1799), et lui confie Taile droite de son
armée (mars 1800). Cette campagne du
général Soult autour de Gênes est un de
ses plus beaux titres militaires, et méri-
terait d*étre racontée dans tous ses dé-
tails : nous ne pouvons en exposer ici
que les résultats. Il fallut d^abord réta-
blir la confiance et la discipline dans une
armée découragée par les revers, affaiblie
par des privations sans nombre, décimée
par Tépidémie et la désertion. C^estce
qu'opérèrent bientôt le caractère énergH*
que et Tascendant du général Soult. Les<
Autrichiens manœuvraient pour cerner
Gênes. L^armée française, sacs cavalerie
ni canons, et entourée d'ennemis quatre
ou cinq lois plus nombreux, ne pouvait
entreprendre une campat;oe ofiensive ;
tout ce qu*elte pouvait faire était de con-
server la ville; et, d'un autre côté, elle
manquait d'approvisionnements et de
ftubâistances. Dans cet état de choses,
Soult livre une suite de combats contre
^) SOU
des forces toujours supérieures; il iutieà
Ponte-Ivrea contre 25i,000 hommes, el
se retire en bon or^re, lorsqu'il ne reste
que deux cartouches à chaque soldat,
intimidant l'ennemi par sa oootenance,
et culbutant une colonne qui veut lui
enlever ses 5,000 prisonniers. Il multi-
plie ensuite ses audacieuses entreprises
autour de Gêpes, emportant à Terme
blanche la forte position des Deux -Frè-
res, enlevant avec 2,600 hommes la di-
vision autrichienne campée 5ur le Moute-
Fascio, où il arrive en franchissant les
précipices sur des échelles. Enfin , il di-
rige une opération sur le Monte-Creto,
dont les Autrichiens s*étaient emparés
et qui était la clef de toute la circonval-
lation; deux fois les efforts du général
sont au moment d'être couronnés de
succès , deux fois un orag^ terrible en*
veloppe la montagne , et lui arrache la
victoire en séparant les combattants.
Les Autrichiens, ayant reçu du renfort,
reprennent l'offensive; cependant les
Français revenaient encore à la charge,
lorsque le général Soult eut la jambe
fracassée par un bisciiîen. Ses soldats, le
voyant tomber, le croient mort; ils se
découragent et se retirent, en le laissant
aupouvoir de l'ennemi. Vingt jours après,
le L juin, Gênes était forcée de capituler.
Neuf jours plus tard, le premier consul
remportait la victoire de Marengo, et un
aide^de-camii de Napoléon venait à
Alexandrie annoncer au général Soult sa
délivrance et le triomphe de l'armée
française. Deux mois après, quoique sa
blessure ne fût pas encore cicatrisée, le
général en chef Brune lui confia le
commandement du Piémont. Il rendit là
de nouveaux services en rétablissant la
sûreté des routes, qui éta^t infestées
de brigand^ et en comprimant l'insur-
rection dans les vallées d'Aoste et dlvrée.
Le 21 février 1801 , il fut appelé au
commandement de Tarmée du midi, qui,
aux. termes d'on traité conclu arec le
vice roi de Naples, devait occuper la
pre»qu'ile de Tarente jui^u'à la paix
générale. Lorsque le traité d'Amiens fat
signé, Soult ramena ses troupes en Fran*
ce, où- il fut nommé un des quatre gêné»
raux qui commandaient la garde des con«
suis (5 mai» 1802).
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(4
i^rèiU raptnrc do traité, trois ekihp%
ffàrMt étiblis sur les c6tM teptentriona-
let d« la France, et le général SôoU fat
DomiDé coannandflOt en chef du camp
de Saint-Omer (aoftt 1803). Pendant
près de deux ans et deiAî, il exerça les
troupes k des travaux de campement,
d'évoloticms et de grandes manoeuvres,
qui les aguerrirent, «I d*oà sortit cette
grande armée qui a laissé des traces de
ia valeur dans toute rfiurope. Le premier
eonsul, assistant un jour à ces manœu-
Tres, témoigna la crainte que les soldats
ne succombassent à la latigue. Le général
Sonlt loi répondit : « J€ ne leur donne
qoe le temps néceMaire pbitl^ se reposer ;
•Dsuite les travaux et les eiercices re-
commencent; ce qui o^est pas propre
iox fatigues que je supporte moi-même
fera dirigé sur les dépôts ; mais ce que
Je conserverai sera à toute épreuve et ca-
fiable d'entreprendre la conquête do
monde, i^
Lors de forganisation de Tempire, il
Ibt coraprh dans la première promotion
de maréchaux (19 mai 1804j. L'année
luivanl(>, il fot fait grand-aigle de la* Lé-
gion-d'Honneur. La guerre ie rallume
Éur le continent : le maréchal Soult est
•ppelé au commandement du 4** corps
de la grande armée (!*'' sept. 1806). Il
investit et fait capituler Memmingen ; il
prend part au blocus et à la reddition
d'Ulm ; il passe le Danilfoe à Vienne, et
livreanx RusSefe plusieurs combats meur-
triers. Enfin, à la mémoratile bataille
d'Ânstertitz [voy.)^ où il commandait le
eentre, il franchit du premier choc trois
lignes de l'armée russe, et en jette une
partie sur le lac Menilz, dont il bri.-e la
glace à coups de canon.» Adressez- vous
ta maréchal Soult, c'est lui qui mène la
bataille, répondit Napoléonraux officiers
qoi demaoditent des instructions. » Et
lorsqu'il le rejoignit après l'action :
« M. le maréchal , lui dit-il, tous vous
êtes couvert de gloire aujourd'hui ; tous
avez surpassé tout ce que j'attendais de
tons; vous êtes le premier manœuvrier
de l'Europe. »
Le maréchal Sdtilt fot chargé du |;btf>
temement de Tienne et de la remise des
étau autrichiens envahis lors de la ra-
traita de l'armée. Fendant la campagne
U) Sdt}
de Prosse, il ébfàn^ de noovellM preotal
de sa taleor et de son habileté. Il prit
one part glorieose à la victoire d'Iéni;
poursuivit Ksikreot h, emporta Lobecl
d*assaut, et fit capituler Biûoher avec
22,000 Prussiens. A la sanglante journée
d'EyIau, il est engagé seul avec toutes
les forces ennemies, et, après l'action,
c*est lui qui dissuade l'empereur d'aban-
donner le champ de bataille. Il enlève '
Kœoisberg pendant que Napoléon est
vainqueur à Friedtand (voy, tous ces
noms). Tant de succès lui valurent le titre
de duc de Dëlmalie.
Le théâtre de la guerre est transporté
en E<^pagne. Napoléon y appelle le ma-
réchal Soult, et lui donne le commande-
ment du 2* corps de l'armée conrentréa
aux envfrons deBriviesca. Pendant ciilq
ans, ce grand capitaine signala par de
glorieux exploits sa présence dans \éA
diverses provinces de la péninsule. A cet
éga rd , nous ne saurions i rôu ver de témoi-
gnage moins suspect que celui d*un des
officiers qui l'ont combattu. Le colonel
Napier, dans son Hfstoire de la guerre
de la péninsule^ dit, en parlant du ma-
réchal Soult : « Je saisis avec empresse-
ment cette occasion de reconnaître ici
le respect que professent pour les talents
mitiiaices de ce général tous les officiera
anglais qui ont eu l'honneur de servir
contre lui. Son génie seul a aoutent»
longtemps la cause française en Espa-
gne; et si ses conseils avaient été soîvîa
après la bataille de Salamanque, les
chances de la guerre auraient pu tourner
différemment. » Son arrivée en Ef^pagna
fut signalée, en effet, par la victoire de
Burgos et par la déroute de l'armée espa-
gnole de l'Estremadure. Bientôt après ,
il marche contre le général anglais
Mbore, le poursuit ter! la Gorogoe, tx
force les débris de son armée de s'embar-
quer après une sanglante défaite où le
général avait trouvé la mort; il fait ca-
pituler la Gorogne et le Ferrol, et mar-
che aus»ii6t sur le Portugal. Il disperse,
en avant de Braga, 25,000 Portugais qai
avaient repoussé ses propositions de paix;
enlève le camp d'Oporto, défendu par
200 casons; pacifie lé pays, y rétablit
la confiance, et les habitants le prient de
faire parvenir à l'empei^ur one adrcsae
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èoU
<4I5)
âou
tàt» Uqntllc lit lai demandent nn prince
de sa faraille poar régner sur èni. Mais
le corps d*amiée commandé par le duc de
Bellune, qui devait seconder la marche
du maréchal Soult sur Lisbonne, ne pa •
i>ut point. Les Anglais et les Portugais
è^étaient ralliés; Tinsurrection de la pro-
vince de Tras-os-Mon tes était imminente :
le maréchal Soult prend la résolution
énergique de brûler ses bagages et d*o«
pérer sa retraite à travers les montagnes,
toujours harcelé, mais jamais entamé
C'est ainsi qu'en douze jours il traverse,
sans perte, 80 lieues d'un pays en insurrec-
tion : admirable retraite, opérée devant
trois armées, et qui fait un éternel hon-
neur à Ténergie et k la présence d'esprit
du maréchal !
Le roi Joseph se fiiit battre par lord
Wellington , qui s'avançait sur Madrid.
Soult accourt k marches forcées : il arrive
trop tard pour lui épargner cette défaite,
mais il met le vainqueur en fuite, et ras-
sure le roi, qui songeait à quitter sa ca-
pitale. L'ennemi est vaincu à Ocana (18
oct. 1809) , où il perd 28,000 prison-
niers, et Soult force (20 janv. 1810) les
formidables passages par où il débouche
dans rAodalousie. Il s'empare de Séville,
et là ii organise les services publics, paie
aux troupes onze mob de solde arriérée,
construit une flotte pour presser te siège
de Cadix, qui serait inévitablement tombé
iu pouvoir des Français si tous les gé-
néraux eussent déployé la même activité.
Dans les premiers jours de 1811, il va
prendre Badajoz et quelques autres pla-
ces, pour £iire une diversion en faveur
de Masséna, qui , pendant les succès de
Soult, se retire du Portugal sur l'Espagne,
où les Anglais débouchent à sa suite.
Wellington vient en personne mettre le
aiége devant Badajoz, qui est reprise,
malgré l'héroïque résbtance du général
Philipon. Dans le cours de l'année 1812,
les Anglais s'éiant emparés de Salaman-
que, et la bataille des Arapiles ayant été
perdue par le duc de Raguils contre Wel-
Ifnglon, le roi Joseph fut dans la néces-
sité d'évacuer encore une fois Madrid, et
de se retirer précipitamment snrlTalence.
Le maréchal Soult reçut Tordre de «on-
centrer ses forces sur oette province.
SévlH« fut donc évacuée le 28 août , et
le siège de Cadix levé le 27. C'eitt alon
qu'eut lien cette brillante retraite, que l'on
admire comme une des plus belles opéra-
tions de la stratégie moderne. Dans sa
marche, le maréchal enlève le fort Chin-
chilla,, vient manœuvrer sur le Tage, bat
les Anglais et les refoule en P<)rtugal.
En mars 1818 , il reçut la permission
de rentrer en France, pour y passer trois
mois; mais à peine arrivé à Paris, avec
4,000 vieux soldats destinés à remplacer
une partie de cette vieille garde, ensevelie
sous les glaces de la Russie, l'empereur
Itti ordonne de le suivre en Saxe. Le ma*
réchal Bessières ayant été tué & Lut zen ,
Soult le remplaça dans le commande-
ment en chef de la garde impériale. Il
contribua au succès de la bataille de
Bautzen (voy, ces nom^), où il comdian-
dait le centre dé l'armée française.
Lorsque Napoléon apprit à Dresde la
défaite de Vittoria, il chercha quelqu*un
pour réparer tant de désastres, et jeta les
yeux sur le maréchal Soult. En huit jours,
celui-ci arriva à Saint- Jean-de-Luz, et fut
bient6t en état de reprendre l'offenèive.
Il essaie en vain de rentrer en E*- pagne
par Roocevaux, pour dégager Pampe*
Inné et tourner Wellington. AlTaibli par
renvoi de ses meilleures troupes rappe-
lées sur Paris, n est forcé de se replier. Le
combat de Saint- Martial fut le dernier
que les Français livrèrent sur le territoire
espagnol. Enfin, l'armée angio- espa-
gnole, forte de 120,000 hommes,* s'é-
branla : le maréchal Soult n'en avait que
60,000 , ce qui ne l'empêcha pas d'en-
tamer Wellington lors de son entrée
snr le territoire français. Obligé de se re-
tirer devant un ennemi dont les forces
s'accroissaient sans cesse, le maréchal
Soult disputa le terrain pied a pied ; il
livra des combats partout où il trouta
une position avantageuse. Peyrehorade ,
Saint-Palais, Sauveterre, Orthez, Aire^
furent témoins des efforts qu'il fit pour
arrêter la marche deè Anglais. Dans toutes
lea rencontres, il férar fit épirouver de
grandes pertes; mais il dut toujours cé-
der le champ de bataille et continuer ta
belle retraite jusqu'au deU de la Ga-
ronne. Arrivé sôus leé ftiurs de Toulouse,
il s'y fortifia d^une manière formidable ;
tome'fois il.ne loi restait phu que 22,000
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sou (4
homiMty iorique WelliogUMi vÎDt l'ttu-
qaer avec plut dm 80,000 AogUb et
Portugais. La bataille deToaloose, livrée
le 10 avril 1814, fut nu dernier triom-
phe pour Tarmée française : les Anglais
y perdirent près de 10,000 hommes, et,
sans une imprudence du générai Turpin,
qu^il paya lui-même de sa vie, Welling-
ton eût été probablement forcé de re*
passer la Garonne. Demeuré jnsqu^s la
nuit dans SCS positions, le roaréihai SouU
opéra sa retraite sur Gasteluaudary, sans
avoir perdu un seul canon. Ce fut dans
oette ville qu'il apprit les événements de
Paris et le rétablissement des Bourbons.
Le duc d'Angoulème vint recevoir sa
soumission , et lui retira le commande-
ment.
Quelque temps après, il commanda la
13* division militaire; puis, noinroécom-
iDandeur de Saint- Louis, il fut appelé
au ministère de la guerre (3 déc), pour
réparer les fautes du général Dupont. A
rapproche du 30 mars, il fut remplacé
par le duc de Feltre. Pendant les Cent-
Jours y Napoléon le nomma pair et lui
donna les fonctions de major- général de
Tarmée. Après la funeste bataille de Wa-
terloo, il rallia les débris de Tarmée,
qu'il dirigea sur Soissous, et se retira en
Languedoc , dans .sa terre de Saint-
Amans. Par suite de la loi d*amaistie« il
dut s'eiiler, et il ne rentra en France
qu*en mai 1819. Le 5 janvier 1820,
Louis XVIII lui rendit le bâton de ma-
réchal, et le 5 nov. 1837, Charles X le
nomma pair de France. Cette ordon»
nance, qui portait 76 nominations, ayaut
été annulée en 1 830, le nouveau gouver-
nement, par une ordonnance exception-
nelle, en date du 13 août, se hâta de
faire rentrer le maréchal Soult à la Cham-
bre des Pairs. Lors de la formation du
ministère LafBtte (nov. 1830), il rem-
plaça le maréchal Gérard au ministère
de la guerre. On sait quelle prodigieuse
activité il déploya alors pour réorganiser
notre armée , et quelle impulsion puis-
sante il imprima à toutes les parties flu
service. Lors de la formation du ministère
du 1 1 oct. 1832, il eut la présidence du
con!>eil, avec le portefeuille de la guerre.
Ce fut sous sa direction que lut entre-
prise et aohevée la gloiîeuse expédition
iH) SOU
a'AATM. L» 1$ joUlet 1834, sa samé
altérée ptr les ùtigaes et les travaux de
Tadministration le força de rentrer quel-
que temps dans le repos de la vie privée.
Sous le ministère du 1 6 avril (voy, Mo«
lé), le maréchal Soult représenta laFran«
ce au couronnement de la reine d'Angle*
terre(juin 1838). Cette ambassade extra-
ordinaire fut un perpétuel triomphe pour
Tillustre maréchal, en qui le peuple an«
glais personnifiait la gloire des armct
françaises. Les plus vives acclamations
s'élevèrent sur son passage, partout où il
paraissait. « Le maréchal Soult, disaient
les journaux anglab, a été accueilli avec
tant d'enthousiasme, que cette réceptioa
a dû exciter non - seulement l'étonné-
ment du maréchal lui-même et de ses
compatriotes, mais encore de tout la
corps diplomatique rassemblé à Londres.
Loin de diminuer, cet enthousiasmie ne
fait que s'accroître, etc.. » Dans te mi-
nutèredu 1 2 mai 1 839, il eut la présidenc*
du conseil et le ministère des affairea
étrangères. Enfin , depuis la formation
du cabinet du 29 oct. 1840, il a repria
la présidence du conseil, avec le porte»
feuille de la guerre.
Sou fils, UiCTOE Soult, marquis de
Dalmatie, ancien officier d'état -major
employé dans la garde royale, entra
depuis 1830 dans la carrière diploma-
tique. Il a successivement rempli les
fonctions de ministre plénipotentiaire
dans les Pays-Bas, d'ambassadeur a Tu-
rin, et de ministre plénipotentiaire près
la cour de Berlin (depuis 1844). Il est
membre de la Chambre de$ députés, éla
par la ville de Ca>tres (Tarn).
Le lieutenant-général baron Soult
(PiEaax-BsiioiT), frère du maréchal, né
à Saint-Amans, le 20 juillet 1770, entra
au service en 1788, comme Tolontaire,
et gagna ses grades sur le champ de ba-
taille. Nommé grand'croix delaLégion-
d'Honneur, le 21 mars 1831, il est mort
à Tarbes (Hautes-Pyrénées), le 7 mai
1843. A-D.
SOUMAaOKOP (ALEXAHDaB 9à^
teovitcb), le créateur de l'art dramati-
que en Rus ie, né en 17 18, mort à Mot-
cou, en 1 7 77 , se distingua surtout dans la
tragédie. Ses pièces , la plupart compo-
sées i l'imitation de la scène française el
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&M
(417>
SOU
«I Teffs, sont : Sina/et Tnmor^ Zémire^
imropolk et Démise^ Kheref «C Aris-^
tomCi qui ont été trad. en fnnç. (par
H. L. PapadopoulOy Paris, 1601, 3 vol.
in-8^). Aucune n'est comparable an
Faux JDémétriuSj qui passe pour son
chef-d'œuvre, et qui a été trad. en franc.
(1800) et en angl. On doit en outre A
Soumarokof des comédies^ des fables et
dtf épigrammes. Foy. Rtsns (littératu-
re), T. XX, p. 719.
11 ne faut pas confondra avec lui
M. Paitkratief Soumarokof, littéraieur
russe contemporain . ' X.
SOCJHISSiON, voy. DrcBÈmB.
SOCMNA et SouinriTKs. Le mo|
sounna est arabe et signifie coutume,
usage ou règle. Les mahométans rappljr
quant, sous le rapport religieux, à ta règle
de Mahomet, qui, ayant été obîenrée par
ce fondateur de leur culte, doit l'être éga-
lement par tous les musulmans. Cette rè-
gle consiste en quelques sentences et en
quelques actions de Mahomet, racontées
par ses disciples immédiats, et transmisea
par la tradition orale. De là le nom de
Hadith ou Hadù^ tradition, sous lequel
elle est connue. Plus tard, elle lut trans-
crite dans des livres particuliers. Les ma-
hométans y distinguent trois parties : 1^
Le Kaul (sentences), ou les sentiments et
les prescriptions du prophète sur divers
objets; 2^ le Fiel (actions), ou la manière
dont il s'est conduit en certaines cir-
constances : c'est la sounna dans le sens
le plus restreint; 3° le 7V?i(r^(approba-
tioo), ou certaines manières d'agir des
compagnons de Mahomet, approuvéesan
moins par le silence du prophète. Avec
le Koran (voy^y^ la Sounna avt Hadls
est la source principale de la religion
musulmane. La Hadû, divisée en chapi-
tres, renferme plus de 1,000 articles,
rangés en ordre de matières et traitant de
l'aumône, de l'hospitalité, de la prière,
des ablutions, des châtiments, etc. Le
recueil le plus célèbre de la tradition
mahométane est celui qu'a fait, l'an 840
de !.•€., El-Bochâri, sous le titre de El-
djdmi essachichf ou le Compilateur vé-
ridique. Il renferme environ 8,000 ar-
Ikles. Il en exûte beaucoup d'autres;
nuis aucun n*a été imprimé, non plus
que les commentaires qui s'y rattachent.
Bnqyeiop. d. G. d, M. Tome XXI.
On appelle lôunnites les musulnlaoa
qui se montrent fidèles obeervateurs de
la règle de Mahomet, les musulmans
orthodoxes. C'est le parti le plus nom*
breuX, puisqu'il compte dans ses rangs les
habitants de l'Afrique, de l'Egypte, de la
Syrie, de la Turquie, de l'Arabie et de
la Tatarie. Les. sounnites se divisent en
quatre rites orthodoxes, appelés : ha-
nifites {voy,)f châféites, malékites et
Jbanbalites, du nom de leurs fondateurs,
%t ennemie les uns des autres, quoiqu'ils
ne se distinguent que par quelques usa-
ges.ll» reconnaissent tous quatre les kha*
lifes Aboubekr, Omar et Othman pour
les légitimes successeurs de M^omet. Le
parti contraire, appelé par opposition
chiites {voyJ)^ ou schismatiques, est
formé, depuis le xri^ siècle, par les habi-
tants^de la Perse principalement. C, X.
SOUPAPE. On donne ce nom, en
général, è tout appareil qui, dans une
machine, permet le passage d'un fluide
quelconque et lui ferme le retour, sui-
vant des circonstancesdéter minées. Ainsi»
l'effet des pompes (voy.) de toute espèce
provient du jeu alternatif de soupapes
qui se lèvent sous l'action du piston
{voy,) pour laisser pas^r le fluide, puis
se referment sous un mouvement con-
traire, et empêchent le fluide de re-
tourner au lieu d'où il est sorti. On fsit des
soupapes en cuir, en métal, en bois, etc.
Dans les machines à vapeur (iM>f.) , on ap-
pelle ioupape de sûreté un de ces appa-
reils destiné à prévenir la rupture de la
chaudière en se soulevant de lui-même
et en enlevant le contre-poids qui y est
adapté, lorsque le degré de dilatation est
devenu tel dans la chaudière qu'elle écla-
terait si la vapeur ne trouvait une issue. —
On nomme encoresoupapecequi sert dans
l'orgue et antres instruments sembUbles
pour donner passage au vent et pour
empêcher qu'il ne rentre. Ce nom s'ap-
plique enfin à un tampon de forme co-
nique qui sert dans un réeervoûr pour
boucher le trou par lequel l'eau peut
s'écouler dana les canaux. Z.
SOUPIR, silence musical de la va-
leur d'une noire, voy. Noranov, T.
XVin, p. 664.
SOURCE (du mot sourdre y sortir de
terre), origine d'un cours d^eau, qui
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sou
(418)
soy
fÊtiokM perd à pMi dt «IHÂMt de iDa
poial de départ^ et leplus sosTent fortte
ou ooacottK^ Ml moins à former les ruîs-
•eeiiXi les rivières et les fleufet. Les ▼&-
pearsqai s'élèvent da seia de la terre et
•e résolvent en pluie sur les montagnes,
les neiges étemelles qui couvrent les pics
les plus élevésy et fondent partiellement,
telles sont les causes qui, par Tinfiltra-
tion des eaux, produisent les sources que
l'on rencontre aux flancs de presque toutes
les hauteurs du globe, et principalement
de celles qui sont formées de granités et
de schiste». Les montagnes volcan iques ou
calcaires, ayant la propriété d*absorber
l'eau, ne ipissent échapper que des sour-
ces de peu d'importance, qui la plupart
du temps dikpaimissent sous terre à une
petite distance de leur origine, comme
dans le Jura. Il eusse aussi dans les mon-
tagnes des sources intermittentes qui
n'ont d'écoulement qu'à certaii|es épo-
ques du jour, du mois et même de l'an-
née. D'autres enfin sont intermittentes et
jaillissantes à la fois. En Islande, où elles
sont communes et où elles s'élèvent à
«M grande hauteur^ on le«r donne le
nom de gtyser {yoy^^ Parfois les eaux,
après avoir filtré^ ne reaconttent point
de couches perméables, et vont former^
à de grandes profondeurs, des courants
souterrains, qui se trouvent sous les pas
des travailleurs dans les puits et dans les
oûnes. Les sources salées, dont plusieurs
existent dans les diverses parties de la
France, se rencontrent ordinairement
sur les sommets des terrains salifères.
Les sources minérales sont due» au pas«
sage des couches d'eau qui les forment à
travers des terrains dont elles prennent
certaines particules en dissolution. On
sait qu'elles sont employées par la méde«-
cine à des usages de salubrité, «t qu'elles
se peuventservit auxusagesdoflwstiques:
icUes sont les «ources d'eaux forrugi-
neuses, sulforeuaes, gaMittes «t salines^
froides ou ohandes. La France, è elle
seule, en possède 260 dont les deux tiers
sont journellement visitées par des mala-
des, f^. fiàvx viiriftAX.xs%
Il a été parlé des sources, en ce qui
concerne le droit, à l'art. EAnx,T.lXp*6.
Le mot wwtfce est passé dans le langage
figuré, «ù tl a'awplaîa eompe synonyme
de pHoicIpe, «UBie, tirigtoe . Lea éoeil--
ments originaux relatifs à tt n événemefll
é% les ouvrages d'atttBui*s cuntemporains
sont appelés les somtces de l'histùire : tt
d'y a d'étude sérieuse de cette science
qu'JL la condition de remonter auxsbttT-
ces. Dans cette Eooyclopéd ie, on les a
presque toujburs signalées à l'occasioii
de chaque instière, et, par exeiâple, le
lecteur trouvera T. XI, p. 546 etsuiv.,
l'indication des principales sources de
rhistoire de France. D. A. D.
SOURCILS, voy. OEtL.
SOURD-M UBT, voy, SuADiti.
SOURIS, vof. Rat.
A SOUS (»AT5 oe), voy. Mahoc.
«OUS - JHARIIIBS (roaiTs), vof.
fioaArs.
SOUS-PRÉFET, Sous-PKivKcro-
EE, tJOr.'tkÊFET.
SOUS-SEL, voy. S«l.
SOUSTRACTION. C'est le nom
qu'on donne en mathématiques è Tune
des opérations fondamentales ou règles
primitives de la^eifce des nombres, la-»
quelle consiste à retrancher une somme
d'Ane* au^^ somme, ou, eii d'autres ter-
mes, à rechercher ce qui manque à l'une
pour égaler l'autre, bu trouver un nom-
bre qui soit égal à la différence de deux
nombres donpés. Pour indiquer cette
opération, on sépare la somme la plus
forte de la somme la plus faible par le
signe négatif*-, qui vent dire mùin$^ et
qui marque un retranchement. Le ré-
sultat de la soustraction se nomme reste,
La soustraction est Tinvierse de l'ad-
dition ; car 6ter c'est.4^ contraire d*ajou-
ter. Il en résulte que le procédé opéra-
toire doit être, pour la-éonstraction, tout
l'opposé de celui qu'on emploie dans
l'addition. En effet, pour obtenir la dif-
l^^rence de deux nombres, on doit con-
sidérer le plus grand comme fofmé par
l'addition du plus petit avec celui qu'on
cherche, c'est-à-dire de la combinaison
de leurs différentes parties, unités, di-
zaines, centainei^ etc.; d'où SI suit que,
si l'on retranche successivement les uni-
tés, les dizaines, etc., du plus petit nom-
bre, de celles du plus grand, il devfu
naturellement rester celles du nombre
cherché. Ainsi, en règle générale, on
peut dire que, pour soustraire un Don-
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MB
ImAntvtntiHwit ff«i«MiMrlitiini^
tiBfItt pramierdê^llai da second, fMiit les
dâMkieft da ptvmier de otites da seoood|
et «ÎMâ de saHe, bien entendu que les
toBunes données sont de mém toartnre.
Benr opéier le soasiMctian , «n pleoe
généndemeot le (dus petke somme sons
k pins grande, de mnière que les uni-
lés de rnne oerrespoodent aux unités de
rentre, les dieeines aux dizaines, ete«
On eommenoe ensuite pat sonscralre les
Milles, puis on pesse ans dizaines, etc.,
en remarquant qu\>n n'aie jamais à la
fois ' qu'un nombre nmple d'un antre
■ombre simple, on tout au plus d'un
nombre composé qui ne s'élèye pas jus-
qu'à 30. Une difficulté se rencontre
en effet quelquefois dans la sousfrac-
tîon, c'est lorsque quelqu'un des chif-
fres du nombre à Boustndre se trouTe
plus fort que celui qui lui correspond
dans le nombre dont on doit l'ôter. Dans
ce cas, on est forcé d'emprunter une
unité an chiffre immédiatement supé-
rieur, qui par suite Tuot 1 de moins;
cette unité s'ajoute à Pnnîté trop foible
en Taugmentant de t# , ee qui permet
toujours d'eflectuer le fetranchement du
ebiffre de la somme inférieure. C'est li
une opération inverse de celle qui se fait
dans l'addition lorsquVm reporte les di-
saines d'une colonne à la cofonne sufl-
Tante. Il &ut encore remarquer que,
lorsque le chiffre qui figure k la colonne
où l'on doit eflftpruuter est un 0, Il faut
passer outre et continuer jusqu'à ce que
l'on rencontcfi'un chiffre s^ant une va-
leur propre, paria raison qu'un 0 n'est
rien par lui-même, et que tien ne sau-
rait prêter. Seulement, au retour, le Oou
àsa 0 qu'on a passés se changent en 9 ,
perce qu'ayant emprunté, par exemple,
une centaineà la colonne des centaines,
et n'ayant besoin que d'une dizaine, on
•e débarrasse des B 'dizaines de trop en
les laissant à leur colonne respective. II
▼a sans dire que les centaines ont tou-
jon» diminué d'une unité. Afin de ren-
dre cette opération sensible^ supposons
que nous ayons à payer lé cent, avec
f fir. et 30 cent, de monnaie; les 30 c.
ne suffisant pas, et u'ayant^pas de déci-
mes, il hui bien recourir aux 3 fr. que
«ons possédons; nous en retirons donc
( 41« ) SOO
1 1^. tl fteiMUs en^-este plnl qu^orti; maii
oetnl-que imvis retironi vaut 1 0 décimes,
et un seul nous suffirait : îl noué en ree^
tera é<mc 9. Le décime emprunté vaut
10 cent., fi seulement sont nécessaires
pour faire l'appoint de notre dette, et
du iirane emprunté il nous reste enfin
9i cent. : telle est Topératlon qu'exécute
la soustratïtion lorsqu'elle emprunte t
une UDÎté supérieure.
On distingue la soustraction , comme-
Paddition, en sUmpie ou complexe^ sui-
vant qu'elle s'opère sur des nombres en*
tiers ou sur des nembres composés d'une
suite de nombres fractionnaires de dé-
nominations diverses; c'est un des plus
beaux résultats du calcul fractionnaire
décimal, que l'on puisse regarder comme
simples toutes les règles qui se rappor-
tent à ces sortes dé fraètîons. Dans les
soustractions de nombres complexes, on
a seulement soin, lorsqu'on emprunte à
cme f^ctiën supérieure, de la convertir
en celles dont on a besoin : ainsi , si on
emprunte t sur des minutes, on ajoute
60 aux secondes, et l'on retranche les
minutes données de celles qui existent
plus 60. Pour les fractions absolues, si
elles ont le même dénominateur, on opère
la Éoustraction sur les numérateurs, et
on donne au reste le dénominatcfur com-
mun; autrement on commence par les
réduire au même dénominateur {voy,
FnACTioirs).
En algèbre, la solistraction est une opé-
ration qui consisté à séparer des quan-
tités représentées par des lettres d'autres
quantités exprimées de la même manière.
Mais si retrancher c'est ôter, ce n'est pas
toujours diminuer. Ainsi-, retrancher
d'une dette, c'est ajouter à l'avoir; sous-
traire des moins f d'est donc donner des
plut. D'où il suit qu'en géq^ral , pour
faire une soustraction algébrique, il suf-
fit de changer les signes de tous les termes
de la quantité que Poft v«ut soustraire.
Si, par exemple, vous devet^ une somme
qu'en algèbre on désignerait par — a, et
que vous en empruntiez encore une nou-
velle qui serait ^— &, naturellement cette
dernière s'ajoutera à la première ; le ré-
snltet sera donc — a-|-^> o'est-à-dire que
vous devrez la somme a -f-la somme i,
ka contraire si, devant — <7, vouspayea
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sot)
(420)
SOU
uoe somme re|iréMniée p«r «4-^, il est
bien datr qae votre delte se rédaÎM de
cette somme, et te qfie yoot resterez de-
voir ten la somme a — - la*soipme b^
Ainsi Topération se réduit, dans tous les
eas, au changement du si^ne.qai précède
la quantité à retrancher. Il serait facile
de montrer que ce changement doit avoir
Heu pour les signes de chacun des ter«
mes d*un polynôme à retrancher. C'est
.donc à cela que se borne la soustraction
algébrique j on réduit, ensuite le tout à
sa plus simple expression, c'est«-à-dire
que Ton réunitKs sommes qui sVjouteot,
et que Ton retranche les quantité* qm se
détruisent ; ee qui reste est le résultat de
Popération : ainsi loiW{u'on a a— *3-H^
à soustraire de ^ç-^b^^j on écrit
^a-J^b — c — a-^b^-^c, ce qui se réduit,
par l'addition et la soustraction des termes
demémedé9ignation,àtf-f^2^— 2c. L.L.
Dans le langage du droit criminel, le
mot soustraction sigiMfie l'acte de pren-
dre furtivement, par fraude ou par
adresse. La loi prononce ceiftafanes pei-
nes contre les soustractioDs commises par
les fonctionnaires, par Ifs «dépositaires,
les comptables ou par les particuliers
dans les dépôts publics. Les soustractions
commises au préjudice de conjoints, pa<-
rents, ascendants ou desceoJants, ne
donnent lieu en général qu'à des répa-
rations civiles; mais le Code pénal pro-
nonce des peines, dans ce cas, contre les
receleurs des objets soustraits. Z.
SOUTERRAIl^, vaf. CAVEara,
GmoTTE, Cavs, CAERièaE, Mixtes, etc.
SOUTHET (Robeet), surnommé le
poète lauréat^ à cause de sa «barge, na*
quit à Bristol le 13 août 1774. B fit s«
études auE écoles de Carston et de West-
minster, puis à l'université d*0xford,dan8
le but de prendre les ordres ecclésiasti*
ques; mais Ibn attachement pour les doc-
trines unitaires et pour les idées d'indé-
pendance que la révolution française
venait de psoclamer avec une si grande
énergie, l'empêchèrent de donner suite
à ce projet. Il mmgea même un moment,
de concert airec ses amis Lovell et Cole-
ridge {voy»), à aller fonder une nouvelle
république sur les rives du Sosquehan-
nah. En 1795^11 se maria, et peu après
suivit en Portugal son oncle, le docteur
Hill, qui venait d'être nommé chapelaû»
de la factorerie anglaise à Lisbonne* Uit
séjour de plusieurs années dans la Pénin-
sule lui ' permit d'acquérir une connais*
sance parftite de la littérature et de Thls*
toire de ce pays. £n 18(M, de retour eu
Angleterre , il fut nommé secrétaire du
chancelier de l'échiquier dirlande , sir
Isaac Corry. Lors die la retraite de son
patron , Southey fixa sa résidence à
Keswick, près de la veuve de son ami
Lovell et de mistriss Coleridge, l'une et
Pautre sœurs de sa femme. Ce fut là qu'il
vécut au sein de l'étude et de l'amitié,
jouissant des ressources que lui offrait sa
riche bibHothèque, et non loin des laça
qui donnèrent leur nom à l'école de poé-
sie dont il fut un des sectateurs {voy^
Laeistes). Un torysme des plus fervents,
qui avait succédé chez lui aux opinioDs
démocratiques de sa jeunesse, le désigaè-
roit, en 1818, au choix du monarque
pour la place de poète lauréat, lucrative
sinécure dont les fonctions se bornent à
fournir un contingent annuel d'enthou-
siasme lyriqile pour célébrer l'anniver-
saire de la naissance du souverain. Sou-
they n'échappa pas au ridicule de cette
position, bien qu'il y ait porté plus dt
mérite et de dignité réels que tous ceux
qui l'avaient précédé, et ses ennemis pré-
tendirent que les livrées du poète de cour
avaient étoufi% chez lui l'indépendance
et le talent. Il mourut dans sa inaison d«
Keswiek, le 21 mars 1848.
L'auteur s'est caractérisé lui-même
dans la préface de ses ÔEuvres poé^
tiques^ en disant : « Pai passé plus de la
moitié de ma vie dans la retraite, en
aommerce avec les livi;e8 plutôt qu'avec
les hommes, constamment occupé de tra*
vaux littéraires, n'écoutant que mes pro*
près inspirations et ne suivant d'autre
ligne que celle qui, après de mûres con-
sidérations , meparaiksait la meilleure. »
C'est donc surtout par ses ouvrages que
nous le ferons connaître. Ils sont nom-
breux et va^és: poésie, histoire, biogra-
phie, controverse religieuse et sociale,
critique littéraire, Southey aborda tons
ces genres et réussit presque dans tous*
Très jeune encore, il débuta par le dra-
me révolutionnaire de ff^at^Tyler^ si
souvent reprodié depuis au poète lauréa^
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(421)
SOU
et imprimé sans eon consentement en
1817. Il n'a pas composé moins de cinq
poèmes épiques, ou romans en ¥eri :
Jeanne d'Arc^ 1796, in-4<*, où il eut le
mérite de revêtir le premier avec succès
des formes de l'épopée l'épisode le plus
poétique de notre histoire, mais dans le-
quel la fiction pâlira toujours devant le
simple récit des faits; ÂSadoCy 1805,
hk'4% fondé sur nne tradition qui attri-
bue à un prince gallois la découverte de
l'Amérique au xii* siècle ; Thalaha^U--
Destructeur^ 1808, 2 vol. in-8**, et la
Malédiction de Kehama^ 1811, in-4o,
imitations quelquefois heureuses, et plue
souvent bizarres, des épopées arabes et
hindoues; enfin , Roderic , le damier
des Gotlis^ 1814, in-4'^, ou les légenci|^
espi^ooles et mauresques, si familières à
l'auteur, sont heureusement mises tn
scène. Malgré le luxe de couleur locale
qu'il a prodigué dana ces grandes com-
positions poétiques, Southey a peut-être
montré pins d'originalité véritable dans
les petites pièces que renferme son Re^
cueil de poésies f 1797, in-8^f ses Cb/z-
tes en vers^ 1804, in-8^ etc. Telles
sont les ballades sentimentales, fantasti-
ques ou chevaleresques, intitulées : la
Jeune fille de l'auberge^ la Sorcière de
Berkeley i Saint Gualbert^ la Reine
Urraque^Don i2ami>« , comparables à
ce que MM. Uhiand et Victor Hugo ont
fait de mieux dans ce genre. L'§uteur a
rassemblé Wi-méme, non sans qîielques
changements et suppressions, ses C^u^
près poétiques^ 1838, 10 vol. in- 12.—
Les ouvrages en prose de Southey^uits
d'une érudition très solide et très variée,
sont écrits avçc plus d'aisance et de na-
turel que la plupaict.de se^ compositions
en vgrs. Sop Histoire du Brésil^Si^^
2 vol. in*4'*; Se la guerre de la rénin-
stUe^ 1 82 3, 4 vol. in- A^ ; des Indes- Oc*
cidentaks^ 1827, 3 vol. in»8^; son His^
toire navale de (a Grand^-Êretagne^
écrite pour la Cabinet Cyclopcedia de
Lardner, ofVrent des recherches étendues,
présentées sous une forme pleine d'inté-
rêt. Il n'a pas moins bien réussi dans ses
Biographies de Nelson^ de''fFesîey^ de
Bunyanj de Kirke^ FFhite^ des poètes
sans éducation^ et des amiraux anglais.
Gfai a encore de ce fécond écrivain : dei
Lettres écrites ^Espagne etde Portugal^
i797, in-S^id'jingleter/e, 1807,8 vol.
in- 12, sous le pseudonyme de don Es-
priella; des traductions de l'espagnol et
4u portugais : Palmerin d* Angleterre ,
1807, 4 vol. in-8*»; Amàdisde Gaule^
1803, 4 vol. in-12 ; les Cluroniques du
Gdy i808,în-4<*;desmélangesreligieux,
philosofpjiiqneset littéraires : Otnniana,
181^,2 vol. in-12; le Livre de T Église^
1824, 2 vol. in-8P; Findieiœ Ecclesiœ
anglicanœ^i%lQ^\n-h^\ ThotnasMore^
ou Entretiens sur la marche et V avenir
de la société^ 1829, 2 vol. in*8<», espèce
de programme des théories sociales et
politiques du torysme; Essais moraux
et politiques^ 1882, in-8*»; Spécimens
des anciens poètes anglais^ avec des no*
tes savantes et substantielles, 1807, 8
vol. in- 8^ ; OEuures choisies despoëtet
Ofiglais âepuis Chauœr jusqu'à John^
Sun, avec biographies/ 1881, in-8®; enfin
de nombreux articles dans le Quarterly
Review, On a traduit en français quel-
ques-uns des ouvrages de Southej, tels
Que Jeanne d'Arc, Roderic^ ia Fie de •
Nelson, l'Histoir^ de la guerre de la
Péninsule y etc. R-y.
SOUTMAN on Zoutmak (Pisa&b),
voy. GaAVuaB, T. XII, p. 795.
SOCWAROW, voy, Souvo&of.
SOUVENIR, z^or. MuioiRS.
SOUVERAIN (monn.) , voy. Li vie
et GiMir^E.
SOUVERAINETÉ,SonvsiuiH.5oic.
veraineté (mot dérivé de superus^ su-
premus) se dit tout à la foi» de la source
et de l'exercice de J'autorité suprême ;
c'est, à proprement parler, le principe sur
lequel repose toute société humaine. La
recherche de l'origine et de la jMlure de U
80i|iyeraineté a dopp occupé, dans tous le»
temps, les publicisles qui ont écrit sur
les gouvernements {yoy, ce mol).
Deux grandes écoles se sont formées
sur l'essboce même de la souveraineté.
L'une laCait remonter a la Divinité {yoy.
Du oaATU et LioiTiMrri). D'après elle,
les rois sont institués de droit divin, eC
en aucun cas leurs sujets ne peuvent se
soustraire à leur autorité. Les écrivains
les plus modernes qui appartiennent à
cette école sont MM. de Mabtre, de Do-
nald, de Chateaubriand, etc. I/aulre école
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sou
(41Î)
soij
est celle qpi fait desoeaiire rorigjLne de la '
souveraineté da conseotement du peuple
et qui n'admet d*autre autorité que celle
qui a élé librement cousenlie par les cî->
toyens. Locke, Montesquieu, J.-J ."Rous-
seau ont surtout servi lpropa|er cette
dernière doctrine, qui a été adoptée par
presque tous les écrivains modernes, et
sanctionnée en France par les deux gran-
des révolutions de 1789 et de 183(^. La
Chambre des députés a cru opportun de
rappeler, dans son adresse au roi, à Tou-
Yerture de la session de 1844^ qu< les
droits de la dynastie d'Orléans sont foi^
dés sur l'impérissable principe de la
souveraineté nationale,
Pufendôrf avait aussi reconnu que le
principe de la souveraineté réside dans
la nation. Les droits de la souveraineté^
dit-il, et les fondements de Tobéissance,
résultent partout des conventions qui ont
eu lieu entre le péUf^le et ses gouvernants,
et toute autorité légitime des rois est fon-
dée sur le consentement du peuple. »
[Droit de la nature et dès gens, lîv. VII,
ch. Tt, § 6.) Vatel a émis une opinion
analogue , et s'élève avec beaucoup de
force contre ceux qui pensent qu'un
royaume est l'héritage du prince, comme
son champ et ses troupeaux , maxime
qu'il considère comme injurieuse à l'hu-
manité. Il termine en disant : « Si la na-
tion Yoit certainement que l'héritier de
son prince ne serait pour elle qu'un sou-
verain pei^icieux, elle peut l'exclure. »
[Droit des gens^ liv* Ij ch. v.)
n est incontestable, eÀ effet, que les
premiers rois ne régnèrent que soit par
l'élection de leurs sujets , soit du moins
par leur consentement. Massillon necrai*
gnit pas de proclamer cette vérité devant
Louis XY enfant, lorsqu'il lui disait :
^ Oui, sire, c'est le choix de la nation qui
mit d'abord le sceptre entre les mains de*
vos ancêtres; c'est elle qui les élev< a^
le bouclier militaire et les proclama sou-
verains. » [Petit' Carême y serqpn pour
le jour de l'Incarnation.)
Il est vrai que les peuples semblèrent
laisser, pendant plusieurs siècles, près -
crire ce droit primordial. Les rob devin-
rent absolus et i accoutumèrent à coDsi*
dérer leur pouvoir comme d'origine di-
vine. Mais plus tard M nations ressaisi-
rent laura droits «t firaiil wtf^ctm !■•
bases du contrat social.
'La souveraineté du peuple donna Ueo
sans doute à de graves excès, comme la
légitimité et le droit divin en avaient oo-
caaionné auaiû. La funeste applicatm
d'un principe n^ saurait en détraire la
vérité. Dans le langage parlementaire ac-
tuel» 9n a substitué les mots soupertUneté
nationale à ceux de^ousferainetédupem^
plcy quoique, dans la réalité, ia signifi-
cation soit la même*.
Nous n'avons parlé jusqu'ici que da .
la source d'où découle la souveraineté :
nous' devons dire qiielques mots de la
manière dont elle s'exerce.
U est bien évident que la nation en
masse ne peut exercer sa souveraineté,
nlême dans les plus petites républiques^
à m<^ns que le peuple ou souverain ne
se borne à nommer des délégués ou re-
présentants, et quelquefois encore à
«aiictionner de son approbation ou à re-
jeter un acte qui lui est soumis, comme
une constitution* De cette impossibilité
matérielle et morale de l'exercice de la
souveraineté par la nation, est né le sys-
tème de gouvernement connu sous le
nom de repré.sentatif {yojr, ce mot). Si
ce système s'applique à une "république,
la souveraineté est déléguée par le peu-
ple à ses représentants et aux enagistrats
chargés du pouvoir exécutif. S'il consiste
dans une monarchie constitutionnelle>
1^ Chambres, le roi et ses mj|pistres con-
centrent dans leurs mains la plénitude
de l'autorité souveraine. Voy, l'article
GoifVEaRBMENT.
Sous l'une ou sous l'autre des ces for-
mes, la souveraineté ne doit agir <V^»
dans l'intérêt général et sans jamais per-
dre de vue la source d'où elle éipane.
Elle est l'emblème de |la plus grande
puissance sur la terre: eHe doit fafarei
pecter tous les droits, assurer tontes les
garanties^ Par là, die évite des secousses
qui troublent Tétat, amènent des'révo-
lutions, et ébranlent les bases de l'ordre
social. Elle étend sa main protectrice sur
les çiinbrités elles-mêmes, qui protestent
contreelle ob ne l'acceptent que comme'
un fait, par nécessité.
Le droit de souveraineté est limité au
territoire d'un état. Les lois, l#s e#4oft^
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SOJU
(«3)
SOU
n^usMy lae jngemeiils ne peuvent avoir
j*exécutioo que dans U circonscription
soomÎM au pouTOir 900veraUi qui let
a rendus. U «rri?e cependant quelque-
fois qu'en vertu de traités diplomatiques,
des jugements én^anés de tribunaux
étrangers sont exécutoires dans un autre
état I au moyen toutefois de certaines
formalités préalables (vpx* Exequatue)»
On nomme souverain celui en qui ré^*
side et qui exerce ^autorité souveraine.
Dans les monarchies absolues, Tempereur
ou le roi est le véritable soaverain, sinon
de droit, du moins de fait, irréonit dans
sa main le pouvoir I^islatif et le pouvoir
exécutif, et ses actes ne sont soumis à
aucun contrèle.DtetUs gonvememenu
représentatifs ou purement démocraâ*
ques, le peuple en cofps, comme nous
Pavons dit, forme le souverain ; mais il
n'exerce pas directemfent la souverait»eté :
il remet l'autoxité à ses magistrats «t à
ses représentants.
' Les arréis et jugements soui^rains
sont ceux qui ont été rendus par de»^
cours ou tribunaux ayant la plénitude
de la juridiction, et lorsqu'ils ont acqtm
la force de la chose jugée. A. T-a.
SOUVOROr-RYMNIKSKII
(Alezanoee VassiuéVItch , comte),
pcincé Italiisx.1, feldmaréchal et géné^
ralissime dçs arméer russes, un des plus
célèbres généraux du XVm* siècle, naquit
à Moscou, le la (24) nov. 1729, et des-
cendait d'un Suédois nommé Souvor , qui
avait émigré en Russie en 1 622. Son père,
qui était officier, s^éleva sous Catheri-
ne r® jusqu'au grade de général en chef
^t a la dignité de sénateur. Entré, à Tâge
de 13 ans, dans le régiment de Sémlnof,
le jeune Aleaandre ep sortit, en 1754,
pour passer dans un régiment Je cam«-
pagne avec le brevet de lieutenant. Trois
ans ap«^, il était déjà lievtenant-colo*
nel| et, lorsque la guerre avec la Prusse
éclstâ, il Cnt nommé commandant de
Meijiiel. Transféré, sûr ses instances, en
1759, à l'argiée active^ il assbta à la ba*
tailLs de Kunersdorf; et se fit remarquer
dans cetl^ campagne par sa pénétration,
soB activité ^t son courage. A la mort de
l'impérÀrice Elisabeth, en 1763, il fut
^nvo^é è SaiouPétersbourg pour poner
b nouveiW que les troofies rusai» avaient
commencé à opérer leur retraite. Cathe-
rine n le nomma oolonel du régiment
d'infanterie d'Astrakhan, et signa sa no-
mination de sa propre main. £n 1768,
placera' la tète d'une division de Fermée
russ» dans la guerre que la Russie faisait
à la Pologne au sujet des dissidents, il
dispersa les armées des deux Pulavrskiy
emporta d'assaut Craoovie, et obtint di-
vers autres succès qui lui valurent le gradé
de major- général. En 1778, il servit con«
tre lesTuros sous les ordres du feldmaré-
ohal Roumantsof (vo/.), battit les trou«
pes othomanesen trois différentes rencon*
très, et, après sa jonction avec le général
Ramen^of (vof.), il remporta sur lyreis-
dftendi une victoire décisive à Kasiadgi.
Le grade de général de division ne tarda
^as à récofb penser ses services. '
Après lauionclnaion de la paix {yoy,
KouTcaoux - KaIhardji), Souvorof Ait
employé à apaiser les troubles qui avaient
éclaté dans l'intérieur de la Russie,^a la
suite de la révolte de Pougatchef (voy,).
En 1783, il soumit au sceptre mosco-r
vi te lesTatars du Kouban et du Boudjak,et
les força de rendre hommage à l'impé-
ratrice, qui le récompensa en l'élevant
au grade de général en chef. A la ba^
taille de Kinburn, oii il exerçait le com'-
mandement supérieur, il ordonna à l'in«
fanterift de déposer ses gibernes , et la
lança à la baïonnette sur les retranche-
ments de l'enhemi. Toutes les attaques
furent repoussées, et Souvorof lui-même
blessé d'un coup de feu dans le ventre.
Il se fit mettre à cheval, courut après se»
cosaques qui fuyaient, mit pied à terre
au milieu d'eux : « Fuyez , fuyex , leur
criait-il, et abandonnez votre général
aux Turcs! » Au siège d'Otchakof, dà
il servait sous les ordres de Potemkine
(vo/.), il se laissa emporter trop loin par
son courage, et il aurait été perdu avec
600 hommes qui le suivaient, si le prince
Repnine {vay,) ne l'eût délivré. Le 1^'
moût^l 789, il remporta avec le prince de
Saxe-Gobourg, à Fokchani, une victoire
sur le sérukier Mehemed-Pacha. Sa ré-
putation grandit encore lorsque, sur le
nouvelle que le prince de Cobourg était
enveloppé par Tennemi, il courut è son
secours et battit oomplétement la grande
armée talque sur le» bord» do l^ynaik,
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(424)
SOU
le 22 scpUmbre de la même année. Cette
action d*éclat lui Talut le titre dé cornue
de l'Empire, que loi conféra l'empereur
Joseph, en même temps que Catheriqj^ le
nommait comte de l'empire russe, et l'ho-
norait du surnom de Rymnikskii. Chargé
par Potemkine de prendre Izmaîl, qui
depuis longtemps bravait tous les efforts
des Russes, Sonvorof, ne pouvant a/ne*
ner le commandant de cette importante
place à capituler, se d^da à livrer
l'assaut. Pour encourager ses soldats, il
leur promit le pillage de la ville et leur
ordonna de ne faire aucun quartier.'
Deui fois les Russes furent repoussé^ «vec
une Mrte énorme; mais ils B«yinrint à la
charge et emportèrent les retranchement}:
30,000 Turcs furent tués oU gravement
blessés, et 10,000 faits prisonniers. Voici
son laconique rapport adressé au prince :
«Gloire à Dieu et à Votre Excellence ! La
ville est prise, je suis dedans. » U £sliu(
huit jours pour enterrer les morts. De
tout le butin, Souvorof n^ prit pour lui
qu'un cheval. A. la pais de 1791, Githe*
rinellle nomma chef du gouvernement
d'Iékathérinoslaf , de la Crimée, et des
provinces conquises à l'embouchure du
Dniester. Il choisit Kherson pour sa ré-
sî&ence , et y passa deux ans. Mais la
guerre ne tarda pas à le réclamer de
nouveau. Lors du soulèvement de la Po-
logne, en 1794 (voy. T. XX, p. IB),
Souvorof fut chargé de la ramener à l'o-
béissance. Après plusieurs vii^toires sur
les patriotes, il prit d'assaut Praga^ et
entra, le 9 nov., dans Varsovie. Un ho^.-
rible carnage signala son triomphe. L'Jqi-
pératrice l'éleva au grade de feldmaré-
chal-général, et lui fit don d'un bâton
d^ commandement en or, ainsi que
d'une couronne de chêne enrichie de
diamants d'une valeur de 60,000 rou-
bles.
Sous Paul I^', Souvorof tomba en dis-
grâce , et fut destitué de son rang (sept.
1798); le séjour de Moscou lui fut dé-
fendu. U se rendit donc à PétersbSurg,
où l'intervention de l'Angleterre lui fit
bientôt rendre ses honneurs. A la de-
mande de l'empereur d'Allemagne, Paul
lui confia le commandement des troupes
destinéesà agi), de concert avec les Au-
4richienS| contre l'armée de la république
française en Italie ; l'empereur d'AUema*
gne mit ses forces soifs les ordres du gé«*
néral russe, en le nommant feldoAréohal
général. En avril 1799, Souvorof arrive
à Vérone; le 22, il rejoint l'armée sur
l'Oglio ; le 27, il passe l'Adda et remporte
avec Mêlas (voy.) de grands avantages
sur Moreau ; le 28 duméoie mois enfin,
il entre dans MiUfi et met à néant la ré-
«publique Cisalpine. Dans les mois eui-
^Vants, il enleva aux Français^ par des
victoires plus signalées sur la Trébia (17
juin) et à Novi (-15 août}, toutes leurs
tïonquétes dans U Haute-Italie. Enréoom-
pense de tant de sei^oes^ il reçut le ti-
tre de firince Ilaliiski (c'est-à-dire <P/-
talie). Par suite de changeoients apportés
dbna le plan d'opération , il traversa les
Alpes et pénétra énfijpisse ; mais il arriva
trop tard, ^asséna avait battu Rorsakof
prâ d4 Zurich, et l'avait forcé à repasser
le Rhiû. Ce revers et Itf retard des se-
cours qu'il attendait de l'Autriche, mats
qtoi n'arrivèrent point, forcèrantSouvorof
l^opéjrer sa retraite, poursuivi par les gé-
néraux Leconrbe, Molitor et Gudta jus-
que sur lés bords du lac de Constance.
Cerné dans la vallée de li Risuss, il se jeta
dans le Schackeqihal, et, prenant un étroit
sentier qui n'était connu qne des chw-
seurs de chamois, il arriva en&i aft vil-
lage de Mutten, oii'il opéra sa jonction
avec Korsakof. Ca|>énciant Paul, mé-
content <ie la cour d'Autriche, réi^lut
de rappeler son armée. En vain Souvo-
rof, qui avait pris ses quartiers d*hiver en
Bohème, lui r€|pré8enta«t-illa nécessité
^ de continuer la guerre : il Iqi fiaUnt obéir.
L'empereur décida qu'il ferait une entrée
triomphale à Saint-Pétersbourg et qu'il
serait logé dans le palais impérial ; un
monument devait aussi être élevé eft son
honneur. Mais, à peine arrivé en Russie,
Souvorof fut atteint d'une maladie qui le
força de s'arrêter dpns ses tenres en Li-
thuanie. Paul luienvoyason propre mér
decin, ej9 ordonnant de ne rien né^iger
pour conserver une vie au^i précieuse.
Cependant, au milieu ^ préparadfii de
son entrée triomphale ^ Souvorof tomba
une seconde fois en disgrâce. Depuis long-
temps la volonté de l'empereur était que
tous les généraux de l'année fussent nom-
més à tour^ do rôle général du Jour f et
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(*26)
SOU
Stvvorof aTtit cmmoîi k Dwte de ne pas
iFottloîr d^autre géoénl du jour que le
prince Bagratbion (voy.)y le seol de ses
iMatenants qu'il crût di^e de sa confian-
ce. PanI, en ayant été informé, fit Kre en
présence de tow les régiments un ordre
du jour portant qne SouTorof a^aît en*
«»ara un blâme pour n^avoir pas observé
une loi militaire rendue par IVmpcrenr.
Tous les préparatifs de l'entréetriomphale
forent suspendus à Tkistanty et la cham-
bre do palais impérial destinée à Sonvo-
mf, donvée ta prince de Mecklenbourg.
Souforof apprit sa disgrâce à Riga ; mais,
O0fnme M se lui avait pas été défendu de
paraitre à Saint-Pétersbourg, il continua
aa route et alla descendre chez sa nièce,
qui habitait dans on quartier retiré. Per-
a#nDen*o6a l'approcher. Le chagrin em-
pira son mal, et| s'étant fait administrer,
il attendit tranquillement la mort^ qui
Tenleva à l'âge de 70anl, 16 jours après
son arrivée dans la capitale de l'empire,
l« 1 7 mai 1 800. On lui fit des itfuérailles
magnifiques, et, en 1801 , Alexandre lui
fit élever une statue sur le Champ-de-Mars
de Saint-Pétersbourg.
SouTorof fot un homme extraordinai-
re. Maigca, languisunt, maladif dès sa jeu-
Besaè, il a^ndtteUaasenlendnrci soncorps,
principalement par l'usage des bains
froids, qu'il jouit toute sa vie d'unèexcel*-
leste santé. Il céuchait stfr une paillasse
avec une légère eouverture, et se nourris-
sait des mets les plut simples. R^n ne M'
cbaogé dans son genre de vie lorsqp^il
arriraau sommeidesgrandebrs. Sa garde-
robe se <!omposaitd'un uniforme et d'une
robe tle cbaÉibl^ en fourrure. Sa tempé-
rance et son aotivité lui conservèrent ju^
qu'à u« âge avancé toute Pardeur delà
jeunesse. Sévère oJMervateur des près-
criptiona de sa religien , il voulait que
tes subordonnés s*y confprmassent tout
aussi ponctuellement, et il les forait à
astlstev à des lectures édifiantes, les di-
mancfaesetles jours dé fête. Jamais il ne lui
arriva de dpnner le signal dSi combat sans
faire le signe de la croix et baiser l'image
de S. Nicolas. Inébranlable dans ses réso-
lutions, il était fidèle à sa parole et incor*
ruptible. Dans sesr discours et dans ses
écrits, il nffettait un st^rle laconique, el
souvent il rédigeait ses ordres et ses rap*
porU en méchants vers. Qnoiqu^foonnfit
plusieurs langues modernes, il refosa con-
stamment d'entrer dans une correspon*
dance politique ou diplomatique : il avait
coutume de dire que la plume ne conve-
nait pas à la main d'un soldat. La rudesse
de ses manières, son mépris pour toute
espèce de luxe et son intrépidité l'avaient
rendu l'idole de ses soldats , tandis que,
au contraire, les officiers le détestaient à
cause de la sévérité de la discipline^è la-
quelle il les assujettissait. Toute sa tacti-
que, disait-!l, consistait en trois mots :
Stoupaî i bif En avant et frappe ! Mats il
ne faut pas se laisser prendre à cette ap-
parente simplicité : Souvorof avait toutes
les connaissances militaires requises; seu-
lement il détestait les vaines pratiques et
les subtilités. Lorsque Paul adopta pour
ses troupes les queues et les boucles, Sou-
vorof s'écria : « Les queues ne sont pas dca
piques, ni les boucles de cheveux des ca»
nonsf» Ses adjudants, si par hasard il lui
arrivait de s^ouklier, étaient chargés de
lui rappeler les ordres du feldmarédial
Souvorof. t}n jour qu'il réprimandait un
soldat pour une faute dans le service, un
adjudant lui dit : « Le feldmaréchal Sou-
vorof a ordonné de ne pas se laisser em-
porter par la colère. — ' S'il a donné
un tel ordre , répondit- il , Il faut j
obéir », et il s'éloigna. Peu de généraux
pouva j^nt se comparer à Souvorof pour
le courage , l'esprit enirepre Aant , la
promptitude des résolutions et la rapidité
de l'exécutioB. On loi a même /-eprocbé
de ne pas assez mârir ses projet^ comme
aussi d'avoir manqué d'habileté dans ses
évolutions. D'un autre c6té, pn l'a accusé
d'unecxtrème cruauté; et quoique ses pa-
négyristes aient cherché à le laver de ce
dernier reproche , il est impessible d'en
absoudre tout-è-fait sa métaioire.— ^^o/'r
Histoire des campagnes du maréchat
Souwarow^ 3* éd., Paris, 17*9-1805,
8 vol. in-8<',et 8 vol.in-l2;deLaveme,
Htstoire du feklmaréchai Souwarow
liée h celle de son temps ^ Paris, 1809,
in-8«; Anthing(un de ses aides-de-cahip)»
Versuek einer Kriegsgeschichte' des
0rafen Sutparav^ Gotha , 1807, 8 vol.
in-8^; G. de Fuchs, ffistoire delà cam^
pagne auslro- russe de Vannée 1799,
ea russe, Pétersb. , 1 826, 8 vol. in*8<»; du
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sou
q^èoiet Corrêspomiance sftr la campa"
gne austro-Prusse^ Glogaa» 1835, 3 vqL
10-8® y et Anecdotes sur le comte Sou-
vorqf^ Lej|».y 1829, Tun fX l'autre en
allemaiMi ; F. de Schmitt, Suworow^s Ztf *
ben und BeerzûgCj YilDa, 1833-34, 2
Yol. io-8^ Dam ce womeoty M. Boulga*
rlne (vojr.) publie une Histoire p^^vAsàrt
et pitloretque de Souuorqf^ en ruiae*
Le feldmaréchal a laissé un fils qui,
devenu général lui-méaie, périt, en 1 820,
dans les eaux gonflées du Rymnik, té*
moin de la victoire de son père. Son fils^
ie prince ItaUiski actuel, quoique légère-
ment impliqué, ep 1825, dansUcoaspi-
Mtion contre le trône , devint aîde-de-
camp de l'empereur Nicolas» qui lui avait
pardonné, et est aujourd'hui général-
major à la suite. C. X.
SOUZA (ij>iLK FiLLEutt, marquise
n&), plus connue dans la littérature sous
le nom de comtesse de Fx^abâut, était
«ée en 17i^, au diâteau de Longpré en
Kormaqdie. Elle fut mi^iée fort jeune
«Il dernier fils de Charles-César d^ Fia-
haut (vo)r.), marquis de la Billarderie.
Les charmes de sa figure et les grâc^ d^
son esprit lui avaient déjà valu les suc-
cès de société les plus flatteurs, lorsqu'à-
près la chute du trône, la révolution
ouvrit devant dU une carrière de mal-
heurs où elle honora son caractère ^Mur
autant de résignation que de courage.
Son mari ayant jpéri, en 1793, ^r les
éqbaûittds de la Terreur di;essés à Arras
par Josegb Lebqn, M™^ de Flahaut,
ruinée par la loi de coufiscatioui tiouva
le moyen de se réfugier en Angleterre
avec son fils unique , à peine âgé de 8
ans. La tendresse maternelle développa
en elle le principe d'un talent qui fut
alors ton seul moyen de subsistance^ et
a qui elle dut bientôt Ja réputation lit-
téraire la plus honorable, ^n premier
ouvrage, Adèie de Sénanges^ ou Lettres
de lord Sfdenham^ parut à Londres
en 1794,10-8^ (avec une' préface du
«aaftiuis de Montesquiou), et cette «uave
composition, où la simplicité du fond
est si bien en harmonie avec la pureté
de style et la giîce des détails, obtint
un succès que le temps n'a* fait que
coafirmer. Ce sucoèt s'accrut encore
par U comraaU faa foniiai«ia l«t éf àr
(416) S<W
DMM&ta de oatta ■«■**^^*^ én^ma mi^
le^ scènes touchaut^i, les labiaux pleîiia
de calme et de fraJicbeur que traçait U
pUime facile de M.°^* de Flahaut, aveu
c«t art qui est la vérité mto^ L'auteur
se vit dès lors è portéf de se livrer» sur
une terre étrangère, aux soins que d»»
mandait l'éducation . de son fib qrplie*
lin, ^ elle en obtint les ^us heureux ré-
suluts. En 1796, ell^ passa de Londrai
à Hambourg, où fut publiée la 2* édit,
de son roman, souvent réimprimé depuia.
Le jeune duc d^ Chartres se ^-ouvait aloea
en Allemapie, et la comtessA émigrée û%
preuve du plus entier dévouement è l'é*
gard du prince proscrit. Ce fm. en 1799
qu'elle revint en Franee jivec son fila.
L'année suivante, elle fit paraiure son se*
cond ouvrage, Emilie et Alphonse^ o«
Xe danger de se Uprer à ses presniércs:
impressions (Paris|1799, 8 voLin-12)p
que suivit, en H02, Charles et Marie
(PariS| iQ-12). Bile épousa à la mém«
époque le masrquis don José- Maria à%.
Souxa (né à Oporto le 9 mars 1758 1^
mort à Paris le 1^^ juin 182^), ancien
ministre de Portugal en France, et oélè-*
bre éditeur du poème de Oamoêna(vc]rx*
ce nom).
M™« de Souza publia encore ; en 1 808,
Eugène de Rathelin (2 vol. in»12); en
1811, Eugénie et Mafhildcj qm Mémoi^
rcs de la /amitié du comte de Bevel (^
vol. in-12)|^ en 1820 , Mademoiselle
de Tournon (2 vol.. in-12)} en 1828^
Za Comiesse de Fargy (4 vol. in-12)i
en \^Z\^l4a€>uQheaede Cu^sCj^ ou 1/%^
tériem- d'u,a^aniUlc illustre du tempe
delà Ligue, drame en 8 actes (in-d^);
enfin, de 1821 à 1822^ les OEuvres
complètes de M^* de Souza, revues^
corr* et augm^ont pafua Paris» ea 12
wl. in- 11 ou 6 xpl^ in-80, avec grav.
M"^^ de Souza est mortp à Paris, le 16
avril 1836. ^
' Legouvé et Chènier ont fidt un grand
éloge du talent de la niarquise de Sou;^
et cet éloge ot mérité. Jamais cet écri-
vain ne^perd de vue les bienséances de
son sexe, et nul autre n'a su mieux pré-
senter une leçon de morale sons la forma
d'une composition romanesque. La place
4e M™* de Souaa» en litt^atHre. noua
parait marquée a oôtd d« MM"^^ 4*
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soz
(«7)
5PA
Lamboi et de La Fayetle. Dans flcs éèritsy
comme dans ceux de ces deux femmes
célèbres, c'est la m^me simplicité de
moyens et le même charme d'^nécation.
Son roman à^ Adèle de Sénanges sera
toujours compté parmi les cliefs-d'œavre
du genre, et derra être nommé après
La princesse de Clèpes» P. A. V.
SOZOMËI9E (He&miaa) est du nom-
bre des écrivains qui ont consacré Je lan*
gage élégant des Grecs au service de la
religion. Né aux environs de Gaza en
Palestine, vers la fin du rv* siècle de
notre ère , il étudia la jurisprudence à •
la célèbre école de Béryte eu Phénicie ,
et, sous le règne de Théodose» le- Jeune
(408.450), il vint se fixer à Gonstaotî*
nople, oà il exerça la profession d'avo-
cat. Issu d'une famille zélée pour la foi,
plein de piété lui-même, il profita des
loisirs que lui laissaient les travaux du
barreau pour composer une Histoire et>
clésiastique qui nous est parvenue. Il y
fait connaître le triompbtr complet d^
obristianisme sur Tidolâtrie , lee luttes
soutenues par l'Église contre les ariens,
les novatiens, les monlabistes, les secta-r
teurs de Nestorius, sans négliger e»tiè»
rement les événeanents politiquesqui eu*,
rent lieu dans l'empire Romain depuis
l'an 323, où commença la seconde guerre
enire Lidnius et Gonstantin^le-Grand,
jusqu'en 439, ou au dix-septième con-
sulat de Théodose II, prince auquel l'oi^-
vrage est dédié. D'après le plan de Fau^
teur, cette hisU|ire, divisée en IX livr»,
devait être la continuation de celle d'En»
sèbe de Césarée. S«zomène paraît donc
s'être trouvé en concurrence avec son
contemporain Socrate le schplastique,
tequel^avicat comme lui, travairfarit dans
la même ville à hue histoire ecclésiasti-.
que qui existe encore, et qui', commen-
çant à l'avéneroent deObnstantin, finit à
la même année 4i89. D'à pressa cônipa-
raison attentive des deux ouvrages, il
semble même évident que Tun des deux^
auteurs a profité du travail de l'autre ,
et plUsi^brs raisons font soupçonner que
ce fut SozomèntB i\m eq,t connaissllnc^
des recherches et peut-être même de la
rédaction de Socrate, bien qu'il ne It
ci^ Iiat< Quoi qu'il en soit, ces deux hia*
loireai qui oe complétant mutuaHcmeat^
doirent être comptées pirmi les plus pré^
cieox monuments de Tantiquité ecclé-
siastique du iV« et d'une partie du ▼• siÀ*
cle. En général, Socrate fournit un pe«
plus de faits, mais Sozomène l'emporta
de beaucoup par l'a pureté du langage,'
où l'on reconnaît souvent une imitation
heureuse de la diction attique de Xéno»
phon. Bïipproché, à ce qu'il parait, des
personnages puissants de son éppqae ^
fort circonspect dans tout ce qui toucha
a la politique, il remplit les trois. pre«
miers chapitres du IX* livre de son bia^
toire du plus magnifique panégyrique ea
l'honneur de la princesse Pulchérie, hé«
ritière, selon lui, du courage et des ta*
lents ^u grand Théodose. Mais le livre
précédent offre des matériaux curieux
et authentiques pour la vie de S. Jean^
i%rysostome ; et si , cédant aux idées de
son temps, il rapporte dans d'autres en-
droits des faits qui décèlent une crédu-
lité extrênte; si, lui-même laïc, il ma*
Aîfes'te néanmoins une prédilection mar-
qua pour la vertMÛstère et quelquefois
intolérante *des cénobites de l'Egypte et
de la Palestine, il s'exprime toujours dana
un style qui. n'est pas indigne des tempa
classiques, l^es hellénistes et les théolo-
giens doivent donc éprouver quelques
regrets de la perte d*ttn autre ouvrage da
Sozo|nlbe cité par lui- même, et qui ser»
vait d'introduction à celui que nous pos«
sédons : c'étaittan Abrégé ïThùtoire ee^
tlésiastiquey depuis l'ascension du Christ
jusque la mort de Licinius(334), lequel,
pendant neuf années, disputa l'empire à
Gonstan tin-le-Grand .
L'histoire' ecclésiastique de Socrate et
celle de Sozomène ont éW presque tou-
jours publiées ensemble: La meilleure
édition de l'une et de l'autre est celle de
Cambridge, 1730, in*fol. ; l'éditeur,
GuillaumeReading,y a reproduit le texte
grec à peu près tel qu'il avait été donné
par Henri de Valois, Paris, 1668, in-fol.,
avec la version latine et les notes rédi-
gées par ce même savant. Il existe une
traduction française de Socrate et de
Sozomène faite par le président Cousin,
et publiée à Parb, 1676, in-4<». H.
SPA [SgaéMus vicus)f petite ville de
la Belgique , célèbre par ses eaux adinê^
ralaii est sîméf > à ll-tieMaattd-aU d«
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SPA
(428)
SPA
Liegei au pied d'une moDUgne escarpée,
dans un talion arrosé dans to|ite sa lon-
gueur par une jolie rivière. Ses environs
sont montueux et offrent les sites les plus
pittoresques. Elle comptait 3,645 bab.
en 1831. Suivant l'auteur d'une dîsser*
lation moderne, le mot spa ou espa
appartient au dialecte roman que Ton
parlait dans le pays de Liège, et signifie
fontaine. Quelques écrivains, s*appuyant'
sur un passage de Pline l'ancien [Hist.
Nat.p XXXI, 2), ont pensé que les eaux
de Spa avaient été tonuues des Romains;
mais la description du père de l'histoire
naturelle concerne la fontaine de Jon-
grès , et non l'une de celles djs la ville
dont nous tious occupons. C'est ce qui
nous parait établi d'une manière pér*
em'ptoire dans Vuibrégé de P Histoire de
Spa, ou Mémoire historique et critique
sur les eaux itUnérales et thermales de
la province de LiégCy etc., par L-B. L.
(J.-B. Leclerc), Liège, 1818, in- 18.
Les principales sources de Spa sqnt :
le PouAony la plus célèbre de toutes et
la seule dont on exporte les eaux ; la
ùéronstêref la Sauvenière^ le Groes^
becky ainsi appelée d'un ^aron de ce
nom, qui, en 1651, dut sa guérison à
l'emploi 3e ses eaux; les fontaines du
Tonnelet f au nombre de deux ; e|ifin le
fp^atrozp Les eaux de Spa , à la foli ga-
zeuses et acidulo-ferrugineuses, sont con-
sidérées comme fortifiantes, toniques^
apérilives, et par conséquent indiquées
dans les cas de faiblesse générale :bu de
relichement des tissus. Elles 8oot.^m-
ployées avec succès contre l'anorexie,
tes' engorgement^ des viscères abdomi-
naux, les suite^^es fièvres intermittentes
rebelles, les leucorrhées, l'hypocondrie,
rhystérie, la jaunisse, l'épuisement dû à
l'abus des plaisifs, l'hydropisie, cer-
taines affections chroniques des voies
urinaîres, même la gravelle et la pierre,
la chlorose , la stérilité (des femmes) , le
scorbut, les dartres hépatiques, etc.
Elles s'administrent en boisson, et quel-
quefois en bains, eu leur communiquant
une chaleur convenable. La saison com-
mence le 15 mai et finit le 15 oct.*Le
traitement dure de six semaines à deux
lAois. En 1816, un médecin anglais, sir
Ëdwin Goddeo Jones, a fait des pripci-
pales sources une analyse dont le résultat
est .consigné dans le Manuel des Eaux
minéraies naturelles deM.}A. Pâtissier et
Boutron-Charlard, 2« éd., Paris, 1887.
En 1327, Adolphe de LaMarck,
priqce - évêque d^ Liège , ay^nt vendu
12 boniers de terre qui. entouraient la
foiJtaine du Pouhou à Colin de 9réda ,
maître de forges, celui-ci défricha ce
terrain el y construisit quelques maisons.
Telle parait avoir été l'origine de Spe,
qui ne fut érigé en paroisse qu'en 1673.
Toutefois cette ville était alors , depub
u|i temps immémorial, l'un des cinq bans
du marquisat de Franchimont, qui , dèa
le commencement du xi* siècle, était
passé sous la domination de l'évéque de
Liège. Les eaux de Spa avaient acquis,
à la fin du xti* siècle , une réputation
européenne. Louis Guichardin, le savant
, Ortelius , BeYipârd Çalt^sy et Ambroîse
Paré en parlent dans leurs écrits. Picrre-
le-Gn^d but , en 1717, les eaux de U
Géroostère H du Pouhou, et, de retour
dans ses états, voulut qu'une insctîptioa
latine, jdu'pn lit au-cûssus de la porte
d'entrée de la salle du Pouhon , conser-
vât 1^ mémoire d% fétabUtsement de sa
sauté. Vers 1750, on construisit des bô-
telS| des saHes de bal, de jeu et de speo*
tacle, et ces établissements, vastes et
magnifiques-, attjfèrent bientôt une
grande affluence d'étrangera, surtout da
Hord et de l'Angleterre^ qui vinrent y
chercher la santé ou des plaisirs. L'in-
dustrie de^ bfibitants .sVxerce sur des
ouvrages de bois blanc peiol^ renommés
sous le nom de ^Ùe9 de Spa.
Outre Tintéreasant ouvrage,^éjà cité,
de téeclfstt ^ on peut cotisulter les âeax
, suivant»: Traité des ^aux minérales
de Spa, par J. Pb.>tfie Limbeurg, Liège,
1756, in-8®; Histoiha de Spa ^ etc.,
par t^de'^llenfagued'Ingihoul, Liège,
J80S, 2 vol. in-8^. . J£. R,
SPAHiS.ou SiPAHis, corptde cava-
lerie turque, dont onattribc^ l'organisa-
tion k Mouvad If, de, même que celle
des janissaires, f Autrefois, on en entrete-
nu jusqu'à 20|^00 hommes. Leur paye,
moiUant à 12 aspres, ou envison 8 sous
par jour, leur était soldée tous les trois
mois. Lorsquelssulthan commandait en
personne, ils recevaient, en outre, ainsi
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(^29)
SPA
qtte let jâiiisiftires , une gratifiaidop en
argent. Lat aroMB des spabb étaient le
aabré, la lance ou le jAvelot de deox pieds
et long, wp^iégén'ty qu'ils savaient lan-
cer avec autant de force que d'adresse ;
une large épée était, en entre, suspendue
à la selle du cheval. Quelques-uns por-
taient un arc et des flèches , ainsi que
des pistolets et des carahines; mais ils
faisaient rarement usage des armes à feu.
Ce corps était divisé en deux classes, dont
l'une avait, en campagne, un étendard
rouge ; et l'autre, un étendard jaune. Les
derniers, qui ftisaieot remonter leur
organisation jusqu'à Ali, diseiple chéri de
Mahomet^ formèrent d'ahord la première
classe; mais ils perdirent plus tard la
prééminence. Les spahis n'étaient soumis
à auesoe discipline pendant la guerre;
ils n'étaient divisés ni en régiments ni en
escadrons; ils marchaient en troupe.
Leur première attaque était impétueuse;
mais s'ils ne réussissaient pas à enfoncée'
l'enneibi, ils se retirafient en désordre, et
il était impossible de les rallier. Depuis
1826, les spahis sont organisés à 1^-
ropéenne : ifs forment un corps d'envi**
ron 1 1,000 hommes.
La France entretient, depuis quelqsea
années, dans l'Algérie, deux corps de ca-
valerie indigène qu'on appelle également
^his. L^organisatiôn de ces corps offrit
de nombreuses difficultés. Après plusieurs
eiiais sans résultat satisfaisant , l'ordoo*
nance dn 10 sept. 1834 vint en poser les
bases, en prescrivant de séparer les spahis
«ttxiliairesdes chasseurs d'Afrique, et d'en
former un corps spécial, divisé en spahis
réguliers ^t spahb inéguUen, L'effectif
des spahis réguliers fut d'abord fixé à 4
escadrons, avec 29 officiers et 566 squs-
of ficiers et cavuliers; mais leur nombre fut
ensuite augibenté. Dt^ corps semblables
furent formés à Bonç et à Cran, et l'on
comptait, en 1889,14 escadrons despahis,
dont 6 à Alger, 4 à Bone et 4 à Oran. Les
dépenses considérables que ce corps exi-
geait , dépenses hors de proportion avec
les services quUI rendait el les avantages
que l'on pouvait en attendre sous le rap-
port de la fusion des deux races, l'ont
fait supprimer en partie et incorporer
de nouveau dans les chasseurs d'Afri-
que. L'uniforme des spahis consiste en
un giltft bien, un pantalon également
bleu, très ample el serré par une cein-
ture qui descend jusqu'au-dessous du ge-
nou, une veste garaince ouverte par de-
vant, et un burnous garance : cette der-
nière partie de leur vêtement est un
manteau fermé sur la poitrine par de
fortes agrafes, et muni d'un capuchon.
Une longue ceinture de laine rouge en-
veloppe le ventre et les reins ; la tète est
garantie par un turban rouge. Le, sabre
est placé sur la selle horizontalement,
sous la cuisse gfiuche du cavalier, selon
l'usiné, du pays, ce qui empêche cette
arme de battre dans la jambe du che-
val et de £ûre du bruit en frappant
contre les étriers. Le' fusil se porte en
bandoulière; les pistolets au côté gau-
che, dans un étui ; la giberne, de forme
arabe, tombe sur la hanche ; derrière la
selle est un bissac qui renferme les vivres
et Torge ; le fourrage se place par dessus.
Les distinctions de grades sont les mê-
mes que dans les corps de hussards, et
les broderies sont proportionnées a la
solde, qui varie depuis 6 fr. jusqu'à 60 c.
par jour, selon le grade. Le recrute-
ment se fait par engagements volontaires
die trois ans. Le commandant et la moitié
des oUfiders et sous-offtciers doivent être
français. Les spahis irréguliers ne for-
ment pas un'èorps permanent: ils ne sont
requis que dans certains cas. Ce corps se
compose des colons européens, des indi-
gène» établis dans les districts soumis, et
cfes contingents des tribus alliées. On
n'évalue pas à plus de 600 le nombre des
spahis irréguliers qui peuvent être appe-
lés sous les armes. dans la province d'Al-
ger; ce nombre est moindre encore à
Oran et à Bone, et jusqu'à présent on
n'a point organisé de corph semblable à
Gonstantine. X.
SPALDING (Jkak- JoAGHui), un des
théologiens les plus distingué»du xviu*
siècle. Né à Triebsees, dans la Poméranie
suédoise, le 1^' nov. 1714, il fitses étu*
des à RosTock et a Greifsveald. Il avait
déjà publié plusieurs ouvrages sur l'his-
toire ecclésiastique, U philosophie et la
morale^ lorsqu'il fut nommé secrétaire'*
de l'ambassadeur suédois à Berlin, en
1 745.11 remplit ceue place pendant deux
ans , mais sans renoncer à la carrière pas-
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SPA
(480)
$fik
•I es 1760 ii 4ilMûitU oftiM de
LMiaha; en 1767, il fili;Apfrié « rem-
plir lei fooietiOBt de premier prédioeteur
à Barth. Ce fat vers cette époque qu'il se
mit k oomposer œs oavreges de thédheir
gie populaire qui lui ont valu une «i
grande réputation. En 1764, il fut choiià
pour premier paaieur de l'église de Saiet^
Nicolas, à Berlin. La dignité, méiée de
politesse et de bienveillance, avec laquelle
il s'acquitta de ses fonctions, ainsi que
toute sa conduite, lui méritèrent le res-
pect généraL Ses sermons fiuaaient une
impression profonde; il savait donner à
la reliïpioo une puissance inréustible , en
qnissant le sentiment à la raison, et eo
mettant les idées les plus sublimei à la
portée des intelligenoes les plus vulgaires.
Son orgaÂe n'était pas éten^a» bmîs flexi-
Me, sonore, pur, et l'ooaion de sa pa-
role avait en soi quelque chose d'atten-
drissant. En 1788, à la publication de l'é«-
dit de religion de Frédérie^Guillaume II,
Spalilittgeut le courage ^e donner sa
démission, d^iai^he qui augmenta en-
core l'estime qu'à Berlin on avait ppur
lui. Il mourut le 28 mars 1804, à l'âge
de près de 90 ans. Un vrai ulent ora-
toire, une érii^ition peu oommope, on
esprit lucide, des moeurs irréproclubles,
un sèle ardent pour la vé(;ité, une ap-
plication soutenue k rempfir consc^n-
deusement ses devoirs, telles étaient les
qualités qui le distinguaient. La plupart
de ses écrits se font remarquer autant par
k clarté des idées que par la pureté du
style. Outre ses sermons, on cite son traité
Pè la destination de rhomme^ qui oom -
mença sa réputation comade écrivain (il
y en a 8 trad. franc. , par la reine de
Prusse Élîsabeth-Ghristine, Berl., 1778,
in-8o; Desdal, 1752, in-d*", et par un
anonyme, 1765, in- 8°; Formey en pu-
blia une imitation, Berl. , 1760, in*S®),
ses Pensées sur ta 'valeur des sentimenti
dans le chnsiianisme^ son ouvrage Sur
VtttUitéde la prédication j le traité inti-
tnlé : La religion considérée comme le
premier des intérêts pour thomme^^Cy
fui tous ont e«[ plusieurs éditions — Son
U, Obo&ocs- Louis Spalding ,* né en
1762, mort il BerliB,.eD 181 1 , professeur
•u collé($e de Berlin et membre de l'Aca-
ttm fWlola|at, On hii'd&it,«ritrè Mitn%
une édition de Quintilien. C. JL
SPAliLAUZANI (Lâimib), savant
naturaliste, né le 12 janv« 1720, à Seau*
diauo, dans le duché de Modèile, fit ses
premières études k Reggio, et alla se per«
fectionner » Bologne. Gédani aux vcsnx
de sa famille, il reçut les ordres, mnis il
n'en coatîiNia pas moins ses études litté-*
raires et scientifiques, qui hiî firent don-
ner en If 54 la chaire de logique, de
métaphysique et de littérature grecque
à l'ufiiversité de Reggio. Cependant il se
sentait spécialement attiré vers l'étude dea
sciences naturelles, el, après avoir achevé
un -grand travail sur Homère, où il releva
plusieurs erreurs comipises par les tra»
ducteurs, il alla fairecine excursion dans
les- Apennins, d'oà il rapporta d'excd*
lentes observations. A oompier de ce
moment, Spallanzani ne cessa de publier
ses recherches sur les phénomènes terres-
tres etFSur ceux de la physique animale.
Il s'attacha à Tétude de la reproduction
des animaux à sang froid, sur lesquels il
fifrde curieuses expériences. U porta en>-
suite ses investigations sur la circulatiott
du sang et sur l'histoire de la génération.
Ces divers travaux lui valurent la chaire
de professeur d'histoire naturelle à Pavie,
et lui enfiroit offrir d'autnes, qu'ilrefosa,
à Paris et à Saint-Pétersbourg. En 1 77^,
il entreprit un toyage en Suisse, destiné
à compléter les pollections du musée dont
il avait la direction. A son retour, il
s'occupa de nouvelles expértenoes sur
la digestion et sur les fécondations arti-
ficielles. En 1785, il partit pour Con-
stantinople, pénétra dansrAsie-Mineure^
visita ensuite ht Yalachie et la Hongrie,
puis, après un court séjour à Vienne, où
Pemperenr lui fit un honbr^le accueil ,
il revint en Italie, chargé de précieuses
conquêtes pour le -musée de Pavie. En
1788, il voulut étudier ^éruption du
Vésuve, et, à la suite de cette dernière
excursion, il vint reprendre ses travaux,
au milieu desquels il mourut d'une atta-
que d'apoplexie, le 8 févr. 1799. Ses
nombreux ouvrages, tous écrits en italien,
et publiés à Modène on à Pavie, ont été
recueillis en 16 vol. in- 8^, et ont obtenu
les honneurs de la traduction en France,
demie des sciences, s'est fait «m nom oom^ ^ en Angleterre et en Allemagne. M. Ali<-i
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8Pn.
(481)
SPk
Mfl ftUMRpOié Pêto^ &6 vpiniilEMiI , et
ron doit àSeambter, «DUsmitetsM tm-^
àttctÊnr^ une aolioe historique tor laTie
et les écrkt de oe samiit. D. A. D.
9PAN9BilI (ÉziCttiEi) , né à Ge-
mhtj le 7 déc. 1619, saiWt en t649 son
f ère, Frédéric Spânlwim (théologiett fort
instniity nets fbit intolérant, né en 1 590,
aort en 1M9), k Lejde, où Saumafae et
Heinsias le prirent en amitié. 9a riile na-
tale l'ayant nommé professeur de belles-
lettres en 1661, 11 se fit esthner è td
point, qne dès l'année suivante il fin élu
laembre du ^and conseil. 9a renommée
décida rélecteur palatin à lui confier l'é-
éweation de son fils. Spanheim profita de
Mtte occasion pour étudier a fond le
iroit publie d'AHeiftagne. Après avoir
^ité ritaKe, et y avoir continué avec
«rdenr ses études archéologiques, partie
tmlièremènt en ce qui uonceme la nu-
mismatique, il retourna, en 166S , à
Beidelberg. Bientôt après, du consente*
ment de l'électeur palatin , il entra au
aervice de celui de Brandebourg , qui le
nomma son envoyé extraordinaire à Pa-
ris, où il passa neuf années. A son retevr,
Il fot élevé sia poste de ministre d'état^
'H H prit part aux négociations qui ame-
nèrent la paix de Ityswick. Le roi de
Prusse, Frédéric!*', hii conléra le titre
de baron et l'envoya auprès de la reine
Anne, en qualité d'ambassadiBur extraor-
dinaire. Il mourut en Angleterre , le 7
Hov. 1710. Spanheim /qui s'est fieiit une
réputation, surtout comme antiquaire et
«uitique, avait une instruction profonde.
Son principal ouvrage est intitulé : De
usu et prwstantid numismatum anti-
^uomm ( Rome, 1664 et suiv. , in- 4^ ;
la meilleure édit. «st cdie de Londres et
Amsterdam, 1706-17, 2 vol. in- fol.).
Ses remarques sur CalBmaque, Julien
«t d'autres écrivains, ainsi que ses Disser-
tations sur divers points d'antiquité, insé-
rées dans le Thèstmrus de GitevioSi sont
4i'eieeltents morceaux de critique. — ' Son
Mre FliiÊDiaic, né è Oetlève, le 1*' mai
(MS, s'est fait un nom par ses éerits
théologiques. On lui doit , entre fUtres ,
«ne dissertation sur la papesse Jeaptie
i^f*), dpntilstratientrenstencé. Après
«voir terminé ses études à Leyde, il pro*
fnsa ancoMsivement à Heidelberg et I
Leyde, et mourut le 18 mal 1701. Ses
(Êuvres ont été publiées ï Leyde (1701-
1768, B'vol. hi-fol.). C. L.
SPARADRAP, nom emprunté de
l'arabe, et qui s'applique à tout emplâtre
agglutfnÉlif(vo)r. ) étendu sur du liuge
ou sur du papier : le taffetas d'Angleterre,
par exemple, est un sparadrap. Z.
SPART ou Spartk [stipa tenacissi-
ma , L.), graminée commune en Espa-
gne et dans le nord de l'Afrique. Ses
feuilles, longues d'environ 2 pieds, mab
très menues, sont cylindriques, coriaces,
flexibles, et extrêmement tenaces; c'est
avec elles qpi'on confectionne les nattes,
upb, cordons, corbeilles, sandales et au-
tres ouvrages connus dans le commerce
sons le nom de sparterie. Ed. Sp.
SPARTAÇOSj^wx. Esclaves [guer-
re des\ GaAssus, et Foyaïieh.
SPARTE ou LAcéDéMoz^, aujour-
d'hui le cfaef-lîéu du gouvernement de
ce dernier nom en Grèce {yoy. T. Xllt,
p. 12), était'Qadis la capiule de la Laco-
nie {voy.) ou de l'étal des Spartiates.
Située sur la rive occidentele de TEu-
rotas, elle avait 48 sUdes ou 1 ^ mille
de circuit. On aperçoit encore les ruioes
de la ville ancienne auprès de la ville de
Mezîtbra ou Mistra, entièrement peu-
plée ^e Juifs. Sparte ne formait pas un
tout régulier et continu : elle consistait
en cinq bourgs qui ne furent enfermés
dans une enceinte commune que 300 ans
av» J.-C. Parmi ses curiosités, Pausanias
cite le marché, oft se trouvaient réunies
les mabons d'assemblée de toutes les au-
torités de la république, et qui était oroé
du célèbre péristyle (Persikè) construit
avec le butin fait sur les Perses : au lien
de colonnes, le comble était supporté par
les statues en marbre bUnc des généraux
petses; le chœur, avec les sUtues d'Apol*
Ion, de Diane et de Latone, où les éphè»
bes exécutaient leurs danses aux gymnoh-
pédies; labaroneta, palais des rois de la
famille d'Eurysthène, dans la rue Apheta,
ainsi nommée parce que le peuple l'avait
achetée de la veuve de Polydore pour
un troupeau de boAifs| les lesdiés (voy.)
ou maisons d'assemblées publiques, où
les citoyens se réunissaient pour dénbé-
rer sur les afifaires de l'état ( il y en avait
deux : la lesché des Crotenes, près dea
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S9h (4â3)
4m A^de», ci U letcké
Pœcile); le temple de Minerta PoUoa-
chos (Calci(Bcu) tnr Vecropole, partie la
plus élevée de la yille^ etc.
Noos avods déjà fait connaître, à l!art.
LTCUAGUBySur quelles bâtes cooatitatifet
ce g^and législateur fonda l'état de Spar-
te. Il ne nous reste que peu de chose à
dire pour compléter ces données.
Lei Spartiates se distinguaient de tooa
les autres Grecs par leurs mœurs, leurs
coutumes et leur constitution politique.
Les rois ne régnaient que par la volonté
du peuple; ils ne jouissaient pas d'autre
préroga^e que de donner les premiers
leur avis dans les assemblées publiques,
de juger, comme arbitres, les différends
qui s'élevaient, et de commander les ar«
mées à la guerre. Le peuple ne leur payait
aucun impôt; mais ils possédaient des
terres considérables, et avaient une. part
importante dans le bulin fait sur l'en-
nemi, ainsi que la première place dans
les repas publics. Les Spartiates, c'est-
à-dire les descendants des- Dorieos qui
s'étaient emparés de la Laeonie sous la
conduite des Héraclidm, ne s'oecupaient
que de guerre et de ohasse; ils laissaient
aux ilotes (voy,) le som de cultiver la
terre* Quant ans Laoédémoniens ou
Périoeques, qui descendaient des anciens
habitants du pays, ils se livraient au com-
4k %Mm.
merce, à la préparation de la pourpre,
à la navigation, à ta fabrication des armes
et des ustensiles de fer. Si les Spartiates
remportaient sur les Lacédémooieos em
moralité et en civilisatimiy ces derniers
leur étaient supérieurs en industrie, et il
n'est question que d'eux lorsqu'on parle
des fabriques de la Laeonie. Avec le
temps les deux race» se mêlèrent et se
confondirent; mais jusque -là les Spar-
tiates et les Lafiédémeniens (ces derniers
étaient de beaucoup les plus nombreux)
formèrent.entre eux «ne espèce de con-
fédération républicaine ayant ses assem-
blées nationales, auxquelles les villes en-
Ti^îent leurs députés. Leurs contribu-
tions pour lesgtterres, tant en argent qu'en
hoipmes, étaient le seul impol que lea
Lacédémopiens eussent à payer à lenrs'
vainqueurs, les Spartiates, contre qui ils
nourrissaient une jalousie pleine de pé-
rib. Cette jakMUÎe éelata nommément
la fMrra 4k ^IMm. P^
villea es k Laooiik rappelèrent
knrs tvonpes et les envovèrent combat-*
tre sous Im drapeaux d'Epaminondae.
Le earactère des Sparûatei se fiskait
remarquer par sa rigidité, sa dureté $
leur opiniAtreté a beaucoup oontribué à
élever la république au haut degré de pok»
sauce où elle parvint. Aucun malheur,
aucune défaite n'étaient capables de ka
faire fléchir; ils n'en montraient que phm
de constance à atteindre le but qu'ils se
proposaient; nMlbenreasement ils ne
reculaient, pouf y arriver, ni devant U
manque de foi, ni devant k trahison,
comme cela eut lien, antre antres, dana
les guerres de Mesaénie» Ils enrrompir«Bt
le roi Aristocrates et k poussèrent à
trahir ks Messéoiens, en même tempe
qu^ils gagnèrent l'orade de Delphes «t
s'en servirent comme it'un instrumast
docile pour la réenrite de leuiu projets.
L'âge auquel les Spartiates pouvaient m
marier avait été fixé par lee lois de
Lycurgue à 80 ans ponr les hommes, et
à JIO pour les femmes. Une Spartiate de-
venait-elle eneeÎQte, on devait suspendra
dans sa chambre les porttaits des phia
beaux jeuneagens, afin qne oeUe vue ezc»»
çàt une heurense inteenae snr l'enknt
qu'elle portait dansson sein. Il est proba-
ble que les femmes aeccmcbaient sans k
secnam d'une sage-femme. Si c'était d'un
garçon, on se gardait de Pemraaillotter,
mais on lui laissait le libre mouvement
de ses membrjw, et on le conchail sur un
bottoHer» Tandis que. les autres Grecs k-
vaknt les nonvuau-nés dans de l'eau et
les oignakttt d'hoNe , kngtempe lea
Spartktm les plongeaient dans d^ vtn,
étant d'avis quViÉ baîA de vin oocar^»
sionoe aux enfants débiles des con-
vulsions suivies de mort, et qu'il affer*
mit au contMdre k santé dei âfisnii
robustes. L'épreuve éiait-eHe favurabk/
l'eut recevait le nottveau-né|au nombre
des citoyens ;< dans k cas contraire, cm
k jetait dans nn goufre dn^apont Tqr*
gète. L'exposition diBS enfants, peranan
dans toutes les autres républiques grec-
ques, était défendne à Sparte. Là ik
éuient élevés très durement; ils ne
portaient jamais ni maiHou ni brassières;
mais on les bev^aît en Imprimant om
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SFA
(4a3)
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mmumM. •« bo«cli«r q«i Umr ttnraii
de bercMtt, Pour les hiibituer à sap-
porter la faim , on ne leur donnaitque
des alimenU léf^rs et en petite quantité.
La corpulence était en grande défaveur :
tons les dix jours, chacun se présentait de*
vant les épbores , etcelui qui était jugé
trop gras était soumis à une punitioa.
Pans toute la Grèce, le yin n'était dé*
fendu qu*aui filles; on en donnait aux
giurçons dès leur plus tendre enfance.
A Sparte , on coupait à ces derniers les
cheveux, qu'il ne leur était permis de lais-
ser croître que quand ils étaient dans
Page viril. Ordinairement ils allaient
tout nus, et ils offraient ainsi le plus
souvent le spectacle repoussant d'une
grande saleté. Il fallait qu'il fit bienmaa-
vais temps pour qu'ils portassent des
sandales, et trèa froid pour qu'ils se cou-
vrissent d'une robe. Us devaient se pré-
parer eux-mêmes leurs couches avec des
roseaux de l'Ëurotas. Jusqu'à Fâge de
7 ans, les enfants Spartiates resuient dans
le gynécée sous la surveillance des fem-
mes. De 7 à 18 ans, ib étaient considé-
rés comme adolescents (irpaarô^cc); jus-
qu'à 30, ils s'appelaient jeunes gens
(ifnêoi); ils entraient alors dans la caté-
gorie dcfl hommes iaits et jouissaient de
tous les droits civils. Dès qu'un enisnt
arrivait à l'âge de 7 ans, la répabKque
l'enlevait à son père pour se charger
seule de son éducation. De quelque rang,
de quelque classe qu'ils fussent, tous les
jeunes Spartiates étaient élevés d'après
un plan uniforme. Le père qui ne vou-
. lait pas laisser à l'état le soin de diriger
l'éducation, de son fils était privé de ses
droits de citoyen. Nons ne reviendrons
pas sur ce qui a été dit à l'art. Ltgue-
ous, touchant la manière dont on cher-
chait à développer le corps desen&nts par
lesexercices gymnastiques et par l'orches-
triqueou danse qui faisait partie de l'édu-
cation physique. On y a parlé aussi de la
fête annuelle de Diane Orthia (eUamasii'
gosiê\ à laquelle les en&nts étaient con-
duits devant l'antal de la déesse; en pré-
sence d'une foule de spectateurs , ils
étaient fustigés avec tant de violence qne
plusieurs mouraient sous les coups. La
prêtresse de Diane tenait en main une
petite statue de la déesse en bois, très lé-
Bmcyclop. d. G. d. M. Tome XXI,
gère. Si elle s'a|t«rtevai« qn^un enfant
était ménagé, elle s'écriait qne la déesse
devenait si lourde qu'elle ne pouvait
plus la porter, et à l'instant les coups re-
doublaient. Les parents, qui assistaient
à cet affreux spectscle , encourageaient
leurs enfants , et les enfants à leur tonr
se disputaient l'honnenr de subir l'é-
preuve avec le plus de fermeté. L'enfant
quinnourait tons les coups était honoré
d'une sUtue. Pour habituer les jeunes
gens à l'adresse, à la vigilance et à l'agi-
lité, on leur permettait jusqu'à nn cer-
tain point le vol, c'est-à-dire qu'on an-
tori|ai%cenx qui avaient faim à voler des
aliments de peu de valeur. Se laissaient-
ils surprendre, ils étaient fustigés ou con-
.damnés à un jeune absolu , ou bien on
les forçait à danser autour d'un autel en
chantant des chansons satiriques contre
eu»>niêmes. La crainte de la honte qu'ils
encourraient en se laissant ainsi surpren-
dre iospiAi souvent les actions les plus
extraordinaires.La natation étaitanssi une
partie essentielle de l'éducation. On s'at-
tachait à donner aux enfants des senti-
ments de rétenue et de modestie. Ils de-
vaient s'exprimer en aussi peu de mots
que possible : aussi la brièveté des dis-'
cours et des réponses des Lacédémoniens
était-elle célèbre sons le nom de iaco"
nisme {voy,). Seuls de tous les Greos, Kes
Spartiates méprisaient les sciences, qui
étaient entièrement exclues de l'éduca-
tion de la jeunesse. Tout leur savoir
oonsistait à obéir aux ordres de leurs
supérieurs , à supporter tontes les cala-
mités possibles , à vaincre ou à mourir
dans les cémbats. Quant à l'éducation
politique, les Spartiates cherchaient à
donner aux jeunes gens uneconnaissanoe
approfondie >4es lois de leur patrie; et
comme ces lois n'étaient pas écrites, on
les leur expliquait verbalement. Ils ne
cherchaient pas arec moins de soin à
les rendre aussi sensibles qne possible à
l'honneur et à la honte. L'éducation des
enfants du sexe féminin à Sparte était
toute différente de ce qu'elle était à
Athènes. Au lieu de rester an logis, de
filer la laine, de s'abstenir de vin et d'une
nourriture trop succulente, on apprenait
aux jeunes filles Spartiates à danéer, à
lutter, à courir dans la lioe^ à lancer le
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(434)
^Pk
èà^oêf etc., à ikmi n^et mi public;
et dans tous ces exercices elUs ftiseient
presque aulaDt de progrès que les jeoD^i
gens. Toir Manso, Sparta (Leipi., 1800-
f805, 8 vqL Id-8<»); Lachmano, Com^
titutton de Sparte^ etc. (Berlin^ 1838).
Bistoire. LacédémoD , fils de JupKer
et de la nymphe Taygète , ayaot épousé
Sparts, ille d*£oroUs, roi des Lélè^,
tBCoéda à soo beau-père et donna à cette
contrée le nom de Laoédémone, et oelai
de Sparte à la Tille qi^'il bâtit. Mais, d'a-
près la chronologie ordinaire , Lacédé-
BMQ yéeat au moins 150 ans après En-
rotas. De ce que la mythologie -le /ait
naitre de Jupiter et deTaygète, on a oon-
ein qu'il fut, comme tous les HeHèpes ,
«■ descendant de Deucalion et un des.
chefs de la colonie achéenne qu'A.rchan-
dre et Architelès, petit-fils de Xuthns,
«onduisirent dans la Laconie après lèu|'
expulsion de la Phthiotide. Ce fui lui
probablement qui décida les tbotigènes
à reocToir les Achéem et à se confondre
atec eux sous le nom commun de Lacédé-
moniens. Parmi ses snooesseurs, on cite
Tyndare, moins célèbre toutefois que ses
fils Castor et PoUnx, en qui s'éteignit la li-
gne masculine des descendants de Lacéd^
mon. Leur sœur Hélène, en épousant Mé-
nélas, le plaça sur le trône de Sparte qui
a^itdéjà été occupé par cinq rois.Ménélas
laissa, deux fils , Nicostrate et Mégapen-
thès, qui moururent sans avoir été mariés.
Les Laeédémoniens donnèrent la cou-
ronne au fils d'Agamemnon , Oreste ,
époux d'Hermione, fille de Ménélas, qui
léonit à ses nouTcaux états Argos etltfy-
cène. Sous son fils, Tisamène, environ
l'an 1080 av. J.-C, Sparte fut conquise
par les Héraclides {voy,)^ qui y éuhlirent
une dyarchie ou gouyemement de deux
rois. Ni leur mère, ni l'oracle de Delphes
n'ayant en effet voulu décider la ques-
tion de primogénitnre entre les deux fils
jumeaux d'Aristodème, Enrysthène et
Prodès, ib régnèrent conjointement sur
la Laconie, qui n'était alors qu'une pro-
vince de LaoédéiDone, quoiqu'on les ait
confondues pins tard, et leurs successeurs
contintièrent à partager le trône sons la
tutelle de leur onde maternel 1* béraa*
Cependant les Laeédémoniens n'eurent
pat iQJet de it félidter de l'arrivée àm
ces faroQclNi étrangers, qui, èftdemrsiè-
des environ, sons sept rois des deux braiH
ches^rédaisirent le pays en nn désert et fi«
nirent par se déchirer entre eux. Les sept
rois Eurystkénides forent Enrysthène,
Agis (dont les successeurs prirent le nom
d'^^rVif/), Échestrate, Labotas, Dorysse^
Agésilaset Archélaâs; lesseptde la branche
des Proclidesy Proclès, Sous, Eurypon
(don t les successeurs forent appelés^airf-
pomtldes)^ Prytanis, Eunome, Polydoctn
et CharilsAs. Ces rois n'étaient pas seu*
lement en guerre oontinoelle avec lenre
voisins , surtout avec les Argiens , ils io
traitaient aussi en ennemis entre eax.
Enrysthène et Proclès déjà ne furent
jankais d'accord, et leur inimitié se traos*
mil à leurs descendants. Il en résulta que
le pouvoir royal s'affaiblit de plus en
plus, et le peuple gagna en puissance
(ont ce que ses cbefii perdirent. La mo*
narchie ou plutôt la dyarchie dégénéra
en ochk>cratie.
Le restaurateur de sa patrie fut Ly*
curgue (voy») qui, 880 ans av. J.-C, loi
donna une nouvelle constitution. L'état
reprit «ne vigueur qui ne tarda pas a se
manifester dans les denx longues guerras
de Messénie (vof .), guerres qui se termi-
nèrent, en 888, par la soumission cooh-
plète des Messéniens. Ce fut sons le rot
Léonidas {voy.) que Sparte atteignit an
faite de. la gloire. Le combat des Ther-
mopyles, 480 ans av. J.-C, fit rejaillir
sur elle nn tel éclat, qu'Athènes elle*
même n'osa pas lui disputer le comman«
dément en chef de l'armée grecque. Les
Spartiates, d'ailleurs, se montrèrent di-
gnes de cet honneur en mettant sur pied
' an%foroe considérable et en remportant,
avec le secours des alliés, sous la con-
duite de Pausaniu (vo/.), tuteur dn
jenne PlistiMC^ue, fils de Léonidas, la célè-
bre victoire de Platée, l'an 479 av. J.-G.
Le même jour, la flotte grecque, com-
mandée par le roi Léotychidèe et le gé-
néral athénien Xanttppe, battit les Per-
ses à Mycale (vof. ces noms) et détrui-
sît leur flotte. A mesure que la puissance
politique de Sparte se développa, la d-
vilisaiion fit des progrès^ Le pouvoir
royal fut renfjçrmé dans des bornes pins
étroites, et l'autorité des magbtraU poai
puhîiia appelés éphores {voy,)^ proba«
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SPA
bttiïiietit Infttîtués pendant tes cnerres
metténiennes, prit plus d'extension.
Après avoir vaincu les Perses, les Grecs
tonmèrent leurs armes les uns contre les
antres. La jalousie deSparte contre Athè-
nes alla si loin» qu^etîe prétendit s'op-
poser à la construction des murailles
du PiréCy sous prétexte qu'en cas d'une
guerre nouvelle , les Perses pourraient
y trouver un point d'appui. Thémisto-
cle, qui avait pénétré les véritables mo-
tifs des Spartiates, eut recours à une ruse
qui redoubla la Haine cfe ces derniers. A
ces motifs d'irritation s'en joignirent d'au-
tres encore. Pausanias mécontenta les al-
liés par sa conduite tyrannique, et la li-
gue grecque mit à sa tête Athènes. Dans
cette circonstance, Sparte montra une
modération qui lui fut plus utile que la
vengeance. Les Athéniens indisposèrent
& leur tour les alliés par leur hauteur, et
l'hégémonie {vof,) passa une seconde
fois aux Spartiates. Prévoyant une rup-
ture, ces derniers se hâtèrent de faire
en secret leurs préparatifs, en sorte que,
quand Athènes rompit formellement l'at-
ïiance, ils se trouvèrent prêts à commen-
cer les hostilités. Telle fut l'origine, 431
ans av. J.-C. , de la fameuse guerre du
Péloponnèse (vo/.), qui porta Sparte au
plus haut point de puissance et ruina pour
fongtempsPinfluencepolitiqued' Athènes.
Cependant la jalousie qui éclata entre le
général Lysandre et le roi Pausanias ame-
iuL une révolution dont les Athéniens pro-
fitèrent pour s'affranchir de la supréma-
tie de Sparte. L'appui prêté par cette
dernière ville au jeune Cyrus l'engagea
dans une nouvelle guerre avec le roi de
Perse Artaxerxès,dont le trône fut ébran-
lé jusqae dans ses fondements par les ex-
ploits d'Agésilas (yojr,) en Asie. Mais le
héros' fat rappelé au milieu de ses succès
pour tenir tête à la ligue formée par Tor
du grand-roi entre Athènes, Thèbes, Co-
rinthe et quelques vflles du Péloponnèse.
Les Thébains furent battus à Coronée.
D'un autre c6té,l' Athénien Conon (vojr,)
défit Pisandre et lui enleva 50 galères.
Cette guerre , appelée guerre de Gorin-
the et de Béotie, dura É ans. Les armes
des Spartiates furent rarement heureuses,
tandis que les Athéniens , au contraire ,
par les victoires de Conon et ses brillan-
(435) SPA
tes expéditions sur les eôtes de la Lacoo
nie, ainsi que contre quelques lies de la
mer Egée, reconquirent ^n partie leur
ancienne puissance.Sparte se décida alors
k envoyer au roi des Perses le sage AntaU
cidas (vo/.) pour lui demander la paix et
le détacher de Talliance d'Athèoes. Com-
me les Athéniens avaient irrité les Perses
par leur orgueil et leur arrogance , An-
talcidas réussit dans sa négociation, et la
paix, fort avantageuse pour les Perses, à
laquelle il attacha son nom.,délivra Sparte
de ses ennemis, l'an 388 av. J.-C.
Les vues intéressées et ambitieuses
qu'avaient eues les Spartiates en signait
cette paix ne tardèrent pas à se manifes-
ter clairement. Ils continuèrent à oppri-
mer les alliés et k semer partout la dés-
union pour avoir le droit d'intervenir
comme arbitres. Sans parier de beaucoup
d'autres actes de violence , ils s'emparè-
rent, sans motif, de la ^Ite et delà ci-
tadelle de Thèbes, et y établirent un
gouvernement aristocratique. Pélopidas
(voy,) délivra sa patrie : ce fut le signal
de la célèbre guerre de Thèbes, à laquelle
Athènes prit part d'abord contre Sparte,
puis pour elle, et qui affaiblît tellement les
Lacédémoniens , qu'ils ne jouèrent plus
dès lors de rôle important en Grèce. Au-
cun état ne possédant assez de puîssanca
pour imposer sa suprématie a la Grèce,
Philippe, roi de Macédoine , réussit a se
faire nommer généralissime des Grecs.
Agis (vo/.), un des plus braves et d^
plus nobles princes qui eussent jamais
régné k Sparte, combattit vainement pour
rindépendance de la Grèce : il perdit la
vîe k la bataille de Mégalopolis contre
Antipater. Le roi Archidamus fV eut a
soutenhr contre Démétrius Poliorcète
nue guerre qui mit Sparte à deux doigts
de sa perte. De nouveaux troubles s'éle-
vèrent bientôt. Cléonyme, neveu du roi
Aréus, conçut les prpjets les plus sinis-
tres contre sa patrie^ et appela Pyrrhus
k son aide; mais son entreprise échoua
en partie par les lenteurs de ce prince^
en partie par la bravoure des Spartiates.
La corruption des mœurs et le luxe se
répandaient cependant de plus en plus.
Plusieurs rois essayèrent de restaurer la
J constitution de Lycurgue et d'abaisser 1«
pouvoir exœasif des éphores : Agis III
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(436)
SÎ>E
succomba à la tâche, mais Cléomène {vo/.
ces noms) y réussît. Malheureusement ni
les circonstances^ ni le calractère et les
mœurs des Spartiates, ne permettaient
d'espérer une. réforme durable. Après
une lutte opiniâtre et malheureuse contre
les Achéens et Antigone de Macédoine ,
il dut quitter ses états et se sauver en
Egypte, oàil trouva fa mort. Sparte resta
trois ans sans roi, après quoi Machanidas
régna seul (2 lÔ av. J..C.),etNabis (207),
ai fameux par ses horribles cruautés, s'em-
para de la tyrannie. Nabis mit fin à la
constitution établie par Lycnrgue, et lors-
qu'il eut un peu relevé la puissance de
Sparte, les Romains et la ligue Achéenne
(voy.) vinrent l'anéantir. Les Spartiates
durent entrer dans la ligue Achéenne, et à
sa dissolution, en 146 av. J.-C, ils passè-
rent sous la domination desRomains. CX.
SPARTERIE, voy. Spart.
SPARTIEN (iELins Spartiahus),
qui a fleuri deflCtis le règne de Dioclétien,
dont on croit qu'il était l'affranchi, jus-
qu'à celui de Constantin -le-Grand, est
le premier des six écrivains de V Histoire
Auguste (voy. ce mot).
SPARTIUM, voy. GekAt.
f "^ SPASME (mot grec formé de ^frocoy
tirer), sensation pénible de tiraillement
dans une ou plusieurs parties du corps,
faisant croire que des cordes y sont tirées
dans la direction de la circonférence au
centre. C'est un phénomène nerveux, in-
dépendant de toute lésion organique évi-
dente, et différant de la convulsion dans
laquelle les muscles se contractent avec
violence, et souvent avec douleur. Le
spaspie d'ailleurs précède souvent les
mouvements convulsifs.
Le cerveau et ses dépendances pi^rais-
aent être le point de départ du spasme,
qui peut être plus ou moins étendu, con-
tinu ou intermittent, et aussi plus ou
moins rebelle. Quant aux causes qui agis-
sent sur le système nerveux pour déter-
miner l'état spasmoàique , elles sont va-
riables : l'âge, le sexe, le tempérament,
la pléthore accidentelle, la grossesse,
l'accouchement, les affections morales de
tout genre déterminent les spasmes, dont
les formes sont infiniment multipliées,
puisque tous les organes sont susceptibles
d'en être affectés.
Néanitioins les spasmes n'ont jamais -
été considérés comme constituant par
eux-mêmes une maladie, mais bien comme
un symptôme accessoire à un grand nom-
bre d'affections. Aucun traitement spé-
cial n'est même dirigé contre eux ; et si
l'on entend encore parler d'une classe
de médicaments appelés antispasmodi"
qudSy c'est que cette dénomination a sur^
vécu à l'époque où toutes les affections
nerveuses étaient confondues sous le nom
de spasme.
En général, dans les cas ainsi désignés^
les bains tièdes et les narcotiques k faible
dose sont ce qui réussit le plus sûrement.
L'étber offre aussi quelques avantages. Il
y a enfin des circonstances où la saignée
peut être utile. Mais l'exercice actif, le
régime modéré et la distraction doivent
être comptés au nombre des moyens les
plus efficaces, comme dans les affections
nerveuses en général. F. R.
SPATH. Ce nom d'origine allemande
était donné autrefois par les minéralogb-
tes aux substances dont les principaux
caractères extérieurs étaient un tissu la-
minaire et un éclat chatoyant, comme
dans les feldspaths (voy,), la chaux car-
bonatée que l'on appelait spath calcaire
et fa barytine que l'on nommait spath
pesant. Le calcaire laminaire limpide,
que l'on trouve principalement en Is-
lande, et qui jouit à un si haut degré de
la double réfraction, est encore appelé
spath d'Islande. Mais à force de donner
le nom de spathy accompagné toutefois
d'une épithète, à des espèces différentes,
on eut bientôt 60 à 80 substances ainsi
appelées. On a donc été forcé de proscrire
ce nom des nomenclatures minéralogi-
ques; seulement on a conservé l'adjectif
spathiqueqne l'on emploie pour désigner
une certaine texture laminaire. J. H-t.
SPÉCIFIQUE, médicament qu*on
administre dans une maladie déterminée
et qui a le pouvoir de la combattre, tan-
dis qu'il est sans action contre la plupart
des autres affections. C'est ainsi que le
quinquina est un spécifique éprouvé con-
tre les fièvres intermittentes. Malheu-
reusement ces médicaments sont peu
nombreux, ou au moins l'espérîence et
l'observation n'en ont fait connaître que
de rares exemples.
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SPE ( 437 )
SPB€TA€LES (de spectare^ ytAt]
regarder). La nature offre à l'honime le
plus magnifique et le plus varié des spec-
tacles. L'homme cependant ne peut s'en
contenter : accoutumé à l'éclat du jour,
à la majesté de la nuit , aux vicissitudes
des saisons, aux phénomènes qui se re-
produisent sur le théâtre dont lui-même
est un des acteurs, il reste généralement
assez insensible à tant de merveilles. Mais
la loi de son être Fentraine vers tout ce
qui peut lui donner du plaisir; sans cesse
•1 recherche des jouissances du corps, de
rintelligence et du cœur. Non content de
chanter des hymnes d'actions de grâces,
il crée le culte, il ordonne avec pompe
les cérémonies religieuses, et ses fêtes
(voy,) sont des spectacles. Au milieu
même de ses travaux de chaque jour, il
applaudit à ce qui l'étonné, le charme on
l'émeut. Ces applaudissements encoura-
gent lesamours«propre8,et,dès les temps
les plus reculés, nous voyons des chan-
teurs et des mimes briguer les suffrages
de ceux qui les entourent. Des danses
{voy») se joignent aux chants, des gestes
accompagnent les paroles , et des rudi-
ments d'opéras grossiers font pressenthr
les récits cadencés dVntreprises héroï-
ques, les imitations plus ou moins fidèles
d'actions humaines : on y reconnaît le
berceau du drame {voy. ce mot). 7out
peuple éprouvera le besoin d'émotions,
tout peuple aura des spectacles. L'un,
composé de familles livrées au soin de
leurs troupeaux, aimera les contes sous la
èPE
tente et le chant des bergers. L'autre^
nombreux et guerrier, réclamera desim-'
pressions vives, des représentations en
harmonie avec ses goûts belliqueux, des
combats simulés ou réels, des 'exercices
ot| le corps déploie souplesse et force. Les
nations civilisées se plairont à voir W na-
ture morale de l'homme aux prises tLytc
elle-même dans des imitations de nos
luttes intérieures qui se traduisent par la
parole et par les actions; elles seront
d'autant plus scrupuleusessur l'invention
de ces dran^es, sur la vraisemblance des
ressorts, sur la justesse des pensées^ sur
la noblesse , ]e naturel et la convenance
des sentiments, sur la perfection de la
conduite et du style, qu'elles seront plus
éclairées, plui seaiiblef , plus avanoéaa en
dviliaation {voy'. Th^atu). Dans leura
fêtes, leurs jeux et leuie spectacles, on
reconnaîtra sans peine leurs caractères et
leurs progrès.
La théocratie juive avait un culte si
pompeux, qu'on ne dut guère éprouver
le besoin des fictions théâtrales. Cepen-
dant l'épithalame à\f Cantique dés can^
tiques renferme nn drame que Salomon,
dit le P. Ménestrier, fit représenter
pour la solennité de ses noces avec la fille
de Pharaon. Origène et S. Jérôme con-
sidèrent cet ouvrage comme une pièce
dramatique, et le commentateur Corné-
lius à Lapide l'a positivement divisé en
6 actes.
Chez les Grecs, qui attachaient une juste
importance au développement de l'hom-
me tout entier, les exercices du corps et
de l'esprk furent également portés à un
degré de perfection extraordinaire dans
leurs jeux olympiquesj^pythiens, néméens
et isthmiques {yoy, Jsux), et dans leurs
représentations théâtrales. Le peuple ro-
main, qui plia sa fière énergie à imiter
les Grecs, eut comme eux des comédies,
des tragédies, des satires; mais son génie
propre se révéla dans des j^ux plus sau-
vages, les jeux dû cirque ; dans le spec-
tacle barbare des gladiateurs, des bêtes
féroces; dans les luttes effrayantes des
coursies de chars, et dans les scènes gran-
dioses des naumachiea {yoy, ces noms).
Les ancêtres groesigrs des nations mo-
dernes eurent des fêtes nationales qui dé-
cèlent leurs mœurs. Aux siècles reculés
de l'histoire de France, sous les premiers
rois chrétiens,' quand la religion eut un
peu adouci les farouches Sicambres, les
réjipuissances publiques se composèrent
d'une messe solennelle, d*un festin où les
ducs et les évêques étaient invités par le
roi, de distributions d'argent au peuple,
et de chasses, de pêches, de spectacles
d'animaux dressés et dé bateleurs. Ces
amusements simples ne convinrent point
à la belliqueuse noblesse du moyen-âge :
elle eut ses joutes, ses tournois \ooy, ces
mots) dans tonte la chrétienté. Le clergé
et le tiers-état cédèrent également au
penchant naturel qui engage l'amour-
propre à procurer des plaisirs dont on lui
sache gré ; TÉglise ajouta aux pompes de
•es oérémoniet : des essais de drames sor-
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SPE
(438)
Sf%
tireBlduMlictiiair»; Im UrottbMloiirt, )m
trouvères, les jongleurs et les méDestriers
eureot des chants phis variés, desboufTon-
neries plus piquantes. £nfin des oonlré-
riA se formèrent pour de pieuseï repré-
sentations théâtrales, et ce genre informa,
en se développant, eit devenu l^arbre le
plus fécond de l«« littératune française
(voj. Mystères, Sottibs, etc.). Un pe«
pins tôt , un peu plus tard , det germes
semblables ont enrichi Pltatie, l'Espa-
gne, l'Angleterre, l'Allemagne. Partout
le drame, sous des formes variées^ est de«
venu le plus noble des plaisirs, sans qu'il
ait pu ocfjpendant se substituer à tous les
spectacles : la Péninsule, par exemple,
ne renoncera pas 'de longtemps encore à
ses sanglants combats de taureaux {vojr,)^
et nous auront bientôt pour les courtes
hippiques le même engoûment gne rAn*>
gleterre. Cependant nos théâtres se sont
constamment multipliés, et, quoi que l'on
puisse penser de l^r phase actuelle en
' Franœ, et même de leur crise en Euro-*
pe, ils ne cesseront pas d'avoir une large
part de nos heures de loisir ; les specta-
cles variés qu'ils notis offrent seront tou-
jours le charme des âges , des sexes , des
états différents. Que Hautorité les sou-
mette à une censure sévère ou qu'elle leur
laisse une entière liberté, ib seront tou-
jours un enseignement public d'oà l'on
remportera des le^ns de vice ou devertn;
car tel est le pouvoir de l'imitation, que
ce qu'on entend dire et répéter aux per-
sonnages ne sera jamais sani influence |pr
les spectateurs. J. T-y-s.
SPECTRE, voy. Rivenaht.-
SPECTEB SOLAIRE , voy. Lu-
MiÀaB.
SPÉCULATION (de speculari^ oh^
server), action d'observer attentivement,
de se livrer à une méditation profonde»
Cest donc, en d'autres termes, la ré-
flexion philosophique, la pensée abstraite
s'exerçant avec suite et profondeur. Dans
le langage des affaires, le motapécalation
s'entend particulièrement des projets,
des raisonnements, des calculs et des en-
treprises que l'on fait en matière de ban-
que, de finance, de commerce. Un pro-
jet qu'on a foroié réussit- il ; un étaiblia-
sèment qu'on a ouvert rapporte^t-il de
bom bénéficet^ Ici iniidmdiMt q«'oa
n adietées ae pleeen(«ell«t i
ment, on a fait une bonne apéculalioa*
Mais ce mot entraîne le pins souY«ii
avec lui l'idée d'une opération hasnm-
dée, chanceuK. Suivant J.-B. Say, le
commerce de apéeolatîon oonsiste plutôl
à acheter «ne marchandise loriqu'«lln
est à bon «Mrcbé pour la revendre lors-
qu'elle est chère, qu'à l'neheter an tins
où elle vaut BDotna pour la revendre wm
lieu où elle vaut pins, ce qui, pour In
savant économiste que noua citons, con-
stitue le véritable commerce* Z.
SPENCER (lord Johh -CRamua) ,
comte et pair d'Angleterre, né le tO ani
1783, investi de ce titre a ia mort àm
son père, le 10 nov. t8S4. Nous lui
avons consacré un article sons le titra
qu'il avait porté jusqu'alors, de vicomte
AxTHOEp. Le père, qui fut premier lord
de 4'amirauté, de t7d4 à 1800, et qui,
sons le ministère Fox et GrenviUe, rena-
plit pendant quelque temps les fonotioM
de secréuire d'éut de Tintérienr, est
surtout célèbre par sa précieuse biblin-
thèqua, la plus grande peut-être quinit
été fondée par un partiôilier. Il en a été
question a l'art. OinniN. La majewn
partie de cette riche collection se trouve
au châiean d'Althorp, dans le Northamp*
tonshire; le reste est à Londres. La fiî*
miâleSpencec est investie du titrede comte
depuis 1765; mais en 1761 elle avait
déjà reçu ceux de vicomte et de baron.
GxoAGB Spencer, firère du comte ae«
tuel, est connu pour avoir abandonné la
fol de aes pères. Ordonné prêtre è Roese,
h 2S mai 1832 , il dessert la congréga-
tion de West-B^mvlfich, comté dé Stal^
(brë. Z.
SPENCR (PHiLipPB-JACQnis), k
fondateur du piétisme ( ofoy. ) en Alle-
magne, naqnit à Ribeauvillé (Haut-
Ehin), le 28 janv. 1685. Après avoir
terminé ses études théologiqnes à Stras-
bourg, il fit des voyages, fut aatorîsé à
ouvrir des cours publics, et reçut, en
1664, le bonnet de docteur. En lâ$6,il
fut appelé 'à Francfort-sur- le^Mein en
qualité de senior on doyen du cierge
luthérien de cette ville. Plus Urd (4686),
il échangea ce a^nr oontre oeloî de
Dresde, où il fut nommé premier ^ré-
diotfewr dn Ja cour; «^^ «I IWl^ il
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sp«:
(m)
SPË
tMNMdtprépotéaocléiiMliqiM, iiif|MO-
itvr M, aneifor «ootittorial. Spenor
Mounit lUof MIU ville en 1706«
Dès rsBDée 1670, SpMer avait orga^
BJaé chas loi à» eoofiireiioea ( coiiegia
pieiatis) qui teont trèatuiviety et où ae
iMitaîent 4ea quartiani veligieaaea. Pin-
aiauralkéologîafisorlkodaies aysathUoié
€ia réonieM privées, Spencff lea tranaléiBa
plna tard dana Tégliae. Il oontinua eaa
piaax ezerekaa à Dreade, o4 il encourut
la àiê^;iéc9 de l*éleetcsr^ à caiite daa ao-
cuitîooa qsi t^éleTère»! oantre lui de la
part de ruftiverailé^eLaipxiget d'astres
«kéa. Spaoer, qnoîq«« profoodémeot
fymEf était trop boaioie d'esprit et trop
éelairé pour déclarer une guerre aveugle
à la phÛoaophie ; il n'était pas non pUtt
étranger «a «MMule et à saa habitadea^
OMis ses efforts furent Méconnus et oa-
loaMÙés par des hoBunes qui ne le com«*
prenaient pas^ et souvent dénaturés par
aaa partisans, qui le comprenaient umI i
obes cenu-ci, nalgré lui^ la dévotion
dégénéra en vaioca pratiques. Cepen*
dant on ne peut nier que Spener n'ait
beaucoup contribué à AniiMr en Ai*
lemagne le«èle religienE et la vie obré*
tienne. H UMurqoa profondém^t, et eut
une écolnnoeabreuee» Ses éariu sentt
i># ia néeesniéet de lapoiâibUiié ttmm
cAriitiamsme aci^f^ Prancl. -sur- Main,
lê87, in-4«; Devoir» évangêdiques de
VÀomme^ recueil de aermons, 1688;
Dogmatique évangéHque^ 16iS, in*
d""; Pia desidens, 1676*78, in- 13;
Tkeoi9gische Bedenken 9 c'est-à-dire
Gooaidérationa ou Scmpul^i théologi*
quaa, 4 part.. Halle, 1700-9, in-40;
Demimê considérmiicns ikéologiqmes^
publ. par C-G. de Cknstein, 8 part.,
HaMo, 17U, in-4^( quelques brocburaa
publ. par SieinAeU sous le titre de Con^
iiiia iheohgicm^ 8 part. , HaUe , 1709,
in>4^. -.- Daptchuiann , dans une eapèce
d'acte d'aeeusation, s'est elIiMreé de teou»
ver<daos les ouvrages de Spener 364 eon-
trudietiona avec la Bible eties Livres
sjmibeliqnes. On peut consulter sur ce
tbéologian i W. Hcitbacb, Spener et som
époquet ^ P«rt., Berlin, 1838 ; Fie de
Spemer^ par Gansleia, publ. par J.
lîénfr^Bajk, il4A^Biû$r^iplUedeSp0*
ner^ par SoabediaHm, dans les Cmmmh
nioations ^^Bertliger et de Bocblit». X.
SPESiSEB.{£DMO]rD)y célèbre poète
anglais, naquit à Londres vers tê^Z. On
ignore où il comment son éducation,
mais il la termina à Cambridge , à Pem-
broke-Hi^, où il obtint le grade de
maître es ^ts en 1676. Aprca avoir
quitté l'université , il se fixa pour quelp-
que temps dans le nord de l'Angleterre,
probablement comme précepteur, et là
il s'éprit d'une jeune personne qui finit
pgr lui préttrer un rival : cette passion
m^beureuse lui inspira son Calendrier
du Berger (SàephenTs Caieiuiar),oik sa
beUeest désignée sous le nom deBosa*-
linde. Ce poème, plein de mélancolie,
parut en 1679. Protégé par sir Pbilippe
Sidoey, lord Grey de WilCon, sir W. Ba-
kgb, qu'il célébra sous le nom de Sàe~
pàerdo/ike Océan (Berger de la Mer),
Spenser liit établi en Irlande, sur des
terres confisquées an comte de Desmond ;
il y composa trois livres de sa Fairy
Queen {Beine des Pée$\ poème cbev»-
leresque, qu'U dédiaà Élisabetb (1690),
dont il reçut une pension annuelle de
50 liv. st. (1,360 fr. ). Les troubles de
l'Irlande Uû firentquitter ce pays etécrira
un Aperçu de l'état de t Irlande , dent
, sir James Ware fait un grand éloge. En
1 696, il fit paraître une nouvelle édition
de sa Pairy Queen^ avec trois livres de
plol. Dm six. autres qui devaient com«-
pléter le poème, en n'a que dena cbanta
(eantos çf Mutabilitie) , introduits dana
l'édition in-fol. de 1609» comose ùd-
sant partie d'nn livre perdiu, dont le titre
était The iegend of Conetamcy. Il est
probable que les six livres en question
ne furent jamais terminés^ et que des
iragments en ont été perdus lonque le
poète se sauva d'Irlande. Les droon*
stances de sa fuite, causée par un soul^
vement populaire, furent des plus don*
loureuses, car un de aaa enfanta au ber^
ceau iut bfédé avec sa maison. Le malbea-
reux- poète arriva en Angleterre le coMir
navré, et y UMurut trois mois après, le 16
janv. 1699. U &it enterré dans l'abbaye
de Westminster, où la comtesse Anne du
Dorsetluifitélever un monnmenU L'ami**
tié de plusieurs persennagw diiiinguésdé*
poséenf
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SPE
(440)
SPE
r, flor Iw^l ott a p«tt de douiées.
Qaoique ses eulret pi^oes. coAiennent
des beautés nombreuses ^ c'est partipa-
lièrement sur la Fairy Queen ijiie êpew
ser doit être ja§é. Le prÎBcâpal méNte
de ce poêvoy formé dHuie suite de stan-
eesy consiste dans la ricbesse des images,
la délicatesse du seutiment, la mélodie
tle la versification. Malgré ses défauU,
qui sont la longueur de l'ouvrage , le
manque d'intérêt de la fiction , l'emploi
quelquefois même affecté de mots et de
tours Tieillis , la Fairy Queen peut être
considérée oomme une mine féconde aous
le rapport de l'invention. Les meilleures
éditions éas couvres de Spenser sont
oaUés de Hu|^ (Lond. , 1715, 6 vol.
in-'8«, et 1778, 8 volin-19) et de Todd
(Lond., 1805, 8 vol. in-8«}. X.
SPÉIIANSKI(MiciixL%comte), con-
seiller privé œtueiy cbevalier de Tordre
de Saint-André et de la plupart des au-
tres ordres de Russie, fils d'un prêtre,
naquit, en 1771, dans le gouvernement
de Vladimir, reçut sa première instruc-
tion dans un séminaire, et acheva ses étu-
des à l'académie ecclésiastique de Saint-
Pétersbourg. Il s'appliqua avec tant de
succès aux sciences ezaetes qu'à l'âge de
21 ans il fut nommé professeur de ma-
thématiques et de physique dans cette
académicw En 1797, il quitta sa chaire,
et bientôt après il fut attaché au conseil
de l'empire; en 1801, il obtint le litre
de secrétaire d'état. Les écrits politiques
les plus importants de cette période, ré-
digés en russe, sont sortis de sa plume.
L'année suivante, il fut chargé, sous la
direction du comte Kotchoubeî (vox»)^
de l'organisation du ministère de l'inté-
rieur, organisation qui servit plus tard de
modèle aux antres ministères, fin 1808,
il fut appelé à la présidence de la com-
mission des lois instituée par Catherine II,
laissée en inactivité depuis plusieurs an-
nées, et à laquelle il donna une organi-
sation plus solide. Dans la mêole année,
il fut noaonné collègue du ministre de la
justice; puis l'administration de la Finlan-
de récemment conquise, ainsi que la direc-
tion supérieure de l'université de ce pays,
lui fut confiée. Sur sa proposition, les mé-
thodes d'enseignement usitées en Russie
O Ea raMs MikkÊaWkhêiUH^itùh.
iiirent amélSiiréet> et le fonds des éofAm
ooDsidérablement augmenté. Il fit accep-
ter égdement, après une diseuasien ap -
profondie, son plan de réorganisation du
conseil de l'empire (voy. T. XX, p. M8) et
un nouveau système de finances. Tontes
les branches de l'administration su^-
rieure vinrent aboutira ce conseil cDOinie
à un centre commun, et Spéranski en fut
nommé secMaire. On a peine à' com-
prendre comment en si peu de tempe il
« pu opérer tant de réformes danis le
gouvernement. Bn moins de deux uns,
le système dei impôts fut réguterisé, le
budget contrôlé, un fonds 'd'aoMrtiase-
ment institué, une partie do papler-nion-
Qaie retirée delà circulation, ms nouveau
système monétaire introduit, un tarif
mieux calculé éubli; un plan de réor-
ganisstion du sénat proposé' et examiné.
En ii|éme temps, des mesures furent pri-
ies pour améliorer la législation civile et
pour hâter la publication du code de
commerce et du code pénal. Des services
aussi importants valurent successivement
à Spéranski le rtfbg de conseiller d'état
actuel (excellence) et celui de conseiller
privé,auquel iltut élevé en 1809. Jamais
il n'y aut en Russie de secrétldre de Fem-
pire qui eût possédé au même degré que
Spéranalti la confiance du souverain ; mais
plus Sbn influence gaandiC^ plus l'orage
se forma mena^nt au-dessus de sa tête.
On cria contre ses réformes eC l'on en
méconnut l'utifité. Sans appui, sans for-
tune, plus versé dans la connaissance des
affaires que des hommes, Spéranski était
seul pour soutenir til lutte : il ne pou-
vait manquer de suoeombef; L'ennemi
s'approchait alors des frontièles de la
Russie, et le danger rendait plus pressant
le besoin de rassiiïer les intérêts alarmés,
de gagner l'opinion publiques U fallait
aussi de l'argent, et la première condition
mise à tont emprunt contracté à l'inté-
rieur était l'éloignement de Spéranski.
Au liiois de mare 1812, ce digne ministre,
calomnié près de l'eolpereur et soup-
çonné de correspondances secrètes avec
la France, se vit arrêter au sortir du con-
seil : une kibitka l'attendait à la porte ;
on le déporta 'tomme un condamné, mal-
gré nom innocence. De Nijnl-Novgorod,
son premier lieu dWI, on le transféra,
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8PE
(441)
STE
m. iBoit «prêt, k PanD, •ow peétaoBlt <ive
le vokioag* des Fnaçak tampronuttalt
•a sûreté. Il y vécat dsns un frând dénù-
meiity mais le gouverneBeot finit cepen-
dant par loi accorder une pension. Deox
nus plus tard, il obtint k permission
de se retirer dans une petite terre à 180
verstes de la capitale. Il y passait des
jours heureux, partagés entre l'agricul-
ture, l'étude et Téducation de ses filles,
lorsqu'il fut tout à coup rappelé. Nommé
d^abord gouverneur de Pensa, il fut
chargéi en juin 1819, des fonctions de
gouverneur général de la Sibérie. Alors
il consacra deux années à parcourir, au
milieu de difficultés inouïes, l'immense
pays dont le sort lui était confié, et il
rédigea un plan d'adosinistration où rien
n'était oublié, depuis le marchand sou«
vent riche à millions jusqu'au sauvage
qui n'a pour vivre que le produit de sa
chasse. La renommée avait (ait connaître
à Pétersbourg toute l'étendue des nou-
veaux services de Spéranski, lorsqu'il y
reparut, au mois de mars 1821, après
une absence de neuf ans, afin de son-
Biettre à l'empereur son plan d'organisa*
tion projeté pour une contrée plus grande
que l'Europe entière. Alexandre l'ac-
cuieillit avec une extrême bienveillance et
le nomma membre du conseil de l'empire.
Son plan fut mis à exécution (voy. Si-
BKEiE, p. 276). Sous le règne de Nicolas,
Spéranski jouit jusqu'à sa mort de la con-
fiance du monarque. U fut placé i la tête
de la 2* section de la chancellerie parti-
culière, instituée pour l'achèvement d'un
digeste ou corps de lois russes, sous la di-
rection spéciale de l'empereur* A ce der-
nier revient l'honneur de l'muvre colos-
ftale que nous avons déjà fait connaître
à Tart. CaniriGATioir (vQjr. aussi Nico-
las, T. XVIII, p. 493) ;. mais Spéranski
s'y dévoua avec le plus grand zèle et y
apporta les plus haute» lumières. C'est
aussià lui qu'on attribue l'origiual russe'
du Présis des notiom^iis toriques sur la
formation du corps des lois russes^ etc.
(Pétersbourg, 1833, in-8<>). Il fut récom-
penséxle ces services, plus signalé^ encore
que les anciens, par le rang de conseiller
privé aeluel, par le titre do comte qni lui
fut conféra peu de mois avant sa mort,
en janvier 193]9, alparl^ordresiw plus
élefét de PcApin^ doat U Mçotleoer^
don. Spéranski était«n de ces homoMS
fu'on n'oublie phi» nne fois qu'on les a
vus. On croyait lire sur sa physionomie
expressive tonte sa destinée et tonte l'his-
toire de ses travaux politiques. F'oir les
SLeitgenosêenf N^ XVUy et nonv. série,
N*XIV. CL. m.
SPERMA €BTI, voy. Blutg db
BALKim et C4CHAZX>T.
SPESSART, une des dialnes de
montagnes les miens boisées de l'Aile-
magne, s'étendant depuis le confinent de
la Sinn et de la 6aale jusque sur le ter-
ritoire de Hanau, dans une étendue de 33
milles carr. géogr., avec une popnladon
de 75,000 âmes. La plus grande partie
du Spessart appartient à la Bavière ; un
petit district seulement, le bailliage' de
Biber, fidt partie du comté de Hanau.
On le divise en deux parties, le ffoek"
spessart (Haut-Spessart) el le Forspes-
sort (Spessart antérieur), aussi diffé-
rentes par la nature de la cultiue et le
climat que par les qualités du sol. Le
Haut-Spessart comprend la région mon-
tagneuse et boisée) le Spessart antérieur,
la plaine cultivée qui s'étend depuis les
montagnes jusqu'au Main. Dans le pre*
qûer, le climat est si rude que les fruits
OBt de la peine à y «àrir; dans le se-
cond, il esl assex doux, au contraire, pour
permetlia de cultiver la rigne, qui y
donne des produits de bonne qualité. Le
sol est sablonneux dans le Haut-Spes-
sàrt, sans éure tout-à-iait stérile, à mioins
qu'on ne le dépouille de la couche de
feuillage qui formé l'humus. Les monta-
gneaeiles-mémes offrent tous les carac-
tères de terrains primitift: elles se coan» .
posent de granit, de gneiss, de schistCi
de siénite^ de calcaire, de quartz, ete.
On ne trouve des dépôts de traps secon-
daire qn'au-dassous d'Asduifl^nbourg ;
mais On rencoo^e des traces de forma-
tion de sel près d'Orb et de Soden. Le
Geiersberg, la cime la plus élevée du
, Spessart, n'a que 1,900 pieds au-dessus
du niveau de la m<r; on a établi sur son
sommet une 'tour de signaux pour- la
triangulation de cette contrée. A l'ex-
ception du Mein, qni lui sert de limilCi
ce pays n'a aucune Ki^i^» "^^ ^ ^^
arrofé par de nombrenF ruisseaux
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SPH
(♦«)
sra
plaiVMl6t«tlc9)»HM ridie» forétt «Mt
k propriété 4% k ooaroBiie 4« BarléM;
kffwte«tt^rliigé€Otrt qMl^[iMi fanit^
kf Ddbkt €t 1m oMMDMwt. U Mijewe
partk do boit à krAkr t'exporte; wm
gmde qMBtilé est coofoimée eepc»-
ckoi tmr ks Keuz mèoies par les fabri*-
q«ct«t ks nuuMirfkctarat, panai lat^velks
on doit cilerspédaknéiitdilférctttasTer-
reriesy k saline d^Orb, les mines de Bibcr,
ka «uioes de Laafacb «t de HoellbMDMr.
Les rniBes (buroisseDt d« cobalt, do oai-*
vrc et du fer. Le cbeMkvdu Spesaartett
AacbafifeDboMrg {'9or.); les astres rillee ra-
Berqnabks toat Lebr, Orb et Rlingen-
berg. L^abbaye de I^eusladt, qui n'existe
pkaaajoard'bni, était k pins andenne de
laFranconk. hoiries ouTragesaHemeads
•ttmnts I Bcbkn, I0 S/rnssart (Leipx.»
1MM7, 8 fol.>;Rkopreebt, SkUÙ^
tique Jixtestèère da SpesjaH (Aschaff.,
WHilCTÉRIA (tu^, appelée a».
joard'bui Sphagia, wty. Mias^iriB et
NATAxnr.
6MAKIOTE8, 7>oy. Gxère.
SPHÈRB <da gm <rf«rpa). C'est en
géométrie un solide teriNné par nne
seuk snrkoe uniforme, dont tons ks
points sont égaleeMnt éloignés d'un mê-
me point intérienr nommé centre^ de
sorte que tontes les lignes droites 00
Tirons qui partirateot de oe point poor
aboutir à la surfaee de k spbére seraient
égales. On pentcoaecnroircesolide comme
engendré par k révolution d*nn demi*
ctrcle antoor de son diamètre : oe dk*
mètie prend alors le nom d'«xtf, et ses
denx extrémités sont kêpdtes {voy^. ces
mots) de la sphère. En quelque endfoit
que Ton snppose une spbère coupée par
un pkfl, la section qui eirrésnke est ton-
jours un eerck : on l'appelle gmnd eer^
cle lorsque k plan coufitint passe pw k
centi^ de k spbère; autrement c*^t un
plit cercle j et d'autant plus petit que k
section, a lien loin du centre. Tous ks
grands cercles d'une même sphère sont
néoessa^ment égaux entre eux. La spbè-
re pouiant être coupée par des plans de
toute sorte de manières^ il en résulte
des solides de 4«v«r«ies espèom. Une pop-
tiou de ^Ufu aépnrée p«r ou pkii quel-
coaqne prtod le nom de segmem sphé^
nqueimcahtte; œlk qu! se trouve com-
prise entre deux cercles ou plans paral-
lèles se nomme xône iphériqae; h/k'
seau ou ongiet rphériquc est un quar-
tier de k sphère on la partie de ce soll^
de comprise entre deux demi-cerdes se
terminant à un diamètre commun; enfin
le secteur sphériqne est une portion de
la spbère semblable à une espèce de cAne
ayant son sommet au centre, et dont k
base serait nne calotte sphériqne.
La snrfisce totale d'une sphère s*ob-
tient en mnltipKant la circonférence d'utt
de ses grands cercles par k diamètre :
elk équivaut ainsi è quatre fols celle de
son grand cercle. D'après cela, on voit
que la surface de la sphère est égale à k
surface latérale convexe d^in cylindre
{voy.) dont la hauteur et le diamètre se-
raient égaux à l'axe de cette sphère. On
démontre encore que, pour avoir la suir-
face convexe d'un segment sphérique, il
kut multiplier k circonférence du grand
cerde de k sphère è laquelle il appar-
tient par la partie du diamètre qui k tra-
▼erse perpendiculairement. De même,
l'afre d'une zone quelconque résulte de
k multiplication de k circonférence du
grand cercle par la hauteur de k zone ou
la distance perpendiculaire des deux plant
coupante. La sphère pouvant être consi-
dérée comme l'assemblsge d'une infinité
de petites pyramides dont les bases dans
leur eiksembk forment sa surface externe,
et dont tous les sommets sont réunb au
centre, <^est-à-dire qui ont le rayon sphé-
rique pour hauteur, il en résulte qu'on
peu t obtenir le volume de lasphère comme
celui d'un c6ne ou d'une pyramide qui
aurait pour bue k surface entière de k
sphère, et pour hauteur la moitié de son
axe, ou son rayon: ce qui revient à mul-
tiplier sa surface par le tiers du rayon *.
Le volume d'une sphère est ainsi équiva-
\eùX aux deux tiers de celui du cylindre
circonscrit dont nous avions déjà parlé,
c'est-è-dire ayant l'axe de la sphère à k
(*) On a troQTé que le cobe du diamètre de
la tphèr* est ao volome qu'elle cootient à pea
prèa MMUae Soo est 4 tlM7 ; m rai>p«rt éonee
nue HMlbodA ploKBxpcditive é« cal<ekr b a^
lidité d'ooe aphèrè en pofaot cette limple pio«
portion : Soo : 1 57 : : le cabe da dismètre de k
•phkt dema^iéée est « «00 'Même .
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SPU
(4«)
sm
(ou pour le diamètre de m baie«l pour
hauteur. Nous avoiM déjà dopné, aux
mots SECTEva et SacMSiiT, le moyea de
trouver la solidité de ces parties de sphère.
Toutes les sphères pouvaot être regar-
dées comme des polyèdres réguliers d'un
Domh/e iofioi de OEuîes, il s'ensuit qu'elles
forment toutes entre elles des solides sem--
blables. Leurs surfaces sont entre elles
comme les carrés de leurs rayons ou de
leurs diamètres. Leurs volumes sont entre
eux comme les cubes des rayons ou des
diamètres. Les rapports qui existent entre
la sphère, le cône et le cylindre circon-
. scrit ont été trouvés par Archimède.
On appelle sphéroïde un solide en-
gendré par la révolution d'une courbe
ovale autour d*un axe. C'est donc une
espèce de sphère dont les lignes de dr-
conférence ont la forme d'un cercle plus
ou moins dévié. Si cette courbe est celle
d'une ellipse parfaite, le solide prend le
nom à' ellipsoïde* Oi| nomme sphéroïde
allongé celui dont le plus grand diamè-
tre est celui des pôles, et sphéroïde aplati
celui dont Taxe est le plus petitdes dia-
mètres : telle est la forme que la science
a reconnue être celle du globe terrestre.
Dans Tastronomie, on donne le nom
de sphère è cet orbe infini ou étendue
concave qui entoure notre globe de toutes
parts, et auquel les étoiles fixes semblent
attachées. Pour se reconnaître dans l'im-
mensité des mouvements célestes , on a
supposé cette sphère traversée psjr des
cercles imsginaires {voy^ Hoaiaûir, Mi-
AiDiEN, Equateur, 2k)DiAQUE, Ecupti-
QUE, CoLvass, TaopiQUEs, Cercles po-
LuaBSy etc«)« Ia reproductbn de ces
cercles dans un petit monisme pour l'é-
tude des phénomènes astronomiques a
reçu le nom de sphère armilîaire
(vo/.) ou artificielle (voy. Globe). On
distingue trois sortes de positions de
la sphère céleste, suivant la di|posi|ion
des cercles entre eux. Ainsi la sphère
droite est celle dans laquelle l'équateur
coupe l'horizon à angk» droits : tous les
peuples qui sont sous la ligne léqui-
noxiale, ou dont le zénith est sur l'éqiya-
tenr céleste, ont donc la sphère droite. La
sphère oblique est celle daps laquelle
l'équateur coupe obliquemeift l'horizon :
c'est la position de la^pbère pour tona
lee peuples de k terre, k reiyptie» éê
ceux qui se trouTent sous l'équateur ou
sous les pôles. Ceux-ci ont lai|phère/ig^«
rallèle^ c'est-à-dire que leur xénith étaut
l'un des pôles du monde, l'horizon su
confond avec l'équateur. On oonçoit fa**
cilemeot que les spparenoes des mouf»t
ments célestes doiveuft différer suivant «et
positions diverses de la sphère. L. L.
8PHÉRISTIQUE, vor. Paumb
[jeud»\
SPHINX. C'est une figure d'origiM
égyptienne, représentant une lionne ao»
croupie» avec une tête et desaeins de Sxm^
me, et qu'on croit l'emblème de Neith,
déesse de Ja sagesse. On vok encore dans
la Thébaîde des rangées de sphinx ser»
vaut oommed'avenuss aux temples et ex-
primai) t,sousuneformesymholiqne,oelli
vérité que la sa|;esse conduit à la religîoD.
Le grand sphinz, eolosse qui s'élevait de
63 pieds romsins du temps de Pline (JET.
N,, XXXVI, 13), qui est aujourd'hui
enseveli dans le sable, moins la tête et le
coiu qui ont encor&it 7 ™ de hauteur, a été
taillé dans la montagde en face de la se*
conde pyramide {yoy*)* Entre ses pattes
de devant se trouve un édicule qui, dit-
on, servait d'entrée à la pyramide niMèm*.
Les sphinx grecs, imités de ceux d'JÈ-
gypte, ont de plus des ailes. Celui dont
QEdipe [toy^ devina l'énigme était UU'
monstre vivant^ suscité psr la colère dee
dieux» qtfi avait, avec les ailes d'un aigle,
Ja forme d'un sphinx d*ÉgypteM)e là son
nom, tout- à <• fait étranger à lldée d'é^i».
nigme, qui depuis en est devenu presque
inséparable, a 'ce point que Plutarquey
préoccupé de cette idée toute greoque,a
dit que les Égyptiens plaçaient deaaphiax
devant leurs temples pour montrer que
leur religion était énigmatique. F. D.
SPHINX (hist. nat.), insectes appe*
lés ai^oucd'hiiiCaipuscULAiEES, une dea
trois grandes familles qiy foroseat les
(*) Né parmi l<t m«fa«f« •« pkd do Ctthéroa,
Ca moattre à f oiz honmiae, ug le, feama «t Ifea»
De la oatorp entière exécr^le afsemblage,
•UoisMil contre nous VartificeNÉ la rage.
Il n'était qa*aB moyen d*en préserver cet lieux:
DNui aeaa embamuMé dans dea mots captienz
Le monstre «haqne jour, daniThèbe épouvantée.
Proposait gne énigme avec art concertée;
Et si quelque mortel voulait nous seconrir.
Il devsit voér le o^oMlmet l*anteadre on pérfr,
Çl9Mnym4if). .
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SPI
(444)
SPI
lépiiloptères. Foy. €« mot et Papiixov.
SPHRAGISTlQUBy science des
sceaux, de cfpayiç'y cachet, sigillum.
On peut consulter sor cette science :
Fiooroni, Ipiombi antichi^ Rome, 1740,
in-4*'; Manoi, Osservazioni istoriche
sopra i iigilU antichi dé* secoli bassiy
*Flor.y 1789-86, 30 vol. in'4o; enfin^
De veterum Germanorum aliarumque
nationum sigiiiU ^ Francf.-sur-le-M.,
1700, in-fol.; 2"" éd., 171 9, par Heinec-
oius, qu'on peut regarder ajuste titre com-
me le fondateur de cette science. X.
SPIELBBIIG, château fort près de
Brûnn, capitale de la Moravie, ville d'en-
Tîron 90,000 habitants, située dans une
Y&llée riante.
« Près de ses murs, à l'occident, s'é-
lève, dit Sitvio Pellico (vox,)^ une hau*
teur sur laquelle est cette ûitale forteresse
da'Spielberg, autrefois le palais des sei-
gneurs de la Moravie, et aujourd'hui la
plus rigoureuse maison de force de la
monarchie autrichienne. C'était une ci-
tadelle très forte; mais les Français la
bootbardèrent et la prirent à l'époque
de la fameuse baUille. d'AusterliU (le
iritiage d'Austerlitz estàpen de distance) ;
dépuis elle ne fut pas restaurée de ma-
nière à pouvoir encore servir de cita*»
délie ; on se borna seulement à relever
une partie de l'enceinte qui éta^t déman-
telée. Environ 300 malheureusj^ Toleurs
oti assassins pour la plupart, y soot dé-
tenus, condamnés les uns au càrcere
tiurOt les autres au carcere durissimo*
« Subhr le carcere duro^c'tsi être obîi-
géau travail, porter une chaîne aux pieds,
dormir sur des planches nu^set vivre de la
plus pauvre nourriture qui se laisse ima-
giner. Subir Je carcere durissimôy c'est
éfre enchaîné d'une fsçon plushorribreen-
cor'e, avec un cercle de fer autour des reins
et la chaîne fixée à la muraille ^ de telle
sorte qu'on peut à grand'peine se traîner
autour de la planche qui sert de lit; la
nourriture ^t la même, quoique la loi
dise : du pain et de Peau. » X.
SPINOLA (AscbrÔise, marquis de),
d'une illustre famille génoise, qui avait
joué un certain rôle dans les guerres civiles
d'Italie, mais qui, depuis le xvi^ siècle,
avait renoncé aux afCair^ publiques pour
•e livrer a des spécuUtiont commerciales,
naquit à Gènes, en 1569 selon les uns,
en 1571 selon d'antrea. Jusqu'en 1599
il ne songea qu'à augmenter sa fortune;
mais la gloire dont son frère Frédéric
se couTrit au service de l'Espagne , en
éveillant son ambition , vint le tirer de
sa retraite et le jeter dans la carrière des
armes, où il acquît la réputation d'un
des plus grands capitaines de son siècle.
Il employa une partie de ses immenses
richesses à lever un corps de troupes de
9,000 hommes, à la tête duquel il se
présenta , au mois de mai 1602, a l'ar«
chiduc Albert, vice- roi des Pays-Bas.
Son arrivée releva le parti espagnol. Iji
première campagne de Spinola fut ce*
pendant un revers: il vit le prince Mau-
rice de Nassau enlever,, sous ses yeux,
Gavre, sans pouvoir secourir cette place;
mais il fit d'ailleurs oublier cet échec par
tant d'habileté dans ses marches et con-
tre-marches, que le roi d'Espagne, dé-
sirant l'attacher définitivement à son
service , le chargea de conduire le siège
d'Ostende. Spinola leva, a ses frais, deux
no^veaux régiments, et prit le comman-
dement de l'armée d'opération , que ses
largesses et sa fermeté réussirent en peu
de temps à soumettre à une discipline
aussi sévère que ses propres soldats.
Ostende succomba après un siège de
plus de trois ans. Cette conquête valut
à Spinola l'ordre de la Tolson-d'Or et
le commandement en chef des troupes
eqnagBoles dans les Pays-Bas. Jusqu'en
1 608, il r^issit à tenir en échec le prince
Maurice; mais il ne fit pas lui-même des
progrès import^its, et l'amiral Heims-
kerk ayant, sur ces entrefaites, battu
complètement la flotte espagqole près de
Gibaaltar^ Philippe III, abattu par ce
désastre, offrit aux Provinces-Unies un
armlstij^ dont Spinola négocia les con-
ditions, et qui fut en leffet signé pour
douze a|iç, le 9 avril 1 609. Lory^ue la
trêve expira, en 1 62 1, le grand capitaine,
qui avait pa^^é ce temps à parcourir r£u-
rope, retourna dans les Pays-Bas pour
repreddre le commandement en chef
à^ troupes espagnoles. Dès Tannée sui-
vante, il conquit Glèves et Juliers, tan-
dis que son lieutenant, Yelasco, assié*
geait Berg-op-Zoom sans succès. Sur
l'ordre formel de Philippe IV, il entre*
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^I
(445)
SPl
prit ensuite le siège do Breda, la plus
forte place des Hollandais, et la força de
capituler, le 3 juin 1636, quelques mois
après la mort de Maurice de Nassau. Des
aenrices aussi éclatants ne purent désar-
mer la haine des ennemis de Spioola.
Une intrigue de cour le fit rappeler, en
1627, par Philippe lY, qui Tenvoya,
l'année suivante, combattre les Français
dans le Piémont. Il prit Casai, après avoir
été obligé une première fois d'en lever
le siège; mais, ne recevant pas les secours
qu'il attendait de Madrid, et se persua-
dant que ses envieux l'emportaient con-
tre lui dans l'esprit du monarque, il
mourut de chagrin, le 35 septembre
1680. E. H-G.
SP1NOZ4 (Baruch, ou comme il tra-
duisit lui-même ce nom, BÏNiDicT), un
des plus profonds penseurs du xvii* siè*
cle, et le principal organe du panthéisme
{voy.) moderne, naquit le 34 nov. 1683,
a Amsterdam, d'une famille de juifs por^
tngais. On a regardé trop souvent Spinoza
comme un philosophe solitaire, isolé dans
le XVII* siècle, et dont la doctrine n'avait
de racines ni dans l'époque ni dans le
pays où il a vécu. Nous nous proposons
de montrer ici que Spinoza n'a pas plus
échappé que tout autre penseur aux in-
fluences qui l'ont entouré; que ses doc-
trines philosophiques, politiques et re-
ligieuses sont bien le produit naturel de
son teml>s, du pays qu'il a habité, du
gouvernement sous lequel il a vécu, el
que la race môme à laquelle il apparte-
nait et la secte dans laquelle il fut élevé
n'y sont pas restées étrangères.
Sa première éducation fut dirigée par
Moïse Mortehra, un des rabbins les plus
distingués de ce temps-lè, qui lui ensei-
gna l'hébreu, et le guida dans Tétude de
la Bible et du Talmud. Mais déjà son
esprit indépendant s'affranchissait secrè-
tement des liens de l'orthodoxie rabbi-
nique; malgré sa circonspection, il fut
dénoncé à la synagogue et excommunié
comme hélrétique. Alors il se mit à ap-
prendre les langues anciennes de Tan
den Ende , médecin et maître d'école a
Amsterdam. Ce Van den Ende, suspect
d'athéisme, fut forcé de quitter sa patrie,
et se retira en France, où il fîit impliqué
plot tard dans la conspiration do che*
valier de Roban, et pendu. Les œuvfés
de Descartes étant tombées entre lea
mains de Spinoza , il les lut avec nne
avide curiosité, et il a souvent déclaré
par la suite qu'il y avait puisé ce qu'il
avait de connaissances en philosophie.
Rien ne le charmait plus que cette maxi-
me de Descartes, de ne rien recevoir poor
vrai qui n'ait été prouvé par de bonnes
et solides raisons. Cette affinité qu'il
rencontra entre la doctrine cartésienne
et celle à laquelle ses propres réflexions
l'avaient conduit ne fit que le confirmer
dans sa résolution déjà prise de soumet*
tre à un examen sévère toutes les opinioa»
qu'il avait adoptées dans son enfance, el
il brisa dès lors les derniers liens par les-
quels il tenait au judaïsme. Les persécu-
tions des juifs contre Spinoza en devinrent
plus violentes, sa vie même fut menacée,
et un soir, dans une rue d'Amsterdam,
il n'échappa que par miracle à un coup
de poignard qui lui fut porté par un d«
ses anciens coreligionnaires. C'est alors,
en 1660, qu'il se décida à quitter Am-
sterdam. Use retira d'abord dans la mai-
son de campsgne d'un ami, sur la route
d'Anwerkerke; puis il alla passer Thi*
ver de 1664 à Rynsburg, près de Leyde;
l'été suivant, il se rendit a Voorburg,
près de La Haye, où il vécut un peu
plus de 4 années, et enfin il s'établit,
en 1 669, à La Haye même, où il demeura
jusqu'à sa mort. Forcé d'apprendre un
métier pour pourvoir à sa subsistance, il
se mit a tailler le verre ,et se rendit ha-
bile à polir des verres pour les lunettes
d'approche : ce fut ainsi qu'il gagna sa
vie.
La faiblëue de sa constitution (car il
fut de bonne heure atteint de phthisie)
et sa santé délicate, altérée encore par
les veilles et par l'étude , l'obligeaient à
vivre de régime , et son extrême sobriété
est attestée par les comptes de dépense
que nous ont conservés ses biographes :
on voit qu'il dépensait au plus quelques
sous par jour pour sa nournture. Jamais
la vie d'aucun sage n'offr;t Pexemple d'un
désintéressement plui complet et d*un
dévouement plus entier à la science. Son
ami Simon de Vries lui offrit une fois
3,000 florins pour le mettre en état de
vivre plus à son aise: Spinoza refusa cet
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SPI
(448)
SPI
ItfgeBl, «UégiMBl qu'il ■'«▼ftit bvioiA de
lÎMy •! pour ne pas M distraire de ses
études. Le même Simon de Yries Toahit
rinstitiier son kéritier; mais Spinoza lui
représenu qu'il devait laisser son héri-
ta^ à son frère. Après la mort de son
père,- ses sosars refosaient de Inr donner
•a part de la sucoession. Indigné de lenr
oondwtey il fit reconnaître ses droits en
joslice, et ensuite il se contenta de pren»
dre un lit La publication des premiers
écrits de Spinoza ayant étendu sa repu*
talion, le prince de Condé, lorsqu'il prit
possession do gouvernement d'Ùtrecht,
en 1678, désira le Toir, et s'offrit 4 loi
faire obtenir une pension de Louis XIV,
s'il Toulait lui dédier quelqu'un dé ses
OQTragis. Il lui fit donc écrire par le co-
lonel Stoup, en lui envoyant un passe-
port pour se rendre auprès de lui. Mais
il parait que Spinoza ne rencontra pas
le prince de Condé, qui était déjà parti
d'Ulrecht tout en lui faisant renouveler
ses offres, que Spinoza refusa, n'étant
pas dans Tintention de rien dédier au
roi de Franoe. A son retour, peu s'en
fallut qu'il ne fût victime d'une émeute
populaûrei soua le prétexte de relations
suspectes entretenues avec l'ennemi. Son
hôte en ftit alarmé^ s'imagînant déjà voir
la populaco forcer sa maison et la sacca-
ger pour en arracher Spinoza. Celui-ci
le rassura de son mieux : « Ne craignez
rien pour moi, lui dit-il; il m'est aisé de
me justifier ; assez de gens savent ce qui
m'a engagé à faire ce voyage. Mais, quoi
qu'il en soit, aussitôt que la populace
fera le moindre bruit à votre porte, je
sortirai et j'irai droit à eux, quand ils
devraient me faire le même traitement
qu'ils ont lait aux pauvres MM. de Witt.v
Ce fiit en cette même année 1673 que
l'électeur palatin, Charles-Louis, voulut
attirer Spinoza è Heidelberg, pour y en-
seigner la philosophie. Le docteur Fabri*
cius, en lui offrant cette chaire au nom
de l'électeur, lui promettait la liberté de
penser la plu& étendue {cum amplissimd
phiiosophandi Ubertaté)^ pourvu toute-
fois qu'il n'usât pas de cette liberté au
préjudice de la-reKgion établie par les
lois (voirtf dans la correspondance de
Spinoza, la lettre 5S®, 16 février 1678).
Spinoia répondit le 80 mars suivant, et
refhsa potiiiMht, sous prétexte que l'en*
seigoement serait un obstacle à ses pro*
près études: «De plus, ajoute- 1- il, je
fkis réflexion que votu ne me marquez
pas dans quelles bornes doit être reofer*
mée cette liberté d'expliquer mes senti-
ments pour ne pas choquer la religion, v
Spinoza continua jusqu'à sa mort à
vivre solitaire, uniquement voué à l'é-
tude, au sein de la plus grande pauvreté,
et subsistant seulement de son travail
d'opticien. Il mourut le 28 février 1677^
dans sa 4b^ année. Il succomba à la ma-
ladie de poitrine dont il était atteint de-
puis l'enfaoce. L'hôte chez lequel il de-
meurait fut obligé de faire Vendre ses
meubles pour subvenir aux frais de son
enterrement.
Tels sont les événements bien simples
qui remplirent la vie de Spinoza; mais
s6n histoire est tout entière dans la suite
de ses pensées et dans la composition
de ses ouvrsges. Les écrits qu'il publia
de son vivant sont: i^ Ptincipia philo-^
sophiœ cartes lance more geometrico de^
monstraiay Amst., 1663, in-4®, avec un
appendice intitulé Cogitata metaphysi-
ca; 2* Tractatus theologico-polaicus^
Hamb., 1670. Ses ouvrages posthumes,
publiés immédiatement après sa mort,
sont : Ethica ordine geometrico démon*
strata : c'est son travail le plus original;
il est composé de cinq parties, où il traite
successivement de Dieu, de la nature et
de l'origine de l'âme, de l'origine et de
la nature des passions, de la servitude
humaine, de la liberté humaine ou de la
puissance de l'intelligence. Il a laissé en
outre deux traités inachevés, l'un De în^
tetlectûs emendatione y l'autre intitulé
Tractatus poUticus; et de plus une cor-
respondance philosophique pleine d'in-
térêt. Elle se compose de 74 lettres, dans
lesquelles ses amis, et souvent aussi des
inconnus, lui demandent des explications
sur divers points de sa doctrine et sur
quelques passages de ses ouvrages.
Il nous reste à montrer que la doc-
trine de Spinoza et ses opinions phHoso*
phiques et religieuses sont bien réelle-
ment le produit du temps et du pays où il
a vécu, et des circonstances dont son es-
prit a subi l'influence.
D'abord, sa première éducation, tout
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sn
(447)
âPt
tiébnlciiM» laÛM une emprtiiile |irofap4e
sar soD esprit. C'est moins dans TAncieD
Testament qae dans les traditions rabbi-
niqaes qu*ii faut chercher le germe da
panthéisme de Spinoza. Le travail ré-
cemment pablié par M. Franck sur la
kabbale jaÎTe (i^.) établit très claire-
■lent que les doctrines qui en faisaient
le fond reposaient sur un panthébme
mystique. Akiba (voy.) et les autres kab-
balisteSy pour échapper à l'idée de créa-
tiouy avaient adopté le système des éma-
nationa. Ib regardaient toutes les chosea
et toutes les idées comme autant d'éma-
nations directes de la substance divine.
C'est là précisément le fondement du
système de Spinoza, qui seulement a
substitué au mot d^émanatiom celui d'ex-
pressiony employé toutefois par lui dans
un sens identique. En effet , son prin-
cipe fondamental est qu'il n'existe qu'une
seule substance, qui est Dieu. Cette sub-
stance a deux attributs essentieb, l'é-
tendue et la pensée. En tant que sortant
de la nécessité de la nature divine, ces
deux attributs ne sont pas distincts en
eux-mêmes, mab seulement par rapport
à l'entendement humain, qui peut consi-
dérer la divinité sous deux points de vue
différents. C'est de là que Spinoza con-
clut ce grand principe, renouvelé de nos
jours par la philosophie allemande, par
SchellÎDg et Hegel, savoir, l'identité du
subjectif et de l'objectif, de l'idéal et du
réel. Il y a identité entre les idées de la
divinité et les choses créées par elle.
Après avoir exposé et développé ce prin-
cipe, Spinoza en rapporte la découverte
eux théologiens jnib \yoir son Éthique^
part. II, prop. 7) :« Ce principe a été en-
trevu assez confusément par les anciens
juifii qui ont établi l'identité de Dieu,
des idées divines et des choses créées par
Dieu. »
AncilloB a dit quelque part : « Quel
lecteur de Spinoza se rappelle, en lisant
ses écrits, qu'il était Hollandab, et qu'il
a passé sa vie en Hollande? > Cest, nous
le croyons, fsute d'y avoir regardé d'as-
sez près qu'Ancillon n'avu dans Spinoza
qu'un génie isolé et sans rapports avec
la nation à laquelle il appartenait. Et
d'kbord, qui ne reconnaîtrait le carac-
tère hollandab dans le calme et la par-
aévéraaie $mc lesquels 8pi»eaa a pnor^
suivi ses méditatioua solttaifes^ et daoa
ce pblegaae inaltérable que n'éaMovest
ni ûss périls, ni les tentativeeambitieiuea?
Mab le Hollandab du XYii* siècl#se ré-
vèle encore avec plus d'évidence daot
Spinoza, si l'on se rappelle les discus-
sions philosophiques et relîgiensea qai
agitaient la Hollande à celle époqae^
Qui ne sait que Descartea (iMf .) avait
âxé son séjour en Hollande, oà il peasn
les années les plus laborieuses de sa viel
Déjà même, avant sa mort, sa doctrine
avait encouru la censure des théologîene
hollandab : Gbbert Yoêt l'avait pour»
suivie avec acharnement, et^ depuis sa
mort, la controverse n'avait fsll que con-
tinuer avec plus de vivacité. L'esprit ém
jeune Spinoea s'éveilla au milieu de ce
mouveoMut, et en subit la puissante in-«
fluence. Tandb que les orthodoxes, ca-
tholiques et protestants, persécolasent le
cartésianisme, le jeune juif qui, par la
secte dans laquelle il était né, se trouvait
indépendant de leurs anathèaMs reli^
gieux , trouva dans cette doctrine l'ali-
ment qui convenait à sa. pensée, et il «'en
pénétra si bien que son premier ouvrage,
publié en 1 663, fut l'exposâlion àm pri»*
dpes de Descanes. A vrai dire, le spino*
zbme n'est qu'un développcoMut de la
philosophie cartésienne. Le disciple n'a
fait que déduire avec rigueur les coo^
séquences des principes posés par le nsal«
tre \ et Blalebranche, cet autre fib Intel*-
lectuel de Descartea, a pu être légitime-
ment appelé le Spinoza chrétien.
Les controvesees religieuses dont la
Hollande était alors le théâtre ne res-
tèrent pas non plus sans action sur l'es-
prit de Spinoza. Les querelles de l'armi-
nianbme avaient renouvelé la grande
question de la grâce et du libre arbitre,
et le livre de Jansénius peut être consi-
déré comme un écho de cette querelle^
transporté dans l'Église catholique. Le
synode de Dordrechi, convoqué pour
juger le débat, avait sanctionné le dogme
de la prédestination absolue, soutenu par
les gomarbtes {yoy. tous- ces noflu), et
d'après lequ^ les mauvaises actions des
hommes, aussi bien que les bonnes, doi«
vent être considérées cemoM résultent
fatalenent d'nn^iésrel divin. Il est fecièt
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OTl
(448)
^
àê retoniUKttre le lita qni nuit le dogme
tbéolof;iqiie de la prédeftinetion avec la
doctrine philosopbiqoe du panthéisme,
el de Toir que Gomar et Spinoza, arec
un point de départ tout-à-fait différent,
arrivent à des conséquences semblables.
Il n*e8t pas jusqu'à la forme des écrits
de Spinoza qui ne soit comme un témoi-
gnage du naturel bollandais. Cette pré-
tention de tout démontrer géométrique-
ment, cette exposition sèche et fMirement
didactique, n'atteste^t-elle pas Tinflaence
du dimet firoid et brumeux de la Hol-
lande? Dans ce parti pris contre Tima-
gination, ne voit- on pas un effet de l'es-
prit positif de ses compatriotes ?
Enfin les opinions politîqpes de Spi-
noza peuvent être envisagées elles-mêmes
comme le produit des révolutions dont il
fut témoin. H avait vu le gouvernement
démocratique élever la nation hollan-
daise au plus haut degré de gloire et de
prospérité. Il était l'ami et l'admirateur
du célèbre républicain Jean de Witt,
sous le gouvernement duquel la Hollande
prit une place si importante dans Téqui-
libre de l'Europe. Aussi Spinoza regarde-
t-il le régime monarchique comme étant
moins favorable que la démocratie au
maintien de la paix et de la liberté. Il
compare de même entre elles l'aristocra-
tie et la démocratie; mais, à cet égard, ses
opinions ne paraissent pas avoir été con-
stantes, et c'est peut-être encore dans
les révolutions survenues en Hollande
qu'il faut cherdier la cause de cette va-
riation. On sait qu'en 1672 Jean de
Witt fut assassiné par la populace de La
Haye. C'est probablement le souvenir
de cet événement qui fait que, dans son
Traité politique f écrit dans les dernières
années de sa vie, Spinoza paraît donner
la préférence à la forme aristocratique,
tandis que, dans le Traité théologico*
politique^ publié en 1670, avant l'assas-
sinat de Jean de Witt, Spinoza établit
au contraire que la démocratie est la for-
me de gouvernement la plus naturelle et
la plus favorable au maintien de la li-
berté générale.
Tel fut Spinoza^ génie original sans
doute, mais soumis autant qu'aucun au^
tre homme de génie à l'infiuenoe de l'é-
duoation qu'il reçut do aon siècle et de
son pays. Sa gloire, d'abord contestée, à
été toujours en croissant, et notre épo-
que a presque fini par faire son apo«
théose. Toutefois une distinction impor«
tante est à faire a cet égard. C'est en Al-
lemagne que l'influence de Spinoza est
devenue si profonde et presque uni-
verselle; en France, il n'y aura jamais
de sympathie générale pour le panthéis-
me. Non-seulement l'esprit français ré-
pugne aux formes géométriques dont les
écrits de Spinoza sont hérissés ; mais le
fond même de son système trouvera tou-
jours chez nous une vive répulsion : la
personnalité, l'activité individuelle et
le sentiment de la réalité étant déve-
loppés è l'excès en France, une telle na-
tion ne peut admettre volontiers un sys-
tème où toutes les individualités vont se
perdre et s'absorber au sein du tout in-
fiai *. A-D.
SPIRITUALISME (de spiHtus, es-
prit). C'est l'opinion qu'il existe dans le
monde antre chose que la matière, autre
(*) Les OEoTres de Spinoza ont été réanics
par le doctear Paalos : Sp. Opéra quœ supers
sunt owmia , ittrum edênda eurapit , ete , léoa ,
i8o2-3, a Tol. io-8^; M. Gfrorer en a donné nn«
nouv. éd., Stattg. , i83o, in-S**. Elles ont «té
trad. en allemand par M. Ânerbach, Stnttg.»
1841 » 5 Toi. in-i6, et en français (ponr la pre-
mière fois) par Bf. Saisset, Paris, 1S43, 9 vol.
form. angl,,précédéesd^une introduction étÎM*
due contenant, a dit M. Cousin , une exfio&itioa
régulière et méthodique de la doctrine du philo-
sophe. L^Éthiqoe, qni a dû opposer de grandes
dîificnltés an traducteur, a été publiée avec diffé*
rents antres écriu de Spinoza danssw Opéra posé»
huma, Amst. ,1677, in-40f \e Tractatus theolc
gico'Dolitieut, dont il existe plusieurs trad. fr.,
a été donné |>onr ainsi dire furttveoMnt par P.
Henriqnes de Yillacorta, Sp. Opta CHiRuaaiGA
omnia, Amst., 1673, in-8°. On a faussement attri-
bué à Spinoza Técrit intitulé Philosophia sacrm
Scriptarœ imterpretp Élenlbéropolis, 1666, tn-4*:
il parait avoir en pour auteur Tani du philo-
sophe, liouis Meyer. On sait que Jacobi (yoj.)
a exposa la doctrine de Spinoza dans ses lettres
à Mendelssohn ; il faut consulter en outre les
dialogues de Herder (voy.) sur Dion ; TouTrage
allemand de Heydeoriecfa, La ftofart tt DUa m»
/or Spinoza (Leipz., 1789, in-8*)j Franke, Sur
U tort, dam ces dêmUrs temps , du spiaositme, H
sur ton mfluencê dont la pkUotophU en généni,
Slesw., 18x2 ; Rosenkranz, DtSpinqMm pkHam*
phiâ. Halle et Leipz , i8a8. Enfin, unemultit»»
de d'auteurs cherchèrent à réfuter Spinoza. Bayfe
lui a consacré un article ; sa Tie a été écrite
par le médecin hollandais Lucas ( sona le nom
de Co/#/tu I ipad. fr., La Paye, 1706, in-8*), «1,
d'après lui, par Bicbcr La Selfct» Amst. , 1719,
iii-8*. J. H. S,
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Sl>i
chose que les corps qai nont entourent;
c*est la croyance que notre propre corps^
ou cette portion de matière qui nous est
propre, est animé et rob en mouvement
par un principe distinct de ce corps, prin-
cipe spirituel, insaisissable par les sens,
étranger et supérieur i la matière, quHI
meut et goufeme : mens agitât molem»
L'opinion contraire a été j usqu^à un cer-
tain point naturelle. En effet, au début de
la vie, ce qui nous frappe d*abord, ce qui
attire avant tout notre attention, ce sont
les phénomènes physiques, ce sont les
objets extérieurs, vers lesquels nos be-
soins nous entraînent, et dans lesquels
nous reconnaissons bientôt des forces qui
limitent notre force personnelle. Ainsi
t'est formée l'opinion des matérialistes
{voy.y, ils ont concentré toute la réalité
dans cet phénomènes sensibles, dans cet
objets extérieurs, qui agissent sur nous
avec une puissance irrésistible, à laquelle
il nous est impossible de nous soustraire.
Pour ce qui concerne l'homme en parti-
culier, ils ne voient en lui qu'un être cor-
porel : selon eux, les manières d'être que
les spiritualistes attribuent à Tâme ne
sont autre chose que les attributs de la
matière. La raison quHls en allèguent est
que la production des phénomènes intel-
lectuels et moraux est soumise à des con-
ditions matérielles; c'est que ces phéno-
mènes sont perpétuellement influencés et
modifiés par les changements qui ont lien
dans le corps.
Cependant, à mesure que l'homme a
reporté sur lui-même son attention d'a-
bord occupée au dehors, à mesure que la
réflexion s'est développée en lui, c'est-
à-dire qu'il est devenu plus capable de
constater les faits intimes de sa con-
toience, il a remarqué un ordre de phé-
nomènes qui ne peuvent se confondre avec
les faits physiques : les phénomènes in-
tellectuels et moraux, produits de Tintel-
ligenoe et de l'activité humaines, lui ap-
paraissent comme marqués de caractères
spéciaux qui iet distinguent de tout ce
qui se patte dant la nature. Il reconnaît
que les phénomènes eux-mêmes sont es-
sentiellement distincts des conditions qui
les accompagnent, et il finit par conclure
que les faits de Tintelligence et de Tactivi-
lé sont les modifications d'un être à part,
Enerelop, d. G. d. M. Tome XXI.
(449) SPI
différent du corps, en un mot de l'âme.
II y a donc dans l'homme un dualisme
(vox-) fondamental. Si le corps agit sur
l'âme, l'âme agit également sur lecîorps.
Cest la volonté qui détermine l'acte cor-
porel du mouvement. La joie, la tristesse,
les mouvements des passions exercent
une influence incontestable sur les or-
ganes de la vie, sur les phénomènes de la
nutrition, en un mot sur toutes les fonc-
tions organiques. L'âme et le corps peu-
vent donc être alternativement considérés
comme causes dans l'homme ; mais, à y
regarder de près, on trouvera que ce sont
des causes de natures très diverses. La
première différence essentielle, Vest que
la cause corporelle, si Ton peut parler
ainsi,n'a pas conscience d'elle-méme.Tous
les mouvements de l'organisme s'accom-
plissent en nousd*une manière purement
instinctive, mécanique et fatale. Nos
membres et nos organes sont de pures
machines qui obéissent aveuglément aux
lois qui président à leurs fonctions , ou
à l'intervention directe de la volonté. Et,
à vrai dire, la cause ne réside réellement
que dans un être doué de conscience,
qui sait ce qu*it fait, ce qu'il veut, qui
n'agit qu'avec intention, et qui propor-
tionne ses moyens nu but qu'il veut at-
teindre. La cause ne peut donc se mani-
fester que dans le mot\ doué d'intelligence
et de volonté, cause imparfaite et finie,
ou en Dieu, véritable cause première,
infinie, absolue.
Nous nous reconnaissons donc nous-
mêmes comme tour à tour actifii et pas-
sifs; et notre passivité nous apparaît
surtout dans notre dépendance des liens
du cojrps , tandis que notre activité émane
du principe immatériel, invisible, auquel
nous rapportons nos pensées, nos désirs,
nos volitions : elle appartient à l'être un
et identique , au moi , sujet de tous cet
phénomènes intérieurs. Aussi, lorsqu'une
fois nous nous sommes habitués a rentrer
en nous-mêmes, et que nous avons plié
notre esprit aux procédés intimes de la
réflexion , pouvons-nous dire que noua
connaissons l'âme d'une manière bien
plus directe que le corps lui-même.
Pour nous , la preuve de la spiritualité
de l'âme repose sur la simplicité , et la
preuve de la simplicité de l'âme repose
29
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SPl
(450)
m
sur TuDité et Tidentité du moi. On a dé-
niootré avec toute la clarté désirable
qu'aucune de nos opérations intellec-
tuelles , la comparaison par exemple, ne
pourrait s'accomplir dans un sujet com-
posé; car si l'un des termes de la com-
paraison était perçu par un des points du
moi y et que le second terme fût perçu
par un autre point du moi , jamais
le rapport ne pourrait se manifester, et
par conséquent la comparaison serait im-
possible; il faut donc que le sujet qui
perçoit les rapports soit simple , indé-
composable, immatériel.
Telles sont les vérités que la philoso-
phie, ou l'étude de l'homme intérieur, a
poursuivies pendant des siècles, et qu'elle
a laborieusement dégagées, dans ce chaos
d'intérêts , de préjugés , de passions et
d'activité confuse où s'agite la pensée
humaine. Socrate (vojr») a été dans les
temps antiques l'apotre du spiritualisme ,
et l'on sait contre quelles erreurs il eut à
lutter pour faire prévaloir ce dogme, vé-
ritable sauvegarde de la dignité hu-
maine. La religion grecque , fondée sur
un sensualisme grossier, devait périr
lorsque les doctrines spiritualités au-
raient fait reconnaître leurs droits par la
raison. En vain la philosophie épicu-
rienne opposa-t-elle aux opinions nou-
velles l'apparente clarté de son enseigne-
ment, et sa morale facile, toujours assurée
de réussir auprès du vulgaire; en vain la
licence monstrueuse de l'aristocratie ro-
maine et des empereurs mit-elle en pra-
tique ce que l'épicuréisme renfermait de
plus abject : le christianisme, en procla-
mant avec certitude le dogme d'une autre
vie, fonda dans la conscience du genre
humain la foi au spiritualisme ; et depuis
lors la tâche de la philosophie a été de
développer et de mettre chaque jour dans
une lumière vive les vérités qui découlent
de ce principe généralement admb, sinon
tout-à-fait incontesté. Foy. les art. Phi-
losophie, Seusualismb, Éclectisme,
etc. A-D.
SPITTLER (Louis-TiMOTH^E , ba-
ron DE ) , historien et pubticiste célèbre
«n Allemagne , naquit à Stuttgart le 1 0
nov. 1752. Après avoir terminé ses étu-
des à Gœttingue, il fut nommé, en 1777,
répétiteur au collège théologique de Tu-
bingue. La publication de ses Recher'-
ches critiques sur le 60* canon de Lao»
dicée (Brème, 1777, în-8*) et de son
Histoire du droit canonique jusqu'au
temps du faux Isidore {^hWt y 1778)
ayant mis en évidence la profondeur de
ses connaissances et l'indépendance de ses
opinions, l'université de Gœttingue Pap-
pela, en 1779, à remplir la chaire de pro-
fesseur ordinaire de philosophie. L'année
suivante , il fit paraître son Histoire du
calice dans la Cène (Lemgo, 1780), et
en 1 788, il obtint le titre de conseiller
de cour. Malgré les obstacles contre les-
quels il eut d'abord à lutter, il se fit bien-
tôt remarquer par ses leçons sur l'histoire
politique et l'histoire moderne, en sorte
que, en 1797, le duc Frédéric- Eugène le
rappela dans sa patrie et le fit entrer dam
son conseil privé. Mais les devoirs qui lui
furent imposés comme ministre direc-
teur des hautes études et curateur de l'u-
niversité deTubingue, l'éloignèrent, de-
puis 1806, de la carrière politique, vers
laquelle l'entraînait un goût décidé. Sou-
vent méconnu, il dévora son chagrin, ei
la violence qu'il dut se faire mina sa san*
té. Il mourut le 14 mars 1810.
Les principaux ouvrages de cet homme
instruit dans toutes les branches de la
science et d'un esprit pratique rare en
Allemagne, ouvrages tous rédigés dans
sa langue maternelle, sont : Précis
(Grundriss) de t histoire de P Église
chrétienne {Gœii. ^ 1806; 5« éd., pu-
bliée par Planck, 1818); Histoire du
ff^urtembers souJ ses comtes et ses ducs
(ibid.y 1782;; Histoire du fFurtemberg
(1783 ) ; Histoire de la principauté de
IIanovre[il%^)\ enfin Ébauche [Ent-
wurf) de Phistoire des états européens
(Berlin, 1793, 3 vol.; 3* éd., publiée par
Sartorius, 1823). Dans ce dernier, le
plus remarquable des ouvrages de Spitt-
1er, l'auteur s'attache surtout à faire
ressortir ce qdî caractérise le développe-
ment de la constitution et l'esprit de l'iâd-
ministration ; mais il perd trop de vue
Tétat de la civilisation, les mœurs popu-
laires et leur action sur le gouvernement.
Son style, trop coupé, manque quelque-
fois de clarté, et plus souvent il est d'une
sécheresse désagréable; cependant, com-
me travail de critique, ce livre passe pour
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SM
(4&
an chef-d'œuvre. On a encore de Spitt-
1er ane Histoire de la répotution danoise
en 1660 (Berlin, 1796; tnid. franc., par
Artaad-Soulange, Metz, 1804, în- 13)
et an grand nombre de dissertations in-
sérées dans le Magasin historique de
Gœitingue , qu*ii pnblia avec Meiners.
On Toit f dans tons ses écrite , qu'il s'est
constamment attaché à resserrer la ma-
tière dans le moindre espace possible, à
élaguer tout ce qui n'était pas essentiel à
Pintetligence complète d'un fait : aussi
ne peint- il jamais; il raconte brièTement
et ayeo tant d'art, qMe d'une tournure,
d'un mot, jaillit quelquefois un éclair qui
illumine une période de Thistoire et l'of-
fre sous un jour nouTcau. Foir Planck,
Spiuler considéré comme historien
(GœU., 181 1). Gurlitt a publié ses Le^
çons sur l^ histoire de la papauté^ en y
ajoutant des notes (Hamb., 1824-38,
in-4<*); le docteur Paulus en a donné une
édition plus complète (Heid., 1836), et
Ch. Mûller a fait paraître, d'après ses
papiers, V Histoire des Croisades et VHis^
toire de la hiérarchie depuis Grégoire
Fil jusqu'à la ré formation (Hamb.,
1 837-38, in-4®). Nous devons à son gen-
dre, M. Wsechter, une édition complète
des OEupres de Spittler (Stuttg., 1837-
87, 15yoI. in-8«). CL.
SPITZBERG. Situé au nord -est du
Groenland , au nord de llle d'Islande ,
antre le 36o 84' et le 89** 35' de long.
ocG., et le 76^ 30' et le 80'' 40' de lat.
If. , le Spitzberg est le pays le plus sep-
tentrional de la terre. Il a été découvert
en 1553 par l'Anglais Willonghby.
D'une superficie totale de près de 1,400
milles carrés géogr. , il consiste en trois
grandes lies : celle de Spitzberg^ l'Ile du
Nor^^Estf Itle du Sud-Est, et une foule
de petites. La première a reçu «on pom
des montagnes à pic et des rochers dont
•De est couverte. En hiver, ce pays est in-
habitable; il n'offre à Poeil qu'une im-
mense étendue de neige et de glace. On
B*y trouve que des ours blancs, des re-
nards, des rennes, des perdrix blanches,
des alcyons, des phoques^ des veaux ma-
rins , des baleines , des narrais , des re-
quins et d'autres poissons de mer. Cette
triste contrée ne voit jamais d'autres
bommet que quelques ^léchenrs qui y
1) SPL
abordent chaque année. Le princi^l
ancrage, nommé Smeerenberg, est situé
presque sous le 80^ de lat. Tous les ans,
un navire d*Arcbangel y débarque quel-
ques matelots russes et ramène ceux qui
y ont passé l'année précédente. La pre-
mière description exacte du Spitzberg
est due au Hollandais Barenlz, qui y
hiverna en 1596. De nos jours, W. Sco-
resby, pécheur de baleine et naturaliste,
a donné de nouveaux renseignements
sur celte île dans sa Description des
terres polaires; plus récemment une
expédition française, sous le comman-
dement de M. Gaimard , qui eu publie
la relation^ attira derechef l'attention
sur le Spitzberg. On y voit des pics dont
quelques-uns atteignent à la hauteur de
4,400 pieds. La plupart des plante» qui
y croissent fleurissent et meurent en un
mois ou six semaines; aucune ne s'élève
à plus de trois ou quatre pouces au-
dessus du sol. La chaleur en été est aussi
insupportable que le froid en hiver. Le
plus long jour et la plus longue nuit
durent prèi de cinq mois. Au sud du
Spiuberg est située l'Ile de Jan-Meyen,
(par 70« 49' a 71« 8' de lat.) , avec une
montagne , le Mont des Ours , haute de
6,870 pieds anglais, et un volcan. C Z.
SPLEEN, mot anglais, dérivé du
grec air^^àv , rate , qui a été nationalisé
parmi nous, pour désigner ce qu'au-
paravant, nous nommions la maladie
noire. L'opinion commune reconnaissant
la rate comme le siège de la joie, on ea
a été induit à donner son nom à cette
affection, qui passait pour provenir d'une
Altération de ce viscère. Le spleen, ma-
ladie propre à la brumeuse Angleterre,
est caractérisé par un dégoût profond
de la vie, une tristesse continuelle et une
apathie incurable qui , pau à peu, com-
duisent au désespoir et se terminent sou-
vent par le suicide. Ce résultat évident
d'une perturbation morale provient- il ,
comme on l'a prétendu , des incessants
prégrès de la civilisation et des jouis-
sances du luxe, qui , tout en accroissant
la somme de nos désirs et de nos besoims^
ne peuvent suffire à les satisfaire ? Cest
une grave question dont la solution mé-
rite d'occuper nos moralistes et nos.
psychologuesou physiologistes. Le spleen^ ^
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tes
SPO (452) SPO
Mt rapportt at«c rkypoooodrie ^contenus clatil la spontanéité. En eff«ty
{voy.)f peut da moins être l'objet d'une
appréciation médicale^ : on sait qnelles
sont les causes de cette affection que
Ton remarque de préférepce chez les
gens nenreux et bilieux; mais là où
ces principes morbifiques sont compli-
qués de certaines conditions morales,
telles <{(ie rinsatiabîKté des désirs et la
perte des illusions; là enfin où la folie
commenoCi la médecine s'arrête, et les
moyens curati£i ne peuvent être prescrits
d'une manière absolue. D. A. D.
SPOI4ËTE (nucHi Ds) démembré
du royaume des Lombards, voy. Itali»
(T. XY, p. 141), LoMBAABs elÉtaiïiO'
XAIK.
SPONDÉE, voy. Pied et Versifi*
CATif^If.
SPONTANÉITÉ(du latin spontè^ vo-
lontairement). C'est un des modes de l'ac-
tivité hnmaine, celui qui précède le mode
réfléchi, auquel on Toppose d'ordinaire.
L'homme débute par l'instinct ; mais il ne
s'y arrête pas, autrement il resterait sem-
blable aux bêtes. Le but de la vie est de
créer et de développer en nous la person-
nalité humaine, et la personnalité hu-
maine n'acquiert tout son développement
que par l'exercice de la liberté. L'^instinct
et la liberté {vojr, ces mots) sont donc les
deux points extrêmes entre lesquels s'a-
gite la force active dont nous avons été
pourvus. La spontanéité est un des de-
grés intermédiaires par lesquels nousnous
élevons de l'instinct à la dignité d'êtres
libres. Elle diffère de l'instinct, en ce
que oehii-ciest limité; l'instinct des ani-
maux est infaillible dans sa sphère étroite,
mais il s'arrête devant des bornes qu'il
ne peut franchir : nous voyons chaque
espèce se mouvoir éternellement dans le
même cercle, et obéir d'une n^nière
invariable à l'impulsion qu'elle a reçue
une fou du Créateur, à l'origine des cho-
ses. La spontanéité n'appartient qu'à
l'homme : aussi estrclle susceptible de dé-
veloppement; c'est le point de démirt
d'une activité qui ne s'arrêtera plus; c'est
le premier terme d'une série de manifes-
tations et de mouvements qui s'enchat-
nent, et qui sont soumis à la loi du pro-
grès. Et quand la réflexion vient à naî-
tre, elle ne fait que développer les germes
cette propriété qu'a l'esprit de rbomine
de refaire avec intention ce qu'il a fait
d'abord d'une manière irréfléchie, est le
principe de tous les arts et de toutes les
sciences.
La spontanéité de l'homme peut être
considérée soit dans l'activité propremeat
dite, soit dans l'intelligence. Dans son
mode actif, c'est l'éveil d'une force qui
tend à se déployer ; elle est sollicitée or-
dinairement par quelque besoin de notre
nature qui cherche à se satisfaire; elle se
porte directement vers son objet, et ses
opérations sont presque toujours infailli-
bles. C'est pour cela qu'à ce premier de-
gré il est si facile de la confondre avec
l'instinct. Dans son mode intellectuel,
c'est la première vue que nous preuons
des choses; c'est cette aperception sou-
daine de l'ensemble, qui nous saisit dès
qu'une masse d'objets ou d'idées vient
frapper nos sens ou notre esprit, aper-
ception soudaine et complexe , et par là
même confuse et obscure. Mais bientôt la
réflexion intervient, et décompose ce tout
dans ses parties, afin de le mieux com-
prendre; elle démêle ainsi ce qui était
confus, et éclaircit ce qui était obscur. Ce
sont là les deux moments, les deux pro-
cédés alternatifs de la pensée : on pourrait
presque dire que ce sont là les caractères
fondamentaux par lesquels les hommes
de génie se partagent en deux grandes fa-
milles, les poètes et les philosophes. La
poésie, en effet, a un caractère essentiel-
lement spontané : c*est pour cela que ses
aperoeptions conservent toujours quelque
chose d'obscur; elle entrevoit la vérité,
elle la pressent; mais du moment où elle
la décomvrirait dans toute sa clarté, du
moment où elle la posséderait pore et
sans mélange, elle cesserait d'être poésie
pour devenir philosophie.
Enfin , dans les actions humaines , il y
a encore une espèce de spontanéité, que
nous serions tenté d'appeler spontanéité
ultérieure^ pour la distinguer de ce débat
presque instinctif de l'activité que noua
avons tâché de décrire d'abord : c'est
celle qui naît de l'habitude des grande»
pensées, des sentiments généreux ; c'est
celle qui puise ses forces dans l'atmo**
sphère du subliipe, et qui fait les héros,
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SPO
(468)
SPO
Le ^*il mourût ! A$i vitil Horice «st ••-
wmimvÊX UD cri spontané , parti d^lne
grtnde âne ; mais il sappose la contem*
plation habitude das deroirs dn patrio-
lisnie ; il suppose on cosor noarri dans la
passion da déTonementi et la résolution
4ès longtemps affermie d*j sacrifier même
les affections les pins chères. Ici, la spon-
tanéité humaine se confond avec la liberté
la plus pure et la plus élevée, car elle a
conscience de son sacrifice. Ainsi éclatent
4es vues de la sagesse divine dans la noble
spontanéité qu'elle a laissée à l'homme :
elle a voulu qu*il fût libre, c'est-à-dire
capable de mai faire, pour qu'il fût aussi
capable d'bérolâme. A-d.
S1K>NTIN1 (GASPAan), membre de
l'Institut de France(Académie des Beaux-
Arts), né le 14 nov. 1778, à Miolatti,
dans l'état Romain, étudia de bonne
heure la musique sous la direction de
Martini à Bologne, etdeBorroni à Rome.
Entré ensuite an Conservatoire de la Pie-
tàf à Naples, il y fnt nommé professeur
en 1795. Depuis cette époque jusqu'en
f SOS, il enrichit les théâtres de Rome,
de Venise, de Parme, de Naples, de Pa«
lerme et de Florence de quatorze opéras
qui eurent tous une grande vogue, et qui
lui attirèrent l'amitié de Cimarosa (vo/.),
dont il devint le disciple. Appelé è Paris
vers la fin de 180S, M. Spontini y dé-
buu par sa Finia FUosofa^ déjà repré-
sentée à Naples, et qui eut un succès de
30 représentations an Théâtre-Iulien.
Tout en continuant de travailler pour ce
théâtre, il fit pour l'Opéra-Comique Julie
ou le Pot de fleurs^ La petite^maison^
qui eurent peu de succès, et enfin, en
1805, Mîtiton^ qui est longtemps resté
au répertoire. En 1807, le maestro don-
na à l'Académie royale de musique la
Vénale^ son œuvre capitale^que l'on peut
placer au rang des meilleurs opéras. Le
pviblic tintcompte à M. Spontini de i'heu-
rease alliance qu'il venait de tenter entre
Ja forme expressive et dramstique de l'é-
cole française et les modulations gra-
cieuses de la mélodie italienne. La Fes»
taie obtint, en 1810, l'honnenr d'être
préférée aux Bardes de Lesueur pour
le prix décennal institué par Napoléop.
li'aonée précédente, M. Spontini avait
eu, avec sou second opéra, Fernand Cor-
ieZf un succès que le temps a coasaoïé.
Nommé déjà compositeur particulier de
la chambre de l'impératrice Joséphine,
M. Spontini devint, en 1810, directeur
de l'Opéra iulien, alors à l'Odéon. Il y
marqua son pasaage par la reprise des
meilleurs ouvrages des maîtres italiens,
et par lechoix habile des chanteurs char-
gés de les interpréter. C'est de cette épo-
que que data la renommée dePellegrini,
de Porto, de M""*"* Sessi, BariUi, etc.
En 1811, l'empereur lui confia la direc-
tion de sa chapelle; la même année, il
fut élu membre de l'Académie de musi-
que à Stockholm, et en 1 8 1 8, il fit partie
du jury de lecture de l'Opéra. En 1814,
il donna, avec M. E. de Jouy, son colla-
borateur habituel, une pièce de circon-
stance, Pelage f ou le Moi et la paix ^ et
en 1816, les Dieus rivaux^ destinés à
fêter le mariage du duc de Berry; mais
le public ne fit qu'un accueil assez (roid
à ces deux compositions. La même année,
la direction du théâtre italien ayant été
eonfiée à M"** CaUlanl, le roi, pour dé-
donimager M. Spontini, le nomma son
compositeur dramatique ordinaire, lui
assigna une pension de 9,000 fr., lui
donna, en 1817, des lettres de natora*
lisation, et le créa, en 1818, chevalier de
la Légion-d'Honneur. Son dernier ou-
vrage composé pour l'Académie royale
de musique, Olympie (1819), suivit de
près cette distinction, mais n'obtint pas
le même succès que la Vestale et que
Fernand Cortez. Cet échec, non moins
que certains dégoûts qui lui furent
suscités à propos des opéras qu'il avait
dans les cartons, le déterminèrent , en
1920,à accepter les offres qui lui étaient
fkites depuis longtemps par le roi de
Prusse. Il quitta alors la France, avec le
titre de directeur général de l'Opéra de
3erlin et de la musique royale. LeshriU
lants avantages qui lui furent faits le
fixèrent pendant longtemps dans la ca«
pi taie de la Prusse, qu'il ne quitta qu'en
1 84S , à la suite d'une démonstration peu
bienveillante ponr lui, que se permit le
public de l'Opéra de Berlin, et d'un mé*
contentement momentané auquel donna
lieu une lettre écrite à ce sujet par le
maestro et insérée dans les feuilles pu-
bnques.L'affairefut arraogée,et M. Spon-
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8P0
(*5*)
SPR
Ûfn cooMnra ea PmiMi tes bonneiifs «l
ses traitemenU ; mais la faveur publiqua,
de sa lUture chaogeante^s'étail portée sur
des compositears indigènes et plus jeuntti,
M. Meyerbeer {voy,) d^abord, et en se<-
conde ligne sur* M. Mendelsaohn-Bar*
tboldjT, pour lesquels le nouveau roi da
Prusse avait le même attachement. M.
Spontini profita donc de la liberté qui
lui était laissée de passer une partie de
•on temps au-dehors, et il a depuis pro-
longé son séjour à Paris. Outre iVor-
mahal% écrit déjà en 1823| il a fait ro-
{présenter pendant son long séjour à l'é-
tranger les partitions nouvelles à^Msin'»
dQr{ 1 825), eiiVJgnês de Uohenstaufen^
représentée en 1837 avec un éclatant
succès. Un voyage qu'il fit à Paria en
1839 lui donna occasion de se mettre
aur les ranga pour entrer à l'Institut, où
il obtint la place qu'il avait depuis long-
temps méritée. M. Spontini, une des
gloires artistiques de notre époque, est
d'ailleurs membre de presque toutes lea
Académies de l'Europe; sa ville natale
l'a nommé au nombre de ses patriciens;
l'université de Halle lui a offert le diplo*
me de docteur, et il est de plus décoré
de l'ordre de l'Aîgle-Rouge de Prtuse
et de celui de Hesse-Darmstadt. Outre ses
grands opéras et un grand nombre, d'au-
Ues écrits en Italie et que nous n'avons
pas cités dans cette notice, M. Spontini
a composé une musique nouvelle pour
V Isola disabitata de Métastase; il a re«
fait la Se/niramide de Bianchi, et retou-
ché ies Danaïdes de Salieri. D. A. D.
SPOUADES, motgrec, vm^poAiu dé-
rivé de QifiX^ je sème, et servant à dési-
gner ce qui M| diM^nniné çà et là, aans con-
tinuité. €*eat ainsi qu'on dit d'une épidé-
mie qu'elle est de uhiurzspQradique. En
géographie, les Sporades sont un groupe
dlle? assez dispersées dans la mer Égée,^
à l'est des Gyclades. Elles dépendent na-^
turellement de l'Asie-Mineure, à l'exoep*
lion de quelques-unes qui devraient être
plutôt attribuées à l'Europe. Les plus
connues des Sporades asiatiques étaient
Icaria, Cos, etc.; on peut aussi comp-
ter parmi elles Patmos, Samos, Chios,
liCsbos, Lemnos, Imbros, Samothraoe,
Thasos; plusieurs de (selles d'Europe,
comme Skiathos, Skyros, Skopék», éto.|
dépendent aujourdliai du gonv
ment d'Eubée et en forment un
gouvernement dont Skiathos est le diel^
lieu {voy. Gaies, T. XIII, p. 13). Quel*
quefois aussi on range parmi lesSpomd«a
Hydra, Speuia, Poroa, Égine, Colottri,
etc. La première de ces îles est le aiége
d'un gouvernement portan tle même oooa.
Souvent aussi les €yclades orientales ont
été confondues avec les Spnrades. X.
SPREMGfiL (Kuat) naquit à Bol-
dekow près d'Anklam (Pomérank)^ le
8 août 1766. Il reçut la première in-
struction de son père, alors pasteor à
Anklam, et, sous sa direction, il fit de ai
rapides progrès non- seulement dana la
connaissance des langues anciennea et
modernes, mais dans la botanique et les
autres sciences naturelles, qu'à l'âge de
1 4 ans, il fut en élat de publier une Intro^
duction à la botanique pour les jeunes
personnes. A 17, il entra comme préc^
tenr dans une famille qui habitait aux en-
virons de Grei&wald,et, deux ans après, il
partit pour Halle avec l'intention d'y étu-
dier la théologie et la médecine; cepen-
dant il ne tarda pas à renoncer à la pre-
mière pour se consacrer tout entier à
l'étude de l'art de guérir. Le goût qui
s'était manifesté de si bonne heure en
lui pour les travaux intellectuels, s'accrut
encore avec les moyens de le sntis&ire.
Il prit une part active aux Nouvelles mu»
nonces littéraires pour les médecins^
les chirurgiens et Us naturalistes , pu-
blication dont il resu chargé aeul de
1787 à 1789, c'est-à-dire jusqu'à l'épo-
que où il reçut le titre de professeur ex-
traordinaire à l'université de Halle. Ses
cours sur la sémiotique et la pathologie
eurent beaucoup de succès. En 1796, il
fut nommé professeur ordinaire, et, deux
ans plus tard, il obtint la chaire dt bo-
tanique. Sa' réputation devint .bienldt
universelle: Marbourg, Dorpat, Berlin
lui firent les propositions les plus avan«>
tageuses qu'il refusa ; l'université de HaU^
lui accorda le diplôme de docteur en phi-
losophie honoraire, et plus de 70' socié-
tés savantes et Académies, au nombre
desquelles figure l'Institut de France,
l'admirent dans leur sein. H mourut lé
15maral883.
Lef pombreuji ouvrages de l^uri
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SPU
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SPU
Sprengtl peuvent se diviser en deux ciat-
las : 1<^ les ouvrages de médecine, par«i
lesquels nous citerços VEisai d'i4ne his^
toire pragmatique X de la médecine
(Halle, 1792-1808, 6 vol. ; 8« édiUon,
1891-98, 5 vol.); \t Manuel de patho-
logie ijjtiyz^ 1795-07, 8 vol.; 4« édit.,
1 8 15) ; \t Manuel de sémiotique (Halle,
1 80 1 } ; les Insiitutiones medicœ (Leipz. ,
1809-16, 6 vol.); 3o les ouvrages de bo-
taDM|ue dans la catégorie desquels rcn-
Irent k Historia rei kerbariœ (Amst.,
1807-8, a vol.) ; V Histoire de la bâta-
/ti^iie(Alteiib.etL€ips., 1817-1 8, 2voU);
les Nou9elles découpertes dans le do"
mmmedelabotanique{Lê\ftz.^ 18)10-39,
8 vol.) ; une traducUon de V Histoire des
plantes de Théopbraste (Leipz., 1823 ,
3 vol.); de savantes éditions diàSyste-
mavegetabiiium (16«éd.,Gœtt«, 1834-
38, 5 vol.), et des Gênera plantarnm
de Linné (9« éd., t. 1% Gœtt., 1830),
ainsi qu'une éditioB"<le Dioscorides
^ipa., 1830 et suiv,, 3 vol.).
Le fils aîné de ce sévant botaniste et
médecin, Guillâumx Sprengel, né à
Halle, le 14 janvier 1793, professeur de
médedneà Greîfswald depuis 1831, mort
le 1 8 novembre 1 838, a publié une foule
de traductions, la seconde partie de VHiâ^
toire de la chirurgie^ commencée par
son père (Halle, 1805-19, 3 vol.), et le
premier volume d*un Manuel de ehirur^
gie (Halle, 1838). C. L.
SPURZHEIM (Gaspaed), né le SI
déo. 1776, i Longwicb, près de Trêves,
se destina d'abord à la carrière ecclésias-
tique; mais le collège de Trêves où il
faisait ses études ayant été fermé, il par-
tit en 1795 pour Vienne, et devint,
depuis 1800, un des auditeurs les plus
assidus du docteur Gall [voy.). Lorsque
le gouvernement autricbien défendit les
cours particuliers ouverts sans autorisa-
tion spédale, il quitta Vienne avec son
maître et parcourut avec lui une partie
de l'Allemagne. En 1807, ils arrivèrent
tous deux à Paris^ et y professèrent les
doctrines craniologiqoes nouvelles; ils
publièreal ensemble VAnatomie etphef^^
siologie du système nerveux en géné~
rai et du cerveau en particulier. Cu*
vier fit sur cet ouvrage, on 1808, un
rapport peu invorable à l'tusiilnt na-
tional, ce qui n'empécba pas les deux
médecins viennois de continuer leurs le-
çons jusqu'en 1818, où Spurzheim par-
tit pour l'ADgleteire, dans le bot d'y
répandre ses opinions, un peu différentes '
de celles de Gall, sur les fonctions du
cerveau. Il y rencontra d'ardents adver-
saires, mais aussi beaucoup de partisans,
surtout à Edimbourg où il londa, en
1830, la première société pbrénologi-
que {7>OY. ce mot). Dès 1815, il avait
publié à Londres The physiognomical
System of D» Gall and Spurzheim. En
1817, il fut nommé membre du collège
des médecins de cette ville. L'année
même, il revint à Paris, pour y ouvrir
un nouveau cours. En 1831 , il soutint
une tbèse sous ce titre : Du ceryeau sous
le rapport anatomiqtte, pour obtenir le
grade de docteur en médecine de l'Aca-
démie de Paris. Quatre ans plus tard, il
retott^a ev^tngleterre, et après un nou-
vea|» séjour à Paris, depuis 1838 jus-
qu'en 1883, intervalle dans lequel les
idées phrénologiques se répandirent et
s'accréditèrent, il s'embarqua pour les
États-Unis dsoM l'intention d'y répan*
dre les mêmes idées et de visiter les tri-
bus indiennes. Il venait d'ouvrir à Boa- '
ton des cours publics sur l'anatomie du
oerveau, et tout lui présageait un beau
succès, lorsqu'il mourut le 10 nov. 1883.
Outre le grand ouvrage déjjà cité, Ana^
tomie et pkysiolo^e du système nerveuse
en général et du cerveau en particulier
(Paris, 1810-30,4vol. in -4<>, avec atlas
in-fol.; 3* édit., 1833-36, 6 voL in-S*),
qu'il a publié avec le docteur Gall, et l'ex-
posé de leurs doctrines communes dont il
a également été question , on a de lui :
On insanity ( Lond., 1 8 1 7 ; trad. franc. ,
Paris et Londres, 1818, tn.8*); Essai
philosophique sur la nature morale et
intellectuelle de l'homme (Paris, 1830,
in-8®); J view ofthe eieimentary prin-
ciples of éducation ( Édimb., 1831;
nouv. éd., Boston, 1883; trad. en franc.,
Paris, 1833, in-8''); Manuel de phré-
nohgie (Paris, 1883, in-13)| ete.
Le docteur Spurzheim avait promis à
feu M. Wûrta, avec qui il éuit lié d'a-
mitié, sa collaboration active pour cette
Encyclopédie : elle se borna à l'art. An •
TWkQwohowMf le célèbre anleor de U
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SQU
(466)
STA
|>faréDologie ay«ot été enlevé à la scieoce
avant la publication du premier yolume
de notre ouvrage. C. X. et S.
SQUALE (#^Ma/«/), genre nombreux
de poissons cbondroptérygiens à bran-
cbiea fixes, de la famille des sélaciens,
et que l'on distingue à leur corps al-
longé, revêtu d'une peau rugueuse ou
tuberculeuse, et terminé par une grosse
queue charnue, ordinairement divisée
en deux lobes inégaux; à leurs yeux
placés sur les parties latérales de la tête ;
à leur museau proéminent, sous lequel
a'étend transversalement une bouche ar-
mée de dents fortes et tranchantes. La
plupart sont de grande taille. Leurs nom-
breuses tribus, l'épandues dans toutes les
mers, s'y font remarquer par leur ex-
trême voracité. On les confond géné-
ralement sous le nom de chiens de mer.
Leur peau rugueuse sert à polir diffé-
rents ouvrages, à recouvrir des étttb,etc.
Quant à leur diair, dure et coriace^ elle
n*est point en usage comme aliment.
L'étendue de ce genre a forcé les natu-
ralistes de le subdiviser en plusieurs
groupes secondaires, dont les principaux
sont : les requins, \ts pèlerins^ les mar^
teauxy les anges et les scies.
Les requins {carcharias) we recon-
naissent à la sailHe de leur mâchoire su-
périeure armée de dents pointues et den-
telées en sde sur leurs bords, au défaut
d'étents et à la présence d'une nageoire
anale. On en connaît une quinzaine d'es-
pèces. Le requin commun^ la plus grande
de toutes, atteint quelquefois 6 à 7"^
de long et pèse jusqu'à 500 kilogr. Sa
teinte générale est d'un brun cendré. On
compte jusqu'à six rangées de dents
triangulaires et mobiles dans sa vaste
gueule. La rapidité de ses mouvements,
sa force prodigieuse, son audace lui ont
lait donner le nom de tyran des mers. A
l'abn des morsures et des balles même,
grâce à la dureté de sa peau, il attaque
Cous les animaux et suit les vaisseaux à
la piste, pendant les tempêtes surtout,
pour dévorer les corps qui tombent à la
mer. On a trouvé parfois jusqu'à 8 ou 10
thons dans son ventre. Les phoques, les
morues , les thons composent sa nourri -
tare ordinaire; il trouve cependant dans
une espèce de cachalot, nommé muiar^
un ennemi redoutable. La pêche de ce
requin se fait à l'aide d'un hameçon garni
d'un appât, etatuchéà unelongue et forte
chaîne; les nègres mangent sa chair.
Nous prenons encore sur nos côtes la
faux [sq, vulpes)^ ainsi nommée de la
forme du lobe supérieur de sa queue, aussi
longue que tout son corps.
Les pèlerins se distinguent des grou-
pes voisins par la grandeur de leurs
ouïes, qui entourent presqu'entîèremeat
leur cou ; les lamies (vo^.),par leur mu-
seau pyramidal ; les marteaux ^ par la
forme singulière de leur tête tronquée
en avant , et dont les c6tés, prolongés
transversalement de manière à figurer la
tête d*un marteau , portent les yeux à
leur extrémité; les ivtges {yoy*) doivent
leur nom à la forme de leurt nageoirea
pectorales qui, par leur étendue, ressem-
blent à des ailes ; les scies ont reçu le
leur de l'appendice osseux qui tennina
leur museau en forme de lame d'épée,
mais dont les côtés, au lieu d'être unis,
sont garnis de fortes épines, arme re-
doutable à l'aide de laquelle ce vigoureux
animal perce ses adversaires, et ne craint
pas de s'attaquer aux plus forts cétacés :
l'espèce commune atteint une longueur
de 4 à 5°^; le prolongement du museau
en forme à peu près le tiers. G. S-te.
SQUIRRHB, voy. GAifCBa et Hé-
patite. •
STAAL (MAUGUERITE-JEAimE-Com-
DiBE DB Launat , comtcsso DE ) saquit
à PariSy vers 1698. Son père, qui était
peintre, ayant été obligé de s'expatrier,
elle se retira avec sa mère dans un cou-
vent de Normandie, où elle profita de la
liberté qu'on lui laissait, pour étudier
la philosophie et les mathématiques,
étude vers laquelle la portait une intel-
ligence peu commune. Revenue à Paris
après la mort de M"** de Grrieu, sa pro-
tectrice, elle inspira une vive amitié à la
duchesse de la Ferté, qui la conduisit à
Sceaux, ou elle accepta une place de
femme de chambre chez la duchesse du
Maine. En cette qualité, elle joua un
rôle actif, tant dans les fêtes de la cour
de Sceaux que dans la conspiration de
Gellamare {voy,). Mise à la Bastille, elle
en sortit au bout de deux ans, sans avoir
rien révélé qui put compromettre . sa
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STA
(457)
STA
nattresse. P«o de temps après, Dader
(voy.) la demaDda en mariage. La crainte
de la perdre, plus que la reconnaissance
qu'elle aurait dû éprouver pour sa noble
conduite, décida enfin laduchessedu Mai-
ne à faire quelque chose pour elle. Elle lui
fit épouser un M. de Staal , vieil officier
des gardes suisses , et lui accorda toutes
les prérogatives des dames attachées à sa
personne. M"* de Staal, mourut à Gen-
uevilliers, non loin de Paris , le 16 juin
1750. Elle a laissé des Mémoires (de-
puis 1715 jusqu'en 1720, Londres [Pa-
ris], 1755, 4 vol. in-12), deux pièces de
théâtre et un grand nombre de ieUres
écrites d'un style spirituel et attachant.
Ses œuvres complètes ont été publiées
plusieurs fois, entre autres en 182] (Pa-
ris, 2 vol. în-8»). X.
STABIES,i7or* PoMPÉi.
STAGE. P. Papikius Statius naquit
à Naples, vers l'an 6t de J.-C. Son père,
d'une famille noble, mais pauvre, établie
à Sellé ou Vélie, chez les Lucanieos, an-
nonça de bonne heure du talent pour la
poésie. Successivement couronné dans
les jeux Actiaques, Néméens, Isthmiques,
•près Pavoir été fort jeune dans les jeux
quinquennaux de Naples, il vint ouvrir
une école dans cette dernière ville. Les
prix qu'il remportait à chaque célébra-
tion des jeux , et le succès de ses leçons,
lui attirèrent de nombreux élèves. Vers
l'an 69, il vint s'établir à Rome, o& il joi*
gnit à l'enseignement des lettres celui des
rits religieux* Domitien parait avoir été
un de ses élèves. A Fépoque de la guerre
civile où périt Vitellius, il avait fait un
poème sur l'incendie du Gapitole, avec
cette rapidité de travail qu'il transmit
depuis à son fils. Il se préparait à chan-
ter la fameuse éruption du Vésuve qui
ensevelit Heroulanum et Pompéi, lors-
qu'il fut pris d'un sommeil léthargique
et mourut l'an 85 de J.-G.
Stace, élevé par les soins de son père,
acquit de bonite heure une grande éru-
dition poétique et une facilité renurqua-
ble pour la versification. Malheureuse-
ment son éducation fut trop exclusive*
ment littéraire; l'imagination et la sen-
sibilité se développèrent chez lui aux
dépens de facultés plus solides; son ca*
ractère, pité dès Tenlanoe à ThumMe
r61e d« protégé, perdit oette amunuici
qui est nécessaire a la dignité du Ulent,
et il se trouva mal placé dans le monde
pour apercevoir à leur véritable point de
vue les hommes et les choses. Jeune en-
core, il épousa la veuve d'un musicien,
qui ne lui donna pas d'enfants, mais fit
entrer dans sa maison une fille née de
son premier mariage. Ge fut au milieu da
cette vie de famille, entre son père et sa
chère Claudia, que Stace, à l'âge de 20
ans, dit-on, commença son poème de
ia Thébaïde, Il en faisait de nombreu-
ses lectures, où la beauté de sa voix et
l'éclat de sa poésie attiraient et char-
maient jusqu'à l'enthousiasme l'éKtede
la société romaine. Il ne put cependant
obtenir le prix de poésie aux jeux Gapi-
toiins, après avoir réussi plus jeune aux
jeux quinquennaux de Naples. Peu de
temps après , il perdit son père et de-
nteura quelque temps sans reprendre ses
travaux poétiques. Après trois mois de
silence, il composa un éloge funèbre, où
l'on aimerait è louer l'expression de sa
piété filiale, s'il n'avait plus tard chanté
d'une voix tout-à-fait plaintive les dia-
grios beaucoup moins respectables de
quelques* uns de ses puissants amis. Sa
TAéùéude achevée après 10 années de
travail, il publia sucoeasivement les qua-
tre premiers livres de ses Sih^es ou poé-
sies diverses (le Y* parait n'avoir été pu-
blié qu'après sa mort). En même temps
il commença son Achilléide^ dont il ne
put achever que las deux premiers chants.
Sa réputation et ses suooèa dans les jeux
Albains, où il fut couronné par Domi-
tien , il faut ajouter aussi ses flatteries,
lui valurent quelques faveurs insîgni*
fiantes. Il fbt admis un jour à la Ubie im-
périale, honneur qu'il célèbre avec em*-
phasedans le III* livre des .Sl/fe/.On adit,
peûtrétre à tort, qu'il reçut de Domitien
une petite villa dans les environs d'Albe.
Stace n'éàiit encore connu que par qtfsl-
y es lectures de sa Thébauie , lorsque
son n^re fut enterré dans oetle petite pro-
priété. Stace n'était pas riche; mais il ne
fiuit pas prendre à la lettre les vers de
Juvénal et le regarder comme un poète
affamé. Nulle part, du umins, il ne sa
présente, comme Martial, en poète men-
diant. Vers la fin d« sa vie, il voilât se
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bTA
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8TA
1
ratHrar k NaplM, où Tapp^Uit l'sBritié da
PolHus Félix, et la 6"* pî^ du m'' livi«
des Silpcf a poar but de décider aa fevioe
« le saivre* Plnaienn pieoea du IV* livre
aembleBt indiquer qu'il n* réaKsa pat oe
projeu II mourut l*aD 96 aprèa J.-G.
Uoe tradition rejetée pai; LilioGyraldi,
nais qui ne parait paa invraisemblable
à FabricîiiSi prétend qu'il mourut de la
main de Domitien, frappé d'un coup de
poinçon à écrire, Dante, contre toute
vraisemblance, en a fait un chrétien.
Il nous reste de Staoe ses trou princi-
paux ouvrai^. Nous n'avons pas sa tra-
gédie à^Aga¥é^ citée par Juvénal. Jugé
avec une exoesnve sévérité par La Harpa,
qui n'a v\ que ses défauts, il est peut*
être placé trop haut non^smilement par
les savants du xvi* siècle, mais encore par
quelques critiques modernes. Stace a l'i-
magioation brillante et vive, l'âme douce
•t affectueuse, beaucoup d'instruction
littéraire , un véritable talent de versifi*
cation et de style, un peu gâté par le be-
soin d'arriver à l'effet* Ses descriptions
sont riobement colorées; ses comparai-
soas, trop prodigué» , mais précises et
pittoresques, sont V>uvent admirables,
mais il n'a pas le sentiment de la vérita-
ble grandeur. Ses caractères les mieux
tracés sont des caractères de femmes, et
les scènes douces lui réussissent mieux
que les scènes terribles. C'est ce qui ex-
plique peut-être autant que la maturité
de son talent la supériorité généralement
admise de son ÀchUléidef qui ne va que
jusqu'au départ de Syros. Le Tasse, qui
Ik souvent imité, doit à VAchilléide une
de ses pfos belles scènes, celle oà Ubalde
et \t Danois viennent arracher Renaud
à l'oisiveté. Dante a ^ris dans la Thé'^
biaide l'idée de la vengeance atroce d'U-
gelin, qui n'était là, il est vrai, qu'une
abominable frénésie de cannibale. Une
critique superficielle a quelquefois con-
fondu dans un jugement général Lucain^ .
Stace, Silins et Valerius flaccus, çt n'a
vu entre eux que des difïftrences àm de-
grés. Cependant Lucain est un déclama-
leur philosophe, quelquefois plein de
grandeur ; Stace est un poète dont l'ima*^
ginetion est vive et gracieuse, mais la
pensée souvent vide ou fausse. Flaceus
n'eaqu'ua traducteur ânes habile et un
versificateur exercé. Silius n'ei
Les Silpetf qu'on a quelquefois regar-
dées comme le neilleur ouvrage de Steoet-
offrent, comme ses poèmes épiques, une
poésie riche et brillante, mais creuse, où
la douleur et la joie s'exhalait toujours
en souvenirs mythologiques, et où l'au-
teur pleure son père ou son fils adoptif
sur le même ton qu'un lion apprivoisé ou
un perroquet. Ausone les a souvent imi-
tées. Elles se recommandent toutefois par
un certain talent de description; et la ra-
pidité avec kqueUe elles ont été écrites
peut les faire juger avec indulgence.
La !>• édition de Suce fut publiée ven
1470, sans date et sans nom de lieu. Lee
principales sont celles de Domitius,Rome^
1475, in-fol.; de Bemart, Anvers,159^
in-8<>; de Liodenbrog (Tiliobroga), Pa«
ris,1600, in-4^;deCruoeus,Paris,lël8,
3 vol. in-4^ ( n'a de valeur que par les
notes des éditeurs précédents); de Gro»
nove, Â.mst., 1 658, in-ia; deBarth, 1 664,
4 vol. in«8o, avec tous lescommentairei
précédents; de Hand,Leipz., 1817, 1. 1*',
in*8^; deLemaireet Amar,Parls, 1836-
1880, 4 vol. in-8^ Éditions partiou*
lieras des Silves : Marckland, Londrea,
1738, in-8''; Sillig, Drssde , 1837,
in-8^. Les traductions à consulter sont
le Stace complet de la collection Pano-
koucke et les Silpe* de l'abbé DeUtour
(Pari9,1805, in-S""); celles de CormUliole
et de l'abbé de MaroUes sont très défeo*
tueuses. J. R.
STADE OLTMPiQirB^ etc. On appe-
lait stade la lice où les athlètes grecs
s'exerçaient à la course et à la lutte
(iM)^. Jbi»). C'éUit une chaussée de
600 pieds, qu'à la oourae simple on par-
courait une fois, à la course double (li«v-
}aç) 3 fob, et jusqu'à 7, 13 ou 34 fois a
la longue ooufse (SeXt^éf). Ces 600 pieds
grecs équivalant à 136 pas romains ou
635 pieds, à 666 pieds de France ou 1 88
mètres environ , 8 stades représentent
le mille romain, et 33 stades une lieue
de 4 kilom. L'institution du stade était
attribuée à Hereule; il mesura lui-même
lalieued'Olympie(Pindare, Ofyifip.f'S^
58), et lui donna la longueur de 600
pieds. Les autres sUdes de la Grèce com-
prenaient 600 pieds également ; cepen-
dant ils éisient un peu moins loufique
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STA
(459)
STA
S ctliii d'Olympie, à cniBe àê la difTéreoM
^ à de graodeor entre le pied d'Hercule et
Y . celui des entres hommes (Aniu-Gelley
'« Nuits o/r., ly 1). Le sude italique ne
J difTéreit pu du sUde ordinaire ou olym-
pique, bien qu'il eût 634 pieds, parée
que le pied (prec avait 6 lignes ou 1 8 mil*
Umètres de plus que le pied romain.
Selon Gensorinus [Dédie mitali^ IS),
il y ayait un 6« stade de 1,000 pieds, le
sUde pjrthique. F. D.
STADE I plaoe forte du royaume de
Hanovre , dans la drostie ou préfecture
de Brème, sur la rivière de Schwioge, la«
quelle se jette au-dessous de la ville dans
l'embouchure de l'Elbe. Un fort, appelé
Schmnger^chamsêf protège l'entrée de
cette rivière du c6té de la mer. Stade
est le siège des autorités de la drostie ;
elle a des brasseries, des distilleries, des
chantiers de construction; elle fabrique
des dentelles et arme des navires pour la
pâche des harengs. La population se
monte à 6,i00 âmes. Depuis longtemps
Stade, ou le gouvernement au pouvoir
duquel est la ville, s'arroge le droit de
percevoir un octroi sur les navires qui ,
pour remonter l'Elbe, ou en passant de
ce fleuve dans la mer, s'arrêtent à l'em«
bonchnre de la Schwinge : c'était un des
36 péages qui grevaient autrefois la na-
vigation de l'Elbe. Lorsqu'en 183 1, des
conférences furent ouvertee entre les
états riverains, conformément à une dé*
cision du congrès de Vienne, pour af«-
franchir l'Allemagne de oe^ droits into-
lérables et pour rendre la navif^tion de
TElbe aussi libre que possible, le Ha»
noTre refusa de supprimer le péage de
Stade, prétendant que cet octroi ne re-
gai^ait pas TElbe, et que c'était un dW>it
perçu dans un port de mer. Tout ce que
les autres états purent obtenir, ce fut la
promcisfl que oes droits de péege ne se-
raient pas haussés arbitrairement, et que,
si une augmentation était jugée néces-
saire, elle serait décidée d'un commun
accord avec les états riverains de l'Elbe,
ei notamment avec Haml|porg, qui est
le plus intéressé dans cette affaire. Ce-
pendant le 'Danemark; M Hambourg -fi-
rent la réserve de leurs droits et privi-
lèges, fondés sur d'anciennes stipulations.
Cogiase la Confédéfation alleoMuide n'a
pns la Ihenltè d'imposer des lois è on de
ses priooes, le Hanovre a maintenu jus«
qu'à pressait son octroi , et le gardera
probablement longteo^» encore. D-a.
6TADHOUDER, vay^ Statsoudse.
STADION (Jean - Phiuppb , comte
dk) , né a Mayeace, le 18 juin 176S»
d'une ancienne famille de la Haute-Eli4-
lie, qui avait déjà rendu d'importants ser-
vices à l'Autriche, fit ses études à Gostdn*
gue, et gagna l'amitié du prince deSLan-
nitz(i>ox.), qui le nomma, en 1 787,minia-
tre plénipotentiaire en Suède. Cinq ans
plus tard, le baron Thugut l'envoya, avec
le même titre, à Londres, mais en lui ad«
joignant le comte de Meroy-d'Argenteau,
qui fot chargé des affaires les plus im-
portantes. Blessé de la mé6ance qu'on
semblait avoir concernant ses talents,
Stadîon donna sa démission et se retira
dans ses terres de Souabe. En 1798, l'è*
lecteur de Mayenee le chargea de k dé-
fense de ses intérêts an congrès de Ra-
stadt. En 1801, il rentra au servieedo
l'Autriche , éoos le ministère du oomte
de Trauttmansdorff , et obtint l'ambas-
sade de Berlin , d'oà il fut envoyé , en
1805, à Saint-Pétersbourg, -pour négo-
cier une nouvelle coalition contre la
France. Nommé ministre des affaires
étrangères aprèa la' paix de Presboorg,
il exclu l'Autriche à atUquer Napoléon,
occupé »lors en Espagne, et à commencer
la campagne qui se termina par la bataille
de Wegram. Destitué sur la demande du
vainqueur, il reparut comme plénipo-
tentiaire au traité de Tœplitz, en 1818;
aux conférences de Francfort et de Ghà-
tillon, en 1818 et 1814; et au congrès
de Vienne, en 1814 et 1818. Chargé en-
suite du ministère des finances, il releva
le crédit de l'Autriche , réublit l'ordre
dans cette branche d'adminbtration , et
mourut à Baden, près de Vienne, le 18
mai 1834. E. H-G.
STAËL -HMJÏTEIN (la baronne
ox), et le baron Aettuarx de Suél, voy.
plus loin dans le présent Tome, à la fin
de la lettre S.
STAFFA, voy. FnroAt, HiBunsa,
et GaoTTB, BàSkj/n.
STAFFARDB (bataiixx de), IS
aoAt 1 800, voy, Catinat et Loin» XIV.
STAFFOU>y famille ilkistre d'Aa«»
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5TA
(460)
STA
gleUrre quUrne faut pas confondre avec
celle de Strafibrd (voy, ce nom).
RoBSET de Staffordy compagnon et
allié deGaillaame-le-Gonqaérant,don-
na son nom à une province centrale de
l'Angleterre et nn titre de noblesse à di-
verses fainilles parmi lesquelles on re-
Buurque celle de Buckingtiam. Sous Char-
les II, GuiLLikun Howard, 2« fib de
Tliomasy duc de Norfolk (vo/.), fut
nommé vicomte et baron de Stafford, à
la suite de son mariage avec rbéritière
de ce nom. H est connu par son attache-
ment à la cause des Sluarts et à la reli-
gion catholique. Emprisonné à la Tour
avec quatre autres pairs, comme com-
plice de la conspiration papistCi il fut
désigné par le parti protestant comme
première victime, à cause de son âge et
de sa faiblesse. Le roi Charles II , qui
connaissait son innocence, le sacrifia
à un fanatisme qu'il ne partageait point.
Stafford monta sur Téchafaud avec rési-
gnation 9 le 39 décembre 1680. Deux
ans Jiprès sa mort, on imprima les Mé-
moires de Stq/fordf ou Détails sur sa
naissance f son procès et sa fin ^ Lon-
dres, 1682, in-18.
Depuis, le titre de marquis de Staf-
ford fut porté d'abord par le comte Gran-
ville^ père de l'ancien ambassadeur en
France, puis, en 1808, par ton fils ai-
ne, lord Gower, depuis duc de Sut
therland. Ce nom de Sufford est resté
attaché à une célèbre galerie de tableaux,
commencé par le duc de Bridgewater,
•t continuée par le mi^rquis dont il vient
d'être question. C'est à une autre famille
qu'appartient GsoaoB'WiLLUM Staf-
ford-Xeritiiigham, baron SulTord, né le
37 avril 1771, et membre actuel de la
Chambre des pairs. R-y. '
STAHL (Geokgbs-Eebtbst), célèbre
chimiste allemand, naquit à Anspach, le
31 oct. 1660. Après avoir étudié la mé-
decine à léna, il se fit reeevoir docteur,
et ouvrit un cours particulier pour 4es
élèves de l'université. Le duc de Saxe-
Weimar, sur le bruit de ses succès, l'at-
tacha à sa personne eo 1687, et la place
de second professeur de médecine a l'uni-
versité de Halle lui fut confiée en 1694. Il
venait,pour ainsi dire, de se poser en chef
d'école, et sa théorie, qui consistait à faire
jouer à l'âine un grand rôle dans la gué-*
rison des maladies, fut reçue avec beau-
coup de faveur en Allemagne. En vain
le grand Leibnitz prit-il parti contre lui,
en cherchant à démontrer, a l'opposé de
son opinion, que les lois de l'àine étant
morales, le corps seul est soumis aux lois
du mouvement ; en vain les détracleiurs de
Stahl cherchèrent-ils à entacher sa doc-
trine du soupçon d'athéisme, il n'en per-
sista pas moins à soutenir que « le corps,
comme tel, n'ayant pas la force de se mou-
voir, doit être mis en mouvement par nn
principe immatériel; et que par consé-
qttent lout mouvement du corps est un
acted*unordrespirituel.»En 1700, il fut
admis à l'Académie des Curieux de la na-
ture, sous le nom à^Olympiodore, Quel-
ques années après, il publia sa Theoria
medica vera (Halle, 1707 ; éd. nouv. par
Ch6ulant,Leipz., 1881-38, 3 vol. in-8«),
celni de ses ouvrages qui a fait le plus de
sensation, et où il développa avec le plus
d'étendue sa doctrine psychique ou de l'a-
nimisme. En 1 7 1 6 , il fut appelé à Berlin ,
où je roi de Prusse le nomma son mé-
decin, et son existence s'écoula dans cette
ville, au milieu des travaux et des dis-
putes, jusqu'au 14 mai 1734, date de sa
mort. Stahl a exposé ses idées dans une
foule d'écrits, dont le nombre peut être
eilîmé à environ 4 ou 500. Ce célèbre
professeur, dont les Expérimenta et ob^
sersHitiones chyimeœ (Berlin, 1731) mé-
ritent encore une mention particulière,
affectait pourtant un grand dédain pour
l'érudition, et il proposait sérieusement
de baooir de l'étude, de la médecine la
chimie, Tanatomie, et même la physique.
Un point capital de sa doctrine reposant
sur cette îdée,quela nutrition de Thonupie
engendre presque toujours plus de sang
qu'il ne lui en faut, il était grand partisan
de la saignée ; il prescrivait de fréquents
purgatifs, et avait une certaine aversion
pour les eaux minérales, qui, selon lui,
exercent de trop grandes contractions.
Après Stahl, sesélèves, Alberti et Joncher,
donnèrent ûnjp grande extension à son
école, qui eut pour antagonistes Fréd.
Hoffmann (voj.), chef de l'école des so^
Udistes^ et Boerhaave, chef de celle des
mécaniciens • Les nombreux ouvrages de
Suhl, publiée de 1683 à 1734, n'ont pas
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STA (4G
éré réanis en collection; naii aujour-
d'haî encore la plupart dVnire enx sont
consaUét avec fmit dans presque tontes
les nniversités d*A11ema^e. D. A. D.
STAIR (lord), titre appartenant en-
core aujourd^hni à la pairie écossaise et
porté dans ce moment par Johk-Wil-
liax-Hbitei Dalrymple, comte, Ticomte
et baron de Stair, né le 16 nov. 1784.
Sa création remonte à Tannée 1 690, avec
titre de vicomte, et à 1703 pour le titre
de comte.
A Fart. DALETMPLB,nous avons déjà eu
à nous occuper de plusieurs membres de
cette famille; mlis il nous reste à dire un
mot sur lord John Stair, feldmaréchal et
commandant en chef de l'armée britan-
nique. Né à Edimbourg, en 1673, d*un
père qui avait beaucoup contribué à la
chute des Stuarts , il fut naturellement
l'objet d'un promptavancement. Il servit
sous M arlborough avec le grade de colo-
nel, et fut ensuite envoyé en Pologne, où
il représenta son pays de 1709 à 1713.
Puis il remplit les mêmes fonctions à
Paris, au temps de la régence. Soua
George II, il fut revêtu des dignités de
grand^amiral d'Ecosse, de feldmaréchal
et de commandant en chef de Parmée,
et, comme tel, il dirigea, en i743, les
opérations de la bataille de Dettingen
{vojr,)f dont il ne tira pas cependant tout
le parti possible : aussi tomba-t-il dans
une espèce de disgrâce. Cependant il
concourut à faire échouer l'entreprise du
prétendantChaHes-Édouard contre l'An«
gleterre, et mourut le 9 mai 1747 en
Ecosse. X.
STALACTITES et Stalagmites.
Les eaux qui suintent à travers les ports
et les fentes des roches calcaires, se char-
gent d'une certaine quantité de carbonate
de chaux; lorsqu'elles arrivent à une ca^
vite, elles y déposent les molécules cal*
caires qu'elles tiennent en dissolution :
ce sont ces dépôts que l'on nomme sta-
lactites (de oraXàÇsiv, tomber goutte à
goutte, dont les Grecs ont fait les deux
substantifs à peu près synoii y mes, oroc^ax-
tIç, oe qui dégoutte, et oraXayfioff, une
goutte et l'action de tomber goutte à
goutte). Si la cavité à laquelle arrivent
les eaux qui ont traversé le sol eH grande;
ai c'est une grotte ou une caverne (^vojr.
I ) StA
ces mots), les stalactites qui s'y forment
finissent par tapisser entièrement les pa*
rois de cette cavité. Les eaux qui tom-
bent des stalactites n'ont point aban-
donné tout le carbonate de chaux qu'ellea
contenaient : aussi le déposent- elles sur
le sol de la caverne sous forme de con-
crétions plus ou moins mamelonnées. Ce
sont ces concrétions qui ont reçu le nom
de stalagmites. Les stalactites deseen*
dent constamment ; les stalagmites ten-
dent toujours è s'élever : il en résulte
que les unes et les autres finissent par se
joindre, et qu'a la longue une caverne
doit se remplir entièrement de ces con*
crétions calcaires.
Les stalactites commencent par avoir
la forme et la grosseur d'un tuyau de
plume ; un canal les traverse dans leur
longueur ; ce canal finit par se boucher,
et alors l'accroissement de la stalactique
se fait en dehors par les dép6ts successifs
des sédiments qui continuent à se for-
mer. Les stalagmites ne sont jamais ca*
naliculées.
Il est peu de personnes qui n'aient re-
marqué, admiré même les formes variéei,
souvent pittoresques ou bizarres, suivant
les accidents de lumière et quelquefois
aussi suivant l'imagination du spectateur,
que prennent les stalactites et les stalag-
mites qui tapissent lea grottes et les ca«
vemes des montagnes calcaires. Plusieura
de ces grottes ont acquis dans certaine
pays une sorte de célébrité : telles sont
les grottes d'Arcy et d'Auxellesen Fraoce;
telle est la grotte d'Antiparos dans l'Ar-
chipel. On sait qae le célèbre botaniste
Tournefort, ayant visité plusieurs fois
celle-ci et ayant remarqué de l'accrois-
sement dans les stalactites qui la tapis-
sent, ne se rendant pas compte de la
cause très simple à laquelle elles sont
dues, crut y trouver la preuve que les
pierres végétaient à la manière dea plan-
tes. J. H-T.
ST ANHOPE ( Jacques , 1 ^' comte
db), d'une ancienne famille du comté
de Nottingham , naquit en 1673. Il
suivit en Espagne Aleiandre Stanbope,
son père, nommé par Guillaume III en-
voyé extraordinaire près de cette cour.
Il voyagea ensuite en France et en Italie,
perfectionnant par l'étude des langues et
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foar la pratique des hommes une éduca-
tion à la fois brillante et solide. De re-
tour en Angleterre , il prit le parti des
airmes, et se distingua au siège de Namur,
sous les yeux du roi, qui lui donna une
compsgnie d*infanterie. Bientôt il s'éleTa
de grade en grade jusqu'à celui de lien-
tenant général, et commanda les forces
anglaises en Espagne, de 1708 à 1710,
d*abord sous lord Peterborough, puis en
chef. Fait prisonnier à Brihuega, il ne
recouvra la liberté qu'en 17 1 3. Il se livra
alors avec succès aux fonctions parle-
mentaires et diplomatiques. Sous la reine
Anne, Il devint un des députés inâuents
du parti vrhig. George 1*', à son arrivée
en Angleterre, l'admit à son conseil privé
et le nomma un des principaux secré-
taires d'éut. Parmi les négociations im-
porUntes auxquelles il prit part, figurent
en première ligne les traités de la Triple
et de la Quadruple alliance, où l'habileté
éonsommée du ministre anglais se trouva
en présence de la rouerie de l'abbé Du-
bois^, fin 1718, Stanhope fut nommé
premier lord de la trésorerie, chancelier
de l'échiquier et pair de la Grande-Bre<
Ugne,
avec les titres de baron Stan-
hope d'Evaston, et vicomte Stanhope
de Mahon, puis enfin principal secré-
taire d'état, à la place du comte de Sun-
deriand. Il mourut presque subitement
le 4 févr. 1791, et fut enterré à West-
minster. Militaire distingué, homme d'é-
tat éminent, le comte de Stanhope cul-
tivait Thistoire avec succès,^et l'on a de
lui un Mémoire sur le sénat romaifty
qui a été imprimé à la suite des dernières
éditions des Révolutions romaines de
l'abbé de Yertot. Lord Ghesterfield, au-
quel nous avons consacré une notice,
était frère du premier comte de Stan-
hope.
CHiUiES, comte de Stanhope, petit-
fils du précédent, joignit aux talents par-
lementaires qui avaient déjà Ulustré'sa
famille un goût décidé et une aptitude
spéciale pour les sciences. Xa chimie,
la physique, la mécanique, lui doivent
des découvertes '^t des applications in-
génieuses. La plus connue est celle de
(*) On troaye dans Lémontey, Hitt, de U Ré'
^€nc€, 1. 1, p. 104, de carieax détâili sur les eotre-
▼aei des deux pléoi))OtentiMr«f.
(46è) STA
la presse qui porte son nom. Il a aussi
perfectionné la fonte des caractères, la
stéréotypie et le clichage^ Ces travaux
ne l'empêchèrent point de prendre part
à toutes les discussions importantes qui
agitèrent le parlement et le pays, de 1785
à 1816. D'abord membre de l'opposi-
tion à la Chambre des communes, avec
Burke et Pitt, il n'imita pas. leur défec-
tion à l'époque de la révolution fran-
çaise, dont il se montra le partisan dé-
claré. En 1786, il succéda aux titres de
son père, et prit place k la Chambre des
lords. Devenu beau- frère du premier
ministre par son mariage avec lady Es-
ther Chatham, il n'en combattit pas
moins avec vigueur la plupart des actes
de sa longue administration. La réforme
parlementaire, la liberté de la presse, le
jury trouvèrent dans lord Stanhope un
chaleureux défenseur, toujours prêt à les
soutenir de son éloquence ou de sa plume.
Ses connaissances spéciales se déployè-
rent avec avantage dans certaines ques-
tions, telles que celle de la dette nationale
en 1786, de la circulation des billets de
banque en 1811, et du nouveau système
des poids et mesures, fondé sur la vibra-
tion du pendule, en 1816. Il mourut le
15 déc. de cette année. Un de ses der-
niers actes politiques fut une proposition
pour la codification des lois anglaises,
vœu exprimé depuis avec une nourelle
force par sir Samuel Romilly, et qui
néanmoins ne parait pas près de se réa-
liser.
Psilippe-Hbvbi, 4* comte de Stan-
hope et membre actuel de la Chambre
des lords, est né le 7 déc. 1781 ..Fils du
précédent et neveu de Pitt, il suivit les
f pinions de son oncle de préférence i
celles de son père. Dans sa jeunesse , il
intenta à ce' dernier un procès qu'il per-
dit, pour se faire rendre compte des biens
de sa mère. Il se fit remarquer en toute
occasion par son animosité contre la
France, dont il demanda le démembre-
ment dans un discours du 27 janv. 1818.
Depuis longtemps, il a cessé de prendre
une part active aux discussions parle-
mentaires, et il est permis de croire que
la fougue de ses premières opinions s'est
calmée.
I Sa soeur, lady'EsTHEa Sunhope, née
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STA
{m}
$tA
en 1780, est connue parla p9fi quVlle
eut ï rintimitéde son oncle WilliaiùPiU,
et par la vie aventureuse qu'elle a menée
ëepub la mort de son frère. Elle habita
Suelque temps sur les bords du Bosphore,
t naufrage près de l*tle de Rhodes, puis,
recueillie par un vaisseau anglais qui la
transporta en Syrie, se fixa dans ce pays
en jurant « qu'elle ne quitterait jamais la
terre du soleil pour aller respirer l'air
humide de l'Angleterre. » Elle a tenu pa-
role. En possession d'une grande fortune
depuis la mort de son père, elle établit
successivement sa résidence près de Da-
mas, puis dans le pays des Druses et dans
le voisinage du mont Liban. Sa vie in-
dépendante, ses manières excentriques,
objet de scandale en Europe, et surtout
aux yeux de ses compatriotes, lui attirè-
rent les respects des indigènes dont elle
avait adopté les mœurs. Son influence
sur les pachas des provinces voisines s'est
parfois exercée heureusement au profit
des populations chrétiennes de la Syrie.
Plusieurs voyageurs qui la visitèrent dans
sa retraite, entre autres M. de Lamartine,
ont donné des détails curieux sur son
genre de vie et sur les conversations qu'ils
avaient eues avec elle. Tous rendent hom-
mage à la vigueur de son caractère et à
Poriginalité de son esprit. Lady Stanhope
est morte à Djoun, en Syrie, le 28 juin
1S89. R^Y.
STANISLAS I" (LeszczfnsAi*), roi
de Pologne et grand-duc de Liihuanie,
un des meilleurs princes du xviii^ siècle,
naquit à Léopol (Lemberg), le 30 oct.
1877, selon les uns, 1683 selon les au-
tres. Doué des plus heureuses disposi-
tions, brave, instruit, éloquent, modeste,
économe, adoré de ses serfs, aimé de ses
amis, il fit un chemin rapide. En 16d9,
il fut nommé ambassadeur extraordi-
naire de la République à Goustantino-
pie, et en ),704, lorsque Charles XIJ eut
chassé du trône l'électeur de Saxe {voy.
Auguste n), il fut chargé par la confé-
dération de Varsovie d'aller complimen-
ter he conquérant, dont il gagna l'ami«
tié, dès la première entrevue, à tel point
que ce prince résolut de le placer sur le
(*) Ce Bom de faaiU«, si hérÎMé d« comoobm
et qa'on simplifie le plus souvent en frao^is, se
prononce en polonais Letch-tcbynski. Sw
trône de Pologne, déclail^ vacant f>ar la
diète. L'élection eut lieu le 1 3 juillet
1704, mais Tapproehe de son rival for-
ça bientôt le nouveau roi à fuir préci«*
pitammentde la capitale. Il y rentra ce-
pendant, avec le secours du roi de Suè-
^ de, et s'y fit couronner solennellement
au mois d'octobre 1706. Le traité d'AI-
transladt semblait devoir lui assurer la
paisible possession du trône, lorsque le
tsar Pierre-le-Grand, faisant sienne une
cause que semblait abandonner Auguste
lui-même, entra en Pologne à la tète
d'une armée et prononça la déchéance
des deux compétiteurs. Charles XU obli-
gea, il est vrai, les Moscovites a se reti-
rer en 1708, mais il perdit l'année sui<^
vante la bataille de Poluva, et Sunislas,
hors d'état de se soutenir, se vit forcé de
siilvre les Suédois en Poméranie, d'où il
passa en Suède pour attendre le résultat
des négociations qui s'étaient ouvertes
sur la conclusion de la paix. La condi-
tion préliminaire de tout^accommode-
ment étant son abdication, il partit pour
la Turquie afin d'essayer de déterminer
Charles XII à y donner son consente-
ment; mais, reconnu par l'hospodar de la
Moldavie, il fut art^é et envoyé pri-
sonnier à Beùder, où il resu jusqu'en
1714. Rendu à la liberté, il se retira
dans la principauté de Demx-Ponts, dont
le roi de Suède lui avait donné la jouis-
sance, et, après la mort de Charles, il
obtint du gouvernement français la per-
mission d'habiter Wissembourg, où il
vécut d'une modique pension jusqu'au
mariage de sa fille Marie avec Louis XV,
en 1738.
Auguste étant mort dix ans après,
Stanislas crut le moment favorable pour
faire valoir ses droits à la couronne de
Pologne. Il se mit donc en route pour
ses anciens états^ traversa l'Allemagne
sous un déguisement, et arriva en Po-
logne le 9 septembre. Tout sembla d'a-
bord lui sourire \ mais, menacé bientôt
dans Varsovie par les Russes, il alla s'en-
fermer à Dantzig, où il ne tarda pas à
être assiégé par une armée russe. Aban-
donné par le parti qui l'avait rappelé,
serré de près par le feldmaréchal Munnich
{voX')^(im avait mis sa tête è prix,troiti-
pé dans son attente dhin puissant secoura
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(464)
STA
dt U France, 9l»DÎtl«8 dut songer k m
sùrelé. H aortit de DanUig, déguisé en
paysan, le 37 juin, et atteignit» an mi-
lien des pku grands périls, Marienwer-
der, où il fut reçn avec honneur. Par le
traité de Vienne, ooncio le 8 oct. 178^
entre la France et TEmpirey il fut arrêté
que Stanislas abcftqneraity UMiis qu'il con-
serverait sa vie dorant le titre de roi de
Pologne et qn*il serait mis en posstanon
des duchés de lorraine et de Bar, les-
quels, après sa mort, seraient cédés en
tonte souveraineté à la France. Stanis*
las en prit possessièn le 8 avril 1737 (voy*
T. XYI, p. 718), et se fit chérir de ses
nouveauK sujets ipàr sa sagesse et par la
douceur de Son gouvernement* Naiu^ et
LunéviUe prirent, grâce à lui, un aspect
nouveau. Un ù^ste accident termina sa
vie. Un jour qu'il était assis près d*uDe
cheminée, le feu prit à ses vétemeou, et
il mourut le 28 février 1 766, après trois
■emaines des plus cmeUes douleurs.
Souverain d'un peuple paisible, Stanis*
las eût été le meilleur des princes; màisjl
n'avait pas l'énergie de caractère, la force
de volonté nécessaires pour régner sur
nnettiation turbulente et toujours prête
à se soulever, comme les Polonais. S*ii ne
posséda pas les talents quifontuo grand
roi, il eut au m&ioS toutes les vertus de
l'homme privé, toutes les qualités d*un
4bon prince. Parmi ses écrits, on a distin-
gué la Relaiion d'un voyage de Dantpg
à Màrienwerder^ e/i 1734, réimprimée à
Paris, en 1833, à Pépoque où parut la
Reiation d'un voyage à Bruxelles et à
Coblentz [1791) \ les Obserpations sur
la Pologne et le Coup-d^œil sur ia
Russie^ où se rencontrent des prédictiotis
qui n'ont pas urdé a se réaliser. En
lutie, on a publié des Maximes et ré-
flexions politiques^ morales et reli^
gieuses t^un administrateur couronné^
extraites de ses Mémoires, Parme, 1833,
Bodoni. Marin avait publié un recueil
des écrits de Stanislas, sous le titre:
Œuvres du philosophe hierifaisant
(Paris j 1768, 4 vol. în-8»); un service
réel a été rendu au roi-auteur par M°^«
de Saint-Onen, qui, en élaguant beau-
coup de choses inutiles, adonné en 1836
utfe édition de ses Œuvres choisies ^ en
I vol.in-8% àlatêtedelaqueUeellea
placé jin^ notice biographiqne aor ce
prioee. CL, m.
STANITZA , mot francisé en sta^
nijtse^ et qui signifie proprement troupe,
troupeau , mais qui sert communément
à désigner un village de Kosaques, voy»
ce nom.
STANLEY ( Édouaed - GsoFFaoi ,
lord), secrétaire des colonies dans le mi-
nistère de sir Hobert Peel, est né le 39
mars 1799. Fils du comte de Derby, ar«
rière-petit-fils du duc d'Hamilton, il
appartient à une famille dont l'illustra*
tîon est ancienne et historique. Ce fut un
Stanley qui, à la bataille de Bosworth,
plaça la couronne sur la tête de Henri VIL
Celui qui fait lV>bjet de cette notice, après
avoir étudié a Eton et à Oxford, entra,
en 1830, dans la vie publique, et repré-
senta successivement à la Chambre des
communes Stockbridge, Preslon, Wind-
sor et le comté de Lancastre. Le premier
de ses discours qui attira l'attention fut
celui qu'il prononça, le 6 rosrsl824,pour
combattre une motion de M. Hume,
tendant à réduire le personnel et lea
revenus de TÉglise dlrlaode. Il montra
de) lors cette ardeur à défendre rétablis-
sement protestant, dont il ne s'est jsmais
départi depnis, à travers les variations de
sa politique. A la fin de la session, il fit un
voyage aui États-Unis ; pub il se maria
(mai 1835), et peu de temps après il ac-
cepta au bureau des colonies un emploi
où il étudia consciencieusement cette
branche d'administration, à la lôte de la-
quelle il devait être placé un jour. L'Ir-
lande était pour lui une autre spéciaUté,
et, afin de mieux connaître l'état de ce
pays, il alla y résider quelque temps avec
sa famille. En avril 1836, nous le re-
trouvons à la Chambre parisnt contre le
projet du chemin de fer de Liverpool à
Manchester, et se constituant le cham-
pion des canaux et des voies ordinaires à
l'enêbntre du grand progrès A>nt l'An-
gleterre prenait alors l'initiat\ve.
Cependant, en 1830, sa capacité déjà
éprouvée, ses connaissances spécialeS| son
opposition récente au duc de Wellington
faisaient entrer M. Stanley dans le cabi-
net de lord Grey (vo/.), d'abord comme
premier secrétaire pour l'Irlande, puiS|
à partir de mars 1833, comme ministre
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(465)
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des colonies. Dans la prtmière àê ets po-
sîtionsy il déploya l'énergie et la décision
qui lai étalent propres et qne le mal-
henrenx état du pays rendait sonTentné-
cessaires. Depuis Castlereaghy on n'avait
pas vn d'antorité plos redontée que la
sienne; anjoard'hni encore, O'ConneU er
ses adhérents ne prononcent jamais le
nom de Stanley sans y accoler les quali-
fications de tyrarif de scorpion ^ etc. Mais
il ne serait pas juste de juger une admi-
nistration aussi difficile d'après les in-
jures que devait lui attirer sa résolution
de tenir la balance entre les partis ex-
trêmes; et si Ténergie du premier secré-
taire fut trop souvent appliquée à des
actes de répression violente , il faut re-
connaître qu'elle servit aussi à assurer
Tezécution de mesures salutaires, telles
que l'introduction en Irlande du bill de
réforme , la destruction de l'orangisme,
la liberté du jury, l'éducation nationale,
le développement des ressources indus-
trielles. Il eut même le mérite d'attaquer
quelques-uns des abus de cette Église
dont il se montra toujours le partisan si
timoré. Du reste, cette administration,
qu'il ne sut pas rendre populaire en Ir-
lande, il la défendit au parlement avec un
talent incontestable contre des adversai-
res tels qne sir Robert Peel et 0*Gonnell.
Son talent grandit dans ces luttes pas«
sionnées, et il y acquit la réputation du
premier debater de la Chambre des com-
munes. Comme secrétaire des colonieS|
c'est à lui que revient l'honneur d'avoir
présenté le bill sur l'abolition de l'es-
clavage.
Cependant il tint un moment où lord
Stanley (il portait ce titre depuis octobre
1884) ne crut pas pouvoir suivre plus
longtemps dans la voie des réformes le
ministère whig dont il représentait la
nuance la plus modérée. Il s'en sépara en
juin 1 834, ainsi que le duc de Richmond,
le comte de Ripon {yoY») et sir James
Graham, et forma avec eux cette petite
fraction semi-libérale, semi-conserva-
trice, qui, sans appuyer encore l'essai de
sir Robert Peel au mois de décembre de
la même année, combattit le mouvement
trop précipité, suivant elle, du ministère j
Melbourne {yoy, ces noms), et se trouva j
toute prête, en décembre 1841 , à en- I
Encytlop^ dn Q* d> M. Tome XXL
trar dun «ne coihinaiaon où se ren-
contraient ceux des whigs qui avaient ra-
lenti le pas et oenx des tories qui avaient
marché en avant. Dana l'intervalle ,
lord Sunley était resté fidèle à son
système de transaction entre les abus
trop criants et les réformes trop brus-
ques. C'est ainsi que, dans la question
des corporations municipales d'Irlande,
dans celle de la commutation des dîmes
(1886-38), il ne défendit point l'éUt de
choses existant, reconnut qu'il y avait
« quelqne chose à laire, » (car celte for-
mule caractérise bien son rôle de réfor-
ma tenr circonspect) ; mais il ne voulut
ni de l'application du système électoral
de la Grande-Bretagne, ni de la fameusa
clause d'appropriation. De même, quand
le parti radical réclama le vote au scru-
tin secret, il s'abstint de se prononcer
sur la motion, mais demanda à en pré-
senter une autre ayant pour objet de pro-
téger la liberté des votes. Après avoir ,
par son bill sur les listes électorales d'Ir-
lande , hâté la chute du ministère Mel-
bourne, lord Stanley, ainsi que nous l'a-
vons dit, entra, en 1841, dans le minis-
tère de sir Robert Peel comme secrétaire
d'état au département des colonies. De-
puis ce temps, il s'est associé aux princi-
pales mesures de ce cabinet, auquel il a
prêté l'appui de son talent. C'est ainsi
qu'il a soutenu les droits sur les céréales,
et tout récemment (juin 1844) ceux sur
les sucres. Dans cette dernière circon-
stance, il a puissamment secondé la ma-
nœuvre hardie par laquelle le premier
ministre, mécontent du taux voté d'a-
bord, a imposé à la Chambre une ré-
tractation immédiate , en la menaçant
de la démission collective du minis-
tère. R-T.
STAROSTES, nom dérivé de starii^
qui, dans les langues slavonnes, signifie
vieux , et par lequel on désigne les an-
ciens, ou certains dignitaires déterminés.
En Pologne; on donnait antrefois ce nom
aux gentilshommes terriens qui tenaient
en fief, soit par donation, acquisition ou
hypothèque, soit par casûon viagère, un
domaine de la couronne, c'est-à-dire
une des terres qui avaient été accordées
jadis aux rois pour leur entretien {mensa
regia)* A ces domainaa appartenaient
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(4C6 )
StA
att%si les shtrostrtfs, qtrè le rot, ^ h mttrl
du titulaire, ne pouvait reprendrtà, mais
dont il devait donner IMnvestiture à un
autre noble. A quelques-unes des staros-
tSes était attachée la juridiction sur une
certaine étendue de territoire {grod)^ et
les Étarostes pouTaient juger les causes
criminelles et les plaintes personnelles
des gentilshôttitnes. D^autres jouissaient
lenlement des retenus de leurs starosties
[untuarU). CL.
NATHOUDBRy ou, suivantl'ortho-
graphe hollandaise StadhoudeT^ en al«
lemand Statthalier^ qni tient lien, lieu-
tenant, gouverneur, Vice^roi. Ouill&Qme
et Nassau porta le premier ce titre dans
les Provinces-Unies, enl574. Mais bien-
tôt après, chacotie des provinces eut son
stathonder particulier. En 1651, ce titre
fUt aboli dans quelques-unes, et le chef
prit celui de gtand- pensionnaire. Ce-
pendant Guillaume III, depuis roi d^Àn-
gleterre, fut nommé stathouder dans plu-
sieurs provinces. Le premier qui exerça
cette autorité dans toutes les sept fut
Guillaume IV, et en sa faveur le stathou-
d^t fut même déclaré héréditaire dans
sa famille , à condition que les membres
qui y prétendraient en vertu du droit d*hé-
rédité ne fassent ni rois, ni électeurs, et
n'appartinssent pas à un autre culte que ce*
lui de l'Église réformée. Le stathoudérat
subsista ainsi dans les Provinces-Unies ju»^
qu'à l'invasion du pays par les Français ,
•n 1793. Au rétablissement de cette sou-
veraineté par les alliés, le prince héritier
du stathoudérat prit le titre de roi des
Pitys^Bès (t)ox. cetart.). X.
STATIQUE (19 (TTarixif sous-en-
tendu ^etapia, la science des poids, du pe-
sage, féminin de l'adjectif orarexoc > ce
qui pèse, dérivé de to-Tv/xt , je pose, et,
au moyen , je repose , je pèse). La stati-
que est cette branche de la mécanique
{voy.) qui a pour objet les lois de l'équi-
libre des corps ou des puissances qui agis-
sent les unes sur les autres. Son but est
donc de rechercher les rapports qu'ont
enttiB elles plusieurs forces (voy.) qui se
combattent et qui anéantissent leurs ef-
fets réciproques et opposés , tandis que
l'autre branche de la mécanique , qu'on
nomme dynamique (vojr,)^ a pour objet
les propriétés du mouvement considéré
en lut-mème ou produit par iWlon et
la réaction que plusieurs corps exercent
les uns sur les autres. On divise la stati-
que en difTérentes parties, suivant qu'elle
s'occupe de l'équilibre dans les corps so»
lides^ et alors elle conserve spécialement
le nom de statique ^ ou dans les corpe
liquides et fluides, cas où elle prend le
nom A^hydrostatique^ dont Vaérostati^
que {voy. ces mots) peut encore former
une section particulière.
Lorsque plusieurs forces appliquées à
un corps on à un système de corf^ M
détruisent, de manière qu'il n'en r&iulte
aucun mouvement, on dit qu'elles sont
en équilibre {voy,)^ « manière d'être, dit
un savant géomètre , qui diffère du sim-
ple repos, en ce que le repos est un état
purement oisif, qui existe en l'absence
de toutes forces, au lieu que l'équilibre
suppose l'exercice virtuel de plusieurs
forces qui se combattent et qui s'anéan*
tissent réciproquement. » Quelques au-
teurs nomment la statique la science des
forces de pression. Elle considère sur-*
tout l'équilibre dans les machines {yojr.)^
instruments destinés avarier les deux élé-
ments d'une puissance proposée, le poids
ou la vitesse, et à procurer la combinai-
son la plus avantageuse relativement è
un certain but.Cest donc dans cette bran-
che de la mécanique qu'on traite du cen-
tre de gravité, du frottement et des ré-
sistances que les corps éprouvent pour se
mouvoir; des diverses machines simples,
la machine funiculaire, le levier, les pou-
lies, le tour, le plan incliné , la vb et le
coin, et des machines composées qui s*y
rapportent. Presque tous cet mots ayant
des art. séparés dans cet ouvrage, il se-
rait inutile de s'y arrêter ici.
Quelques écrits d'Aristote montrent
qu'au temps où il vivait, les philosophes
n'avaient encore que des notions confbses
et même fausses sur la nature de l'équi-
libre. Archimède (voy,) doit donc être
regardé comme le véritable créateur de
la statique. Ce savant trouva la propriété
générale du centre de gravité, et déter-
mina ce point dans plusieurs figures. Il
découvrit toute la théorie du levier et
l'élendit à plusieurs autres machines qu'il
imagina.On lui doit, entre autres, le plan
incliné, la vis ordinaire, une sorte de via
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(467)
STA
qui porta ion nom et qoi sert à élever
Teau par un moavement continu , etc.
Mais si les modernes tiennent du savant
géomètre de Syracuse les principes de la
statique 9 il est juste de reconnaître ce-
pendant qu'ils les ont considérablement
généralisés et perfectionnés, en même
temps qu'ils formèrent Une science non»
▼elle de la théorie des mouvements Va-
riés, qui parait avoir été inconnue aux
ancienSé L. L.
STATISTIQUE, science de l'en-
semble des faits sociaux relatif à un état
dans un moment donné*, lequel moment
est ordinairement le présent, que sou-
vent on compare au passé envisagé dans
différentes périodes* Telle est, suivant
nous, la vraie définition de ce mot si di-
versement expliqué de nos jours, et dont
on a fait un si étrange abus par suite
de l'oubli ou de l'ignorance de son éty^
mologie. En effet, on suppose générale-
ment le mot dérivé de staiuSf état ou si«*
tnation, et, dealers, on appelle statistique
tout tableau oflrant le relevé d'une si-
tuation quelconque, une série de quan-
tités numériques **, Mais c'est évidem-
ment une erreur. La science dont nous
avons à traiter a re^ son nom des Alle-
(*) Lft défiaitloii donnée par Achenwall nom
partit eneore la meilleare : « Stmtistik tùnt
Landêi und Volkês Ut dêr inhêgTi(f ttinêr Staaif
nurkvûrdigkêitm, »
(**) C*mt en la prenant dans cette acception
an'on a pa parler de la statiitiqut des êoJUtêtt
de la aatutiquê du tafii de Pans, et qu*on a dit,
à propos des prix Mootyon, que PAcadémie»
Française s*est chargée de faire tons les ans U
simtùliquê de {« irerfu. Dans tons ce$ eas, le inoè
êtmt (énnmératioB) serait le mot propre : donner
rétat de la verta en France » Tétat des aeteare ,
des actrices et de lear répartition entre les dif*
férenu théâtres, l'état des cafés de Paris. Si toats
émunération était nne statittiqne, réonméri-
tion des plantes, des minéraux, des animaux^
serait donc la statistique des plantes, des miné-
raux, des animaux? Dès 1829 (dans notre Bumi
d'un* staiitUqite génimU de l'êmpin de Ruttiê,
p. III de la préface) nous avons dit x •* If*a-fr*
on pas vu éclore dans ces derniers temps une
foule de productions obscures, qui, offrant de
eelomnienses biographies contemporaines, des
détails propres à intéresser la malice des rieurs
on les passions des hommes de parti, voire
même des scandales de coulisses, se paraient
toutes du titre pompeux de Statistique? n Cet
abus, qui n'a pas cessé depnil} teud à jeter de
la déconsidération sur une science très sérieuit
pourtant, très utile, et qui exige la réunion de
plus de qualités solides Qu'on ne le croit géné-
ralement.
mand% lesquels l'ont forgé un peu maU
adroitemcnl au moyen du mot Siaat^
eut, ou du latin status f- dans le sens de
stéitus reipublicsBj emprunté sans doute
aux Eépubliquea des Elsevirs, qui don-
naient le status regni de tel ou tel pays*
Alors on a fait destaius statistique, sur le
modèle du mot sphragistique (voy.)^
déjà usité dans l'ancien monde, ou des
mots diplomatique et heuristique [voy,)^
moins bien formés au moyesi-âge. De plus,
on a inventé la dénomination de statista
pour désigner un bomme d'état. Ainsi,
dans un livre publié à Genève en 167ô|
on parle déjà de mtiones statistieœ^ et
le célèbre bomme d'éut Louis de Secken^
dorf y est qualifié de statista ehristia^
nus.
Il est clair, par conséquent, que ^ dès
l'origine, la statistique a été une science
politique et sociale ; en faire simplement
un amas de quantités numériques, c'est
la dénaturer. A quel titre, ainsi comprise,
la statistique serait^elle une science? Bien
plutôt faudrait-il la considérer comme
le rebut de toutes les sciences réelles^
comme le magasin général de toutes les
notions imaginables pour lesquelles il n'y
a point de place dans ces dernières. C'est
ce qu'a parfaitement compris M. Dufau,
auteur d'un remarquable Traité de sta^
tistique ou théorie de l'étude des lois
diaprés' lesquelles se développent les
faits sociaux {Vma^ 1840, in-*8<>). Le
titre de son livre atteste qu'il n'a point
méconnu que ce sont les faits sociaux qui
forment le domaine de la statistique ;
mais partant de cette idée que « on a
trop exclusivement considéré la statisti**
qaé dans ses rapports avec la politique
et Fadministration'd'un état,» il s'est at*
tacbé de préférence à d'autres questions
toutes eiprimées en des termes numéri-
ques. Désirant constituer une science
avec ces termes numériques, il a voulu
y porter l'ordre, la méthode^ la vie. <t II
est bien évident, dit*il, qu6, puisque les
données sur lesquelles opère le statisti-
cien sont essentiellement représentées
par des quantités, il a de toute rigUeur
recours au calcul pour obtenir des ré-*
sultats. La science repose sur la même
vue fondamentale qui sert de base à la
tbéorie du calcul des probabilités. . . Tous
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(«8)
STA
les faits de Tordre politique et moral
TieDoeot se soamettre sans peine à Ta-
Dalyse et au calcal quand ils peuvent être
ramenés à des séries établies avec intel-
ligence ; et s'il est vrai qu'on ne peut pas
toujours arriver ainsi à des résultats d*une
rigueur parfaitement égale à celle que
permet d'atteindre l'observation des faits
naturels, du moins doit-on dire qu'on en
approche parfois beaucoup. » M. Dufau
fait ainsi de la statistique une science
mathématique, et il a été suivi sur ce ter-
rain par un homme dont ces sciences sont
le domaine habituel. Dans son Exposi-
tion de la théorie des chances et des
probabilités (Paris, 1843), M. Conmot
dit : « L'on entend principalement par sta-
tistique (comme l'indique l'étymologie) le
recueil des laits auxquek donne lieu l'ag-
glomération des hommes en sociétés po-
litiques; mais, pour nous, le mot pren-
dra une acception plus étendue. Tïous
entendrons par statistique la science qui
a pour objet de recueillir et de coordon-
ner des faits nombreux dans chaque es-
pèce, de manière à obtenir des rapporu
numériques sensiblement indépendants
des anomalies du hasard, et qui dénotent
l'existence des causes régulières dont l'ac-
tion s'est combinée avec celle des causes
fortuites.» Telle était exactement l'idée
de l'auteur du Traité de statistique;
mais telle n'est pas cette science même,
NoA deux savants collaborateurs Tont
confondue avec V arithmétique politique ^
chargée précisément de rechercher ces
rapports numériques et d'en étudier les
lois, ou, en d'autres termes, l'existence ré-
gulière. Seulement M. Dufau, pour faire ^
une place à part à la statistique comme'
il la comprend, établit la distinction sui-
vante à laquelle, pour notre compte, nous
n'attachons aucune importance : « Dans
le domaine de l'arithmétique politique,
dit-il, rentrent une foule de problèmes
difficiles, oà il s'agit de dégager une in-
connue parmi une somme variable d'é-
ventualités, problèmes qu'on ne saurait
résoudre sans le secours de l'algèbre, tan-
dis que les données les plus élémentaires
du calcul suffisent pour traiter les ques-
tions qui se rattachent à la statiftique...
Voulût-on, au surplus, anneier à cette
•cieno9 la plus grande partie desaolutions
obtenues par le calcul des probabilités^
on ne devrait toujours pas la désigner par
cette appellation à^ arithmétique politi-'
que qui ne pourrait en donner qu'one
idée incomplète et restreinte. » Nous ve*
nous de voir que M. Goumot trouve, au
contraire, à cette dénomination un sens-
plus large, plus étendu.
Quoi qu'il en soit, selon nous, la sta-
tistique n'a pas pour objet seulement lea
quantités ou les rapports numériques :
tous les éléments de la vie sociale, sous
quelque aspect qu'ils se présentent, chif-
fres ou expression quelconque d'un fait
expérimental, sont également de son do-
maine. D'un fait expérimental, disons-
nous; car la statistique constate, expose^
elle ne dogmatise point, elle n'établit ni
lois ni théories. Elle devient une science
par son ensemble, par l'ordre qui y rè-
gne et par la critique avec laquelle les
faits sociaux ont besoin d'être constatés,
aussi bien que ceux de l'histoire. S'il
n'est pas vrai, comme l'a pensé Schloezer,
que celle-ci soit une statistique continue
(car elle enregistre en outre des faila
personnels et développe des caractères),
on peut au moins dire avec ce grand
érudit que la statistique est l'histoire à
son point d'arrêt, c'est-à-dire le tableau
d'une situation sociale qui est la consé-
quence de tous les événements racontés
par l'histoire, et l'exposé de tous les élé-
ments divers qui font d'un état ce qiril
est virtuellement dans le moment actuel.
Envisagées comme science, l'une et l'autre
n'ont rien de rigoureux : elles n'existent
comme telles que par la méthode , l'en-
chalnement et la critique. La statistique
d'ailleurs se distingue encore de l'his-
toire par cela qu'elle est essentiellement
mobile : ayant pour domaine le présent,
quand celle-ci s'occupe de préférence da
passé, elle n'est jamais complète, jamai»
vraie dans toutes ses parties; car la mi-
nute actuelle a déjà modifié l'état des
choses tel qu'il existait dans la minute
précédente. Mais toutes les sciences d'ob-
servation , de constatation, ont le même
inconvénient : le géographe, le géologiste
et tant d'autres ne feront pas difficulté
de l'avouer.
Comme la plupart de ses sœurs, I«
statistique a de nombreux rapports avcQ
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lieaucoup d'antres scîeDces : tonr à toar
elle leur prête et leur emprunte. Nous
menons de parler de ses rapports avec
l'histoire; mais elle est trop actuelle, trop
curieuse de mille détails pour pouvoir
être confondue avec elle; quant à la ju-
risprudence, à la politique , à Téconomie
politique, si elle empiète quelquefois sur
leur domaine , elle s'en distingue nette-
ment cofome science des faits sociaux de
toute nature, tandis que la première n'é-
tudie que les faits de législation qu'il lui
appartient en outre de discuter; que la
seconde apprend, non à connaître, mais
à agir; et que la troisième s'attache sur^
tout à poser des principes, et spéciale-
ment cette sorte de principes sur lesqueb
' se foude ta richesse des nations que la
staliâlique se borne à constater. Avec la
géographie, ses points de contact sont
encore plus multiples; mais la géographie
a moins en vue l'état , la société, que le
pays, la terre. Quand elle parte de re-
censements et de faits commerciaux, elle
se grossit aux dépens de la statistique; en
revanche, celle-ci viole le domaine de sa
voisine lorsqu'elle revendique pour elle-
même les descriptions de territoires qui
ne la concernent pas directement. A la
géographie, la terre, séjour de l'homme,
avec tous les mille objets qui eu animent,
en diversifient le spectacle, et qui réagis-
sent sur le développement physique et
intellectuel des habitants de chaque pays;
à la statistique, l'état, Thoaune réuni
avec ses semblables en une association
politique qui centuple les forces, satis-
fait les besoins et garantit les intérêts !
Le territoire national, en lui-même,
indépendamment du travail de l'homme,
ne concerne la statistique que comme
base; elle en traite tout au plus, comme
hors-d'œuvre, dans une introduction. Sa
tâche à elle, c'est de faire connaître la
constitution d'un état, son gouvernement
et son administration; sa richesse publi-
que, ses forces de terre et de mer; les
ressources morales que l'homme y trouve,
soit pour son instruction , soit pour son
édification et la poursuite de son salut
éternel ; puis de présenter l'état numéri-
que de la population, d'en constater l'ac-
croissement , en tenant compte aussi du
mouvement auuuel, naissances, décès et
mariages; d'étudier les élémenU coDSti-
tutifs de cette population ; d'établir les
besoins de la consommation et les moyens
ezi^nts pour y fournir ; enfin, de por-
ter l'attention sur tous les agents de la ri-
chesse particulière^ sources de la richesse
publique, $ur les intérêts matériels, qui
se fondent soit sur la production (agri-
culture, exploitation des mines, industrie
en général), soit sur la circulation (com*
merce intérieur, extérieur, maritime ou
de terre, etc.).
La statistique embrasse tout cela , et
nécessairement ; seulement, Tordre dans
lequel ces matières sont exposées peut
varier suivant le point de vue de chacun.
Quelques auteurs ont adopté l'ordre sui-
vant : 1<> le territoire ; 3® la population ;
3® l'état. Nous avons déjà dit que, selon
nous, le territoire ne peut être pour la
statistique qu'un hors-d'œuvre, néces-
saire pourtant à faire comprendre les dif-
férentes situations dont on va traiter; en
ce qui concerne les deux autres divbions,
il est permis de commencer par l'état,
comme étant l'objet direct de la statisti-
que; ou par la population, si l'on con-
sidère que sans elle il n'y a pas d'état, et
qu'après tout l'état n'est autre chose
qu'une agglomération d'hommes réunis
sous une certaine loi. Pour nous, dans
nos travaux de statistique, nous suivrons
désormais cette dernière marche, par des
motifs que nous développons en tête du
premier volume, actuellement sous presse,
de notre Statistique générale de la
France^ raisonnée et comparée*.
La statistique générale se rapporte à
un état considéré dans son ensemble; la
statistique spéciale^ au contraire, se ren-
ferme dans le Ubleau d'une province,
d'un département, d'une ville, d'une lo-
calité quelconque. On peut appeler uni-
çerseUe la statistique qui embrasserait à
la fois tous les étau, ou au moins ceux
qui composent le système européen. Elle
peut être de deux espèces, suivant qu'elle
traiterait successivement et isolément des
différenU éuts, ou qu'elle les mettrait en
présence les uns des autres, d'une ma-
(*) 4 Tol. in-8®, dont le» deux derniers «ot
paru soos ce titre proTÎsoire : Dt la Création
d9 la richêue, on des intéritê matiriêU €M France,
Paris, (842, chez U. Lebrun.
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STA (470)
rnihf synoptique, ponr établir àm eom-
parusoDf. On verra plus loin des exem-
ples des deux méthodes*
Que tkf en outre, on nous parle de
statistiques de la presse , des journaux,
d^ voitures publiques, des chemins de
fer, etc.^ <^est là un abus de mots qui ex-
pose au ridicule une science parOiitement
sérieuse. Considérer ces choses- là dans
leur rapport avec l'état , c'est sans doute
faire de ia statistique j comme on fait de
la philologie en s*arrêunt à l'étude d'une
iimple particule ; mais de même qu'on ne
dit pas la philologie des particules grec-*
ques ou latines, ni la physique de la
boussole, de même on devrait s'abstenir
des expressions ci -dessus mentionnées.
Après avoir ainsi défini la science, fait
connaître sa portée et tracé ses limites,
reportons-nous à son berceau et notons
rapidement quel a été jusqu'à ce moment
le cours de ses destinées.
A tout prendre, la statistique est une
science ancienne. De tout temps, les ma-
tières essentielles qui la composent ont
plus ou moins fixé l'attention des hom-
mes habitués à se rendre compte de ce qui
se passe autour d'eux. 3ans doute le nom
a été consacré, en 1749 seulement, par
un ouvrage d'Achenwall où il figurait sur
le titre ; mais longtemps avant lui on avait
cherché à réunir systématiquement tons
les faits curieux, notables et influents,re-
latlfs à la vie politique d'un peuple. L'I-
talie, où la politique s'est d'abord déve-
loppée, a pris l'initiative à cet éçard; car
le premier ouvrage imporUnt à noter est
celui du Vénitien Francesco Sansovino,
intitulé Delgot^erno et amministrazione
di diverse regni e repubUche (Venise ,
156T, in-4*, plusieurs fois réimprimé et
traduit en différentes langues). Parmi les
autres Italiens, Ventura, Paruta et sur-
tout Jean Botero méritent une mention.
Les Relazioni universali de ce dernier
(Rome, 1593, in -4®) eurent un grand
nombre d'éditions, furent traduits en la-
tin, commentés et amplifiés. La France
ne tarda pas à s'intéresser aux mêmes
études : elle y prit une part signalée par
l'ouvrage de Pierre Davity , dont nous
donnerons le titre en entier, malgré sa
longueur, parce qu'il fait voir que c'est
bien réellement de statistique qu'il s'a- |
STA
gistalt dans ces publicatlonsi prémieeade
la science. L'original français (traduit
•nsuite en latin et en d'autres langues)
était intitulé : Les états ^ empires etprim-
cipautés dm monde ^ représentés par la
description des pays^ mœurs des habi"
êanSf richesses des provinces, les for^
eeSf le gouvernement^ la religion et les
princes qui ont gouverné chacun étai,
Saint-Omer, 1631-23, 3 vol. in-4^ A
la même époque (1634), Jean de Laet
commença à faire paraître en ÏLollande,
alors centre d'un commerce actif, avide
de renseignements, et où des institutions
libres donnaient de la dignité à la science,
les fameuses Républiques des Elzevirs,
précieux petits livres qui, s'ils étaient
loin d'embrasser tout le vaste champ de
la statistique, y traçaient cependant de
beaux sillons et y dépotaient une bonne
semence. Un peu plus tard, l'Allemagne
vint aussi s'associer à ce mouvement qu'il
lui était réservé, plus qu'à aucun autre
pays, d'entretenir et de régler. Nous ne
parlerons qu'en passant du savant juris-
consulte et publiciste Herrmann Conring
(voy.)^ de Rose, deReckmann, de|Gastd,
d'Éverard Otto; mais une mention plus
particulière est due à un élève de Con-
ring, Ph. -André Oldenburger, mort à
Genève en 1 678, et qui y publia, trois ans
auparavant, le Thésaurus rerum pubU-
carumy en 4 vol. in- 8^, ce même ou-
vrage dont nousavons dit en commençant
qu'on y trouve déjà les termes de ratio-
nés statisticœ et àestatista, M. Schubert
remarque que même sept ans plus tôt
(1668) on les rencontre dans un petit
livre rare, intitulé: Constant! ni Germa*
niciadJustum Sincerum epistolapoliti-
ca de Gennanorum peregrinationibus.
Vint enfin Achenwall {voy,)^ professeur
à Gœttingue, dont nous avons déjà parlé
et qu'on regarde comme le père de la
statistique. Marchant sur les traces de
Conring, il fit entrer cette science dans
l'enseignement universitaire. Le Com^
pendium qu'il en rédigea en langue alle-
mande , lequel, à partir de la 3^ édition,
parut sous ce {\\xtiStaaSsverfassung der
Europœischen Reiche im Grundrisse
{Ébauche de la constitution politique
des états européens) fU en del7 49 à 1798
7 éditionssuccessives. Vers le même temps
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STA ( 47
qu'A.cli«i1»»H, W«loh «1 Eeichurd pu-
blièrent égtliBMlH 4ei «br^fét d« tUtk-
lique à l^oatfe «les ODÎffrtitét. L'iiopuV-
sion était donnée, et bientôt l'on vit pa-
raître une aoita d'exoellenU onvraget qoi
eniitagèfent cette icifnoa tops toutes tes
laoet, afin d'en fiitt les principes, la do-
ter d'une tbéorie. Il noua suffira de citer
entre autres le livre de SnoUett, The
presemt êUHe qf ail nations (Londres,
1768, Sfol. in-S''); V Idéal d'unêttatU-
tique gémémU du momU de Gatterer
(Gœtt., 1778)) la Théorie de la mU*-
tique de Scblceser ( voy.)> '* iwHIeur dis-
niple d'Aebenwall el son suoceiseur à l'u-
niversité deG«sttingue, livre quirestamal-
beureusement inaebevé (Gcatt*, 1804h
V Abrégé de statistique àt Niemann (AI-
tona, 1807); les Idées sur la statistique
eonsidérée dams ses rapports avec ié-
cenomie poHiiqua de Léop. Kjrug (Ber-
lin, 1807), etc.
Maisà meaure que cette nouvelle bran-
cbe du savoir humain gagnait de la oon-
si8lanee,elle devint, comme de nos jours,
oil peut-être elle a eanru ris<pie tle dé*
passer le but , l'objet d'atUques multi-
pliées. Un de ses premiers et de ses plus
vébém»ts adversaires ftit Lôder, qui»
dans sa Critique de la statistique et de
la politique (Gœtt, J812) et dans son
Bistoireeritiquede la statistique (GŒtLf
1817), fit de vains elfoipu pour diswé-
diter cette science. Tout au contraire, ce
genpe de polémique lui devint salutaire,
en signalant les erreurs dans lesquelles
on était tombé déjà, ou les éoueils qu'il
importait d'éviter, et en la poussant ainsi
dans la bonne woie.
Les attaques injustes auxquelles on
l'avait vue en butte n'empèebèrent pas
une foule de savants, en partie fort dis-
tingnés, de mettre leur patience et leur
sagacité au servioe de la statlstiqlM, d'a-
près im plaiis diversement combinés,
et selon les méthodes variées imaginées
par chacun. De ce nombre furent l'es*
timable Bftsehing {voy.)^ Toae, Remer,
M ensel, Mannert, Basse! (voy,). Ce der-
nier, dans son grand Manuel de géogra*
phie et de statistique actuelles ^% présenté
les deux sciences réunies dans un seul et
même cadre. Son exemple a été iaûté par
Siein dans un autre If oJiiiW 6^ ^tdog'fo-
i)
STA
phie et de statisêique {6^ éd., Leipz.,
1 888-84, 8 ^1, in-8«). Un savant pro-
fesseur de Kœnigsberg, M. Schubert, au-
teur d'une Statistiqtte des étau de l'Eu-
rope {Stamtenkunde von £uropa f Kos-
nigsberg, 1885 et années sniv.), s'est au
contraire renformé dans ses limites natu-
relles. Cinq volumes ont d^à paru de cet
ouvrage capital, qui, bien que basé sur
des matériaux qui ont viellB presque aus-
sitôt, surtout ceux qui eoncement la Fran-
ce , est néanmoins la statistique univer-
selle, non synoptique, la plus satisûusante
qui ait paru en tous pays.
On s'est pareillefnent occupé avec
succès à établir des rapprochements en-
Ire les situations analogum des diffé-
fmita états , afin de faire jaillir de ces
comparaisons d^itiles leçons. L'Autri-
chien Martin Bisinger (1838) et le baron
de Iffalehus (1 814) en ont donné l'exem-
ple. Aprèseux,ll. Scfanabel, danssaiSto-
iisiiquê géuéntle des états européens
(Pragu^y 1889, 3 vol. in-8<^), a pris pour
point de départ l'Autriche, en regard de
laquelle il a feil comparaîtra les autres
états, grands et petite, M. Fneozl, égale-
ment Autrichien, Ta suivi dans la même
voie, oè se sont particulièrement distin-
gués, en Italie, le savant MelchiorGioja,
et ehes nous, outra M. Adrien Balhi (que
la France peut récUmer pouv sien, quoi-
qu'il ait reçu le jour à Venise) , le baron
Charles Bupin, statisticien célébra, qui,
dans la plupart de ses travaux, s'est atta-
ché à établir un parallèle entre la France
et l'Angleterra. N'oublions pas, enfin, de
noter qu'on doit à l'Allemand Meuiel
une Bibliographie de la statistique
(Leipzig, 1790; 3* éd., 1808-7, t vol.
in-8^), et que l'histoira de cette science,
indépendamment de Lûder, dont il a déjà
été question, a été présentée par M. Moue
(en îstin, Louvain, 1838, itt-4*).
Ce qui précède se rapporta principa-
lement à la statistique universelle; car
s'il fallait énumérer ici tous les bons ou-
vrages de statistique générale on spéciale
publiés en tous pays, et particulièrement
en France, en Allemagne, en Angleterra
et en Italie, la place dont nous dispo-
sons n'y suffirait pas, et nous hérisse-
rions nos colonnes d'une aride nomen-
clature, fiornons-noos à en indiquer Isa
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STA
(472)
STA
plas marquants. Dans ce nombre, il faut
compter un ouTra^ qui a vieilli aojour-
d'hui et qni atteste encore sur tontes ses
pages l'enfknce de la science , mais qui
n'en était pas moins un grand pas fait
dans une carrière qui s'étend maintenant
de jour en jour, dans l'intérêt de la bonne
administration publique et du progrès
général de l'humanité. Nous Toulons par-
ler de la Statistique générale et parti-^
cuUère de la France et de ses colonies^
publiée par Herbin, de concert avec dif-
férenUoollaborateart(PariSy 1808, 7 yoI.
in-8% atlas in-4<>). Avec la petite Sutis-
tique de Peuchet, également relative à
une époque qui est déjà loin de nous, ce
travail a été jusqu'à ce jour le seul de cette
espèce sur la France'*'; car nous ne ferons
pas à la Statistique, à la fois informe et
trop abrégée, de M. Lewis Gokbmith,
rhonneur de la placer sur la même ligne.
Après la publication d'Herbin , qui n'a
plusguèr* aujourd'hui qu'un intérêt his-
torique et de comparaison , nous citerons
le Treatise on the (vealth^ power and
ressources ofthe British empire de Col-
quhoun (Londres, 1814); puisla /le«
scription statistique de f empire Britan-
nique de M. J.-R. Mac-Culloch, et
l'ouvrage capital pour la statistique de
l'Angleterre, depuis le commencement
du XIX* siècle, le Progrès s ofthe na-
tion de M. Porter, chef du bureau de
statistique commerciale à Londres, et
qui, avec le précédent, fait autorité dans
tontes les questions de statistique re-
latives au Royaume - Uni. Dès 1837,
M. Chemin^Dupontès nous a donné une
traduction française du livre de M. Por-
ter; mais depuis il a été continué, et un
3* volume en a paru il y a peu de mois.
Enfin, nous rappellerons aussi lesouvrages
du comte de Qiabrol (yoy.) sur Paris, et
de M. Moreau de Jonnèssur l'Angleterre
et l'Espagne; ceux de MM. Springer, Bê-
cher et Dieterici sur l'Autriche et sur l'Al-
lemagne, etc.
Sous un autre point de vue, il est im-
possible de passer sous silence les recher-
ches de Malthus {voy,)y de MM. Quete-
let, Villermé, Gaspar, Bernoulli, etc.,
sur la population ; de M. A. Balbi sur
(*) yojr. T< XI, p. 523, la note, lu lieu de
z8o7, U y faot lire i8o3.
les langues et sur la puissanoe poUtiqae;
le beau travail du comte Ghaptal (vay,)
sur l'industrie de la France ; ceux de
MM. Mac- dul loch, de Gûlich, le baron
de Redeo, etc., sur l'industrie et le com-
merce en général ; ceux de M. Michel
Chevalier sur les travaux publics et les
voies de communication , etc.
Tout cela, il est vrai, sont des travaux
de seconde main. A force de labeur et de
combinaisons,ces auteurs ont pu réunir et
rapprocher entre elles une quantité pro-
digieuse de données, et mettre dans tout
leur jour des situations restées obscures
jusqu'à eux ; mais pour marcher sur un
terrain solide, pour avoir une base sur la-
quelle il puisse s'appuyer avec confiance^
il faut au statisticien des opératioBS pré-
liminaires qui ne sont plus de son res-
sort, pour l'accomplissement desquelles
ses forces et ses lumières même ne suffi-
raient pas. Il faut des centres de rensei-
gnements où viennent s^amasser et se clas-
ser des rapports authentiques sur toutes
les situations possibles : recensement de
la population, état des naissances, des
déràs et des mariages; état du nombre
d'élèves dans les écoles, du nombre de
malades dans les hôpitaux et hospices,
des détenus dans les prisons et les bagnes;
état des crimes, des mises en prévention et
des condamnations ou acquittemoits; état
des propriétés de toute nature, des riches-
ses agricoles, industrielles H coBunercta-
les ; état des ports et de la navigation, des
importations et exportations; état des con-
tributions publiques et autres branches
du revenu national, etc., etc. Pour se pro-
curer tant de données diverses, portant
en elles ces earactères d'authenticité sans
lesquels toute la science statistique ne
serait plus qu'une chimère, il fimt des
moyens d'observation multiples, des inves*
tigatenrs nombreux, intelligents et scru-
puleux, et il n'y a guère qu'un gouverne-
ment, avec sa hiérarchie administrative
bien réglée et convenablement échelon-
née du haut en bas, qui puisse se charger
d'une pareille tâche. Aussi, très ancienne-
ment déjà, certains gouvernements ont-
ils compris par moment qu'il y avait
pour eux intérêt et devoir d'ordonner de
semblables recherches. Sans emprunter
à M. Mone sa statistique de David, sans
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STA
(♦7Î)
STA
iBèmeremimter au Doomdé^book(vof.)
ëe Goillaume-le-GonciaéraD^ rappeloni
que, dès le xii^riècle, Veoiscjau fettc de la
grandeur commerciale» transmettail aux
gouTemenrs des provinces soumiies à sa
domination , aussi bien qu'à ses agents
diplomatiques dans les pays étrangers ,
des instructions formelles à Teflet d'ob-
tenir de chacun d'eux des communica-
tions régulièressur le mouvement et TéUt
de la population, sur celui de la prospé-
rité morale et matérielle au lieu de sa rési-
deoce ou dans toute Tétendue du ressort
qu'il administrait. C'est dans les rapports
de ces fonctionnaires, sans nul doute ,
qu'en 1421 le doge Thomas Mooe^
nigo puisa les matériaux pour son mé-
moire sur la situation des différents em-
pires, le système monétaire, les finances^
la dette publique, etc.; œuvre qui peut
être regardée comme la plus ancienne
ébauche d'une sUtistique rédigée dans
àts vues d'intérêt politique, au moyen-
âge. En France, l'idée de la création
d'un établissement où seraient consignés
tous les faiu intéressant la puissance et
le bien-être matériel du royaume, re-
monte à Sully. Perdue de vue pendant
quelque temps, Louvois s'efforça de la
réaliser, au moins ea ce qui concernait
son département, par la formation du
dépôt de la guerre. Enfin, sous le consu-
lat et l'empire, Chaptal, ministre de l'in-
térieur, érigea pour la statistique un
bureau qui livra les résultats de ses re-
cherches à la publicité dans les Annales
de statistique^ rédigées par Ballois (Pa-
• ris, 1802-8, 6 vol.) *. Aujourd'hui, le
bureau de la sUtistique générale de la
France est annexé au ministère de l'a-
griculture et du commerce, et habilement
dirigé par M. Moreau de Jonnès. C'est
grâce à lui et à l'impulsion donnée , en
1836 , par M. le comte Duchâtel {vof.)^
que la France possédera bientôt une sta-
tistique officielle dont il existe déià plu-
sieurs volumes gr. in-4% ofHrant l'état du
territoire,de la pqpulation,de Pagricultu-
re, du commerce extérieur, des établisse-
(*) Une publication analogue était oelle de
M. Graberg(vo/.) de Hemsoe, iatitolée : Ânnali
di geografia e tlatisUea, Gènes, i8oa, in- 8°, et,
plus récemment, la section de «tntis tique du
Bttiletin de FéruMac, la Hertha et les Â^naUi
du »afaiit M. Bergbaus à Ottlin» tto» oto.
ments da bienfaisance, de détention, ete^
La plupart desministèreset lesadminiatra-
tionsspéciales n'en ont pas moins conservé
leurs bureaux particuliers, et continuent
dft publier séparément les documenU qui
les concernent. Parmi ces derniers, ceux
de la direction des douanes, réunis et
classés avec beaucoup de soin , méritent
peut-être le plus de confiance.En Angle-
terre, où depuis longtemps rien ne peut
se soustraire à la publicité, l'amas prodi-
gieux de documents qui son» tous les ans
distribués aux deux Chambres met la
statistique en possession des matériaux
les plus abondants et les plus variés ; mais
celte mine inépuisable de connaissances
n'a été réellement exploitée avec fruit par
l'état que depuis la création d'une section
de statistique, instituée en 1832, pourles
concentrer, en tirer des résultats som-
maires et en fo^rnir des aperçus, auprès
du bureau de commerce, que préaidait
alors lord Auckland. Le chef de cette
section, M. J.-R. Porter, déjà cité plus
haut, en dirige les travaux avec autant
de zèle que d'habileté, et il a fait publier
annuellement, depuis 1833, une série
de volumes in-fol. qui présentent, sous
une grande variété de rubrique^, une
foule de Ubleaux du plus haut intérêt
pour la statistique du royaume-uni, pour
celledes colonies anglaises, etde plus pour
le commerce des pays étrangers, d'après
les rapporU des consuls britanniques. En
Belgique, le gouvernement publie de mê*
me, et avec beaucoup de méthode, une
SUtistique officielle dont les volumes se
multiplient et permettent déjà de tracer
avec confianœ un tableau complet de ce
petit royaume, si jeune et si actif. Aux
ÉUU-Unis, les matériaux officiels abon-
dent également. Ce sont là des ressources
précieuses que rien ne peut suppléer.
Aussi, dans les pays libres, la sUtistique
paraît-elle destinée à un développement
dont on ne peut méconnaître l'immense
utilité pratique. Les gouvernemenU ab-
solu9,il est vrai, ont aussi, pour la plupart,
et ont même eu en partie avant l'Angle-
terre, des bureaux semblables. L'Autri-
che (depuis 1819), la Prusse, la Toscane
et même le royaume de Naples en pos-
sèdent*; mais, à l'exception de la Prusse,
(•) f^oir Liethtenslern, V^f^tr ttaUttùchê 3»-
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STA
tiU )
STE
oè toat ce qui tient à l^dminittretiov
ou en dérive, porte un cachet de perfeo-»
tion remarquable et ne s^enveloppe pas
kabitnellenieDt de Mystère; à l^exoeption
encore de quelques petits états constitua
tionneb de PAliemagney qui ont imité
son exemplcyoes gouvernements n'ont^en
général , rendu au public qu'un compte
partiel et très sommaire des fiits et des
résultaU statistiques recueillis et consta-
tés par leurs soins. La direction du bu<-
reau de statistique de Berlin est confiée
aux s6ins éclairés de M. Hoffmann. En
Russie, M. Arsénief préside à celui de
Saint-Pétersbourg i deux forU Tolumcs
de Matériaux pour la statistique ea
sont déjà sortis , et l'on publie en outre
des documents nombreux dans les re-
cueils périodiques des différents minis-
tères, ainsi que l'état èfficiel des établis*
sements d'instruction, celui des impor-
tations et des exportations, etc.
D*un autre c6té, la statistique doit
beaucoup à Tactivité des sociétés qui se
sont formées pour son avancement dans
presque tous les pays. La Statistique tie
V Ecosse de sir John Sinclair , Édimb. ,
1790-99, 31 vol. in-80, mériU d'être ci-
tée comme une œuvre remarquable, uni*
quement due à des efforts de ce genre.
La Société de statistique de Londres pur
blie un journal rempli de documents îm»
portants. Il en est de même de la Société
française de statistique universelle,fondée
à Paris par M. César Moreau, en 1899 ,
et dont le roi est protecteur. D'autres re-
cueils sont publiés par les Sociétés de statis-
tique de Marseille, de Bruxelles, par celles
qui existent en Allemagne, ou en d'autres
pays. Dans ce dernier, Hassel, un des
statisticiens les plus laborieux , publiait
autrefois VMmanaeh statistique, qui
cootinoe de paraître à Weimar, en même
temps que l'Almanach de Gotha, rédigé
en langue française , répand une foule
de notions statistiques puisées aux meil-
leures sources. The Ameriean Almanaeh
mérite également d'être cité sous ce rap-
port.
Ainsi , la somme des renseignements
positifs sur tous les états s'accrott cha-
que jour, et la comparaison, de plus en
THiut^ ihrt GêschiehU, Binnchtungm und natkigê
Form$H, Dresde, i 8ao, in-9^.
plus prattoable, pourra bientôt s'étendre
a toutes les situationa. Cependant le tempe
marche, et, avec lui, tout se renouvelle
'perpéttt^ement; la tâche du statistideii
ne serait donc jamais finie quand même i)
véussirait jusqu'à un certain point à fon->
der sur les plus solides bases et à rendra
complet le tableau d'un présent qui se^
ra le passé avant que son coup d'œil ait
pu l'embrasser dans toute sa vaste élen-»
due. J. H. S.
STATUB, Statuaux, vqy. Sgul»^
Tumx.
STATU QUO ^ih), mots pris du la»
tin, qui signifient dans l'état où sont les
choses. Ils s'emploient surtout dans le
langage de la diplomatie. Les deux mots
sitttu quo se prennent quelquefoû snb*
stantivement : c'est ainsi qu'on dit te statu
quo ; maintenir le statu quo,
STÉARINB (de otiu^j suif), voy.
GlAISSB.
fiTËATOPYGIE, ve^. Horrxir-
Ton.
STBDINGHS (uks), oolonie de Fri-
sons établis sur le Bas-Weser et qu'on fit
pesser pour des hérétiques, parce que,
contraires aux prétentions de la hiérar-
chie sacerdotale et à l'oppression féo*
dale, ils refusaient de payer tribut à l'é-
vêque de Brème et au comte d'Olden*
bourg. Une croisade fut préchée contre
eux, et la colonie fut détruite en 1384.
Foy. CnoiSÂDU, T. VII. p. 384.
STEPFBNS (Hnrai) , philosophe ,
naturaliste et poète distingué, naquit à
Stavanger, en Norvège, le 1 mai 1778,
En 1779, il suivit son père, qui était
chirurgien de district, à Elsenenr, puis à
Roskilde et à Copenhague, en 1787.
Destiné à la carrière théologique, à la*
quelle ses sentiments religieux et une
certaine éloquence naturelle l'avaient fait
juger propre, il entra à l'université en
1790; mais la lecture de BufFon vint
bientôt donner une autre direction à ses
études. En 1794, la Société des natura-
listes le chargea de faire à ses freis un
voyage en Norvège. A son retour, le na-
vire qui le portait ayant échoué à l'em-
bouchure de l'Elbe, il passa Thiver à
EUmbourg , d'où il retourna à Copen-
hague. En 1796, il s'èublit è Kiel, ou il
ouvrit un cours d'histoire naturelle. Sen*
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STE
(*70
STE
tant le Wtoin de
eulative à la science de le natore ^ il ae
rendit à léna, oà profestall à cette épo*
que M. de Sohellinf (vojr») , et il ne tarda
pas à devenir, sons l'influence des écrits et
des leçons de cet homme illustre, un des
plus zélés partisans de la philosophie de
la nature. Après avoir pris à eette uni-
versité le grade de docteur , et reçu le
litre de professeur - adjoint de la facnlté
de philosophie, Il partit pour Freiberg,
oà il publia ses EelaireiêêememU sur
f/iittoire naturelle de nntéheur de la
ierre (1801), qu'il inséra plus Urd , avec
de nouveaux développements, dans son
Manuel d'oryctognosie (1811-19, S
vol. in-8*). En 1809, il retourna en
Danemark, oà ses leçons, en lui faisant
une grande réputation, lui attirèrent
aussi des ennemis, dont les persécutions
le forcèrent à quitter Copenhague pour
accepter une chaire à l'université de
Halle (1804). Ce fut dans cette ville que
Henri Steffens publia, en 1806 , ses Es-
quisses des sciences naturelles philoso-
phiques^ où il développa sa théorie de la
quadruplicité, et auxquelles se rattachent
ses traités géognostico-géologiques. Après
la baUille d'Iéna, il se retira dans le Hol-
stein , et ne reparut è Halle , en 1809 ,
que pour prendre une part active et
périlleuse aux conspirations des pa-
triotes de la Hesse et de la Prusse. En
1811, il se rendit k Breslau, où il tra-
vailla avec une ardeur infatigable à sou-
lever les étudiants; lui-même s'enrôla
dans le corps des volontaires et combattit
les Français jusqu'après la prise de Paris.
Ses services lui valurent la croix de fer.
Il remonta ensuite dans sa chaire de phy-
sique à Breslau, qu'il occupa jusqu'en
1 88 1 , où il fut appelé à Berlin. — Parmi
les ouvrages philosophiques de StefTens
nous citerons encore son Anthropologie
(Berlin, 1833, 2 vol.), où il cherche à
présenter Pexistence de l'homme dans
sa dépendance de l'univers, but qu'il
poursuit également dans ses Feuilles
polémiques pour tavancement de la
physique spéculative (livr. I et H, Bres-
lau, 1839 et 1835). Ses écrits qu'on
peut appeler de circonstance sont moins
importants, mais ils sont remarquables par
la hardiesse des pensées ^ tels sont ceux-
ei : Smr t idée des universités {\%(ï^\
VÉpoque actuelle (Berlin, 1817, %
vol.), et surtout les Caricatures des ch&m
ses suinies (Leipz., 1819-31 , 3 vol.).
La question de la réunion des deux Égli«
aea réformée et luthérienne, qu'il n^j^
prouvait pas, l'engagea dans une vive
polémique, au sujet de laquelle on peut
eonsulter la brochure : Sur la fausse
théologie et la vraie foi {BteA.^ 1894^
nouv. éd., 1881), ainsi que l'écrit inti^
tulé ! Comment Je suis redepenu luthé^
rien^ confession personnelle qui a eu
beaucoup de retentissement A ces écrits
religieux se rattachent ses productions
poétiques : La famille fFalseth etLeitk
(Bresl., 1837, 8 vol.; 9«édit rev., 1880,
$ vol.) ; Les quatre Iforuégiens (Bresl.,
1838, 6 vol.), txMalcelm {ib.^ 1881,
9 vol.), à qui leurs beautés, toutes temiea
qu'elles sont par d'assez grands défauts,
assignen t le premier rang parmi les compo-
sitions de ce genre. Le dernier écrit sorti
de la plume de StefTens, après sa bro-»
chure Sur les sociétés secrètes des uni»
persités (Berlin , 1886) , est une espèce
de compte - rendu fort intéressant de sa
vie {JVas ich erlebte^ aus der Brinme^
rung niedergeschriehen^ Breslau, 1840,
3 vol. in-8«). C. L.
STÉGAN<>6RAPHIE. On a appelé
ainsi (de vriyavof, couvert, secret, et
ypàfàèj j'écris) une sorte d'écriture chif-
frée employée pour déguiser un nom,
et qui consiste à écrire suooessivemeBt
les vingt-quatre lettres de l'alphabet sur
deux lignes, l'une au«dessus de l'autre,
de eette manière t
abcdefgh i k l m
n o p q r s t u p s; j n
et à mettre, au lieu de chaque lettre du
mot que l'on veut déguiser, celle qui lui
correspond dans l'autre ligne. Si l'on
voulait donc écrire le mot lipre par le
procédé stéganographique, on trouve-
rait jnpier. X.
STEIN (HKNEI-FRiDiaiG-CHARLZS,
baron de), ministre d'état prussien, ho-
nora en Allemagne comme patriote sin-
cère et libéral persévérant, naquit le 35
oct. 1757, à Nassau sur la Lahn. Après
avoir terminé ses études à Gœtlingue, il
visita les principales cours de TAIlema-
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STE
(476)
STE
gne, et obtint, en 1780, la place de con-
seiller des mines à Wetter (comté de la
Mark). Sa naissance, sa fortane, son ma-
riage avec la cpmtesse Walmoden-Gim-
boar, et plus qae toot cela ses services
lui frayèrent la route à un avancement
rapide. Il fut nommé succesaivement di-
recteur de chambre à Hamm, président
et bientôt après premier président de
toutes les chambres westphaliennes. Dans
ce poste, il rendit au cercle de West-
phalie le service de changer en superbes
chaussées ses chemins impraticables; il
partagea entre les paysans ce qui restait
des fermes domaniales; il protégea l'in-
dustrie et le commerce , et mit un peu
d'ordre dans Tadministration forestière.
A la mort du ministre prussien Struensee,
le baron de Stein fut appelé à le rempla-
cer au département de l'accise, des doua-
nes et des fabriques, et à peine se fut- il
mis au courant des affaires, qu'il travailla
à extirper les abus. Cependant il ne tarda
pas à se trouver en opposition ouverte
avec le conseiller de cabinet Beyme, dont
il repoussa la prétention de s'immiscer
dans les affaires de l'état. De nouvelles
querelles avec le cabinet le firent desti-
tuer en 1807; mais lorsque, après la paix
de Tilsitt, on sentit la nécessité de con-
fier le gouvernail à une main ferme, le
roi le rappela avec honneur (1808), et
le nomma premier ministre. Les confé-
rences que Stein eut à Berlin avec le gou-
vernement français n'ayant abouti à rien,
il retourna à Kœoigsberg et commença
dès lors à tout préparer en secret pour la
délivrance de rAllemagne. Ses projets
furent découverts, et, sur l'ordre de Na-
poléon, il fut éloigné une seconde fois
des affaires, peu de mois après y être ren-
tré. Retiré en Autriche jusqu'en 1812 ,
il partit vers la fin de cette année pour
aller trouver Tempereur Alexandre, et il
est plus que vraisemblable qu'il ne resta
pas ioactif dans le grand drame qui com-
mença à rentrée des Français en Russie.
Après Foccupaiion de la Saxe par les al*
liés, il fut mis à la tête de l'administra-
tion centrale et travailla alors de toutes
ses forces à soutenir l'élan patriotique
qui be manifestait de toutes parts. Mais
les principes prucUméi à la première paix
de Paris étaient en opposition trop di-
recte avec les opinions de Stein et avec
les assurances données au peuple alle-
mand, pour qu'il lui fût possible de rester
aux affaires et de consacrer par l'autorité
de son nom un manque de foi qui con-
trariait ses plus chères espérances. Peu
habitué aux transactions de conscience,
il aima mieux donner sa démission, et se
lotira dans ses terres. En 1819, il con-
tribua beaucoup à fonder à Francfort-
sur-le-Mein la société allemande pour la
publication des monuments de l'histoire
nationale, société dont plusieurs volumea
in-fol., mb au jour depub 1826, sous la
direction d'un critique savant, M. Perz,
attestent l'activité éclairée. En 1827,
Stein fut nommé membre du conseil d'é-
tat ; cette même année, ainsi qu'en 1 828
et eu 1830, il fut maréchal de la diète
provinciale de Westphalie, et en cette
qualité il travailla à affermir les nou-
velles institutions provinciales octroyées
par la Prusse. Il mourut le 29 juillet
1831. Adminbtrateur habile et zélé,
Stein montra toujours une force de ca-
ractère vobine de la dureté et de la vio-
lence. Sa loyauté n'a jamais été révoquée
en doute, bien que ses ennemis lui repro-
chent toutes sortes d'injustices. Il s'aper-
çut un des premiers que l'alliance russe,sur
laquelle, la Prusse s'est toujours appuyée
jusqu'ici, pouvait devenir préjudiciable
à la liberté allemande, et de ce moment
il en resta Tinflexible adversaire. Ses Zer/-
tres au baron de Gagera {voy.) ont été
publiées par cet homme d'état (Stuttg.,
1833). ^oi> Wiesmann : Dernières an^
nées de Stein (Munster, 1831), tlSou^
venirs sur Stein (Altenb., 1832). C. Z.
STEINKERKEou plutôiSrEKirKBa-
KE, ville du district de Mons (Hainaut),
dont le nom signifie église des pierres^
et qui est célèbre par une bataille livrée,
le 3 août 1692, entre les Français sous
les ordres du maréchal de Luxembourg
et les alliés commandés par Guillau-
me III [yoy, ces noms).
STELLA (Jagquks), fils aine du pein-
tre François Stella , naquit à Lyon en
1596, et mourut à Parben 1647. A 20
ans, il alla en Italie, et bienlôt sa répu-
tation surp^issa celle de son père. De Flo-
rence, uù il\travajlla pour le grand-duc
Corne II , i| se rendit à Rume, et pro-
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STE
(^
fita des leçons du Ponssin. Jeté en |>risoD
sur une fausse accusation de ses ennemis,
ii s'amusa, pendant sa captivité, à dessi-
ner au charbon , sur le mur de son ca-
chot, une Vierge avec l'enfant Jésus, que
tout Rome voulut voir. Son innocence
fut recpnnue ; mais, peu désireux de pro-
longer son séjour en Italie, il se hâta de
partir pour la France , où le cardinal de
Richelieu lut fit donner le titre de pein-
tre du roi. Florence , Rome , Madrid,
Saint-Pétersbourg possèdent plusieurs
ouvrages de Jacques Stella^ cependant ce
sont tes tableaux qu'il a exécutés pour
Paris qui ont principalement assuré sa
gloire. Il excellait dans la représentation
des jeux d'enfants, dans la perspective et
l'architecture. Il cherchait à imiter la ma-
nière du Poussin , et on doit convenir
qu'il en a approché de très près; son
plus grand défaut consiste dans la froi*
dear qui règne dans toutes ses tètes. X.
STELLIONAT (du hûnstellioy petit
lézard à forme changeante, dont on a fuit
un symbole de la fraude) est le nom que
Ton donnait, en droit romain, à certaines
tromperies. Le Corpus juris reconnaît
six formes de stellionat : 1® la vente faite
à deux personnes en même temps ; 2® le
paiement fait par un débiteur avec des
choses qu'il sait ne pas lui appartenir;
3^ l'enlèvement par le débiteur d'une
chose affectée à un paiement; 4<* la collu-
sion entre deux personnes au bénéfice
d'un tiers ; 5® la substitution faite, par un
marchand, d'une marchandise pour une
autre; G*' enfin, une fausse déclaration
faite sciemment dans un acte. Sous l'em-
pire de notre ancienne législation, le stel-
lîpnat n'était pas considéré comme un
crime public; mais, outre la restitution
à laquelle le stellionataire était condam-
né, il était passible de la contrainte par
corps, même après l'âge de 70 ans. De
plus, il cessait d'être admis au bénéfice
de la cession de biens. Le €ode civil dit
aujourd'hui qu'il y a stellionat : lors-
qu'on vend ou qu'on hypothèque un im-
meuble dont on sait n*é(rc pas proprié*
taire; lorsqu'on présente comme libres
des biens hypothéqués, ou que l'on dé-
clare des hypothèques moindres que cel-
les dont ces biens sont chargés. Au fait
de stellionat la seule peine appliquée eal
77 ) STË
celle de la contrainte par corps, Je (elle
sorte que le ministère public ne peut de
son chef exercer les poursuites néces-
saires pour atteindre le stellionataire. La
femme qui s'est rendue coupable de stel-
lionat ne peut être frappée par la loi
que lorsqu'elle n'est pas en communauté
de biens avec son mari, qui, dans le cas
contraire, est seul responsable. D. A. D.
STEMMATBS, vor. Iitsectes,
T. XIV, p. 723.
STBNKO RASINB, voy. Rasuix.
STÉNOGRAPHIE (de «rTtevôc ypa'
^, écriture étroite, serrée, abrégée).
Toute écriture abréviative est une espèce
de sténographie; mais ordinairement on
entend par ce nom Tart d'écrire aussi
vite qu'on parle, avec d'autres caractères
que ceux de l'écriture usuelle.
L'invention de caractères spéciaux,
formant une écriture aussi prompte que
la parole, n'est pas aussi ancienne qu'on
le croit : elle suppose un état de civilisa-
tion déjà avancée. Diogène-Laérce nous
apprend que Xénophon écrivait par si*
gnes, qu'il se servait de la séméiogra''
phie pour recueillir la parole de 8o-
crate et des philosophes qui se réunis-
saient dans les jardins d'Académns. Celte
manière d'écrire a passé d'Athènes à Ro-
me. Gicéron eut un afiranchi, nommé
Tiron, qui recueillait ses discours avec
des notes que nous connaissons sous le
nom de notes tironiennes {voy, Br\-
ghtoaaphib). Plutarque, dans la Vie de
Caton d'Utique , rapporte comment fut
conservée la harangue que Caton pro-
nonça dans le sénat, à l'époque de la
conjuration deCatilina : « Ce jour-là Ci-
céron avait disposé, dans la salle du sé-
nat, des clercs qui , d'une main légère,
traçaient certaines notes et abréviations
qui, en peu de traits, valaient et repré-
sentaient beaucoup de lettres. » Les no-
taires, ainsi que leur nom [notarii) l'in-
dique, se servaient de notes pour écrire
plus vite les conventions des parties et
les dispositions testamentaires. Sénèque
composa , à ce qu'on dit , une espèce de
dictionnaire des mots les plus usités dti
la langue latine, représentés par des figu -
res arbitraires, n'ayant aucun lien com-
mun entre eux. Le nombre s'en élevait à
plot de 4,000. Ce dictionnaire ne nom
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STE
(118)
STE
ttt pat parvenu ; le fait ne peut donc étr«
Térifiéi mab il iMui paratt peu vraiaem-
blable. Quelle mémom eÀt pu retenir
tolis cet lignes^ 8*ik n'euiseat été formés
des mêmes élteenU) oombinés diverse*
ment?
Les notes tironiennes nous ont élé
transmises par Pierre Diacre, moine du
Mont-Gassin. Plus tard^ en 1747, un
bénédietin,dom Carpentier^ publia V Al-
phabet dronien^ suivi dii texte latin des
CapitmUùres de Louis-le*Débonnaire ,
éorit à Taide da ces notes. O* peut juger,
en voyant cette écriture, de ee qu'était
Part tironien, et en général Tart abré*
▼iatif chez les anciens. Il n^est pas pré-
snmable qu'avec des figures auBsi com-
pliquées on ait pu suivre une parole
bien rapide. Biais la langue latine étant
plus articulée, plus cadencée que la
langue française, le débit de l'orateur
romain devait être plus lent , et laisser
plus de temps au sténographe.
Dans les républiques de l'antiquité, et
particulièrement dans la république ro-
maine, on n'attachait qu'un médiocre
intérêt à la reproduction des discours
prononcés devant le peuple assemblé.
La parole de Torateur n'avait guère d'ae-
' tion au delà de la place publique, où se
déddaient les affaires les plus impor-
tantes. D'ailleurs les moyiAns de publicité
manquaient. L'usage de la sténographie
fut donc restreint dans ces républiques.
Ce n'est que depuis la découverte de
l'imprimerie que l'utilité de l'écriture
sténographique a pu être mieux appré*
dée. L'art de reproduire les discours im-
provisés, répétant au loin les accents de la
tribune, fut merveilleusement secondé
par ce puissant moyen de publicité. Le
besoin d'une écriture rapide se fit sur*
tout sentir dans les pays où Tétablisse-
. ment du gouvernement représentatif ou-
vrait une nouvelle arène k la lutte des
partis, à l'éloquence pariementaire* Aussi
estait à remarquer que la sténographie
était pratiquée en Angleterre longtemps
avant qu'elle fût connue ea France.
Un des premiers ouvrages de ce genre
qui paruten Frante fut la Tachéo^graphie
de Gharies Ramsay, écossais, imitée du
procédé graphique de Shelton,et publiée,
ea I6S1, tvtcnne dédicacée Louis XIV.
D'après ce procédé, les voyelles sont
indiquées par la plaee que les consonnes
occupent I ce qui empêche leur liaison
et ne permet d'écrire que par syllabes
déUchées.
Un siècle aprèa^ en 1786, Taylor,
convaincu par des tentatives infirne^
tueuses que, pour parvenir à suivre la
parole Improvisée, il fallait écrire, non
par syllabes détadiées, mais par mots,
publia son système de sténographie^ qui
réduisit l'art abréviatif a sa plus simple
expression et lui fit foire des progrès ra-
pides. La sténographie de Taylor, adap*
tée à la langue française par Théodore
Bertin, parut dans un moment favorable^
lorsque la tribune nationale retentissait
de la parole si animée des orateurs sortis
du sein de k révolution de 1789. U est
à regretter que cette traduction n'ait pas
été faite avec une connaissance plus ap-
profondie du mécanisme des deux lan»
gués. Gomme il entre moins de conson-
nes dans la composition des mots français,
il eût fallu exprimer on plus grand nom«
bre de voyelles pour que l'écriture sté-
nographique fût plus lisible. L'omis-
sion des voyelles initiales et médiales en
rendit la lecture tellement difficile, que
les premiers praticiens firent arrÀés
par un obstacle insurmontable. La /tf-
ehygraphie de Goulon-Thévenot, pra-
tiquée à la même époque, moins rapide^
mais plus facile à lire que la sténogra-
phie, eut longtemps la préférence.
La sténographie était alors si peu con-
nue en France, que le Monitear unipw^
sel [voy,) ne put se procurer aucun sté-
nographe pour rendre compte des séances
de l'Assemblée constituante : elfes furent
rédigées par Maret, depuis duc de Bas^
sano , qui, a dé&ut de l'écriture sténo-
graphique, était aidé par une heureuse
mémoire et une intelligence supérieure.
On eut recours, sous l'Assemblée lé-
gislative, à un singulier moyen, employé
par le journal le Logographe, Ginq à
six rédacteurs, placés autour d'une table
ronde, se servant de l'écriture ordinaire,
écrivaient des phrases ou partie de phra-
ses, qui étaient ensuite réunies pour fon>
mer un tout. Le Logographe^ véritable
écho de la tribune, répétait tout ce qui
ee disait, sans prendre soin de la rédac-
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STE ( 47» )
lion. Oo M ni(>pclle qo« c'est diaii* la loge
du Logôgraphe que^ It 10 «o&t | furent
placés LonisXVIettifiimUlfe^tlettilalitqQe
rAiBemblée délibérait sur leur lort. Le
Logôgraphe airait ceiaé de paraître tout
la Gonventioii : oa peme bien que les
joutaanx de ce temps rendirent compte
des séances de la G>nTention avec beau»
coup de circonspection.
L'écriture sténographique commença
à être plus pratiquée sous le Directoire;
il se forma alors des tachygraphes et
des sténographes asses habiles; mais ils
étaient plus particulièrement occupés à
recueillir les plaidoiries dek avocaU ou
Ica leçons des professeurs. La pratique
de la sténographie^ drconecrite dans an
eercle étroit ^ ne put s'étendre sous l'em^
pire, avec un Corps légishtif muet. Il est
peut-être à regretter qu'elle n'ait pas
contribué à reproduire les discussions du
Conseil d'état, où la parole de l'empereur
a brillé d'un si rifédatLocré s'est acquitté
de cette tâche a^ec beaucoup de talent;
mais n*a-t-il rien omis qui méritât d'être
reeueilli?Qaoi qu'il en soitysous le régime
eonsakire et impérial, l'art sténogra-
phique, très borné dans son application^
ne fit aucun progrès. Il faut convenir que
les ouTrages qui parurent alors n'étaient
guère propres à lui en faire faire. L'O-^
kf graphie de M. Blanc, publiée en 1 803^
espèce d'annotation de la parole par si-
gnes syllabiquesy qui se pNtcenI sur des
lignes parallèles, comme des notas de
musique, fondée sur la même idée que la
tachéographie, ne pouvait avoir plus de
.succès. La sténographie méthodique de
M. Montigny n'était autre chose que la
STK
Sténographie de Taylor, avec l'addi-
tion de quelques points pour indiquer
des voyelles omises , comme s'il était pos«
sible de suivre la parole en ajoutant ces
points.
Après la chute de l'empire, le gou*
vemement repréeenUtif , s'établissent sur
une base pins large, ouvrit à la sténogra-
phie une carrière plus vaste. Les séances
de la Chambre des députés excitèrent un
vif intéi^t ; les journaux, pour en rendre
compte, commencent à employer des
sténographes. En 1817, les discours im-
provisés étant plus fréquents, le concours
de la sténographie devint nécessaire a la
rédaction du Moniteur aniperxtî. C'est
à cette époque seulement qu'un siénogra-
phe (ht atuehé à sa rédaction *• Le M^
nfteur n'eut petadant longtemps qu'un
ou deux sténographes à la Chambre des
députés. Mais, depuis 18S0, le service
de la sténographia y est organisé sur une
grande échelle. Huit sténographes, Ibr*
ment une espèce de roulement, se succè-
dent sans cesse au pied de la tribune, re^
venant tour à tour reprendre leur place,
après avoir transcrit ce qu'ils ont sténo*
graphie. Ce travail, contrôlé par des sté-^-
nographes réviseurs, qui ont suivi l'ora-
teur de l'autre côté de la tribune, est
immédiatement envoyé à l'imprimerie du
MoniteuTy qui peut, dans la soirée méme^
foiunlr aux orateurs et aux autres jour-
naux des épreuves des discours improvi^
ses. Si les Anglais bous ont devancés dsns
la carrière slénographlqne, il faut avouer
qu'aujourd'hui nous les laissons bien en
arrière : le Times ne peut être compaH
au Moniteur pour la reproduction des
débats parlementaires.
Parmi les ouvrages publiés depuis SO
ans sur l'art sténographique , on doit
distinguer la Sténographie exacte de
M. Conen-Prépéan, fondée sur de nou-
velles combinaisons dont les praticiens
on su tirer parti pour atteindre leur
but, en écartant les obstacles que la
théorie n'avait point prévus. L'auteur,
persuadé qu'on ponvalt suivre la pa*
rôle en .exprimant exactement tous tes
sons de la voix, s'était engagé dans une
fonsse route ; mais plus tard, éclairé par
sa propre ttipérience, il s'attacha à sim*
plifier la forme des signes dans six
éditions successives, si l'on peut donner
le nom d'édition à des combinaisons de
signes entièrement différentes. On ne
parvient è écrire aussi vite qu'on parle
qu'en omettant certaines lettres vocales.
C'est d'après cette règle que l'auteur dé
cet article, guidé par une longue prati**
que, a modifié pour son usage la sté«
nographie de Prépéau.
MM. Breton, FMsé, Grosselin, Mar*
met et Hipp. Prévost ont pris pour base
de leur écriture l'alphabet de Taylor,
{*) C« fat M. Deltart, actnetlemeot ttéoogra-
Rbe du roi et chef du tervice stéoograpbique à
I Chambre dei «lépaiés, atttenr de cet article.
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STE
(480)
STE
chercbaol à la rendre plus lisible, tout
en loi consenrtnt sa rapidité. MM. As-
tier. Chauvin y Gélestin Lagache, Midy,
Aimé Paris, ont publié des traités de
sténographie qai sont plus ou moins
suivis. Frappés de Tinconfénient que
présente récriture sténographique, for^
mée de figures tracées dans diverses di-
rections, MM. Fayet el Sénocq n'ont
employé que des signes inclinés vers la
droite, ayant tous une pente uniforme,
qui facilite les mouvements de la main.
Cette manière d'écrire, très régulière,
serait la meilleure de toutes si la forme
des signes n'était pas trop compliquée.
M. Vidal, marchant sur les traces de l'au-
teur de VOkygraphie^ a composé, sous
le nom de Notographie^ une écriture
syllabique ; seulement. Us signes repré-
sentant des syllabes détachées, au lieu
de se placer sur des lignes parallèles et
horizontales , se placent verticalement ,
rapprochés plus ou moins d'une ligne
perpendiculaire.
Toutes les écritures abréviatives sont
formées de figures simples, combinées de
divenes manières. La ligne droite, l'o-
blique à gauche ou à droite, la perpen-
diculaire , l'horizontale , Tare de cercle
tourné dans des sens difTérents, le cercle
entier ou la boucle et le point, tels sont
les éléments de toute sténographie. On
distingue trois combinaisons principales
de signes: la combinaison des signes qui
ont tous une pente unifdrme vers la droi-
te, comme l'écriture anglaise, d'une for-
me élégante et compliquée, plus propre
à exercer l'habileté du calligraphe que
celle du sténographe; la combinaison
des signes détachés, exprimant des syU
labes séparées, et ayant une signification
de position, comme l'okygraphie et la
notographie; enfin, la combinaison de
tous les signes simples , liés entre eux \
et représentant , dans leur liaison , des
mots et non des syllabes. Cette dernière
combinaison, la plus féconde de toutes
en heureux résultats, est celle qui exige
peut- être la pins longue pratique, puis-
qu'il faut du temps pour accoutumer la
main a tracer les lignes dans tous les sens.
Mais le sténographe exercé, qui écrit par
mots, peut seul atteindre à un haut d^ré
(le célérité et prouver que l'art diffi-
cila d'écrire aiissî vile qu'on parie n*etl
point une vaine théorie. Ano. D.
STENTCNH est on héros grec dont
Homère (//., V, 785) a dit que la voix
était éclatante comme une trompette
d'airain et plus forte que celle de 50
hommes des plus robustes. De là l'ez*
pression proverbiale une voix de Sien»
tor, F. D.
STEPHENS (miss), célèbre canU-
trice, aujourd'hui veuve d*un pair d'An-
gleterre, voy. EssEX.
STEPPES. Ce mot francisé est em-
prunté à la langue allemande : steppe t^
allemand signifie lande^ désert. On com-
prend sous ce nom des plaines immenses,
presque dépourvues de culture et peu ha-
bitées, qui constituent la plus grande
partie de l'Europe orientale, et qui se
continuent jusqu'au sein de l'Asie. On
commence à les remarquer dans la Va-
lachie et la Moldarie; mais c'est en Rus-
sie, depuis l'extrémité occidentale de la
Bessarabie jusqu'aux collines qui bor«
dent le Volga, et depuis les bords de la
mer Noire jusqu'au 56* et au 60* degré
de latitude, qu'elles se présentent avec
leur uniformité fatigante, sans collines,
n'offrant pour en rompre la monotonie
que des monticules factices de forme co-
nique, hauts ordinairement de 6 à 10
mètres et quelquefois de 1 5 à 20, et qui
sont évidemment des tumulL Les Rassea
nomment cet monticules kourgans * ; par-
mi eux, plusieurs savants militaires regar-
dent ces monuments comme des jalons
stratégiques élevés par quelque nation en-
vahissante. Ils forment çà et là des grou»
pes composés de six à huit, disposés sur
une double ligne.
Outre ces aspérités artificielles, on ne
remarque plus dans ces steppes que quel-
ques enfoncements irréguliei's, que de
petits ravins humectés par des sources,
ou pa^ les eaux pluviales qui y séjour-
nent, grâce au sol argileux de ces plaines,
(*) Mot «iérÎT», telon M. de Kappeo, do tatar
gmr oa Aair, collioe, tombean, et khané, maiton,
•ignifi:Mit {inr conséquent maison sépalcrale.
Ce% petites collioes, qui proviennent en grande
partie des Komant, s^éteodent depuis la Grimée
Jusque dans le goar. de Konrsk^ dea foafllea
faites de nos jours y ont fait découTrir de nom-
breux objets de curiosité en or et antres métanx.
Foir le mémoire tur Us TumuH dt l'émdit Dca*
me plot hantk S,
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STë
(481)
SIE
et qikl y font croître let waAà «rbostM
que Toa y tronre. Mais si ces arbnttes
ne crobsent que dtot let ravini , il ne faaC
pas croire que les steppes soient en géné-
ral dépourvues de végétation : elles sont
an contraire remarquable», dans la plus
grande partie de leur étendue, par la
quantité et la taille des végéuux qui
y viennent spontanément et qui offrent
une nourriture a boudante aux nombreux
troupeaux de moulons qui paissent dans
la partie méridionale de ces plaines et
dans celles du vaste gouvernement de
Tauride, aux cbevaux des TaUrs et aux
chameaux des Nogals. Parmi les plantes
des steppes 6gurent des malvacées de 1
mètres de hauteur et quelques centaurées
que recherchent les brebis.
Bien que peu élevées au-dessus du ni*
veau de la mer, puisque leur hauteur
moyenne Tarie de 80 à 50 mètres, les
steppes sont exposées pendant l'hiver à
des froids asseï rigoureux, c'est-à-dire
à 17 et à 32 degrés du thermomètre cen-
tigrade; mais généralement cette tempé-
rature ne dure que 8 ou 10 jours, sur-
tout dans les régions voisines de la mer
]Noire. En avril et en mai, les ouragans
sont quelquefois si violents dans cesstep-
pes qu'ils dispersent les bestiaux et les
moutons, en les poussant avec une rapi-
dité effrayante a 30, 30 et même 50
lieues à travers les rafins oà ils tombent
par milliers, épuisés de fatigue.
On y éprouve pendant l'été des cha-
leurs très fortes : au mois d'août, nous
avons souvent constaté, entre 2 et 8
heures après midi, une température de
80 à 31 degrés. Dans cette saison, les
pluies y sont plus rares que dans la chaîne
taurique et dans celle du Caucase, pro-
bablement parce que les vents, n'y éprou-
vant aucun obstacle, y dispersent au loin
ou refoulent vers les montagnes les nua-
ges pluvieux.
Sur une grande partie des steppes de
la Valachie, de la Moldavie et de la
Russie, il s'est formé depuis les temps les
plus reculés, par suite de la décomposi-
tion des végétaux qui s'y sont succédé et
des animaux qui y sont morts, un dépôt
d'humus d'une extrême fertilité. Sur le
territoire russe, ce dépôt occupe une su-
perficie de plus 66,000 Ueuesgcographi-
Encrciop. d. G. d, Jlf. Tome XXI.
qttM carrées, c'est-a^direplnn grande que
la France, l'Bspagne et toute la Prusse réu-
nies en une seule masse. La richesse qu'elle
fait naître se manifeste dans deux genres
de produits, les céréales et les. bestiaux;
elle fournit en grains à la presque totalité
de la consommation de toute la partie
du territoire russe qui s'étend au nord
du 61* degré de latitude; elle rétablit
l'équilibre entre la production et la con-
sommation de la région située entre le
64* et le 60* degré, région où les récoltes
ne suffisent pas toujours à la nourriture
des habitants; enfin c'est elle qui déverse
sur le reste de l'Europe, par la mer
Noire et la Baltique, des céréales pour
une valeur de 100 millions de fr. dès que
le besoin s'en fait sentir.
Dans beaucoup de localités, le fertile
humus qui couvre ces steppes, et qui est
généralement épais de 80 centimètres à
1 mètre, offre quelque ressemblance avec
la tourbe; mais il ne s'est évidemment
pas formé comme celle-ci dans des lacs
on des mares, puisqu'on n'y trouve au-
cun débris de coquilles d*eau douce.
A l'aspect de ces plaines, en général
couvertes d'herbages, on se demande
comment un sol si riche se trouve dé-
pourvu d'arbres. Il ne faut point aller
jusque dans les steppes de la Tauride
pour que cette question vienne naturel*
ïement à l'esprit. La vue de celles du
gouvernement de Klierson la fait naître.
Beaucoup d'hommes instraits parmi les
Russes paraissent persuadés que c'est a
l'inOuence de certaines causes pb^fsiquea
qu'il faut attribuer le défaut d'arbres
dont nous parlons; mais lorsque l'on con-
sidère que dans les parties centrale et
septentrionale de la Russie, exposées à
un climat plus rigoureux que celui des
steppes de la région méridionale, les
plaines ne manquent pas de forêts; lors-
qu'on se rappelle surtout que dans cette
même région on plante tons les jours des
jardina où les arbres prospèrent, on ne
peut attribuer à aucune cause physique
la nudité des steppes, sons le rapport des
arbres forestiers.
Cependant il faut chercher une cause
à cette nudité; mais comme elle ne peut
être physique, elle est très probablement
politique : c'est-à-dire qu'elle est due à
81
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STB
(k%%)
^U
\^ miare dea peuples qm^ dep«i» i^
teoup les plu* reculés, on\ habile let «iep?
pes de la Rua»i4i méridioQale* Çe« peu-?
pies ont toujoura été oomudea, depuU lea
Scribes, dont les anciens nous ont dé-
cril les oncpurs, jusqu*aMS Nogaîs qMi lea
babitçnt aujourd'hui. Or on sait que lea
pe^plea nomades et pasteurs déiruisent
lea foréu» parc^ que ce llfs-cf servent de
retraite au« ftoimaqi carnassiers qui at-
taquant les trqupeaus, et parce que lea
pâturages sont plus utiles à eeti peuples
qqe lesarbrfs, qu'ils regard|înt petttré'r*
comme pouvapt nuir^ à Tabondanç? des
p4(uragea. En Afrique, les A>^ab^ oqt
iefi mêmes idées : aussi ont-ili| détruit la
pll^ptrt des grands arbres dans \p$ plaines,
Il est donc tout n(|turel de croire qu^
1^ steppes de la Tauric|e ^y9iUi de tout
temps été habitées par dfa pei^ples no-
ipades, les grands arbres n*ont pu y croî-
tre et s*jr multiplier, parce que ces peu-
ples les détr^isirent,comme ils Mdétrui -
raient encore aqjottrd'hui. Mais lorsqtte
le go^terpem^t russe Toi|dr4^ |:dant^r
les steppes ou ^ encourager la plantu-
tîpp f t la propagation des fu-bres, le ^uc-
c^ fte cette e^^trepriie sei^ assuré s*il
parviept seulemei^t à empêcher la des-
truction de ce^ plantations p^r les habi-
tants. Le seul moyen de coo|ribuer à
Taccroissement de la population dans la
Russie méridionale, c*est d*y semer des,
arbres forestiers, parce que Tune des
principi^les causes qui s'opposent à l'attg-
meqtation du nombre des habitants, c'e»t
la ri^retéi^taquYent même le manque ab-
sçk\\{ (|e cofnbustible. Ils n^opt d^autr^
ressources pour y suppléa qi^e de faire
s^h^ li^ fiente de It^urs besiiaui^, qu'ils
brûlent ensuite copiip^ ûp brûle ailleHrs
de la tourbe. J, H- t.
gTÈHE (de ^re^o^, solide). C'est U
nom qu'ui^ a dpnné, d^n^ le pouyeai) sys-
tème métriqq^ {yojf) frappais, au mètre
cube en iisage ^Drtoi|t pour la mesure des
boiâ de c^uffvgfL 11 équivaut à 0. 1 3£)004
toise cMbe ou 29 pied^» 300 pouces 862
ligpes cubes *. Autrefois le bois se Yen-
(*) Od tait que la toite cabe se dmftsit eo
9l6 pit;iit ouli««, le pied cube en 1*738 pouees
cube», et oelui-ci eu 1,7128 ligne» cubes, comme
le mètre cnbe se divise eo 1,000 dëcimètre<
cebet, le décimètre cube en x,ooo centimè-
tres cubes, eKï. {yt^. T. XYII, p. 616). là a^
dait a la 'mié ou à la corde^ dénoiaipt-»
tiona vagtiea qui variaient noo-seuU*
ment dans chaque pays, mais pour ainsi
dire d'une vente à l'autre, autant par suils
de la ditférenœ de longueur des bûchea
que par lea hauteurs diverses que Ton
donnait aux membuures ou monta nta dea
instruments qui servent à contenir le boip
à mesurer. Les quatre mesures le ploa
usitées étaient la voie de ParU^ la cordé
des €aHX H for4i» ou d'ordorwance^ la
corde de gru»d Ms et la corde dite dm
pQri, La voie de Paris avait 4 pieds db
CQHcke ou de base^ e'est-à-dire dVIoi-
gi^emapt des deuK montanU de la mca*
brure, ces moqtaaU avaient également 4
pieda d'élévatiQQ, la bûche avait 8 pieda
6 pouces de Iqngueur ; elle valait daa^
4^6 pieds cubes ou 1 . ttlQ stère : le stère au
oontraireégaleO.63 1 de la voie, ou un pea
plus de la muilié. La oorde dea eaaa «a
forêu contenait 8 pieds de couche e| 4
de haMteur, la bûche ayant la méase Iob-
guet^r (édit d'août ie§(^) : cette oorde,
de 1 1 2 pieds cubes, était i^insi le double
de la voie et valait S.840 atères ; le stère
ei^ est à peu près un quart (0.260). La
est pas de même du stère et de ses soos'multi-
|)les, qui ont bien réellement la Taleur qu^iodi-
qne leur dénominution : «iosi, |e déemiti^ Tsat
IQ stères; le d*ci*t»n est l^ieo le (0« du stèrf et4:4
ce nVst que le milUnirf qui répond tiu décimè-
tre t ube. C'est la ce qui a fait renoncer un nom
dé stère et à ses sous-multiples pour les mesn*
res de grande capacité, eu leur faisant préfërer
les expressions de mètie cube et dç ses sous-
multi|ile9, malgré les diffiiultét qu'ils offrent
d'abord à mettre leur valeur d'accord avec leur
dènomiqation. Pour cela , il ne faut jamais ou-
blier qu'un déciiuètre cube ft'est pas le di^icfaf
d'un mètre cube, mais bien un petit cube ayant
un décimètre de côté ; qu'ainsi le niè're cube eu
aura losurcliacnn des côtés de sa base, 100 sur se
luise entière, et que, pour en remplir lu ca|Uicité
d'un mètre cube, il en faudra 10 coucbes sqper-
pusées {y<^, l'art. Soi.XDt) ou eu tout t,ooo; t lin-
que couche représentera donc un dixième de mè-
tre cnbe ou 100 déciuiètret cubes; le dixième de
chaque couche, ou les dix décimètres qui se
trouveraient le long d'uu c^ié, .•■erout le lo* de
ce dixième ou le foo* d'un mètre cube, c'est-
à-dire 10 décimètres cubes. Lorsqu'on écrit de
pareilles tommes, le premier chiffre k droite
après le point figure donc les dixièmes de qiè-
tre cube doutuous venons de parler ou des dé-
cistèreft; celui qui vient à la suite, des centièmes
de mètre cul>e ou de» cruli•tt're^ ; celui qui
Tient encore après, toujours à droite, des mil-
lièmes de mètre cube ou millisièreji, qui sont dea
décimètres cubes. On eu peut dire autant des
readmètrea coliei, ete.
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STE
(4M)
STE
Mtdf ée fmd boit ooafMak U «éiM
loDgoear de couche et k même haateur
de œembnire que la précédente ; mais
la bûcb^Tait 4 piedt de longueur : elle
valait aiosi 138 pieâ« cubea ou 4.887
stères ;'le stère équivaut à 0.228 de cette
corde. Enfin, la corde dite de port avait
8 pieds de couche, 5 de hauteur, la bù*
cbe ayant 8 pieds 6 pouces de longueur x
elle valait donc 140 pieds cubes ou 4.799
Stères; le stère égale 0.208 de la corde
de port. Ce sont toutes ces mesures que
le stère doit remplacer. Si les bùchee
avaient 1 mètre de longueur, on com-
prend facilement que la mesure de-
vrait avoir t mètre de couche et 1 mètre
de hauteur de membrure pour donner
exactement le stère; mais lorsque les bû-
ches sont plus courtes ou plus longues^
il faut en tenir compte dans la hauteur,
et augmenter ou diminuer la pjle suivant
le cas : c'est là un inconvénient très grave
du cordage du bois de chauftage en me*
sure cubique. Il aurait peut-être été plus
sage de ne prescrire une mesure métri*
que uniforme que poui- la couche et la
hauteur de la membrure , sauf k Uisaer
l'acheteur débattre son prix avec le mar-
chand suivant la longueur de la bûche,
à peu près comme on fait pour les étoffes,
qui se mesurent a la longueur, quelle que
soit leur largeur. Pour plus de célérité
et de justesse, les marchands de bois sont
tenus d'avoir des membrures de double
stère ; on emploie aussi le décastère sur
les ports et dans les chantiers : le double
stère a 2 mètres de couche ; le décastère
en a 10.
Le bois de charpente se mesurait au-
trefois au cent de pièces ou solives^ dit
communément \t grand cent, Ceiie pièce
on soiive était censée être une solive de
18 pieds de long, ayaqt 6 pouces sur 0
pouces d'^carrissage, en tout 3 pieds cu-p
bes. Le grand cent représentait donc 800
pieds cubes. La solive se divisait en 0
pieds de solive ^ le pied en \2 pouces de
solive^ et ainsi du reste. Maintenant le
bois de charpente se cube au décistère,
10* partie du stère, qui approche assez
de l'ancienne solive : la solive vaut en
eCfet 1.03 décistère, le décistère 0.972
de solive. L. L.
iTteriomÎTaiB (mot formé par
les Grecs de rrtptic, solide, et fAtv^ev,
mesure ), voy. G^mÎteix et Solide.
STÉRÉOTYPIB (de <rTt/itoç, solide,
et TÛiroç, type, caractère) , art de oon<-
veriir en une forme solide et unique un
certain assemblage de caractères mobilea.
Pour cela, on emploie divers procédés.
Le plus simple et le plus luité est celui
qui consiste à prendre en oreus, avec
une sorte de plâtre g&ché, Tempreinte en
relief des caractères mobiles composés
comme à l'ordinaire, pnis à couler, par
des moyena qui varient, sur cette espèce
de matrice séchéeau four, de la eomposi*
tioD métallique qu'emploient lesfondenra
en «caractères, ce qui donne en une seule
planche toute une page composée. D'an-
tres prennent cette empreinte dans une
composition métallique particulière dont
ils forment la matrice, et font tomber
prestement celle-ci sur du métal en fu^
siod prêt à se figer : c'est là proprement
ce qu'on appelle cUcher ou l'opération
du clichage (mots que Camus croit dé«-
rivée de l'allemand klatschen^ claquer,
doqner une claque) ; mais à présent ces
mots sont devenus «ynonymes de stéréo^
typer par quelque moyen que ce soit, et
l'on entend par cUché la forme^ la plaque
qui résulte de la stéréotypie. D'autres en*
fin se sont servis pour stéréotyper de ea*
ractères spéciaux en cuivre, dont l'œil eat
frappé en creux, et qui, après la oompo*
sition , servent immédiatement de ma*
triée sans opération intermédiaire. Peut-
être la galvanoplastie donnera • t * elle
bient6t un nouveau moyen de repro-
duction solide des types mobiles. Quel
que soit le^océdé employé, le but de la
stéréotypie est toujours le même, savoir,
d'obtenir, avec un nombre restreint de
caractères mobiles, des plaques mincea
et assea légères de métal , où toute une page
se trouve représentée , et dont on paisse
imprimer des exemplahres à volonté et
seulement à mesure du débit, sans avoir
besoin de refaire les fraia de oompcMition,
les planches subsistant toujours entières
et n'exigeant- qu'un asaex petit emplaoe«
ment de magasinage. Comme on le voit,
ce procédé n'a d'avantages réels que pour
lea ouvrages dont le débit assea lent est
néanniQiM aaaoré dans un plus ou aoina
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StE
(484)
STE
grand nombrt d'aanéM; en outre, il of-
fre «n moyen ceruin d'épurer cbique
édition, puisqu'on peut corriger des pa-
ges solides sans commettre de fautes non-
Telles. Pour cette dernière opération,
on fait une entaille dans le cliché, à la
place à corriger, on y introduit la cor-
rection en caractères ordinaires, et Ton
y soude ceux-ci.
Depub l'invention des caractères mo-
biles {vof. Ttpooeaphib) , on avait dà
plus d'une fois rechercher les moyens
d'en conserver certains assemblages oub
d'une manière indissoluble. L'idée vint
d*abord en Allemagne de les souder en-
semble par le pied pour éviter leur dé-
formation ; mais ce procédé dispendieux
exigeait une grande quantitéde caractères
et les rendait désormais impropre à tout
autre usage. Pour parer à cet inconvé-
nient, on imagina un nouveau moyen : lea
' caractères mobiles «composés furent em-
preints sur une composition argileuse, et
un bloc de enivre fut fondu dans ce
moule. Telle est la forme des pages d'un
calendrier perpétuel que l'on a retrouvé,
et dont se servait l'imprimeur (rancis
Valleyre, au xviii^ siècle ; la date de ces
IBonuments n'a pas encore été détermi-
née d'une ' manière certaine ; mais la
forme de leurs typea et leur genre de
composition se rapprochent de l'impres-
sion de la fin du xvii* siècle, date que
leur donne Lottin. Un compositeur as-
surait encore, au commencement de no*
tre siècle , avoir vu ces planches chex
Valleyre avant 1785. Quoi qu'il en soit,
de 1735 à 1789, un orfèvre éoossaU,
nommé William Ged^ fit d'autres tenta-
tives ; il imprima des livres entiers avec
des planches moulées d'une seule pièoe
pour chaque page. D'Edimbourg, il vint
à Londres, et s'associa aux frères Feuner,
dont l'un était fondeur en caractères, et
Feutre libraire^ bientôt, ils obtinrent de
l'université de Cambridge le pririlége
d'imprimer une Bible et d'autres livres de
piété. Le procédé de Ged était le moulage
en plâtre des caractères mobiles, et la foule
dans ce moule d'une planche en métal
d'imprimerie. Traversé dans ses projets
par la jalousie des imprimeurs et des li-
braires, Ged retourna ruiné à Edimbourg.
U ne se hûsaa pourtant paa abattre ; il mit
son fils Jamea en apprentissage ctiec ttn
imprimeur, et, conjointement avec lui, il
donna une édition de Salluste, en 1 789.
Six ans après, Ged fut impliqué dans
une rébellion ; mais on lui fit grâce en
considération du secret dont il était pos*
sesseur. Il motirut peu de temps après,
en 1749. James, son fils, publia, deux
ans plus tard, un mémoire où il exaltait
le procédé de son père et proposait une
souscription, qui ne fut sans doute pas
remplie, car on ne trouve plus rien d'im-
primé par lui de cette façon. D'un autre
côté, dès 1740, Funckter, imprimeur
d'firfort, publiait un livre où il indi-
quait le moyen de mouler et de couler
lettres, vignettes, médailles, etc. ; puis,
il décrivait Je procédé qu'emploient lee
graveurs pour tirer ce qu'on nomme une
épreuve par le moyen du plomb à la
main^ et qui n'est autre que le elichage
proprement dit. Ces procédés cootinuè-
rent d'être suivis en petit en Allemagoe;
mais aucun livre ne parait plus avoir été
stéréotypé avant la fin du xviii* siècle.
Depuis les expériences qu'avait entre-
prises Darcet, en 1778, sur les composi-
tions métalliques, pour en trouver une
qui fàt fusible à Teau bouillante , Ro-
chon et Franklin s'étaient occupés do
graver par simple pression ou ' à l'eau-
forte des planches métalliques dont on
p&t tirer immédiatement quelques épreu-
ves. L'Alsacien Hoffmann poursuivît ce
but sans grands résultats; mais, alliant
lee découvertes de ses prédécesseurs, il
sut fondre des blocs stéréotypes en al-
liage métallique dans des moules d'argi-
le. Depuis 1786, il publiait, avec son
fils, un Journal pofytypt. L'année sm«
vante, il fit paraître, ^înMi polytypé^ Tou-
vrage de Chénier père, intitulé : il^-
cherches historiques sur les Maures^ t
vol. in-8^. Déjà, en 1784, VEncfclopé^
die méthodique {Arts et métiers ^ art.
Imprimerie) avait parié des recherches
des Hoffmann, qui les disaient remonter
jusqu'en 1788. Bulliard, auteur de la
flçre française ; L'Héritier , depuis
membre de l'Institut; Pierres, imprimeur
de Versailles; Pingeron, mécanicien ha-
bile; Rochon, de l'Académie des Scien-
ces, découvrirent les procédés de Hoff-
mann, et quelques-uns surent même lea
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STE
(48S)
STE
nelire en pratique; nais cm ii*élail e»*
Gore arrivé à aucun résullat remarquable
aTant Carrez» imprimeur de TonI, qui
imagina une machine pour le clichage k
l'aide d*un moule en métal ordinaire en
fusion frappé par lea types mobiles au
moment du refiroidissement En t786|
Carrez exécuta par ce procédé un livre
d'église noté, en 2 ?ol. gr. in-8<* de plus
de 1,000 pages chacun , el succeuive-
ment ii imprima de la même manière 30
vol. de liturgie ou d'instructions à l'u«
ssge do diocèse. Après la première légis-
lature frauçaise, dont il fit partie» Carrez
s'occupa d'un Dictionnaire de la fable ,
ainsi que d'une Bible latine en caractères
très fins qui réussit parfaitement. Pen-
dant ce temps» Hoffmann imaginait un
procédé pour éviter les frais de compo-
sition dans la stéréotypie : à cet effet» il
construisait un moule argileux, et y im*
priniait successivement l'empreinte des
lettres de son texte» ayant eu soin de
(aire fondre d'un seul morceau les sylla-
bes qui reviennent le plus souvent dans
le discours. Hoffmann obtint» en 1793,
un brevet pour exercer l'art poiyiype et
logotype » et le céda la même année a
Salzmann. Biais déjà des émissions d'assi»
gnats avaient été votées. Les premiers
Furent imprimés d'une manière déplora»
ble qui encourageait la contrefiiçon. Des
savants et des artistes furent rénnfis pour
arriver a la formation d'une planche*
type qui pût facilement se reproduire
dans des clichés exactement pareils pour
être ensuite livrés a l'impression. C'est ce
à quoi l'on parvint en réunissant des
poinçons gravés séparément en un seul
coin avec lequel on frappait, dans le mé-
tal en fusion» autant de moules ou matri*
ces que l'on voulait» chacun pouvant
donner ensuite des clichés propres à l'im-
pression» et tous identiquement sembla*
blés à la réunion des poinçons. La ma*
cbine à polytyper ou à clicher fut alors
inventée par Grassal.
Uerban» mécanicien» Henri etFirmin
Didpt, imprimeurs» Gatteanx» graveur»
etc.» avaient été appelés dans le sein de
la commission chargée de l'exécution des
assignats» et leura connaissaneea spéciales
avaient servi à la bonne conftction de ces
effets publics. Getteaux» chargé pins tard
de la fabrinatioB dea billeto de la seconde
loterie de maisons nationales» imagina de
se servir de caractères mobiles ordinaires
oomose de poinçons : il réussit; mais il
avait rencontré des difficuflés d'exécn*
tion dont il s'ouvrit à son beau-frère An*
fry et à Firmin Didot» qui pensèrent que
le seul asoyen de lea éviter était de frap«
per la matrice dans nn métal à froid.
Anfry prépara une composition trop
chère; bientôt» Herhan en trouva une
aussi bonne et moins dispendieuse. Her-
han» F. Didot et Gatteaux » prirent des
brevets d'invention en l'an VI; mais
Herhan avait déjà découvert un autre
procédé : son brevet s'appliquait a Pu*
sage de caractères oik l'œil de la lettre est
représenté en creux, et qui, après la com»
position» donnent de suite le moule où se
fond la planche stéréotype. Dès lors» on
annonça des éditions stéréotypes ; et à la
première exposition des produits de l'in-
dustrie, au Champ-de-Blars » dans lea
jours complémentaires'de l'an VI» Her-^
ban» Pierre et F. Didot» associés» expo-
sèrent leurs planches solides propres à
l'impression. La même année» ils avaient
mis en vente un Virgile in«18 de 400
pages an prix de 76 c. A la même épo*
que» un nommé Bouvier» filigranisle aussi
employé autrefois aux assignats , revint
aux moules en argile et à la fonte en
cuivre : il réussit assez bien ; mais il était
loin de la perfection qu'avaient atteinte
les Didot. Cependant» F. Didot» impri*
mant les Tables de logarithmes de Cal*
let» etcraignantles déplacements de chif-
fres mobiles qui pouvaient se produire
pendant le moulage» sonda tout simple-
ment leapages en dessous» revenant ainsi
au procédé primitif de la stéréotypie. Plue
tard»MM.TreutteletWttrtz, ayant acquis
le procédé de Herhan» le mirent en usage •
pour leurs belles éditions des QBwres
de Af"*' de Staêl^ leur Nomelle biblio^
thèque classique (80 vol. in-8®).» etc.
Les étrangers ne restèrent point indiffé-
rents aux sneoès de cet art : en 1800»
onsiéréotypait une Bible à Londres; et
un Hongrois» Samuel Falka» graveur de
caractères à Bude en 1801, trouva
l'occasion de faire usage de ses décou-
vertes et de ses procédés. Mais la stéréo*
typie est principalement une invention
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STE
(4»6)
STE
flravçMM', très fNTobiblciBeal par soo
origÎDe et iocoDtettableiDCtlt par BOki
usage et set perfectioonetnents. Paritii
ceux qui ont su tirer un oouireatt parti
des procédés' sté#éoty piques, noua tietoftft
citer M. £. Dnverger, l'imprimeur de eetle
Encyclopédie ^ qui a ingénieusement
adapté cet art è la reproduction de la itiQ-
sique et des cartes géographiques expo-
sées par lui en 1844, en ' composant,
comme à l'ordinaire , la notation musi*
cale ou les noms de lieux géographiques,
puis les moulant en plâtre ^ et traçant
dans cette matrice les lignes de portée
ou les lignes qu'on emploie dans la gé6»
graphie* — Fuir Camus, Histoire et
procédés du polytypage et de la stéréo*
typie^ Paris, an X, in -S*. L. L.
6TERLBT ( acipenser ruthenas ).
C'est le petit esturgeon {voy, ce mot); le
caviar (voy,) qu'il fournit est le plus re«
cherché. Sa chair grasse, extrêmement
délicate, est très estimée des gourmets en
Russie* Lea soupes au sterlet sont parti*
oulièrement irantées. C. S-tb.
STERLING, voy. Liteb.
STERNE (Lau&bnt) était fils d'un
officier irlandais, pauvre, mais issu d'tine
famille considérée. 1!9é le 24 nov. 1718,
à Clonmel, il se trouva orphelin à 17
ans. Recueilli par un de ses oncles, mem-
bre du chapitre de la cathédrale d'York,
il fut placé à l'université, où il étudia
pour suivre la carrière ecclésiastique. A
peine eut-il terminé sa théologie, que
son onde se démit en sa faveur de la
cure de Sutton ; plus tard » il lui céda
aussi sa prébende d'York. Mais cet oncle
était un whig passionné ^ engagé dans
tontes iea querelles politiques de son
temps. Sterne ne partageait pas l'exal-
tation de son bienfaiteur, et il en résulta
entre eux un refroidissement qui se ter-
mina par une brouille. Dans une de ses
visites à York, Sterne s'était épris d'une
jeune personne, qu'il épousa. Il con-
sacrait alors ses loisirs à la musique, à
la chasse, à lalecture; il avait trouvé une
ressource précieuse dans la riche et cu-
rieuse bibliothèque de son parent^ sir
John Hall Stevenson. Après avoir pu-
blié deux sermons^ qui n'oftrent rien de
remarquable. Sterne fit paraître les deux
preniefa volumaB d«i roman Jlke itfemnd \
àpiniofkt of Tristram Shandy (Lond.,
1 759-66).Le8idée8 les plussingnlièresaur
l'éducation sont présentées dans ce livre,
et la philosophie des écoles y est tournée
eb ridicule de la manière la plus spiri^
tuelle et la pitts inattendue. Le comique
se mêle à des scènes sentimentales, et eè
pèle- mêle de tontes les îihpressions Ima-
ginables renferme une foule d'observa-
tions fines et vraies sur le cœur humain
et la vie de tous les jours. Il forme 9 vol.
Lorsque les premiers parurent, ils pro-
duisirent une sensation extraordinaire et
diUsèrent un grand scandale. On affecta
de ne pas prendre ce livre au sérieux ;
on alla jusqu'à prétendre que l'auteur
était fou. Sterne accepta le rôle que lui
faisaient ses ennemis, et donna sous le
nom d'Yorick , le bouffon de VHamlet^
S Yol. de sermons (1760). Après ces ser-
mons parurent la suite de Tristram^
de nouveaux sermons, une nouvelle soitn
de THstram^ et enfin le fameux Voyage
sentimental ( Sentimental journey
through France and Italy^ Lond., 1 7 67,
3 vol. in-8®). Lord Falconbridge avait
donné à Sterne la cure de Coxwould ;
mais son humeur inquiète et sa santé
l'entraînaient presque tous les ans sur le
continent, où sa femme et sa fille l'ac-
compagnaient. C'est dans un de ces voya-
ges qu'il devint très amoureux d'une
dame indienne, nommée Elixa Draper.
Il était venu à Londres pour faire im«
primer son Voyage sentimental^ lors-
qu'une courte maladie l'enleva, en févr.
1768. Sterne avait toutes les inégalités
et tous les caprices d'un tempérament
maladif; du reste, il fut honnête homme
et bon père de famille. Comme auteur,
il est d'une bizarrerie affectée et d'une
naïveté factice; mais il a du charme, une
expression vive et originale, et il attache
son letitenr même dans ses digressions.
Ses ouvrages ont été souvent traduits en
français; nous citerons seulement la trad.
de ses œuvres complètes par Prenais (Pa*
ris» 1787 , 6 vol. io-13), et celle de
M* Francisque Michel ( Paris, 1838, gr.
in-8«). A. B.
STÉSICHORE, poète lyrique d'Hi-
mère, en Sicile, inventeur des épodes^
vécut dans le vi* siècle av. J.-C.,^t mou-^
mt à Catiiit^ à l'Age da 86 ana. Pnor
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StE
(«t )
STE
donoer nwé idée de tott géUle, I* féble
raconte qu^ttii roitoigbol ou titie »lbtttetM
•e postt »ttir ft* bnuche lorsqu^il était éd-
itai ^ et getbailla tiki fchant inagnificpie.
Sa patrie lai éleya utie statue. Ses Frôg-
menis ont été recneflKs et publiés par
M. RIeine, qui y a Joint une dissertation
aur sa vie et sa poésie (Berlin, 1BS8). On
trouve aussi des fragments de ses oetivres
dans les recueils de Henri Estienne, d*Ur*
sinus| ete., plus complets dans le Musét
eritiqne de Blomfiehl (1815) et dans
les Pwftdf gntci minutes de Gaisforti
(t. ni). C. L,
STêTHOSGOPB) wy. AtysGtriTA-
noir.
STATTlH, tH>x* lV>a<aAirfm et Oireti.
STKWARD , mot anglais qui signifie
Blaltra d*h6tel4 intendant, régisseur. NôUS
àfons pèr)é,T. XII^ p. 786, dtl lord hîgh
êtefPUfti^ ou grand*sénécbal 9 un dtes
grands dignitaires de la couronne d'An-
gleterre.
STBWAAT (Dû&alo) , Técrivain le
plus distingué parmi les pbilosophe» de
Téoole écossaise (voy,) ^ fils de Mathieti
BteWart, professeur de matbématittiifes ,
qui s'est lui-même rendu célèbre par ses
Iravaut *ur la géoittétf ié^ dàqull à Ëdlm-
bourg le 22 nov. 17d8. Il fit ses étùdél
à Tunifersité d« e«tte fille ei ktaoritra
dés lora d'heureuses dispositions pour
les lettres et t«l«ele«iceat mais plus par-
ticulièrement pour les mathématiques )
ses pt-ogrès ^ favorisés par lés levons de
son père^ furent rapide!. Cependant sod
goâtl'etitraloait vers les sciences phlloso-*
phiques, dans lesquelles ses premiers arai-
très furent Stevenson et Adam Ferguson.
En 1771 , il alla suivre à Glasgow les le-
çons de Reid {i}oy, ces noms), et fut ad-
mis dans l'intimité de cet illustre proflis-
•atUTi qui lui dédia ses S f sais sur iesfa-
ea/tésinteiiectHeUes rie r homme. Siewart
revint l'année suivante à Edimbourg, oh
il aupptéa dans la chaire de mathémati>>
qucS| son père^ que l'état de sa santé fbr*
fait au repos. Il fut nommé, en 1774,
professeur adjoint, et en 1778 chargé
du ooorsde philosophie pendant l'absence
de Ferguson. En I78S, il devint profes-
seur titulaire de mathématiques) mais,
obéissant à sas prédilections pbllosopbi-
«|MSy il permuta avee Fergtuou, doirt il
reprit lé court de philosophie morale ;
eh 1800, il ed ënli^eprit un autre sur
l'économie politique. Stewart publia, en
1703, le premier volume de ses ElethenU
ofthe phitosophy ofthe human mind, C%t
ouvrage, dont la suite ne parut que lona-
teoipsaprès(l8l4èll82t, 8 vol. in 8*),
a été le.pribcipal fbndelnètitde sarépli-
tation. En 1793, il donna ses Esquisses
(ie ph'flnsnphfe moraie (Oui fines ofhtO"
rat phiinsophY)yi\}ïi présentent en abrégé
l'ensemble de son système, et successi-
vement plusieurs itiorceaux qui se rai ta*
chaient plus ou moins k l'objet de ses
études, tels qU'uné Fie d^Adaht Smith^
ûot Notice sur ttoberèson^ une Notice
sur ie doct)?ur Reid (voy, ces noms). La
maison de Dugald Siei^art devint le ren-
dez vous de la société la plUl dléiinguéé
d^Édimbourg. Il k-ebevàit compie élevée
desjedbes gens de fatbille, hvefc lesquels
il fil plusieurs ëicursions sur lècontinent,
noiamménidans les annéésl7ft8el 1787.
En 1806, il accompagna à Paris Idrci
Làuderdàle, t)Ui, à son retour, le pourvut
d'une sinécure; plus tartl, le tailnlstèfé
liii cdbfia la i-édaciion delà Gazette d'É-
cos^t. SteiArat-t éefit, éU 1810, suppléer
dans sa chaire )lar Thomas Bro^n; riiais
y^fc résigné ftbd titré <tuVb 1820, podi*
se retirer dahs Une t:adipagbë f oléine d'É-
dimboUrg, où il passa lé i^esté de^jburs,
continuant de consacrer ses loisiri aut
travaux qui avaient dctùpé tobté se Vie,
Il avait éprouvé, en 1822, ont» attaqué
d'apdplexie qui altéra é* santé; il mou*
rut à Edimbourg, le 11 juid 1828. Sié*
wart était aussi aimable dans la vie prU
▼éte qu*babile et éloquent comme pro^
fessenr. Il n'a pas fondé de système ni
ramené les choses à un pridcipe unique;
mais il a rassemblé beaucdup dé maté-
riaux et s'est attaché surtout à combler
les lacunes qu'avait laissées Reid dans sou
système. Il est une des ludiières de cette
école écossaise, dont le mérite principal
est d'avoir appliqué à l'esprit humain la
méthode de Bacod, et tes procédés des
sciences à la philosophie morale.
Outre les pHncipaUt ouvrages dé
Stewart, dodt il a déjà été question,
on lui doit las PhifosophictH esstrfs ^
Édimb., 1810-18; une DiiseHation
préiimitmire $mr iés progm Hti meH*
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STH
(488)
STI
ces métaphysiques^ morales et polùi»
ques depuis la renaissance des lettres^
destinée à servir de préface tusupplémeot
de VEncjchpœdia Britannica (1816
et 1821); la Philosophie des facultés
actives et morales de l'homme (Philo^
sopky ofthe active and moral powers^
1838), etc. La plupart de cm ouvrages
ont été traduits en fraoçsis : les Éléments
de la philosophie de l'esprit humain^
par P. Prévost et Farcy (1808-26, 8 vol.
ÎD-8«); V Histoire abrégée des sciences
métaphysiques f morales et politiques^
depuis la renaissance des Lettres^ par
M. Buchon (1820-23, 8 vol. iD-8«);
les Esquisses de philosophie morale (Pa-
ris, 1826,ia-8^;2«éd., 1838), par no-
tre tant regrettable collaborateur Th.
Jouffroy, qui a aussi trad. la Notice de
D, Stewart sur la vie et les écriu de
Th. Reid^ imprimée dans les œuvres
complètes du professeur de philosophie
de Glasgow, qu*il a publiées à Paris, en
1828 et aon. suiv. A. B.
STEWART (lord Gha&lxs), voy.
LaifDONDKaRT.
STHÉNIB, Topposé de Tasthénie
{}>oy»\ force, vigueur, du grec ^Givoc-
STIBIUM (de 9rei6»9 je foule, je
presse), nom lalin de rantimoine(vor.)«
duquel on a formé Tadjectif xii^/^ qui se
dit des remèdes où il entre de cette sub«
stance.
STICH-CRELINGER (M<»«), une
des meilleures actrices de la scène alle-
mande. Son premier nom était Auoustb
Du&iiro. Née à Berlin, vers 1798,ses dé-
buts eurent lieu sottsla direction d*Iffland;
elle ne s*y distingua pendant quelques
années que par sa belle taille et par une
voix sonore, d'une étendue extraordi-
naire. Des revers développèrent en elle
l'artiste accomplie. Elle jouissait déjà
d'une certaine répuUtion, lorsque Tac-
teur Stich, son premier mari, fut frappé
d'un coup de poignard par lejeunecomte
de Blûcher, avec lequel on supposait a
sa femme des relations intimes. G'est dans
les lattes terribles que la jeune artiste
eut à soutenir, près du lit de douleur de
son mari, contra la famille de son meur-
trier, héritier d'un nom illustre et popu-
laire, et le public irrité de cette espèce
de profanation d'une gloire nationale,
que se forma aon talent tragique. G«
qu'elle a promu lors de son retour sur
la scène, de vivre exclusivement pour
son art, elle l'a consciencieusement ac-
compli. Elle entreprit, pour le dévelop-
pement de son talent, un voyage à Paris;
dans plusieurs autres excuraions, en Al-
lemagne, a Saint «Pétershoorg, puis à
Vienne, elle recueillit partout les témoi-
gnages de l'admiration du public. Après
la mort de Stich, elle épousa le banquier
Grelioger, et reparut sur la scène de Ber-
lin, oà le public l'avait traitée avec une
grande sévérité. Depuis, elle devint le
principal soutien du théâtre de la cour de
Vienne, et elle vit en cette ville dans un
heureux cercle de famille. Ses r6lea sont
surtout ceux du genre héroïque. Les meil-
leures tragédies de Schiller ont fait la
gloire de M*"* Stich-Crelinger. Elle réunit
i la noblesse et la dignité une finesse et une
délicatesse dans le jeu qui montrent aa«
tant de connaissance de la vie hoosalne
que de sentiment et de réflexion. Elle
a moins de succès dans les rôles de ga*
lanterie amoureuse. Les caractères tea-
dres et nal& ne lui réussissent pas abso«
lument. 0.
STICBOMANCIE , voy. Divuta-
TioH, T. VIII, p. 337.
STIGMATES. Pour l'explieatioQ de
ce mot en botanique , voy* Flxua ; en
entomologie, voy. IitsbgtbSi T. XIV,
p. 723-24.
S TILICON. FLàTius Stiugo, Van-
dale d*origine et fils d'un général de Va*
lens, naquit vers le milieu du iv* siède,
et fut sans doute chrétien. Il s'éleva ra-
pidement par sa bravoure , ses talents, et
peut-être aussi par ses intrigues, jusqu'au
commandement général de l'armée ro-
maine (magister utn'usque essereHûs,
cavalerie et infanterie). En possession
de la faveur de Théodose, il reçut de
lui sa nièce Serena en mariage ; pub ce
prince ayant, en 395, partagé l'empire
entre ses deux fils, Honorius et Arca-
dins (vqy. ces noms), il donna a Stilioon
une nouvelle preuve de sa confiance,
en le désignant comme tuteur du jeune
Honoriusy et en l'investissant, à ce titre,
du gouvernensent de tout l'empire d*Oc-
cident ( voy, ). Mais les deux empires
furent bientôt déchirés par la rivalité
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STO
(*«»)
STO
prolbadtd* StiUooit et de Hniii («orOf
qui gouTarnaii FOrMiii oomne mioUtra
d'AxcadiiM. hu Gotha, appelés par En-
fin , entahirent la Grèoe : SUUcon mar-
cha contre eux, mais fut arrêté par Ar-
cadius» qni acheta la paix de ces barbares
et le déclara ennemi public. Les Goihs,
sous la conduite d* Alaric , s*étant alors
jetés sur lltalie, Stiticon se porta à leur
rencontre et les défit complétementi en
403 ; il reconquit aussi une partie de la
Gaule envahie par les Suèveset les Alains.
Honorius récompensa ses senrice* en lui
conférant le titre d'Auguste. Cependant,
de coupables intrigues paraissent avoir
déshonoré les dernières années de Stili-
con. De graves accusations furent por-
tées contre lui. On ne le croyait point
étranger au massacre de Rufin par ses
soldats, et l'on Inspira des craintes à
Hooorios sur ses projets ambitieos. Ce
prince ayant soulevé l'armée contre lui,
Stilicon s'enfuit à Revenue , où l'empe*
reur lui fit trancher la télé le 33 ao&t 408.
Son fils et sa femme furent étranglés, ses
biens confipqués, son nom effiicé de tous
les actes et monuments publics. Honorius
répudia sa fille Tbermancia , qu'il avait
épousée après la mort de Marie, sa sœur
atoée. A. B.
STILITES, vcy. Sttutbs.
STILL DE GEAIN) vay. Nm&FEuir
et Laqub.
STILLING, vay. Jung.
STIMULANTS, vor. ExcrrAim.—
En agriculture, voy. AiiBHDBinunr et
CULTUEB.
STIPITB, var» Houitus.
STIPULE, nom que l'on donne, en
botanique, à ceruins appendices mem-
braneux ou foliacés qui , dans plusieurs
plsntes, accompagnent la base du pétiole
ou de la feuille.
STOBÉB ou JxAir DB Stobi, petite
villedelaMacédoine,vécutvraisemblable-
ment dans le -y^ ou le yi* siècle de notre
ère. On ne sait rien de sa vie. Il a laissé
des extraits des anciens écrivains, de leurs
opinions et de leurs doctrines, dans une
compilation en IV livres, intitulée Jn*
thoiôgie; mais les copbtes ayant divisé
et mutilé son travail dans les siècles poa-
térieun, son ouvrage comprend aajonr-
d'hoi deux parties , dont Tune porte le
ûtnà^Eciogg&phyneœ et etkkm, et i*a«*
tre celui de Sermomes. Si tontes deux sont
importantes pour la critique des anteurs
dont elles dtent des BMNrceaux, elles ne
sont pas moins prédcnses à raison du
grand nombre de fragments qu'elles nous
ont conservés de poètes et de prosateurs
dont les ceuvres sont aujourd'hui per-
dues. W. Canter a publié le premier nne
édition fort défectueuse des^c/o^w (An-
vers, 1S76 , in-fol.). Une antre édition
qui contient aussi les Sermones a paru
à Genève en 1609, in-fol. La meilleure
est celle de Eeeren (Gœtt., 170S-1801,
2 vol. in- 8^) , revue et augmentée d'à*
près plusieurs manuscrits. Les Sermones
ont été édités par Trincavelli (Yen.,
1686) et par Gesner (Zur., 1648; Bàle,
1649; Zur., 1669), qui l'un et l'autre se
sont permis de faire des changements
fort arbitraires. L'édition préparée avec
beaucoup de soin par Nicolas Schow,
ayant été dévorée dans on incendie, il
n'en a été publié qu'une partie (Leipx.,
1797). La meilleure* jusqu'à présent, est
celle deGsisford(A'/on/fgY>/m,etc., Oxf.,
182!1, 4 vol.; réimpr. à Leipx., 1838).
Les Leciiones Stobenses de M. Jacobs
(léna, 1837) sont importantes; d'autres
ont été publiées plus récemment par
M. Halm, Heidelb., 1843, in-4«. C. L.
STOCKFISCH, voy. Mobub.
STOCKHOLM , oapiule de la Suède
(voy.)^ est une des plus belles villes de
TEurope, et ne le cède peut-être qu'à
Constantinople pour sa situation pitto-
resque. Bâtie sur plusieurs lies, elle offre
les pins admhrables poinU de me à celui
qui, du haut du Mosesbacke, rocher qui
forme le principal ornement d'un magni-
fique jardin, contemple le vaste paoora-
ma qni s'étale sous ses yeux. La ville, il
est vrai, construite à la fin du xii* siècle
sur les ruines d*un ancien repaire de
pirates, appelé Sigiouna^ ne manque pas
de mes sales et tortueuses; mais les
beautés de l'ensemble font passer sur
ces défauts. Les nombreuses lies et près-
*qu'iles sur lesquelles elle s'élève, et qui
sont formées par les anses dn lac Me-
larn et de la mer, sont réunies par plu<«
sieurs ponts dont l'un, conduisant an
Norrmalm^ a près de 1,000 pieds de Ion*
gueur ; en sorte qne Stockholm offre une
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8T0
(«0)
STO
image àê Venise , aTtc cette difDirettoe
que sa rivale ne doit qu'à l*ioduttlrie de
rhomme les canaux que forinent ici natu ^
rellement les bras de la mer. Les navi"
ret débarquent leurs cbargemenis au
milieu même de la Tille. Stockholm se
divise en trois parties : la ville propre-
ment dite et les deux faubourgs de Soe-
dermaim et de Norrmatm, sans compter
«ne foule d'Iles qui sont comme autant
de faabourp particuliers. Les plus im-
portantes de ces dernières sont Rungs-
holm, Kastelholm et Rîddarbolm. Parmi
les édifices publics, on doit nommer le
palais, bâti jeu 1761, auquel peu de hà*
ti méats peuvent se comparer en Euro*
pe; la cathédrale, dans la ville propre-
ment dite, qui est remarquable par son
antiquité, et où l'on admire une des plus
belles orgues du monde, ainsi que plu*
sieurs tableaux d'artistes suédois; l'église
allemande^ l'église francise, la banque,
la monnaie, la maison de la noblesse avec
les érUMOus des armes des familles sué*
doises, qui peuvent rivaliser avec les bâ«
timeots lea plus renommés destinés aux
mêmes usages a l'étrangère Le Norrmalmi
la plus belle partie de la ville, offre éga-
lement plusieurs édifices dignes d*étre
mentionnés : le palais de Torstcnson,
agrandi par la princesse Albertine, VO'-
péra, bâtiment magnifique construit par
Gustave III, les églises de Sàinte-Claire,
de Jacques et de Frédéric, l'observatoire
de l'Académie des sciences, établi sur une
haute colline de sable, et lea nombreux
hdtels des ambassadeurs. Dans l'Ile de
Riddarbolm, on volt une église qui eon*
tient les tombeauxdes héros delà Suède,
décorés de plus de 5,000 drapeaux, et
l'hôtel des francs-maçons, le plus beau
de TËurope* Le Kungsholm est Impor*
tant par sa vaste fonderie de canons.
Stockholm possède plus de vingt places
publiques, mais petites et peu remar*
quables s nous ne citerons que celle de
la maison de la noblesse, ornée, depuis
1779, de la statue de Gustave Wasa en
marbre vert indigène, celle d'Adolphe-
Frédéric avec la grande église de la Made-
leine, bâtie eu 1489, et la nouvelle place
de la parade, daus le Norrmalm, sur la*
quelle s'élève la sutnt de Charles XIII.
£o 1 79i) le nombra 4«« babitaiiia &ê
StdckholtfÉ était de 80,000; mab à là ia
de 1 887, il était tombé à 78)000, la si-^
tuation de la tille et ie climat détermi*
oani, au moins dans quelques lies, nwè
mortalité telle que le iMMiibre des décAi
surpasse oonsidérablemeat celui des Haie*
sauces. Aujourd'hui, on donne à Stock«
holm 84,000 âmes. Il n'y a que 180
juifs; les catholiques et les grecs sont
aussi peu nombreux) ils ont la liberté de
célébrer leur culte dans des oratoires^
Une communauté de réformés français A
son église particulière, et 3P0 herrnhutél
sont autorisés à prier Dieu à leur manière
dans une salle qui leur appartient.
Le voisinage de la mer et la facilité dea
communications font de Stockholm le
centre d'un commerce actif. Les imper*
tations consistent en blé, sel, lin, coton,
riz, denrées coloniales, articles manu*
facturés et de luxe; les exportations, eâ
produits des mines de la Suède, sur-
tout en ffr. On y entretient des fabri-
ques de laine, de métaux, de suere, di
tabac, de toile, de coton et de soici
Outre un grand nombre d'éeoles pour
la jeunesse desdeut sexes, il y a à Stock**
holm un gymnase, tine école des caileti
et une école médioo- chirurgicale destinée
à former des officiers de santé pourTar^
mée de terre et la lotte. La bibliothèque
du palais du roi contient environ 40,000
volumes et de précieux manuscrits {vùy,
T. lir, p. 407, avec la note); eelle du
comte Engestrœm n'en i pas moins de
1 8.000«Une Académie des belles- lettres|
d'histoire et d'antiquités existé depuis
1758. En 1788, Otistaire III fonda une
Académie pour la langue 8Uâdoise< Dès
1780, Linné en avait établi une pour leé
sciences, et c'est une dea plus importantes
institutions de ce genre en Europe. Le
musée royal, ou galerie de tableaux, dans
le palais, o(he aussi une collection de
8,000 dessins otiginaut des premiers mal**
très italiens; il s'est enrichi depuis peu
d*nne magnifique collection de médailles
eld'antiques, composée d'environ SO^OOO
pièces. Dans la bibliothèque d'Engestrmm
unesslle particulière est consacrée à une
collection remarquable de gravures do
tous les maltrea, de vases île terre, de mé-
dailles, de cartes, etc. Les établissementa
de biettfalMiace, h^pitant, malsoaa d'or*
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STO
{ihelioB, hospices, Sont nombreux ; ils sont
eotretetius soit tax frais du public, soit
par des associations. Une maison de Ira*
irail foamit annuellemetit des ontils et
des matériaux à 8 on 900 ouvriers. Une
maison de détetation reçoit les vagabonds
•t les condamnés. Tous les enfants aban-
donnés ou orphelins sont admis jusqu*à
l'âge de 14 ans dans la maison des or*
phelins, qui, il y a quelques années, comp-
tait jusqu'à 8,000 pensionnaires; les
francs- maçons ont fondé une maison pa-
reille, ^institut des sourds-muets et des
aveugles est un des établissements les plus
importants. Les lieux de réunion les plus
fVéqueniésdanslesenvironsde Stockholm
sont le Parc, le Humiegarten, la source
qui jaillit dans le voisinage, le château
et le parc de Nouveau*Uaga. Le château
de Drotibingholm est une imitation de
celui de Versailles. C X.
STOCKS , mot anglais qui revient à
notre terme de fonds consolidés, voy.
Fonds, Rewte.
STOFFLET (Nicolas), célèbre chef
vendéen et auparavant garde-chasse du
comte de Colbert Manlevrier, né à Lu-
néville en 1 76 1 , fusillé le S8 févr. 1 796.
Foy. VfeNDÉfe.
STOÏCISME, école philosophique
grecque, ainsi nommée du Pœciled' Al be-
lles , espèce de stoa ou colonnade qui
Foy.
servit d'auditoire à son fondateur
Zllroif, Cl^AIfTHB et CflATSIl>PK
Dans le langage ordinaire, un stoïcien
€st un homme insensible à la douleur et
à l'adversité, ou au moins maître de lui
à ce point qu'il sait réprimer toute ma-
nifestation d'une forte émotion.
STOLBERG, comté de la Thuringe,
sons la suzeraineté de la Prusse, entre les
comtés de Mansfeld , de Schwarzbourg,
deHoheostein et le pays d'Anhalt, d'une
superficie d'environ 7 milles carrés avec
une population de S0,000 Ames. Au nord-
ouest, où il touche au Harx, le pays est
couvert de montagnes âpres, boisées, ri-
ches en mines d'argent et d 'autres mé<^
taux; mais au sud-est il est extrêmement
fertile. Ce comté appartient i la ligne
cadette de Stolberg,'et en majeure partie
à la bHinche de StolbergStolberg. Son
chef- lieu, Stoléerg, petite ville de 2,400
babltâiiU fitnée dam l« Hart, est le siège
( 491 ) . STO
de la chancellerie comtale, d'un sous-
consistoire et d'un gymnase. On doit men-
tionnet* èticore Rottleberode avec le pa*
lais d*été du comte de Stolberg-Sfolberc.
Dans les environs, se voient les débris dé
l'ancien château de Stotberg et un ef*
ftrayant défilé appelé la Foie des morts,
La famille de Stolberg est une des
plus anciennes dé l'Allemagne. Elle fi-
gure dans des documents du moyen-âge
sous le nom de Stalberg. Elle formait
anciennement deux branches : celle du
Harz et celle du Rhin. Cette dernière s'é-
tant éteinte, ses possessions passèrent à la
première. La souche de toutes les bran*
ches aujourd'hui existantes fut Cheisto-
put. de Stolberg, né en 1S67 , mort en
1688. Son fils aine, Henri-Eenest, né
en 1593, mort en 1672, fonda la ligne
aînée qui se divisa en deux branches :
celle A* llsenbourg^ éteinte depuis 1710,
et celle de fVernigerode, Cette dernière
se subdivisa en trois rameaux : Stolberg^
fVernigerode ; Stotberg- Gedern , qui
fut élevé, en 1742, à la dignité prin-
cière, mais qui s'est éteint, en 1804,
dans la ligne masculine; et Stolberg»
Schwarzay qui s'éteignit en 1748. Là
ligne cadette, fondée par Jban-Martin,
second fils de Christophe, est divi&ée au-
jourd'hui en deux branches : Stolberg-»
Stolberg^ et Stolberg- Ross la, La branche
de Stolberg- Wernigerode a pour chef le
comte HENâi, membre du conseil d'état
de la Prusse, né le 25 déc. 1772. Ses
possessions comprennent, outre le comté
de. Wernigerode et celui de Gedern, lea
trois seigneuries de Peterswaldau , de
Kreppelholz et de lanowiiz en Silésie,
ainsi que le bourg de Schwarza et queU
ques autres domaines, d'un revenu an-
nuel de 800,000 florius. Les deux bran-
ches de la ligne cadette, représentées,
celle de Stolberg- Stolberg par le comte
ALtREO, né le 28 nov. 1820, et celle de
Stolberg- Rossia par le comte AtiGtJSTB,
né le 25 sept. 1 7 68, se partagent le comté
de Stolberg.
C'est à la branche de Stolberg-Stol-
berg qu'appartiennent les deux écrivains
illustres Christian et Frédéric-Léopold
qui occupent un haut rang dans la litté-
rature allemande.
CmostiAlty comte de Stolberg, naquit
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STO
(m)
5T0
k Himboiurg, le IS oct. 1748. De 1769
à 1774, il fit ses études-t GœlÛDgue, où
il se lia, ainsi que son frère, aTee Boje,
Bûrger, Miller, Voss, Hœlty, Leisewili.
Nommé, en 1777, bailli de Tremsbûttel
dans le Holstein, il remplit ces fonctions
jusqu'en 1800, époque à laquelle il.
donna sa démission pour aller vivre dans
sa terre de Windebye , ou il mourut le
18 janvier 1821. Quoiqu'il ne puisse
être comparé à son frère pour la vigueur
et la richesse des idées, ses poésies ne
manquent ni dMmagination ni de senti-
ment. Il a réussi surtout dans la pein*
fure de la vie domestique. On lui doit
aussi plusieurs traductions du grec. Ses
poésies ont été publiées avec celles de
•on frère à Leipzig, en 1779, ainsi que
ses pièces de théâtre avec chœurs, en
1767. Ces dernières rentrent plutôt
dans le genre épique que dans le genre
dramatique^ elles ne pourraient sup-
porter la représentation. Ses Poésies
tirées du grec (H^mh,^ 1763) contien-
nent des hymnes homériques, les idylles
deThéocrite, plusieurs poèmes de Mos»
chus, de Bion , d'Anacréon , et fiéro et
Léandre de Musée. Sa traduction de
Sophocle (Leipz., 1767, 3 vol.) en !am»
bes pentamètres est on travail estima-
ble, quoique inférieur a celui de Solger
et d'autres. Toutes ses œuvres poétiques
ont été réimprimées dans Tédition des
Œuvres des frères Stolberg (Hamb.,
1821,20 vol.).
FRÉosaic-LiopOLD, comte de StoU
berg, né le 7 nov. 1760 dans un boui^
du Holstein nommé Bramstedt, remplit
depuis 1777 les fonctions de ministre
plénipotentiaire du prince-évéque de
Lubeck à la cour du Danemark. Agnès
de Wiizleben y qu'il épousa en 1762,
lui laissa en mourant, six ans après, un
fils et trob filles. En 1789, le roi de Da-
nemark nomma le comte son représen*
tant à Berlin. L'année suivante, il épousa
Sophie de Redem, avec laquelle il fit,
en Suisse et en Italie, on voyage au re-
tour duquel il se démit de tous ses em*
plois, et s'établit à Munster, oà il em-
brassa le catholicisme avec toute sa famille,
è l'exception de sa fille aînée qui a époosé
le comte Ferdinand de Stolberg-Wer-
pigerode. Cette conversion inattendue
fit d'autant plus de sensation ipie, dans
un écrit tout récent, Stolberg venait de
se poser en ardent défenseur du luthéra-
nisme orthodoxe. Ses amb, sortoot Yosa
{vcy.)^ le blâmèrent vivement; mais ni
leurs reproches ni la perte d'avantages
considérables, ne purent le décider à re-
venir sur ses pas. Il publia, peu de tempe
après sa conversion, une Histoire de la
religion de Jésus-Christ ÇBitimh.j 16(^7-
16, 15 vol. in-6^), qoi fut si bien accneil- .
lie par le pape, qu'il ordonna d'en fiiire
une traduction italienne. Stolberg a ren*
du son nom illustre, comme poêle, par
des odes et des chansons, des élégies, des
romances, des satires, des tableaux poé-
tiques et des drames; comme prosateur,
par son roman de Pile (1786), et par
la description quelque peu diffuse d'un
Voyage en Allemagne^ en Suisse, en
Italie et en Sicile (1794); comme tra*
docteur, par ses traductions de V Iliade^
d*un choix des Dialogues de Platon, de
quelques tragédies d'Eschyle, et des poé-
sies d'Ossian. Ses poésies originales se
distinguent de celles de son frère par
une plus grande hardiesse de pensées et
d'images, par on élan pins passionné.
Il y peint sous les couleurs les plus vraies
les beautés de la nature, les charmes de
l'amitié, tout ce qui est cher à un hom-
me bien-né. De la chanson la plus
simple, sa muse s'élève sans effort jus-
qu'au dithyrambe. Ses ïambes (Leipz.,
1764; réimpr. à Paris, 1686, in-l2)
sont une satire sanglante de la corrup*
tion des mœurs et des préjugés de son
siècle, U s'est placé enfin parmi les meil-
leurs biographes allemands par sa Fie
d* Alfred^ le •Grand (Munster, 1615;
trad. fr. par M. Dsickett, Paris, 1631,
in- 1 8), précédée d'une introduction qui
offre un tableau plein d'intérêt de l'his-
toire des Angio Saxons. Le comte de
Stolberg mourot .dans sa terre de Son-
dermûhlen près d'Osnabrûck, le 5 déc.
1819. Ses œovres forment la majeure
partie de l'édition des Œu»res desfrè^
rcs Stolberg. C. £.
STOMACHIQUE, ce qui est favo-
rable à l'estomac {yoy*\ ce qui lui donne
du ton , de la force , etc. Voy* Euxim »
LlQUKUE, TONIQUBS, OtC.
STOR AS} résine molle qoi noiM vient
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du Levant, et qui parait être fournie par
Valiboufier des boutiques; ou croyait
autrefois qu^il provenait du iiquidambar
iTOrieni.hB storax liquide est une autre
rétine qui se tire, dans l'Inde, d*un arbre
de la Âmtlle des conifères qu'on croit
appartenir au genre dammare ou rosa^
maie. Le storai ou styrax s'emploie sur»
tout en pharmacie. Ce nom s'étend d'ail*
leurs à diverses substances balsamiques.
STORCH ( Henri- FaiDiEic dx], né
à Riga, le 15 février 1766, étudia la ju-
risprudence à. l'université d'Iéna jusqu'à
l'année 1786, époque où il quitta cette
ville pour faire dans le midi de l'Alle-
magne et en France un voyage dont il a
publié en allemand une iniéressante des-
cription sous le titre à^ Esquisses, scènes
et observations recueiiiies pendant un
voyage en France (2« édit., Heidelb.,
1790J, et au retour duquel il se rendit
à Heidelberg, dans l'intention d'y conti-
nuer les études d'économie politique
qu'il avait déjà commencées à léna. Ce-
« pendant les conseils du comte Rouman-
tsof {voy.) le déterminèrent bientôt à
partir pour Saint* Pétersbourg, où il ne
tarda pas à obtenir une place d'instituteur
au Corps des cadets, à l'usage duquel il ré-
digea des Principes généraux des belies'
lettres^ imprimés à Pétersbourg en 1 789.
Henri Storch semblait ainsi avoir renon-
cé à la carrière vers laquelle son inclina-
tion le portait principalement, lorsqu'en
1790, il fut attaché à la chancellerie du
comte Bezborodko {voy.)^ et dès cet in-
stant il s'occupa exclusivement de re-
cherches sur l'histoire de la Russie , et
sur la production et la consommation
des richesses de ce vaste empire. En 1 796«
l'Académie des sciences de Pétersbourg
l'admit comme membre correspondant.
Cette même année, il publia à Riga la
première partie de son excellent Tableau
historique et statistique de l'empire de
Russie à la fin du xviii^ siècle (Riga et
Leipz., 1797-1803,8 parties; trad. en
franc., Paris, 1801, 2 vol. in- 8®, cette
trad. est restée inachevée^'. Il est à sup-
poser que le succès de cet ouvrage con-
tribua puissamment à son rapide avan -
cément dans les honneurs. En 1799, il
fut appelé à remplir auprès des grandes*
duchesses, filles de Paul I", les fonctions
:1) Stit
de précepteur. En 1800 , il obtint \é
rang de conseiller de cour, qui confère,
comme on sait, la noblesse héréditaire.
Puis rimpératrice*mère le nomma son
lecteur, et, en 1804, il fut reçu dans
la section de statutique de l'Académie
des sciences, et promu au rang de con-
seiller d*état. Quelques années après ,
il fut chargé d'enseigner aux grands-
ducs Nicolas et Michel les principes de
l'économie politique. Les leçons qu'il
leur donna furent imprimées, et devin-
rent la base d,'un ouvrage qui a placé
Henri Storch au rang des économistes dis-
tingués. Il dut à cette position d'être dé*
coré de divers ordres russes et prussiens.
En 1828, il fut nommé conseiller privé,
et en 1830, vice-président de l'Académie
des sciences. Il est mort à Saint-Péters«
bourg le 1^(13) nov. 1835. — Outre les
ouvrages déjà cités, et un grand nombre d«
travaux sur diverses questions d'éoonomin
politique insérés dans lesMémoiresde l'A*
cadémie des sciences de Pétersbourg, on
doit à Storch de nombreux écrits pério*
diques ou autres, spécialement relatifs à In
Russie, et que consultent encore avec fruit
ceux qui font une étude spéciale de ce
vaste empire. La plupart, bien que d'un
caractère scientifique, sont rédigés avec
plus de clarté et d'agrément de style que
le commun des ouvrages allemands. On
a même reproché à l'auteur d'être par-
fois trop fleuri. Son Cours d'économie
politique^ publié en 1 8 1 5 à Pétersbourg,
aux frais de l'emperevr Alexandre (6 voL
in-8**), fut réimprimé à Paris (1823, 4
vol. iu-8**} avec des notes espllcatives et
critiques de J.-B. Say, atisquelles Storch
se crut obligé de répondre par ses Cb/i-
sidérations sur la nature du revenu na^
tional (IftLTh^ 1824), et qui donnèrent
lieu è une courte polémique. S.
STORTHING, mot norvégien qui
signifie grand conseil; assemblée légis-
lative du royaume de Norvège {voy* ce
nom, T. XVIII, p. 666).
STRABISME (de tn^^J^lç^ louche),
difformité qui résulte du défaut de pa-
rallélisme entre les axes vbuels des yeux,
et qu'on a désigné aussi sous le nom de
loucherie» Ce n'est point une maladie,
car il n'y a ni souffrance ni même alté-
ration de la fonction. En effet, les lon-
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StR
cbes D*ODt peini mal aux yeux ; ils ûnt
souvcot la vue excellente, et, lorsqu'ils
soDt myopes ou presbytes, ils demeurent
tels quand même ils guérissent du stra-
bisme. Quoique identique dans son prin-
cipe, le strabisme peut présenter autant de
variétés qu'il y a de points dans le cercle
où se meut le globq oculaire. Ainsi,
chez Tun , Toeil se dirige en dedans
pu vers le nez; chez l'autre, en dehors;
chez un troisième, en haut, etc. Quelque^
fois un œil seulement s'écarte de sa di-
rection normale; d'autres fois, on voit
les deux yeux s'écarter (strabisme r^/Ver*
geni)^ ou se rapprocher («trabisme con*
vergenU De plus, le strabisme peut être
simple ou double ; il peut varier dans
son intensité, comme aussi on l'observe
à l'état intermittent, quoique dans le plus
grand nombre de cas il soit continu.
Ën6n, chez certains malades il est acci-
dentel , et chez les autres il date de la
naissance.
La cause de cette incommodité , qui
mX exempte de souffrance et même de
gène dans la vision, est une contraction
irrégulière et un raccourcissement d'un
ou de deux des muscles qui meuvent
l'œil. Ils sont, comme on sait, au nombre
de six, quatre droits et deux obliques,
qui embrassent le globe oculaire à angle
droit ( pour les muscles droits ) , les
deux obliques s'^nsérant dans l'intèr*
▼aile. Quant aux causes primitives, elles
sont peu connues; cependant on consi-
dère comme telles les convulsions et les
afiections cérébrales, l'usage de coucher
les enfants de telle sorte que le jour ne
leur arrive que d'une manière oblique.
On signale les vers comme produisant
un strabisme «ccidenlelet passager; en-
fin plusieurs auteurs pensent que Tiné-
gale sensibilité des deux nerfs optiques
est la cause réelle de la déviation oculaire.
Livré à lui-même, le strabisme guérit
3nelquefois spontanément vers l'époque
e la puberté, mais le plus ordinaire-
ment il persiste. Souvent même on le
voit résister à tous les moyens employés
pour le guérir, et même récidiver après
une guérison plus ou moins durable.
L'analogie du strabisme avec le bé-
gaiement n'a point échappé aux obser-
Yateur» ; aussi^ jusqu'à ces derniert tempa,
( 4d4 ) STR
le traitement A-t-il consialé loit dant
une gymnastique plus ou moins intelli-
gente, ayant pour objet de fortifier lea
muscles les plus faibles en même feqipf
que l'on condamnait à l'inaction ceu(
qui possédaient primitivement ou qi|î
avaient acquis une prédominance vi-
cieuse, soit dans des appareils variét
ayant le même but. Mais, outre qu'il est
rare que la volonté soit assez énergique,
surtout chez les jeunes sujets, pour rom-
pre une habitude ancienne et pour i^a-
souplir des organes en quelque sorte en»
dormis dans une mauvaise direction, il
arrivait souvent encore que les louchea
trouvaient le moyen de se soustraire à
l'action des appareils, tels que les ban-
deaux, lunettes, etc., que d*ailleurs sou-»
vent ils ne conservaient pas assez long-
temps pour obtenir une guérison solide
et durable. C'est dans cet état de chosea
qu'en 1835, M. Dieffenbach, chirurgien
allemand , imagina de couper le muscle
ou les muscles dont la rétraction entraî-
nait Taxe visuel hors de sa direction nor-
male. Ses espériences furent suivies de
succès , et bientôt répétées partout tX
modifiées au goût de chacun. Malgré Tt-
bus qu'on a iéix de cette opération, elle
n'en demeure pas moins une des bellea
conquêtes de la chirurgie moderne. F. E,
STRABON, dont l'ouvrage heareu-
sement parvenu jusqu'à nous est, à tout
prendre , le plus grand monument géo-
graphique que l'antiquité ait produit, se
place entre Ératosthène et Ptolémée(t;o)r,
ces noms) , entre le fondateur et le ré-
formateur de la géographie scientifique
et mathématique , comme le maître par
excellence de la géographie historique
et descriptive. Il naquit à Amasée, ville
duPontGalatique,en Abie-lVliQeure,d'ttue
famille grecque ou devenue grecque,dont
quelques membres , qu'il nous fait con-
naître, avaient joué un rôle important à
la cour des rois Mithridate Évergète et
Mithridate Eupator% On conjecture, non
sans vraisemblance , que cette famille ,
après la défaite du grand roi de Pont ,
tomba , avec le pays même , soua l'in-
fluence de Pompée , son vainqueur , et
par là l'on explique soit le nom plus ro-
main que grec donné au jeune Strabon,
soit la ciroonstiuioe de son éducation ftitf
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sTn
(4W)
STR
W partît lo^ft 1^ gpuaraiirifn Arwtodè-
ma, qui fot rinsliiqt«qr d« «Driiili 4f
Pompée. L*époque précise de m neissance
et( ioconoue, mail Too etl fondé à oon-
elure de divers rapproche nteols, et sur-
top^det indices feurnis par son ouvrage,
qu*il % dû voir le jour au noins 60 ana
i|vant notre ère, que la meilleure part de
la vie s'éconla sous le règne d*Auguste ,
et que sa vieillesse se prolongea jusque
dgns les premières annéea de Tempire de
Tibère. Il suivit d'abord à Ami&us, ainsi
qu'il nous Tapprend lui- même , les le-
çons de grammaire ou» comme nous dl-
rionty de belles- lettre! , du célèbre péri*
petéticien Tyrannion, celui qui s^occupa
des livrea d'Arîslote et de Théophraste
apportés è Rome par Sylla. Envoyé de
le à Nysa, en Carie» pour s'y perfection-*
ner dans les mêmes études soiu Aristo-
dème , il se tourna bientôt vers la phi-
losophie y et il alla entendre un autre et
^^ plus grand péripatéticien, Xénarque,
soit i Séleucie de Cilicie , patrie de ce
philosophe, soit à Alexandrie. Ce fut
peut-être dans cette dernière ville , et
en tout cas tandis qu'il étudiait les doc-
trines d'Arbiote, qu'il se lia avec Boêt bus
df Sidon f qui , comme lui, passa plus
tard du Lycée au Portique. Un autre de
ses amisy Athéoodore de Tarse, l'illustre
stoïcien qui fut maître d'Ot tave, put exer-
œr quelque influence sur cette conver-
sion, dont les écrits de Strabon offrent
une foule de preuves. Partout il y pror
Cesse les principes du plus pur stoïcisme,
les opposant même quelquefois è ceui
du péripatétisme. Cette direction un peu
étroite -de ses idées fit que, sans négliger
les mathématiques et l'astronomie, ces
^eux grandes bases de toute géographie
digne de ce nom, il ne leur accorda pour-
tant pas toute l'importance qui leur est
due. La nature de son esprit, comme celle
de ses études, le porta de préférence vers
les sciences morales, et c'est de ce point
de vue principalement qu'il considéra la
géographie elle-même. Il la prit en lit-
térateur, en critique, en philosophe,
beaucoup plus qo*en physicien ou en
géomètre. C'est là sans doute un de ses
défauts, mais c'est aussi une de ses qua-
lités, au point de vue du développement
oomplet de la scieoees el c'est, oomme
nous le verrons bientôt , pour nous au*
très modernes, au point de vue de Téru^
ditjon géographique et de la connais*-
fsnce historique du monde ancien, un
inappréciable avanUge.
En effet, frappé de ce qu'avaient d'in«
oomplet k cet égard les travaux de ses
prédécesseurs, Strabon parait avoir conçu
de bonne heure le plan d'un ouvraga
qui, en résumant toi|t ce qu'on avait fait
avant lui pour la géographie théorique
et systématique, y joindrait ces descrip-
tions de pays et de peuples, ces détaîU
de faits et de mœurs, ces recherches d'an-
tiquités, ces traits et ces rapprochements
de toute sorte, qui donnent la vie et l'in-p
térêt à la géographie positive. Pour cela
il ne se contenta point des malérjauï'que
pouvaient lui fournir les livres, dont il
parait avoir possédé une ample collée^
tion et une rare connaissance, il voulut
voir les lieux et les hommes, il voulut ra-
«ueillir sur place les documents, les tradi-
tions, les informations orales ou écrites. Il
eotreprit un grand voyage qui le condui-
sit de l'Asie^Mioenre, à travers la Grèce,
en Italie et à Rome ; il ae rendit de là en
Egypte, et revint dans sa patrie par mer,
en suivant la côte de Syrie. « J'ai visité, »
dit- il , exagérant quelque peu l'iinpor-
tance de ses pérégrinations, lui qui con-
naît pourtant et qui blâme le faible des
voyageurs; «j'ai visité toutes les contrées
qui s'étendent de l'Arménie a la Tyrrhé-
nie vis-à-vis de Sardo, vers l'O., et du
Pont-Euxin aux frontières de l'Ethiopie
vers le S. Parmi les anciens géographes *
il n'en est peut-être pas qui aient em-
brassé une plus grande étendue de pays *
dans toutes les directions , quoique les
uns en aient vu davantage a l'O., les au-
tres à l'E. , et ainsi pour le N. et le S. a
Il oublie Hérodote, Démoerite, et avant
eux, selon toute apparence, le vieil Hé«
catée de Milet {vay, ces noms), ces an-
tiques, mais admirables explorateurs de
presque tout le monde connu de leur
temps.
Il s'en faut , d'aillenra , que Straboa
ait réellement vbité, qu^il décrive d'après
ses propres observations tous les psys si-
tués entre les termes extrêmes qu'il dé-
signe. On entrevoit que Rome , la nou<«-
velle capitale dit «Roude , était le bn|
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(4»6)
SÏR
piiDcipal d« sbn ^yige. Il y séjourna
plasieon «nnées pour puiser dans les mé*
moires, dans les cotoversatioos des hom*
mes d*état et des hommes de guerre les
reoseignemeuts que les Romains seuls
pouvaient lui fournir, soit sur les der-
niers temps de leur histoire, soit sur ces
régions de TOuest et du Nord, éclairées
de si TiTes lumières par leurs récentes
conquêtes. Un autre séjour de prédilec-
tion, un autre foyer dMnformations his-
toriques et géographique», fut pour lui
Aleiandrie, lien de l'Orient et de l'Oc-
cident, métropole du commerce aussi
bien que de la science, d'où il suivit jus-
qu'à Syène et Philes , extrême frontière
de l'Egypte, son ami ^lius Gatius, qui
en étaii gouverneur, l'an de R. 730. De
retour à Amasée, dont il parait avoir fait
sa résidence ordinaire, quoiqu'il soit de-
meuré jusqu'à sa mort en relation sui-
Tie avec Rome , et qu'il se soit tenu an
courant de tout ce qui se passait dans
l'empire , il distribua en deux parts les
fimits de ses voyages et de ses recherches;
il élabora les matériaux de deux grand»
ouvrages qui virent successivement le
jour. Le premier, qui est perdu, mais
dont il nous apprend l'exbtence, et que
citent Plutarque, Josèphe, d'autres en-
core, était intitulé Mémoires historié
ques (i^Tooixà viro/iviifiaTa), et se com-
posait de XLIII livres. C'était une conti-
nuation de Thistoire générale de Polybe,
commençant oà avait fini celui-ci, c*est*
' à* dire à la triple chute du royaume de
*Macédoine, de la ligue achéeune et de la
république de Carthage,ets'étendant vrai-
semblablement jusqu'à la bataille d'Ac-
tium. Une introduction, qui comprenait
à elle seule quatre livres, formait le dé-
but de cette vaste composition. En trai-
tant l'histoire dans un esprit tout à la fois
philosophique et pratique, Strabon sui-
vit l'exemple de Polybe et dePosidonius,
se» deux illustres prédécesseurs. Mais il
ne roéla pas, comme eux, et comme au-
paravant Hérodote, Éphore, Théopom-
pe , la géographie à l'histoire. Il sépara
le récit des faiu de bi description des
lieux, et réserva celle-ci pour un second
ouvrage qu'il conçut d'ailleurs dans le
môme esprit, qu'il destina au même pu-
blic : il non» le dit Ini-aiéme.
C*e»t oe second ^ouvrage, lentepaenC
piéparé, exécuté, ou du moins terminé
tard, selon toute apparence, qui a im-
mortalisé Strabon. Certains faits, cer-
taines date» qui y sont relatés, semblent
en placer la rédaction entre les année»
15 et 25 de J.-C, alors que l'auteur au-
rait eu 80 ans et davantage ; mais rien
n'empêche d'interpréter ces données plu»
ou moins positives au sens d'une rédac-
tion dernière ou d*one révision ultérieu-
re, qu'aurait précédée une composition
successive et prolongée. On pourrait mê-
me croire, avec Malte-Brun, que l'au-
teur, surpris par la mort, ne mit pas la
dernière main à son œuvre, dont les dia-
parâtes et les imperfections s'explique-
raient ainsi, et que cette œuvre, long-
temps conservée comme un héritage de
famille, se répandit tardivement hors de
l'Asie, ce qui ferait comprendre d^autre
part qu'elle soit restée inconnue, sur-
tout dans l'Occident, pendant plus de
200 années. Quoi qu'il en soit, et quelle
qu'ait pu être la valeur de l'histoire de
Strabon citée beaucoup plus i6t, il est
permis de penser que sa Géographie en
XVII livres (rtwy/ïaytxcâv pt€Xo« «Ç) mé-
ritait mieux la fortune qu'elle a eue de
passer k la postérité. Nous avons déjà in-
diqué ce qui, dans l'intention premièra
de l'écrivain,' devait en faire à la fois
l'originalité et l'intérêt. Venu à l'époque
où les conquêtes des Parthes et celles
des Romains semblaient agrandir à l'envt
rOrientet l'Occident, où la majeure partie
du monde connu s'organisait tout en-
semble et s'illuminait dans la puissante
unité de l'empire des Césars, il s'était
proposer de présenter à ses contemporains
un tableau complet de cet état nouveau
de la terre , ordonné sur les bases de la
science, épuré par la rigueur de la criti-
que, en même temps qu'animé par les
souvenirs de l histoire et coloré par les
charmes du style. Ce tableau, il le vou-
lait à la fois solide et instructif par le
fond, attrayant par la forme, capable de
plaire aux gens du monde, aux hommes
d'affaires, sans cesser d'intéresser les aa-
vanu de profession. L'exécution répon-
dit à ce plan, qui tendait à populariser
la géographie tout en lui maintenant
son Caractère propre et systématique ; à
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ooncilier, dans cette scknoe ti complexe
et tour à tour eoYisagée sous des points
de vue divers, maïs exclusifs, rezaclitude
des notions théoriques avec l'étendue et
la variété des applications positives. Pre-
nant pour guide Eratosthène, qui, le pre-
mier, s*était élevé aux principes, avait
embrassé les rapports fondamentaux de
Tétude de la terre, en avait dressé une
carte régulière et l'avait expliquée d'après
les connaissances de son temps, Strabon
suivit ce grand maître; mais il le suivit
sans superstition ni servilité. Il débuta,
comme lui, par un jugement de ses de-
vanciers, qui témoigne de son indépen-
dance aussi bien que de son savoir, et
qui contient le germe d'une histoire cri-
tique de la géographie. Comme lui, il ex-
posa ensuite les points principaux de la
géographie mathématique et physique,
mais sous une forme polémique et par
cela même un peu décousue, tour à tour
combattant et défendant Ératosthène ,
dont il rapproche les opinions de celles
d'Hipparque,dePolybeet dePosidonius.
Tel est l'objet de ses deux premiers
livres. Le 11^ se termine par uue vue gé-
nérale de la terre habitée, qui ne parait
être encore que le cadre ou le canevas
de la géographie descriptive d'Érato*
sthène, mais dont les quinze autres livres
offrent un développement étendu, large,
détaillé, qu^on doit regarder comme le
travail personnel de Strabon et son titre
de gloire. Ces quinze livres répondent à
ce qui ne faisait qu'un seul livre, le troi-
sième et dernier de l'ouvrage de son
prédécesseur; et cette disposition montre
assez que la chorographie et la topo*
graphie, ou la description des pays et
celle des lieux, élevées par Strabon à la
hauteur de la géographie historique, sont
le véritable sujet du sien. Elle prouve
que, dans son plan, la géographie gé*
nérale, fondée avec tant de labeur par
le bibliothécaire d'Alexandrie, n'occupe
plus qu'uu rang secondaire, n'est plus
qu'une introduction , que le vestibule
obligé du vaste monument qu'il érigea
sur les mêmes bases. Sa géographie posi-
tive commence donc au III*' livre, par la
description de la Péninsule ibérique avec
les lies voisines ou supposées telles, les
Baléares, Gadès et les Gassiiérides (Sor-
Bncyeiop. d. G. d. M. Tome XXL
lingoea), rapprochées, ainsi que la o6te
S.-O. d'Angleterre, de la cèle N. d'Es-
pagne. Le IV^ livre comprend la Gaule,
la Bretagne (Grande-Bretagne), avec
lerné ou l'Irlande, placée aussi bien que
Thulé,que Strabon regardait à tort comme
fabuleuse, au N. de la Bretagne et i l'ex-
trémité boréale de la terre habitée. Ce
même livre renferme encore la descrip-
tion des Alpes, par laquelle l'auteur
prélude à celle de l'Italie, qui, avec ses
îles, avec la Sicile, la Sardaigne et la
Corse, avec un magnifique tableau de
la puissance romaine , occupe les deux
livres suivants. Le VII^ est consacré aux
peuples du N. et N.>£. de l'Europe :
Germains, Gètes, Daces, Scythes, à 111-
lyrie, à la Pannonie, à la Dalmatie, à la
côte orientale de la Thrace et à l'Épire.
La Macédoine et le reste, c'est-à-dire
la plus grande partie de la.Thrace man-
quent, et l'on s'en console en songeant
que c'est la seule lacune grave d'un ou-
vrage si considé^ble; encore cette lacune
est -elle suppléée, jusqu'à un certain
point, par les nombreux extraits de l'a-
bréviateur de Strabon. Les trois livres
qui viennent ensuite contiennent une
description étendue de la Grèce et de
ses Iles, précédée d'une introduction fort
érudite sur les peuples et la division
générale de cette contrée» et de plus enri-
chie, quelquefois surchargée, d*une mul-
tiiude de notions sur les antiquités his-
toriques et mythologiques. Avec le XI*
livre commence TAsie, qui en occupe
six en total , tandis que l'Europe en a
embrassé huit. Strabon, comme Érato-
sthène et comme les Grecs, depuis Alexan-
dre, conçoit FAsie partagée en deux au
moyen de la grande chaîne du Taurus,
courant depuis la c6te S.-O. de l'Asie-
Mineure jusqu'à la mer Orientale et au
pays de Thinse, sous le parallèle de Rho-
des, dans toute la longueur du continent.
Du XPauXIV* livre inclusivement, sont
décrits les contrées et les peuples situés
en deçà du Taurus, c'est-à-dire dans
l'Asie septentrionale et dans l'épaisseur
même de la chaîne : d'abord|^u Tanaîs
et du Pont-Euxin à la mer Caspienne et
au Caucase; puis de la Caspienne, golfe
prétendu de TOcéan du N., aux extré-
mités de la Scythie, sur les bords de TO-
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de TE. ; ensuite dn Gâuoatê «u S.,
par U Bfédîe et rArméDie, jutqu'à THa*
lys vert VO, et à la Gappadoce^ enfio,
à partir de THalyt, et dans le pourtour
dei cotes du Pont*£uiin à celles de la
Méditerranée, F Asie- Mineure et les lies
qui lui appartiennent. Cette dernière
contrée, à elle seule, occupe trois livres
entiers, formant ainsi un Irappant con-
traste avec les précédentes, qui n*en ont
qu*un pour elles toutes. Il est vrai que
e*eM b patrie de Strabon, que c'est une
terre classique comme la Grèce, que sa
géographie et son histoire offraient à
l*aateur, qui les avait étudiées à fond par
lui*Béme ou dans les livres, des maté-
riaux aussi abondants que divers, et qu'il
se complaît dans ses antiquités, sans tou-
tefois négliger l'état présent, ce qu'on
peut lui reprocher pour la Grèce. Aussi
sa description de l'Asie- Mineure, prise
dans son ensemble , et à part quelques
inégalités, quelques lacunes, est-elle jus-
tement considérée comme la partie la
plus précieuse de sa Géographie. Les XV*
•i XVI« livres de cet ouvrage lui suffi-
sent, par une compensation fâcheuse, à
décrire ou à raconter, d'après les histo-
riens d'Alexandre , auxquels il accorde
peu de confiance en général, d'après
Ératosthène, Artémidore, Posidonius,
Nicolas de Damas et d'autres encore ,
tonte l'Asie au delà ou au S. du Taurus,
c'est-à-dire ce qu'il en connaît : Tlnde,
avec le Gange dirigé à l'E. jusqu'à son
embouchure dans TOcéan oriental, avec
Taprobane, située à l'extrémité S.-£. de
la terre; puis la Perse avec l'Ariane d'une
part, d'autre part l'Assyrie, la Babylo-
■ie, la Mésopotainie , la Syrie avec la
Phénicie et la Palestine, les golfes Per-
siqne et Arabique avec les côtes de ce-
lui-ci , tant en Asie qu'en Afrique. Le
XTII* et dernier livre renferme tout ce
que Strabon rapporte en outre à cette
partie du monde : savoir l'Egypte, qu'il
avait vue de ses propres yeux et qu'il
expose en détail; l'Ethiopie, qui se ter»
mine pour lui, avec l'Afrique elle-même,
à l'Abyssi»ie actuelle; et la Libye, sur
l'intérieur de laquelle il n'a que des no-
tions extrêmement vagues, dont il ne
connaît réellement que la c6te septen-
trioaalei et encore d'une manière bien
imparfaite, à en juger par son ekcessIiM
brièveté.
Telle est la suite, telle est l'économie
de la géographie de Strabon, dont lea
développements, si divers entre eux, re-
présentent assez bien la proportion des
connaissances des anciens sur les diffé-
rentes régions de la terre, et l'état géné-
ral de ces connaissances dans les premières
années après la naissance de J.-C. Du
reste, ce livre n'est point, comme noua
l'avons déjà fait entendre, une aride no-
menclature, une liste interminable de
noms, de positions, de mesures, telles que
celles qu'avaient données plusieurs des
géographes antérieurs, telles qu'on les
retrouve plus tard chez Pline et Ptolémée.
Ce n'est point non plus un abrégé calculé
surtout i>our l'effet pittoresque, comme
celui de Pomponius Mêla (voy, ce dernier
mot). Ce n'est ni un squelette, ni une
esquisse de la géographie ; c'est un corps
plein de sève et de vie, un tableau gran-
diose, animé, largement conçu, savam-
ment exécuté, de la terre habitée, des
pays et des hommes; où les particularités
remarquables de la nature et des lieux,
où l'histoire, les mo&urs, les institutions
des peuples trouvent place; où leur ori-
gine et leurs traditions, leurs migrations
et leurs établissementa sont recherchés
et rapportés; où de temps en temps de
judicieuses réflexions, de^ digressions cu-
rieuses, des anecdotes piquantes, vien-
nent interrompre la monotonie desvie-
scriptions et sauver la fatigue deadétails.
Les plus techniques, les plus minutieux
de ces détails, l'auteur les omet, visant
aux grands traits, aux faits caractéristi-
ques, mais parfois sacrifiant l'exactitude
de la science au besoin d'attacher ses lec-
teurs. Encore demande- 1- il lui-même à
être apprécié, non pas d'après telle ou
telle partie de son œuvre, mais d'après
l'ensemble et les résultats, la comparant,
sous ce point de vue, à un grand monu-
ment d'architecture ou de sculpture,
dont il faut juger par l'effet général.
Nous ajouterons, dans le même sens, qu'il
tend àéleversa composition géographique
jusqu'à la forme de l'art, afin de lui con-
cilier plus sûrement l'intérêt. Les trois
éléments de la description, de la narra-
tion, de U discussion critique, se fondent
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iBtrtmii, daD88onespoiitio9y dHuMoui-
nière presque toujours heureuse. Quant
à son style, il est babituelkment simple et
clair, digne et soutenu, selon les sujets ;
quelquefois il s'élève au ton de l'histoire
dans les récits et les tableaux; dans les
controverses scientifiques et philosophi-
ques, qui remplissent en partie les deux
premiers livres, il devient concis, haché,
difficile, obscur; dans certaines digres*
sions, où le géographe, littérateur auunt
que philosophe , se complaît , comme
quand il parle d'Homère, il monte jus*
qu'à l'éloquence.
Voilà les principaux mérites de Stra-
bon; mais, si on veut l'apprécier com-
plètement, il ne faut pas non plus laisser
dans l'ombre ses défauts. Ce besoin .con-
stant qu'il éprouve, non pas seulement
d'instruire^ mais de plaire et d'intéres-
ser, fait qu'en multipliant les hor»4'ttu«
vre, il a trop restreint le choix des noms
et des deuils essentiels dans ses descrtp«
tions. Par cela même il ne s'est pesasses
inquiété de fixer d'une manière précise
les positions, les distances des lieux. Quoi*
qu'il exige du géographe-les notions fon-
damentales de la géométrie, de l'astro-
nt>mie, de la physique, dans l'application
il n'en a pas sulfisamment senti l'impor«
tance. Il préfère les approximations vul-
gaires, pour les latitudes et les longitu-
des, aux mesures, fondées sur l'observa-
tion, d'un Hipparque ou d'un Posidonius.
Il ne met pas non plus assez de prix aux
renseignements sur les productions na-
turelles des pays , qu'AgatharchidlBS et
d'autres avaient admis avant lui^ que les
édritad'Aristote et deThéophrasteavaient
recommandés à l'attention des géogra^
phes. On ne saurait le blâmer autant de
n'avoir pih reçA dans son cadre les faits
relatifs à Findustrie, au commerce, à la
navigation, ainsi qu'à la population, aux
forces et à la riches8e dêi états, ces élé-
ments de la statistique et oeux de l'ethno-
graphie, pour la plupart, n'étant point
alors regardés comme du ressort de la
géographie. Mais des idées plus spécu-
latives et plus hautes y avaient déjà trou-
vé place, comme on le voit par les ex-
traits, que renferme son premier livre,
des vues de quelques physicîais sur les
ohangaments naturels arrivés à la snrfaee
de la tarie. On y découvre avec admira-
tion le germe de l'une des plus belles
théoriesgéologiquesde nos jours, de celle
qui cherche la cause du déplacement des
eaux de l« mer et de toutes les révolu-
tions* qu'a subies la face de notre globe,
dans les mouvemenu souterrains, dans
les soulèvements ou les affaissements de
son écorce. Tant il est vrai qu'il n'y a
rien.de nouveau sous le soleil, si ce n'est
la démonstration par la science des vé-
rités devinées par l'intuition 1
D'autres reproches que Pou peutadren-
ser à Strabon, d'un point de vue diffé-
rent, et de son point de vue même, qui
est surtout historique et critique, c'est
d'avoir trop incliné pour certains au-
teurs , pour certaines sources , et d'eu
avoir dédaigné d'autres infiniment plus
hnportantes. Par exemple, on ne saurait
trop s'étonner de son idolâtrie pour lé
vieil Homère, si l'on ne savait ce que
peuvent sur les meilleurs espriu les tra«
ditions de secte et les préjugés d'éduca-
tion. Rien de plus curieux que la polé**
mique qu'il engage à cet égard contre
Ératosthène , beaucoup moins enthou-
siaste de la géographie, en grande partie
mythique, du prince des poètes. Strabon
le suit de £iit, comme la meilleure des au-
torités, sur tous les pays dont il est ques-
tion da^ ses chants, notamment sur la
Grèce, sur ses lies, et sur la région nord-
ouest de l'Asie-Mineure, substituant un
commentaire archéologique, souvent for-
cé et subtil, à la description actuelle des
lieux, et s^enivran\ tellement du passé
qu'il en oublie presque le présent. En re-
vanche, il est d'une sévérité tout-à-fkit
injuste envers Hérodote, le père de la
vraie géographie aussi bien que de l'his-
toire digne de ce nom; il l'assimile à
Ctésias, àPythéas, méconnus eux-mêmes
par loi sous plus d'un rapport, et dont
il ne tire pas non plus tout le parti qu'il
en aurait pu tirer. Ce qui n'est pas moins
grave, c'est qu'il néglige presque entiè-
rement les éoîvains romains, qui avaient
tant à lui apprendre sur l'occident de
l'Europe comme sur le nord de l'Afri-
que, et qu'il les néglige soK par infatua-
tion de la science des Grecs , soit pour
n'avoir pas suffisamment possédé la lan-
gM IfttiiM. Avec tout cela, et quelque
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ré«U que toîent cet tortSi ib ne doWent
pat nous empêcher de reconnettre lei
grandes qualités de StraboD, dont l'on»
Trage, qui nous tient Hen d'une multi»
tnde d'autres que nous avons perdus, est
pour nous, indépendamment du carac-
tère d'originalité que nous avons tâché
d'y faire ressortir, une véritable encyclo-
pédie géographique de Tanliquité.
Il semble, en effet, que la Providence,
en permettant qu'il nous fût transmis à
peu près entier, l'eût destiné à notre
usage beaucoup plus qu'à celui des an-
ciens eux-mêmes. Peu d'écrivains le ci-
tent, et seulement à partir du m* siècle.
Les Romains le passent sous silence,
comme s'ils avaient voulu lui rendre la
pareille : ni Sénèque, ni Pline, ni Tacite,
ni Pausanias lui-même ne paraissent l'a-
voir connu. Les premiers qui en fassent
mention font Athénée et Marden d'Hé-
raclée. A l'époque byzantine, il devient
tout d'un coup populaire ; il est com-
pilé à l'envi par Etienne de Byaance,
par Suidas, par Eustatbe. Nous avons
déjà indiqué l'une des causes les plus
probables de cette tardive publicité d'un
si grand livre, surtout dans l'Occident.
Les copies semblent en avoir toujours
été excessivement rares, peut-être à rai-
son de son étendue même, et par cette
rareté a'expliquent deux phénomènes
que présentent les manuscrits actuels,
d'abord l'extraordinaire altération du
texte qu'ib donnent, et puis l'accord en-
tre tous dans cette altératioii. Il faut qu'à
une époque quelconque du moyen-ége,
et postérieurement au x* siècle, il ne soit
plus resté qu'un manuscrit, source de
tous les nôtres, qui, malgré leurs varian-
tes nombreuses, mab secondaires, parai»-
sent ne former tous qu'une seule et même
fiunille. Aussi les incorrections capiules,
les transpositions, les lacunes, notam-
ment la grande lacune duVII^ livre, se ro-
produisent-elles dans tous. Cette lacune
n'existait point dans la copie apparte-
nant à une autre Camille éteinte sans pos-
térité, sur laquelle fut dressé, vers la 6n
du X* siècle, VEpitome ou Abrégé qui
nous est parvenu et dont cette circon-
stance fait le principal mérite. Des ex»
traits moins importants, et qui n'ont pas
encore été publiés , sont dus au moine
Maxime Planude et à George Génrfstus
Pléthon (voy, ces noms), le maître du fa-
meux cardinal Bessarion. Quantaux édi-
tions de la Géographie, dont on compte
neuf jusqu'à présent, les plus reoommao-
dables sont celles de G. Xylander(Holz-
mann), Bàle, 1571, la première édition
lisible, grâce aux conjectures souvent
heureuses de son auteur, quoiqu'elle soit
sans autorité critique et très incorrecte
encore; d'IsaacCasaubon, Genève, 1587,
reproduite avec des smélioralions, Paris,
1620, in>fol., et qui fit faire au texte
comme à rioterprétation de Strabon un
pas immense; d'Almeloveen , Amster-
dam, 1707, 3 vol. pet. in- fol., qui n'est
qu'une réimpression du texte de Casau-
bon, mais belle et correcte, avec l'addi-
tion à ses remarques des observations de
divers érudits, et de pkis VEpitome y que
Gelenius et Hudson avaient déjà publié
dans leurA recueils; celle de Th. Falco«-
ner, Oxford, 1807, 3 vol. gr. iu-fol., à
son tour reproduction plus somptueuse
qu'intelligente de la précédente, quoi-
qu'elle renferme quelques bons maté-
riaux employés par les éditeurs subsé-
quents. Avant et après, dans une période
qui s'étend de 1796 à 1818, parut à
Leipzig, en 7 vol. in-8^ la grande édi-
tion critique et e'iégétique commencée
par Siebenkees, continuée avec plus de
ressources et de savoir par Tzschncke,
et terminée par Friedemann. Elle laissait
beaucoup à faire pour le texte, déjà fort
amélioré dans l'intervalle, aussi bien que
l'explication, soit des mots, soit des cho-
ses, par les auteurs de la célèbre traduc-
tion française (La Porte du Theîl, sup-
pléé par M. Lcltronne eu 1815, Coray,
et pour les commentaires géographiques,
Gossellin), entreprise par ordre de Na-
poléon et publiée de 1 805 à 1 8 1 9, 5 vol.
in-4^. Le docteur Coray [voy. KoaAî),
un dea collaborateurs de ce grand tra-
vail, se chargea de lui donner un com-
plément nécessaire, qui ne sera pas,
nous l'espérons bien, le dernier, en re-
voyant à fond ce texte encore si défec-
tueux, et en le corrigeant avec une li-
berté de critique et une régularité de
goût un peu arbitraires. Cette édition,
la plus récente de celles qui méritent
d^tre mentionnées ici, mais que perfec*
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tionnera sans doale beaucoup celle que
prépare depuis longtemps M. Cramer de
Berlin» a paru dans la Bibliothèque hel-
lénique du savant et généreai Grec, chez
Firmin Didot« à Paris» de 181S ^ 1819,
en 4 Tol. in-8<*. Plus récemment encore,
FAIleinaçne a commencé à donner un
digne pendant aux travaux de la France,
qui a tant fait pour Strabon et pour sa
Géographie, depuis' Casaubon, en susci-
tant une traduction allemande, celle de
M. Groskurd (Berlin et Stettin» 1 83 1-34,
4 ?oL in- 8®) , qui équivaut , comme la
traduction française» à une nouvelle ré-
oensioo du teite, et qui, à tous égards,
peut passer pour un chef-d^œuvre. Elle
est précédée, ce qui manque jusqu*ici à
noire monument nstional, d'une Intro-
duction étendue dont nous avons beau-
coup profité pour cet article , quoique
nous en ayons cherché avant tout les
matériaux dans l'ouvrage même de Stra-
bon et dans l'étude attentive que nous
en avons faite. G-n-t. .
STRADIVARIUS (Antoikk), célè-
bre luthier de Crémone, le dernier et le
plus habile élève d'Amati (voy,)^ était
né vers 1670, et mourut vers 1738. Foy.
VlOLOW.
STRAFFORD (Thomas Wekt-
wo&TH , comte db) , illustre victime de
l'ingratitude d'un roi faible, était fils d'un
des plus grands propriétaires du comté
d'York, et naquit à Londres, le 18 avril
1598. Envoyé au parlement par ce même
comté vers l621,Wentworth vota la mise
en accusation du duc de Buckingham
{voy.)f le coupable ministredeJacques T'',
et de son fils, et il combattit vigoureuse-
ment dans les rangs de l'Opposition ; mais
il finit par se laisser gagner par la cour.
Charles I*' réleva à la dignité de baronnet,
et le nomma bientôt après son ministre,
dans l'intention soit de faire oublier Buc-
kingham et d*apaiser*le mécontentement
de la nation, soit de donner à son trône
le puissant appui de cet homme émi-
nent. Wentwortb se dévoua dès lors tout
entier à la cause royale, et ses services lui
valurent la pairie avec le titre de comte
de Strafford et la vice-royauté d'Irlande
(1632). Mais le parti qu'il avait aban-
donné ne lui pardonna point ce qu'il ap-
pelait son apostasie, et les mesures éner-
giques du comte redoublèrent encore sa
haine: aussi les communes saisirent-elles
avec empressement chaque occasion qui
se présenta de l'attaquer. Pour échapper
à l'orage qu'il voyait se former, Strafford
voulut se retirer des affaires ; mais le roi
le retint, en lui promettant de le soute*
nir contre le parlement Cependant les
communes, se sentant assez fortes pour
ne plus le ménager, dressèrent contre lui, -
dans une séance secrète, un acte d'accu*
satîon qui fut envoyé, au mois de no-
vembre 1 640, à la Chambre haute, au
milieu de laquelle le vice-roi fut arrêté.
£n même temps une commission fut
nomosée pour fûréparer les éléments du
procès qui devait se décider devant le
parlement. Après quatre mois d'inquisi-
tion, Strafford fut mis en jugement
comme coupable d'avoir voulu détruire
les lois fondamentales du royaume. Sans
doute il avait violé les droits du peupla
a plusieurs égards; mais non pas de ma-
nière cependant à justifier une accusa-
tion de haute trahison. Il est impossible
de le croire tout à fait innocent, puisque
Clarendon l'accusait d'avoir exercé en
Irlande une autorité tyrannique et op«
pressive, d'avoir méprisé les décisions des
tribunaux, d'avoir défendu de sortir du
pays sans sa permission, d'avoir établi
des monopoles dans son propre intérêt,
et levé des impôts arbitraires au nom du
roi. Toutefois Strafford repoussa la plu-
part de ces accusations avec dignité, et il
déploya tant d'habileté dans sa défense
que, pour pouvoir le condamner, les com-
munes durent accueillir contre lui un bill
d^attainder que les chefs du parti popu-
laire firent passer avec le secours d'une
émeute. Ce fut encore une émeute qui
arracha au faible roi la sanction de la
condamnation è mort de son ministre.
En apprenant cette sanction, Strafford,
qui avait lui-même conseillé à Charles de
céder dans l'espoir qu'il n'en résulterait
rien, fit entendre ces paroles bibliques :
« Ne mettez pas votre confiance dans les
princes ni dans les enfants des hommes,
car le salut n'est point en eux! » Il mourut
avec courage, le 13 mai 1 64 1 • En posant
sa tête sur le billot : « Je pose, dit-il, ma
tête sur ce bois, aussi volontiers que je la
posais sur mon oreiller; je crains seule-
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(50»)
STft
vieBt que ce ne soit nn triste prélude à
la réforoie politique qu'où a en vue, que
de répandre le sang innocent.» On pré-
tend que le roi Charles 1*' te reprocha
surréchafaud la mortdeStraffbrd. GulU
laume III réhabilita sa mémoire. C, Lk
STRALSUND,capiUle de l'ancienne
Poméranie suédoise , aujourd'hui chef •
lieu d'une régence prussienne de la
province de Poméranie {yoj.\ tille in*
dustrieuse de 16,500 hab.^ port de com-
merce et place-forte, célèbre parjplusieurs
sièges qu'elle a soutenus (l>of. CttAa-
LB8 XII, FABDKUC«*GmLLaoMS, grand-
électeur, etc.)*
STRANGE (IiroaAM et RoBBaT),
graveurs anglais, voy, GaATuas.
STRANGULATION, voy. Étbak-
OLBMBNT et pENDÀISOir.
STRASBOURG, ville très impor-
tante et forteresse de premier ordre, dans
la Basse-Alsace, aujourd'hui chef-lieu du
département du Bas-Rhin {yoy,)y est si-
tuée sur la rivière d'Ill, dans une plaine
fertile, aune demi^lieuedu Rhin. Dans
ces derniers temps,des travaux nombreux
d'embellissement et d'utilité publique
ont été exécutés dans l'intérieur de cette
ville ancienne, où néanmoins il reste
toujours beaucoup de rues étroites et
tortueuses, garnies de maisons délabrées
et d'un pauvre aspect, à c6té de plusieurs
quartiers bien construiu et d'une belle
apparence. Un monument surtout fkitia
gloire et l'orgueil de Strasbourg : c'est son
admirable cathédrale, qui, sans contre-
dit, est, avec celle de Cologne, restée jus-
qu'ici dans un déplorable état d'inachève-
ment, le chef*d'oMiVre de l'art gothique
au moyen-âge. Le chœur, auisi inachevé,
mais qu'on va reconstruire, est la partie
la. plus ancienne de l'église; les deux
branches de la croix, sont seules en style
byzantin. Le clocher merveilleux qu'elle
supporte s'élève à une hauteur de 141
mètres , à laquelle n'atteint aucun antre
édifice en Europe. C'est une espèce d'o-
bélisque percé à jour et à huit pans, sut*-
monté d'une flèche pyramidale, acces^
sible ( au moyen de quatre tourelles où
montent en Spirale des escaliers assez
commodes) jusqu'à la couronne qui en
supporte le bouton et la croix, et d'un
travail si élégant et si hardi, qu'elle se i
desiiile dans tes airs comme un fif^« el
léger ouvrage de dentelle. Du haut de lu
vaste plate-forme sur laquelle pose le clo*
cher, on jouit, sur la vallée du Rhin,d'niie
vue ravissante par la richesse autant qtkë
par la variété du panorama. Une multi-
tude de clochetons, de statues, de oololi-
nettes en fuseaux et d'ornements diven
en haut et en bas -relief, décorent l'ex>
térieur de cette magnifique basilique, à
rintérieur de laquelle on remarque les
belles orgues de Silbermann et une hor-
loge très ancienne et très curieuse, dont
la restauration, effectuée avec beaucoup
d'art par un habile mécanicien de la ville,
M. Schwilgné père, est terminée depuia
deux ans. Les fondements deoet édifice,
élevé a hi gloire de Dieu avec les ofQran*
des pieuses et la coopération gratuite dea
fidèles appelés de près et de loin è cou*
tribuer à une œuvre si sainte, ont été
posés en 1015 par l'éféque Wemerde
Habsbourg {voy, T. XIII, p. 863); maie
la construction du clocher ne fut con-
çue et entt^eprise qu'en 1^77 par Tar-
chitecteËrwin (vot".) deSteinbach, puis,
après sa mort, en 1318, continuée par
son fils Jean, assisté de sa sœur Sabine,
et enfin terminée, en 1365, par Tardif-
teete Jean HAUi, dte Cologne. Parmi les
autres 'églises de Strasbourg , au nombre
de doute, on ne peut se dispenser de
mentionner le temple protestant de Saint-
Thomas, qui, outre un grand nombre de
monuments élevés è des hommes nota<-
bles (Scbœpflin , Koch,Oberlin, Sdiweig-
hœuser, de Tûrekheim , etc.) , renferme
l'imposant mausolée du maréchal deSaxe»
par Pigalle {yoy.)XA thàteau, maintenant
propriété communale, l'hètel-^le^vilie,
sur le Breuil ou Brogliè, place plantée
d'arbreS) le théâtre, l'hôtel du commerce,
d'une vieille arebiteoture fort curieuse,
et la halle Aux bl^, st^nt des édifices
considérables et dignes de remarque. La
statue en bronxe du général Kleber, né
à Strasbourg, s'élève sur la pMe d'ar-
mes*, celle dte ('imi&prtel inventeur de
l'imprimerie {voy, Guttbkbbio et Da-
vid), d'abord établi dans cette ville, oà
iî fit, en H 86^ ses premières expériences
typographiques avec des caractères mo«
(*) BUe est Touvrage de M. Grass, artiste ql«
sadéB.
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(508)
STft
biletf déoore le principal marché. A une
ikible dcmi^licoe de la vilIC) mr riledu
EhÎDi à c6té de la grande route qui con«
dait au pont de bateaux de Rehl, un
autre monument| érigé par la grande
armée , rappelle la gloire du général
Deseix. Deux promenades publiques^
le Cootades et la Robertsau avec ion
agréable orangerie, ofirent à la popula*
tion des lieux de divertissement à la
proximité des portes de la ville. Le
chemin de fer d'Alsace, aujourd'hui
Urminé » met Strasbourg en communi»
cation avec Mulhouse et BAIe $ tan-
dis que les bateaux à vapeur du Rhin,
auxquels Une entrée dans la ville a été
ménagée an moyen d'un canal entre
rill et ce fleuve, emportent les voya-
geurs avec non moins de célérité dans
la direction contraire. Il est inutile
de dire que dans une forteresse de cette
importance, on trouve un vaste arsetial
avec un matériel d'armes, de munitioni
et d'artillerie suffisant pour la mise en
campagne d'une armée entière, une fon-
derie de canons, un hôpital militaire dit*
tinct du grand hôpital civil, etc. La ma-
nufacture royale de tabac, la douane, la
monnaie y etc. « méritent également une
mention, ainsi que les nombreux et ex-
cellents établissements de bienfaisance)
parmi lesquels nous ne pouvons passer
aoussileneela colonie agricole d'Ostwald^
récemment fondée à peu de distance de la
ville. Strasbourg est le siège de la préfec»
tore départementale^ du général comman-
dant la 6* division militaire, d'un tribunal
de première instance^ d'une chambre et
d'un tribunal de commerce, d'un évéché
sufîfragant de l'archevêché de Besançon ^
du consistoire général de la confession
d'Augsbourg, etc. Une forte citadelle,
bâtie par Vauban, couronne, du c6té du
Petite Ehin (bras du grand fleuve plus
rapproché de la ville)) le vaste et impo-
sant système de défense de cette place,
dont jamais ennemi n'a forcé les rém*
parts. Situé au milieu d'une des plus
riches contrées agricoles de la Fraooej
Strasbourg n'offre que peu de manufac-
tures ; c'est plutôt une ville marchande»
et de petite industrie, entrepôt naturel
des produits les plus recherchés du pays
environnant, oà le commerce d'expédi-
tion ^ favorisé par U position de la ville
a l'extrémité des deux routes principa-
les aboutissant de Paris et de Lyon à
l'Allemagne do sud ^ déploie surtout
beaucoup d'activité.
Cependant Strasbourg n'est pas seu*
lement une ville de guerre et de com-
merce , mais encore un foyer d'instruc-
tion et de lumières, et sous ce rapport
nulle autre métropole de province , en
France) n'offre des ressources aussi va-
riées. Une académie composée de cinq
facultés (droit, médecine, sciences, let-
tres et théologie protestante) a remplacé
l'ancienne et célèbre université protes-
tante, fondée en 1611 , puis fermée pen-
dant les orages de la révolution, et con-
vertie en 1808 en séminaire protestant*
Le gymnase, école mixte de la même
communion, date de 1888 « et a dû sa
création à la réforme religieuse; il ri»
valise avec un collège royal de 1*** classe.
Mentionnons en outre le grand sémi-
naire catholique ) l'école de pharmacie,
l'école normale, etc. Les établissements
d'instruction primaire pour les deux
sexes, pour les riches et les pauvres^
abondent dans cette ville. Nous avons
déjà parlé) T. III, p» 491, de son impor-
tante bibliothèque. Le musée d'anato-
mie et le cabinet d'histoire naturelle sont
également très curieux.
Le recensement de 1 84 1 porte à 6 1 , 1 80
âmes la population actuelle deStrasbourg.
Mi-partie protestante et catholique, elle
comprend aumi quelques milliers de juifik
11 faut y joindre une garnison, ordinai-
rement très nombreuse. L'idiome po*
polaire de Strasbourg est un vieil alle-
mand corrompu ; mais le français, qui
eat le langage des affoires comme celui
de la société dans les classes supérieures)
a fait, depuis la révolution) des progrès
constants.
Histoire, Strasbourg, dont on rap*
porte le nom et l'origine à un fort qui ,
construit à la même place qtte la ville )
au commencement du ti* siècle, se serait
élevé sur les débris de l'ancien ÂrgeniO"
rtUum des Romains, municipe où station-
nait la 8* légion, et que les Huns et les Alé-
mans rédubirent en cendres et dévastèrent
lors de leur passage. Après la défaite de ces
derniers è tolbiac^ en 498 1 Us Fnui€S|
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(504)
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vainqueurs, incorporèrent à leur domi-
nation ce point militaire important, qui
ne urda pas à se repeupler. Vert le mi-
lieu du IX* siècle, à la suite du traité de
Verdun , la nouvelle ?ille fut réunie au
royaume de Lorraine d^abord, puis à
l'empire germanique, dont elle continua
de faire partie jusqu'en 1681. Les évo-
ques s'y étaient arrogé de bonne heure
une autorité temporelle très grande;
mais bientôt la commune se sentit as-
sez forte pour se mettre elle-même en
possession du droit de pourvoir à son
administration. Les privilèges que loi
accordèrent les Empereurs accrurent sa
prospérité. La prétention des évéques de
ressaisir leurs anciennes prérogatives al-
luma entre eux et la bourgeoisie, sur-
tout dans le xiii* siècle, des luttes vi-
ves et sanglantes. A ces querelles en
succédèrent d'autres non moins vio-
lentes entre les familles patriciennes,
qui exerçaient alors tout le pouvoir.
Les plébéieus mécontents profitèrent de
ces divisions pour faire passer l'autori-
té entre leurs propres mains, en 1332.
Une horrible exécution de 900 juifs
livrés au bîicher en 1 348 a marqué d'une
teinte lugubre l'histoire de cette époque
de discordes civiles et de calamités, dont
une des plus grandes fut l'invasion du
fléau de la peste noire. Plus tard, quand
le parti démocratique eut assuré sa vic-
toire, on vit les Strasbourgeois s'unir
avec les Suisses contre Charles- le -Té-
méraircy et combattre à leurs côtés dans
les champs de Granson, de Morat et de
Nancy*. Pendant toutes ces guerres, la
constitution de la république acheva son
développement : elle était entièrement
fixée à la fin de 1482. Les citoyens se
divisaient en nobles ou patriciens, bour-
geois ou notables et artisans. Les pre-
miers formaient une curie à part; les
autres étaient répartis en 20 tribus de
corporations, dont chacune, présidée par
un syndic [ZunftmeisUr) avait à nommer
dans son corps 15 échevins^ Les échevins
représentaient la commune ; la puissance
législative, mais non l'initiative dans
l'exercice de ce pouvoir, leur apparte-
{*) L*artillerie de Strasbourg ^tait alors r«-
Domméo dans toata l*Alleniagoe; N&rnbtrger
9FiiM, Sirmt^mrgêr GaicAôia* duait le proverbe.
nait, et leurs décisions étaient sonverai*
nés. Ils choisissaient dans leurs rangs à
peu près les deux tiers des sénateurs eC
des magistrats. Le sénat, composé de 30
membres, dont 10 nobles, avait le gou-
vernement et la haute juridiction, autre-
fois délégués aux évéques. Les appels de
ses arréu étaient portés devant la Cham-
bre impériale ou le conseil aulique , et
plus tard, sous la domination française,
devant le conseil souverain d'Alsace. Ce
sénat était présidé par 4 sieitmeisier
patriciens, à tour de rôle ; un ammeister^
fonctionnaire plébéien, présenUit les af-
faires a la discussion. Le sénat se renou-
velait tous les ans par moitié. Le collège
des Treize, élus à vie parmi les hommes
qu'une longue expérience recommandait
particulièrement au choix dans les dif-
férents ordres, avait la hante direction
politique et réunissait les attributions
de la guerre au département des affaires
diplomatiques; son influence, après k
capitulation de 1681, devait naturelle-
ment se réduire à celle d'une chambre
purement consulutive. Le collège des
Quinze formait le second corps de la
magistrature. Institué pour veiller à U
stricte et fidèle observance de la consti-
tution, des lois et des règlements d'ad-
ministration publique, et formé de 5 no-
bles et de 10 plébéiens, il suppléait lui*
même aux vacances qui survenaient dans
son sein. Ces deux collèges réunis com*
posaient le gouvernement pernunent de
la république ; renforcés en outre de
quelques assesseurs, ils entraient en corps
dans l'assemblée plénière du magistrat,
improprement dite des Vingt-et-Un, d'a-
près le nombre primitif de ses nombres.
A l'époque du grand mouvement reli-
gieux dont Luther donna le signal, et
qui trouva dans Strasbourg aussi de
doctes et fervents promoteurs (voy. Gbi«
LB& de Kaisersberg, Bucsa, Capitov ,
etc.), la population de la cité tout entière
embrassa la réforme. L'élément catholi-
que n'y reparut que plus Urd, lorsqu'en
1681 la ville, investie de tous côtés par
les armes françaises et en quelque sorte
abandonnée de l'Empire, fut obligée de
se rendre par capitulation (30 sept) a
Louis Xiy, après avoir obtenu toutefois
qu'elle conserverait son immédiateté, sa
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(S06)
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eoMtitiitioii, Ms MÎgiieiiries et ms do*
maines. En 1697, à U paix de Ryiwick,
Strasbourg fut cédé définitivemeot et
pour iamait à la France. MaU le roi te
contenta d'entretenir garoÎBon dans U
\ille et d*j éublir un préteur conune
agent de son pouvoir. Strasbourg conti-
nuait ainsi d'oiTrir, sous L'ancienne mo-
narchie, l'exeoiple unique et curieux
d*uue cité soumise à Tantorité royale,
mais intérieurement régie par des insti-
tutions toutes repu blicai Des. Cet ordre
de choses se maintint jusqu'au moment
où la révolution , proclamant la liberté
comme le droit imprescriptible de tous,
supprima les libertés d'exception en mé*
me temps qu'elle abattait tous les privi-
lèges. La population de Strasbourg fut
elle-même une des premières à se décla-
rer avec enthousiasme pour les nouvelles
idées qui l'unirent plus étroitement avec
la France et développèrent en elle des
sympathies fortifiées encore et profon-
dément enracinées dans les cœurs par
la participation aux gloires et aux triom-
phes de l'empire, sous Napoléon. — On
peut consulter le Code historique et idi-
plomàtique de la ville de Strasbourg^
t. r% Strasb., 1843, in-40; Hermann,
Notices historiques statistiques et litté^
mires sur la ville de Strasbourg ^ ib.,
1817, a vol. in-8^; Kentzinger, Do-
cuments fùstoriques relatifs à l'His-
toire de France, tirés des archives de
Strasbourg, Strasb., 1818-19, 1 vol.
in-8<^; Costa, Réunion de Strasbourg à
la France, documents pour la plupart
inédits, ib.^ 184 1, etc. Foir aussi les ou-
vrages indiqués aux art. Alsace KoairiGf-
HO YEN, ScHOXPFLIN,GOLBKEY, ScHWRlO-
HiEUSEE,etC. Ch. V.
STRASS (piEEEE de), appelée en al-
lemand caillou du Rhin, quoique ce soit
une substance préparée avec différentes
matières, telles que le cristal de roche, le
minium , la potasse pure , le borax et
Tarsenic. On s'en sert pour fabriquer de
faux diamants, et, bien queTimitation ne
soit jamais complète , on est cependant
étonné de voir à quel point de perfection
elle est poussée. On a dit a l'art. Feav-
CHS-CoMTé (T. XI, p. 565), qu'à Sept-
monoel (Jura), plus de 1,200 person-
nes sont employées à la fabrication et a
la taille de cette pierre artifioîelle. Z*
STRATAGÈME (de trrpaxoç, ar-
mée) n'était originairement qu^nn terme
de stratégie, signifiant une ruse de guerre.
Deux historiens, l'un grec, Polyen, l'antre
latin, Frontin (voy. ces noms), ont laissé
deux intéressants recueils de stratagè-
mes. Outre ce sens propre, ce mot en a
un figuré et désigne un tour d'adresse,
une surprise.tels qu'en imaginent les Fron*
tins de comédie, qu'il ne faut pas confon-
dre avec le Frontin de l'histoire. F. D*
STRATÈGE, trcpamyoç , général
d'armée ((rrparof) et l'un des archontes
(voy,) d'Athènes , chargé des fonctions
d'un ministre de la guerre.
STRATI^GIE, voy. Tactique.
STRATIFICATION, voy. G^olo-
OIE et TEEEAIIf.
STRATONICE, fille de Démet ri us
Nicator, roi de Macédoine, qui, vers l'an
800 av. J.-C. , inspira une si vive pas-
sion à son beau- fils Antiochus Soter (vo/.
ce nom et SéLEUcus)..
STRAUSS (DAViD-FEÉDéEic),rau»
tenr de la Fie de Jésus, ouvrage qui a
marqué une phase nouvelle dans la cri-
tique du Nouveau-Testament, est né a
Ludwigsbourg , royaume de Wurtem-
berg, le 27 jaov. 1808. Après avoir fait
ses premières études dans sa ville natale,
il fut envoyé, en 1831, au séminaire de
Biaubeuern, et reçu , en 1835, à l'in-
stitut théologique deXubingoe. Il y ache-
va ses cours de théologie et devint, en
1830, vicaire d'un pasteur de campagne.
En 1831, il fut chargé, au séminaire de
Maulbronn,d'une suppléance, a l'expira-
tion de laquelle, pendant l'hiver de la
même année, il se rendit a Berlin, prin-
cipalement dans le but d*y entendre'Be-
gel. Il n'assista qu'à une seule leçon de
ce grand maître, qui, précisément à cette
époque, fut attaqué du choléra et mou-
rut. M. Strauss s'attacha alors a Schleier-
mâcher, dont il suivit les cours d^ préfé-
rence, et qui eut une grande influence sur
son développement scientifique. De re-
tour dans sa patrie, en 1822, il hxi nom-
mé maître de conférences (Répètent) à
l'institut théologique de Tubingue, et il
donna à l'université àt^ cours de phi-
losophie, où il exposait les principes de
Hegel, et qui eurent beaucoup de suoeès.
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STU
(506)
STH
Sk charge lai iapotail a«Mi le devoir
de prêcher quelquefois , et ses sermôtis
étaient, dit-on, fort édifiants et goûtés
des personnes pieuses* Il s'occupait en
même temp de son grand ouvrage et il
y préludait par plusieurs articles insérés
dans des Recueils scientifiques, et o& ae
trouvent exprimées déjà hrt vues criti-
ques qui bientôt devaient faire un si
grand'^éclat. La Fiei de Jésus parut en
1885 (Dos Zêben/esu^ kritisch bear^
béitet, % vol. in.8o; î* éd., 1837; 8%
1889;4%1840).
L'idée et la mafcJie de ce livre sont
très simptea. L*autèur range les événe*
ments de la vie de Jésus sous plusieurs
chefs principaux : annonciation et nais-
sance de Jean -Baptiste; généalogie de
Jésus; annonciation de la conception de
Jésus $ naissance de Jésus; prés^tation
au temple, et'ainsi de suite jusqu^à l'as*
oension. Sur chacun de ces points, il ex-
pose les contradictions qui' présentent,
soit les éléments d'un même récit estna
eux, soit le récit d'un évangétiste avec
celui des autres ou avec les données in-
contestables de l'histoire profkne, fcAites
les difficultés, en un niot»qm empêchent
de prendre la narrafton évangélique à la
lettre, de lui attribuer une valeur rigou-
reusement historique, et de s'en tenir au
point de vue sous lequel fantieaiie or-*
thodoxie la présentait. Pois fauteur exa-
mine l'explication tentée par le rationa-
lisme, d'après laquelle les écrivains sacrés
n'auraient entendu raconter que des faits'
parfaitement conformes à l'ordre général
de la nature. Il montre la fausseté decette
explication, que l'on ne peut soutenir
qu'en. faisant contînu<Alement violence à
la siiâpleetéf idetftesignificationdn texte
évangéhl]tie. Enfin, après avoir ainsi dé-
blajfé le terrain devant lui, l'auteur pré-
sente sa propre hypothèse. Lorsque, dans
le cours de son développement, Tesprit
humain s'élève à une idée religieuse nou-
velle, il ne conçoit pas cette idée dans sa
pureté; mais il la revêt nécessairement, et
d'après dA lois qui lui sont inhérentes, de
formes mythiques. L'Église primitive n'a
point pu se soustraire à cette nécessité.
Par un travail successif, et dont elle-
même n'avait pas conscience, elle est ar^
rivée à sa repréaMter, sous la ferme d'Hiia
histoire et d'on komae, l'idée riligia
dant JêatieaVait été le premier ou le prin-
cipat représentant; elle a appliqué à Jé-
sus non*seulement les formes mythiques
qiii se retrouvent dans toutes les reli-
gions, telles que l'incarnation, la naîa*"
sanoe du sein d'une vierge, etc., raaia
particulièrement aussi celles sous les-»
quelles, depuis Texil , l'imagination ju-
dafque s'était accoutumée a se figurer le
Messie. Les évangélistes sont, non point
des témoins oculaires, ni même, il s'en
faut de beaucoup, des contemporains d^
l'histoire de Jésus, mais les rédacteurs
croyants et sincères de cette tradition
mythique* M. Strauss termine son ou-
vrage par une dissertation dogmatique
dans laquelle il cherche à montrer qîe,
son hypothèse adause, l'idée, l'essence
du christianisme subsiste tout entière.
La/^/tf i/<^/^^it/produisitdans le monde
tfaéologique et au-delà une commotion
profonde, moins à cause du système pro*
prement dit de l'auteur, dont il ne fut
paa difficile de montrer les défauta , et
qui laissait bien des questions sans ré-
ponse,, qu^ cause de l'érudition, de la
fénétration et de la clarté avec lesquelles
talent réunies comme en faisceau toutes
les difficultés qu'il est possible d'élever
' contre le caractère historique des évan-
giles. Les plus savants théologiens de
l'Allemagne protestante et catholique
prirent la plume pour répondre à M.
Strauss (MM. SteUdl,-SBck,Harless, Hug,
UUmann, Tholuck, etc.). Plusieurs au-
tres f!^ies de Jésus parurent avec le but
avoué de réfuter ou de rectifier le livre
da théologian de Tubingue {vof, T. XV,
p. 890). M. Strauss, sons le titre A'É^
crits polémiques [Streitschriften » Tu-
bingue, 1889, 3 cahiers in- 8^), adressa
aux principaux de ces adversaires des ré-
pooMs dans lesquelles il développa des
qualités de discussion et de style qui sou-
vent rappellent Lessing. Le mouvement
imprimé par la Fie de Jésus à la criti«
que du Nouveau -Testament dure encore
et a même dépassé de beaucoup les limi'*
tes que M. Strauss avait observées. Ifon
livre, selon l'expression d'un des théo-
logiens les plus distingués de l'Allemagne
(Ai. Lûcke), a eu pour la théologia
l'avantage ^u'ofTre totijours ona c|«aa*
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tion plus Dettement potét; mais 11 faut
dire que cette qneslioir, qai n*etk est pas
une pour la foi, ett bieo loin d'être ré-
•oloe sur le terraÎD de la science.
Ko 1889, le conseil d'édacation do
canton de Zurich appela M. Stranss k le
ehaire de dogmatique de Taniversité da
cette villci Le conseil exécutif ayant, mal*
gré les protestations du conseil ecclésias^
tique et de la faculté de tbéologie, con^
firaié cette TOcation, une agitation ex*
traordinaire se déclara dans le canton.
Une immense association s'organisa dans
le dessein de faire révoquer la nomina-
tion du critique incrédule, et le comité
central de cette association, désigné de-
puis sous le nom de comté de ia foi^
présenta au conseil exécutif une pétition
revêtue de 89,316 signatures. Le con-
seil exécutif, eu présence du mouvement
presqtie unanime de la population, con«-
voqua extraordinairement le grand con-
seil , qui , saisissant le seul moyen que
la loi lui offrit de résoudre cette difû-
culte, décida que le professeur serait
admis à la retraite avec une pension de
1,000 fr. de Suisse. On sait que cette dé-
cision ne trftncha la question que quant
à M. Strauss lui-même, mais que l'émo-
tion excitée par sa nomination ne s'apaisa
pas aussitôt, et qu'elle amena la révolu-
tion zurichoise du 6 sept. 1889 et la chute
du parti radical. Cependant M. Strauss,
à qui le gouvernement wurtembergeois
avait retiré sa place de Répètent ^ et qui
avait préféré la vie privée à la position
inférieure dans laquelle on voulait le re-
léguer, s'occupait d'un traité de dogma-
tique. Cet ouvrage parut en 1 840 et 1 84 f
{La dogmatique chrétienne considérée
dans son dé^ioppemeni historique et
dans sa lutte avec la science moderne^
3 vol. in-8^). M. Stratus y prend un à
un tous les dogmes du christianisme ; il
commence par en indiquer le germe et
l'expression primitive dans l'Écriture-
Sainte, pais il montl*e comment, à tra-
vers les siècles et tous l'influence de l'his-
toire, ib sont arrivés par degrés à la
forme sous laqueNe nous les trouvons
aujourd'hui dans le système orthodoxe ;
enûd il fait la critique de cette forme et
prouve qu'elle est inconciliable avec les
réstiltatade la science moderne. La adenoe
moderne, d'est pour l'auteur, d'une part
la critique historique telle qu'il l'a exèr*'
céb dans la Fie de Jésus ^ et de l'autre le
panthéisme logique de Hegel. l^Dogmn^
tiqucy distinguée par les raéibes qualités
que la Fie de 'Jésus^ excita %ne coolra-^
diction moins vive; mais l'effet réel en
fut peut-être plus profond et plus dé-
sastreux pour le christianisme positif.
M. Strauss depuis lors n'a rieh publié;
il en s fiili, dit -00) avec la théologie, ce
qui se conçoit du reste, et s'occupe de
travaux esthétiques. — 'Le» articles pu-
bliés par lui dans différents journaux
ont été recueillis, en 1 vol. in-8% tfous
le titre de Caractéristiques et critiques^
1889; 9«édit., 1 844. Deux autres articles
très importants, l'un sur le p6ête Justin
Kemer, le second sur l'élément passager
et l'élément permanent du christianisme
(Ueber Fergœngliehes und Bleihendes
tm Chrisîenthum\ ont été réunis en un
petit vol. in- 1 3, sous le titre de DeuxfeuiU
les pojcifiques ( Zwei friedliche Blœt*
ter) y par opposition aux Streitschrijten,
La Vie de Jésus a été traduite en français
par M. Littré (Paris, 1889 et ann. suiv.,
4 vol. in-S**). Celle que lui a opposée le
professeur Ruhn, de la faculté de théo-
logie catholique k l'université de Tobin-
gne> a aussi été traduite par M. l'abbé
Jager. Enfin, la réfutation du livre a été
tentée par notre vénérable collaborateur,
M. l'abbé Guillon, évêque de Maroc
(Examen critique des doctrines de Gib^
hon^ du docteur Strauss et de M, Sah-
pador, Paris, 1841, 3 vol. iu-8^); par
M. le pasteur Âthanase Coquerel dans
une suite d'articles réimprimés séparé-
ment, et dans une thèse de M. Eugène
Mussard : Examen critique du système
deStrausSyO^nèwt^ 1839, in-8^ E.V^^T.
STRtiLITZ (en russe slrétetz^iittût^
au plur. streltsi)^ nom de cette Âmeuse
milice qui, pendant 150 ans, forma 1^
noyau de l'infanterie moscovite. L'his-
toire en fait d'abord mention à l'oceasioil
du siège de Kasan, en 1554.
Cette milice, qui s'élevait quelque*
fois à 40,000 hommes , jouissait de
grands privilèges; elle se composait
d'hommes braves, mais indisciplinés, et^
depuis les Faux-Démétrius surtout, les
strélitz se rendireat, pnr letnrs fréqnen-
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(&08)
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tes révoltes^ adasi redoutables à lenn
maîtres que les janissaires aax sulthans
dé Turquie. S'étant soulevés contre Pier-
re I^^ (voy. ce nom, Sophis, Orlof,
•te), ils furent supprimés, en 1698, par
ce prioce, l)ui en fit eiécnter un grand
nombre et eiila les autres à Astrakhan.
Mais comme ils se révoltèrent de nouveau
dans cette ville, le tsar les détrubit défi-
nitivement en 1705. X.
STRÉLITZ (MECKLSHBonaG-),vox.
Mecklenboubc.
STRÉSIPTÈBES , voy. Rhipi-
PTÀRBS.
STRIES, voy, Cahnelubss.
STROGOKOF*(coiiTE8],famillehis-
torique russe,issue de ces riches marchands
dont nous avons parlé à l'art. Sibérie, et
auxquels loann IV Vassiliévitch dut la
conquête d'une immense portion de l'A-
sie. « Grands- vassaux plutôt que sujets
des tsars, dit le comte d'Almagro, ils
étaient grands-seigneurs avant d'être gen-
tibhommes : exemple unique dans les
fastes de la Russie. ^ Aux temps des Faux-
Démétrius et de l'invasion polonaise, ils
firent de grands sacrifices à la pakrie : aussi,
à l'avènement des Romanof, « le tsar Mi-
chel et ies deux chambres^ continue le
même auteur, leur accordèrent le titre
(qui ne fut jamais conféré qu'à eux seuls)
d'hommes distingués** (iménityié loutU)^
et le droit d'avoir leurs propres troupes»
leurs propres forteresses, leur propre ju-
ridiction, de ne point relever des auto-
rités locales, et de ne pouvoir être jugés
que par le tsar et les deux chambres. »
D'un trait de plume, Pierre-le-Grand
leur enleva ces privilèges , leur donnant
en échange le titre de barons russes (6
mai 1722). La famille Strogonof conser-
va néanmoins ses riches domaines situés
surtout dans l'Oural, ou ils renferment
des salines, des lavages d'or, etc. Le titre
de comte fut d'abord donné à la branche
cadette : Alexavosb Serghéîbvitch ,
grand-chambellan et membre du conseil
de l'empire, fut créé comte du Ssint-Em-
pire le 30 mai 1761, et comte russe le
11 avril 1798. « Son fils unique, le gé-
néral comte Paul, mort en 1817, dit en-
core i'auteur pseudonyme cité plus haut,
(*) On prononce Strogonof,
(-*) Bfieux d'homm9» noUMu,
fut l'ami de Tempereur Alexandre; et sa
veuve, M™^ la comtesse Sophie Strogo-
nof, née princesse Galitsyne, qui fut l'a-
mie intime de l'empereur Alexandre et
de la vertueuse et spirituelle impératrice
Elisabeth , offre aujourd'hui à Saint-
Pétersbourg le type le plus pariait de la
femme d'esprif , de la femme aimable et
de la grande dame dans l'acception la plus
large de ce mot. » Son fils unique étant
mort sans enfant, en 1814, l'empereur
permit que ses droits fussent transmis au
mari de ta sœur, le général baron Serge
Strogonof, aujourd'hui curateur de l'u-
niversité de Moscou, et qui appartient à
la branche aloée de la même famille.
Celle-ci descend de Nicolas Gbigo*
Bii^viTCH , aïeul de ce baron Strogonof
(Gb^goibe Alexandboyitgh) dont il a
tant été question dans l'histoire du sou-
lèvement de la Grèce {voy, T. XIII, p.
37)et qui, après être intervenu en faveur
de ses coreligionnaires de l'empire Otho-
man, fut désavoué par son souverain. Il
avait été auparavant ministre de Russie
à Madrid, et en 1842 l'empereur Nico-
las, qui lui avait conféré le titre de comte
le 23 août 1826, le nomma son ambas-
sadeur extraordinaire pour assister au
couronnement de la reine Victoria. Il est
d'ailleurs grand-échanson et membre du
conseil de l'empire. C'est son fils aine,
Sbbob Gbicobiévitch qui, par son ma-
riage avec l'héritière de la branche ca-
dette, en est aujourd'hui le représentant.
Il est lieutenant-général et curateur de
l'université de Moscou. Les autres fils du
comte Grégoire sont ALEXANDBB,qui fut,
de 1839 à 1842, ministre de Tintérienret
qui est resté aide-de-camp général de l'em-
pereur, et Alexis, chambellan de la cour
impériale, chargé d'affaires à Lisbonne. S.
STROPHADRS, deuxécueils s quel-
que distance des côtes de la Messénie,
voy. Habptes.
STROZZI (Bebuabd) dit le Genovè-
se, c'est- i- dire le Génois. Ce peintre
naquit à Gênes, en 1681, de parents sana
fortune. Pour exercer plus à son aise la
peinture, il se fit capucin. Delà le sur-
nom de IL Cappuccino sous lequel on le
désigne souvent; celui de il Prête Ge-
nopese^ sous lequel il est plus générale-
ment connu, lui vient de ce qu'étant d^a ^
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STR
(509)
STft
préfet il ftit sécalarisé pour lai faciliter
les moyens de pourroir à Texisteoce de
•a mèra, avancée eo âge, et de sa soeor»
adolescente. Après la mort de Fane et le
mariage de Taatre, Strozzi, dont la répu-
tation faisait envie à ses confrère^ de Tor-
dre, dat rentrer dans le clotlre; s*y étant
refnsé, on l'y contraignit par la force, et
pour expier sa résistance, on lai infligea
nn emprisonnement de trois ans. Assez
heareux pour échapper par la faite à cet
indigne traitement, Strozzi alla se réfu-
gier i Venise où il trouva protection et
gloire et vécut sous Phabit cle prêtre se-
colier josqu*à sa mort arrivée en 1644.
Le Génovèse fut un grand coloriste.
On le considère comme le pins habile de
ceux de son école et comme ayant peu de
rivaux en Italie. « Sa hardiesse va jusqu'à
la témérité, a dit Cochîn; il emploie les
couleurs les plus tranchantes, les rouges
les plus vifs à c6té des bleus les plus en-
tiers el des jaunes les plus décidés, et ce-
pendant ses tableaux sont d'accord. En
les considérant avec attention, on aper-
çoit que cet accord ne provient que de la
magie des ombres. Ses tons de chairs sont
d*nne hardiesse et d'une fraîcheur singu-
lières : on voit cependant que ce ne sont
point des tons factices et hors de la na*
tare comme dans le Barroche ; mais des
tons vraiment pris chez elle, et seulement
porté» un peu plus haut qu'elle ne les pré-
sente... «Les ouvrages de Strozzi ontuife
grande ressemblance avec ceux de Feti et
parfob avec ceux de Murillo. La composi-
tion en est riche et àbondante;4'expression
vraie; les lumières larges et bien distri-
buées; le faire hardi et fier; mais le dessin
enestsouvent peu exact,de mauvais choix,
et quelquefois tout*à-fait trivial. Néan-
moins ses têtes d'hommes sont énergiques
et belles, et lorsqu'elles représentent de
saints personnages, il leur a donné une
expression de piété religieuse on ne peut
mieux sentie. Dans ses têtes de femmes,
d'adolescents, d'anges, il a été moins
heureui. Habitué à faire des portraits, il
prit constamment la naiur<» pour guide;
mai» la nature comme elle se présentait à
lui. Ses plus beaux ouvrages se voient à
Gênes, à Novi, à Voltri, à Napleset à Ve-
nise. On citeentre autres, à Gênes, sa fres-
que de l'église Saint Dominique ou Ton
voit ia Fierge^ S. François^ Se toctTiim-^
que arrêtant la main du Sauveur qui va
lancer ses traits centre les trots vices^
et à Veoise, dans la bibliothèque Saint-
Marc, un médaillon de la Sculpture;
dans l'église des Tolentinl, un S. Lau-
rent Giustiniani distribuant aux pau-
vres les trésors de l'église. Les galeries
des souverains contiennent peu d'ouvra-
ges du Strozzi, cet artiste ayant plus tra-
vaillé à fresqae qu'à l'huile. Néaomoius
le palais Brignole possède un S, Tftomas
cherchant les plaies du Seigneur; la
galerie de Florence un Christ, demi-
figure, dit de la Monnaie; le musée da
Louvre S, jântoine de Padoue tenant
r enfant Jésus qui le caresse ^ et une
Vierge et l'enfant Jésus portés sur des
nuages avec un ange montrant les at^
tributs de la puissance souveraine ; la
galerie de l'Ermitage, Tobie recout^rant
la vue; celle de Vienne, un Joueur de
luth; le Prophète Élie à qui la veuve
de Sarepta et son fila montrent le reste
de leur provision de farine et d'huile;
S. Jean* Baptiste répondant aux ques-
tions des prêtres et des lévites; celle de
Dusseldorf transportée à Munich, le
Denier de César, qui passent pour des
chefs-d'œuvre de premier ordre. L.G.S.
STRUENSEE ( Jean - PaÉiyéaiG
comte de), fils d'un vénérable pasteur
luthérien, naquit, le 5 août 1737, à
Halle, où il reçut une éducation scienti-
fique. Ayant obtenu, en 1767, le grade
de docteur en médecine, il alla exercer
sa profession à Altona,où avait été trans-
féré son père qui devint, quelque tempe
après, surintendant général ecclésiastique
du Slesv^iget du Holstein. Bientôt la ré-
putation de Struensee, jointe à de hautes
protections, lui valut la place de méde*
cin du roi de Danemark Christian VH
(1768) pendant son voyage en Allema-
gne, en Angleterre et en France. Au re-
tour, il fut nommé médecin ordinaire du
roi, faveur qui fut suivie de beaucoup
d'autres, et enfin Struensee ne quitta plus
le souverain auquel ses services étaient
devenus indispensables. Lorsqu'il fut
inoculé la petite vérole au prince royal,
il fut chargé de son éducation physique ;
puis il fut nommé conseiller de confé-
ij lecteur do roi et ai>obli. Dévoré
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d*tttibitioD,il ^Vrioi ça d^détoumer 1^ ffîoi-
iMirque des afifoires de l'état en Teotourant
MDi cesse de nouveaux plaisifSy et il par^
vint ainsi k une grande puissance, dont
il se servît d'abord pour faire disgracier
les comtes de Bernslorf [voy-) et de Holk,
s^ anciens protecteurs, auxquels il sub-
stitua son ami Enewold de Brandt; en-
suite il sut mettre beureusement fin à la
^késintelligABce que les intrigues de )a
{mine douairière, Julien ne*Marie, avaient
amenie entre Christian VII Wt son épouse,
la princesse d* Angleterre Caroline-Ma-
thilde (vo^O* ^^ ^^^Q* '' ^' adopter des
cbaogemenU essentiels dans la conslitu-
lion danoise; le conseil d*état fut rem-
placé par une commission de conférence
tellement dépendante , que son autorité
était presque nulle i la composition du
ministère fut successivement renouvelée,
et les places vacantes furent données
à des créatures de Struensee ou de la
jeune reine; aucune occasion d'humilier
la noblesse ne fut- négligée, la liberté
de la presse devint à peu près com-
plète. Struensee fit aussi introduire d'u-
tiles réformes dans l'administration des
finances et dans celle de la justice; il fit
des efforts ppfir améliorer le sort des
paysans et pour favoriser l'agriculture.
En 1771, deuK bôurguemestres furent
institués en remplacement du magistrat
de Copenhague, dont la charge fut abolie.
Enfin Struensee reçut, avec le titre de
comte , une place au ministère , oà son
pouvoir fut presque absolu. Il se fit même
donner le titre personnel de ministre du
cabinet.
Il avait atteint le but de ses désirs;
mais, également détesté par le peuple et
par la noblesse, il sentit bientôt que sa
chute était imminente, et, sans son atta-
chement pour la reine Caroline-Mathilde,
il aurait probablement abandonné le Da-
nemark. D^étranges bruits se répandirent
sur leurs liaisons, bruits auxquels la nais-
sance d'une princesse, en juillet 1771,
donna un nouvel aliment. Struensee man-
qua d'énergie pour réprimer diverses ma-
nifestations partielles d'un mécontente-
ment qui gagnait de proche en proche
toutes les classes. Enfin une conspiration
se trama : la reine douairière, Julienne-
Marie, e^ était l'âme. A son instigation,
10 ) âTft
le comW de Baatza^- Asekbetg arraehaf
le 17jan^erl773,aufaibleChristianVII
un ordre d'arrestation contre la reine,
Struensee et Brandt. Caroline-BIathild«
fut conduite à Kronenbonrg, et une coa*
mission extraordinaire, dont les membres
étaient en partie les ennemis personnele
de Struensee, fut nommée pour le ju-
ger. Le S3 avril , le fiscal général , ar-
ticula contre lui 9 chefs d'accusation ,
dont les principaux étaient une liaisom
coupable avec la reine et le détournement
des deniers de l'état. Le 26 avril, son
jugement fut rendu: il portait que,eomme
châtiment bien mérité de son crime et
pour l'exemple et l'effroi de ceux qui se-
raient tentés de l'imiter, il serait dégradé
du titre de comte et de ses autres dignités,
aurait la main droite et la tète tranchées,
pour être clouées à un poteau, et que Im
corps serait ensuite écartelé et rompu. Le
lendemain, le docteur M&nter, qui était
parvenu dans sa prison à le ramener à
des sentiments religieux ( par Struensee
était matérialiste ) , lui apprit que sa
sentence était confirmée, et que l'exé^
ctttion aurait lieu le 28 avril. Struensee
reçut cette nouvelle avec fermeté, et périt
de la main du bourreau après avoir été
témoin de l'exécution de son ami Braiidt,
qu'il avait entraîné dans sa chute. — - On
peut consulter les Mémoires de M. de
Palkenskioldy officier général au service
db roi de Danemark, à l'époque du mi-
nistère du comte de Struensee, contenant
l'exposé fidèle et impartial des causes et
des circonstances de sa chute, publiés par
M. Ph. Secréun, Paris, 18S6, in-8o*
puis en outrer M&nter, i7<Vtoi>tf de im
cBnvenion du comte de Struensee^ Co-
penh., 177t.
CH4EiiEs^AiTGU9TBStruen8ee,frèrealné
du précédent, naqi\it à Halle, le 18 août
1785. Il Se livra spécialement à l'étude
des mathématiques et de la philosophie,
et fut, dès 1757, nommé professeur à
l'Académie noble de Liegoitx. Il publia
alors, en langue allemande, plusieurs ou-
vrages estimés, sur l'artillerie et sur l'art
des fortifications, qui lui valurent Tatten-
tion de Frédéric II. Successivement in ten-
dant de ta justice et des cultes à Copenha-
gue (1769), directeur de la banque à
Elbing, surintendant des finances et di^
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STU ( S
r«etMir du «onmerc» naritime à B«rUa
(1782), minittre d'état •( ctMif du dépar-
tement des accitet et des douanes à Ber«
Un (1791), a mourut le 17 oct. 1S04,
Uissaot après lui une réputation de haute
intégrité. Sa conduite è Copenhague avait
été si pure» que la calomnie n*eut aucune
|Nrise sur lui, et qu'après la mort de son
frère il put retourner librement dans sa
patrie, où le roi de Danemark lui envoya
(1789) des titres de noblesse sous le nom
de KarUbaeh. Outre les ouvrages déjà
citésy il a laissé un Précis du commerce
de$ principaux étaU de l'Europe, On a
aussi de lui une traduction des écrits de
Pinto sur Téconomie politique^ aug-
mentée de Teiposé/de ses vues person-
nelles. X.
STRYMON, fleuve de la Thrace qui
porte encore aujourd'hui ce nom ou ce-
lui de Stromtza^ 7>oy. llAciDOiirB et
Thaacb.
STUART(iiAisoMDms),nne des plus
anciennes familles d'Ecosse, qui a donné
a ce royaume et à l'Angleterre une lon-
gue suite de souverains. Elle descendait
d'une branche aogio- normande des Fitx-
▲lan, qni s'éuit établie en Ecosse et y
avait obtenu la dignité héréditaire de
stetvard* ou grand sénéchal. Le roi Ro-
bert V^f de la race de Bruce, maria sa
fille MarjoriaàWALTia Stuart, en ordon-
nant qu'en cas d'extinction de sa postérité
mâle, leurs descendants lui sttccéderaiei#
Son fils David II éunt mort^en 1371, sans
héritier. Ja couronne échut ainsi au-'fila
de^Watm, qui prit le nom de Robert II
oi devint la souche de la £imille royale_^
des StuarU. C'est dans l'état du pays
qu'ils étaient appelés è gouverner et dans
le caractère personrifel des membres de
cette famille^ qu'il faut chercher la cause
des malheurs qui ont poursuivi sans re-
lâche les Stuarts.Les guerres continuelles,
et le plue souvent malheureuses, qu'ils
eurent a soutenir contre l'Angleterre, dé*
oouragèrent profondément les Écossais,
et arrêtèrent le développement des forces
du pays et sa civilisation. D'un autre côté,
Talliance que les rois d'Ecosse avaient
conclue avec la France, autre ennemi de
(*) Mot qui M proBOBc« en aaf lait à peu T#ès
comme Stauui s eetls é^rmiif orthographe l'em-
porta qaaat ao nom de famille.
in 8tiî
rAngkitnre, finit aussi par leur devenît
funeste* Tandb qu'en Aogleierre la li*
berté des communes se fondait sur des
bases de plus en plus solides, et qu'uoa
bourgeoisie active et pleine d'énergie fai*
sait fleurir l'industrie et le commerce,
l'Ecosse était en proie è nne sauvage
anarchie; une aristocratie puissante et
oppressive arrêtait l'essor de la nation en
même temps qu'elle faisait la loi aux rois.
Désirant briser ca.jotig insupportable^
ces derniers cheichèrent a étendre leur
pouvoir! mais, en l'absence d'une loi fon-
damentale prolectrice d^ 1* liberté, ils
se laissèrent enératner à des actes de vio-
lence, et, s'habituent ainsi è l'arbitraire,
ils ne pouvaient manquer d'adopter des
mesures qui devaient un jour les précipiter
du trône constitutionnel de l'Angleterre.
Robert II ne dut qu'aux guerres intes-
tines de l'Angleterre un règne paisible et
même quelques victoires que ses armes
remportèrent sur les frontières. Son suc-»
eesseur R^rt III mourut ep 1406, avec
la dou)ear de voir son fil^ prisonnier des
Anglais. Après 18 ans de captivité, Jac-
ques V^ (voy. ce nom et les suiv.), le
prince le plus habile de sa race, monta
sur le trône. Tous ses soins tendirent à
répandre la civilisation parmi ses sujets,
et il |>érit sons le poignard des grands
qu'ilavait essayé d'abaisser. La luU^ entre
la royauté et l'arjstocratie continua sous
son fiU Jacques ir,quiavait réussis rendre
son pouvoir presque illimité, lorsqu'il fut
tué, en 1 460, paîr l'explosion d'une pièce
de canon devant une place qu'il assiégeait.
Jacques III, faii^e et pusillanime, mais
ami des arts, qtf il cultivait avec succès,
périt, en 1 488, ai^sl qu'il a été raconté
T. XV, p. 336^ à la suite d'un combat
contre les nobles lévoltés, à la tête des-
quels était son propre fils. Celui-ci lui
succéda sous le nom de Jacques IV.
Époux delà fille de Henri VII, roi d'An-
gleterre, et possédant des connaissances
militaires, il s'efforça, non sans quelques
résultats , d'améliorer l'état de son
royaume; mais il fut tué en 1613 parles
Anglais, à la bataille de Flowdon ou Flod-
denfield : dès-lors l'Écbsse subit l'influen-
ce de sa puissante voi>ine. Le fils de ce
prince, Jacques V, mourut de douleur en
voyant les Anglais menaeerses frontièrea
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STU
(512)
STU
et n turbulêotc noblesse refuser de les
combattre. Quelques jours avanr sa mort,
eu 1543, il lui éuit uée une fille, Mabib
Stuart, princesse infortunée qui, après
avoir été reine de France, et avoir porté
en Ecosse la couronne de ses pères, ter-
mina sa vie agitée dans une prison d*An-
gleterre, sous la bâche du bourreau.
Jagqtj&s VI, fils de cette malheureuse
reine, monta sur le trône d'Angleterre
sous le nom de Jacques I^^, en sa qualité
d'héritier le plus proche de Henri VII.
Les deux couronnes d'Ecosse et d'Angle-
terre se trouvèrent ainsi réunies sur une
même tête. Ses faiblesses et ses fautes pro-
voquèrent la catastrophe terrible qui
coûta la vie à son fils Chables 1*^. Tant
d'infortunes ne semblaient pouvoir être
perdues pour leurs descendants: malheu-
reusement elles ne rendirent plus sages
ni Chables II, ni Jacques II, son frère.
Chassé du trône, ce dernier se réfugia en
France, et l'époux de sa fille MabiEjGuïI-
laume IIÏ d'Orange, qui descendait par
les femmes de Charles T', fut choisi pour
roi par les Anglais* Sa fille cadette, Anne,
qui succéda à Guillaume, mourut en
1714. Avec elle cessa de régner la majson
des Stuarts, après avoir gouverné l'Ecosse
pendant 334 ans, et les deux royaumes
pendant 111.
La couronne du royaume-uni passa ,
comme on sait, sur la tête de George l^''«de
Hanovre, qui descendait d'Elisabeth, fille
de Jacques I*'. Après la mort de Jac-
ques II, en 1701, son fils aîné, Jacques-
Édouabo-Fbançois, né en 1688, plus
connu sous le nom du Chevalier de Saint"
Georges ou du Prétenaant^ prit le titre
de Jacques III, que la France, l'Espagne,
le pape, Modène et Parme lui reconnu*
rent. Éloigné de la France après le traité
d'Uirecht, il trouva un asile d'abord à
la cour de Lorraine, qu'il quitta en
1716 pour tenter une descente en Angle-
terre \ puis en Italie, le pays de sa mèrCi
où le pape lui fit un accueil brillant, et
où il mourut (à Albano)en 1766, lais-
sant deux fils de son mariage avec Marie-
Clémentine Sobieski, petite-fille du roi
de Pologne; L'aîné Chables -Édouabd,
né à Rome, en 1 720, fut un prince brave
et entreprenant, qui, encouragé par le
souverain pontife, bien accueilli par
Louis XIYy tenu la fortune et échiwa.
Du vivant de son père, et avec lee moyena
les plus bornés, il débarqua, le 27 juin
1745, sur la côte nord -ouest de l'Écoase^
fit des progrès inattendus, prit Perth, et
fut proclamé régent à Édimbourg^le 19
sept, suivant. Après avoir battu encore
les Anglais à Preston, et s'être emparé de
Carlisle, il fit reconnaître son père Jac*
quesIIIroi du royaume- uni. Mais la vic-
toire de Falkirk (23 janv. 1746) fut le
dernier terme de sa fortune. Étonné dea
progrès d'un ennemi qu'il avait d'abord
méprisé, le gouvernement britannique
fit de grands efforts et opposa au préten-
dant une armée commandée par le prince
duc de Cumberland. Il (ut battu à Cul*
loden (voy.)» le 27 avril, et sa tête mîae
à prix. Longtemps il erra de comté en
comté, à travers toutes sortes de périla
et de souffrances, et arriva à grand' peine
sur le bord de la mer, où il fut recueilli
par une frégate française qui le débarqua
près de Morlaix, en Bretagne. Uoe.pen-
sion lui fut allouée par le roi Louis XV.
Mais le traité d'Aix-la-Chapelle, en 1 748,
le priva de l'asile qu'il avait trouvé en
France. Il fut obligé de retourner en
Italie, où le pape lui assura une existence
convenable, sous le nom de comte d'AU
bany» Après la mort de Jacques III, en
1 7,72, ilépousa unecomtessede Slolberg-
Gedern; cette union ne fut pas heureuse :
^violences forcèrent, en 1780, la com-
tesse d'Albany (voy») de se réfugier dana
un couvent. Elle survécut de ^aucoup
au prince, qui mourut à Rome V 1 janv.
1 788. La couronne et le sceptre ornèrent
son cercueil, et le cardinal d'York, son
frère, célébra l'office*. Celui-ci, Henbi-
Benoît, duc d'York, né en 1725, était
entré dans les ordres et avait reçu la
pourpré romaine dès l'âge de 22 ans.
Après la mort de son frère, il se regarda
comme roi légitime de la Grande-Bre-
tagne, et fit frapper une médaille avec
cette inscription : Henricus IXy JngUœ
reXf gratid Deiy non voluntate homi^
ntim. Lorsque les Français conquirent
riiaiie, il se sauva à Venise; la détresse
l'obligea d'accepter, en 1799, deGeor-
^) Améd.Pichot, Bittoirêdt CkmrleS'Èd^ard^
dtmier prineede lu mmison iê Stuart, Paris, x83o^
io-8°.
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STO
|ein, une pension dont il jouît jnsqu^à
sa mort, laquelle eut lieu à Frascati, le
iZ juillet 1S07. Ce dernier des Stuarts
céda en mourautses prétentions au trône
d'Angleterre à Charles- Emmanuel IV de
Sardaigne, que Napoléon venait de dé-
pouiller du Piémont. De précieux ma-
nuscrits de son grand-père et de son père,
qui étaient restés en sa possession, furent
livrés au gouvernement britannique.
George IV lui a fait élever par Canova un
monument dans Téglise de Saint-Pierre
de Rome. — Voir L'esprit des fFtdgs^
ou causes de Vexpulsion des Stuarts
du trône d'Angleterre (Paris, 1819), et
Rob. Vaughan : Memorials ofthe Stuart
dynasiy (Lond., 1831, 2 vol.). C. Z.
STUC, composition formée d'un mé-
lange de chaux éteinte, de craie et de
marbre blanc pulvérisé, gâché dans l'eau,
avec laquelle on fait, dans l'architecture,
des revêtements, des ornements et même
des figures à l'imitation du marbre. Le
stuc ne séchant pas vite, on peut en effet
lui faire prendre dans des moules la for-
me que l'on veut. Quand il a perdu sa
ductilité, sans être encore sec, il peut
être lustré et prendre le poli du marbre;
enfin , il devient d'une dureté égale à
celle de la pierre. On emploie principa-
lement le stuc blanc ; mais on en forme
aussi de toutes sortes de couleur. Q^
Romains connaissaient déjà cette com-'
position, et en faisaient usage; on s'en sert
encore avec beaucoup d'avantage dans
nos constructions modernes. On est par-
venu à faire avec le plâtre un stuc moins
durable que celui de chaux, mais aussi
remarquable par son poli et son brillant :
il est formé d'un plâtre cuit exprès, bien
pifé et tamisé , gâché dans de l'eau cou*
tenant de la colle de Flandre en disso-
lution ; les couleurs du marbre sont imi-
tées à l'aide de pâtes colorées. On le polit,
quand il est sec, avec de la pierre ponce,
du tripoli, et on finit par lui donner le
lustre avec de l'eàa de savon, puis de
rbuile. Z.
STURLUSON, voy. Shorro.
STUTTGART. Cette ville, capiule
du royaume de Wurtemberg [vny.)^ et
résidence du roi, est située à 759 pieds
au- dessus du niveau de la mer, sur les
bords du Neaenbâch, au fond d'une char-
(513) STU
mante vallée q^ui s'étend jusqu*à KanU-*
stadt, à une demi -lieue du Neckar et à six
lieues de Tubingue, entre des coteaux
couverts de vignes et d'arbres fruitiers. La
plus belle partie de la ville se compose
des deux faubourgs dont les rues f e cou«
peut à angles droits. On y compte aujour-
d'hui environ 40,000 âmes, y compris la
garnison. Stuttgart est lesiége de toutes les
administrations du royaume et de tous les
tribunaux, à l'exception de la cour su-
prême d'appel qui réside à Tubingue, et
du premier sénat du collège suprême de
justice, qui est établi à Essling. Le nou-
veau château, édifice vraiment royal, en-
touré d'un beau parc, la chancellerie, le
gymnase avec son observatoire , leâ trois
églises évangéliques , la chapelle catho-
lique, l'église prolestante française, l'é-
glise des casernes et celle de la maisoa
des orphelins, l'église réformée, des pla-
ces publiques magnifiques, le Lusthaus^
près de l'ancien château, avec sa salle
d'opéra, le cabinet d'histoire naturelle,
celui d'objets d'art et celui des médail-
les, l'hôtel de ville, les casernes et le
Grabeny la plus belle rue de cette capi-
tale, attirent également l'attention des
voyageurs. On y trouve des fabriques de
bas, de soieries et de rubans; on cultive
la vigne dans les environs, et le commerce
n'est pas sans importance. Cependant ce
qui donne surtout du mouvement à la
ville, c'est le séjour de la cour. Chaque an-
née, il s'y tient une grande foire, établieen
1776. Son université, autrefois célèbre,
devait son origine à l'institut de la Soli-
tude, qui comptait, en 1772, 400 élèves
nationaux et étrangers, et qui, après
avoir pendant deux ans (1773-75)
porté le nom d'académie militaire, è
cause de la discipline qui y avait été in-
troduite, fut transporté à Stuttgart et
installé dans un magnifique bâtiment.
La bibliothèque royale est une des plus
riches de l'Allemagne, surtout en ouvra-
ges hbtoriques. On y compte 200,000'
volumes dont 12,000 Bibles provenant
des belles collections de Lorch et de Pan-
zer. La bibliothèque particulière du roi
est remarquable aussi par les manuscrits
et les ouvrages précieux qu'elle renfer-
me. Stuttgart possède en outre une aca-
démie et une école des beaux-arts, une
Eneyelop. d. G. d. M. Tome XXI,
3S
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STY ( .5
école forestière, une école véAérîuaire,
un gymnase, un jardin botanique, uo
théAire, un institut topographiqae et
statistique, etc. Résidence des comtes de
Wurtemberg depuis 1320, Stuttgart de-
vint, en 1482) ta capitale de leurs pos*
sessions.
A quelque dîstauce de Stuttgart s'é-
lève sur une colline le joli château de
la Solitude, où l'on remarque surtout la
salle à manger, la belle salle des lauriers
et des concerts, les nouvelles écuries, les
bâtiments de Tancienne académie mili-
taire, Popéra, le jardin, la ménagerie, les
bâtiments chinois, Torangerie et la cha-
pelle consacrée, sur le Rothenbourg, à la
mémoire de la reine défunte, née grande-
duchesse de Russie. Foir Memminger,
Stuttgart et Ludivigsbourg (Tubing.,
1817). CL.
STYLE, manière d'écrire. Les Grecs
appelèrent une colonne 9tOàoc • comme
ils eurent ou du moins connurent des
colonnes avant récriture, ils donnèrent
métaphoriquement le nom de trxxtXoç à
l'espèce de petite colonne ou de forte ai-
guille avec laquelle ils traçaient les let-
tres sur des tablettes enduites de cire ,
puis ce même nom de styie , par méto-
nymie de Tinstrument, à la manière dont
les pensées étaient exprimées au moyen
des caractères. Cest de ce sens figuré que
Ton traite dans la 3* partie de la rhéto-
rique , Véiocution {vojr. ce mot).
Il n'y a qu'une opinion chez les gens
de goût sur Timportance du style. Le style
prête aux choses un lustre^ un agrément,
une valeur qu'elles ne sauraient emprun-
ter d'elles-mêmes; il donne à tout et la
vie et la force et cette fienr de jeunesse
que le temps ne peut flétrir. « Les ou-
vrages bien écrits, dit Buffon, seront les
seoisqui passeront à la postérité. La quan-
tité des connaissances, la singularité des
faits, la nouveauté même des découver-
tes, ne sont pas de sûrs garants de l'im-
mortalité : si les ouvrages qui les contien-
nent ne roulent qu^sur de petits objets,
s'ils sont écrits sans goût, sans noblesse et
sans génie, ils périro ut, parce que les con-
naissances, les faits et les découvertes s'en-
lèvent aisément, se transportent, et ga-
gnent même à, être mis en œuvre par dea
nuôna plus habiles. Cm choaet tout hors
14) STY
de l'homaie,lfst vie est l'homme même. »
Oui, le style est Tbomme même dans tout
les écrivains supérieurs, et ce sont \m
seuls qui comptent : leur style est le plus
sûr indice de ce qo'ont fait pour eux l'art
et la nature ; leur âme se reflète et s'é-
panche et s'exprime dans le discours, qui
révèle, si l'on peut parler ainsi, la consti-
tution intellectuelle et morale. Nous ne
croyons pas avec l'éloquent naturaliste
que le style ne soit a que Tordre -et le
mouvement qu'on met dians ses pensées» »
Pour nous, il est la forme de la pensée
et du sentiment. De là cette variété de
caractères qu'il revêt dans les littératures
des différents peuples, dans les diverses
phases de ces littératures, dans les eeu*
vres si fortement nuancéesi si orifineles
des vrais génies.
De l'observation de ces caractères spé-
ciaux, qui donnent à chaque nation et à
chacun de ses grands hommes une phy-
sionomie propre, un stylea part, on passe
aisément à des remarques sur certains
caractères généraux que le style doit avoir
selon les sujets et selon les genres. Les
anciens avaient groupé tous les styles dans
les trob cases de cette division : style
simple ^ siy\t sublime ^ style tempéré ,
c'est-à-djre mixte. Mais l'âme humaine
est si mobile, elle a dans un si court es-
pye des sentiments si opposés, que le
^yle, en les r<sflétant , change incessam-
ment de caractère , et que ses nuances,
aussi rapides qu'infinies, rendent ladivi-
sion des rhéteurs tout-à-fait inutile dans
la pratique. Quoi qu'il en soit, toutefois^
du nombre des caractères et de l'infinité
des nuances, on en a saisi quelques- ans
des plus remarquables , et les observa-
tions qu'on a faites pour en démonti%r
l'importance serviront toujours aia étu-
des sur le style.
Ainsi l'on a senti la différence qui doit
exister entre l'expression de la passion et
celle de la raison , entre la langue du
poète et celle du prosateur. On n'a pas
cru que les inspirations lyriques, aue les
récits épiques , que l'action da oreesey
que les plaintes 4« l'élégie^ que les invec-
tives de la satire , etc., ne dussent avoir
qu'un mode poétique^ QU^un même toOi
qu'un même style. On ne pas cru qu'une
seule manière oonrlut % VétofoeDcei à
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STÏ
(*ti)
âTV
rhîtloiM, k la philofO|llM«(vo)r, toiuoei
noms). La grande loi dç la convcftanèe
eûl été violée, et les sublimes instincts da
génie Tentralnmot tout d*abard dans iea
véritables ypie?.
Ces v#iaft explorées ont montré la sour-
ca du style dans les pensées et les senti-
ments, dont il emprunte toutes Vs qua*
lités : par eux il a simplicité, naturel,
naîvfîté , délicatesse , grâce, finesse, élé-
gance^ facilité, richesse, éclat, magotfi»
qince, force, énergie, véhémence, «ubii-
mile, variété, eto.^ par eux aussi le slyle
a tous les défauts opposés : il est enflé,
recherché, forcé, bas, trivial, campant,
péfMble, sec, lâche, éi(fus,etc. Leàutà
%iteiodre étant toujours la raison des
moyens qu'il faut employer, on a jugé
que la première règle pour Téorivain,
c'est d'éir» clair : prima Tirius perspi^
cuitas ( Quint.J; que pour être clair il faut
être correct î que la conrection seule fe-
ndit éviter des fautes, sans créer des beau-
tés ; qu*il fatK donc, pour rendre le mieux
possible le résuKat de sea méditaliona,
une connaissance approfondie ile ta fan-
giie, du génie qui lui est propre* de ses
ardiesses naturelles, denses répugnances
instinctives, di>genre d'harmonie qu'elle
aime, du degré de concision qu'elle ad-
met, des effets de sons efr de formes
qu'elle f epousie« Les remarques que l'on
a faites également sur le êiyie pérîodiqâe ^
et sur le style coupé ont indiqué les cas
où l'un est préférable à l'autre, et appris
è les mélanger savamment, en suivant
iFimpulsion que donnent et la successiaii
des pensées de l'intelligence et la variété
des émotions du cœur. A toutes les ob^
senfatioos faites en vue du succès , il lani
ajouter la reooiniuandation de Quin^-
tilien, répétée par tous les maîtres, sur
la nécessité des scrupules et de la len-
teur dans le travail quand on commence
è se former le style j car ce qu'il faut
obtenir-, c'est d'écrire le mieux possi^
ble : obtinendwH W ui qmm optinu
scribamus. En écrivant vite, on n'épta
prend point à bien écrire ; maia en écri-
vant bien, on apprend à écrire viteicilà
4cril^endo non fit m ^^nè êctiàatmr;
henéscribendo^i uf ci6(Q»«t.t X, 8).
f^or» PaosB.
Dana les batui-arM^ «urér «'«mplM
par antaaitciii pour ht manière de com*
poser iri d'exéctMev particulière à chaque
artiste, et même pour le caractère de sa
composition (wjy. Gmrt^ peinture d'His*
TOiaB,etc. ). £o .chronologie, vieux
stfh signifie la manière de supputer le
leiups avant la réforme du calendrier par
Grégoire XIII; nouveau stytey la ms-
nière dont on a compté depuis [voy. Air-
HÉB, T. P*", p. 789). Eo jurisprudence,
styit se prend pour les formules des actes
judiciajref, et pour la manière de pro-
céder devant les divers tribunaux. Style
se dit encore figurément et familièrement
de la manière d'agir et de parler. C'est
ainsi que G. Dandin s'écrie dès son entrée
en scène: « Je oonnois \% style des nobles
lorsquMls nous font, ikIus autres, entrer
dans l«ur famille, » J. T'-v-s.
STYLE (bot.), voy. Fliub.
ftTYLITES, dugrectTTOXoctfo/o/t/itf,
espèce de soliuires qui s'imaginaient se
rapprocher du ciel en passant leur vie sur
le haut de colonnes, uniquement occupés
d'exerckesde pi\té; genre de macération
qui leur a valu une grande réputatipn
dia aainteté. Le premier stylite fut Si-
méon, de Syrie; son exemple trouva bien«
tôt de nombreux imitateurs en Orient,
surtout dans les déserts de la Thébaîde.
En Occident aussi, on essaya d'introduire
cette singulière dévotion ; mais l'évéque
de Trêves fut assez sage pour faire des-
cendre de sa colonne le moine Vulsilark,
qui le premier le tenta. Dans l'Église
grecqtie, au contraire, il y avait encore
des stylites an xii^ siècla. Z.
AT YLOB AT£ , voy. Piédestal.
4T YPTIQUEy astnngant, ce qui ras*
a#rra et arrête le sang, du grec crruf &>, je
raaseffM, eontracte, épaissis.
BTYBIB, province de l'empire d^Au-
triohe, qui tire son nom (en allem. Steier'-
murJn) du margraviat de Styre ou Sieier^
dans le ^ysau^destus de é*Enns.
i^ Géographie et itatistf^ue, Com-
prîso entre U h^ 64' et le 47* 50' de
lat. N.,otentra lagl* 11' et ^34» 4' de
long* or., bornéa au nord par l'arcbidu-
dhé d'Autrkke, à IV^uest par le Salzbourg.
et la Cariiuhie, au sud par la Garnlole
el la Groatia, è l'est par la Hongrie, la
Styiia ofir* une surftioe d'environ 400
■nllaauBpr. Qéogr«, dont la population,
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STY
(«!«)
StY
«il 18S4, était de 960,613 faaà>«, 4'oA-
gine allemaiide et tUYoniie, répifîls dUiw
SO villes y 90 bonrgt, 6,^89 vilUges, et
professant en grande majorité la religion
catholique. Le pays se divise en hante et
en basse Siyrie : la première comprend les
cercles de Judenbourg et de Brnck; la
seconde cens de Grsiz^ de Marbonrg et
de Cilly. La basse Styne est assaa plate;
U température y est douce, et le terri-
toire fertile. La haute Styrie a un climat
plus rigoureux et un soi peu productif ,
étant couverte de hautes montagnes dont
les poinU culminants, l'Eisenhnt et le
Griming, s'élèvent l'un à 7 , 67 6, et Tautre
à 7,400 piedè au-dessus du niveau delà
mer. Ces niontagnes, prolongement de la
chaîne principale des Alpes, renfoment
une grande quantité de lacs, dont les
plus considérables sont ceux d*Aus, de
Grundel et de Tnrrach. Les rivières
principales de la Styrie sont la Mur, qui
la traverse dans toute son étendue, la
Drave, la Save et TEnns; toutes quatre
portent au Danube le. tribut de leurs
eaux et de celles de leurs innombrables
affluents. Les souroas minéraleB sont
nombreuses : nous ne citerons que celle
de Neuhaus, de TûfTer, de Sauerbrun-
nen,de Sulzleiten, d'Einosd, deRohitsch,
et le Tobelbad près de Grstx* Les mon-
tagnes sont habitées par uB grand nom-
bre de chamois et d'oiseaux de proie.
Les chapons de la Styrie, surtout ceux du
cercle de Gnetz, sont renommés et s'ex-
pédient au loin pendant l'hiver. Les lacs
et les rivières nourrissent des poissons
excellents, entre autres des truites et des
aloses. La végétation est riche et vigou-
reuse dans le midi ; les vallées, de la
Raab , de la Sulm , de la Kainach , de
la Lasmitz ^t de la San sont très fertiles.
On évalue à S,S06,606/ocA/(de67 ares)
au moins l'étendue du domaine agri-
cole; 1,507,214 yocA/ sont en forêts,
588,869 en pâturages , 486,984. en
champs ensemencés, à )>eu pires autant en
prairies, 50,758 en vignes. En 1834, on
récolu, d'après les rapports officiels^
3,862,687 metzen (le metzen vaut 61
litres ) de fromeqt , de blé et de mais,
3^002,213 d'avoine, 127,604 d'orge,
830,488 eimer (l'eimer vaut 56 litres)
1,820,284 tcdsesdebois.Lavaleardetotia
ces ptflodnits a été évaluée à 86,028,427
fl. de convention. Les vins les plus estt*
mes sont oênx de Luttedberg, de Rad-«
LeidMurg , fie Gonoviriiz , de Saorilsch
et de Hann. Outre la vigne, les Styrie ns
cultivent le lin, le chanvre, le' trèfle, le
houblon^ et surtout une grande quantité
de fruits dont ils tirent d'excellent cidre.
Cependant leur principale ricbesse, ce
sont leurs mines de enivre, de plomb ar«
gentifère, de fer, de soufre, de zinc, de
cobalt, de sel, de charbon de terre. On
évalue à 286,000 quintaux le produit
annuel des mines de fer, et à 160,000
quimaux celifti des mines de sel. La Stjr-
rie possède de nombreuses forges, ainsi
que des fabriques de salpêtre, de vitriol,
de pondre, de grès, de verre, %t quelques
manufectureade cotoM, de dra^, de soie.
Le mouvement commen:ial d*fm porta-
lion et d'exportation s'élève annuelle-
ment à 3 millions de florins; encore le
commerce extérieur est-il peu considéra-
ble en raison du commerce de transit en*
tre Vienne, Trieste, la Hongrie et l' Autri-
che. Ala tête de l'administration civile est
un conseil appelé gubemium impérial,
et présidé par un gouveftoeur. Un com-
mandant général dirige tdutes les ajfaires
militaires. La justice est organisée comme
en Autriche, si ce n^est que la cour d'ap*
p^l siége<è RIagenfurt. Sous le rapport
ecclésiastique, hi Styrie est divisée en
trois diocèws, ceux de Seckau, de Léo-
ben et de Lavant, avec un chapitre et un
séminaire. Les protestants n'ont que trois
pasteurs. L'instruction publique compte
une iinîversité, deux écolaade théologie,
quatre gymnases, l'institut de Joannenm,
63 1 écoles^ élémentaires et 57 3 écoles de
répétition.
2^ Histoire. Du temps des Romains,
la partie orienule de la Styrie apparte-
nait à la Pannonie, et l'occidentale au
Norique. Ce pays é^ait déjs célèbre par
son fer et son ader, ainsi qne par ses
troupeaux. Plus tard, l'industrie fit des
progrès dans les ^lles de la hante Sty^
rie, surtout à Celeja (Cilly) et è Pettovio
(Pettau). Le christianisme y trouva de
bonne heure des prosélytes, et se répan-
dit si rapidement qu'on jugea bientôt
de vin, 8,560,840 qnjnuux de foio, el I néeessahre d'élafaUr des i§vêcbés dans cet
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STY
(«17)
STY
i vilies. Pendant îa grande migralioii,
^ Visigoths, \m Hiios, les Ostrogolht,
les Rugiens, les Hérules, les Lombards,
les Francs et les Aigres oceopèrent suc-
cessivement k pays. Dans le vi* siècle,
quelques tribus slavonoes, à qui les Ava-
res avaient permis de s'y établir comme
tributaires, se soulevèrent contre leurs
oppresseurs, sous la conduite de Samo,
et les cbassèrem de la Styrie; mais ils ne
purent longtemps résister à leurs atta-
ques, et ils se virent obligés d'appeler à
leur secours les Bavarois. Après la dé-
faite du duc TassiloB, Charlemagne, de-
venu maUre de la Styrie, la partagea en-
tre plusieurs comtes. Sons ses successeurs,
ce pays eut beaneoup à souffrir des divi-
sions intestines de ses gpuverneurs et des
invasions des fioulgarea et des Magyares,
dont le délivra enfin k victoire rempor-
tée par Tempereur Othon T^, dans la
pitine du Lecb, en 955. La Styrie fut de
nouveau divisée en comté» «ous la sou-
veraineté des ducs de Bavière et de Ca-
ri otbie. Parmi ses comtes se #rent re-
marquer, par rétendue de leurs posses*
sions, les comtes de Traungau. L'un
d'eux, Ottokar r% bâtit au confluent de
laSteier etrieTEnns, le château deStyre,
dont sa famille et le pays même prirent
le nom. La maison de Styre s'éteignit
en 1 1 92, dans la ligne masculine, en la
personne d'Ott^kar n,qui avait été élevé,
en 1 180, à la dignité ducale, et qui, pat'
son testament, institua pour son héritier
Léopold YI d'Autriche. Ce dernier s'é-
tait euga§é solennellement à respecter
les libertés des Styriens ; mais Frédéric-
le^elliqueuz n'eut aupuo égud à cette
promesse de soo aïeul, et son despotisme
força les habitants a recourir à Témpe-
reur Frédéric II, qui leur rendit toutes,
leuirs franchise^ et leur enr accorda mâme
Je nouvelles. L'extÎDcdon de la maison
de Babenberg (voy,) et l'iBlerrè|^ qui
suivit la mort (Te Frédéric II pl^qgèrent
la Styrie dans une anarahie k laquelle
Rodolphe de Habsbourg mit étofin un
terme «en donnant, à la diète d'Augs-
bourg (t282), le duché de Styrie & S09
fib Albert* , comme fief hérédTitkire de
r£mpire« Lors du partage qiu se fit, en
1379, enti« les de«r fils d'Albert IL la
Styrie éohn^4 U«>pold m, dit le Pieux.
Un nouveau partage eut lieu, en 1411,
entre les fils de ce dernier, Ernest et Fré-
déric. Ernest obtint la Styrie, qui fut
divisée encore une fois, en 1433, entre
ses fils Frédéric Y et Albert VI : le pre-
mier garda la Styrie, a laquelle, pendant
son long règne de 69 ans, il réunit suc-
cessivement toutes les autres possessions
de la maison de Habsbourg, à l'exception
du Tyrol. Son successeur , Maximilien,
délivra le pays des ravages des Turcs, et
se montra protecteur éclairé des arts et
des sciences. Il parvint à apaiser, non
sans verser des torrenU de sang, une in-
surrection de paysans windes, qui, sons
prétexte de recouvrer leurs anciens pri-
vilèges, s'étaient avancés, au nombre de
80,000, jusqu'à Leibnitz, et avaient exer*
ce des cruautés inouïes sur leurs sei-
gneurs. Son petit-fils Charles-Qnint lui
succéda ; mais il abandonna bientôt à son
frère Ferdinand V^ la Styrie, qui, sons
son gouvernement,se vit presque en même
temps menacée au nord par les paysans
révoltés (1525), et au sud par les Turcs
(1528-32). L'intolérance religieuse et
les persécutions vinrent ajouter encore à
ces calamités, sous Charles II qui succéda
à Ferdinand en Styrie, et achever la ruine
de ce malheureux pays. Les doctrines des
réformateurs allemands avaient été adop-
tées en effet avec empressement par la
plus grande partie des habitants de la
Styrie; elles étaient préchées et ensei-
gnées publiquement dès 1530, et, à la
diète de 1547, le baron Jean Hunyade,
à la tête des populations , avait énergi-
quement réclamé la liberté de conscience.
Mais cette liberté dut être achetée par de
longues souffrances, et si Charles U se
décida enfin à l'accorder, en 1575 et
1578, aux assemblées des ÉtaU de Bruck,
ce ne fut que contraint par la nécessité.
L'Église protestante comptait alors 73
communautés. Favorisée par l'absence de
Ch'kries et par l'établissement de l'uni-
versité de Graetz, elle continua è faire de
si rapides progrès, que le duc crut de-
voir recourir aux jésuites, et atitoriser sa
femme, Marie de Bavière, à prendre tou-
tes les mesures nécessaires pour opposer
une digue au torrent. Ferdinand II, di-
gne fils de cette princewe par son fana-
^ tistfie, suivit si.bi^ son exemple, que
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STY
(5là)
SUA
eéilt BUE après l'apparition dU prolestan-
ihtùe en Styrie, il d*ea restait presque
pins dé traces. Soutenu par Tannée, il
abolit l'édit de son père sur la liberté de
conscience, et ordonna aux États de chas*
ser, dans Pespace de quatorze jours, tous
les ministres. Les protestants qui ne vou*
larent point renoncer à leur croyance
ful-ent contraints d'abandonner leurs
foyers. Plus de 30,000 émigrèrent ; d'au-
tres abjurèrent; quelques-uns feignirent
de renoncer à leur toi , mais ils la con-
servèrent précieusement au fond de leur
co6ur, et se la transmirent de père
en fils, jusqu'à ce que Tédit de tolérance
de Joseph II leur permit de la manifester
an grand jour. La violence de ces mesures
brisa la force des États, détruisit la pros-
périté du pays et sacrifia ^ culture intel-
lectuelle aux intérêts des jésuites. E.-H-G.
8TYX. C'était, dans l'ancienne cos-
mogonie d'Hésiode, le nom d'une nym-
phe, fille de POcéan et de Téthys. Il fut
donné pins tard à un fleuve des enfers.
Une fontaine d'Arcadie, appelée Styx,
épanchait une eau tellement froide et
imprégnée d'un poison si subtil , que
Bon-senlement elle donnait la mort aux
hommes et aux animaux, diais qu'elle
brisait tous les vases, à ^exception de
ceux faits avec de la corne de cheval.
Quelques auteurs placent cette fontaine
en Egypte, d*autres en Italie, près du
lac Averne. Quoi qu'il en soit, ces pro-
priétés malfaisantes firent considérer le
Styx comme une émanation des enfers,
et les poètes l'entourèrent d'attributs
sombres et terribles. Le nom du Styx,
ce fleuve infernal qui, selon eux, faisait
oeuf fois Ito tour du ténébreux empire,
l'associait dans l'esprit des païens à l'idée
des châtiments réservés aux méchants-et
aux parjures. C'est dans ses eaux infec-
tes que les Grecs plaçaient les traîtres et
les calomniateurs. Jurer par le Styx était
le plus solennel des serments. Les dieux
mêmes n'osaient l'enfreindre sons peine
d'être condamné» ï boire Peau léthargi-
que du fleuve, et privés pendant neuf
années de la céleste*'ambroisîe. On re-
présentait le Styx sous la figure d'une
femme vêtue de noir, s'appuyant sur
une urne dont Peau s'écl^appe i pei-
M» ▲. B.
SÙARD ( Jean-Baptiste- ANToiKE)f
écrivain français estimable et critique
judicieux, meyibre de PAcadémie-Pran*
çaise dès 1772, secrétaire perpétuel de
la 3« classe de l'Institut en 1 803, et main-
tenu dans œtte fonction locs de la réor-
ganisation de l'Académie en 1816, était
né à Besançon le 15 janV. 1734, et mou-
rut à Paris le 20 juillet 1817. Après
avoir expié, à l'âge de 19 ans, par 18
mois de détention aux Iles Sainte-Mar-
guerite, son refus de faire connaître les
acteurs d*un duel dans lequel il avait
servi de témoin, il vi^ à Paris pour j
suivre la carrière des lettres. Parmi ses
premiers essais, nous citerons sa Lettre
écrite d^ l'autre monde par l'^d, D. F,
[l'abbé Desfontaincs] à M, X [Fréron],
1764, in -80, et ses Lettres critiques
sur les divers ouvrages périodiques de
France y publiées avec Deleyre (Amst.,
1758, in-12;. Lié d*amitié avec l'abbé
Aroand, ils fondèrent ensemble.le Jour"
nal étranger y dont le succès ne répon-
dit pas à leurs efforts, mais auquel ils
durent vraisemblablement la proleclioa
du duc de Choiseul, alors ministre, qui
leur fit avoir la rédaction du journal of-
ficiel la Gazette de France avec 10,000
liv. de traitement, et qu'il conservèrent
jusqu'à la chute de leur protecteur. Ils
reprirent alors leur premier journal, qni^
sous le titre nouveau de Gazette litté-
raire de tEurope (^i 7 14^66 y 8 v»l. in-
8^), compta encore deux années d'exis-
tence. Les débuts de Suard dans la car-
rière des lettres avaient été pénibles,
mais dès lors il prit ra'ng parmi leScriti-
qnes les' plus estimés de Pépoqae, en
mémojtenxps que ses qtialîtés personnelles
lui gaghèi«nt une foule d'amisj Bufibn
"même s'intéresse pour lui auprès de
Paockoucke qui lui accoiHa sa sœur^ eo
mariage. Un voyage qu*i1 êi eb A«»gleteiT«
l'ayadt mis en relat ion av^ le célèbre Ro-
bertsb«,'{l entreprit la trad^^e'spn WS'
ioire de^ Charles* Quint ^1771 et ann.
suiv., 6 vol. in-12 ou 2 vol 1n-4**; réimpr.
avec corrections en 18 1*6 et 182$, 4 vol.
in- 8^), dont le succès mérit^ Vengagea
à publier différents tn^vaux du môme
genre, tels que la trad. ae VÇi^toire de
*t Amérique du même auteur (avec Mo-
Véllet, 1778, 2 vol. in-^j %t en 1818,
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s-
3 vol. iii-8% avec deux livres nouveaux <
trad. par Morellet) et celle de la Vie de
Daçid ffumeécrhe par lui-même (1777^
ÎD-13). De 1774 à 1790, Soard fut aussi
chargé de la censure des pièces de théâ-
tre, et il 8*acquitta, dit-on, de cette tâ-
che délicate avec autant de modération
que d'impartialité. « Suard, dit M. Ro-
ger, son successeur à TAcadémic-Frau-
çaise, n'avait nul penchant pour le gou-
vernement absolu. Il aimait la liberté,
mais cette liberté décente, bien ordon-
née, qui a ses limites ainsi que le pou-
voir. » Aussi ne dévia-t-il de ces prin*
cipes, ni sous la république, ui sous
Pempire. Publiciste indépendant, il bra-
va souvent tes plus grands dangers.
Poursuivi au 13 vendémiaire (1795),
proscrit au 18 fructidor (1797), il ne
rentra en France que sous le gouverne-
ment consulaire, et reprit la publication
de ses Nouvelles politiques , nationales
et étrangères (janv. 1793 au 3 sept.
1797) sous le titre du Publiciste. La sup-
pression de ce journal fut ordonnée par
l'empereur en 1810. Mats, à son retour,
Louis XVIII récompensa Suard de son
opposition au gouvernement impérial par
le cordon de Saint-Michel. Outre les ou-
vrages que nous avons cités, Suard est
encore auteur d'une foule de notices
biographiques ou de morceaux de litté-
rature que l'on trouve réunis en partie,
avec des écrits dus à d'autres plumes,
dans ses Variétés littéraires ( 1 769, 4 vol.
in-12; 1804, 4 vol. in-8o)et $t% Mé-
langes de littérature (1803-5, 5 vol.
in-8^). « Son esprit, dit M. Roger,
qui ne semblait que fin et délié, avait
de l'étendue et de ta profondeur. Cette
raison droite et ferme, qui réglait toutes
ses actions et sa plume, et qui leur don-
nait une apparence de roideur, n'excluait
Îtoint en lui les illusions et les plaisirs de
'imagination... Bienveillant pour tous,
il l'était surtout pour les jeunes gens qui
avalent besoin de conseils et d'appui...
L'amitié reçut de lui une espèce dé
:ulte. » Pour plus de détails sur la vie et
ïs écrits de cet écrivain estimable, on
eut consulter VEssai de mémoires sur
f. 5tt/irtf (1820, in-12) par sa veuve,
les Mémoires historiques sur Suard
ême année) de Garât. Em. H-c.
SUBHAST ATION, vctf. EircâN.
SUBJECTIF, Objectif, qui a rap-
port au sujet, qui a rapport à l'objet;
adjectifs employés par les philosophes
modernes pour désigner ce qui est in-
time, interne, et ce qui est extérieur,
externe. Ainsi le subjectif est tout ce qui
est identique au sujet connaissant, ou le
moi ; l'objectif, tout ce qui ne lui est pas
identique, ou le non-moi; en d'autres
termes, le subjectif ou la réalité subjec-
tive n'est que le sujet, le principe intel-
ligent, sensible et volontaire, l'âme hu-
maine; l'objectif ou la réalité objective,
que l'objet, le non- moi matériel ou im*
matériel. Ces termes nouveaux ont été
préférés à intérieur, extérieur, interne,
externe, parce qu'ils ne présentent pas
aussi clairement une image matérielle, et
l'on a forgé les mots de subjectivité et
à*oèjectivité pour désigner l'ensemble
des propriétés ou qualités subjectives et
des propriétés ou qualités objectives. Le
subjectif est le fondement de la psycho-
logie.
En théologie, on dit que Dieu est no-
tre béatitude objective^ pour signifier
que Dieu est le seul objet qui puisse faire
notre bonheur.
L'aeàlbétique emploie les termes de
subjectivité et d'objectivité dans un sens
analogue à celui que leur donne la phi-
losophie. L'œuvre de l'artiste est due tout
entière à ses facultés subjectives; c'est à
leur foyer que l'idée en a été conçue,
c'est là qu'elle s'est fécondée, c'est de là
qu'elle a jailli, marquée du sceau de sa
personnalité la plus intime : cette œuvre
est objective pour qui la contemple, mê-
me pour son auteur, soit qu'elle imite
fidèlement la nature , et reproduise les
formes qui nous sont connues, soit que,
par tes voies sublimes de l'idéal, elle
s'élève à la plus haute originalité. Hegel
insiste avec raison pour faire reconnaî-
tre comme la principale objectivité dans
l'art cette dernière espèce, celle de l'i*
déal. Nous renvoyons à son Cours, tra-
duit récemment par M. Bénard. J.T-v-s.
SUBJONCTIF, voy. Vbrbe.
SUBLE¥IIAS (Pierre), peintre, né
à Uzès (Gard), en 1699, reçut de son
père les premiers éléments du dessin, et
fit des progrès rapides dans cet art. Après
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avoir passé quelques aonées dans l'atelier
d'Autoioe Rivais, à Toulouse, il peignit
pour une église de cette ville un plafond
très remarquable. Il vint ensuite à Paris,
où il acheva son éducation artistique sous
les meilleurs maîtres de l'époque. En
1728, il remporta le premier prix de
peinture et fut envoyé à Rome comme
pensionnaire du roi. Subleyras fit dans
cette capitale des arts une brillante for-
tune, et exécuta entre autres, pour l'é-
glise de Saiut-Pierre, un grand tableau
qui représente S, Bazile célébrant les
saints mystères. Mais l'excès du travail
finit par altérer sa santé, et il mourut à
Rome,le3S mai 1749, dans toute la force
de son talent. Il avait épousé, dix ans
auparavant, Marie-Félicie Tibaldi, habile
peintre en miniature. Subleyras fut fort
estimé de ses contemporains; mais la
postérité ne lui a peut- être pas rendu
toute la justice à laquelle ses grandes qua-
lités artistiques, et notamment la science
de sa composition et la vigueur de son
coloris, lui donnent droit. Un de sei
meilleurs ouvrages, la Pécheresse es^
suyant les pieds de Jésus- Christ^ ap-
partient à la galerie de Dresde. Le mu-
sée du Louvre possède huit tableaux de
Subleyras. A. B.
SUBLIMATION , opération chimi-
que par laquelle les parties volatiles d'un
corps, élevées par la chaleur du feu, s'at-
tachent au haut du vaisseau qui les con-
tient Le produit de cette opération s'ap-
pelle sublimé; on se sert surtout de c«
mot pour désigner certaines préparations
du mercure {voy,) comme le sublimé
douXy le sublimé corrosif. Les produits
chimiques, qu'on nomme vulgairement
fleurs ^ résultent aussi généralement de
la sublimation. Z.
SUBLIME {sublimis^ de sub limine^
sous-entendu Olympia ce qui est le plus
près de l'entrée du ciel, le plus loin de
la terre , le plus élevé) ne se prend en
françab qu'au figuré ; il se dit des choses
morales et Intellectuelles : ^énie subli-
me , vertu suùlime , etc. Employé sub-
stantivement, il désigne tout ce qui nous
cause le plus haut degré possible de sur-
prise, d'admiration, de ravissement, he
sublime, quoi qu'on en ait dit, n'est pas
le superlatif du beau. Voyez la plus belle
fleur : pouvez- vous la qualifier de aa«
blime? Non, car elle ne cause pas le genre
d*émotion que ce mot désigne. Le senti*
ment du beau et celui du sublitte, dbnt
l'un porte à l'amour, l'autre à une sorte
de terreur, n'ont pas une différence de
degrés, mais de nature; ib sont simples
et de leur espèce. S'ils nous mettent dans
des dispositions particulières à l'égard de
leurs objets, nous nous sentons encore,
au moment où nous les éprouvons, dans
certaines dispositions générales que Jouf-
froy ne fait, dit-il , qu'indiquer dans ce
passage : « Il me semble que le sentiment
du sublime réveille en nous tout ce qu'il
y a de grand, de noble, de sérieux dans
notre nature; il nous élève au-dessus de
nous-mêmes, et nous dispose ao mépris
de ce qui est vil, aux généreux sacnficea
et aux vertus sévères : le sentiment du
beau excite au contraire toutes les affec-
tions bienveillantes de notre cœur; il
nous dispose à l'amour, à l'amitié, aux
sentiments aimables, aux passions dou-
ces. Le premier amène avec lui lesîdéet
graves, tristes, religieuses; le second, les
idées agréables, vives, gaies. Le sentiment
du sublime nous fait rentrer en nous-
mêmes; il nous jette dans la méditation
et la rêverie ; le sentiment du beau noua
distrait de nous-mêmes, et nous porte à
l'action et à la vie extérieure ; il tend à
se répandre au dehors ; il est abondant
en paroles , tandis que le sentiment dn
sublime est recueilli, silencieux et muet:
aussi peut-on dire avec quelque vérité,
que celui-ci est solitaire, et l'autre social.
J'ajouterais volontiers, si l'on voulait me
passer l'expression, que le plaisir du beau
est plus sensuel, et le plaisir du sublime
plus pur; je ne sais même si le mot
de plaisir convient bien à ce sentiment
sévère que nous éprouvons à la vue du
sublime; sentiment qui nous attache for-
tement, il est vrai, et plus fortement que
celui du beau, mais qui, dn reste, n'a rien
de commun avec lui. » Si ce n'est là
qu'une indication , elle est féconde, et
s'accorde avec les théories de fiurke,
de Kant et des plus habiles auteurs d'aes-
thétique. Les objets sublimes, dit Burke,
sont grands dans leurs dimensions, les
objets beaux sont comparativement pe-
tits J la beauté est unie et polie, le sqblioie
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mde et liégligé; la hmànié iak k ligne
droite, mab s^en éloigne par des dévia-
tions insensibles, le sublime en plusieurs'
cas s^atlache à la ligne droite ou s'en
écarle par des saillies fortes et pronon-
cées ; Tobscurité est ennemie du beau,
le sublime se couvre d^ombres et de té-
nèbres; enfin la légèreté et la délicatesse
s'unissent à la beauté, tandis que le su-
blime demande la solidité et les masses.
Il faut, selon Kant , qite le sublime soit
toujours grand , le beau peut s*étendre
è de très petites choses ; le sublime doit
éH-e simple, le beau soufire la parure et
les ornements; les limites sont insépara-
bles du beau, le sublime peut être illi-
mité, et le.plaisir qu'il procure est accru
par Tabsence même des limites. Quand
nous disputerions sur les détails, force est
de convenir que les traits dislinctifs du
sublime et du beau sont bien saisis dans
les citatioM précédentes.
Le sublime nejaillitquedetnatures pri-
vilégiées, toutes- puissantes, souveraines^
presque di\ines; sa source s'alimente de
grandes pensées, de grands sentiments»
et, pour parler comme Lon^, le subli-
me est le son que rend une gcande âme.
Après ce qui précède, nous n'expose-
rons aucun des sysismes que 4'on a ima-
ginés sur le sublime; nous ne relèverons
pas la confusion qu'ont faite du sublime
et du beau la plupart des critiques fran-
çais. Nous dirons seulement que, par
suite de la division du stjie (voy,)€n trois
genres, on a regardé comme smiiimc c»>
lui qui n'était ni simple^ ni tempéré^ et
qu'en conséquence oft a déclaré écrites
en stylesublime des choses qui n'étaient
pas sublimes. Par contre, le vrai sublime
s'est exprimé souvent avec une simplicité
qui rendait plus transparente sa vertu
native. Il est facile de reconnaître que
tout artifice de langage est impuissant à
donner le caractère de sublimité; et ce
caractère, quaud il existe, soit dans cer-
tains aspects de la nature physique, soit
dans les pensées et lessentfments tirél des
situations humaines ou des rapports qui
se révèlent à Tâme en commerce mysté-
rieux avec l'infini, ce caractère, dis>je,
peut être dignement ei^rimé dans un
style qui réponde à sa grandeur, flnais il
en içst indépendant. Ajoutons, eto Qpis-
sant, que s^ n'y a pas de pkM( plus in*"
tense que celui que fait éprouver le su-
blime, il n'en e^t pas de phts propre à
nous donner des habitudes morales. Dans
les ravissantes émotions qnUl nause à
l'âme, elle s'élève au-dessus de la\err%
elle s'épure en montant, elle ne vit quf
dans un air échauffé de passions g4né«
renses et, pour anisi dire, tout chargé àm
vertu. — On peut consulter, entf» autres
écrivains quisasont occupés du snblime,
et qui figurent dans cette Eocyclopédîe,
Longin, Blair, Beattie, Burke, Aocillon»
Kant, Schiller, JoufTroy, etc. J. T-v-s.
SUBORDINATION et InstisoEoi^
NATION, voy. Discipline.
SUBSTANCE {substantia^à^ sub^
sisterey exister), être qu\ subsiste par loi-
méme^ à la diiïéreoee de Taccident qui
ne subsiste qu*élant adhérent à un sujet.
Ce dessous y ce subsiratum, ce soutien
des modes, des qualités, des phénomè-
nes, est révélé par la rai&on* Vous aves
conscience qu'en vous les forées de con-
naître, de sentir et de vouloir, qui s'exer-
cent ensemble ou tour à tour, sont les
attributs d'un être invariable, identique;
« Or, dit M. Consin, Têtre un et îdenU*
que, opposé aux accidents variables, aux
phénomènes f ransiloires , c'est la suli»
stance. » Tos sens témoignent que les
corps ont des qualités yaria blés, des for-
mes changeantes; mais ces qualités, c^
formes sont d^ modifications de quelque
chose de réel, d'invailable. « Vous n'au- ,
riez pas, dit encore M. Cousir, l'idée de
ce quelque ebose, si les sens ne vous don«
Baient l'idée de ces qualités; mais vous
ne pouve:^ .avoir l'idél de ces qualité^
sans fidée de ce qoelqne ^ose d'exis*^
tant; c*est là la croyance nhivertelle, la-
quelle Implique la distinction des qua^
lités et du sujet de ces qualités, la dis-
tinction des accidents et de la sabstai^ce. »
{Cours de 1829, 18* leçon.)
La difTérence des substances spiri-
tuelle et matérielle qui se trouvent en
us, leur lien mystérieux, l'évidence
f
leur action et de leur réaction réci-
proques, rimpuissance de Tesprit hu-
main à saisir Télément substantiel df quoi
que ce soit, ont fait inventer de nom-
breux systèmes pour expliquer inexpli-
cable. Pas un d'eux n'est satisfaisant^ et
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sut
moins qii'atlciiD autre U tnoastrueiise hy-
pothèse d'une tnbstance uoique (voy,
SpiNOfiAy. ReconoaiSBcyis enin que ks
phénomènefl nous sont livrés par la coo-
science et par les sens, et que le cimeut
de cohésion qui unit ces phénomènes
iionséchappe et nous échappera toujours :
c'est lesecrfttthi créateur. Foy. Essence,
ÊTâB, etc. J. T-V-».
SCJBSTAUTIF , ifoy. Mot et Nom.
SUBSTITUTION, de subsiituere,
placer dessous, mettre è la place d*uo
antre. Dans le langage de la loi , ce mot
désigne la disposition en vertu de la-
quelle un légataire ou un donataire est
obligé de transmettre a une personne
désfgnêe des biens qu'il n'a reçus qu'à
cette condition, «près en avoîr joui pen-
dant sa vie.
Chez les Romains, le droit d'instituer
un héritier n'emportait pas d'abord le
droit de donner un successeur à celui-
ci; mais l'introduction des fidéicommis
(T>or.)danshi législation fournit bientôt
\e moyen de faire indirectement ce qu'on
ne pouvait faire d'une manière directe.
Les substitutions fidéicommissaires, ad-
mises en France par l'ancfenne législation,
rel iraient du commerce une grande masse
d'immeubles qu'elles frappaient d'inaiié-
nabilité; elles introduisaient en outre
dans les familles des ferments éternels de
di!K*orde et de haine. Aussi l'ordonnance
d'Orléans de 1560 et celle du mois dNioàt
1747 avaient-elles iàtpnl'u de substituer
mi-delà dii deuxième degré. L'Assemblée
constituante^ frappée des inconvénients
des substitutionsjes proscrivit par la loi
^u 14 ttov: 17-92, et déclara même abo-
ies et sans effet ceHes qui n'étaient pas
encore onvertes. Mais le Code civil fit
plus 4ard quelques exceptions ^ cette
prohibition , qui fut ensuite en grande
parti* levée par la loi du 17 mai 1826.
Le Code civil permettait à tout chef
de famille d'assurer, au moyen d*une
snb^tuiion, à ses petits-enfants ou ne-
veux, la transmission des biens par lA
donnés à l'enfaot, au frère ouè la sœur
qui leur ontk donné le jour. Cette dispo-
sition, qui ne pouvait porter que sur la
quotité disponible, n'était permise qu'aux
ateut oif afeules, et aux ondes ou tantes
des. appelés ; elle t|C Tétait aux oncles od
fi
tantes qu'autant qu'ils mouraient sans en-
fants. Le grevé ne pouvait être ou'un en*
faut, un frère ou une sœur du donataire^
On ne pouvait appeler à recueillir l'effet
de la substitution que les enfants nés on
à naître, au premier degré seulement, da
donataire. De plus, la charge de restitu-
tion devait être au profit de tous les en-
fants nés ou à naître du grevé, sans ex-
ception ni préférence d'âge ou de sexe
(art. 1048 à 1050). La loi du 17 mai
1826, dans le but d'arrêter la division tou-
jours croissante des propriétés, a étendu
à toute personne, en faveur des enfants
de tout donataire ou légataire, jusqu'au
deuxième degré inclusivement , le droit
précédemment réservé à l'aîeut ou a l'on-
cle. La prohibition de substituer n'existe
donc plus aujourd'hui qu'en oe qu'il n'est
pas permis de charger le donataire de
rendre à un étranger. Ce n*est qu'au pro-
fit de ses enfants que la substitution peut
être faite. '
La loi n'assimile pas à la substitution
le don ou le legs de i'usufr^it à l'un , at
de la propriété à Pautre ; car il n'y à pas
albrs deux dispositions successives de la
même chose. II en est de même de la dis-
position par laquelle un tiers est appelé
à recueillir la libéralité, dans le cas oik le
premier institué n'en profite pas. CW
ce que Ton nomme en droit une subsU"
talion vitigaire.
L'obligation de restituer les biens don-
nés B'eaipêche pas le donataire d'être
propriétaire. Seulement, sa propriété est
résoluble par l'événement qui donneou-
verture à la substitution^ quant a l'ap-
pelé, son droit conditionnel consiste en
une simple espérance. L'époque de l'ou-
verture de la substitution est, engénéral,
celle de la mort naturelle ou civile du
greté* Les substitutions donnent fieu à
diverses mesures dont les unes tendent à
conserver le droit des appelés, et les aa-
• très à garantir de toutes surprises les tiers
qui (raitentavec le grevé (Cod. civ., art.
1055 a 1072). E. R.
SUCCESSION. Ce mot signifie la
manière dont une personne vient après
une autre , dont elle prend la place. Il
désigne aussi l'hérédité d'une personne,
les biens qu'elle laisse en mourant.
On distingue deux principales sortes
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suc ( â2â )
de stioccssions à la coak'onfie : la sacces*
sion Hnéale agnatique , et la succession
litiéale cognatiqoe. La première est celle
dans laquelle les mâles issus des miles
recueillent seuls la couronne, de sorte
que les femmes et les enfants qui sont
nés d'elles en sont exclus. Elle a été de
tous tamps admise en France (voy. Roi,
HéRéDuîi, loi SALrQTTE, etc.). La seconde
est celle qui, sans exclure les femmes, les
appelle seulement après les mâles plus
proches , ou même d'un degré égal dans
la même ligne, de manière que, s'il ne
reste que des femme», on ne passe pas
à une autre ligne. Dans ce système, la
fille du fils du dernier roi est préférée
au fils de la fille du même prince, et la
fille d'un de ses frères au fils d'une de
ses sœurs. En Angleterre , la succession
à la couronne est linéale cognatique.
Fox- ACN4T, CoGIf AT.
En France , la succession , considérée
comme une manière spéciale d*acquérir,
est la transmission des droits et des obli-
gations d'un défunt à la personne survi-
vante que la loi désigne, et qu'on ap-
pelle ordinairement héritier {voy.). Il
importe de fixer le moment précis de
l'ouverture de la succession , car c'est à
cette époque que naît le droit de l'héri-
tier, et c'est elle qu'il faut considérer
pour connaître si l'héritier est capable
de succéder. «La place du défunt ne
petit rester vacante, ni le sort de ses pro-
priétés incertains , i> a dit l'orateur du
Conseil d'état. Aussi l'héritier, n'eût- il
survéca au défunt que pendant un in-
stant, aTecneilli, même à son insu, sa
succession et l'a transmise avec la sienne
à ses propres héritiers. Tel est l'efTet
de la maxime : Le mort saisit le vif.
Deux causes font ouvrir les succes-
sions, la mort, naturelle et la mort civile.
Le Codct fixe les présomptions d'après
lesquelles, lorsque des personnes respec-
tivement successibles périssent dans un
même événement, comme un naufrage,
on doit, à «défaut de preuves certaines,
déterminer l'ordre des décès. Les suc-
cessions s'ouvjccnt au profit des héritiers
légitimoa, c'est-i^-dire des parents du
difunt. A leur défaut, les biens passent
aux successeurs irréguliers, qui sont les
enfanu naturels, l'é^max lorvivant, et
SUC
l'état. Les héritiers légitimes^ du mo-
ment /le la mort de leur auteur, son(
saisis de tous ses droits, sauf ceux qui
sont de nature à s'éteindre avec hii. Quant
aux successeurs irrégutiers , leur droit
s'ouvre aussi du moment de la mort, et
nous pensons qu'à cet instant ils acquiè-
rent la propiiété des biens, et par suite
la faculté de les transmettre; mais ils
sont tenus de se faire envoyer en posses-
sion par justice (Cod. civ., art. 724).
Le néant ne pouvant avoir eucun
droit, il faut, pour succéder, exister au
moment de Touverture de la succession;
mais l'existence de l'homme, qui n'est
parfaite qu'au moment de la naissance
commence à la conception. Aussi l'en-
fant qui natt après l'ouverture dcila suc-
cession est- il capable de succéder, si sa
conception est antérieure à cette ouver-
ture, et s'il natt vivant et conformé de
manière à pouvoir conserver la vie. Trois
causes rendent ind'gne de succéder : l'at-
tentat à la vie du défunt, l'accusation
capitale portée contre lui, lorsqu'elle
est jugée calomnieuse, et enfin le défaut
de dénonciation du meurtre du défunt,
pourvu que Thérilier soit majeur et in-
struit de ce crime.
La loi défère la succession aux parents
du défunt, qui sont appelés suivant qu'ils
sont descendants, ascendants ou collaté-
raux, et selon la place qu'ils occupent
dans l'une de ces trois classes de parents.
Le système du Code civil est emprunté
tant à notre ancien droit coutumier qu'à
la novelle 118. Les coutumes distin-
guaient les biens héréditaires en meu«
blés et immeubles, et les immeubles en
propres et acquêts. Les meubles et les
acquêts étaient en général recueillis par
les parents les plus proches. Mais les
propres étaient dévolus aux parents de
la ligne dont le défunt les tenait. C'est ce
qu'exprimait la Te%\e paierna patêrnis,
materna maternis. Au contraire, laeio-
velle 118, sans avoir égard à l'origine
des biens ni à la ligne de parenté, ac^
cordait le tout aux plus proches parents
de l'ordre auquel la succession était at-
tribuée. D'après le Code, dans toute suc-
cession ascendante ou collatérale, il, se
fait un partage' égal de tous les biens
entre les deux lignes, paternelle et duT-
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suc
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SUC
^Itrnelle. La moitié afférente àdiacane i ne lui soH ooéreùae a deux moyem èm
de ces lignes est en général recueillie par
le plus proche parent. Let descendants
sont appelés à succéder, à Texclasion des
asceodanisetdes collatéraux, même dHin
degré plus proche. La préférence entre
eux se règle uniquement par la proximité
du degré que chacun occupe, soit de son
chef, soit par représentation, sans dis*
tiaction de sexe ou de primogéniture ,
et bien qn^ils soient issus de différents
mariages. A défaut de postérité, de frère
et sœur, et de descendants d'eux, l'as-»
eendant te plus proche dans chaque li-
gne reoueille la moitié affectée à sa li-
gne. Observons que les ascendants sue-
eèdent, à l'exclusion de tous autres, aux
choses par eux données à leurs descen-
dants oforts sans postérité, lorsque ces
choses se retrouvent en nature dans la
succession. Si le père ou la mère du
défunt lui a survécu, et si celui-ci a laissé
des frères, sœurs, ou descendants d'eux,
chacun des père et mère a droit au quart
de la succession, sans que la part du sur-
vivant soit augmentée par le prédécès de
l'autre. Les frères, sœursyou descendants
d'eux, recueillent le surplus. Seulement,
dans ce cas, la loi accorde au survivant
des père et mère l'usufruit du tiers des
biens attribués k l'autre ligne. La règle
de la division en deux lignes s'applique
au cas du partage entre les frères et sœurs
ou descendants d'eux , de la succession
ou de la portion de succession qui leur
est attribuée. Ainsi les germains pren-
nent part dans les deux lignes, les con-
sanguins et les utérins dans celle seule-
ment à laquelle ils appartiennent. Les
parents an delà du 1 2* degré ne succèdent
pas. A défaut de parents au degré successi-
ble dans une ligne, les parents de l'autre
ligne succèdent pour le tout. L'enfant
naturel n'est pas héritier, mais il a, sur
les biens de ses père et mère, suivant
qu'ils ont laissé des descendants légiti-
mes, des -ascendants ou des frères ou
tueurs, enfin d'autres parents au degré
Sbccessîble, le tiers, la moitié ou les trois
quarts de la portion héréditaire à laquelle
Il aurait. droit s'il était légitime. A dé-
faut d'héritiers, l'enfant naturel recueille
la ft>talité dea biens*
«L'héritier qui craint que la sucoeasion
se soustraire aux effets de la saisine {voy.
HiaiDiTÉ) : l'un est de renoncer a la
succession ; l'autre , de l'accepter sous
bénéfice (voy,) dlnveutaire. S'il renonce,
il est censé n'avoir jamais été héritier.
S'il accepte sous bénéfice d'inventaire ,
il n'est tenu des dettes que jusqu'à cob-
currenoe de la valeur des biens.
Qiaqne cohéritier a le droit de pro-
voquer le partage (voy.) de la succes-
sion. L'égalité qui doit présider à cette
opération a fait soumettre c)iaque co-
partageant à l'obligation de rapporter à
la masse tout ce qu'il a reçu gratuite*
ment du défunt, à moins que ce dernier
ne l'en ait formellement dispensé.
Lorsqu'il n'y a pas d'héritier connu,
ou que tons les héritiers connus ont re-
noncé a la succession, elle est réputée,
vacante f et la gestiou en est confiée à
un curateur (art. 812).
Outre les successions irrégulières éta-
blies par le Gode civil, il y en a uœ,
celle des hospices , qui est réglée par la
loi du 15 pluviôse an XIII, et Tavis da
Conseil d*état du 3 nov. 1809. £. R.
SUCCESSION D'AUTRICHE
(ouERBE DE la). Elle commcoça en 1740
par la première guerre de Silésie, qui fat
suivie de la seconde en 1744; puis elle
s'étendit à l'Italie, aux Pays-Bas; elle
agita les mers, et elle se termina, le 18
oct. 1748, parlapaixd'Aix-la-ChapeUe.
Foy, Ghaeles VI, MAaiE-TuiaèsE, Feé-
oiaiG U, roi de Prusse, Charles VU,
électeur de Bavière, Guillaume IV, stad-
houder , Autriche (T. II, p. 5,87) ; de*
plus SkXE (comte de)^ Fohtehoy, Law-
FELD, etc.
SUCCESSION DE BAVIÈRE
(ouerredela),1777-79, voy, Bavi&rs,
T. III, p. 186, et Teschen [paix fie).
SUCCESSION D'ESPAGNE
(guerre de la), 1701-18, voy. Char-
les II (d'Espagne), Louis XI V^ EugâS
iTE (prince) , Marlborouch , Villxroi,
ViLLARS, et Utrbcht (paix d'\ .
SUCCESSION DEPOLOGNK
(guerre de la), 1733-Ï8, voy. Stavis-
LAS et ViLLARS. La paix qui fut conclue
à Vienne, le 18 nov. 1738, assura letr6«
ne à Auguste III. , .
SUC€IN»iM>r« Ambre jsvve.
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&m
SUCECRS. CnTÎer & désigné soils ce
nom sa deaxièiae finnille de choodropté-
rygiens. Ce sont les cyclostomés de Du*
méril. Ce groupe renferme les poissons
les pins imparfaits. Leur nom vient de
Fha blinde où ils sont de se fixer par la
succion de leur lèn« charnue et circu-
laire. Telles sont les lamproies [vojr,).
Les insectes ftfoetirf formaient le 4* or-
d«e de la méthode de Latreille ; il a pris
depuis le nom de syphormplèrtt. C. S-ts.
SCJCHBT(Louis-GABUEL),ducD*AL-
BUFÉRA, maréchal de Fmnce, naquit à
Lyon le 2 mars 1772. Vingt ans après, il
débuta eomme volontairedans la cavalerie
nationale decette ville. Sorti dececorps,
po«nr entrer, en qualité de capitaine, dans
une compagnie franche créée par le dé-
partement de l'Ardéche, il fut bientôt
nommé chef dn 4* bataillon de œ même
département, et assbta an siège de Tou-
lon. Pendant la première campagne dl-
talie, il fit tour li tour partie des brigades
La Harpe et Augereau, et assista aux
combau de Vado, de Saint-Jacques, de
Loano, de Cossarii^ de Lodi, Dego et
Borghetto. Sous les ordres de Masséna,
il combattftensniteà RHroli, Castiglione,
Lonata, Peschiera, Saint-Marc, Trente,
Baasano et Arcole. Blessé dans cette der-
nière affaire, il n'en fit pas moins la cam-
pagne suivante contre l'archiduc. Après
nne nouvelle blessure, il fut nommé chef
de brigade sur le champ de bataille de
Newnark. L'annéesuivante, il fut envoyé
en Suisse, et lors de la reprise des hosti-
litéa conduites par le général Brune, il
eoopéra puissamment, sous les murs de
Berne, a la jonction de Tarmée avec les
corps venus des bords du Rbia. Lorsque
Brune fut placé à la tète de l'armée d'Ita-
lie (1 798), il retint Suchet auprès de lui
avec le grade de nuijor-général. Son ex-
cellente administration réublit l'ordre
compromis, et lui valut l'amiiié de Jou-
hert, qui succéda à Brune. Le nouveau
commandant l'envoya dans le Piémont,
où un violent démêlé qu'il eut avec les
commissaires dn Directoire, à propos de
la caisse de l'armée qu'on voulait lui en-
lever, lui attira la disgrâce du gouver-
neoMfit. n lui fallut quitter l'armée et
. Tenir se justifier à Paris; puis il fut en-
( 515 ) ttJC
vojé à l'armée dn DannlM. Détaebé daiil
le pays des Orbons, sous les ordres de
Masséna, qni le chojsit pour son chef
d'état-major, il rendit de grands services
et (JM^ita au général Leenurbe le^ moyens
de njoindre l'armée. Joubert, appelé
pour la seconde fois au commandement
de l'armée dltalie, que Schérer venait
de perdre, emmena avec lui Suchet, éga-
lement comme chef d'éut- major. Après
la mort de Joubert, è Novi, il servit tour
à tour sons Morean, puis sous Cham-
pion net, et enfin sous son tfnden dief ■
Bfasséna, qni le fit nommer général de
division ptr Je premier consul. A la tête
d'un Aible corps de 8,000 hommes, il
tinli^en échec le général Mêlas, qui en
comptait plus de 40,000, et opéra une
utile diversion en faveur de Masséna en-
fermé dans Gênes. Une savante manœn*
vre qu'n exécuta avec beaucoup de bon-
heur et d'audace, le rendit maître de
l'armée autrichienne qui se portait au
devant d'un nouveau corps français, en
suivant le bord ({le la mer: la prise de 39
piftes de canon, de 6 drapeaux et de
15,000 hommesenfutle résultat. Après
la capitulation de Gênes, Suchet fit sa
jonction avec Massénà, et tous deux con-
tribuèrent par leur présence à la victoire
de Marengo. La reddition de Gênes lui
fit donner le commandement de cette
place, et, au mob de déc. 1800, lors de
l'entrée en campagne, le premier consul
Ini confia le centre de l'armée dltalie.
Il passa le Mincio, dégagea le général
Dupont, défit le général autrichien Bel-
legarde à Pozzolo, et prit part eux com-»
bats de Borghetto, de Vérone, et de
Montebello. En 1803, il fut chargé de
l'inspection des troupes dn midi et de
l'ouest, reçut un commandement à Bou-
logne, pr^ida aux travaux du port de
Wimereux, et fut enfin nommé gouver-
neur du château deLaeken,près Bruxelles.
En 1805,legénéralSuchet commanda,
sous les ordres de Lannes, la ]'* division
du 3* corps, et se distingua à Ulm, è
Hollabrûnn et surtout à Austerlitz, où il
enfonça la droite de l'armée russe. L'an-
née suivante, il contribua encore è la
victoire d'Iéna. A Pultusk, eu Pologne,
il résista avec sa division aux efforts des
Ansaes, et eut part an succès d'Ostro-
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kpka. ^prè« U pai^ d# TibiU, il fut
chargé, ae> ooocert ave« les généraux
Tolsioî et Witlgenstelo, de tracer U dé*
marcalioo du duché de Vanovie. En
1808, il parlit pour FE^gne, oùilde-
yait commander le 5* corps. Débarrassé
du siège de Saragosse/il prit le com-
mandement en chef de l'armée d'Arago»,
qui était alors dans un triste état de
délabrement. Le général Suchet com-
mença par relever les courages abattfis ,
et marcha avec résolution au-devant
des troupes commandées par le général
Blake, qu'il battit complètement à Ma«
ria et à fialcbite. Après quelques instants
je repos employés à rétablir Tordre
et la confiance dans les rangs de sa pe-
tite armée, il reprit Tofrensive, dé*
£t le général 0*Donnel dans la plaine
de Margalf f, 8*empara successivement de
Lerida, de Mequioenza et du fort San*
Felipo, entra dans Saragosse, et fit tom-
ber le Moot-Serrat, malgré la protection
d'une flotte anglaise. Ce dernier fait
d'armes lui valut le titre de maréchal
d'empire. Maître du fort d'Oropesteil
battit encore une fois le général Blake
sous les murs de Ssgonte, où lui-même
fut blessé à l'épaulo. La place se rendit
bientôt après, puis celle de Valence, où
le maréchal reçu t lasoumission de 1 7 ,600
hommes d'infanterie, et de 1^800 de ca-
valerie (9 janv. 1812). Toute la province
se soumit alors sans résistance, et Suchet
reçut pour sa récompense le titre et le
domaine d'Albuféra (voy,), situé drtns
les lieux mêmes qu'il venait d'illustrer
par ses armes. Lors de la reprise des
Bostilités, et au milieu des désastres de
l'armée, le duc d'Albuféra força le géné-
ral Murray à lever le siège de Tarra-
gone; mais, accablé par le nombre, il
se retira peu à peu vers les Pyrénées, et
se maintint six mois en Catalogne, avant
de rentrer en France. Forcé, au mois de
janv. 1814, de protéger le retour du roi
Ferdinand VU en Espagne, il se hâta de
revenir à Paris pour prendre le oom-
mandement de la garde impériale, dont
il avait été nommé colonel général; mais
il était trop tard, et Napoléon avait déjà
&it j^lace k la maison des Bourbons.
Suchet se rallia sur-le-champ, et re-
^ttt pour prix de sa loomission la croix
de commandev de l'ordre 4^ Saint*
Louis et le commandement de la 1 (H di-
vision militaire. Au reipur del'iled'Elbe,
Napoléon lui fit accepter une armée de
10,000 hommes, qn'il employa à atté-
nuer les maux de l'invasion. En etlet,
après avoir battu un corps de Piémon*
tais, puis un corps d'Autrichiens, il se re-
tira sur Lyon, et y conclut un traité
qui, en sauvant le matériel de guerre
renfermé dans cette ville, lui valut les
remercimeots du commerce et du con-
seil municipal. Le roi Louis XVIII, au-
quel il rallia aisément son année, le nom-
ma, le 16 août 1816, grand'-croix d«ia
Légion- d'Honneur, mais ne lui rendit
que le 5 mars 1819 le titre de pair de
France, qu'il avait reçu dans les Çmxl^
Jours. Depuis cette époque, le duc d'Al-
buféra disparut de la scène politique
pour ne plus s'occuper que du soin de
sa santé. Enfin, après une douloureui»
maladie de deux ans ^ il expira au châ-
teau de la baronnie de Saint- Joseph,
près de Marseille, le 8 janv. 1826, lais-
sant un fils qui lui succéda- dans son
titre de pair. Le 23 janvier, son oorps
transporté à Paris teçut les honneurs
funèbres, et fut accompagné^ sa der*
nière demeure par ses anciens camarades.
Le maréchal Suchet avait laissé des no*
tes, d'après lesquelles ont été rédigés ses
Mémoires sur ses campagnes en Espa-
gne depuis 1808 jusqu'en 1814, par le
lieutenant général baron Sainl-Cyr-Nu-
gues,son chef d'état- major (Paris* 1829,
2 vol. in-8'' av. portr. et atL; 2® édic,
1834). Le maréchal Mortier a prononcé
son éloge à la Chambre des pairs, le 16
juin 1826. ^ D. A. D.
SUCRE [saccharum). On donne gé-
néralement le nom de sucre à des pro-
duits organiques d'une saveur douce et
agréable; mais, ce nom pouvant s'ap-
pliquer à des substances fort difCéreptes
entre elles,les chimistes ont restreint cette
dénomination aux produiu organiques
qui , sous l'influence de l'eau et du fer-
ment, possèdent la propriété de se trans-
former en alcool et en acide carbonique.
On reconnaît deux grandes variétés d«
sucre : le sucre ordinaire ou sucre cria-
taUisable,et le sucre à cristallisation coq*
fuse ou mamelonnée. La première d« c«a
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SOC ( â2t )
variétés » fburDÎe surtout par \ê ^nae à
sucre^la belttravc, enUte aus«i dans Tér^»
ble, les carottes, les citrouilles, les cbâ*
laifoes, les tiges de mais, etc. L'auure
Tariété se trouve dans les raisins , 1rs
|K>mines-, les groseilles, et dans qd grand
nombre d*atttres fruits qui présentent tou-
jours en même temps une réaction acide.
Beaucoup de substances végétales, par-
liculièrement Tamidon, la cellulose, la
gomme, sont susceptibles de se transfor»
mer , sous plusieurs influences, en cette
espèce de sucre; tel est encore le sucre
qui résulte de Faction des acides sur le
sucre ordinaire, le sucre du miel, le sucre
que Ton retire de l'urine des diabétiques.
M. Dumas a donné le nom de glucose à
«ette variété de sucre«
ht sucre , objet d*un commerce im-»
mease, dont l*nsage est si fréquent comme
aliment et comme médicament, est blanc
dans son état de pureté | sa saveur est
donce \ il cristallise en prismes rfaombof-
daux à sommets dièdres ; sa densité est
de 1*6.
La composition chimique du s«cre de
uanne a été déterminée par MM. Oay-
Lussac et Tbénard. Ils ont vu que sur
100 parties il était formé de :
Carbone k%\9
Bydregétne 6.43
Oxygène 61.4a
100.00
Brisé dans Tobscurité, le sucre devient
lumineux. On a cherché à expliquer par''
ce phépomène de phosphorescence la
différence de saveqv observée attire le sn*-
cre en poudre et le sucre en masse ; mais
cette différence est ella*-méa# contesta-
ble.
L'eau dissout le soera avec ficHité*
L'àcool faibl# le dissout* aussi; inais Tal-
oool absolu n'en dissout point a froid, et,
3tJC
à une température élevée, il en dissout
peu. A la température owlloalre, Teaa
en prend le doubla de son poids et forma
alors un sirop épais et visqueux qui sa
GDuserve parfaitement» si on a soin de la
nanfermer dans des vases bien bouchés.
A ^haud, l'eau dissout le sucre en toutee
proportions. La dissoIntioB saturée de
imcra à froid a une deasité de 1 .81 1 ; elle
marqita ^k"" à l'aréoaakra da Baume,
Lonqm'^M ImiUlaiMtaa daoaité aai
de l.ai7j eUa narqua %\\% k Haréorai»
(ra. Ces nombres sont à peu pvés ceux
fixés pour la cnke des sirops.
L'eau éunt saturée de sucre à chaud,
si ou verstftt sirops dans des cristal lisoira
en cuivre, pour le faira refroidir très len-
tement dans une étuve ebauffée a 46*
environ, #n obtient des cristaux'de sncH
0andt (iH>r.). On distingue trois espècca
prineipales de suarocaadi : une incolore
(blano d'alun), une couleur paille, et une
rousse. 9i, au lieu de faite crittaUiser la
iuare par refroidissement , on soumet la
dissolution à une évaporation rapide» ou
obtient une masse huileuse, épaisse. Co«r
lée sur un marbra huilé, on la laisse re<-
froidir en partie, puis on la divisa an
petiu cylindres qui sont roulés jiuqu'à ce
qu'ils soient tout à fait refroidis : c'est
le iucre c^orge^ le /ircner de pômmes^tie,
La sucre dissous n'est précipité ni par
l'aoétate ni par la sous-acétate de plomb*
Chauffé, le sucre entre en fuiioo vers
1800. A 31 1 ou 220, selon M. Péligôt,
il se convertit en caramel en perdant de
l'eau. A une température plus élevée, il
produit des gsz inflammables mêlés d'à»
cide carboDÎqua, des builn pyrogénées,
de l'acide acé|iu]Ue,et il laisse un résidu da
charbon égal au quart deson poids.Traité
dans une comua , à une douce tempéra-
ture, par l'acide azotique, le sucrcs'oxyde
et dégage des vapeurs rutilantes. Lorsque
l'effervescence acessé, si on abandonne la
liquide au rafreldissement, il s'y fait des
cristaux d'acide oxalii^ue. Les acides qui
^e lui cèdent pas d'axygène transforment
le sucra.de oanne en sucre de raisia, phé-
nomène que l'on remarque très souvent
dans les confitures et les sirops acides.
Par une ébullition pr<4bogée, les acides
même très affiiiblis détruisent le suOM
après l'avoir converti en glucose. Plu-
sieurs substances organiques 9 telles qua
l'albumine» les membranes animales, la
matière caséeuse» font éproufar au sucre
uua altération ramarquafa)a. Ajoutées
daue une dissolution » allas le transibr-
ment an une matière mucilaginause , en
vertu d'une Csnnantation toute partiou-»
lièm qu'on a nomaséa fisrmantation vis-
quansa.. *
La suora da canne fbrnse des tombi^
laaalaalia, l'oxyde dt
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suc
{««)
soc
fte sMetniès^ Dftot an m? «it <pi • povr
titre : Reeheroheti sur la nmiupe et les
pmp^iéiéi chimiques des efârreSt M. Pé-
Ugot dît avoir obttMi le Airate de sel
BMrio eo dissolvant e»se«ible une par->
tie de chUrure de sediam et tcfuatre
parties de soere, ptU en abaBdoonant à
l'évaporatm aponlaoéei deosun airaec,
le BiélaD^ ameoé à «DOSistaiMse de m9o^
Cette oottbioaison du socre et d« sel ma-
rin, astea dil&Ale à obtenî», offre une sa-
Tenr à la fois doaoe et salée. M. Dumas
peoae que œ co9p«sé et d*aiitr«8 analo-
gttas, formés par le chlorure dep otassiom
ou le sel ammouiac, jettent «n grand rAle
dans la formation des mélasses.
Le sucre, en présence de la levure de
Uèfe, prend la propriété de cristalliser.
Si le fioatmk se prolonge, la dissolution
de sucre ae décoaspose rapidement, en
dponant lea prodoiu ordinaires de la fer*
mentatiou aJcoolique : de Tacide carbo-
arque et de falcooL
Le suoee de caoue se distingue du su-
cr* de raisia par la propriété que possède
ce dernier de a^mparer plus facilement
de Toxygène de oertaina oaydes : ainsi,
^piand ou dissout du tartrate de cui-
vre dans uae dissolution de potasse et
qu'on chauffe à 1 0^, si fon ajoute k cette
dissolution du sucre de canne, elle ne su-
hit aucune modification, mais la plltt lé-
gère trace de sucre de raisin y foit naître
jin précipité jaune de proloxyde de cuivre
hydraté qui se convertit bientôt en «ne
poudre rouge de pratoxydcanhydre. Li^
Sociétéd*encoucagement vient d'accorder
un pria et une médaille d'argent à M . Bar-
raswitl^ qui à donné è ce proche nne
forme pratique f d' exécutant l'essai des
sucres avec des Hqueurs titrées.
Le' sucre parait avoir été connu de '
toute antiquité dans l'Inde et dans la
Chine. On croit qu'il fut introduit en
Europe par les t^nquétes d'Alexandre.
Il resta fort rare pendant plusieurs slè-
cleS| et son usage était restreint à la asé-
decine, lorsque tes Vénitiens le répandi-
rent dans là parties* septentrionales de
l'Europe, à la suite des Croisades. Après
la découverte ât l'Amérique , son usage
devint plus général. La canne fut trans-
portée a Saint-^Dominfue (Haïti), et eUe
s'y mulHpfo avec une si prodigieuse t(-
tasse , que dix ans après il y avait déjà
98 sucreries établies. On peut voir ce qui
en a déjà été dit à l'art, spécial consacré
à la canne à sucre (T. IV, p. 684). Nous
reviendrons d'ailleurs toutà l'heure sur
cette substance.
Sucte de betterave. Il a été découvert
par Margraff en 1747; mslis Achard.
chimiste de Berlib , est le premier qui
ait obtenu (1796) ce sucre en quantité
asssK considérable pour éveiller l'atten-
tion du gouvernement. L'imperfection
des procédés avait à peu près arrêté la
marche de l'exploitation de ce sucre,
lorsque le blocus continental fut établi^
La France , privée de ses relations avec
les colonies , Toyalt le sucre arriver au
prix énorme de 6 fr. le kilogr. Napoléon
songea à lui 'créer nne indostrie nou-
velle. Comme on n'espérait pas alora
obtenir de la betterave un produit suf-
fisant, les tentatives se portèretit d'un
autre côté. Le gouvernement rendit dea
décrets, donna des récompenses, et, le 18
juin 1810, Proust recevait de l'empe-
reur, pour sa découverte du sbcre de
raisin, 100,000 fr. et la croix de la
Légion - d'Honneur. Mais le sucre de
r^in ne pouvait remplacer le sucre de
canne. Le 16 janvier 1812, parait un
décret qui ordonne l'éublissement de
cinq écoles de chhnie poar la fabrication
du sucre de betterave. Cent élèves sont
attachés à ces écoles; cent mille arpents
métriques doivent produire des bettera*
^es; les fW>ricants seront exemptés de
tous droits pendant quatre ans; quatre
fabriques impériales s'organisent, et dès
la (M-emière année elles rendront dieux
militons de sucre brut : ainsi le veut l'em-
pereur. C^mmem, avec de tels éléments,
l'industrie dont Napoléon voulait doter
la France n'aurait-elle pas fait de rapides
progrès? Mais quand le blocus continen-
tal vient à cesser, quand la paix a rétabli
la lil>erté des mers, les fabriques de su-
cre indigène, n'étant plus protégées, suc*
combent* Quelques fabricants , hommea
de courage , restèrent seuls debout. Le
prix do sucre raffiné tomfau et ftit fixé à
70 cent, le demi «kilogr. A la vue de la
prospérité des sucreries qui avaient ré*-
siité, de nonvellte fabriques furent éia->
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suc
(629)
SUC
bKflB; mais il fallait, pour Hmiir, qu'elles
fussent dirigées par des hommes à la fois
agriculteurs et manofactiiriers. Cette con-
dition n'étant pas remplie , la roine de
ces établissements était certaine y et déjà
en 1829 la moitié n'existait plus. A cette
époque, d'importantes modifications fu-
rent apportées dans les modes divers de
fabrication ; la vapeur fut appliquée à
l'évaporatioo et à la cuite dans un grand
nombre de fabriques, et depuis, l'exploi-
tation du sucre indigène a fait encore
d'immenses progrès.
C'est de la betterare blanche deSilésie
que l'on extrait le sucre dans nos fabri-
ques. Pour se rendre un compte fidèle
des opérations auxquelles la betterave
est soumise , il était nécessaire de l'étu-
dier dans ses éléments chimiques, dans sa
constitution anatomique , dans ses con-
ditions physiologiques. En regard de l'a-
nalyse qu'on en a déjà donnée dans notre
art. Bette&ayk, nous placerons ici celle
de M. Braconnot, d'après laquelle cette
racine renferme les éléments suivants :
1® eau; 2^ sucre crbtallisable ; 8® sucre
incristallisable; 4^ albumine; 5° pectine;
6° matière mucilagineuse ; 7^ ligneux;
S^ phosphate de magnésie; 9® oxalate
dépotasse; 10<> malate de potasse; 11<*
phosphate de chaux; 1 3® oxalate de chaux;
1 3^ acide gras, à consistance de suif; 14**
chlorure de potassium; 15^ sulfate de
potasse; 16° nitrate de potasse; 1 7® oxyde
de fer; 18° matière animalisée soluble
dans l'eau ; 19° matière odorante et acre
inconnue; 20° sel ammoniacal indétermi-
né en petite quantité; 2 1° acide pectique.
M. Braconnot admet ainsi du sucre in-
cristallbable préexistant dans la bette-
rave, tandis que M. Pelouze et, après lui,
M. Péligot ont constaté qu'elle ne con-
tenait que du sucre cristaïlisable. M. Pé-
ligot s'est livré en particulier à de nom-
breuses analyses pour déterminer la pro-
portion des différentes matières qui
existent ou se forment dans la betteraTe
durant sa croissance et sa maturité cher-
cj^anki surtout si , dès l'origine , le sucre
existe dans la jeune plante, ou s'il pro-
yient d'une autre substance qui précède
ou occasionne sa formation. Des ana-
lyses de ce chimiste , on peut tirer cette
conclusion, comme le fait M. Diimas :
Eneyvtop. d. G, d. M. Tome XXI.
identité de eompositkm générale de la
racine de beltertTe âox dÎTeffecs périodes
de la croissance de la plante. Comme
faisant suite aux recherches analytiques
de M. Péligot, M. Decaisne, dans un tra-
vail entrepris pour rechercher dans la
betterave la place qu'occupent les diffé-
rents produits que l'on en extrait, donne
de précieux détails sur la structure ana-
tomique de cette racine.
A rart.BBTTBaAVB déjà cité, M.Payen,
habile agronome et chimiste distingué ,
a traité de la fabrication du sacre indi*
gène ; nous ne nous occuperons donc ici
de cette fabrication que pour compléter
la matière.
Dans les opérations de l'arrachage et
du nettoyage des betterayes, on évite
qu'elles soient meurtries, soit par le choc,
soit de toute autre manière; car il ar*
rive qu'il se développe une matière molle
et visqueuse dans la partie affeetée : oetta
altération est due à la rupture des utri-
cules, qui a fait communiquer le suera
avec l'albumine, et qui a donné tien à ce
que nous avons appelé la fermentatîoii
visqueuse. De pareils accidents sont à
redouter : il ne faudrait qu'un petit
nombre de betteraves de cette nature
pour altérer le suc produit par les autres.
Les betteraves étant réduites en pulpe,
comme on l'a dit à l'art, auquel noua
renvoyons, on cherche à en extraire la
plus grande quantité de jus possible. Les
presses hydrauliques ont été abandon-
nées dans un grand nombre de fabri-
ques et remplacées par la presse Pec-
queur, qui rend le travail plus continu,
et par. cela même laisse le suc moins ex-
posé à l'altération. Une presse Pecqneur
d'un grand modèle peut extraire 300 à
350 hectol. de jus en 34 heures. Pour la
même quantité, il faudrait deux presses
hydrauliques. Biais les meilleures pres-
ses laissent toujours une portion consi-
dérable de sucre dans la pulpe. La bet-
terave renferme au plus < à 4 p. ^o de
ligneux et de parties insolubles. On ne
retirait pas au-delà de 90 p. ^o àt jus.
On a créé alors des procédés pour ex^
traire les dernières particules de sucre,
et le procédé auquel on s'est arrêté a
reçu le nom de macération. Il consisie
à soumettre k betterave, coupée en tran^
34
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sec
éhet mioGM^ à raction nétbodiqtie û'ùn
Iftttgê semblable à oelni employé pour
épuiser les matériaux salpêtres, et à dé»
termioer la rupture des eellulet en éle-
▼aut brusquemeot la température de l'eatt
par une injection de vapeur. Le jus étant
obtenu, on lui fait subir les opérations
indiquées dans l'article cité, et que voici :
1^ défécation ; 3* première filtration ; 8»
première évaporation ; 4* deuxième fiU
tralion) 5<> deniième évapoTation ou
cuKe) 6« crUtaHisation; 7«égcmttage« Il
€sl une opération mise en pratiqué dans
quelques sucreries pour obtenir directes
ment des produiu plus k>eaux que le su*
cre brut ordinaire : cette opération est
le ekiin^agë* Il consiste dans la fillratton
d*nn sirop saturé de sucre, à la tempéra*-
tnre à laquelle on agit, à travers le sucre
brut. La clairoe, ne potttant dissoudre le
sucre, chasse^ an contraire, en se dépla-
çât, le sirop plus coloré qui salit les
erbuux a leur superficie; elle se substi*
tue à celui^i dans les interstices , t*é*
foutte à son tour, et laisse le sucre bien
moins coloré. Le procédé de macération,
modifié par Matbieu de Dombasle, a per^
mis d'extraire 10 ^ de sucre pour 100 dé
betterave.
Sucré de canne, La canne è snere
(vo/.)| si Ton donnait è l'extraction du
ancre qu'elle contient autant de soins
qu'à celle de la betterave, pourrait Tour-
air du premier coup du sucre raffiné ;
ear les matières étrangères qui aceom*»
pagnent le sucre dans le sue de la canne
sont en bien plus petite proportion et
bien moins nombreuses que eelles qui se
trouvent dans celui de la betterave* Ainsi,
d'après M. Péligot* le vêsou de4 colonies
■*est pas autre chose qu'nne dissolution
de sucre dans l'eau, renfermant à peine
quelques traces de matières étrangères.
Dans un rapport adressé, en 1842, à
M« l'amiral Dupenré^ alors ministre de
la marine et des eelofties, M. Péligot étà*
blit, d'après des analyses comparatives
fiiites par lui et par M. Dupuy, pharma-
cien de la marine , que la substance in-
soluble ou ligneux qui forme la char-
pente solide lie la canne en âge d'exploi*
tation y existe dans la proport ion moyen ne
de 9 à 1 1 p< Yo' ^ oanne peut donc
' conuM renfermant 90
( &S0 ) âtJC
p. •/« dé jM et 10 p. «/o àé ll^etiir.
M* Péligot, en combinant l'attslyse da
vesou et celle des cannes sèches qu'il
avait reçues de la Martinique, en ava it
déduit, dans un travail antérieur, la com-
position suivante pour la canne fraîche :
Eau
Sucre. • . .
Ligoeux «
72.1
18.0
9.9
100.0
Les analyses de M. Dupuy, exécutées à la
Guadeloupe, ont donné les mêmes résul-
tats. Il a trouvé, en effet, pour la com-
position de la canne fraîche :
Eau....
Sucre . .
Lie Deux. ,
72.0
17.8
9.8
0.4
100.0
Mais les procédés d*extraction employés
jusqu'à ce jour aux colonies sont telle-
ment imparfaits qde, loin d'obtenir 18
p. ^/o de sucre que les cannes renfer-
ment , on ne retire pas moyennement le
tiers de cette quantité , ce qui revient à
dire qu'à poids égal les cannes ne four*
nlÉSent guère plus de sucre marchand que
les betteraves, quand celles-ci sont trai-
tées avec habileté.
Immédiatement après leur récolte, les
cannes sont formées en bottes et portées
an moulin pour être écrasées. Ce moulin
est une sorte de laminoir à trois cylin-
dres, dont les axes sont dans un même
plan horizontal ou vertical ; ces cylindres
se iheuvent dans un sens déterminé, de
telle manière qu'une botte* de cannes,
après avoir passé entre deux cylindres,
soit un cylindre extrême et le cylindre
moyen, peut être repassée de l'autre côté,
entre ce même cylindre moyen et l'autre
cylindre extrême. La canne ainsi expri-
inée se nomme bagasse; on la fait sécher
et on l'emploie comme combustible. Le
suc qui provient de ce premier travail se
nomme vesou ; il est conduit dans dé
grands réservoirs, où il se dépure un
peu; mais comme il s'altère avec une
grande rapidité, on le fait bientôt pas^
du réservoir aux chaudières de concen-
tration. On appelle équipage I*appareil,
généralement composé de cinq chaudiè-
res en fonte, démi-sphériques, qui sert à
amener le vesou à l'état dé sirop clair et
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suc
(S31)
suc
cnsuUitable. Pour la caîte do siit^p, oh
Se reportera à u6\itt art. CaKite. L« sucre
solide qui réatilte de la cristallisation du
sirop cuit conTeoablemeDt est envoyé en
Europe sous le nom de sucre brui, cas-
sonade ou mojcoufîde, M. Pelletan a
proposé de couper la canne par mor-
ceaux, de la* dessécher i une tempéra-
ture assez élevée, de la transporter en
France et de Vy traiter par macération.
Par ce procédé, on devrait obtenir du
premier coup une dissolution fortement
chargée de sucre presque pur^ mais il
faudrait éviter complètement Paltération
des cannes sèches pendant le voyage,
obstacle qu^on n'a pu surmonter jusqu'à
ce jour.
Outre les méthodes de travail qui
viennent d'être indiquées, on commence
à faire usage^dans les colonies françaises
et anglaises, des excellents appareils à
cuire dans le vide, de MM. Degrand et
Derosne ; on y emploie aussi le noir ani*
mal, qui donne des résultats si avanta-
geux dans le travail du sucre de betteraves.
L'emploi des appareils à cuire dans le
vide est d'autant plus précieux qu'il per-
met, qu'il oblige même de séparer la
culture de la canne de la fabrication du
sucre ; la création des usines centrales à
la Guadeloupe et à la Martinique est ap-
pelée à changer entièrement le sort, jus-
qu'à présent si précaire, de ce^ deux co-
lonies.
Raffinage du sucre. Le sucre de pre-
mier jet, extrait de la canne on de la bet-
terave, égoutté et même claircé, n'est
encore considéré que comme un produit
brut qui exige une purification. Le raf-
finage a pour but de transformer le su-
cre brut en sucre assez pur pour servir à
nos besoins. Pour cela, on en fait du su-
cre en pains ou du sucre candi. Nous
avons déjà parlé du raffinage du sucre
dans un article particulier, mais trop
brièvement pour qu'il ne soit pas utile
d'y revenir ici.
Les diverses opérations du rafBnage
comprennent : 1<* la fonte du sucre brut;
3® la clarification au sang de bœuf , à la
chaux et au noir animal fin ; 8® la pre-
mière filtration pour dépât sur les filtres
Taylor, etc.; 4^ la deuxième filtration sur
les filtres Damont, à ûoir animal en
grains; t^ la cnite du sirop; 6^ la ctiv^
UlHsation dans le» rafratchissoirs, grai-
nage ; 7^ l'empli des formes, le mouvage
du sucre dans les formes; 8* le travail
des greniers, qui comprend : l'égouttage,
le iochage, le terrage, le plamotagê , Té-
tuvage. Le sucre résultant de cette série
de travaux est couvert de papier , ficelé,
et se trouve propre à être livré au com-
merce.
La fonte du sucre brut s'opère dAns
des chaudières en cuivre chauffées à là
vapeur. Dans une chaudière de 1*^.80 de
diamètre sur ^^Jb de hauteur moyen-
ne, on peut dissoudre à la fois 850 kilogr.
de sucre, et répéter la fonte 40 fois par
jour. Cette chaudière suffit à une raffi-
nerie qui traite 14 à 15,000 kilogr. de
sucre brut par jour. La dissolution du
sucre étant bien opérée, on fait passer le
sirop dans une seconde chaudière en cui-
vre chauffée par un double fond. Pour
une bonne clarification, on ajoute an su-
cre 3 à 4 p. ^/^ de noir animal fin, et ^
p. ^o de sang de bœuf délayé dans de
l'eau. Aussitôt que le noir et le sang ont
été projetés dans la chaudière, on remue
toute la masse et on porte à l'ébullition..
Au premier bouillon, le sucre est clari-
fié; alors, on soutire le liquide dans les
filtres Taylor. Le filtre Taylor a pour
but de séparer, dans le plus court dé-
lai, toutes les matières tenues en sus-
pension dans le sirop ; filtré grossière-
ment, mais encore coloré, il se réunit
dans un réservoir qui le distribue aut
filtres Dumonty placés à un étage infé-
Irieur. Le sirop filtré se réunit dans le
réservoir à clairce qui doit le fournir à la
chaudière de cuite. Le sirop décoloré
étant reçu dans le réservoir à clairce, on
l'eu tiré pour le concentrer vivemetit
dans un appareil à cuire dans le vide. La
cuite faible a lieu vers 1 1 1 ou 1 12^ * lA
cuite forte vers 118 ou 115<>. A l'aréo-
mètre de Baume, le slfop cuit iHarque
43 ou 43^. On coule ensuite dans le
même rafratchistoir plusieurs cuites qui,
réunies et mélangées, donnent des pro-
duits plus uniformes. Dès que la cristal-
lisation commence à la superficie et sur
les paroisy oii agite lentement, à l'aida
d'un grand mouvtron en bois, de ma-
nière à détacha les crlsuuz et à les H^
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suc
(682)
SUC
partir également dans la maise. On faU
de la même manière un ^^cond et un
troisième mouvage, et on procède au
remplissage des formes. Uempli est une
pièce assez vaste y constamment entrete-^
nue à une température de 25 à 30o, è
proximité de la chaudière de cuite, et
contenant ordinairement les cristalli-
soirs : c'est dans cette pièce qn*on dispose
les formes prêtes à recevoir le sucre. Le
sucre est mouvé dans les formes è plu-
sieurs reprises, afin de bien répartir tous
les cristaux dans la masse. On laisse,
après trois mouvages, la cristallisation
s'achever pendant 15, 16 à 18 heures;
au bout de ce temps, on monte les for-
mes à Tégout. Dès que les formes arri-
vent dans la pièce où doit se faire l'égout-
tage, on en débouche l'extrémité an
moyen d'une alêne, on les implante dans
un faux plancher percé de trous, et le si-
rop qui s'écoule est reçu dans de larges
rigoles qui le conduisent dans des réser-
voirs.
Mais l'opération la plus importante
de l'art du raffineur est celle du ter»
rage. Elle a pour objet de laver les cria-
taux de sucre avec la plus petite quantité
d*eau possible, afin de ne pas diminuer
sensiblement leur volume. Pour cette
opération , on se sert d'argile plastique
convenablement choisie \ on la délaye
dans l'eau jusqu'à ce qu'elle ait acquis la
consistance d'une bouillie épaisse. Cette
bouillie est versée sur la base des pains
que l'on a bien égalisée préalablement,
et peu à peu elle abandonne de l'eau qui
s'infiltre dans le pain et lave les cristaux
qui le forment. En même temps, la bouil-
lie devient de plus eu plus épaisse, jusqu'à
ce qu'elle ait pris du retrait et assez de
consistance pour être enlevée. Cette pre-
mière opération dure une dixaine de
jours. Alors, on ajoute de nouvelle terre
que l'on enlève comme la première. Après
oe second terrage, le sucre est ordinaire-
ment assez purifié. On retourne les for-
mes sur leur base, afin que le sirop adhé-
rent aux parois et vers la pointe puisse en-
trer dans les pains. An bout d'une demi-
heure, on loche les pains, c'est-à-dire que
par quelques chocs on détruit leur adhé-
rence avec les formes, puis on refoule le
pain dans sa position première, opéra^
tion qoi constitue Xtpiamotage. On met
à Tégout pendant trois jours; après cd
temps, on fait un second phmotage, et on
laisse denouveau^égoutler pendant Iroia
jours. Enfin, on retourne tous les paina
sur leur base , et op les laisse quelquea
heures dans cette position. On finit par.lea
découvrir ; on les laisse nnjour à l'air, e|
on les porte* l'étuve. Après la dessicca-
tinn des pains, la dernière opération
qu'on leur fait subir esi l'enveloppage :
ils sont prêts alors à être livres au com-
merce.
Les sirops qui se sont écoulés pendant
toute l'opération du raffinage, traités suc-
cessivement, donnent les produits con-
nus sous les noms de bâtardes^ lumps et
vergeoUeSf et enfin la mélasse, sirop
d'égout des vergeoises, qui ne donne
plus de produits cristallisables, et n'est
employée que pour faire de l'alcx)ol ou
du pain d'épice.
Sous le point de vue commercial , on
distingue trois espèces principales de su-
cre : le sucre indigène, le sucre des co-
lonies et le sucre étranger. Chacun de
ces sucres peut être distingué en sucre
brut, sucre terré et sucre raffiné.
Les sucres bruts nous viennent de
Cayenne, de la Guadeloupe, de la Mar-
tinique, du Brésil, ou bien sont indigè-
nes. Les sucres terrés nous arrivent de
la Martinique, de la Guadeloupe, de la
Havane, du Brésil, de Bourbon, de
l'Inde, etc.
Les sucres rajfinés sont en pains co-
niques, avec où sans sommets ou ictes.
Ils sont variables de nuances et de poids.
Le sucre royal ou double rqffinadc est
le plus pur et le plus beau de tous. Le
ancre dit quatre cassons est en pains du
poids de 5 à 6 kilogr. Les trois cassons^
plus rares, sont du poids de 8 à 4 kilogr.
On distingue encore les grands deux, les
petits deux, les pains de sept, etc. Les
divers sucres en pains, et surtout les qua»
tre cassons, se vendent enveloppa àû
papier violet ou jaune, et ficelés.
On estime la consommation annuelle
de la France, en sucre, à 120 millions
de kilogr., et la consommation totale, en
Europe, à plus de 660 millions suivant
les uns, ou même à 650 millions sui-
Yant les autres. Voir ce qui eit dit à of
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SUD
(«33)
SUE
iqjet dans Tpavrage de M. Schnitzler,
De la création de la richesse^ ou des ùi'
téréis matériels en Pmance^ 1. 1*', p.294«
D'auires végétaux prockiuent encore
du sucre. Poar extraire eehii de l'érable
(aeer saccharinunty L.), on emploie an
procédé très simple : on fait an tronc de
chaque arbre un trou avec nue tarière;
le suc qui en découle est réuni, clarifié,
évaporé et soumb à la' cristal^tion
d*une manière analogue à ceUe employée
pour le sucre de canne.
M. L. Hofmann a essayé, il y a ifa'el-
ques années, en Hongrie, la culture de la
durouille comme plante capable de four-
nir du sucre de canne. Elle a readu 4
p. Yo de sucre. Fox» *>*^ FicuLE, Dex-
TaiNE , etc. . V» S»'
Se A, vox.'Midi et Poiirtv CAani-
KAUX.
SUD (xsE du), voy. PACuriQUE,
(^océan),
" SUDERMANMVO ou ScoERii a-
KiE {duc de)y voy. Ghaeles XIII et
Suède.
SCJJiÈTBS et RiESENGEBiEO. Le Eie-
sengeblrg, en bobémo 'Hrkonossy^ est
une petite partie deaSudètes, qui courent
depuis là Hante- Lusace entre la Stté^e
et la Bohème, puis entre la Siléste «t la
Moravie Jusqu'à Jablunka, où ils se réu-
nissant aux K.srpatbes, après avoir reçu
différents noms. C'est la plus haute chaîne
de montagnes de TAllemagoe septen-
trionale , queiqu^elle n*atteigji»e pas à la
hauteur des neigea étemelles. Son point
culminantyla Schneekoppe (sommet nei-
^geux), se trouve entre la ville de Schmie-
dcberg et Hobenelbe, en Boliéme : il i^-
lèvte à 4,9S0 pieds au-dessus du uiveau
de ta mer. Farmf .90 à 80 autres cime»
qui ont de 4,000 à 4,^00 pieds, nous ci-
terons la Gtande^Roue [das grosse Rad)^
la Stonubaube et le R^rsger. Dur côté
de la Siiéaie, ja pente est raide et^acar-
pée, tandiUque, vettS la Bohême, elle va
en s'abshsant graduellement. Le sque-
lette ei^t du granit recouvert d'une cou-
che plus ou moins éj^aisse d'humus* Plus
on s'élève, plus o«|te couche diminue
d'épaÎMeut, et op ftpit par no plus ren«^'
contrer que de la tourbe. Les forêts qui
garnissent le pied de^montagnea consis-
tent principalement en hêtres, bouleaux,
aulnes, ormes, etc.; les flancs sont cou-
t verts de pins et de sapins; mais en appro-
chant du sommet on ne trouve plus que
des ptns des Alpes, qui disparaissent à
leur tour pour faire place à de vastes
plaines marécageuses et à des lacs où
l'Elbe, llsir, TAupe, le Bober, le Queis
et d'autres rivières prennent leurs sour*-
ces. Les voyageurs qui veulent faire l'as-
ceneion d« la Schneekoppe paitent ordi-
nairement de Schmiedeberg et passent
la nuit au Hampelsband, élevé de 4,140
pieds au-dessus de la mer, afin d'arriver
au s0inmet au moment où le soleil se
lève. Ils escaladent ensuite la crête de la
moutagncf qui forme la frontière de la
Bohéoite et de la Silésie, et atteignent en-
fin la Koppe proprement dite, haut ro-
cher escarpé, le plus a^vettt caché dans
les nuages^ où l'on arrive par un étroit
sentier, et ïxxt lequel on aperçoit encore
learuines d'une chapelle diédiée a S. Lau-
rant.C^est la qiiffHi trouve l'hyalite,espèce
de pierre qui, quand on la frappe, répand
une douce odeur de vtoUtte produite par
le byssill rouge qui la couvre. On jouit
durant delà Schneekoppe d'une vue ra»
vissante : à l'orient, le regard'se peill dans
les plaines de la Élésie jusqu'aux fron-
tières du grand^luahé de PoseD|et à l'oc-
cident-, on voit s'ouvrir è ses pieds , à
1 ,500 pieds de protodeur,leThalgrund,
lerAiesengrund et le Teufeisgrund. Voir
Martiny, Maaueidu voyageur dans le
Riesé9^îig{Z'^ éd. ,Berlin,l 827). CL.
SUDORIFIQUES, îM>r. €uEUE.
SUE (Eugàee), 1* célèbre auteur des
Mj^Hèret de Paris^ «st né à Paris le 1 0
janvier 1804, d'une famille originaire de
La Colle; près de Cannes en Provence.
Son pè»^, son grand- père et son arrière-
grand-père furent des chirurgiens dis-
tingués et ont laissé des travaux estima-
bles« Le demiff, médecin en chef de la
gar|le impériale, dçvint à la Restauration
médecin en chef de la maison militaire du
rof ; il était encore des ordres de la Légion*
d'Honneur et de Saint-Michel et conser-
vait encercle titre de médecin honoraire
du roi Idinsou'il mourut en 1830*. L'im-
péralrice Joséphine et le prince Eugène
ont été les parrain et marraine de son
fik. Celui-ci fut i^'abord destiné i la
profession, a laquelle sa (amille devait
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SUli
UDe certaine iU«8tr«tioq, At^cbé comme
chirurgien à U maison militaire du roi y ,
puis successivement a l'état- major de V§t-
mée dTspasne, et au 7* régiment d'ar*
tillerie, il ûi dans ce pays la campagne
de 1823, et se trouva au siège de Cadix,
à la prise du Trocadéro et à œlle de Ta-
rifa. Il passa ensuite au service de mer,
fit plusieurs navigations aux Antilles, en
Grèce, et se trouva enfin au comba( de
Navarin, *en 1828, sur le vaisseaii /^
Breslaw. Revenu à Paris, son esprit vff
et plein de ressources le poussa bientôt
dans une voie nouvelle : ^ se mit d^abord
à étudier la peinture chez M. Gud^;
mais en 1830, un de ses anciens cama-
rades, rédacteur d'un petit journal inti-
tulé la Nouveauté^ charmé de li^ maniière
de raconter du jeune officier 4e santé,
lui donna Tidée d^écrire quelques souve-
nirs maritimes. M. Eugène Sue débuta
par Kénok le pirate. Le succès répondit à
son attente, et l'encouragea à tenter de
nouveaux efforts, « Une fois Tâne b^té ,
a-t-il dit plaisamment lui-même dans une
lettre confidentielle, il a trouvé la chose
amusante, et il est allé tout droitson petit
bonho|nme de chamin. » Ainsi parurent
Plik et Piokf scènes maritimes fParis,
1831, in-8°); Atar-Gull (id.); la Sa-
lamandre (1832, 2 toi.); la Couca-
ratcha (1832-34, 4 vol.); /a Vigie de
Koatven (1833, 4 vol.), etc. Dans ses
romans maritimes, M. Eugène Sue créa,
on peut le dire, un genre nnttteau et qui
n'appartient qu'à l|ii. Ceux de l'Amé-
ricain Fen. Cooper {voy*) peignent,
il est vrai, avec d'admirables couleurs,
une nature à part, 'fertile en tableatlix et
en sensations; mais ce n'était point la vie
du matelot tout entière, avec ses joies e|
ses tourmentes, ses alternatives et ses
péripéties. C'est au romancier firançaU
qu'appartient le mérite de nous avoir
introduits sans effort au milieu de ce
monde nouveau, de nous avoir intéreftés
aux scènes souvent grotesques du gaillard
d'avant, et d'avoir décidé même les lec-
trices, les femmes du monde du goû't le
plus dél]cat, à ne pas craindre le contact
des loups de mer^ à s'habituer à l'aspect
de leurs mains calleuses, de leurs vête-
ments goudronnés et au ri^de langage qui
leur est propre. '
(434) sue
La carrière maritime de M. Eog^M
Sue fut longue et fruoUièuse; mais ta
bonme de tact il q^mprit que tout dw%
avoir det bornes, principalement dans la
littfratuni; qu'il ne faut pas abfeser àm
meilleur instrument, et que c'est à cette
condition seule qu'il y a dans chaque car-
rière des succès solide çt durables. Il
n'attendit doiic pas que la vogue dit adieu
au genre dans lequel il excellait pour, le
quitter, et s'éloigna sagement de son pu-
blic quand son talent était encore dana
toirte sa fofse et sa fraîcheur. Sa grande
Histoire de la marine française^ 2* sé-
rie, xvit^ siècle, rè^e de Louis XIV
(1 834-37,5 vol. in- 8^ avec carteset pT.)y
fut comme la récapitulallon et le courmi-
nement de Feeuvice qu'il avait poursuivie
plusieurs années avec un rare boftheor.
Son délicieux iVomtf au diable (1842,
2 vol.), dont on fitune pièce de théâtre si
amusante sous le titrer de Madame Bar-
be-^teuey fut comyie la transition desoa
ancienne matière à celle qu'il se propo-
sait de lui substituer. Il y a encore dans ce
IKi^ comme un parfum lointain degou-
' dron qui va s'afàiblisaant pour céder l'air
à des odeurs plus suaves et plus mondaines.
M» Eugènt Sue aborda alors le roman
de mceurs intimeav II Avait vu de près le
monde de tous les étages. U ae mit à
peindre la société qu'il avait sous les jeux
sans négliger ses études historiques. Aux
roman^ de Latréaumont (2 vol.) ; Ar-
thur^ journal (P un inconnu (4 vol.); Dt^
leytar (2 vol.) ; le Mar<^uis de Létortéres
(1 vol.) ; Jean Cavalier {4 vo!,) ; Hercule
Hardi et le colonel Suroille ou Deux
Histoires (2 vol.); le Cornmundeur de '
Malte (^ voU) ; Paula Monti (2 tel.) , q»i
(nrent publia de 1 837 « 1840, succédé^
rent bientôt Mathi/de{iS4iy 6 vol.), et
TAérè$e Dunoyer [\h4^, 2 koI.). Ma^
thilde^ qui parut d'abord dans les feuille-
tons d'un journal, fut un des romans qui
firent la fortune de ce nouveau mode de
publication, source inépuisable de reve-
nus pour quelques écrivains privilégiés,
mais dont Te mérite et la co^vena Ae ont
été et sont encore vi^ment controversés*
Réimprimé aussitôt, ce livre d'une lec-
tiu*e attachant a vU croître son succès
constaté par plc|sieurs éditions.
Cependant JU, Eugène Sue était ïo'm
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SUE
d'«?oir dit ton dernier mot. Son Ulent
devait subir une nouvelle métamorphoee
et lui faire enfanter une production tou|p
à-fait extraordinaire, un drame plein de
péripéties aux siluationa les plus variées,
où les plaies de la société sont mises à
nu avec une effroyable vérité, où les vb-
ces s'étalent dan» la fange comme sous la
soie, où les vues philanthropiques sou«-
vent outrées dénotent pourtant un no^-
ble coBur épris de Tamour du bien pu*
blio, où enfin le romancier s'élève à 1»
hauteur du moraliste et de l'homme d'ér
t«t (voy, T. XJX, p, 611, et T, XX,
p. ;^99)* Depuis quelques mois ses ex*
cur«ions étejent devenues plus fréqaen»
t«s i il travaillait moins assidûment ; on
1« voyait parfois porur sei pas au fan*
bourg Saint'Germain, d'autres fois à la
Cité et au]( barrières. Au faubourg 8ainW
Germain, il ellait visiter Im chefs de
l'école socialiste, hommes dont l'infati-
gable actÎTité rêve une organisation meiL*
leure potir ce monde. Il assistait à leurs
réunions, il dévorait leurs écrits, U en^-
courageait la Phalange^ il devenait ae-r
tionnaire de la Démocratie pacifique^
Puis, prenant lui-même les vêtements
fangeux du peuple abruti, comptant sur
que fermeté que recouvre une bonho»-
mie apparente, ^mptant beaucoup aussi
sur la force musoulaire que la nature lui
4 départie, il defioend^ît courageusement
daof les profondeur! de cet abîme myi^
iérieuXf où le pied dédaigneux de l'é^
goisme a précipité tant de victimes ; oo
bien, les lundis et les jeudis, se faisant des*
cendre de cabriolet a peu de distance des
guinguettes des boulevards extérieurs,
vêtu d'une blouse propre, coiffé d'une
casquette presque élégante, il allait re«
trouver là une jeune et candide grisette
pour qui il ne fut jamais qu'un humble
peintre sur éventails, riche d'amour, il est
vrai, m^is ne vivant du reste qu'au jour
le jour du fruit de son travail, content
de lui«>même, heureux du présent et ne
rêvant pas beaucoup à l'avenir.
De cf triple rapport avec les socialis*
tes du faubourg Saint*Germain, les maU
heureux de la Cité et les grisettes des
barrières, est résulté le livre le plus re-
marquable de M, Ëu^oe Sue, les Mysn
tèm df Parié (l»4a-43, % vol. in-S**,
( &Ï6 ) SUE
en 1 0 parties). De tous ceux de notre épov
que, c'est incontestablement celui qui g
fait le plus de sensation lorsque le Jour-»
nal de* Débats lui prêta son immense
publicité; livre contre lequel les mo<f
ralistes ont fulminé, et dont ils ne peu*
vent méconnaître néanmoins les teodan*
ces bienfaisantes; qui nous révèle ub
monde nouveau, qui séduit, siibjugu%
renouvelle notre Âme; qui n'a pas eu
de modèle et n'en servira à personne;
un livre unique enfin sous l'enveloppe
duquel l'auteur s'est individualisé dans
Rodolphe et dans Germain t comme il e
individualisé son Égérie, sa grisette, pau*
Tre et franche fille, moitié dans Eigolette,
moitié dans F|eur«>de-Marie i ces déli*
cieuses figures que la peinture et la st«*
tuaire ont tant de fois, mais vainement,
cherché à reproduire.
M. Eugène Sue s'est eussi essayé swr
la scène dramatique, avec MM, Arthur
DinattK, Félix Pyat et autres, ou seul;
dana «as ouvrages déjà publiés ou dans
des compositions nouvelles. Mathild$
surtout et hs Mystères de Paris onl
obtenu là encore un immense succès. Ce*
pendant l'auteur est plus à l'aise dans «es
romanf , où il jpeut s'ébattre au gré de st
fantaisie, que 4ans ses compositions scé^
niques, où le besoin de mouvement exigt
trop souvent la suppreasioo de ces gri>*
cieux détails dans la description desquels
il excelle, force à renonoer à d*inléressanlf
personnages qu'on regrette, et rapetisst
ceux qui restent à des proportions qui lee
rendent méconnaissables.
C'est au Juif errant y roman en 1 0 vol.,
dont le Constitutionnel (qui l'a acheté,
diuon, 100,000 fr.) a récemment com-
mencé la publication, que s'attache dana
ce moment (juillet 1 844) l'intérêt du pu«
blic, non^'-seulement en France, mais aussi
dans les pays étrengers.Cinq éditions aile*
mande*, indépendamment de# contrefa-
çons, en sont déjà annoncées, et la
Galette d'Augsbourg se récrie tous les
jours sur cette manie du' public d'outre-
Rbin, qu'elle flatte cependant elle-même
en reveoant le plus souvent qu'elle peut
sur cette publication , objet de tous les
entretiens.
Ce qui fait surtout Je mérite de M. Eu-
gène Sue comme romancier, c^est l'an
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SUE
(6Z6)
SUE
atec lequel il met en scène ses perëonnt-
gea. Les caractères sont souvent outrés,
ety parmi ces nombreuz acteorsy on eo
rencontre quelquefois de monstrueux et
d'impossibles ; mais à chaque pas on est ar-
rêté par des tableaux admirables de vé-
rité. La peinture des passions est pleine
de force et de chaleur; le dialogue a gé-
néralement des allures vives et piquan-
tes ; des observations du plus haut in-
térêt se présentent à chaque page. Non-
obstant des défauts qu'il serait inutile
de nier, l'auteur attache son lecteur par
la vérité du langage, et l'entraîne malgré
lui dans le tourbillon du monde, l'agite
d'une manière fiévreuse, et le livre à ces
émotions puissantes que le goût émoussé
des générations actuelles recherche dans
las lectures comme sur le théâtre, et sans
lesquelles on dirait qu'il n'y a plus pour
elles de véritable jouissance. E. de M.
SUÉDE. Réunies sous le même scep-
tre depuis 1814, la Suède et la Norvège
(vor*) ne forment plus, dans le système
^politique de l'Europci qu'un seul corps
de monarchie d'une superficie de 18,578
milles carr. géogr.% avec une popula-
tion de 4,300,000 âmes, chiffre faible,
comme on voit, pour un aussi vaste ter-
ritoire. Mais chacune de ces deux ré-
gions, constituant un royaume indépen-
dant , régi par des institutions eotière-
■lent distinctes, doit former l'objet d'un
article à part. Nous avons déjà traité de la
Norvège : nous nous occuperons donc ici
exclusivement de la Suède, le plus grand
et le plus important des trois royaumes
du Nord.
1® Géographie et statistique. Cette
contrée, dont on évalue la superficie à
8,007 milles carr. géogr.**, s'étend en
une large bande sur toute la partie orien-
tale et méridionale de la grande pé-
ninsule Scandinave, entre la Norvège à
l'ouest et au nord; la principauté de Fia-
(•) Méffl* nn pen plot, c'ett-àHlir* 757,000
kiluni. carr. On sait qa» la metare de la France
est de 537,686 kilom. carr. La population rela-
tlre est seolement de 5 1 bab. par kÛooi. carr.,
Undit qu'elle est Franoe de pr& de 65. S.
(**) Plus rigoureasement, à 44i«axz kilom.
carr. , dont sealement 9 à zo,ooo en terres la-
bourables ; plus de 35o,ooo en landes , forêts
et montagnes { près de 60,000 en Iscs et ma-
rais. S.
lande, le golfe de Botnie et la Baltique
proprement diteà l'ouest ; cette même mer
an sud ; le détroit de Sund, le Gattégat
et le Skager-Rak {wyf. tous ces noms)
au sud- ouest.Presque partout le dévelop-
pement territorial de la Suède présente,
vers la Baltique, une pente inclinée dont
l'élévation moyenne au-dessus du ni*
vesu de la mer est en général beaucoup
moindre que celle du versant Opposé de
la Norvège. Les Alpes Scandinaves, qui
parcourent la péninsule dans presque
toute sa longueur, et prennent au nord,
depuis le 63e parallèle, le nom de chaîne
de Rioelen , et au sud celui de monta
de Sévé , forment en grande partie la
séparationentre les deux royaumes. Cette
chaîne où, même dans les provinces «lu
sud, la région des neiges étemelles com-
mence déjà à 5,800 pieds, plus inacoee-
sible et dans quelques-unes de ses par-
ties non moins pittoresque que les AJpes
helvétiques, sans pourtant les égaler en
hauteur, a tous ses points culminants en
Norvège.EUe est aussi plussauvage et plus
abrupte dans ce dernier pays qu'en Suéde,
oh elle décline vers la mer en chainonsgnn
duels. Les côtes sont bordèi^d'une mul-
titude d'tlou et d'écueils nommés holms
et skœresy qui rendent l'approche de la
terre très difficile et même dangereuse.
Les rivières, très nombreuses, sont d'un
cours borné et entrecoupées d'une foule
de rochers et de cataractes qui en contra-
rient la navigation. La plupart emprunt
tent leur nom à la ville ou au district
principal qu'elles arrosent, en y ajoutant
le mot elf qui signifie rivière. La plna
importante de la Suède, et même de toute
la Scandinavie, le Gotha-Eif, qui a
sa source en Norvège, s'appelle primiti-
vement Clara - £lf , jusqu'à son entrée
dans le grand lac de Wener, et court de
là se jeter dans le Cattégat. Il faut en
outre nommer la Maula, tribnUire de la
Baltique, qui sort du lac de Wetter; le
BaU£lf,quise déchargedans le golfe de
Botnie, et les quatre principales rivières
de la Laponie suédoise, TUméa, la Pitéa,
la Lulèa et la Toméa, limitrophe de la
monarchie Russe, qui vont se perdre
dans le même golfe. La Suède offre une
multitude de lacs, en partie fort èiendos.
Outre les deux plus grands, déjà
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SUE
(S3Ï)
SCE
tiopnét, dïïtià la Gothie ovSaSde méri-*
dioii«l«, et qui ont, b prtmm pIuB de
100, le second 84 milles oarr. gé)gr. 4i
rarfiice, on remarque encore, dans la
Suède centrale ou proprement dite, ceux
de M«elar et d^ielmar, joinU «Dtre
eux par le canal d'Arboga. Le nouveau
canal de TrollA»tta, Mut séœmment
inauguré, et creusé, de même que l'an-
den canal de ce nom , dans le but d'é*
^iltr les cataractes du Gotba-Elf, est
une des belles créations du règne de
Chsries XIV Jékit, ainsi que le canal de
Gœtha, acbe^é en 1898. Ce dernier sert
à éublir une communication Autre la
mer Baltique et la mer du Nord, à
travers la sprande plaine de la Scandi-
navie, par rintermédiaire des lac» et det
courants dont cette région est' entre-
coupée.
Le climat, moins rigoureux que dans
beaucoup d'autres contrées situées sou»
la mémer ktitode, à cause du peu d'é-
lévation du pays, est -cependant très
froid, mais saKihre. Remarquons 'aussi
qu'il faut ranger à part 4a Snède septen-
trionale ou le Norrland, région glacMle
et presque inbabitable. Un été irèscbaud,
quoique court, console de la longueur
de l'biver, qui dure environ neuf mois.
La rapidité avec laquelle on voit les nei-
ges se fondre, et les campagnes se cou-
vrir d'une abondante et fraicfte végé-
tatioui tient du merveilleux, et forme un
besM spectacle.
Le sol de la Suède, pierreux et en
majeure partie ingrat, est faéAsé d'im-
menses forêts ott rempli d'amas d'eau et
de marécages. H n'offre des Vfltl^ et
des plaines fertiles que dans les légions
où le climat est pins doux. Tout an sud"!
la Scanîe et les parties voisines onttnème
une. constitution pbylique et une végé-
tation semblables en toufrpoint à celles
de l'Allemagne septentrionale. Mais plus
on avance vers 1^ nord, plus on rencon-
tra de solitudes et de terf^s rebelles ai la-
culture. La Suède produit du blé, prin-
cipalement du seigle,^de l'avoine et de
l'orge, divers légumetf, du chanvre. Bu
Hn; du tabac, et, dans les provinces du
sud, aussi quelques fruits. Les districta
les plus fertiles en céréales sont les gran-
dca-plaines qui a'étfndant autour d^ laça
deMaelar et d'HI^mar. L'orge. ne^lA-'
rit plus dans le Norriand. Grâne aux
soins persévérants dotinés ài^agrîculture,-
la production de grains, dans les années
ordinaires, est aujoiùrd'bui plus queffkf-
fisante pour las besoÛM du royaume, qui
autrefois nécessitaient des iiflj[K>rtâtions
considérables*. Dans le Nord cependant,
la diiMe fait souvent pratiquer, polNr le
pain que «oange le peuple, ce mélange de»
racines et d'écorce d'arbre broyées, d^
mentionné à l'article Norvège. Le cbéne
cesse de croître au «ord du Dal-Elf. Les
immenses forêts répandues au pied des
rocbers et ties glaciers du Norriand sont
composées exclusivement de pins, de sa-
pins et de bouleaux; mais à l'extrême
fiord, ces arbres itêmei sont chélift et
rabougris.
Le bois de construction eif usa res-
source très importante |K>ur la^uède;
cependant l'économfe forestière, mal ré-
glée, laisse ettcore beaucoup &- désirer
dans oe pays.^Les pâturages ont une éten-
due considérable et pourraient nourrir
une plus grande quantité de bétiffl. Lea
troupeaux qu'on y élève sont ^une petite
espèce et suffisent è peine aux besoins de
la consommation. En revanche, le gibier
esC très abondant. Le renne eit, comUtae
on sait, Tunique fortuaedu La pou. Parmi
les animaun'de proie ou *à fourrure, les
ptaa fréquents sont l'ours, le loup, le re«
nard, le loup cerviar, la martA, la lou-
tre et le castor» Les lac^, autour desquels
nichent d^înnombrables oiseaux aquati-
ques, MOi très poissonneux, ainsi que les
rivières, et sur lescôles la pêche maritime
est encore plus locratiye que la chasse
è l'intérieur.
Au gjvamte, qui généralement consti-
tue la -basa du toi en Suède, se trouvent
alliés une très grande variété d'autres
ininéraux. De toutes les industries nalio-
nalas, It plus florissante et la plua avan«
cée est celle des mines^ ttuplokation de
celles d« ËBT surtout, dont la phis fa-
meuse est a Dannemora.£n 1839^ la va-
leur de l'exportation de ce métal s'est
élevée an chiffre de 10,466,000 écus
de banque (moniaie de compte valant
' (*) Ea i833, lesMinsilIet fnlétià^-à^S^'jo
hectçl. , et out Codait fo,8a6,39o bectôl. hà
rendeiaent wt habiuiUfnat d« 5 p. f . 6.
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SUE
3 fir. 1 6 c) * Le produit dM nîneadecubrp
e}| aussi très cpnsîdérabU, lïotamiDeqt
celui (1^8 iDio#8 deFalun.Les mines d'ar*
g^t) au contraire, ont perdu toul^ leur
importance, et les rftres filons d'or sont
m^e complètement abandonnés. En r6»
vanche ^ oi^commence à pr9t!q«er l'ex*
traction de la houille à Hoeganfts en
Scaniç. La . Soèfle possède en outre des
sources minérales,
La population I extrémtment clair-
semée dans le Iforriand, mais plus dense
dans Ifs provipces dy, centre et du midi,
est fortement en progrès, quoiqWelle ne
s'éleYe encore pour tout le royaume qu'à
8,100,000 âmes. Excepté les Lapons et
les Finnois, au nombre de quelques mil-
liers seulemepti elle mt tout entière dé^
rivée d'une même souche. Les Suédois
ont été de tous temps utte nçfi belle
et robuste, laborieuse et endurcie par
une lutte opiniâtre contre les éléments
rebeUes,s5«is un climat mifi et au milieu
d'une nature peu prodigue ile ses dons;
une nation brave, hospitalière, très aMa^
cbêe au sol dt la patrie, m%is surlQiit ja-
louse et fiêre d'y malhtenir son indépen-
dance et sa liberté. Uue eertaine agglo-
mération d'habitants n'existe que dans la
c9ipiidàe,S(0ckhotm (7)qx, son art.) .Parjyi
les autres villes, 3 ieulement idlrent une
population de 10 à 20,Q00 àmes.
L'industrie manufacturière est eaccfe
très peu développée çn Siiède, et, bien
qu'eue ait beaucoup gagné depuis 20 ans^
elle n'est en état de fournir jusqu'ici qu'à
une faible partie de la comommation du
pays *, Les hsbitaïus des campagnes filent
et tissent eux-mêmes les étoffes grossie*
res dont ila font leurs vêtements.
Sauf quelques échanges de pcoduita
peu considérables avec U Norvège, le
commerce extérieur de la Suède se fait
en entier par la voie maritime. L'expor-
tation consiste presque exclusivement en**
fer et en bois de construction. Elle s'est
élevée, en 1840, 1 une valeur iQia\e de
30,437,000 écus de banque; le chiffre
( 439 ) ^UK
Bsflcatton' très active, tsut sur ifter qu^
sur les granda Uca et canaux de l'inté-*
rieur, ditposaU à la même époque d'uo
mptériel nauliqiie de la capacité total*
de 56,987 ImU en navires employés «n
coibokeroe extérieur, et de 81,550 lests
eu bateaux destipés aux transports 4#
l'iotérieiir, nou compris 50 bateaux à
vapeur de (a force de 1,054 chevaux,
Stockholm, Norkœping et Carlscrooe,
sur la Baltique, Malmoe, sur le fiund^^l
Qothen bourg, sont les ports 1^ plus com-
merçants de la Suède. "
La nation suédoise est partagée en 4
ordres,. la noblesse « le clergé, la bour-
geoisie et les paysans, ayant chacun leur
représ^tation distincte et oertainsiiroits
particuliers, La noblesse, qui compte
encore à peu près 1,2Q0 familles formant
j^ environ de la population totale , a
conservé jusqu'à nos jours différents
privilèges. Elle s'est msiqtenue de fait
en possession d'une gmnde pirtie des
emplois civib et .militaires les plus im^
porUttts, et le^biens nobles, outre qu'ils
jouissent du bénéfice d'une taxation plus
légère, relatfvement à l'impôt foncier,
sont encore exemptés de plusieurs cbar-<
ges qui grèvent les autres propriétés.
Chaque chef de famille noble est aussi
de plein droit membre de le diète , et
peut, quand il lui plall^ prendre siège en
personne à l'assemblée des États- Géné<-
raux. Il n*y a pas eoeore très longtemps
que la noblesse possédait à ^lle sedle.ttu
tiers idu sol^ mais sa puisssnce réelle
a bea)fcod|» diminué depuis qu'il a été
permis à tous les particuliers indistincte-
ment de se porter acquéreurs de terres
nobles* Le clergé forme une classe iu«
Attente et instruite, et.se montre animé
d'un exoelleiU esprit de corps, qui lai
donne un grand peids dans le pays/Ijt
beurgeoisie pi^prement dite n*est pas
4rès consfdérable , car elle ne renferme
pas en tout 70,000 membres. Le vérita-
ble.noyau, la masse prépondérante de la
nation, par le nombre des individus qui
de l'importation, pouf la même année, a t la cofiaposent non moins que par la puis-
été de 18,30S,Q<^Oécusdei>^nque*^. *^
(*) On estimait, en i834« \tê prodqitt fabri*
qaés à la Talear de a3^58,700 fr. Oq comptait
a,o3f fabriqo«a » jl Alt ai4 poar la prèpararioa
do Gofr, et 380 tefbtufkritff . . S.
C^*)»sin|es4sa»iBeéeiprécédeBtsi,ls
santé des intérêts qu'elle représente, ce
sont les paysans. Ils ont de tout temps
vemeot commercial a eo 00 pea plu^ d^activlté.
Le rereon brot des doaaites a été, «■ i44o» de
3i,liaMn3thaUMdeJiuqat. é«
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SUE
(ô»»)
SUE
été libres de leur penoDiM, et la stabilité
de lear état de poeaession trouve de for-r
tes garanties daos les lois, qui n'autori-
sent le morcellement de la propriété fon*
cière que daos de certaines limites.
La religion protestante domine en
Suède} mais ce royaume, à Texemple de
fàogleterre et du Danemark, a conservé
la hiérarchie épiscopale. Il est divisé en
] 2 diocèses, dont Pun, celui d^psal, est
administré par un archevêque, qui a rang
de primat; 1 1 évéques président les au-
tres diocèses. Ces prélats sont nommés
par le roi, sur la proposition des chapi-
tres métropolitains.
L'instruction populaire est dans un
état satisfaisant en Suède. Il est rare de
trouver un homme du peuple qui ne sa-
che lire , et la connaissance de la Bible
est généralement répandue. Le système
et la condition des écoles primaires ont
subi des améliorations par les soins du
gouvernement, malgré les empêchements
nombreux qui résultent, pour toute orga-
nisation de ce genre, de la grandeur des
distances et des difficultés de communi-
cation entre une foule d'habitations tout*
à-fait isolées. Les sciences et les arts sont
en grande estime chea le peuple suédois;
BOUS aurons a parler de sa littérature
dans un art. particulier. Les deux uni-
versités d'Upsal et de Lund, les foyers du
haut enseignement , sont l'une et l'autre
très fréquentées. Concurremment avec
plusieurs académies et autres établisse-
ments d'instruction spéciaux dans la ca-
pitale er ailleurs, eUes participent de la
manière la plus active à la propagation
des lumières et a la direction du mouve-
mept intellectuel dans le pays.
Bien que Stockholm, résidence per-
manente dl} roi, doive être considéré
comme la capitale de toute la monarchie
sùédo-îiorvégienne, aucune prééminence
dans Tunion ne s*est établie, #& fkveur
de fa Suède, eur le royaume voisin. Il y
a même entre les deux pays une diffé-
rence essentielle dans le caractère de la
conslitutiouqui régit chacun d*eux : tan-
dis que le principe démocratique a pré>
valu sans mélange dans les instiftotioaa
norvégiennes, Tesfrit ariitocratjqne do-
mine toujours dans les formes tradition-
nellea dugouveniemanlre|yré«eBUUf an
Suède, Cea forme», les droits de la dy-i
nasiie régnante et ceux de la nation soat
actuellement réglés par 4 actes fondait
mentaux, qui datent des années 1809|
1810 et 1812. Le royaume de Suède y
est défini comme une monarchie héré*
ditaire dans la maison de Bemad6tl0
(vor^). En cas d'extinction des mâlea
dans la dynastie régnante, la diète 9%
réserve le droit d'élire le souverain. L«
pouvoir royal «si limité par les attribu-'
tions législatives et, à ceruins égards,
aussi par le contrôle des États convoqués
en diète. La diète se compose de 4 cham*
bres représentant chacune un ordre.Dana
la première, les chefs des familles nobles
{riksherrar) prennent siège en nombre
indéfini. La seconde est occupée par lea
1 2 évéques et par une cinquantaine de
délégués du clergé et des grands corpa
enseignants. La Urobième se compose
d'une cinquantaine de députés de la
bourgeoisie; la quatrième, de 100 à ISO
représentants de l'ordre àt% paysans. Les
députés élus des trois derniers ordrea
reçoivent des indemnités. Chaque cham-r
bre délibère et vote séparément. L'ini-«
liative de la proposition des lois appar-
tient indistinctement au roi et aux Etats;
mais aucune loi ne peut être rendue sans
le consentement du roi et de la diète. Le
suffrage de celle-ci se détermine à la ma-
jorité de trois ordres contre on, excepté
lorsqu'il s*agit de modifications aux lois
fondamentales, pour lesquelles il faut Tu-
nanimité entre les 4 chambres. Six oo««
mités généraux, formés de membres choi-
sie parmi les représentants de tous lea
ordres, sont chargés de la discussion
préalable des projets et servent d'inter-
médiaires entre la diète et le souverain.
Le roi , en son conseil d'état, composé
de ministres responsables,' décide , danr
les limites que nous venons d'indiquer,
sur toutes les propositions et mesures lé-
gislatives el ad q^inistratives.Depiiis 1 884»
les séances des 4 chambres sont publi-
ques. En 1840, il a'éfi décrété que lea
Élau- Généraux se réuniront , non ptito «
comme auparavant tous lea 6 ans seu-
lement, mais de 3. en 3 ans, satif la
droit du roi ie ies convo^quer an toul
temps à une session extraordinaire. Lea
inaonvéuants qu'oA p«^ iiinaltr 4aiia *
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SUE
(540)
SUE
cet ordre de dioses sont le méctnitine
oompliqaé et les formes ud peu sunD--
nées de la représentation nationale , le
mode Tidenz , sous plosieprs rapports,
du 8]fstème électoral , les délibérations
et le Tote séparés des 4 ordres, qui en-
tretiennent l'esprit de caste et rendent
Faccord difficile entre eui, les longueurs
qui en résultent, etc. Douze conseillers
de justice composent le suprême tribu-
nal du roi. Au-dessous de cette cour
fonctionnent des tribunaux ordinaires
de 8 degrés, sans compter une foule de
juridictions spéciales. La liberté de la
presse, ainsi que Tinamovibilité de la
plupart des magistrats et fonctionnaires,
«st garantie par la constitution. Le droit
suédois est fondé sur les anciennes lois
et coutumes Scandinaves , et n'a point
été modelé sur le droit romain. Une ré-
forme de la législation civile et crimi-
nelle est arrêtée et se poursuit depuis
1834.
La situation financière de la Suède est
aujourd'hui parfaitement réglée. L'état
officiel du budget, pour 1838, publié
en 1840, indique une recette ordinaire
de 13,006,359 écus de banque par
an, et une contribution subsidiaire de
3,731,805 écus de banque, votée par
les États pour divers travaux publics et
pour l'amortissement de la dette, main-
tenant à peu près éteinte. Les dépenses
générales pour la même année n'étaient
portées qu'à 18,337,338 écus de ban-
que. Le domaine de la couronne est très
considérable. La plus large part dans la
charge .de l'impôf est supportée par les
paysans; mais l'excédant continuel du
revenu sur les dépenses permet de l'al-
léger de plus ep plus.
L'organisation militaire de la Suède
%st un peu compliquée, mtfi« exc^ehente,
et conçue d'après un plan qui réalise la
plus parfaite économie. Une ordonnance
de 1833 a diyisé tout )e voyaCime en six
districts militaires.. L'armée active est
fixée a 33,114 hommes. Elle se q^m-
« pose de 35,409 hommes d'infanterie, dfe
4,705 homme» de cavtilerie et de 8,000
artilleurs et pionniers. Il est pourvu de
trois nanièrÀdifféren tes a« recrutement
^ et i l'entretien de l'armée :. 6,300 born-
ât en troupes enrôlées qui
restent pendant toute l'année ^soos les
drapeaux; tout le reste se compose de
troupes de répartition^ c'est-à-dire dont
l'entretien est à la charge des terres,
suivant les prescriptions d'un système
de répartition imaginé par Charles XI
depuis 1 680, et imposant à chaque corps
de biens {hemmdn) l'obligation de fooi^
nir un ou plusieurs hommes, fantassins
on cavaliers. Ces troupes reçoivent de
fréquents congés en temps de paiiç, on
sont employées au travail des routes el
des canaux. En temps de guerre, cas
forces sont complétées par une première
levée de 3,887 hommes fournis par la
conscription, dont l'usage s'est égale-
ment introduit en Suède en 1813. fin-
fin, en cas de danger imminent, tout est
organisé pour l'armement d'un nouveau
renfort de milice nationale susceptible
d'être porté jusqu'à 103,916 combat-
tants. De grands travaux de fortifica-
tion ont été exécutés par les ordres de
Charles-Jean pour mettre le pays en
état de défense contre tonte invasioii
étrangère. La nouvelle et superbe for*
teresse de Carisborg (Vanaës), érigée sur
les plans du célèbre Camot , à" l'en»
droit où le canal de Gœtba s'embouche
dans le lac de Wetter, est aujourd'hui \k
place d'armes la plus importante de la
monarchie, dont elle couvre le princi-
pal point stratégique.
La marine militaire de la 6uède est
très respectable. Elle comprend 10 vais-
seaux, 13 frégates, 15 cutters, 38 ga-
lères et 878 chaloupes .canonnières et
autres petits bêtiments armés. Ces de-
niers forment la flotte des skceres , par-
ticulièrement destinée à défendre l'abord
des cotes» On complu en outre 107 ba-
tiiOents de charge, avisos, on affecta à
d'autres..^vices. Le mode de recrute*
ment pour les équipages est le même que
pour l'arbée de terre. Leur poml^rej^ li-
mité en total 1^8,13.1 hommes en teiAps
de gaix, peut être augmenta de 1 1 ,500
hommes en temps 4e guerre. Gliriscrona,
sur la BfJ^que, avec de grands chantiers^
et de vastes magasins, est la plus forte
pihce macitime de la Seandinavie et le
principak port mi litaiiV de la Suède,
' L^ ordres ho|iorifiques de la Suède,
sont : 1^ l'ordre ^5 Séraphins ^ insti-
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SUE
(5
nié probabkiiieBt par le roi Ifignos I^
(de 1375 à 1990), rapprimé sons Char-
les IX, et réUbli le » ami 1748 par le
roi Frédéric I*'. Il o'y a qa^ane classe de
chevaliers, qui doivent être au nombre de
38 régnicoles et 8 étrangers, sans comp*
ter les souverains et certains membres de
leurs familles. Nul Suédois ne peut être
reçu membre de cet ordre s'il ne Test déjà
de ceux de TÉpée ou de TÉloile polaire,
et sa nomination Télève, s'il ne l'était
auparavant, au grade de commandeur
dans celui qu'il possédait. La décoration
porte sur la face, ainsi que la plaque, les
lettres J H S {Jésus homénum saiva-
'ior)'j et sur le revers : F R S ( Frede-
ricus rex Suecîœ)^ en mémoire du res-
taurateur de l'ordre; le ruban est bleu;
2« l'ordre iU rÉpée; 8» l'ordre de fÉ^
toile polaire^ auxquels nons avons con -
sacré des articles; 4f^ l'ordre de fVasa^
composé de 8 classes, fondé, en 1773,
par Gustave III, dans le but d'offrir un
encouragement au commerce et à l'in*
dnstrie. L'insigne de cet ordre est un
ovale sur lequel est figurée une gerbe
{wiiscC) entourée d'une légende, et qu'on
porte suspendue à un ruban vert ; 5^ l'or-
dre tle Cliarles XIU fondé en 1811, et
consistant en une croix d'or émaillée en
rouge de rubis, qui se porte en sautoir,
suspendue à un ruban rouge. C'est un
ordre de franc-maçonnerie, d'une seule
classe.
Nons avons déjà mentionné l'ancienne
division du royaume en trois grandes ré-
gions. En voici les subdivisions géogra-
phiques, également intéressantes à con-
naître pour rhistoire du pays.
I. SuKDB proprement dite ou Suinv
CENTaALX, partagée en 5 provinces, sa-
voir : Vpland (Stockholm, capitale,
84,000 h.); Sudermanie ou Suder-
manland (Nykœping), Néricie (OEre-
bro); fFestinanie ovl fVestermanland
(Westerses); Z)a/^cûr//tf (Faluif).
II. GOTHIB, GoBTnALAlfD OU SuiOB
MÉEiDioiTALE,. port âgée en 7 provinces,
savoir : Gothie orientale (Norkœping,
18,000 h.); Smaland (Kalmar), avec les
lies voisines d'OEIand et de Gothiand; Go-
thie occidentale (Gothenbourg^ 20,000
h.); fFermeland{Q^T\%uà\)\ ScanieovL
ScAonen [hnnd); fi<7//a/?«f(Ha|m0tadt}^
il) SUE
et Blekingen (CarlscroiM, 13,000 h,)»
III. NOERLAHD ou SvÈOE 8BPTBN-
T&IONALX, région glaciale, aride et très
pauvre d'habitants, partagée en 7 pro-
vinces, savoir : Gestrikland (Gefle), Hel'
singland^ Herjedaliey Médelpad^ Jœm-'
telandy Angermanland et Botnie occi*
dentale ou Laponie suédoise.
Quant à la division administrative de
la Suède, elle n'a rien de commun avec
la précédente. Sous ce rapport, le royau-
me est partagé en 35 lœn ou arrondisse-
ments, présidés chacun par un landhœf^
ding ou préfet, et formant ensemble 115
bailliages {yoigteien).
La Suède ne possède qu'un seul éta-
blissement hors d'Europe, la petite lie
de Saint-Barthélémy (chef-lien Gusta-
via), dans les Antilles. Cette colonie, dont
la population entière ne s'élève qu'à
16,000 habitants sur une étendue de
154 kilom. carr., lui a été cédée par la
France en 1784. Le lecteur peut con-
sulter sur la Suède les ouvrages suivants :
Paimblad, Géographie de la Suède (en
suédois, Upsal, 1829); Fonell, Statis-
tique de la Suède (trad. allem., sur la
3^ éd. suéd., Lubeck, 1885, in-8o);
Fréd. Schmiiit, La Suède sous Cliar»
les XIV Jean (trad. franc., Strasb. et
Paris, 1 843) ; W. de Schubert, Voyage à
travers la Suède , la Norvège , etc. (en
allem., Leipz., 1828-24, 8 vol. in-S"^);
Capell Brooke, Travels through Swc
deny Norway and Finmark (Lond.»
1838, in-4«).
3<* Histoire. Les historiens ne sont
pas d'accord sur l'origine du nom de la
Suède [St^ea Rikc ou Sverige; en lat.
Suecia), Des peuplades finnoises parais-
sent avoir habité primitivement cette con-
trée , puis cédé le terrain à des tribus
germaniques de même origine que les
Goths ( voy. ce nom ) , qui les refou-
lèrent au nord, où les Lapons nous of-
frent encore de nos jours les débris de
la race vaincue. Suivant les traditions
les plus anciennes, les conquérants de la
Suède et de la Norvège avaient aupara-
vant leur siège sur la mer Noire, vers
l'embouchure du Don, d'où leur migra-
tion vers le nord daterait d'il y a 18 siè-
cles environ. Odin (vo/.), nommé comiue
le chef des émigrés dans cette lointain^
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^tlE
(642)
SUE
•kpédltîon, et foinlatetir d'aiM r«ligidti
noUYelley fut eDsolte référé comme uq
dieu par son peaple y oonim ploê tard
aoat le Dom générique de Normauda
{7>oy.)^ et passe même pour afoir été l'au-
teur de Tanlique dynastie des Toglin-
gar. Jusqu*à l'époque de Tiatroduction du
christianisme, Thistoire de la Suède, en-
tièrement fabuleuse , est couverte d'un
telle impénétrable. On peut affirmer
néanmoins que les guerriers de la Suède
participèrent avec les autres Normands à
ces courses aventureuses , à ces eiploits
pleins d'audace, qui ont rendu si fa-
meux le nom de leur race, au moyen-
. âge; on les voyait dès lors animés de cet
esprit de liberté et d'indépendance qui
a formé de tout temps un de leurs ca*
raotères distinctifs. S« Anschaire (t'of .)'
l'apôtre du Nord, tenCa le premier, l'an
8S9, de prêcher l'évangile en Suède. Les
persécutions contre les chrétiens cessè-
rent entièrement sous Éric VI ; et Olaf III,
qui monta sur le trône en 998, ayant
Clément reçu le baptême en 1001, sa
conversion entraîna celle du reste de ses
sujeu idolâtres.
Toute la période écoulée depuis ce
grand événement jusqu'à l'union de KaU
mar qui, en 1897, fit passer les trois
royaumes Scandinaves sous une même
couronne, nous offre en Suède le spec-
tacle d'une lutte opiniâtre et continue
entre le pouvoir toujours croissant de
la hiérarchie et l'ambition rivale d'une
aristocratie militaire aussi rude qu'op-
pressive. Dans la bataille de Fotevig, où
les deux partis se trouvèrent en présence^
en 1 134, 6 évêques et 60 prêtres resté*
rent sur le terrain. Une fusion plus com-
plète des deux principaux éléments de la
nation, les Goths et les Suédois propre-
inent dits ( Suéons ), dont les discordes
avaient fréquemment aussi ensanglanté
le pays jusque là, n'eut lieu qu'en 1250,
lors de l'avènement de la dynastie des
Foikungar dans la personne du jeune
Waldemar I*', fils du iarl Bir^er. Déjà,en-
tiron un siècle auparavant, sous Éric IX
dit le Saint, les Suédois avaient commen-
cé la conquête de la Finlande. Ils Tache*
vèrent en 1293 par la soumission de la
Carélie, et portèrent ainsi jusque dans le'
voisinage de Novgorod lei Umitea de leur
domination. Plus Urd, le rot M%mis
Smeek ayant cherché à fendre son pou-
voir absolil , let seigoetirs le déposèrent
(1868), et, sans tenir compte des droits
de Hakon, fils de ce prince, ni consoltef
le peuple dans leur choix, élurent à sa
place Albert, second fils du duc de Bf eck-
lenbourg. Mais celui-ci ne répondît guère
plus que son prédécesseur aux vœux des
États du royaume. Ses sujets se révoU
tèrent contre lui, en appelant à leur se*
cours Marguerite (voy.)^ veuve de Ha-
kon, reine de Danemark et de Norvège.
La fortune eut bientôt décidé entre elle
et Albert, qui fut vaincu et fait prison-
nier à la bataille de Falkœping, en 1 388.
Par l'union de Kalmar (vo/), conclue
le 12 juillet 1397, la Sémiramis du
Nord joignit la Suède aux deux autres
couronnes qu'elle possédait déjà. Mais le
régime dur et inflexible de la reine qui,
oubliant le respect qu'elle devait aux li-
bertés de ses nouveaux sujets, croyait
pouvoir traiter ces derniers en peuple
conquis, ne tarda pas à rendre odieux
aux Suédois le joug du Danemark.
ÉricXIKdePoméranie, qui, en 141 2,
recueillit tout l'héritage de sa tante Mar-
guerite, poussa la tyrannie encore plus
loin : il écrasa la Suède d'impôts, et tenta
de désarmer les paysans pour éloigner
toute possibilité de résistance à l'accom-
plissement de ses vues despotiques. Une
insurrection éclata en 1485 , à l'instiga-
tion d'un gentilhomme dalécarlien, En-
gelbrecht ; mais elle ne fit qu'ajouter aux
maux qui affligeaient la Suède. Charles
Knutson, de la maison de Bonde, grand-
maréchal de Suède et gouverneur de
Finlande , profita du mouvement et de
son influence personnelle pour se faire
nommer administrateur du royaume, en
1436; mais, lorsqu'en 1442 letf Da-
nois eurent eux-> mêmes déposé Éric et
porté au trône Christophe de Bavière, les
Etats de Suède adhérèrent aussi à eé
choix l'année suivante.' Cependant, le
nouveau souverain, également peu sou-
cieux de l'affection et du bonheur de se<
sujets, resta insensible aux misères de la
Suède. Aussi, Christophe mort, les Sué*
dois se détachèrent-ils entièrement de Vvt-
nion de Kalmar pour replacer à leur tête,
tD 1448, Tancien administrateur, l'am*
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8«E . { S48 )
bttlfttti Cihaflès Knutaofi, i\û{ prît, com-
die roi, le nom de Chit-lei VIII. Malheu-
feuiemeDt, les éTéc|aM, mécontenté de se
toir exclus dn goaternement par ce
prince, fomentèrent la guerre citile et
«'allièrent éontre lui atec CbriMiem ou
Christian V d'Oldenbourg, roi de Da-
nemark {voy. T. VU, p. 508). Après
ivtiir longtemps résisté avec avantage ,
Charles, battu à la fin, fut obligé de lais-
ser le trône à sofl rival danois, et de
ebercber lui -même Un asile à ^étranger,
Mk f 456. Mais Christian se fit bientôt dé-
tester des Suédois par son insatiable avi^
dite. Une révolte lui coûta, en 1 464 , le
trône de Suède , dont Charles VIII ne
t^prit aussitôt possession que pour le
perdre une seconde fois, l'année suivante,
atec sa liberté. Sous le règne titulaire de
Christian, qui fut alors nominalement
rétabli dans ses droits, une désolante
anarchie s'empara de lA Suède. Les maux
devinrent si grands et les désordres si
graves, que le peuple finit par désirer le
retour de Charles VIII. Le captif recou-
tra donc la couronne de Suède avec la
fHble autorité qui s'y attachait ; mais il
n'en put jouir longtemps, car il mourut
en l'année 1470. Ce prince avait désigné
pour lui succéder son neveu Sténon
Sture, mais en l'engageant à se contenter
dn titré d'administrateur, de peur d'ex-
titer trop de jalousie parmi les grands du
royaume. En temps de guerre, la charge
d'administrateur donnait le commande-
ment de toutes les forces de la monar«-
chie. Sténon, et après lui le brave et ha-
bile Suante Nielson Sture (1504-13),
ainsi que le fils de ce dernier, Sténon II
Sture (1513-SO), parvinrent en effet
tour à tour à se faire reconnaître en
cette qualité; mais leur administration
fut continuellement troublée par les pré-
tentions que les rois de Danemark ne
cessaient d'élever à la couronne de Suède,
H firent même plusieurs fois valoir avec
succès. Enfin, en 1520, Christiern ou
Christian II {vox,)y par la force des ar^
ttea, et surtout grâce aux, intrtgpes de
l'archevêque dIJpsal, réussitàiaire pro-
elamer dé nouveau l'union des trois
royaumes du nord , dout il se déclara le
chef, Sténon II ayant été frappé à mort
ik dernière bataiH». Le 8 not. de la
StlE
même année, daus le fkmeut massacre ckr
Stotkbolm, ChHstiern Ht inmbev les tè-
tes de tous \éi personnages fnarquants du
clergé et de la haute noblesse qui avaient
manifesté quelque opposition à son avè-
nement ; mais cet acte de vengeance, loin
de raffermir le pouvoir du monarque
contre l'esprit séditieux d'une aristocra-
tie puissante, ne servit qu'à exciter ton*- •
tre lui un^ indignation qui bientôt lui
devint fatale.
Le premier qui, au nom de l'indépen*
dance de la patrie, leva l'étendard de la
révolte contre le monarque danois fut uU
jeune seigneur de la maison des Sture,
Gustave Wasa. Réfugié dans les montai
gnes , ce chef habile , intrépide et déjà
célèbre par des exploits antérieurs, fit
courir aux armes les braves Dalécar-
liens, et remporta de tels succès con-
tre les Danois encore mal affermis
dans leur domination, qu'il parvint, dès
l'année suivante, à se faire proclamer
régent, et fut solennellement élu roi de
Suède, en 1533 {voy. Gustayk I*' et
Wasa).
Son règne , qui dura près de 40 ans,
fut une lutte infatigable, et à la fin victo-
rieuse, de la royauté contre l'esprit mu-
tin d'un clergé riche et corrompu, tou-
jours prêt à s^armer de l'autorité du pape
pour se soustraire à celle du souverain,
et contre l'orgueil d'une noblesse arro-
gante et oppressive, qui n'hésitait point
à sacrifier à des intérêts de caste l'in-
térêt commuA de la patrie. Gustave
mit un frein àut prétentions exor-
bitantes de la hiérarchie , en embrassant
avec chaleur les nouvelles doctrines reli-
gieuses de Luther; il introduisit dans ses
états la réforme qui soumit l'Église à l'é-
tat. Aux qualités les plus éminentes du
souverain, ce prince remarquable unissait
un profond respect pour les droits de ison
peuple ; à ses yeux, la suprême gloire con-
sistait à travailler saoé relâche au bon-
heur dé ses sujets. GiisUve V^ , fonda-
teur de l'illustre dynastie de Wasa, mou-
rut en H 60, laissant le trône à son fils
Éric XIV, dont le règne. Ue justifia pas
dans la suite tes belles espérataces qu'il
avait fait naître au commencement. Sous
ce prince, l'aristocratie releva la tète;
sea pruprêa hhtm couooururent à sa dé-
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SUE
(544).
SUE
poaiUon, et Jean III» l'un d'eux, ceigttît
Li couronne à saplace, «a l£t68. Ce der-
nier s'éUnt fait catholique en 1 580» après
avoir eu déjà la faiblesse de céder au Da-
nemark à la paix de Stettin (1570) , la
Scanie, Hallaudy Blekingen , Gothiand
et la Herjédalie, était près de faire re-
tomber la Suède sous l'influence du Saint-
Siège. Cette conduite excita le mécon-
tentement général de la nation, et il n'é-
chappa que par la mort aux ressentiments
soulevés contre hii. Son fiU Sigismond,
déjà roi électif de Pologne depuis 1587
(voy. T. XX, p. 8), lui succéda en
1592. Ce prince, catholique comme son
père, ne se soumit qu'avec regret à la
condition de protéger la religion pro-
testante en Suède^ exigée de lui par les
États. L'ambition de l'oncle du roi,
Charles, très zélé protestant, profita de
réversion que les préférences de Sigis-
mond pour les adhérents de Rome
avaient soulevée contre lui dans le peu-
ple : aussi, n*eut-il point de peine à dé-
tr^MT son neveu pour se faire couron-
ner lui-même sous le nom de Char-
les IX, en 1604. Ce souverain repoussa
vigoureusement toutes les attaques des
papistes et de l'aristocratie. Les graves
conflits dans lesquels il se trouva enve*
loppé avec la Russie, la Pologne et le
Danemark, ne furent cependant menés à
bonne fin qu'après sa mort (1611), par
son fils le grand Gustave II Adolphe,
dont le règne glorieux et les hauts faits
personnels forment la plus belle page
dans l'histoire de Suède.
Gfâce. aux puissantes rçMOurces du gé-
nie qui l'animait et à la juste confiance
qu'il avait dans la mâle énergie de la na-
tion suédoise, ce héros ne resta pas au-
dessous du r6le périlleux qu'il accepta de
premier champion de la cause protes-
tante en Allemagne. Et pourtant , il ne
compromit en rien la sûreté de son
rojfaume, beaucoup plus vulnérable alors
qu'aujourd'hui; car la lacune d'un terri-
toire considérable, à la pointe méridio-
nale de la Suède, encore en possession
des Danois, n'était pas suffisamment
compensée par la conquête précaire des
provinces d*Ingrie, d*£Âthonie, de Livo-
nie et de Courlande, toutes séparées par
la mer du corps de U iponaircbie. La
pâx av«o la Bossie, même «près la con^
clnsion du traité de Stolhova, en 16 17,
fut d'ailleurs toujours vadllkote ; celle
avec la Pologne ne reposait que sur des
trêves, et dans le Danemark régnait un
prince- brave, habile, entreprenant et
capable de tirer parti des moindres fian-
tes de la Suède. Quoique bien pénétié
des dangers de sa position., OÎistave*
Adolphe eut néanmoins le courage d'eo«
trer en lutte avec la puissante maiaon
d'Autriche. En 1680, le grand <t>i prit
pied en Allemagne, oh il devait rapi-
dement parcourir une série mémorable
de brillants exploits. On en trouvera le
récit aux articles qui concernent d'une
manière spéciale sa biographie et la
guerre de Trente- Ans, dont l'intenren-
Uon suédoise marqua la 3® période. Mai»
déjà, le 6 nov. 1632, Gustave- Adolphe
perdit la vie sur le champ de bataille de
Lutzen. Une grande gloire rejaillit sur la
Suède de ces immortelles campagnes;
mais le renem que ses guerriers acqui-
rent sur la terre étrangère se paya dans
leur patrie même par de rudes sacrifices
que le peuple eut- à supporter tout en-
tiers. On fut obligé de grever le sol, à ti-
tre de contribution de guerre, d'imp6ls,.
qui devinrent ensuite permanents. L*a-
ristpcratie, fière de sa gloire militaire
et riche du butin amassé en pays en-*
nemi , reprit à l'intérieur une excessive
prépondérance qui se consolida pendant
la minorité de la fille de Gustave- AdoU
phe, sous la régence du chancelier Oxen-
stierna (vnjr,)^ homme d'état d'un rare ta-
lent, mais profondément dévoué aux in*
térêls de sa caste; elle parvint à son
comble quand Christine (vo/-.), après
avoir elle-même pris possession du trène
en 1644, s^entoura d'une cour splendide
et ajouta aux faveurs considérables, déjà
répandues sur la noblesse, la distribu-
tion gratuite d'une grande partie deè do-
maines de l'État. Des charges ezorbilaB-
tes continuaient d'être imposées aux
paysans , nonobstant leurs plaintea anaè*
res à la diète, pour subvenir aux fraiada
la guerre que le brave Bernard de Saxo-
Weimar avait poursuivie, avec diverace
alternatives de succès, comme général a»
chel des troupes suédoises dans l'Allema-
gne méridionale et sur le Rhin, jusque
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SUE
(645)
SUE
sa mort subîte (1639). Bo Poménnifl, le
général Baner (voy,) avait de oiême ob-
tena quelques avanta^ en f 686. Let
victoires de Torstenson détenninèreDt,
en 1645, à Brœmsebro, la ooncloston de
la paÎK entre la Suède et le Danemark,
qui fat obligé de céder les provinces de
Jœmteland et de Heijédalte, Tile de
Gothland et celle d*OEsel, pour toujours,
ainsi que la province de Eblland, mais
pour 36 ans seulement, et d^accorder, en
outre, aux navires suédois le passage li-
bre du Snnd. Enfin, en 1648, à la paix
générale de Westphalie, la Suède acquit
encore les duchés de Brème et de Ver-
den, Wismar, Rugen, la Poméranie ci-
térieure et une partie de la Poméranie
nltérienre, avec'siége et voix parmi les
États de Tempire germanique.
Le mécontentement général conduisit
la reine Christine, en 1654, à se démet-
tre du pouvoir en faveur de son cousin
Charles-Gustave, comte palatin de Deux-
Ponts, qui porta la couronne sous le
nom de Charles X. En abdiquant, la fille
de Gustave- Adolphe embrassa la religion
catholique : c'était rendre sa renoncia-
tion irrévocable. Les entreprbes hardies
de son successeur contre la Pologne, la
Russie et le Danemark, émurent TEu-
rope, mai4 ne procurèrent pas une paix
durable à la Suède. Elles poussèrent,
en 1658, la France, l'Angleterre et la
Hollande à conclure le traité de La Ebye
pour le maintien de l'équilibre dans le
Nord. L'année suivante, un engagement
eut lieu dans le Sund, entre la flotte
hollandaise et la flotte suédoise. En 1658,
la Suède avait forcé le Danemark à lui
abandonner, par le traité de Rosldld,
Blekingen, Halland, la Scanie, Dront-
heim (Trontjem) et Bornbolm. Le traité
de Copenhague , en 1660, modifia cet
conditions de manière à faire recouvrer
au Danemark les deux dernières de cet
possessions. Charlea-Gustave était mort
dana l'intervalle. La guerre avec les Po-
lonais, qu'il avait défidts à Varsovie, en
1656, ne se termina aussi qu'en 1660, à
la paix d'Oliva {voy.)^ par la cession dé-
finitive de la Livonie à la Suède, jusqu'à
la Duna. Le traité de Rardis avec la
Rusaie snivit en 1661. Au défunt roi
avait racoédé son fila Charles XI, soua la
Bncyelop. d. G. d. M. Tome XXL
régence de sa mère Hedvîge- Éléonore.
L'arrogance de la noblesse ne connaissait
plus de bornes vis-à-vis du peuple écrasé
sous le poids des impôts. Quand, en
1673, Charles XI fut sorti de minorité,
il commit d'abord la faute de se laisser
entraîner dans une alliance, très préju-
diciable à la Suède, avec la France con-
tre le Danemark et le Brandebourg. La
défaite de Fehrbellin (vo/.), où ses trou-
pes furent taillées en pièces par le grand
électeur, en 1675, lui donna sujet de s'en
repentir. Il en fut quitte cependant, à la
paix conclue à Saint- Germain et à Lund,
en 1679, pour la renonciation à ce qui
lui appartenait en Poméranie , au-delà
de l'Oder. Mais à l'intérieur, l'État, fati«
gué par plus d'un siècle de guerres con-
tinuelles, pliait sous le fardeau d'une
dette énorme, et les revenus ne suffisaient
plus pour couvrir les dépenses. Il fallut
enfin (1680) recourir au moyen depuis
longtemps rédamé avec insunoe par les
paysans, c'est-à-dire, à l'exemple de ce
qu'avait déjà fait GusUve Wasa pour les
biena usurpés du clergé, opérer le retrait
des domaines que la noblesse s*était in-
justement appropriés, au détriment de la
couronne; mais la façon tyrannique dont
on procéda dans la mise à exécution de
cette mesure, équitable au fond, fit pa-
raître celle-ci sous un jour odieux. Mal-
gré la dureté que Charles XI déploya,
dans cette occasion, contre une caste
qu'il n'aimait pas, on est obligé de lui
rendre cette justice qu'il fut un roi sage
et clairvoyant. Personnellement brave, il
ne craignait point la guerre, mais il sut
toujours prudemment l'éviter dans la
suite. Économe, compatissant aux misè-
res du peuple, infatigable et plein d'ar-
deur pour tout ce qu'il jugeait utile à la
défense et à la sûreté du royaume ou pro-
fitable au développement de la prospé-
rité nationale, il fut pour la Suède ce
que Frédério-Guillauiie I^ devint pour
la Prusse.
Malheureusement oelui qu'il laissa
après lui n'était point on Frédéric IL
Charles XII, son fils, qui occupa le trône
de 1 697 à 1 7 1 8, fut bien, comme ce roi,
un des plus grands capitainea des tempa
modernes; mais dans oette âme de fer, une
fougue démesoréei une inflexibilité de
85
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SUE ( 546 )
caractère extrême, avec un eaprît tour-
menté d*uD besoin d'agitation continuelle
et sans cesse poussé de Taudace à la té-
mérité, rendirent à peu près stérile en lui
la réunion d'une foule de qualités hé-
roïques (voy. T. V, p. 607). Dans la no-
tice particulière à laquelle nous ren-
voyons, nous avons suivi ce monarque
dans sa carrière aventureuse et funeste
pour la Suède, entraînée par lui dans une
suite de luttes et d^eipéditlons sans fin, en
partiefort éclatantes, mais ruineuses pour
un État aussi pauvre d'hommes et d'ar-
gent, et en définitive saas résultat, La
grande guerre du Nord, riche pour la
Suède en glorieux faite d'armes, mais
plus tard aussi en cruelles vicissitudes,
remplit tout le règne de Charles XII, à
partir de 1700. Ce royaume qui, seul et
sans alliés, eut à combattre tour à tour
le Danemark, la Russie, la Pologne, la
Saxe et la Prusse, ne recula pas, pour
faire face à tant d'ennemis, devant de
(gigantesques efforts, dont sa puissance
minée n'a jamaif pu se relever entière-
ment depuis* Un dévouement à toute
épreuve pour la personne de son roi,
dont le caractère héroïque fascinait et
électrisait la nation^ soutint seul le cou-
rage de celle-ci dans Tabiine de malheurs
o&tant de fautes et tant de revers l'avaient
plongée; et le coup mortel qui frappa
Charles XII au siège de Frédérikshall, en
Norvège, l'atteignit précisément au mo-
ment où, corrigé par de tristes expérien-
ces, il songeait enfin à réparer le mal
que sa longue témérité avait causé à sa
patrie.
Ici commence la décadence «(e la
Suède. La ruine du pays était déjà par
elle-même une cause de faiblesse pour le
gouvernement, et cette faiblesse entraîna
l'abaissement continu de l'autorité roya-
le. Les diètes devinrent le théâtre des
débate les plus orageux et d*interminables
conflite entre diverses fractions de la no-
blesse, travaillées les unes par la France,
les autres par l'Augleterre et par la Rus-
sie. Cette période d'anarchie oligarchi-
que que l'on a, comme par dérision, sur-
nom mée^riWe^ liberté^ dura jusqu'à
la révolution que Gustave III opéra dans
le gouvernement, en 1772.
Charlea XU ét^ot mon aaoa poatéri-
té, fa s4Biir cadeUe, Uhriqiit-ÉléoBora, à
défaut de rejeton mâle de la maison de
Wasa, lui succéda, non en vertu de l'hé-
rédité, mais par le suffrage des Étata
qui revendiquèrent leur droit d'élire le
souverain. La constitution redevint ce
qu'elle avait été avant les Wasa, sauf la
limitation plus étroite encore que aufatC
le pouvoir royal. L'époux de la reine,
Frédéric de liesse, qui prit, en 1720, les
rênes du gouvernement, avec le consen-
tement de sa femme et de la diète, fut un
prince faible, entièreoMst dominé par
l'aristocratie. Sous son règne, le sénat
parvint à une indépendance abaolue.
Un des premiers actes d'Ulrique, lort
de son avènement, en 1719, avait été dit
sacrifier aux ressentiments de la noblesaa
suédoise l'entreprenant ministre de son
firère, le baron de Gœrz (vof .}, qui avait
formé le plan d'un rapprochement entre
Charles XII et Pierre-le-Grand. La reine
s'était aussi empressée de conclure avec
l'Angleterre la paix de Stockholm, par
suite de laquelle elle céda les duchés de
Brème et de Verden à la maison électorale
de Brunswic, abandonna l'année suivante
(1720) au roi de Prusse Stellin et toute
la Poméranie citéneurejusqu'àla Peene,
et renonça en faveur du Danemark à la
franchise des droits du Sund, stipulée
pour les navires suédois dans les traités
précédents. Enfin la paix de Nyatadt
[voy.)^ en 1721, mit le sceau à la pré*
pondérance décisive que la Russie venait
d'acquérir dans le Nord. La Suède fut
obligée de renoncer à tous ses droits sur
l'Ingrie,le district de Wiborg(yy bourg),
une partie de la Carélie, l'Esthooie^
la Livonie entières. Excité par la France
et séduit par l'espoir de reconquérir ces
provinces, Frédéric fut un moment asaex
hardi pour déclarer, en 1741, de non-
veau la guerre à l'empire des tsars ; mais,
vaincu bientôt, il perdit, en 1743, par
le traité humiliant d'Abo, une autre par-
tie de la Finlande jusqu'à la rivière de
Kymène. Ulrique étant morte sans lais-
ser d'enfante, il fut convenu en même
temps qu'au décès du roi son époux, les
droite héréditaires au trône de Suède,
dévolus au jeune duc deHolstein-Got-
torp (vor.T. XIV, p. 164) Pierre-Ulric,
aéraient transférée de ce pri«et à «m on-
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SUE
(647)
SUE
de Adolphe-Frédéric, pmie^ évAçie «le
Lubeck, issu comme lai 4e Tetuée des
sœurs de Charles ZU. Eu effet, l'impé*
ratrice Elisabeth de Russie ayant déclaré
son successeur le jeune prince son neveu,
Pierre-Ulric (iM^f. PiE&jJt III) avait dû
embrasser la religion grecque et renon-
cer pax cela même à son titre de suc-
cesseur au tr6ne de Suède.
Sous Adolphe- Frédéric, qui parvint
à la couronne en 1751 , et la posséda 30
ans, la Suède, constamment en proie au
tumulte des factions , ne fut mêlée aux
affaires du dehors qu'une seule fois , en
1757, où elle prit une part stérile à la
guerre de Sept-Ans. Au-dedans, les par-
tis connus sous les noms des Chapeaux
[voy.) eX des Bonnets^ gsgnés, ceux-ci
par la Russie, ceux-là par la France, dé^
chiraient PÉtat et ne s'entendaient par
moments que pour mieux fouler aux
pieds l'autorité royale. La honte d'une
pareille situation fut vivement sentie par
le fils et successeur d'Adolphe- Frédé-
ric, Gustave III {voy.). Aussi Iç pre-
mier mouvement d'énergie de ce prince
fut- il de briser, à peine .monté sur le
trône (1771), les chaînes indignes dans
lesquelles l'aristocratie retenait le royau-
té. La révolution qu'il opéra dans le
gouvernement s'accomplit sans effusion
de sang, en 1772. GusUve III, roi actif,
entrepreniUit , esprit guerrier, chevale-
resque, mais trop ardent peut-être, brû-
lait d*impatience de relever Thooneur
des armes suédoises. Grâce a l'attitude
qu'il sut prendre, sa couronne était déjà
beaucoup remontée dans la considéra-
tion des cahinets, quand il pénten 1792,
victime d'une conjuration. Un ex-ensei-
gne, Ankarstrœm \voy. ), lui tira un coup
de pistolet dans un bal masqué. Son
fils, Gustave IV {voy») Adolphe, lui suc-
céda sous la régence oe son oncle, le duc
de Sudermanie; mais les extravagances
que commit le nouveau rpi, devenu ma-
jeur en 1796, amenèrent, en 1809, sans
collision violente , une nouvelle révolu-
tion qui entraîna sa déchéance. Le duc de
Sudermanie, à la sollicitatipn des ÉtaU,
prit alors possession du trône sous le nom
de Charles XIII [voy.). Le pacte arrêté
dans ces circonstances, entre le souverain
^ la diète , servit à fiîxer définitivemeiU
en Suède k guranlie mutaeile des droite
de la oonroiHM et des libertés de la na»
tion, et àdmcnter le triomphe de la nK>-
narchie sur la polyarchie aristocratique,
déjà vaincue" par Gustave III. Charles
XIII n'ayant point d'enfiinu, les États-
Généraux lui firent adopter comme hé-
ritier le prince Christian-Auguste de
Holâtein-Auguslenbourg. Afin de rendre
à la Suède le repos dont elle avait gran-^
dément besoin , Charles XIII s'empressa
de terminer les guerres que l'imprudence
de son prédécesseur avait de tous côtés
suscitées contre ce royaume. Les hostili-
tés avaient recommencé avec la Russie en
1808. Charles arrêta les progrès de cette
puissance en lui aban<lonnant, à la paix
de Frédériksham (17 sept. 1809), toute
la Finlande envahie par les troupes mos-
covites; puis il conclut avec le Dane-
mark le traité de Jœnkœping (10 déc.
1809) , et avec la France celui de Paris,
du 6 janvier 1810, qui détermina l'ad-
hésion de la Suède au système conti-
nental. Le prince royal étant mort su-
bitement la même année, la diète, as-
semblée à OErebro pour lui donner un
successeur, porta son choix, d'un accord
unanime, sur le maréchal Bernadotte ,
prince de Ponte-Corvo , qui fut adopté
pour fils par le roi régnant et monta sur
le trône à la mort de ce prince, en 1818,
sous le nom de Charles XIV Jean {voy.
ce nom etBsaiTADOTTE). Cédant à l'ascen-
dant de NapoléQn, le cabinet de Stock-
holm, contrairement à l'intérêt du pays,
déclara d'abord la guerre à l'Angleterre ;
mais les embarras cruels où la plongè-
rent, d'une part l'hostilité ruineuse pour
elle d'une puissance maritime aussi for-
midable , de l'autre les exigenQes crois<*
santés de l'empereur des Français qui, en
1813 , fit brusquement occuper par ses
troupes la Poméranie suédoise , obligè-
rent le gouvernement à changer de sys-
tème, et à s'allier avec la Russie par le
traité de Saint-Pétersbourg*. Après le
triomphe de la coalition, la Suède obtint,
par le traité conclu le 14 janvier 1814,
à Kiel, avec le Danemark, la cession vi-
vement désirée par elle du royaume de
(*) ^^X' 1m explications qu'uD colUborateor
bien ioformé a données snr lei/noufs de cette
décenaination T. V, p. 5iof a, S.
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SUE
Norvège. Cette acquiiitioa lui fat con-
firmée, tant ponr la dédommager de la
perte de la Finlande qn'en échange de
nie de Rogen et de tout ce qui lui ap-
partenait encore en Poméranie, protince
quiy de la domination du Danemark, ne
tarda pas à passer tout entière sous le
sceptre de la Prusse. Nous avons déjà dit,
T. jCVni, p. 667, comment et à quelles
conditions s'effectua la réunion des deux
royaumes Scandinaves , par les soins du
prince royal.
Le règne de Charles XIV Jean forme
une des belles pages de l'histoire con-
temporaine. A dater de l'avènement de
ce prince, enfiint du peuple, parvenu à
la dignité de maréchal par les plus hau-
tes vertus militaires, puis appelé par la
fortune et par le choix d'one^nation li-
bre à s'asseoir sur un trône étranger,
où il sut se faire chérir, les plaies de la
Suède se ferment peu à peu ; les deux
royaumes Scandinaves, unis paisiblement
sons un sceptre paternel, oublient leurs
vieilles rancunes et marchent par degrés
vers un développement de prospérité in-
térieure dont le bienfait leur avait pres-
que toujours manqué jusqu'alors. Ar*
mée, flotte, finances, administration,
agriculture, industrie, commerce, rien
n'échappa à la sollicitude active et éclai-
rée du souverain, tout reçut une im-
pulsion vigoureuse et intelligente , dont
80 années de paix ont fait mûrir les
heureux fruits. Aucun nuage, si nous
exceptons quelques mécontentements in-
dividueb et passagers, n'a troublé la sé-
rénité de ce beau règne jusqu'au mo-
ment où le deuil des deux nations at-
testa, devant une tombe ouverte, quelle
perte irréparable elles venaient de faire.
Charles -Jean mourut le 8 mars 1844,
âgé de 80 ans. Son fils, le prince Oscar,
que nous avons déjà fait connaître à nos
lecteurs sous ce nom, succéda sans con-
testation à son père, comme roi de Suède
et de Norvège. Dans l'éUt florissant où
se trouvent aujourd'hui ces deux royau-
mes, il ne reste plus, pour faciliter en-
core et régulariser tout-à-fait le mouve-
ment progressif dans le premier, qu'à
réformer le système de la représentation
nationale à la satisfaction du plus grand
nombre. ^ Voir la Svenska Folkels
(548) StJE
Historia de M. E.-G. Geiier (i>o>'. lîtt.
Su^doisb), dont on a récemment an<-
noncé le 4* vol. et dont il parait une trarl.
fr.(t. I*' Paris, 1840 et ann. suiv.); Le
Moine (ancien précepteur du nouveaa
roi), Jbrégé de l'Histoire de Suède^ Pa-
ris, 1843, 2 vol. in-8o. Cv. V.
SUÉDOISES (langue bt uttéba-
TUEEJ.On a vu, à l'art, consacré à la langue
lslandaise,que les idiomes des trois royau-
mes Scandinaves et de llslande sont tooa
issus d'une même souche, le gothique
{voy. ce nom); ils oflrent entre eux la plus
grande affinité, et se rapprochent égale-
ment des idiomes germaniques, dont s'est
formé l'allemand moderne. Dans la fa-
mille Scandinave, le suédois principale-
ment se distingue par sa vigueur et par
quelque chose de sonore; il est au danois
à peu près ce que le haut allemand est au
bas allemand. Cependant quelques nota-
bles variétés se font remarquer dans ses
divers dialectes, et l'idiome populaire du
Norriandsuédois, par exemple, ressemble
singulièrement à celui des provinces de la
Norvège situées sous la même latitude \
Eu Suède, ainsi que dans tout le reste
de la Scandinarie, les inscriptions ru-
niques {yoy.) furent , avant l'introduc-
tion du christianisme, le seul genre d'é-
criture en usage. Elles servaient à trans-
mettre à la postérité les mystères de la
doctrine religieuse, les lois de ces temps
païens, les chants composés par les scaU
des {vojr,) à la louange des dieux et des
héros, les légendes sacrées et les antiques
traditions de l'histoire nationale. Lors de
la propagation des lumières de l'Évan-
gile, l'alphabet latin , plus facile et plus
commode, fit peu à peu abandonner les
caractères runiques. Les prêtres Uaitè-
rent en latin la théologie, les matières
du culte et de la liturgie, le droit canon,
tout ce qui concernait leur ministère.
L'élite de la jeunesse studieuse du Nord
fréquentait les universités de Paris , de
Prague et les autres écoles les plus re-
nommées de l'Europe, afin de se former
aux préceptes de la philosophie scolas-
tique, et qudquefois aussi à ceux du
(*) On possède en français nn Àbrigi de Im
grammoin tmidoU; Gotlieob, tSii, in-ti, et
nn Dictionnaire portmtif, par C. de la Jonclière»
5« éd^ Ofirebro, x836, ia-i6.
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SUE
(S49)
SUE
droit romaîo. Quand , ce qui était rare
encore, il arrivait aux savants d*aborder
le champ de la littérature, c'était tou-
jours le latin qu'ils adoptaient de préfé-
rence dans leurs essais. Les lois du pays,
les martyrologes y les légendes qui s'a-
dressaient k la masse du peuple, étaient
seuls rédigés dans la langue vulgaire,
mère du suédois actuel, dans lequel l'u-
sage de l'alphabet gothique a prévalu, de
même que dans l'allemand. Quand les
chants des scaldes eurent cessé, des siè-
cles s'écoulèrent avant que la poésie re-
Oeurit. On compU bien, au moyen- âge,
beaucoup de rimeurs qui se servirent soit
d u latin , soit du suédois, mais aucun d'eux
ne mérite le nom de poète. Les monu-
ments les plus intéressants de cet âge, en
langue vulgaire , sont deux chroniques
limées d'auteurs inconnus, embrassant
toute la période écoulée de 1319 a
1 530, et un écrit du xiv^ siècle intitulé
Konunga och Hœfdinga Styrelse^ c'est-
à-dire Recueil d'avis aux rois et aux
princes sur l'art de régner. Quant à deux
autres livres non moins importants, la
chronique d'Éric, fils d'Olaûs (Olofson),
publiée en 1480, et l'Histoire de Suède
de Jean Magnus (1540), qui prit pour
modèle le Danois Saxo Grammaticus, ib
cont, comme on le voit, plus récents et
d'ailleurs Tun et l'autre éoriu eo latin.
En Suède, comme en Allemagne, la
réforme religieuse contribua beaucoup à
fixer et à perfectionner la langue vulgaire.
La Bible, le catéchisme et des cantiques
d'église, en partie fort remarquables,
furent, les uns traduits, les autres com-
posés en suédois*, et, depuis l'avènement
des Wasa, les débats des ÉUU aux diè-
tes favorisèrent également l'essor de la
langue nationale. Les illustres successeurs
du premier chef de cette maison rendi-
rent de grands services à l'instruction pu-
blique et accordèrent, pour la plupart,
une protection aussi large qu'éclairée aux
sciences et aux lettres, mais sans témoi-
gner encore de prédilection marquée
pour la littérature nationale. L'univer-
sité dIJpsal {yoy,) acquit une grande
importance par les soins de Charles IX
et par la munificence de Gustave- Adol-
phe. La reine Christine, sa fille, ne mon-
tra pas moina de sollicitude pour la pros«
périlé de cet établissement ; et, pour re-
hausser l'éclat de sa cour, elle y appela
des savants étrangers d*uoe réputation
européenne (vo^r* Dbsgaetbs et Gao-
TTOs). On comprend que la présence de
ces derniers n'était pas de nature à exer-
cer beaucoup d'influence sur le mouve-
ment intellectuel d'une' nation dont ila
ignoraient les mœurs et la langue. L'u-
sage du latin, qui régnait encore à peu
près sans partage dans le domaine des
sciences et de Térudition, continuait
de former obstacle au développement
d'une bonne littérature indigène, Chris-
tine contribua à préparer le terrain où
elle devait germer plus tard, en en-
courageant l'étude des modèles de l'an-
tiquité classique. Dans cette branche de
travaux, c'est encore des étrangers, et
surtout des Allemands, entre autres de
Freinsbeim, que vint la principale im-
pulsion. Vers le même temps, Jean Mes-
senius, par son grand ouvrage Scandia
illustrala , très important pour les rè-
gnes des plus proches successeurs de Gus-
Uve 1*', fraya la route à l'historiogra-
phie nationale, qui ne tarda pas à pren-
dre une forme plus convenable dans
rhistoire, toujours latine, de Locoenius,
chez lequel le talent de l'historien s'unis-
sait au savoir profond de l'humaniste et
du jurisconsulte. Mais, en langue sué-
doise, on n*ettt encore que des abrégés
ou des chroniques en petit nombre et de
peu d'étendue, bien que l'on s'occupât
déjà activement de recherches sur les an-
tiquités nationales. Si la littérature sué-
doise ne fit pas alors plus de progrès,
cela vint en partie des longues guerres
que les Suédois soutinrenten Allemagne.
Leur langue, par suite de Hiitroduction
d'une foule de locutions, de tournures
et de mots allemands, était devenue dif-
fuse et traînante. Les essais en vers ri-
mes de Messenius, d'André Prytz et d'au-
tres, s'en ressentent : ils sont absolument
sans goût et n'ont aucune valeur poéti-
que. Il était réservé à George Stjern-
hielm de rehausser la poésie en Suède
par des inspirations plus dignes d'elle.
Ce poète, d'un véritable Ulent, non-
seulement remit en usage un grand nom-
bre de mou abandonnés, mais expressifs,
appartenant à Tancienne langue, et dont
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SUE
(650)
SUE
la réiatégration a beaaooap ienri \ cou-
MTver an raédoii ton cacb«t d'origina-
lilé ; il fut, de plus, le premier de tons les
modernes qni osa appliquer à sa Tersi-
fieaiion la métriqne sans rimes des an-
ciens. Son poème didactique. Hercule,
se distingue par la noblesse et par la pu-
reté de la diction. Il trouva des imita-
teurs, 'mais nul d*entre eux n'approcha
de la hardiesse et de l*originalilé qni ea-
ractéritetit le modèle. Sous les sncca»»
seors de Christine, la littérature nationale
resta même entièrement stationnaire ,
quoiqiie les branchée les plus imper*
tantes des sciences naturelles et poli-
tiques^ mais le droit des gens surtout,
continuassent d*étre en grand honneur
en 6ttède. Ce fut dans ce royaume , à
Tuniversité de Lund,qtte professa l'Alle-
mand Pnfendorf (vox**)» ^ pl<>^ célèbre
publieiste de son tempe. On ne saurait
guère non plus se dispenser de rappeler
ici Emmanuel Swedenborg ^im^^.), dont
les singulières idées mystiques cmt plus
fait pour son nom qua Fétendue remar-
quable de ses connaissances dans toutes
les branches du sa?oir, et surtout en mi-
néralogie.
C'est après la mort de l'aventureux
Charles XII, lorsqu'il fut enfin permis è
la Suède de respirer, que la littérature
dépouilla ses langes, hë» discussions, dé-
sormais plus libres, de la diète formèrent
des orateurs qui prêtèrent non-seulement
plus de clarté et de concision, mais en-
core plus d*harmonie à la langue. Pen-
dant que, dans la vaste sphère de l'his-
toire naturelle, le grand Linné {vojr»)
s'immortalisait par des travaux et perdes
conceptions admirables, Ihre, dans son
Glossarium suio • gothicum ^ fruit de
savantes et laborieuses investigations, en •
core aujourd'hui très eetimé, expliquait
les étymologies et fixait la signification
des mots. Le premier qui se remit à la
tète du mouvement, celui qu'on regarde
comme le père de la littérature suédoise,
c'est Olans Dalin {voy,)^ à la fois poète
et historien.
Le pstronage éclairéde la reine Louise-
Ulrique, sœur de Frédéric- le- Grand, et
femme du roi Adolphe- Frédéric, fui sur-
tout favorable au progrès des sciences et
des lettres^ pmir l'encouragement des-
qdtffles cette princesse fonda l'Académie
des belles-lettres, en 1758. En Suède^
pourtant, celles-ci n'atteignirent jamais
toot-à-fait à la même hauteur que dans
le Danemark, où elles embrassèrent, avec
un égal succès, une plus grande variété
de genres. Bien que Dalin se fût déjà,
oomme poète, élevé fort au-dessus de
tous ses devanciers, et unit, comme his-
torien, à ragrément du style une force de
critique rare de son temps, il fut bien*-
têt éclipsé lui-même par les comtes de
Creutz et de Gyllenborg. Ces deux amis
inséparables publièrent leurs œuvres en
commun. Les compositions de Gyllen-
borg les plus dignes d'être transmise^ à
la postérité sont un poème épique, ou il
célèbre le passage du Belt par Charles X,
et un essai sur la poésie. ÏJJiùoch Ca^
milia de Creutz offre également de gran-
des beautés. Mais le poète le plus origi-
nal du temps, l'Aoacréon de la Suède,
fut Charles>Michel Bellmann (voj.), le
meilleur lyrique suédois. Botin, Berch et
Lagerbring marquèrent comme histo-
riens. La langue, sous des plumes habi-
les, avait déjà considérablement gagné
en perfection, lorsqu'en 1786 Gusta-
ve ni fonda, sur le modèle de notre Aca-
démie-Frsnçaise , l'Académie suédoise.
Son règne vit fleurir de nouveaux poè-
tes, dont Kellgren {voy,) et Léopold fu-
rent les plus éminenis. A la fois poète
lyrique et satyriqoe, le premier se dis-
tingue par une diction pleine de piureté,
d'élévation et de noblesse, par la pro-
fondeur du sentiment et par la verve
poétique. Comme presque tous les poètes
de son temps, il s'était formé à l'école
française; mais plus tard on le vit s'at-
tacher de préférence atix modèles alle-
mands et danois. Cette dernière voie fut
également celle que suivit Lidner, dont
JLa mort de la comtesse Spastara mé-
rite les mêmes éloges que les poésies de
Kellgren. Sans nier les services rendus
par Léopold à la littérature de sa nation,
on est obligé de convenir que ses vers
sont d'un rhéteur plus que d'un poète.
Oxensiiema, dans son poème des saisooa
{Arstidema)^tai le peintre de la nature
et des mœurs populaires en Suède. Le
sensible et spirituel Thomas Thorild, gé-
nie originfti qui vovlat se frayer WOA
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SUE
(651)
SUE
itmte à pArt) s^est acquis une renommée
darable par rélévatîon de ses tendaDces,
noD-sealement comme poète, mais en-
core-comme philosophe. La traduction
suédoise de rÉnéide, en vers hexamè-
tres, d'AdIerbeth, est également nne œu*
Tre digne d^estime. Déjà, sons le règne de
Christine, on ayait commencé à écrire
ponr le théâtre national; depuis, des
poètes de renom te sont pareillement
essayés dans la composition dramatique;
néanmoins ce genre est resté la partie la
phis faible de la littérature suédoise, et
D*a rien produit qui soutienne la com -
paraison avec |e théâtre danois. En re-
vanche, cette littérature peut se glorifier
du rang qu'elle occupe dans le genre ly-
rique, auquel l'éclat sonore de la langue
prête un charme tout particulier; on
peut dire qu'elle n'a rien à en?ier, sous
ce rapport, aui meilleures productions
poétiques du reste de l'Europe. L'élo-
^foence de la chaire, de son côté, ne resta
pas en arrière ; elle dut à Lehnberg une
▼igoureuse impulsion et d'excellents mo-
dèles.
Pendant tout le siècle dernier, on pou-
vait dire sans injustice, de la littérature
suédoise , que sa marche était empêchée
par les entraves d'une imitation servile de
k littérature française. L* Académie sué-
doise, fidèle à Tesprit qui dominait à l'épo-
que de son instîtution,a?ait surtout imprî-
Mié aux lettres cette direction, que le peu
de rapports entre le génie des deux peu-
ples pouvait faire considérer comme un
écart. Les premiers qui s'élevèrent contre
cette tendance furent G. Silfverstolpe et
B. Hoiier.Ce dernier, par l'organe de deux
recueils périodiques, appela surtout l'at-
tetnion sur les monuments littéraires de
l'Allemagne, auxquels il reconnaissait
plus d'affinité avec le génie Scandinave.
La lutte, ainsi engagée, se poursuivit en-
tre Wallmark , le défenseur opiniâtre du
genre classique français en poésie, tel
que l'Académie le professait, et Askioef,
rédacteur du Polyphèmeyqul s'appliquait
à déterminer le triomphe du romantisme
allemand, en travaillant avec ardeur et
talent à la propagation des principes de
la philosophie naturelle. D'accord avec
lui, le spirituel poète Atterbom (vqy,) se
plaça, diftns ie Phosphore^ à la tête de l'é-
cole romantique. La société littéraire du
Gothenbund (Ligue gothique), par l'or-
gane de sa feuille Iduna^ et les rédac-
teurs distingués de la Gazette littéraire
suédoise^ qui parut del813àl822,et
fut en quelque sorte continuée dans la
Svea, publiée par Paimblad à Upsal,
concoururent au même but. Tant d'ef-
forts réunis ne purent manquer d'assurer
la victoire à l'école romantique, appe-
lée aussi phosphoristique^ du nom du
journal.
Le plus célèbre des poètes suédois
contemporains est Ésaîe Tegner, sur le-
quel on reviendra bientôt dans un article
spécial. Une foule de noms d'autres poètes
également distingués, qui tous appar-
tiennent'à l'école nouvelle, méritent en-
core d'être cités. Ling, un des coryphées
'du Gothenbundy s'est essayé avec succès
dans le genre épique. Cependant son
poème de Gyîfey Tirsinget Asarne^mé-
diocre dans l'ensemble, ne brille que par
le charme des descriptions de la nature
qui y sont répandues. Quant aux poésies
lyriques du même auteur, elles sont pour
la plupart très remarquables; mais on
n'en saurait dire autant de ses tragédies,
généralement faibles et languissantes.
Stagnelius, que la mort a enlevé préma-
turément en 1828, et qui a cultivé les
mêmes genres, excellait plus encore dans
la poésie lyrique. Ses œuvres complètes
ont été publiées en 8 vol. par Hammars-
kiold. Ni Finvention, ni la fécondité ne
manquaient à son talent; son style a de
la pompe et de l'éclat, et sa versification
est sonore et harmonieuse : mais sa pen-
sée est souvent par trop mystique. Un au-
tre poète, fort gracieux, Nicander, et l'hu-
moristique Vitalis (Sjoeberg) , tous deux
morts, ont droit aux mêmes regrets, ainsi
que l'archevêque Wallin (m. en 1839),
prédicateur très remarquable , mais plus
estimé encore pour ses poésies sacrées. La
muse naïve et ouverte de Tévêque Fran-
zeiï(voy.\ dont l'activité littéraire se sou-
tient encore dans un âge avancé , s'est
appliquée à des poésies très variées; mais
c'est particulièrement dans le genre idyl-
lique et dans l'ode qu'il a obtenu un
grand succès. Parmi ses dernières pro-
ductions, il hni€Àitt\e^ Chants du Çy^
gne^ poésies pleines d^in charme qui
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sut
(Âo2)
SUE
s'aoDODçaîi tu quelque sorte déjà par
leur titre. Le pasteur Dalgreo excelle
dans le genre badin ; il est comme le Bé-
ranger de la Suède. Ses chansons, re-
marquables par la fraîcheur, la vivacité,
la gailé, oot un tour très spirituel; mais
nous ne voudrions pas assurer que ces
fugitives créations survivront longtemps
au moment qui leur a donné l'existence.
Disons encore qu'on doit aucomteSkiol*
debrand une excellente traduction de la
Jérusalem délivrée du Tasse. Il ne nona
restera plus ensuite qu*à indiquer rapi-
dement les travaux de quelques poètes
qui appartiennent plus particulièrement
à Tépoque actuelle. Le sentiment humo-
ristique domine dans V Arche de Noé du
professeur FahIcranU, et son épopée
religieuse, Anschaire^ a quelque chose de
vraiment grandiose dans son plan. Un^
certaine conformité d'esprit et de ta-
lent règne entre Grafstrœm et Bœttiger,
dont les productions en vers sont égale-
ment estimées. Beskow, maréchal de la
cour, est l'auteur de plusieurs pièces dra-
matiques qui, à certains égards, méritent
d'être louées. A ce dernier nom se ratta-
chent, parmi les contemporains les plus
jeunek, ceux du comte Adlersparre, de
Hagberg, d*lngelman, deMalmstroem,etG.
En général, c'est toujours la poésie lyri-
que qui est cultiTée en Suède avec le
plus de succès. Le goAt moderne a fait
également un retour vers la poésie primi-
tive des anciens temps. Une nouvelle col-
lection de vieilles pièces populaires et de
vieux chants nationaux, en 2 vol., a été
ajoutée par le bibliothécaire Arwidsson
aux recueils du même genre antérieure-
ment publiés par les soins de MM. Gei-
ier et AIzelius.
Longtemps le roman resta inexploité,
a moins qu'on ne veuille tenir compte de
la publication de quelques nouvelles de
Paimblad dans VAUnanach des muses
d'Atlerbom; mais quand les œuvres de
Walter Scott se furent répandues en Suè-
de, elles firent surgir dans cette contrée,
comme partout ailleurs, des imitateurs
empres8és.Gumslius,dans ThordBonde^
fut le premier qui aborda ce genre. Bien-
tôt le roman élargit son horizon. L'auteur
auquel il valut le plus^de succès fut M"* de
Berner. Dans ses Croquis de la vie de
tous Icsjourt^ on se plaît à trouver des
accents échappés du fond de l'âme, une
grande finesse d'observation, de la fraî-
cheur , une expression naïve, beaucoup
de délicatesse et de sensibilité. Cette fem-
me intéressante a pour émule M™*^ de
Knorring, qui excelle dans l'art de saisir
et de peindre la vie élégante et les futili-
tés du grand monde. C'est un talent lé-
ger, souple et gracieux. Parmi les hommes
qui ont excité le plus de sensation dans
l'état actuel de la littérature en Suède,
il faut ae hâter de nommer aussi le rec-
teur Almquist, romancier, poète dans
Ions les genres, journaliste, auteur de
plusieurs écrits populaires, graEunairicB,
géomètre et composiuur de musique.
Une imagination brillante, un talent
créateur et prompt à s'identifier avec
toutes les situations, éclate dans certai-
nes deses productions, et pourrait en faire
un grand poète, sans rexcentricité de ses
tendances philosophiques, qui le conduit
à s'égarer dans la recherche d'un noycn
terme entre l'idéalisme et le réalisme, et
quelquefois l'entraine vers le Aitalbme; il
se oomplatt d'ailleurs dans le trivial et
dans un bizarre dévergondage d'idées.
Son plus nouveau roman, Jmelia Hill^
ner^ parait néanmoins annoncer qu'il cet
prêt à revenir à des vues plus saines et
plus justes.
Le domaine de l'histoire nationale eat
également exploité avec bonheur. Parmi
les nombreux travaux entrepris et exé-
cutés sur ce fonds, en partie par les soins
du gouvernement lui-même, bornons-
nous à mentionner la grande collection
commencée des Scriptores rerum sueci"
carumf et celle, déjà bien plus volumi-
neuse,des Actes de la Société Scandinave,
L'homme sans contredit le plus remar-
quable par le talent et par l'activité qu'il
déploie dans ses publications historiques
sur la Suède est le savant Geiier'^, distin-
gué en. outre comme poète et à plusieurs
autres titres. Il a commencé à publier une
grande Histoire de la monarchie sué^
{*) M. Éric-Gafttav« Gdier, né eo 1783 daof
le Warmelaod, est profescear d^histoirei Ta-
niversité dIJptaf, historiographe det ordres de
Suède, et, depuis i824« membre de l*Acadéaiie
de SKockholm. Il a siégé à rassemblée des États
ea qualité de repréientaot de TaiiiTersité d'Up-
sal. S,
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SUE
(663)
SUE
dois€^ à laquée a suœédé V Histoire du
peuple suédois {Svenska Folkets Histo*
ria)j ouvrage plus abrégé doot on a ré-
cemment annoncé le 4* vol. Elle parut
presque simultanément en une traduc-
tion allemande, et nous eu pOMédont
aussi une traduction française par M. de
Lundblad (Paris, 1840, in-8^). M. Geiier
a de plus écrit un Tableau des person^
nages historiques depuis la mort de
Charles XII jusqu'à Vavénement de
Gustave i//( 1719-72), livre honoré
d*un prix académique. M. Strinnbolm ,
Thislorieu de Gustave Wasa, a pareil-
lement entrepris de composer une His^
toire de la monarclUe; mais cette mu-
Tre , conçue sur une très vaste échelle ,
quoiqu'elle atteste un travail conscien-
cieux, ne brille pas par ces vues polili-
ques profondes qu'on remarque dans
l'ouvrage du professeur Geiier. Les récits
de V Histoire de la Suède de M. Fryxell
se distinguent par une narration vive et
animée, et par le mérite des recherchée
au moins dans certaines parties. Celle
qui est relative à l'histoire de Gustave-
Adolphe a été surtout accueillie avec fa-
veur. On peut considérer comme une
œuvre unique dans son genre la publi-
cation d'une histoire nationale entreprise
par le prédicateur de la cour Alzelius ,
d'après des légendes, des traditions et des
chants populaires.. L'ancien consul géné-
ral Lundblad , auquel on attribue auui
une histoire de Charles XII, récemment
publiée sous le nom de son firèrey en sué-
dois et eo allemand, s'est fait une répu-
tation méritée comme biographe, notam-
ment par son Plutarque suédois. M. Cron-
holm a écrit une histoire des pirates du
nord et une histoire des Huguenots;
Hammarskiold (m. 1832), une histoire
de la littérature de son pays ; tandis que
le savant et consciencieux Beuterdahl
travaille à unehittoire de Téglise en Suède.
Il est presque superflu d'ajouter que
dans les sciences, non plus que sur le do-
maine des lettres et de l'érudition , la
Siicde n*est restée en arrière du reste de
r£urope. Il lui revient même une des
plus belles gloires dans les progrès de la
chimie moderne; car ce pays qui, déji
ausiècle passé, s'honorait d*avoir produit
Scheele, compte aujourd'hui parmi ses
enfants l'ane des plosédatantas lumîèret
de cette science dans la personne de l'il-
lustre Ber2elius(vo9r. ce nom), ex. m.
SUÉTONE. C. SusToiriusTmaHQuiL-
Lus,naquit vers les premièresannéesdu rè-
gne deVespasien. Sou pèra, Suetonius Le-
nis,éuit tribun de la 1 3® légion, et porUit
l'angusticlave, costume distinctif des che-
valiers, accordé quelquefois aux tribuns
militaires. Suétone, le fils, suivit la car*
rière des lettres. SousDomitien, il exerça
à Rome la profession de graminatrien.
Nous voyons aussi qu'il plaida quelques
causes. Ami ou plut6t protégé de Pline
le Jeune, qui l'avait attaché à sa personne,
il le suivit en Bithynie et obtint, par son
entremise, les privilèges accordés aux ci-
toyens pères de trois enfants, quoique
son mariage ne lui en eût donné aucun.
Pline avait obtenu pour lui le grade de
tribun; mais Suétone le pria de faire
nommer à sa plaee un de ses parents. •
Plus Urd , il devint secrétaire d'Adrien
(magister epistolarum) , et fut digracié
avec quelques autres fonctionnaires pour
n'avoir pas montré assez de respect pour
l'impératrice Sabine. L'époque de sa mort
nous est inconnue.
Suidas nous a donné une liste des ou*
vrages de Suétone qui ne parait pas com-
plète, à moins que ces ouvrages n'aient
été, comme il arrive souvent chez les an-
ciens, cités sous plusieurs titres, et qneU
quefois par parties détachées. Presque
tous contenaient des travaux d'érudition
sur les usages et les mœurs de Rome.
Quelques titres ont été dénaturés par les
copistes ou les traducteurs. Ainsi, le pré-
tendu livre Des préteurs [Trœtorum) ,
cité trois fois par Priséien, n'est proba-
blement que l'ouvrage cité sous le nom de
Prairies [Pratorum liber) dans un frag-
ment anonyme publié par Gronove , et
sons celui de Mélanges (De rébus variis)
par Servius et Charisius. La Galerie de
portraits {stenuna) des illustres Ro-
mains^ qui comprenait les livres des rhé^
teurSy des grammairiens et des poètes^
s'est transformée, par une erreur de tra-
duction , en un recueil de généalogies.
Ce qui noiu reste de Suétone comprend
le livre des gratnmairiens célèbres^ la
moitié de celui des rhéteurs^ et parmi les
notices sur les poètes, celles sur Térence^
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SUE
(654)
SUE
Bornée j Lueain^ Perse et Juvénal^ la
dernière quelquefois attribnée au gram-
mairien Probot (celle ée Pline l'Ancien
n*est pea de Suétone), et enfin, son prin-
cipal onnafe, les Fies des douze pre-
miers Césars , en VIII liYres selon Sui-
das , en XII snifant la plupart des ma-
nuscrits.
Ces biograpbiea^qai placentSuétoneen
première ligne après les quatre grands hia-
toriens latins, se distinguent par un carac-
tère particulier. Ce n'est point un récit où
les faits soient présentés dans tout le cours
de leur développement historique; Ce
sont des signalements détaillés plutôt que
des portraits, oà l'auteur relève tout ce
qui caractérise les princes dont il écrit la
vieu L'ordre chronologique, sans être
tout a fait négligé comme on Ta dit , ne
fait qu'amener successivement toutes les
positions difTérentes dans lesquelles l'au-
teur trouve à étudier certains côtés du
caractère de l'esprit de ses personnages ,
eertaines habitudes ou certaines particu*
tarités de leur vie. Tout cela se fait avec
une rare impartialité, sans prévention
d'aucune espèce, sans reculer jamais de-
vant la vérité , même pour ménager la
pudeur, et, comme dit S. Jérôme, avec
une liberté qui répond à celle de leur
conduite. Sa sévère franchise le rendit
odieux à ceux qui trouvaient leur cen-
sure écrite d'avance dans son Hvré, et
Commode fit jeter aux bêtes un homme
dont tout le crime était d'avoir lu , sans
doute dans quelque leçon publique , la
vie de Oïligula. Quelques critiques sévè-
res ont réclamé dans l'intérêt de la dé-
cence et des mœurs, contre la crudité de
quelques passages ; mais on ne peut l'ac-
cuser d'avoir donné rien de séduisant à
la peinture de toutes ces infamies, et les
invectives des satiriques sont souvent
moins chastes que la froideur de ses ré-
cits. D'autres lui ont amèrement repro-
ché les mots de superstition nouvelle et
malfaisante appliqués an christianisme.
Ces injustes préjugés n'ont rien d'éton-
nant cbex un païen dévot qui raconte
avec crédulité tous les présages, et qui
fait solliciter par Pline la remise d'un
procès, parce qu'un mauvais rêve l'effraie
sur le succès de sa plaidoirie. Mais ses
préventiooa ne l'empêdNBt pasdereooa-
naltfe que ces hommes odieux, selon lai,
étaient faussement accusés par Néron,
et son injustice même fait ressortir ici son
impartialité. Dans ce qui nous reste de
Tacite, Suétone est presque toujours
d'accord avec lui. Il s'écarte plus souvent
de Plutarque , dont la critique n'est pas
toujours sévère ni l'exactitude parfaite,
surtout dans les biographies des Romains,
et de Velleius, qui n'est pas, a coup sûr,
un modèle de véracité.
Cette franchise impassible de Suétone,
la justesse d'esprit avec laquelle il sait
choisir les faits caractéristiques, la curio-
sité d'érndit avec laquelle il recueille
beaucoup de détails négligés par la plu-
part des historiens, la position qu'il oc-
cupait et qui dut lui permettre de foui^
1er dans les archives du palais impérial,
donnent un grand prix à son ouvrage.
Aussi fut > il en grande réputation à
Rome , même avant que la perte de tant
d'historiens n'augmentât Tintérêt de son
livre. Dans les siècles suivants, où il de-
venait de plus en plus difficile de con-
nattre exactement tous les faits qui s'ac-
complissaient dans l'immense étendue de
l'empire, où d'ailleurs les progrès du des-
potisme et la nullité du sénat réduisaient
l'histoire à n'être plus que la vie du
prince, Suétone derint le modèle que se
proposèrent ordinairement les hbtoriens.
Mau le recueil connu sous le nom d'i7if-
toire- Auguste {yof, T. II, p. 540) nous
permet de mesurer toute la distance que
son taleut a mise entre lut et ses imita-
teurs. Plus tard , Éginhard a emprunté
sa manière et quelquefois reproduit ses
expressions les plus saillantes dans la Vie
de Cbarlemagne.
Considéré comme écrivann, Suétone
n'a pas de mouvement, de chaleur et
d'éclat; mais il est serré, précis et sub-
stantiel. Malgré quelques négligences de
détail , qui tiennent surtout à son ex-
trême concision, sa diction est, pour son
temps, généndement correcte et pure. Sa
phrase, qui s'allonge quelquefois un peu
trop sons sa phime , suit naturellement
et fidèlement le cours de sa pensée.
Les deux premières éditions de Sué-
tone, publiées sur des manuscrits diffé-
rents, parurent à Rome, en 1470. On
dfatinjue, dans le XT^ siècle, celles de
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SUE
(S55)
SUE
Yesisê, 1471, et de Bologne, 1499, in-
fol. Les ptos imporUntes sont ensuite
celles d* Aide, Venise, 1616, in- 8«; de
Pulmann, Anters, 1674, in-8<*; deTor-
rentius (la a«), Anvers, Plantin, 1590,
in-4<»; de Casaubon, Genève, 1595, in-
4^, et Paris, 1610, infol.; de Schild
(Fariorum), Leyde, 1655, in-S»; de
Grsevhis, 1679, 1691 et surtout 1708,
Utrecht, in- 4*; de Phiseus, Utrecht,
1690, et Lenwarden, 1714 et 1715, 9
▼ol. in-8«; de P. Bnrmann, Amsterd.,
17S6, 3 Tol. in*4*; d*£mesti, Leipz.,
1748, 1775, reproduite par Wolf, en
1802, 4 vol. in«8o; d'Oadendorp, Leyde,
1751, in-8*; de Banmgarten-Crusius ,
Leipz., 1816, 3 toI. in-8^, et de Hase
[collection Lemaire), Paris, 1 898, 3 vol.
in-8».
La traduction de Suétone fait partie
des coHectîons Panckoucke et Nisard. De
1481 à 1 77 1 , on ne eompuit pas moins
de huit traducteurs dif^ents ; les deux
derniers étaient Ophelot de la Pause (De-
lisle de Sales) et Laharpe. J. R.
SUETTB, vojr. Tart. suivant.
SUKUE, SuDOEinQiTCs. La sueur
[sttdor), c'est la transpiration [voY') sur-
abondante, exagérée, devenue visible.
Sous Tinfluence de la chaleur extérieure,
d'un exercice violent, de boissons abon*
dantes et chaudes, dans certains états
morbides et par l'action de certains mé-
dicaments, on voit s'échfipper de la peau
des gouttelettes d'eau plus ou moins gros-
ses et nombreuses. Quelquefois le saAg
s'est présenté sous la forme de sueur,
mais c'est une hémorrhagie de la peau
dont il n'y a pas lien de s'occuper ici,
non plus que de la suette miliaire, affec-
tion épidémique de nature variable, qui
a sévi à diverses époques.
Dans l'état sain , la sueur est une li-
queur salée, qui, à l'analyse, donne des
sels alcalins et calcaires et présente, dans
la plupart des cas , une réaction acide.
On s'explique très bien le phénomène de
ta sueur en observant que, dans l'état
ordinaire, la matière de la transpiration
se Tolatilise , |^ur la partie aqueuse , à
mesure qu'elle se produit, tandis que la
portion saline et grasse s'attache aux vê-
tements qui touchent la peau. Trop abon-
dante dani un temps donné pour être
dissoute par l'atmosphère. Va sueur sé-
journe à la surface cutanée. On provoque
la sueur, ou plutôt on rend visible la
transpiration, en appliquant sur une par-
tie quelconque de la peau un morceau
de taffetas ciré.
Beaucoup de maladies se terminent
par des sueurs plus ou moins abondantes :
les fièvres intermittentes présentent un
exemple remarquable de ce phénomène.
A la fin de chaque accès, une sueur
chaude baigne tout le corps, et cette éva-
cuation est suivie d'un soulagement com-
plet. Dans le cours et à la fin des mala-
dies aiguës, on observe également des
sueurs qui sont généralement le signe
d'one détente et d'un changement favo-
rable. C'est de le que partent l'indication
et l'emploi des sudorifiques.
Il y a aussi des sueurs morbides qui
sont de mauvais augure. Telles sont les
soeurs froides, visqueuses et fétides, qui
se montrent dans les fièvres de mauvais
caractère, et surtout lorsqu'elles tendent
à une fâcheuse" terminaison ; telles sont
encore les sueurs des phthisiqnes, qui
Tiennent accélérer la consomption et
qu'on appelle coUiquativeSy comme si les
malades se fondaient pour ainsi dire en
eau.
On obserre souvent dessueurs habituel-
les bornées à certaines parties du corps,
et pourvues d'une odeur plus ou moins
désagréable, ce qui fait déirer aux per^
sonnes qui en sont affectées d'en être dé-
barrassées. L'expérience a prouvé que,
dans presque tous les cas où Ton est par-
venu à en obtenir la suppression, il s'en
est suivi des accidents graves qu'on a pu
lui attribuer légitimement, et qu'on a
dissipés en rappelant l'exhalation à la*
quelle Féconomie s'était accoutumée.
Parmi les moyens de provoquer la
sueur, il en est d'immédiatement et in-
contestablement efficaces: teb sont la cha-
leur sèche on humide qu'on produit dans
les étuves et les appareib fumigatoires,
ou même seulement en se couvrant de
vêtements de laine, et en se plaçant dans
une atmosphère chaude. La sueur qu'on
provoque ainsi est réelle, tandis que celle
qui suit Fingestion des boissons aqueuses
abondantes et chaudes , n'est pour ainsi
dire que l'eau expulsée par la voie de te
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SUE ( S&6 )
transpiration cuUoée. Elle n^ett pu ce-
pendant sans effets salutaires, en délayant
dans nn véhicule plus abondant les ma-
tières salines qui doivent être espalséea
au dehors.
Toutes les substances excitantes {voy.
Excitauts) ont été rangées parmi les xu-
dorifiques : le vin, Talcool et les huiles
Tolatiles sont regardés comme tels, et
agissent quelquefois en effet dans ce
aens^ L'opium et les émétiqnes à doses
fractionnées donnent aussi des résultats
semblables, suivant les circonstances;
mais il n*j a pas de médicament capa-
ble de produire la sœur aussi certaine-
ment que Témétique, par exemple, dé*
termine les contractions de Testomac
Ce qu'il y a même de plus singulier, c*est
que les substances plus particulièrement
désignées sous le nom de sadorifiques,
ou ne font pas suer, on ne provoquent la
sueur qu*à la condition d*étre adminis-
trées dans un liquide aqueux abondant
et chaud, qui est lui-même propre à aug-
menter la transpiration cutanée.
Dans les maladies surtout, il y a plu-
sieurs méthodes pour provoquer la sueur.
S'il y a de la fièvre et des sympt6mes in-
flammatoires, la saignée, en produisant
\^ détente , prépare souvent les voies a
des sueurs qui soulagent au moins quand
elles ne guérissent pas. Les bains tièdea,
les boissons adoucissantes aident l'action
de la saignée. Lorsqu'au- contraire il
exbte un état atonique, on a recours,
avec succès, pour faire couler la sueur,
aux e;icitants divers qu'il faut adminis-
trer avec intelligence. F. R.
SUÈVES,nom donné avant l'ère chré-
tienne à la confédération des peuples qui
habiuient la plus grande partie de l'Al-
lemagne. Les plus importants ou au moins
les plus connus de ce groupe ethnogra-
phique, désigné quelquefois sous le nom
de Hermions (voy, Geemaihs), étaient
les Hermondures, les Semnons, qu'il ne
faut pas confondre avec les Sénones ou
Sénonnois {voy, T. XII, p. 893, la noté),
les Lombards, les Angles, les Vandales,
les Bourguignons, les Rugiens et les He-
rnies. Éublis d'abord entre la Vistule et
l'Oder, les Suèves se répandirent sur les
rives de l'£lbe et s'étendirent, du temps
de César, jusqu'au Neckar et au Rhin.
SUE
Tacite prétend qu'ils tiraient leur nom
de leur longue chevelure qu'ils portaient
tressée. Ils paraissent avoir eu quelques
cérémonies religieuses particulières; mab
du reste ils ne se distinguaient des autres
peuples germains ni par leurs mcsurs, ni
par leur constitution. Lori de l'émigra-
tion des peuples, les Suèves, unis aux
Alaina et aux Vandales, pénétrèrent dans
les Gaules, franchirent, en 409, les Py-
rénées, et se partagèrent la Galicie et la
Vieille- Castille; les Vandales éunt passés
en Afrique , ils s'étendirent jusque dans
le Portugal actuel. Leur esprit de con-
quêtes les entraîna dans des guerres con»
tre les Romains et les Visigoths. Ces der-
niers les vainquirent en 586 et détrui-
sirent leur royaume. Leur nom même
^e figure plus depuis cette époque dana
l'histoire d'Espagne. Ceux qui étaient
restés en Germanie s'allièrent aux Aie-
manni (voy. Souabe). Dans le y* siècle ^
ils habitaient entre le Haut- Rhin et le
Mein, sur les bords du Neckar, du Da*
nube et du Lech. C. L.
SUEZ ou SouÈTS (isthme db). On ap-
pelle ainsi la dbtance qui, en réunissant
l'Afrique à l'Asie, sépare la mer Rouge
de la Méditerranée. Cette étendue de
terre, formée en grande partie de cables et
offrant l'aspect d'un désert, tire son nona
de la petite ville de Suez ou Souèys, située
tout au fond du golfe du même nom, qui
est le prolongement de la mer Rouge vers
le nord. Cette ville, bien peu considéra-
ble, a de l'importance comme station da
commerce du monde. Elle esta environ 34
heures de marche du Caire, et Ptolémée
l'avait mise en communication avec In
Nil par un canal. Son petit port reçoit lui
grand nombre de bateaux à vapeur desti-
nés à entretenir une correspondance ré-
gulière entre l'Angleterre et ses posses-
sions des Indes-Orientales. Des voitures
de formes variées parcourent rapidement
le désert qui sépare Suez du Delta : dans
ces sables arides, on a établi, au profit de
la circulation , des hôtelleries et des re-
lais de poste.
Anciennement déjà Suez servait d'en-
trepôt au commerce de l'Europe avec les
Indes, et elle était alors riche et floris-
sante; aujourd'hui elle ne compte guère
que 600 hab. Elle entretient encore quel-
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SUF
( î»5*)
SUF
qnes relations commerciales atec la Mec*
que et Moka, d*où elle reçoit da café.
Depois 1588, c'était à Soes qae se con-
stmisaient la plupart des navires serrant
à la navigation de la mer Rouge , quoi-
que le bois dût y être apporté à dos de
chameaux. En 1798^ Bonaparte traversa
risthme de Suez pour entrer en Syrie, et
en 1799, le général Baird y débarqua
10,009 Cipayes destinés à appuyer Vex-
pédition anglaise en Egypte. Quatre jours
de navigation suffisent pour se rendre de
Suez à Bombay. Z.
SUPPÈTES, voy. Caethaob, T. Y,
p. 21. -
SUFPRAGANT, voy* ÉvAque,T. X,
p. 313.
SCFFREN (PiEa&E- AvDBii) DiSâiirT-
TaoPEZ, généralement connu sous le nom
debaiiiide Suffren^ naquit au château de
Saint-Cannat, (Bouches-du-Rh6ne), le 1 8
juillet 1726. Comme cadet de famille,
ses parents , qui le destinaient à la marine,
le firent recevoir dans l'ordre de Malte.
A rage de 1 7 ans, il entra dans les gardes
mannes et fit une première campagne
contre les Anglais : son courage et son
sang-froid furent remarqués dà ce dé-
but. Fait enseigne en 1747, SufRren prit
part au combat de Belle-Ile : le vaisseau
ie Monarque f qu'il montait, ayant été
pris, il fut emmené en Angleterre; ce-
pendant la paix d'Aix-la-Chapelle lui
rendit, l'année suivante, la liberté. La
guerre ayant éclaté de nouveau, Suffren,
qui était passé à bord de i* Océan, fut
surpris dans un port de Portugal par
une escadre anglaise. Il fut nommé, en
1 767,capitaine de frégate; mais, la France
étant alors en paix, il alla à Malle et fit
plusieurs courses contre les Barbares-
ques. Promu, en 1772, au grade de ca-
pitaine de vaisseau, il commanda plus tard
h Fantasque f dans l'escadre du eomte
d'Eataing (vcy,). Suffren avait déjà 65
ans • lorsque s*ouvrit pour lui une car-
rière plus brHIante. .Envoyé, en 1781,
avec une eseadre de cinq vaih^eaux pour
défendre le cap de Bonne-Ëspérance , Il
attaqna , dans k port de Fraya de San
lago, l'une des Iles du Cap-Vert, le com-
modore Johnson, qui cmnmandait des
forces supérieures, et soutint glorieuse^
ment l'honneur de son pavillon. Après
avoir raviuillé le Cap, Il fit voile, a là
tête de 1 1 vaisseaux , pour les mers de
l'Inde , où l'amiral anglais Hughes l'at*
tendait avec des forces égales. Les deux
flottes se rencontrèrent, lel9 janv. 1782,
à la hauteur de Sadras, sur la côte de
Coromandel : les Français eurent l'avan-
tage et restèrent maîtres du champ de
bataille. Un second engagement devant
Bentacolo (Ceylan) n*eut pas de résultat
décisif. Il en fut de même d'une troisième
action à la hauteur de Negapatam. Suf-
fren rentra alors à Gondelour : ce fut
dans cette ville qu'Hyder*Ali vint è sa
rencontre, à la tête de son armée, disant
qu'il voulait embrasser un grand homme.
Cependant Suffren, ayant reçu des ren«
forts de l'Ile-de-France, appareilla
pour Trioquemale (Tricomalay), ca-
pitale de Ceylan. Arrivé devant cette ville
le 26 aoàt,il débarqua dans la nuit même
2,560 hommes qui ouvrirent la tranchée
le 27. La place et la citadelle se rendi-
rent le 30 au matin, et livrèrent aux Fran-
çais un port magnifique, 80 pièces de ca-
non et des vivres en abondance. Il y avait
à peine deux heures que la capitulation
était conclue , lorsque l'escadre anglaise
fut signalée. Suffren se porta à sa rencon-
tre ; mais, mal secondé, il eut seul à sou-
tenir le choc de toute une flotte , et vit
son vaisseau démâté et criblé de boulets*
Épuisé lui - même de munitions , aprèa
avoir tiré 1 ,800 coups de canon, il con«
tinua de tirer à poudre jusqu'au moment
où la nuit et l'approche de son arrière-
garde forcèrent les Anglais à se retirer.
Suffren alla hiverner à Achem : là,
ayant appris que Gondelour était assiégé
par les Anglais, il fit voile pour cette
ville avec 1 5 vaisseaux ; l'ennemi en avait
18. Les deux flottes restèrent trois jours
en présence : Suffren donna enfin le si*
gnal de l'attaque, et la nuit seule sépara
les combattants; les Anglais en profitè-
rent pour se mettre en retraite, et le blo-
cus lot levé. Sur ces entrefaites, la paix
avait été signée à Versailles. SoiTretf, rap-
pelé en France, rentra à Toulon le 29
mars 1784 , après une absence de troia
années, et fut récompensé par le titre de
vice-amiral et par une glorieuse popu*
larité. Désigné, en 1787, pour comman-
der une flotte qui ae réunissait à Brest,
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SUG
(*
il se dîspos^U à se rendre à ion poête ,
lorsqu'il fat atteint d'une »aUdie grave.
Il mourut à Paris'le 8 dée. 1788. Le
titre de bailli lui avait été conféré par le
grand- maître de l'Ordre de Halte pen*
dant sa campagne de Tlnde. A. B.
SUGER, abbé de Saint- Denis, naquit
^ers 1080, dans une condition obscure.
Placé, dès son enfance, par ses parents
dans l'abbaye qu'il illustra, il y fut élevé
en même temps que le jeune prince de-
venu plus tard Louis y I, qui se lia avec lui.
A cette époque, l'abbaye de Saint- Denis
avait encore des représentants au conseil
royal, et» à la mort d*Adam (1133),
Suger fut nommé pour lui succéder.
Quelque temps aprb, il obtint les pré-
vôtés de Bemeyal et de Toury; en cette
qualité^ il possédait les droits de justice,
et un simple hommage était dû à l'ab-
baye dont il relevait. Suger ne tarda pas
à montrer le plus grand luie; mais, à la
voix de S. Bernai i"^^*) prêchant la
réforme du clergé, il mit plus de sim-
plicité dans ses mœurs. Le baron du
Puiset dévastait les terres voisines de ses
domaines, et les prévôtés de Berneval et
de Toury servaient souvent de but à ses
courses dévastatrices, Suger engagea les
seigneurs à demander aide et protection
au roi de France, et ils le firent sans
prendre garde que c'était le reconnaître
pour leur chef, pendant qu'ils dataient
leurs chartes Çhristo régnante ^ rege
ftutem déficiente. A quelque temps de Là,
l'oriflamme {voy.) sortait radieuse de
l'abbaye de Saint-Denis : c'était le pre-
mier drapeau de la nationalité française.
Suger, vainqueur de la féodalité, si nous
pouvons nous exprimer ainsi, lutta con-
tre l'Église. Au concile de Reims, il ré-
sista au pape Calixte, et trioûipha de ses
prétentions au sujet des inves^tures. A
son retour, il fut nommé abbé de Saint-
iDenis» Sans le suivre dans cette nouvelle
charge, nous dirons avec Garât qu'il eut
tort de vouloir gouverner son monastère
comme il g«uvernaitlaFranoe, d'agran-
dir la puissance de Pabbaye^ comme il
agrandit le pouvoir royal.
Grand était alors lé dédain des rois
pour Isurs vassaux , et , plutôt que de
contracter une alliance avec une châte»
laine de France, on ^vait vu on des pre-
58 ) SUG
mien Capétiens aller chercher au fond
de la Russie une princesse digne de par-
tager sa oofac^ie. Et cependant les grands
vassaux en avaient un Tif désir^ quoi-
que de semblables unions n'eussent pu
que les alfaiblir. Le mariage du fils atné de
France avec Éléonore {yoy.) de Guienne
rendit a la couronne d'immenses domai>
nés et l'éleva en richesse bien au-dessus
des autres seigneurs. Au milieu des fêtes,
Louis VI mourut et Suger resta minisire.
C'est dansle commencement du nouveau
règne que se montre dans tout son éclat
son grand et noble caractère. Éléooore
prétendait avoir desdroiu sur le comté de
Toulouse; le pa pe revendiquai t la nomina-
tion des éréch^ : Suger arrête Louis VII
lorsqu'il veut s'emparer d'un domaine qui
ne lui appartient pas, et l'excite à main-
tenir sa puissance, à laquelle il laissait
porter atteinte. Mais ce n'est pas du pape
seul que venaient les difficultés : le clergé
de France réclamait des libertés absolues,
Suger, ne pouvant résister à tout, céda,
mais en réservant pour l'avenir les droits
du roi. Il avait déjà jeté la base de cette
justice qui devait grandir sous Louis IX.
Les tribunaux furent renfermés dans
Saint- Denis, car Suger était persuadé
que dans ce temps de désordre la justice
ne pouvait être rendue qu*à l'abri des
autels. Une loi écrite défendit à un juge
d'Orléans de descendre dans l'arène pour
soutenir ses arrêts p^r le glaive, tandis
que la défense du duel était observée par
deux princes prêts à vider leurs querelles
en champ clos. Et malgré ces rigides
ordonnances, lorsque Louis VII, alarmé
du sang répandu à Vitry, se met à la tête
de la croisade,. malgré l'avis de Suger,
celui-ci est nommé régent du royaume.
Après le départ des croisés, la noblesse
se révolte , le frère du roi à leur tête ;
Suger tire le glaive et triomphe. Calme
et prudent au milieu des conciles ou des
synodes, il en devient l'arbitre, ainsi
que celui des princes et des seigneurs.
Henri, roi d'Angleterre, le prend pour
juge dans son démêlé avec la France, et se
conformée son arrêt. L'envie s'attache à
ses pas ; chargés de rendre la justice et
d'empêcher les déprédations, les magis-
trats qu'il a répandus dans toutes les pro-
YÎQOSS ont irrité les seigneurs, et, ion«
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sut
que le roi revient deot soD ropnmêf des
plaintes nombreuses accablent le régent.
Louis VU les écoute un instant; vais le
bon ordre qu'il voit régner partout sur
son passage a bientôt arraché de son
cœur tout soupçon, et, à son arrivée à
Parisy il décerne à Suger le titre de Père
de la patrie. Enfin, il est une gloire qoa
Ton n'6tera point à Suger : c'est celle
d*avoir arrêté dans ses désordres une
femme telle qu^Éléonore de Guienne ,
qui, disait- elle, ne voulait pat un moine
pour mari. Son divorce n*ettt lieu qu'a-
près la mort du ministre. Désolé des
désastres de la Palestine, Suger travail-
lait a organiser une nouvelle croisade,
lorsqu'il mourut en 1 ISS. On doit à ce
grand homme d'état une Vie de Louis VI,
un compte-rendu de son administration,
et des lettres nombreuses. Qn a une Fie
de Suger de domGerwtMef 1739, 8 vol.
in*12. Garât a remporté le prix proposé
par l'Académie- Française , en 1779,
pour son éloge. V** d'H.
SUGGESTION, voy. Captation.
SUICIDE (du latin suieidium^àérivé
de cœdere^ tuer, et se^ sui, pron. de la
3*pers.), homicide sur soi -même. De tout
temps, et bien avant Rousseau (Nouvelle
Héloîse^ m* partie, lettre 2 1 «), on a beau-
coup discuté sur le suicide; cependant
peu de questions ont reçu des solutions
plus différentes. Quelques moralistes le
justifient ou au moins l'excusent; d'au-
tres, en plus grand nombre, le condam-^
nent absolument, tandis que d'autres
encore s'élèvent contre lui avec plus ou
moins de sévérité, selon les motifs qui y
ont présidé. Avant tout, il s'agit de bien
s'entendre sur l'étendue de la signification
du mot. Le suicide, considéré comme at-
tentat et moralement imputable, suppose
toujours une entière liberté de volonté,
une conscience parfaite de Tacte qu'on
commet. En conséquence, il faut ranger
à part ces cas, plus nombreux peut-être
qu'on ne pense, où une affection men-
tale trouble la raison du malheureux qui
se donne la mort, et le prive de tout
empire sur lui-même. Le meurtre alors
n'est plus volontaire, et il doit exciter la
pitié plutôt que le mépris et la réproba-
tion.
Il n'en est pas de même de cet anici-
( Ôâ9 ) 6t}l
des qui ont pMir cause la iongne des pat*
sions, la crainte de la douleur , ia dé&es*
poir ou le remords ; relativement à ce«x««
ci, on a beau accumuler les sophismes,
on ne parviendra jamais à les justifier.
La conservation de la vie n'est pas seu-
lement un instinct naturel, c'est un de*
voir; car en plaçant l'homme sur la terre.
Dieu lui a assigné un but auquel il doit
tendre sans cesse de tons ses efforts.
Abréger son existence terrestre, c'est
briser l'instrument de son per£sctionne-
ment moral, c'est trahir sesobligationsen-
vers l'humanité, c'est se révolter contre la
volonté de Dieu, et préférer des vues per*
sonnelles aux lois générales* Il peut ae
présenter cependant des circonstances où
La vie est on opprobre et U mort an devoir.
Qui oserait flétrir du non de suicide le
noble sacrifice de sa vi^it par Régnins
à l'inviolabilité du serment? Qui n'ap-
plaudirait à Socrate, à Jésus , aux mar-
tyrs du christianisme se soumettant vo-
lontairement à une mort à laquelle ils
auraient pu se soustraire s'ils n'avaient
voulu rester fidèles jusqu'au bout à leur
mission sainte ? Mais les cas où le devoir
comoMnde ainsi à l'homme de s'immoler
pour le bien de ses semblables sont fort
rares, et surtout fort diffleiles à déter-
miner. Ce serait assumer une grave res-
ponsabilité que de prétendre décider jus-
qu'à quel point la vie est compatible avec
la vertu, avec la dignité morale de l'hom-
me, et on hésite à oendamner ou à ap-
prodver €aton d'Utique se perçant de
son épée pour ne pas survivre à la liberté
de Rome.
Au reste , plus ces morts sublimes i*^
spirent d'admiration, plus on doit /rap-
per d'une réprobation sévère ces êtres lâ-
ches qui se réfugient dans la tombe poar
échapper à l'infortune où à des embarras
peut-être momentanés, plutôt que de ré-
sister courageusement. Et malheureuse-
ment, ils forment toujours la grande ma-
jorité. Ainsi, sur les 3,00é satddes com-
mis en France annuellement, une large
part appartient sans doute à Taliénatlon
mentale; mais les chagfina domestiques,
les souffrances physique , les revers de
fortune et la misère , ne figurent guère
pour un chiffre moins élevé dans les ta-
I bleaux statistiques publiés par le minlf^
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SOI
(560)
StJi
tère dèlajiistioe. Le suicide eAt devenu
comman de nos joorsy et des hommes de
talent, à l'exemple d*an jeune poète an-
glais {yoy, CHATTEmTOir), se sont crus en
droit de disposer de leur vie dans an
moment de décoaragement ou d'ennui,
triste conséquence de la perte des illu-
sions du jeune âge, au lieu de lutter con-
tre le sort, de se montrer plus grands que
leur fortune et de rehausser leur eiistence
à leurs propre yeux par de nobles et
courageuses tentatives..
Nous avons parlé des tableaux com-
pris dans leCompte-rendu annueladressé
au roi par le ministre de la justice. Ces
tableaux nous offrent de curieux rensei-
gnements qui méritent d*étre étudiés
soigneusement et auxquels nous regret-
tons de ne pouvoir nous arrêter. Disons
oependantqu*en4841 on a constaté, en
France, 1,866 suicide^, dont 3,129
d'hommes et 787 de femmes. Les dé-
partements où les suicides sont le plus
fréquenta sont : la Seine, la Seine*Infé-
rieure, le Nord , Seine*et-Oise , Seine-
et-Marne, rOise, l'Aisne; la -Haute-
Loire, la Lozère, la Corse, l'Aveyron et
le Cantal sont ceux où ils sont heureu-
sement le plus rares. L'influence des sai-
aoin se fait sentir d'une manière très
marquée : le plus grand nombre de ces
attentats ae commettent en été et au prin-
temps. Les moyens les plus usités sont la
submersion et la strangulation ; mais l'as-
phyxie et les armes à feu jouent aussi un
grand r61e dans ces fatales détermina-
tions. Toutes les clssseede la société four-
nissent leur contingent è ce triste cata-
logue; les individus attachés à l'exploi-
tation du sol, les militaires et les rentiers
forment las catégories les plus nombreu-
ses : les gens sans aveu ne sont nulle-
ment les plus enclins à se débarrasser
viplemroent du fardeau de leur précaire
existence. Chex les jeunes gens amsi, te
suicide est assez rare : la vie se* présente è
eux si longue et si pleine de charmes
qu'on comprend qu'ils redoutent de la
quitter. Cest dans l'âge des décep-
tions, lorsque la vie n'offre pina de
mystères, c'est-à-dire entre 40 et 60 ans,
qu'on hésite le moins à attenter è ses
jours. Nous nous bornons ici à ces rapi-
des indications, saut prétendre en tirer
les conclusions qu^pn pourrait en fsire
découler. Ajoutons seulement qu'en An-
gleteraa(avec la principauté de Galles) le
nombre des soicides a été, en -1839, de
1,058. — Parmi les ouvrages consacrés
à cette triste aberration , nous citerons
ceux d'Osiander (Hanovre , f 8 1 8) ; de
M»« de Staél (Stockh., 1812); de Fal-
ret, etenfinSt'aeudIin, Histoire des opi-'
nions sur le suicide (Gœtt., 1894,
in-8«), E.H-G.
SUIDAS , grammairien grec du xi*
siècle selon les uns, du x* selon les autres.
Les faits de sa vie ne sont pas connus.
Nous avons de lui un Lexique historique
et géographique, qni> quoique inexact
dans maints endroits , fournit nne foule
de renseignements que l'on chercherait
vainement ailleurs. La première édition
qu'on en ait imprimée est celle de Mi-
lan (1499, in-fol.); il à été publié de-
puis par Kûster(Cambridge, 1 705, 3 vol.
in-fol.), et plus récemment par Gaisford
(Lond., 1834)etBernhardi(HaUe, 1884,
2 vol. în.8^). C, Z.
SUIE, matière qui se dépose dans les
cheminées , et qui est le produit de la
décomposition, par le feu, des matières
organiques. Elle sert dans la teinturerie
et dans la peinture (on en fait le bistre),
ainsi qu'à divers emploie dans l'indus-
trie, et peut aussi être utilisée comme
engrais.
SUIF, terme général sous lequel on
désigne les graisses fondues des bœnls,
vaches, veaux, moutons, boucs, etc.,
seules ou mêlées ensemble ; mais ces ani-
maux produisent des quantités de suif
bien différentes et de qualités diverses.
Le bœuf fournit en moyenne 26 kilogr.
d'un suif moins sec et moins blanc que ce-
lui du mouton ; ce dernier donne environ
2 kilogr. de suif sec et très blanc; le veau
ne fournit que 1 kilogr. de soif blanc et
mou ; enfin le porc donne le plus mon et
le plus mauvais de tous les soifs, connu
sous le nom At flambart. Les suifs de
bœuf et de mouton sont les meilleurs et
les plus généralement employés ; Ils don*>
nent à- la fonte environ 80 kilogr. par
quintal métrique.
Pour extraire la matière grasse oon-
ternie dans le système adipeux, on altère
I cette membrane par l'action de la cha-
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SUI
(461)
SUI
lettr; Mito «pératioo u f>it dali* des
fonderies à/eu nu, o4 l'on jelle les «a-
tièresy et d*nu l'on retire W suif à mesure
qa*il se forme; quand il ne \ient plusde
liquide, il reste ce qa'on «ppdle U bov-
lée^ que Ton expose de nouiiBftu 4 la
chaleur pour obtenir !• creton^ qui serl
de nourriture au» dit^us» «t qui» cbduffé
lui-même à un de^ très élevé, donne
enfin le suif brun. Mais Todeur infecte
et le danger d*incendie, deux intsonvé-
nients graves attachés à ce mode d^opé*
ration, devraient en6n décider les fon-
deurs à adopter le procédé d« fonte par
le contact de l'acide suUurique étendu
d'eau. Ce procédé prévient l'infection , Tyrol à Tfst, le royaume Lombardo-Vé-
SUINT, voy. Laike.
SUISSE (en allem. Sehweitz; vulg«
^Stkwytz). Ce pays, qni nm des premiers
a vu luire sur ses montagnes l'aurore de la
liberté au moyen -âge', offre un égal In*
térét à l'hislorien, à l'artiste, au géolo-
gue et au voyageur. Sur un petit espace,
il réunit plu» de charmes pittoresques et
plus de beaulés naturelles que nulle autre
cMUrée d« l'EiTope. Son étendue, d'a-
près les calcids lès plus exacts, n'est pour-
tant qo^de 7 18 milles carr.géogr., ou de
S0,490 kilom. carr. La Suisse est ren-
fermé» entre le grand-duché de Bade au
nord, le lac de Constance au nord -est, le
par la saturation de Vtamoniaque , et
annuité les chances d'incendie par le
Tolume d'eau employé à cette opération.
La plus grunde partie du stéf est em-
ployée à la fabrication des chdnckiks
(voy,) et des bougies diicBMéariques; le
reste est converti en aavon («•>.). Les
acides stéarique et margetrique ont été
appliqués, il y a quelques années, à ia
fabrication desfr<7ilgl>f ^/<^/giief à cause
de Ut flamme inodore et-briflante qu'Hit
produisent; mais ces aicid» s^nt d'une
cristallisation trop facile pour être em«
ployés purs, et U quantité de cire qu*ll
faudrait y mêler élèvaratt cette deturée à
un prix tropjiaut pour le commerce; de
savants cbimisteaont surmonté celle deiu-
ble difficuké en chauffant k environ 55°
les sEKUxle^ dans lesquels on coale lésait
des gras liquéfiés , et en les agitant jus-
qu'à ce que ces derniers se prennent yi
une niasse où tous les cristaux se trouvent
brisés ; la bougie ainsi Iraitéedevfent mate
et solide, et U ne reste plus, pour la Hvrer
à la coifiM>mmation, qu'à la polir avec un
mor<:eau da flanelle imbibé d'alc<v>l.
Il se fond annuellement ^ France en-
viron 23 millions de kilogr. de suif, et
sar ce clâffre le dép. de la Seine en four-
nit à lui seul \. ijk fonte des abattoirs
de Paris ^sente pour 9 ans (de 1830
à 1838 idclusivemeni) un chiffre moyen
de 5^818,803 kilogr. La Frfi|:e ne suffit
pas à sa consommation de suif; elle en
tire de Russie, d'Angleterre, d'Italie, etc.;
en lM7,ellee^a importé 7,749,198 ki-
logt. C-B-S.
SUIF (aaiae a), voy. Grium sa.
Sncfclop. d. G. d. Jlf.TomeXXI,
nitien et la monarchie Sarde au sud, et la
.'France à l'ouest : c*est, avec le Tyrol et la
Savoie, la contrée la plus éleyée de TËu-
rope. Qe hautes montagnes couvrent la
majeure partie de son territoire. Les Al-
J^^{voy.)f auc sommets couverts tte nei*
Ses éternelles, mais tapissées à leur pied
e la plus riche verdure, y déploiep t leurs
masses imposantes et leurs coupes hsr-
dies, à mille formes diverses , ^ju sud-
ouest a^L nord-est. Cette chaîne majes-
tueuse, sillonnée en tous s«>ns de pro-
fonde! vailles, se divise, en Suisse, dans
les trois grandes branches suivantes :
f* les Alpes pennines, qui parlent du
Mont-Blanc, en Savoie, ift s'étendent en-
tre VltaHe et le Valais, où elles formipt
le grand S^^nt- Bernard et lé mont Rosa,
jusqu'au Saint-Gothard (vo/. tous ces
noms); 2® les Alpes bernoises, au nord
du Valais et dans la partie méridionale
du élinton de Berne, dominées par le
Finsteraarhorn, leSchreckhorn, le Wet-
terhoro, le pic da la Vierge (Jungfrau)^
le placier de la Fourch^ le Moine, etc.;
3^ \t Saiia-Gothard, nœud principal des
Alpes helvétiques, au sud du canion
d^Qri, k l'entour duquel les dérivations
multiples de ce groupe lont projetées sur
les autres petits cantons du ceïltre de la
Confédération, ainsi que, dans la direc-
tion contraire, sur ceux desGrisons et du
Tessin. La hauteur des sommets les plus
élevés dans les^ Alpes helvétiques varie
edtre 10,000 et 13,500 pieds. Même
dans la majeure partie des vallées et des
plaines les plus éloignées de ces colosses,
l'élévation moyenne an-dessus du niveau
36
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âui
( 562 )
sut
de la mer des terrains habités est encore
de 1,200 à 2,000 pieds; elle D*est moin-
dre que dans la région riveraine du Rhki|
entre le lac de Constance et Bàle^ où elle
s'abaisse à 780 ^eds, et aux environs du
lac Majeur, où eHe diminue même jus-
qu'à 686 pieds. Le Jura {v^.)f chaîne
dont la hauteur, de beaucoup inférieure
à celle des Alpes, ne dépaûe nulle part
5,800 pieds, se détache de cellfes-ci aux
environs de Genève. Marquant de là en
grande partie la limite entre la franee
et la Suisse, il décrit dans cette dernière
un grand arc dont une extrémité est
poussée vers le Rhin entre Bile et Schaff-
honse.
Les mon tagnes de la Suisse, surtout les
glaciers, donnent issue à une foule de ri- <
▼ières et de ruisseaux, dont quelques-uns
se précipitent du haut des rochers en ma-
gnifiques cascades. Plusieurs de ces cours
d'eau deviennent de grands fleuves, après
avoir franchi les limites de la SulÂe. Le
plus fameux de tous est le Rhin {vay,)j
formé de 8 branches qui ont leurs sour-
ces voisi||es du Saint-Gothard et se réu*
Hissent dans le canton des Gri^s. Au
aud, dans le Valais, lé Bhàntjyox.), qui
sort du glacier de la Fourche et trfverse
le lac de Genève, est emporté dans une
direction contraire vera le midi de la
France. Le principal affluent du Rhin
es^ l'Aar {voy.)^ le plu» grand des cours
d*eau appartenant en entier au terri-
toire suisse. Cette rivière a sa source
dans rOberland (Haut Pays) bernois, y
traverse les lacs de Brienz et de Tfaun, et
baigne^ en décrivant de grands détdurs,
Berne, Soleure et Aarau. Dans le cantoil
d'Argovie, elle reçoit, à très peu d'inter-
valle, sur sa rive^roite, deux autres ri*
vières considérables : la Reuss, qui dé-
coi)Jc du mont Saint- Gothard, franchit
le lac des Quatre-Cantons et reparaît à
Lucerne; la Limihat, qui vient du can*>
ton de Olaris et porte le nom de Linth
avant de se jeter dans le lac de Zurich,
dont elle s'échappe de nouveau à l'en-
droit même où est située celte ville. Le
Tessin [Ticino)^ qui naît sur le Tersant
opposé, au pied du Saint-Gothard , et
arrose le canton auquel il donne son
nom, court de là, à travers le lac Majeur,
r^iodra le P6y dans le royaume Lom«
bardo^X^nlden. Enfin I^Inn, la prinet*
pale rivière du Tyrol, tributaire du Oa-^
Dube, cnBâvrère, prend naissance en Suis-
se, dans le canton des Grisons. La plu-
part de ces co«r»<i'éau offrent des par-
ties navigables. La Suisse possède une
multitude de lacs, dont les nappes ar-
gentées contribuent merveilleusement à
diversifier et à rehausser la magnificence
des sites. Ces réservoirs naturels sont pour
la plupart très profonds. Les deux plus
étendus, le lac de Constance (voj.) on ^o-
^tfiif^e,au nord-est, et le lac de Genève
(2>of •} ou lac Léman, an sud-ouest, sont
limitrophe», le premier de l'Allemagne
mti'idionale, le second de la Savoie. Par-
mi les lacs de nntérieor , on remarque
ceux de Ne\ifchâtel, de Bienne {Biel) et
de Morat {Marten)^ dans la région occi-
dentale; ceux de Tbun et de Brienz, dans
rOberland bernois; le lac de Lucerne on
des Quatre*Oantons (Fierwaldstœdier»
See) et celui de Zug, te lao de Zurich et oe>
lui de Walleustiedt,dans la région du cen-
time etdti nord-est. Quant an lac Majeur et
an lac deLugano,dansie canton duTessin,
sur la Crdniière d'Italie, ils n^ppartten-
nent à la Suiàse qu'en partie, le premier
même seulement par son extrémité sep-
tentrionale. Nous renvoyonsaux différents
articles de canton pour les particularités
les plus remarquables de lii> topographie
si grandiose et si pittoresque de la Suisse;
là se trouveront décrits quelcfoes-una de
ces tableaux magiques qui attirent depuis
longtemps vers ce petit coin de la terre
dgs flots de visiteurs de toutes les parties
de l'Europe.
Le climat varie beaucoup ^ Suisse,
selon le degré d'élévation des sites. Il est
naturellement très vif sur les Alpes ; en
revanche, Il est tempéré dans les vallées
et dans les plaines, et même chaud, au
sud, dans celles qui avoisinent Fltaiie.
Les lûveiy sont rigoureux et assez longs;
mais l^air est en général serein, pur et
salubre, excepté dans ces vidléo» basses
et humides, où se développe la triste af-
fection du cfétinisme (i>t>r.).
La fertilité du sol propre à la culture,
quoique fort inégale, est néanmoins très
grande dans certains districts partleuUè-
rement favorisés par la nature. Environ
les trois haitièmas de la superficie tolalQ
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SUI
Mml «eeapé» ptr les lacf, U* eaux cou^
rantes on stagnantes, les glaefers, pat dea
masses de roches nues et arides, on da
moins par des hauteur^ où Therbe formo
à peu près l'unique végétation. Beau-
coup de campagnes oCTreni les plus ri-
ches moissons de folé^ mais la quantité
tt*en est pas suffisante pour tous les be-
soins des habitants, obligés de recourir à
Fétraoger pour un tiers environ de leur
consommation de grains. Le pays pro*
doit aussi des vins, des fruits, du chanvre
et du lin, des plantes officinales et du
bois. Les vastes et excellents pâturages,
dans les vallées et sur les pentes moyen-
nes des Alpes, nourrissent de superbes et
nombreux troupeaux, de bétes à cornes
snrtout. Il a été calculé qu'on entretient
annuellement environ 900,000 tètes da
gros bétail en été, et 600,000 en hiver;
l'excédant du premier chiffre sur le se-
cond passe dans la consommation ou est
exporté entre les deux saisons. Le beurre
et les fromages (voy,) préparés dans les
chalets des Alpes sont trèi recherchés.
Cette branche de l'économie mrale est
pour ce pays de la plus haute importance,
et tes riches proiduits de l'éducation du
bétail dédommagent amplement les dis-
tricts privéa-d'aotres ressources agrestes.
Lar règne animal offre d'ailleurs dans les
Alpes quelques espèces particulières. La
marmotte y est très commune , mais le
bouquetin ne s'y montre plus que de
loin en loin, et la passion du montagnard
pour ta chasse au chamois rend ce der-
nier également da plus en plus rare. Lcf
poisfDn abonde dans les lacs. Le rè^ne
minéral fournit du gr^it, du marbre, de
l'alb&tre, du cristal et du fer. On trouve
aussi du cuivre^ du plnmb, de la bouf Ue
et du sel, mais l'activité industrielle de
la population, engagée dans trop d'au-
tres branehes, est faiblement dûrigée vers
les exploitationa^d» cette nature. Les
sourceaminérales et thermales, très nom-
breuses dansée payé , softt pour la plu-
part avaz#agettsement connue^ à l'é-
tnmger.
De méme« que la Suisse ne forme pas
un état simple et uniformément organisé,
mais une confédération de petites répu-
bliques, de mtme la population de cette
centrée, bien ^u'étroitcment unie par la
aimHhttda des traditions et des destinées
politiques, et par la communauté du lien
fédéral, ne forme pas une nation dans le
sens propre de ce mot. Cette population,
répartie dans 62 villes, 101 bourgs et
7,400 villages et hameaAx, doit être éva-
luée à environ 9,200,000 âmes : c'est
un composé des mêmes éléments que re-
présentent, chacune en masse isolée, les
trois grandes nations qui entourent la
Suisse, les Allemands, les Françuis et les
Italiens, dont les idiomel respectifs se
partagent également le territoire de la
Confédération. L'allemand, la langue
dominante, se parle, dans un patois assez
rude efft caractérisé par un fort accent
guttural, dans toute la région du centre,
du nord et de l'est. Le français règne
dans la Suisse occidentale, c'est-à-dire
dans les cantons de Genève, de Vaud et
de Neufchâtel, d*une manière exclusive,
dans une grande partie des cantons de
Fribourg et du Valais , et dans quelques
dépendances de celui de Berne. L'italien
elt perlé dans tout le canton du Tessin et
dans plusieurs parcelles de celui des Gri-
sons} mais, dans ce dernier, il se ren-
contre avec un autre idiome plu% vieux
de la même souche, le roman [vojr, lan^
gue Romahb), dont l'usage est encore
plus répandu dans ce canton. On estime
approximativement le chiffre de la po-
pulation allemande à 1 |- million, el ce-
lui de la population française à plus de
500,000 individus; le petit reste seule-
ment est italien ou roman. Quelquefois,
les langues se louchent de si près qu'on
les voit dominer l'une à côté de Tautre,
sans se mêler, dans des quartiers ditîé-
,«f9tnts (Fîine même ville, comme par exem-
ple i Fribourg. Malgré cette diversité de
races et d'idiomes, une longue solidarité
de rapports et d'intérêts politiques a
pourtant imprimé à tout le peuple suisse
«n cachet particulier qui lui prête une
physionomie distincte, à plusieurs égards,
de celle des nations circonvoisines. En
général , les Suisses nous offrent , au
physique, le type d'une race vigoureuse
et fortement oon^ituée, et au moral ce-
lui d'un peuple vivement animé de 1^-
prit de liberté et d^indépendance, ausai
franc et loyal que brave, patient et infa-
tigable dans le travail, et qui, malgré un
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(â64)
SUI
religieux êttacbement gtrdéen iem Ktnx
pour le sol natal , aime pourtant à ré-
pandre son activité au dehors , où il se
sent poussé par l'appât de la fortune.
Cette disposition du caractère concourt,
avec la hante Vépuution de laleur qui
s'était attachée au nom suisse depuis le
moyen-âge, à expliquer le goût, long*
temps si vif et si prononcé, de la jeunesse
du pays pour le service mllitaii^ aux ga«
ges des gouvernemenu étrangers, aux-
quels on Ta vue fournir autrefois de
nombreux régiments '{voy, CAPnrouh-
Tioirs, T. IT, p. 703). De nos jours ce*>
pendant, les patriotes lea plus éejsMs se
sont élevés avec force coutre ce t|afie de
sang, et ont fait adopter dans plusieurs
cantons des mesures sérieuses pour dé*
fendre ces enrèlemenfts mercenaires. Ac-
tuellementj le roi de Naples et lê pape
sont les seuls souverains qui aleat con^
serve des troupes suisses, librement en-
gagées pour la plupart, en vertu de ea«
pitulations formelles, dans [es petite can^
tons catholiques, pour lesquels cette car^
rière forme une ressource que leur pau-
vreté ne saurait dédaigner. Les effets de
ces expatriations, bien plus communes
jadis, et dans le siècle présent la fréquenoei.
toujours croissante de voyageurs de fepua
pays, ont sans contredit beaucoup fait
perdre aux mœurs suisses de leur simpl in-
cité primitive et de leur ancien carac-^
tère patriarcal.
L'industrie manufacturière est extrê-
mement développée et tfès florissante
dans certaines parties de la Suisse. Elle
a son principal siège dans les cantons du
nord et dans ceux de l'ouest, et porte
surtout sur la fabrication des étotfes de
soie (Zurich), des riibans de soje (Bâie),
des mousselines, indiennes et autres Co-
tonnades (Saint-Gall et SchafThouse),
des tissus de chanvre et de lin, de l'hor-
logerie (Genève, Neufchâtel et environs),
de la quincaillerie, des chapeaux oe
paille, etc. Néanmoins, la population,
même dans les districts de fabrique, n'est
pas très concentrée; car aucune des 6
villes de la Suisse ayant au-delà de
10,pOO âmes n'atteidt au chiffre de
80,000.
Le défaut d'unité dans l'adminbtra-
tion des douanes permet difficilement
d'étabUr pour ce pays la valeur exacte d»
l^mporUtioB et de l'exportation. Cette
dernière consiste particulièrement en
produits des manufactures et des trou*
peaux. Dans aucun autre pays , le prin-'
cipe de la, liberté du commerce n'est aussi
largement appliqué, en ce qui touche
Timportation. Ce régime est surtout
fondé sur l'intérêt pubsant qu'a la Suisse
de s'assurer les bénéfices d'un transit
considérable, auquel, par sa position en-
tre les confins opposés des trois plus ri-
ches contrées du continent européen,
elle offre naturellement les voies les plue
courtes. BâIe, Genève, Berne, Zurich et
Coire, comme places de transit, sont le»
villes de commerce les plus impor-
tantes.
On sait que la Suisse a été jadis un des
foyers les plus ardents de la réforme re«
ligieuse et qu'une communion très ré-
pandue du proteatantbme, celle qui s'ap*
puie sur la confession dite helvétique
{voy,) a pris naissance dant ce pays. Lea
partisans de cette Église, unis à ceux de
la doctrine de Calvin, y dominent et for-
ment environ -J de la population. Le reste
des habitants (environ 880,000) est resté
.fidèle à la foi catholique, qui règne tou-
jours sans partage dans les petiu cantons
des Alpes, bereeau de la Confédération,
tandis que les réformés ont pour eux la
plupart deacantons industrieux et riches,
ou vivent dans les autres au milieu des
catholiques. L'esprit de secte, malheu-
reusement fort enraciné dans l'Église
réformée eji Suisse, y sème des germes
de^iésiotelHgence en partie non n^ns
rive que l'animosHé trop fréquente entre
catholiques et protestlitits. On rencon-
tre aussi des anabaptistea et des frères
Mnraves en petit nombre , et près de
2,000 Juifs; mais ces derniers ne peu-
vent acquérir le droit de bourgeoisie dans
aucun canton, et ne sont même pas to-
lérés dans tous. Les catholiques pcttsé-
daient, en 188f, dans tou^ la Suisse,
117 couvents, renfermant 2,850 reU-
"^gieux et Religieuses, mais ce nombre a
encore diminué depuis^ par suite dea sé-
cularisation» de biens monastiques, or-
données par plusieurs gouvernement»
cantonaux» Les éVêchés suisses, autrefoi»
suffraganu de pluaicnrs archevêchés voi^
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(565)
SUI
ibi cTAIlêiDagoe, de France et dlulie,
relèvent aajoard*haî directement da
pape. Lm sièges maintenus sont établis
à Solenre, sous Tancien titre d*évéché
de Bàle, à Coire, k Sion, et à Fribonrg,
résidence de l'év^ne de Genève et Lau-
sanne. Ces dignitaires, élus par les cha-
pitres, doivent être confirmés par les can-
tons compris dans leurs diocèses respec-
tifs. L'instruction pablique^extrêmement
développée dans plusieurs cantons réfor-
mésy et notamment dans la Suisse fran-
çaise, qui est depuis longtemps une pé-
pinière d'instituteurs et d'institutrices
pour plusieurs pays du nord de TEo-
rope, languit beaucoup, par contre, dans
les petits cantons catholiques, où l'in-
fluence cléricale n'a rien d'hostile à l'I-
gnorance et à la superstition. Mais, à part
ces exemples fournis par une minorité
d*états pauvres de lumières et de ressour-
ces, la Suisse peut se vanter d'avoir fait
plus que tout autre pap pour le perfec-
tionnement moral de Téducation pri«
maire et secondaire {voy, Pestalozzi et
Fellbitbkeg). Les pensionnats surtout 7
sont nombreux, et l'excellente réputation
dont ils jouissent leur procure une mul-
titude d'élèves de l'étranger. ¥kk revan-
che, le haut enseignement se ressent un
peu de l'isolement des cantons et d'un
certain esprit de rivalité qui les empêche
de centralber davantage les moyens qu'ils
miraient pour fonder des établissements
ttniversitaires sur une échelle plus large
et plus féconde. Bàle, Zurich et Berne,
possèdent néanmoins des universités or-
ganisées en^petit sur le même pieid qiM
celles d'Allemagne, tandis que Genève et
Lausanne ont deai académies (pii.se rap-
prochent davantage du système français.
Toutes ces villes pi» vent d'ailleurs se glo-
rifier d'avoir produit une foiile d'hommes
émînents dans fts sciences, dans la IMté-
rature et même dans Tes ai^**
Depuis 1 798, il n'existe plus «n Suisse
de classe privirégiée proprement dite.
L'ori^ne des titres idu petit nombre de
familles nobles qu'oif y rencontre se rap-
porte, pour la plupart, à des distinctions
conférées è leurs auteurs par les puissan*
ces étrangères au service desquelles ils se
trouvaient. Dans le pays même, le patri-
daty qui d'ailleurs n'existe plus en droit
ai^urd'hiii,n^i jamaisen quedesrapports
accidentels avec ce genre de noblesse. Mais
OB se montre très diffîci le sur la concession
du droit de bosrgeoisie dans beaucoup
de cantons, même à l'égard des postu-
lants suisses, è cause de i«rtains avanta-
ges matériels^ comme la participation au
revenu de domaines publics, souvent très
considérables, quis^attachent à cett^ua-
iité. Il en résulte que, daSs certaine can-
tons, les citoyens proprement dits ne
forment que la minoritif , tandis que la
majorité de la popula^tion se prouve ^ à
beaucoup d'égards, dans la condition d'é-
trangers domicilié». Cette circonstance,
compliquée d'une foule d'autres éléments
de division et de jalousie, de rivalités
d'intérêt locales, etc., inséparables d'un
état social oè domine l'esprit démocra^
tique dans sa pins vulgaire expression,
oontrîboe à entretenir dans lieaucoup de
cantons une agitation très vive et une
très grande ardeur révolutionnaire ou
réactionnaire, qui souynt, depuis 1880,
et tout récemment encore dans le Valais,
a fait naître des collisions sanglantes ou
prodoit de violents bouleversements in-
térieurs. Le mot par lequel Voltaire ca-
ractérisait de son temps les discorde^ ci-
viles de Genève, « c'est une tempête dans
un verre d'eau, » pourrait égal^ent s'ap •
pliquer à phw d'un autre canton. Dans
aucun pays, le journalisme ne montre
autant de rudesse et d'emportement, et
ne se livre eux personnalités avec autant
de fiel qu'en Suisse. ^
La Suisse, comme on sait, forme une
confédération républicaine, aujoardThui
composée de ^ cantons souverains, et
parfaitement indépendants les uns 3es
antres pour tout ce qui concerne leur
gouvernement intérieur. Quelques-uns
de ces cantons sont eux-mêmes, comme
le Valais, de petites confédérations, ou
bien sont partagés, comme Unterwalden,
Appenz^ll et Bâie, en deux, ou, comme
les Grisons, en trois petites républiques
distinctes, mais ne figurant ensemble que
cq^me^un seul état dans la diète géné-
Têié^ en sorte qu'il faut porter à 27 le
nomibre total des ÉtaU qu'embrasse le
lien fédératif. Des variétés infinies se ren-
contrent dans la constitution républi-
caine de chacun d'eux. Dans les uns rè-
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SUl
^e U dénocratie pure, où chaque ci^
toyen concourt directanMut à Vextrcioe
des droiu poliliques; dantd'êutres plut
populeux, la démocratie est organisée en
système représeàtatif; dans d'autres en-
core, le gouvemement est diversement
mélaDgéd'élémenUetdeformefaristocra-
tiques, en partie en ce sens qiK les bour-
geois dea cbels-lieux ont une certaine
prépondéranceft jouissent de prérogati-
ves marquées sdr les citoyens des autres
villes et des campagnes. Enfin, il est un
canton, celui de KeufcbâteA, qui, recon*
naissant pour souverain U roi de Prusse,
OOUriDiEATIOIT HBLTIÉTIQUK.
I. Cantons teptentriontmm.
( £66 ) SUi
se trouve dans une condition to«te paii-
tioulière : il forme moins une république
qu'une principauté constitutionnel le,raU
tachée eu corps helvétique par le lien fé»
dérel. Tout en renvoyant le lecteur, pour
ce qui concerne la statistique particulière
et le gouvernement «les divers cantons^
aux articles spécialement consacrés à cbap
cun d'eux, nous donnerons i^ le tableau
général de la confédération, indiquant
pour chacune de ses parties le chiffre de
la superficie, celui de U population et le
nom du chef-lieu, lorque ce nom diff^
de celui du canton. *
t. Bàle....
2. Soleure.
Iville..**» I
campagne ( *
Sopn'ficM
«n m. carr. géogr.
8.71
12,01
23.70
8. Argovie. *•...• ..••.....
4. Zuiich ...* • *2.33
6. Schaffhouse ^'^^
6. Thurgovîe 1^-66
• II. Cantons orientaux,
.: ' 86.27
7. Saint-Gall..
8. Appensell..
Ebodes intérieure» j j^^^
Rhodes extérieures (
Ligue Knse
9. Grisons Ligue oe la maison de Dieu \ 140.00
i Ligue des dix droitures..
« m. Cantons méridionaux,
10. Tetsin.. • .*. 48.81
1 1 . Valais (confédération de 1 3 dizains) 7 8.38
ly. Cantons occidentaux,
i 2. Genève *• 4,31
13. Vaud »... 65.75
14. Neufchâlcl J3.22
V. Cantons intérieurs,
lô.Fribourg 26.60
16. Berne ^ * , ^20.83
17, Luccrnc 27.71
Pdputotion. CMMiMi. hak
65,000 22,000
63,000 5,000
183,000 Aarau 4,100
832,000 14,000
32,000 6,000
84,000 Frauènfeld . 2,900
160,000 10,000
62 ,000 Hérisau .... 7 ,300
90,000 Coire 5,600
113,000
75,000
Lugano.
Sion. . . .
3,80O
2,600
18. Zug
19. Scbwytx.
20. Un
21
22
4.03
15.96
^ I».86
2!7'*i*"| 12:40
Nidwalden {
♦ 13.20
Unterwalden
Glaris.
Totaux..
Des corps électifs, dits conseils^ son t. à
la tête du gouvernement et de l'adminjs-
(*) Ce tableaa étant dressé d'après les doo-
nées les plus récentes, il peat serrir à rectifier
de» données pins andeaoe» utilisées pour la ré-
diittiou des uotices cantonales. S.
60,000 28,000
184,000 Lausanne... 16,000
62,000 y... 6,400
90,000 9,000
408,000 22.400
125,000 8,300
16,000 •. 8,100
40,000 6,200
14,000 Altbrf 1,900
-23,000 SUnz. 1,700
30,000 '.: 4,100
718.40 2,200,000
tration de chaque centon. La plupart dee
emplois publics sont de même conférée
par Télection et sont gratuits ou très fai-
t^lement rétribués. Le cens, là où il est exi-
gé pour Texercice du droit éleetoral , est
généralement très modique. Lei première
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(66
magistrats des cantons portent, soiTant
la coutume de chacun, les titres de bour-
guemestre, d'^voyer (ScàultheUs) , de
land8inman,.de président, de capitaine de.
canton (Jxindeshauptmann^ dans le Va-
lais) et de syndics (à Gepève). Foy, la
plupart de «es noms.
La constitution qui régit actuellement
la Confédération suisse repose sur le
pacte du 7 août 1815. Iji direction su-
prême des affaires fédérales appartient à
la àïtit [Tagsat%ung]i composée des en-
voyés de tous les cantons, députés par
les gouvernements de ceux-ci, dont ils
reçoivent des traitements et sont t^nus
de suivre les instructions. Chaque canton
n*a qu'une voix à donner à la diète, et
pour trois elle est partagée; mais les demi-
voix ne comptent que lorsque les deu|:
portions du même canton sont d'accord,
La diète, dont on a présenté Pbistorique
dans un art. spécial (T. VIII, p« 184),
s'assemble régulièrement tous les ans au
commencement de juillet, et transporte
de deux en deux années, alternative-
ment, son siège dans une des trois villes
de Zurich , Berne et Lucerne *. Celui
des trois cantons du méiae nom dans le
chef-lieu duquel la session a lieu, porte
prndant la durée biennale de sa période
de présidence le nom de canton direc-
teur ou Forortf et le premier magistrat
du Vorort est en même temps de droit
président de la diète. Cette assemblée a
seule le pouvoir de décider les questions
de paix et de guerre, et de traitéf avec
les puissances du dehors. Elle doit en
outre veiller au maintien du repos inté-
rieur et de la concorde entre les divers
cantonv Chargée de pourvoir aux inté-
rêts généraux de la Confédératioû, «{lie a
la direction suprême de toutes les forces
militaires de celle-ci, ainsi que la haute
surveillance du régime des douanes et du
transit. Sous bien des rapports néan*
moins, le cercle de ses attributions est
assez restreint, car toutes ses résolutions
qui touchent à des sujets graves ne de-
viennent réeUementobligatoires qu'après
avoir obtenu la ratification des cantons,
.4
(*) Le tour ayant commencé le i" ja^ier
i8i5, cV»t Lucerne qui a dans ce ninroent \n
préiideBce ; Zarich Vëar* ea 1845-46, ci Berne
^O 1847-48. 8.
7) SUi
et la majorité de deux tiers des^x;
mais cette règle n*est pas d'une pratique
trèf rigoureuse; dans les cas ordinai^
res, c'e|t presque toujours l'avis des can-
tons les plus riches et les plus populeux
qui emporta la décision. Les séances de
la diète sont publiques.
Chaque canton a son administration
financière distincte, plus ou moins satis-
iÎMsanteou prospère. Toute la somme dont
peut annuellement disposer le gouverne-
ment fédéral , pour faire face aux dépenses
de direction et d'ii^érêt commun, ne s'é-
lève qu'à 707,740 fr, de Suisse (ce franc
vam 1 fr. 50 cent, de notre monnaie).
Tous les cantons contribufnt au budget
fédéral à raison de Leur population et de
leur richesse, sous le rapport de laquelle
fis sont partagés en 8 classes cotées dif-
féremment. Ainsi, tandis que Bàle- Ville
est Uxé à 60 fr. par 100 habitants, il est
des cantons, tels qutJri, Schwylz, Un-
terwalden, etc., qui ne paient que 10 fr.
par 100 hab. La Suisse n'a point de
dette fédérale, mais la plupart des can-
tons ont è supporter une dette particu-
lière, et plusieurs d'entre eux sont même
fortement oliérés.
En principe, tout citoyen suisse, de
l'âge de 20 à 45 ans, doit s'exercer au
maniement des armes et peut être appelé
sous les drepeliux pour la défense de la
patrie. Mais l'entretien de chaque con-
tingent est à la charge du canton qui le
fournit, tant qu'il n'est pas mis en ré-
quisition par la diète^lle-même, ce qui
n'ai^ve que dans les cas de pressant be-
soin, ou quelquefois aussi pour l'exé-
cution des grandes manœuvres générales.
La diète nomme à tous les commande-
mentisupérfeurs et compose l'état-major
général. Conformément à une résolution
fédérale du 30 août 1838, le contingent
actif, que chaque canton est obligé de
tenir prêt à marcher sur l'appel du Vor-
ort, est fix^ a 8 pour 100 du nombre
de citoyens suisses qu'il renferme. Cette
organisation produit au total un effectif
de 64,019 hommes, qui se décompose
ainsi qu^il suit : 51,846 hommes d'in-
fanterie de ligne, 4,300 carabiniers ou
arquebusiers, 1 ,504 de cavalerie, 5,769
d'ariillerie, et 700 du génie. Une école
militaire a été formée à Tbun pour
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(668)
SUI
fouriyr à l'armée fédérale les instruc-
teurs dontelle a besoin. Uo fonds dktincty
dont le chiffre normat est 4,277, OOQ fr.
de Suisse, en partie alimenté par le pro-
duit des droits perçus à la frontière, est
affecté au service des dépenses fédérales
qui concernent le département de la
guerre. Quoique l'esprit militaire se fasse
pas plus aujourd'hui qu^autrefois défaut
aux Suisses, cette armée, à raison de la na-
ture de son organisation même, laisse en
partie à désirer, sous le rapport de l'uni-
formité d'équipemeni, de la tenue et de
la disèipline. Cependant les carabiniers et
les arquebusiers, Terme favorite du peu-
ple suisse, forment des corps renommés
pour Pexcellence de leur tir, et l*artillerie
aussi est l'objet des plus grands * soins^
Indépendamment du contingent fédéral^
quelques cantons plus riches, comme
Bàle et Genève, entretiennent de petits
corps de troupes soldées pour les be*
soins de la police et du service de garde
dans ces villes.
Bien que dans les cantons riches»0t
éclairés l'organisation des différents ser-
vices publics soit montée en général au
niveau des pays les plus civilisés de
l'Europe, le défaut de centralisation ne
laisse pas que de former, pour beaucoup
d'autres cantons, un obstacle très grave
aux progrès* de l'administration. L'état
des routes et dtê postes dans certaines
localités, celui des écoles, la police inté-
rieure, le système des poids et mesures
et le système monétaire s'en ressentent
sous plus d'un rapport. L'oi^anisation
judiciaire, l'état du droit et même le
régime pénitentiaire en souffrent égale-
ment. La plupart des cantons sont régis
par des lois ou coutumes particulières ,
dont quelques-unes sentent encore la
barbarie du moyen-â^; les formes de
la procédure présentent une extrême
variété; un petit nombre de cantons
seulement ont des codes imprimés, et se
sont en partie approprié les législations
de France ou d'Allemagne. Le droit ro-
main n'a jamais eu qu'une autorité mé-
diocre en Suisse. Le jury proprement dit
n'existe pas dans cette contrée; cepen-
dant les institutions judiciaires y sont
toutes démocratiques dans leur principe
et dads leurs formes. — On peut con-
sulter les ouvrages suivants : Tableaux
eU Ui Suisse f ou Voyage pittoresque /aie
dan^ les treize cantons du corps heWé^
tique y 1780 à 1786, par de Laborde et
Zurlauben, Paris, 4vol. gr. in-fol. ; A/a-
nuel du voyageur en Suisse, par Ebel
(vof,); irad. fr.,3«éd., Zurich, 1818,
4 vol. ia-13, pi. (il en existe de nom-
breuses éditions améliorées), et son abré-
gé, Paris, 1826, 1 vol. in- 12, etc.; Sta-
tistique de la Suisse^ par Picot, Genève,
1819, in -12; Raoul Rochette, Lettres
sdr fa Suisse, Paris, 1822, in-8^ aux-
quelles font suite celles de M. deGolbé-
i-y ; Depping, La Suisse, ou Tableau his^
iorique,pittore.<yueet moral des cantons
helvétiques j 1822, 3 vol. în-«®, avec
grav.; Voyage en Suisse fait dans les
années. 1817, 1818 et 1819, etc., par
L. Simon, 1822 ; 2« édition, 1824, 2 vol.
In -8®; Dictionnaire géographique de
la Suisse, par Marc Lutz, trad. par
Leresche, 2 gros vol. in-8<»; Description
des^t cantons, par Sommerlatt , trad.
par Hebler, in«8®avec atl. in-fol.
2^ Histoire, Les plus anciens habi-
tafits de la Suisse, les Helvétiens, furent
un peuple gaulob dont Torigine se perd
dans la nuit des siècles. De leurs rangs
étaient sortis ces Tiguriens qui combat-
' tirent à côté des Cimbres (vojr,), lors
de rirruption de ces barbares dans la
Gaule Cisalpine. Au temps de Jules César
(voy.), les Helvétiens, partagés en 4 tri-
bus, occupaient, avec les Rauraques, les
Tulingienâ et quelques autres peuplades,
tout le territoire compris entre le Rhin,
le Jura et les Alpes. Ce grand capitaine
les défit complètement sur les bords de
l'Arar (jSaône), l'an 58 av. J.-C, pendant
qu'ils tentaient une nouvelle émigration
dans la direction du pays des Santons (la
Saintooge ), et les força de rentrer dans
leurs foyers. L'Helvétie fut ensuite sub-
juguée par les Romains, qui y firent pé-
nétrer leur langue et leurs mœurs, et l'ad-
ministrèrent comme une dépendance de
la Grande-Sequanaise. Au commence-
ment du Y^ siècleaprès J.-C.,1es Alemanni
(voy,) se répandirent sur la majeure par-
tie du pays, et y firent régner leur idiome,
taimis que les Bourguignons se rendirent
maîtres de celle qui a formé depuis la
Suisse française, et qu'une population
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(569)
m
dé race gothique s'établît dans les tallées
septentrionates des Alpes, auparavant
ÎDbabitées. Plas tard, les Lombards rao*
gèrent aussi sous leur dominatiou quel-
ques districts du revers méridional des
Alpes ; puis THelvétie fut réunie tout
entière à la grande mooarcbie des Francs.
Après le démembrement de celle-ci, elle
passa sous la suprématie des empereurs
d'Allemagne, qui y déléguèrent leur pou-
voir aux ducs de Zaebringen. La fonda-
tion de plusieurs des villes les plus im-
portantes, comme Berne et Fribourg, date
de la période d^administration de ces
puissants seigneurs, qui firent respecter
et bénir leur autorité dans le pays; mais
leur maison étant venue à s'éteindre en
1218, celui-ci, en subissant le morcelle-
ment entre une foule de petites domi«
nations tant séculières qu'ecclésiastiques,
retomba dans la confusion. Parmi les dy-
nasties féodales qui y arrondirent le plus
leurs domaines, on remarquait néan-
moins les comtes de Habsbourg et de
K} bourg et ceux de Savoie (voy. ces noms).
Les bourgeois des principales villes, telles
que Bâie, Berne et Zurich, dotées par les
empereurs de nombreux privilèges, et les
pâtres des vallées septentrionales des Al-
pes, qui avaient toujours été libres, mais
s'étaient rangés de leur propre gré sous
la tutelle de l'Empire, échappèrent seuls
au despotisme féodal, les uns grâce a
l'accord qui régnait entre leurs cités, les
autres à la faveur de l'abri naturel que
leur procuraieiU leurs montagnes. Ces
cantons retirés, dits cantons forestiers
[fyal(lstœdte)i dont les troi3 principaux
étaient Un, Schw^tz et Unterwalden,
s'administraient eux-mêmes et avaient le
droit de justice sur leur territoire. Leur
obéissance à l'égard à» comtes de Habs-
bourg, que les empereurs avâieot Investis
de leur autorité sur tout lé pays avec* le
titi'e d'avoyers {voy.)\ était plus appa-
rente que réelle et no tenait pas à des
li^s de sujétion proprement dite.
La Sui&se était dan% cette position,
lorsque la maison de Habsbourg, dans la
personne du célèbre comte B.odolphe,
fut élevée sur le trône impérial d'Alle-
magne, en ^273, et fit en particulier
l'acquisition de r^utricbe» grand fief de
l'Eni^iredont elle forma son patrimoine.
Ce prodigieux accroisseoient dé fbrtone
ne pouvait manquer d'ajouter aussi con^
sidérablement à sa prépondérance en
Suisse, où il semblait quHl n'y eût pl«s
aucun autre pe^votr capable de lui ré-
sister. Rodolphe cependant n*y usa ja*
mais du sien qu^avec sagesse et modéra-r
tion : il ''respecta scrupnlensement les
droits et les immunités des villes et des
cantons forestiers, à l'appui desquels it
devait en partie son élévation; meial'or*
gueilleux Albert, son fils, se fut à peine
assuré de la couronne impériale en 1298,
qu'il oublia touc-à-£iit les ^ardt et la
reconnaissance queméritaient cesanclens
services Vendus à sa dynastie et njs songea
plus qu'à réduire la Suisse à la même con-
dition d^obéissance et d'bumiliti^ que ses
Étau héréditaires d'A^trtdie. Comme lee
populations se montraient en général pem
disposées à accepte^ les charges' du non*
veau régime, il tenHi^e les leur imposer
par la force. Mais Zurich et Berne lui ré-
sistèretat courageusement. Albert n» se
rebuta point ; seulement, il dirigea plus
parljculièrement ses vues sur les trois
petits cantons forestiers, où il espérait
atteindre plus sûrement son but en pro-
cédant par des usurpations successives.
A cet effet, il mft de^rtes garnisons
dlins les châteaux qui lui afftpar tenaient
s^r leur territoirj^ et aux environs, et y
in.Malla des avoyers étrangers au pays
qui s^irrogèrenty au nom de la maison
d'Ajiflriche, le droit de lever dik cOfltri-
butions, firent valoir une foule d'autres
prétentions injustes, et se comportèrent
non plut comme des protecteurs , mais
comnye de véritables maîtres. Ce fut en •
vain que les opprimés réclamèrent avec
instance contre ces empiétements; las
enfi» de souffrur une tyrannie ^contre
laquelle un des leurs, le^/ameux Guil-
laume Tell {yoy.)y venait d'enflammer
leur courage par l'elempl^ d'une héroï-
que protestation personnelle, ils résolu-
rent de secouer le joug^'Le 7 nov. 1807,
les notables des trois cantons, et à leur
tête Walther Fûrst, Werner StaulTacher
et Arnold de Melchthal s'unirent parser-
ment contre le despotisme étranger dans
le RutH, pré solitaire situé près du lac des
Quât(e-Cantons dans l'Unterwalden ; et
au jour fixé, le l*"*^ janvier de l'année sui*
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SUI
(570)
SUl
vante, les cpDJoréssItaiparèreiit par sur-
priaedescfiâteaoxqui dominaieDt le pays,
les démolirent , expulsèrent les avoyers
et replacèrent toutes choses dans Tétat ou
elless^étaient trouvéesà lamort deRodol-
phe. AJbert(2;o7'.J périt en roule, assassiné
par soé neveu, pendant qu'il s^apprétait
à venger Taffront subi par ses^fôciers,
Henri YII de Luxembourg et les autres
princes qui lui succédèrent sur le trône
impérial ne fiveot aucune difficulté pour
'confirmer les cantons forestiers dans la
jouissance de leurs libertés tradition-
nelles; mais la maison de Habsbourg-
Autriche ne put se réaoudre si vite à re-
noncer à ses vues ambitieuses. La lutte
entre elle et le peuple de pâtres que,
dans son atrogance, elle avail cru pou-
voir A>uler aux pieds, dura deux siècles,
et tous les avantages en furent pour le
dernier. La Confédération suisse, qui
n'était originairement composée que de
trois cantons, s'accrut tellement qu'elle
finit par en embrasser treize; elle enleva
successivement à ses antagonistes tous
leurs domaines héréditaires entre le Rhin
et les Alpes, et leur ravit même les châ-
teaux de Habsbourg et de Kybourg, ces
aotiquM berceaux de leur illustre race.
La ligue dont les libérateurs des O^ois
cantons déterminèrent la conclusion en
1 808 ne fnt que le renouvellement d'une
union antérieure, concltrtée entre ceux-
ci depuis 1391. Aa mois de nov. 1315,
ces intrépidei montagnards, après avoir
remportée Morgarten leur première vic-
toire sur la noblesse pesammetH armée
de Sooabe et d'Autriche, érigèrent leur
lîgiM eu une coolédération perpétuelle
(vojr, Brunnen), à laquelle accédèrent en
outre successiven^nt, jusqu*en 1858,
Lucerne, Zurich, Claris, Zug et Berne.
Ces huit États, dits le^ vieux cantons,
conservèrent Jbsqu'en 1798 l'avantage
de certains privilèges sur les cantons pos-
térieurement re^us dans l'union. Les con-
fédérés, durant loiite la première période
de leur glorieuse lutte contre l'Autriche,
firent preuve d'un^extréme réserve et dû
respect le plus parfait pour les droits
d'autrui} et quand les progrès de leurs
armes ou des transactions leur proca-
raient des agrandissements, ils attiraient
dans leur alliance et traitaient sur lé pied
de r^lité les populations des territoi-
res nouvellement réunis; mais cette mo-
dération disparut de leurs principes quand
la brillante victoire de Sempach (9 juil-
let 1 886) et celle deNasfels (9 avril 1 889)
les eurent délivrés de toute crainte sé-
rieuse : depuis ce moment, ces hommes,
qui jusqu'alors n'avaient fait que repous-
ser d'injustes agressions, devinrent à leur
tour agresseurs. A la première de caa
deux batailles, que le sublime dévoue-
ment d'Arnold de Winkelried {vor-) «
rendue à jamais célèbre, le duc Léo-
pold m d'Autriche avait péri lui-même
avec l'élite de ses vassaux. Fiers de leur
supériorité, les Suisses convoitèrent le$
vastes domaines de la maison d'Autri-
che dans l'Argovie et dans la Thurgovio,
ceux des comtes de Toggen bourg, et les
districts fertiles qui s'étendent du pied
méridional des Alpes vers le lac Majeur.
Dans cette lutte, leurs armes, générale-
ment heureuses, n'eurent à subir que
quelques échecs; mais les habitants des
provinces conquises soit par tel ou tel
canton en particulier, soit par toute U
Confédération, loin d'être admis au bien-
fait de l'indépendance et de l'autono-
mie, reçurent pour administrateurs daa
baillis nommés par les cantons souve-
rains. A cMte époque d'agrandissements
territoriaux se rapportent aussi les pre*
mièrçs divisions graves qui compromi-
rent l'unité de la Confédération. Ainsi,
pendant une des interminables guerres
de celle-ci avec l'Autriche , Zurich se
trouva pendant 10 aus (1440* 50) en
boslilitàouvertesavecSchwytz, dont tous
les autres cantons prirent le parti et
adoptèrent les couleurs dans cette que-
relle. C'est même de là qu'est venu le
nom de Suisses [Schwytzer)y que l'usage
a rendu commun depuis à tous les con-
fédérés helvétiques {Schweizerische Eid-
genossen). Le 2 6 août 1444, une poignée
de ces montagnards, retranchés derrière
les murs de Thospice de Saint-Jacqi|es,
étonnèrent Louis XI, encore daupHin,
par l'héroïsme de leur résistance à une
nombreuse armée avec laquelle ce prince
menaçait leur frontière.
Mais bientôt «n orage ^'one nature
bien plus formidable menaça d'éclater
sur les confédérés, Clfcrlçs-le-Tém4r«>Cf
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SUl
iàli)
SUl
{vay. T. V , p. 4W), le plut puissant
prioM de l'Europe occidentale à cette
époque, s'était mit en tète de les soumet-
tre. Le grand coup ^'il préparait, éga-
lemcal dirigé contre le duc de Lorraine et
les villes libres d'Alsace, poussa ces alliés
desSuissesàs'unirencoreplusétroitement '
avec eui contre l'ennemi commun. Avec
34,000 hommes seulement, lescoofédé-*
rés marchèrent à la rencontre de la su-
perbe armée des Bourguignons, forte de
60,000 hommes. Complètement défait
dans les batailles meurtcières de Granson
et de Morat, en 1476, Charles- le-Té-
méraire, échappé presque seul à ces ter-
ribles désastres, trouva la mort l'année
suivante sous les mursde Nancy. Les vain-
queurs rapportèrent de ce# campagne»
un immense butin, mais la pureté de leur
patriotisme et de leurs mœurs souffrit en
même temps de l'attrait que les richesses
commencèrent dès lors à exercer sur eux.
Sortis de cette lutte mémorable, les Suis-
ses s^décidèrent, non sans de vifs débats,
à s'adjoindre deux nouveaux cantons,
Fribourg et Soleure, en 1481, et resser-
rèrent les liens de leur alliance avecd'au*
très villes et États ? oisîns.
La Confédération était ainsi parvenue
a son apogée de fortune et de gloire. Tou-
tes les puissances recherchaient a l'envi
l'amitié des cantons , et se montraient
jalouses d'obtenir d'eux, pour leurs guer-
res, des corps d'infanterie recrutés ptn^
mi ces hommes invincibles dont la re-
nommée avait parcouru toute l'Europe.
Séduits par l'appât d'un gain facile et
par le goût des aventures puisé dans les
habitudes d'un état de guerre perpétuel,
les Suisses, ne se contentant plus de com-
battre pour les intérêts du (oyer, se mi-
rent à la solde des puissances, prêts à
saryir d'instruments danantouies les que-
relles. Les rois de France, Venise, les
papes, et souvent aussi les empereurs,
n^épargnèredt ni l'or ni la flatteri» pour
attirer dans leurs intérêts ces petites ré-
publiques. D'honorables citoyens et mê-
me quelques commupes élevèrent en vain
la voix contre rétablissement d'une cou-
tume dont ils redoutaient les funestes
effets sur l'esprit de leurs compatriotes.
Cet usage remporta , et la valeur mili*
taira des Suisses, sans baisser néan-
mohis, perdit l'auréole qui l'avait si long*
temps entcJDrée, leur énergie patrioiiqua
s'affaiblit, le^rrôle politique se rapetissa.
Les influencés diverses de l'étranger, sB
se répandant et se croisant dans les can-«
tons où ils créaient des intéféts opposés,
contribuaient par cela même à diviser
les esprits et à leur faire méconnaîtra '
Tintérêt fédéral le plus important pour
eux a consulter. L'action de ces feruievts
00 di^orde Revint surtout manifeste ,
après une nouvelle crise, où les Suisses
s'étaient vu attaquer pour la dernière
fois dans leur indépendance politique
par la maison d'^utriche^ et avaient re^
trouvé encore un momeni cette union
qui devenait de plus en plus rare dans
leurs conseils. L'empereur Maximilien I*'
d'Autriche, poussé psr le désir de réta-
blir l'ordre et l'unité dans l'empire ger-
manique, essaya de faire rentrerlesSuisses
sous I» dépendance de l'autorité impé-
riale que depuis longtemps ils ne recon-
naissaient plus que de nom , et comprit
leur conftdérati^ dans la division «n
cercles qu'il s'occupait d'organiser. Sur
le refus des confédérés de se prêter à cet
vues, il leur déclara la guerre, arma goqt
tre eux la grande ligue de Souabe, en
1^98, et les attaqua simultanément sur
tous les points de leur frontière du nord
et de l'est. La lutte fut vive; mais les
Suisses en sortirent vainqueurs et TEm»
pire, à la paix de Bàle (29 sept. 1499),
lut obligé de le désister de toutes ses
prétentions à leur égard. La paix de
Westphalie qui , dans la suite, consacra
formellement l'indépendance absolue de
la Suisse, ne fit que sanctionner diplo-
matiquement un lait accompli depuia un
siècle et demi. La réuuion de Bâie et
de Schaffhouse à la Confédération , en
1501, et celle d'Appeozell,qui suivit en
1613, portèrent définitivement le nom-
))res de cantons à 13. Saint-Gall, les
Grisons, le Valais, Genève, Neufcbàtel ,
Bienne, l'évêché de Bàle et Mulhouse
ne figuraient dans la ligue générale des
Suisses ' qu'avec le titre d'alliéâ. Quant
aux pays sujets, comme la Thurgovie,
Sargans,l'Argovie et les bailliages italiens,
ils avaient quelques libertés, mais ne
jouissaient d'aucun droit politique.
A dater du commencement du xvi*
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sm
(572)
SOI
•lècle , on tU les Suisse» se lancer cbins
une foule d'expéditions au- dehors avec
une fougue souvent iin|#odenU et té-
iMéraire. C'est ainsi qu'ils louèrent al-
ternativement leurs services aux diffé-
rentes puissances qui se disputaient alors
la domination de Tltalie, et il leur arriva
* ionveot de se trouver compatriotes con-
tre compatriotes dans des camps opposés.
Toujours prompts à se ranger sous les dra-
. peaux du plus offrant, ils justifiaient pM-
nement le fameux dicton : Sans argent^
point de Suisses^ auquel avait donné
lieu leur vénalité. En 1ôl3| ils firent la
cooquéte de la Lombardie pour le compte
du faible Maximilien Sforce, et, Fannée
suivante, ils remportèrent à Novare une
victoire éclatante sur les Français; Ils
restèrent les maîtres du MUancE jusqu'à
ce qu'ils perdirent, en 1 55 1 , contre Fran-
çois P^, ta fameuse bataille de Marifnan,
qu^ dura trois jours , et fut si ehaude
qu'on la surnomma le combat des géants.
Obligea à la fin de céder le terrain, les
Suites opérèrent néanmoins leur re-
traite en bon ordre, emportant avec eux
toute leur artillerie, leurs bagages, et mê-
me, comme s^ls avaient été vainqueurs,
des drapeaux pris sur l'ennemL Fran-
çois I*' lui-même, témoin d'une si grande
vaillance, ne dissimula pas l'admiration
qu'elle lui inspirait , et ne négligea rien
pour s'attacher désormais ces vigfoureux
champions; il leur garantit, à la paix, la
possession desbailliagesduTessin, aban-
donna la Valteline aux Grisons, promit
à chaque canton des subsides annuels, et
accorda d'importants privilèges aux mar-
chands suisses dans les villes de France.
CesF rapports d'alliance et d'amitié se
maintinrent sons interruption jusqu'à 1^
révolution française.
Cependant la Subse était devenue un
dts théâtres principaux d'une révolution
qui attisait vivement le feu des discordes
dont elle couvait les éléments dans son
sein. Luther avait à peine donné le si*
gnat.de la réforme religieuse en Allema-
gne, que d'autres théologiens, lels que
Zwingle à Zurich, OEcolampade à Bàle,
Farel et Calvin à Genève {vox. ces noms),
entreprirent la même tftcbe en Suisse.
Comme ils ne tardèrent pas à gagner aux
nouvelles doctrines plus de la moitié de
la population , il en réselu dea peraéco^
tiens réciproques, dea collisions aanglan*
tes et dea scissions durables. Zwingia
lui-même perdit latrie dans la premièra
guerre civile, triste conséquence de ces
dissentiments; il fut tué, en 158 1, à U
bataille de Cappel , ou les Zuricboia di-
rent défaits par leurs adversaires catbn-
liques des petits cantons intérieurs. Mais,
vaincus à leur tour l'année suivante, œn
derniers fnrent obligés de céder défini*
tivement aux réformés plusieurs des bnil-
liages qui jusqu'alors avaient été le bîea
commun de tous les membres de la Con-
fédération. Toutefois les querelles de re-
ligion ne parurent entièrement assoa-
pies qu'au milieu du xviu* siècle. En
«bsorbant pendant si longtemps les for-
ces de la Confédération, eUea achevè-
rent de priver la Suisse de toute in-
fluence politique à l'eitérienr. Aussi ,
lors de la guerre de Trente- Ans, le can-
ton allié des Grisons et la Valteline, paya
sujet, servirent-ils longtemps comme de
champ-clos aux armées de l'Autriche, de
l'Espagne et de la France, et, sans Tex-
trême jalousie des puissances belligéran-
tes, il est probable qu'à la conclusion de
la paix c'en eût été fait de l'intégrité de
ces territoires. Par suite de la conquête
du pays de Vaud sur les ducs de Saiioie,
en 1 536^ Berne était devenu PÉut Irplua
riche et le plus puissant de la Confédéré*
lion, et c'est à la conduite prudente et
mesurée du gouvernement de cette ville
et de celui de Zurich, alors seul en pos-
session du titre de vorortj que la Suisse
ftit surtout redevable du maintien d'une
neutralitéfa^orable au développement de
sa prospérité matérielle, au milieu des
orages qui agitaient.co^tinuellement tous
les pays limitrophes.- Ces deux cantona
firent en effet^^révaloir un système p«^
rement défensif comme principe diri-
geant de U politique fiMérale; mais leur
indûeàce prépondérante sur les affaires
extérieures de la Confédération exciu
tsontre eux.' la jalousie .de toiis les autres
cantons , et, biep que le territoire fédéral
ne fût violé par aucun ennemi du de^
hors, avant i798, la tranquillité in-
térieure du pays n'en fut pas moins
gravement compromise en plusieurs oi>
casions. Plus d'une fois les méoonlente-
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sut
( "3 )
SUI
mcntt «xcitét par les tradaftoet oppretah-
Yes des cantons souTerainsy de U bour-
geoisie des villes prifilégiées ou de leurs
corporations patriciennes à Tégard des
autres populations, sujettes ou lésées dans
leurs droits, poussèrent ces dernières à la
révolte : notamment en 1653, où l'in-
surrection des paysans se propagea sop^
toute rétendue de la Confédération. a
Les vices sociaux accusés par .les trou-
bles fréquents de cette nature firent con-
tribuer la paix elle* même à raffaisse-
ment politique de la Suisse. L'esprit
patriotique qui avait longtemps vivifié
la Confédération fit place à uoe espèce
d'engourdissement qui devint plus tard
funeste à son indépendance. Endormie
dans une trop longue sécurité, elle né-»
gligea d'entretenir son armement défen-
sif sur un pied assez respectable pour ne
jamais étr^ prbe au dépourvu par aucun
événement, ne fit rien pour se reconsti-
tuer sur des bases plus solides et ne son-
gea guère plus à se procurer les avantages
d'une direction plus prompte et plus
vigoureuse, au moyen d'une centralisa-
tion de pouvoirs plus efficace. Les vices
d'organisation n'étaient d'ailleurs pas
seulement inhérents aux formes du pacte
fédéral, mais encore à celles des consti-
tutions particulières de toutes ces petites
républiques, également malades et ron-
gées d'abus séculaires. Les petits cantons
intérieurs étaient seuls restés attachés à
la démocratie pure, telle qu'elle avait
existé chez eux dès les temps les plus an-
ciens; partout ailleurs le privilège avait
en pour conséquence l'oppression . Berne,
Fribonrg, Soleore et Lucerne sunout
étaient devenus de véritables oligarchies
où un nombre assert restreint de familles,
disposant de tout le pouvoir et de tous
les emptoîsy se refusaient obstinément à
justes et les plus légitimes d'un peuple
travailhè du désir de l'émancipation.
Telle était la situation de la Suisse
quand éclata la révolution française qui
ne pouvait manquer de trouve!* (|^ns ce
pays plus* de retentissement que dms
avenu autre État voisin. Avec cette irri-
tation des esprits d'une part, et l'humeur
conquérante de la France républicaine
de l'autre, Il dev«iait extrêmement diffi-
eil«y pour la Confédération, de faire 'res-
^ter longtemps sa neutralité. Les gou-
vernements cantonaux, qui ne se dissi-
mulaient pas ce qiïe leur position avait
de critique, redoublèrent de précaution
afin d'6ter tout prétexte à l'intervention
étrangère. M^||ieureu8ement pour eux ,
il importait troip au Directoire de se ren-
dre maître des grands passages des Alpes,
et d'établir son influence dans un paya
si propre à couvrir une partie de nos
frontières, et en outre voisjn des deux
principaux théâtres d'opérations de nos
armées, la Haute- Italie et la Souabe. Il
profila donc, au mois de janvier 1798,
de J'état du pays de Vaad ^ insurgé con-
tre les autorités bernoises, et les habi^
tauts retinrent nos soldats comme des li-
bérateyrs. Dès les premiers moments de
cette intervention, les populations su-
jettes des Iteize cantons , comme à un
signal donné, se déclarèrent toutes libres,
à l'exempte des Vaudois, et ce soulève-
ment empêcha les autres. cantons de por-
ter secours aux Bernois, qui se trouvè-
Tent ainsi abandonnés à eux-mêmes dans
la lutte inégale où la force des événe-
ments les avait engagés. La résistance
qu'ils opposèrent à nos troupes, bien
que vive et désespérée, fut inutile. Le 5
maia 1 798, Berne tomba au pouvoir des
Français avec son riche trésor, et la chute
de cette ville entraîna celle de l'oligar-
chie qui y régnait. Une nouvelle consti-
tution, dont les bases avaient été d'a-
vance arrêtées a Paris, fut^lors impo-
sée à la Suisse par les vainqu^eurs. Elle
substituait le régime unitaire au système
fédératif, tout le pays ne devant plua
former, sous Tancien nom gaulois d'Hel-
vétie, qu'une seule république partagée
en 1$ cantons égaux. Deux chambres lé-
gislatives, le sénat et le grand-conseil.
faire droit aux réclamations les plus , ' composés de députés élus en nombre
^1 dans tous les cantons, étaient, com-
me en France, appelés à partager le pou»
voir avec un directoii^ exécutif dç ciim
membres. Tandis que l'état de Berne était
fractionné en quatre cantons, les petits
cantons démocratiques n'en devaient
former qu'uoT seul ensemble. Genève,
Biepne, Tévêché de Bêle et Mulhouse
furent distraits de la Suisse pour être
incorporés à la France, et pen s'en
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Slît
(5^
fallut que les bailliages au Tentn ne
f^lttent, cotinme la ValteHoe, réunis au
territoire de la république CisaliiBe.
Intimidés par le malheur de Berne ,
les autres cantons se hâtèrent d*accepter
la nouvelle constitution. Les petits can-
tons démocratiques seuls reiNèrcnt de
8*y soumettre ; mais toute Topiniâtreté
de leur résisunce, digne de figurer, par
PhéroTsme qu'ils y déployèrent^à c^té des
plus beaux exploits de l'ancien temps,
échoiu cont^ la tactique moderne et le
nombre supérieur de nos troupes, com-
mandées par le général Schauen bourg.
Écrasés dans deux soulèvements, les mon-
tagnards virent leur pays hérriblemenfc
saccagé par lea vainipieurs (mai et sept.
1798). Les commissaires français, tout-»
puissants par la force des baïonnettes,
traitèrent toute la Suisse en pays con-
quis, la frappèrent de cobtributions
exorbiuntes et de réquisitions sans cesse
renouvelées. Dans tes électioai destinées
à pourvoir aux hautes magistratures,
créées par la nouvelle constitution, le
* gouvernement français ne souffrit aussi-
que le chbix' d'hommes dévoués à ses
.principes, et c'est à ce titre que le Sâ^
loisOchs et le Vaudois de Laharpe (voy.)
entrèrent dans le directoire helvétique ,
qui fut ainsi réduit à une dépendance
absolue de Paris. La victoire de Bfasséna
sur les Austro-Russes, à Zurich, en 1 799,
anéantit promptement l'espoir que Tap-
parition de ces derniers en Suisse avait
un moment ^nné aux partisans de l'an^
oien ordre de choses.
Cependant le nouveau gouvernement,
peu au fait des véritables besoins du pays ,
et ne trouvant pas dans ses membres les
conditions nécessaires d^autoijté et de di-
gnité, ne sut ni gagner k confiance des
cantons , ni justifier celle du gouverne-
ment français. L'entreprenant AloysRe-
diag, d'une ancienne familte très renom-
mée de Schwytz, et qui s'ilait lui-mèoe
dî^ingué, comme chef des montagnards,
contre les Français, profita de toutes ces
haines et de tous ces mécontentemenu
pour former un vaste complot dans le
but de renverser le gouvernement cen-
tral. Dès que l'armée d'occupation ^t
été rappelée en France (180â), les fédé*
ndistesoQ armes attaquèrent le directoire
t ) sili •
fieivétfque dknà son siège, à Beni^, et te
rejetèrent jusque derrière Lansanne.Uoe
diète générale, convoquée à Scbwytz par
Aloys Redfng , se rassembla le 17 sept.
On se disposait à y traiter des bases de
la nouvelle constitution à introduire,
lorsque Bonaparte, firemier consul, ju-
geant ce moment décisif pour régler Té*
'tat politique de la SqIsm d'une manière
tout à la fois conforme à ses propres vues
et aux besoins du pays, intervint a titre
de médiateur avec autant d'énergie que
d'à- propos,détacha subitement en Suisse,
afin d'y maintenir la paix, des forces
respectables, sous les ordres de Rapp et
de Ney, et manda à Paris les députés des
cantons. Là, il leur fit accepter, le t9
févr. 1803, l'acte d« médiation (vo^. )
dicté par sa volonté suprême. Cet acte,
empreint du cachet de son génie, réta*
blit l'ancienne organisation cantonale,
mais ^a garantissant à toutes les popula-
tions indistinctement l'égalité lie droits
récemment acquise. Aux treize cantons do
l'ancienne Suisse, le médiateur en ajoota
six nouveaux: Syint-Gall, les Grisons,
Argovie, Thurgovie, Vaud et Tesslo. Le
Valais, érigé en république distincte, fut
plus tard réuni à l'empire Français. Neuf
chÂtel qui, depuis 1707, reconnaissait la
suprématie des rois de Prusse, resta sé-
paré de la Confédération, et devint en
1807 l'apanage du prince Berthier(vo7^.).
La diète fut réorganisée sur des bases qui
se rapprochaient de l'ancien système fé*
déral ; mais les six cantons les plus Im-
portants y obtinrent chacun deux voix,
et six aussi (Zurich , Berne , Luceme,
Bâie, Pribourg et Soleure) lureot dési-
gnés pstur alterner dans lé rôle de can^
tons directeurs. Afin de suppléer jusqu*à
un certain point dans le nouveau système
à l'unité de direction qui avait manqué
à l'ancien. Napoléon créa la «barge de
la^amman générai^ président de la
diète helvétique, muni de pouvoirs suf-
fisamment étendus. L'ancien régime com-
munal, dans les petits cantons démocra-
tiques p fut remis en vigueur, de même
que le partage des pouvoirs entre les
grands et les petit! conseils dans les an-
tres cantons ; mais en même temps la
nature de toutes éas institutions fut plus
exactement déftni^.
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SUÎ { 515 )
Cette MobtideconstitoUon lieWét!t|Ue,
Bans être exemple de défauts, réunissait
des avatitages si évident» qu*eHe fut ac-
ceptée sans murmure. Il en résulta pour
SU!
à faire valoir. Le Valais Nenfctiâtel et
Genève furent réincorporés à h Con fédé*
ration, et le 20 nov. 1815 les graiidas
puissances garibtirent collectivement i
la Suisse un repos de 10 ans, dont elle • la Suisse la neutraltlé perpétuelle de son
profita pour se relever de la misère où
IHivaient jetée les dernières commotions,
guérir ses plaies et rétablir sa prospérité
matérielle. Les seules charges extraordi-
naires que le pays eut à supporter du-
rant cette période, furent celtes relatives
à Tobligation de maintenir sur pied un
corps auxiliaire permanent de 12,000
hommes, que l'empereur prit à sa solde.
Rien ne paraissait plus devoir s'opposer
à raffermissement progressif de cet état
de choses, quand le changement subit de
la fortune de Napoléon et les grands re^
vers de nos armées déterminèrent me
nouvelle violation de la neutralité hel-
vétique. Le 2 1 déc. 18 1 8, les troupes de
la coalition entrèrent sur le territoire
suisse. Celte invasion, qui répondait aux
vcrax et avait été appelée par les dé-
marches des membres destitués de Pan-
cienne oligarchie, fit revivre les préten-
tions démesurées de ce parti, qui s'em-
pressa de poursuivre auprès des mo-
narques alliés la réalisation de ses vues
ambitieuses. Il réussit par ses manœn-
vres è amener la chute des gouverne*
ments établis par l'acte de médiation à
Berne et dans d'autres villes, où le ré-
gime aristocratiaue fot remis en vigueur.
Cependant les Etats de formation no«i-
velle tinrent ferme à la conservation de
leur liberté cantonale, protestèrent hau-
tement contre tout ce qui serait de na«
ture à y porter atteinte, et se montrèrent
décidés à repousser énergiquement les
tentatives d« réaction du parti qui aurait
voulu les faire rentrer dans leur ancienna *
condition de sujets. La vivacité de celle
opposition détermina le congrès de Vien-
ne à prendre pour base, dans ta média*
tioo qu'il entreprit afin d'afder à la i^e-
constitution du pacte fédéral, l'intégrité
poKtique de tous lea cantons. Il fut ar-
rêté quTen dédommagement des droin de
souveraineté perdus^ Berne obtiendrait
l'ancien évécbé de Bâle repris sur la
France, tandis qu'on indèulniserait ,
moyennant une somme .d'argent, les au-
trea cantons qui avaient ^earécUnutions
territoire.
La diète , extraordinairement assem*
blée depuis le mois d'avril 1814, avait
adopté le nouveau pade fédéral, le 7 août
]81â, Nonobstant une foule d'améh'o-
rations partielles, i-olTrait la reproduo-
tion de l'ancien système fédéral. Dans la
plupart des oonstitntions cantonales ,
restaurées de même, on n*avait pas tenu
compte non pftis des désirs de la grande
majdfité de la population. Il était à pré-
voir que ces désirs $% produiralenc avec
énergie à la première occibion. La marche
générale des événements, iei:te pacifique
en Europe jusqu'en 18S0, retint long-
temps la politique intérieure de la Suisse
sous l'influence des principes aristocra-
tiques que la Sainte- Alliance s'appliquait
*)>artout a raffermir et à propager. La
censure s'introduisit même |^our quelque
temps dans le pays, et dans beaucoup
de cantons les gouvernements reprirent
Jenrs tendances à l'^'garchî«.*Mais d'un
^fre c6té, à Lucerock dans le Tessin et
dans le pays de Vaud, I opposition contre
lesabusexistantsdbvintsi forteque^nême
avant 1830^ elle emporta désinformes
plus on moins complètes dans les consti-
tutiona d%ffe$ cantons. Qans la plupart
des autres,' les populations étafent mé«
«ontentes et travaillées par l'esprit démo^
cratique,auquel l'exemple de la révolulioo
de juillet ne tarda pas à dommunl^er
son élan» Les habitanta des campagnes
surtout traduisirent leur ardeur révolu-
tionnaire en nuinifestationé bruyantes,
i|ue les gouvernements n'eurent pas la
force d'arrêter. Dès la fin de 1880, le
mouvement populaice avait triqpaphé
dans la plupart des cantons, et au mois de
janvier 1 83 1 , il remporta pareillement la
victoire dans le gouvernement de Berne..
Ce||ernier, encore une fois-iaotstrait à
l'arislecratie qtli pendant des siècles l'a-
vait dirig4i| non sans gloire, se plaça dès
lorsàlatéte di^arti radical, auquel il as-
sura par là une influence prépondérante
dans U Confédération. Toutefois. on vit
dans certains cantons lea majorités résis^
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SUI
(676)
SUI
ter à Pctpcit d^ianoration : tek forent les
trpie prt3tt canton» forestien, iriHiMuibte»
ment attaché» à ime senle et même forme
dTinatîtélions. démocratiques y .consacrée
diezeux par un uaage immémorial, BAte,
Nenfdlâtet» le Vattif^el Genève, qut re-
poQssèreot, en partie avec no pleiniuecès,
les tentatives dirigées eontre leurs gou<»
vemements. Lç Bas-Schwytz, cpii s'était
détaché da (laiU paya et cherchait a se
constituer en ôaiilon séparé, fut bientôt
obligé 4e* rentrer dans Pancienne union
(sept. 1 8 33) $ mais dans le canton de Bàle,
où le conflU entre la ville et la^ campagne
prit le câract^e«d'one véritable gaerre
civile ef &a pendant deux ails Talten-
tion du .pouvoir fédéral, qn^on fit in*
tervenir dans la c^eretle en faveur des
pafsaosy c^xyOi finirent par obieoir une
fléparation complète de W ville, au mois
d*août 1833. Parmi seachefs et seainsli-
yiteurs les plus aotife et les plus avancés,
M nouvementdéÉiocratique avaitoompté
beaucoup d». centralistes qui aUraienW
désiré rétablissement d'^e unité plus
" grande daaa te gouternemeot général, an
moyen d'une oenttraliaation plus forte, et
provoquèrent à cet effet, «n 1832, une
l^visioo de l'acte fédéral. Bfaîsceite gran-
de réforme ne touchait pas aasez directe
ment à la tltulition matérielle des eau*
ton», préoccupa de leurs débata parti»
culiecs^ pour avoir dh lors des chances
de «accès ; elle ii*auraii d'ailleurs jamais
pu se qKpcilidfr avec Tiniérét des pefiis
cantons démocratiqu»i,<dont le .régime
•fiitaire eût à pen près eflaàé toute riiu-
poUauA p(4itique; de plus, eUe épiait en
ofiposjlpon avec Je» intérêts^ du cJerg^,
doftt les exigeneed financière^ du Systè-
rafejp.rdposé menaçaient les biens etlei re**
venut|ehfin elle Rêvait échouer contre les
répugnances de tout ce qui reàtaltencore
d'élémenU aristocratiques dans ies gou-
vernétaients et dans le pays. Aussi le pit^-
. jet de éonstitutièn élaboré par le comité
de révision fut- il très froidem%it ac-
cueilli et "complètement rejeté par les
cantons, au moisdejuillii» 1,883 ;^|tMe-
pui^ ce4le grave question est »i peu près
tombée dans Poubli. Mais une grand»,
effenrescenoe démocratise n'en conti-
nua pas moins de régner «n -SuisiB ou
(comnfe nous l'avons dit à Tart. SociiT^
sicmiTtat p* ^^)t des réfugiés politi-
ques , dea ouvriers et des mécontent»
Ai tous pays, allemands, italiens, poio-
nais et même français, du parti républi*
oain vaincu à Lyon et à Paris, profitè-
rent de la tolérance des cantons qui le«r
avaient donné asile , pour y établir un
foyer de propagande et de tentatives ré-
vol uttonnahres.
Cesagiutions, en inspirant des crain-
tes aux gouvernements voisins pour la
tranquillité de leurs États, donnèrent
lieu successivement à des représenta-
tions très vives auprès de la diète, sui-
vies bientôt de mesures plus rigoureu-
ses, telles que la formation de cordons
militaires sur les frontières et des entraves
gênantes pour 4e commerce et l'indus-
trie suisse. Cédant à l'effet de ces dé<
monstrations^ auxquelles la France, qui
avait ses griefs particuliers, finit elle-
même par s'associer, la diète prit enfin
les résolutions qui amenèrent, vers la fin
de 1836, l'expuUion d'un grand nom-
bre de réfugiés. La bonne intelligence
au dehmrs était à peine rétablie, qne le
a^our du prince Louis-Napoléon {voY')
dans le canton de Thargovie,otiiljouia-
sail des droits de citoyen, devint un nou-
veau sujet d'embarras entre le gouverne-
ment frao^i» et la Confédération. L'in-
sistance du ministère Mole à demander
son éloignement du territoire fédéral et
les reftisde la diète aigrirent les relations
entre les deux pays au point de provo-
quer des déploiements de fortes d'une
part et des préparatifs de défense de Tau-
ti9, jusqu'à ce que 1» prince, par son
départ voiontiiire, au mois d'octobre
1 8i8, leva la casse dn^différend. Depuis,
l'esprit de modération a prévalu dans lea
acte» de la diète, bien que firritation et
la haine des partis soient demeurées très
vWes diins beaucoup de cantons oÀ on les
4 vues plusieurs fois encore eèfantex* de
graves dését^es et même des révolutions.
Dans le canton deSehwytz, nne nouvelle
scission entre les habitants du haut et du
h^a pays, divisés en deux camps IkoatileB,
(Hommœnner et Klaucnmœfuier) , aa
sujm de Texercice du droit de commune
pâture, n'a pfi être assoupie qu'imparfai-
tement, et non sans geine, en 1888.
Dans le district de Porentruy, dépendan t
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SUl
(677)
SUL
de Berne, la bigoterie de la population
a également produit divers mouvemenis
jusqu'en 1840. De son câté, le clergé ca-
tholique, se croyant menacé dans son in-
dépendance et dans ses biens par les gou-
yemements, a tenté de réorganiser un
parti ultramontain, dont la principale
force est jusqu'à présent dans son al*
liance intime avec les petits cantons mon-
tagnards. La sécularisation des couvents,
dans TArgovie surtout, a beaucoup ali-
menté ces débats dans lesquels T Autriche
s'est aussi trouvée incidemment intéres-
sée. A Zurich, les di^ntiments religieux
entre réformés de la même communion
provoquèrent , au mois de septembre
1839, un soulèvement qui entraîna l'in-
ttallation d'un nouveau gouvernement, à
la suite du triomphe de Torthodoxie. Le
mois de décembre de la même année fut
signalé par une victoire des libéraux dans
le gouvernement du Tessin. Les avantages
remportés par le Bas-Valais sur le Haut-
Valais, en avril 1840, se sont récemment
changés en défaite pour les vainqueujes.
Enfin la révision des constitutions can-
tonales a soulevé en maint endroit des
dissidences plus ou moins chaudes. Tant
de faits de turbulence et de discorde,
par leur succession rapide, prouvent que
toutes les passions et toutes les diver-
gences de principes et d'intérêts ne sont
pas encore à la veille de s'éteindre et de
s'effacer en Suisse.
Ce pays, privilégié par son site et au-
trefois célèbre par l'énergique simplicité
des mœurs de ses habitants, a eu le bqn-
heur de trouver parmi ses enfants un
historien digne de lui. Tout le monde
connaît V Histoire de la Confédération
suisse j par Jean de MûUer, et nous avons
consacré à son auteur une notice éten-
due. Indépendamment des éditions de ce
livre classique, qui malheureusement
s'arrête à Tannée 1489, on y a parlé des
continuations qui en ont été entreprises,
etdelatrad. firanç. quenous en possédons.
Une autrehistoiredecette Confédération
qui mérite d'être recommandée est celle
de M. Zschokke, sur laquelle, ainsi que
sur son Histoire de la révolution suisse^
nous aurons à revenir dans l'article re*
latif à l'auteur, un des écrivains les plus
remarquables de la littérature aile*
Eneyelop. d. G, d. M, Tome XXI.
mande contemporaine. C. L, et Ch. V.
SULFATES, SuLFUEKs, Sultites.
On donne le nom de sulfatés aux com-
binaisons de l'acide «nlfurique {yoy. T.
I", p. 153) avec les bases salifiables. On
peut les diviser en sulfates avec excès d'a-
cide : bisulfate de potasse; sulfataa
avec excès de base : sous-sulfate de cui^
vre ; sulfates neutres : sulfate iie soude;
sulfates doubles, c'est-à-dire sulfates
dans lesquels l'acide est combiné à la fois
avec plusieurs bases : sulfate d'alumine
et de potasse ou alun.
Les sulfates existent en grand nombre
dans la nature : tes sulfates d'alumine,
de magnésie (sel d'Epsom, d'Égra, de
Sedlitz), de chaux (gypse, plâtre, sélé-
nite), de strontiane, de baryte, de po-
tasse (sel de Duobus), de soude (sel de
Glauber, voy,)^ d*ammoniaque, de zinc
(couperose blanche, vkriol blanc), de
fer (couperose verte, vitriol vert, vitriol
martial), de cobalt, de cuivre (coupe-
rose bleue, vitriol bleu), de nickel , de
plomb, etc.
Les sulfates s'obtiennent dans les la-
boratoires à l'aide de plusieurs procédés :
1» on traite les oxydes ou les carbonates
par Tacide sulfurique étendu : carbonate
de potasse et acide sulfurique; 2® par
doubles décompositions : sulâite de soude
et nitrate de baryte ; S» on traite les mé-
taux par l'acide sulfurique : fer et acide
étendu ; 4<* on grille les sulfures naturels
ou on les expose à l'air humide, à la tem-
pérature ordinaire : sulfate de fer, sul-
fate de zinc, etc.
Les sulfates le plus généralement em-
ployés sont : le sulfate de soude, qui sert
à la préparation de la soude artificielle
du commerce ; le sulfate de chaux , avec
lequel on fait le plâtre {voyJ)\ le sulfate
d'alumine et de potasse ou alun {voy*)^
employé principalement pour fixer les
couleurs sur les étoffes; le sulfate de fer,
qui est la base de toutes les couleurs noi-
res, etc.
Les corps résultant de l'union du sou-
fre (voy.) avec les métaux sont nommés
sulfures. Ces combinaisons sont très
nombreuses; on en trouve une grande
quantité dans la nature, et les réactions
chimiques peuvent toujours leur donner
La combinaison du soufre
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(5)8)
SUL
ftTec les métaux • lieu souvent eu plu-
sieurs proportioDS : on dit généralement
qu'un métal tend à former autant de
sulfures que d'oxydes.
Les sulfures s'obtiennent de plusieurs
manières : 1® en combinant directement
le soufre avec les métaux, combinaison
qui s'opère, dans certains cas , avec dé-
gagement de lumière; 2* en traitant les
èiydes par le soufre ou le sulfure de car-
bone à l'aide de la chaleur; 3® en dé-
composant les' sulfates par le charbon;
4^ en décomposant les oxydes par le gaz
sulfhydrique, etc.
Les sulfures que l'on rencontre dans
la nature sont les suivants : sulfures d'an-
timoine, d'argent, d'arsenic, de bismuth,
de cobalt, de cuivre, d'étain, de fer, de
manganèse, de mercure, de molybdène ,
de plomb, de zinc. Quelques-uns de ces
sulfures sont très répandus, tel est le sul-
fure de fer. Ils constituent la plupart des
amas et filons que recèlent tes terrains
primitifs et intermédiaires, ou la partie
inférieure des terrains secondaires.
Les sulfures sont d'un usage considé-
rable dans les arts et dans la médecine :
les sulfures de plomb, d'antimoine, de
mercure, sont employés à l'extraction
des métaux; les sulfures d'arsenic, de
mercure sont précieusement utilisés en
peinture; les sulfures alcalins présentent
une série de médicaments employés à
l'intérieur, principalement dans le catar-
rhe pulmonaire chronique, le catarrhe
de la vessie, etc. ; mais c'est surtout à
l'extérieur que l'on emploie le sulfure de
potassium : il sert à préparer les bains
sulfureux journellement prescrits pour
combattre les maladies de la peau.
Ou appelle sulfites les sels qui résul-
tent de l'union de l'acide sulfureux (voy,
T. I*', p. 15S) avec les bases salifiables.
Ils sont solubles ou insolubles : les sul-
fites solubles s'obtiennent directement
en faisant passer un excès de gaz acide
sulfureux à travers leurs bases pures ou
carbonatées. Les sulfites insolubles se
préparent par vole de double décompo-
sition. Les sulfites n'existent pas dans la
nature, si ce n'est peut être aux environs
des volcans, et même alors leur existence
Ilestdea sulfites qui contiennent, pour
la même quantité de base, deux fois au-
tant d'acide que les premiers : on let
nomme hissai fites.
Les hypO'Sulfites sont des composéa
résultant de Tunion de Tacide hypo-sul-
fureuxavecles bases salifiables. Les hypo-
sulfites sont à deux degrés de saturation
différents : les uns peuvent être considé-
rés comme des hypo-sulfites neutres, les
autres comme des bi* hypo-sulfites. V. S.
SULLY (Maxihilien pe Bétbukb ,
duc de) qu'on nommait aussi m. de RoS"
nyy du lieu où il était né, doit à l'amitié
de Henri IV {voy ) la popularité d'un
nom auquel ses grands talents ont donné
d'ailleurs une juste célébrité. Il semblait,
en effet, que la Providence e6t formé ce
ministre tout exprès pour ce roi : l'un
sévère, l'autre facile; celui-ci durement
économe, celui-là parfois follement libé-
ral; le prince cédante tous les entraîne-
ments de l'amour, le ministre inébranla-
blement affermi dans la règle de la raison ;
tous deux pleins de franchise, mais de
diverse façon, le roi avec abandon et
bonhomie, le sujet avec réserve et auto-
rité; héroïquement braves l'un et l'autre,
et ayant contracté aux mêmes assauts,
sur les mêmes champs de bataille, dans
les mêmes périls, une amitié de frères
d'armes, de celles dont on peut dire dans
le sens le plus rigoureux du mot : « à la
vie et à la mort. »
Né le 18 déc. 1 560 (sept ans jour pour
jour après Henri IV), de François de
Béihune et de Charlotte d'Auvet, qui
relevèrent dans la religion protestante,
Sully n'avait pas encore 1 2 ans lorsque
sa présence d'esprit le sauva du massacre
de la Saint-Barthélémy {voy,) y où péri-
rent plusieurs personnes de sa maison ,
et le gouverneur auquel il était confié.
Réveillé au bruit du carnage nocturne,
le jeune Rosny se couvrit à la hâte de
ses vêtements d'écoHer, et se rendit ao
collège, ayant eu soin de se munir d'un
livre de prières. Les meurtriers laissèrent
passer ce pieux étudiant, et le collège où
on l'aimait lui servit de refuge jusqu'à
ce que le péril fût passé. Ses études fi-
nies, il accompagna le roi de Navarre
n'est que pa»sagère : ils sont peu à peu 1 lorsqu'il s'évnda de la cour, où il était
tramformésfniulflitesp«rl*ictioQdelW. | à peu près prisonnier depuis la SilDt->
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SDL
(5^9)
StJL
Barthékny. G«tUéi^asioB eut li«a k 1**^
fév. 1576. Rotny avait 15 ans à peiiMy
et déjà il montrait des qualitét solides,
qui, joÎDtf s aux agréments de son esprit,
le firent bien venir tout d'abord du prin-
ce, dont il devait être bientôt le plus in-
time et le plus utile ami. De ce moment,
Henri et Sully furent inséparables, bor*
mis un instant de boutade et quelques
mois durant lesquels Sully s^attacha au
duo d*Anjou, 4* 61s de Henri II. Le duc
d'Anjou, qui avait été appelé par les Fla-
mands révoltés contre Philippe II, et qui
fut élu duc deBrabanl (1582), titre que
ne tardèrent pas à lui faire perdre ses
tenuiives d'usurpation, avait emmené
avec lui une suite nombreuse. Rosny,
qui avait aut Pays«Bas de riches parents
et des intérêts considérables à défendre,
profita de cette occasion; mais il re-
vint sans fortune comme le duc d'Anjou
sans couronne. Il fut plus heureux en
France, où l'attendaient l'amitié de Henri
de Navarre et Tamour d'Anne de Cour*
tenay, qui lui apporta en mariage un
nom et des richesses. Sully que le soin
de sa fortune occupa toute sa vie, et qui
de bonne heure mit dans ses propres af-
faires cette rigoureuse exactitude, cette
intelligence active qu'il employa plus
tard au service de TÉtat, s'enrichissait
encore par desspéculationsde négoce, par
une espèce de maquignonnage en grand,
et même par la guerre. La guerre, qui
depuis a pris un caractère de générosité,
était alors avare autant que cruelle. 11
7 avait de Targent à gagner dans le piU
lage des villes et le massacre des habi-
tants; il était d'usage de tacheter sa liber-
té et même sa vie par de riches rançons.
£t puis le prince, pour récompenser la
valeur et le dévouement de ses généraux
ou de ses favoris, leur abandonnait, après
une bataille, un certain nombre de pri-
•onniers, quelque captif de marque, dont
ils faisaient marché : on en a vu plus
d'un exemple même sous le règne de
Ix>uis XIU. Sully usa largement de ces
noyensd'augmenterses richesses: moyens
ii licites alors que Sully, loin de les taire,
l'en fait presque un mérite, et c'est de
lui-même que nous apprenons qu'une
•xpédition, celle de Savoie, lai rapporta
^ui de 200,000 Uvrea. Les profits de
son administration ne furent pas moins
féconds que ceux de la guerre, et il ne
tarda pas à amasser cette immense for-
tune qui le ndt en état de faire les dé-
penses considérables qu'exigeaient les
mœurs de ce temps-ls, où une grande
maison se distinguait par le faste des ha*»
bilations, le luxe des ameublements et
des chevaux, la multitude des domesti-
ques et même des gentilshommes qui s'at-
tachaient a son service.
Sully était un de ces hommes dont la
vaste capacité et les facultés diverses de-
vaient être utiles surtout à un prince
chef de parti, à un roi qui n'eut d'abord
d'autre cour que son camp, d'autre mi-
nistère qu'un ami. La guerre et les né-
gociations, les finances et rartillerie, tout
était de la compétence de Sully, et son
dévouement autant que ses talents le ren-
daient propre à tout. Celui qui devait un
jour gouverner le trésor de l'État, com-
mença par vendre ses l>ois pour en 4>f frir
l'argent au prince, dont la bourse était
vide; le futur grand- maître de l'artillerie
avait d'abord dirigé, sur le champ de ba-
taille de Contras, trois canons qui ne con-
tribuèrent pas peu au succès de la jour-
née (1587). Sully n'épargnait pas son
sang plus que son argent an service
de Henri IV : il le versa à Ivry (1590) et
dans d*autres combats, car il flit souvent
blessé et quelquefois grièvement. Il se
remettait de ses fatigues et de ses bles-
sures en servant le roi dans des négocia-
tions, où son habileté ne fut pas moins
utile que son courage à la guerre. Après
avoir combattu la Ligue par les armes, il
lui enlevait des villes par la persuasion,
«t ii gagnait ainsi la Normandie lorsque
le roi entrait dans la capitale (1594). En
un tel moment, Henri sentait le be-
soin d'avoir autour de lui ses plus inti-
mes amis, et l'on se souvient de cette let-
tre où il pressait Sully de revenir, « afin
d'aider à crier vwe le roi dans Paris. »
Mais après tous les malheurs qui
avaient assailli la France depuis le règne
de Henri II, c'était peu pour le Béarnais
de reconquérir un royaume délabra :
l'œuvre difficile, et qui tentait le génie
comme le cœur du bon roi , c'était de
rendre à oe royaume sa puissance et sa
prospérité. Henri IV, qui avait oonqoia
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(&80)
SUL
des villes à la poîote de mu épée, en avait
aussi acheté plus d'une'; il avait falln
payer à beaox deniers comptants la sou-
mission de plus d'un grand seigneur; et,
réunis k mille autres causes, ces achats
de fidélité avaient contribué à jeter le
désordre dans les finances de FÉtat. Il
serait long d'en faire le tableau, il suf-
fira de dire que ce désordre était extrême;
que non-seulement on succombait sous
le poids des misères présentes, mais en*
core sous la menace des misères futures;
car, outre que l'état était chargé d'une
dette de 300 millions, dette énorme au
taux où était alors l'argent, les ressour-
ces de l'impôt avaient été épuisées à l'a-
vance, et engagées pour plusieurs années
aux traitants. Le roi, qui se connaissait
en hommes, jugea que Sully était le minis-
tre le plus capable de porter remède à ce
profond désordre. En le priant de se char-
ger de cette tâche difficile, il lui faisait,
dans ee style naïf et énergique qui carac»
térise ses lettres, une peinture aussi triste
que plaisante de sa propre misère. Sully
examina lui-même les opérations des
comptables, il réprima sévèrement la ra-
pacité des traitants, et, malgré les résis-
tances qu'il rencontrait de toutes parts,
son infatigable activité, son zèle persé-
vérant parvinrent à remplir les coffres
de l'État, vides depuis si longtemps. Cette
première expérience ayant confirmé les
prévisions de Henri, il confia définitive-
ment à Sully la direction suprême des
finances, et ne tarda pas à lui donner le
titre de surintendant (1599).
A défaut de très hautes capacités fi-
nancières, Sully avait du moins l'ordre
et la probité, deux qualités sans lesquelles
la capacité sert de peu en finances. Des
formes régulières de comptabilité furent
établies, une rigoureuse perjpicacitédans
l'examen des dettes et une exactitude non
moins rigoureuse à tenir les engagements
aidèrent singulièrement la réforme dont
Sully obtint de si exoellenU résultats
(vox. T. XI, p. 43). Les Uilles ne fu-
rent pas seulement diminuées pour l'a- ^
venir; on remit au peuple un arriéré de
!20 millions sur cette espèce de contribu-
tion. Les droits de province à province,
dont l'entière suppression était réservée
à une autre époque, furent oonsidéra-
blenent diminués; diverses mesures fi<^
nancières réduisirent d'un tiers la dette
de l'État; enfin, au lieu du déficit con-
stant qui affligeait depuis si longtemps
la fortune publique, on obtint chaque
année un excédant de recettes dont l'ac-
cumulation, dans la forteresse de la Bas-
tille, avait produit une réserve de 42 mil-
lions à l'époque de la mort de Henri IV.
Sans doute un bon système de crédit au-
rait fait d'autres merveilles, et une for-
teresse où l'on entasse des capitaux qui
n'en sortent plus est une espèce de ban-
que fort arriérée; mais il faut juger les
résultats obtenus par Sully, en tenant fi-
dèlement compte des institutions, dea
idées du temps, et aussi par ce qui se
passait avant son administration : c'est
ainsi seulement qu'en constatant le pro*
grès on peut rendre au ministre toute la
justice qu'il mérite.
Sully professait un principe d'écono-
mie renouvelé et étendu par Quesnay
et les économistes français du xviii^ siè*
de {voy, Quesnat et T. IX, p. 1 20) :
c'est que la terre est la source unique de
toute richesse. A une époque où le pays
avait été ravagé en tout sens par la guerre
civile, un tel système avait sa valeur et
on en comprend l'exagération ; ce qui
n'empêcha pas Henri IV de reconnaître
ce qu'il a de trop exclusif: il savait, lui,
combien l'industrie accroît la valeur des
productions naturelles, et il fonda des
manufactures, il encouragea les échanges
et les colonisations, sans parvenir à con*
^incre Sully que là aussi il y avait des
sources fécondes de prospérité.
Mais si Sulljt répugnait à voir son roi
créer des manufactures dont il compre-
nait peu l'utilité, il encourageait de tout
son pouvoir la construction des places-
fortes dont les malheurs de son temps lui
démontraient le besoin. Sully croyait
bien employer l'argent qu'il économisait
à élever ces boulevards qui devaient dé«
fendre la patrie contre l'étranger, et le
roi contre les révoltes intérieures. Il
était grand -maître de l'artillerie en même
tempe que surintendant des finances, et
s'il n'était pas* un économiste de gé-
nie, il était sans doute un des premiers
artilleurs de son siècle : il en donna plus
d'une preuve dans sa carrière militaire |
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SUL
( 481 )
SUL
et poUmment par la prite dé Charbon»
Bîère etvde Mootmélian, forteresses dé-
clarées imprenables par les plus babilea
geos de guerre de Tépoque. C est à l'oo-
casion des périls quMl bravait .4aDs ces
sièges que Henri IV lui rappelait le besoin
qu'il avait de lui pour la conduite de ses
finances, le conjurait de ne point prodi-
guer sa vie , et lui écrivait : « Mon avi,
que j'aime bien, continuez à me bien
servir , mais non pas à faire le fol et le
simple soldat. »
Dans ce temps où les attributions des
ministres se réglaient sur les faveurs du
prince , les fonctions d'un ministre ami
de son roi pouvaient embrasser te gou-
vernement tout entier. A la guerre, aux
finances, aux négociations diplomatiques,
Sully joignait l'administration intérieure;
et les titres de grand-voyer et de capi-
taine héréditaire des canaux et rivières
ne furent pas pour lui des titres de pa-
rade : grâce à l'ordre et à l'activité qu*il
portait dans les affaires de la paix aussi
bien que dans celles de la guerre, des
routes s'ouvrirent, des canaux furent con-
struits, et les communications intérieures
prirent sous lui un utile accroissement.
Enfin sortie de l'état misérable où les
guerres civiles, les haines religieuses, une
buccession de rois indignes de la gou-
verner l'avaient réduite, la France pai-
Mble au dedans, respectée au dehors,
guérissait ses plaies profondes, restau-
rait ses finances , fécondait ses campa-
gnes^ et se préparait à la grande entrer
prise que médiuit Henri IV, et sur la-
quelle il -voi^lait fonder le système poli*
tique de l'Europe, lorsqu'un coup de
poignard vint tout détruire, et, en frap-
pant un homme, changea les destinées
de plusieurs royaumes.
La mort tragique de HenrilV pénétra
Sully d'une profonde douleur, et, en
même temps, d'une inquiétude qu'i| ne
prit pas la peine de dissimuler. Plus Ta*
mitié du roi l'avait comblé de faveurs,
plus était acharnée contre lui l'inimitié
des courtisans^. Parmi les éternels dé-
mêlés de Henri IV et de Marie de Médi-
cis, Sully avait été plus d'une fois mé-
diateur, et médiateur peu agréable à la
reine, qui^ tout en estimant son carac-
tère, lui reprochait la partialité d'un
ami pour le rot, tC pour elle l'austérité
de sa franchise.' 11 avait blessé surtout les
favoris italiens qui gouvernaient Marie de
Médlcis et que la mort inopinée du roi
allait rendre maîtres du royaume. Son
premier mouvement avait été de courir
au Louvre après la fatale nouvelle; la
réflexion et des avis secrets l'arrêtèrent
en chemin : il eut peur ; il crut que sa li-
berté, sa vie peut-être étaiant menacées^
et il acheva d'en être convaincu quand
un message delà reine l'appela près d'elle,
en l'invitant à venir peu accompagné.
Alors l'arsenal* ne lui sembla pas un asile
assex sur, et il se retira a la Bastille, dont
il était gouverneur. La crainte de Sully
fut certainement exagérée, et lue fit corn*
mettre une faute qui surprit tout le mon-
de. Le lendemain pourtant, remis de
son premier trouble, et rassuré par des
avis plus favorables, il se décida a pa-
raître à la cour. Mais il vit bientôt à
travers des semblants de bienveillance,
et aux premiers actes de franchise qu'il
essaya, que le seul partt\|u'il eût à pren-
dre était la -retraite. Dans une cour où
commençaient à régner Concini (vo^.^ el
sa femme, on n'aurait su que faire d un
tel ministre, et lui n'aurait pas voulu de
teb maîtres. Il quitta Paris, et se retira
en Poito{^, non sans un vif regret d'être
obligé de résiener ses emplois, et avec un
dépit assez mal déguisé que consfatent
plusieurs lettres de sa main. La reine,
qui lui donna une pension de 48,000 li-
vres, paya sa retraite en personne, plus
heureuse de récompenser son éloigne-
ment que ses services. Sully s'occupa d'a-
bord de tirer le meilleur parti possible
des charges qu'il avait exercées, et des
bénéfices ecclésiastiques dont la généro-
sité du roi l'avait doté. Le capital d'un
million qu'il en retira, joint à sa pension
et aux vastes domaines dont il était pos-
sesseur, lui permit de continuer, dans la
retraite, à soutenir cet état de prince
qu'il avait du vivant du feu roi ; la foule
de ses pages, de ses écuyers, de ses gen-
tilshommes formaient autour de lui com-
me une espèce de cour dans ses châteaux
de Rosny et de Villebon qu'il habitait al-
ternativement Il tenait pourtant encore
(*)Oa y montre encore aujoardMtui le cabinet
de Sully.
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SUL
par qaelqa« côté à !• vie pabliqve» la
reine lui ayant laissé le gouTemement dn
Poitou et la direction de rartillerie. Mab
ces titres, aussi bien que celui de maré«-
chai de France, qui lui fut donné k Page
de 74 ans (1634), furent, pour Sully,
des marques d'honneur plutôt que des
emplois actifs. Il quittait peu sa retraite,
et ne paraissait plus à la cour que dans
tes rares circonstances où il y était ap-
pelé, quand on croyait avoir besoin de
ses conseils. Alors il rapportait, parmi
des courtisans brillants et frivoles. Tau»*
térité de ses manières et la sévérité d'un
costume dont tes airs surannés provo-
quaient les propos moqueurs des raffinés
et des dameret^ à la mode. La raillerie,
un peu honteuse d'elle-même, n'osait
pourtant éclater en face ; mais elle n'é*
cbtppait pas à l'œil perçant dn noble
vieillard, qui donna un jour aux rail-
leurs une rude leçon, en disant tout haut
à Louis XUI ces mots restés célèbres:
« Sire, quand le roi votre père, de glo-
rieuse mémoire,' me fiilsait l'bonneur de
m*appeler pour me parler d'affaires, au
préalable il faisait sortir les bouffons. »
Sully était un de ces esprits solides
et nourris de sérieuses études, qui con-
servent dans la retraite toute l'activité
des affaires. Les travaux histo^ques, la
culture de ses jardins qui de tous temps
avaient été ses distractions favorites, de-
vinrent pour lui des occupations plus
suivies , et la composition d'une espèce
d'histoire de son temps qu'on nomme ses
Mémoires lui rappelait encore cette vie
si laborieuse à laquelle devaient suocé*
df r trente années de repos. Ce repos fut
troublé par les chagrins que lui causè-^
rent la conduite et la mort de son fils
atné, et ensuite les tracasseries d'un pro-
cès que lui suscita son petit-fils, et qu'il
perdit peu de jours avant sa mort, arri-
vée le 22 décembre 1641. 11 avait at-
teint 82 ans.
Parmi les titres de Sully au souve-
nir de la postérité, il faut mettre au pre-
mier rang cette amitié si fidèle et. si dé-
vouée qui l'unissait à Henri, et qui ne
profita pas moins au pays qu'au monar*
que. Cette intimité sans doute fit la for*
tune de Sully ; mais d'autres auraient pu
solliciter et payer cette forti^ne par de
( 58Î ) SUL
sertîtes complaisances, par des flatter iei
funestes, par une souplesse de valet.
Sully s'acquitta des bienfaits du roi par
une rudesse utile, une franchise d'hon-
nête homme et une sévérité d'ami. Sully
s'établissent entre Henri IV et ses mal-
tresses le défenseur obstiné des inté-
rêts de l'État et de la gloire du prince,
offVe un des rares et beaux exemples que
l'histoire ne saurait recueillir avec trop
d'honneur. Voyez-le refusant de payer
les dépenses du royal baptême qu'on vou-
lait faire à un fils de Gabrielle d'Estréet
en disant en face du roi : a II n'y a pas ici
d'enfant de France.» Voyez-le déchirant
la promesse de mariage faite par Henri FV
à M^'* d'Entraigue; écoutez-le répondant
aux cajoleries de la duchesse de Verneuil
qui voulait puiser à pleines mains au tré-
sor public pour -ses parents et pour elle-
même : «Tout cela serait bon, madame,
si S. M. prenait l'argent en sa bourse;
mais de lever cela sur les marchands,
artisans, laboureurs et pasteurs, il n'y a
nulle raison, étant ceux qui nourrissent
le roi, et nous tous; et se contentent
bien d'un seul maître, sans avoir tant
de cousins, de parents, et de maltresses
à entretenir. » Écoutez- le enfin, disant
vertement à Henri IV que de folles
amours n'étaient pas plus le fait d'un
grand roi que d'un homme à barbe grise;
et dites si , dans Sully, l'ami n'était pas
plus rare encore que le ministre. Avec
tout autre roi | une telle franchise eût
été impossible ; avec Henri elle était seu-
lement difficile. Mais un roi assez sage
pour répondre à une femme chérie et
blessée : a Je me passerais mieux de dix
maltresses comme vous que d'un servi-
teur comme lui ; » assfz grand pour dire
au ministre qui fléchit le genou dans
l'attendrissement d'une réconciliation :
« Relevez^vous, Rosny, jls croiraient que
je vous pardonne;» ce roiJà méritait le
bonheur d'avoir un tel ami.
Sully se montra toujours sincèrement
attaché à son culte : on a dit que c'était
chez lui de l'obstination; nous croyons,
nous, à la conviction de Sully ; nous y
croyons et parce qu'il était honnête hom-
me, et aussi parce que sa croyance s'étant
trouvée opposée à son intérêt , elle a
triomphé dans le conflit ; il a ré$isté sur ce
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( 583 )
SUL
point, non- seulement aai pretuntes in-
stances du pape f mais aux offres du roi
qui aurait donné l*épée de connétable à
Sully calbolique. fit pourtant ce calvi-
niste obstiné conseilla à son royal ami
d'abjurer, tant était sincère son dévoue-
ment à tout ce qu'il croyait utile aux in-
térêts du prince et du pays.
Mais si Sully résista du vivant de Henri
IV à tous les efforts que firent les catho-
liques pour le convertir, il résista égale-
ment aux efforts des protestants pour l'eU'
traîner, après la mort de ce prince, dans
les rébellions d'un parti aux yeux du(|uel
Sully était un personnage si considérable,
et où figuraient au premier rang ses amis,
ses parents, et le duc de Rohan, son gen-
dre. Rien ne balança dans son esprit la
fidélité qu'il devait au roi. Les soupçons
que cherche à élever contre lui a cet
égard Vittorio Siri ne doivent être cou*
sidérés que comme l'écho d'une ca-
lomnie.
Sully n'était pas exempt de quelques dé-
fauts voisiosdesqualitésqui le distinguent;
il n'avait pas moins d'entêtement que de
fermeté; il aimait à se vanter en toute oc-
casion, et brave il avait la jactance de la
bravoure; il soignait admirablement la
fortune de l'État, et fut en même tempe
excessivement occupé de sa propre for-
tune. Ses ennemis disaient que de 6,000
livres de rentes, le seul bien qu'il eût
quand il était entré aux afhiires, il était
parvenu, à l'époque de la mort de Henri
IV, à une fortune de 150,000 livres. En
faisant la part de l'exagération de Tini-
mitié, il faut bien reconnaître qu'il ne
perdit pas son temps au service de l'État.
Mais si Sully fut âpre au gain , s'il se fit
beaucoup donner, il ne prit jamais rien.
Quoi qu'en dise Richelieu, dans VMis*
toire de la tnère et du fils y son intégrité
est restée intacte. Au reste, Richelieu,
qui fit lui-même aux affaires une fortune
bien plus considérable encore que celle
de Sally, ne doit pas être cru légèrement
quand il parle des hommes qu'il n'aimait
pas; il faut donc se tenir en garde contre
tout ce qu'il raconte au sujet du minis-
tre de Henri IV. Ce qui est certain, c'est
que le désintéressement ne fut pas la vertu
de Sully, tous les moyens lidtet d'acqué-
rir et d'amaseer de l'argent lui semblaient
bons; dès lea premiers temps de sa liaiaoa
avec Henri IV, il le quitta un instant et
faillit se brouiller avec lui pour le refua
d'un gouvernement que la politique in-
terdisait au roi de confier à un protes-
tant aussi décidé que Rosoy. Mais quel-
ques taches dans ce caractère disparais-
sent couvertes de l'éclat da tant de belles
actions, de nobles vertus et de grands
services rendus au pays.
Nous avons dit que les Mémoires de
Sully étaient à peu près l'histoire de son
temps. Ce livre, écrit en assez mauvais
style et dans une forme de discours qui
nuit à la clarté (l'auteur, au lieu de par-
ler en son nom, faisant raconter par un
secrétaire à Sully ce que Sully a fait), est
rempli néanmoins de cet intérêt qui s'at-
tache au récit d'un témoin oculaire et de
l'un des premiers acteurs dans les événe-
ments qu'on raconte. Sans doute il faut
bien s'attendre que les faits seront pré-
sentés par l'historien sous le jour où
l'homme d'État les a vus et désire qu'on
les voie; il y a toujours quelque précau-
tion à prendre en lisant un livxe ainsi
composé; mais par combien d'avantagea
ce petit inconvénient n'est-il pas racheté?
La pensée politique du gouvernement ,
la direction des événements, les résultats
intérieurs et extérieurs , les intrigues et
les révolutions de cour, les particularités
de la vie privée du roi et lea tracasseries
de son ménage, la physionomie des per-
sonnages considérables du temps, tout
cela est ici plein d'une vérité qui saisit
et qui attache. SUlty donna le titre d'^-
conomies royales à ce livre dont il fit
imprimer les deux premiers volumes in*
fol. dans son château de Sully, avec la
fausse date d'Amsterdam, et cette édition
publiée en 1634, connue encore aujour-
d'hui sous le nom d^édition aux vv»
verds, n'a été terminée qu'en 1669, par
la publication de deux nouveaux volu-
mes donnés par Jean le Laboureur. L'in-
convénient de la ferme de rédaction que
nous avons indiquée tout à l'heure
donna l'idée è l'abbé de TÉcluse des
Loges de refondre ce livre , et il le fit
imprimer en 1745, sous le titre de âf^
moires de Sully, après lui avoir fait subir
une métamorphose complète. Non-seu-
leneat le récit est mis è la troiaième par*
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(584)
SUL
tODO^, et des notas ont été ajoutées, ce
qui ofTre de véritables améliorations;
nais réditeur s*est permis de prendre
avec les faits la même liberté qu'avec le
style, et pour diminuer la confusion du
récit primitif, il en a complètement
changé Tordre, de sorte que bien souvent
l'on ne sait plus si on lit l'abbé de l'É-
cluse ou Sully ; c'est là un immense in-
convénient que rien ne saurait compen-
ser. Cette édition pourtant a prévalu
sur Tédition originale qu'on tt^ réim^-
prime plus aujourd'I^ui.
On cite encore parmi les fruits des
loisirs de Sully, un roman .allégorique,
Célaslidey dont le manuscrit existe, dit-
on , dans les archives de sa famille; et
d'autres ouvrages tout- à -fait perdus :
un Traité de la guerre^ Le maréchal"
dc'camp et les Instructions de milice
et police, M. A.
SULPICE- SÉVÈRE, vay. Si^viaE.
SULPICIUS , tribun du peuple, voy*
Maeius, et RoMAiHS, T. XX, p. 586.
SCLTHAN {solthân), mot arabe qui
signifie homme puissant. Nous en avons
déjà parlé au mot Soudan. Ordinaire-
ment on donne à l'empereur des Turcs
le nom de sulthan, quoique celui de pa-
dichah [voy,) réponde plutôt à grand -
sulthan. Les princes de la famille des
khans de la Crimée portaient également
ce titrev Le pacha d'Egypte est aussi ap-
pelé sulthan par les habitants du pays,
mais non pas par la cour de Constanti-
nople. Dans le langage ordinaire enfin ,
les Orientaux qualifient de sulthan; par
courtoisie, toute espèce de personne. Les
Européens donnent aux épouses du sul-
than le nom de sulthanes, mais les Turcs
les désignent seulement sous le nom de
première, de seconde ou de troisième
femme, etc. La première en rang est celle
qui avant toutes les autres a donné un
fils au sulthan ( vojr. Asesj ). Elle est
appelée par les Européens sulthane fa-
vorite« et elle a le pas sur toutes les au-
tres femmes du sérail (voy.)^ à moins que
son fils ne vienne à mourir avant le sul-
than régnant , et qu'une autre femme n*ac-
couche d'un autre enfant mâle avant elle.
Le titre de sulthane ne se donne propre-
ment qu'à l'épouse légitime et reconnue
pour telle par le sulthan ; mais^ afin d'évi-
ter les dépenses d'une seconde cour, !•
sulthan ne se marie plus aujourd'hui. A
Constantinople, le nom de sulthanes ne
se donne qu'aux filles du grand-seigneur,
qui le conservent même après leur maria-
ge. Les filles qui naissent d'elles reçoivent
le titre de Âanum sulthanes ou princesses
du sang. La mire du sulthan, si elle vit
encore à l'avènement au trône deson fils,
prend celui desulthane validé. Elle jobit
d'une considération particulière ; son fils
n'ose prendre ni femmes ni concubines
sans^on consentement, et elle exerce
une grande influence sur la marche du
gouvernement.
On appelle aussi sulthane une espèce
de vaisseau de guerre turc portant envi-
ron 66 canons, 800 soldats de marine et
60 matelots; et sultani une monnaie
qui se frappe au Caire et vaut de 5 à
6 fr. Les sultanis de Tunis sont plus
lourds, d'or plus fin, et valent un tiers
de plus ; de même dans l'Algérie ils va-
lent 8Tr. 40 cent. . CL.
8ULZBACB (maison de), voy. Pala-
TiHAT et Bayiàee.
8ULZER (Jban-Geokce) , un des
philosophes et critiques les plus célèbres
de son siècle, naquit à Winterthur, dans
le canton de Zurich, le 6 oct. 1730. A
l'âge de 1 6 ans, il fut envoyé au gymnase
de Zurich , où il eut pour professeur de
littérature Jean Gessner; Breitinger et
Bodmer lui enseignèrent les principes de
l'aesthétique. Ses études de théologie ter-
minées, il entra d'abord (1740) comme
précepteur dans une maison particulière,
et obtint ensuite- la place de vicaire du
pasteur de Maschwanden. Ce fut à cette
époque qu'il débuta dans la carrière lit-
téraire^ par ses Considérations morales
sur les œuvres de la nature (Beri., 1 74 1 ) .
En 1742, il fit un voyage en Suisse, et,
l'année suivante, il entra de nouveau
comme instituteur dans une famille de
Magdebourg; mais, au bout de peu de
temps, il partit pour Berlin, où il obtint,
en 1747, une chaire de mathématiques
au gymnase de Joachimsthal. En 1750,
il publia avec Ramier les Nouvelles cri^
tiques de la république des lettres^ et
bilhlôt après il fut nommé membre de
la classe de philosophie de l'Académie
royale des sciences. On a de lui deux vo^
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SUN
(58&)
SUM
Idmes de diisertttioiis philosophiques
(Berl.y 1778) qa'il composa en celte qua-
lité. La mort de sa femme Tayaot rap-
pelé dans sa pahrie (1760), il prit la ré-
solution de s'y fiier avec ses enfants;
mais pour le retenir à Berlin y le roi le
nomma professeur de la nouvelle acadé-
mie noble, et lui fit don d'une terre sur
les bords de la Spree. En 1765, Suizer
sié^^ea dans la commissionr chargée de ré-
viser le règlement de Tacadémie. En
1771, le duc de Courlande l'appela à
Miiau pour le placer à la tète du jym-
nase qu'il voulait fonder dans cette ville ;
mais les atteintes de la maladie dont il
mourut ne lui permirent pas de se reur
dre à celte honorsbie invitation : il dut
se bori^er à rédiger le plsn des études. En
1773, le mal £t tant de progrès que Hal*
1er loi conseilla un voyage en Italie, Pen-
dant son absence, il fut nommé directeur
de la classe de philosophie de l'Acadé*
mie royale des sciences. Le climat de
l'Italie parut d'atiord lui faire du bien;
cependant, en 1776, son état empira,
et il mourut le 37 février 1779. Le
principal ouvrage de Sulzer^t la Théo^
rie générale ties beaux'orts , publié en
1786 (dern. éd., Leipz. , 17931-94, 4
vol.Jn-8% à laquelle les suppléments de
filanlceuburg, Leipz., 1796-98, 8 vol.,
et deDyk et Schatz, Leipz., 1792-1808,
8 vol., ont encore donné une valeur plus
haute). Dans cette espèce de diction-
naire, qui fonda la réputation de Suizer
d*nne manière durable, il chercha à com-
biner les doctrines de l'école de Wolf
avec les opinions des philosophes anglais
et français, à les es poser d*une manière
à la fois claire et populaire, et a rattacher
la théorie des beaux-arts au perfeétioo-
nement moral de Thëmme. Ses Exerci^
ces préliminaifes pour évcilttr V aliène
tion et la réfUœion (3* éd. , Nuremb.,
1 780-8«, 4 vol.), et sa Somme {Kurzer
Bîgrijf) de toute la valence (1745; 6*
éd.; Francf. et Leipz.'; 1786) méritent
également d*étro mentionnés 96n Auto^
biiigra^)hie a été publiée à Berlin , en
1808. C. L.
SUMAC , nom que l'on a donné à un
génie de plantes de la famiUe des téré-
l>enthacées(i)oj.),qui renferme un grand
nombre dVspcccs. Le sumac employé en
teinture est la feuille de cette phnte/
sécbée et réduite en poudre. On en con-
naît de cinq sortes, qui sont le sumac de
SiciUy récolté à Gasini, près de Palerme,
et qui en particulièrement employé par
les maroquiniers; le sumac de Malaga^
celui de Porto ^ celui de Donzèrtj ré-
colté dan» le CcyiUt et préparé à Don-
zèreet à Montéhmart; enfin le sumac d^
Redon ^ peu estimé, et qui est connu dans
le midi de la France, sur les bofds de la
Garonne, du Lot et du Tarn , sous le nom
à^ herbe au noir^ herbe aux teinturiers.
Le fruit du sumac, assez semblable à
une grappe ddfaisSo, sert, dans nos con-
trées méridionales, a faire du vinaigre.
On l'emploie aussi en médecine comme
remède contre la dyssenterie. L'écorco
de sumac sert à la tannerie. D. A. D.
SUIIIAROCOW, voj. SouMJAOKOF.
SUMATRA^ une des lies de la Sonde
{voy.)^ appelée par )es indigènes Pouri^
choa et Jodales. Elle est située sous l'é-
quateur et séparée au noid-ouest de la
presquHle^^de Malacca par le détroit du
même nom; au sud- est, de Java par ce-
loi de la Sonde. Elle a environ 200 milles
géogr. de long sur 30 à 40 de large, et
une superficie de 6,046 milles carr.Upe
chaîne dé montagnes double, et même
triple en quelques endroits, dont le point
culminant , le mont Ophir, sous l'équa-
teur même, s'élèfc à 13,434 pieds au-
dessus du niveau de la mer, la coupe
dans toute sa longueur. Entre ces hau-
teurs •'étendent de vastes plaines avec de
grands et beaux lacs. La côte occidentale
est fort bien arrosée ; mais ses fleuves et
ses rivières sont trop resserrés et trop l^pi*
des pour être navigables. Ceux de la côte
orientale sont plus larges et plus pro-
font^. La tempéi^ture est moins ardente
i Sumatra que dans d'autres pays sous la
ligne ; cependant on n'y^voit jamais de
neige, on n'y éprouve jamais le froid,
quoique en revanche il y ait fréquem-
ment d^épais brouillards. Les volcans y
sont nombreux; les tremblements de terre
et les orages rares, mais violents. Sumatra
produit en quantité de l'or, du cuivre,
du fer, de l'étain, du soufre, du salpêtre,
du pétrole et du charbon de terre d'une
qualité inférieure. On y trouve aussi
des eaux minérales chaudes et froides.
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SUH
(586)
SUM
liC rii vst 11 plante qa*oii y cnltive prin-
cipalemeot. Les cocos, le bétel et le bam-
bou sont Tobjet d'une eiportation con-
sidérable. Les plantations de sucre ont
moins d'importance, et l'on ne récolte le
maÎ5, le poivre, le gingembre, la corian-
dre et le cumin que dans les jardins. On
prépare avec le chanvre une fubstanoe
enivrante qui se fume mêlée au tabac. Le
ricin y croit en abondance sans aucune
culture, surtout au bord de la mer. L'in-
digo, le bois de Brésil et la gomme élasti-
que sont également la matière d'un com«
merce actif. Les végétaux esculents sont
aussi variés que délicieux. Le camphrier
croit dans la partieseptenlrionale. Le toii-
codendron (arbre à poison) de Sumatra
est moins dangereux qu'on ne s'est plu à
le dire ; on peutsans péril se reposer sous
son ombragé, et les oiseaux font leurs
nids dans ses branches. C'est dans cette
tie que se rencontre la plus grande fleur
connue, la ralBesia. Parmi les quadru-
pèdes, nous citerons le bulfle, le seul
animal domestique qu'on emploie aux
trnvaux des champs, et qui fournit aux ha*
bitantsdu lait^ du beurre et delà viande;
une espèce de vache sauvage ; de petits
chevaux parfaitement proportionnés, que
l'i>n tue pour se nourrir de leur chair
dans le pays des Battas, de même qu'à
Gélèbes; on y trouve aussi des cochons
et des sangliers , des chèvres , des élé-
phants, des rhinocéros, des tigres, des
cbalS'tigresy des caméléons, des alliga-
tors, plusieurs espèces de serpents et de
tortues. Les lacs , les rivières et la mer
abondent en poissons et en crustacés; les
bois en oiseaux de tous genres. Depuis
1808, on cultive avec le plus grand suc-
cès a Sumatra, daus les environs de Marl-
borough^ le muscadier et le giroflier.
Enfin, l'Europe tire encore de cette ile
du benjoin , dé l'ivoire, de la cire, des
nids d'oiseaux, de l'ébène, etc.
Sumatra, dont la population est éva-
luée à 8 raillions d'habitants, est divisée
en 16 royaumes, dont les plus considé-
rables sont ceux de Menangcabo, d'At^
schin et dlndrapoura. Le premier, fondé
par des Malais, est le plus puissant de tous.
Sa constitution est un mélange de féoda-
lité et de gouvernement patriarcal. Le
royaume de Palembang, placé sons l'auto-
rité du roi des Pays-Bas, ne compté qu'en-
viron 160,000 habiunU, dont 35,000
pour la capitale du même nom. Sur les
côtes, les mœurs de l'Europe et ses lois
se sont introduites parmi les naturels.
Tous les membres d'une famille sont rea*
ponsables des dettes de leur parent ; les
héritages se partagent entre tous les en-
fants par portions égales ; le meurtre est
puni d'une amende; les châtiments cor-
porels sont rares. Les serments se prêtent
sur les tombes des ancêtres, avec une
grande solennité. Les indigènes sont gé-
néralement d'une taille moyenne et bien
prise. Les femmes aplatissent le nés à
leurs enfants nouveau- nés, leur compri-
ment le front et leur allongent les oreil-
les, ce qui passe chez ce peuple pour une
beauté. Pour le même motif, les hommes
s'épilent et les deux sexes se liment les
dents. Un grand nombre de ces insulai-
res ont été convertis, au moins extérieu-
rement, au christianisme par les efforts
des missionnaires espagnols et hollandais.
Les autres n'ont que des croyances reli-
gieuses fort imparfaites. Ils admettent
l'existence d'un être suprême et une es-
pèce de métempsycose, et ils ont un res-
pect profond pour les tombeaux de leurs
aïeux et de leurs parents. Dans l'inté-
rieur de Itle vivent encore les Battas ou
Battaksy premiers habitants de Suma-
tra ^ Les montagnes et quelques Iles
voisines sont peuplées d*une race d'hom-
mes absolument sauvages, qui se rappro-
che de la race nègre.
Dès le commencement du ityi* siècle,
les Portugais s'établirent sur la càte sep-
tentrionale de Sumatra, dansje royaume
(*) TU offrent peut-être le inéUnge le plot ex*
traordinaire , dit M. Balbi , que Ton ait encore
observé des mœurs d*UQ peuple dou:^ et atecs
civilisé, possédant depuis uo temps immémo-
rial un iilpliiibet particulier, une littérainre ori-
ginale , ayant une instruction élémentaire très
répandue, et présentant, malgré cela, Thorrible
usage de TanlbropopLagie, exercée légalement
avec des circonstaocesextraordinaires. — Achem,
chef-lien du royaume indépendant dn mènM
nom, est sitnée a la pointe N.-O. de Ttle. On Ini
accorde 8.000 maisons, la plupart bâties en bam-
bous et élevées sur pilotis. Dans la parde néer-
landaise, divisée en pays immédiats et en pays
Tassaux, on remarque les risidtmc9t de Padang
(10,000 bab.), Palembang (a5,ooo) et le fort
Marlborongh, qui a été, jusqu'en x8a4* le chef-
lieu de toutes les colonies anglaites dans l'Ile
de Smaatra. ft«
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SUN
; 587 )
SUP
d'Achem oa Atjieh. lU en forent chatiésy
daos les premières années du siècle sui-
vant, parles Hollandais, qui fondèrent à
Atjieh une factorerie , transportée plus
tard à Padang, au centre de la côte occi-
dentale. En 1669, le sulthan abandonna
à la Compagnie des Indes orientales la
souveraineté sur cette dernière ville et
soo territoire. En 1 685, les Anglais créé*
rent à leur tour un établissement à Ben-
coulen, et, en 1714, ils construisirent
le fort Mariborough, que les Français
détrubirent en 1760, mais qui, bientôt
rétabli , leur fut assuré par la paix de
Paris de 1763. La Compagnie anglaise
des Indes orientales possédait en outre,
sur la côte occidentale, un territoire de
850 milles carrés, la présidence de Ben-
cou len avec le chef-lieu de même nom,
qu*en 1824 le gouvernement anglais
céda à la Hollande en échange de Ma*
lacca. Les Hollandais possèdent encore
un comptoir à Palembaog, sur la côte
orientale. Les Laropoogs ont sur la côte
méridionale quelques établissements peu
importants, placés sous les ordres du ré-
sident de Bantam. Le premier Européen
qui ait visit.é Tintérieur de Ttle est l'An-
glais sir Thomas Stamford Raffles : c'est
de lui que la rafQesia tire son nom. Près
de la côte occidentale, est située 1*1 le de
PouloNyas, parfaitement cultivée et peu-
plée de 200,000 âmes; au sud, sont les
îles Keeling (des Cocos), où le capitaine
Ross a découvert, en 1827, l'excellent
port de Fort- Albion et fondé l'établisse-
ment de New-Selina; sur la côte orien-
tale, Billiton, Bankaetautres lies. — Foir
Anderson, Mission in the eashcoast of
Sumatra^ 1823 (Édimb., 1826, 3 vol.
in -40). C.iL.
SUMBAVA-TINOR (Iles de), voy.
OcÉAHiB, T. XVIII, p. 624.
SUMMERS (Iles dbJ, voy, Bermu-
1>ES.
SUND, ou plutôt OEresund, détroit
qui sépare l'Ile de Seelande [voy.) , ap«
partenant au Danemark, de la Scanie,
province suédoise. C'est la route ordi*
naire des navires qui se reudent de la mer
du Nord dans la Baltique. Il a 9 milles
géogr. de longueur ; sa largeur , près de
tieUingborg (Suède), ue dépasse pas un
demi-mille; il est dominé en cet endroit
par la citadelle de Kronborg, sur l'Ile de
Seelande. De temps immémorial , et ea
vertu de traités conclus avec les puissan-
ces maritimes , le roi de Danemark pré«*
lève des droits sur les vaisseaux qui tra-
versent non-seulement le Sund , mais
aussi le grand et le petit Beit 'voy.). Cet
droits, qui se paient à la douane d'Else*'
neur (vor*)} étaient fiiés à 1 p. ^de la
valeur de la cargaison pour les bâtiments
français franglais , hollandais et suédois*
Les Suédois, en effet, qui avaient obtenu
par la paix de Brômsebro , en 1645^
l'exemption de tout péage pour leurs vais-
seaux , ont perdu cet avantage depuis
1720. Les autre» nations, et même les
Danois, paient 1 ^ p.'*/o. Les capitaines
hollandais jouissent du privilège de n'a-
voir qu'à exhiber leurs papiers ; ceux
des autres peuples sont soumis à la visite.
En 1835, ces droits ue rapportèrent pas
moins de 1,803,000 rixdales.
En 1838, 10,985 navires passèrent le
Sund ; en 1843, 14,940. Le mouvement
s'est donc accru de plus du tiers. La Hol-
lande et la Prusse sont , après le Dane-
mark et la Suède, les puissances qui fi-
gurent pour la plus forte part dans l'ac-
croissement. En 1842, le gouvernement
danois a consenti, sur les instantes récla-
mations des puissances commerciales , à
réduire ce droit de passage. C, L. m.
SUNDERLAND (comtes i^e) , voy.
SpElfCER.
SUNDGAU, c'est-à-djre région du
sud, majeure partie de la Haute- Alsace,
voy. Alsace et Rhin [dép, du Haut*).
SUNNA, SurrwiTEs, voy, SonirtrA.
SUPÉRIEUR (LAC), le plus grand
qui existe parmi ceux formés d'eau douce.
Avec le Michigan, les lacs Huron, Saint-
Clair, Erié et Ontario , il forme ce que
quelques géographes appellent la Mer
d'eau douce ou la Mer du Canada.
Foy. États- Ums.
SUPERLATIF, voy, Comparaisoit
{degrés de).
SUf^ERSTITION. La superstition
est une corruption du sentiment reli-
gieux altéré par l'ignorance; c*est la foi
sans raison, c'est la croyance aveugle qui
ne se fonde sur aucun examen. La super-
stition honore Dieu d'une manière in-
digne de luij elle défigure Tobjet de soa
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SUP
(088)
SUP
culte et le dégrade : elle met la forme
morte à la place de l'esprit virant ; au
ienliment iolérieur elle lubslitue de mî-
nuiieusefl pratiques de dévotion exté-
rieure, qui font perdre de vue le fond de
la religion {voy, T. XX, p. 415). Ainsi
un Russe remercie saint Nicolas de lui
avoir flhjfhi l'occasion de voler sans être
aperçu. En Espagne, un bandit force un
prêtre, le pistolet sur la gorge, à lui don-
ner Tabsolution des assassinaU qu'il vient
de commettre. La perfection en ce genre
a été atteinte par l'invention de ces mou-
lins à prière y qui fonctionnent pour le
oompte de certains dévots indiens, pen-
dant que ceux-ci vaquent à leurs occu-
pations ou à leurs plaisirs. Lequel était
le plus véritablement religieux, ou de la
bonne femme qui ajoutait pieusement un
fagot au b&cber de Jean Huss, ou du
noble martyr qui, à cette vue, se bornait
à dire : Sancta simplicitas!
Le sentiment religieux peut donc être
plus ou moins pur, plus oulnoios mêlé
d'alliage : quelquefois la superstition va
jusqu'à le dénaturer profondément. Il est
donc d'une extrême importance de dis-
tinguer avec soin la religion de la super-
stition , et de tracer nettement la ligne
de démarcation qui les sépare. ^
Ce sont les lumières qui distinguent
la religion de la superstition. « La prin-
cipale différence entre la reHgiun et la
superstition , dit Spinoza ( Ltttre 29«),
c'est que celle-ci a pour base l'igno-
rance^ et la religion la sagesse. » Il faut
donc travailler à dissiper les ténèbres de
l'ignorance : plus l'esprit de Thomme
s'éclaire, plus il devient capable de con-
cevoir de Dieu des idées saines et épu-
rées. Pour déraciner un culte supersti-
tieux -et le transformer en culte raison*
nable , le moyen le plus sûr et le plus
efficace est de répandre les lumières,
et de fonder autant que possible les
croyances sur la raison.
Sans doute, croire est un besoin pro-
fondément enraciné dans notre nature ,
et la croyance a son domaine, qui n'e»t
pas toujours celui de la raison. Cepen-
dant, si l'un peut dire que la croyance
devance quelquefois la raison, du moins
elle ne doit jamais la contredire ; elle dt*-
vient illégitime dès qu'elle tombe danb
l'absurde. La foi [voy,) est donc elle-
même soumise à un certain contrôle, et il
importe de ne pas confondre lescroyances
superstitieuses avec Itf croyanoet raison-
nables. D*un côté, toute religion con-
stituée incline a la superstition, par cela
seul que les pratiques tendent par lear
nature à se convertir en habitudes ma-
chinales; d'un autre côté, les pratiques
d'une religion établie vont très bien aux
esprits que la pensée fatigue et qui n^ont
pas la force de se faire eux-mêmes leur
opinion sur les grands problèmes que la
religion doit résoudre. Pour ces âmes, la
foi est un support; la liberté leur pèse,
elles l'abandonnent à un directeur au-
quel elles s'en remettent du soin de pen-
ser pour elles. L'enfant se trou venris-à- via
de ses parents dans cette position subor-
donnée que légitiment sa faiblesse et son
ignorance; il est forcé de les en croire sur
tontes choses, et il ne s'avise pas de ré-
voquer en doute ce qu*ils.lui enseignent;
mais il s'émancipe à mesure qu*il Vé-
claire et qu'il devient capable de se con-
duire lui-même. L'immense majorité du
genire humain reste toujours dans un état
d'enfance vis-lUvis'des hommes édatrés,
elle a toujo«f% besoin de tutelle. Lea
protestants reprochent aux (catholiques
que la plupart de leurs pratiques sont en-
tachées de superstitions. X»e9 catholiques
éclairés reconnaissent volontiers que ces
pratiques ne sont j^as l'essence de la reli-
gion; mais ces coucessions fakes par l'É-
glbe a la mulUtude sont autant de moyens
de la gouvaroer. Et dans les communions
protestantes elles-mêmes, ne voyons-
nous pas biep des croyants auxquels des
confessions de foi formulées et explicites
sont iiiiiispensables? On en vient pinsi à
comprendre les ménagemen{9 exliémes
des gouvernements pour les superstitions,
ménagements qu'une raison sévère est
quelquefois tentée de leur reprocher.
Enfin, il est des âmes qui vivent sur-
tout de mysticisme. Il y a des supersti-
tions du cœur, telles que les pressenti-
ments, à l'égard des personnes qui nous
soni chères. L'arfioor, qui est, comme la
dévotion ) le culte de l'idéal , de la per-
fection, de la beauté suprême, est enclin
comme elle aux superstitions: innocentes
faiblesses dont l'âme humaine a peine à
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SCP
se dépouiller! La craiote et PespériDce
nous disposent à h crédalité {va)r,)\.\\
est dans notre nature de croire facile-
ment ce (Jue nons espérons, et quelque*
fois aussi ce que nous craignons.
Toute superstition a sa racine dans le
principe de TassociatiOD des idées, en
Ter tu duquel des objets naturellement
indirférents deviennent chers e& véné-
rables par leur liaison avec des objets
qui nous intéressent. De là les pèleri-
nages, le culte des reliques {voy. ces
mots), et toutes ces pratiques qui sont
autant de liens par lesquels le prêtre nous
tient dans sa dépendance. La moitié des
plaisirs des esprits cultivés dérivent de la
source de la superstition. D*où vient cette
espèce de culte que Ton reord aux anni-
versaires? Ne visite- 1- on pas avec un
respect curieux le berceau des hommes
célèbres et. les lieux consacrés par leur
a^ottr?.
Les superstitions mêlées aux religions
antiques ont pris le caractère des dogmes
auxqu^s elles étaient incorporées : tantôt
gaies el riantes avec la mythologie grec-
que, qui animait M nature, personni*
fiait tous les phénomènes, et peuplait Tu-
Divers de dieux, de nymphes et de génies ;
tantôt sombres et tristes avec les dogmes
qui regardent les ailÛictions comme un
bien, et tout ce qui produit la joie comme
un mal.
Quelle que soil Paction des lumières,
cependant la superstition ne disparaît
jamais entièrement, même dans les siècles
, éclairés. Ainsi, aux époques de la civili-
sation la plus avancée, combien est-il
d*hommes capibles de s'en tenir à la re-
ligion dans toute sa pureté,dégagéede tout
alliage, de tout mélange superstitieux?
On a toujours vu la magie {voy,) devenir
la dernière religion des siècles dépravés.
Nul siècle n'a été plus incrédule que
le xYni*, et nul n'a montré plus de foi
aux charlatans, nul n'a cCraipté plus de
sorciers célèbres, tels que les Cagliostro,
Casanova, le comte de Saint-Germain,
Mesmet, etc. Que devons- nous en con-
clure? sinon qu'il faut combattre la su-
perstitiony aous quelque forme qu'elle se
produise; car le progrès véritable de l'es^
prit est de passer de la superstition à la
religion. A*d.
( Jb9 ) SUiJ
SUPIN, voy. Verbb.
SUPPLteB, voj. PBi!f£s,Exïcù-
Tiow, Guillotine, Peitoaison, Pal,
GAaaoTTE, etc., etc.
SUPPURATION, formation, écou-
lement du pus, voy, ce mot.
SUPRAI^TURALISME, et non
pas supernaturalisme^ quod supra na--
turam est, ce qui est en -dehors et an-
dessus du cours ordinaire des choses, vqy.
Rationalisme.
Il n'y a là de moderne que le nom.
Toutes les religions anciennes éuient em-
preintes de supraoaturalisme , et cette
tendance plus ou moins mystique {voy,)
dominait encore dans le polythéisme
(voy.) au moment de sa chute, que le néo«
platonisme ne réussit pas k empêcher.
For» ce nom, Plotin, Porphyre, etc.
SUPRÉMATIE (serment de), voy.
ALLlStîEANCE.
SURDITÉ, Sourds-muets. La sur-
dité est la privation de l'ouïe (voy,)^ in-
firmité rarement curable, parce que l'on
en connaît ù peine les causes. Après avoir
épuisé tous les remèdes que fournit Tart
médical, on a le plus souvent recours aux
drogues empiriques, qui, loin de guérir,
ne font qu'enflammer le siège du mal Gé
n'est pas à dire pour cela qu'aucun moyen
de gnérison ne doive être tenté. Maia
c'est surtout au moment de l'invasion de
la maladie , laquelle s'annonce par la
confusion des mots qui arrivent à l'o*
reilfe, et par la difficulté d'entendre de
loin, qu'il faut sans délai employer les dé-
rivatifs. Si ces moyens ne réussissent paa
alors, à combien plus forte raison la sur-
dité déjà invétérée a-telie peu de chances
de guérison ! La surdité est bien plus in-
curable encore lorsqu'elle est de nais-
sance ou qu^elle est survenue dans la
première enfance de l'individu alfecté :
cette maladie entraîne infailliblement le
mutisme , et il ne faut pas en chercher
d'autres causes que l'impossibilité où se
trouve l'enfant d'imiter des sons qui
n'arrivent pas à son oreille ; il est donc
muet par cela seul qu'il est sourd.
Gette conséquence est si réelle, qu'une
personne frappée de surdité après avoir
appris à s'exprimer s'isole peu à peu,
laisse sa voix s'altérer , et finit par par-
ler bat et confusément^ comme pour
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SUR
(i90)
SUR
dobner uo éclatant démenti aa proverbe
populaire : crier comme un sourde La
plupart des sourds-muets contractent
cette infirmité pendant les deoi pre-
mières années de leur eiistence, et pres-
que toujours à la suite d*éruplions, de
convulsions ou de coups à la tète. Les
individus affectés ne le sont d'ailleurs pas
tous au même degré. Quelques-uns d'en-
tre eux expriment, à Taide d'exclama-
tions, les principales sensations qu'ils
éprouvent , telles que l'élonnement , la
douleur, la pitié, le plaisir. Les uns en-
tendent et expriment les mots k cour
donnes , les autres au contraire les mots
composés de voyelles. D'autres ne sont
frappés que de bruits très violents, comme
celui du tonnerre, dtè décharges d'artil-
lerie, de portes poussées avec force, etc.
Le petit nombre enfin n!entend même
pas le bruit du canon, dont il n'est averti
que par l'ébranlement de l'atmosphère
et du sol. A un degré plus ou moins
prononcé, celte double infirmité ne per-
met qu'un développement très incom-
plet de l'intelligence. Plusieurs d'entre
eux sont même condamnés à un étemel
idiotisme.
Noos avons dit ailleurs [voy, les no-
tices sur les Mhhésde L'Épée et Sicard)
par quel enchaînement d'efforts philan-
thropiques certains bienfaiteurs de l'hu-
manité 6ont parvenus à modifier, à Taide
de l'instruction, ce vice de la nature; mais
leur zèle étant de beaucoup supérieur à
leur pouvoir, il en résulte que l'éducation
des sourds- muets ne réussit pas toujours
à faire comprendre à ces infortunés toute
)a portée de certaines idées morales.
Aussi nos tribunaux ont-ils très souvent
àconnaltre de vols commis par des^ourds-
rouets, l'idée- de la propriété étant si
peu naturelle à celle classe d'hommes que
l'éducation nepeut leuren donner qu'une
notion imparfaite. La confusion produite
dans leur esprit par l'insuffisance de leurs
sensations lea^ rend à la fois susceptibles
de méfiance et de crédulité. Chez eux
encore, toutes les affections inhérentes
à l'humanité ne se manifestent qu^à un
faible degré : rarement ils s'attachent à
quelqu'un par le lien de l'amitié : les dé-
licatesses de l'amour sont pour eux let-
tres morte s^danscertaina moments même
leur cœur stmblt fermé à h pitié. lU
ignorent l'ambition ; mais en revanche le
chagrin et la tristesse glissent sur eux avec
légèreté, et ils n'ont pas, comme la plu*
part des hommes, des préjugés ou de
vaines terreurs. Il existe d'ailleurs des
différences marquées dans les disposi»
lions des deux sexes soumis à une égale
instruction. Iol nature sensitive se dé<-
veloppe plus aisément chez la femme ;
chez l'homme, c'est rintelligence. Lca
maladies des sourds-muets ne se signa*
lent pas non plus par les mêmes phéno-
mènes que chez le reste des homme*.
Leur sensibilité émoussée les préserve
presque toujours de la fièvre qui accom-
pagne ordinairement nos autres maux ;
mais aussi elle les prive de ces heureuses
réactions qui nous sauvent et nous gué-
rissent. Nous l'avons dit en commençant ,
il reste malheureusement peu d'espoir de
parvenir à la découverte de moyens cu-
ratifs pour cette infirmité. Ia médecine a
déjà fait bien des essais, qui n'ont presque
jamais produit que de grandes perturba*
lions chez le malade. Les remèdes les plua
vantés par la science moderne ont été les
injections d'air et d'eau dans Tapparetl
auditif; mais les résultats n'ont pas ré*
pondu aux espérances. Il est donc ptos
raisonnable de s'appliquer principale*
ment aux moyens de perfectionner l'é»
ducation que l'on donne aux sourds-
muets. Là encore il y a des améliora-
tions à tenter, et la première de toutaa
est de mettre d'accord les partisans ou-
trés du langage articulé et du langage
par signes. Il ne parait pas otpendaiit
bien difficile de faire concourir ces deux
méthodes au même but, et il semble que
Texpérience ait déjà démontré l'avantage
universel du langage par signes, qui doit,
même chez les sourds* muets susceptibles
de se faire entendre, nécessairement pré-
céder et accompagner le langage oral.
La surdité est une infirmité trop fré-
quente pour qu'on n'ait pas cherché de
bonne heure à parer à êts tristes consé-
quences. Aussi existe-t-il un très grand
nombre d'institutions de sourds- muets,
non-seulement en Europe, mais encore
en Amérique et en Asie. Dans notre par-
tie du monde, on en compte plus de
120; le nombre total peut s'élever jas<^
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SUR
(591)
SUR
qu'à 140, où tDviron 4,000 iofbrtunés
reçoi?eDt rinstraction. La plot célèbre
flit rinstitat des Sourds- MueU de Parts
(an haut de ia rue SaioN Jacques) ; mais
outre celle-ci la France possède environ
SO élablissements créés i son exemple,
particulièrement à Bordeaux et à Lyon.
A Tétranger, on cite ceux de Leipxig, de
Vienne, de Berlin, de Milan, de Grœ-
ningue, de Copenhague, de Bermondsey,
près de Londres, d*Édimbourg, de Cla-
remont , de Hartfort (Conneeticut Asy-
Inm), etc. Le premier bienfaiteur connu
des sourds- muets tut le moine espagnol
Pedro de Ponce, qui s'effor^ (1670) de
donner l'instruction a quatre de ces pau-
vres déshérités de la nature. Ramirex de
Carion, John Wallis, Guillaume Holder^
et beaucoup d'autres marchèrent sur ses
traces; mais ce furent les abbés de TÉ-
pée et Sicard, en Franee, qui obtinrent
Ift plus grands résultats : ils formè-
rent aussi des élèves capables et dignes
de les remplacer. Partout la bienfaisance
publique s'intéressa à cette œuvre sainte,
et œpendani on a calculé que les |^ des
sourds-muets existant en tous pays res^
lent encore abandonnés k leur isolement.
On assure que la proportion la plus fa-
vorable à cet égard se rencontre dans
le Danemark, où tous les sourds- muets
reçoivent l'instruction. Beaucoup d'au-
tres pays plus importants sont encore loin
d'atteindre à cette situation désirable.
Que le zèle des amis de l'humanité ne se
refroidisse donc pas, et qu'il y ail tou-
jours honneur et encouragement parmi
nous pour ces hommes rares qui se dé-
vouent i la noble mission d'alléger la mi-
sère d'un si grand nombre de leurs sem-
blables! D. A. D.
SÛRETÉ , voy, Policx.
8URETÉ OIÎNÉRALB (comité
Dx); voy. Comité.
SURFACE, espace compris entre des
lignes qui se rencontrent, étendue en
longueur et largeur seulement, abstrac-
tion faite de la profondeur ou épaisseur.
Les surfaces sont ainsi les limites des
corps on solides {voy,). Sur le terrain, les
aurfaces prennent de préférence le nom
d^ impeificies.
Le mot aire esi égaleoaeul synonyme
de lurface; nais il serait peut-être plus
convenable de l'affeeter spécialement à
l'étendue superficielle envisagée par
rapport a sa grandeur , le mot tiirface
s'employant le plus souvent pour dési-
gner la forme.de la figure, quelle que soit
la limite.
Les surfaces sont planes ou courbes^
suivant qu'on peut ou qu'on ne peut pas
y appliquer une ligne droite en tous sens.
Les figures tracées sur le papier, sur un
tableau plan, sont en général des sur-
faces planes; différents solides, comme la
sphère, le cylindre, le oune, etc., offrent
sur leur contour des surfaces courbei..
Des surfaces planes, les unes sont rectili-
^/i^/'quand elles sont limitée! par des
Hgnes droites; les autres sont curvilignes
ou mixtilignes lorsqu'elles sont limitées
par des lignes courbes ou par une com-
binaison de lignes droites et de lignes
courbes.
Nousavonsdéjà donné, au mot Fioub^,
les noms des diverses surfaces dont s'oc-
cupe la géométrie. Nous avons fait voir
que si une seule ligne courbe peut quel-
quefois enfermer un espace, le moindre
nombre de lignes droites nécessaires pour
former une surface est trois, et que pir
conséquent le triangle est la surface rcc-
tiligne limitée parle moins de lignes pos-
sible. Chacune des figures superficielles
de la géométrie a d'ailleurs son art. spé-
cial dans cet ouvrage, nous ji'avons donc
point à noas en occuper i^i. Vqx» Po-
LYGOtTE, TaTANQX.X, ClURi, PâRâIXXLO-
GRâMMX, QUÂDaiLATBXE, TaAvizB, Lo«
XANGB, CxaCLX, SPHÂliE , CtLINOXX,
CÔNE, etc.
Mesurer une surface, c'est déterminer
combien de fois cette surface en contient
une autre donnée. Les mesures qu'on
emploie pour comparaison des surfaces
sont ordinairement des carrés. A ce mot,
à ceux de HssuaB, MiTRE,etc., on
peut voir ce que nous avons dit de la me-
sure des surfkoea ; c'est encore aux art.
particuliers qu'on trouvera le moyen d'é-
valuer les surfaces des différentes figures.
Quant aux surfaces courbes, nous en par-
lons de même aux art. des solides qu'elles
enferment. L. L.
SUROB, vof. Laihk.
SURINAM (colonie et rivière), voy^
GOTrami ROLturoaiaB.
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SUR
(592)
SUR
' S€RLBT DB GHOKIER (I^rasmr-
Louis, baron), régent de Belgique en
1881,wquità Liège, le Tï dov. 17/)9,
d^ttoe (amille de magistrats. Maire de
Gingtlom, près de Saint-ïron, pendant
la domination française, il fit de fréquents
iFoyages à Paris, oiit il se lia avec quelques
Hollandais de distinction. De 1800 k
1813, il fnt membre du grand conseil,
et de 1812 à 1814. du Corps législatif.
A Tépoque de la r^nnion de^la Belgique
à la Hollande, le soi| en ^ertu du droit
qne lui conférait la n^uTelle constitua
tion, l'a^ipela a siéger dans la seconde
Chambre dont il fit partie jusqu'en 1818.
Plus tard, il fut élu membre d/s^ États
protfndao]!^ du Limbourg. Membre de
apposition, il ne cessa de réclame!^, la
liberté jàe la presse et d'appuyer vive-
ment les pétitions dirigées contre certains
actes du gouvernement. Ses discours se
insaient remarquer par un ton satûd*
que, £icétieiix, plein d'originalité, sans
jamais dégénérer en personnalités. LprS^
que I Dsurgça, \\ fut un des
4épul i La Haye gour deman-
der la idrotnbtfÉtive de la Bel-
gique iidnde ; mais les négo-
ciatio amener un arrangement
à l'amiable entre le, rot et les josorgés
ayant échoué, il retourna dans sa patrie
et fui élu membre du congrès national
par le canton de Hasselt. Nommé présU
dent 4^ l'asfimblée, le 1 1 4Brv., il s'ac-
quitta deaes fonOtionsi^ectant de <)Ligoi-
té que chaque mbis le congrès confirma
«on choix à la présidence par une élection
nouvelle. Lor^qu^l fut question d'élire
tin roi| il vota pour M. le duc de JNe-
mours, et fut cfaÂrgé de venir à Paris of-
frir la couronne à ce prince. On sait qne
le rot liOuis-Philippe, comme tuteur de
son fils, la refusa. Cependant la nécessité
de consolider le gouvernement se faisant
de plus en plunsentir, on résolut de nom-
mer un régent, et la majorité des voix
s'étant prononcée en faveur du baron
Surlel, qui avait pour concurrent le com-
te de Mérode (vo^.), chef du paKi ca-
tholique et issu d'une des plixa nobles fa*
milles du pays, il fut solennellement
revêtu de ce titre le 26 février 1881,
après avoir prêté serment d'obserrer fi-
dèlement la constitntîon ot de maintenir
l'exclusion do trône de la maison d'O-
range. Quoique l'hortxon politique com-
mençât à s'éclaircir, le régent ne |mt ja-
mais se relever de l'espèce d'abattement
qu'if avait rapporté de Paris, et il sem-
blait sans cesse agité des plus sombrea
pressentiments: aussi embrassa -t- il avec
ardeur l'idée de placer le prince Léopold
(voy,) suir le trône de Belgique. L'entrée
solennelle du nouveau roi à Bruxelles eut
lieu le 21 juillet 1831 ; le* régent se dé-
mit àr l'insta'nt de son pouvoir entre les
mains du président du congrès, et se re-
tira à Gingelçm, où ilêxerça les fonctions
de président du conseil municipal jusque
sa mort arrivée en «oût 1839. Pendant
sa régence, au milieu des circonstances
les plus difficiles, il avait montré toutes
lès vertus d'un noble caractère et d'nn
' bon citoyen . Danssa session de 1 8 3 1 , le 30
juillet, le oongrèa lui vota une médaille et
une pension annuelle de 1 0,000 florins.
Ce témoignage de la reconnaissance na-
tionale n'a pas empêché ses adversaires
de L'attaquer avec violence; mais au moins
faut-il reconnaître qu'il s'est strictement
renfermé dans les limites tracées par la
constitutlnn, et qu'il s'est conformé aux
vœux de l'opinion publique, sans tenir
compte de ses préférences personnelles,
dans tous les i/Hes de son administra-
tion. C. L,
SURMULOT, voy. Rat.
SURR£T, voy. Norfolk.
SURSEL, voy. Sbl.
SURVILLE (Ci^TiLDB^) psendo-
nyme sous lequel parurent, en 1 803, par
les soins de Ch. Vfuderbourg, un re-
cueil d.e Poésies (Paris, sous divers for-
mau; nouv. éd., 1825), attribué géné-
ralement aujourd'hoi an marquis J.-E.
DE SuEYiLLE, émigré en 1 791 , qui servit
dans les armées des princes, rentra en
France en 1798 avec une fission se-
crète, fut arrêté, condamné a mort et
fusillé à l'âge de 43 ans(oct. 1798).
D'après l'éditeur, MA&ous&iTB-ÉLio-
NOaS-CLOTILDK DE VaLLON - ChaUS,
dame de Sueville, serait née vers l'ui
1406. Qu'une dame de ce nom ait
réellement existé à l'époque indiquée,
et qu'elle ait écrit des poésies, c'est oe
qui est incertain ; mau ce qui demepre
ineontestable, c'est que le recueil donné
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sus
(&93)
SUS
sont ton nom n^ett qu'un* prodoction
iDoderDjB mtladroitenieDt déguisée sont
uo« orthographe biiarre. L'tatenr ne pa-
ratt pas même s*étre douté des modifica-
tions essentielles introduites dans notre
poétique francise à la fin du xvi* siècle ,
car il suit dans sa versification les règles
observées seulement depuis Malherbe.
Nous ne nous arrêterons pas au grand
nombre d'anachronismes qu'on y ■ rele-
vés y nous renverrons à l'article critique
que Raynouard a inséré dans le Journal
des Sapants de Juillet 1834. Nous ajoute-
rons seulement que, malgré leur défauts,
les poésies de Clotilde de Surville décè-
lent souvent, de la part de leur auteur,
une naïveté et une délicatesse de senti-
ments qui ont pu faire croire à Pœnvre
d'une femme : c'est le plus bel éloge qu'on
puisse leur donner. Em. H-g.
SURVILLIERS (comtb oï), vo/.
Joseph Napoléon. Il est mort à Florence,
le 38 juillet 1844.
SUSB, sur la rive orientale du Choaa-
pes, aujourd'hui Rerrah, capitale de
la Susiane et résidence ordinaire des
rois de Perse, qui paraissent l'avoir choi-
sie pour se rapprocher de la puissante
Babylone. Selon Strabon, cette ville
avait 120 stades de circuit, et selon Po-
lyclète, 200; mais, à l'exception du pa-
lais royal qui servait en même temps de
ciudelle» elle n'éuit pas fortifiée. Les
palab, les parcs, tous les établissements
exigés par le luxe des despotes orientaux
y étaient nombreux et d'une immense
étendue. C'était dans leur palais de Suse
que les monarques de la Perse gardaient
la majeure partie de leurs trésors. Alexan-
dre y trouva 60,000 talents qu'il distri-
bua à ses soldats, et, après lui, Antigone y
trouva encore la moitié de cette somme.
Il ne reste de tonte cette magnificence
que des ruines et des monceaux de dé-
combres qui couvrent six lieues de ter-
rain à deux milles a Touest de DesphuK
Ces ruines consistent en fragments de
briques séchées au soleil, comme celles
de Babylone , en quelques pans de murs
couverts d'biéroglyphes, et en deux ter-
rasses de forme pyramidale dont l'une
n'a pas moins d'un quart de mille de
tantfl les appellent le château et le palais.
An pied de la plus haute s^élève un pe-
tit édifice surmonté d'une coupole que
l'on indique aux voyageura comme le
tombeau de Daniel. Le Livre de Daniel
nous apprend en effet que ce prophète a
vécu à Suse, et quoique la Bible se taise
sor le lieu où il est mort, rien n'empé*
che d'admettra comme vraie la tradi-
tion, conservée par les Juifs et les Ara*
bes, qu'il a terminé ses jours dans cette
ville. Z.
SUSPENSE (dr. canon), voy^ Cur-
SUKKS BCCL^IASTIQUSS et InTBEDIT.
SUSPENSION, voy. Pendaison.
SUSSEX, voy. Heptarchie.
SUSSES ( Auguste- FainiEic, duc
DE ), né le 27 janv. 1778, était le neu-
vième enfant et le cinquième fils du roi
d'Angleterre George III (vtry» ce nom).
N'étant pas destiné, comme ses frères at-
nés, à une carrière active dans l'armée
ou dans la marine, son éducation litté-
raire et scientifique fut plus soignée. Il
étudia à Gœttingue sous le célèbre phi-
lologue Heyne, et son séjour prolongé
sur le continent ajouta à ses connaissan-
ces acquises l'usage du monde et Taisanoa
des manières. Il résida tour à tour à
Rome, en Suisse et en Portugal. Créé
pair d'Angleterre, le 7 nov. 1801, avec
les titres de comte d'Invemess et baron
Arklow, il se rangea dès lors du c6té des
whigs; bientôt ses opinions libérales,
hautement avouées, en firant le chef de
ce parti à la Chambre des lords, et, au
dehors, le plus populaira des membres de
la famille royale. Sans déployer jamais
un talent de premier ordra, il prêta sou-
vent aux grands principes de la liberté
politique et religieuse l'appui d'une élo-
quence simple et natnralle, et l'autorité
qu'ils ne peuvent manquer d'acquérir en
passant par la bouche d'un personnage
placé sur les pramien degrés du trône.
C'est ainsi qu'en 1812 et en 1829, il se
montra l'avocat chaleureux et intelligent
de l'émancipation catholique, et qu'en
1882 il gagna par son exemple à la cause
de la réforme parlemenuire une partie
de l'arbtocratie. On remarqua aussi les
discoun qu'il pronon^, le 27 déc. 1 8 1 0
hauteur, et dont l'auûre, moins élevée, 1 et le 25 janv. 1811, sur la question de là
a le donble de drconférenoe : les habi- 1 régence. A l'âvéoement de sa nièce Yic-
SmêfÊlop. d. 0. â. M. Tome XXL
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sus
(S»4)
swe
toril, dont il avait contribué à diriger
Téducation politique, et qui conserva
toujours pour lui beaucoup de respect et
d*altachement, il prit rioitiative du pro-
jet d'adresse à la Chambre des lords, et
adjura les partis de suspendre leurs ini-
mitiés ponr inaugurer et affermir le règne
de la jeune reine. Bien que sa fortune
particulière ne fût pas à la mesure de sa
jibéralité, on le vit toujours prêt à pro-
téger de son auguste patronage tous les
établissements créés dans un but libéral
ou charitable. Ami éclairé des sciences
et des lettres, il était président de la So-
ciété ro]fale de Londres, de celle pour
Tencouragement des arts et des manufac-
tures, grand-matire de Tordre des francs-
maçons, etc. Sa riche bibliothèque ren-
fermait la plus belle collection de Bibles
connue ^ Il est mort le 21 avril 1843,
et a voulu rendre un dernier hommage
à Tégalité, en demandant k être enterré,
contre l'usage des princes, dans un cime-
tière public.
Le duc de Sussex avait été marié deux
fois, mais aucun de ces mariages n'avait
reçu la sanction du bill de George III,
qui règle les unions royales. Il avait
épousé sa première femme, lady Augusta
Murray, fille du comte de Dunmore,
d'abord à Rome, le 4 avril 1793, puis à
Londres, le 5 déc. de la même année.
Ce mariage fut déclaré nul par la cour
des prérogatives au mois d*aoùt suivant.
De ce premier mariage sont issus sir Au-
guste Frédéric d'Este,né le 13 janv. 1794,
colonel dans Tarmée anglaise*^*, et Ellen-
Augusta d'Ëste, née le 11 août 1801.
Lady Augusta Murray, qui avait pris en
1806, avec l'autorisation royale, le titre
de comtesse d'Aïueland, est morte au
mois de mars 1830. La deuxième femme
(*) On «a doit le catalogue descriptif à Th.-
Jo». Pettigrew (L<md., 1847, a toI. ia-4°). Cette
bibliothèque, riche surtout ea éditious et en tra-
dnctions de la Bible, Ta être mise ea Vente et
probablement dispersée. S.
(*') Soutenant U léginmité da mariage de ses
parents, il a récemment essayé de faire valoir
ses droits au parlement britaunique, devant le-
quel toutefois il a éi:houé. Cependant il inro-
qge eacore les lois allemandes en faveur de la
fntare saccetsiun an royaume de Hanovre.
Ses prétentions appnyées par Kliiber, il y a
quelques années, eut été combattues par nu ju-
riM!MiattlKHiMaseé»èbr0,M.ZacherifB. 8«
du duc, lady Ceci lia UnderWood, fille
du comte d'Arran, a été créée ducbesse
d'Inverness, en 1840, par la reine Vic-
toria. K-Y
SUTTIES ou SuTTiEHs, nom indien
de l'usage aujourd'hui défendu dans les
possessions anglaises qui commandait
aux femmes hindoues de se faire brûler
vives sur le cadavre de leur mari. Foy.
BUCHER.
SUWAROW, voy. Souvoeop.
SUZB (marquisat de), vox> Pii-
MONT.
SUZB ( comtesse de La ) , femme
podte et bel espnt, contemporaine de
M"** de Sévigné, moins connue qu'elle
par ses Lettres, éuit une descendante
de G)1igny et resta fidèle à sa religion
en se mariant à un protestant ; mais cette
union ne fit pas son bonheur. Née en
1618, elle mourut en 1673.
SUZERAIN, voy. Fief et VASSALixi.
SVÉABORG, port excellent et for-
teresse de premier ordre, est le siège de la
flotte côtière dite des skœres^ dans la Fin-
lande [voy.), Don loin d'Helsingfors, sur
le golfe de Finlande. Naturellement très
forte, cette position fut encore fortifiée
depuis 1749, sous la direction du feld-
maréchal comte Ehrenswaerd. La ville a
environ 3.500 habitants.
SWEDENBORG (Emmanuel de),
le plus célèbre des théosophes du xviii*
siècle, naquit à Stockholm le 29 janv.
1688. Il étudia la philologie, la philoso-
phie, les mathématiques et les sciences
naturelles que les conseils de son père,
l'évéque Jesper Swedberg, l'habituèrent
de bonne heure à considérer principa-
lement sous le point de vue religieux; et
après avoir visité , de 1710 à 17 14 , les
principales universités de l'Angleterre,
de la Hollande, de la France et de l'Al-
lemagne, il revint se fixer à Upsal où il
publia en latin le recueil intitulé Dédale
hjrperboréen et consacré aux sciences
mathématiques et physiques. Admis en
présence de Charles XII^ il eut plusieurs
entretiens avec ce prince qui le nomma
assesseur au collège des mines. L'inven-
tion d'une machine roulante au moyen
de laquelle il parvint à transporter de
Striemsudt à Idefjal, en dépit de tous
les obstacles qu*o(fraient les accidenu du
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(SM)
8WE
ttnrtlB» mie chaloope, deux galèrei «t
quatre f;itilidei pénichet néeeiâairéè aa
siège de Frederilûball, lai acquit de plus
eo plus, de même que aea traités sar i*al-
gèbre, snr la valeur de l'argent, le cours
des plaoètes, le 6ux et le reflux de la
mer, etc., la faveur du gouvememeut
suédois : aussi, en récompense de ses
services, la rdoe Ulrique l'ennoblit*
elIC) en 1719, sous le nom de Sweden^
borg. L'année suivante, il fit un voyage
rainéralogique en Suède et en Allema-
gne afin d'étudier tes métbodeid'eiploi-
tatioD des mines de la Saxe et du Harz.
Ce fiit pendant son séjour en A llemagne
qu'il publia les Mtsceltanea observata
eirca tes naturales (Leipz., 1733), oà il
posa les bases du système qu'il développa
plus tard dans ses Principia rtrufn na^
tarait um et dans son Prodromus philo^
iophiœ ratiocinantisde infini to et causa
finaU creationis ( Dresde et Leips. ,
1 784). Selon Swedenborg, le fini ne peut
■voir son origine que dans l'infini; le
fini composé ramène à l'unité simple, et
cette unité est le point physique qui ,
comme le point mathématique, n*a point
d'étendue, mais est le principe de tout
mouvement. La forme de ce mouvement
doit être la plus parfaite possible, et il
tt'y en a point de plus parfaite que la
spirale. De pareils points renferment en
eux le principe actif et pasiif du mou-
vement, d*oà naît le premier fitri dont
le mouvement doit être également spi-
ral, du'centre à la circonférence et de la
circonférence au centre; de là les pôles
opposés. Ces substances simples sont-
dles si nombreuses qu'elles se touchent
et se compriment, elles forment des sub-
stances composées dont la dernière est
l'eau. Le sont-elles moins, le principe
actif des substances simples se matrff^te
d'une manière prédominante dans les
•ubstances composées sur Féchelle des-
i|uelles le feu occupe le dernier rang.
Mais comme les deux principes actif et
passif finissent par ^équilibrer et par
l'unir, le mouvement spiral ne discon-
tinuant jamais, il en naît le premier élé-
ment, substance du Soleil et des étoiles
fixes, qui ont également un mouvement
lutériear en spirale et dont émanent suc-
ttsaivement les autres substances, toutes
plaoêèi rêlatitelkiént les tiuei aut lotrÀ
daM un état de gradation et de dépen*
dance. Ahisi là substance du soleil pro-
duit la matière toagnétique, celle-ci
donne naissance à Téther, lequel à son
tour engendre l'air, etc.; en sorte que
tout se tient, tout s'enchaîne, dans une
harmonie stable,
Swedenborg ne tarda pas à appliquer
ses idées à la création animée, et parti-
culièrement à l'homme. Il publia 4 ce
sujet plusieurs ouvrages dont voici les ti-
tres : 0£conomiaregnianimûlis(Loné.
1740-41, in-4»), Eegnum animale (f. 1
et n, La Haye, 1744; t.III, Lond.,
1746, in-4«j; De cuttu et amote Dei
(Lond., 1740, î vol. in-4»). Puis s'en-
gageant de plus en plus dans la route où
il venait d'entrer, il se crut appelé à fon-
der la Nouvelle Jérusalem dont il est
question dans TApocalypse, et pour le
mettre en état de remplir dignement une
si haute vocation, il renonça (1747) aux
fonctions qu'il remplissait dans le collège
des mines, et se consacra tout entier à
l'étude de la philologie et des sciences
théologiques.
Les écrits qu'il rédigea, s'il faut l'en
croire, sous l'inspiration immédiate de
l'Esprit Saint, sont très nombreux; nous
ne citerons que le principal, les Jrca^
nia cœlestia^ quœ in stHpturâ iacra
verbodominisunt détecta (Lond., 1749-
56, 8 vol. in-4<»). Ils trouvèrent beaucoup
de lecteurs dans toutes les classes de la
société, et étonnèrent d'autant plus que
la malveillance même était fbircêe de re»
conbaKre en l'auteur un homme d'une
piété sincère et de mcfeurs pures, un sa-
inti plein d'érudition, Un penseur pro-
fond. Sa modestie et sa position in-
dépendante éloignaient également tout
soupçon de vues ambitieuses ou égoïstes.
Dans la société, Swedenborg mdntritit
toute la politesse d'un homme bien n^;
sa conversation était iùstrttcliveet agréi-
Me; ses manières nobles et dignes. Quoi-
que célibataire, il aimait à s'entretenir
avec des femmes Spirituelles ou de di-
stinction, et il évitait en toute circon-
stance de Se singulariser. S'il venait à
parler de ses prétendues visions, il le fa^
sait avec assurance, mais aussi sans for-
fiintcrie. Lorsqu'il se vit en butte «tu
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SWE
(m)
SWE
âtiaqoM da ckrgé, il mit bMnooiip de
ratenae dans Mt diaooan. Ces ■tUqves
d*tilleiun ne loi attirèrent pas d'aotret
désagréments, grâce à la protection d'A-
dolpbe-Frédéric et des principaux évé-
qoes. Il mourut à Londres, d'une attaque
d'apoplexie, le 29 mars 1772,
Sa conviction sur la réalité de aea tî-
sioDS et de ses rapports immédiats avec
la Divinité était entière; rapports tout-
à-fait intérieurs , s'établiisant par une
illumination de Tesprit pendant qu*il li-
sait la parole de Dieu. Aussi l'Écriture
sainte était-elle à ses yeux l'unique source
de la connaissance ; mais il y cherchait,
BOUS le sens littéral, un sens mystérieux
et caché quHl croyait lui être révélé dans
ses extases. Il rejetait la trinité hyposta-
tique qu'admettent les orthodoxes dans
toutes les communions de l'Église chré-
tienne, et il ne voulait voir dans le Père,
leFiliet le Saint-Esprit que trois mani-
festations diverses d'une seule Personne.
Selon lui, la divinité et l'humanité n'é-
taient point distinctes dans le Christ,
mais unies comme l'âme l'est au corps, en
sorte que l'incarnation n'a nullement mo-
di6é l'essence divine en Jésus, de même
que l'humanité en lui ne différait en rien
de ce qu'elle est dans les autres hommes.
Les protoplastes ou premiers hommes ont
été créés libres et capables de s'élever
graduellement au bien moral. Mais cette
liberté ne pouvait être en eux qu'un
effet continu de la vie divine qu'ils
avaient reçue et qu'ils devaient s'appro-
prier en quelque sorte. Ce ne sont pas
eux qui ont péché, c'est une génération
postérieure, car par le mot d'Adam, il
ae faut pas entendre seulement notre
premier père, mais toutes les gêné*
rations des hommes jusqu'à Noé. La
chute de l'humanité n'a pas eu lieu in-
stantanément ^ celle-ci s'est corrom-
pue peu à peu jusqu'à Noé, sym-
bole d'une nouvelle Église. Il n'y a point
de péché originel , mais seulement un
penchant héréditaire au mal qui, à moins
d'une régénération, acquiert de plus en
plus de force, de sorte que l'équilibre
finit par se rompre, et que Thomme n'est
pat susceptible de recevoir l'action mé-
diate de Dieu. Tel éuit Tétat de l'hu-
manité, lorsque Dieu choisit Tbomme
Jésus, glorifié par sa victoire sur lee ten»
tations et les souffrances, pour devenir
l'organe d'une action immédiate sur tout
ce qui peut restaurer et conserver la li-
berté de la volonté ou le principe du
bien en l'homme, afin de sauver les hom-
mes et de les réconcilier avec lui. L'effet
de la grâce n'est pas borné à l'Église
chrétienne; ceux-là mêmes qui n*en font
point partie peuvent être sauvés pounra
qu'ils se conduisent conformément aux
prescriptions de leur conscience et de
leur religion, auquel cas ils finissent
toujours, ne fût-ce que dans l'antre
monde , par adopter la croyance à un
seul Seigneur et Dieu. Cette croyance
purifie et spiritualise l'amour de Dieu et
du prochain que la nature elle-même a
mis en nos coeurs, et à son tour elle
devient sanctifiante en s'unissant à cet
amour et en devenant ainsi active. Mais
cet amour ne peut acquérir un empire
durable sur l'homme, ni devenir le prin-
cipe dirigeant de toutes ses actions, qu'à
condition que celui-ci fuie le mal , en
tant que mal, et non pour quelque antre
motif. S'il l'évite librement, il ett gra-
tifié de cet amour sanctifiant , et la ré-
génération peut s'accomplir en lai dans
l'autre vie; car chacun emporte en mou-
rant ses penchants et ses sentimenu, et
continue sa vie dans un monde iotermé- '
diaire jusqu'à ce que tout en lui soit
préparé, soit pour le ciel, soit pour l'en-
fer. L'enfer n*est point un feu matériel,
car spirituel et matériel sont deux ter-
mes contradictoires, de même que ma-
tériel et éternel. Par la même raison ,
on ne peut admettre la résurrection dea
corps ; mais après la mort, l'âme est re-
vêtue d'un corps spirituel. Le jugement
dernier ne sera qu'une translation dans
le ciel ou dans l'enfer du reste des ha-
bitants du monde intermédiaire, et cet
acte de la rédemption , nécessaire à la
conservation du tout, n'aura pas lieu à
fin du monde, mais, comme le dit l'É-
criture, à la fin d'un sièele ou d'un œam^
c'est-à-dire à la fin d'une Église. Le jn*
gement dernier a donc pu s'opérer sam
que les hommes s'en doutassent, et il
I s'est opéré en effet au milieu du xvni*
siècle : l'esprit humain a été délivré dea
entraves que lui avait imposées une foi
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SWE
(697)
SWI
âVMigle I et tontei 1e§ tcieocM, partica-
lièrement la théologie, oot tabi noe mé-
tamorphose complète.
Parmi les ouvrages de Swedenborg,
ttoas mentionnerons encore les suivants :
De cœlo et ejus mirabilibus et de in^
ferno ex auditii et visis (Lond., 1758;
trad. fr.y par Pemely, 1782); De ultU
mo judicio et Babytoniœ destructione
(id.); De novd Hierosofymd (id.; trad.
franc, par Ghasianier, 1784); Sapien^
tia angelica de dfvino amore (1768,
trad. fr. par M. Lebo^fs des Guays, et
publié par une société des membres de
la nouvelle Église do Seigneur J.-C,
signifiée par la Nouvelle- Jérusalem, Pa-
ris, 1 843, in-8*); Dedivind Providentid
(1764); Apocalypses repeiata (1766);
Fera christiana reiigio, seu unwersa"
lis theologia novœ ecclesiœ (Amslerd.,
177 1 , in- 4?), ouvrage qui contient toute
la doctrine théologique de Swedenborg.
Il a été publié en français vin Abrégé des
ouvrages de Stvedenborgj par Dallant
de la Touche (Stockholm, 1788).
Les doctrineade Swedenborg trouvè-
rent un assez g^nd nombre de parti-
sans jusque dans le clergé suédois. Il
se forma à Stockholm, en 1786, une
société ezégétique philanthropique, qui
comptait parmi ses 'membres de très
haut personnagea, pour la traduction
et la publication des œuvres de ce théo-
sophe célèbre ; mais elle ne subsista pas
longtemps. Elle fut remplacée, en 1796,
par une autre qui prit le nom de Société
de la foi et de la charité, et qui s'est ré-
pandue dans toute la Suède, sans former
toutefois des congrégations dissidentes.
C'est l'Angleterre qui doit être regardée
comme le véritable centre du stveden-
borgisme. Les efforts de Thomas Harlley,
recteur de Winwick, et surtout de John
Clowes, recteur de Tégllse de Saint- Jean
de Manchester, le traducteur de la plu-
part des écrits de Swedenborg et le plus
aélé défenseur de ses opinions, l'y pro-
pagèrent rapidement, malgré l'opposi-
tion qu'ils rencontrèrent dans l'Eglise.
Dès Tannée 1782, une société se fonda
à Manchester pour la publication des
œuvres de Swedenborg; en 1818, elle
en avait déjà distribué plus de 260,000
voluiocs. En 1788, una société phUan*
thropiqne s'organisa à Londrea dans le
même but, et elle ne s'est pas montrée
moins active. Cinq ans après, les swe-
deriborgbtes fondèrent leurs premières
chapelles pour Teiercice de leur culte :
on en compte aujourd'hui près de 50
dans le Royaume- Uni. La constitution
de leur Église repose entièrement sur le
principe représentatif. Chaque commu-
nauté élit son représentant au synode
qui s'aasemble une fois par an et confirme,
après leur avoir fait subir un eiamen, lea
pasteurs proposés. La consécration ap*
pariienta une classe de fonctionnaires su-
périeurs de l'Église, appelés ord/zian/f. Le
synode est en même temps chargé de l'ad-
ministration des biens de l'Église, sous la
surveillance du gouvernement. Ia même
constitution régit les communautés de la
Nouvelle- Église aui Éuu-Unis. Les sy-
nodes des deux pays sont en correspon-
dance suivie, et s'adressent chaque année
des rapports, appelés minutes ^ qui, avec
les Journals of proeeedings et The intel'
iecttial Repositojy and New Jérusalem
magazine y fondé à Londres en 1880,
sont les seuls organes officiels de l'Église
swedenborgiste. En 1818, il s'est consti-
tué à Manchester et à Salford une société
des missions de la Nouvelle Église qui a
établi une succursale à Londres, en 1 820.
Cette dernière ville a aussi, depuis 1821,
sa société particulière des missions et des
traités. Une société pareille existe à Edim-
bourg depuis 1822. Une école gratuite
pour les garçons a été fondée à Londrea
en 1818, et une autre pour les filles en
1 827. On peut consulter sur Swedenborg
et sa doctrine, outre les nombreuses tra-
ductions qui ont été publiées en français
de la plupart de ses ouvrages, la iVott*
pelle Jérusalem (Paris, 1832-85, 8 vol.
in-8o) de M. £. Richer. C. L.
SWIFT (Jonathan), né à Cashel
(comté de Tipperary), en Irlande, le 80
nov. 1667, manifesta de bonne heure
cette humeur excentrique qui se révèle
d'une manière si originale dans ses ou-
vrages. Après avoir fait des études peu
brillantes au collège de la Trinité à
Dublin , il fut mis à l'université de cette
ville , où il fit un meilleur usage de son
. temps. Lorsque aon éducation fut ter^
I minée, sa mère l'envoya en Angleterre
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SWI
pr^ d« «ir WilHtin Temph» àan% Mn
était pareDte éloignée. Présenté par lui
au roi Gaillaoïne III , Swift eut l'art de
plaire i ce monarque, qui lui doppa ^Mm
prébende à Kîlroot, en Irlande. Mais il
résigna bientôt lea fonctioM pour reve-
nir auprès de Temple , devenu aou ani.
Il fut, après la mort de ce dernier, pom-
mé au riche doyenné de Sainte Patrick ,
près de Dublin ; la reioe Anne lui avfit
même fait espérer un évéché; maia la
tiédeur de ses principes religieux servit
de préteite è Pioeséôitiop de cette pro-
messe. Swift, mécontepty ratouma en
Irlande et écrivit ses Lettres du dm^
pieTt pamphlet politique remarquable
3ui lui rendit la popularité que sa con*
uite lui ayait fait perdre. Il pe songea
plus qu*è jouir des plaisirs de la société.
Pendant son séjour cheas Temple, il avait
conçu une passion pour la fille de l'in-
tendant de ce saigneur, qu'il a célébrée
sous le nom de Stella : il l'avait fait ve*
nir auprès de lui en Irlande , et vivait
evec elle dans une sorte d^union plato-
nique. Cette intimité durait depuis seiae
eus I lorsqu'il Tépousa \ mais le mariage
q'apporta aucun cbapgement daus leurs
relaiionSf La mort prématurée de cette
femme aimable, victime de la négligence
dans laquelle Swift la laissa languir, in-
disposa l'opinion contra Iqi, et il cher-r
cha à échapper à l'apimadversioo dont
il éuît l'objet, eu faisant de fréquepU
voyages en Angleterre , oi^ il éuit lié
evec Pope. IKais délaissé per la plupart
de ses aipis, il traîna le reste de ses
jours dam de* infirmités qui pe firept
qu'accroUfe ppn humeur misanthro-
pique. Pluiieura atUques d'apoplexie
ébriiolèreut profondémept ses facultés et
précédèrent sa mort, qui eut lieu le 39
oct 1745. Swift a beeueonp écrit ; ses
ouvrages les plus coppus sopt : |e Cnmte
du Tonneau (plus propremeut Conte de
ma mère l'oie) ^ satire allégorique diri-
gée contre le pape, Luther et Calvin, qui
parut saps nom d'auuur ep 1704; T/ie
battle of the books le suivit de près;
mais le chef-d'œuvre du satirique an-
glais est Sm. Gulliver'4 travels in$o
seueral remote nations (Lpnd. , 1796 ,
2 vol. in-8*») , ottvrege qui a servi de
modèle au Mtcratnégas de Voltaire et
( m ) SYD
qui bit ressortir avec esprit et
toute rinfirmité de la nature humain^
Le Voyage de Gulliver dans le pays dea
Lilliputiens a été trad. eu franc, par
l'abbé Guyot-Detfontaines, La Hayp
(Paris), 1737, et souv. réiropr. àm-
puis. Il faut encore mentionner VHistory
qf tlie four last years qf the QuecM
(Anna). Les oeuvres de Swift, avec aea
Lettres , ont été réunies en 14 vol. in-4%
Loih1>, 1755; d'autres éditions en ont été
faites depuis, entre autres par W. Scott,
Édimb., 1815, 19 vol. in-8«. Sa proae
est supérieure a ses vers. A. B.
STAGRIUS, général romain, maître
des Gaules au moment de l'arrivée des
Francs qui le vainquirent à la bataille de
Soiasons, en 476, voy, Fraitcs et Clovis.
SYBARITES , habitanu de Sybaris,
ville de la Lucanie, auparavant de le
Grande-Grèce (voy. T. XII, p. 755), sur
le golfe de Tarente. Lea Sybarites qui,
dans un climat délicieux, jouissaientd'une
grapde prospérité, étaient renommés pour
leur sepsualité : aussi leur nom se donne-
t-il encore aujourd'hui à des hommes
adonnés à la mollesse et aux jouissances
de la table.
SYCOMORE, voy. Éxablx et Fi*
GUIEX.
SYCOPOANTE (de<rv«ov, figue, et
^ivft>, dénoncer) est up mot emprunté
du grec qui signifie fourbe, fripon, dé-
lateur. C'était primitivement à Athènes
un inspecteur chargé d'empêcher l'ex-
portation des figues hors de l'Atliquedaps
les temps de disette, et de dénoncer les
personnes qui eu Tepdaient a des étran-
gers. L'abus que ces inspecteurs firent de
leur autorité les fit prendre en haine, et
le nom de sycophante est passé de la lan-
gue grecque dans les langues modemea
comme une injure dont en flétrit Thypo-
crisie et la délation. F. O.
SYPENOAN (Thomas), un des plus
célèbres médecins de l'Angleterre, né en
1624 à Windford-Eagle (Dorseuhire),
commença ses étude^à Tuniversité d*Ox<-
ford; mais la guerre ayant éclaté entre
Charles I" et le parlement, Sydenham ,
tout dévoué au parti républicain, ne vou«
lut pas combattre pour le roi, qui tenait
firoiAOïi a Oxford, et quitta cette ville
poi^r fe rçqdre à foudres. Il y fit la coiv*
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SYL
(699)
SYL
naissaiice de Th. Coxe qui l'eogagea à $e
livrer à l*étude de la médecioe. La gar-
nison d'Oxford 8*étant soumise au parle-
ment, Sydenham retourna dans cette
ville, où il prit, en 1648, le grade de
bachelier; quelque temps après, il reçut
à Cambridge le bonnet de docteur. De-
pub 1 65 1 , il pratiqua avec le plus grand
succès à Londres, ou il mourut le 29 déc.
1689. Infatigable observateur de la na-
ture, il se bornait à étudier sa marche,
sans essayer de la plier à des règles systé-
matiques, et il se plaisait à attendre qu'elle
agit toutes les fois que le mal n'exigeait
pas un prompt remède. Sa méthode lui
acquit bien vite la réputation d'un habile
médecin, Plusieursde ses ouvrages jouis-
sent encore aujourd'hui d'une grande au*
torité, nommément son traité De la po^
dagre[\^^Z)y maladie qu'il put étu-
dier sur lui-même. Ses ObsetvaUones
medicœ circa morborum auctorum his-
toriam et curationem (1675) ont rendu
soU nom immortel dans l'histoire des
maladies épidémiques. Il avait si peu
d'estime pour les ouvrages de médecine
de son temps, qu'il recommandait de lire
plutôt Don Quichotte, La dernière édi*
tion de ses œuvres est celle de Kuhn
(Leipz., 1827, in-13). Oo en doit une
trad. franc, à A.-F. Jault (Paris, 1774,
2 vol. in-8^ plus, fois réimpr.). C* Z».
SYDNEY, voy. Sidney.
SYÈNE, aujourd'hui ^iJooa/i ou El-
Souarit voy, Egypte^ T. IX, p. 263,
SYÉNITE, voy. Gbahit.
SYLLA ou SuLLA (LuGius Coehe-
Lius), né à Rome, Tan 1 4 6 av. J .-G . , des-
cendait d*une branche de la famille Cor-
nelia, illustre dans les annales de Rome
{voy* T. VU, p. 1 6, la note), mais alors
déchue de son ancienne gloire. Malgré la
bonne éducation qu'il avait reçue, et qui
permettait à un jeune homme d'aussi
haute naissance d*aspirer aux honneurs,
il passa sj jeunesse dans des excès de
tous genres, avec des histrions et des
prostituées. Le legs que lui fit la courti-
sane Nicopolis et l'héritage qu'il recueil-
lit de sa belle- mère l'ayant placé au pre-
mier rang parmi les chevaliers romains
les plus opulents, il sentit enfin la néces-
sité de renoncer à la vie oisive qu'il avait
menée jasque-là| et il ail» servir «n Afri-
que avec le grade de questeur. MaHut,
qui n'avait vu d'abord en lui qu'un dé-
bauché sans talent militaire, changea
bientôt d*opinion sur son compte, et ap-
prit à Testimer comme un de ses meil-
leurs lieutenants. Lorsque Bochus lui
demanda la paix, ce fut Sylla qu'il choi-
sit pour en régler les conditions, et le
jeune questeur , par son adresse plus
encore que par son éloquence, réus-
sit à se faire livrer Jugurtha, enlevant
ainsi à son général la gloire de terminer
la guerre de Numidie. Sylla suivit plus
tard Marins dans les Gaules; celui-ci le
chargea de combattre les Tectosages et
ensuite le peuple belliqueux des Marses.
Il vainquit les premiers et fit prisonnier
leur roi Gapillus; mais contre les seconds,
il n'employa d'autres armes que la per-
suasion, et il les amena à s'allier aux Ro-
mains, Tant de succès excitèrent la ja-
lousie de Marins, et Sylla, n'ayant rien
à en espérer, le quitta pour s'attacher au
second consul Catulus. Nommé préteur
quelque temps après, Sylla, à l'expira-
tion de sa préture , obtint le gouverne-
ment de la province d'Asie , avec mis-
sion de placer sur le trône de la Cap-
padoce Ariobarzane que la nation avait
élu roi du consentement du peuple ro-
main, après qu'il aufait chassé le fils de
Mithridate, qui y régnait sous la tutelle
de Gordius. Une seule victoire lui suffit
pour renverser ce fantôme de roi. Il con-
clut ensuite une alliance avec le roi des
Parthes, et retourna à Rome couvert de
gloire. Dans la guerre sociale {voy. Al-
u^), il reçut, comme Marins , le com-
mandement d'une armée (l'an 91 av.
I J.-G.), et il effaça son rival par son infa-
tigable activité et sa bravoure. Au reste,
il convenait lui-même qu'il était redeva-
ble de ses succès a sa fortune plus qu'à
sa prudence et à ses talents miliuires :
aussi aimait-il à s'entendre surnommer
V heureux (felix).
En récompense de ses éclatants servi-
ces, il fut élevé au consulat, l'an 88 av.
notre ère, et, dans le partege des provin-
ces, le sénat lui assigna l'Asie, en lui
confiant la conduite de U guerre contre
Mithridate (vo/.), qui avait réduit sooa
son obéissance une grande piArtie de la
Grèce. Cependvit M*riua| dont l'i^r
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SYL
(600)
SYL
iueoot éuit «ncore puiisaote | te £t don«
Der le même commandemeot par la fac-
tion populaire : auititôt SjUa , sûr de sod
armée, marcha contre Rome. Il en résulta
une guerre civile qui se termina par la
proscription de Marins (voy.) et de quel-
ques-uos de ses partisans. Après avoir
raffermi dans la ville Tautorité des lots
▼iolées par ses adversaires , rétabli le
pouvoir du sénat, daus lequel il fit rece-
voir 800 chevaliers, Sylla psrtit pour la
Grèce, oii, la fortune ne se lassa pas de le
favoriser. Il chassa Mithridate de TEu-
rope, le poursuivit jusque dans le coeur
de ses ËUU, et le contraignit à lui de-
mander une paix que Sylla désirait lui*
même avec d^autant pliu d'ardeur que sa
présence était nécessaire en Italie.
En effet, pendant son absence, le
parti de Marins avait repris le dessys à
Rome ; Marins lui-même avait été rap-
pelé; Sylla déclaré ennemi public, ses
biens confisqués et ses partisans proscrits.
La nouvelle de son retour suffit pour
tuer son rival, affaibli par l'âge et la ma-
ladie (86 av. J.-C). Sjlla débarqua à
Brindes, à la tête de 40,000 hommes, et
pénétra sans obstacle dans la Campanie,
où son armée se grossit d'une foule de
ses amis bannis de Rome. Ses ennemis
lui étaient néanmoins de beaucoup supé-
rieurs en nombre, en sorte qu'il lui fallut
d'abord recourir à la ruse. Après avoir
remporté en personne quatre grandes
victoires sur les consuls Carbon et Sci-
pion, il marcha sur Rome que menaçait
le Sauinite Télésinus, le défit, et entra
dans celte ville altéré de vengeance; Son
premier acte fut de faire égorger dans le
cirque 6 à 7,000 prisonniers, à qui il
avait promis la vie sauve. Bientôt, Rome
et toute l'Italie furent inondées de sang.
Des milliers de proscrits furent massa»
créa; tontes les villes du Samnium fu-
rent rasées, à l'eioeption de trois; la
population entière de Préneste, où Ma-
rins le jeune avait trouvé un dernier
asile, fut passée au fil de l'épée; et tout
couvert du sang de Unt de victimes,
Sjlla entra en triomphe dans Rome,
se fit nommer dictateur, l'an 81 av.
J.*C. Dès lors, il gouverna l'État avec un
pouvoir sans borne ; toutes les lois se tu-
rent devant la volonté* U réforma le
mode d'éleetkMi des consuls, abolit le tif-
bunat, purifia et compléta le séliat, ac-
corda les droits de citoyen a 1,060 es-
claves de proscrits , qu'il appela de son
nom Cornéliens; puis, au bout de quel-
ques années, l'an 79 av. J.-C., à l'étou-
nement général, il abdiqua la dictature,
en se déclarant audadeusement prêt à
rendre compte du sang de 100,000 hom-
mes qu'il avait versé. 11 se retira ensuite
dans une maison de campagne qu*il pos-
sédait près de Puteoli, et y passa le reste
de ses jours dans le sein des plus immon-
des voluptés. Il mourut l'an 78 av. notre
ère.
Naturellement insiniunt et persuasif,
Sylla, dans sa jeunesse, avait cherché à
plaire à tout le monde. Modeste quand il
parlait de lui-même, il élevait jiuqu'aux
nues les mérites des autres. Affable avec
les soldats, il adoptait leurs mœurs, bu*
vait avec eux , s'égsyait à leurs dépens,
et souffrait qu'ils le traitassent en égal.
Hors de table, il était sérieux, actif, tî-
gilant, et savait en imposer même aux
compagnons de ses débauches. Il ajou-
tait foi aux devins, aux astrologues et
aux songes. Selon Cioéron, il fut un maî-
tre consommé dans la débauche, l'avidité
et la cruauté; cependant, maître de lui-
même, il savait s'arracher des bras de la
volupté quand sa gloire l'exigeait. Per-
sonne ne le surpassa comme capitaine, et
aux talents d'un grand général, il joignit'
ceux d'un grand homme d'État. Terrible
dans ses menacrj, mais fidèle à ses pro-
messes, inexorable, impassible, impitoya-
ble, tenant rigoureusement la main à
l'exécution des lois qu'il faisait et qu'il
était le premier à violer, il força ses con-
citoyens à être meilleurs que lui. Il or-
donna, en mourant, de graver cette épî-
taphe sur sa tombe : « Jamais ami ne loi
a fait du bien, ni ennemi du mal , qu'il
ne l'eût rendu avec usure. » C. L,
SYLLABE, Syllabaieb, vo^* Mot,
Épellation.
SYLLEPSE ou Stnthàsb, voy. ce
dernier mot et Collectif.
SYLLES, voy. Sillbs.
SYLLOGISME ( (ruXXoycirpof > de
o-uX>oy^Çopac, j'argumente), raisonne-
ment composé de trob propositions, dont
la troisièipe se 4éduit nécessairement des
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SYL
(601)
SYL
Cest la foroM réelto de la
démoMtraUon logiqna. Son bal eti de
dégager une propoeîtioD douteoie ou con-
troversée d'une propoeitloo plot géné-
rale tenue pour certaine. Miloo mérite
la mort, disaient les amis de Clodins. U
était en droit de tuer Clodius , répon-
daient les partisans de Milon. Au fond
des deux pisidoyers se trouTaieot déve-
loppés les deux syllogismes suivants : Un
assassin mérite la mort: — Or, Milon est
un sssassin ; — Donc Milon mérite la
morU — — Il est permis de tuer à son
corps défendant: — Or, Milon a tué Clo-
dius à son corps défendiint ; — Donc il a
été permis à Milon de tuer Clodius.
Li proposition à prouver dans le pre-
mier cas était celle-ci : Milon mérite la
mort, La liaison de ces deux idées Milon
et mérite la mort n'étant pas évidente
pour tous, l'avocat avait à chercher le
rapport de ces deux idées ou termes
(nommés extrêmes dans l'école) par leur
comparaison avec une troisième idée,
par exemple assassin. Cette troisième
idée s'appelle moyen terme. Le moins
étendu des deux extrêmes est nommé le
petit terme (Milon); le plus étendu, le
grand terme (mérite la mort). La pro-
position qui réunit le grand terme et le
moyen est appelée majeure; celle qui
réunit le petit terme et le moyen, mi"
neure; on donne aux deux ensemble la
dénomination de prémisses (prœmissœ^
mises en avant), et à la dernière celle de
conséquence ou conclusion^ Voy. toiu
ces mots.
Le syllogisme est la forme nécessaire
de tout argument : on le retrouve plus
ou moins altéré dans Venthymèmcj qui
sous-entend la majeure ou la mineure;
dans le dilemme^ sorte de double en-
thymème; dans le prosyHogisme^ union
de deux syllogismes dont la conclusion
do premier sert de majeure au second ;
dans VépicAérémey syllogbme dont cha-
cune des prémisses est accompagnée de
sa preuve ; dans le sorite {yoy. ces mots),
réunion de syllogismes abrégés, où les
propositions s'enchaloent de façon que
l'attribut de la première devient le sujet
de la deuxième, l'attribut de la deuxième
le sujet de la troisième, et ainsi de suite,
qui rénnilla snjeCde la premier à hit*
tribut de ravant-demière.
Aristote a découvert avec une sagacité
rare et formulé avec une grande préci-
sion les règles du syllogisme; mais on
s'est fort exagéré la valeur de ces règles,
et, tout en les exposant, Port-Royal
avoue que cenx qui ne seraient pas ca-
pables de reconnaître la fiiusseté d'un
raisonnement par la seule lumière de
la raison, ne le seraient pas d'entendre
les règles que Ton en donne et encore
moins de les appliquer {Log,^ ^*P*)* ^^
seul principe résume tous les autres, a
savoir : que les prémisses doivent con^
tenir la conclusion. L'étude des syllo-
gismes conditionnels^ conjonetifs^ dis^
jonctifs^ etc. ; celle àm figures syllogis^
tiqueSf on des divers arrangements du
terme moyen dans les prémisses; celle
enfin de toutes les subtilités dont l'école
avait obstrué les abords de la logique,
sont généralement abandonnées de nos
jours pour les investigations sérieuses du
bon sens. J. T-t-s.
SYLPHKetSTLPHins, mots qui, sans
doute dérivés de sylvani^ sylvains, dieux
des bois, désignaient, dans la théosophie
du okoyen-âge, des esprits élémentaires
des deux sexes peuplant l'air (leur élé-
ment particulier) et se mettant fréquem-
ment au service de l'homme. Dans le
Nord, on les appelait alfou elfes {yoy,)^
nom que le roi des elfes, Oberon, a rendu
célèbre. Le mari sylphe^ conte de Mar-
montel, et la Bottcle de chepeux enlevée
de Pope, ont rendu le même service à
cette classe de génies.
SYLVAIN, divinité particulière du
Latium, était le dieu des bois (jylvœ)^
et, par extension, des champs, des trou-
peaux et des pasteurs. Comme Pan et les
panisques, propres è la Grèce, comme le
faune étrusque, comme les satyres {voy.
tous ces mots), avec lesquels on le con-
fond quelquefois, il protège les travaux
de l'agriculture, il aime et poursuit les
nymphes; comme eux, il a des pieds de
boucs, symbole de force et de fécondité.
On le représente aussi un cyprès à la
BMin (Virg., Georg.^ I, 30), en souvenir
de son amour pour Cyparimu changé
en cyprès. Enfin, il n'est pas sans affi-
jusqu'à ce qu'on arriva à une oonchisioQ I nité avec le dieu Terme (voy.)^ et voilà
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8¥L
(602)
»YU
pourquoi Horace {Épo4*f II, 90) l'appelle
iutor finium. F* D.
SYLVESTRE I-II. Le premier de
ces deux papes» que l'Église canon isa a près
sa mort, monta sur le siège pontifical en
314, après avoir souffert beaucoup de
persécutions. Il convertit an christia-
nisme l'empereur Constantin (voy.) pen-
dant une maladie, et obtint de loi un
grand nombre de temples dont il fit des
églbes. C'est au pape Sylvestre I^'^ que
Constantin doit avoir fait la fameuse
donation connue sous le nom de patri-
moine de Saint*Pierre (voy. Papauté,
T. XIX, p. 168). Il mourut le dernier
jour de Tannée S S 5, jour où l'Église cé-
lèbre sa fête.
Stlvesteb n, qui, avant de ceindre
la tiare pontificafle, était connu sous le
nom du moine Gerhert^ fut un homme
célèbre par sa science. Né en Auvergne
de parents pauvres, il embrassa la carrière
ecclésiastique et entra dans un couvent
d'Aurillac. Plus tard, il visiu l'Espagne,
étudia à Barcelone, et même à Séville et
à Cordoue, sous des professeurs arabes ;
parcoui^ut l'Italie, l'Allemagne et la
France, enseigna à Keims les mathéma-
tiques, la philosophie et la littérature
classique, fut nommé, en 968, abbé de
Bobbio, puis archevêque de Reims, de
Ravenne, et monta enfin, en 999, sur le
siège pontifical ; mais il ne l'occupa que
4 ans, étant mort en 1003 avec la ré-
putation d'un des plus grands savants de
son temps. La philosophie et les mathé-
matiques étaient ses études favorites, et
il mit tous ses soins à en répandre le
goût. On lui attribue l'introduction des
chiffres arabes en Europe, la construc*
(ion d'une horloge, etc. Ses connaissan-
ces en physique et en chimie le firent
passer pour un magicien. De concert
avec l'empereur Otbon III, à l'amitié du-
quel îl dut d'être placé sur le Ssint-Siége,
il contribua puissamment à la restaura-
tion des études en Occident. Nous avons
de lui des lettres, quelques opuscules de
mathématiques, etc. C. L,
SYLVESTRE, voy. Silvestre.
SYLVICULTURE, mot mal formé
du latin pour désigner la eultore et l'en-
tretien des bois (syl^œj^ voy. Aoaicul-
TOUS et FoeAts.
SYLVIE, On a donné c»aom à w»e
foule d'olseaujE chanteurs du genre <ins
becs-fins, comme la fauvette, le rossignol,
le rouge-gorge, le roitelet, etc. Lee ayl-
vies sont voyageuses et appartienneisa
youvent à des climats lointaine; •Uns
viennent égayer nos oontrées par Imit
chant pendant la belle saison.
SYMBOLE et SYMBOLIQUE. Le
mot symbole, qui vieût du grec a Oft^oXe»,
et qui, dans son sens le plus élevé, <:elw
d'une certaine forme d'expresaioa dee
idées ou des vérités religieuses, a paaaé
des langues anciennes dans nos idionaas
OMMlernes, et du paganisme au chriaiîft-
nisme., veut dire originairement une
chose composée de deux. Il signifie eo-
suite une chose qui en implique une as-
tre avec laquelle elle est dans un rapport
nécessaire, comme quand il s'appliqoe à
la tessère ou tablette dont les deux moi-
tiés brisées, puis réunies, marquaient le
lien sacré de Thospitalité. Il exprime par
cela même toute espèce de convention
ou de traité scellé par un signe visible
qui en devient le gage, ce signe lui-même
et tout signe de reconnaissance en gé-
néral, tout mot d'ordre, toute parole
convenue, tout signal, le drapean pour
les soldats, l'anneau nuptial ponr les
époux, un anneau, un sceau quelconqœ
qui se fait reconnaître à l'instant, etc.
Enfin, symbole est synonyme de signe
en un sens toutrè-fait général, par le rap-
port du signe à la chose signifiiée, de l'i-
mage a l'objet qu'elle représente, de la
parole à l'idée.
Mais comme l'imsgeou la ÎL%xkt%[voy.\
quel qu'ensoit le mode d'expression, pasae
du monde matériel dans le monde intellec-
tuel quand elle se rapporte à un objet qui
ne tombe pas aous les sens, de même le
symbole, sans perdre son acception primi-
tive, devient le signe naturel on artifi-
ciel, mais toujours nécessaire , le gage
sensible et irrécusable d'une idée ou d'un
fait de l'ordre surnaturel. C'est ainsi
que Platon, avec simplicité et profon-
deur tout ensemble, appelle l'homme on
symbole, parce qu*il est composé dn
corps et de l'âme, et qu'en lui le visible
révèle nécessaireoMnt l'invisible. Le sym-
bole, en ee sens, semble donné par ht
nature humaine j il est analoi|tteà l'n*
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SYM
(603)
SYM
BioD de Pctpril et da corps, lequel ma<i-
nifeste Tetprit par des signes de toote
espèce, par les ipouvemeDU, les gestes,
le jett de la physionomie. D^un autre
côté, les bomipes prioaitifs, suivis en cela
par les hommes simples et par les en-
fants de tons les temps, ayant animé la
nature entière. Payant faite vivante et à
leur image, en vertu de cette disposition
psychologique que nous avons décrite
ailleurs {voy. Mythologik, T. XVIII,
p. 828), il en résulte que le monde ex-
térieur fut pour eux significatif et sym*
bolique dans toutes ses parties, dans tous
les éléments et dans tons les corps qui le
composent. Même pour les philosophes,
et depuis qu^a prévalu la distinction de
la matière et de l'esprit, le monde, dans
son ensemble , n'a pas cessé d'être un
grand symbole et de révéler la Divinité,
De là les symboles naturels y entre
lesquels figurent au premier rang, chez
les anciens, les signes et les présages ou
augures qui frappent les yeui, qui ont
quelque chose de soudain, d'accidentel,
d'obscur, mais par cela même de divin.
Ils annoncent à l'homme, dans un lan»
gage certain, quoique plein de mystère,
la volonté de ces dieux dont il peuple le
monde en même tempe qu'il l'anime et
le personnifie. Ce sont les dieux qui
donnent les signes, ce sont eux qui créent
les premiers symboles; leur culte, tout
symbolique lui-même, exprime par des
images, par des rites, par des cérémonies
significatives, aussi bien que par des my-
thes et des légendes, empreints du même
caractère, les sentiments et les croyances
de cette religion de la nature. Les prê-
tres, ministres des dieux, interprètent les
symboles consacrés, ou ils en instituent
de nouveaux et à^ artificiels ^ puisés à la
même source et qui ont la même auto-
rité, reposant sur la connexité intime et
nécessaire de l'idée et de Timage, du si-
gne et de la chose signifiée.
C'est ainsi que le symbole entre dans
la sphère de la religion, qu'il habite de
préférence et qu'il partage avec le my-
the, forme plus déterminée, plus déve-
loppée et déjii plus claire du même mode
général d'expression. Nous avons éubli
dans Tarticle cité (T. XVIII, p. 327)
\m rapporU et lea dUÏ&rencet du symbole
et du mythe, et de l'un et l'autre aveo
l'allégorie. Ce qui caractérise par exceU
leace le symbole, qu'il soit un signe sen-
sible on bien une parole significative ,
c'est cette intuition spontanée, irrésis-
tible, et, pour ainsi dire, cette révéla-
tion insuntanée d'une grande idée, dont
il illumine notre âme, comme l'éclair
qui perce les ténèbres. Synthétique au plus
haut degré, il est, par cela même, émi-
nemment propre à l'enseignement def
dogmes religieux, qui doivent pénétrer
tout d'un coup dans l'esprit et s'emparer
de la conviction par la foi. Mais il y «
loin de l'idée pure, invisible, infinie, a
cette forme finie, palpable et grossière qui
est chargée de la rendre. De là vient tout
ce que le symbole, en raison même de sa
sublimité, garde souvent d'obscur, de
mystérieux, d'incompréhensible. C'est le
cas des symboles dits mystiques ou pro-
pres aux mystères (voy,), dans lesquels
la grandeur de l'idée dépasse tellement
la portée de la forme, malgré les efforts
de celle-ci pour l'égaler, que, le lien
originel une fois rompu, il ne reste plus
rien qu'une figure bizarre ou une lettre
morte. C'est le cas, à plus forte raison,
des figures symboliques, souvent si com-
pliquées et si monstrueuses, de l'Inde,
de rÉgypte et des nations barbares eu
général. Au contraire, les symboles ^/oj-
ttques où excellèrent les Grecs, ces ima-
ges vraiment divines où leurs grands ar-
tistes cherchèrent et trouvèrent Tharmo-
nie de la forme et de l'idée dans la figure
humaine élevée jusqu'au beau nommé
pour cela idéal, produisent encore une
impression profonde, même après qu'el-
les ont cessé d'être adorées. Lorsqn'enfin
l'idée, au lieu de dominer la forme, ou
de s'incorporer en elle par le miracle de
l'art, lui est subordonnée, et que celle-
ci est traitée à plaisir, d'une manière
plus ou moins arbitraire, au symbole suc-
cède l'emblème^ qui rentre dans l'allé-
gorie (voy. ces mots).
lia plupart des acceptions du mot sym--
bole passèrent, dès les premiers temps,
avec ce mot lui-même, dans le christia-
nisme. £t d'abord la primitive Église
qualifia de symboles ses dogmes princi-
paux, ses articles de foi réduiu en for-
mulés {yqy. l'art, sutv.), aussi bien que
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(604)
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ceruint ftigiMi tansiblMy tek qae la signe
de la crois, oerUioes paroles d*QQe ooii«
oisioD énergique, qui senraient aux chré-
tient à se distinguer des païens et à se
reconnsture entre eui. La même déno-
mination fut appliquée à des actes d*nn
sens profond, gages visibles de Pinvisible
sainty comme les sacrements, surtout le
baptême et Peucharistie. Le Christ lui-
même, fondateur des sacrements de son
église, est appelé en ce sens le Créateur
des symboles. Enfin, des rites, des céré-
monies significatif es , des figures, des
emblèmes divers, souvent empruntés au
paganisme, mais exprimant les idées et
les sentiments du culte nouveau, et, pour
couronner l*œuvre, les types divins du
Christ, de la vierge Marie, des premiers
apôtres, des évangélistes, etc., achevèrent
de donner au christianisme une symlx)-
lique, moins riche sans doute que celle
de Tantiqulté, mais plus épurée et plus
sainte.
Ce nom de symbolique ^ introdnit,
comme substantif, depuis quelques an-
nées seulement, et popularisé surtout par
la célèbre Symbolique et mythologie du
docteur Creuser (vo/.), veut dire on
l'ensemble des symboles propres à une
religion, à un peuple, à une époque, ou
la science, beaucoup plus ancienne qoe
le mot, qui expose ces symboles et qui
cherche à en pénétrer le sens, soit par
rhistoire et par la critique, soit par une
faculté supérieure, par une sorte d'in-
spiration, analogue a celle qui les créa.
11 y a, dans la première acception, la
symbolique païenne et la symbolique
chrétienne, celle de Fantiquité et du
moyen âge, celle des Orientaux, Hin-
dous, Perses, Assyriens, Égyptiens, celle
des Grecs, des Étrusques et des Romains;
bien d'autres encore, marquées de carac-
tères distincts, selon le génie des temps
et des nations. Dans l'autre sens, nous
ne saurions trop recommander l'étude
du grand ouvrage que nous venons de
citer et qui a été traduit en français sous
le tiirt dt Heligions de C antiquité^ con*
sidérées principalement tlans leurs for^
mes symboliques et mythologiques^ etc.
Paris, 1836-42, 8 vol. in-8% avec 800
planches. Ûepuis, M. Mone nous adon-
né une Symbolique et Mythologie du
Nord , pour fahm snite à l*oavnge de
Creuier; M. Baor une Symbolique et
mythologie f ou Rtligion natureUe de
l'antiquité^ Stuttgart, 1824-26, 2 to-
mes ou S vol. in- 8s. M. Bsebr une <Spyi«
bolique du culte mosaïque^ aussi en al-
lemand, Heidelb., 18S7-S9, 2 vol.
in- 8®. Nous ne parions pas d'une foule
d'ouvrages partiels qui, depuis trente nna
surtout, ont éclairé et éclairent chaque
jour tel ou tel point de ce vaste et diffi-
cile sujet, dont noos avons voulu seule-
ment donner ici une idéegénérale. G-v-r.
SYHBOLIQUBS (livexs). Dès les
premiers siècles l'Église chrétienne a ea
ses symboles (iio/. l'art, préc.). Telle était
la profeision de foi que récitaient les
néophytes à leur baptême, et par laquelle
ils déclaraient croire en Dieu le Père, le
Fils et le Saint-Esprit. Avec le tempe,
et à mesure que les hérésies se multipliè-
rent, les symboles prirent plus d'exten-
sion et leur importance s'accrut : ils de-
vinrent bientôt la pierre de touche de
l'orthodoxie (vof.), le guide unique de
l'exégèse biblique. Mais plus le nombre
s'en augmenta, plus aussi ils rencontrè-
rent d'adversaires, en sorte que les doc«
teurs de l'Église se virent contrainu d*y
ajouter sans cesse de nouveaux dévelop-
pements. Ils prirent ainsi les dimensîoiis
de véritables traités théologiques, et com-
me ils cessèrent dès lors de répondre à
l'idée qu'on se faisait d'un symbole dans
le sens propre du mot, on leur donna le
nom plus convenable de livres symboli-
ques. On appelle ainsi, de nos jours, les
confessions [voy,) ou professions de foi
officielles qui proclament les croyances
d'une communauté religieuse, ainsi que
les points sur lesquels elle s'éloigne des
autres partis de l'Église chrétienne, soit
qu'elles aient été rédigées en synode, soit
qu'elles aient été composées par quelque
docteur chargé par la communauté de
réfuter une hérésie ou mis en demeure
de se justifier d'un soupçon d'hétéro-
doxie. Dans ce dernier cas, la profession
de foi n'acquiert une autorité symboli*
qoe qu'autant qu'elle a été acceptée et
confirmée par un concile, et adoptée par
l'Église comme l'expression de sa con-
viction.
Trois des anciens symboles sont sé-
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( m )
8YM
■Mi^pMrU plaptrl cUt coimmîont duré-
tienncty «loa tété iDoorporés par chacuDe
d*éllet dans •«• li^rw symboliques. Ce
sont les soivants :
1* Le symbole des Jpdues qui jouit
d*aoe autorité égale daas l'Église ro-
maioe, dans l'Église protesUnte et dans
rÉglise grecque; seulement celle dernière
rejette le mot fiUoque qui y a été lyouté
par rÉglise latine.
3* Le symbole de Nieée^ adopté Fan
S36» par le concile général assemblé dsns
cette ^ille au sujet de l'hérésie arienne
(vo/.), et confirmé, en 38 1, par le con-
cile de Coostantioople. Il est déjà beau-
coup plus long que celui des Apètres, les
Pères de ces conciles ayant eu à condam*
ner des hérésies fort répandues.
Z^ljt symbole d^Âtfuinase ou quicun'
que^ attribué, sans preuve suffisante, à ce
célèbre évéque d*Aleiandrie , mais ap-
pelé de son nom dès le y^ siècle, et con-
firmé à plusieurs reprises par les conciles.
U est aussi dirigé contre Tarianisme.
Outre ces trois symboles généraux,
l'Église latine et l'Église grecque en ont
un grand nombre d'autres, si toutefois
on peut appliquer ce nom aux décisions
<ies conciles œcuméniques, aux écrits des
plus anciens docteurs {voy, pères Apos-
TOUQUXs), aux décrétales dogmatiques
<ies papes, auxquelles elles accordent une
autorité symbolique plus ou moins con-
testée. Quoique les décisions du concile
de Trente {voy»)^ qui ont fixé définitive-
ment la doctrine de l'Église romsine, aient
été d'abord rejetées en plusieurs pays, le
pape Pie IV en a fait extraire, sous le titre
de Forma professionlsfideicatholicœ^
un véritable symbole de la foi catholique
qui a été imprimé pour la première fois en
1564. Lederniersymbolede l'Église grec-
que est celui que rédigea Pierre Moghi-
las, métropolitain de Kief, et qui fut
approuvé, en 164 S, par le synode de
Constantinople.
L'Église évaogéliquè n'eut pas dans le
principe de symbole particulier; elle s'en
tint aux plus anciens symboles catholi-
ques pour montrer son accord parfait
avec l'Église primitive, et rejeta tous les
ivres symboliques postérieurs qui les
modifiaient ou les expliquaient, comme
n'éunt paa fondés sur rEcriture sainte»
ou oomme repossnt sur une exégf --e er-
ronée. Cependant elle ne tarda pas à sa
Toir forcée de se séparer complètement
de Rome, à repousser l'autorité pure-
ment humaine en matière de foi, et à
proclamer la Bible unique source de la
doctrine chrétienne. Il lui fallut donc
exposer ses sentiments sur les différents
points de controverse qu'elle agitait avec
l'Église romaine, moins pour donner
une base positive à sa croyance qui n'é-
tait pas nouvelle, mais qui était déjà con-
tenue dans les symboles admis par elles,
que pour défendre ce qu'elle appelait les
principes du vrai christianisme, et expli-
quer les raisons pour lesquelles elle reje-
tait certaines doctrines de ses adversai-
res. Telle fut l'intention de Mélanchthon
(vo^O» l<>i^u'il composa la profession
de foi évaogéliquè appelée Confession
d^Jugsbourg {yoy. ces deux mois), que
les protestants adoptèrent plus tard com-
me leur premier livre symbolique. Lea
catholiques ayant réfuté cet écrit, Mé-
lanchthon en prit la défense dans VApo^
logie qui a été également admise parmi
les livres symboliques de l'Église évangé-
lique, comme le complément nécessaire
de la Confession d'Jugsbourg^ et non
pas comme un ouvrage particulier. L'au-
teur a fait différentes modifications dans
les éditions qui se sont rapidement suc-
cédé de 1631 à 1540, nommément dans
l'article relatif à la Cène, en vue d'une
fusion des luthériens et des réformés;
mais ces changements n'ont jamais été
sanctionnés par les Églises protestâmes^
en sorte que la rédaction primitive jouit
seule d'une autorité symbolique. Quel-
ques années après, en 1536, Luther lui-
même présenta à l'approbation de l'as-
semblée de Smalkalde {voy.) un résumé
de la doctrine évangélique qu'il avait
composé, et qui, après avoir été approu-
vé par les princes et les théologiens pro-
testants, en 1687, a pris place parmi les
livres symboliques sous le nom à^ Articles
de Smalkalde^ ainsi que son Grand et
son Petit Catéchisme qui n'avaient point-
été destinés dana l'origine à un pareil
honneur.
Lea disputes entre les théologiens n'en
continuant paa moins avec violence , et
menaçant l'Église protestante des divi-
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(606)
SY»
slons les plus funestes, les princes et les
théologiens bien intentionnés iroulurent
essayer de ramener la pttx et là concorde,
et ils s'imaginèrent y partenir au ttoyen
d'un nouveau livre symbolique qui con-
firmât ranpienne doctrine et condamnât
les opinions hétérodoxes. Déjà les que-
relies du crypto-calvinisme (voj.) avaient
donné naissance en Saxe à plusieurs pro-
iteions de foi particulières qu'on crut
utile de renouveler en y ajoutant quel-
ques articles nécessités par les circon-
stances. Cela eut lieu, en 1574, à la
diète dt Torgau , et la confession non-
telle, connue sous le nom à^ Articles de
Tàr^au , prit le quatrième rang parmi
les livres symboliques de TÉglise luthé-
rienne. La même année, Jacques Andrese,
qui , depuis 1 569 , travaillait avec une
ardeur sans égale à opérer un rapproche-
ment entre les différents partis , com-
posa dans le couvent de Maulbronn, en
Souabe, une profession de foi analogue,
qu'il communiqua aux théologiens de la
Saxe, et qui fut adoptée avec les modifica-
tions de Martin Cbemnitz [voy*) : c'est
la Concorde souabo-saxonne^ qui ne ré-
tablit pas plus la paix que les articles de
Torgau. Il fallut songer à une nouvelle
formule. Doiue théologiens distingués se
réunirent, en 1576, dans le ch&ieau de
Lichtenbourg, près deTorgau, et chargè-
rent cinq d'entre eux de la rédiger; mais
le Livre de Torgau y résultat de leurs
travaux, souleva une si vive opposition
que, dès l'année suivante, on dut s'occu-
per de sa révision. Andreae, Ghemnitz et
Selnecker , à qui se joignirent bientôt
Chytrseus, Musculus et Kœrner, se réu-
nirent de nouveau dans le couvent de
Berg près de Magdebourg, et dès le mois
de mai parut le Liure de Berg ou la For-
mule de Concorde f qui fut admise com-
me livre symbolique en Saxe et dans
quelques petits Étau d'Allemagne, mais
qui fut rejetée par tous les autres États
évangéliques.
Tandis que les théologiens d'Allema-
gne cherchaient ainsi une formule qui
réunit les opinions divergentes, le même
soin occupait les réformateurs de la Suis-
se. On sait que Zwingle avait sur la Gène
des sentiments différents de ceux de Lu-
ther. Calvin rendit la séparation ploa
tranchée eneofe p«r sa tfodrlne de II
prédestination. D^ l'aniiée 1680, Zwio»
gle avait fait présenter à la diète d*Aug»-
bourg sa profession de foi, et quatre villa
impériales (Strasbourg, Constance, Ment-
mingen et Lindan) avaient en ménietemps
envoyé à cette célèbre assemblée la Cort*-
fession téirapoii laine qui proclamait les
mêmes principes. La désunion qui ré-
gnait au sein du parti évangélique s'étf it
afaosi manifestée ouvertement. Elle ne fit
qu'augmenter dans la suite j non-seule-
ment entre les luthériens et les réfomés,
mais parmi ces derniera eux-mêmes:
aussi les Églises réformées n'ont - ello
jamais été liées, ne fût-ce qu'extérieure-
meut, par un symbole commun. Une
partie de celles de l'Allemagne et de la
Suisse acceptèrent la confession d'Augs-
bonrg avec quelques modifications ; fes
autres la rejetèrent, mais elles ne par-
vinrent pas à trouver une formule qui
obtint une adhésion générale. Peu de
temps après la mort de Zvringle, plusieun
théologiens célèbres, Bullinger, Léo Jo-
d», MyconiiM, Grynieus et Grossmann,
dans l'espoir de mettre un terme ttix
dissensions de l'Église réformée, rédi-
gèrent la Confessio helvetica seu basi-
leensit {vùy. T. Xlfl, p. 628), qui n'eut
d'autre résultat que de fournir un nou-
vel aliment à la controverse. Trente ans
après, en 1566, il en parut une autres
Zurich sous le nom des théologiens ré-
formés de la Suisse, de la Pologne, de la
Hongrie et de l'Écôsse {voy. ibid, p. 6M^,
mais elle eut encore moins de saccès.
Quant au Consensus Tigurinus^ publié
dès 1545, et qui sanctionnait la doctrine
de Calvin sur la prédestination , il foi
classé, il est vrai, parmi les livres sym-
boliques des réformés ; mais il fut tout
aussi impuissant à rétablir la paix. Des
années s'étaient écoulées , de nouvelles
querelles théologiques s'étaient élevées,
lorsque Heidegger de Zurich et François
Turretin de Genève tentèrent de termi-
ner au moins les discussions soulevées
récemment par Amyrauld, de la Place et
Louis Cappel , en proposant la célèbre
Formula consensus helvetici{voy^ ibtd.,
625, note), que signèrent la plupart des
théologiens de la Suisse, grâce à l'interven-
tioti des gouTeimcments, mais que ttjit*
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STM
(«07)
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tèrent Im réformés d«9 pijrt étnmgers.
Ces deroiert, surtout en Allemagae,
préférèrent le Catéchisme de Heidel^
berg ou du Palatinat, composé eu 1568
par Ursious et Olerianus : il forme ud
des livres symboliques les plus respectés
de rÉglise réformée. La eotifessioD de foi
de Jean Sigismondde Brandebourg, pu-
bliée en 1618, jouit d'une autorité pres-
que égale parmi les réformés allemands;
cependant ceux du Palatinat ont un
symbole spécial dans le Corpus doctrinœ
Meianchihonis seu PMtippieum.
Les Prof inces-Unies, où les doctrines
de Lutber et des autres réformateurs
■taient trouvé de bonne heure de nom-
breux partisans, proclamèrent, dès 1 66 1 ,
une profession de foi que ne put sup-
planter le symbole purement calviniste
sanctionné, en 1618, par le synode de
Dordrecbt (vof. ce nom).
Au milieu des désastres de la guerre
dvlle et des persécutions, l'Église réfor-
mée de France adopta plusieurs confes-
sions de foi dont aucune cependant n'a
obtenu une autorité symbolique prépon-
déranle. La plupart des communautés
évangéliques de ce royaume s*en tinrent
■ux livres symboliqoes de l'Église de
Genève avec laquelle elles ont entretenu
de tout temps d'intimes relations.
L'Église d'Angleterre publia, en 1 55 1 ,
ses 42 articles qui furent réduits à 89
en 1563, et qui, après avoir subi quel-
ques modifications, sont encore aujour-
d'hui le symbole de TÉglise épiscopale
(voy, ce mot, T. IX, p. 338) du royau*
me*uni.
La confession de l'Église d'Ecosse est
plus favorable aux opinions de Calvin,
bien qu'elle ne les accepte pas dans toute
leur rigueur. Une grande partie des ré-
formés de ce pays se sont prononcés
d'ailleurs pour le presbytérianisme,
{vof,) qui, depuis 1646, a son symbole
particulier, calqué sur celui du synode
de Dordrecbt.
L'Église réformée n'a donc point de
Symbole généralement admis. Les petites
sectes religieuses, telles que les frères
noraves, les vaudois, les wicféfites, les
Biennonites, les méthodistes, les qua-
kers, les remontrants, les unitaires et
kt todulcM {9oy, oea mots), ont aussi
chacune le sien, mab rédigé le plus sou -
vent dans un but apologétique. 6\ L,
Au reste , comme nous l'avons dit à
l'art. PaoTESTAMTiSMB (T. XX, p. 304),
l'autorité des livres symboliques a beau-
coup baissé de nos jours dans la plupart
des communions évangéliques : les or-
thodoxes, piétistes ou méthodistes {voj,
ces noms) y tiennent encore rigoureuse-
ment, mais ils sont si peu obligatoires
aux yeux de certaines Églises qu'on
n'exige des pasteurs aucun engagement à
leur sujet. En effet , le protestantisme
est basé sur le progrès, et c'était revenir
au principe catholique que de placer
une autre autorité au-dessus ou même à
côté de celle de la Bible. Nous avons dit,
au même article, quels sont les principes
généraux qu'on peut regarder comme
vraiment constitutifs du protestantisme.
Fay. aussi notre art. RxLioioir ; et pour
les collections des livres symboliques,
outre l'ouvrage cité T. YI, p. 553, Titt-
mann, Ubri symbolici ecclesiœ ef^an-
geiicœ, Meissen , 1 8 1 7 , in -8^ S .
SYMÉTRIE (vvv, avec, pir/)ov, me-
sure *) exprime le rapport de grandeur
et de figure, les proportions et l'arran-
gement qu'ont entre elles les parties
correspondantes d'un tout. Dans une
œuvre d'architecture, s'il y a 4 colonnes
d'un côté, il faut, pour la symétrie, qu'il
y en ait 4 de l'autre. Un discours , un
ouvrage d'esprit doivent avoir aussi leur
symétrie, mais moins rigoureuse : l'or-
dre et la disposition des parties y auront
plus de jeu et de liberté. Il faut même
de la symétrie dans les membres de
phrases et jusque dans les mots, pourvu
qu'on se garde bien de l'afTecution des
sophistes de l'école de Gorgias et d'Iso-
crate. La symétrie , comme ordre et
proportion , existe partout dans la na-
ture; c'est celle-là qu'il faut imiter de
préférence dans la littérature et les arts.
Quant à celle qui résulte de la corres-
pondance des parties et dont le corps
humain offre le principal modèle, elle
est moins générale, et conséquemment
elle doit être d'une tttltatlon plus res-
treinte. Foy, EuaTTHMis , Rhtth -
M« , etc. F. D.
(*) Il ferait inieiu d*écrirfl ^mmêtrù par deux
M, coraine eo grtc. S«
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(«M)
«YM
8TMMAQUB (Quihtus Aotlilius),
écrivaio latin el un des deraiert défeo-
teiin da pa^obme, fat un booiiiM probe
et plein de talents. Vivant sont les ein«
pereari Gratienf Valenlinien 11 et Théo-
dose, et s'étant fait un nom par son élo-
qnence, il fat pontifex maximus^ qaes-
tear, préteur et consul; Tan S70y H
remplit les fonctions de prooontol en
Afrique, et en 884 celles de préfet de
Rome. L'année de sa mort n'e^t point
connue. Grand partisan du polythéisme,
il releva quelques temples , il se donna
beaucoup de peine pour prouver aux
chefii de TÉut que la religion nouvelle
était une cause de décadence pour TÉtat.
Ses Panégyriques se sont perdus en gran«
de partie : on n'a plus de lai qu'une col-
lection de 966 Lettres (Epistolœ fami*
iiares)f divisées en X livres, et où il se
montre imiuteurde Pline- le -Jeune ( Ve-
nise, vers i 500; éd. de Jnret, Paris, 1 580
et 1601; de Lectius, Genève, 1587;
de Scioppitts, Mayenoe, 1 60 8 , et de Paré,
1616, etc ), ainsi que des fragments de
huit discours retrouvés et publiés par le
cardinal A. Mai (Milan, 1816).
Pour le pape Symmaqne, 498-514,
vof, PAPAUTi, T. XIX, p. 177. X.
SYMPATHIE (<rvy, avec, irâ6o^»
affection). Les anciens attribuaient à cer-
tains corps une aptitude de correspon-
dance et d'anion; ils croyaient que c'est
par sympathie que le mercures'unit à l'or,
que le fer s'attache à l'aimant. De là le
penchant instinctif qui attire deux per-
sonnes l'une vers l'autre s'est appelé
sympathie : c'est un rapport d'humeurs
et d'inclination, un prélade de l'amitié
{yoy, ce mot). Cette expression , bien
qu'on en ait beaucoup abusé , est pleine
d'émotion et. de grâce; elle n'est pas
moins belle et moins touchante dans le
langage philosophique, où elle exprime
la faculté que nous avons de participer
aux peines et aux plaisirs les uns des
autres, faculté admirable qui aert en
nous de contrepoids à l'intérêt person-
nel. Foy. Passiov. F. D.
SYMPAT1I1Q|JE(xhceb), voy. Eh-
cas.
SYMPHONIE. Le mot ovfCfMvk
if^Tà, voix, ffvv, avec) désignait chez les
Grecs ce qoenoasappetons conaonnanoa
et phis ipéci>le«ent la cowwanee d*oe«
tave. Depuis, on a donné oe nom à un in-
strument montéd'un petit nombre de cor-
des appartenant à la famille des harpes;
l'épinette ou clavecin primitif l'a aussi
porté. Dans un sens plus moderne, on a
nommé symphonie toute pièce mosicala
composée pour une réunion d'iostni»
ments quelconques et plus particulière-
ment d'instruments à cordes. EnGn aa-
jourd'hoi oe terme désigne une grande
composition destinée à être exécutée par
une réunion nombreuse d'instramenta,
composée de ce qu'on appelle les instru-
ments à^orchestre. Par abus de langage,
on l'emploie aussi quelquefois pour dé»
signer l'orchestre lui-même, par opposi-
tion aux parties vocales; ou bien seule-
ment les instruments à cordes, par op-
position aux instruments à vent qu'un
antre abus de langage a fait ap
Jiarmonie.
Le symphonie est ordinairement <
posée de la succession de quatre mor-
ceaux différents de caractère, et abso-
lument distincts les uns des autres.
Seulement il est d'usage de traiter le
premier, le dernier et même le troisième
de ces morceaux, sur une même toniqoe»
Le premier s'appelle Vallegro de la sym-
phonie, le second Vandnntej le troisième
le menuet ou le scherzo^ le quatrième le
final wk rondeau {yoy» ces mots.).
L'allégro d'une symphonie se compoae
de deux grandes périodes, susceptibles
d'être répétées à la volonté du composi-
teur ou des exécutants; cependant cette
reprise n'a presque jamais lieu que pour
la première grande période, dans laquelle
les idées mélodiques qui dominent tool
le morceau sont présentéea dans leur
position naturelle, avecnn petit nombre
de digresaionsou démembrements qui en
augmentent l'intérêt. Elles doivent, da
reste, être tellement dépendantes Tane
de l'autre que l'on ne remarque aucane
interruption dans leur enchaînement, en
sorte qu'il ne se rencontre guère de repoe
formel avant que le morceau ait été
conduit dans le mode de la dominante,
on, si le thème est en oaode mineur, dana
le mode auteur relatif oà se termine ka
première période. Dans la seconde p^
riode, le oompotitear reprend one partie
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(609)
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cUt metifii qu'il a traita tt s^tUcfae plut
particulMTcment à Tua d*entre eux qu'il
élabore da qaamilé de manières et avec
toutes les ressources de rharmonie, tous
les artifices du contrepoint ; quand il en
a suffisamment tiré parti , il revient au
thème, pub il termine à peu près comme
il afait fait pour la première période,
mais en ajoutant toujours de nouveaux
ornements, et en multipliant les effets de
telle sorte que Tauditeur ait marché
sans cesse de surprise en surprise. Fort
souvent l^altegro est précédé d'une in^
troduction {voy,)^ espèce d'annonce aux
auditeurs, pour appeler leur attention
sur le morceau qui va suivre et les en*
gager à l'écouter sans dbtraction. Elle a
en outre l'avantage de rendre le début
plus solennel, plus clair et plus facile à
retenir. Ce qui doit surtout caractériser
l'ensemble de ce premier morceau, c'est
la richesse des formes, la pompe des ef-
fets, la magnificence des idées.
Ûandante de la symphonie peut être
d'un genre tendre, agréable ou mélan-
oolique. La coupe en est arbitraire, mais
ne comporte jamais le même développe*
ment que Pallegro, car la lenteur du
mouvement , augmentant considérable-
ment la longueur du morceau, un an-
dante qni suivrait les r^les de modula-
tion de l'allégro paraîtrait interminable,
et les amateurs les plus décidés en se-
raient fatigués en peu de temps.
Le menuet {voX') est un reste de l'an-
cienne danse de ce nom , mais il en a
peu à peu perdu le caractère; on le
joue maintenant dans un mouvement si
rapide que le rhythme de la mesure à
trois temps, qui est ici d'obligation, de-
vient tout- à-fait nul ; on n'entend en
réalité que la mesure à un seul temps.
Ce que doit surtout chercher le compo-
siteur dans la construction des pièces de
ce genre, c'est l'originalité; il n'écarte
même pas des formes bizarres en appa-
rence ou qni le sont en effet. Avec un
peu d'art les matériaux de ce genre peu-
vent être mis en œuvre sans inoonvé-
nienl. Le menuet marche toujours suivi
d'un trio qui est vériublement un anUe
menuet dont en général la seconde partie
est moins développée que dans le menuet
proprement dit» Il est avantageux da
Bneyclop. à. G. d, ^. Tome XXI,
donner an trio autant de simplicité, de
naturel, de banhomie même que l'on a
donné de singularité au menuet. Telle a
toujours été la marche de) grands msl-
très, et particulièrement de Haydn qui a
réussi merveilleusement en ce genre.
En ces derniers temps on a quelque*
fois sulbstitué au menuet un scherzo ; il
semble que l'on n'ait pris ce parti que
pour se débarrasser de l'obligation de
la mesure à trois temps et de la coupe 4
reprises obligées. Mais au fond , le carac-
tère n'a pas changé , c'est toujours un
élégant badinage dans lequel la science
se joue STec les grelots de la folie.
ts final se traite ordinairement dans
la coupe du •rondeau {voy-^ mais en lui
appliquant des développements mélodi-
ques et harmoniquesanalogues à ceux du
premier morceau de la symphonie, sur
lequel il doit encore l'emporter en viva-
cité, en galté et en chaleur* Comme tout
y est plus resserré, comme les idées doi-
vent être aussi légères qu'elles étaient
majestueuses dans l'allégro, comme le
motif principal doit frapper vivement
l'auditeur, les compositeurs se sont sou-
vent amusés à tirer ce motif d'un air
populaire, et à choisir même un passage
trivial afin de le relever par toutes les
ressources de la science et de l'eipé-
rience. On sent d'ailleurs que le final
arrivant le dernier, le compositeur est
intéressé à recueillir toutes ses forces, afin
que l'attention de l'auditoire se soutienne
jusqu'à la fin.
On trouve la première forme des sym*
phonies dans les pièces instrumentales ,
généralement en trio, qui furent compo-
sées originairement pour le violon ou pour
instruments de cette famille , et avant les-
quelles les instruments ne faisaient autre
diose qu'exécuter àts morceaux destinés
aux voix, en y ajoutant quelquefois des
broderies plus ou moins importantes,
Lnlly a été l'un des premiers à donner aux
symphonies qui précédaient ses opéras
de l'ensemble et de la couleur. Elles ont
joui d'une longue réputation. Des mor-
ceaux d'un genre plus léger leur ont suc-
cédé; et puis, \ts instruments ayant £iit
des progrès remarquables, les composi-
teurs en profitèrent pour augmenter la
puiMume des effeu et les rendre plus fré«
19
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SYM (610) .<i¥N
SaDmartini paraît avoir été ta vorabicê 6t les autres fuoettes. De en Yoit
qttents
premier qai ait écrit des sympbonias Té-
ritablemeDt ioféressantes. Hajdn, Oos-
see et une infinité d'autres le suivirent
et le dépassèrent. Le premier de ces com-
positeurs porta ce genre à son point de
perfection. Mozart, et surtout Beethoven
{vox. ces noms), en ajoutant au dévelop-
ptsment des pensées et en étendant les
formes de l'orchestration, se placèrent
au niveau dé leur illustre devancier,
mats ne Teffacèt^nt pas et ne le feront
jamais oublier. Ou a cherché depuis à
iceochérir encore' sur Beethoven; l'em-
ploi des instruments et de leurs combi-
naisons a été multiplié, et Von a beau-
coup couru après de nouveaux effets;
mais les plans récemment conçus ont
prouvé combien il est difficile de réunir
la grâce à l'originalité, la régularité à l'i-
magination. fOf.IirSTE1TMKNTAL,lNSTmU-
XBNTATION, ORCHESTRE. J. A. DE L.
SYMPTOMBS (^uftirrwpa, acci-
dent, surtout morbrfique, de irffrreev, tom-
btr, O'uvi avec), phénomènes qui se pré-
sentent dans les maladies (voy.), et que
Broussais appelait avec raison les cris de
douleur des organes souffrants. Ce sont
les désordres qui se font apercevoir soit
dans l'état matériel des tissus, soit dans
la manière dont tes fonctions s'exécutent,
et qui signalent à l'observateur la nature
et le degré du dérangement qu'a subi la
santé. On conçoit, d'après cela, que l'é-
tude des symptômes doit occuper une
grande place en médecine et former la
base du diagnostic, du pronostic, et par
suite du traitement (voy» ces mots).
Les symptômes ne sont pas tous éga-
lement saillants : les uns sont d'une telle
évidence qu'ils frappent les yeux de tout
le monde; les autres, plus obscurset sou-
vent fugaces, exigent une investigation
plus attentive et ne se révèlent qu'au
médecin. Les modernes ont poussé la
science des symptômes fort loin par les
moyens d'investigation qu'ils ont inventés
ou perfectionnés. Constater l'état de tous
les organes est assurément la voie cer-
taine pour arriver k la parfaile connais-
sance des maladies. Cependant tous les
symptômes n'ont pas la même Impor*-
tance : il y en a d'essentiels et d'accès-'
••ires ou teddentela. Les ima sont fa--
qui sont exclusivement caractériatiqnes
d'une maladie , tandis que d'autres sont
communs à toute une série d'affections.
De là natt la nécessité de réunir et de
grouper les symptômes, afin de les faire
servir de base à un jugement.
U faut bien savoir que le symptôme
n'est pas la maladie, et que souvent il se
manifeste dans un lieu très éloigné du
siège qu'occupe le mal réel; que dea
symptômes très graves peuvent coïncider
avec une affection légère, et réciproque-
ment; enfin, que des lésions anatomiques
semblables peuvent donner naissance à
des symptômes très variés, et véce versd.
Mais ces anomalies ne sont pas extrê-
mement communes et ne sauraient dé-
truire la solidarité des organes et de
leurs fonctions. De même aussi que la
médecine ne doit pas se borner à com-
battre le symptôme là où il se montre;
mais a lier chercher lacause du mal et l'at-
taquer au point où elle siège réellement.
On a vu à Part. Homosopathie quelle
importance les partisans de cette doc-
trine attachent à l'étude des symptômes
dont ils font toute la base de leur méde-
cine.
L'art d'observer, d'analyser et de grou-
per les symptômes, afin de les faire servir
à la connaissance exacte des maux qui
affectent l'économie, constitue la sémétO"
tique {voy,) , une des branches les plus
importantes de la médecine. F. B.
SYNAGOGUE (d'un mot grec qui
signifie assemblée ou communauté, de
ffùvjfyuf réunir), nom donné aux oratoi-
res des Juifs, comme celui d'église l'a été
aux temples des chrétiens. Cependant les
synagogues juives, dont l'origine remonte
au iii*^ siècle avant notre ère, n'étaient
pas seulerôeni des lieux de prière; on
s'y assemblait aussi pour discuter les af-
faires publiques ou pour entendre les le—
çons des rabbins : de là le nom d^écoies *
qu'on leur donnait quelquefois. Dans le
Nouveau-Testament, il est souvent fait
mention des synagogues, et quelques pas-
sages attestent qu'elles étaient le lieu où
certaines peines, comme la flagellation,
étaient infligées. Depuis le v^ siècle, où
les chrétiens comaaencèrent à abattre et
(*) Ea allemaDd SdkuU^ JudnttkMU.
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î^YN ( 6
à brûler les synagogues, ob trouve dans
la législation de Tempire Romaià plu-
sieurs lois qui en limitent le nombre et
règlent les conditions de leur existence.
Dans le moyen>âge, pendant les persé-
cutions exercées contre les Juifs, beau-
coup de leurs synagogues leur furent
enlevées pour être converties en églises.
De toutes celletf de l'antiquité aucune ne
fut plus célèbre que la synagogue d'A-
lexandrie par sa beauté et son étendue.
Dans le xii" siècle, celle de Bagdad, et
depuis le XIV*, la grande synagogue de To-
lède, ne furent pas moins renommées.
Dans le xvi*, on citait la belle synagogue
de Prague, et dans lexvii», eelle des Juifs
portugais à Amsterdam. Les synagogues
de Seesen, de Livourue, de Vienne et
d'Aliona, méritent également d*être men-
tionnées. A Paris, les Juils ont leur byna-
gogue rue N.-D. de Nazareth. Dans cha-
cun de ces édifices consacrés au culte se
trouvent l'armoire sainte qui contient les
livres de la loi, et une estrade appelée
almamon ou bima sur laquelle se (ont
les lectures et les autres actes du service
religieux. Les femmes occupent des pla-
ces séparéeà dans des galeries latérales.
Les prières se récitent chaque jour, ma-
tin et soir; elles sont écrites en hébreu,
et se disent en partie à voix basse, en
partie à haute voix, quelquefois alterna-
tivement par la communauté et le rab-
bin. Des espèces de sermons sont faits les
jours de sabbat et de fêle. Outre le rab-
bin, chef de la synagogue, il y a diffé-
rents fonctionnaires chargés parfois des
lectures bibliques et méiue de la pré-
dication, qui n*est pas non plus interdite
aux laïcs; mais aucun d'eux ne reçoit de
traitement, tandis qu*il en est alloué un
aux rabbins , chez nous et dans d'autres
pays. Nous renvoyons à l'article spécial
qui a été consacré è ces chefs des com-
munautés juives, ainsi qu'au mot JuiP
(droii) où il est question de quelques-uns
de leurs usages particuliers. C'est au mot
MosAÎSME qu'on a exposé l'ensemble de
leurs doctrines religieuses, différentes de
la discipline au sujet de laquelle des mo-
difications ont été réclamées de nos jours,
■on-seulement par le consistoire Israélite
de Paris, mais aussi en Allemagne où les
rabbins viennent de se réunir en synode.
li)
SVN
L^ grande synagogue éttth Paasembléa
des docteurs de la loi qui subsista depuia
Ësdras jusqu'au grand-prétre Siméon, et
à qui le judaïsme dut beaucoup d'insti-
tutions religieuses. C, L.
SYNALEPHE, vor. Crash.
STNALLAQMATIQUE de <rw«X-
Xaffo-w, j'échange avec quelqu'un) ou bi-
latéral, vojr. Contrat.
STNANTHÉRÉES.vor. Famillîs
NATURELLES et COMPOSKKS.
SYNAULIE, vor Harmonie (mus.).
SYMCELLë (George LBJ.ainsi nom-
mé parce qu'il remplissait auprès du j>a-
triarcheTarasiusIa fonction defrxfyxMoç
assesseur ou conciiwiste, était un luoiij
grec qui jouissait d*une grande autorité
à Constaotinople au viii*' siècle, et qui
n'est plusconnuqueparsaChronograijhie
(«xXoyio xp^ytoypKtpiuç). Ce sont deaanoa-
les chronologiques universelles qui com-
mencent à la création du monde et s'ar-
rêtent à l'avénemenl de Dioclétien, l'an
284 ; Théophanes les a continuées jus*
qu'en 8 1 3. La chronique d'Eusèbe (vo^.)
est une des principales sources où le .
Syncelle a pui^ié ses matériaux, et c'est à *
la perte de cette chronique que sa corn- *
pilation doit une grande partie de son
intérêt et de sa valeur. Malgré beaucoup
d'erreurs et bien que dépourvue de cri-
tique, cette chronographie est d'une
grande utilité pour l'étude de la chro-
nologie ancienne, que les historiens grecs
et latins ont trop négligée, et elle esta
ce titre un des précieux monumenU de
la Byzantine (vo/.). Imprimée pour la
1" fois à Paris en 1652, in- fol., réim-
primée, en 1729, à Venise, elle a été de
nouveau éditée par Dlndorf, Rome,
1829, 2 vol. in-8«. F. D
SYNCHRONISME, coïncident des
dates, des époques: de x/>ôvof, temps,
<yyv, avec.On dit del'histoire, de la chro-
nologie qu'elles sont synchrontstiquttsoix
synchroniques quand elles mettent en re-
gard les uns des au 1res les événements cou*
temporains arrivés dans différents pays.
En France,Lamp, professeur d'histoire à
Strasbourg; en Allemagne, Bredow,
Kruse, Vater et d'autres, ont publié des
ubieaux synchronistîques utiles à cou-
salter.
SYNCOPE (cvyxoTTJQ, de oùv-xôitts*,
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SYN
(612)
SYN
concidOf }« coupe, j*abrè|;«). Cett, en
grammaireyle raccourdssemeDt d'un mot
au moyen du retranchement de quelques
lettres ou de quelques syllabes. En grec,
la syncope était fréquemment usitée : on
la pratiquait par Télision {vojr.) d'une
consonne soit au milieu , soit à la fin
d'un mot qu*on voulait rapprocher du
mot suivant, et le plus souvent elle s'ac-
compagnait d'une contraction {vojr. ce
mot).
En médecine, une syncope est l'état
de l'homme subitement privé du mouve-
ment et du sentiment. Les Grecs appe-
laient o'vyxofroc un homme qui tombait
ainsi anéanti et comme frappé ( xoirru )
d'un coup de foudre. fV>f. Défaillance.
SYNCRÉTISME. Cest une ceruine
manière de philosopher, qui prend nais^
sauce après les époques de création origi-
nale, et qui prétend réunir en un seul
tout Les systèmes les pi tu divers enfantés
par les philosophes des temps antérieurs,
et concilier même jusqu'à leurs contradic-
tions. On pressent tout de suite qu'une
pareille prétention doit aboutir à la çon-
* fusion la plus déplorable. Ce résultat est
•d'autant plus inévitable, que cette entre-
prise n'est jamais tentée par les hommes
d'un génie supérieur ; mais elle échoit à
des esprits dont le principal mérite est
l'érudition, et qui portent au sein de
cette érudition une absence à peu près
complète de critique. Le premier essai
de ce genre se montre à l'époque de dé-
cadence de la pliilosophie grecque. Lors-
que les grands génies originaux, tels que
Platon, Aristote et Zenon, eurent ensei-
gné leurs systèmes et laissé après eux
des écoles célèbres, qui se combattaient
lur presque tous les points, il se trouva
des hommes ingénieux, à l'esprit subtil,
qui voulurent montrer l'accord caché de
ces écoles, sous leurs contradictions ap-
parentes, et Antiochus d'Ascalon, espèce
de rhéteur philosophe, annonça qu'il
avait découvert l'harmonie des écoles aca-
démique, péripatéticiennne et stoïcienne.
Mais la tenUtive la plus vaste et la plus
célèbre de syncrétisme eut Alexandrie
pour théâtre. Et ce ne fut pas seulement
les diversités de la philosophie grecque
que l'on prétendit concilier : on s'avisa
d'unir en un seul tout les doctrines orien-
tales et celles de l'Occident, TAsie et la
Grèce ; on fit violence à Zoroastre pour
l'unir à Orphée, à Pythagôre, Platon' et
Aristote. C'est au sein du néoplatonisme
alexandrin que cette ambition se pro«
duisit avec le plus de suite et de persé-
vérance. Potamon et Ammonius Saccaa
annoncèrent les premiers cette tendance*
Plotin, qui fut l'homme de génie de cette
école, eut plus dViginalité que ses de-
vanciers et que ses successeurs : il déve-
loppa avec'talent son système mystique^
qui fut rédigé par son disciple Porphyre.
Ce fut après lui que l'érudition se mitao
service de la philosophie, et conçut le
projet de compléter le système en y fai-
sant entrer, de gré ou de force, toutes
les doctrines enseignées par les sages des
temps antérieurs. Porphyre , lamblique,
et après eux Procins (vo/, ces noms), tra-
vaillèrent dans ce sens, et poursuivirent
la tâche du syncrétisme. En vain de sa-
vants et spirituels apologistes de cette
école ont prétendu que les philosophes
alexandrins, loin de tomber dans le vague
et le désordre qu'engendre souvent une
impartialité impuissante, avaient donné
à leur école le caractère décidé et bril-
lant de toute secte exclusive; sans doute,
on a pu dire avec quelque raison qu'un des
caractères de Técole d'Alexandrie (vo/.)
était la domination d'un point de vue
particulier des choses et de la pensée :
en effet son but est le mysticisme, c'est-
à-dire Tintuition immédiate de Dieu, et
son procédé estTextase; mais tout en par-
tant de ce point de vue particulier, Técole
ne s'en est pas moins consumée dans la
vaine tentative de réunir en un seul tout
les doctrines grecques, orientales et même
judaïques, les dogmes de Zoroastre à ceux
d'Orphée, de Pythagôre, de Platon et de
l'antique Egypte ; et, tout en accordant
qu'il devait y avoir là bien peu de véri-
table éclectisme (vo/é), on ne peut mé-
connaître, dans cet entassement confus
d'opinions empruntées à toutes les sectes
el à tous les pays, l'espèce de chaos philo-
sophique désigné dans l'histoire sous le
nom de syncrétisme. A-d.
SYNDESMOLOGIE ( <ruv$s(T|uiâç ,
lien, ligature, jointure, etXoyoc, discours^
ou Deshologie, partie de l'anatoaiie
qui traite des ligamentS| tissus auxquels
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SYN
(618)
SYN
un article spécial est consacré dans notre
oaTrage.
SYNDIC, da grec avvStxof , celni qat
nous assiste en justice (dixti). Aujonrd'hni
on entend par ce mot un mandataire
quelconque, chargé de Teiller aux inté-
rêts d'une association, d'une compagnie.
Jadis c'était en France le titre d'une ma-
gistrature : la plupart des tilles du Lan-
guedoc et de la Protence avaient à leur
lète un syndic, comme il y en a aujour-
d'hui quatre à la tète de la république de
Genève (voy. T. XII, p. 272). Chaque
corporation (voj^,) d*arts et métiers avait
aussi son syndic, et la chambre syndicale
était une espèce de tribunal disciplinaire
pour juger les infractions aux règlements
de la corporation et aux devoirs imposés à
ses membres. La liberté absolue qui règne
dans l'industrie, et qui a donné lieu à la
concurrence la plus effrénée, a fait pen-
ser aux bons esprits de nos jours qu'une
autorité syndicale pourrait encore exer-
cer dans cette sphère une action salutaire.
En attendant, il n'y a plus guère en
France d*autres syndics que ceux qui,
dans les faillies {voy.)y sont chargés de
représenter la masse des créanciers dans
les opérations auxquelles la sitiution du
failli peut donner lieu. Z.
SYNECDOCHB on Stkecdoqus
( ffuvsxSo;^, de auv, avec, sxScxofAat, je
reçois, reprends ), trope par lequel un
mot prend un nouveau sens en augmen-
tant ou en diminuant sa compréhension.
Si la métaphore est fondée sur la ressem-
blance, et la métonymie {vof, ces mots)
sur une simple corrélation, la synecdoche
s'en distingue par un caractère de<x)n-
nexion facile à reconnaître. Dans cette
dernière figure, l'objet que daigne le
mot pris au propre, et celui qu'il désigne
pris an figuré, sont connexes quanta leur
existence ou à leur manière d'être : ainsi
ce trope dit le plus pour le moins ou le
moins pour le plus. On distingue parmi
les synecdoches celles 1* du tout pour la
partie : castor^ pour chapeau fait avec le
poil de cet animal ; 2® de la partie pour
le tout : âme pour hommes, voiles pour
vaisseaux; dts printemps^ des hiffers^ etc.,
pour des années; Z^àii nombre :Vhommey
le Français j le richcy le pauvre ^ pour les
hommes, les Français, les riches^ les pau-
vres ; 40 du genre pour ^espèce : Vani-
maly pour tel ou tel animal ; le quadru--
/Tèâ^fécumefditLaFontainejpourle lion;
6* de l'espèce pour le genre : lesroses^
pour les fleurs, etc.; 6^ de la matière :
fer y pour arme; aiVai/i, pour trompette,
cloche, cuirasse; 7^ d'aostraction zjeu"
nesse^ pour jeunes gens ; vieillesse^ pour
vieillards. On a justement regardé comme^
des synecdoches d'individu les noms pro-
pres employés pour des noms communs
et les noms communs employés pour des
noms propres, c'est-à-dire les aniono*
masés. J. T-v-s.
SYNÉDRIUM, vor. Saichïdrik.
SYNÉSIUS est un des Tittérateurs et
des philosophes les plus remarquables du
V* siècle. Tié à Cyrène en 878, il étudia
dans les célèbres écoles d'Alexandrie l'é-
loquence, la poésie, les mathématiques,
la philosophie; et tel fut le succès de ses
études que, à 19 ans, les Cyrénéens le
choisirent pour présenter à l'empereur
Arcadius une couronne d'or qu'ils lui
avaient votée. Le discours qu'à cette oc-
casion il prononça devant le fils de Théo-
dose {icspl pao-cieiac) existe encore, et
l'on y admire une courageuse exposition
des devoirs de la royauté. Sa mission à
la cour de Constantinople eut tout le suc-
cès qu'en attendaient ses compatriotes.
Quelque temps après, en revenant par
Alexandrie, il s'y maria (408)^ et vers
la même époque il se convertit à la foi
chrétienne; mais il ne put jamais abjurer
les dogmes de la philosophie de Platon ,
et, tonte sa vie, il s'étudia à les concilier
avec ceux du christianisme. Ses services,
la réputation qu'il s'était acqube par ses
talents, par ses vertus, le courage qu'il
déploya contre les Barbares qui avaient
envahi la province, lui méritèrent la re-
connaissance publique; les habitants de
Ptolémaîs voulurent même l'avoir pour
évêque.Synésius résista longtemps à leurs
vœux : ses opinions philosophiques, ses
goûts pour les occupations littéraires, sa
pieuse modestie, et aussi sa répugnance
à se séparer d'une épouse qu'il chérissait,
étaient autant d'olmacles qu'il ne pou-
vait vaincre, et ce ne fut qu'après avoir
obtenu l'autorisation de conserver sa fem-
me et de rester platonicien, qu'il se Isissa
I consacrer é vêque (4 1 0). Pendant son épis
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SYN
(614 V
SYN
oopat, il ne cessa de se montrer le cou-
rageux protecteur de son troupeau oon^»
tre tes exactions des gouverneurs, et le
soutien de l'autorité contre les passions
populaires, donnant à tous Texemple des
Tertus chrétiennes. Il mourut vers Tan
430. Ses ouvrages, écrits avec esprit, avec
élégance, et dont le P. PéUu a donné une
;éJ. gr.-latô 1612, in-fol., méritent d'ê-
tre étudiés. Ses LeZ/r^i surtout, au nom^
bréde 154, publiées séparément en 1605
et en 1783, offrent une lecture intéres-
aante et instructive. Plusieurs sont adres-
sées à Hypatia {voy.)^ et témoignent du
respect et de raffection que cette noble
pafennne avait inspirés à son ancien élè-
ve. Ses Hymn/ss, qui offrent un curieux
mélange des vérités chrétiennes et des
rêveries platoniques, se trouvent dans le
Syltoge de M. Boissonade, t. XV; MM.
Grégoire et Gollombet en ont donné
une estimable trad. franc., Lyon, 1836,
in- 8°. F. D.
SYNGLOSSE, aperçu général et col-
lectif ou synoptique des langues (y^ûo'O'a,
joint à aù^, avec), yoy. Polyglotte.
SYNGRAPHE (y/aà^, écriture),
vof. Charte.
STNODE.,Le mot grec trûvoSoc, formé
de o$oc, voie, chemin, et ffûv, avec, signiâe
une rencontre, une réunion ou assem-
blée. Dans rÉglise primitive, on appelait
ainsi une assemblée d'évêques qui déli-
béraient ensemble sur les affaires ecclé-
siastiques et de foi. Depuis, le nom de
concile (voy.) a prévalu dans cette ac-
ception, mais avec cette différence qu'on
disait un concile général, œcuménique,
et un synode national, provincial, dio*
césain ou métropolitain. Les synodes
étaient donc des conciles du second or-
dre.
Dans l'Église réformée, et particuliè-
rement en Ecosse et dans la Hollande,
où subsiste Torganisation presbytériele,
le synode est une assemblée que préside
le prédicateur, et que forment les an-
ciens de la commune : elle a les mêmes
attributions que les consistoires (voy,)
parmi les luthériens et les réformés ac-
tuels de France. Une assemblée compo-
sée de tous les ecclésiastiques et des an-
ciens de toutes les communes, assemblée
qui s'appelle presbyterium (voy. PaES-
BTviaiBim) en Ecosse, el en Hollavde ki
classe j est préposée à tout un arrondis-
sement communal. Des députée tirée de
toutes ces assemblées d'arrondiséemeDi ne
réunissent en synodes provinciaux, aux*
quels assiste un oommissaire du roi. Cefte
sorte de synode se tient, en Hollande, à
La Qaye, depuis 1835, et en Éoosae à
Edimbourg, depuis 200 ans. Les protes-
tants dissidents d'Angleterre et d'Irlande^
et les sectes protestantes de l'Amérique
du Nord, ont une organisation eocléaias-
tique semblable.
On sait que les synodes de Dortrcchlel
deLaRochelle(i*o)^. ces noms) ont long-
temps fait autorité parmi les protestanCa.
Aujourd'hui, chez les réforme de Franooi
un synode embrasse la circonscription de
cinq consistoires ['voy, T. XX, p. 306}.
La tenue et les résolutions de oea aaaem-
blées fort rares sont soumises à l'appro*
bation du gouvernement. Un synode na-
tional fut convoqué en 1811, mais il ne
produisit point de résultat satisfaisant.
En Suisse, les assemblées d'ecclésiasti-
ques, qui se tiennent plusieurs fois <
le cours de chaque année et qui ne |
vent pas prendre de résolu tiona,
présenter seulement a Tautorité det pro-
jets d*arrétés« ces assemblées, disona-nooa,
ressemblent aux synodes provinciaux ci-
dessus mentionnés. Cette organisation
n'existe, en Allemagne, que pour les com-
munautés isolées de réfugiés fran^ia, et
dans le comté de la Mark en Westpbalîe;
ailleurs, le pouvoir ecclésiastique et su-
périeur est dé%olu aux consistoires et
éphories. Les synodes généraux du dn*
ché de Nassau, du grand-duché de Ba-
de, des royaumes de Wurtemberg et de
Bavière , qui sont composés de députés
ecclésiastiques et laïques, ont voix con-
sultative à l'égard des projets de lob
concernant le spirituel, mats ils ont rare*
ment été convoqués. On n'a distingué, en
Prusse, parmi les synodes provinciaux
que ceux de Juliers, Clèves, Berg, Ham,
et quelques synodes tenus en Silésie et
dans la Westpbalîe. Les synodes des dio-
cèses de Bronswic et Mec klen bourg ,
ainsi que ceux des évéquea du Danemark,
ne s'occupent que de matières scientifi-
ques.
L'Église anglicane avait iiuirefois une
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SYN
(615)
SYN
orlMitêtion tyoodtk qm étok trèt ac-
tive, mab qui, préMotement, n'est plaft
qu'une affaire de forme : les évéqoet tien*
nent en Angleterre une aatemblée ayant
Touverture du parlement, assemblée qui
porte le nom de convoeaîiom. En Bon -
grie, il y eut un synode en 1833, à FelTel
de faire exécuter les lois disciplinaires de
rÉglise. L'Église grecque ne tient plus
de syoodes.
En Russie, on nomme saini'Synotie le
conseil ecclésiastique supérieur qui fut
institué par Pierre-le-Grand pour rem-
placer le patriarcat qu'il ne voulut point
conserver. On sait qu'il siège à Saint-
Pétersbourg. Nous en avons fait connaî-
tre la composition à l'art. Russie (T. XX,
p. 693). Le royaume de Grèce a égsle-
ment son saint-synode siégeant à Athè-
nes : d'sbord indépendant et purement
national, il a été soumis au patriarcat
de Constantinople par la constitution de
1844. X.
SYNONYME (de ^vv, avec, ensem-
ble, et ovtifAK , forme éolique de ovo/Kot,
nom), adjeclifgrec usité aussi commesub-
stantif en français pour exprimer des roots,
non pas de même nom^ mais ayant une
idée, une signification commune. Dans
son acception rigoureuse, cette qualifia
cation ne s'applique qu'aux termes d'une
langue qui ont une même signification ;
mais ou le donne, par extension, a tous
ceux qui, sans être parfaitement identi-
ques, présentent dans leur sens de grands
rapporU de ressemblance. Toute langue
étant le produit de divers idiomes qui se
fondent tuccessivement en un seul, il en
résulte qu'une même idée peut y être
exprimée par des termes différents : teb
sont, par exemple, en fran^is, les mots
hypothèse et supposition^ soliloque et
monologue^ empruntés les uns au grec les
autres an latin* Ces termes sont des sfno»
nyines parfaits. Mais à mesure que les
langues se perlectionnent, elles tendent
à se débarrasser de ces superduités; car
ce n'est pas le nombre des mots, mais la
quantité et la valeur des idées que ces
mots représentent , qui constituent leur
richesse. Il arrive donc naturellement,
ou que de deux mots synonymes l'un se
perd par le non usage : tels sont , p^
M«»pie| les vieox moU français bltmdir^
gaudir^ ire^ etc., qui ont dispara po«r
ne laisser subsister que leurs synonymea
caresser^ réjouir^ colère^ etc.; ou bien
que l'usage les différencie par des nuances,
plus ou moins délicates, qu'il y attacbe :
tels sont lea moU épithète (du grec), et
adjectif {an latin), nef^t navire^ netrf
et noupenuy etc., qui, tomme le prouve
leur éiymologie, sont au fond des syno-
nymes parfaits, mais que l'usage a peu m
peu détournés de leur signification pre*
mière en y attachant des différences réel-
les. Ces dégradations successives d'une
même idée se remarquent encore dans
une foule d'autres cas, soit qu'une ter-
minaison ou une préfixe, jointe au mot,
indique les idées accessoires qui viennent
s'ajouter à l'idée-mère : tels sont terres
terreau^ terroir ^ terrain y atténuer^ er-
ténuer; indisposé^ mal disposé ^ etc.;
soit que le mot reste invariable, tel que
mémoire^ faculté de l'âme, et mémoire^
écrit destiné à réveiller cette faculté;
poids ^ synonyme de pesanteur, gra*
vite, et poids synonyme de charge, far-
deau, etc. Il suit de cette dernière
considération qu'un même mot peut sa
rattacher è différentes familles de syno»
nymes.
Les synonymes parfaits étant en très
petit nombre dans la langue française,
et leur étude ne présentant aucmne dif-
ficulté, c'est surtout à saisir les nuances
qui existent entre les synonymes im**
parfaits que le grammairien doit s'ap-
pliquer.
On peut diviser ces derniers en deux
grandes catégories : les synonymes à radi*
eaux différents, ou synonymes étymolo^
giques, et les synonymes a mêmes radi-
caux , ou synonymes gramtnaticaust.
Les caractères distinctifs des synony-
mes étymologiques s'obtiennent de di-
verses manières et, entre autres, par l'a-
nalyse du radical de chacun d'eux: ainsi
peuple venant de popidus^ dérivé lui-
même de froXvff, plusieurs, et nation de
natio^ dérivé de nsuci^ natus^ naître, il
en résulte qu'un des caractères distinctils
de ces deux mots consiste, d'une part,
dans l'idée de multitude , et de l'autre
dans celle d'origine. Mais oette règle n'est
pas sans de nombreuses esceptiona; et la
maillaur moyan po«Mr arriver à la sifui^
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SYN
(616)
SYN
ficition propre d*an mot d'ooe langue
sera toujonn Tétikle des bons écrivains
dans cette langue.
Au contraire, dans les synonymes
grammaticaux y le rapport étant donné
par le radical auquel est attachée Tidée
générique , commune aux différents sy-
nonymes, il s'agit de déterminer la va-
leur de la terminaison, ou de la préfixe,
ou de tout autre circonstance gramma-
ticale accompagnant ce radical, pour
constater la différence qui s*oppose à
leur synonymie parfaite. On comprend
que, dans cette classe de synonymes, il
y a possibilité de poser des règles plus ou
moins générales, plus ou moins sûres.
Soit les terminaisons adjectivea al^ eux^
ter. D*après Roubaud, qui, le premier
en France, a cherché à établir des fa-
milles de synonymes en se fondant sur la
terminaison des mots, al désignerait les
appartenances, les dépendances, les cir-
constances de la chose : iocai, amical^
confectural; eux indiquerait l'abondau'-
ce, la propriété, la plénitude, la force:
radieux y vertueux^ etc.; ier signifierait
très communément l'habitude, l'attache-
ment, le métier même : ouvrier^ jardin
nier^ çordiet^ etc. De nos jours, notre
colleboratear, M. Benj. Lafaye, s'est em-
paré de cette idée judicieuse de l'abbé
Rouband et i'on peut dire que son ex-
oellent ouvrage {Synonymes français ^
Paris, 1841, in-8°; ce premier volume
ne traite que des synonymes grammati-
caux) fera faire de grands progrès à la
science de la synonymie.
L'étude de cette science, si négligée
dans nos collèges et si étrangère è la plu-
part de nos écrivains contemporains ,
est cependant d'une importance mdjeure
pour quiconque désire parler et écrire
correctement sa langue. « Elle fait ac-
quérir an style, dit M. Guizot, cette pro-
priété d'expression, cette précision, pierre
de touche des grands écrivains. » Aussi,
dès l'antiquité, a-t-on senti la néoeasité
de cette étude. Les Latins avaient écrit
sur cette matière des traités spéciaux qui
ne nous sont point parvenus^ Le plus
ancien ouvrage de ce genre qui nous
reste, est celui du grammairien Ammo-
nius, en grec. Mais on possède un grand
nombre de traités sur la synonymie la^
tine. Noua ne dterons que celui de Lmi«-
rent Valla : Elegantiarum latinœ Ungme^
Ubn FI; et celui d'Ausone Popma, De
dijferentns verborum^ lib* IV^ et De
usu antiquœ locutionis lib. II ^ augm.
parA.-D. Richter, ouvrage devenn des-
siqne, selon M. Guiiot.
Parmi les modernes, ce sont les
grammairiens françaisqui sesontoccapés
les premiers de ce genre de travaux.
Nous indiquerons les principaux d'en -
tre eux, et les noms de leurs ouvrages,
dans l'ordre où ils se sont succédé : Mé-
nage, Remarques sur la langue fran^
çaise; Bouhours, ses Remarques et ses
Doutes sur la langue française; Girard,
Synonymes français^ 1736; nouv. éd.,
augm. par Beauzée, 1769; Ronbaad,
Nouveaux synonymes français ; Dide-
rot, dans son Encyclopédie^ et finale-
ment M. Guizot qui a reproduit les tra*-
vaux de ses devanciers en cherchant à les
compléter dans son Nouv. Dict. anh.
des Synonymes de la langue française
(1809; 8«éd., Paris^ 1833, 2 vol. in-8»).
Ce que M. Guizot avait fait, nous l'a-
vons tenté à notre tour dans notre Dict,
complet des sy nony mes français (Lmpii,^
1835, in-8^), en ajoutant le fruit de nos
recherches particulières è la substanœ^
des traviiux faits antérieurement. Ifais
dans tous ces différents ouvrages, les sy-
nonymes grammaticaux sont traités d^une
manière incomplète^ isolément, sans mé-
thode, et sous ce rapport, la publication
de M. Lafaye mérite d'être distinguée de
toutes celles qui l'ont précédée. £h.'H-g.
SYNOVIE (mot formé de ùoy, maf,
et ffvv, avec). On appelle ainsi une hu-
meur bianchAtre, visqueuse et transpa-
rente, destinée à Inbréfier les articula-
tions pour en faciliter le mouvement. Il
a été question, au mot Mbmbeaitbs, dea
membranes ou capsules synoviales.
SYNTAXE (o-ûvraÇt^, disposition,
composition, auv-Toco'afcv, arranger avec
ou ensemble). La syntaxe est la partie de
l'art grammatical qui a pour objet lea
rapports à établir entre les mots, afin de
pouvoir reproduire l'ensemble de noe
pensées (voy. GaAiniAnx, T. XII, p.
728 ). Les mots d'une langue, pris isolé-
meot, ne peuvent en effet exprimer que
les idées élémentaires dont se composent
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SYN
(617)
SYN
SOS peatéet. Ik aoiit oornse lès periMi-
Dft^ d'un drams qui resteraient séfMi-
résy muets et immobiles; le coetame
pourrait bied indiquer le r61e dont ils
sont chargés, mab Hs ne sauraient repré-
senter une action, exécuter une scène que
du moment où ils se répondent les uns
aux autres par la réciprocité de leur jeu.
De même, pour traduire au dehors les
actes divers de notre entendement, il fsnt
disposer les moU et les faire fonctionner
entre eux dans les relations qui existent
entre les idées élémentaires dont se com-
pose la pensée totale. Les moU : un^ en^^
fantjjeune^eauy laisser^ se^ choir, ba--
di'rter, bord, Seines sont bien les signes
représentatifs de certains objets et' de
certains modes d*étre; mais ils ne les of-
frent à notre esprit que d*une manière
individuelle; pour former un ensemble,
il faut établir entre eux certains rapports:
du choix de ces rapports pourront résul-
ter différente ubieanx, et entre autres
celui- ci par lequel La Fontaine corn»
mence Tune de ses fables :
Uo tcuna enfant dtmt Tean te liisM choir,
Sm kadinaat sur le* bords de la S«ine.
Les rapporte dont s'occupe la syntaxe
sont de deux sortes : les uns établis entre
des idées coexistâmes , les autres entre
des idées distinctes,
1® Nous appelons idées coexistantes
celles que l'on réunit pour former le si-
gne d'un objet unique et indivisible. Ces
deux mote rose bianche n'offrent point
à notre esprit l'idée de deux objete dont
l'un serait représenté par rose et l'autre
par blanche, mab bien un seul et même
. objet que nous avons vu, que nous savons
exister dans nos jardins. Dans l'exemple
déjà cité, les mou Jeune enfant se trou*
vent dans le même cas : c'est un seul et
même individu que l'on désigne, il est, à
la fob enfant ti/eune; ïi n'y a pas plus
diversité de sujet que dans rose bianche.
Toutes les fob que deux mote se trouvent
ainsi réunb pour représenter un être indi-
viduel, l'un des deux {rose,en/ant)tBi un
substantif ou l'équivalent d'un substantif,
et il renferme dans sa signification l'exis-
tence de l'objet; l'autre moi [bianche,
jeune)m un modatif(vo/. Aoiegtif) on
l'équivalent d'an modatif, et représente
npe des manières d'être de l'objet. Le si|b«
stantifydansce cas, est presque toujours
le signe d'une idée trop générale et a
besoin du modatif pour le réduire à ne
signifier qu'une partie de cette idée , et
cette partie doit alors représenter pi^-
sément et uniquement l'objet que l'on
veut désigner. Si, parmi les nombreuses
espèces de roses, nous voulons en indi-
quer une seule, celle qui se dbtingne par
la blancheur de ses feuilles, le substentif
rose a un sens beaucoup trop étendu, et
nous avons besoin de l'adjectif bianche
pour le ramener à signifier exactement
la seule espèce que nous avons en vue.
Quels que soient ces modattfs, destinés a
exprimer les manières d*être que notre
esprit envisage dans les objets, il est na-
turel qu'ils aient une certaine ressem*
blance avec les substantifs qu'ib caracté-
risent, et qifils en revêtent pour ainsi
dire les couleurs, afin de faire sentir,
même par leur forme matérielle , qu'île
expriment les modes inhérents à ces sub-
stantifs. La partie de la syntaxe qui éta-
blit cette uniformité matérielle entre le
substantif et le modatif se nomme con-
eordance : elle renferme toutes les règles
des accords.
1^ Les rapporte de la seconde claise
sont ceux qui unisient entre eUes des
idées distinctes; c'est-à-dire des notions
d'objete que notre esprit considère com-
me différente entre ei|x. Dans ce cas en-
core, l'une des deux idées sert à déter-
miner l'autre en restreignant l'étendue
de sa signification. Ainsi, dans les vers
de La Fontaine que nous avons prb pour
exemple, le mot bord est signe d'un objet
tout-à-fait dbtinctde celui exprimé par
le moi Seine f et celui-ci réduit Tautre à
ne pouvoir désigner les bords d'un ruis-
seau, d'un torrent, de la mer, mab seu-
lement les bords du fleuve qui traverse
Paris. De même, le mot eau^ par le moyen
de la préposition dans, détermine l'idée
trop générale de se laissa choir; qu'on
supprime le substantif et la préposition,
et l'on ne saura plus où se laissa choir
l'enfant, si ce fut sur la terre, sur le gra-
vier ou sur le gazon du rivage. La partie
de la syntaxe qui donne des lob pour re-
nonciation des rapporte éubib entre des
idées distinctes se nomme là dépendan-
ce : c'est à elle qu'appartiennent toutes
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SYN
(«18)
syN
Im règU^rtlatÎTet aa régine (voy^e» not).
La dépendaDcc eiQploie troiB moyena
pour marquer les relations des idées dû'
tinctes : \^ la modifieation de la forme
matérielle des mots» 3® leur disposition»
S® remploi des prépositions. Le premier
de ces moyens est exclufiTement résenré
au& langues dites transpoêiti¥eêy c'eal-à-
dire à celles qui ont des cas (vo^*); le
second moyen est particulier aoi lan»
l^es nommées analytiques^ c'est-à-dire
è celles qui n*ont pas de cas; le troisième
est commun a ces deui espèces de lan*
De la diversité des procédés de la syn-
taxe proviennent les avantages et les dés-
avantagea respectifs des langues transpo-
sitives et des langues analytiques : celles-ci
nous offrent généralement la penséed*une
manière plus claire, plus exacte, plus ra*
tionnelle peut-être; mais elles sont moins
libres dans leurs tournures et moins con*
cises dans Texpression* C'est ainsi que le
français^ l'italien, l'espagnol et l'anglais,
langues analytiques , sont obligés d'em-
ployer cpiatre mots pour exprimer la
pensée : Pierre dit à Paul^ Pietro disse
a Paolo, Petro dice a Pablo^ Peter said
to Paul; de plus, ces langues ne pour-
root , du moins dans l'usage ordinaire»
combiner ces quatre mots dans un ordre
différent de celui que nous venons de
leur donner, tandis que le latin, langue
transpositive, rendra la même pensée avec
trois mots seulement» et pourra la pré»
senter dans six constructions différentes t
Petruâ dixit Paulo.dixit Petrus Paulo^
PaUio dfxit Petrus, etc.
Remarquons à ce propos qu'il est im-
portant de ne point confondre la co/f"
structionayec la syntaxe, bien que leurs
significations premières et étymologiques
ne soient pas très différentes* La syntaxe,
ainsi que nous Tavons dit, a pour objet
la manière de rendre les divers rapports
qui existent entre les idées, tandis que la
construction 8*occupe de l'arrangement
des mots entre eux» et de la coordina-
tion des phrases et des périodes. Dans
tous les cas, la synuxe reste la même pour
représenter les mêmes rapports; la con-
structioo aa contraire peut varier selon
les circonstances, soit pour satisfaire les
besoins de l'bArmoBie ou de la passioni
soit pour présenter lee div«see parlM* dU
la pensée dans l'ordre qui doit fiair« !•
plus d'impression sur l'auditeur. Bien
que les langues analytiques n'aient point,
co^me nous venons de le remarquer,
toute la liberté qu'ont les Unguee i
positives, cependant» dans quelques <
et surtout en poésie» elles peuveot
permettre un certain nombre de corn*
structions différentes sans OMUiqaer à
l'usage.
Pour la syntaxe particulière à chaque
langue» il faut voir nos articles sur cha-
cune d'elles» etsurtout les grammairee et
autres ouvrages spéciaux qu'on y a indi-
qués. A. DR Cm.
SYNTHÉSE(<rOv9f(rcr,de<rvvTt09fat
je com-pose» j'assemble) signifie compo-
sition» comme analyse {voy.) signifie dé-
composition. La synthèse va dooo d«
simple au composé» comme Fanalyse va
du composé au simple. Ce sont là lee
deux procédés au moyen desquels l'esprit
de l'homme développe et perfectionne
ses connaissances. Foy, Méthodb.
Un des caractères de la connaissance
humaine a son origine est de ne saisir
d'abord que des notions très complexes»
et par là même très vagues et ooafaaes;
en d'autres termes» la réalité» qai est
multiple, nous apparaît d'abord conune
un tout, c'est-à-dire sous la forme de
l'unité. Ainsi, dans nos premières aper-
oeptions, nous commençons par confon-
dre toutes les parties, que nous distia«
guerons par la suite : l'histoire de tontes
les langues, dont les modifications essen-
tiellessont l'expression des modifications
mêmes de la pensée, fait foi de cette vé-
rité. Ob<^ervex l'enfant qui commence à
parler : bien du temps se passera avant
qu'il ne formule une véritable proposi-
tion; mais il désigne par un seul signe
tout un ensemble d'objets» toute une
suite d'opérations; pour lui un seul et
même mot comprend à la fois le siyet de
sa pensée, les attributs qu'il y attache»
et l'affirmation qu*il veut exprimer :
quand il prononce les mots/ia/fflf/i, dada^
bobo, il y a à la fois» sous chacun de ces
mots, le besoin ou le sentiment qu'il
éprouve» l'objet extérieur auquel il It
rapporte, et l'acte qu'il veut produire.
Tout eat eiiveloppé dens un aênl aiguë.
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SYN
(GIO)
SYN
Les progrès quUl fer|ip«»la »aite oontis-
teroDt a démêler les parties de ce tont
primitif, à le décoropofer daDs ses élé*
nents, en un niot, à analyser. Il y a dooo
une synthèse natarelle, qui précède l'a-
nalyse, et qu'on peut appeler primitive*
A la suite de ce preoiier fait que nous
wons d'abord reconnu, savoir, que nos
premières connaissances sont compleies
et confuses, se produit un autre fait : par
le moyen du langage, ces pensées qui
d'abord n'étaient aperçues que dans une
confuse unité, et qui n'étaient exprimées
que par un seul mot, se décomposent en
parties multiples; nousdistinguonspeuà
peu ce que nous avions d'abord oonfoUdu,
Telle est l'œuvre principale des langues
(voy,)^ qui sont de véritables instruments
d'analyse : elles décomposent la pensée
dans ses principaux éléments. Lesgt'andes
modificatiops qu'elles subissent consis-
tent surtout en ce que les mots qu'elles
renferment tendent à exprimer des idées
«ie plus en plus simples. Les objets ne
s'offrent à nous, d'abord que par masses :
le premier progrès de l'intelligence est
de distinguer les masses principales les
unes des autres. A mesure que nous
nous familiarisons avec les êtres, nous
en démêlons mieux les diiïérentes par-
ties, et lorsque l'attention est portée
sur un objet particulier, elle y découvre
des détails qui avaient échappé à un re-
gard plus superficiel. Le terme de cette
analyse se rencontre lorsque nous som-
mes arrivés aux éléments, ou aux idées
simples et indécomposables.
Toutes les langues ne sont pas analy-
tiques au même degrés Les langues an-
ciennes sont généralement plus synthé-
tiques, en ce qu'au moyen de la compo-
sition des mots, des préfixes, et des dési-
nences si riches et si variées, elles forment
pour ainsi dire des tableaux compliqués
et frappants par leur ensemble. Si l'on .
compare le latin et le français, on trou-
vera une grande différence à cet égard.
L'analyse plus profonde et plus détaillée
die tous les éléments de la pensée, qui
s'opère dans la langue française, est le
produit d'un travail fait par les âges an-
térieuT8,c'est le résultat des progrès mêmes
de l'esprit humain ; c'est un héritage que
nous a légué le passé. Ceux qui parlent
aujourd'hui la langue française profitent
de toutes les opérations intellectuelles
qui ont été essayées avant eux. C'est là
06 qui peut donner aux modernes une
aptitude supérieure pour la décomposi*
tion de la pensée.
Quand nous avons séparé, pour les
distinguer, les éléments multiples de la
notion primitive, nous les recomposons
par la pensée. Dans la vue analytique^
nous avions considéré ces éléments cha-
cun en particulier, sans tenir compté àê
leurs rapports ; plus tard, ces rapports
viennent à nous frapper, nous rattachons
les parties l'une à l'autre, et nous reeon»
struisons l'ensemble. Celte reconstruc-
tion s'appelle encore synthèse. Outre la
synthèse naturelle qui précède l'analyse,
il y en a donc une autre qui la suit, et
qu'on appelle synthèse ultérieure* La
première était confuse, indistincte; la
seconde, grâce à l'analyse, est accompa*
gnée d'une notion distincte de tous les
éléments que no«is avons analysés^ Dans
ce passage, de l'analyse à la synthèse uU
térieure, il y a un écueil à craindre, c'est
que l'analyse ne soit incomplète, car
alors la recomposition serait également
incomplète. Pour éviter oc danger, il faut
faire une revue approfondie de l'objet
qu'on veut connaître, afin d'arriver à ce
que Descartesappelle des dénombrements
complets*
La nécessité de cette double opérât ion
de l'analyse et de la synthèse pour bten
connaître un objet quelconque, et cette
double face de l'opération synthétique^
apparaîtront aveo évidence à tous ceux
qui voudront se procurer une notion
suffisante de quoi que ce soit, paysage»
statue, tableau, arbre, etc. Ce sont iè
les deux procédés sans lesqikels la mév
thode serait imparfaite.
Quoique tous les esprits emploient al-
ternativement l'un et l'autre procédé , il
y e cependant des intelligences qui se
montrent disposées à appliquer plus ou
moins facilement l'un ou l'autre. Les uns
sont les esprits synthétiques ^ les autres
les esprits analytiques. Les premiers
possèdent à un degré supérieur la puis-
sance de généraliser, ils saisissent plus
volontiers dans les choses leurs rapports
de ressemblance; les seconds ont plus 4c
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SYO
(620)
SYP
pencham à potirsuif re une même idée ;
daos tous ses détails ; ils sont plus frappés
des rapports de différence. C'est plutôt
parmi les premiers que se rencontre le
génie; les seconds sont doués éminemment
de ce qu'on nomme en France l'esprit.
Enfin, dans l'histoire même, il est fa-
cile de distinguer des époques où domine
plus spécialement la tendance synthéti-
que, et d'autres où prévaut la tendance
analytique. Sans remonter plus haut dans
le passé, arrélons-nous au xviii® siècle,
nous y verrons prédominer avec puis*
sance le travail de l'analyse : le xix* siè-
ele au contraire, s'il est déjà possible de
lui reconnaître un caractère décidé,
épronve un besoin marqué de synthèse
dÂns toutes les voies où s?agite l'esprit
humain. Ainsi dans la vie de l'humanité,
eomme dans la vie de l'individu, se ma-
nifeste le double procédé de la méthode,
analyse et synthèse. A-d.
STOUAH, voy. Siwah.
SYPHILIS. Ce mot, dont l'origine
est très douteuse, sert à désigner une ma-
ladie TÎmlente et contagieuse, connue
aussi dans le monde sous le nom de mU"
iadie vénérienne ou de vérole. Les dé*
Dominations de mal de Naples et de
mal français se rapportent au xv* siè-
de, où les guerres avaient donné lieu à
Bne grande diffusion de cette maladie,
qui d'ailleurs a été aussi regardée comme
un funeste présent fait par le nouveau
monde a l'ancien. Malgré des volumes
écrits sur cette question, les opinions sont
encore partagées, les uns prétendant voir
dans les auteurs anciens, et même dans
les livres saints, la description des divers
aymptômes vénériens; les autres soute*
nant qu'on n'en trouve aucune trace
avant la découverte de l'Amérique, épo-
que où elle fit irruption d'une manière
subite, et par une terrible épidémie. Lors-
qu'on étudie attentivement ce sujet qui
ne peut être ici qu'indiqué, on est porté
a penser que la frayeur, produite par
l'épidémie, au milieu des troubles et des
malheurs inséparables de la guerre, em-
pêcha de distinguer suffisamment la sy-
philis des autres maladies qui vinrent
alors s'y joindre.
La syphilis, ayant le plus ordinaire-
ment iine origine qu'on ne peut avouer.
a été dès le début frappée de réproba--'
tion, et ceux qui en devenaient victinaeé,
d'une manière quelconque, furent menue
traqués comme des bétes fauves, et forcés
de sortir des villes sous peine de la kart.
Leur traitement, par suite de cette pro-
scription, devint bientôt la proie d^hoo»-
mes qui faisaient payer chèrement leurs
services et le secret qui devait les enve-
lopper; la nature de la maladie resta
longtemps inconnue. Ces préjugés ont
régné longtemps et fait de nombreuaes
victimes; aujourd'hui même, malgré les
progrès des sciences, ils subsistent encore
par suite de l'isolement àxi^ vénériens
dans des hôpitaux spéciaux. La plupart
des médecins ont sur la syphilis les idées
les plus fausses, et le traitement de cette
maladie est presqu'exclusivement livré
atix charlatans titrés ou non^ parce que
les malades craignent de dévoiler leor
position à l'homme qui a d'ordinaire
leur confiance. Dans le monde, on re-
garde la maladie syphilitique coname
grave et impossible à guérir radicale-
ment : on croit qu'elle exige un trai-
tement ayant des conséquences très dan-
gereuses pour la santé et qui influe sur
les générations suivantes, en y favorisant
le développement du rachitis, des scro-
fules et même celui de la folie. A ces opi-
nions nous essaierons de substituer des
idées plus en rapport avec l'observation
exacte, plus consolantes, et contre les-
quelles cependant la morale n'aura pas
d'objection à élever.
C'est un fait avéré que le pus sécrété
par certains ulcères détermine des ul-
cérations semblables, lorsqu'il est déposé
à la superficie des membranes muqueuses
saines, ou sur la peau dépouillée de son
épiderme. Au point d'insertion parait
une pustule qui s'ouvre promptement et
laisse un ulcère, vulgairement appelé
chancre primitijj lequel dure environ
quarante jours, après lesquels il se cica-
trise. Pendant la moitié à peu près de
son existence, il fournit un pus virulent
et capable de transmettre une affection
toute semblable ; dans la seconde période,
la propriété contagieuse a cessé d'exister
ou s'est beaucoup atténuée. La marche
et la durée du chancre, ainsi que son as-
pect, sont caractérutiqaes.
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StP
( C2I )
SVP
Dant les cas les plus fatorab^s et qui
seraient plus nombreux si le traitement
était mieus compris, le chancre syphili-
tique, unique ou multiple, peut demeurer
une affection locale, nonobstant même
quelques accidents inflammatoires, déve«
loppés autour des ulcères et dans les gan*
glions lymphatiques les plus voisins. Mais
souvent aussi les produits de sécrétion
morbide, résorbés et portés dans le tor-
rent de la circulation, vont produire par
tout le corps une éruption de plaques
rouges dures et saillantes [papule syphi"
Utique^ syphilide populeuse) qui donne
lieu à des accidents variés. On dit alors
qu'il y a infection générale ou syphilis
constitutionnelle. On peut contracter in-
définiment la syphilis primitive, sans que
le nombre des inoculations rende les
chances plus défavorables. Tous les sexes
et tous les Ages sont également suscep-
tibles de recevoir la contagion {yoy. ce
mot).
Tel est en peu de mots le tableau de
la syphilis , qui se distingue , comme on
le voit , en syphilis primitive ou locale^
caractéruée par le chancre, et en syphi-
lis secondaire ou constitutionnelle^ c'est
la syphilide populeuse. Nous écartons
tout d'abord plusieurs symptômes ordi-
nairement confondus avec la syphilis ou
des phénomènes complètement étran-
l^rs, qui ne sont que des accessoires non
caractéristiques.
On sait que les chancres primitifs ont
le plus souvent leur siège ^ux parties
sexuelles , au mamelon chez les nourri-
ces. Ils se présentent sous l'apparence de
petits ulcères ronds, creux, ayant une
base indorée et dont le fond est jaunAtre
et comme réticulé. Le pus séreux qui
s'en écoule est éminemment contagieux.
Au bout de quinze jours environ le fond
se nettoie, se couvre de bourgeons char-
nos, et l'ulcère, ramené à l'état simple,
ne tarde pas à se cicatriser, dans les cas
où un traitement vicieux n'est pas venu
contrarier la marche naturelle de la ma-
ladie. Quand les ulcères sont nombreux,
ils se réunissent souvent; et sous l'In-
fluence de la malpropreté, du frottement^
et du mauvais régime, ils déterminent des
accidents plus ou moins graves, inflam-
mattoof destmctiveiy perforationt| etc.
Mais le plus important de tous, c'eat Tab^
aorption du pus contagieux et Tinfection
générale , dont l'engorgement des gan-
glions voisins des ulcères est le précur-
seur et le signe. Aussi le soin principal
du traitement doit-il être de prévenir
cette absorption.
La syphilis constitutionnelle , qoi est
constamment coosécolive au chancre ,
consiste dans des élevures. rouges, lenti-
culaires et dures, qui surviennent sur
toutes les parties de la peau et à Torifioe
des cavités tapissées par les membranes
muqueuses. L'épiderme qui les recouvre,
soulevé par le gonflement de la peau , se
détache en plaques circulaires, et A re-
nouvelle à plusieurs reprises. Lorsque la
papule syphilitique siège sur des partiea
humides ou sur les membranes muqueu-
ses, on les voit souvent donner lien à des
ulcérations qui sont difficiles è guérir, et
qui des parties molles qu'elles semblent
dévorer, s'étendent jusqu'aux os qu'elles
altèrent souvent très profondément. Com-
me ces papules se présentent avec un as-
pect différent suivant les parties qu'elles
occupent, elles ont été décrites sous des
noms très variés , et c'est la cause de la
confusion qui règne encore à ce sujet, et
des opinions diverses qui partagent lea
praticiens.
Quoi qu'il en soit, la marche de Ui
syphilide papuleuse est essentiellement
chronique. Elle se développe pendant ou
peu après l'existence des ulcères primi-
tifs, et se prolonge indéfiniment sans oc-
casionner de grandes douleurs et sans
agir notablement sur la santé générale.
Seulement les ulcères qui siègent au nez
ou au voile du palais peuvent occasion-
ner des désordres et des difformités irré-
parables.
La syphilide papuVeuse est le mal que
préientent les enfants conçus par une
mère ou engendrés par un père actuel-
lement affectés de syphilis primitive ou
secondaire, ou nourris par une femme
infectée, par la syphilis se transmet in-
contestablement par la génération et par
l'allaitement.
Il y a une foule d'accidents qui coïn-
cident souvent avec la syphilis, et qui, è
cause de cela, lui ont été attribués : ce
aont U blennorrhagiei lea végétations, lea
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SYP
(622)
StP
eicroÎMAiioet, les carie», les «xostoMs, les
douleort, les bubons, •te. Les bornes de
cel article ne nous permettent pas de dé*
velopper cette poopositioa que ces symp-
tômes ont une autre origine, et de ré-
duire ainsi la syphilis à sa plus simple
eipression.
Les symptômes syphilitiques, tant pri-
initifft que secondaires, sont, quoi qu'on
en puisse dire, faciles à distinguer de
oeui d'autres affections. Il n'est pas eiact
de dire que cette maladie soit un protée
insaisissable et sachant prendre touies
les formes pour échapper au médecin qui
la poursuit. Une étude attentive et sou-
tendi permet d'arriver à un diagnostic
certain , et qui n'a besoin ni du rapport
souvent infidèle et quelquefois trompeur
du malade, ni de la pierre de touche du
traitement mercuriel, ni à plus forte rai-
son de l'inoculation du pus douteux,
moyen bizarre et fâcheux proposé dans
ces derniers temps, et qui n'a pas même
1,'avantage de trancher nettement la dif*
ficulté.
Quant au pronostic, en voici les con*
ditions explicites. Quand l'ulcère primi-
tif est traité avec soin et intelligence , il
peut finir là où il a commencé, sans laisser
dans l'économie aucune trace. Si le pus
des ulcères est absorbé et porté dans les
ganglions lymphatiques (bubon), il y a
probabilité que les symptômes de l'infec-
tion générale se manifesteront ; pourtant
il y a des exemples nombreux où les ma-
lades en oqt été exempts. Enfin, dans les
caa les plus graves, on est complètement
sous l'influence de la syphilis , mais on
peut s'y soustraire et guérir sans retour
par un traitement bien connu et certain
dans ses résultats. Ajoutons que ce trai-
tement n'a pas les dangers qu'on s'est plu
à lui prêter.
Le traitement n'est pas le même pour
la syphilis primitive et pour celle qui est
devenue coùstitutionnelle. Le mercure ,
qui est indispensable dans le second cas,
est inutile et même nuisible dans le pre-
mier : c'est ce qu'il est important de bien
considérer. Ainâi donc, dès le début, il
faut faire avorter la maladie par une vi-
goureuse cautérisation, pratiquée d'a-
près les principes qui font agir dans les
moriut Cl d* Animaux venimeux ou tnra»
gés. Si Von arrive trop tard pour avoir
reéours à ce moyen, il faut, par des pan-
sements multipliés et méthodiques, enle-
ver le pus contagieux fourni par les ul-
cères, afin qu'il ne soit pas absorbé pmr
lesvaisseaui lymphatiques, et qu'il n'aille
pas produire les bubons, et ensuite Pin-
îection générale ou syphilis constitution-
nelle.
Les moyens accessoires à ce traitement
local ne sauraient le remplacer', tandis
qu'à lui seul il compte de nombreuses et
solides guérisons. Il ne faut pas cepen-
dant les négliger; ce sont : le.repos, la
propreté , les bains généraux , le régime
et les boissons tempérantes, les narcoti-
ques, la saignée au behoin. Encore fant-it
remarquer qu'ils sont dirigés moins con-
tre la maladie elle-même que contre des
complications.
Tout au contraire , dans le traite-
ment de la syphilis constitutionnelle, les
moyens généraux sont en première ligne,
et les moyens locaux n'ont qu'une im-
portance secondaire. Le mercure admi-
nistré soit intérieurement, soit extérieu-
rement, mais toujours de manière à être
absorbé et porté dans les voies de la cir-
culation, est ce sur quoi il y a le plus à
compter , bien que d'autres substances
médicamenteuses présentent aussi des cas
de guérison ; et c'est en ce sens qu'on
peut dire que le mercure est le spécifi-
que de la syphilis. Peu de temps après
qu'on a commencé à le donner, on voit
d'abord que l'éruption papuleuse s'ar*>
rête, puis bientôt les papules déjà exis-
tantes s'affaissent et se flétrissent pour
disparaître enfin tout-à-fait; les ulcé-
rations se détergent et se cicatrisent, lais-
sant après elles des traces proportion-
nées à la durée de la maladie. Les pan-
sements et les applications locales vien-
nent en aide à la médication locale , et
la cautérisation superficielle avec le ni-
trate d'argent rend surtout des services
signalés. La durée moyenne du traite-
ment est de six semaines à deux mois;
mais il y a quelques exceptions.
Malgré tous les reproches adressés su
mercure , il reste établi que ce médica-
ment , lorsqu'il est administré dans les
circonstances convenablesetavec mesure,
ne produit que d'excellents effets. Il pe«t
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SYR
( 623.)
SYR
être «dmiDistré même aux enfants à là
mamelle, sans antre résultat que la guéri-
son de la maladie dont ils sopt affectés.
La maladie syphilitique a été chez tou-
tes les nations civilisées modernes l*objet
des soins et de la surveillance de Tadmi-
nislratioM, éclairée par les conseils de la
médecine. A mesure que la vigilance est
devenue plus exacte el plus douce, les ra-
vages de la syphilis ont diminué, et il est
permis d'espérer qu'on les verra restrein-
dre encore de jour en jour; on pourrait
même croire, jusqu'à un certain point, à
son extinction toule.
Il serait à souhaiter que, des idées plus
justes sur cette maladie venant à se ré^
pandre dans le public, les personnes qui
en sont atteiutes,de quelque manière que
ce soit, s'empressassent de réclamer les
secours de Tart, lesquels, selon que nous
l'avons démontré, ne sont jamais plus
efficaces que quand ils sont adminis-
trés à une époque très rapprochée du
début. F. R.
SYR A, voy. Ctcladbs, T. VU,
p. 886, et GaicE, T. XllI, p. 12.
SYRACCSE (aujourd'hui Viragos*
/a), ancienne capitale de la vSicile (vo^.),
sur la c6le orientale, avec un grand port
extérieur et un petit port intérieur. Sy-
racuse passait pour une des villes les
plus vastes et les plus belles de l'anti-
quité; on assure que sa circonférence
n'avait pas moins de 178 stades. Du
temps de sa splendeur, elle comptait
plus de 800,000 habitants et formait
proprement quatre villes, chacune en>
tonrée d'un mur particulier. La partie
orientale, appelée Acradiney était défen-
due par des murailles d'une épaisseur ex-
traordinaire et avait une grande place en-
tourée de portiques au milieu de laquelle
s'élevaient le Prylanée ou hôtel de ville
et le magnifique temple de Jupiter Olym-
pien. On y voyait aussi un palais où
siégait la cour suprême. Les autres par-
ties de Syracuse étaient Tyché avec un
gymnase et le temple de la Fortune qui
lui avait donné son nom ; Néapolis ou
la ville neuve, avec un amphithéâtre, le
beau temple de Cérès et Proserpine, et le
fort Olympium, ainsi appelé du temple
de Jupiter; enfin l'Ile d'Or/jg^f^y avec la
fonuine Aréthuse, où s'élevaient le pa-
lais des rois, qui devint plus tard fa résU
dence des gouverneurs romains, et les
superbes temples de Diane et de Miner-
ve, déesses protectrices de la ville.
Syracuse avait été fondée, l'an 735 av.
J.-C, par une colonie corinthienne
sous la conduite de l'béraclide Afchias;
elle devint bientôt la ville la plus puis-
sante de la Sicile dont l'histoire, pendant
longtemps, se rattache à la sienne. Jus-
qu'en 484, elle se gouverna en républi-
que. Dans cette année, après avoir chassé
leurs orgueilleux patriciens, appelés géo
mores ou gamores {yafiopoi), les Sy racu-
sainsse virent asservis par Gélon (vo/.)^
tyran de Gela, qui agrandit la ville, et
accrut sa population en y transplantant
les habitants de Camarina , qu'il avait
détruite. Ce prince fut le véritable fon-
dateur de la puissance syracusaine; dès
lors, la ville était plus puissante qu'au-
cun des petits états de la Grèce. On sait
quelle victoire Gélon remporta sur Car-
tbage, alirée des Perses , l'an 480. Hié-
ron I" (voy.)^ frère de Gélon, lui succéda
en 477. Sans avoir les mêmes talents, il
se montra zélé protecteur des arts et des
sciences, et conquit Naxos et Catane. Il
mourut en 467. Thrasybule, autre frère
de Gélon, se fit détester par ses cruauiéSy
et fut chassé après dix mois de règne,
en 466. Alors le gouvernement républi-
cain fut rétabli, et pour célébrer le retour
de la liberté, on institua les éleuthénesy
jours de fêtes et de sacrifices solennels.
Pour arrêter l'ambition de ceux qui au-
raient pu viser à la souveraineté, on
promulgua (454) la loi àtxpétaUsmey qui
prononçait le bannissement contre les
citoyens trop riches et trop influents. Les
abus que cette loi enfantait la fit bientôt
tomber en désuétude, et son abolition
fut l'aurore d'une prospérité nouvelle
pour Syracuse. Après avoir soutenu plu-
sieurs guerres contre les Léontins, les
Égeâtins, les Athéniens {voy. Guerre du
PéLOPONNÀsE) et les Spartiates, les Sy-
racusains se virent menacés par Carlha-
ge, dont les progrès dans l'ile devenaient
de jour en jour plus alarmants ; et à ce
danger extérieur vinrent se joindre les
troubles occasionnés par le supplice
d'Hermocrate. Le gendre de ce dernier,
Denys (vo)^.), s'empara du commande-
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SYR
(624)
»YR
mtnt et rârné^y te fit àe% parlisanty se
rcoditmattredeU citadelle et se prodanui
tjfran Tau 405. Son fils DeDys II (voy,)
ayant été chas»é par le corinthien Timo^
léon {voy.\, Syracuse recouvra encore une
fois sa liberté. Son libérateur lui donna de
nouvelles lois, et établit un premier ma»
gistrat avec le titre à^amphi polos ou prê-
tre de Jupiter Olympien, dignité qui ne
fut abolie que sons Temperenr Auguste.
Tirooléon se défendit avec succès contre
les Carthaginois; battit, en 340, Amil-
Car et Asdrubaly et les força de conclure
une paix désavantageuse. Vingt ans aprçs
la mort de ce vrai républicain, de nou-
veaux troubles agitèrent la ville : plu-
sieurs tyrans s'emparèrent de l'autorité ;
parmi eux se distingua Agatbocle (voy,)^
qui subjugua presque tonte la Sicile, l'an
817. A la suite de longues guerres ni-
testinea et de cruautés inouïes, il fut
empoisonné par Ménon (389), qui, à son
tour, fut renversépar Icétas. La 9*^ année
du règne de ce dernier, Tbynion et So^
sistrate excitèrent une révolte contre lui.
Fatiguée de ces lattes, la ville se donna
à Pyrrhus {yoy,)^ roi d'Épire et gendre
d*Agathocle, qui en nomma roi son fils.
Mais celui-ci s'attira par ses cruautés la
haine de ses sujçts, et fut obligé de se
réfugier en Italie. Hiéron 11 [voy,)^ que
son excellente conduite fit proclamer roi
Tan 368, cl6t le siècle d*or de Syracuse.
Il eut pour successeur son filsGélon(215),
qui transmit le pouvoir è son fils Hiéro*
nyme. Ce tyran voluptueux s*allia im-
prudemment avec les Carthaginois contre
les Romains, et périt victime d'une con-
juration (314). Après un siège que le
génie d'Archimède(vo/.) prolongea pen-
dant 8 ans, Syracuse fut prise par Marcel-
lus (313 ans av. J.-C), détruite et sou-
mbe aux Romains.
A Tépoque de sa puissance, sous le
tyran Denys, elle avait pa entretenir
10,000 cavaliers, 100,000 ûmtassins et
400 vaisseaux de guerre. Les aru et les
sciences y florissaient. Arehimède et
Théocrite y avaient vu le jour, et les Ro-
mains en enlevèrent une foule de chefs-
d'œuvre qu'ils transportèrent en Italie.
Aujourd'hui, Stragossa est le siège d'une
intendance et d'un archevêché ; mais elle
ne compte plos que I6,80â habitants.
La cathédrale éttk >dii nn teaple de
Minerve. L^oreille de Denys est une grotte
en forme de S , remarquable par son
écho. Il y a dans let environs de vâitei
carrières (voy. Latomies), Le papyrai,
arbre originaire d* Egypte et dont on fut
du papier, croit sur le territoire deSy*
racnse. Dernièrement, on a découvert
près de cette ville dea bains antiques,
d'une architecture curieuse et oraéi
de belles peintures, des ruines de lesi-
ples et d'amphithéâtres, des cstacoii-
besy etc. C, L
SYR-DARIA, voy. Iaxaxte.
SYRIAQUES (langue et littiu-
Tuax). La langue syriaque ou oraméeM'
nCf nom dont on trouve l'eaplicstioa
dans l'art, suiv., appartient aux langoa
sémitiques (voy. Linguistique, T. XVI,
p. 570). Elle nous est particulièreiiieit
connue par la traduction du Noaveaa-
Testament : le syro-chaldéen parlé do
temps de Jésus*Christ parmi les Juifs es
était une corruption, comme l'est soni
le syrien d'aujourd'hui qui se conienre
dans la Mésopotamie. Cette laogoe as-
cienne est importante surtout pour l'é-
tude de l'hébreu. Elle parait avoir at-
teint le plus haut point de culture dass
le VI* siècle de notre ère. Dès le ix*, ék
se corrompit par le mélange de rsrsbe,
qui la supplanta entièrement eo-Sjnc
dans le xvi', époque où l'on coidimb^
à l'étudier en Europe. Le plos socieB
monument de cette langue est la tra-
duction du Nouveau-Testament appe-
lée PeschUo^ laquelle date peut-être ds
!!• siècle. Il existe encore deux aotre»
traductions, qui ne sont pas sans impi»^
tance pour la critique , celle de Plw-
loxène et celle de la Palestine ou de Jé-
rusalem. Lerestedela littérature syriaque
a été complètement négligé jusqu'à Clé-
ment Xi , qui commença une préaeoie
collection die manuscriu syriens pour la
bibliothèque du Vatican \vof.). P*'""
les grammaires syriaques, nous citerooi»
outre les grammaires sémitique réoDitf
de Valer (wy.), celle de Hoffotf»
(Halle, 1837, in.4^); et parmi Iss dic-
tionnaires, outreCastell(v<?r.)«'^'*"ff*?
lexiques polyglottes, ceux de Zaooli»i
(Padoue, 1743 , in-4o) et de Micli»«W,
d'aprèsCastaU(l788, 3vol.in-4*).^^'
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SYR
othoBUUM, appelée Jram dans l'Écrito-
retaSme, aC aajoiird'hiii commBDément
détîgnéa , en Orient » tous le nom d^Jl
Seham ou Cham (Région do nord), à
raison de sa sitoation relativement ans
déserta de V Arabie. La Syrie se déploie le
long de la Méditerranée depuis l'Arabie*
Pétrée, an sud, jusqu'à l'Asie-Mineure,
au nord ; à l'est, elle est terminée par le
désert, et dans sa partie supérieure par
TEuphrate (i>of •)> ^^ lasépare de la Mé-
sopotamie. C'est une contrée plut éten«
due en longueur qu'en largeur, et par-
courue d'un bout à l'autre par le Liban
(vax,)f grande chaîne formée de masses
calcaires et abruptes, qui se rattache au
nord à l'Amanus, branche du Taurus
{voy,)yBe partage en deux séries de monts
parallèles, dont l'une, k l'ouest et très
rapprochée de la mer, gsrde le nom de
Liban, tandis que l'autre prend celui
d'Anli-Liban, et projette au sud ses der-
niers échelons jusque dans l'Arabie- Pé-
trée et vers les confins de l'Egypte. Parmi
ses sommets méridionaux,le mont Garmel,
groupe très avancé sur la côte, le mont Ta-
bor [voy. ces noms) et la montagne des
Oliviers sont célèbres dans l'Histoire-
Sainte. Sous le rapport physique, ondis«
tingue en Syrie 8 régions : le lUtoralj lon-
gue bande très étroite, resserrée entre le
Liban et les ramifications méridionales
de cette chaîne d'une part et la Méditer-
ranée de l'autre; la montagne avec les
vallées et les plateaux, qui en joignent
les différentes parties; enfin les terrains
plats, à l'est de la montagne, formés de
surfaces de roches nues et de sables, qui
finissent par se confondre entièrement
avec le désert, L'Oronte, tributaire de la
Méditerranée dans son cours supérieur,
€( le Jourdain, qui suit une direction
opposée vers le sud et se jette dans la mer
Morte {voy. tous ces noma), marquent la
limite entre les deux dernières régions.
Ces courants principaux ont leurs sour-
ces auprès des sommets neigeux du Li-
ban, dont les plus élevés atteignent une
hauteur de 9 à 10,000 pieds. Hormis
l'Eupbrate, la Syrie n'offre point de
fleuve du premier ordre , et dans beau-
coup d'endroits le pays manque d*eau.
La région pierreuse, aride et sablon-
Ençyclop. d. G. d, M. Tome XXL
SYR
à Peet aea menti «et .
inhabitée. Une aniltitnde dégorge âpna
et sauvages, ainsi que de . profondes ^t
spacieuses vallées, traversent la montagne
dans tons les sens ; et ces dernières, no-
tamment celles • qui s'ouvrent au pied
occidental du Liban, présentent géné-
ralement un aspect ravissant. Ellei of-.
frent un sol éminemment propra à la
culture, sont bien arrosées et contien-
nent les disuricts les plus fertiles et les
plus peuplés. Sur lé littoral, les terres
sont d'une fécondité non moins remar-
quable, et le climat encore plus chaud,
mais aussi moins salubre que dans l'in-
térieur du péys. Les tremblements de
terre ont souvent affligé la Syrie d'une
manière plus terrible même que la peste,
et, en 1822 encore, une de ces commo-
tions a renversé la moitié de la ville
d^Alep.
Le pays fournit des grains de toute es-
pèce, du mais, du dourah (espèce de mil-
let), du sésatoe, du riz, du coton, du
tabac, du vin, de l'huile d'olives, du sa-
fran, de la garance, des dattes, tous les
fruiu les plus exquis, etc. Parmi les ar-
bres, on distingue les cyprès et surtout
ces fameux cèdres du Liban, si vantés
dans l'architecture antique, mats dont
l'espèce est devenue beaucoup plus rara
aujourd'hui. Le règne animal présente
une grande quantité de bétail, des buf-
fles, des moutons è grosse queue, des
chèvres, des gazelles, des porcs, des cha-
meaux, des vers è soie, des abeilles et
ces mollusques auxquels Tyr emprun-
tait anciennement la matière tinctoriale
pour ses pourpres précieuses. Le règne
minéral, assez pauvre en revanche, ne
donne que du marbre, un peu de fer et
de la houille récemment découverte.
La Syrie a une grande importance soua
le rapport commercial , à raison de sa
ntuation sur la ligne routière que sui-
vaient jadis les marchandises de llnde^
débarquées au fond du golfe Pernque,
pour être de là expédiées en Europe.
Dans l'antiquité, la Syrie était divisée
en quanre parties principales. La pre-
mière était la Syrie supérieuMet moyenne
ou Syrie propre, dont une portion, com-
prise entre l'Asie-Mineure et TEuphrate^
formait lu Commagéne {vo]r,)f et avait
40
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SYR
(610)
ÈitL
Udulé f^nrto de» ati«i«iii, M troute BMilii*
tciMDl la grande dté d'Ai«p(vof.),l>ri-
nitttenMiit Berœa cm Chaljrbon, arac
•on port établi à Alaxandrelte (Iskanda-
ronn ); Antakié, jadis Antioche {vof.),
la capitale grecqua des Séleucides, sur
rOronta ; et Latakieh (voy. Laodigiùs),
port sur la Méditerranée. A cèté de ces
Tilles floriflsaient, dans l'antiquité, Sélea-
cie {vop) près de rembonchnre de l*0-
ronte, et, dans le voisinage du même
fleaf e, Émèse, patrie de l*empei;|Bur Hé-
liogabale, qui y fat prêtre du soleil, et
Apamée^ où la reine Zénobie fut vaincue
par Aurélien. Sous le nom de Celé"
Syrie (vojT') ou Syrie crème, on dési-
gnait plus particulièrement trois grandes
vallées renfermées entre le Liban et
rAnti*Liban, à peu près au centre de
tonte la contrée. A cette province ap-
partenait Damas (vojr.)^ une des plus
atioiemtes villes du monde , et encore
aujourd'hui la plus importante et la plus
peuplée de la Syrie ) là s'élevait auisi ja-
dis Héliopolis ou Baaibek (voy.)^ avec
un célàbn temple du soleil, dont on ad-
mire encore les magnifiques débris.
La seconde partie de la Syrie, la Phé-
ftéeie^ dont on a traité spécialement sons
ce nom, ne comprenait que la lisière de
côtes étroite où dominaient, dans une
haute antiquité, par le commerce, par
Findustrie, par leurs flottes et par leurs
richesses^ les cités célèbres disséminées
inr le littoral. Elle correspondait, -en
partie, à la Syrie creuse, qu'on y ratta-
chait même, an temps des empereurs ro-
mains, lous le nom de Phénicie llba^
rdenne^ et en partie aussi à la Palestine,
jltequ'aa promontoire du Garmel. Nous
ne ferons que mentionner en passant les
ports de Tripoli {Thrmbtas)^ de Saint-
Jean- d'Acre {i>OY.) , la Ptolémafde des
croisés, au pied du Cartael; de Séîd,
l'antique Sidon ; de Deyrooth [Btr/tus),
et Sour, mauvaise bourgade sur l'em-*
placement de Filhatre et opulente dté
deTyr.
La troirième partie et la Syrie, la Pa-
èestint ibrme tin pktean montagneux ,
d'une élévation moyenne de 8,000 pieds
environ I traversé par divers rameaux,
qui ae propagent an lud da Liban et de
à swi art. partioolier pour la desoriptfcMi
de même que pour l'historique de eette
terre à jamais célèbre comme le Ibyar d«
judaïsme, le hereeau dn ohristianiaaM ec
le théâtre principal des croisades.
Enfin la quatrième partie de la Syrie
embrasse tout le désert , qui s'étend à
l'est de cette contrée. On y trouve, à quel-
ques journées de marche de Damas, l'oa-
sis célèbre de la Palmyrène^ où le petit
village de Thadmor offre encore les su-
perbes mines de Palmyre (yoy,\ ancien-
nement le riche entrepôt de toutes les
caravanes qui circulaient entre l'Eu-
pbrate et la Méditerranée, et capitale
d'un état puissant sous la reine ZénolMe.
La population de la Syrie, beanooap
plus considérable autrefois, n'est main-
tenant évaluée tout au plus qu'à 2 ^ mii-
lîons d*âmes% sur une étendue de 3,800
milles carr. géogr . , ce qui est à peu près la
grandeur de l'Angleterre sans la princi-
pauté de Galles. Elle présente un assem-
blage d'une foule de races hétérogènes,
d'Arabes sédentaires, de Turcs, de Grecs,
d'Arméniens, de Juifs, de Francs et de
tribus nomades de Bédouins, de Turco-
mans et de Kourdes vers TEuphrate. La
montagne est occupée par d'autres peu-
ples encore qui ont toujours eu leur gou-
vernement à part, qui soufltent impa*
tiemment la suprématie des matires étrui-
gers de la plaine , et vivent entr'eiix
dans un état continuel d'hostilités, en-
tretenu par la diversité de leurs croyan-
ces religieuses. Ces montagnards sont les
Druses, moitié idolâtres^ les Maronites,
chrétiens; les Montoualis et les Ansarièa
ou Ifossaîris, sectaires chiites, etc., qui
presque tous ont déjà leurs articles dana
cet ouvrage, et composent ensemble un
chiffre d'un demi million d'âmes environ.
L'arabe est aujourd'hui l'idiome domi-
nant de la Syrie et s'y parie en différente
dialectes. Il n'existe plus dans ce paya
aucune trace de l'ancienne langue syria-
(*) Noos croyons que c'est eooore trop. D*«*
près les évaluations les pins récentes , la Syri*
n'aurait pas a millions d*hab. ; on mémoire de
M. le baron Bois-le*Comte ne Ini en donne que
I \ million, nombre que le colonel Cuaphell ,
consul général en Egypte, élève toutefois jns-
qn*à 1,864,000, dont près de i million de mn«
solmans* â«
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STE
da yiwiiûwt «t dctrtttgaiiudiffMti.
L'igaoriBoe et la siipenticioiiy TMiuchit
•C k tyraoïiM OBi «DTaU tonte k cooiré* ;
Fagrioolum est «égltgéei tam les arts de
rindnstriey et par oouéqaeBt wàad \m
ViUet oè jadis ils prospértÂent, sont en
pleÎM déoadenoe ; le oeaueree Uagml et
se ressent ▼hrement des effets progressifs
de la barbarie et de landsèredapaya. La
Syrie, wmu ]m dondnalion tdrqne, a long*
temps formé les 4 padialiks d'iiep, de
Damas, de Tripoli et d'Aore. Jémsalem
{vojr,)f qni est nne vtHe sainte, anx yenx
des mnsalmans comme à ceux des cbré^-
tiens, relèfe immédiatement de Con-
stantinople, avec le distriet dont elle est
le cbef-iien.
Hisêoire. De grands son? enirs bisto*'
riqnes se rattaebent non-seidement à la
Palestine et à la Phénicie, maiseneoreà
la Syrie proprement dite. Les moîens
Égyptiens, les Assyriens , les Grecs, les
Romains et les Partbesse sont longtemps
disputé cette contrée qni a constamment
trouvé dans les ayantages mêmes de sa
position pour le trafic et pour la défense
militaire, comme boulevard avancé de
PÉgypte, le principal obstacle à son in-
dépendance et à son développementpo-
Ktiqne. Sésostris, Alexandre, Pompée,
les héros des Croisades et pinsrécemment
Napoléon ont laissé l'empreinte de leurs
pas sur cette terre jadis embellie par une
civilisation dont il ne reste plus que de
fiûbles vestiges.
Partagée primitivement entre nne
foule de petits états , dont un des plus
anciens en même temps que le plus res-
pecté fut celui de Damas , elle figura de
bonne heure aussi comme une pomme
de discorde dans les guerres des Hébreux
et des Phéniciens avec les Pharaons d'E-
gypte, jusqu'à ce que, vers le mMleu du
vni* siècle avant notre ère, TegUth-
<6S7)
SYR
Phalassar la fondit dans la monareMe
assyrienne, avec laquelle elle subit plus
tard ia loi des Perses. Sous la doraioa-
tion macédonienne, après la bataille dlp-
sus (SOI ans av. J.-C), la Syrie devint
le noyau d'un nouvel empire fondé par
les Séieuddes («uf.), qui firent tous
letirs efforts pour helléniser le pays. Ré-
I province romaine. Tan 08, per
PMnpée, «ne eoande, gréée au ^nM»^
nage de Jérusalem, fui une des premièrea
converties au obristianisaae. L'an 08$ de
notre ère , le khaliib Omar hi soumit è sea
armesyct, pendant près d'un siècle, Damas
garda le rang de capitale du monde mn-
sulBBan,'qne lui avaient conféré les Om«
méiades, en y établissant leur siège. De-
puis la seconde moitié du x* jusqu*auz
demièresannéesdu xi^ siède, laSyrie,nn
moment reconquise par les Grecs, puis
subjuguée tour à tour par leskhalifesFati*
nndes (voy.) d'Egypte et par les Turea
(tiorO Mdjoucides, finit per devoiir le
but des glorieuses expéditions des croi»
ses, qui, indépendamment du royauBM
de Jérusalem en Palesthie, fondèrent,
dans la Syrie proprement dite, les prin~
oipaulés chrétiennes d'Antioche et de
TripoK; mais, en 1291, les Latins per-
dirent les derniers restes de leurs con-
qnétee en A»ie , lors de la prise d'Acre
et de Tyr par les MamelMiks. En 1617,
la domioation de ces derniers Ibt ren»
versée, en Syrie comme en Egypte, par
le conquérant othoman Sélim V. Cepen-
dant le pouvoir des Tares n'a jamais été
bien solidement établi dans le pays. A la
fin du dernier siècle, le fameux Djeziar
iyay.) , pacha d'Acre, y secoua méoM,
pour quelque temps, l'autorité de la
Porte et domina sur presque toute la
plaine; et depuis, laSyriea étéencore une
foiscomplétementarrachéeausulthan par
un autre plus puissant de ses vassaux,
Mohammed Ali , dont le fils, Ibrahim-
Pacha {ixyf.)^ en fit la conquête en 1 889.
Cette contrée resta ensuite sous la dé-
pendance du vioe-roi d'Egypte, qui
eut néanmoins à lutter sans cesse con-
tre lee insurrections de la Montagne
{voy. T. XIV, p. 451), jusqu'aux évé-
nemenlB de 1840. Les opérations de Tea-
cadre austro - britannique, chargée de
l'exécution àeM mesures eoércitives or-
données en faveur du sulthan, contre son
fendauire insoumis, par le traité de Lon-
dres du 15 juillet, ayant alors amené
la reddition des places maritimes de
Beyrouth, de Séid et de Saint-Jean-d*A-
ore, Ibrahim-PMsha fut obligé d'évacner
la Syrie à la fin de la même année. L'é-
mir des Dnises, Béchfar, de la famille de
Chéhab, qui «ndc également \
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SYR (6S8)
Ml obéiiMce la lltfositM «t l«t Mon-
toualif, fat prît, dépoté €t iraotporté à
Malte par las AngUia, Rendue à la Porta,
iocapable de la gouverner, la Syrie
se trouve toujours dans un état dV
gitatioB qui nécessite oontinuelleseiit
l'intenrention de la diplomatie euro*
péenne dans les affaires de ce pays. Pea*
dant que le fiuiatisnie musulman, dans
les villes, et les brigandages des nomides
dans' les campagnes, entretiennent par-
tout les désordres les plus graves, l*a-
narchie règne dans la Montagne, où les
tribut, de races et de religions diverses,
placées par le divan sous Tadministra-
tion directe d'un pacha qui n*a d'autre
ressource que la violence pour masquer
sa faibleaM, sont de nouveau aux prisât.
La difficulté de réprimer les sanglants
excès dont nos ooreligionnairea, sur-
tout les Bfaronites, ont été fréquemment
victimes de la part des Drusea, semble
même en ce moment ne laisser entrevoir
de solution possible que dans le réta-
blMsemei^tde la famille de Cbéhab, qui
jouissait dans la Montagne d'une vieille
autorité , que son dernier chef, l'émir
Béchir, avait su faire respecter par tontes
les tribus. On voit que la civilisation n'a
rien gagné à l'intervention anglaise de
l'année 1840 dans les affiûrcs de Syrie ;
puisse cette cause sainte et chère aux
nations modernes tirer au moins quel-
que fruit de l'institution d'un évéché
protestant è Jérusalem conié à un prélat
anglican, sous le patronage commun de
la Grande-Bretagne et de la Prusse. De
son c6té, la France, qui marche en tète
4a monde catholique, exerce, dans ces
contrées, son protectorat de tout temps
réclamé et béiii par leors populations
chrétiennes. Plus que jamais m poUtique
généreuse et désintéressée, et qai e<Hi-
traste sous ce rapport avec lea convoi-
tises d'autres puissances, semble méri-
ter, de la part des chrétiens d'Orient,
une confisÂce dont dépendrcnit peut»
être leurs destinées futures. M. le comte
Léon de Laborde (voy.) et d'autres ont
publié des Voyages en Syrie; on con-
sultera .aussi les SouvemirtiPOneniàt
M. de Lamartine, etc. Ce. Y.
STETE (en grec lu^stcc, mot dérivé
de 9ijfiUf je traîne), nom aona kguel laa
sts
ka bancs .de
mobiles, jelés parles Tcntt et ks cou-
rants sor les eétes ée l'Afiriqne septeo*
trionale. Deux de cea bancs de sable le
distinguaient par leur étendue. La
Gramle Syrie, anjonrd'hui Sydrtj à
l'est, a'étendait depoîa le cap Borion jus-
qu'au cap Géphale, et embrassait plt-
deurs tles, comme oelles de Gda,de
Pontia et de Misynoa. Le Petite Syne^
plus à l'ouest dans le golfe de Gadès, le
terminait au promontoire d*AmmoB, et
enveloppait lea Iles de Cercina et de Ue-
nittx. Le pays entre lea denx Syrtet s'ap-
pelait Régi<m syrtique; il répond a l'é-
tat de Tripoli {voy. ce nom). X.
SYSTEME {fTxtvrriyLK , ensemblecon-
posé de parties ou de membres, de
9vy2ffTi9fAc, composer, réunir). S'aidordo
ùits dont on est le témoin et qui consti-
tuent l'expérience, en déduire des pro*
positions, des principes vrais oo ftox,
les mettre dans un certain ordre, la
enchaîner de manière à en tirer des god-
séquences et à s'en servir pour établir
une doctrine, une théorie, c'est ce qoW
fait Ptolémée, Tycho-Brahé, Copenic»
en exposant le mécanisme du monde,
Deseartes pour les idées innées, Maie-
branche avec la vision en Dieu , Leib-
nitz lorsqu'il imagina les monades et
l'harmonie préétablie, SpiUoca en déi-
fiant la force productive de la nature
{voy. ces noms), c'est en un mot faire
des systèmes ; et trop souvent il at ad-
venu que les créateurs de systèmes oot
abusé des plus rares dons de l'esprit
pour réaliser les fantômes de leur ima-
gination et donner è l'erreur tous la
semblante de la vérité. Le temps fait en
général prompte justice de tous les fasx
systèmes, et ne reconnaît pour dnrabia
que les théories fondées sur une soiu
d'observations constatées, comme œllef
de Galilée, de Newton, de Guvier (fof-
ces noms). Les systèines ainsi conço%
ainsi prouvés, cessent d'être des soppo*
sitions,ils deriennent des Yérités,€O0i0<
l'a dit Voltaire {Dict, philos., art. *ï-
tème; voir aussi le Traité des srttèmtt
de CondilUc). En histoire natorsiM
système est la distribution artiio^U^^
êtres, unecUssifioation méthodiqaepro-
pre à faciliter l'étude de la
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SYS (629)
oomne la lyMème da Uanvif fyHema
natunef «te. (voy. Limri et auan Mi-
thodb). £b poliUqii«9 c'est l'orf^isa-
tion et le jeu de la oonttitation des éUtt :
système féodal, tystèase r^résentatif
(vox- ces mots). En fiBanoes, on appelle
système le plan qn'on se ûût et les
moyens è employer ponr répartir Fioftpât
et établir le crédit; dans ce sens, on di-
rait : Le système de Law {vojr>) a miné
la France. A ce systèoM, qoi consistait è
créer des valeurs £ictives ayant autant de
crédit que des Taleurs réelles, méritent
d*étre assimilés bien d'autres systèmes
SZI
politiques et sodanz qiu ne sont pas
moins illusoires et obimériques. -
On appelle systématique ce qui ren-
tre dans un ordre scientifique, ce qui se
rattache à un corps de doctrines. Un
honnne systématique est celui qui, do-
miné par un certain ordre d'idées, ha-
bitué è une marche méthodique, veut
en £sire partout l'application et y rame-
ner toutes choses, qnelquefob en dépit
de rexpérieoce et do bon sens. F. D.
SYSTOLE, vcjr, Diastols et Cosua.
SYZTGIES, voy. Ltsm.
SZISTOWA (paix de), conclue le
4 août 1791, entre la Russie et la Tur-
quie, voy. SÈLiH m. Szistowa est un
bourg de la Ronmélie , sandjak de Nico*
poli, non loin du Danube. X.
ArUcles à rtporUr à la p. 459.
STAËL-HOLSTEIN(Ainrs-LouisB-
GEUCAiirB NsGx.Ea, baronne db) naquit
à Paris, le 22 avril 1766. D'origine gene-
voise, son père, qui venait de s'associer
avec les frères Thélusson, banquiers {yoy,
rÏEGBBa), était bien loin sans doute alors
de prévoir la haute fortune politique qui
lui était réservée en France. Sa mère
(également l'objet d'une notice spéciale
dans cet ouvrage '^ ) se chargea de son
éducation. C'était une femme de vertu et
de savoir ; mais la roideur pédantesque
de ses principes, le puritanisme glaçant
et dur de ses mœurs la rendaient tout-a-
fait impropre à la tâche délicate et dif-
ficile qu'elle s'était proposée. Aussi, il ne
tint pas a elle que le brillant génie de sa
fille n'avortât, desséché dans son germe.
Au lieu d'aider, en effet, par ses leçons et
ses encouragements, au développement
normal de cette nature que Dieu avait
créée si expansive et si opulente, elle
s'appliqua de tous ses soins, de tous ses
efforts à la comprimer, à la fausser, à la
pétrir selon un idéal étroit et mesquin
fait à son image. Et peut-être serait-elle
arrivée au but poursuivi par son aveugle
sollicitude, si le correctif de cette inflexi-
(*) Eo 1*7 reporum , le lactenr wn qee sans
B*aiirioiM paa jugé Mm« Necker aTee la «éTérité
dont as« eoTert elle le brillant écriTain aoteor
de cet article maity eoavertet de son nom, ses
opinions n*ont pas iwsoia qnfei ««trs «a as-
sume s nr loi la rtspoBuhiUté. 6*
ble discipline ne se fftt rencontré pour
l'enfant dans les douces paroles, dans les
affectueuses caresses que lui prodiguait
son père. Ceci explique le véritable culte
que, dans sa pieuse reconnaissance, elle,
professa tovjours pour lui. N'avait-il pas
été la rosée vivifiante, le soleil fécondant
de ses jeunes années ? La tendresse et
l'admiration qu'elle lui avait vouées ac-
quirent même dans la suite, sous la reli-
gieuse inspiration des souvenirs de son
enfance, des proportions tellement exa*
gérées, que, si l'on en doit croire un de
ses biographes, M"^ Nedcer de Saussure,
elle conçut pour sa mère une jalousie dont
celle-ci se sentit bientôt atteinte elle-
même. S*étonnera-t-on après cela de l'é-
trange proposition qu'elle avait, è l'âge
de dix ans, faite à son père, d'épouser,
afin de le fixer près de lui, le célèbre
historien anglais Gibbon, qui était bien,
on se le rappelle, l'homme le pliu laid des
trois Royaumes- Unis.
Dans l'enfiuice si occupée de M"* Nec-
ker, tout fut sérieux, jusqu'à ses récréa-
tions mêmes. Son plus p*and bonheur,
dans les courts loisirs que lui laissaient
ses études, était de fidre mouvoir, dans
une action tragique de son invention,
des personnages découpés par elle dans
du papier de couleur et dont elle im-
provisait et déclamait les rôles. Certes,
rien de plus innocent que cette diitrac^
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STA
(680)
STA
tioB qui était praqoe cacora xn traTiil;
il fijlat ceptndaot qu'elle y renonçât,
mtf calf iniite rigourentty liiP^ Necker
n'était pat fauime à entendre raillerie à
l*eodroit du théâtre. Un autre de sea bon-
iMorty trèi aingnUer pour un enfiint et
dont toutefois on ne aongea jamais à la
priver^ était d'écouter discourir sur les su-
jets les plus TariéSy sur les plus hautes ques-
tions de littérature , d'histoire, de philo-
sophie et de politique les quelques écri-
Taina distingués qoi fréquentaient le salon
de sa mère. Chaque semaine, -^ à cette
époqneon savait encore causer, -— rame-
nait à jour fixe, chez M"^ Nedier, Thomas,
ce Lucain de la prose française, Mar-
montel, cette moitié de philosophe, qui,
pour nous léguer sans doute la silhouette
morale de son temps, intitulait sérieuse-
ment Conies moraux les contes que vous
serez; Grimm, ce gazetier d'un esprit si
fin et d'un si mauvais cœur; l'abbé Raynal,
lourd, diffus, pâteux, emphatique écri-
vain, dont l'indigeste Histoire des deux
Indes occupait très vivement alors l'at-
tention publique.
Le charme que pouvaient avoir pour
la précoce et pénétrante intelligence de
M^ Necker les graves matières traitées
dans ces réunions ne saurait se com-
prendre, si la sévère direction imprimée
par sa mère à ses études ne l'avait, dès
Fenfance, familiarisée avec les phis sé-
rieuses questions dont se soit jamais pré-
occupé l'esprit humain. Montesquieu ne
quittait pas sa table de travail ; t Esprit
des lois était le texte le plus habituel de
ses méditations. A quinze ans, elle pré-
senta à son père de nombreux extraits
qu'elle avait faits de ce hardi et profond
ouvrage, accompagnés de réflexions que
lui avaient inspirées les passages tran-
scrits par elle. Quelques pages, qu'elle
écrivit vers le même temps sur la révo-
cation de l'édit de Nantes, parurent à
Raynal si fermes de style et de pensées,
que l'abbé philosophe, dont rindlgence
s'était déjà enrichie des aumônes de
Pechméja et de Diderot, parla très fort
de se les approprier, en leur donnant
place dans une nouvelle édition de son
Histoire des deux Indes.
Cette fièvre de travailavalt occasionné
de cmabdéiordrea dans sa santé. En ten-
dant, jusqu'à les rompra lit nttoitita-
oore délicats de l'intelligence deia fiUt,
BfM Neeker avait briaé son oorpi, siréli
dans aon développenant phyM^. Toi-
tes les forces vitales a'étaient, dics soa
enfant, oonœntrées an cerveau. L'esprit
en elle avuit imasobilisé la matière. Li
danger était imminent Le célèbre Troa-
chin fut appelé. H prescrivit la onapi-
gne et la cassation de tout travail. SoiH
traite à la rade disaipline de ss sère,
M"* Necker alla habiter Saiot-Ovea.
Elle reapirait enfin ; avec quelle intne!
Une vie toute poétique commeDçsposr
elle. Ce ne fbt plus dans les livres, firoiii
avortés de l'incomplet cpénie des bomnci,
qu'elle étudia, mais dians le grand livre
de la nature, cette resplendissante crét-
tion de l'infini génie de Dieu. Avec quelle
avidité, avec quels transports elle eo par-
courut les pages immortelles ! GosuDeelli
se sentit heureuse de cette vie libre was
le ciel ! Retrempé à cette source vite, son
corps se redressa, son caractère fit pets
neuve. De soucieuse, vaine et aa pea
pédante que Pavaient rendue sa mère et
les livres, elle devint, par une tninl^
mation aussi rapide qu'inattendue, rîMit)
aimable, pleine d'abandon et d'an natu-
rel charmant. On ne songea pins à ad-
mirer en elle TenCuit prodige^ poor
mieux sourire à la Jeune fille dont le
coeur, longtemps fermé, s'outrait stee
d'ineffkbies tressaillements à toatei hi
joies semées par Dieu dans les xatien
fleuris du premier fige. De tous la iv-
teurs de sa bibliothèque, deux sealemeol
l'avaient suivie dans sa solitude, lesplos
aimés : Rfchardson et Jean-Jacques. B
faut l'entendre raconter, à quinze smde
distance, ce qu'elle éprouva d'enître-
ment à la lecture de Vlansse BariOfVtf
faite au pied d^un arbre; comme soo
cœur battait dès que ses yeux se pOSsitDt
sur ce roman, ce chef-d'<euvrel Ressos-
citéa par sa puissante Imaginationi p^
son émotion pins puissante encorei ^
héros de celte vivante peinture du cœwf
humain étaient passés pour efle âa do-
maine de la ficdon dans cehK de la réa-
lité. Elle les voyait, elle les entendait;
elle tremblait, rougissait, pleurait, seaea*
tnit —lit avecCUfîiae; elle sHndlgBiil
detot|t« son âme contre Lottlaoe. L^
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su
(6ii)
STA
lèvftmwi 4BCUfrmm pur «ab 9éAm»nx9
c^est elte qui doqi l'apprend» fut Tpn cIm
pluf grandi é^énemeuu de 9a jaaneMe.
Lorsqu'après cinq ana d^uoaadmioU-
tration marquée par d'importaiiies et
tttiletréCormety Nacker u retirai eo 1 76 1 ^
devant ie$ haion de la cour qu'il avait
eu le eourage d'aflrooter et la gloire de
mériter f et publia, en réponse aux atta^
queadeses ennemia^ son fameux Compte
readuj m fille, sefai^ant l'organe des aen-*
timtnts delà nation, lui adressa une Ion*
fue lettre pour le féliciter. En vain s'était*
elle cachée sous le voile de l'anonyme {
son style et ses pensées la trahirent. Son
génie avait déjà son cachet.
En 1786, M"' Necker épousa le baron
de StaêUHolstein, ambassadaur de Suède
en France» et fui présentée à la cour oh
m r4pnta|iQn l'avait précédée. L'accueil
qu'elle y jre^ut fut très froid. Les courti-
sans s'amosèrent beaucoup a de ce qu'elle
avait manqué une révérence et de ce que
la garniture de sa robe était un peu dé-
fiflhée. » Dana une visite qu'elle fit quel-
ques jours après à la duchesse de Poli-
gnae, amie et confidente de la reine,
« etle onhlia son bonnet dans sa voiture, »
et les courtisans qui se le dirent, de rire
davantage encore.
CependuAt le moment approchait oà
le rire devait se glacer sur leurs lèvres.
La révolmion, dont la France était de-
puis longtemps ohurgée, allait faire ex-
plosion. A bont d'expédients, la cour
elle*méme ne voyait plus à la misère qui
dévoicait le royaume, à l'anarchie et à la
banquerenteJLont il était menacé, qu'un
seul remède , la oonvœatîon des Etats-
Généraux : remède décisif^ qui, pour avoir
été appliqué trop tard, la perdit. A cette
question grosse de tant de tempêtes :
Qa'esl-ce ^ne le Tiers-Éut ? l'abbé Sièyes
se pfpéparait à répondre avec une irré-
sistible lofi^ue : C'est tout! et Mirabeau
allait palier. L'année 1789 se leva enfin
sur k France ; magnifique aurore que
demiâ bîe^ôl remplacer un soleil rouge
dnanng de tant de martyrs. EndiousiasU
de la constitution angiaise, passionnée
pear tontes les nobles idées de liberté,
4e céparaftioB, de Justice, M°^ de (kail
a'associa de tout cœur et de toute âme an
grand mouveipeot a»»tkaM]» tiot qu'il M
maintint dans les justes limites que lui
avait tracées l'Assemblée constituante ;
mais qnundy rompant ses digaas, il dé-
bords, torrent fougueux, semant partout
sur son passage la ruine et la mort, sans
que sa pensée rétrogradât un seul instant
par le regret vers un passé coupable de-
vant sa raison , elle se sentit prise d'un
profond dégoût mêlé de pitié pour ce
peuple victime hier, bourreau aujour-
d'hui, et d'une profonde horreur pour
les nouveaux tyrans dont il s'était fait
l'instrument avjsugle et sans merci. L'ar*
restation de Yarennes lui causa un sen^
timent de douloureux effroi dont l'élo-
quente expression revit dans ses Consi-
déraliom sur la révolution française.
Elle pressentit dès lorslel 0 août, et, pleine
d'épouvante pour la famille royale, elle
rédigea aussitôt un nouveau plan d'éva-
sion des Tuileries, qu'elle envoya au
oomte de Montmorin. D'après ce plan,
le roi, la reine el le dauphÎQ, menés sur
les cotes de Normandie, devaient être em-
barqués ensuite pour l'Angleterre. L'in-
sistance qu'elle aût pour que le comte de
Narbonne, dont le caractère léger inspi-*'
rait peu de confiance à l'infortuné mo-
narque, fût chargé de U conduite de cette
difficile entreprise, empêcha qu'il ne fût
donné suite à son projet. Le coup de
hache qui trancha, sur la place de la Ré-
voiuUon, la tète de Louia XVI, eut dana
son cœur un si affreux retentissement,
qu'une partie de ses facultés eo sembla
un moment paralysée. Elle n*eiM bientût
plus qu'une pensée, arracher le plus de
victimes qu'elle poiirreit au bourreau,
et, dans Faccomplissement de cette noble
et courageuse tâdie, elle apporta, pré-
parée qu'elle était an sacrifice de aa vie,
toute l'ardeur, toute rexallation de son
âme généreuse. Ualheareuse de l'exécu-
tion du roi, eUe eptrepHt de sauver la
reine. Et oertea le plaidoyer è la fioia
ingénieux et énergique qu'elle compost
pour sa défense aurait eu les honneurs
àm triomphe, M la nsine p»'amt été fata*
lement eoM^damnée par anmce. Lorsque
enfin Robespierre eut payé de sa téCe lee
crimes de son ambition, elle publia deux
broehnraa diolées par un ardent ec sin-
ecM nttMW de i'ImBMmké : BéJUskms
tKriapms,4u^iâ^iM.PiUci0M0
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STA
(6S2)
STA
Français ; Réflexions sur la paix inié*
Heure, Li première fut citée avec éloge
par Fox dans le parlement d'Angleterre.
« Veulent-ilt donc, » 8*écriait-eUe avec
une sainte indignation dans ce brûlant
pamphlet, en parlant de cenx d'entre lea
terroristes qui avaient sunréca an 9 ther-
midor et qoi travaillaient sans relâche à
relever les échafands partout renversés,
« Veulent-ils donc nous forcer à retra-
verser une autre fiais le fleuve de sang ? »
Sous le Directoire, M""* de Suél se
fit Fâme du Cercle constitutionnel^ dont
Benjamin Constant (i^.)» inconnu en-
core, se constitua Porateor, pour défen-
dre contre le club de Clichy cette admi-
nistration qu'elle méprisait, mais dont le
maintien lui semblait importer à la cause
de la liberté. Ce fut à ses sollicitations
près de Barras que l'ex-évéque d'Autun,
Talleyrand^Périgord, dut d'être rayé de
la liste des émigrés, et sous ses auspices
qu'il fut introduit aux affaires étrangè-
res^ Les protestations du jeune conqué-
rant de l'Italie la trouvèrent incrédule.
Déjà , pour nous servir de l'expression
d'un poète. Napoléon perçait pour elle
sous Bonaparte. Arriva le 18 brumaire;
son salon devint le quartier-général des
opposants. Moins généreux que Louis XII
qui, à son avènement au trône, ne vou-
lut point se souvenir des injures faites
au duc d'Orléans, Napoléon, consul, puis
empereur, ne se rappela que trop qu'elle
l'avait deviné et avait voulu barrer son
ambition. Ce fut en vain que l'un des
frères du futur César, Joseph Bonaparte,
lui offrit, pour la gagner à la cause alors
triomphante, la restitution de deux miU
lions déposés par son père au trésor royal.
« Il ne ^agit pas de ce que je veux, mais
de ce que je pense,» lui avait-elle répon-
du ; et cette fière réponse avait coupé
court à toutes les négociations. Un dis-
cours prononcé, sous son influence, par
Benjamin Constant au Tribunat, et dans
lequel il n'avait pas craint de signaler
l'aurore de 1» tyrannie, irrita si fort con-
tre elle le premier consul, qu'il enjoignit
à Fouché, directeur de la police, de lui
recommander, dans l'intérêt de sa tran-
quillité, de se montrer plus circonspecte
à l'avenir. Ses fréquents voyages à Cop*
p«ty et la pablicatioii dit Dernières vues
de finances et de politique dé «on père
que Bonaparte qualifia tout haut de
« régent de collège, bien lourd et bien
boursouflé, » achevèrent de la perdre
dans son esprit. La vie de M"** de Staël,
à partir de ce jour, ne fut ploa qahine
incessante persécution. Fouché reçut Tor-
dre de s'emparer de sa personne. Sur IV
vis que loi en donna secrètement Re-
gnault de Saint- Jean- d'Angély, elle se
cacha à la campagne. Bientôt elle quitta
sa solitude pour aller habiter à Seint-
Brica (près d'Écouen), chez une de ses
amies, M"^ Récamier, c cette femoM si
célèbre par sa beauté, et dont le cemetèrt
est exprimé par st figure même. » Elle
acheta ensuite, i dix lieues de Paris, une
petite maison où elle se retira; mais elle
y était à peine installée, que, malgré ks
pressantessollicitations du général JqooI
et de Joseph Bonaparte, le commandant
de la gendarmerie de Versailles fut char^
gé de lui signifier qu'elle efit à ^éMgncr,
dans les vingt-quatre heures, d'au-motm
quarante lieues de la capiule. Indigiiée,
elle se réfugia alors en Allemagae, v^oe-
lant, dit-elle, opposer l'accueil bienveti*
lant des anciennes dynasties è l'imper-
tinence de celle qui se préparait à en-
vahir la France.
A Weimar, l'Athènes germanique, on
elle chercha un abri, elle vit Goethe,
Wieland et Schiller, et les relations qu'elle
noua avec ces génies illustres la arirent
à même d'approfondir la langue et la lit-
térature allemande (w>x. aussi Schia-
OSL, p. 114). L'année suivante, Bona-
parte, en troquant sa glorieuse épée con-
tre la couronne impériale, donna gmn de
cause à ses pressentiments. W^ de Slaél
fit un voyage à Berlin, où elle fut aecaeil-
lie avec une rare distinction par le roi
et la reine. La mort de son père (9 avril
1804) la rappela bientôt en Sniase; et,
ses affaires réglées, die partit pour 11-
talie. A son retour, elle séjourna une
année a Coppet et à Genève, et die ooa-
mença à écrire Corinne*^ qu'elle «lia
achever dans une terre de M. GaateUana,
à douze lieues de Par», et qui pamt ea
1807 (Paris, 2 vol. in-8<»). L'immense
succès qu'obtint en Europe ce roamn ,
(*) Cinq ans aapaniTaat aTait déik pan U
d9ihifhiMp6wol.im»9^.
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STA
(633)
STA
•n rafpdâiH aon agoveair à reaipereory
lui susciu de nouvelles rîgaeurt de la
part de U police. Fouché lui iDlioia Tor-
dre de sortir de France. Elle retourna
alors à Goppet où le prince Auguste de
Prusse la visiu. Elle alla ensuite passer
rhiver à Vienne, s'y lia avec le prince
de Ligne et la princesse Lubomirska; puis
eHe revint à Goppet. Elle y composa et
y joua, pour se délasser^ quelques petites
pièces recueillies dans ses œuvres, sous
le titre à^Essais dramatiques^ et y ter-
mina (1809) son ouvrage de PAUema"
gne. Malgré la proscriptioo dont elle
était frappée, elle vint, quelques mois
plus tard, afin de surveiller l'impression
de ce livre, s'établir près de Blois, dans
le vieux château de Chaumont, succes-
sivement habité par le cardinal d'Am-
boise, Diane de Poitiers et Catherine de
Médicis; puis au château de Fossé, dans
le Blésois, chez le comte de Sallaberry,
et enfin chez le vicomte (depuis duc)
Mathieu de Montmorency. Là elle ap-
prit que les 10,000 exemplaires qu'elle
avait fait tirer de son ouvrage de Pjâlle^
magne avaient été saisis chez l'impri-
meur et mis an pilon, et il lui fut com-
mandé, de par le duc de Rovigo, mi-
nistre de la police, de sortir de France
dans trois jours. Sa demande d'un sursis
ayant été rejetée de la manière la plus
ironique et la plus dure, elle regagna
Goppet. Défense lui fut bientôt signi-
fiée de s'éloigner de plus de deux lieues
de sa demeure, où, proscrit pour l'avoir
accueillie, le vicomte de Montmorency
était venu la rejoindre. An printemns
de 1813 , après, huit mois d'une cruelle
captivité , eUe parvint à s'évader, et se
sauva à Vienne. La fatigante surveillance
dont elle y devint l'objet aussitôt son
arrivée la décida à se réfugier à Moscou,
puis à Saint-Pétersbourg, qu'elle quitta
pour traverser la Finlande et aller ha-
biter Stockholm, où elle commença à
rédiger son journal : Dix années d'exil.
De Stockholm, elle partit pour Londres;
son premier soin, en Angleterre, fut de
pubUer son ouvrage Sur ^Allemagne
(1818, S vol. in-8<»). La déchéance de
Napoléon la ramena en France. LesGent-
Jonrs l'en éloignèrent de nouveau. Lors-
qu'apris Wftt«rlQo Louis XVUI reprit
possenlon da ton trône, il loi il U.ploa
gracieux accueil. Les deux raillions dna
à son père par le trésor loi lurent resti- .
tués.
Tant d'épreuves avaient gravement al-
téré la santé de M"« de Staél. Après un
voyage en Italie, qu'elle avait entrepris
en 1816, dans l'espérance de se rétablir,
elle mourut à Paris, le 14 juillet 1817.
Ses restes furent transportés à Goppet*
On eût pu graver sur sa tombe cette é^^
taphe célèbre : Hic tandem quiescit^
quœ nunquam quievit. Ge ne fut que par
son testament que l'on apprit son ma-
riage avec M. de Rocca, jeune officier de
hussards qui, criblé de blessures en Espa-
gne, avait quitté le service, et qu'elle
avait connu à Genève*.
M"^ de Suêl eut trois enfanU : l'alné,
le baron Auguste de Staél {^ooy. plut
loin); le puîné, Albert, tué en duel dans
l'année 1818 ; et la dndiesse de Bro-
glie, morte en 1838**.
Ses œuvres complètes, recueillies d'a-
bord en 18 vol. in-8^ et in- 12, par la
piété de son fils (Paris, chez Treuttel et
Wûrtz, 1 820-2 1 , précédées de la Notice
sur le caractère et les écrits de Bir* de
Staël f par M"* Necker de Saussure),
ont eu depuis plusieurs éditions, sous tous
les formats.
Elles comprennent 3 ÉpUre au mal»
heur et Lettres sur /. - /• Rousseau
(1788); JaneXiray, tragédie (1789)$
Réflexions sur la paix intérieure; Ré^
flexions sur la paix ^ adressées à M. PiU
et aux Français (1794); De influence
des passions sur le bonheur des indi^
çidus et des nations {179^)1 DelaLit*
térature^ considérée dans ses rapport*
apec les institutions sociales (1800);
Delphine (1802); Connne (1807); De
tJllemagne{tSîZ)i Dix années d^exiif
Considérations sur la Répolution/mn"
çaisCf ouvrage posthume publié en 1 8 1 9,
par les soins de son fils, en 8 vol. in-8?;
Essais dramatiques; Fie politique de
(*) Le btron de Staèl, qui STsit contiaaé do
remplir fet foactloiu diplomadanet à Paris jae-
qa*en 1799, éuit mort a Pf>Ugol, en te readtat
à Goppet , le 9 mai z8o2. 8.
(**) Elle Uiua aotsi bn fils de fon tecood man.
Ce dernier, quoique âgé teolcment de 3o ans,
oe Intarrécntqae de qaelq«et moif etmoamt
aux fies d'Hlère^ à U fia de jeavier 18x8. %. .
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STA
(«»*)
STA
VêdkênMMpoiééPitnê théorie dêiGwt''
fmmmnetUs dtpen, qaîaepuimDtéga-
4mmbC ^«près sa mort.
Noos aTons raconté lomaMipenieiit Im
ptînctfMunévéïieBMoU d« U Tie tî agitée
éé M^' de Stail ;41 nous reite à apprécier
k caractère (le son génie.
Sent jamaif perdre ton cachet dit«
tittctif, son originalité |>repra, notra lit-
tératnra, dans ses différents âges , subit
rininenoe des diverses tiltératiires de
rfiwope, eoBune elle leur a imposé la
ssenne. An %vi^ siMe, c'est de lltalie,
si tiyeaent éclairée alon par son Dante
et son Macbiarcly par Boccace,son ini-
■Mtable contenr, Pétrarque, TArioste et
k Taseci ses poètes bien aiasésy qn'avec les
Médicis noos Tient la kimiàre. An xvn^
siècle I Scwron, Bioiièra, Corneille, en
s^assiesilant avec un rara bonheur le gé-
nie espagnel, en importèrent l'imitation
en France. Avec Voltaire , qui fit à la
Grande-Bretagne poétique et phlloso*
phiqne de nombreox emprunts, PAn-
fleterre infusa dans notre veine littérahre
ion sang le pins généreux et le plus pur.
Pâle reflet des lettres françaiies pendent
le xvn* et la pnmière moitié du xviii*
^ède, la littérature allemande se mon-
ta tont à coup à l'originalité par Klop-
stook, Herder, Gœthe, Schiller et les
hrillanti disciples de ces beaux génies;
■nisentre la jeune Allemagne et la vieille
France, le Rhin coulait' toujours , bar-
nèpeinfipan<^issable.C'est à Mne deStaél
^pM revient la gloir« d'avoir fait frandiîr
eaMe barrière aux lettres allemandes, ac-
eneiUîes sur sa présentation chez nous ,
an oommenoemeni <le ce sîède, avec un
•MiMinsiasme, on se le rappelle, qui a por-
té et porte encore tons les jours ses fruits.
l^ génie de ll«^ deStaél nous semble
le merveitiena produit de ce double cou-
rant littéraîrai Française par le fond des
idées, elle est Allemande par le tour de
^imagination ; son regard a une grande
9f UMM il est rarement dégagé de
tout nuage. Elle voit loin, mais une face
des objets reste presque toujours voilée
ponr elle. Des eheses, elle ne saisit Qrdi«-
nairement que le c6té enthousiasU , si
nous pouvons nous .exprimer ainsi; pres-
qae tont ee qui est du domaine de la
réalité M échappe. L'émotion que vons
éprouves en la Usant, ei voue êtes jeune,
a plus de vivacité que dflf profondrâr. Si
les larmes vous vienoent na bord de U
paupière, elles ne tombent presque ja-
mais, cristallisées qu'elles sont presqas
ansMt6t que formées. L'ivresse qu'élis
cause ressemble èceUn do «Campagne,—
fumée vite dissipée. Son coup d'œil ne
va pas assez au fond dos choses de la vie ;
du gouffre, elle n'aper^it que les bordU.
Combien plus sur et plus entrant était le
regsrd de Cervantes, Fielding, Le Sage«
Fabbé Prévost, ces matcree du rooumJ
Corinne n'est ,pas un roman , c%st oa
poème : c'est l'idéal de M"« de Stsél,
comme Delphine est la réalité de ce
qu'elle était dans sa jenneeee. Dangereox
par ses tendances, son livre Sur l'in-
fluence des pensions manque de plta
dans la distribution des matières. C'est
l'action, but de la vie, qu'il iaa]t prêcher
aux hommes, non le pouvoir et les chsr-
mes de la mélancolie qu'il £snt leur fia*
ter. Ifous ne sommes déjà que trop so-
dins, par la liiblesse de notre nature, â
nous immobiliser dans de stériles rêve-
ries. Son ouvrage sur La littérature co»-
sidérée dans ses rapports apec les in»
stiiutions sociales^ démonstration <le la
perfectibilité indéfinie, n'eet qu'un bril-
lant paradoxe, qui fit conseiUer à l'au-
teur, dans le Mercure^ par Fontanes, de
parier, de ne plus écrire. \2 Allemagne^
ieèConsidérations sur la répo/uiion fran'
çaise sont, à nos yeuz, la pkw hsute ei-
pression du génie deM"* deSuélVél-
lemagne était tonte une révélation. Aani
quel succès! et comme il s'est aMinteav!
Dans ses appréciations des acteurs et des
scènes du grand drame révolutioonaire,
on peut lui reprocher de n'avoir pss
toujours réussi à dégager son esprit à$
syoipathies et de préventions qui en troa^
blent la netteté et en émousseat le trsa^
chant; asais quelle sûreté de pincesol
queHe touriie ferme et vigoureuse! qnelts
énergie! quel éolat ! Montesquieu et Ts*
cite ont souvent passé par ce livra.
Gomme écrivain, M*^ de Staél appar-
tient è ce que l'en appelle en peiiHiirs
l'école des coloristes. ËUe relève de R«-
bens plnt6t que de Baphsêl. So» Mjh
coule bas, à ehaque instant , suivant U
pittoresque expveasion de l\nde sescs**
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STA
(6S5)
STA
Mtnotas, M. Simon , tant il «t chwrgé
ÎFîdées et d'inaages. C'«8t un éclatant
compromis entre la sobTicté si riche de
l'auteur à'Émile cl l'intempérance plus
fastueuse que riche du chantre d'^-
tala. Ph.Ch.
8TAÊL-HOLSTE1M (Atoustb,
baron db), fAi a^n* <*« '» ^"*"*« M^rt
dont on ^ient de lire la notice, et de son
premier mari, ministre de Suède à Pans,
naquit en cette tille le SI août 1790.
Pendant une tie d'une courte durée, il se
dîstfogna par des vertus modestes, par sa
piété, par une inépuisable bienfaisance,
et par é^ talents qui n'étaient pas au-
dessous de cette noblesse de caractère.
Dès son enfance, sa mère s'occupa de
son éducation, et, après aroir passé
quelques années au collège de Genève,
où il put suivre plus tranquillement ses
études, il l'accompagna en Allema-
gne, et reçut, pendant ce voyage, les
kcons de M. GuîU. Schlegel {voy.)y que
des sympathies littéraire unirent à
M"»* de Staël depuis cette époque. Peu
dé temps après, Auguste de Siaél f^t en-
voyé à Paris et mis en pension pour sui-
vre les COUTS d'nn collège; puis, ramené
à Coppet par la rie forcéeaen terrante
de sa mère, n fut rendu aux soins du
célèbre littérateur allemand, en eaéme
temps que le digne pasteur Cellerier dé-
pon dans son âme les germos de la foi
chrétienne qui y prirent racine et por-
tèrent d'excellents ffuîts. La ResUura-
tion le ramena en France ainsi que sa
mère qu'il était allé rejoindr* «n Suède
(1818) : il revit avec bonheur cette pa-
trie qui lui était si chère, et hil c«m»ct>
depuis tout son temps et ses forces.
Protestant attaché à son égHse, Il con-
courut à la fonda don de la j^upart des ao-
détésdeParis qui s'y rattachent, et parti-
culièrement de la Société biblique (iny.
T. m, p. 606), en 1818,decellcdepr^
voyance et de secours mutuels [voy. T*
XX, p. 168), en 1826, etc. Mais flneré-
les clforU qui avaient poar but le pro-
grès des lumières, k bien-être des classes
laborieuses, le triomphe de la liberté qu'il
regardait comme une condition essen-
tiellc( de la civilbation. Il coopéra, eu
1821, à la fondation de la Société da la
morale chrétienne [voy. T. XVI, p. 224), ,
qui le nomma son premier secrétaire
avant de l'élire président en 1827, et de
la caisse d'épargne (w/.)de Paris, dont
il fut un des plus utiles adminbtrateurs.
La cause des Grecs exciu son enthousias-
me, et il ne prit pas moins chaudement par-
ti pour l'abolition de la traite des noirs.
On l'a dit avec raison , Auguste de Suêl
consacrait toute l'énergie de ses ulcnU à
seconder le mouvement philanthropique
qui entraîne les esprits généreux de notre
époque. Au reste, ces ulenu sont attes-
tés aussi par de nombreux écrits; car il
ne se borna pas à consacrer ses moments
de lobirs aux devoirs de la piété filiale,
en publiant, avec M. de Broglie(yoy.), les
ouvrages posthumes et une édition com-
plète des Œuvres de son illustre mère
(Paris, 1820-21, chez Treuttel et Wûrtz,
18 vol. in-12 et in-8»), puis aussi une
édition complète des Œuvres de Necker,
son grand-père, précédée d'une notice sur
cet ancien ministre de Louis XVI. Outre
plusieurs rapporU et des brochures de
circonstance, on lui doit des Lettres es-
timées sur l'Angleterre (Paris, 1826,
in-8®), pays qu'il étudia surtout sous lé
point de vue religieux et philanthropi-
que. Dans ce livre, on remarque cette
parfaite rectitude de raison qui ne lui
permetuit jamais de substituer l'esprit de
système à celui d'observation. Les divers
écriu du baron de Suël ont été réunis
et publiés par sa sœur, la duchesse de
BrogUe, sous ce titre : OEuvres diverses
de M. le baron de Staël, précédées
étune notice sur sa vie (Paris, 1829,
chez Treuttel et Wûrlz, 3 vol. iri-8»). Il
mourut le 17 nov. 1827, à Coppet, où
il venaU de présider à plusieurs réu-
cation ae ctojawe, H .'-«««•«t kum\it qwlq«i «nnte. S»-
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( 636 )
T.
T, la Tiogtième lettre et la seizième
eoDsoDDe de notre alphabet, appartient
à la plupart des langues et se prononce
par une articolation forte en appliquant
la langue aux dents de la mâchoire su-
périeure. C'est donc une lettre à la /ois
linguale et dentale, comme \td, son cor-
rélatif, plus faible, plus doux, avec le-
quel il est fréquemment confondu non-
seulement dans les langues germaniques
{deuUchj teutsch; thalerf daler^ dol-
lar^ etc.), et surtout dans le dialecte
alémannique, mais aussi en latin, et
même en français, où, à la fin des mots
par exemple, quand le mot suivant com-
mence par une voyelle ou par une h as*
pirée, d se prononce à peu près comme
t (jgrand homme^ grand âge).
En général, dans notre lancpoe, on ne
fait pas sonner le t final, à moins qu'il
ne soit suivi d'une voyelle ou d'une b
aspirée; mais dans un certain nombre de
mots, surtout monosyllabes, tebque chutf
dotf netf rapt^ ou empruntés du latin
comme accessiij magnificeU^ on le fait,
au contraire, toujours sonner, même de-
vant une consonne.
Uneseconde difficulté que l'usage seul,
aidé par la mémoire, peut apprendre
à surmonter, c'est la prononciation du t
devant la voyelle / suivie d'une autre
Toyelle : ainsi partial^ notion^ factieux^
diplomatie^ etc., se prononcent comme
si Ton écrivait parcialp nocion , /ac^
eieuXf diplomaeie; et cependant il n'en
est pas de même pour tiare^ antienne^
partief matière. En arrivait-il ainsi en
latin pour scientia^ patient ia? on en
peut douter, et, dans tous les cas, le t n'é-
tait pas modifié au point de se confon-
dre avec notre lettre c, que d'antres peu-
ples prononcent comme ts.
Accompagné d'une h , il sert à ex-
primer le ;^, dans les mots dérivés du
grec% théologie f thyrse^ pléthore ^ sans
(*) Mab aTant d'aroir la lettre B, les Greci
éenvaiest TH : de là le nom de^ro, eontrae»
tioB do TOU ura. NotMu toatefoii qa*ea hébreo
U 7 rait d^à one l^tee Bonoiée if^A*.
qu'il en résulte dans la pronondatioa
aucune nuance sensible; seulement la
pronooeiation de l'i n'a pas lieu pour le
th comme pour le /, et par celte raisoa
nous avons écrit, par exemple, Bagra-
tkion un nom plus connu sous la forme
de Bagration^ voulant empéAer qn'oa
ne prononce Bagracion^ comme cela le
fait par erreur. Le fl hébreu est an»
communément rendu , dans les nom
propres, par th. En allemand comme en
français, cette lettre double estâpn
près l'équivalent du t simple, avec cette
différence qu'il allonge souvent la sjl-
labe qui commence par elle (Thol^
Buthe% mais non pas celle qu'eUe ter-
mine {Euth). En anglais, an coatruMi
et dans quelques antres langues, la pro-
noadatioa du tk a quelque chose àe
particulier; l'articulation devient pi»
fortement dentale, ûfifiante et désagrét-
bk à l'areille par sa fréquente répéUu'oSi
par ex^ple sous la foï^e de l'article the*
Le turc est un peu dans le même cas :
ainsi Otkoman et Osman se oonfondeot,
et c'est la raison pour laquelle nous nV
vous pas suivi l'usage d'écrire Ottoman,
En français, le t est, dans ceruinscn,
une lettre euphonique, connne le s M
abusivement dans la bouche du peuple:
on le place, dans ce but, entre les fro-
noms a, elie^ on et U S* personne d'aa
verbese terminant par une voyelle. AiiWf
au lieu de n-o», l'on dit et écrit a-t-ofh
sans doute par l'habitude où Ton élut
dedirs'/ut-o/i, c#^oll, dit-on^ ^^^i*^
lieu de sera^if on dit sera^t-U) au m
de m'aim0^eUef . m'aime-t-elU.
Gomme abrévUtion, T, chez les »<>-
mains, sif^ûfiait Titus^ quelquefoU «itt^
1ms et tnbumL Chex nous, en \o^({^ "
signifie Urminasi en musique, la^i^
aor; en bibliographie, toiniw,ft)««- **f
cette Encyclopédie, où tous les renvoi
se rapportent aux tomes, et non sox îO"
lûmes ou livraisons, on emploie coost»»'
ment à cet effet le T. majnscnle; t.»*'
UHScnle se rapporte ans tomssde mit'
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TAB (637)
( dVMnTMBM. Dans les ▼fou dovn-
nciitty /• a. vett dire têstant^us actii.
Le tjgne monéuîre T iodigiiait aatrefou
la ^tlle de Nantes oomne lleii de fabri-
cation.
La lettre numérale T leyréientatt cbca
les Romains le nombre 160, et le nom*
bre 160,000 si eUe éu^t fornonlée de
la barre horiiontale, T* J* H. S.
TABAC ( nicotiana îabacum y L. ) ,
plante de la famille des solanées(iio^.)
originaire des Antilles oa de FAmériqoe
méridionale^ et introdoiteen Europe par
les Espagnols vers le milien du xti* siè-
cle*. Depuis, ainsi que pemonae ne l'i*
gnore, Temploi des feuilles de tabac eM
devenu à peu pr^ univenel. On cnltire
aussi, pour les mêmes usages, mais peu
fréquemment, du moins en Europe, plu-
sieurs autres espices congénères, telles
que le nicotiana rustiea^ le maerophyl»
la et Vangusti/olia,
De même que beaucoup d^aotres soh-
nées, les nicotianes ont des propriétés à k
fois narcotiques et drastiques. Jadis l'usa**
ge médical du tabac avait été préconisé
comme une panacée ; de nos jours^ on l'a
laissé tomber en désuétude comme étant
plus dangereut qu'utile, excepté dans les
cas d'asphyxie : la fumée du tabac, ad-
ministrée aux noyés, moyennuit un ap-
pareil convenable , devient souvent un
stimulant très efficace. Éd. Sp.
Lorsque Christophe Colomb aborda
pour la première fiods à l'Ile de Cuba, an
mois d'oct. 1493, il chargea deux hom-
mes de son équipage d'explorer le paya.
« Ces envoyés trouvèrent en chemin, dit-
il dans son journal, un grand nombre
d'Indiens, hommes et femmes, qui te*
naient en main un petit tison allumé,
composé d'herbes dont ils aspiraient le
parfum, selon leur coutume. » L'évéque
Barthélémy de Las Casas, contemporain
de Colomb, dit, dans son Histoire géné^
raie des Indes j que le tison signalé par
Colomb « est une espèce de mousqueton
boorré d'une feuille sèche que les In-
diens allument par un bout, tandis qu'ils
(*) L*étymologit da mot UAm on uAmÊQ eil
incerUine ) car les Caraïbes , aoxqaeb les naTi-
.gatours européens oat empranté rasage de fo-
rmer le tabac, déf%eeat ce 'végétal par le acm
de pitum, V
TAB
suent od hument par Fantre extrémité,
en aspirant la fumée avec leur haleine.
Ces mousquetons sont afipelés tabacos
par les Indiens.» Cest encore ce nom
que les habitants de la Havane donnent
actuellement aux cigares.
Le tabac fut introduit en Europe au
commencement du xvi* siècle. En 1 51 8,
Cortec envoya des graines de cette plante
à Charle»-Quint. Quarante ans plus terd,
vers 1560, Jean Iticot, ambassadeur du
roi de France auprès du ro^ de Portu-
gal, ayant reçu d'un marchand flamand,
revenu d'Amérique, l'herbe qui produit
le ubac, la fit conndtre au grand-prieur,
à son arrivée à Lisbonne; et , à son re-
tour en France, il la présente à Cathe-
rine de Médids, La reine mit cette herbe
en vogue, et la mode s'en empara avec
foreur. Elle fut alors appelée nicotianCf
du nomdel'ambassadeur, Aer^tf ^ii^ir/i^
prieur^
herbe à la reine. Le cardinal
de Sainte -Croix, nonce en Portugal,
et Nicolas Tornabon , légat en France ,
l'ayant introduite en Italie, elle reçut les
noms ^herhe de Sainte" CroùCf d^ herbe
de Tornabon. Elle fut enoore nommée
buglosse antarctique f herbe sainte ou
sacrée Jusqùiame du Pérou f etc.
Tant que dura l'engouement que le
tebac avait fait naître, on lui attribua
les vertus les plus merveilleuses ; il gué-
rissait de tous les maux. On trouve à ce
sujet dans la Tabacologia de Neander^
philosophe médecin, imprimée en 162 2^
une épigramme curieuse, que nous re-
grettons de ne pouvoir refôroduire ici.
Mab û le tabac eut ses panégyristes, il
eut aussi ses détracteurs; et lorsque l'en-
thousiaime qu'il avait excité fut calmé,
lorsqu'on Fexamina sévèrement, il eut
des ennemis. Les médecins s'élevèrent
avec force contre lui ; de ce nombre fut
le célèbre Fagon qui, pour arrête^ les
progrès de la contagion, fit soutenir une
thèse publique : Ergo ex tabaci usufre--
quentivitœsummabrevior. Malheureu-
sement pour le succès de la cause qu'il
défendait, il s'était fait remplacer, pour
présider à la discussion de cette thèse,
par un confrère qui, repoussant énergi-
quement l'usage du tabaÎB, eut à la main,
durant toute la séance, une tabatière où
il puisait inoeieanimait. En regard de
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n^
(638)
TAB
<sMt thiK» «t P«r oppotttioQi on pesi
en citer iine autre : Nwt ergo noeet C€^
rebro tabacum.
Le roi Jacques P' d^Angleterre publia
un libelle contre le tabac. En Italie^ le
pape Urbain YIII expOMinaMUtenioaim
qui oseraient prendre du labao dans le
temple du Seigneur. Don Bartbolouié de
la Camara, évéque de Salaauuiq«e(l M5)|
défendit aux prêtres de priser «vaat la
messe et deux beures apr^ En outre, il
défendait au clergé et aux paroissiens de
priser dans Téglise, sous peine d'exoom*
uiunicalion nugeore et de mille nuura-
védis d^amende chaque' fois. En France,
au commencement du XTUt^ siècle^ les
curés tonnaient fréquemment) dans leurs
chaires, contre ceux qui troublaient l'of-
fice divin par le bruit qu'ils faisaient en
pulvérisant leur tabac; A cette époque,
les priseurs portaient, an lieu de taba*
tière, un bout de tabac et une sorte de
râpe pour le mettre en poudre à mesure
qu'ils en avaient besoin. Le snlthan Amn^
rat IV condamna les fumeurs à la mort ;
le tsar de Russie et le chah de Perse dé-^
fendirent Tusage du tabac dans leurs
états , sous peine d'avoir le nez coiipé,
voulant sans doute punir le crime par la
partie coupable \
Aujourd'hui que l'usage du tabac est
si répandu/que le cigare se rencontre par-
tout , que les femmes mémo, les femmes
de Paris, se hasardent à fumer la ci*
liarette, le ubac n'est pas encore corn-
• plétement amnistié , et M. Achille Ri-
chard, professeur i la faculté de m^-
cine, répète dans son cours qp'en An-
gleterre, d'après des statistiques, sur 10
personnes qui meurent phthiiîqiies , 8
ont fait usage du tabac
Le tabac se prend en fumée par la
bouche, en poudre par le nez, en feuilles
par la bouche. L'habitude de fumer ne
s'acquiert généralement qu'au prix d'un
noviciat peu encourageant* La première
fois qu'on fume, on est saisi de symptô-
mes d'empoisonnement , de vertiges ,
maux de tète, envie de vomir, vomisse-
ments, auéantissement complet de U sen-
sibilité. Ces symptômes disparaissent peu
(*) On sait qu'anjoardliui même, en Russie,
les ^ieûx-Crtjimm («oif . &AsaoLirnjr) s*^lMti«»
deraMvsdaisiiea S.
à peu, lofs^'oÉi alecowigedti
meaoer l'épreuve*
Le tabac en pondre se prend soit pou
le seul plai^r d'aspirer une mattèie odo-
rante, soit pour se procurer une eiciti*
tîon diroele et souveut renouvelée. Cot
on ^isir faoile à se pvoenrer, qui n
dbmeade. aneune prépâralMin, qni s'ti-
tndne à aucune perte de tempi.
L'usage du tabac à mâeher ert nsbi
généra}. C'est une habltn<U réMnéi au
marins, parée que l'usage de Is pips hv
offre trop de dîflfieultés, en pldas ner,
et que d'ailleurs on ne peut, svscqm
pipe, paraUve snr le gaillard d'airièrc
ou pénétrer dans l'intérieur du vainsiL
Cette habitude est également propre au
hommes du peuple , parce qu'slle al
moins chère que la pipe. La êhiipie ot
le pire de tous les usages du tsbsc.
Les gouvernements, empressés s niar
toutes les occasions de se créer de im-
velles ressources, ne tardèrent pss à net-
tre un imp6t sur oe nouveau geusde
coMommationi Le gouvoneneot fns*
^is donna l'exempk, et Ridulim, n
1621, eommença è percevoir un MUpk
droit de consommation. La levés dsot
impôt resU placée dans les auribolioii
de la ferme générale jusqu'en 16^. A
ceUo époque, la ferme du Uhac fet ëh
traite de la ferme générale et louée an
particulier moyennant 160,000 liim»
et unie soDoliiie annuelle de 1 00,000 liim
qui devait être payée è la leraie gésé-
rale pour abopnement tles droits d'en*
trée, de sortie et de chrculation. EalTlS,
le prix du bail s'éleva jusqu'à 4 mUliois.
La ferme générale reprit le hail qoi ib
toujours croissant, et en 1790 lelojff
était porté è 31 millions. NapoléoB éli-
blit la régie en 1611; il prédit anebrei-
che de revenus de 80 millions : il *■-
nonçait alors ce qui arrive an^oordliii'
En 1 8é2, le monopole revenait aaicoe-
sommateurs è 00 millions *. La ooeso**
mation du tabacangmente chaque soaée;
elle était de 16 millions de hilogr. <■
1842; elle eat portée mainleaaat UB
millions de kilogr. L'existence dn régime
actuellement en yigueur, accepté prori-
(*) £a liii, U prodait bmt de la nrf^ Ja
tal»aç était ée 97^,984 fr., et le pfwM ■«
de 7a millions. *'
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(6S0)
ÎAB
Mrmmnt pair la lUiNiitrftti*»! prorofé
plonean fois, «t atturée juiqtt'en 1 85S .
L'Assemblée Dationale avait décrété,
le 34 février 1791^ qa*il aerail libre à
toote pertoDoe de cultiver, fabriquer et
débiter da tabac daBa4e royaume* Après
rétablisseflMiit de la régie^ la tiberté de
culture de tabac fiât retirée'; eHe n'est
plus autorisée que dans sit départements^
qui sont cena ak elle était la plus con«
sidérable sous le régime de libre planta*
tioo : le Nord, le Pas-de«Ca1ais, le Bas-
Rhin, le Lot^ Lot-et-Garonne, Ille-et-
Vilaine. Cette culture se fait pour l'ap-
provisionnement de la régie et sout le
contrôle des employés.
Le gouvernement, en s'emparent de la
fabrication eiclusive dee tabacs, a établi
des mani:dactures; elles sont au nombre
de dix et elles sont établiee à Paris, Lille,
le Havre, Morlaii, Bordeaux, Tonneins,
Toulouse, Lyon, Strasbourg et Marseille.
Elles occupent environ 6,000 ouvriers.
Paris seul en occupe l,tOO. Chaque ma-
nufacture est dirigée par un régisseur
chargé de la responsabilité générale ^e
tous les travaux; un Inspecteur préside
à la fabrication, et un contrôleur sur-
veille toutes les opérations, sans aucun
pouvoir exécutif. Ces trois employés for-
ment le conseil supérieur de la manufac-
ture. Un sous-inspecteur est adjoint à
rinspeoteur dans les principalee manu-
factures*. Depuis 1831,1e personnel de
la fabrication se recrute parmi les élèves
de l'école Polytechnique.
Sur les 18 millions de kilogrammes
tant de tabac en poudre que de tabac è
fumer, qui forment actuellement la con-
sommation de la France, Paris fournit
4,300,000 kilogr., Lille à peu près au-
tant ; c'est-à-dire, entre ces deux villes,
près de la moitié de la consodimation
totale.
Les tabacs fiibriqués se répartissent
entre 867 entrepôts. La vente en est
actuellement confiée à 29,000 débiunts
spéciaux , soumis à un cautionnement
fixé en raison de la population, et s'éle*
vant du minimum de 50 fr., dans les pe-
tites localités, au maximum de 1,500 tt,
(*) L'ordoBMiice Toyale de ii nov. 184a a
créé an directeur do radmiaiitration dst tabacs,
secondé par 4 tent-directeim. 8.
k Parii. Vtké remifte est faite pat* la régi»
aux débitanta, de telle sorte qua cha«>
cun d*eux réalise un bénéfice moyen de
480 f^. Les btaraanx de tabae, à mcrare
de vacances, sont généralement donnéi
à des veuves de militaires sanê fbrtttn«,
à de rieux employés inférieun privés ée
Pour diminuer autant que posilbla
l'introduction en fkaude du tabac f^bri«.
que à Tétranger, la régie fait vendre iUr
nos frontières des tabacs de moindre qua-
lité à des prix réduits, dite tabacs et
cantine. Le prix de ces tabacs s^accTott à
mesure que l'on pénètre datis l'intérieur
de la France : ils s'élèvent successivement
de 1 fr. 50 cent., à 1 fr. 15 cent., S fr.
55 cent., 8 fr. 40 cent.
L'approvisionnement ponr Ja fabrica-
tion se fait avec le tabac indigène, le ta^
bac d'Europe, le tabac d'Amérique.
Dans les manufiicturee, les feuilles sont
soumises à une série d'opérations qui ont
pour but d'amener le tabac à ses deux
états principaux, le tabac à priser et le
tabac à /amer»
1^ Vépoulardage on triage dea fenU-
les. Elles arrivent réunies, dans des bou*
cauts, en petites poignées nommées ma^
noqaes. On secoue légèrement ces ma-
noqufs; on sépare les feuilles une à une ;
on jette celles qui sont avariées, et celles
qui sont dans un bon état de conserva*-
tion sont partagées en plusieurs tas, sui-
vant l'usage ultérieur auquel elles doi<-
vent servir.
2** La mouillade. C'est Topéralionla
plus importante, celle qui demande le
plus de soins et le plus d'habileté. Elle
consiste à mouiller les feuilles couche par
couche, avec une dissolution de sel ma«>
rin, marquant 12* à l'aréomètn de BaIN
mé. On forme ainsi des masaes considéra-
bles que l'on abandonne pendant trois cta
quatre jours. La dlsaoltttion de sel marin
est nommée sauce; elle est faite dans les
proportions de 17 parties d'eau et 4 ki-
logr. de chlorure de sodium pour 100
parties de feuilles de Ubac. Cette liquewr
salée n'est ajoutée que pour empêcher te
putréfaction.
Lorsque la préparation du tabac était
une industrie libre, chaque fabricant avait
1 aaivcetteparticattèrepMrfhifalaïamet,
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(640)
TÂB
det matîèm sncféet. On j i^iomail de la
mêlant^ da ivcre brut, une infusion de
figœt, une loliition de joi de régUite;
kfernenUtion qoii'éublifliàit pins tird
donnait naisianoe à vne certaine quan-
tité d'alcool qui s'emparait de l'arâme
propre à chaque substance ajoutée. Le
tabac acquérait ainsi un bouquet parti-
culier qui devenait le cachet de chaque
fabricant.
Las feuilles ayant rq>ris un peu de
•onplesse, on les porte à ï'éeotagey opé-
ration qui consiste à enlever aux feuilles
la plus grosse nM>itié de la nervure mé*
diûie. Les femmes, ordinairement char-
gées de oe travail, font alors un nouveau
triage, en mettant de côté les feuilles les
plus larges et les plus fortes qui servent
pour couvrir ou rober le tabac roulé et
les cigares. Les feuilles sont ensuite ha-
chées, au moyen d'un système de cou-
teaux mis en mouvement par la vapeur,
en morceaux d'une largeur de 13 à 15
millimètres; puis elles sont disposées en
masses considérables de 50 à 60,000 ki-
logr. Elles restent ainsi plusieurs mois,
et, pendant ce temps, il se fait un pre-
mier travail de fermentation. Lafermen-
tation marche d'abord assez lentement;
•Ue demeure quelque temps stationnaire
•Qtre 20 et ZO^ centigr., puis la tem-
pérature augmente et atteint le terme de
70® centigr. Lorsque le thermomètre
accuse cette température, on défait les
tas; si on laissait la masse subsister, le
tharaomètre monterait bientôt à 75*^
centigr., et alors le tabac se carboniserait.
On attache ude. inscription sur chaque
niasse, indiquant la date de la mise en
œuvre et la composition. C'est toujours
53 on 54 pour 100 de tabac d'Europe,
et 47 ou 48 de tabac d'Amérique; soit
50 parties de tabac d'Amérique : Virgi-
nie, Maryland, Kentucky; 80 parties de
France; 20 parties d'Allemagne, Hon-
grie, Belgique, etc.
Le tabac résultant de cette première
fermentation est soumis à la puMrisa^
tion^ Elle a lieu dans des moulins dtspo-
aés sur une même rangée dans de vastes
ateliers; le mouvement est communiqué
par une machine à vapeur, et la combi-
naison des rouages est telle que la noix
de dwqoe aaoolln ne àêtÊk^hamé^
révolution dans «n aens et une donÎHré*
volntion dans le sens opposé. A laosn
que le tabac est broyé, il tombe par le
fond des moulbn,et il est eondtit,à ïùk
de trémies, dans un réservoir commu,
d'où il est puisé par une diatneà saga
qui vient le verser snr de kiges tsaii.
De la, et à l'aide du mouvement et de
Tinclinaison de ces tamis, les psftieiilei
les plus grossières sont rejelées par le
surface, tandis que la poudre U phaiae
passe au travers des mailles et est re-
cueillie à part.
La pulvérisation terminée, en BoaiDe
de nouveau le tabac et on le tonsiet,
dans de grands encaissements en boude
chêne, à une nouvelle fermentatioo pei-
dant laquelle aon arôme se développe.
Chacune de ces caisses contient eatiroi
50,000 kilogr. de tabac en poudre, b
fermentation marche comme la premièR
fois ; elle ne doit pas dépasser noa pi»
le terme de 70» centigr. Pendant la fer-
mentation , la destruction de la natière
azotée de la nicotiane a lieu, de rsono-
niaque se produit, et l'odeur propre lu
ubac se manifeste. B y a toojoun aosi
une certaine quantité de earboos m»
à nu qui donne à la masse une conleer
plus noii>Âtre. Il ne faut pas moiaa Jel6
a 18 mois de préparations pour que ie
tabac en poudre puisse être liné aoi
consommateurs*
La fabrication du tabac à fomcr os
scaferlati est basée snr d'audnes ptisci-
pes : il ne doit pas fermenter. Posr k
prépeu^r, on choisit les feuilles lé^èreii
on les mouille avec une dissolotioB d^
sel marin ; cette dissohition est faite dans
les proportions de 30 pour 1 OOd'esa con-
tenant 4 kilogr. de chlorure de aodion*
On coupe les feuilles au moyen d'oasyt-
tème de couteaux en guillotine. A Isna-
nufacture de Paris, ces coutesux aoatas
nombre de douze sur une même raofée,
et chacun d'eux peut couper 100 kilofr.
de tabac par heure. Aussitôt qoe i«
feuilles sont hachées, on chasae Tesa es
excès dont elles sont chargées en les soa*
mettant brusquement à une tempéi^^
de 1 00° centigr. sur des plaques en enivre
chauffées par la vapeur. Cette opéra»»
est Ufiisage, Le tabac est étendo*»!
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(641)
TAB
ftohe iur des séchoirs, pois transporté
dans on antre atelier, où on le distribue
par dnq cents grammes dans des saes de
papier. Cette partie dn trarail s'exécute
avec nne rapidité étonnante.
Par UJUage^ on fait le Ubac roulé^
dont nne partie est ainsi lirrée à la con-
sommation ponr les ihmenrs, et l'autre
partie sert à la confection du tabac en
carotte. Ponr cela, on coupe le tabac
roulé en longueurs égales auxquelles on
donne le nom de rdUs. On leur donne la
forme de deux cônes tronqués opposés
par la base; on les soumet à une forte
pressioui et on les fait sécher dans une
éittve fortement chauffée.
On ne fabrique en France que les
dgares {vox») de 5 et de 10 cent. : une
ouTrière habile peut en confisction-
Pris
dt rerient
du
kilogr.
Tabac à priser • 1^- 44«.
Tabac à fumer 1 98
Rôles à mâcher 1 92
Carottes à râper 1 93
Le consommateur paie son tabac un
peu cher, il est vrai, mais au moins il est
assuré d'aroir un produit d'une qualité
toujours constante ; car rien n'est épar*
gné dans les manufactures de la régie
pour arriver à ce résultat, et l'actiye sur-
Teillance qui est exercée garantit suffi-
samment le public contre toute fraude
qui pourrait être tentée. En serait-il de
même si le monopole cessait, si la con-
currence se trouvait rétablie ? il n'est pas
certain que le tabac se vendrait moins
cher, et il est à peu près sûr qu'on ne
l'aurait pas meilleur; bien plus, le con-
sommateur serait exposé à recevoir un
produit vicié par de mauvais ^lélanges,
altéré peut-être par de dangereuses sub-
stitutions.
En terminant, nous devons une men-
tion particulière à l'excellent mémoire
de M. Barrai, Sur le monopole et Vin^
dusirie du tabac, mémoire auquel nous,
ayons fait de nombreux emprunts pour
eet article. Y. S.
TABAGO, une des petites Antilles
(l'^O) découverte par Colomb en 1498,
prise par les Hollandais en 1632, plus
S/uychp. d. G. d. M. Tome XXI.
ner 250 par jonr. Les autres cigares sont
tirés de La Havane, qui en exporte an-
nuellement 20a millions; la France,
pour sa part, en reçoit 10 millions. Ou
a essayé, ces dernières années, de faire
venir des cigares de Manille et quelques
antres espèces de dgares supérieurs;
mais il est peu de personnes qui con-
sentent à payer un cigare 40 et 50 cent.
Il est une autre branche de produits,
celle des cigarettes, que la régie commence
à exploiter, et qui doit donner une nota-
ble augmentation de revenus.
La régie fabrique trois espèces de ta-
bacs, le tabac dit étranger, le tabac or-
dinaire, le tabac de cantine. En prenant
les tabacs ordinaires pour exemple, voici
le tableau des
Pris
Prix
BtoéficM
d«T«nt«
éêitnU
deUB«gi«
•9
■u
par
dibitMt
«onaemmatMif
7fr.
8fr.
6fr* 560.
7
8
6 02»
7
8
5 08»
7
8
5 07»
tard occupée successivement par les An-
glais et les Français, et restée en posses-
sion des premiers depuis 1814. Cette
Ile a une superficie d'environ 6 milles
carrés et une population de 16,000 ha-
bitants. Ses principaux produits sont le
coton, le sucre et le rhum. Le chef-lieu,
Scarboroughy petite ville de 2,400 âmes,
siège du gouverneur, a été réduit pres-
que entièrement en cendres, en 1830,
par des esclaves révoltés. X.
TABARIN. C'est le nom d'un fameux
bateleur dn commencement du XYii" siè-
cle, dont le souvenir nousest conservé par
des vers de Boileau et de La Fontaine, et
dont les bons n^ots, sous forme de ques-
tions , furent recueillis en des ouvrages
autrefois fort communs et recherchés
seulement par les clercs et par les va-
lets, mais qui aujourd'hui sont devenus
fort rares et sont payés fort cher par les
amateurs.
Boileau, dans son humeur chagrine,
blâmant Molière d'avoir fait ses admi-
rables farces, lui reprochait d'avoir
Quitté, poar le booffoD, Ta^réable et le fin,
Et sans honte à Térence allie Tabarin.
41
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TAB
Déjàle même Miiriqae avait écrit, dans
le premier clunt de vJrt poétique^ par
allnuoQ au Virgile travesti de Scarron :
La liceoc* à rimer alors ii*eot ploa de frein i
ApoUon traTesd dcTint un Tabarin,
Le bon La Fontaine antn a mentionné
dane nne de ses fables le célèbre bate-
leur dont il avait sans doute entendn
«ouvent parler dans son enfiince :
Dom pourceau crioit en chemin...
Le Cbarton n'aToit pas dessein
De le mener voir Ta^oria.
M. Leber, Pécrivain moderne qui s'est
le plus occupé de Tabarin , croit qu'il
était d'origioe italieDDe^ et que son vrai
nom s'écrivait Taharini, Sa réputation
commença d'éclater à Paris vers 1618,
époque où il débuta sur la place Dau-
phioe, en qualité de farceur associé d'un
charlatan appelé Montdor, qui débi-
tait ses drogues auprès du Pont-Neuf.
L'apogée de la réputation de Tabarin ,
qui jouait ses farces en compagnie de son
maître et de sa femme Francisquine ,
peut être fixée à 1633, époque où le li-
braire Sommaville publia le recueil de
ses œuvres. On en connaît jusqu'à 5 éd.
originales y dont la dernière parut en
1625, sans compter un grand nombre
de pièces tabarioîquesy publiées sépa-
rément. AI. Brunet a indiqué les plus
précieux de ces recueils et de ces piè-
ces dans son Manuel du libraire. M.
Leber, dont nous avons déjà parlé, a
fait paraître, en 1835 , une mono-
graphie fort curieuse de Tabario et de
ses éditions, sous le titre de Plaisantes
recherches d'un homme grave iur un
farceur (gr. in- 1 8). On ne sait en quelle
année Tabarin descendit de ses tréteaux ,
mais il est vraisemblable que son règne
fut assez court. Un écrit de son temps
le représente comme « un des plus naïfs
esprits qui ayent esté de sa profession. »
Cet écrit intitulé La rencontre de Gau»
tierGarguille avec Tabarin dans l'au^
tre monde f ayant été publié en 1684 ,
ressemble assez à une oraison funèbre.
liCS œuvres tabariniques n'offrent que
de grossières plaisanteries, et il est assez
difficile de s'expliquer le goût qui les
fait tant rechercher aujourd'hui par un
petit nombre de curieux. A. T-b.
( H2 ) TAB
TABART ( Abod «* Dja7a& Moia-
hed), célèbre écrivain arabe. Le mot Ta-
bary est une épitbète, il signifie né dans
le Tabarestan [voy. Tabk&istai). Le
véritable nom est Mohammed; mitotà
Abou^Djafar ^ on père deDJQjar^m
mots indiquent que Tabary avait eu lo
fils de ce nom. Tabary naquit à Amol,
dans le Tabarestan , l'an 839 de aotn
ère, sous le règne du kbalife MoUnea,
fils de Haroun-al-Rascbid et frère d'Al-
mamoun ; il passa la plus grande pirtie
de sa vie à Bagdad, et mourut dans cttte
capitale l'an 923. Tabary avait embriaé
dans ses études tontas les sciences amul-
mânes : interprétation du Coranr, tn-
ditions prophétiques, jurispmdeaot et
droit canon, histoire ancienne et no-
derne, rien n'avait écbappé à son aua-
tion. Il passait pour Thomme le plus
savant de son temps; en ce qui cos-
ceme le droit canon, il est compté n
nombre des docteurs qui ont mérité k
titre de Modjtahed^ parce qu'à ddiot
de textes du Coran et des tnà\ûim
prophétiques, il pouvait de sa seule «-
torité trancher les difficultés auxqoeUe
donnait souvent lien le passage subit ée
Arabes de la vie nomade à la vie létki*
taire. Tabary écrivit un grand wa^
d'ouvrages ; un de ses biographes asafft
que, pendant 40 ans desa vie^il ut\v»
point passer un seul jour sans remplira
feuillets. On vante un commentaire <)i
Coran de sa composition ; mais / oa-
vrage qui lui a valu le plus de répatatMS
et qui appelle sur lui l'attentioo d« ^
docte Europe, c'est une chronique av
verselle , commençant à la création 4»
monde et se terminant à l'an 914, <|i*^
ques années seulement avant la mortv
Tauteur. Pour se faire une idée as i>
nature et de l'imporUnce de cette chro-
nique, if faut savoir que les Arsb««» ■*'
térieurement à Mahomet, s'occop»»^
uniquement de poésie , et qu'en ^\
traditions historiques, ils se bor0«>^
aux généalogies et à ce qui pooisUit
transmettre de bouche en bpucbe.ip'^
Mahomet, l'on chercha avec ^^^^
ce qui tenait aux traditions propW»*'
ques ; mais en ce qui touchait à i*''*'^
historique proprement dite, ce v»
que soua Haroon-âl-Aaicfald ^ '^^
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(6*3)
Ti9
conmeD^ à recueillir des matériaux.
Tabary est le premier cbez les musul-
mans qui composa ce qu'où appelle, non
pas une histoire, car cela surpassait les
lumières des Arabes à cette époque ,
mais une chronique ; et cette chroni-
que se ressentit naturellement de Tétat
arriéré où se trouvaient les musuU
mans à cet égard. L'auteur, voulant faire
colinaftre les autorités sur lesquelles il
s'appuie y indique , pour chaque fait et
souvent pour la circonstance la plus mi-
nutieuse y les diverses personnes par la
bouche desquelles le récit avait succes-
sivement passé; il donne quelquefois du
même fait plusieurs récits différents, ce
qui rend la lecture de l'ouvrage lente et
fastidieuse. Ajoutez à cet inconvénient
qu'en ce qui concerne les temps antérieurs
à Mahomet, notamment les personnages
de TAncien-Testament , l'auteur, en fi-
dèle musulman, reproduit les fables ri-
dicules qui avaient cours de son temps.
Cette double circonstance, jointe à la
haute estime dont jouissait l'ouvrage, fut
cause qu'on s'occupa de bonne heure de
l'abréger et de le traduire dans les langues
vulgaires. Cinquante ans environ après
la mort de l'auteur, le prince Samanide
duKhoraçan et delaTransosiane, Maa-
aour, fils de Kouh , fit faire une traduc-
tion persane abrégée de cette chronique,
par son visir Mohammed Belamy, et cet
abrégé fut plus tard traduit en turc de
Constantinople, en turc djaggatéen, et
même en arabe. Il existe un abrégé arabe
fait jadis sur l'oûginal, et accompagné
d'une continuation par Elmacin; cet
abrégé , qui ne commence qu*avec Ma-
homet, a été publié $n arabe et en latin,
par Erpenius. Les abrégés et les traduc-
tions de l'ouvrage sont cause que l'ori-
ginal arabe est devenu extrêmement
rare; aucune bibliothèque de l'Europe
chrétienne n'en possède un exemplaire
complet. Ockley mit à contribution , il
y a un peu plus d'un siècle, pour son his-
toire des Sarrasins, quelques volumes dé-
pareillés qui se trouvaient en Angleterre.
Le savant M. Kosegarten a commencé
la publication de quelques portions qui
ae trouvent dans la bibliothèque de Bef^
lin. Deax volumes ont paru à Greift^
yniïdf aoua ie titre de TaberUtanensis
annales regum atqut iegatçrum fhi^
1831 et ann. suiv., in-4<>, en arabe, en
latin et avec des notes; ces deux volumea
traitent des premières années qui suivi*
rent la mort de Mahomet, D'un autre
côté, M . Louis D ubeux a commencé, soua
les auspices du comité anglais de traduc-
tions orientales, la publication d'uno tra-
duction française, faite sur la version
persane, sous le titre de Chronique cPÂ-
iou-I>/qfar Mohammed Tabari^ d'a^^
près les manuscrits de la Bibliothèque
royale de Paris ^ Paris, 1836, in-4^
La Gazette turque de Constantinople a
annoncé récemment qu'il venait de sor*
tir des presses de cette capitale une édi*
tion de la Chronique de Tabary; mais
la Gazette ne dit pas si c'est l'abrégé
turc ou l'original arabey et jusqu'à pré-
sent il n*est pas venu d'exemplaire de
cette édition en France. R.
TABELLION, voy. Notavib, G&Sff-
rx, etc.
TABÉRISTAN ou Tbàba&bstav,
voy. Pbesx, t. XIX, p. 439.
TABERNACLE (du latin tabenuH
culumf peiite tente)» sanctuaire dea Jui&
pendant leur vie nomade, rejafermée en-
suite daqs le saint lieu, douiil devint la
partie la plus auguste, la plus vénérée
{vojr> Templb)* — Ia Ht» des taàernO'
des, instituée en commémoration des 40
années passées dans le désert» se célébrait
après la récolte des fruits dans le mois de
//^n' (fin septembre) et durait une seaaaine.
Pendant ce temps, les Joiis devaient ba*-
biter sous des tentes ou dans des caba-
nes faites de branches d'arbres : de là
le nom allemand de LaubhUuenfosl* Cet
usage, modifié suivant lea mœurs mo-
dernes, est encore observé de nos joncs.
— Dans les églises catholiques, on ap-
pelle tabernacle une petite, armoire pït-
cée sur le mattre-autel et roileirmaniie
saint ciboire rempli d'hosties coosaeréea.
C'est de là qu'est tirée l'eucharialie (voy,)
pour être offerte aux fidèlea^ Z.
TABLEAUX (oAiiUaE u), voy. Ga-
lAxiE, Mosis, p£nvT0aK) etc.
TABLE BB PYTBAGORE, 9qy.
MuLTIPLIG4TIOir.
TABLE-RONDE, Inatitution de ta
chevalerie qui parait avoir appartenu au
XI* siècle de noira ère «t dont iea natr»
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ÏAB (644)
▼isnlefty rapportées dam un grand nom-
bre de romans, de lais et de fablianz
{voy, ces mots] auxquels la tradition les
aTait transmises, ont longtemps occupé
Fimagination des hommes de tous les
pays d'Occident an moyen-âge. Mais mal-
gré Pépoque que nous renons d'assigner
1 l'origine de la tradition, les poètes nor-
mands et antres ont généralement ratta*
ehé leurs rédu relatif à laTable*Ronde
an roi un peu apocryphe des Bretons du
pays de Galles, Arthus ou Arthur, l'é-
ponx de la belle Genièvre ou Ginevra,
le protégé de l'enchanteur Merlin, qui
régna, dit-on, de 517 à 543. A les en
croire, Arthus, le modèle des chevaliers,
aurait souvent, pour honorer la valeur,
convié à de joyeux banquets les héros
les plus renommés des lies britanniques :
on se réunissait autour d'une table dont
la forme ronde établissait une égalité par-
fiite entre tous les convives. Tous les
guerriers distingués briguaient l'honneur
de s'y asseoir, mais les plus vaillanu
éuient seuls admis, ce qui excita des ja-
lousies telles qu'à la fin les chevaliers ex-
clus se lignèrent contre le cénacle et lui
livrèrent bauiHe sous la conduite de
Mordred,un bâtard d'Arthus. Le roi lui-
même pénrit dans ce combat, avec le plus
-grand nombre de ses preux ou paladins
{voy. ce mot). C'est à ces faits, sur les-
quels on peut voir aussi notre art. An-
VHUs, qu'on a ensuite, surtout au temps
des croisades, rattaché des légendes chré-
tiennes, notamment oelle du saing réal
ou êMnt gréai à laquelle un savant mem-
bre de l'Académie des Inscriptions et
Bellts-Lettresa consacré un article spécial
-dans notre ouvrage (T. XIII, p. 4). Quoi-
que les premières chansons de gestes
iyof.) bretonnes se taisent sur la Table-
-Ronde et que beaucoup de savants aient
essayé de nier jusqu'à l'existence du roi
Arthus, on a fait observer, pour en soute-
nir la réalité, qu'elle se trouvait attestée
par une foule de monuments et démines
historiques. C'est ainsi que dans le West-
moreland, dans le Monmontshirej dans
l'Ile d'Ang1esea,.eto., on rencontre cer-
tains endroiu désignés sous le nom de
TabU^Ronde du roi Aràuu,
Quoi qu'il en soit, voici, selon les au-
teurs du xii^ an tv* siècle, les princi<-
TAB
paux statuts imposés par Arthai a m
paladins, qni étaient au nombre de 34.
Ils consistaient : 1^ à ne jamais déposer
les armes; S» à chercher les périls et
les aventures les plus hasardeuses; S* à
défendre les faibles de tout leur pouroir;
4* à ne faire violence à personne; â'i
ne point se nuire entre eux; 6^ à com-
battre pour le salut de leurs aob; 7<>i
exposer leur vie pour leur ptji; 8«i
n'avoir d'autre but dans leurs actions qoc
l'honneur; 9^ à ne jamais manquer à Ii
foi promise; 10« à remplir tous les de-
voirs de la religion; 11® à exercer ceox
de l'hospitalité; et 12® enfin, à rapfior-
ter toutes leurs actions aux perscoDS
qui étaient chargées d'écrire l'bistoireiie
l'ordre.
Grâce a ces nombreux romans auxqrà
la Table- Ronde a donné lieu, et qaioit
été publiés dans les différents idiomes di
l'ancienne Europe, personne nMgoorela
exploits fkbuleux d' Arthus, de TrisUi,
de Lancelot du Lac, de Galban^ dePi-
lamède, etc., ni les actes merveilleaide
l'enchanteur Merlin. Chrestien deTro^e
{^oy, Chbétibn) a mis plusieurs de ces
romans en vers ; d'autres ont été tradoib
en prose par Luch du Guast, Casse k
Blond, Gauthier Map, Robert de Borroo,
Rusticien dePise, etc. De nos jours, Créa-
zé de Lesser a publié iin poème bérol-
comique sur les Chevaliers de la Talk-
Ronde, Des poètes allemands*, ilalieos
et flamands ont aussi été inspirés parle
exploits du roi Arthus et de ses preux,
et nous devons, dans notre langue, plo'
sieurs éditions de nos anciens poèmes aax
recherches érudites et infatigables de
MM. Leroux de Lincy et Francisqoe
Michel. D.A.D.
TABLES (Loi bbsXII), lexào-
decim iabularum^ monument de li i^
gislation romaine.
A Rome, coiunke chez presque tonta
les nations, il y avait des usages et des
lois écrites. Les lois attribuées aux rois
étaient réunies dans le recueil de Pap
rius (vo/.); mais l'administration etb
n ^of. ESCHBFB4CH {fFoffrmm d% pour !*»•
rel et Parcival eu Parotral î Ami {Sêrtmên »•
dêf) , pour Iveia on 1» obevalkr éuU»^
pour Erek ; Gonxraoi 01 5TaM«W»«>f P?
Tristan, etc., etc. *
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TAB
( 6*5 )
TAB
distribalion da la justice étaient sujettes
à beaucoup dVbitraîre ^ à cause de l'ob-
scurité et de l'incertitude de cet ancien
droit ; d'ailleurs les origines diverses des
plébéiens et la domination des patriciens
avaient fait du gouvernement une espèce
de secret ou symbole religieux que les
consuls, successeurs des rois^appliquaient
à leur gré et surtout au profit de l'aris-
tocratie. On sollicitait une révision ; on
réclamait l'égalité : le sénat résistait et
eberchait à occuper le peuple dans des
expéditionsmilitaires.L'andeRome293,
le tribun G. Terentilius promulgua une
rogation qui demandait l'institution de
dix législateurs : adoptée par le peuple,
elle fut rejetée par le sénat et les curies,
puis reproduite par Virginius, et ensuite
d'année en année jusqu'à ce que le
consentement des patriciens fût enfin ar-
racbé (voy, T. XX, p. 680). Il faut cou-
suHer Niebuhr sur les causes et les faits
qui précédèrent cette réforme ^ il faut
connaître ses idées sur le commercium
et ie connubiam, sur la propriété et la
possession; ety si l'on aclmet son système,
il faudra bien reconnaître que la distinc-
tion qui séparait les deux ordres n'était pas
moins profonde que la différence qu'il y a
entre deux nations. Il attribue la cruauté
de la législadon des dettes à l'impossi-
bilité où étaient les créanciers patriciens
de prendre pour eux les propriétés plé-
béiennes: la personne devenait elle-
même le gage, dit-il, et de là tonte sa
théorie sur les nexL
L'envoi de sénateurs à Athènes, pour
y étudier les lois, est- elle une tradition
erronnée ou un fait historique? Yico
kii a contesté ce caractère, et après lui
Bonamy, Gibbon, Iiévesque et Niebohr *\
mais la thèse contraire a été défendue
par Brunquell, Hoffmann, Heineccius,
Pothier, Berriat de Saint-Prix. M. Gi-
raod, dans son Histoire du droit romain^
l'admet aussi : cette légation lui parait
conforme à l'intérêt "des patriciens qui ne
dMnandaient qoe desdélais; de pkv, elle
est en rapport avec le fait de la statue
élevée à l'Éphésien Hermodore auquel
on attribue la traduction et une partie
(*) Voir aiiMi Iitlièvre, Cémmmlutio oalIfiMi-
ri» de lêgvm Xli têknktnm fotrià» hurmu ,
1827. 6«
de la rédaction des XII Tables. Gepe»
dant, après avoir admis cette traditioD,
M. Giraud émet l'opinion, selon noua
bien fondée, que les sources de cette lé-
gislation étaient romaines et qu'elle re-
produisait le texte du droit antérieure*
ment observé, en refondant dans un seul '
droit national les diverses lois de ces peu*
pies. L'égalité des patriciens et des plé-
béiens fut posée en principe, car jus-
qu'alors les plébéiens n'étaient pas dea
personnes civiles. Il parait que les XII
Tables embrassaient le droit public, le
droit civil et le droit pénal. Tite-Live
se sert à leur sujet de l'expression fons
omnis publia priçatiquejuris. On fixa
les bases du pouvoir judiciaire qui repo-
sait encore entre les mains des consub,
et l'on régla la forme et la marche des
procédures.
Quand les décempirs {voy*) eurent
fini leur travail, quand ils eurent satis-
fait à toutes les critiques qui leur paru-
rent fondées, quand le sénat eut approuvé
leur ouvrage, ils le portèrent devant les
centuries ; enfin les curies, sous la prési-
dence de leurs collèges de prêtres et sous
les plus heureux auspices, confirmèrent
l'acceptation qu'en avaient faite les cen-
turies; et comme on jugea que les dix
premières tables ne suffisaient pas, on
prorogea d'une année le pouvoir des lé-
gislateurs, et deux nouvelles tables furent
ajoutées aux premières. Les nues et les
autres furent placées dans le conciUum
pour que tout le monde pût les lire.
Les savants ne sont pas d'accord an su-
jet de la matière sur laquelle furent gra-
vées les lois. Les Tables éuient-elles de
chêne, d'airain ou d*ivoire? Ce sont des
doutes qu'il dut éclaircir par la compa-
raison des passages de Denys d'Halicar-
nasse, deDiodore, deXite-Liveet dePom-
ponius. Les fragments que nous avons
n'offrent évidemment qu'un texte alté-
ré. Les en&nu chantaient la loi des XII
Tables , tanquam necessarium earmen;
mais, du temps de Goéron, on commen-
çait à les négliger [Discebamus enim
pueri'KIl quasjam nemo disdt). Vico
en a conclu que les XII Tables étaient
en vers; nais les Romains appelaient
tarmen lomto tenteaoe aolenneUe. Il x^
go6 wMiibewiocmpd^înoirttaMltattrlW
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TAB
(646)
TAC
en des matières. Renversées dans le sac
de Rome par les Gaulois, et probablement
réduites en fusion par la foudre vers 68 5,
elles furent toujours restaurées. Diodore
atteste que de son temps on les voyait en
Jbon état. Rittershuis croit qu'elles ont
péri dans rinyasion des Goths. Les frag-
ments que nous en avons aujourd'hui sont
extraits d'auteurs plus ou moins dignes
de foi. Le travail le plus estimé est celui
de Jacques Godefroi. Quelques savants,
parmi lesquels Funk et Terrasson y ont
essayé de restituer le vieux langage des
Xn Tables ; mais ces tours de force sont
quelquefois dangereui. Les textes de
MM. Dirksen * et Haubold, et la publi-
cation qu'en a faite à son tour M. Zell
en 1825, constatent le dernier état de la
loi des XII Tables, d'après les Institutes
de Gains et la République de Gicéron. En
mars dernier, il a été lu à l'Académie des
iciences morales et politiques, par M. Ber-
nât de Saint-Prix, un mémoire très savant
sur la question de savoir si les créanciers ro-
mains avaient en effet le droit de mettre en
pièces le corps de leur débiteur : « Il n'y a,
dit-il, ni texte authentique, ni fait histori-
qneàl'appui.La discussion porte principa-
lementsurlefameuxpassaged'Aulu-Gelle,
si plus minusve secuerunt, «M. Trop-
long a soutenu la thèse opposée^ c'est
bien du corps du débiteur qu'il s'agit, selon
lui, et non de son patrimoine; il attribue
le défaut d'exemples à l'incertitude des tra-
ditions historiques. Dans la même séance,
M. Giraud a appuyé de quelques obser-
vations l'opinion de Mi Troplong, disant
que la section du débiteur entre plusieurs
créanciers n'était peut-être que la con-
séquence barbare d'un droit barbare^
il pense néanmoins que ce droit n'a ja-
mais été appliqué. P. G -y.
TABLES ASTRONOMIQUES ,
voy. Almageste, ALPHowsiifEs, Ke-
pler, Lune, Soleil, etc.
TABLETTERIE, Tabletier. Les
principaux objets du domaine de la ta-
bletterie sont de petits ouvrages en bois,
en écaille,' en corne, en ivoire, en os
ou en nacre, tels que des tabatières, des
r*) On doit à M. Dlrksfen nn ooTrage allemaild
iimcalé : A«#a» dMtomiUi 9t$uù Jkitt poiir te 6^
Xli Tmbhs, Uips», i8ai , in-S*". S.
peignes, des pièces d'échiquier et de da-
mier, des dominos, des jetons, fiches,
billes à billard, dés à jouer, étuis à ai-
guilles, nécessaires de toilette^ couverts
en buis, brosses à dents, chausse-pieds, etc.
Plusieurs de œs ouvrages rentrent en
tout ou en partie dans les attributions de
l'ébéniste, du marqueteur et du tour-
neur [yoy. ces mots). La corne généra-
lement employée en tabletterie est celle
du bœuf que l'on dédouble, en la sciant,
et qu'on étend à l'aide de moules en
bronze et de presses en fer. Lea tabatiè-
res sont une des branches les plus pro-
ductives de ce commer/^e. Il en existe
des fabriques d'une grande importance
à Saint-Claud^, dans le Jura. Elles sont
en buis, et se recommandent, sinon par
leur perfection, du moins par la modi-
cité de leur prix. Les tabatières en cartoa
vernis, qui sont d'invention moderne, se
fabriquent en immense quantité à Sanrc-
guemines, et chez l'étranger à Brunswic
et dans le Hanovre. L'arrondissement de
Beauvais fournit à la France et à toute
l'Europe des brosses à ongles et à dents,
des dominos, des dés, des couteaux à pa*
pier, des peignes, des boutons de che-
mise, des mètres, et autres mesures, etc.
Les peignes en buis sont un objet im-
portant de commerce pour plusieurs de
nos départements. Mais c'est surtout à
Paris que se fabrique la tabletterie fine
et de luxe; c'est la que se font ces char-
mants nécessaires de toilette et de voyaget
dont les boUes sont en acajou, en cîtro-
nier, en palissandre, et qui sont si élé-
gamment incrustés en cuivre, en ivoire
ou en nacre. En somme, la tabletterie,
industrie toute fran^se, qui demande
de l'adrefise et du goût, est un de nos prin-
cipaux objets d'exportation pour l'£u«
rope et pour l'Amérique. D. A. D.
TABOR (Mont), voy* Sikai.
TABORITES, parti des Hussitea op-
posé aux calixtins, voy, ce mot et Hcs-
MTES.
TACIIOS, pharaon d'Egypte, de la
29«dynastie(i;ox.ÉoTPTE,T. lX,p. 270),
n^onta sur le trône vers l'an 863 av. J.-C.
Menacé d'une invasion des Peraes, il
appela à ion saeours les Athénîem et les
Lacédémoitf et»^ qui liU envoyèrent Cha-
brias et Agésilas {voy* ces noms). Tachos
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TAC ( 647 )
donim an premier le commandement de
la flotte, et au second celui des troupes
auxiliaires, en se réservant Tautorité su>
prême sur terre et sur mer. Agésîlas mé-
c*ontent abandonna son parti lorque les
É|;yptiens proclamèrent roiNectanéboU^
alors Tachos, obligé de prendre la fuite
devant le roi de Lacédémone , alla
chercher on asile en Perse, 361 ans
•▼. J.-C. E. H-c.
TACHTGRAPniE, voy- Brachy-
O&APHIE et SréirooEAPBiÈ.
TACITE (Caiûs Cornélius Tacitus),
un des trois grands historiens de Rome,
^écnt tonte la dernière moitié du i*' siè-
TAC
cle de rère chrétienne et pendant une
assez grande partie du second. Les deux
dates extrêmes de sa vie sont enveloppée*
d'incertitude et livrées aux conjectures.
Un passage, trop peu cnriensemeut in-
terprété, de Pline-le-Jeune, son ami, a
décidé les savants, après Juste Lipse, à re-
tarder sa naissance de plusieurs années.
Cette expression « à pea près du même
âge * »ne permet pas, a-t-on dit, de mettre
une distance entre enx de plus de cinq
à six ans. Or, iPline avait dix-huit ans
l'an 79 (882 de R.**), donc Tacite était
Dé en 55 (8Q8) on 56 (809). Mais on ne
remarque pas assez que Pline ajoute qu'il
était lui-même un tout jeune homme
[adolescentttlus) quand Tacite avait déjà
de la célébrité ; on ne remarque pas, non
plos^ que la lettre fut écrite lorsque les
deux amis étaient parvenus à une ma-
turité assez avancée, époque de la vie où
ce qui avait été disproportion d'âge entre
jeunes gens n'est plus qu^une différence
peu sensible. D'ailleurs, à la fin du règne
de Domitien (96, 812), Tacite entrait
dans la vieillesse, nous rapprenons par son
propre témoignagne ^**; enfin, on tient
aussi de lui-même qu'il (ut préteur en
88 (841), dignité dont les lois annales
interdisaient l'accès avant l'âge de 39 ans.
Ainsi la 50^ année de l'ère chrétienne
(de R. 808) est la moins reculée qu'on
puisse lui assigner pour année natale.
La ville de Terni se flattait, mais sans
preuve, de le compter au nombre de ses
citoyens* L'ignorance où noos sommes
i*) Muté propemodmm mfu^Ui. Spist., TU, SO.
••) Plin , Ep., VI, ao.
touchant son origine, sa famille, et le lieu
où se passèrent les jours de son enfance,
nous prive d'une des plus intéressantes
études de morale, savoir : quelle a pu
être rinfluence de l'éducation sur un tel
génie? Toutefois, on a pensé, avec quelque
vraisemblance, qu'il était fils de C. Cor-
nélius Tacitus, chevalier romain, pro*
curateur de César dans la Belgique sous
Vespasien. Ce serait une manière d'ex-
pliquer comment il aurait conçu l'idée
de sa Germanie, la proximité du pays
l'ayant invité à un voyage instructif, et
le voyage ayant laissé dans son esprit un
intérêt profond et une sorte d'affectiou
pour le pays et pour les habitants. Quoi
qu'il en soit, on ne se hasarde pas trop
si Ton affirme qu'il sortait d'une maison
riche, en le voyant passer par les degrés
ordinaires de la carrière des honneurs,
qui étaient devenus des grandeurs oné-
reuses et vénales même, selon l'expression
de Tacite *^, depuis qu'on avait imposé
aux titulaires l'obligation de donner des
jeux et des spectacles.
L'exactitude et l'habileté dont il fait
preuve dans le détail des usages militai-
res et des batailles ont induit de savants
biographes à dire qu'il avait certainement
porté les armes dans sa jeunesse. Mais ils
oublient qu'alors chez les Romains les pro-
fessions civiles et la vie des camps étaient
entièrement séparées depuis longtemps,
et à défaut d'autorités nombreuses qu'il
serait facile d*aUégner, les paroles de Ta-
cite lui-même suffiraient à soutenir çetta
assertion*^. Ce qu'il sut du métier et de la
tactique de la guerre, il avait pu l'appren-
dre dans la conversation de son beau-père
Agricola et des amis de ce général. Il de-
vait avoir acquis, jeune encore, une bril-
lante réputation dans les tribunaux des
centumvirs et des préteurs, pour qu'un
consul, un commandant en chef de la
province et des légions de la Bretagne , lui
donnât sa fille en mariage, préférant les
espérances d'un beau talent, surtout d'uo
noble caractère, à quelque grande al-
liance de puissance et de fortune.
Sa réputation avait formé aussi Us pre-
(*) Doum vêlut vmMMdartntur. Jnn., XI» aa«
(^ CredtuU pUriquê militaribmi inftniif tubtU
lUaUm diu$e , quia eaUnmii JuritMi^t- «aUi«
téitmtfiri aoa ««trcMl. ÀgriCf 9«
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TAC
(648)
TAC
iDÎers liens de cette amitié si tendra et si
fidèle entre lui et Pline, qui le rechercha
d*abord comme modèle % et s'attacha à
lui comme un frère.
Tacite ne cessa point, pendant les an-
nées qui suifirent, de voir ses honneurs
croître sonsVespasien, sous Titus et même
sous la tyrannie de Domitien *% lorsque
les honnêtes gens pouvaient s'estimer as-
sez heureux d'échapper aux délateurs et
aux bourreaux. Il parait que chez lui la
force du génie était gouvernée par une
haute raison, qui savait contenir les ré-
voltes d*ane indignation généreuse en
dédaignant les bassesses de la servitude,
et conserver une certaine mesure de di-
gnité sans offenser les persécuteurs. Il
se sera peint lui-même dans ce portrait
d'Agricola : « ^N'affectant ni raine résis-
tance, ni ostentation de liberté, par où il
provoquât la renommée et la mort***. >
Il demeura éloigné de Rome plusieurs
années. Quelques-uns ont supposé une
condamnation, un exil ; conjecture gra-
tuite, sans autre fondement qu'une pro-
babilité tirée de la vertu de Tacite et de
la méchanceté de Domitien. Nous accé-
derions plus volontiers à Tidée d'un«
commission de goavemement provincial.
En effet. Tacite partit un an après l'exer-
cice desa préture****, et il revint ensuite
siéger dans le sénat. Il y avait alors peu
de temps que son beau-père avait expiré
d^une mort qui faisait soupçonner par la
rumeur publique un empoisonnement |
et accuser par les plus discrets, an moins
les vœux criminels deDomitien(93, 846).
Ce furent des années de bien douloureu-
ses épreuves que les trois dernières de
cette tyrannie, durant lesquelles le sénat
fut contraint de se rendre complice 'et
quelquefois exécuteur des arrêts de pro-
scription contre ses propres membres, et
de se couvrir du sang des premiers ci-
toyens *****.
Enfin arriva, presque en la même an-
née, è quatre mois d'intervalle (sept 96,
849, janvier 97, 850), la délivrance de
Rome par le meurtre de Domitien et le
(•) Plin., Ep. , VII, ao.
rt Hiit., l, i.
(*'*) Agric, 4a.
(****^ Quatre ans avant la mort de ton beau-
père. Agrit., 4^*
comble d«t hoimears peur TaôtCi qiî,
en succédant à Yerginius Rufus dans li
consulat, entendait les sénateurs confes.
ser que c'était pour ce vieillard illuaUt
et toujours si heureux le couronneBUiit
de sa rare fortune, d'avoir rencontré n
delà du tombeau un tel successeur poir
prononcer son éloge *.
Tacite n'avait attendu, pour se livrera
sa Tocation d'historien , qu'un tempioà
il fût possible de penser selon sa volosié
et de parler selon sa pensée. U écrivit a
Germanie pendant le second consulat de
Trajan (98,85 1 ),Nenra régnant encore**;
et sa Vie d Agricola^ commencée à la
même époque***, s'achevait peu aprci,
quand Trajan régnait seul ****. Les deux
grandes compositions de Tacite rempli-
rent le reste de sa vie, qu'il prolonge!
on ne sait pas jusqu'à quel terme. Srâ*
lement, il parait faire allusion à dei cos-
quêtes de Tan 115 (868) dans le II* lim
des Annales ***^*- il pouvait avoir alon
65 ans. On risque peu de se trosper,»
l'on présume qu'il aura fait, encore quel-
ques annéesi l'ornement du sénat (fi-
drien.
Les critiques ont noté que les AKrroi*
res^ qui retracent les événements de 6S
(821) à 96 (849), avaient été écrito
avant les Annales******^ qui remonlenlt
l'an 14 (767), pour finir où les Risloim
commencent; mais ils ne se sont pas de
mandé pourquoi, dans cette division et
dans ce choix des deux sujets, l'sateiir
s'éuit décidé pour l'inverse de Tordre
chronologique, et pourquoi ses Histoires
s'ouvrent parle règne éphémère deGaU»*
S'il a donné la priorité à ce dernier pé-
riode, c'est qu'un plus proche intérêt,
une sympathie plus vive s'y attachaieat;
beaucoup de lecteurs avaient vu, avaient
souffert les maux dont il y retraçait U
peinture. Son choix arrêté, le oom»ei*
cément de la narration était néosnaire-
ment marqué par ravenement de Gslbs,
de qui datait l'ère nouvelle de l'empûc»
savoir : la fin de l'hérédité de U maiioi
Julienne et l'inauguration de U sonve-
(•) Pline, £/>.,n,i.
(•*) G«rm„ 37.
l**^ Nêff Cœtor, etc. Agriê,^ 3.
(•***) /6W., 44*
(•«**•) An. 61 et note de J. Lipi«. ^,
(*ww#)U cite les JTw «.dus les AnMâhiAtu
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TAC
(64»)
TAC
nimtè éleetiTe'^. Il serait pcwsiblè que
Tacite n*eût obéi qu'à uo sentiment d'art
en se déterminant par la valeur et la fa-
cilité relatives des matières^ mettreenœa**
t vre, et, dans ce cas, il a lui-même rendu
I compte sans le vouloir des motifs de sa
I préférence : d'un càté, abondance et va-
riété d'événements militaires et politi»
b qoety publics et privés '^'^; de l'autre,
I monotonie ingrate de despotisme et de
» servilité sanguinaire*^.
ie On a expliqué aussi la différence de
■ noms des deux ouvrages : les Histoires
m offrent une exposition des faits contem-
m porains plus détaillée, plus développée,
EU telle que le rapport d'un témoin; les
i| jinnales extraient des monuments du
(I passé les principaux souvenirs, chacun à
n sa date. Sans vouloir appliquer trop ri-
K goureusement ces définitions étymologi-
g qnes aux ouvrages de Tacite, et quoique
I les Annales étalent aussi d'admirables
g spectacles, des descriptions si animées, si
g magnifiques, cependant les proportions
g extérieures (64 ans en 16 livres, 14 li*
g vres pour 28 années) suffiraient à justi-
fier la distinction des titres.
Le Dialogue sur les Orateurs j heu-
reuse distraction au milieu de ses tra-
vaux plus graves, dut être une des pro*
ductions de sa vieillesse, car il s'y re*
présente lui-même comme un très jeune
homme à une époque où il venait d'at-
teindre sa 25* année^*^ Il avait conçu le
double projet d*un tableau de l'empire
sous Nerva et sous Trajan^et d'un récit
des événements antérieurs à Tibère***^;
ni l'un ni l'autre ne se réalisa. On a cou-
tume d'ajouter à l'énumération de ses
oeuvres un recueil de Dits ingénieux^
opuscule né de ses loisirs et de ses dé-
lassements, que la postérité aurait ignoré
sans une citation du grammairien Ful-
gentiua Planciades : « Les victimes ont
laissé leur épitaphe dans les mœurs de
leurs enfants. » Nous n'aurions pas cru
que ce fût la peine d'en -faire ici men-
tion, si noiu n'avions voulu protester
(*) BUt,, I, x6, SêrtditMt fuimut... «ligi •••
pimiu.
r«*) OpuM aggniior oomum eatibus.
(•**) Ànn„ IV, 3a, 33. Nobit in anto ingîonn
têbor,., 9ot tm^ajuisth «ojiImmm «mumtimêt, etc.
(•-• )Dia/.,I,i7.
contre l'erreur commune d'appeler en
français ce liber facetiarum un livre de
facéties.
Le trait caractéristique, éminent, des
écrits, comme des discours de Tacite, fut
toujours une gravité majestueuse, 9tff
vûc^f m>ûs à cette gravité, qui soutient
la Doblesse des oeuvres de l'esprit, il
joignait une exquise sensibilité, qui ea
fait la beauté, U puissance immor-
telle.
Cependant si haut que soit le rang où
son génie l'a placé, il n'a pas été à l'abri de
la sévérité des censeurs ches les moder-
nes. Dans notre opinion, pour ces maître»
de l'art, pour ces rois de la littérature^
que tout le monde lit et relira éternel-
lement, soit par goût et avec amour, soit
seulement parce qu'il serait honteux ^da
ne les pas connaître et même de ne les
avoir pas étudiés, les éloges et les criti*
ques importent peu à leur gloire. D'ail-
leurs les bornes de cette notice ne nous
permettraient pps de nous livrer à une
pareille controverse. Pour contredire les
reproches d'impiété et d'athéisme, de
préventions haineuses oontre les juib et
les chrétiens, de malignité et de misan-
thropie dans les jugements sur les hom*
mes, d'obscurité dans U phrase, de mau-
vaise latinité, nous nous en référons à
l'apologie de M. Bumouf *'^, qui a suivi
fidèlement et Brotier*** et Daunou^*^*
Notre adhésion toutefois ne sera pas
sans quelque réserve. H £ittt distinguer
dans le langage de Tacite : pour la partie
purement grammaticale, le Tocabnlaire,
les formes de la syntaxe, on ne.saivait
nier que sa diction porte la marque for-
tement empreinte de Tâge de Sénèqne et
des deux Plines, et que même^Ue est
mêlée d'étranges idiotismes qui ne snp«
portent point l'analyae,ou qui heurtent un
sens droit. Mais pour le style, c'esl-è-dire
la couleur, le mouvement, l'harmonie de
l'expression, la poésie^ l'âme, la rie de
toute éloquence, il n'y aanenn auteur
en prose et en vers qui soit supérieor à
Tacite. Racine ne l'a pas égalé dans le
récit de la mort de Britannicns; Yirgiln
(*) Pline, JS>.,II, IX.
(*«)Tnul. deTac, /RCrmf.
(*^ Tac. éd. 4. iW-
r^^r^ sa^.,t. ZLir.
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TAC
(650)
TâG
péQl tout au plus comparer son épisode
de la mort de Priam et de la désolation
de Troie au tableaa de la mort de Galba et
de la rérolatioB de Rome. C'est ce pathé-
tique si vrai, si profond qoi fait la grande
supériorité de la narration et de la phi-
loêopbie historique de Tacite sur la ra-
pide et Tigonreuse déclamation de SaU
luste. Lisez seulement les^réambules des
deuK hbtoriéns , vons sentirez de quel
côté est Tinspiration qoi atteint an su-
Mkne de l'ai't par la vérité des sentimenu
et des convictions.
A considérer la teinte de mélancolie
répandue snr les ouvrages de Tacite, on
se ferait une fansse idée de la situation
d'esprit dans laquelle il les composa. Il
lai avait fallu, il est yrai, endurer une
bien pénible et dore contrainte et de
cmelles angoisses pendant les 16 années
de Domitien. Mais depuis Trajan y que
pouvait-il manquer à son bonheur? Sa
Ibmmey dans la maturité, ne démentit
fkiint sans doute les espérances de la jeune
ianeée*. Il se vit renaître dans ses en-
fants; car un siècle et demi plus tard,
Tempereur Tacite se vantail d*étre de sa
race"^*, et un préM des Gaules, dans le
T^ siècle , avait le même orgueil ***, Il
goûta les plus intimes douceurs de l'a*
mitié dans le commerce de Pline et des
hpmmes qui lui ressemblaient. Et l'a-
necdote de Tétranger qui, en lui parlant
sans le eonnaUre an spectacle, et appre-
nant qu'il le connaissait de nom par ses
écrits, s'écria : « Vous êtes donc ou Ta-
oite ou Pline ! » cette anecdote prouve
qn'H jouissait , de son vivant , de l'éclat
de sa renommée. Ce n'est donc pas dans
le fort des émotions, dans la réalité des
douleurs, que ta faculté de les peindre est
plus énergique et plus présente. Il faut
que l'âme, sortie de son trouble, ait eu
le temps de se remettre et de se recueillir,
pour te retracer à elle-même, par la mé-
moire, une image animée qui s'imprime
dana le discours.
Si nous entreprenions de donner une
énumératioB des éditions de Tacite, ou
partiellea ou complètes^ nom rem^plirions
plusieurs pages. Après avoir dit que la
8
,**) VopifCn ûi Toc., ïo.
m Sidoo, Apolh, tep., It, i4.
première (mais incomplète) fot celle i»
Venise, 1470, in-fol., qu'il nous suffise
d'indiquer, à ceux qui voodraient le lire,
les commentaires de Gronovius (Am*!.,
1673, et souvent réimpr.); deBroticr
par», 1776, 7 vol. in-12); tfOberim
(Leîpz., 1801, d vol. in-8<^), qui oe ren-
dent pas superflus les Bxcursut de Juste
Lipse (Anvers, 1574, in-8% et sonveol
réimpr. depuis). SI une traduction pa«
rait nécessaire, les Français ont celle de
Dureau de Lamelle , la plus hardie, de
Burnouf, la plus savante, de Panckouke,
la plus brillante d*exécution typographi-
que, et non la moins heureuse en pi«s
d'un passage {vojr, cea noms). Lei Iu<
liens louent la précision nertetNe dt
Davanzati, les Anglais l'exactitude ao pa
diffuse de Cb. Gordon, les Allemanilsli
fidélité élégante de Woltmann. N-t.
TACITR (Marcus Claumus Taci-
tus), sénateur, puis empereur ronuii,
qui, après la mort d'Aurélien (voj.\
arriva an tr^ne déjà âgé de 7 S ans, et
mourut six mois après, en '276. Fojf.
Romains, T. XX, p. 592.
TACITE RECONDUCTION! vof.
L017AGB.
TACT ou Touchée (du latio taem,
dérivé de tangere^ toucher). Ce ^
désigne l'un de nos cinq sens, cthii pir
lequel il nous est donné d'apprécier ce^
taines qualités des corps, telles qoe leur
température , leur forme , leor ooo-
sistance, leur plus on moins de lécb^
resse, leurs aspérités, etc. Il complète le
sens de la vue, et y supplée même dus
plus d'une circonstance, comme la noit
ou lors de la privation de l'organe fisoel.
Tous les animaux, sans exception, aost
doués de ce sens, et plusieurs métaie pt-
raissent ne posséder que celui-là. Cbd
l'homme, les sensations produites parie
toucher s'exercent au moyen desiierfe^
général et de la peau où ils se terminent,
laquelle communique par les nerft tvec
le cerveau. Mais les parties le plus sp^
cialement destinées aux fonctions di
toucher sont les maina (vo^.)» qoi ^^^
garnies d*un grand nombre de papilles
nerveuses, et qui, par leur conforou-
tion, sont aptes à saisir les corps qu'ell»
touchent. Chez les animaux, le md>
du toucher réside plus particullèreiDeal
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TAC
(651)
TAC
dans d'aatres parties du corps : ainsi
la queue du singe, les lèvres du cbe-
Tal, la trompe de Téléphant, le bec des
oiseaux, etc., sont pour eux les vérita-
bles organes de ce sens. Les philoso-
phes et les naturalistes se sont beaucoup
occupés de l'influence du toucher sur
les autres sens, et plusieurs d*entre eux
lai ont donné une importance qui a été
▼ictorîeusement combattue par Técofe
moderne. Il est aujourd'hui bien démon«
tré que la finesse du toucher ne peut
avoir aucun rapport avec nos facultés
supérieures, et qu'au contraire ce sens
n'est que l'instrument de ces facultés ,
dont le siège est au cerveau.
Quant à la synonymie des roots tact^
toucher, attouchementy on peut établir
les distinctions suivantes : le tact est doué
des qualités distinctives du sens, finesse,
délicatesse, ou grossièreté, etc. ^ par le
toucher, vous reconnaissez au contraire
la qualité des choses : ainsi, un corps est
doux ou rude au toucher j Vatiouche^
ment vous fait distinguer les circonstan-
ces particulières de tel acte relativement
à tel objet. Employé plus fréquemment
au figuré, le tact désigne une fonction
de Fesprît, prompte, subtile et juste,
qui semble prévenir le raisonnement et
provenir d'un goût, d'un sentiment, d'un
instinct. Fox» l'art, suivant. D. A. D.
TACrt*. En morale , c'est pour ainsi
dire le sens du toucher appliqué aux cho-
ses de l'intelligence; c'est cette faculté
d'appréciation, transportée de la main à
Pesprit, qui fait que celui-ci juge avec
promptitude et avec sûreté de la qua-
lité des objçls, de la valeur des questions
dont il est appelé à connaître, jdvoir du
tacty c'est se former une opinion exacte
et rapide des choses ou des individus
avec lesquels on se trouve en rapport,
Sar ses intérêts ou par ses habitudes.
Montrer du tact, c'est ne s'écarter ja-
mais, dans sa conduite, des convenances
de sa situation ; c'est observer, en tout,
les égards et les bienséances qui sont le
lien de la société et qui en font le char-
me; c'est user' d'indulgence envers les
autres, afin d'en rencontrer pour soi-
même. Vhomme de tact est celui qui,
exempt de prévention orgueilleuse ou
malveillante 9 comme de présomption
blessante et hautaine , évite de se pro-
noncer sur rien d'une manière trop ab-
solue, n*a jamais l'air d^imposer son opi-
nion pour être plus sûr de la faire re-
cevoir, et combat l'erreur avec d'autant
plus de succès qu'il ne donne point sa
parole comme l'oracle de toute vérité.
L'homme dont on peut dire qu'il vaut
mieux avoir tort comme lui que raij'on
comme tel autre est, àcoupsûr, un hom-
me de tact. P. A. V.
TACTIQUE et Stuat^gie. Ces deux
mots d'origine grecque ont été formés
dans cette langue, le premier de raxTÔç
(adjectif dérivé de Tao-o-etv), rangé, mis
en ordre; le second, de axpcuxrtyhç, gé-
néral d'armée (composé de arparôç, ar-
mée, et :nyéoitat, je conduis). Les idées
qu'ils représentent ont une telle con-
nexion que nous avons pu les réunir en
un seul article. La tactique, suivant son
étymoiogie, est en effet cette partie de
l'art de la guerre qui a pour but de for-
mer les troupes, de les discipliner, de les
mettre en mouvement et de les ranger
en bataille pour livrer le combat. La
stratégie, suivant la définition de l'ar-
chiduc Charles d'Autriche*, est, à pro-
prement parler, la science du général
en chef. Le stratégète doit concevoir le
plan de campag^ne; embrasser d'un seul
coup d'œil tout le théâtre présumé de la
guerre; tracer les lignes d'opération et
diriger les masses sur les points décisifs
pour obtenir nn succès d'autant plus écla-
tant qu'il était moins prévu. Le tacticien,
qui s'est occupé de l'instruction des trou-
pes, a pour mission de régler l'ordre de
leurs marches, de les disposer en bataille
aux différents points indiqués par le stra-
tégète, d'engager l'action, delà soutenir,
et de manœuvrer pour atteindre le but
proposé.
La tactique Se subdivise en tactique
élémentaire et en grande tactique ou
tactique générale. La première s'occupe
de l'instruction de détail des troupes, de
la formation et des manœuvres particu-
lières k chaque arme. La grande tactique
embrasse l'ensemble des mowemehtè
d'une armée et les diverses combinaisons
(*) Un des preauert aiiteiin «lilitmrM qui «imit
donné on traité do rtr»tc|it {Die GntndtgtUiin
StrategU, Tienne, iSi4,J vol. in-8*).
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TAC
( 652 )
TAC
de Vordre de bataille pour arriver a uo
résultat défioitif.
Le tacticien doit posséder une cou-
naissance approfondie des formes du ter-
rain et se préoccuper sans cesse de Tha-
billement, de l'armement et de la sub-
sûtance des troupes. La poliorcétique^
ou Tart de Tattaque et de la défense {vof.)
des villes, est encore une branche impor-
tante de la tactique.
Ce qui a été dit, dans cette Encydo*
pédie, aux mots ÀEifix, IiriAirTEaiK ,
GAVALEEIB9 A&TiLLEKix, Bataille, Oa-
DABy Marches, Équipages, etc. , forme-
raity par son ensemble, un traité à peu
près complet de tactique et de stratégie.
On a d*ailleurs indiqué à Part. Miutaiee
{art) plusieurs ouvrages relatifs à ces
deux arts. Dans le même article, on en a
retracé rapidement l'historique; nous
pouvons donc nous borner ici à quelques
données sur les progrès successifs de la
tactique.
La tactique élémentaire des Grecs
avait pour base le carré, dont l'élément
le plus simple était le carré formé par
quatre hommes; effectivement, quatre
hommes se touchant dos à dos font face
de tous les côtés et sont également résis-
tants: c'est bien là la première combinai-
son de tactique qui ait dû se présenter pour
la défensive. De ce carré simple, les Grecs,
par une agglomération successive d'hom-
mes en nombres égaux sur toutes les fa-
ces, en profondeur comme en largeur^
arrivaient à la syntagmcy carré de 16
hommes en tous sens, et deux ou plusieurs
syntagmes formaient une phalange. La
formation de la phalange {yoy*) par car-
rés successif de 3,4, 16, 82, etc., hom-
mes de front, et sa décomposition en car-
rés analogues , constituaient la tactique
militaire des Grecs. C'est par celte flexi-
bilité de la phalange qu'on parvenait
à franchir les obstacles du terrrain et à
modifier l'ordre de bataille suivant les
circonstances et les dispositions de l'en-
nemi qu'on avait à combattre.
La tactique des Grecs était plutôt dé-
fensive qu'offensive; celle des Romains
était toute agressive, et leur organisation
militaire se préuit mieux à l'esprit de
oonquétes qui les animait que l'onire pro-
fond des Grecs. La légion (vojr.) m for-
mait en bataille sur deux ou plnsiems
lignes; chaque ligne présentait autsotde
pleins que de vides, et, suivant les circoa-
stances, les pleins se couvraient, on bies
aux pleins d'une ligD« correspondaiest
les vides de la ligne suivante. Polybe,
dans le parallèle qu'il a tracé entre la
phalange et la légion, conclut jadideo-
sèment que l'ordonnance romaine est ss-
périenre à celle des Grecs : « Tout lien,
tout temps, dit-il, lui conTient,l'enDeBi
ne la surprend jamais ; le soldat romaii
est toujours prêt à cooibattre, soit avee
l'armée entière, soit avec quelques-noa
de ses parties, soit d'homme à homoM.
Avec un ordre de bataille dont les parties
agissent avec tant de facilité, doit^n èm
surpris que les Romains viennent plos ai-
sément à bout de leurs entreprises qm
ceux qui combattent dans un autre or-
dre? » Ce peu de mots et rordonntocede
la légion que l'on connaît nous donneot
le secret de la tactique élémentaire do
Romains.
Les principes de la tactique génâils
des généraux les plus célèbres de l'anti-
quîté sont encore les véritables muiaio
de la guerre : marcher comme on doit
combattre; tenir ses forces réunies; «
porter avec rapidité sur les points îinpor'
UnU et décisifs; ne présenter à renneoi
aucun côté vulnérable, etc.
Les anciens nous ont laissé plosiciii
exemples mémorables d'opérations stra-
tégiques bien conduites : la retraite da
Dix-Mille, les batailles de Lenctres, d'À^
bêles, etc.; la marche d'Annibal de Dr-
thagène en Italie; les campagnes deSd-
pion l'Africain en Espagne; l'invasion dei
Gaules par César.
La Uctiqne des Barbares envahissi»^
par nusses compactes l'empire Romaia,
et les faits brillants de la chevalerie qoiie
traduisent en actions de prouesse tnài'
viduelle, ne présentent rien qui intére«e
l'art militaire. Les principes de Is W^'
que militaire ne reparaissent qu'âpre*
l'invention de la poudre à canon etda
armesàfeu.LesSuisseslespremîen/i»**'
rent, à l'imitation de la phalange, à»f^
bataillons fraisés de piques pour ffii^nx
résistera la cavalerie; la cavalerie piit<|'
la consistance et se divisa ea ctnlen«
légère et tn grosse cavalerie. VfXW«^
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ÏAP
(65S)
TAG
«raid nouTeUe, joua Bn r6le kapottam
danslflibaUiiUes. AnxT^siècley iln'y avait
point encore de système militaire fixe et
régolier. Henri IV commença à débrouil-
ler ce chaos, mais il était réservé à Mau-
rice de Nassau et à Gustave-Adolphe d'ê-
tre surnommés les régénérateurs de Fart
militaire et de fixer par leur» leçons et
par leurs exemples les véritables principes
de la tactique moderne* Après eux Tn-
yenne et Condé, Bugène et let généraux
célèbres du siède de Louis XIV, firent
faire de grands progrès à lasdence miK-
tairew Frédéric II, par ses mouvements
rapides, apprit aux modernes ce qu'était
vériublement la grande tactique. Napo*
léon seul fut à la foi» grand tacticien et
grand'stratégète : toutes les guerres qu'il a
entreprises, et surtout ses campagnes d'I-
talie, d'Autriche et de Prusse, avaient un
but stratégique qu'il a attmnt en tacticien
habile.
Dam nos armées modernes, chaque
arme a sa tactique élémentaire : de là k
tactique de l'inifanterie, de k cavalerie
et de l'artillerie, ou tactique des trois ar-
mes. La grande tactique faisant agir des
masses qui, par leur tactique particulière,
se prêtent à tous les mouvements et à
toutes les formes de terrain, a ses ordres
de marche et d'attaque, ses lignes de ba-
taille parallèle, oblique, perpendiculaire
en échelons. La stratégie détermine le
point décisif du théâtre de la guerre ,
établit la base des opérations, les posi-
tions offensives et défensives, les lignes
d'opérations, les diversions, etc., en ne
perdant jamais de vue ce principe fonda-
mental de toute action de guerre : réunir
^es forces où elles doùfent agir, G. A. H.
TACTIQUE PARLEMENTAIRB,
voy. Assemblés.
TADJIRS, peut-être Tasiks, déno-
mination qu'on donne aux descendants
des Arabes qui vivent en Perse. On en
trouve aussi beaucoup dans le Séistan,
et quelques-uns même en Russie. Foy,
PxESE, T. XIX, p. 488.
TJÏNIA, voy. Yxas xHTBsnirAUX.
TAFFETAS, vor* Soxsaiss et Éror-
FES.
TAFFETAS D'ANGLETERRE,
vox^ AaaLVTiNATirs et Colle de pou-
soir.
TAFPIA, iP0^. Cainni a sucaW.
TAFNA (la), peUte rivière de la pro-
vince de Tlemcen, en Algérie, qui, atec
ses affluents, forme la limite de la France
du cêté de l'empire du Maroc. Cette pe-
tite rivière, qui débouche dans la mer
Méditerranée, est oMèbre par le traité
qui (ut conclu sur ees bords, le 80 mai
1887, entre le général Bugeaud (depuis
maréchal) et Abd-el-Kader. Par ce traité,
bienlèt mis en oubli, l'émhr reconnu» la
souveraineté de la France et s'engagea à
fournir à4'armée française une quantité
considérable de fk*oment, d'orge, et 5,000
bœufs. La France, de son côté, loi aban-
donna les provinces d'Oran, de Tittery,
et même une partie de celle d'Alger, ne
se réservant que la plaine de la Mitidja,
Oran, MosUganem, Arzew, et quelques
antres pomto du littoral, avec cette ré-
serve toutefois qu'il n'en céderait au-
cune portion à une puissance étrangère
sans son consentement. Abd-el-Kader,
jusqu'alors simple marabout, obtint ainsi
un rang et des avantages qu'il ne pouvait
guère espérer, et dont il ne Urda pas à
se servir eontre la France; de son côté,
fermée française, tranquille à l'ouest et
au sud, put se porter sur Constantine
(voy.)f ville dont elle fit la conquête,
ainsi que de toute la province. L'incur-
sion inopinée d'Abd-el-Kader dans la
Mitidja, en 1889, anéantit le traité de la
Tafna. Depuis ce moment, la France fait
une guerre à mort à cet indomptable
Arabe qu'elle avait élevé de ses propres
mains et qui, souvent réduit aux derniè-
res extrémités, refoulé sur le territoire
du Maroc, dépouillé de sa smala, a tou-
jours su se créer des ressources nouvelles
pour disputer pied à pied aux conque*
rants chrétiens le pays de ses pères et la
domination sur les vrais croyants, Z.
TAGE {Tqfo des Espagnols, T^o des
Portugais), le plus grand fleuve de la pé-
ninsule ibérique, prend sa source dans
les monts d'Albarasin en Aragon. BientêC
grossi de quelques ruisseaux, il court à
travers les plaines de Cuença, franchit
une barrière de rochers, pénètre dans la
prorinoe de Tolède, arrose les beaux jar-
dins d'Aranjuez, entoure Tolède comme
d'une oeinture, baigne TalaVera, traverse
l'Sstramadure qu'il sépare de l'Abok»
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(W4)
TA6
d^AlcanUra, il eotre daof le Poriogal.
Là il baigne Abrsiotè«} puii^ «rrivé à
Salvalerrâ, où il ii*ett plot qu'à environ
12 lieues de Utbonnt* il le divÎM no
deux branches, le Notweati-Tag^ et le
Jklar del Pedro $ qui ne tardent pas ce-
pendant à 8# réunir» et il se jettn enfin
dans l*Océan au-dessous de la capitale,
après un cours de 150 lieues (enyirfN:!
600 kilom.}. LeTa§et au jugement d«s
hommes posiiiis, ne mérite pas la répu-
tation que quelques poètes et i^omanciecs
se sont plu à lui faire. Ses bords sont
arides et escarpés; il roule ayec la rapi-
dité d'un torrent une eau trouble et
rougeàire; son lit est semé de rochers et
de bas-fond» qui rendent la navigation im-
possible dans la plus grande partie deson
cours. Les navires ne peuvent remonter
que jusqu*à Abranlès, quoique le flux et le
reflux se fassent sentir jusqu'à Santarem.
L.es principaux aifluents du Tage sont à
droite : la Xarama (qui reçoit i'Hénarès,
le Manzanarès etle Tayuna), le Guadarr
rama , rAlbercbe p le Tiétar, l'Alagon ,
r£lga, le Ponsel let le Zazere; à gauche,
la Hagasca, le Salor, le Sever, le Zatas et
l'Almansor. On sait que la navigation du
Tage a récemment créé des difficultés,
aplanies ensuite, entre r£»pagne et le
Portugal, et que son embouchure forme
le port de Lisbonne. Fiyf. ce mot. Z.
TAGÉS, divinité étrusque dont U
tradition raconte aiqsi la naissance : un
laboureur de Tarquinies enfonça un jour
trop profondément dans la terre le soc
de sa charrue, et tout à coup il vit s'é*
lancer du sol un jeune garçon à cheveux
gris. C'était Tagès, fib d'un génie, et
petit- fils de Jupiter, enfant par le corps,
mais vieillard par la sagesse. A cette ap-
parition inattendue, le laboureur poussa
éti cris qui attirèrent autour de lui les
lucumons {voy,) des douze villes. Tagès
chanta devant eux la science des présa^
ges, l'observation des éclairs, et mourut
après avoir révélé la discipline religieuse.
Ses paroles recueillies formèrenti^ livres
tagéliques qui enseignaient l'art de tirer
des prédictions de toutes sortes d'évé-
nements. U est vraisemblable que ces li-
vres étaient en vers étrusques; ce qui
est oeruioi c'est qu'ils remontaient à une i
TAG
épo^pie «Dlérieusie à celle oà ils tant
mb en écrit. Ils ne doivent pasétrtcos-
fiMidus avec les livres de discipline dtit
parle Cicéroo, et qui étaient besacoop
moins anciens. L
TAGLIACOZZO (batauxi de],
1267 1 voy. GoN&AiHni, et Gubuis b
GiBXUVs. C'est une ville napelitsiac^è
l'Abruzze ultérieure seconde.
TAiGLIONl (Maius), néeàSleÀ-
holm, vers Taïuiée 1806, était, pire
mère, petite* fil le du tragédien Kanto,
ie Talma de la Suède. Son pars, dis*
seur napolitain , et depuis cborégiipk
habile, lui doBM 9e% premières \txfm
en France , et ensuite dans sa vilis nt-
tale. Appelé à Vienne comme daaMV,
il y emmena sa fille, et la fit débiUtr, k
lOjuin 1822, dans un ballet de is es»
position qui portait le titre assez prstn-
tieux de Réception tV une jeune njrmpk
à la cour de Terpsichore, On rscoslr
que la jeune débutante, saisie d'|B troo-
ble insurmontable, oublia toutscoip
devant le public le pas que son psn ^
avait montré, et qu'elle en impio^
immédiatement un autre qui obtiot u
succès d'enthousiasme. Dès ce preniv
jour, Marie Taglioni n'eut plus ds riiik
en Europe. A Stuttgart, où elle se rco^
en quitunt Vienne , elle fut accn^
avec une distinction toute particala«e
par la reine de Wurtemberg. Ses trioe*
phes ne furent pas moins éclataoU s Ms-
nicb, et, de même qu'à Stuttgart, elteftt
admise dans l'intimité de la conr. ^
il lui manquait encore la coniécrstiOB
du public parisien, sans laquelle sucai*
couronne d'artiste ne paise pour l^**
timement acquise en Europe. £lb vuit
donc demander un début à TOpéct de
P^^s, et y parut pour la première i^^
23 juill. 1827, dans le ballet du iJ/c//w»^
Ce jour-là doit marquer à jamais dsBil«»
fastes de la chorégraphie (v<>y.)> *****
la date d'une révolution qui po^^i «■
coup mortel à la vieille école de a»"*
qui se perpétuait méthodiqnemeiit ds-
puis le siècle de Louis XIV. M * ^f*
glioni donna pour la première foiiy ^
d'une danse simple et élégante qu»»^
vait rien de commun avec les eotrecW
et les ronds de jambe de nos V^^^
sujets. Après avoir assuré son sticc«»F"
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(655)
TAI
plusiMirs repréieDtaUoDfy die raUrania
•cheTor sop engagement à Munich, et ce
De fut que le 30 avril 1828 qu'elle re-
parut à rOpéra pour ne plus le quitter,
du moins de quelques années. Dès lors,
les créations ne lui manquèrent pas; on
la vit tour à tour dans Cendriiion^ dans
Fiore et Zéphire^ dans Guillaume Tell^
Nathalie Ja Révolte au sérail^9lc ; mais
G*est surtout dans la Sylphlile et dans la
Fille du Danube qu'elle déploya le plus
de talent et de charme. Après 6 ans de
triomphes continuels , tant à Paris qu'a
Londres et k Berlin , où elle alla passer
une grande partie de ses congés, la Rus-
sie lui fit des offres si hrillantes que l'O-
péra ne put lutter de magnificence avec
le tsar, et que force lui fut de se laisser
enlever la sylphide à laquelle il devait
depuis si longtemps la plus grande partie
de son éclat. M''* Taglionî retrouva à
Saint -Pélersbonrg l'enthousiasme que
son intmiuhie talent soulevait partout
sur ses pas. £lle y créa deux nouveaux
ballets de la composition de son père, la
Gitana et COmbrty qui lui valurent les
ovations les plus inouïes et les cadeaux les
plus riches de la cour impériale. Nous
la supposions a jamais perdue pour noe
plaisirs, lorsqu'après un voyage triom-
phal à travers l'Allemagne, elle nous fut
rendue, au mois de mai 1 844, pour quel-
ques représentations seulement. C'est
dans cette tropcourteréapparition qu'elle
a fait connaître am public parisien ces
pas du clair de lune et des fleurs^ dont
la réputation était venue jusqu'à nous du
fond de la Russie. Enfin, le 39 juin, elle
nous a fait , dans une représentation à
son bénéfice, dont la recette s'est, dit-on,
élevée jusqu'à 25,000 fr., ses adieux, que
nous devons croire définitifs. L'heure du
repos vient donc de sonner pour cette
remarquable artiste, qui, selon les ex-
pressions d'an de not critiques les plus
estimés, nous laisse, en nous quittant, la
crainte « que jamais on ne retrouve une
réunion plus pariaite de* qualités que ,
dans les rêves de l'imagination la plus
esthétique, on pourrait exiger pour for»
mer une danseuse aocomplie.Cesqualitée,
M'** Tàglioni les a possédées toutes, et
dans les pins justes proportions du go4t
§rAoeipaéiie»iimn'y a u,— yw^,,
surtout on a admiré en elle une décMice
dans ses poses et une honnêteté dans sa
dapse , dont aucune danseuse n'avait ptt
donner une idée. Depuis son apparitiofi
sur la scène «ie l'Opéra , où elle a lait
une révolution, beaucoop de dmseosw
lui ont emprunté beaucoup de eheaea^
plusieurs lui ont dû une partie de leur
réputation, maia aucune n'a su imilet
cette pureté et cette chasteté qui ré*
pendent un si grand charme sur son ta*
lent. > D. A. D.
TAUtiaiDES, 9oy. Pusb, T. XDL^
p. 443, et ILhoeaçav, T. XV, p. 666.
TAILLB, mot qui,,au propre, sign^
fie la coupe «ie tel ou tel objet, mais qni
affecte une foule de sens dans notre lan*
gue. Dans son acception primitive, «a
l'emploie pour désigner la préparatio»
des pierres (voy,) suscepUblâi d'étM
scindées à l'aide di la scie ou du eiseaii»
On appelle également îaiUe^ le tfanîl
que le lapidaire £ait subir aux diamanti
et aux pierres précieuses pour lee ajuster
et pour les polir. Dans l'ancienne divi-
sion des monnaies, on désignait par «i
mot le rapport de certaines pièces émdes
avec le marc d'or ou d'argent : ainsi le$
louis sont à la taille de trente au marc*,
En termes de gravure {yoy,)^ la taille if|
l'incision faite dans le eoivn #vee le l»u-
rin \ une taille douce se lait avec les laî&*
les, les hachvee ei les pointe. La taiUe
de bois est celle qui est tirée sur um
planche de bois« On somme encore/ewve
tailUj taille de deux ams^ etc., un bois
qui, après avoir été eoupé, oommeaee i
revenir. Dans les usages deenestiquee,
taille se dit d'un petit bêAen fendu m
deux parties égales, sor lesquelles Faehe^
tour et le vendeur font une double m«r-
que pour indiquer la quantité de fmm^
de vin ou de viande que l'un fournit à
l'autre. Les deux moroeaox de In taille
doivent se rapporter exactement pour qmi
les deux parties cootraetanles tombent
d'accord. En termes de jeu, la taille est,
au pharaon, à la bassette, au trente et
quarante, la tournée que filit le banquier,
appelé par cette raison taHlemriÊivtwm
seule et même quantité de cartes qui eoab-
poseatsoajtuetquHla fSdt€ooperà«|
Mm mmkpBf oa eypeliî» i
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TA!
(656)
TAl
Mi mNKv k ptrti«declMiit «ist M totre
to buMeC la hanta-coiitM. Ce terme n^est
Cl mité que lorsqu'il est précédé du mot
se^ et dflBS ce cas il désigne la partie
qui se rapproche le plus de la basse. En
arobiteetiire et en sculptarey taiUe est
•ynonyaM de bas^reKef, et sert à indl-
qKer les igmrei de peu de saillie que Pou
«rtcnte tur le marbre , la pierre^, le
bronaei etc. Dans fancieii langage^ taille
•ignifiait encore le tranchant d^nne épée;
maie depnb longtemps, ce terme n'est
pins Qsité qae dans la phrase i frapper
d'estoc et de taille^ c'est-à-dire de la
pointe et dn trandiant. Enfin, dans son
aooeptioii la pins nsitéci le mot taille
s^entend de la stature dn corps hamain,
et même de celle de certaina animaaz.
La taille de l'homme varie communé-
ment depnis 4 pieds jusqu'à 6 ; an-dessons
•I au- dessus, ce sont des exceptions phé-
noménales qui constituent la classe del
naine et ceUe des géants. Une taille est
frande ou petite, noble, ridie, aisée, etc.
IMi aourent, par le mot taille, on ne dé-
signe que la partie du corps qui s*étend
de la ceinture aux épaules ; et c'est surtout
en parlant des femmes que l'on peut
dire, dans ce cas, qu'elles ont la taille
fine on forte , on même qu'elles n'ont
pndetaille. D. A. D.
TAILLE, opération chirurgicale
lofant pour objet l'extracdon des corps
étiangen renfomés dans la vessie {vox*
oemot). Elleétaitconnue dàs la plus haute
antiquité et s'est conservée jusqu'à nos
jours, où son usage est de beaucoup res-
treint par la découverte de la lithotritie
S9or.), mais où l'on est encore obligé
"y avoir recours lorsque des calculs
(vo^.) trop volumineux on trop durs ne
permettent pas de réussir par le broie-
ment. On pénètre dans la vessie au moyen
d'une incision dite aux parties molles^ et
l'on introduit par la plaie des pinces à
cuillers avec lesquelles on misit le calcul
pour ramener au dehors*
Suivant qu'on incise la vessie par m
partie supérieure ou par sa partie infé-
rieure, on a la taille hypogattriqueèuM
le premier cas, et dans le second la Uille
souspubiennef laquelle se divise en uille
par Se grand appareil^ ainsi nommée à „ ^_
cms^ du foiad nombre d'mstnnent» I prés celle de la
qu'elle demandait nntrefbis, et taUle^
le petit appareil qoi a plusieurs procé-
dés. En effet, on pent tailler sur le milieu
du périnée en long, on sur le côté (tulle
latérale)^ ou bien encore transversale-
ment. C'est le procédé de Gelse reooo-
velé par Dnpuytren. H y a des chirur-
giens qui ont pratiqué l'opération dont
nous parlons en sondant la cloison qoi
sépare la vessie du rectum (taille recto-
vésicalé).
L'opération de la taille est une des
plus délicates de la chirurgie; eOe est fré-
quemment suivie d'accidents graves, et la
mortalité à laquelle elle donne lieo es(
de 1 sur 5 : aussi est-elle maintenantrèer
vée pour des cas tout particuliers. F. H.
TAILLE (finances). CéUit,soasrn-
cîenne monarchie, le principal des ie-
p^ts directs, qui comprenaient eo ootre
les vingtièmes, la c^pitation et les dt*
mes {voy, ces mots). Son nom ^tnéi
de l'entaille faite autrefois par lei col-
lecteurs sur deux morceaux de boii,
dont Fun restait entre les mains dacos-
tribimble, mode de comptabilité grona
qui est encore en usage entre les bonlu-
gers et leurs pratiques {voy. plus but).
U taille différait de Vaide [voy.) es ci
qu'elle était arbitraire (de là le mot^/*
lable à merci)^ Undis que celle-ci se je
percevait que dsns des cas préms; deli
capitadon^ en ce qu'elle n'atteignsit qœ
les roturiers. Le principe féodal Mt. ^
le gentilhomme ne devait rien poor le»
fipttito de sa terre. Payée d'abord aox sei-
gneurs, la taille lefotensuîteau roi soosles
noms de/ouage(vojr,)^ taxe, subsidei rtc
Charles VI augmenU cet impôt qni n'é-
tait que de 20 sons par lêtc soa» le roi
Jean, et loi donna le nom qu'il conserr»
depuis. CharlesVn le régularisa 8008»-
lui de taille de la gendarmerie, et »
rendit permanent comme l'ariaéc , Ç>^
de la défense commune dont il ét»< ^
prix. On y ajouU depuis le tailloni w
crue y la suifsistance, sggravations d an*
charge déjà bien lourde, et rendue pl^
odieuse encore par un mode inique*
répartition et de perception. La Wi
était de troisespèces : personnelle^ re^
tt mixte. La première s'imposait d«p^
la qualité de la personne, la seconde d ••
terre, tel P««*^*"*
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TAK
(e»7)
La
ttiUe mixte m diTuait en UilU àê pro^
priM et teille ^exploitation. Le pre-
mière était peyée fMur le propriétaire; le
second* par le fermier. La noblesie et le
dergé étaient exempts de la taille de
propriété. Qnant à celle d*eiploitaAioDy
ils ne la dcTaîent ni pour leurs prés, ^*
gnes et bois, ni ponr 4 charmes de ter-
res laboorsblcs quils avaient la faculté
de faire Taloir eus*méeMS. Étaient assi-
milés sons oe rapport à la noblesse , les
bourgeois de certaines villes, les officiers
aux armées, ceux de justice et de finan-
ce, etc. La teille, qui peseit, comme on
Icwoit, presque exdusivement sur la
classe la plus pauvre', formait un peu
plus de la moitié de la recette au corn-
menceuMnt du x\ii* siècle. Sous Necker,
elle n'éUit plue que le cinquième. L'As-
semblée constituante fit disparaître ces
restes d'inégalité, et substitua à k taille
les contributions indirectes. Foy, Im«
POTS. R-Y.
TAILLBBO€RG(combatdb},I 243,
voy* Louu IX, roi de France.
TAILLB-DOUCR, voy. Taillb,
GaavuaB et iMPaxssioir.
TAILLIS, tH>r. Coupi. * ■
TAIN, vof. Étaxaox.
TAITI, vqX' SociiTi [tles de la).
TAKROCnL Ce nom, peu usité en-^
core dans la géographie vulgaire de PA-
frique, est cependant le seul accepté par
les races indigènes pour désigner dans son
ensemble la vaste région qu'elles occu-
pent au sud du grand désert , entre le
bassin dnlUI et celui de l'Océan, jusqu'à
une profondeur dont la vague limite ser<*
pente ven le 10^ parallèle de latitude N.
«^Ma^
tendu prononcer ce nom de T^kroûr, et
Savaient répété sous let formes les plus
diverses, l'appMquant aux peuples plutôt
qu'aux peyt , et noua perlant ainsi de
ToucétùorSj TouAifêreSf Ttmorom et
Tekayrme; les géographes erabes, de leur
côté, Favaient eoftsigbê danr leun des-
criptionr, au moins dès le xi* siècle.
Quelle est l'origine de cette dénomina-
tion, et è travers quelles pheses succes-
sives s*est-elte propagée Plmmenseéten-
dae de contrées qu'elle désigne anjour-
41ini? C'est là une question difficile à
En€relop.i.Q.d.U.J<m%Jja.
XAK
aiveékil
rent pour nous l'hkloira t
de TAfrique centrale. Il est à remarque»
seulement que ce même mot, sons la ibr^
me tagoror^ se reUrouve comme appeU
latif dans l'anden vocabulaire dee Iles
Canaries, où il signifie le conseil, l'as-
semblée dee chefs : or nne idée de pré*
éminence religieuse eemble attnehée, sur
les borda du Sénégal aussi bien que dane
la Nubie, qui marquent les deux boute
de la xone duTakrour, au titre de Tou^
kirirts ou Tekayme^ c'est-à-dire gtns
du Takrour; et les traditions mnsuhsM-
nes constatent que le foyer d'où le ma-
hométisme s'est répandu dans les paya
nègres de l'Afirique.centrale était appela
Takrour par les peuples voisins : là d^
veit se tenir, en effet, le conseil desimems,
l'assemblée dee fidèles, en un mot le l«-
krour de la religion nouvelle. Les apètree
de cette religion permi les populetioaa
nègres ont été surtout et sont encore lee
Peuls (voj,) : là donc où s'est trouvé»
là où se trouve le centre de leur empire,
là devait et doit se trouver aussi |e noyau
du pays de Takrour; et quand le chef
de cet empira a la prétention d'être, au
moins sous le rapport de la foi, le mettre
souverain de la Nigritie musulnume, ae«
sojettie, colonisée ou sillonnée per see
missionnaires, on ne doit point édre smr»
pris de le voir tracer une description
historique du pays de Takrow% embras-
sant tous les états nègres dans lesquels,
d'ancienneoude fraîche date, llslamisma
s'est plus ou moins solidement établi*
Telle est la clef de l'application sucoee-
sive du nom de Takrour d'abord à une
seule ville sur le Niger ou Nil dee nègres,
Dès longtemps les voyageun avaient en- * puis à une contrée de plus en plus éten-
due, dont le centre se dépla^it ven l'O-
rient, jusqu'à ee qu'enfin l'ornement du
siècle^ celui qui n'a point d égaux par^
mi see contemporains^ le prince desfi^
dèles et défenseur de la foi^ MoktuH"
med^b'EUahj chef du grand empira dee
Fell&tahs ou Pauls de Haousà, lui ait
donné la plus vaste extension qu'il eût
encore reçue, et en ait fait le sujet d'un
livre, dont un abrégé a été rapporté en
Europe, en 182S,pav leeélèhre myageùr
anglais Glapperton.
C'eet d'après oe livre jsurieos que noua
4J
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lut
(fis)
fÂK
» flU «Ml» gHAde Hfion da Ta-
kropr, ^ éqamwti aiaû qiM boim Pa«
voat rtmurqoé lovi !• mot Soudait^ à œ
^ue Ut ÀJnhm tpjpdliBt Beléd-eUSom-
Mn oa Pay* dct aègrtf .
« Ai'cttUprMiiiàraproTiiioeflttlefbirr
(vttlf «iremMit appelé Dàr-Fotir, tiof .)|
grand pays ayatti dbea foréu, det ri? ièrat
et det champs cuUivéti habité eo parlle
d'élrangers à dëaieuras fixes et eo partie
d'Arabes erraBU; on y élève heattcoup
de troopeatiK; rislamisme y domine. A
Totiea de oette oontrée sont le Oadda^
et le Meghmrmy^ dont la population est
anabgne à oelle dn Four; le roi de Be*
gharniy ayant poussé l*o«bli des lois divi-
nes et huBMines jaai|tt*à éponser sa propre
fiUe^ie roi de Ooàday, Saboua, est venu
ohAtier soA impiété et détester son royaii-
asia. Alt nord de ces pays sont des déserts
arides fréquentéssenleoMat an printemps
par des nomades ; an snd sont diverses
peapladeanigres parlant difNrents idio*
mes et ebcs lesquelles la religion du pro-
phète a fait peu de progrès. Iinmédiaie-
■Mttt à l'ouest du Begharmy est le BoftNou
{voY*\ pays étendu, riche par>dessus tous
les attires et très pènplé, où se trouvent
des rivières, des forèls et de vastes plai-
■es sablonneissesy la populalion se com-
pose de Berbers) de Pauls, d'Arabes, et
de nègres sujets des BIrbers x ces Ber-
bers , originaires de Syrie , transplantés
dans le Yéasen, puis en Étfaioplei établis
. eMuHa dans le Kânem, y fbndèrent un
empire qui englobait le Ouâdsy, le Be-
ghsirmy, le Haousâ et ses dépendances,
maïs q«i sVAnblit avec le temps et s*é-
croulai La province à^Jkîr eon^ne, au
sud, avec le Bornou| eHe est grande,
ofiVe de vastes plaines^eta pour habitants,
ée» Touériks, aveo quelques restes de,
Scnhègab, et des nègres de Ghouber qui
possédaient jadis le pays et q«i otfl été
conquis par cinq tribus de Touâriks ve^
nus d'Aongelab, savoir ^ les Amakilan,
les Tamkak, lesSendal^ les Agdalar et les
▲gérauin, de hi même racie queftes Berbers
répandus dans In nord deTAfrique.
« Att snd d'AMr et à l'ouest de Bor-
Boueemmenoe le Ha»«aâ, ayant des fo-
rêts, des rivières, des monUgnes, dee val-
iéee et dw hadee siMoiMurmi^ P^^P^ ^^
patetteam
même langage, et «éèftrmanUBpt {no-
vfnoes en divisions principaks, savoir:
Kaichtnah^ Gkouh^^ lùmOy Ke^,
Daoutjr^ Hmou et Térim^ gonvirsèa
chacune par un prince; la poptiUtioo x
compose de Peuls, 4^ Touâriks, etnur-
tout de nègres, (nrfginairemeat ttibs-
taires des Bdrbers et d^ fibruooens,
sauf pourtant les GhoUbérites, qo! soil
do race libre et quToa dit isstis des Cop-
tes d^Égypte. De ces sept proviocd^K»-
chena est la plus centrale, Ghonberli
plus befliqueuse, Kano Is pitu fertile,
Zegzeg la plus étendue; œlle^d^ eaeOiet,
a poussé ses conquêtes fort loin dut k
pays de Bouschy^ réunion de phuinn
territoires habités par'4^ tribjis desè-
gres groupées d'après la comnmasotédt
langage ; les pitls ImportanteÉ d£ sabdi*
visions ainsi formées août GhoMmnj^
qui renferme sept cantons diven, pu
Ghoundar^ Btirouyy Tass, Kodour^K^
ton, jiadem, puis un second Kotoa^A
ensuite te grand pays de KomorfiKp^
renferme une vingtaincfde dlstncb,ni>
Aiagara qui atteint les parages où ani*
vent les navy^ des chrétien/.
« A l'ouest de Raachenah et de GiMn-
ber s'étendent sept |tutres proviiioei à-
pendantes de Hsottsft, savoir: 1. Zn-
/amhy état fondé par uirprlnceveosi
Kaschenah, agrandi par la cooqn^^^
Kaby et du Kaschenah, mais sabjogii
ensuite par le sultban de Ohouber,qiij
établit une nouvelle dynastie; S. M)
oh l'en voit des sables, de^* rivières et
des forêts, tirant sa populstlbDile Saa-
ghayah et deKsschensb, gouvetoépv
des princes tributaires des Peols, r
Murent dépouillés par une coalléon d<
Ghouber, Ahir et Eaiifarsh ; 8. Taoarff
qui t des montagnes et des vallées, i'*-
tend a«r , la ftve du Ifil éU nhf»'^
habitants ont peud'lntelligenoé;^.^<^
fr, àyani au nord et au suddeslbrttt»
des sables, des rivières et des mot^^^
avefe otie populatfdn ièdasirîeiMe '«"['
principalement de Kaschenah et tw»^
gée de ((ens de 2egzeg, de Ktno <
d^illeurs; !t Tangue dlfftre de eelk*
eaoMâ; 6. nniba offre des tiwf^
des forêts, des sables et des aïootap^
on y trouva l'oliaaii tart Mofi r
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tKL
1$ il y a im jwtt èà ibVndeiit fei
* îiitirM tedirétiMis; eà suppose la po-
^ttlutioti isèiie d^ la race éé Xfemrod :
elle reatenble entoatt eelle*de Noafy;'
6. Barghou a des forêts et àéi sabli» :
ses habitintSy indocile et éûlètés» pro«
Jtienneot de tiibiis nègres sujettes des
BenU; 7. Ghouromah a des rhrières,
des forêts, des postales études sat>les :
ieshabiUntSy semblables à oeux'ditYai^
riba, soot toiears et dépraTés» * *
« Prè* da Gbôuromah^ est Je pays de
HfoujT^, où l'on i«it des arbres, des ri-
Yièo^y nne mine d^or et une popula-
tion de nègres, Immédtatement au nord
de Monsy est Sanghayaà^ pag^ grand et
fertile, peuplé d'un mélange de l^enhé-
gabs, d'Arabes bédouins et de Peuls^
tous renommés .pour leur attachement
au mahométisme. Au 'sud de Sangbayab
et à Touest de Barghou est la grande
contrée de Mêly, habitée par des nègres
Issus, dit-on, des Coptes d'Égypie^ et par-
mi lesquels se trouvent des Ti^rouds,
des Peuls, des Arabes, des Juife et des
chi^tiens, ainsi que des Sarankolé| ou
étrangers; ce pays renferme la province
de Barbara^ qui est très étendue et
dont les habitants sont encore Idolâtres ;
près du Barbara sont les pays de Tûu^
roud et de Fouta^ bien peuplés dSiodi-
gènes et de Sarankolés j>\x étrangers.
Eofin, ao^elà de ces pays, est celui du
Dnmelf qui confine à fOcé^n et où l'is-
lamisme est inconnu. »
Telle est, en abrégé, Telquissegénérale
du pays de Takroiiir tracée par le sulthan
Mohammed-bffiUab , Vhàte de Clapper^
ton. On y Toit, comme noyau priocipfl,
Fempire de Haousâ, partagé en deux
grandes divisions, Tune orient&le, ayant
pour cbef-lieu Kascbenah; l'autre occi-
dentale et ressortissant directement à
Sakkatou; dans l'es^un gtoupe d^tiKs
où domine Bomou; dans l^oue&t un au-
tre groupe de nations comprises en ma-
jeure pdrtie sous le nom de Mdly. Voilà*,
an point de vue synthétique, la distri-
bution des nombreuses contrées aux-
quelles s'applique, dans soti acception la
plus récente, la plus vaste, «t, si Pon veut,
la plus abusive, cette dénomination afri-
caine de Takrour. *A. . .
TALAFOtIIB.0an<MraM«lMî lespt*-
<efi9)
Ut
très de Fo elex les Slaiiiolti fbfi MMMi
TALATBRAnKitAHmrâ(MiTAnAt
db), livrée les 37 et 18 juillet 1809^ pr^
du Tage, à 76 kHom. sud-ouést de Ma-
drid, vor. Wïttiifctoir^ YMtoft «c
Joseph %kPOLioifi
r TALBOT (JoRir) , né à BleehmotVi
dans le Shropshire, vers 137S^ fut on
d9s plus grands hommes de guerre dt
l'Ang\,eterre. 'Il descendait de Talbot ,
baron de Cleuville,iin des eompagnons
de 6teillattme-le-Gonquérant. Membn
4|i parlement en 1410, il fht nommé,
quelques années après, lord-lieutenant
d'Irlande par le roi Henri V^qu'il accom-
pagna en Normandie lorsqu'en 1417 ce
prince revendiqua ses prétendus droits à
la couronne de France. Il se signala è la
prise de Domfront et au siège de Ronen^
fofça les Français à étictter le Mans
dont ils venaient de s'emparer, aida 8uf«
ibik à emporter d'assaut Laval et contri-»
bua à la reddition de Pontorson^Le comtft
. de Salisbury ayant été tué devant Orléans^
Talbot resta chargé, avec trois autres gé-
néraux, des opérations Al siège de eelte
ville, que Jeanne d'Aro fit lever. Ce pre-
mier échec ftit suivi d'une longue série
de désastres. Dans ces ckoonstances dif-
ficiles, Talbot, devenu général en chef,
soutint à lui seul la fortune diancelante
de l'Angleterre. En 1488, il reprit plu-
sieurs places de la Normandie; en 1488,
A s'enl^ara de Seint*Denis; en 143(99 û
défit complètement les Français prèi de
ftouen; en 1487, il se rendit maître de
Pontoise par escalade, et fit lever le siège
d^Orotoy; mais le nyinque d'argent et le
défaut de secours Parrêtèrent Au milieu
de ses succès et le forcèrent à se tenir
sur la défensive. Pour le récompensor
dir ses éminents services, Henri VI le
éréa, en 1 449, c^te de Shfé^sbtuy (en * *
Angleterre) et, en 1 448, comte d0j^êa>
ford et de pKàHrford (en Irlaude}. Fâft
prisonnier à Rouen en 1449, il d&piurut
pendant quelque temps du tbéâti^ de \t
guerre. En 14d8, nous le reti'ouvon» .
dans la ôuienne qui s'était réroltée con-
t» Charles VU. I/armée française ayant
mis le siège devant Ghitilldn de Pérl*^ '
gord,Talbot se détermina àsecourîr cette
place; mais il fitt vaincu après un èom-
bat meuitriar et r«stè sur k diamp dé
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TAL
(<60)
TAL
bàlAÎUa «fM QB dU Mi ftlt i k 1 7 jttilkt
1 44S. À OM brilUate Ttleur qui lai avtit
■lérîié le rarnom de VAchiUe de VAn-
gieterre^ Talbot joignait toutes lat TerttM
fU rhomma privé aC do bon cîtoyeo. Oo
lui éleva un monument à Whîlchurch oà
ton corpa fut transporté. B. H-o. ^
Uillnstre famille des Talbot figure en-w
core aujourd'hui en tête des familles corn-
taies de la pairie d'Angleterre et parmi
les premières de celles d'Irlande, ^n re-
présentent actuel I le 16* du titre, est
Jonr Talbot , comte de Shrewsborjy de
Waterford el Wexford, né le 18 mars
• 1791 et en possession du titre depuis le
6 avril 1837. Son héritier présomptif est
son beau-frère George Talbot. S.
TALCy substence feuilletée, écailleuse
ou compacte; grisâtre, blanche ou ver*
dâtre; douce au toucher, peu élastique,
et se laissant fiscilement rayer par l'ongle.
Elle se compose de plus de 60 pour 100
de silice, et de 80 de magnésie, ainsi que
de quelques parties de fw et d'eau.
Dans les limites de composition que
BOUS venons d'indiquer, le talc forme une
espèce minérale; mab dans le langi^e
habituel on comprend sous ce nom di*
•verses espèces qui en sont très voisines:
telle est la stéatUè^ substance compacte
ou écailleuse que les bottiers pulvéri-
sent et donnent sons le nom de savon
aux personnes qui se chaussent à l'étroit ;
telle est auui la serpentine , subsuoce
compacte, tendre, douce au touchei;,
dont on fait des vases et des marmites^
d'où ltti«st venu son nonf àt pierre ol-
^ Imre.
Ces substences, qui offrent tant d^a-
nalogie^ ne forment point de dépôts qoh*
sidérables; elles se trouvent au milieu des
roches schisteuses les plus anciennes con-
^naes sousie nom de micaschistes^ dans
les Aines de la Savoie , de ht Suisse et
du Piémont. - J. H-T.
TALBNT, Talehts, mots d'un firé-
queoliuiige, qui s'emploitft pour dé-
signer l'aptitude naturelle à bien faire
.ceignes choses, une capacitéjRipérieure,
une rare habileté. L'art entre pour beau-*
coup dans le telent : aussi dit-on voloa*
tiers un talent acquis, et peut- on culti-
ver à la fois plusieurs talents, selon que
l'o^ dévi^ppei i^tt moyen de l'étude, U
dftposidott parllcqlière que l'on • pov
diverses choÎMS ou il est beau d'sieelhr.
La limite oè-les grandf.telentsioDt ds
génie {vo%^ n'est pas noujoun fiidle \
tracer* Molière et JLa Fontaine mot d«
génies* et l'dta parle du talent qa'ik oot
montré , l'un dans la eomédie , ra\itrt
dans' la fable. La génie est- il antre cboie
.que le telei^? dit^Voltei^. Sans doute,
lui aVt^n répondu. Dani les lettres, pir
exemple^ le génie, c'est la <yéstioD, c'est
le don d'invent«r : il voit| il sentait peott
avec une originalité ^liÂKiile. Le uleot
f est une disposition heureuse grâce à la-
quelle on donne éix sujet| que f oo tniie
et aux idées que l'on exprime aneforae
que llrt approuve et dont le goût eetsi-
tisfalt. LV>rdref la clarté, l'élégsnce^ la
facilité, lé ni'turel, la correctioD, la griee
même sont le partage du Ulent. Peut-
être le génie est- il. le telent élevé i si
plus haute puissance. Ainsi, porté à M
limites extrêmes , un telent spécial etf
presque tqujours unique :
L« Datera, fertile en etpritt escellesli,
Sait entre les aatenrt parikger les ttimit,
tfoileau l'entend des génies spécianxi
dont les uns sont éminents dans un gotf*
de U ttéralure, les autres dans un sutregeo-
re^Mais^pouréfiter toute confusion, nooi
devoos difltidguer. A nos yeux, lestaleoU
sont l'aristocratie de l'intelUgencei doot
le génie est la\-oyauté. A lui, les peosée
fécondes, les vues d'ensemble; s eox, aae
exéeutlon plus ou moins habile. Legési*
constemment secondé par les t&leots se-
rrait parfait dans un monde où la peHe^
lion est impossibloi. Aussi Tioégalité p>^
ralt sans cesse, P^^uilibre est rompQ^
tdute heure : La Mothe et Font eoelle^Mar'
montel et La Harpe, Fontsces et Mil)^
voye,Ulents sans génie; Shskspçsre, ^
supérieur à son talent ; J. Raë^e, l»»^
supérieur à son génie. Singulière mépma
du public! il s'engoue de certeins bduoiea)
et prend souvent pour gémV riofonna
ébauche d'un talent!' A mesure que i»
telents deviennent plils commua*» 1^ f^
nie devient plus rare : n'en sewJtDj-w
que la monnaie? Nous exprimerons vÀtva
notre pensée sous une autre image. L'bv*
manité est un arbre immense oà se vw
incessamment un luxe de ramesox» ^
feuiUea» deflevf f I ii| ftitet M«<>*
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TAL
C661)
TAL
ces fruits i combien pCÙ arrivent k leur
antnrité ! cinq oa six dans les grands siè-
cles , aacnn dans les âges barbares ! Ces
/mits mûrs en si petit nombre , c*est le
génie ; les antresi c'est le talent à tons ses
degrés. J. T-v-s.
TALENT (antiq.). C'était, chtf les
Grecs^nn poids et une monnaie de compte..
Multiple de la drachme qui était l'unité
monétaire et pondérale, Û pesait 60 mi-
nes on 6,000 drachmes (voy, ces mots),
50 livres on 26 kilogr.» et valait égale-
ment 60 mines , 6,000 deniers romains
ou 5,700 fr. Le grand talent valait 20
mines de plus; selon quelques savants, il
n'y avait pas deux sortes ^e talents; seu-
lement, les latins auraient appelé grand
le talent attique, en comparaison des ta-
lents des autres nations qui étaient d'une
▼aleur un peu moindre, tels que les ta-
lents d'Eubée, de Rhodes, d'Alexandrie,
etc. Foir Letronne, Cons. sur les mon*
naies grecques et romaines. F. D.
TALION (sans doute 4/s iaUs^ tel).
On nomme ainsi une peine en tout sem-
blable au crime qu'elle a pour but de
réprimer. Elle existait du temps des Hé-
breux : œil pour œil^ dent pour dentj
comme il est dit dans l'Évangile. La loi
du talion ne peut avoir été adoptée que
par des peuples peu avancés dans la car-
rière de la civilisation. Elle constitue une
aveugle vengeance indigne d'une société
policée.^ On en trouve toutefois des tra*
ces dans la législation de la Grèce et dans
celle de Rome {Si membrum rupit ni
cum eo pacitj talio estOf dit la loi des
Xn Tables). Elle apparaltaussi dans cer-
taines coutumes de la France ancienne;
mais bien avant la révolntion, le talion
avait disparu de notr^ Code pénal, quoi-
qu'il contint encore des dispositions
fort peu dignes des lumières du xviii*
^iède. A. T-E.
TALISMAN, mot d'origine arabe,
qui signifie un^ image coulée en métal
ou gravée sur la pierre à une certaine
heure, sous l'influence de certaines pla-
nètes et acquérant ainsi des propriétés
extraordinaires, qui doivent donner à son
possesseur le moyen de faire des choses
surnaturelles. Ce nom s'est ensuite éten-
da à toute production de la nature ou à
to«t produit de l'art ayant les
▼ertus. Le talisman diffère en cela des
amulettes (voy.) dont les Tertus sont
plutôt préservatives. Certains talismans
étaient censés pouvoir rendre leur pos«
sesseur invisible, d'autres lui soumet-
taient les génies on les éléments ; avec
leur secours, on pouvait aller en un in-
stant d'un lieu dans un autre è travers
les airs, ou bien franchir les mets; on
pouvait frapper à coup sûr son adverMire
sans craindre d'en être blessé ; quelque-
fois même on pouvait se rendre favora-
ble une personne aimée, etc. Toutes ces
superstitions, reléguées dans les contes
merteilleux, ont à peu près disparu des
pays ciWlisés. Z.
TALLEYRANQ (paxilli db). Ce
surnom', qu'un diplomate fameux a rendu
célèbre de nos jours, fut pris, au com-
mencement du XII* siècle pour la pre-
mière fois, par un descendant des comtes'
souverains du Périgord, Guillaume, fiU
d'Hélie m et de Vasconie de Foix*. Ce
Guillaume n'ayant point laissé de posté-
rité, son héritage retourna è son oncle
Bosoif m de Grignols, qui eut pour suc-
cesseur HiuK y, surnommé Talleyrand
dans plusieurs monuments de cette épo-
que. Hélie nourrit pendant toute sa TÎe
une haine profonde contre les Anglab,
alors maîtres d'nne partie de la France,
et il ne cessa de les combattre, exemple
que suivirent la plupart de ses succes-
seurs. Assiégé dans le Puy-Saint-FronC
par Richard, duc de Poitiers, second fils
de Henri II, il dut se rendre après une
vigoureuse résistance; mais il saisit la pre-
mière occasion favorable pour chasser les
Anglais. Richard reparut devant Puy-
Saint-Front, et Hélie fntenoore une fois
obligé de céder à la force. D'autres ten-
tatives ne furent pas plus heureuses; ce
ne fut que sous le règne de Jean^sans-
Terre qu'il lui fut possible de rejeter ta
suzeraineté de l'Angleterre pour faire
hommage de son comté à Philippe- Au-
guste. L'année suivante, il partit pour la
Terre-Sainte et mourut en y arrivant.
AacHAMBAun P% son fils, n'ayant pas
laissé d'ènfisnt, le comté passa, en 1219,
à son frère Aechambaud II. Ce dernier,
ne supportant qu'avec peine les fran-
(*) Fm> Vàh ai ^iriJUr Utimn, éd. Ia4r, sP
>srtte« t. X, p. so3 et saiv.
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TAL
(663)
nh
di|M« accordée» aai cQnimnoes àB Saint-
Front et de Périgaenzy Toahit les en dé-
pouiller; mais les bourgeois résistèrent
éneraiqaement, ^t il en résulta des luttes
continuellet qui se lenpinèrent par la
ruipf ip la poissaiite famille des comtes
de Périgordy en 1399. Archambaud II
ayait cédé, en mounuft, à son n^ievi
^osoirp fils d'Sélie Talleyrand, la cbâ-
t#)|enie de Grignols. Telle fut l'origine
de \t^ brapcbe cadette des comtes de Gri-
gnolSf picii^c^ de Cbalais et de Tallej-
raqd, dbnt nous avons à parler plusspé-
<;îalement«
Les rapports de Tasselage qui, confor-
mément aux clauses de la cession fiite
par Arcbambandy unissaient les seigpeurs
4^ Grignols aui comtes de Périgord, fu-
rent rompus sous Héliell, fils de Boson,
par un pacte de famille conclu en 1247
«(confirmé en 1277. La terre de Grignols
entra ainsi dans, la mouvance immédiate
4m rois de France. Par son muriage avec
4gni^ fille et béritière unique d'Olivier,
si^gneur de Cbalais, Hélie acquit cette
seigneurie qfi'il réunit à ses possessions.
^on petit-filsy BosoN II, fut forcé, en
(368, de rendre bommage au roi d'An-
deterre» alors pialtre du Périgord; mais
il a'affirancbit vrai^mbl^blement de ce
tasselage en même temps que les seigneurs
4f? la Guienne. Non^ trouvons, en effet,
ipn fil&Hiiav pi à la cour d^ Charles YI,
Lrempli^ant (es foi^ctions de chambel-
i;^ Le fils de Qélie m iqouta à ses titrer
4^ seigneur de Gnjmols et de Chalajs ce-
la» 4c vicomte 4c Fronce q^'il tenait du
chef de sfi mère. Char^jks I^*", son fils,
prît le premier le titre de prince dç Cha*
If^, Son ^ ^Iah r% conduisit à Cbar-
lee Ym, qui venait d*envabir la Bretagne,
la bap et l'arrière-ban delasénécbaussée
4u Périgovd, pour renforcer son armée.
Ce fut le 3« successeur d^ J^ai^t P^^iel,
r' obtint, e^ 1 6 1 3, l'érection de la terre
Grignols en comté« Il laissa deux fils^
doqt le cadet, André, fut la soucbe de la
bn^che collittérale de9 comtes de Grir
gnols qui «nbsiste epcore fiijoi)rd'bc|î|
m^ que la ligne 4ire€(a Ve»t éteiute *•
P Cesl ici le lien 4e npipt 1er ^ C^a^i^s d«
TaileTTSodf maroais d'Ezcideoil (et non pas
prince de Qulaia)» dont parle TolUire dans la
piéfaee de XUi^i^ de Picni^M^rvid» pour
léfnter Olétflas d'aprîs «d fl VX^K ¥k ^
A Palné, Ch auss II, succéda soa fili|
Adeieh-Blàiss, qui n'eut pu d'en^
de sa femme Aiine*Marie delà Trémoillc,
si célèbre depuis sous leruom de priocesu
des Ursins {voy.). Son béritage psuteo
conséquence à son frère, Jkak II, dont
lefib, Louis-JEAR-CiuiuLas, fotcréé
grand d'£spagntf^de l''* classe. Il ae Uim
qu'une fille qui épousa, en 1743, los
cousin, GABUiBL-MAaiK de Talleyrsod.
Les descendants d'Anna^ de Talley-
rand n'ont marqué en aucune façon dau
l'bisloire jusqu'à DAViBL-MAan-Alndi
brigadier des armées du roi, qui le dis-
tingua au siège de Tournai, où il fot toé
en 1745. Il laissa cinq fils, dont le 3«,
AuGUSTiN-Louis, vicomte de TadeyraiMi-
Périgord« lieutenant général, graod'-
croix de Saint-Louis, mourut sans pos-
térité. Le 4% ALEXAirDEB-AirGÉUQDI,
entra dans les ordres. Néle 16 oct 1736,
l'abbé de Périgord n'avait pas encore 30
ans lorsque l'arcbevéque de Eeimi le d^
manda pour son coadjuteur. Il saccédi
à ce prélat en 1777, et sFgnala son ad^
ministration par la création de plotienn
établissements utiles. Nommé député m
États- Généraux en 1789, il seoMUim
l'adversaire obstiné de toutes les réforna
et surtout de la constitution civile da
clargé. Il émigra en 1 79 1 , et babiu ne*
cessivement Aix-la-Cbapelle, Bruidks
Weimar, Brunswic, jusqu'en 1804 OQ
le comte de Lille (Louis XYIII) Tappeli
dans son conseil a Mitau. Il slivit «
priuce en Angleterre, et fut non^égrind-
aumôoier en 1808. En 1814, il renet
avec le roi , dont il possédait toqte lt
confiance, et entra dau« la Cbambre do
pairs. Sa nomination à l'arcbevldié di
Pl^ii^ en 1817y accrut anoore son is*
I >é^é en Sibérie, ayant été anbaMadtfor àtvi
df FraoM. Charlai de Tallsyrand a eff^ctirt*
me^t été arrêté à Moscoa, en i63o; mais 3 >^
yait pas la qoalité qn^on loi prite^ sis» 4^''
appen d'one lettre de Le aia XIII écrite «DM
la«ew à Mickel FoBdoroTitch etqoelf. «
^yiaee ^«baBof « pobliée. Cett 4« U p^ r
pripce BetUen Gabor qa*il était allé en Roism;
mais le roi de France le réclama, « d*aatiDt<r»
le dit marquia d'Eyxideoilh apparti«it à pe^
•Mwat qui tieooeot orand rang en ]iottrt'<*7^
mf}, vft que aea prédécesaenra Nons oot feooa
de signalés serrices, et qn^ootre ces coniW«**
tiôna n ons If ous sentons obligés de protd^er I^
•abjects, pidadj^lemMl oeux qoi aant «At^
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4iMiioe* Là wUm§ umUt hfv^h crét
cardinal ponr !• ? écompeiifev de la part
acUifa t)u*il avait prÎM dans les négocia-
liooB dtt CoDoordal» et d^ Tappui qu'il
était toujeun prêt à doaofir aox préletio
tioo» uUramoBtaîMa. Il Mounit d'un (nin-
MT aii^isaga U 30 nov. 1831.
I^tft daux fils aînée de Daniel- Marie-
Ajine et le dernier furent les fondateura
dee troia branobes actnellei de la maison
de Talleyrand-Périgwd.
GasaisL-MiUiiB (ut mis en posftestion
d^ la grandeiae d'Eapaf ne, des droits de
aa femme, BIarie-Fran^i»e*Margnerile
da Tall^rand, m parante, et rétabli par
Loais XV dana le titre de comte de Pé*
rigord. Son petit-fiU» ÀiFOUSTJV-MAmin-
&4B-CBAmi<is eat le obef actuel du nom
at dèa armea de cette tamW: Né le 10
îaoYÎer 1788» il fit -k campagne de Wa-
gram comme sons-lieutenant, et il gagna
aoeie cbamp de bataille loua »e« gradée
JMqu'à celni de cbef d'eacadron anqnel
îl fat promu, en 1814, pour a?oir con-
triboé à sauver la vie à son général. La
Itcataoration le fit colonel, en 1 8 1 6. Il fut
déaigaé, en 1826, pour faire partie d'une
eomaaisaîoii cbargfo de (MHfieer Tordon-
nance aur mnatruction de la cavalerie.
^ 1839^ il entra à la Chambre des paire
par droit de anoceasion, son père Élie-
Gbarlis, prinoe duc de Cbalaia, créé pair
da France le 4 juin 1814, éunt mort le
81 janvier 1839. Depnis 1830, M. le dno
de Périgord est nn des membres lea plus
séléa et lea plna aotifa do comité spécial
et conanUatif de cavalerie. Il ne lui reste
que deux enfanta de aon mariage avec
Marie-Nicolette de Gboisenl-Praslin :
Hiu>-Lovis-Ro«sa, prince de Cbalaia,
né la 38 Aov. 1809,etPAUx<-ADÂLBEm'r«
Essi, comte de Périgord, né le 38 nov.
1811.
CHa&ixa-DAVixi. fat le fondateur de
la brAnebe dea princea de Talleyrand. Il
pooml an 1788, laissant troia fila : 1°
CnAUM-MAUHica, prince de Talley-
rand , le célèbre diplomate , aur lequel
Dfiaa reviandrene plna loin dana «ne
notice détaillée; 3^ AaGVAMBAXJn-Jo-»
ixvm doc de Tallejiand-Périgord, mort
la 38 evril 1888, «gé de 78 ana; al
80 BoeoiMAGauaay oomtodeTall^rranA*
Pérignrdy qoi nminii la t^ mm IMO.
TAL
deaoendaBt mâle. Lé cbef da oatié
famille est aujourd'hui Ax.iXASDisEn-'
xovD, fils d*Arcbamband-Joseph et da
Dorothée, priaoesie de Gourlande (voyi
T.VJI,p. UI)\néle3aoûtl787,qul,
depuis 1817, porteit le titre de duc d^
Dino , per cession du prinoe de TaUey-*
ran49Son oncle, et en vertu d'un décret
du roi des Deux-^iciUs , qui avait mis
pqnr condition à cette faveur que ce titra
se transn^ettrait aux aloé.4 de la famille.
Cependant, lorsque Alexandre-Edmond
devint prince et duc de Talleyrand, il fit
prendre è son fils aine Louis , né le 13
mars 1 81 1, le titre de duc de F^fi/ençay^
et en second, Ai^axAKnaB^EnMoirn, né
le 15 décembre 18(3, celui de duc de
Dinp*
La troisième branche fut fondée par
le 6^ et dernier fils de Daniel-Marie*
Anne, Lonis-MAaiiBr Anna, qui fut am-
bMsadear à Neples en 1788. Son fils
aîné, le comte ÀvQffSV^ de Talleyrand^
i|é le 10 févr. 1770, ancien émigré i
chambellen de Napoléon, ambassadeur
en Suisse jusqii'en 1834, et pair de
France depuis le 17 aoi!U 1816, mourut
àAliianle30oct. 1833. Il avait eu quatre
fils 4a son mariiige avec CaroUne-Jeanne-i
Julienne d'Argj ; ëehest, né a Orléans^
le 17 mars 1807 ^ Lonia, né dana la
même ville, le 3 juillet 1810^ Euciifx ,
né à Berne, le 1 3 oct. 1 8 1 3, et Auousts^
né dena cette même vîlle^ le 14 juin
1817. Le 3* fils de l'ancien ambassadenv
à Naples , AiTAToije^MARis- jACQirBa»
comte deTalleyrand, né le 7 juin 1773,
eat mort à Paris en |K)4( 1838. Son
frère y ALB^Airpax-DAiiiEL , baron de
Xalleyrand, ^é à Paria en 1773, ancien
député, préfet de plusieurs départamenta
sèus la Restauration, et ministre pléni-
potentiaire pendant S ans, a été nommé
pairdeFranca le 36 juin 1838. E.H-o.
CHAELXs-MAuaiGS de Xalleyrand*-
Périgord, qui, après avoir reçu le titre
(*) Elle ett, d« cbeC de lo» père (v9/. Bxriv)*
duchcfte d« Sagan, I^e dernier duc de Cnar-
lande «vait acheté à la maison pHncière de Lob-
kowitc, en 1785 , ce daché qei derint lliérl-
tege de aa fille ataée. Après U mort de eelle-ei»
il écbat à H»* la iSnebe 4«e de Dioo » aujonr
d*hni dachease de Talleyrand-Périgord. On sait
qoelle grande influence cette danae, compagne
lasépanUe da Keetor de la di^lo^tK «««^
V dewiemaadaBaliriian i^^
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TAL
(664)
TAL
et prÙ9€é de Bénévenî {voyn)^ dm !•
trantformtr en celui de prince de 7hl^
leymndf naquît à Pftris, le*'! S îêfnèr
1754. Comme atné de m brtnchey il sem-
blait destiné k en devenir le chef; mait
nne chnte qn*il fit à Tâge d'nn an lui en-
lera^en le rendant infirme, Taffection de
tes parents qui le priTèrent de ses droits
à perpétoer leur race, et le reléguèrent
dans l*Églite, parUge ordinaire des oadets.
Élevé d'abord au collège d'Haroonrt,
puis 1^ Saint*Sulpice et à la Sorbonnc^ il
s'appliqua, loin d'une famille qui le ré^
pudiaiti à ne trouver toutes ses ressour-
ces qu'en lui«méme , et à perfectionner
l'esprit et surtout la patience qu'il tenait
de la nature. U apporta donc dès le prin-
cipe dans le monde, oà il entrait sons le
nom d^abbé de Péngord^ cette science de
la politique dont l'élude pins apfMrofon-
die devait lui assurer de si éclatantes des-
tinées. Son extrême réserve ne put tenir
toutefois contre l'admiration que lui fit
éprouver Voltaire, lorsqu'à l'époque du
dernier voyage de cet homme célèbre à
Paris, il lui ftu présenté à deux reprises.
Mais ses tendances philosophiques, alors
que toutes les passions df l'ancienne so-
ciété française commençaient è s'eiTaoer
ou à se fondre, ne l'empêchèrent pas, en
1780, de devenir agent général du cler^
gé, et de conserver pendant 5 ans ces im-
portantes fonctions, dans l'exercice des-
quelles il apprit le maniement des grandes
afiaires. Connu bientôt et recommandé
à l'attention publique par les saillies de
son esprit non moins que par le tribut
qu'il avait cm devoir peyer aux idées
nouvelles, en contribuant è Parmement
d'un corsaire contre les Angl^ , il fut
nommé en 1788 évéque d'Autnn , et
presque en même temps désigné pour
faire partie de l'Assemblée des notables.
Un remarquable discours qu'il tint
devant le cleiî;é des quatre bailliages de
son diocèse, et dans lequel il se pronon-
çait prématurément pour l'égalité des
droiu et pour la liberté des intelligen-
ces, lui valut Phonneur d'être choisi pour
le refMrésenter aux États*Généraux. Dé-
voué au parti populaire, on le vit, dès
le début de l'Assemblée constituante,
eniraioer par son exonple une grande par-
tît dct nyoïbrea da obrgé, et oontriboer
idasl à la itarfon âne trois ordres. Is 7
juillet , il parut à In tribune et s^élen
avec force contre les mandats impérsiiCi
des bailliages , qui enchaînaient le libre
arbitre des députés. Qnniqnes jounaprèi)
il provoqua l'admission des dtojeosi
tous les emplois. Membre de pinsitm
comités, il présenta un vaste plim d*éda-
cation publique qui a pent-être senri de
base au système actneHeaient en m^\
il proposa l'upîfoniûté des poids et ns»
sures , fit plus d'une motion utile ter la
impôts publics , et eoumit à l'apprécia*
tion de l'assead^lée la Joi de l'enrêfistre-
ment qui de nos jour» existe encore â pM
près telle qu'elle fut alors adoptée. Digni-
taire du clergé et muni de ri^es prébeo-
des, ce fut cependant lui qui provoqQih
vente des importantes propriétés et oM
ordre. Après tant de gages donoéiis
nouvel ordre de choses, il compléis ns
ceuvre en faisant voter par VutemïÀik le
projet d'une fédération patriotique^ f^i
le jour de l'anniversaire de la prim dt ii
Bastille , devait réunir dans le Ghsnp-
de-Mars les députés de toute la Frane^
et, paré de ses habiu saoerdounx m
couleurs nationales, lui-même il ofilicii
sur l'autel de la patrie, et bénit les dra-
peaux des départements ot des troupes.
A la suite de cette solennité, l'éféi}M
d'Autun reprit dans l'assemblée ses tra-
vaux de finances et se prononça en mkm
temps pour la constitution civils da
clergé. Qn sait quelles furent les eoeié-
quences de ce vote fameux. TaUeyrasd
essaya d'abord de luUer en fafcur da la
liberté des consciences ; mais, forcé de
suivre le torrent et placé aous le coop
de l'interdiction papale, il préféra rseco-
cer à l'épisoopat et rentrer àwsÈ Jt vie
civile. A cette époque, il reçut Isa d^
niers soupir^ de MirabMU , et, le Isada*
main de sa mort , il rendit un homsMge
public à sa mémoire, en lisant à la tri*
bune le Discours sur les sucossaioof o
ligne directe qu'il tenait de la ooafisDC*
de l'illustre orateur.
La mission de l'Assemblée coi»*
tuante touchait à son terme} TaHejfrasd
fut chargé de justifier son «une dasi
nne adresse à la nation , qui fot géaértt-
lement admirée. Il avait donné ciopf|
preuves de capacité pendant cstlt ^
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TAL
(6Ç5)
TAL
flKMTâbk lenloB, pour lie pM étf» ippelé
i d'importantes fonctions , en dépit de
Fintesdîetion dont les dépotés s'étaient
frappés enx-ménes en abdiquant len#S
pouvoirs. U fot envoyé en Angleterre e|
accrédité, qooique sans titre spécial (vo/.
CHAUtBUir) y pour établir vne aUiance
mationaUj en opposition avec ValUanee
de famille ^t les agents de la cour
cherchaient à resserrer snr le conti-
nent. La chute dutrAne an 10 aoAt et
le règne de la terrenr ayant ébranlé
les sentiments de neutralité qu'il avait
inspirés au gouvernement britannique,
il lui fut enjoint de quitter Londres
dans les 24 heures; et au commencement
de Tiuihée 1794, il aUa chercher on re-
luge aux Étau»Unis« U y resta près de
deux ans , demandant au commerce les
moyens de rsfidre sa fortune compromise
par la révolution; mais, iatigué de son
inaction politique^ il revint en France
afironter le décret de proscription qui
pesait sur lui, et que, par bonheur, son
ancien ami, Chénier, fit npporter, le 4
sept. 1795, en même temps qu'il lui ou*
vrsit les portée de l'Institut où sa place
était marquée dans la classe des Sciences
morales et politiques^ Le 1 6 juillet 1 797,
il rentra enfin dans la carrière des affaires,
et remplaça Charles Lacroix au ministère
des relations extérieures. Mais il avait
déjà une trop grande expérience des
hommes pour croire à la durée du Di-
reotoire, H tourna ses regards vers le
vainqueur de l'Italie; et, lorsqu'au re-
tour de Çampo-Formio il fàt chargé de
le présenter aux cinq directeurs, il ne
craignit pas, au milieu de cette ovation
publique, de saluer l'astre naissant par
ces paroles prophétiques : « Loin de re-
douter ce qu'on voudrait appeler son
ambition, je sens qu'il nous faudra peut-
être un jour la solliciter. % Le temps n'en
était pas venu encore : aussi resta-t-O
au ministère jusqu'au 30 juillet 1799;
mais à compter de ce moment, il prépara
la chute du Directoire, et quand Bona*
parte revint tout à coup d'Egypte pour
liire le IS brumaire {voy.\ il se trouva
prêt à lui olfirir son concours et à re-
cueillir les fruits de la victoire.
(*) Il étdt aoMÎ Bembre d« rAeadémle dsi
IsKriptioM al BsUefLtttrM,
Redevenu ministre des affahs» étran*
gèires, il exerça une grande influence sur
le premier consul en flattant sa passion
dominante, celle de l'unité du pouvoir.
D'après ses avis, Bonaparte relégua les
deux autres consub dans la direction de
la justice et dans celle des finances, et i)
garda pour lui Intérieur, la police, les
affaires du dehors, la guerre et la marine,
c'est-à-dire toutes les parties vitales du
gottvemement.Talleyrand eut part, à cette
époque, à ^utes les grandes transactions
politiques qui jetèrent un si vif éclat sur
le consulat, le traité de Lunéville, ce*
lui d'Amiens, la consulte de Lyon, etc.
Il concourut efficacement à la négocia-
tion du Concordat, et reçut en récom-
pense du pafe tin bref qui le releva de '
ses anciens vœux et lui donna fautori-
satîon de rentrer dans la vie civile. Tal-
leyrand en profita pour faire légitimer une
union depuis longtemps cotitractée.Cefut
aussi sous son ministère qu'eut lieu la
funeste catastrophe qui mit fin aux jours
du due d'Enghieki {voy,)\ mais on ignore
encore aujourd'hui, et on ignorera sans
doute toujours la part précise qu'il eut à
cet événement. L'inutilité de ce crime,
non moins que la modération naturelle
du ministre de Bonaparte, donnent lieu
de supposer que son action, dans cette
triste affaire, fut uniquement passive.
Quoi qu'il en aoit, Talleyrand conserva
auprès de Napoléon empereur une por-
tion de son influence, et il se garda bien
de le perdre de vue an milieu des vic-
toires qui l'entraînaient loin de la France,
C'est ainsi que, pour ne pas se laisser
oublieri il adressa de Strasbourg à l'em*
perenr, après la reddition d'Ulm, un
plan de traité avec l'Autriche, dont le
but principal était d'éloigner cette puis-
sance de l'Italie , et de lui donner en
échange les provinces danubiennes, ce
qui, ékê lors, la rendait rivale de la Bus-
sie et alliée de la France. Napoléon
n'approuva pas ce plan, que les circon«*
stances devaient plus tard justifier; mais
Talleyrand n'en resta pas moins son mi-
nistre» En 1606, il fht nommé grand
chambellan , et reçut bientôt après ,
comme fief, la principauté de Bénévent
en Italie.
L^bonéetnivante, le 9 aoAt 1607, oa
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TAL (
leTUlQQtàooop, aprèth trmtédaHliitt,
ejt sans qa*on titsu U véritable motif 4e
sa résolu tioD| renoncer à diriger la diplo-
matie de Tempire^ et échanger son por*
lefenille cqntr^ le titre stérile de grand
dignitaire de la copronne. Toutefois, il
n'y avait pu encore rupture complète
entre lui et Napoléon; car ilassitta, Tan-
née suivante, a TeftOrevae d^Erfurt, et sa
yoix fut écoutée danfi les conseils des
4euz art^itres du monde. C^ ne fut qu'au
retour, et lorsque l'impopularité 4^ ^
guerre d'Espagne devint constante , que
le prince de Bénévt nt pommen^ contre
sçn maître et suzerain 0ctte ofip^siti^
i^rit et incfissante qui ne devais se terw
miner que par )a chute ^ l'empire. ToUk
les documents oontemporaios portent «
croire que» dès l'année 1812 , l'habile
diplomate I pressentant les événements,
abandonna sans scrupule un sceptre chan-
celant, pour se mettre au service des es*
péranoesd'une dynastie rivale'^*. Des con-
ditions furent faites de part et d'antre,
et tandis que par son titre de viee-grand-
électeur, le prince semblait continuer son
i^ppui è I4 r^emse de l'impi^atrice Ma*
ri^-l40uise, i) négociait auprès des sou-
Terains alliés la reconnaissance du prin-
cipe d^ la légitimité en faveur des Bour-
l^ns. 4- b >uite <lu combat qui fut livré
sous les murs de Paris en 1814, il fei-
gnit de vouloir suivre k Blois le consejl
4e régence i mais un avis transmis en
4çcrf t a\) priÉfce de Schwartzenberg lui
fit nmcontrfur aux barrières de la capi-
tale un détachement de cavalerie qui h
força de faire rétrograder sa yoitui'e. Par
cette adrqite çoiptum^l^out il s^ trouvait
être à Pafis le plus important» ou, poiir
mieux dire, le s^ ul personnage officiel ,
lorsque les étrangers y pénétrèrent pu
{*) U ne partageait pas le» <^pinJoas àe Tem-
rmr relativemeot à fa gaerre d'Espo^ne; mais
Capefigae, dans sa notice an pea blsarre
{lêi dipiomatêê mnpêmUy Mris, i843 ). vie
qae ce fût U le motif ^e sa rotiaite da déparjEer
ipent des affaires étrangères. aLa tériuble cause
de la disgrâce de M. de Talleyrand , dit-il , fut
les vouveamits actifs qiiHl se doraa pour né-
Mier la psis avee TAii^leleae en 4ehert «te
If apq|éon.jr Nou citons ce p w>g« suif en prca-
4re sur nqps U responsabilité. S.
r**) On avo plus hantqae Pabbéde Périgord,
arcberéqne de Reims et onele dn priae*, étail
devais MM 0«m1 ansiéiiifi^ (^mOs inmi. S.
vainquaum Àpiia âYOir décidé l'aspe.
reur de Russie I choisir pour denesn
son hôtel de la rue Saint-Floreotin, il
mit tout en œuvre^ur le gagner ta parii
de U déchéance de Napoléon et dh m f^
mille; puis il s'empara de la dircctioa
du ^nat, et en flattant habileiaent I0
hpmmes de la révolution et les smis de
l'ancienne dynastie, il fit «prter les der-
niers efforts de Napoléon, et obtint de
}iaute lutt^ la nomination d'no gsover-
neibent provisoire dont il fut le chef.
Dès lors, le r^our des Bourbons fat as-
suré, et le prince de Talleyrand, à la tête
du sénat,'seportaà Ssiat-Ouenan-defiDi
de Liouis XVII{ qui, en échange ds trôsi
qu'on lui rendait, promit une chsrtsooi-
siitu^jonnelle , première conditioo de la
restauration de sa race. Gpmmê oorolliin
4e Qe grand événement, la France oob-
serva son ancif n territoire a^ec quelques
annexes, et la transaction qui arncoa ci
résultat fut confiée aux soins da princt
de Talleyrand, nommé, inintstre deii^
faires étrangères de (a nouvelle royioté.
Resuient encore à régler les qoestion
politiques générales : un congrèi euro-
péen se réunit à Vienne dans ce botia-
portant. l^e roi désigna le prince de Tai^
leyrand pour l'y représenter; et, nalct
l'abaissement de la France, il fsut ten-
dre cette justice à l'ambassadeur à
Louis XVIII, qu'a sut, à force dWrese
et de fermeté , la replacer au rangd'oà
les vaipqueurs voulaient la fiûre deseen'
dra. Précédé au congrès par es théorie
de la légitiouté qu'il avait inventée pour
la circonstance, il s'introduit dans 1^
comité dirigeant , et il réussit à 7 i^^
admeure rEspagne, le Portugal et ii
Suède. Grâce a lui , la resUuratioo de
Ferdinand I» à Naples fut adoptée ea
principe, et le roi de Saxe ooosenif^
couronne convoitée par la Proste.!^
tels résultau n'avaient pu s'obtenir ans
être facilités par la désunion dei po»^
sauces, et le prince de Talleyrand, qv
l'avait provoquée, en profiu pour«igD«fi
le 5 janvier 1815, un traité secret ev»
l'Aiigleterre et TAutriche, contre w
prétentions de la Busaie et 4^ b Pr^'
Alexandre ^'ignorait pas cette pv^ca*
larité; mais en ce moment rintérétcoP'
mun rapprocha encore una (9^ ^^ ^'
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TAL
(«67)
TAL
ireniiiif «lHés, que la nonveUe da dibtr»
qoemtnt de Napoléon tint surprendre
an milieu des intrigues du eongrès. Ta!*
leyrand , mis au ban de Tempire , s'en
Tengea en coopérant au traité de Ghau*
mont {vox.)s qui livrait son pays à une
seconde invasion.
Après la sanglanU défaite deWaterloo,
Talleyrand, de retour auprès de Louis
XYin et président de son ministère, ob-
tint de lui des concessions plus libérales
que Celles qui avaient été octroyées en
J814. Puis il s'atucha à combattre les
funestes exigences des souverains étran*
gers qui prétendaient punir U Frauce de
Pappui qu'elle avait prêté à l'ennemi
commun , en la privant d'une grande
partie des concessions qui lui avaient été
faites* à Vienne et en la frappfint d'ufk
imp6t exorbitant Hais cette fois le prince
vint se briser cqntre la rancune du tsar;
et quelques jours avant la signature du
désastreux traité qui consomma l'bu-
miliation de la France (ik^. T. XIX,
p. 234), il quitta le ministère, autant
pour ne pas obéir aux violences d'un parti
rétrograde que popr satisfaire la ven-
geance d'Alexandre (voy, RicveuxUi
T. XX, p. 601). A compter de ce mo-
ment, il ne reparut plus au pouvoir.
Qooique décoré du vain titre de grand
dtambellan, qu'il avait déjà reçu de l'em*-
pire, il se jeta dans l'opposition libérale
•t ne négligea aucune occasion de £air«
au gouvernement une guerre sourde 4<l
aalon et de tribune. C'est ainsi qu'on le
vit blâmer bautement l'expédition de
1838 en Espagne, et s'érige? en défen<«
MUT de la presse. Il affecta du resta de
ae tenir éloigné de toute intrigue politi-
que, et les instaolt qu'il ne donnait paa
aux travaux de la Cbambre des pairs,
dont il faisait partie depuis aa formation,
«u aux politesiis du grand monde, il les
eonsaeeait à des exoursioui dans le midi
de la France, ou à des visites à son roy^
manoir de Valençay {voy, Innax).
Préparé de longue maiu aux événe-
ment» de iêSO il oouwptit lusémcnt k
i^aseocter au régime nouveau , et sa nor
mmation à l'an^baisade d'Angleterre dès
le mois d'août lui fit un davoir de consa*
crersabanteeKpéiienoeanprea»ierhaBoiii
A'uM 4]matwMiflfaiA» k Mmtifu M
la paix (t>of . T. XV, p. 6JS). On sait
que sous la Restauration une conférence
s'était formée à Londres entre les pléni-
potentiaires de la France , de la Russie
et de l'Angleterre pour connaître de tou-
te! lea questiou^.rclalives è la Grèce : le
prince de Talleyraud proposa de rapren-
dre cette conférence et d'y adjoindre la
Prusse et l'Autriche, dans le but de pré-
server de tont^ atteipte la paix du l'Eu-
rope, en consacrant l'indépendance 4^
nouveau royaume de Belgique et en fixant
la position de$ Pays-Bas démembrés. Une
fois ce résulut obtenu, le prince, de eonv
cert avec lord Palmerston, imagina If
traité de la quadruple alliance (22 avril
1884), qui, rapprochant la France,
l'Angleterre, l'Espagne et le Portugal,
opposait les puissances de l'Occident è
celles du Non), dans Tintérét de la cause
constitutionnelle. Ce ffit la le dernier
acte de aa vie diplomatique. U demanda
et obtint son rappel ; et depuis ce mo*
ment, il ne sortit plus de sa retraite, oi^
le nouveau gouvernement venait encore
solliciter ses conseils, que pour se rendre
au sein de l'Académie des sciences mo«
raies et politiques, afin d'y prononcer
janvier 1888) l'éloge du comte Rein-
bard, qu'il devait suivre de si près dans
la tombe. Atteint d'une maladie cruellf
et incurable, le prinœ de TaUeyrand
supporta avec calme une douloureuse et
inutile opération ; il se résigna alors à
mourir, et, sur le point de paraître de-
vant Dieu , il adressa au souverain pou-»
tife la rétractution de ses erreurs. Ses
deniers moments furent témoins d'une
royale visite, qu'il considéra comme le
plm grand honneur qu'eût reçu sa mai'
son. Bientôt après, il s'éteigi^t, le 17 mai
1838, à l'âge de 84 ans.
li'éloge du prince de TaUeyrand a été
prononcé, le 1 1 mai 1889,dananneséance
publique de l'Académie des sciences mo-
rales et pelitiques, par M. Miguel , qui
a rendu pleine justice à cette ibrte intel-
liganoa, l'un des restes les plus hrillanU
de l'ancien esprit français^ l'une des
plus ç-amde^ renommées de la réttolu"
lion. Mai*, avec M. Biignet, nous ne ter-
minerons pas sans uu« parole da blâme
pour oea nombreux changements dont le
pviiica 4ijpMMt4 « fiMffé, m«î9 «f^ viûiit
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TAL ( «68 )
ût josiîfief sa probité polhiqo«. Lintè-
gre historien, repoussant ses excuses, a
dit aYec raison : « Quels que soient les
senrioes qu*on paisse rendre à son pays
«n conformant toujours sa conduite aux
drconstancesyllfaut mieux n'ayoir quhine
seule cause dans une longue réyolution,
et un seul r6le noblement rempli dans
lliisloire. » D. A. D.
TALLIEN (Jbak-Lambbit), membre
de laCooyeotion nationale, naquit à Pa-
ris, en 1769. Le marqub de Bercy, au
ienrice duquel était le père de Tallîen,
•e chargea des frais de son éducation. Il
ftt de bonnes études, devint clerc de pro-
cureur, puis de notaire, et se lança, à Page
de 90 ans, dans le tourbillon de la ré-
volution francabe. Employé en qualité
TAL
de prote à l'imprimerie du Moniteur^
la fin de 1791, il fit paraître un
journal en forme de placard, intitulé
VJmi du citoyen^ où il attaquait ouver-
tement la royauté constitutionnelle. La
société des Jacobins, dont il était Tun des
plus fougueux orateurs, payait sur ses
fonds cette publication, où Talliên pre-
nait le titre de Fondateur de la société
fraternelle de Vun et l'autre sexe^ séant
au palais Cardinal, Le 8 juillet 1793,
parlant au nom d'une des sections de
Paris, il vint sommer l'Assemblée légis-
lative d'infirmer l'arrêté du département
qui suspendait de leurs fonctions le maire
Péthion et le procureur de la Commune,
Manuel {voy. ces noms). L'un des fauteurs
les plus actifs de l'insurrection du 10
août, il fut, en cette journée , nommé
secrétaire- greffier de la Commune usur-
patrice qui s'était emparée des pouvoirs.
Le SO du même mois, à la barre de l'as-
semblée, il réclama contre le décret por-
tant révocation de cette Commune, dont
il vanta le zèle à poursuivre les conspi-
rateurs et les prêtres qui étaient tous ar-
rêtés, et devaient bientôt /^ar^^r de leur
présence le sol de la liberté. Lui* même
avait signé l'ordre de ces arrestations
qui, trois jours plus tard, livrèrent tous
ceux sur qui elles avaient porté au fer
des bourreaux de septembre. La parti-
cipation directe de Tallien aux crimes
de ces exécrables journées ne saurait être
mise en doute ; cependant, à l'exemple de
Danton, il arracha à la mort plusieurs
victimes, entre sntres Hue, pmniernkt
de chambre de Louis XVI', ilassontasâ
la retraite, hors de Paris , de lï"* de
Staél. Le 6 septembre, jour où leségor-
geurs de la Force et de l'Abbaye ai-
traillaient les détenus de Bioètre dtnsli
cour de leur prison, Tallien vint aooos*
cer à l'assemblée que les massacres iTtieit
cessé; il parla en même temps de Tordre
avec lequel on avait procédé à ces exé-
cutions, vanta la justice et le désiiué'
ressèment du peuple, et finit en diaiot:
au surplus, il n'jr aidait là que des scé-
lérats.
Les élections à la Convention nttio-
nale ayanteulieusous cessanglantiiosiki-
ces, Tallien, âgé de moins de 34 aos [li
loi en exigeait 25), fat élu député urk
département de Seiae«et-Oise. Dei ii
séance d'ouverture, il rompit avec Pé-
thion et Manuel. Celui-ci ayant desundé
que Péthion, qui venait d'être âa pré-
sident, fût logé aux Tuileries, eût Boe
garde d'honneur, etc., Tallien dittoeos-
traire qu'un représentant du peQpW6^
vait avoir son logement au daquiàv
étage. Quand vint la discussion su ie
procès de Louis XYI, il s'bpposi lo
qu'on lui permit de choisir (ks défis*
senrs; à l'époque du jugement, il voU
contre l'appel au peuple, pour U pe*
de mort, et contre le sursis. Le jour oéot
du supplice de l'infortuné roi, TtliieBiî^
nommé président de la Convention. Tros
mois après, il s'opposa de toutes seiforce,
mais vainement, au décret qui trsdoiflit
Marat au tribunal révolutionnaire, h-
voyé, avec Carra, en mission dans lei<i^'
parlements de l'ouest insurgés cootn
l'autorité de la Convention, TallieD y
tint une conduite modérée; mais il e<^
tribua de tous ses efforts au saccès lé-
faste de la journée du 3 1 mai, et lorsque
plusieurs des députés proscrits lefareit
soustraits à l'arresUtion par U foîte, ce
fut lui qui fit rendre contre eui UàéctH
de mise hors la loi. Nommé oommiMiin
de la Convention à Bordeaux, ai^e^^'
beau, pour y poursuivre les débrii «
fédéralisme, après avoir immolé, coo^
complices des Girondins, les plosrieM*
négociants, il écrasa de oontribotions ar-
bitraires ^^^^ ^-* **"* -irtiéci. «
envoya
s ceux qui avaient surtécs/
à l*échéfaad, eoumêêS^^^*
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TAL
(««»)
TAL
•ilit»
•eoaptrewrti cmut q«i m
faire à let ntutùaoê.
(kpesmiukt UM droonftanoe fortuite
fit toQt à coap Miooéder à oeUe oondoîte
violente et taDgnineire un système de
modération. Vers la fin de 1798, Tel-
lien découvrit, dans les prisons de Bor«
deeux, M«>« de Fontenay, fille da ban-
quier espagnol Cabarms {voy, primcetse
de Chimat). Vivement épris d'elle k la
première voe, il céda sans résistance à
l'heoreose séduction que cette fèmone,
douée de tant de moyens de plaire, exerça
bientôt sur son cœur et sur ses volontés.
Grâce à elle, la main qui avait signé tant
d*arréts de mort ne signa bientôt plus
que des ordres de mise en lilierté. Ce
changement ayant été signalé au Comité
de salut public par les surveillants qu'il
avait envoyés a Bordeaux, Tallien fut
soudain appelé à Paris, oà il reçut un
fort mauvais accueil die la part des co-
mités, et surtout de Robespierre. Déjà
traité en suspect, afin de regagner la
confiance perdue, il affecta, au moins
dans ses discours, la plus grande exagé*
ration révolutionnaire. Cette manœuvre
lui réussit au point qu'en floréal an II,
il fut, pour la seconde fois, porté au fau-
Uuil de la présidence. Cependant Ro*
bcspierre ne le perdait pas de vue.
Instruit de ses liaisons avec M""* de Fon-
tenay, en même temps qu'il replongeait
*celle-ci dans les fers, il faisait expulser
Tallien de la société des Jacobins. Moins
touché de ses dangers personnels que de
ceux de la femme qu'il adorait, Tallien
ne vit plus de salut pour elle et pour lui
que dans la chute de Robespierre, et il
s'occupa sans relAche à la préparer. Nous
avons raconté à l'art, consacré au farou-
che dictateur les débats qui s'élevèrent
entre lui et Tallien, six semaines avant
la grande catastrophe du 9 thermidor.
Tallien fut le véritable héros de cette
journée qui sauva la France. L'énergie,
le sang-froid, la présence d'esprit dont
il y fit preuve en assurèrent le succès ; le
principal honneur doit donc lui en re-
venir. Nul autre aussi ne mit plus de dé-
vouement à assurer le gain de cette jour-
née. Chef ostensible et réel du parti
thermidorien, appelé au Comité de sahit
publici il us)i de «hattU iofluiiMQt foot
aetivw la mlM en liberté dea i
reux qui encombraient les prisons, il fit
changer de fond en comble l'organisa-
tion du tribunal révolutionnaire et fer-
mer l'antre des Jacobins (voy*)» Pendant
que cette réaction tutélaire s'opérait soua
ses auspices, au commencement de 1796,
Cambon lui ayant reproché dtemplojer
à desmanoBuvrescontre-révoltitionnairea
iomi tordeia Cmharrms^ Tallien s'écria
en pleine Convention que cette femme
était son épouse I
Cependant l'ingratitude d'iin parti
commençait à s'unir contre lui a l'ani-
mosité du parti opposé. Aux récrimina-
tions de ceux dont il avait détruit le
pouvoir au 9 thermidor, s'ajouUient, de
la part de ceux qu'il avait sauvés, des
souvennrs qui portaient moins sur ses ser-
vices récents que sur ses torts anciens.
Le peu de mesure avec lequel il usait de
son changement de fortune, le faste dés-
ordonné des habitudes de sa femnse,
augmentaient encore l'hostilité de ces
dispositions : aussi Tallien vit-il rapi-
dement décroître sa popularité. A peine
reprit-elle quelque laveur è la suite
d'une tentative d'assassinat dirigée contre
lui, tentative dont on alla même jusqu'à
révoquer en doute la réalité^ mais lors-
que, dans la journée du l*** prairial (SU
mai 1 795), l'anarchieessayadereleverson
drapeau dans Paris, pour la combattrup
on vit reparaître en Tallien l'homme du
9 thermidor. Il était commissaire de la
Convention auprès de Tarmée de l'Ouest
sous les ordres du général Hoche, à l'é-
poque de la fatale affaire de Qniberon,
De retour à Parb dans l'intention d'en
atténuer autant que possible les suites,
le parti révolutionnaire l'accusa de n'ê-
tre revenu si promptement que pour sau-
ver les émigrés proscrits par la loi, et,
pour échappera cetteaccusation, il s'em-
pressa de provoquer les rigueurs dont ils
tombèrent tous victimes. Non moins ar*
dent a poursuivre les fauteurs de Tinsur-
rection royaliste du 1 S vendémiaire, il fit
créer une commission de cinq membres à
la tête de laquelle il fut placé, et proposa,
contre les journalistes organea du parti
vaincu, des mesures destructives de toute
liberté de la presse. Thibandean iyoy.)
Vltttfii nolini^eal i 00 in)tl dans «au
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TàL (#70)
Ai» étnk\km lÉiMUii èB to Cui ettoa»
Bifare^ db«i rioflileiwe ¥éMl« avait été
a« aervioe da tooa las partis. Lors de Té-
tabliasaneot du réflnM ooBstkiiUoinMl
de PaD m, le sort it aotrar TalUen m
conseil des Ciaq^Cents. PriTé de tout
crédit et de Umto cotisidératioOy 11 sera«
jeia avee violence dans la voie de la ré«
volnlion, et ne réussit par là qn*à se fkira
traiter de ter^orlsupA^lesréactevrs, et de
traître, vendu en secret à ht canse de la
royauté, par les révolutionnaires. Ceux-ci
allèrent jasqn'à l'accuser d'avoir pris part
à la conspiration royaliste de Brottier,Du-
QHn et Lavillehtumoy. Le IS fructidor
an y (6 septembre 1797),Duniolard ayant
renouvelé à la tribune les reproches que,
deux ans auparavant, Thibaudeau avait
adressés à Tallien, celui-ci les repoussa
dans un discours rempli de mesure, oà^
tout en faisant l'aveu de ses enunrs, pro»
duit de l'effervescence révolutionnaire,
il protesta que ses intentions avalent ton*
jourt été pures. Allié du Directoire au
1 S fructidor, loin de profiter du succès
de cette journée pour se v«nger de ses
détracteurs, il oITrit un secours utile à
plusieivs des proscrits.
Sorti, en 1798, du Corpe législatif et
non réélu, Tallien suivit en Egypte Na*
poléon Bonaparte. Devenu, en ce pays,
administrateur des domaines nationaux,
il rédigea au Caire un journal intitulé
kl Décade égyptienne. Après la retraite
du général en chef, Menou^ qui le rem-
plaçait, força Tallien à se rembarquer
pour la France, et envoya contre lui une
dénonciation au Directoire. Le bâtiment
qui le poruit ayant été capturé par les
Anglais, le club des wbig» loi fit à Lon*
dret une brillante réception, et lut oCfHt
un banquet où il fàt placé à côté de Fox.
Ayant reçu de la duchesse de Devonshire
son portrait entouré de diamaots, TaU
lien garda le portrait et renvoya la gar«>
niture. De retour en France, il y fut
fort mal accueilli par le premier consul,
et plus mal encore par sa propre femme,
qui bientôt demanda et obtint le di*
voroe. Déchu de toute faveur, et sans
emploi pendant plusiettrs années, ce Ht
seulement en 1605 que, sur la recom*
TAL
H oMatkcoumikitd'Allmiia.Anihi
en ce pays de la fièvre jeune qai liiit
perdre on mil, il revint en Frsaee,(m
le traitement dont il joaissait esnne
consul lui fut longtemps censsrvé.Son
la restauration, il demeura tranqeflh a
ne ftit nullement inquiété; mais il Isnk
à la fois dans l'oubli et dans ans uUe
misère que, potir subsister, il fot obTifé
de vendre sa bibllotbèque. A psias fit-«
attention à sa mort, qui eut Iles le M
novembre 1830.
La vie de Tallien est une de esUcs^
offi^nt le plus de sujets de niééititian
è ceux qui se jettent aventnrtaianeit
dans la carrière des révolutions. On trot-
vera des deuils curieux sur st uiaiu
à Bordeaux dans le rapport de (!oi^
lois, souvent cité dans la notiee oosn-
crée à Robespierre. La fille miiqwè
M""* de Fèntenay et de Tallien, sajov^
d'hui comtesse de Pelet, reçut, à is stii-
sance^ le prénom de Tbermiéor; elle
t'en glorifie, et c'eat avec raison. P.A.?.
TALLIPOT, arbre gigantesqieè
l'Ile de Ceyian. Fay. ce nom.
TALMA (F&avçois-Joisni)>pl«
gtund tragédien peut<>étre qui sit il*
lustré la scène française, naqûitàPiriii
le 15 janvier 1768. Il passa lesprenièrs
années de sa vie à Londres oè s'était lié
son père, dentiste de professiott. Rsnesé
è Paris, où il fiât mU en pensioB, Tilai
n'était encore âgé que de 10 ans Ion-
qu'on vit éclore en lui la première étin-
celle de ce feu Mcré qui est le géetede
l'artiste. Chargé d'un rôle secosduR
dans un exercice dramatique dirigé pe
son instituteur, il entra tellemeet dm
l'esprit de la situation où se troonitie
personnage, qu'au mUieu d'un rédtpi-
thétique il fondit en larmes et perdit
connaissance. De retour en Angleten*,
il suivit amtdûment le théâtre, s'sppii*
qua à l'étude de fai langue angItfM) ^
joua avec un tel eucoèt sur diverses fc^
nés particulières, que plusieurs mesi^
de la haute noblesse engagèrent son p^
à le laisser suivre, daua leur pays, 1> ^
rière où Garfick s'était à la fois ilhutréel
enrichi. Mak Tahna le père, qal toj»*
un plus sûr moyen de foHOne poorsw
fib dans Texercice de sa profnriooj*
lUWfDyu «s Vi«M% oà il étudié en «M
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fmimtrffk de dmt tm^ ê«tt« bptiicbe
dto U ehiriirgle. Copéndaitt ooe de ces
▼oottioiis doDt aucune résbtance mt siu-
rftU TSinore U force efipeliit le jeune den«
titte eu théâtre, ilçrès quelque» essais
en sooMté, enyré^ en 1786, à l'école de
dééUmailony il y re^t les le^ns de Larite
elde^leury^etyletr nov. 1787, it parut
pont la première fois sur la scène française
dans Je rôle de Séide de la tragédie de
Mêhomâtf et dans celui de Dormllly des
Fausses infidélités. On sait que tout as-
pirant an sceptre tragique derait alors se
montrer, eiissi dans la comédie. Ce der-
nier genre ne. con?int jamais è Talma ,
dont la noble et sétère physionomie ne
pouvait se prêter à l'expression de la
gaieté ; dont l'organe puissant, mais un
))eu Toilé, traduisait è merteille les im-
présent de la colère, de la fierté et de
la mélancolie, mais était dépourvu de
œtte tonpleascy de cette légèreté incisive
qui doivent animer le débit du dialogue
comiqne. L'exigence des règlements obli-
gea pourtant Talma è s'essayer pendant
quelques années danè te rôle de seconds
amoureux et autres accessoires tellement
modestes, que plus d'une fbis on l'a vu
paraître en scène rien que pour apporter
«ne lettre.
Cependant son premier début avait
Kiit reconnaître en loi toutes les qualités
essentielles à l'acteur tragique, une haute
intelligence, une sensibilité vraie et une
énergie entraînante. Ce fbt dans le cours
de ses études qu'ayant joué le rôle de
Polynice dans OEdipe éhez. Admète^ de
Duois, celui-ci, après la représentation,
lui dit gaiement en lui frappant sur le
front : Je vois bien des crimes sur cette
iéte-là*' La vogue ne fbt pourtant ac-
quise «n jeune acteur qu'au bout de deux
ans, mais il la conquit avec éclat, d'un
seul eoup , par la création du rôle de
Charles IX, dans la tragédie de ce nonl.
On se rappelle d'ailleurs quelle influence
lesoireonstances politiques exercèrent sur
le sort de cette pièce, qui obtint un suc-
cès prodigieux et bien au-dessus du mé-
rite Ulfiéraiie de l'ouvrage; ce succès
était Hé k celtii de la révolution, dont
Talma avait adopté les principes avec
toute l'ardeur de son âge et tout l'en-
thousfasihe d'une âme d'artiste. L'esprit
qui dominait à la Comédie-Française
était, au contraire, opposé au triom-
phe de cette cause. Longtemps ajournée,
la représenution de Charles /JTfit éclater
de nombreuses dissensions au sein de la
société dramatique. Appuyé par Mira-
beau, excité par Chénier, encouragé par
lé public, Talma, en lutte ouverte avec
la plupart de ses confrères, vit son ca*
ractère et ses intentions méconnus et
attaqués d'une manière odieuse ; un duel
eut lieu entre lui et Naudet , son princi-
pal antagoniste, et, malgré les généreux
efforts de Larive, ses ennemis parvinrent
à le faire exclure du Théâtre-Français.
Il y était d'ailleurs regardé comme un
novateur malencontreux ,
pour avoir
. (*)GatSaaM«âfttfrafoanià]i.Dacii,pciatM,
aereii da célèbre poète et beaa-frèra de T«l«a,
le sujet d*ane charmaate compositioD. exposée
|l:y e ^asi^ass aii^éis sli âaloa de peTotare,
essayé d'Introduire la réforme dans les
habitudes surannées du costume adopté
dags la tragédie, réforme déjà tentée
avant lui par M"* Clairon et Lekain,
mais où tous deux avaient échoué. Per«
sonne n'ignore que le bienfait en est dû
à la persévérance éclairée de Talma, a
son zèle pour la gloire de son art, à ses
longues études sur toutes lies parties de
cet art, que personne n'a compris aussi
bien que lui, de même que personne ne
Ta autant honoré.
En 1 79 1 , la réunion de Talma a Mon-
vel et à MM™^ Vestris et Oesgarcins, dans
le local encore occupé aujourd'hui par la
Gomédîe-Frànçaîse, de vint le noyau d'une
société dramatique rivale de celle qui sié-
geait au faubourg Saint-Germain. Les piè-
ces de Ductsetcelles de Chénier alimentè-
rent d'abord le répertoire de cette nouvelle
scène, qui, depuis 1792 jusqu'en 1799,
subsista à part sous le nom de Théâtre
de la République, Le rôle d'Othello fit
faire un pas immense à la réputation de
Talma, et celui d'Égysthe, dans \^Àga^
memnon de Lemercicr, vint y ajouter
encore. A partir de cette époque, cha-
que nouvelle création fut un nouveau
triomphe pour ce grand acteur, qui a
prêté tant d'éclat a une foule de compo-
sitioOs modernes, et qui s'est montré le
plus digne interprète des chefs-d'œuvre
des indena mtttrea. On avût pu d'aborà
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TAL ( «72 )
reprendra daiM «Ml j€« rat dMkw trop
peu réglée, quelque Undanœ à Feiegé-
ratioo. De nouvellet éludée firent diepe-
retire cet défauts , et mirent à le puce
une meiurei une profondeur, une sefene
de diction, une combûuûson d'effete,
enfin un ensemble hennonleui de corn-
poSilion qui, en réélisent eu plus lieut
degré Fidéel du penonnege, ne laisseient
)smen Toir Tacteur. Le pose, le^este,
la parole, le physionomie, tout éteit d*ec-
cord dans Talma pour porter Tillusion
eu comble, et, à côté et moyens d'une
admirable simplicité , naissaient à cha«
que Instant dans son jeu des efiels d'une
puissance prodigieuse.
Ce fut surtout eprie le réunion des
deux troupes, en 1799, que le sujpério*
rite de Telma sur tous ses émules eppe*
rut evec éridence. En vein, eprès le re-
treile de Larite, un engouement peseeger
semble essigner le première pièce à Le-
font {voy. ces noms), qui veneit de se
produire evec éclat sur le scène. Cette
pièce ne cessa pas un seul jour d'ep(Ar-
tenir à Talma, et, pendent plus de vingt-
cinq ans, il y acquit sans relâche de nou-
▼eenx droits. Pour éuumérer see titres
à cette constente soprémetie, il fendrait
citer tous see rôles. Nous ne pouvons
nous dispenser cependent d'indiquer
quelques-uns de ceux auxquels il im*
priou plus perticulièrement le sceeu de
son génie. Nous reppellerons donc ceux
d'Auguste, de Sévère, de Micomède,
d'Oreste, Néron et Joed ; de Rbadamiste,
Œdipe, Ledisles, Manlius,Hemlet, Mac-
beth; de Jeoques Molay dans les Tem*
pUers f et de Leicester dans Marie^
Stuari. A ces edmirables créetions dene
le tregédie, il faut ajouter les rôles de
Pioto, de Piaule, de Shakspeare amou-'
rtux^ et de Denville de t École des
FteiÙardSf qui appartiennent à le haute
comédie ou au drame historique. Cette
merveilleuse flexibilité de telent, eee
étonnants travaux qui firent de Telme
ridole d'un public écleiré, lui acquirent
en même temps le faveur, nous devrions
dire l'emitié du héros du siècle. Dès
1790, une lieison s'étsit formée entre
Telma et le lieutenent d'ertillerie Nepo*
léon Boneperte. L'ecteur , déjà en renom,
obligef en plus ^'uoe cif constance 1; mi;
TAL
liteire eno^ iaeeuMi. GeM-eieeres*
blie pas, et le grand ewpsrenr aoiiBUi
evec usure lee servioee rendus se jcssi
officier. Toujoiws raoonneisseot st dé-
voué, Talme n'abuse jemeie de sa fimv;
admis dans la familiarité du sopfiniBf
jameis non pbs il ne e'éctrta dsseoevc-
nances de se sîtuetioii*
Le jouissance d'iMM oonsidéiatioB b
Uen acquise ne fut oependent pss tos*
jours sene mélenge d'amertume. laA
que Telme porteit si dignement lesee^lR
de le tregédie, le critiqaeGeoaN^(eo)r.j
exerçeit, en Journal des DSatti sm
puissence de controvOTse qs» ses laniè-
res et un goût exercé nnreîcnt pu nain
très profiuble eux intérêts de rert,iini
pertielité fondée sur Ice plus vils cake
n'eût été presque toujours le régis <kie
jugemenU. Trop pénétré de la éipiié
de cet ert pour rechercher une Joe«p
vénale, Talme ressentit peut-étie tnf
vivement les etteintes d'une critigoeio-
juste et pessionnée, et, une foi* *>>'^')
il les repousse per un procédé aunicos-
treire è le prudence qu'à le modérstioo.
Disons cependent que le derd de folli-
culaire devint un puiseent eiguillra pie
le génie de l'artiste, et que Teins, sjie
redoublé d'efforts, pervint, grke à b
persécution, à Tepogée du sueoès.
Presque sexegéneire, Talme Iffuin
se carrière théâlrele per deux desei^ii
remerquebles créations, en éublie»^
dens le fane Shore , de Lemerdefi *
rôle du hideux Richerd III, et oelsi<)i
malheureux Charles FI, dans Istiif^
die de ce nom , per M. Alexeodrschl^
Ville. D4jà, cependant, Talme étsit*^
fecté d'une lésion orgeniqoe .qai (^^
prometuit son existence. Au cosimO'
cément de 1826, il entreprit ee l^of"
mendie une tournée dramatique ott***
pas furent merquée per antant ^'^
jHons. A son retour, le nuil fit iie r^
des progrès; soumis a un ré§iflies6vèf%
il en éprouva un eoulageesent, è 1* ^
duquel il se crut à tort en état de co""
valescence; une imprudence oct$»f>^
une rechute, bientôt euivie de U vf^
il succombe le 19 oct. 1S36. Q»»^
danger fut connu, M. de Qoéleoi êi^
véque de Péris, pour leqneM* V^^ ^
leur f ni| WP coni||dére)Joi| t^f^'
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TAL
(673)
TAL
c«li(àf«y teaU deux foit de péDétrer auprès
de. son lit de mort pour lui offrir les se-
court de H reKgioD| mais il ne put y réus-
air. On ue sait comment qualifier la pré*
occupatioo des témoins qui s^opposèreot
aux effets d'un zèle que Talma lui-même
eût sans doute mieux apprécié.
Homme excellent, étranger à toute in-
trigue et i tout esprit de coterie, Talma
ne fendit que des senrices, et, s'il fit des
ingrats, il ne fit jamais de mécontents.
Sa bonté finit par désarmer Tenvie, et
sa tombe n'entendit que des éloges et
des regrets» Ce grand artiste avait été
marié deux fois; sa seconde femme, au-
jourd'hui comtesse de Ghalot, fille de
facteur Vanboye, s'est acquis une grande
réputation au tbéàtre, dans le genre du
drame et de ta haute comédie.
Talma a publié, en 1825, un écrit in-
titulé Réflexions sur Levain et sur l'art
théâtral f brochure in-8<», de 72 pages.
Cet essaiy dont le style est d*une lucidité
et d'une éloquence qui feraient honneur
aux plumes les plus exercées, prouve
que personne ne savait mieux que le Gar*
rick français joindre au besoin le pré-
cepte à Texempte, et que dans le grand
acteur il y Ivait l'étoffe d'un excellent
écrivain. P. A. V.
TALMONT (pBiHCEs db), voy. La
Tbïiioillx.
TALMUD. Par ce mot, qui signifie
science orale, c'est-i-dire ce qu'on sait
pour l'avoir entendu enseigner de vive
voix, on désigne le livre qui est la source
principale de la loi juive et du judaîâroe.
LeTalmud se compose de deux parties,
la Mischna et la Ghemara. A l'époque de
l'édification du second temple, il s'était
développé, k côté de la loi de Moïse, des
institutions juridiques et religieuses qui
devaient leur origine soit à d'anciennes
traditions, soit à une interprétation allé-
gorique de la lettre de la loi, ou bien à
de nouvelles idées répandues parmi le
peuple ; mais l'opinion générale les fai-
sait toutes remonter à Moïse, aux pro-
phètes et aux so/erim qui devaient les
avoîf transmises de vive voix : de là le
nom de loi orale.
Les premières traces de la Mischna se
rencontrent du temps de Jésus ; cepen-
dant cet ouvrage, tel qu'il est aujour-
Enefclop. d.G.d, ^f. Tome XXL
d'hui, ne date que du m* siècle. Ce fut
le patriarche Jehudà-le-Saint qui entre-
prit le premier de le mettre en ordre,
vers l'an 2 1 9 de notre ère, et une géné-
ration s'écoula avant qu'il fût terminé.
Il comprend VI livres divisés en GO ou 63
chapitres, et traite des prières et des bé- *
nédictions, de l'agriculture et du sacer-
doce , du sabbat, des jours de fêtes et de
jeûne, des dîmes, des lois du mariage
et des vœux , des obligations et du droit
criminel, de la morale et de l'autorité de
la loi; du service du temple, des sacrifices
et des privilèges du sacerdoce , du pur et
de l'impur. Il est écrit en hébreu mo-
derne.
La Ghcmarûy qui contient les opinions
et les discussions d'une période posté-
rieure s'étendant jusqu'au v* siècle ,
n'est, à proprement parler, qu'un com-
mentaire de WMischna^ écrit en idiome
araméen. Cependant on y trouve aussi
des fragments en hébreu, ainsi que des
contes, des poésies, des récits qui ne lais-
sent pas d'être importants. Il y a deux
Ghemarasy celle de la Palestine ou de Jé-
rusalem, qui embrasse 39 chapitres de la
Mischna et a été rédigée vers la fin du
lY^ siècle; et celle de Babylone, qui n'en
comprend que 36 malgré sa quadruple
étendue et qui fut terminée vers l'an 500.
De là un Talmud babylonien et un TaU
mud de Jérusalem, C'est le premier qui
jouit de la plus grande autorité dans les
écoles juives.
Depuis le viii^ siècle. Te Talmud a eu
un grand nombre d*habiles commenta-
teurs ou glossateurs ; mais aucun n'a sur-
passé Moïse Maïmonide {yoy^ et Oba-
diah Bartenora, dont les commentaires
(impr.àNaplesenl490etl492)ont été
publiés en latin avec le texte par Suren-
husius [Mischna j seu totius Hebrœo-
rumjurisy rituum^ antiquitatum ac le^
gum oralium systema^ cum commenta^
riis integris Maimonidis et Bartenorœ^
Amst., 1698-1 703, 6 vol. în-fol.). Le Tal-
mud a eu beaucoup d'éditions, dont la
première, aujourd'hui très rare, portait
ce titre : Talmud babylonicum integrum^
Venise, chez Bromberg, 1 520-22, 1 2 vol.
in-fol.; une édition fort bonne c&t celle
d'Amst., 1644-47, 12 vol. in-fol. Bom-
berg a imprimé en outre le Talmud
43
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TAL
(674)
TAL
ki€r(>iofymiianmm,YmàÊtfi$74,bk-îo].
La dernière édition de U MischnCf en
caractères hébraïques, est celle de Betlin,
16S4. Différents traités da Talmud ont
été imprimés séparément , et l'on en
. possède aossl des abrégés ; d'aillenrs on
a publié des anthologies taimndiqaes et
des paraboles tirées de ce livre célèbrey
sor le caractère, la forme et le style du-
quel on peut consulter les ouvrages dé
Jeschaa, AYsehner, Lozzato, Zunz «tDe-
litzsch. On n*en a jusqu'ici traduit que
quelques fragments. C. L,
TALON, voY^ PiBD.
TALON (Ombr), avocat général au
parlement de Paris, mort le 39 déc.
1652, è rage de 67 ans, a offert un des
plus nobles types de l'éloqueDce parle-
mentaire en France avant le siècle de
Louis XIV. La famille de Talon avait
fourni dès lors, et elle a depuis continué
de produire d'éminents personnages dans
Tordre de la magistrature. Après de for-
tes études, terminées sous la direction
de Jean Pantruy, docteur de Sorbonne,
d'abord son précepteur, puis son ami et
son conseil, Omer Talon, destiné aussi
à la robe, se fit recevoir avocat en 1 6 1 3.
Il prit bientôt un rang très distingué
dans le barreau ; il s'y était soutenu di«
gnement pendant dix-huit années, lors-
qu'il consentit à se risquer dans les fonc-
tions d'avocat général, que son frère
venait de résigner en sa faveur (15 nov.
1631). « Je ne pouvais, dit-il dans ses
« Mémoires , me résoudre dans une
€ charge que j'avais'vu et entendu avoir
« été remplie des plus grands hommes du
« siècle passé, reconnaissant bien que je
« n'avais ni expérience ni suffisance qui
« approchât de celles de tous ces mei-
« sieurs.... »
Omer Talon avait épousé, en 1625,
Françoise Doujat, fille d'un avocat géné-
ral de la reine Marie de Médicis et de
Gaston, duc d'Orléans. On peut expli-
quer par la déférence extrême qu'il
montrait envers les suggestions du foyer
domestique certaines tergiversations qui
appanirent dans sa conduite pendant les
troubles de la Ligue; contradictions dont
le cardinal de Retz croit rendre suffi-
sante raison en les imputant aux « tor-
« renu qui courant dans ce» aortes de
« tenps avae une impétnosité ipiipie
a les honunes en un même monent de
« différents c^tés. » Il faut recooDittre
du moins qu'Orner Talon neislaisuji*
mais pousser à la violence ; et qoiat i
la faiblesse qu'on peut loi reproeber,
elle n'éuit pas de celles qui eotschoit
l'honneur ou l'honnêteté des saitinenu.
Aussi conserva -t- il, par TasceadaDt 4e
son talent et de sa vertu, durant ces ora-
ges politiques, une notable ioflaflocesu
les délibérations du Parlement. Leidif
cours et harangues qu'il pronoD^n
sein de cette compagnie se rapportent,
pour la plupart, aux cou jonctoits diffi-
ciles et aux embarras du royaume; w
langage, toujours noble et ferme, porte
un cachet particulier d'effusion et de
franchise, où se révèle l^pplicatipnqo'il
apportait, comme il le dit ltti-ffléffle,i
« rétablir dans nos cours l'ancien lu-
« gage de nos ancêtres, ce langage qu'aie
(t mauvaise et infâme adulation a lû
a hors d'usage. »
Quant à ses Plaidoyers en vMJûikn^
vile^ on y trouve raison, doctrine, én-
ditlon parfois trop prodiguée; niaii c'é-
tait le vice du temps ; un s^s presqx
toujours droit, et dans chaque cause i«
exposition lumineuse des principes et ils
motifs de décider.
Les Mémoires qu'Omer Talon 1 1*
ses sur les affaires de son temps (conti-
nués jusqu'au mois de juin 1653'pir«i*
fils Denis, voy, plus loin), et suxqoel»
se trouvent jointes des pièces jnstifi<^'
ves, figurent avec honneur dans la col-
lection des Mémoires relatifs à thislofft
de France; ils sont, selon l'expre*»
de Voltaire, « l'œuvre d'un bon citoyei
et d'un bon magistrat. ^ La première
édition, due à Ant.-Fr. Jolly, pwot»
La Haye en 1732, 8 vol. in-13.
Un choix des Œuvres d'Orner et à
Denis Talon a été publié en 1831, 6 vol.
in-8% par M. Rives, aujourd'hui con-
seiller à la Cour de cassation j V*^^
de cet article a rendu compte de ceiu
publication dans la Revue encydop^'
que de mai 1822, et signalé, par qoel-
ques extraits de ses principaux discoBrS)
le genre d'éloquence d'Omer Talon, «J
exprimant le regret qu'un assez graoB
nombre de pièoei n'eût pat tronTépb^
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TAM
(675)
TAM
dans cette coUegHon. Le reeneit complet
des mannsèrits d'Omer et de Denis Ta*
)on que possède la bibliothèque de la
Chambre des dépufés n'en consenre que
plus de prix.
' Né k Paris aa mois de juin 1 638, De-
vis Talon n'arait que 24 ans et demi et
exerçait de^is deux ^ans déjà les fonc-
tions d'avQjcat du roi au Châtejet, lors-
que la mort de son père l'appela à la
survivance de sa charge d'avocat général
au Parlement de Paris. 11 recueillit au
début y comme héritage paternel , une
flatteuse distinction, le titre de conseiller
d'état, et justifia cette idveur smticipée
par la dignit^de son caract^ et l'élé-
vation ^e son talent.
L'une des première&^affaires dans les-
quelles il eut à porter la parole fut ceUe
du docteur Arnauld contre les examina-
teurs de son livre des Qnq propositions
de fansénius; Si l'on put pressentir
dans* les conclusions du jeune magistrat
Ténergîe qu'il déployii plu» tard dans
ses réquisitoires de 1663, 1665, 1677,
1683 et 1688, alors qu'ail s'agissait de
mettre un Juste freirt aux entreprises ec*
clés ias tiques et au débordement des idées
ultra montai nés» •
Plutôt que de se heurter contre l'in-
flexible^ droiture .de sa conscience, on
t'envoya procureur général aux grands
jours d*Âuvergoe en 1665, pendant qu'on
instruisait, avec une scandaleuse partia-
lité, le procès du stU'intenjantFouquet.
Denis Talon ^- fut nommé par le roi
président à mortier en 1 693 , et il mou-
rut U 2 mars 1698. D.
TAMARIN ou Tamaainier (tama-
rindus indica^ L.),*arbre"de la famille
des léguminemes. Il croit dans 1^ ré»
gioDS intertropicales de l'Asie et de l'A-
frique ; du reste, on le cultivé dans ces
contrées, ainsi qu'an Egypte, en Syrie
et en Perse. Le fruit dh tamarin renfer-
me une pulpe acide, que les OrieiUaux
recherchent \ bause de sea qualités ra-
fraîchissantes; ils en font des sorbets et
des confitures ; à forte dose, cette pulpe
devient purgative : c'est à ce titre qu'elle
trouve place dans la pharmacopée turo-
péenne. En. Sp«
TAMARISC ou Tâmakis {tama-^
riscus des botanistes anciens ^ tbmarix^
L.), genre type' de la famille des tama^
riscinées. Les tatnariacs sont des arbres
ou des arbrisseaux d'un port très élé-
gant, à rameaux effilés, à feuilles très
)>etiles, charnues, imbriquées sur des ra-
mules filiformes, à fleort roses oU bien-.
ebâtres très abondantes, disposéet en épM
grêles et cylindriques. L'écoree de ces
^éuux est astringente; les médecuM
anciens lui accordaient des propriétéa
' diurétiques et apéritives. Une espèce in-
digène dans l'Arabie Pétrée (tamarix
manniferay Ehr.) exsude une substance
sucrée qui, suivant quelques commenta-
teurs de la Bible, serait la manne {yxyf.)
dont se nolirrissaient les Hébreux dans
le désert. Le tamarlsc commun ou tama-
rîsc de Narbonne {tamarix gallicOy L.)
et quelques autres congénères se cnlU*
vent fréquemment dans les plantations
d'agrément. Éd. S».
TAMBOUR, motdérivé deVcspegnol
tamhory qui lui-même vient de l'arabe
aliambory et sert à désigner le soldat por-
teur d*un instrument appelé caisse^ au-
quel on donne aussi par extension le
nom de tambour. Cette caisse, de forme
cylindrique, composée d'un fàt en cui*
vre, de deux cercles et de deux peaux,
retenues et tendues par un cordage et dix
tirants en bufQe, sert, au moyen du bruit
produit par le frappement en mesure de
deux baguettes en bois des Iles, à mar-
quer le pas cadencé d'une troupe en mar-
che. Tout porte à croire que cet instru-
ment était en usage chez plusieurs peu-
ples de l'antiquité, quoiqu'il f&t inconnu
aux Grecs et aux Romains. Il a été im-
porté en Europe par les Sarrasins; il était
déjà adopté par les Cspagnob, les Ita-
liens, les Allemands et les Anglais, lors-
que, vers le milieu^dn xrv* siècle^ il a été
introduit dans notre infanterie, où,' de-
puis cette époque, l'usage s'en est con-
servé. Les tambours qui marchentè la tête
des troupes furetât d'abord considérés
comme Talets des chefs de corps, et por-
taieni leurs livrées. Aujourd'hui, leur
uniforme diffère peu de celui des soldats,
sur lesquels ils ont seulement l'evantage
d'une haute paie de 10 centimes par
jour. Chaque régiment entretient une
école de tambours recrutée des enfants
de troupe et des levées nouvelles. Ibaont
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TÂli
(676)
TAM
■ont kt ordres dW tambour^majùry qui
ne porta pat de cftiase, mais qui est armé
d*uDe forte canne en jonc surmontée
d'ane grosse pomme d'argent. Elle lai
sert à régler les différentes batteries de
caisse, que les tambours exécutent sur
un simple mouvement de sa canne. Le
tsimbour-migor, dont la Création parait
remonter jusqu'au règne de Henri I^
est tovg^ura d'une haule taille; son cos-
tume est richement galonné d'or et d'ar- ' ou avril 1336. Il était fils d'ao pe(it
gent ; son chapeau est orné d'un yolu-
mineuz plumet aux couleurs éclatantes.
Depuis l'ordonnance de 1763, le tam-
bour-major est assimilé aux sergents- ma-
jors, et il a sous ses ordres immédiats
des caporoMX'tambourSf appelés autre-
fois tamboun'maÙreSf dont le nombre
correspond à oelui des bataillons d'un
régiment. Chaque compagnie a deux
tambours, et jamab un détachement
commandé par un officier ne marche
sans un tambour. En présence de Ten-
nemi, un parlementaire est toujours ac-
compagné par un tambour ou un trom-
pette. Les différentes batteries du tam-
bour sont : le rappel ou la générale^
pour convoquer les troupes ; la retraiUy
pour leur annoncer l'heure de rentrer à
la caserne, ou encore la fin d'un com-
bat ; la charge, pour les faire marcher
en avant contre l'ennemi ; le ban, pour
recevoir un officier à la tète des troupes ;
la breloque ou fascine , pour préve-
nir les travailleurs ; la diancy le roule-
ment, V assemblée, aux champs, au dra"
peau, etc.
On appelle tambour de basque ou
tambourin un petit cercle de biois re-
couvert d'une seule peau et orné de gre-
lots, qui se joue avec le bout des doigts.
On lui attribue une haute antiquité;
mais on ignore d*où lui vient son nom,
car il est inconnu au peuple basque,
dont il semble le tenir.
Figurément, l'on dit de quelqu'un sur
qui l'on t remporté plusieurs avantages
prompts et décisifs « dans les affaires,
qu'o/i Pa mené tambour battant. On dit
proverbialement ce qui vient delaflâte
s* en retourne au tambour, pour indi-
quer que des biens mal acquis se dissi-
pent aussi aisément qu'ils ont été amas-
«és. D. A. D.
TAMBRLAN, nom.porrompiids7^
mour lenk, c'est-à-dire Timour le boi-
teux, sous 'lequel il est désigné ptr les
Orientaux. Lui-ménï^ s'appela aussi Ti-
mour^Kourk/tan, Timour, gendre do
khan *, tandis qu'il figure dans les cbro*
niques russes sous celui de Témir
(l'Homme de fer) Aksak (le boiteoij.
Ce graml conquérant tatare naquit à
Kesch, dans la Transoïane *^y en man
émir de la Iponarchi^ mongole de Djag-
gataî ou Tchagataî ***, alors en déct-
dence {voy. Mongols), et descendait,
par les femmes, de Tchibghiz - Kbu
[voy.). SoQ éducation, toitte gaernère,
fut mise à l'épreuve dèl l'Agé di 12
ans; mais ce n'est qu'à 24 qa^il cou*
mença à attirer sur lui l'attention. To{-
, louk*TimQur, descendant de Tchinghii,
avait usurpé l'empire de Djiggitaî,ei
envahi laTransoxaneenrl 860. Tameriai,
chef de la tribu de Berlas, par laaort
de son pèie et la fuite de son oade^ At
confirmé par Toglouk-Timoor daas a
souveraineté de Kesch , et reçut aèae
un commandement de 10,000 bonats.
Une insurrection de l'émir Houceinajant
jappelé Toglouk dans la Transoxane, il
y laissa son fils, Élias-Khodjah-A^
pour gouverner le pays avec l'assistaiw
de Tamerlan. Mais celui-ci ne pftt sV
tendre avec les autres ministres dllus
et il alla rejoindre dans le désert deKkht
l'émir Houceiu, qui était son besa-frèrt
Après plusieurs aventuras et une expédi-
tion dans le Séialan , ou il reçat deox
blessures qui le vendirent boiteoi (t
manchot, il accompagna Hbucein, à k
poursuite d'Elias, aie venu successeur*
jon père en 1863. La victoire et l'a»!»»-
tion furent alors sur l»|>oint de désuir
Timour et Houcein; mais la poHtiq^
prévalut, et, dans une grande diète ré*|
nie par leurs soins, un pauvre derricM
(*) M. de Hammer, dans VHistêirt rft^ J**
d'or, écrit Gurgan, • ^ ,
(*') PetKe Tille da khinat deBokIun.«
sud-ouëst de Samarcande, qui figure sar b cart*
d»Arrow«rfth soas la«om de Ckdj/iS*»^*-^ \
(?•*) Ainsi nomwée d'an fiU JêTchiHr.
Kban et de sa iHba.La langue da Djagg'»'^
un idiome turc (voyX dont un âklkfitirireje^
imprimé à Calcutta. D'après Bt de Hj»^
I J^loe. eU., p. ao), ce scrail le nséaie q«e «w*r^ ,
• Oaïgoors,
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TAH
(677)
TAM
de la racft de Tcbinghiz-Khao, Kaboul-
Aglen, fut proclamé khan de la Trans«-
oxaae. Elias accourut aussitôt, et mit
en déroute l'armée de Tamerlao et de
Uoucem ; mais , contraint à la retraite
par la résistance des habitants et par la
mortalité qui se déclara au milieu de ses
troupes, il laissa le pays au pouvoir de
ces deux rivaux. Ceux-ci s'observèrent
en silence jusqu'à la mort de la femme
de Tamerlan, arrivée en 1 365; une fois
ce dernier lien rompu, ils prirent les ar-
mes Pun contre Tautre. La crainte d'E-
lias les rapprocha encore une fois,' mais
ce ne fut pas pour longtemps. Enfin ,
après une nouvelle guerre suscitée par
Houcein, cet émir tomba entre les
mains 4« Tamerlan , qui le fit mettre à
mort, ainsi que le khan Adel-Sullhan,
qu'il avait substitué à Kaboul-Aglen ; et
il demeura ainsi seul maître de l'empire
en 1370.
Proclamé saheb kéran ou maître du
monde, Timour s'attribua le pouvoir sou-
verain, tout en laissant le vain titre de
khan aux princes de la race de Tchin-
ghiz; il fit de Samarcande (Boukharie)
sa capitale, et commença par rétablir
Tordre dans l'administration de ses états;
puis, Tannée suivante, en 1 371, il courut
aux armes, et entreprit la soumission de
Kaschgar et du|^hmrizm, qui ne furent
complètement conquis que dix ans après.
En 1 37 6, il marcha au secours de Tokta-
mysch, descendant de Djoutchy et sou-
¥erain de la Horde d'Or {voy. ce mot et
KiPtCHAK) qu'Ourous-khan, autre des-
cendant de Tchinghiz, avait dépossédé.
Timour le rétablit sur son trône. Encou-
ragé par ses succès, il envahit, en 1 380, 11-
ran(Perse),encore au ponvoirdesMongols,
mais divisé entre un grand nombre de
princes. Il subjugua tour à tour le Khora-
çan , le Djordjan, le Séistan, le Mekran
et TAfghanislan. Il se contenta des hom-
mages' des princes du Mazanderan et
de l'alliance d'Ahmed-Djelaîr, dont les
états s'étendaient depuis TAraxe jusqu'au
golfe Persique. Mais saisissant le pre-
mier prétexte pour s'emparer de cette
proie qu'il convoitait , il pénétra dans
une des provinces de ce souverain, passa
l'Araxe, et entra dans la Géorgie, dont
il força le roi Bagrat Y à embrasser l'is«
lamisme {voy. T. XII, pi 856). Après
avoir reçu la soumission du Chirvan, du
Ghilan, etc., et avoir forcé dans leurs
retraites plusieurs che£i des tribus tnr-
comanes, il tourna ses regards sur les
provinces du sud-ouest de la Perse, où
régnaitChah-Ghoudja, qui pourtant avait
conclu une alliance avec lui ; mais le fils
de ce prince ayant fait arrêter un ambas-
sadeur de Timour, celui-ci pénétra aus-
sitôt dans ses terres, et vint assiéger Is-^
pahan, dont il s'empara en 1887. L'im-
pôt de guerre ayant donné lieu à une
émetite qui coûta la vie à 8,000 Tatars,
Tamerlan , naturellement vindicatif et
cruel, en tira une horrible vengeance. Il
ordonna un massacre général de tous les
habitants, et 70,000 tètes, incrustées
avec le ciment ^t la brique, servirent à la
construction de plusieurs tours, monu-
ments de sa férocité. Il plaça ensuite un
nouveau prince sur le trône, et retourna
à Samarcande , où il employa deux an-
nées à étouffer les révoltes survenues
dans ses états. En 1 888, il alla repousser
les hostilités de Toktamysch, qui, ne
voyant en lui que l'usurpateur d'un trône
qui devait appartenir à la descendance
mâie de Tchinghiz, ne craignit point de
payer d'ingratitude les services que Ti-
mour lui avait rendus. Après les pré*
paratifs nécessaires, Timour passa le
Sihoun (Oxus) : de grandes privations
l'attendaient dans le désert; mais il pé-
nétra néanmoins jusque dans les steppes
d'Astrakhan et vainquit le khan du Kip-
tchak dans une bataille sanglante. Tok-
tamysch prit la fuite au delà du Volga,
et Timour, après avoir célébré son triom-
phe dans une fête qui dura 26 jours,
retourna dans sa capiule par le chemin
qu'il avait suivi à son départ*.
En 1398, il acheva la conquête de la
Perse et de la Syrie, s'empara de Bagdad,
de Bassora, de Mossoùl, de Tekrit, et
reçut la soumission des petits princes de
la Mésopotamie et de la Basse- Arménie.
Arrêté dans ses triomphes par de nou-
velles hostilités de Toktamysch, il fran-
chit, en février 1 895, la chaîne du Cau-
(*) Voir^ sor cett« campagne, Karamziae, Jiu<*
toirê d» Rutilé , t. Y, chap. II ; Charmoy, Exp€-
dition de Timour'i-link, Mém. de TAcad. de
Saint-Pétenb.; et Himmer, Bittoind» la Horde
d'êr, p. 343, «t loiv. } 6.
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TAM
(678)
TAM
case, offrit encore une fois la paix au
khaoy et, sur son refus^ marcha contre
lui vers leTérek^près des bords duquel,
à Tendroit où est aujourd'hui lékatéri-
nodar, il lui livra une bataille sanglante
(15 ayril), où il manqua lui-même de
perdre la vie, et où il eût été vaincu si
Toktamysch avait mieux profité de ses
premiers avantages. Timour installa un
nouveau khan sur le trône de Saraî, et
poursuivit son ennemi jusqu'aux envi-
roBf de Moscou, ville qui fut alors sau-
vée, dit-on, par l'image miraculeuse de
Nv-D. de Vladimir (26 août, v. st.). Lais-
sant àson petit-fils, Mohammed-Sulthan,
le soin de dévaster la Russie et une partie
de la Pologne , il retourna en Perse en
ravageant Azof, les pays du Kouban et
du Caucase, et en s'emparant de toutes les
villes fortes de la Géorgie. Il revint même
on instant sur ses pas pour punir Saraî
et Astrakhan, villes qui furent alors dé-
truites. Le petit- fils de Timour, suivant
ses traces, s'avançait en même temps
jusqu'à l'embouchure du golfe Persique,
et recevait la soumission du roi d'Or mus.
Après une année de repos dans sa ca-
pitale, Tamerlan, en dépit de l'opposi-
tion de sa émirs, résolut la conquête de
l'Inde, en 1398, et parvint rapidement
jusqu'à Delhy, en semant partout sur ses
pas la terreur et la mort. On rapporte
qu'avant d'entrer dans cette ville, il égor-
gea 100,000 captifs. Puis il passa le
Gange , porta le fer et le feu chez les
Ghèbres, qui habitaient sur les bords de
ee fleuve. Après avoir reçu la soumission
de plnsieurs princes, et entre autres du
roi de Cachemyr, il revint, en 1899, à
Samarcande, où il fonda une superbe
mosquée. Six mois après, les fautes de
son fils,Miran-Chah, le rappelèrent dans
la Psrse occidentale; il eut bientôt mis
à la- raison le roi de Géorgie révolté, et
puni les complices de son fils.
La défense d'un de ses vassaux et les
sollicitations de Tempereur grec de Gon-
itantinople l'entraînèrent alors dans une
guerre bien autrement importante contre
le snlthan des Othomans , Bajazet I"^.
« Sache, lui écrivit-il , que mes armées
couvrent la terre d'une mer à l'autre ;
que des princes sont mes serviteurs et se
tiennent en rangs nombreux devant ma
tente, que le sort dci monde est en mes
mains et que la fortune est m\ compigDe
inséparable. Qui es- tu pour me briTer?
Pauvre fourmi turcomane, tu oses t'it-
taquer à l'éléphant? Si, dans les fo-
rêts de l'Anatolie, tu as remporté quel-
ques victoires insignifiantes, si'de timides
Européens ont pris la fuite devant toi,
tu dois ei^ remercier Mahomet, msisDoa
ta propre valeur... Écoute les coDseih
de la raison ! renferme- toi dans les étroi-
tes limites de ton patrimoine, ne les frac-
chis pas,- ou tu es perdu. » Bajazet ré-
pondit fièrement : « Depuis longtemps je
brûle d'envie de me mesurer avec toi!—
Louange au Très- Haut, s'écria le con-
quérant, tu viens au-devant de mon si-
bre. » Après une première victoire rem-
portée, le 22 août 1400, sur un fils de
ce prince, il entra dans Siwas, en faisiot
passer sa cavalerie sur le corps de 1,000
enfants envoyés pour le fléchir. Mais dé-
tourné de sa vengeance contre les Olbo-
mans par les hostilités des Mamelodb,
il pénétra en Syrie, prit Alep et sooait
tout le pays jusqu'à Damas; pub, aban-
donnant encore la conquête de TÉ^pte,
il traversa l'Euphrate, et courut s'empa-
rer de Bagdad révolté, où le sang cooii
pendant huit jours. Enfin il marcha con-
tre Bajazet , à la télé d'une armée de
800,000 hommes; il yncontra le sol-
than, qui éUit suivi de 400,000 con-
battants, sous les murs d'Ancyre (vojr.}t
le 16 juin 1402, et, après une mémo-
rable bataille, où le hasard et la valeur
se réunirent pour favoriser Timonr, le
snlthan fut défait, et tomba entre b
mains de son vainqueur, qui se bâta de
faire briser ses fers et l'emmena à m mite
jusqu'à Ak-chehr, où ce malheareai
monarque mourut l'année suivante. U
prise de Smyrne acheva de soumettre
l'Asie-Mineure à l'empire du Djaggit»'''
Timour rendit à la liberté plusieurs Fran-
çais prisonniers depuis la bataille de Ifi-
copolis. Il exigea un tribut de l'empereur
de Constantinople et des Génoh de PétS)
laissa le fils de Bajazet, Soliman, ré^er
sur la Turquie d'Europe, et son frè^
Mousa, sur celle d'Asie. Après avoir ^•
eu la soumission des Mamelouks o t'
gypte, et ordonné la reconstruction àe
Bagdad, U rentra m Géorgie» y ""'
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TÀH
(679)
TAM
fout à feu et à ttogy et retint enfio se
reposer à Samarcande, après sept ans
d'absence, en juillet J 404. Là, tout en
s*occu pan t de la construction d'une somp-
tueuse réflideoce, il rivait, comme héri-
tier et successeur des princes tcbiughiz-
khanides, la conquête de la Chioe, et il
arait même dans ce but fait des prépa*
ratifs immenses y lorsque, dès le début
de l'expédition, il viot mourir à Olrar
(sur le Syr-Daria), le 18 févr. 1405, à
l'âge de 69 ans, et après en avoir régné 36.
La Vie de Tamerlan a été traduite en
français par Petb de la Croix {Histoire
de Timour-Bec^ connu sous le nom du
grand Tamerlan^ Paris, 1723, 4 vol.
in- 12, avec cartes) d'après le texte persan
de Cherif-Eddin-Ali, le plus exact de tous
les historiens arabes, turcs ou persans
qui se sont occupés de ce célèbre per-
sonnage. Lui- même a laissé, dit- on, un
traité de politique et de tactique, en lan-
gae moogole, qui a été traduit en français,
d'après une version anglaise, par Lan-
glès, sous le titre â^Jnstituts politiques
et militaires (Paris, 1787). On peut aussi
consulter sur lui la Bibliothèque orien-
tale d'Herbelot et les Mémoires du Ba-
varois Schiltberger (Ulm, 1473, in-fol.)
qui fut son secrétaire particulier. .
Après la mort de Tamerlan, son ero-
pire, disputé par ses petits- fils, resta en-
fin à Chah-Rokh, son 4« fils, et fut peu
à peu morcelé, jusqu'au moment où Ba-
bour alla fonder, an commencement du
XVI® siècle, dans l'Indostan, lé puissant
empire Mongol ou du Grand -Mogol
iyoY*) qui subsista presque jusqu'à nos
jours. D. Â.D.
TAMISE (en latin Tamesis, en an-
glais Thames), C'est par la réunion de
Vlsis et de la Thame que se forme, sur
la limite du comté d'Oxford et du Berk-
shire, à Dorchester, à 3 lieues au-dessous
d'Oxford, ce roi des fleuves de la Grande-
Bretagne, comme l'appellent nos voisins
d'outre- Manche, en contemplant avec
orgueil la gigantesque métropole de leur
empire, Londres {yoy,)^ cet immense
entrepôt des produits des cinq parties du
monde, dont il alimente la prospérité.
L'Isis, qui doit ce nom, de classique mé-
moire, aux étudiants de l'illustre viileuni-
versitaire qu'elle baigne dans aoii cbê-
miOf en est généralementregardéecomoM
la branche principale : elle a sa source
dans le comté de Glocester, tandis que
la Thame prend naissance dans celui de
BujckiDgham. En suivant une direction
occidentale à travers les comtés méridio-
naux de l'Angleterre, la Tamise arrose
une foule d'endroits intéressants à divers
titres. Nous nous bornerons à nommer
Windsor, Bichmond, Londres, Dept-
ford., Greenwich, Wooiwich, Grave-
send, etc. Elle se jette dans la mer du
Nord, près de Margate, par une faste
embouchure, qui n'a pas moins de 9
lieues de large , mais qui se trouve
en partie obstruée par des bancs de sa-
ble. Toute la longueur du cours de la Ta-
mise n'est pourtant que d'environ 90
lieues depuis la source de Tlsis, et de 60 à
70 depuis la jonction de cette rivière avec
la Thame; mais beaucoup d'affluents
viennent de part et d'autre grossir ce fleu-
ve, navigable depuis Leehda le, sur un es-
pace de 66 lieues. La marée »e fait sen-
tir dans son lit jusqu'à Bichmond, à 25
lieues de la mer; il porte de grands vais-
seaux de guerre jusqu'à Deptford, et les
bâtiments marchands de 700 à 800 ton-
neaux n'y sont arrêtés que par le pont de
Londres. De nombreux canaux abrègent
la navigation de la Tamise, ou font com-
muniquer ce fleuve avec les mers et lea
cours d'eaux qui environnent son bas-
sin, comme la Manche, au sud, l'Avon
et la Severn , à l'ouest , et le Trent , au
nord. L'eau de la Tamise est fort saine
et très estimée des marins pour les voya-
ges de long cours. Considérée sous le
rapport physique seulement, la Tamise, à
raison du peu d'étendue de son cours,
peut à peine prétendre, même en Europe,
au rang d'un fleuvede second ordre; néan*
moins la largeur de son lit et le volume
des eaux qui le remplissent la rendent
très remarquable, et ce fleuve est sans ri-
val dans le monde pour son importance
commerciale, par le mouvement incessant
des innombrables navires qol s'y pressent
et par la ridiesse des cargaisons qu'ils y
transportent de tous les points diu glo-
be. Ch. V.
TAHCHJLE (làkous), voy. Inpish-
VBS (langues) et Malabab.
TAH-TiJij iostniinent de mniiqne
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TAN
d*origÎDe chinoise, ayant la forme d'un
tambour de basque; on en joue en frap-
pant dessus avec un marteau. M. Darcet
a trouvé que le métal dont cet instru-
ment se compose est un alliage de 80
pour 100 de cuivre et de 20 d'étain pur.
Le tam-tam rend un son lugubre d'un
effet extraordinaire par ses vibrations
lentes et prolongées. Aussi l'emploie-
t-on avec succès dans les marches funè-
bres ou dans certaines scènes dramati-
ques destinées à imprimer la terreur dans
l'a me des spectateurs. X.
TAN. On appelle ainsi l'écorce du
chêne (yoy.) séchée et réduite en poudre
grossière au moulin. Le commerce en
fait Tobjet d'une grandjc spéculation pour
le tannage des cuirs. On l'emploie en mé-
decine comme astringent. Pulvérisé plus
fin et passé au tamis tle soie, il porte le
nom àe fleur de tan.
C'est au tannin {voy^ que l'écorce de
'chêne doit ses propriétés; les jeunes
écorces, de douze à quinze ans, jouissent
d'nne plus grande richesse en principe
astringent : elles ont cette odeur fade
particulière que l'on sent dans les tan-
neries. Voy. ce mot. V, S,
TANÀISy voy. Don.
TANAQUIL, voy, Tarquiic.
TANASSERIM ouTENASsERiii,con-
ti'ée maritime de l'Inde au delà du Gange
(yoy, T. XIV, p. 598), que les Birmans
ont dû céder à l'Angleterre , lors de la
paix de 1826 , et qui porte aussi le nom
de Mergui, Voir Cb. Ritter, Géographie
de V Asie y t. IV, l'« partie, p. 103 et
sujv.
TANGARVILLB (comtes db), voy.
Hargourt et Lorraine {maison de). —
On voit encore le château de Tancarville
près de Harfleur. Foy. Seine -Infé-
rieure.
TANCRÈDE, héros immortalisé par
le Tasse dans sa Jérusalem déliprée , et
qu'il ne faut pas confondre avec son
grand- père Tancrède d'Hauteville, dont
les trois fils fondèrent la puissance nor-
mande dans la Basse-Italie. Fils du mar-
quis Odon ou Ottobon, et d'Emma,
sœur de Robert Guîscard {vojr. pe
nom), il naquit dans l'année 1078, et,
tout jeune encore, il se distingua parmi
ses compagnons par son adresse dans le
(680) TAN
maniement des armes et par la granité de
son caractère. Dévoré du besoin de faire
parler de lui, plus encore peut-être qae
par piété, il fut un des premiers à partir
pour la Terre-Sainte, lorsque Urbain U
promit indulgence plénière aux chré-
tiens qui iraient combattre les infidèles
(voy. Croisades, T. VII, p. 275). Arant
de s'embarquer avec son cousin Bohé-
mond (voy,) , sous les ordres de qui il
consentit à servir , il abandonna à son
frère la part qui lui revenait de l'héritage
paternel, et aida à s'équiper tous les che-
valiers pauvres qui désirèrent raccompa-
gner en Palestine. Débarqués en Épire,
Bohémond etTancrède défirent les Greci
qui voulaient leur disputer le passage du
Vardari et s'emparèrent de la Macédoine.
L'empereur Alexis essaya alors de séduire
ceux qu'il n'avait pu vaincre. Bohémond
se laissa prendre à ses caresses, mais Tan-
crède, qui se méfiait de l'astuce des Grecs,
repoussa toutes ses offres et allarejoîndre
seul les autres chefs croisés arrêtés sous
les murs de Nicçe. Sa valeur brillante le
plaça bientôt au premier rang parmi les
plus influents et les plus illustres. A la
bataille deDorylée, il sauva l'armée cotc-
loppée par 200,000 seldjoucides ; mais
il eut la douleur de voir son frère tué à
ses cotés. Chargé ensuite avec Baudouin,
frère de Godefroi de Bouillon, d'éclairer
la route que devaient suivre les croisés
pour arriver à Jérusalem , il traversa le
Taurus et prit Tarse par capitulation.
Baudouin le suivit deprès, et il eut assez
de mauvaise foi pour se mettre en pos«
session de la conquête de Tancrède qui,
dans cette circonstance , montra tant de
modération , qu'il mérita les éloges de
toute l'armée. Il alla attaquer Mémistra,
qu'il emporta d'assaut. Baudouin voulut
également s'emparer de cette ville; mais
cette fois Tancrède exaspéré résista , et
les deux rivaux en vinrent aux mains.
Cependant on parvint à les réconcilier ,
et Tancrède suivit les croisés devant An-
tioche, dont le siège ralenti par le man-
que de vivres , les maladies et l'indisci-
pline des soldats, dura plus de sept mois.
A peine cette ville était-elle tombée en
leur pouvoir, que les chrétiens s'y virent
menacés par une armée persane formi-
dable ; Tancrède releva le courage de ses
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TAN
(681)
TAN
compagnons et fir, à leur lête, une sortie
qui fut couronnée du plus brillant succès.
Au printemps de 1099, après avoir ce*
lébré la pâque à Antioche, les chefs des
croisés résolurent de marcher sur Jéru-
aalem. Pendant la route, Tancrède enleva
Bethléem, et, devançant ses compagnons
dans le désir d*étre le premier à aper-
cevoir les murailles de la ville sainte , il
emporta d*assaut une tour qui est appe-
lée encore aujourd'hui de son nom. La
▼ille ne fut prise toutefois que le 19 juil-
let. Au milieu des scènes de carnage qui
en signalèrent la conquête, Tancrède se
montra seul peut-être fidèle à l'esprit de
douceur du christianisme : il sauva la vie
à plus de 1,000 musulmans, humanité
qui Texposa à la colère du clergé.
Cependant on apprit bientôt que le
Soudan d'Egypte s'avançait à la tête de
forces imposantes pour arracher Jérusa-
lem aux croisés. Les chrétiens marchè-
rent à sa rencontre et le battirent com-
plètement à Ascalon (12 août). Dans cette
journée, Tancrède défit l'avant-garde et
, s'empara du camp de l'ennemi. Il con-
quit ensuite Tibériade, sur les bords du
' lac de Génézareth, et mit le siège devant
Jaffa. Godefroi étant mort sur ces entre -
I faites, il essaya de faire reconnaître pour
I son successeur son cousin Bohémond;
. mais Baudouin, frère de Godefroi, l'em-
porta , quoique le moins digne , et Tan*
crède, occupé à combattre l'émir de Da-
mas, fut cité, comme coupable de rébel-
lion , à comparaître devant le nouveau
roi. Prince de Galilée, aimé et respecté
de ses vassaux, Tancrède ne répondit que
par le mépris è cette citation et se ren-
dit à Antioche, dont le prince Bohémond
' avait été fait prisonnier par les Turcs.
' Ayant à défendre à la fois les états de
' son parent et contre les Turcs et contre
\ les Grecs, il s'acquitta de ce devoir avec
^ • une admirable prudence. Il réussit à
< rendre Bohémond à la liberté, et il s'em-
* pressa de le remettre en possession de sa
principauté. Bohémond étant parti pour
l'Europe, afin d'en ramener de nouveaux
croisés, Tancrède fut chargé, une seconde
fois, de défendre Antioche, menacée non-
seulement par les Turcs et les Grecs, mais
par le comte Baudouin d'Édesse et par le
i chevalier Jofleliii de Gourtenay* U atten-
dait avec impatience le retour de son cou-
sin , lorsqu'il apprit que la mort l'avait
frappé à Salerne (1111). Les troupes que
ce prince avait rassemblées et qui étaient
déjà arrivées en Grèce se débandèrent
ou s'engagèrent au service des Grecs. Cette
fâcheuse nouvelle n'abattit pas le cou-
rage deTancrède.Il força le sulthan Mau-
duhd à repasser l'Euphrate ; mais ce fut
le dernier exploit de ce héros qui n'avait
jamais été vaincu. Il mourut l'an 1113,
laissant la réputation du vrai modèle de
la chevalerie. Baoul de Caen a décrit
ses hauts faits dans une histoire moitié
en prose et moitié en vers, intitulée :
G esta Tancredi. C, L. m.
TANGENTE, voy. Cercle.
TANGER, le Tingis des Bomains,
qui donna son nom à la Mauritanie Tin-
gitane, port et ville fortifiée du Maroc,
sur le détroit de Gibraltar, en deçà du
cap Spartel. C'est une ville déchue sous
le rapport du commerce et qui n'a plus
guère d'intérêt que par|sa kasbahejt com-
me séjour des consuls européens {yoy,
Maroc, T. XVII, p. 880). Au xv" siè-
cle, elle était an pouvoir des Portugais ;
mais en 1663 elle fut donnée pour dot
à la princesse Catherine lorsqu'elle épou-
sa Charles II. Les Anglais abandonnè-
rent Tanger en 1684, après en avoir fait
sauter les principaux ouvrages, ainsi que
le môle. Attaquée depubà plusieurs re-
prises, bombardée par les Espagnols en
1790, cette ville vient de l'être encore
une fois (le 6 août 1 844) par une escadre
française sotis le commandement du con-
tre-amiral prince de Join ville. S.
TANGOUT {Tang'hiang)y contrée
dans la partie nord-est du Tibet, atte-
nante à la Mongolie, avec une ville du
même nom, que les Chinois ont appelée
Hia et les Mongols Kachine^ et où
Tchinghiz-Khan termina sa vie.
TANIÈRE et Terrier. On donne ces .
noms aux retraites où se réfugient quel-
ques animaux. La tanière est une sorte
de caverne naturelle dans l'ép'aisseur des
forêts, au fond des rochers ou d'une ca-
vité souterraine où se retirent les animaux
sauvages, comme l'ours, le lion, etc. Le
terrier est un trou que se creusent dans la
terre le lapin, le renard, le blaireau (i^o^.
ces noms), pour en faire leur domicile.
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TAN
(683)
TAN
TANNEGUIBCCHATBL^iior.Du-
CKATBL.
TANNERIE. GVsi le nom des ate-
liers où se préparent les peaux (yojr,) par
le tannage.
Le tannage est une opération par la-
quelle on combine le tannin (vojr.) avec
la peau proprement dite. Par cette corn»
binaison, il se produit un composé inso-
luble, très difficilement perméable à
Feau, imputrescible, qui constitue le
cuir {vox» ce mot).
On unne les peaux de bœuf, de va-
cbe, de veau, de cbeval, de mouton ou
basane, de cbèvre. Les peaux sont ap-
portées aux tanneries ou vertes, ou sa-
lées, ou desséchées. Quel que soit Tétat
sons lequel elles se trouvent, elles subis-
sent un certain nombre d^opérations
avant d'être mises en contact avec le tan
(voy, ce mot).
On les fait treioper à plusieurs repri-
ses dans l'eau ; on les étend sur le che-
valet, et au moyen d*un couteau non
tranchant, on les débarrasse des matières
charnues qui j sont adhérentes» Ensuite
on les plonge, pendant quinze jours ou
trois semaines, suivant la saison, dans
une faibledissolutlon d'alcaliou d'acide.
Lorsqu*on se sert de liqueur alcaline,
c^est la chaux qu'on emploie^ lorsqu'on
te sert de liqueur acide, c'est de l'eau
aigrie par un mélange de farine d'orge et
de levure. On appelle y'tfx^e Peau aigrie
par son contact avec la tannée ou le
tan usé qui est la jusée aiguisée d'adde
sulfurique : ce dernier procédé altère la
peau. Cea opérations ont pour effet de
ùàte gonfler les peaux pour enlever le
poil qui lea recouvre. Le débourrement
s'obtient encore par le procédé à Vé^
chauffe^ qui consiste à placer les peaux
les unes sur les autres dans un lieu dont
la température est assez élevée. La fer-
mentation qui s'établit agit sur la peau
de la même manière qqe l'alcali ou les
acides.
Lorsqu'on s'est servi de chaux, on
chasse la portion de cet alcali qui a pu
pénétrer dans le tissu de la peau en la
plongeant dans l'eau jusqu'à ce que celle-
ci en sorte parfaitement limpide.
Les peaux étant dibttées, les pores
étant ouverta de OAnière à permettre la
péntoatkm da tanaio, on lesaddan
des demi-Jui pendant trois semaiDei; on
les agite avec des pelles plusieonfoispn
jour : c'est le coudrement. Alors, dans
de grandes cuves, nommées/oxf^x, con-
struites soit en bois^ soit en maçonorrie,
et presque entièrement enfoaies dii» le
sol, on met des couches alterastives de
tan et de peaux. Quand les cum soci
pleines, on y fait couler de Tesupooi
humecter la masse. Après trois mois, m
lève les peaux pour renouveler le joi.
On fait une deuxième écorct qui don
quatre mois, puis une troisième qui
dure cinq mois. Ce temps suffit ordi-
nairement pour les cuirs ordioiirts;
pour les cuirs forts, il faut cinq poudrts.
Le tannage au sippage ou appfét i
la iianoise consiste à coudre les peisi
comme des sacs, à lea remplir âeUoti
d'eau , è fermer les sacs et à les coochtr
dans des fosses pleines d'eau de Un.
Après avoir été Unnées, lespean
exigent diverses opérations poor devenir
propres aux différenU usages soiquà
on les destine : c'est le travail da cor-
royé ur {vojr. ce mot). V. S.
TANNIN.LeUnnin,ouacî(ietsoDiq«t
a été obtenu pour la première {o»f
M. Pelouze à l'eut de pureté. C'eit m
corps solide, incolore ou légèreoeot j)>'
nâtre, inodore, incristallisable ; ssitref
est excessivement astringente; ioali^'
ble à l'air sec, il prend peu à pea à >'>■'
humide une teinte plus foncée î il ^
très soluble dans l'eau, moins som
dans l'alcool et dans l'éther. Ls iohm
aqueuse du tannin rougît le tourne*'')
décompose les carbonates alcalii» '^
effervescence, précipite la p^op*'*^
dissolutions métalliques, en foroisDK^
composés salins désignés sous le no0
tannâtes. Les sels de protoxyde de '<|
ne sont pas précipités; ceux de p^^*l
donnent un précipité bien foncé :c
ce Unnate de peroxyde de fer ffoi »}
base de l'encre. La plupart des lod»
minéraux, sulfurique, chloihjàif^^
phosphorique, arsénique, etc., P**^^
tent la dissolution de tannin «l>^°f \
binaison soluble de tannin et f '^ '
La dissolution de gélatine F^^^'l
l'acide tanpique un composé "^\J
élastique, opaque. La pM d^P»^^
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TAN
(683)
TAN
la chaux et telle qu'on la prépare pour
le tannage (voy,) sépare complètement
le tannin de sa dissolution et forme arec
lui un composé tout- à- fait insoluble,
imputrescible, connu sous le nom decuin
La dissolution de tannin se conserve
indéfiniment à Tabri du contact de Pair.
Par Taction de Pair, surtout à une tem-
pérature élevée, elle se transforme en
partie en acide gallique : Toxygène de
Tair a été absorbé, et il s'est produit un
▼olume d'acide carbonique égal au vo-
lume d'oxygène absorbé.
L'effet vomitif de l'émétique est, dit-
on, complètement neutralisé par quel-
ques substances qui renferment du tan-
nin : la poi|dre de quinquina, celle de
noix de galle, la gomme kino. «
Le tannin se trouve dans le bois, la ra-
cine, les feuilles, et particulièrement dans
l'écorce de toutes les variétés de quercus;
dans les écorces de saule, de marronnier
d'Inde, dans le sumac, la racine de ra-
tanhia, le brou de noix, le thé, dans le
cachou, le sang-dragon, mais surtout
dans la noix de galle {vojr')y <i*où on
l'extrait communément d'après le pro-
cédé de M. Pelouze. Y. S.
TANSKA (CL^ENTiirE), qui porte
depuis son mariage le nom de M^ Hoff*
MAN, un des meilleurs et des plus popu-
laires écrivains polonais de nos jours,
naquit a Varsovie le 23 nov. 1798. Son
père,. Joseph Tanski, était un poète et
un patriote distingué ; ses grands parents
périrent dans le fameux sac de Praga :
M'^* Tanska put donc puiser dans les
exemples et les traditions de sa famille
cet ardent amour de son pays qui devait
un jour respirer avec tant de force dans
•es ouvrages. M"^ Tanska débuta dans la
carrière littéraire en 1819 par un écrit
en polonais intitulé :«S/x nouvelles histO"
riqueSf où le choix des sujets, la noblesse
des sentiments et les charmes du style
annoncèrent à la Pologne un excellent
écrivain de plus. Peu après parut d'elle
on ouvrage beaucoup plus important, f,es
souvenirs dune bonne mère^ livre d'é-
ducation, dont l'immense sac(^ fut con-
staté par six éditibns successives, deux
contrefaçons et une traduction en langue
russe. Il fut ainsi donné à li^ Tanska de
conquérir par ton Uieut une influence
aussi bienfaisante qu'étendue sur l'édu*
cation des femmes de son pays, éduca*
tion beaucoup trop dirigée jusqu'alors
vers des succès éphémères de vanité et
de salon. Ses ouvrages Amélie mère y
Élrennes pour la petite Hélène; un
recueil périodique intitulé Délasse-
ments pour les enfants y L'Écriture
sainte racontée y ne cessaient de répsn*
dre, sous les formes les plus variées,
toutes les idées saines et généreuses qu'il
était tant a désirer de voir présider k
l'éducation des Polonaises. Aussi lorsque,
en 1827, on créa à Varsovie un institut
pour les gouvernantes , l'administration
du royaume ne fit qu'obéir à un vœu
bien prononcé du public en appelant
M**^ Tanska à une chaire de morale dans
cet établissement et en lui confiant la
surintendance de tous les pensionnats de
la capitale. Dès-lors s'agrandit le cercle
de ses relations et de ses travaux ; »a
maison devint un lieu de réunion pour
les hommes de lettres les plus distingué?;
l'influence de ses écrits et de son exemple
s'accroissait tous les jours. M^^* Tanska
épousa, vers cette époque, M. Charles-
Alexandre Hoffman, conseiller de la ban-
que de Pologne, connu depub par dis
publications importantes sur les aflaires
de son pays. La révolution du 29 no-
vembre porta M™* Hoffman à se mettre
è la tète d'une société de dames qui se
chargea de la surveillance des h6nitaux
de Varsovie, où l'on ne comptait jamais
moins, à cette époque, de 12,000 blessés
ou malades. Après l'entrée des Russes,
elle continua encore , pendant quelque
temps, à exercer la noble mission qu'elle
s'était donnée; puis, ne pouvant plus
soutenir le spectacle de l'oppression sys-
tématique qui pèse sur sa patrie, elle
aima mieux sacrifier tous les avantages
matériels de sa position en Pologne et
s'exila avec son mari en France, où elle
partage son temps, à Paris, entre les
soins donnés à l'éducation de quelques
jeunes personnes et des travaux littérai-
res dont le succès s'étend à toutes les par-
ties de Tancienne Pologne. Les princi-
paux écriu de M^^Hoffman, depuis 1831,
ont été : Caroline et Christine^ romans
de mœurs, Jean Kochanowski, tableau
historique du xyi*sièc)e en Pologuei Les
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TAO
(684)
TAP
sahiles fdnmcsy ouvrage biographique,
et plusieurs parties (l*un cours d*études
complet à l'usage des dames. C. M-cz.
TANTALE, fils de Jupiter ou, selon
d'autres, de Tmolus, et roi de Sipyle en
Phrygie, avait épousé la nymphe Pluto.
Favori des dieux, qui le visitaient sou-
vent, il perdit leurs bonnes grâces par
son arrogance. Les uns racontent qu'il
irrita Jupiter par une trahison, d'autres
qu'il vola le nectar et l'ambroisie, d*au-
tres encore qu'il tua son propre filsPélops
{voy,) et le servit sur la table des dieux,
ses convives. Autant on s'accorde peu sur
son crime, autant les opinions varient
sur son châtiaient. Tantôt on le repré-
sente , un énorme rocher suspendu sur
sa tête et menaçant à chaque instant de
l'écraser sans qu'il puisse s^en garantir ;
tantôt, et c'est le cas le plus ordinaire, on
nous le montre plongé jusqu'au menton
au milieu d'un lac dont l'eaa se relire
lorsqu'il veut essayer d'étanchér sa soif,
et levant vainement les mains vers une
branche chargée de fruits superbes, sus-
pendue au-dessus de sa tête, qui se re-
dresse dès qu'il veut y atteindre. Xe
supplice de Tantale est comme la per-
sonnification des désirs ardents toujours
éveillés et jamais satisfaits, mais trompés
au moment où l'on se croit près d'at«
teindre son but. C L,
TAON {tabanus\ nom collectif sous
lequel on désigne vulgairement une fa-
mille de diptères (vo/.), les tabaniens^
qui ressemblent à de grosses mouches,
ont le corps velu, les ailes étendues ho-
rizontalement de chaque côté du corps,
et l'abdomen triangulaire. Ces insectes,
extrêmement redoutés de dos animaux
domestiques et particulièrement du bœuf
et du cheval dont ils percent la peau avec
leur trompe pour sucer le sang, com-
mencent à paraître vers la fin du prin-
temps, et deviennent surtout importuns
pendant les temps d'orage. L'espèce la
plus commune, etqui appartient au genre
taon proprement dit, est le taon des
bœufsy d'un brun noirâtre, avec des li-
gnes jaunes sur l'abdomen et des yeux
verts. Ces diptères sont répandus par-
tout ; le lion, dans la zone torride, et le
renne, sous le ciel polaire, en sont égale-
ment poursuivis. G. S -te.
TAPIOCA, voy. Makioc et CissAn.
TAPIR (tapirus\ genre de mamai-
fères de la famille des pachydenaes or-
dinaires (voy,)f et qui ont beaucoi^
d'analogie, dans la forme géDénIe di
leur corps, avec les cochons, mais qoi
en diffèrent cependant par la petite
trompe charnue et rétractile que forae
le prolongement de leur micboire sapé-
rieure, par leur peau presque DQe, pir
la disposition de leurs doigts, en DoahR
impair. Ce sont des animaux herblYora,
d'un naturel sauvage, vivant dans les fo-
rêts et recherchant surtout les lieox k-
midet. Jeunes, ils vont par petites im-
pes ; vieux, ils vivent solitaires, ^ajw:
avec une grande facilité, ils trooTeotàv
les rivières un refuge contre leurs eut-
mis, bien qu'ils sachent, au besoin, x
défendre avec vigueur contre les puA
carnassiers. Sur trois espèces aojoonfb
connues, deux appartiennent à ^Aa^
rique, et une troisième à l'Inde. Le (i*
pir d Amérique f Pune des espèces Je
plus anciennement connues, cstéeli
taille d'un petit âne; sa pean ettbnae;
on mange sa chair. Une seconde esp»
a le poil long et noir. Celui des hi^
plus grand, est mi-parti de hma et^
noir.
On trouve dans le terrain tertiiireJs
ossements fossiles de tapirs, dont uoee-
pèce aujourd'hui perdue, le tapir gig»
tesque (dinotherium) , a d& égittfci
Uille les mastodontes et les élépbiBti.
Foy, PALiioTHéaiUM. C. S^
TAPIS, Tapisseeies. L'art de febri-
quer les tapis consiste à imiter diBsu
tissu un dessin quelconque aiec des ik
colorés, appelés brins^ que l'ouTrier ap-
plique autour de fils non colorés qui for-
ment la chainCy et qui sont tendus soii
horizontalement, soit verticaleoeBtfvf?
Lisse). Les fils de U chaîne lépii^e*
deux rangs, appelés croisures^ hisseot
un passage libre à la broche oajliitt^
laquelle sont dévidés les fils de coaletf)
et dont le double mouvement d'aile «
de venue se nomme duite. Dans les^*
pis veloutés de haute lisse ou de la S^
vannerie y aussi remarquaWci ptf^
beauté du dessin que par la ricbessede^
couleurs, ces fib de laine colorés »^
arrêtés au moyen d'un nœad sor U chu»»*
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TAP
(685)
TAP
et cbarbés vrtc des citeanx à branches
courbes; ils offrent alors l'aspect d*un
▼elours de laine, ce qui a fait donner le
nom de veloutés à cette espèce de tapis.
Les veloutés de haute laine^ qui sont
livrés au commerce par Beauvais, Au-
busson, Felletin et Tours, sont moins
grands et moins fins que ceux de la Sa-
vonnerie; ils sont aussi moins solides,
parce que la laine n'est que passée et
non nouée à la chaîne. Les tapis ras qui
se fabriquent à Anbnsson et à Felletin
sont moins chauds et moins moelleux
qne lea veloutés; mais ib sont comme
eux d'tfn seul morceau, et comme eux
aussi ils exigent dans l'ouvrier quelques
connaissances artistiques. Pour la con-
fection de tontes les autres espèces de
tapis, moquettes veloutées et épingléeSf
tapis écossais^ vénitiens ou Jaspés^ il
suffit d*un tisserand et du métier ordi-
naire. Les moquettes épinglées diffèrent
des veloutées en ce qne l'ouvrier ne coupe
pas la laine qui forme comme une boucle
à chaque poil. Aubussoa, Turooing, Ab-
beville, Amiens, Ronbaix, sont en France
les centres de cette fabrication. Les ta-
pis écossais, qui s'exécutent comme les
moquettes, sur un métier à la Jacquart,
n'ont pas d'envers : Amiens et Nimes
en fabriquent pour des valeurs considé-
rables. Dans les tapis vénitiens, le des-
sin ne consiste qu'en rayures, tandis que
dans les tapis jaspés, le fond est rayé
ou chiné : ce sont les plus grossiers; ils
se fabriquent dans toutes les villes que
nous venons de citer, ainsi qu'à Bordeaux
et à Paris. Tournay, en Belgique, Not-
tingham, en Angleterre, Tœfferegg, dans
le Tyvol, Nicosie, Brousse, Kara-Hissar,
Konieh , Pergame, Alap et Damas, en
Turquie, Téhéran, en Perse, Djelallabad,
dans l'Afghanistan, Hérat, dans le Kho-
raçan oriental, sont les principaux en-
droits où l'on confectionne des tapis à
Téuanger.
La tapiiserie n^t qn'une^bdivision
du tapis ; seulement celui-ci couvreles
sièges, les sofas, le parquet ou le pavé
d'un appartement, et celle-là sert aussi,
à décorer les murs. La fabrication des
lapis est évidemment la pliis^ ancienim.
Cette industrie éuit ftorîssante en Egypte
longtemps atant la sortie des Israélites,
qui empruntèrent aux Égyptiens leurs
procédés d'exécution. Dans des temps
très reculés, la voluptueuse Babylone
était renommée également par ses tapis
que leurs couleurs éclatantes faisaient
rechercher par les étrangers; et dans
l'AsIe-Mineure, Sardes, Milet, Samos se
distinguèrent de bonne heure dans ce
genre de fabrication. Cependant Tusage
des tapis ne parait s'être répandu généra-
lement en Grèce qu'assez tard; jusqu'au
siècle d'Alexandre, les pavés de mosaïque
ou de stuc étaient le plus ordinairemeot
employés. Peut-être fut-ce vers le même •
temps que s'introduisit l'usage des tapis-
series proprement dites, connues depuis
longtemps en Orient, puisqu'il en est
question dans la description du taber-
nacle de Jéhovah. De récentes recher-
ches semblent au moins avoir prouvé
que les Grecs n'employaient point en-
core à cette époque les rideaux de ta-
pisserie dans les théâtres. Pergame s'oc-
cupa surtout avec succès de cette fabri-
cation. Ses habiles ouvriers donnèrent
aux tapis des dimensions fort grandes,
et vraisemblablement les premiersils8ub«
stituèrent aux animaux fabuleux qu'on y
représentait ces colosses tant affectionnés
par les Romains pour la décoration de
Vaulea, Toutefois les attalica peripetas^
mata furent encore surpassés en magni-
ficence par les tapis d'Alexandrie. Selon
Pline, ce fut dans cette ville qu^on fit
pour la première fois au métier des ta-
pisseries ornées de dessins, avec des lai-
nes de diverses couleurs. Les fabriques
d'Alexandrie excellaient principalement
dans l'emploi de la soie qui donne à la
tapisserie plus de vivacité et d'éclat, mais
qui nuit à sa solidité. L'usage des tapis,
introduit à Rome depuis la prise de Sy-
racuse, y devint général après la con*
quête de l'Asie, et avec le luxe il se
répandit dans tout l'empire. Cette in-
dustrie s'est probablement conservée
dans différentes villes, entre autres à
Arras, au milieu des bouleversements
qui suivirent Tinvasion des barbares. Au
moins cette ville était«elle renommée,
ainsi que Bruxelles, par la beauté de ses
tapisseries, longtemps avant l'établisse-
ment de la manufacture des Gobelins
(var.}« De nos jours, l* {abrication dea
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TAP
(686)
TÀR
tapis a prb une grande extension ; mais
on se sert beaucoup moios qu^autrefois
de tapisseries pour la décoration des ap-
partements, comme on peut en voir en-
core dans la plupart dies palab, et no-
Umment dans la cbambre à coucher de
Louis XIYàVersailles. Les papiers peints
et diverses étofles d*un prix beaucoup
moins élevé, auxquels on donne quelque-
fois, mais improprement, ce nom, les ont
remplacées presque complètement ; et, à
Texoeption des tapisseries des Gobelins,
qui sont employées exclusivement pour
' Tornement des palais royaux, on n'en-
tend plus guère, quand on parle de ta>
pisserie, qu'Un ouvrage de dame fait à
raiguilte sur un canevas d'une dimen-
sion plus on moins considérable. Ce
genre de travaux était fort répandu dans
le moyen- âge. Parmi les tapisseries qui
nous restent de cette époque, œuvres peu
intéressantes, si l'on veut, sous le rap-
port de Fart, mais précieuses comme
monuments archéologiques, nous cite-
rons plus spécialement la célèbre tapis-
serie de Bayeux, attribuée à la reine
Mathilde, qui représente la conquête
de l'Angleterre par Guillaume- le-BA-
Urd. E. H-o.
TAPISSIER. Ce nom se donne bien
moins à celui qui fait ou qui vend les
tapis, qu'à celui qui pose les tapisseries
ou tentures, recouvre les meubles, etc.
Sa profession s'exerce, comme on sait, sur
une foule d'objets d'ameublement. Il
orne les croisées, les lits, les dais, de ri-*
deaux en étoffes unies, imprimées, da-
massées, brodées, etc; il recouvre les
meubles de draps, de damas, de velours,
de tapisseries, etc., rehaussés de clous
dorés ; il fait les housses qui les protè-
gent; il habille des fausses portes, des
banquettes, revêt les murs de tentures,
tend des tapis à terre, en jette sur les
tables, ainsi que des courtes-pointes sur
les lits. Le tapissier est, en un mot,
l'homme qui applique des étoffes de tout
genre sur les murs et les meubles des ap-
partements. Le menuisier, l'ébéniste, lui
fournissent les squelettes qu'il habille,
en les bourrant de crin, de foin même,
et en leur donnant une sorte de sou-
plesse au moyen de ressorts spiraux qui
sortent de chez le quincaillier, ainsi que |
des patères, des cîous, des charnières, etc.,
que le serrurier l'aide quelquefois i po-
ser, et lesornemeuts en cuivre estampé,
doré ou mis en cH)nleur, dont le tapis-
sier orne les flèches , les ciels de lit , etc.
Il emprunte an drapier, au mardiaiulde
soieries, au fabricant de dentelles, m
tisseur, les étoffes de toutes sortes doot
il a besoin. Enfin, le 'fabricant de bro-
deries, le passementier, le doreur sur
bois, lui apportent la richesse de lean
ornements. Pour mettre tous ces maté-
riaux en œuvre, l'état de tapissier exige
autant de goût que d'adresse et d'habi-
leté. Décorateur des fêtes, le Upissier
est souvent obligé d'improviser deso^
nements légers qui jouent le splendide.
Il faut donc qu'il sache marier les coo*
leurs de ses tentures aux glaces, aox ta-
bleaux, aux lustres, aux vases, aux por-
celaines, aux fleurs, etc. Lacommuosotê
des marchands tapissiers était déjà trèi
ancienne à Paris à l'époque de la réfo-
lution. L. L
TAPROBAIffi, voy, Cktlah.
TARDIEU, nom d'une famille de
graveurs célèbres, parmi lesquels oonsd*
terons Nicolas- Henei, né à Paris œ
1674, membre de l'Académie depoi
t718,morten 1749.0ndistiDgaeptnii
ses ouvrages : une suite des Sataill(i
d* Alexandre {voy. Lebrun), qu'il gn"
sous la direction de son maître, G. Ao-
dran; une Madeleine d'après Bcrtin;
le Sacre de Louis XV ; le plafoudde
la galerie du Palais-Royal et la sépul-
ture des hommes illustres d'Angleterre.
Son fils Jacques- Nicolas est Tauleurde
quelques morceaux également estimn?
comme les Misères de la guerre, leD^
Jeûner Flamand diaprés Téniers, et YJf-
parition de Jésus à la Fierge d'aprû
le Guide. — Son cousin, Pierrb-F&^'
çois , a laissé des gravures non moins'*'
commandables, telles que Persée et An-
dromède et le Jugement de P^
d'après Rubfens. — Antoine-FraRÇOIS,
dit de VEsirapade.M la mÔœe famille,;*
à Paris en 1757,etmortle4Janv.l82^
fut un graveur- géographe des plus oist
les. Sans parler de la^parle de Ferrarn,
à laquelle il travailla, ou a de lui 8 pl*^
des capiules de l'Europe; les cartes *W
palatinats de Crjtcovie, de Plock, de t»'
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TAR
(681)
TAR
bllo et deSiiidoiiiir; lesitttsda Voyage
aux terres australes de Péron , de
V Histoire des guerres des Français en
Jtaliey de la 4« édit. da Voyage dAna-
char sis ; quelques plans du Voyage pit-
toresque en G/^^edeChoiseul-Gouffier,
et une grande carte de la Knsaie d'Eu-
rope. jKA9-BAPTI8TS*Pl&a&K , Ué k
Paris en 1746| mort en 1816, le pre-
mier' qui ait élevé la gravure des cartes
géographiques au rang d*nn art, grava
pour Marie -Thérèse la carte des Pays-
Bas, en 5 S planches ; pour Louis XYI,
les cartes des cha^ du roi ; pourThûm-
mel, 36 cartes topographiques de Saxe-
Goiha, ainsi que les cartes du Voyage
de Sonnini en Grèce et en Turquie , et
celles de Tédit. de Volney.— Son frère,
Pïer&e-Alîbxandez, né i Paris le 2 mars
1756, instruit à l'école de sa famille, et
après avoir reçu les leçons de son par-
rain, J.-J. Wille, a exécuté, à la manière
de Nantenil et d'Édelin<^, et avec un ta-
lent fort remarquable, un grand nom-
bre de gravures d'après les tableaux des
plus grands maîtres. Son portrait d'^-
rundel passe pour un véritablechef-d'œu-
vre. On n'estime guère moins son Saint
Michel et son Saint Jérôme. En 1791,
il remporta le grand prix de gravure,
malgré la concurrence redoutable du cé-
lèbre Bervic, dont il occupa, depuis le
4 mai 1822, le fauteuil à l'Académie des
Beaux- Arts. Il est mort à Paris le 8 août
1844. Il était membre de la Légion-
d'Honneur depuis 1825. On cite encore,
parmi ses nombreux ouvrages, deux por-
traits de Voltaire, d'après Largillière et
Houdon , la veine de Prusse , d'après
M°** Yigée-^Lebrun, Montesquieu, d'a-
près David, Psyché ei le maréchal Ney,
d'après Gérard, Napoléon, d'aprèsM. Isa-
bf y, Ruth et Booz^ d'après M. Hersent,
les Adieux de Louis XVI à sa famille^
d'après Monsiau, etc. E. â-G.
TARDIGRADES (detardusy lent,
et gradiory je marche), tribu de l'ordredes
éclcntés (voy,)y ayant les membres anté-
rieurs très longs et le museau court. Il
comprend les paresseux {voy,) ^ l'/ii",
Vunau. ' Z.
TARENTE, ville antique dltaHe, au-
jourd'hui 7Vira/itoyCtdo«imèmele nom
andeo , devrait s'écrire Tarante ^ puis-
qu'il vient deTarasy fils de Neptune,
son fondateur. Ce fut une république
célèbre {voy. Geavdb-Geàgb, T. XII, p.
755), qui prospéra longtemps par le com-
merce maritime et par de sages institu-
tions; mais qui finit par tomber au pou-
voir des Romains (l'an 272 av. J.-C),
après avoir vainement soutenu contre
eux la guerre dite des Tarentins^ qui
fit venir Pyrrhus {voy.) en Italie. Ar-
chytas {voy.) fut un de ses plus illustres
citoyens. Elle était située sur le golfe du
même nom, et offrait au voyageur des
monuments somptueux , mais aussi un
grand relâchement de mœurs, consé-
quence des richesses qui s'y étaient ac-
cumulées. X.
TARENTE (p&mcEs bt ducs db),
voy. Tang&èdb, La TEiMoiiXB et Mac-
DONALD.
TARENTULE, voy, AfiAioinéB.
TARGE, voy. BouGLiBR*
TARGET (Gnrr-JBAN-BAPnsTB), né
à Paris , le 6 déc. 1733 , éuit fib d'un
avocat au parlement de cette ville. Il
montra, dès son enfance, une passion ar»
dente pour le travail , et il obtint au col-
lège Mazarin des succès qui pouvaient
fa^re présager ceux qui l'attendaient dans
une plus vaste carrière. Après avoir ter-
miné son cours de droite qu'il avait corn*
inencé, avant l'âge requis, au moyen
d'une dispense accordée par Louis XY,
Target fut reçu, le 6 juillet 1752, avo-
cat au parlement de Paris» Il consacra
d'abord plusieurs années à l'étude de la
jurisprudence, de la littérature et de l'his-
toire; puis il se livra tout entier à l'exer»
cioe de sa profession, et se plaça bientôt
au premier rang, à une époque où le
barreau abondait en hommes supérieurs.
Parmi les causes nombreuses qui jetè-
rent sur son nom un vif éclat, nous ci-
terons celle de Damade contre Queyssat,
célèbre par4a lutte qu'il soutint sans dés-
avantage contre Gerbier {voy*), et celle
de Gazette et de la D^'* Fouque contre
les jésuites, dont les constitutions furent
alors vivement attaquées par Target. Son
plaidoyer pour la rosière de Salency se
distingue par la grâce, l'harmonie et une
élégance continue. Son mémoire pour le
cardinal deRohan, dans l'affaire du col-
lier {voy.)y est un admirable modèle de
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TAB
(688)
TAR
dl9€iUBioa jodicUîre. Par la coiiMikatioii
poar la marqDise d'Anglare, œuTre re-
marquable dont La Hirpe a fait l'éloge,
il ent la gloire d'attacher son nom à Fnne
des plus importantes réformes , en pro-
voquant Pédit de noT. 1787, qui rendit
un état civil aux protestanU français.
Lors de la création du parlement Mau-
peou , Target se condamna , comme un
grand nombre de ses confrères, à une ho-
norable retraite; et , non content de re-
pousser les menaces et les offres les plus
séduisantes du chancelier, il publia con-
tre lui les Lettres éPun homme à un autre
homme y le meilleur, au dire de Mirabeau,
des écrits polémiques qui parurent à cette
époque. Après le rétablissement des an-
ciens magistrats, il fut chargé de les félL«-
citer, le 38 nov. 1774, à Taudience de
rentrée , au nom de Tordre des avocats.
Ses lumières et sa probité courageuse lui
firent bientôt obtenir le titre de conseil-
ler au conseil souverain de Bouillon, et
celui d'avocat de l'uuiversité de Paris. A
l'occasion de la lutte que soutenait (1775)
contre Linguet {yoy,) l'ordre des avocats
qui l'avait exclu de son sein , Target fit
paraître, sous le titre de la Censure^ un
écrit dans lequel , après avoir tracé les
devoirs de l'avocat , il se prononce pour
le pouvoir disciplinaire, seul moyen de
réprimer ces actes que l'honneur et la
délicatesse réprouvent, mais que la loi
pénale n'incrimine pas. Nous le voyons
alors en relation d'amitié avec quelques-
uns des esprits les plus distingués de son
temps, Gondorcet, Lacretelle aine, Mi-
rabeau, le président Dupaty. En 1785,
il fut élu, à l'unanimité, membre de l'A»
cadémie-Française. La mémeannée,Tar-
get, qui avait joint des réflexions et des
notes è la traduction donnée par Mira-
beau des Observations du docteur Price
sur Vimportance de la révolution amé*
ricainef reçut des lettres de citoyen libre
de Newhaven, que lui adressa cette cité.
Élu député du tiers- état de Paris aux
États-Généraux, dont il devint président
en janvier 1 790, il prit une part active aux
travaux de cette mémorable assemblée,
et notamment à la rédaction de l'acte con-
stitutionnel. Il appuya la délibération du
17 juin 1789, par laquelle le tiers- état
se cpnstitua en assemblée nationale ^ et '
fit cootinoer les impôts existants, |im«
tir la dette publique et déclarer le ^oo-
vernement monarchique. Il vota Is per-
manence et l'unité du corps- législiiif,
et demanda que l'exercice du veut toi-
pensif fût étendu à deux législatures. Il
provoqua la suspension provisoire dts
vœux monastiques et appuya la lappm-
sion des parlements en demandant hcoo-
tinuation des bailliages et sénéchsoiKei
dans leurs fonctions. H fit ausn reodre
plusieurs décrets sur l'éligibilité dci d^
pûtes , et fixer les conditions aii»|iKll(s
les étrangers domiciliés en France pov-
raient exercer les droits de oitoyeo. E^
fin , il fit régler le cérémonial de la {^
dération du 14 juillet, et il contribu
beaucoup à l'adoption de la nooTelle di-
vision du royaume en départements.
En décembre 1792, Louis XVirajiÉ
désigné pour son défenseur, Target oV-
cepta pas cette mission, et motiva son re-
fus, qui est devenu le prétexte d'odievo
calomnies, sur Pétat de sa santé, fjiàïh
vait contraint de renoncera la pU^
dès 1785 , et qu*avaieiit récemmeatiç-
gravé quatre années de travaux exœiili.
Mais ce que ses détracteurs n'oot pisdit
(et ce fait est aujourd'hui presque i(Don
c'est que, doué d'autant de nobleiaeditt
le caractère que d'élévation dans re-
prit , il s*astocia spontanément à h dé-
fense de l'infortuné monarque, et pobiii
sans pouvoir invoquer cette sorte dit-
violabilité qui protège le défenseur ii-
torisé , des Observations dans lesqaeilfl
il dénonçait à la Convention son incon*
pétence , et présentait, avec non rooii»
de raison que^ d*énergie, tous les moi'^^
qui pouvaient empêcher la cpo^^a"""'
tion de Louis XVI.
Depuis la création des nouvesQx corps
judiciaires, Target fit partie, soit'comiM
juge, soit comme président, de deox df5
tribunaux civils de Paris. En Vêo VH,
il fut nommé membre de la Cour de ca^
sation, et il occupa celte place jusqu'à^
mort. Ses collègues le désignèrent àrusi'
nimtté pour Pun des commissaires cbirfés
de présenter des observations sar le pro-
jet du Code chU. Il fut, en outre, uodrt
cinq membres de la Cour suprême aoi-
quels le gouv^roemei^ confia Is rédscoo»
d'un projet de Code criminel | et <I>"
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TAR
(689)
TAR
chargea d'ensuivre la discmsion an Con-
seil d'élat. Il était membre de riostitat
et de la Légion • d'Honneur. Durant les
dernières années de sa vie, il passa dans
la retraite, au milieu de sa famille et d'un
petit nombre d'amis, les moments de loi-
sir que lui laissaient ses devoirs. Il mou-
rut aux Molières (Seîne-et-Oise), le 9
sept. 1806.
Outre les ouvrages déjà cités, et un
grand nombre de discours^ de rapports
et d'écrits de circonstance, on a d0l^ap>
get : Okserpations sur le commerce des
grains j faites en décembre 1769, pu-
bliées sous l'initiale M^ Amst. et j?aris,
1776, in-12; Ms États-' Généraux
convoqués par Louis XFI ^ avec deux
suites, Paris, 1789, in-8»; Projet de
déclaration des droits de l'homme en
société f Versailles, sans date, in- 8®. On
trouve plusieurs de ses œuvres oratoires
dans le t. VII du Barreau français et
dans le t. III des Annal^ du Barreau
françaiSy qui contient en outre une nO"
tice sur Target, par M.Dumon, ministre
actuel des travaux publics, et les Obser»
pations sur le procès de Louis XV 1^ que
nous avons mentionnées plus haut.
Target laissa un fils, Louis-Aitge-Ctut
(né à Paris le 4 oct. 1792 , mort le 1*'
noT. 1832), avocat distingué qui devitft,
en 1830, préfet du Calvados et remplit
ces fonctions avec une fermeté et une
modération qui lui concilièrent l'estime
de tous les partis. £. R.
TAR60UM, au plur. Targoumim^
traductions et paraphrases ofaaldéennes
de r Ancien-Testament.
TARGOWIÇA (covnÎDéEATioNDB),
les patriotes disent complot de Targo-
wiça, voy, Polognr, T. XX, p* 1 3, ainsi
que Branegki et Porocxi {Félix), EUeeut
lieu le 14 mai 1792. Targowiçaest une pe-
tite ville du gouvernement de Kief, district
d'Oumân, sur les confins de Kherson.
TARIF. Ce mot, qu'on croit dérivé
de l'arabe, signifie, dans son acception
la plus commune, un tableau indiquant
les Irais auxquels on est astreint dans cer-
taines circonstances et surtout les droits
auxquels certaines marchandises, cer-
tains actes ou objets sont soumis.
Les impôts de consommation s'établis-
sent et se perçoivent généralement d'à-
Bneyelop, d. G» d* M, Tome XXL
près des tarifs; il en est de même d'une
foule de taxes locales, auxquelles on n'ac-
corde peut-être pas une attention suffi-
sante; enfin les tarifs sont employés quel-
quefois pour'les impôts directs eux-mê-
mes. Il est, dès lors, facile de concevoir
quelle grande influence les tarifs exercent
sur la situation financière et économique
des états.
L'autorité à laquelle appartient le droit
de décréter l'impôt a naturellement le
pouvoir d'arrêter lés tarifs qui détermi-
nent la quotité de l'impôt et servent de
base à sa perception. Cependant le pou-
voir législatif se borne quelquefois à éta-
blir une taxe en principe, et délègue au
pouvoir exécutif le droit de faire les ta-
rift pour l'assiette et le recouvrement de
cette taxe. Ces délégations ont lieu ordi-
nairement quand il s'agit de taxes locales,
embrassant des objets et des circonstan-
ces d'une nature toute spéciale que le
législateur ne pourrait apprécier qu'im-
parfaitement, ou bien encore pour des
matières sujettes à une mobilité que le
pouvoir parlementaire ne peut suivre
avec ses formes de délibération savam-
ment compliquées. Ainsi, en France,
par exemple, le pouvoir législatif, qui
règle les tarifii pour l'impôt des portes et
fenêtres et. pour celui des patentes, pour
les taxes sur les boissons, sur le sacre, sur
le sel,sur l'enregistrement, sur le transport
deslettres par l'administration des postes,
sur celui des voyageurs et des marchan-
dises parles canaux et par les chemins de
fer, délègue au pouvoir exécutif le soin
de déterminer les tarifs des droits d'oc-
troi, des droits de voirie, de pavage, de
mesurage, de jaugeage, de placement dans
les halles ^ foires et marchés , et autres
taxes qui se perçoivent au profit des com-
munes. Il délègue également son droit
quant aux tarifs pour les péages sur les
ponts, sur les bacs et bateaux de passage,
et pour le pilotage des navires. Enfin,
pour certains objets, le pouvoir exécutif
a reçu du législateur le droit d'arrêter des
tarifs de douane, par exemple en ce qui
concerne l'introduction ou la sortie des
céréales. L'exercice de ce droit, à titre*
provisoire, dans l'intervalle des sessions
législatives, est même très étendu.
Souvent le pouvoir légblatif met pour
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TAH ( 690 )
00B4iUM à M Mlégilioli iflM iM Urift
Mi^ntarrétéipardet ordontaaiicéBrbyilM
rMMioes, l< Conaell d*éut eDtettda. Mtit
et D'ett pis «D< règle géoéràle; on peut
■i4iiie dire qu'il n'j a pu de règle à ce
•ttjeti car il est des lailft très imporiaoti
(|ei ne tonl pet •garnis ans délibérationd
4n Genteil d'étati undis que d'autres de
moindre intérêt lui doivent être soumis.
Dana tous les pays« la tsoni position des
"tturifti el éturteul de oeui qui se rappof •
lent euA droits de douaUMi ëit donné
Uèu à de vive» el longues OMtrovefMa
qui ne seroUl pas épuisées de longtéupa;
eliea tiennent prineipalement à ee que
ees urili) outre leur but fiseâl, t'eit-^à*
dire de proèufer des reksoureeê au tréaof
publie, se propuaent aussi de protéger ce
qU*en appelle le trairali Aatiobali Or, le»
limites raisonnables de IMtte pfoteétiOût
esaentiellenent :variabléseelod les tempe
elles peyi, sont eitréuemeni diilelles4
reneentrer) et les difieultés inbérentti
au sujet se eempliquent de toutes ijellei
que font silrgir les intéréu et les préjugée
individuels.
Qeoi qu'on en puisse dire^ c'est une
règle dont l'eipériènce a vérifié la lagéM
que, dans noé états modernes éurtout, lé§
tarifs modérés profitent égalemebi au tré^-
aor publie^ aux producteurs et iut 6on«
aommaieurs; ils sertent aussi les intéféta
de la morale en enlevant à la fraude ces
stimulante puissanu qui ont créé lé pro»
fsssion de contrebandier. Il faudrait sur-
tout se rappeler^ quand on réeléme l'eti«
teUsioU du oommeree national i qu'il est
yefà Cott«éqUent de démander en même
lenipai à l'égird des provenanees étratt*»
gèresi l'emlension des probibiiionS|Ott lei
surélévations de tarife qui arrivent eut
mêmes résultats. ^Of i DouAiris, IttPÔTS)
QeràoiSf eie» J. B-à;
TARIFA {BktAïBLz iln)i Tarifa eil
une ville forte de la protibce espagnole
de Cadix I sur le délroil de Gibralttr^ en
fiée de Tanger» Slle est célèbre par la
victoire remportée par les BspagooU sur
les Maures I le t» uei.lléO> Fqjr. Al-
ruoHSft XL
* TAftN (iMpamxkbiit otr). Ce dép.,
borné au nbrd-ést par celui de l' Avejron,
à Test par eelui de l'Hérault^ au èud par
€tlui de l'Aude î iu sudmuuit ptr celui
de la Haute*6iironne et au aani-oQa
par celui de Taro-eUGarooDe (vo). ce
noms), reçoit son nom de la rivière di
Tarn qui, prenant âa source dsosledép
de la Lozère, traverse celui doTtra^d
l'est k Pouest, en passant à Alby,eti
se Jeter dans la Garootte aapriideMoii
èac II reçoit, près de la limite occidei
taie, à la pointe de Saint-Sulpice, rAgoi
tenant dn dép. de l'Béraalt, elqueFo
propoëe depuis longtemps d'ooir piri
cMât an grand Canal du Midi.Ceiur
f ière reçoit à son tour le Tboré, le Di
dOtt et ia Sof. Le Tarn n'est navipbl
qtté depuis Oaillao. Le sol se coop»
de plainéi et de tallons«fertilei, tma
nord, à l'est et au sud s'éteodeoid!
'chaînes de montagnes qui soûl poori
plupart en plateaux du côté ètWtv
run; do remarque surtout It ctutoeà
sud appelée la montagne Ivoire, qui poni
les fbréti dé Ndre, Ramondens, Pil-
quiéf, etc.; lès Uiontagoes de feâ d
les fofêté des Carmes et ^eRikissac,fiJa
montagnes dé l'ouest les bois àtùmi'
gfle et de VabUr. Les éattx de U soi-
tagoe Noire ëont recdeillies es f^
dan^ le bas^iu de Saînt-Pettéoljqoic^
Cbmme ou sait, lé prlhcipil résenv
poor le canal du M\di\i>ay. V»ft.).^
lei terres Ibrméèé du détritus dttrod»
calcaires et appelées Causséesy oo et-
tivé beaucoup de bfé et de mafs.Lir^
coite des plaines supplée à celle des s»
tagftes qui est généralement plom.i^
dép« a dés mines dé cuivre et de fer, à:
bouille et de manganèse, des cirri^<^
marbre, de granit, de gypse et (l'«|i^
plastique^ dans la partie mootigoeox,
on entretient des troupeaux conwJénl^
de bétes à laine dont la tdote, énlo^t
eéO^OOO kîlogr. par an, est ttù^¥
dans le grand nombre de fabriqua «
pays. On cultive la vigne particulier*-
ment à Rabastens et à Gaiilac, àt\y
et de la coriandre, datai lei acM
mentsdéGaillaoc
conservé la culture du past<
fbîs éUit trèè imporUote pour celte con-
trée.
Lé dép. A une superficie de 5t8,9ï^
bectares, oU uO peu plaâ àt i^\*
^etd'A\hj;\eàeroitr'
iredupasteUtiiw»*-
nectares, oU uO peu plQs °<^ ' ..
lieues carrées, dont plUs de l« ^^
c'est-àHlirc 836,410 héct emcff»"'
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TAtt ( 6»
bourables, 80,S91 en boit, 41,ft48 en
prés et 31,343 en vignes; les landes et
bruyères occupent encore plth lie 60,000
hecl. L'industrie s'exerce particulière-
ment sur le tissage des laines qdi, depuis
longtemps, a pris une très grande eiten-
sion non-seulement dans les villes, mais
iussi dans les campagnes; sur la bonne*
' terie, la minoterie ou fabrication des fa-
rines; sur la tannerie, sur la papeterie,
et sur la confection de Pacier qui occupe
principalement l'usine deSabo. Le dép.
fait un commerce assez considérable de
sa draperie, surtout pour les pays du
midi ; de ses Ikrines, pAtes dltalie, bou*
gies, acier, etc.
Le départ, du Tarn se divise dfens les,
4 arrondissements administratif^ d'Alby,
Castres, Oaillac et Lavanr, compre*
nant 3^ cantons et 319 communes,
ayant ensemble une population (sttivant
le recensement de 1841) de 861,795
âmes, payant 1,646,290 fr.d1mp6tfon-
cier. En 1636 sa population était de
846,614 bab., présentant pour mouve-
ment : naissances, 10,556 (5,4^8 masc,
6,090 fém.), dont 434 illégitimes; décès
7,169 (8,726 masc., 8,433 fém) ; ma-
riages, 2,729. Le 9 juillet 1642 ce dép.
avait 2,703 électeurs, qui nomment 6
députés, dont deux pour Castres (ville
et arrondissement). Il fait partte de la 10*
division militaire dont le quartier géné-
ral est à Toulouse; ses tribunau^i sont du
ressort de la cour royale de Toulouse, ^t
aes collèges et écoles de celui de l'aca*
demie de la même ville ; il forme le dio-
cèse d'Alby, siège d'un archevécbé; potti^
le culte protestant > il y a quatre églises
consbtoriales à Castres, Ma£amet| Va-
bre et Lacaune, dont dépendelH une
vingtaine d'écoles. Les protestanu sont
nombreux dans ce pays, et ils Tétaient
bien plus avant la révocation de l'édit
de Nantes.
La ville d'Mfyy chéf-lieu de préfec-
ture, sur le Tarn, est très ancienne*, et
c'est d'elle, comme on sait, que la secte
des Albigeois (voy.) a reçu son nom.
Elle a une vieille catbédiale bâtie en
briques, et couverte à l'intâ-ieur de pein.-
tures; il y a Un petit musée, une biblio-
thèque et une jolie promenade. La statue
da célèbre navigateur Lapéronae {yoy),
i)
TAtt
M data» cette ville, décore due place pu^
blique. Le population ae moutalt,^ en
1886, à 11,801 imea. U peUte^llIe de
Réalmont (2,782 bab.), à quatre lieues
d'Alby, se faK rémarquer par sa construe*-
tion régulière, et le bourg de Lescurea
par sa culture considérable d'oignons.
Plus peuplée qu'Alby, la ville de Castres,
sur KAgont, comptant une population
de 17,602 habitants, a un ancien palais
épiscopal converti en sous -préfecture,
airec un jardin publie, de belles casernes
et un grand hôpimij ses fabriques coft-^
sistent en draperies, filatures de coton »
tanneries et papeiairies. Bfatamet, tlllé
manufacturière de 8,l5l âmes, est rem*
pUe de fabricants de petite draperie; et
Stirèxe, ville de 2,916 âmea, sur la-SoV,
est connue sut-tout par son école qui â
remplacé une ancienne abbaye. Une au«
tre abbaye existait à tfaillac , viUe de
8, 1 99 bab., sur le Tàm, ayant deux hè«
pitaux et récoltant, comme RabasteiiS|
sittlé également sur le Tarn^ des tins es-
timél. Lavaur, ville de 7,206 hab.,aar
l'Agout, que traverse un pont d'une cou*
struction hardie, se signale par sea plan*
tations de mûriers, par aes filatures de
soie et ses manufactures de soieries. C'est
sur le sommet d'une montagne qu'eit
située la ville de Ptty-Laurens (6,280
hab.)^ où les protestants avaient ancien^
nemenr une académie. Le dép. du Tarn
se compose de Tancien Haut-Languedoc
et de l'Albigeoia, et a été ravagé par les
guerres religieuses. On remarque encon
les vestiges d'un camp des Albigeob à le
pointe Samt-Sulpice. D*o*
TAkN^ET-QARONNB (niPAATt^
MËHt de). Borné à l'est par |.ea dép» de
l'Aveyfon et du Tarn, au sud par tielui
de la Haute-Garonne, à l'ouest par cetix
du Gers et de Lot-et*Garonne , et atl
nord par le dép. du Lot [voy. tous ces
noms), il est traversé datta la partie dti
sud«ouest par la Garonne qnl, venant dti
dép. de la baùte-Garonne, reçoit au-des-
sous de Moissac l'Aveyron, lequel, dana
son cours,a reçu le Tarn réuni attTeacou.
Beaucoup de petites rivières vont grossir
la Garonne, entre autres la Gimone, le
Serre et le Rais à gauche, la Bargelone
à droite. Un canal projeté entre Toulouse
et LangoUy et passant à JHoisaeCi éé^tk
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TAR
lotifer le conn dn fleiiT« qui traTorte une
grande vallée formée de terres argileuses,
de marnes et de sables : c^est un sol très
fertile ; il en est de même des bords dn
Tarn qui cependant souffre des débor-
dements de cette espèce de torrent. Le
dép.'a des plateaux dont la hauteur n!^ x-
oède pas 400™, et qui sont terminés en
partie par des escarpements laissant en-
tre eux des ravins profonds. Le sol re-
cèle des mines de fer et de bouille, et dies
carrières de marMre et de pierres de taille.
La récolte des céréales, des fruits et des
légumes est abondante; on cultive beau-
coup de mûriers, des dbâuigniers, noyers,
coignassters, un peu de safran, du lin,
du chanvre et du vin d'afisez bonne qua-
lioé. On fkit beaucoup de minoterie pour
l'exportation. Ia pèche est productive
dans la Garonne et dans ses affluents; on
élève beaucoup ^e mulets, et dans les di-*
verses espèces de gibier que l'on prend,
on compte surtout les ortolans.
Sur une superficie de 866,976 hecta-
res, ou un peu plus de 1 8 5^ lieues carrées,
le dép. de Tarn-et- Garonne a 229^224
hcct. (les I de sa surface) de terres la-
bourables; 45,887 de bois, 86,708 de
vignes et 17,846 de prés. D'après le der-
mer recensement (1841), sa population
est de 239,297 habiUnU; en 1886, elle
était de 242,184, dont voici le /nou-
vement: naissances 5,715 (2,917 masc,
2,798 fém.-), parmi lesquelles 289 illé-
gitimes; décès, 4,895 (2,517 masc.,
2,87a fém.); mariages, 1,960. Il paie
1,648,805 fr. d'impôt foncier. Formé
de portions du Bas-Q^^>'<^y» del'Agénois,
du Bas- Armagnac et de la Basse-Marche
de Rouergue, il se compose des trois ar^
rondissements de Montauban, Môissac et
GasteUSarrazin, qui comprennent 24
cantons avec 192 communes. Pour l'é-
lection de 4 députés, nommés par 2,276
électeurs (9 juillet 1842), il se divise en
4 collèges électoraux, dont 8 se réunis-
sent aux chefs- lieux des arrondissements
communaux et un 4^ à Caussade. Le dép.
est, pour les tribunaux^ du ressort de lé
cour royale de Toulouse, et pour l'in-
struction publique de l'académie de la
même ville. Il forme le diocèse jde Mon*
tauban et appartient à la 10^ division
militaire, dont Toulouse est le quartier
( 69Î ) TAB
général. €e pa]v est <^luis loDgtenpi
habité par un grand nombre de réfor-
més, qui, 'malgré, les violences exercées
contre eux sous le règne de Louis XIY,
s'y sont maintenus ; ib ont deux égliiei
consistoriales , savoir: à Montaobaoet
à Nègrepelisse; dans la première de ce
villes, ils ont aussi une fiiculté de théo-
logie. *
Montauban^ chef-lieu du dép., ifet
un évêché et un collège, est une Tille (ie
28,865 habitants, dont environ 8,009
protestants, située sur la rive droite di
Tarn . Cétait autrefois la capitale do Bii-
Quercy, et une place forte qui résistai
Louis XIII et aux dragonnades de ki
successeur, qui La fit démanteler. Les iin-
l>ourgssont mieux bâtis que la fHIedosi
les rues sont généralement étroites; ih
cqpMnuniquent avec celle^ parto^
pont à rentrée duquel s'élève uoeespèct
d'arc de triomphe. Parmi les édifices à
Montauban, les plus dignes de remir^
sont : d'abord la cathédrale, coDstniK
dans le style ftalien sur une grande place,
l'hôtel Aë viUe, celui de la préfedat,
situé également sur une place pabii(|u,
et l'église Saint- Jaeques; de jolies (ho-
menades ornent les terrasses foroiéesie
d'aneiens murs de la ville, et les bords k
Tarn. A4 lieuesyde Montauban, on trom
Nègrepelisse, ville de 8, 1 42 àmo, sarfi-
veyron , que Louis XIII fit brûler poc
venger le massacre commis par Icsbbi'
tants sur la garnison. Des forges coni*
durables existent à Bruniqoel (It?^
hab.), où l'on voit les ruines d'oocM*
teau très ancien. Castel-Sarrazio laprês
de la Garonne compte 7,408 bab.; dit
est traversée par T Azine, un des li^^^
de Ja Garonne. A quelques lieues de %
sur la Gimone, est située la jolie ville ^
Beaumont-de-Lomàgne (4,311 htb.ji
très bien bâtie 'et environnée de Tip»*
blés. Moissac, sur la rive droite doTarfli
avait autrefois une abbaye ricbe, ooa-
breuse et puissante. Aujourd^bui la nw
fait, par le Tarn et la Garonne, un coa-
merce consfdérafïle avec Bordeanit^
compte 10,618 hab. Des vignobles et des
vergers couvrent les coteaux d'aleolour.
L'ancienne abbaye est détruite en grM»
partie; la ville n'a d'autres coiistnic<!^><
remarquables que le pont sur le Ivf^^
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TAR
(693 )
TAR
la foolftine ptibliqne. Il f«o( citer encore
les petites ville deGatiS9ade^4,640habA
aar le Lève; de Caylos (5,424 hab.)^
snr la Bonnète : toutes deux font ^le
commerce des grains; et da Saint-Anlo-
nin (5,455 bab.), au confluent de l'A-
Teyron et de la Bonnète, sur laquelle
sont établies un grand nombre de tanne-
ries. • D«o.
TARNOWSKI (JsAir, comte), sur-
nommé le Grand y naquit en 1488 , à
Tarnow , ville de la Galicie, d'un père
qui fut castellan de Gracovie. Sa mère
était petite-fille d6 Zawieski-le-Nofr, cé-
lèbre sous le règne des premiers Jagel-
lons. Confié de bonne heure aux soios
du cardinal Frédéric, puis à ceux de
Martin Drzewicki, évéque de Przem^'zl et
cbancelier de la couronne, il eut occa-
sion d'approcher du roi Jean- Albert, et
il obtint la faveur de ce prince, ainsi
que 'celle de ses successeurs, les rots
Alexandre et Sigismond* Auguste. Doué
de grandes dispositions pour l'étude des
belles- lettres et pour l'art militaire, il
voulut achever de s'instruire par l'expé-
rience des voyages, et alla visiter les côtes
de la mer Noire, la Syrie, la Palestine et
enfin les côtes occidentales de l'Afrique,
où le roi de Portugal, alors en guerre
avec les Maures, lui confia un commande-
ment important. Mais Tarno^ski ne tar-
da pas à quitter le service de ce prince,
pour continuer ses voyagfs, à la suite
desquels l'empereurCbarles-Quint lecréa
comte de l'empire romain. De retour en
Pologne, il reçut duroiSigtemond ladiâ-
tellenie de Woyniski, et, bientôt ap^ès^^ le
palatinat de la Petite-Russie. On était
alors en guerre avec les Russes : il se ren-
dit a l'armée, où un corps de volontaires
nobles le choisit pour cb^. Après avoir
débuté par une imprudente bravade, où
du reste il n'exposa que sa personne, en
défiant le plus brave de l'armée ennemie
à un combat singulier, il racheta cette
première faute par une conduite pleine
de bravoare et de prudence. Lorsque
Soliman vint mettre le siège devant Bel-
grade, en 1521,'Tarnowski fut envoyé,
avec 6,000 hommes de troupes auxi-
liaires, au secours du roi de Qongrie,
neveu de Sigismond. Mais il arriva trop
tard : Belgrade venait de capituler. Le
roi ne lui en donna pas moins le bâton
de grand-maréchal de la couronne. En
15ai , >1 soutint en Pokucie une double
attaque des Moldaves, et parvint à les
vaincre à Obatyn, quoiqu'ils fussent cinq
fois plus nombreux que lui. Cette yic-
toire Ittî valut un brillant triomphe de
la part du roi Sigismond , ainsi que du
sénat, du clergé et des habitanu de Cra*
covie. Après avoir chassé, en 1534, les
Tatars de la Podolie, M se hâta d'aller
prendre le commandement* des artadées
polonaise et lithuanienne menacées par
une nouvelle invasion du tsarloannVas-
siliévitch, qu'il repoussa jusqu'au, cœur
«te la Russie. En 1538, il porta la guerre
chez les Moldaves, et força leur Voîvode
à reconnaître la suprénlatie du roi de
Pologne. A la suite de ce nouveau succès,
la diète de Pétrikau vou au brave géné-
ral une récompense considérable, qu'il
distribua entre ses con^pagnons d'arme9.
En 1548, le jeune Sigbmond-Auguste
ayant succédé à son père^ Tarnowski lui
assura, par sa protection toute-puissante,
le cdbcours de la dièt^ et réussit à réta-
blir la bonne harmonie entre la noblesse
et le clergé, dont les divisions menaçaient
de devenir sérieuses ; puis il conduisit le
nouveau roi à Dantztg qui refusait de
reconnaître son autorité , et où le calme
fut promptement rétabli par la fermeté
et la prudence du grand-général. Vers
la fin de sa vie, Jean Zapolié, éltf roi de
Hongrie, et chassé par ks Autrichiens,
vint demancier asile à Tarnowski qui,
malgré les menaces de fVrdinand, lui
assigni^pour demeure la ville de Tarnow,
avec un revenu vraiment royal. Plus
tard, Jean Zapolié, remodté sur le trône,
lui envoya ud bouclier d'or massif, et
un bâton de commandement d'une va-
leur de 40,000 ducats. Les dernières
années du grand -général s'écoulèrent
paisiblement dans laT ville de Tarnov^,
au milieu des jopiss^nces de l'étude. Il
y mourut, en 1571, à l'âge de 83 ans.
On a de lui quelques Ofoyrages, parmi
lesquels nous distinguerons des Conseils
sur V art militaire^ en polonais; un petit
triKté adressé à Charles- Quint Sur les
guerres contre les Turcs ^ en btih ; enfin
un Traité sur les loisy et ses Discours
les plus importants, prononcés à la diète
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TAR
(694)
TAR
de Pologne, égalemeDt en Utin. D. ▲. D.
TAROT, voy- Caetei a #oum.
Lorsque Jacqnemin G rkigoniieur cher-
cha dant le jeu de tarot ud remède on
plutôt un foulagement à la folie du toi
Cbarler VI, il se composait de 77 eartcs,
dont 2 1 numérotées avec figufet, 66 dt
quatre espèces différentes, plu» une sans
ijuttéro, que 1*00 nommait le /ba. Parmi
les antres cartes à figures, qui tontes sans
dovite avaient pli» d'un rapport avec les
idées religieuses ef politiques de ces temps
d*ignorance, on remarquait te monde ^ le
jugement 9 le soleil^ la 0ur ou maison de
Difiu^ la mort^ le fmpe et même la pa^
pesse^ noms étranges et qui pourraient
dire supposer que la danse macabre n'a
pas été étrangère è l'origine de œ jeu.
Les autres cartes, divisées en quatre por-
tions égales, avaient reçn les dénomina-
tions génériques à^épée^ de ampe, de
bâton et de denier^ que les Eipagools
ont conservées et désigneOt encore par
les mots éCespadiUoSf copas, bastos et
dîneras, auiquels nous avons substitué
nos quatre couleurs de piqges, de oœurs,
de carreaux et dé trèfles, de même que
nous avons remplacé les figures des ta-
rots par nos rois, oof dam^, nos valets
et nos as. Ce jeu se jouait à deux per-
sonnes, et consistait à prendre a son ad->
versaire le plus que Ton pouvait d'atouts
ou de certes à figures. On gagnait ordi-
nairement il cent points, comme au pi-
quet. Il a, du reste, complètement dis-
paru de nos habitudes, et après avoir fait
longtemps fareur en Suisse, en Alle-
magne et notamment aux célèbres eaux
de Spa, il ^emble n'avoir laissé de traœs
qu'en Espagnei oà il a résisté à la révo-
lution opérée par les cartes frangiises, et
chez les diseuses de bonne aventuire de
tous pays, dont l'art divinatoifos'accom;
mode bien mieux de leurs figures mys-
térieuses. •
De cejen diffère à Bien des égard» et
qu'on appelle en itlleitiagne, en Euasie,
en Pologne, tic. f jeu de taroc^ qui «e joue
par trois personnes. Il se compose aussi de
78 cartes; parmi les 32 «iouuou tarocs le
principal est celui qu'^n appç|le scus (du
françaisi^xfi/^^), représentant unnrle-
qain, et le moins élevé le pagat ; avec
le 31* atout| ces deux cartes forment c«
qu'on appelle les matadors, Peer lar^
gle du jeu, le leeteut consultera \tt\m
tésspécisuK. D. A.D.
^ TARPÉIENNB (bochx), roche £i
meuie dans l'ancienne Reme, d^où h
précipitait les criminels. Elle tirait fo
nom d'une jeune fille, nomaée Tirptii
qui, dit-on, se laissa persuader ptr Ti
tius(vox*)> ''ol ^esSabins, delailifn
UB fort du mont Gapitolin, ëootso
père était gouverneur. La dernière eic
Otttion de cette espèce dont il soii (i
mention dans l'histoire est celle de SriU
Marins, condamné à mort soos Tibcn
Im Capitole (vo^.) s'élevait sur ce oéa
rocher : de là le proverbe qu'on ne lu
rai tassez rappeler aux ambitieux de uh
les pays c Du Capitole à la roche Tar
pétenne il rCy a qiiun //ox. ^
TARQUIN, nom porté par dn
rois de l'ancienne Rome et qui étaitai
doute dérivé de celui de la ville étros^
iyof.) de Tarqninie».
TARQeiH l'Ahcikh (Xociiix T<wî«'
nius Priscus). S'il était permis d'ijwje
foi à tout ce que les historiens roD»
nous racontent de ce prince, on pourTV
dire que jamais il n'y eqtun plosgntf
roi; mais leurs réciu se contrediscDifi
des points si imporUnts qu'on doii»^
cessairement admettre qu'ils n'ost i^
cueilli que des tvadilions vagues, iooos
plètes, altérées, t| qu'en cet éuti»
choses, k pins sâr est de rester diosu
doute légitime, jusqu'à ce que la decoo
verte de nouveaux moDumenti aaib^'
tiques vienne jeter quelqoe joar ^
les origines si obscures de la vill« "
Rome (voy. Romaims). Ces réser^eiU^
tes, nous n'hésitons plus à tracer d'ipr^
Tiie-Live, Deays d'Haliearnasse «» l«
autres. hbtoriens romains une rspide*»*
q^isse du règne du 5' roi de Roue.
Tarquin l'Ancien étaîl fils d'an fiel*
négociant de Corinthe, nommé ï)^''
rate, qui, exilé de sa patrie, étsitaU^'^
fiser à Tarquinies. Devenu V^'*^^.
d'une fortune considérable parUno»^
de son père, b jeune Tarquifl o*'^^'
lut plus se contenter dn titre de ïocato
{vof.) dans sa villemdopUve, et loo «*'
bition naturelle éuit encore sisoilioD'>y^
par sa femme, Timpérieuse TsDiqoj •
alla donc s'é(ab|ir k Ilome« V*» ^^^' '
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TAR
(«W)
TAR
J.-G, Selon Ifls historiew ModernesqmM
sont occupés avec le plus de sagacité et
devuccès de recherches sur les coonpeun
céments de Rome, il y entra en cnn^ué-
rant; selon les historiens romaÎDSi au
-contraire, il J arriva comme simple par-
tici|lier et fu( |iccneî|li «vec dis^pciioq
par Aneos Martini, qui l'admit dans son
conseil et le nomma, en moarant, tuteur
de ses deux fils. Ingrat envers son biep-
faitetir, Tarquin se fit élife roi, fiH ana
av« J.'C, au détriment de ses pupilles.
Pendant son long règne, il eut plusieurs
guerres à soutenir poptre \^ L«(ii|#, If»
Eques , les Sabins, les Étrusques, et il
en sortit toujours victorieux. Rome lui
dnt BonfAtuleinnBt up accroissement eon-
sidérable de sa puissance par b soumis*
sian de plnaienrs villes voisines, mais en-
coM une foule d'embellisaemenu. Tar-
qoin la fit entourer d'un mnr en pierrei
de taille^ il construisit des égonts, jeta les
fondemenU du temple de Jupiter-Capi-
lolin, traça l'enceinte du grand Cirque|
nntoora die boutiques le Forum. Quant
ana insiitutioni politiques, il ne parait pas
en avoir établi de nouvelles: il se borna
à augmenter le nombre des sénateurs et
dea ebevalien. ^6n, aprh un règne
glorieux de 38 ans, il périt asaassinéf ditr
on, par lee fiU d'An^na Martiua
^uimusSiêfierbus), son fils selon les uns,
son palit-fils selon dVntrfs, fut le 7t et
dernier roi de Rpn^. Gendre de Servius
TulUiis, il monte sur le trône. Tau 684 av.
J,*C., sonillé d^ meurtre de son beau-
père et dn sa première femme, XplUe,
que aon amour adultère pour sa sceur de
même nom l'evdit porté 4 empoisonner*
I^es bistorians romains nom peignent m
prince comme un odieux tyren ; oepen-
dapt ils ne peuvent lui refuser les talenta
d'un bon capitaine et d'un bubile poli-
tique. Il ça donna des preuves dep* tes
g^rres contre les Yolsques et le| Gar
biens, ftinsi que dam l'étroite alliance qnUI
contraciit avec les Latins et les Éirus-
quet. Il était occupé du siège d'Ardée,
lorsque Toutragis (ait à Collatin par son
fils Sextus, 9|) la personne de Lucrèce
{vay. BavTusj, viol provoquer une révo-
loiion qui eut pour résultat rabuliiioo
dp la royaulé et Tex^ulsioD de !« famille
des Tarquina. Réfugié à Clusium, ïar*
quin parvint à intéresser à sa cause Por«
stnna, roi ou lucumon de cette ville, et
lorsque celui-ci .Fabandonna, il arma
suocessiveoMat les Sabins, les Latins, les
Yolsques contre Rome. Malheureux dana
toutes ses tentatives pour reconquérir In
trône, il finit par se retirev à la cour
d'Aristodème, prinee de Cumes, oà il
mourut quinze ans apvèi son bannisse^
ment. E H?G.
TAHSB, vop. PiSB, Javns, et Iif»*
a9Cvss,T.XIV,p.7t8.
TAETAE^-Dans la mythologie grem-
que et romaine , c'était la partie la pina
prqfonde des enfers, entourée d'un triple
muret d'un fleuve de feu ; le Pblégétbqn
(vpyJ). Là, après le jugement de Rhada-
mante (wif, Jpgm nu Evrsas ) et soua
la garde d^ Tisiphone (vof.)^ les coupa-
bles étaient punis d'horribles supplices.
Les dieux mîmes ne pouvaient 1^ en dé»
tivrer^ LeTarurt était l'enfer des paiena,
comme les Champs-Elysées en étaient le
paradia (v9i9! Virgile, ^n., YI, v. 676).
Foy. aussi Plutoh, HicATB, AcHimoM,
Stys, Caiov, ete. F. D.
TARTARIP, TAUV^i^na, vay.^Ar
T4ftin, T4TA1L«*
TARTESftUS, T^Mckisch , un dnP
bntt Iqin^iOff nb U ngvjfitinn des Phé-
niciens, contrée en Espagne oà fut fonr
dé^ la cplonie de Cadi<. f^r. PwÉvi-
cisvset ])lA¥iG4TiQir,T. )LYUI> p. 4tl.
TARTRATfiS, sels qui résultenf
de la combinaison de l'aeide tartnqnn
{vof.) avee le» bases. L*e^e tartrique
peqf s'unir en plnaienrs proportiona aven
len hMesaaIifieblea, ft former ainei des
tvtretee et <t«9 bi-tartra(ea.
Il e9i»ln peu de sela de ne genm
deps la nature ; |e lartreu d'alumine se
renq»ptm qnelquefoia; fo birt^rtrete de
potasse et le taririiin de elmn^ •• Imi?
vent 4ans le reistn » le bi^tenrete de poa
tvme e«i»|e encore den#le lemerint
Lef tartritM peutrna «Ednblea s^ob?
tiennent en traitant leun oxydetop leuea
carbonates par l'acide tartrique; le tar-
trate de potasse feuj {sfl ^fégétql^ tartr^
tariarUe) se prép^e pips»imp|emcoten
se servant de crème de tartre.
Les tarirate» doubles sont le ré>uUa|
de la combf Pf iM>n du i^^iç^t 4» puie^
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TAR (696)
avec un autrt (artrate* Ainsi le tartre
martial soluble^ les boules de Mars ou
de Nancy ^ le tartre chalybé^ ne sont
autre chose qoe des . combinaSiont de
tartrate de potasse et de taitrate de fer.
Un des tartrates les plus employés est
le bi-tartrate de potasse ou crème de tar-
tre, voy, an mot CEtn.
Pour le tartrate de potasse et d'anti-
moine^ voy, ÉifiTiQUB. V. S.
TARTRE. On donne ce nom au dépôt
qui se forme , en couche plus ou moins
épaisse, sur les parois des tonneaux dans
lesquels on conserve le vin ; il est mêlé
avec une certaine quantité de lie et du
tartrate de chaux. l>ans le commerce, on
appelle tartre blanc celui qui provient
des vins blancs, et tartre rouge celui qui
provient des vins rouges. Us ne différent
l'un de l'autre que par la quantité de
matière colorante qu'ils contiennent.
C'est de cette substance que s'extrait la
crème de tartre {voy, au mot CsiiiB).
Les cendres gravelées sont les résul-
tats de la çalcinatioD du tartre ou de la
lie de vin.
\jeflux blanc et \tflux noiVs'obtien*
Dent en mélangeant des proportions dif-
férentes de tartre et de nitre, et décoin-
posant le mélange par le feu. V. S.
TARTRIQUE (àcidb), voy. Aci-
des, T. !•', p. 164.
TARTUFFE est le nom d'un hypo-
crite sorti du génie de Molière; mais ce
personnage résume si bien le vice dont il
inspire la haine ; il est si vigoureusement
peint, si vivant, si vrai , qu'il reste à ja-
mais reconnaissable. Boileau , si l'on en
croit D'Alembert, prétendait que chaque
demi-siècle, et presque chaque lustre au-
rait besoin d'une comédie nouvelle sur
l'hypocrisie. Malheureusement les pein-
tres sont plus rares que les originaux. Au
TAS
Font de dévotioo aétier et marcfaraéiK,
Et Teuleot licbeter crédit et dignitét
A prix de faox clios d'yenx et d*éluu tM
Cm geni, dis-je, qa'on Toiti d*iuie ardev k
reste, l'hypocrisie religieuse, celle que
flétrit Molière, se ressemble plus qu'au-
cune autre. Lm tartuffes que nous con-
naissons diffèrent-ils beaucoup de ceux
que signale Cléante ?
Aussi ne Toit-je rien qni soit plus odienx
Que le dehors pUtré d*an zèle spécieox,
Qoe cei francs charlatan^.qae ces dérots de place.
De qui la sacrilège ettrompeose grimace
Abose impunément, et se jooe, à leur gré,
De ce qii*ont les mortels de plus saint et^sacré;
Ces gens qui, par une âme à l'intérêt soumise ,
Par le chemin da ciel conrir à leor lortMe;
Qni, brûlants et priants,demandeBtchM|wj«
£t prêchent la retraite an nnlien debœux;
Qui savent ajuster leor sèle crée lesn Tiœ
Sont prompts, vindicatif i, aras foi, pUss in
fiées.
Et, ponr perdre quelqu'un , eonvrent iasoki
ment
De rintérét dn ciel leur fier ressenthiot;
D*antant pins dangereux dans leor âpre eolë
Qu'ils prennent contre nous des anBcsqs'Mi
Tère,
Et qne leur paaion, dont on lenr sait bosf
Vent Tons assassiner avec un fer sacré:
De ce faux caractère on en Toit trop ptnia
Sans doute il se produit desnriiH
de masques : le génie de l'hypoeri»
comme tous les génies, a tantdenMS
ces ! Mais tenez pour certain que kiiia
trines de la direction d'intentioBeti
restrictions mentales sont toujooni
plus puissants IcTiers qu'emploie Tv
tuffe : avec.eux il peut jeter le trooU
àans les familles, et, les ciroonitsnoai
dant, ils lui suffiraient pour reants
l'état. J. 1-^
TASGHKEND, voy. Khoxahd^îoi
KisTAv; et BMmmtn^EUstaire delaBff^
d'oTj p. 848.
TASMAN (ABSL-JAKsinr), vȈ
pliu célèbres naTigateors hoUaodsi^'*
qnit à Hoom vers le i^mmenceflWBi^
xvii* siècle. En 1642 , il lut diu?
par le gouverneur- général de b Coa-
pagnie des Indes, Van Diemeo, àt ^
connattre l'étendue du conUoeot u-
stral. Il mit à la voile le U soût, (^
le 24 novembre, il découvrit oo«^
a laquelle il donna le nÔm. de son prû*
tecteur. Il découvrit ensuite la Terre»
ÉUts.*oa Nouvelle-Zélande {^^^
suivant), les Iles des Trois-Rois, V^'
pel des Amis, cehii des lies Fidji , être"'
tra à Batavia après un voyage de dix •<*
Le 29 janvier 1644, il entreprit wf^
coud voyage sur les côtes de la Hion^
Guinée et delà Nouvelle-HotlaDdejoN^
on n'en connaît pas les détails. Vé^
de la mort de ce grand nsvigsl«"' ^
ignorée. On lui doit une RelatioB f^
voyage aux terres australes^ ""^j
avec les voyages de Goréal k Am^l*'*?''
1722, in-12. *
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TAS
(697)
TAS
TASMANIB. Sons ce Doiq , idopté
en rhonneitr du m^vigateur Abel Taimaft
{vof. l*ert. précédent), plnsi^rs ^jj^-
graphes comprennent non- seulement la
Nouvelle-Zélande ('So^.)» ^*^ encore
différentes autres tles Toîsînes beaucoup
moins étendues,ou même Quelques grou-
pessituésà unedistanoe assez considérable
de ces grandes terres australes. Foir les
Éléments de géographie de M. Baibi ,
p. 633.
TASSE^le), voy. Tasso.
TASSILB9 Tassilon ou Thassilo,
roi de Bavière, 7)oy, BAYià&E, AôiiAl-
FiHGES et Chabluaohe.
TASSO (ToEQUATo), que les Françab
ont nommé le Tasse^ un des plus grands
noms «le la littératnrr italienne, un des
poètes sur lesquels on a le plus écrit, et
dont le vrai caractère moral et la situa-
tion réelle dans les annales intellectuelles
de l'Europe moderne nous semblent mé-
riter Tanalyse la plus approfondie. Si l'on
réduit l'histoire de sa triste et glorieuse
Yie aux simples faits et aux dates pré-
cises, on trouvera les documents suivants :
beaucoup de comtnentateur% les ont ob-
scurcis au lieu de les élucider.
Né à Sorrente au milieu du xvi* siècle,
en 1544, à une époque où la décadence
italienne était non -seulement décidée,
mais accomplie, et où il ne restait plus
à ce beau pays qu'une seule gloire à 'con*
quérir, la gloire musicale, Torquato
Tasso souffrit dès le premier âge, et fut
associé aux douleurs de son père. Ce der-
nier, Vernardo Tasso, poète aimable et
savant, longtemps aitachéb au prince de
Salerne et disgracié parjui, subissait le^
conséquences de cette condition précaire
qui pesait alors sur les gens de lettres,
^ans les petites cours de l'Italie brillante
et dépravée.
Bemardo,* exilé pAl* son maître et sans
autre ressource que son talent*, appela
(*) Bbrvardo Tasso, né a BergsMc en 1493,
mort à Ottiglia (doché de Montoue) /où il Te-
nait d^étre nommé gooTerneor, en iSôg, aérait
sans doata an poète plut célèbre s'il n^avait paa
été «omplétemcnt effacé par son illastre fils. Le
recueil de poésies qu'il pulilia JkVeoise, en f53i,
soui le titre de ^U Amori, puis sons celui de
B^t^f, e*cita à an haut pdnt Tattention ef mé-
rite eueore anjoard*hai d*étre lu, à cause do seu-
tiinent.vrai et du charme de l'expression qui
■DÎuient ces vers. VÂmadigi, poëme héroïque et
a lui son jeune fils Torquato, dont il
commença iui-mélbe l'éducation. L'âme
tendr^de l'enfants'exalta de l>onnefaeure;
ses premières études furent poétiques, et
le premier développement moral de son
intelligence fut une souffrance et une
sympathie. Déjà les timides soupçons,
joints aux théories platoniciennes et à
une rive admiration pour l'idéal ; déjà
la crainte du monde et des hommes, et
le sentiment maludif de la faiblesse et de
l'isolement au milieu des intrigues so-
ciales, avaient pénétra dans ce jeune es-
prit, quand il se rendit à Padoue pour
y étudier la jurisprudence, puis à Ferrare
pour assbter à l'entrée solennelle de l'tfr^
chiduchesse Barl>e (1565). La mort de
son père, qu'il perdit le 4 sçpt. 1569,
le laissa seul au monde, sans fortune et
sans appui ; sa douleur fut sans bornfes. Il
s'était formé, entre le père exilé et l'âme
délicate du jeune poête,^ne de ces unions
de choix, une de ces sympathies profon-
des qui dépassent de beaucoup l'affeè«
tion filiale et les devoir^ ordinaires de la
parenté. Pauvre et triste, il quitta son
pays comme la plupart des Italiens de ce
temps, et chercha fortune en Ffance.
On le vit paraître à la cour de Charles EX.
sans y produire aucune sensation et sans
y laisser d'autre souvenir que celui de
son indigence. Un jour, ne sachant com-
romantiqne en cent chants , qui , s*il v régnilt
pins de gaieté, te placerait très pi4*de VOrtoiuto
de l*Ari«6te, %t qui, terminé en i54q, parut pour
la première fois en i56o (Yen., in*^), mille sceau
à sa réputation. Bernardo, d'ailleurs homme
d'état dulingné et qn*on chargea de différentes
missions diplomatiqaes, appartenait à une* fa-
mille noble et ancienne dont Tabbé Serassi a
donné la généalogie (Rome, 1785). De cette fa-
mille était sorti , a la fin du xxix* siècle , Omo-
DBO Tasso, regardé comme rinvenf enr,on plutôt
eomme le restaurateur dea postes, et la célèbre
maison posUle de» Taxis (vojr. Tour) parait s*v
ratUclier également. Depuis son mariage (i539)
avec Porzia de'Roasi, la mère de Toronato, qu'il
STait ép<fniée à Naples, Bemardo jouit nuéme de
tons les aTantagea de la fortune, et, retiré à Sor-
rente arec elle, il y connut un bonheur presaoe
parfait, après avoir traversé toutes sortes d'é-
preuves. Mais sa famille semblait déronée à l'in-
fortune ; il perdit sa noble épouse et en même
temps tout son bien, et il entra alors an service
du duc deMantoue. L'abbé Serassi i publié des
éditions de A>n grand pnëme (Berg.^ X77^* 4-
vol. in-ia) et de ses autres poèneL{ih., 1749» ^
vol.), avec la Vie dfi l'auteur. Fojr, ce que nous
avons déjà dit de Bernardo Taiso à l'art. Ita-
1,IE!IWE (fi«.), X, XT, p. 1 7 1 . I. K- 3.
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TAS (
VMit vivra, il emprunta an écn à je ne
s iii quel couclÎMn ; fafl q\ie Brantôme
n'oublie pas. Pendant l'année 1671, il
vécut olMcur à Paris et en Touraine daa
générosités de Catherine et du cardinal
d^Esie; on Taslimait comme un bel-esprit
méUucolique, ti;ès peu fait pour la couv
et le monde, comme un poète de cin-
quième ou sixième ordre, qui faisait dM
vers d^amonr avec a»ez de grâce. Il nV .
vait encore produit que le Rtnaidot épOf
pée pbevaleresque, où se manifestent des
qualités d^élégance et d^barmonie qu'il
devait periiectionngr plus tard. J\ repassa
les Alpes en 1671, et fit jouer devant la
cm^T de Ferrare, |iu printemps de I678|
cette élégie dramatique, mélange eurieui
de platonisme sentimental et de volup*
tueuse tendresse, VAminta^ qui retraoa
si complètement ta situation d'une âme
malade de ses aspirations au beau moral et
ttftrainée vers des jouissances ineffables,
Lucrexiad'Este,qui épousa le duc d'UrbiUi
r4ine des personnes les plus distinguées
de l'époque, captivée par cette révéla^
^ion singulière d'un génie nouveau pré-
destiné à reproduire toutes les émotions
tendres, et touchée de la pauvreté, et, la
mélancolie et de l'étrange humeur de
Torquaio, voulut l'avoir à sa cour. Ce fi|t
là que Torquato composa #a Jérusalem
délivrée; là aussi que, bercé dans la rê-
verie et l'aimable chimère de sa création
poétique, protégé par la duchesse, ob-
jet d^eijvie et d'ironie pour les membres
moins favorisés qi|e lui de cette petite
cour, raillé par ceui qui relevaient jans
pitié ses distractions, s^ gaucherie et ses
oublis du costume et de l'étiquette, il
sentit, sous les influences fébriles de ces
diverses causes, se développer en loi cette
hallucination* .douloureuse qui ne voit
dans le monde entier que périls, con-
spiration! et embûches, et dont Cowper
eu Angleterre, J.-J. Rousseau en France,
ont offert plus récemment les tristes
exemples.
A une âme comme celle du Tasse , à
une intelligence si délicate et si facile-
ment malade, il fallait la solitude et la
paix domestique, non le tumulte sourd
et fatigant d'une cour intrigante et vo-
luptueuse. Un jour, le*' 17 juin 1377,
il crut qu'une des personnes ay^iobées au
) TAS
serfioa ^ la dochease avait fNtaii
IHnaulter, et sa douleur, son orgueil loa|>
tenl|M cQflu primés éclatèrent : il finpfi
cet homme devant la dochease qaî le ail
aux arréu pendant deux jours. L'im|iT
nation malade do poète s'enflaaiMfli-
Gore ; le duc de Fefrare, preaaat piii
d'une aituatioB ai te«diaote,cnitéeiiii
l'emmener à Belriguarda, unedaieiMi-
sons de plaisance, où il espérait le gicrir.
Mafs le malheuKux homme de féek
\\M\i frappé au eœnr; cette loagae ai*
steoce de contrainte, d'humiliatiooei^
seoveti soupçons Fayaît vaincu. Daiaii
soîos mêmes du prinœ, il n'apcrçiitipi
le pouvoir qui dispoaait de lui conat
d'una chose et le sentiment amer dea
dépendance. Ceuo qoi l'avaient eofé-
sonné, ceiîx qoi le traipaieot à-kernit^
na pouvaient-ils pas à leur gré eacWii
sa via, oo même la terminer par l^P**
son ? U 36 juillet 1 677, U jeu or «
épaules un sayoo de berger, et^lefr*>
couvert d'un ohapeao de pâtie, il ^
ainsi déguisé, gagna la campagoenv^
gant, et arriva exténué dans la omiiob^
sa sœur, pr^ de Sorrente. C'était coe^
là qu'il aurait dû vivre et mourir; QMf»
traite laborieuse et douce eût cslné b
fièvre sans éteindre la flamme deeefétf
mélancolique. Mais il était trop tsr^)'*
toru qu'il avait eus, ceux qu'il eiif^
la terreur que lui inspiraient lu P^
suites de ses ennemis, sa pauvreté pro"*'
de, le souvenir amer de sa loapic^
trainte, les étreintes de son 0«Svei'^|^
rhrritable sensibilité de cetia mUH^fT
frante, tout 1^ précipitait ven la ^''
Un des principaux symptêmes à» cev
aliénation réelle éuit sa fureur eosiK
cette cour, ce duc, «es grandi, <***"?'
tisaas, dont il jûf^t de se veof^' ^
mars 1 679, le duc, par une impit^^r
ble faiblesse de soi» amour-propN^
son pouvoir, consentit à ce que laf^
homme malheur^x et /ou, qui ^ Pf!
tait son^ennen^, et déclamait <*"'![*.^
et sa cour, fût enfermé daos «a W^
de fous. Torquato y resta pria àt fcwMjj
nées entières , et ne fut rendu à la i»"^
et remis à Vincent de Gon*agoe (^^
mois de juillet 1686. Moataiga*t F'
dant ses voyages, en 1 680, vit ce «r'
tacle désolant, la gloire de Hw'*^*^
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TAS
C699)
TAS
une maison dt foiu. Que là doiUf ur m6-
laDcoiiqutf du TasM ie livrât à d*élr«o-
ges soupçoDS, yoisins de la folie, ou raéine
à des actes ioseobés, c^est ce dont il est
impossible de douter; que, dans cettesi*
tuatioD même , U lucidité de son iutel-
ligeoce se soit conservée , c'est ce que
prouvent les dialogues et les essais pleins
de beautés de style, de grâces et d'exalta*
tion idéale qaUl composa pendant sa cap*
tivité.
La tradition relative à ses amours
prétendus avec la duchesse d'Urbin et
. la sœur de cette dernière, Léonore d'Esté,
amours que la duc aurait voulu punir,
doit nous arrêter un moment; mais nous
ne les rapporterons ici que pour mémoi-
re*. Il est hasardeui de parler de ces faits
équivoques et mystéiieux de la vie intime,
qui, par leur nature délicate, échappent
aux témoins même les plus attentifs,
et que l'existence domestique recouvre de
Btê voiles obscurs. La liberté des mœurs
à cette époque, en Italie, la galanterie des
petites cours rivales, la corruption et le
raffinement d'esprit chez les princesses
de ce pays et de ce temps, sembleraient
militer en faveur de la tradition, que re-
poussent, d'un autre côté, les goûts ordi-
naires des femmes, attirées par l'éclat, la
splendeur et la beauté. La tristesse du
Tas:«e, ses distractions habituelles, la bi-
zarrerie de sa tenue, son peu d'éclat au
milieu des brillants courtisans, et sop in-
digence mélancolique, offraient peu d'at-
trait à la brillante duchesse et à sa sœur
qui l'honoraient de leur protection. Une
liaison avouée et un arrangement ne sen-
blent donc pas probables. Si l'on hasar-
dait ici une conjecture fondée seulement
sur les probabilités de l'époque, des ca*
ractères et des cirepnsunces, il aurait pu
se faint que la coquetterie innée des
femmes dans tous les rangs, et la pitié
honorable qu'inspire le talent malheu-
reux, eussent porté la duchesse on sasœur,
l'une et l'autre peut-être, à encourager et
développer chez le poète une reconnais-
sanee trop tendre : de là serait née une
passion exaltée , toujours flatteuse pour
(*) f^ojr, ce qae ooot en avoot dit à l^art. de
la maifloo d'EaTx (T. X, p. 178). On sait au reste
qoel |>arti ao grand poète allemand a su tirer
Je cette tradition dans xa tragédie de Torquato
Usso {voy. Go«T«R, T. XII, p. 589). S.
les fomnet, Ici fort intéressante ; distrae-r
tion précieuse et rare d'une existence de
couri Pour qui connaît les mœurs ita«
tiennes à cette époque et le cœur fém1««
nin en particulier, il y avait là une ten«
Ution périlleuse. Jusqu'où aurait-elle
entraîné la duchesse ou sa sœur, plaeéet
ainsi snr une pente dangereuse? c'est oe
qu'il est impossible de dire. Le poète
semble avoir cédé sans résistance à cet
entraînement dont il a été ir.ictime ^
et qui expliquerait naturellement , si on
l'admettait, ses orgueilleuses prétentions,
sa situation spéciale à la cour de Ferrare,
sa colère, le coup porté par lui à un ser«
viteur, et enfin ses menaces hardies et la
vengeance exercée par le duc. Le roman
aurait ainsi sa suite logique et naturelle,'e(
ce serait un des plus intéressants qui se'
puissent imaginer; mais, nous le répétons^
ce n'est qu*une conjecture.
Depuis sa sortie de prison , TorqualQ
Tasso resta pauvre, malade et fier. Après
avoir i nutilement voyagé de Naples à Rome
et de Rome à Florence, en quête d'une si-
tuation meilleure, il mourut a Roma,le 36
avril 1595, dans les murs du couvent de
Saint- Onupbre, au moment où les Uon^
neurs do triomphe poétique et la cou-
ronne de premier poète italien de son
temps venaient de lui être décernés. Peu
de temps au paravent > fatigué de son in-
curable indigence et plus encore de U
protection humiliante qui s'étendait sur
lui, il avtfit passé six mois dans un hôpital
de Roroe,où il était entre volontairement.
Telle fut la cruelle debtinée de l'un
des hommes les plus purs, de l'une des
organisations les plus exquises, de l'un
des génies les plus charmants , de l'un
des plus parfaits poètes qui aient jamais
paru au monde.
Il publia en 1669 , à Venise, Il Mi^
naldn;tn 1681, à Venise, VJmintaei
les Osservazinni sopra VAmintai à Ve-
nise, en 1680, Lm Jérusalem déliprée^
intitulée d'abord // Gofjredo*i un dis-
cours sur la Jçriualtm; Sophronia e O-
lindoy tragédie. On. a encore de lui Le
d'Jferenze poeiiche^ per rispasla ad
Orazio Ariosto^ Vérone, 1681; // Tof-
rismondo,trageJtafBtT%^mey 1687; £«
(*) La i'* éditl..n donnée par l'auteur Ini-
néme est celle de Ferrare, iSii» ia-4". ^*
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TAS (7
Gertualemmeconquistatay Rmm,1 $91,
iii-4^(rédition de cet ouvrage, pubBéeà
P^rifly ] 595,iB-] 2,rtttsappriiDéeparvrér
dû parlement commeoonteoant des maxU
net contraires aux droits de la oooronife);
Lâsette giomaîe del mondo creato^ Vî-
terke, 1607; Rime, Milan, 1619; ilo-
JfMO, of^ro del giuoco, dialogoe^Venise,
1681; ;/ Fomoy owero delta nobiltà^
dialogue, Vicence, 1581; Leitem nella
quale sLparagona Vhalia alla Francia^
Mantoue, f 581; // Gonsaga^ oççero del
gitioeo;llMessaggiero;DcUa viriù eioi-
ca e délia virtù/emmùulef\enne^ 1 583;
llpadre di famigUa^ dialogue, Venise,
1581; // Gonzagay oçpero del piacere
omestOf dialogue, Venise, i6B9;Dialogki
ediscorsi, Venise, 1586. Ce dernier ra-
cneil se compose det morceaux suivants :
DUcorso iopra due questioni amorose;
Il Caianeo, oppero degP idoli; Il Belêra-
mo^ ot^fero tiella cortesim ; Il/orestiero
napoletana^ ovpero délia gelotia; Délia
pietà; Il Gianluea^ ovçero délie mas^
ehere; DeWarte del dialogo; Il Ghirlin-
Mone^opvero l'epitojffio ; Delgiuramento
falso ; DeWufficio delsiniscalco. Citons
enfin : Jpologia in difeta délia Geru-
salemme liberaia^ Fcrrare, 1585; Rù'
posta alla lettera di Bastiano dé Kosti,
Ferrare, 1585 ; Parère sopra il discorso
di Lombardelliy Mantoue, 1586; H
MansOy ovpero deW amicizia^ dialogue,
Naples, 1586; DiscorsisultartepoeUca
e sul poema eroico^ Venise, 1 5^7 ; d'au-
tres Dialogki e discorsi^ Venise, 1587;
Leiterefamiliari^ Bergame, 1588; La-
grime di Maria Firgine, poênie, Rome,
1 598 ; Deir ammogliarsi piacepole con-
teta fin i due modemi Tassi^ Ercole e
Torquato^ Bergame, 1594 ; Discorso in
eui si ha notizia di môlti accidenii délia
sua vituy Padoue, 1629; H Montolipeto,
poème, Ferrare, 1605; Dialogo deUe
imprescy Naples, sans date; DeUe sedi-
%ioni diFranciay Brescia, 1819, publié
pour la première fois par Agrati. Pour
compléter ces indications, nous mention-
nerons encore les -éditions suivantes :
Opère raccolte da Foppuy Rome» 1 666;
Opère scdte, Milan, 1 804| Opère, Flor.,
K24, 6 vol. in-fol.; tenise, 1785.42,
12 vol. in-4®; Tédition des œuvres com-
plètes pabliée par M. I^osini, Pise, 1821
00 ) TAS
et aDD. tnlv., 80 vol. în-8®*. OnlutUri.
bue faussement beaucoup d'tiitKK».
▼rages, tels que La Gismonda, G§
amori d'Jrmida e la fuga iErm-
nia^ etc., etc.
^ Le sentiment de la beauté, k pcntp.
tion de Pidéal éclatent dans ces dWa
ouvrages; la proae du Tasse en ot a-
prégnée comme ses vers. Partoatil»-
ble tendre vers k perfection plilooiqK
«t le règne de Tâme. Si l'on coopc
cette tendance exaltée du poêle ifecis
goâu et les mœurs de son époqoeeldi
sa nation, peut-être trouvers-t-^da
ce contraste Texplicadon naturelle des
malheurs comme de son génie. £o eftt,
il est le seul poète du xvi* siedeco lu-
lie qui porte ce caractère ; sérieux et aé^
lancolique, il contraste avec l'Ano*,
qui se jouait si lestement de la relifiM
•t de la chevalerie. H faut eotoèi
l'homme impur d*Arezzo parler au Ta»
d'un ton de mépris, et loi direqoesB
vers sont aussi ennuyeux que triste*,
il faut lire Cellinî le ciseleur, qui vm
apprend dans ses Mémoire avec qvi
naïf entraînement on revenait alors a
Italie aux voluptés païennes les pb
nues. Seul au milieu de ses oontefflpe-
raios, le Tasse a dû souffrir mortelleuxit
de ce désaccord irrémédiable entre soi
Ame et toutes les âmes, entre sa peoià
nOo a p»rlé.àl»«rt BAowa-LoiiMUi,*'"
pnncipale tradoctioa eo rm qoe no» xj«*
de son épopée cbréueone, et à Vut. Libict
(duc de l»laiiance), d*une bonne tradsckoso
prose. Il en existe beaoconp d'antres, P*'^'*
pie celle de Mirabaud, plot aBdeDBe(PaÂ
1724* a vol. in-ia). Les Allemands «»»(
beaucoup celles en vers de Gries (w^f.) et*
Séreckfuss (m. en 1844). VÀmimt*, h Jinuêk»
déUpré4^ Renaud et d'autres prodaetiov *
ce génie immortel ont été traduits daoïtoit»
les langues dn monde et particulièrroeat <■
français. Ou pent consulter, sur la Vie du Tu*
le grand ouvrage de Gingnené (ver-)* ^ ^^
de» Italiens Manso, Sorassi et Zuccala. Scnid
a publié a«s«j un recueil de plus de a5o Icttiti
du Tasse. Enfin nous ctterMit encore Ci*»*
nazxi, Dialogki sopra gU amori, la ^if»*
•d il genio di Torquato Tasêo, Bresda, iSr;.
Une appré<§ation impartiale, quoiqae taot m^
peu sévère, du grand poème cberaleresqae <l
cbiétien de Torqoato Tasso, se trouTe dw»
VHiMoire de la littérature (ancienne et flM»d«^)
de Fréd. Sclilegel. Foy. aussi ce que ««•*
en avons dit déjà à l'art. Itawe, T. XV, p.
(*•) lAiter^ ddi' JreUuo, t IV.
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TAS
(ÎOI)
tAT
tl toutes les pensées. Lonqae b géné-
ration ardente et Yoluptaense qui Pen-
tourait se précipitait avec fureur vers le
culte des sens, il cherchait, lui, avec une
égale ardeur et une persévérance enthou-
siaste^ les passions idéales; spiritualiste
dans un monde sensuel, chantre sérieux
du triomphe chrétien à une époque peu
sérieuse et peu chrétienne, il paya des
douleurs de toute sa vie la gloire qui te
place au raog des trois grands poètes
épiques de la chrétienté. Ph. Ch.
TASSONI (ÀLEXAifDEB), poète -ita-
lien, né à Modène le 2 8 sept. 1665. Après
avoir fait de bonnes études à Ferrare et à
Bologne, il entra, en 1599, au service du
cardinal Colonna en qualité de secré-
taire, et plus tard d'administrateur de ses
biens. On ignore s'il prit ou reçut son
congé; mais nous trouvons Tassoni, en
1618, revêtu du titre de secrétaire de
Tambassade de Savoie à Rome. Cinq ans
après, désireux peut-être de jouir de
son indépendance, il se retira dans une
maison de campagne où il passa trois an-
nées, partageant son temps entre l'étude
et la culture des fleurs. Il fut tiré de sa
retraite par le cardinal Ludovici, neveu
de Grégoire XV, et a la mort de son pro-
tecteur, en 1632, il entra au service du
duc de Modène François I*', qui le nom-
ma conseiller et le combla de bontés. Il
mourut à la cour de ce prince, le 25 avril,
1685, avec la réputation d'un des pre-
miers savants de son siècle. Parmi ses
principaux ouvrages nous citerons les
Pensieri diversi (Mod., 1612; nouv. éd. ,
Venise, 1646), fruit de ses observations
sur la société romaine. Il n'y laisse pres-
que aucun sujet sans l'efOenrer, et, malgré
ses opinions quelquefois paradoxales, on
ne peut s'empêcher d'y reconnaître un
esprit étendu et pénétrant. Ses Conside-
razioni sopra il Petrarca (Mod., 1609)
sont une des critiques les plus judicieuses
qui aient été faites de ce poète. Cepen-
dant le chef-d'œuvre de Tassoni est la
Secchia rapUa (Paris, 1 622, in* 1 2, sous
le pseudonyme à^Androvinci Melisoné)^
poème héroï-comique en 12 chants, où
il raconte en vers burlesques les exploits
des Modénois contre Bologne, exploits
qui se bornèrent ï l'enlèvement du seau
d'un puits avec sa chaîne* Ce poème a
été trad. en franc, par Perrault (l«7S,
2 vol. jn-12) et par de Cédols (1759,
8 vol. in-12). On en doit à Creuxé de
Lessert une imitation élégante (Paria,
1796,in-l8;8«éd.,1812,în.l8).E.H-o.
TATARIE(6aiafnBetPiTiTB). Sons
la première de ces dénominations, on en-
tend on le plateau central de l'Asie tout
entier, renfermé entre la monarchie russe,
l'empire chinois , le Tibet et la Pent
(Zoungarie,Turkestan, Mongolie, Daoa-
rie, Mandchourie) , ou seulement cette
portion occidentale ptns communément
désignée sous le nom de Tatarie indépen-
dante {voy. l'art, suivant). Sons le S6«
cond, on désignait autrefois la domina-
tion tatare dn midi de la Russie d'Eu-
rope, indépendante d'abord , puis sou-
mise à l'empire Othoman, et dont dépen-
dait la Crimée ou Tanride (vof .). Ceit
dans cette presqu'île qu'était le siège du
gouvernement de la Petite Tatarie ; sen*
lement il faut observer que ce qu'on ap-
pelle des Tatars, dans cette contrée et
dans celle ,du Volga , sont des Turcs et
pon pas des Mongols. Toy. Tataks. S.
TATARIE INDÉPENDANTE,
ainsi appelée par opposition à la Tatarie
chinoise, .voy, Kieghiz, TnaxisTAir,
BouKHAEiB, Kharbsm, Khoxano, etc. .
TATARS, et non TAXTARBa^ ortho-
graphe vicieuse dont nous expliquerons
plus loin l'origine. Il est peu de noms
historiques sur lesquels il ait régné plus
de vague et de confusion que sur oeluin:!.
Pour arriver à plus de clarté, il fantd'a*
bord distinguer deux explicationsdilféren-
tes qui en sont fiûtes, Tune plus générale,
Tautre plus spéciale, toutes les deux er-
ronées. Suivant la première, on comprend
sous le nom - de Tatars indistinetement
tons les* peuples, en majeure partie no-
mades, répandus dans l'espace immense
des steppes et des plateaux qui s'éten-
dent au nord et à l'ouest de la Chine
proprement dite, depuis la mer dn Ja-
pon ju.« qu'aux rives de la mer Caspienne,
entre le Tibet au midi et les déserts si-
bériens au septentrion ; pub en outre, au
snd'Ouest de ces derniers, dans lesplaines
arrosées par l'Oural, le Volga, le Don et
sur les bords septentrionaux de la mer
Noire jusqu'au delà du Dnieper. Mais
dans ce sens aussi large et tout «oiti peu
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TaT
(702)
TaT
MHii <)iie l'était cbes les anciens la dé-
nomination de Scythes {voy,)^ les Ta-
tars présentent moins une famille natu»
relie qu*un énorme chaos de peuples,
n'ofTrant d'autre analogie caractéristique
que leur peu de cohésion et leur eatréme
mobilité. On reconnaît effectivement au-
jourd'hui dans la vaste circonscription
de pajs que nous venons de désigner
trois races, ou, si Ton aime mieui, trois
groupes parfaitement distincts sous le
rapport de Taspect physique autant que
sous celui du langage. La première et
la plus occidentale eA la race turque,
dent les Oihomans et les Turcomans,
dans l'Asie antérieure et en Europe, ne
sont que des rameaux détachés {voy,^
plus loin et au mot Tuegs). Les deux
autres sont la race mongole et la race tun-
gouse^ dont les Mandchous (voy. tous ces
noms)* conquérants de la Ghirie, for-
ment une branche. Ces peuples ont la
peau d'un jaune olivâtre, tandis que les
Turcs se rattachent à la race blanche
caucasienne. Ces derniers professent gé-
néralement le .ibahométisme ; on n^
compte parmi eux qu'un petit nombre
d'hommes convertis à l'Église russe. Les
peuples mongols et tungouses, au con-
traire, sont à peu près tous partsgés entre
le lamaïsme et le chamanisrae, surtout
dominant dans leurs tribus les plus sep-
tentrionales. A ces trois groupes corres-
pondent trois idiomes, également de na-
ture différente : le turc, le mongol et le
tongousc) avec leurs nombreux dérivés
et composés* En y ajoutant le tibétain, à
l'exemple d'Abel Rémusat, nous lescom-
prendrons aussi tous ensemble sous la
inéme dénomination de langues tatareS,
sans perdre de Tue cependant que te
n'est encore là qu'un collectif imaginé
par les linguistes uniquement pour la
cemmodité d'aperçu qu'il procure ; car,
BOUS le répétons, il n'existe aucune affi-
nité particulière entre ces divers grou-
pes de langues. Mais, bien qu'il ne soit
plus permis aujourd'hui de confondre
ces peuples ni leurs idiomes respectifs,
il faut pourtant convenir que, dans beau-
coup de tribus disséminées au milieu des
nations plus considérables, la physiono-
mie et le langage ont revêtu un carac-
tère tellement mixtequ'il est souvent très
embari^sant de décider è qnehypeet
à quelle souche primitive il confient à
le^ rapporter {voy, BacHXias* Kiicnz,
NocaÎs, etc.), incertitude qui s'etpliqse
pour peu que l^n tienne compte desti.
cissilodes multiples de l'état Doinadees
général et de la condition sociale decf^
hordes barbares en particulier. Lean
pérégrinations continuelles, la poUgis-t
qu'elles pratiquent toutes, et ootinoeii
leur coutume de recevoir au milieadU
les les femmes et les esclaves eolevésdia
leui^ courses aux tribus ennemiefl, mu
plus de circonstances qu'il n*eii faut pœ
rendre raison des fréquents méliogesifa
sang, des usages et des idiomes, es ^
pit de certaines répognances qai se ai
nifestent d'ailleurs entre les Turcs et le
Mongols.
Dans sa seconde acception plosm'
treinte, la dénomination deTaursK
s'entend que des peuples de It ^
longtemps appelée Tartarie [voj.] 1^
les géographes et distinguée psreaitï
grande et petite, indépendante et tv^
asiatique et européenne. Les Eusses w
tamment comprennent sousleDoo<^
Taiars les populations, maintentot ^■
mises a leur domination, des 6-^^
khanats de Kasan, d'Astrakhan, de b
Sibérie occidentale et de la CriiDée,^
les autres tribus de même race to ^
.du Caucase, de la mer Noire et ds Da-
nube. Mais ces peuples sont en ràli"
tUrcs, et s'appellent eax-mémes f«^
On peut les considérer comme le P**
avancés en civilisation de tous ceni ^
l'on a improprement qualifiés de V^'
res, et ils repoussent comme une \^]^
ce nom qui est pour eux synony**
brigands.
Arrivons enfin aux vrais Tstars. »^
Taurs primitifs, les seuls auxquels c«j[fi*|
ait réellement appartenu, coidb»« '"'
suffisamment établi les savants \W^^
Abel Rémusat et Jules KIsproth, eo^
fondant surtout sur le ténioigo««^
historiens chinois *, étaient une des pr^
cipales branches de la nation des MC
ou Mongols. Les annales de la Chine ^^
mentionnent, dès le commenceine*'
ix" siècle de notre ère, sous leBO"
(•) Voir aassi Ch. Ritter, G^ographi*
ne, t. 1*% p. 374 et soÎTafites,
^r>
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tAt
(701)
TAT
Tà'ié. iU erraient alert à^l'oueit des
autres MongoUf auprès da iacde Bouir-
Nor, entre les rivière^ de Sougari-Onla,
de Khalka et de Kerlon, dans le bassin
dn baat Amour. Leurs plus proches
voisins étaient les Khkans, peuple de
race tungouse, établi sur les confins sep-
tentrionaux de la Chine. Vaincues par ces
derniers en 834, leurs hordes se disper-
sèrent : une partie subit dès lors la loi
des Khi tans» de même que les Joudchi,
les ancêtres des Mandchous ; d*autres tri-
bus se soumirent aux Mongols de Test ;
mais le plus grand nombre se réfugia vers
le sud-ouest|à travers le désert de Gobi,
dans les fertiles vallées de ITu-Ghan,
qui domine la courbure la plus septen-
trionale de THoang-ho ou Fleuve jaune.
Là ils vécurent longtemps en assez bonne
intelligence avec les maîtres de la Chiner
jusqu'à ce quMls se virent réduits à leur
tour sous la dépendance de la dynastie
des Liao ( Khitans ), puis sous celte des
KJn ou khans d'Alton (Joudchi) ; plus
lard enfin, ils rejoignirent leurs compa-
triotes sur l'Amour supérieur. Belliqueux
ei sauvages dans leur aspect, ils vivaient
surtout de leurs innombrables troupeaux
de chevaux. Plus d'une fois ils remplirent
d'épouvante par leurs rapines les paisi-
bles habitants du Céleste-Empire. Il en
résulta que déjà chez ces derniers le nom
deTa-ta ou Ta-tché, comme dans les siècles
suivants celui de Tartares en Europe,
ne resta pas longtemps restreint à la tribu
de l'Yn-Chan dans la bouche des Chinois;
peu à peu ils l'appliquèrent non-seule-
ment à tous les Mongols, mais encore à
des tribus de races différentes, qui les
avaient frappés d*une égale terreur. C'est
ainsi qu'au commencement du xiii^ siè-
cle, ils distinguaient des TaUrs de 3 ou
4 tribus différentes, savoir : 1^ Les Ta-
tors blancs qui se tatouaient, mais n'a-
vaient rien de rebutant dans leur exté-
rieur. Le prince qui les gouvernait du
temps de Tcbinghiz-Khan et se rangea
sous la bannière de ce grand chef s'appe-
lait Ala-Kouch (l'oiseau tacl^eté), et sa
horde était très vraisemblablement une
tribu turque, originaire de l'Altaï; mon-
golisée depuis sous le nom d'Oungout,
elle parait avoir été la souche de la tribu
nomade encore exbunte^ qui s'appelle
raaintefiant Ongnioud; 119 les Tqlttrs
sauvages que l'on nous repré^en te comme
slupides et qui servaient d'esclaves aux
précédents)3<* les Tuietrs noirs qui étaient
lesTatars originaireset parmi lesquelsna-
quit Tchinghiz-Khan (vojr.)» Quant aux
Tatars ou Mongols aquatiques (Kla-
proth), iU n'appartenaient ni à l'une ni à
l'autre des deux races qui semblent indi-
quées par ces noms : c'était une tribu
lungouse. Les véritables Tatars étaient
donc en définitive la branche la plus oc«
cidentale des Mongols, bien connue dans
le Céleste -Empire, ainsi que dans les
steppes du no/d-ouest. Cependant Tcbin-
ghiz-Khan, lorsqu'il eut réuni sous son
commandement toutes les tribus mon-
goles et tatares et qu'il fut prêt à s'élancer
avec elles à la conquête de TAsie, adopta
de préférence pour sa dynastie et pour
les guerriers de sa nation le nom tout
honorifique de Mog-ho (les audacieux)^
par l^uel on avait déjà commencé à
désigner cette qation tout entière dès le
Y* siècle. Ce nom retentit dans toutes les
contrées que le terrible chef de hordes
frappa de son glaive irrésistible. Cepen-
dant celui de Tatars était plus usiié dans
le nord-ouest de l'Asie : aussi ce dernier
prévalut-ir quand Baïu-Kban, neveu
d'Okta! et petii-fils de Tchinghiz, fonda
au milieu des peuples turcs subjugués
par ses armes, au nord de la mer Cas-
pienne, le puissant empire du Kipichak
[voyij^ entre la Sibérie et le Dnieper.
Dans ce nouvel état, le khan, ses princi-
paux officiers et quelques bandes d'élite
qui formaient le noyau de ses troupes et
avaient la garde "autour de sa personne,
étaient seuls Tatars , tandis que les mas-
ses étaient composées des anciennes po-
pulations vaincues, et en partie aussi de
nouvelles tribus turques, que les Mon-
gols avaient poussées devant eux ou fall
entrer dans le gros de leur armée, lors
de l'invasion. Le petit nombre des domi-
nateurs, après avoir embrassé le maho-
métbme, finit par s'absorber entièrement
dans ces masses; mais à l'étranger on n'en
continua pas moins à appeler de l'ancien
nom de leurs maîtres tous ces peuples,
même quand le démembrement du Kîp-
tchak eutdélefminé leur affranchissemeu t
complet du joug de la horde tatare. P^ou^
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avoiif déjà ptrléyftoxartkl«s Biovoou et.
' BatU) de la ooone dattractii e dont ce
fameax cbef, après la soamiMÎo* de la
Russie , menaça pareillement l'Europe
occidentale. Ses hordes farouches et en-
core idoMti^s ébranlèrent par leur choc
la valeur polonaise et alfemande, en 1 24 1 ;
refiroi les avait précédées et, dans leur
retraite, elles ne laissèrent derrière elles
que des campagnes ravagées par le fer et
par l'incendie. Leur sinistre et désas-
treuse apparition avait si vivement frappé
l'imagination des prinaes et des peuples,
qn'on les regardait comme un fléau dé-
Àalné par le courroux céleste ou comme
des démons sortis de l'enfer et liés par
on pacte avec le roi des ténèbres. A la
nonvdle de leurs progrèsen Moravie et en
Silésie, l'alarme courut jusqu'aux mar-
ches du trône de France; la reine Blan-
che en fut abattue, et c'est pour relever
le courage de sa mère que le roi saint
Louis lui adressa, comme on l'assure^ cette
pieuse et chevaleresque exhoriatiou * :
« Ma mère, voici une consolation d'en
haut qui doit relever notre courage. S^ils
Tiennent jusqu'à nous ceux qu'on appelle
Tartares, alors de deux choses Tune : ou
nous les refoulerons dans le Tartare qui
est leur demeure, ou ils nons mettront
tons ensemble sur le chemin do ciel. »
Ces expressions et d'autres semblables
attribuées à l'empereur Frédéric II trou-
vèrent un écho «ùuis les terreurs de toute
la chrétienté, et consacrèrent aioë par
line espèce de jeu de mot, fidèle reflet
des craintes naïves du moyen-Age, l'alté-
ration du nom de Ta-ta ou Tatars en celui
de Tartares. Même en iuiie, les véritables
Tatars, après s'être disséminés par la con-
quête, ne se réunirent plus que passagè-
rement en corps de tribus. Qa retrouve
bien encore dans la grande Encyclopédie
diinoîse, qui parut en 1604,' la dernière
mention d'une tribu de Ta-ta, descen-
dants des Yuan, anciens maîtres mon-
gols de la Chine, retournés à leurs ha-
bitudes nomades dans le désert de Gobi,
après leur expulsion du Céleste-Empire;
mais, dans les temps modernes, la déno*
^
TAT
(*) Erigat not, mat§r, cœUitê tolatimm, quia,
si perveniant ipsi, vel nos ipsot quos vocamut
Tiirtaros ud suât Tartareas sêdês retnuUmut »
fftl ifii mes omm§ êd emfmm iuipêhmt»
mihatioD générique deMiiiigoh,R^
venue prédominante chez le priodpil
}>euple de cette fiimille, parait avoir coa-
plétement effacé celle qui a été peodaats
longtemps la terreur de rOGddeDl.Ci.V.
TATARS , courriers tores <h li
Dobroutcba , vojr, Othomah {eaipin),
T. XIX, p. 89.
TATISCHTCHEF ( Vassilu ^ni.
TiTCHJ, né en 1686 , mort dans n lem
de Boldine, le 15 juillet 1760, tprè
avoir rempli les fonctions de directcv
des mines et de gouverneur d'Astnku,
est connu par son Histoire de Russie à'
puis les temps les plus anciens (ea nae,
Pétersh., 1769-84, 4 vol. in-4«), cas-
pi lation fort indigeste des vieilles cbt-
niques russes , mais remarquable cep»
dant comme un des premiers essiis faè
en Russie pour écrire l'histoire oitioii-
le. Vassilii Tatischtchef apparteoiitsw
doute à la famille ancienne de ce ooa,
issue , dit- on , des princes de SamM
et dont plusieurs membres ont tt^n
accepté le titre de comte. Oa it^
«comme le membre le plus distiDgali
cette famille M. Dmiteii Tatiscbldw^,
bailli de l'ordre de Malte et andeaia-
bassadeur russe à Vienne, hoauneiTéts
d'un grand m^te, mais aujourdlmia
retraite. S.
TATIUS (Titus), roi de Caret, tôt.
Sabins et Romains, T. XX, p. 731.
TATIUS (Achille), vay. Acmui
Tatius.
TATOU {dasypus)j genre de ma-
mifères, de la tribu des édentés ordixti-
res (voy.). Ce sont des animaux à'usa
petite taille, dont le corps épais, basiir
jambes , est , par une anomalie biant,
enveloppé d'un test écailleux, dur, coa*
posé de plusieurs pièces, et qui offre oi«
disparate frappante avec le pelage hibi-
tqel des animaux de cette classe. Cette
espèce de croate, que l'on considère coo-
me résultant des poib agglutinés, forae
sur le front une plaque, et snrlesépta-
les comme un grand bouclier soiri (k
plusieurs bandes parallèles et oiobiles,
lesquelles se joignent à leur toar i ■■
troisième bouclier placé sur k cfodpc*
Les membres et la queue sont recoorert
d'anneaux ou de tubercules égaleaeBt
durs. Quelques poils s'échappent eof*
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TAU
(705)
TAU
les éoftillM et soua le centre. Dé grands
oogles, propres à fouir, arment les pattes.
La tète petite, terminée pav no mnsean
pointa f porte de longues oreilles et de
petits yeux. Ce sont des animaux inno-
cents qui vivent le jour dans des terriers
dont ils ne sortent que le soir pour aller
à la recherche des racines, des fruits ou
des insectes qui composent leur nourri-
ture. Les femelles sont très fécondes,
Tous sont originaires des parties chaudes
ou tempérées de l'Amérique. Leur chair
est bonne à manger. Les principales es^
pèoes sont : le kabatsou^ le cachieame^
Vapar et VencoubeH. C. S-te.
TATOUAGE, coutume de plusieurs
peuplades indiennes, surtout dans TO*
céanie (vo^.), de se dessiner sur la peau
toute sorte de figures, soit comme insi-
gnes d'une dignité , soit uniquement
comme parure. Le rang de l'individu
détermine le mode de tatouage et les
parties du corp qui doivent être soumi-
ses k cette opération. Les Indiens des
' classes inférieures ne se tatouent que les
membres; ceux d'une classe sJ^sérieure
'se tatouent, au contraire, presque tout
' le corps. L'opération se fait au moyen
' de piqûres et d'incisions dans la peau ;
'on frotte les plaies avec des couleurs
' indélébiles, et après la cicatrisation rien
ne peut faire disparaître le dessin. C. L.
' TACLER (Jiah), célèbre mystique
allemand, surnommé le docteur su^
blime et illuminé^ naquit en 1294, pro-
bablement en Alsace, et entra dans l'or-
dre des dominicains qu'il illustra par ses
prédications à Cologne et à Strasbourg.
Il mourut dans cette ville, le 17 mai
1361. Tauler exerça une influence ex-
traordinaire sur le peuple, surtout de-
puis qu!encouragé par un laïc pieux, il
eut renoncé à la scolastique pour se li-
vrer tout entier au mysticisme. Ses ser-
mons, comme ses ouvrages d'édification,
se distinguent par la profondeur des
pensées, la sincérité de la foi, un zèle
ardent pour la morale, de même que par
des tours ingénieux et beaucoup d'éner-
gie dans le langage. La prose allemande
n'a peut-être rien produit de plus re-
marquable avant Luther. Ses sermons
ont été imprimés pour la première fois à
Leipzig, en 1498^ une édition pluscom-
Encyclop. d. G. d. M, Tome XXL
plète es ftit donnée à Bàle, e» 1611, et
de nos jours on les a réimprimés dans
le langage moderne à Frmicfort (IClM,
8 ve(f). Ses ouvrages d'édification ont
également été lëiroprimés par les soins
dieM.Casseder (Luoeme, 1823 etsuiv.,
3 vol. in-6«). M. Charles Schmidt, pro^
fesseur de théologie à Strasbourg, a pu-
blié, en langue allemande, une Fie de
J0mn Jbafkr(Strasb.,184t,in-8«). C.£.
TAUNUS. On denne ce, nom; bien
connu des touristes, à la chaîne de mon-
tagnes riche eo mènes et en sources mi-
nArales^nXre le Mein et la Lahn, dans
le comté de Katzenellenbogen (duché de
Nassau). Le Taunus s'étend en deux
chaînons parallèles à travers le territoire
de Homboorgf de Keenigstein et d'Ep»
stoin Jusqu'à Schianfsnbad (vo/.) où il se
réunît aux montagnes du Rbingau. Ses
points culminanU sont k gMmd F^ldbet^
(),60ô pieds), le petit FWldbeig (2^,468
p.), rAllkoenig (3,400 p.), et le Trom^
pette (1,560 p.). Ses châteaux en ruines
sont au nombre des principales curiosi-
tés qite Ton visite «n faisant le* voyage
du Rhin. Fb/. ce nom. C. Z.
TAUPB (taipa)y genre demammi-
fèras «arnasiiers {vof^ de la famille des
Insectivores. €e sont des animaux de pe-
tite taille, dont le corps mmamé^ bas
sur jambes, sans cou dbtinct, se termine
par une tête allongée en une espèce de
boutoir, soutenu par un os partiouliel^
Leurs yeux, extrêmement petits, sont
presque inaperçus sons le poil qui les
recouvre; les membres antérieurs^ très
rapprochés de la têle, sont remarquables
par leur brièveté, par leur £orcey et par
la structure des pattes dont les doi^
courts et presque confondus ensemble ,
forment une large main que terminent
d'énormes ongles, plats et tranchants. A
l'aide de cet apparâil fouisseur, et s'ai-
dant de son musetn comme d'une ta-
rière, de ses mains comme d'une bêche,
la taupe crause avec nue rapidité surpre-
nante des travaux souterrains où se mon-
tre un art admirable. Ce sont de longues
galeries venant toutes aboutir à un gite
principal, et s'annonçant au dehors par
les petits amoncellements que forme l'ani-
mal en rejetant les déblais qui le gênaient
dans son opération. Ces demeures ne
45
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TAU
Bîqnent |Mb> dirtolettailavM l'air
•ilérieur; et qaaiMi \m tmmjpmmn sort, ce
u*«t que cUiia.Je but âm chmkir oo ««tr*
poioty pour de ooaveatti Ifviraaji. La
profondeur à laquelle «Ile «reose varie
d^aillenra aelon la Mtiaou et la MUiiri da
terrain. Ce n*ett q«e le «latia eC le aoir
qu'elle travaille et poorMÛt lea ver« dool
idie fait aa nourriture : le jour elle reste
endormie dans son yk». La feaMile aoi^
g^e sét petits avec beaucoup de tolUci-
tilde, et les'dépose sur un lit d'faerba^ea,
dans une espèce de chambre dont la
voAte est supportée par dea pUiers 4e
tarre, et qui est située dans la partie la
plus élevée de la taupimérCf de manière
k ^tre à Tabri des inondations. La taape
commune^ répandae dans lottftBi les pai^
tîes fertiles de rEucope, a le pelade d'un
beau noir. On lui fiait naa guerre très
' aetive , parte ({«e les galeries qu'elle
cresue bôvleversent les semis, et que les
inégalités qui en résMlteat à la anrface du
sol empèohÎNit de Eiucher au ras de terre.
Cependant eaa dégftto ont joaqu'à un oer-
tain point leur oom^nsation dans la des-
truction considérable des larves d'in-
sectes nuisibles qu'accomplit l'animal
fouisseur. On a ioiagiaé un grami nos-
bre de piégea pour détruire la taupe;
leur dgacription appartient aux ouvrages
d'agriculture; il suffit sauvent, quand ou
a reconnu un nid, de placer plusieurs
personnes armées de bédie auteur du
gtte, pats, à QD signal oanvanu, de per»
oer toutes les galeries qui sont en eom-
munioation avec la ckambre principale
où l'animal se iieut avec ses pcchs. C'est
à tort qu'on a regardé ks taupes comme
privées de l'appareil dé la visîou, il existe
même dans l'espèea connue sous le nom
de iampe armigU^ Seulemeut, oet or-
gane est très peu développé chei ces car*
uasaiete, vu que leur vie eoulorraine
ne le leur rend que dtoe faible utilité.
On confond vulgairement sous le nom
de taupes plusieurs genres voisins' qui
leur ressemblent; tab sont: le ckryso^
chlore du Cap, aîasi nommé de son pe •
lage d'un beau vert doré; le condyiure
d'Amérique, dont les narines sont entou-
rées de petits appendices cartilagineux
formant par leur réunion uneesp^ d'é-
toile d'un aipeot très singulier. C. S-n.
(706) TAO
TAUEEAU (murus)^ vey. Ion.
TAUREAU (tstr.), vo^.GoimLu.
110H et ZODiAQUB.
TAUREAUX (combat de). Ce Sn
tissement national de l'Ëspegns reaoïie
selon quelques autaurs, jasqo'à la doé
Oation romaine, et semble être une iai
tation des jeux du airqae. Maissll fu
s'en rapporter au plus grand aoabr
c'est aux Maurea<{ue les Espagaobdt
veut l'importation de ces fêta <{«
août perpétuées jusqu'à noi joen,(
dépit des fréquentes exeomflinicitn
du Vatican contre «aux qui s'y limi
Elles sont même devenues pea à peu
tel besoin pour cette ardente popoliia
qu'il n*y a pas aujonrd^ui de teleaii
oomplète aaas un ooasbat de taoïoi
ni de petite ville saoe une plaos ééà
à œt usage. Il existe même dei écekii
tauromachie^ par exemple è Sérille. t
plupart dea grandes cités pcaited
cvque immense, dont qoelqua-v
eomme le Colùao de los Ihros ïHiàâ^
peuvent contenir de 10 è DiOMfec
tateurs.^>nr étendue ne ptrmf
qu'ils soient couverts : aussi ftit-oia
difTérenoe de prix pour les penooie?
sont à l'ombre et celles qui ne pciw
trouver de place qu'au soleil. Dia i
villes qui sont privées d'un cirqie, »•
les fenêtres qui garnissent la grûnle ^
août mises k la disposition de feotrtf
neur. Dès la veille de la fête, la m
reanx, choisis parmi les plus sodKÂ
de la Castille et de i*AndaloQ«c>
leur entrée dalis la ville, précêdéBpff^
borafs domestiques, et dirigés par \»f
eadoret au milieu d'une foule coaptc'
dont ils ne sont séparés qoe ptr s
corde tendue de chaque cêté <le U i*
Parvenus au cirque, on les eofersie^
un réduit protégé par une porte i cm
lisse, le toril. Le lendemain nstin,!^
l'heure de la fête , on lâche dt» \v^
un taureau de valde (gratis), Jostlt
cornes sont garnies de tampoi»} ^^
l'animal a bien fourni k la aisItitiMie*
avant-goût des plaisin de hi joarsée,
reçoit le coup de grftee ; le cirq« '
vide, et la populace déguenillée (tit ^
à la foule payante. Une grande qoi*'^
de femmes jeunes et belles, de tootn^
et de toute condition, visBiNnt éti»
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TAU (707)
ao ]ir««iier ran^ ievrs riclieft coatnmet.
A Madrid, ane place d'bonneor attaad
la reine ; mais comuM la jeune majesté a
su jusqu'ici se soustraire à cette impé-
rieuse passion du jeu national , c'est le
corrégidor qui préside la fête. A peine
a-t-il paru, qu'un officier de la ville,
armé du bâton de commandant (yara)^
ae présente devant lui suivi de quelques
al^acilsy et lui demande Tautorisation
de faire commencer la course. Pour toute
réponse, la clef du ioril iowht dans Ta-
rêne aux pieds de l'officier, et un bruit
de tambours et de fanfares annonce aaa-
sitèt rentrée des combattanU. Ce sont
d'abord les picadores y au nombre de
deux ou de quatre à bheval , et vêtus
d'un pantalon de peau jaune doublé
d'une garniture de fer, d'une veste ronde
brodée d'argent , coiffés d'un chapeau
blanc à bords rabattus, et portant à la
main' une lance de près de dix pieds de
long (garocha on vara larga)^ qui est
gardée de manière à ne pouvoir s'enfon-
cer que d'un demi pouce dans la nuque
de l'animal. Vient ensuite la foule des
chulos ou banderilleros y ainsi appelés
des petites flèches à banderolles de tou-
tes couleurs qu'ils enfoncent dans les
chairs du taureau pendant l'action. Ils
aont à pied ; leur démarche est agile ;
leur costume est en velours noir on en
étoffe de satin ou de soie, avec des orne-
ments qui le rendent assez semblable à
celui de Figaro. Ils sont munis d'échar-
pea roses et bleues, destinées à dbtndfe
la victime lorsqu'elle parvient au dernier
paroxysme de la fureur. Après les chulos
marche le matador (du latin mactador^
immoleur), habillé de noir, le chapeau à
trois cornes en tête, l'épée nue d'une
main , et l'autre armée d'un petit dra*
peau de soie, appelé la muleta. Le défilé
ae fait gravement autour de l'enceinte
dont la hauteur est de 5 pieds, et qui est
percée de distance en distance d'ouver-
tures servant de refuge aux combattants.
Tous les champi ons s'inclinent en pas-
sant devant l'image de la Vierge , puis
devant le corrégidor, après quoi ils se re-
tirent , ne laissant dans l'arène que les
pieadores.
Quelques instants après, un roulement
de tambour annonce l'arrivée du taa-
TAU
AocQtlIli par lea vwa de la fovie
et i^ndn furieux par le bruit qui se fait
autour de lui, il ae jette sur les pica^
dores qui lui opposetit leurs garochaSy
dont la pointe s'enfonce dans son garot.
Sa rage redouble: d'un sent bond il fran-
chit U distance qui le sépare de l'un de
ses ennemis, dont la monture roule dans
l'arène percée d'un formidable eoup de
oorne. Le cavalier lui-même court aldi%
le plus grand danger, et il j succombe-
rait sans la diversion des banderillero^^
qui, sortant tout à coup de toutes les
ouvertures pratiquées dans l'enceinte,
lancent à la tête du taureau les petites
écharpes dont ils sont porteurs, puis se
retirent sitôt que le plcaâore est hors de
péril. Après plusieurs courses fournies
par les cavaliers, les banderilleros reû^
trent dans la lice, et, voltigeant autour
du taureau, achèvent d'exalter sa fureur
en plantant suf sa nuque leurs petites
banderollea garnies de pétards qui s'en-
flamment. Enfin le matador se présente
à son tour : s'avançant
loge du corrégidor, il 6t<
demande, pour achever
permission qui lui est
ployant alors sa muleta^
rageusement au-devant i
en voyant les couleurs éc
peau qu'on lui préaeni
comme pour frapper I'
obstacle lui dérobe : c'esi
choisit le matador pour
épée entre la nuque et
taureau tombe comme c
viva retentllsent de to
compagnes d'une pluie
sucreries et même de piè
rive souvent que l'anim
du premier coup, et aloi
sements se changent en
matador. Si même le tai
ennemi de ses puissantes
sur la place, tous les brs
noble et adroit quadri
reste, n'en tombe pas d
d'un second matador, <
est fini, les portes de l'yène s'ouvrent
pour donner passage à un superbe atte-
lage de mules rirhement caparaçonnées,
qui entraînent le cadavre du taureau au
bmit des fan&res. Puis une seconde re-
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TAU
iictenUtioD eoauÊfBùcê^ et «ioai de suite,
usqu'à ce qae 6 à 8 teareeus, 16 à 30
chevaux, et quelquefois 1 on 3 liomaies
aiebt eosanglanté f arène. Aussi une aage
prévoyance a-t-elle placé ëans un coin
obscur de l'amphithÀtre uo chirurgien
«t un moine, toujours prêts à prodiguer
leurs soins temporels et spirituels au mal-
heureux toréador ^i tombe, comme
l^neien gladiateur, pour les plaisirs du
peuple. HAtons-nous d'ajouter que ces
aanglants combats, objet d'un bien dan-
gereux engouement, surtout de la part
des femmes, sont affermés par l'admi-
nistration des hôpiuux, et que du moins
les malades et les pauvres y trouvent leur
compte. D. A. D.
TACRIDB, nom d'an gouvernement
de la Russie méridioDsIe qui comprend,
outre la steppe des Nogab, rancienne
ChersoDèse taurique, ou presqu'île de
Grimée, dont il a déjà été parlé au
mot CffBRSovisB. Ou sait qu'il est sou»
vent question chez les anciens tragiques
grecs des Taures, peuple scy the, nomade
et barbare {voy, Ohestb et IPHioiNis).
Ces Taures fbrent au nombre des plus
anciens habitants de la presqu'île; et outre
de nombreux colons grecs qui s'y éta-
blirent plus tard, ils paraissent avoir en
pour vonins les Satarques et les Ama-
zones. Depuis Hérodote (450 ans avant
J«-G.), cette contrée parait avoir été
conquise et dévastée par plus de 70 peu-
ples différents. Elle obéit successivement
aitx Perses, aux républiquesgrecques, aux
rois du Bosphore, dont Mithridate-le-
Grand fut un des derniers, aux Romains,
iux Sarmates^ aux empereurs grecs,
et enfin , dans le xii*, siècle « en partie
au moins aux Génois. Go donnait alors
à la presqu'île le nom de KrhnmQXk Cri*
mée que la plupart des auteurs dérivent
des Cimmériens, et quelques-uns d'un
mot tatare signifiant forteresse. «Aucune
de ces deux explications ne nous parait
satisfaisante, dit M. Schniuler* : quoi-
que adopté par les Tatars, le mot Krunm
n'appartenait pas à leur langue, mais
avait été donné au pays par les Grecs et
signifiait penfe de rochers (x/»Qfiyn ou
^pniivôç, pente, lieu abrupt, decliviias). »
£o effet, on sait qu'au sud la presqu'île
(*) La Hustit, U P^lognt 91U Finlmhdt^ P«7S7.
(708) TAO
oppose une espèce de rempart à h aer.
Quoi qu'il en soit, dans le xui* «de,
elle fut soumise pur les Titan, et il
partie de l'empire de Riptditk (vo;.
mais en abandonnant les villes de KriH
et de Gaffa à son neveu, MaDgpaTuM
jeta, dès 1 )6S, les fondements da kbw
particulier qui ne tarda pas à s'jéiibti
lies Turcs y étendirent bientôt lev ig
mination. Ge fut en 1476 qae Maht
met II conquit la Taarîde, d'oà il chai
les Génois et les Vénitiens. Les praû
y avaient possédé Gherson et Cafla (wf.
place de commerce importante; les de
niers y avaient fondé la colonie de Ta
La Grimée, alors connue en Earopess
le nom de Petite Tatarie^ garda ccfs
dant ses khans particuliers; msii iii^
vinrent tributaires et vassaux da sdiU
qu'ils étaient obligés de suivre à kgitn
Gn sait que la famille des Ghiniien-
gna ^pas sans gloire, et que plai im
fois les khans, à U tète d'iuMasa
balliqneuse et dîévastatrice^firenttiflUff
Moscou. Mais depuis 1698, Ici «ses
russes envahirent à plusieun repi»^
Grimée, et elles la soumirent couplé»'
ment en 1771, sous les ordres da pns
Dolgorouki. Par le traité de pia >
Koutchouk-Kainardji, concla eo 11'^
la Turquie reconnut l'indépeadiocefe
cette province. Le khan Gbabin*Gbiii
dont l'élection avait été appuyée pir^
Russes , ayant été chassé par k p^
turc et obligé de chercher oo vlk\
Saint-Pétersbourg, Gatherine II dédai^
le 19 août 1788, que la CriiDée<tt^
réunie à son empire ; et les Turcs, dW
courir les chances d'une nouvelle gaent
la lui cédèrent formellement aasMii^
janvier suivant. Depuis fut fonnélepi»
vernement de Tauride, qui, sor ooeéitf
due de 8 1 ,000 verstes carrée8(aies«n^
diffère peu du kilom.}, compteSlS,^
habitants. ^
La prcsqulle est baignée, saafdû**
de l'isthme, par la mer Noire et p^^
d'Azof. On a donné le nooi de 0^^
tride ou Sivasch (en russe OnUoiê-ij^
un golfe de la dernière, qui le <1^
dans les grandes chaleurs et ''^*
par des exhalaisons infectes ; ^ f^
alors le traverser à cheval. A d"»'
époques» il M navigable. U^^^
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TAU
(TM)
TAU
presqalle masque d'eaa «t dt boit, ac
ii*offreqa*aii sol maigre, imprégné de sel
el pea propre à Tagricultare ; mais la c6te
méridionale an-dessus de laquelle leTcba-
dyr-Dagh (montagne de la Tente) s'élève
à la hauteur de 5,110 pieds peut se
comparer aux pays les plus pittoresques
et les plus fertiles du monde. Les valléesy
coupées par une multitude de rivières et
de ruisseaux, sont parfaitement cultivées.
On y récolte des fruits du sud et des
vins assez renommés, dont les plus es-
timés sont ceux de Sondak et de Kox.
Les plus belles vallées sont celles de Ba-
laktava et de Baîdar. Le voyageur Clarke,
qui a visité ce pays en 1801, appelle les
environs de Koutchouk-Koîet deSoudak
un véritable paradis terrestre. La Tau-
ride produit en quantité du blé, du mil-
let, du tabac, du miel, de la cire et de
la soie. On y élève beaucoup de bétes à
cornes, des chevaux et des moutons qui
fournissent ces peaux d*agneaux grises, à
laine frisée, qui sont si estimées. Les ba-
Ditants, la plupart Tatars, professent le
nahométisme. Cependant il y a aussi un
assez grand nombre de Russes, de Grecs,
d'Arméniens, de Juifs, de Bohémiens et
ie colons européens qu'y attirent la
beauté du climat, la fertilité du sol et une
exemption d'impôts pendant 80 ans.
Le chef-lieu de la presqu'île et de tout
le gouvernement de Tauride est Simfié»
ropol, sur le Saighir, ville à laquelle une
publication officielle de 1842 donne
12,891 hab., dont environ 8,000 sont
des Tatars, les autres des Bohémiens, des
Grecsydes Juifs Kara!tes,des Rosses et des
Arméniens ; dans la langue du pays, elle
s'appelle Akh^métchei (Église blanche).
Un peu plus au sud-ouest est l'ancienne
résidence des khans, Baktchisaraî(Palids
des jardins), où Pou voit encore le pa-
lais de ces princes construit dans le |^t
oriental. LesviHes deFéodosie (Tkeodo-
sia) oaCafTa et deKertch è l'est, d'Eupa-
toriaà l'ouest, font un commerce mariti-
me considérable, ainsi que Sévastopol, le
grand port militaire sur la mer Noire au-
quel nous avons oonsacréun article par*
ticulier. £n dehors de la presqu'île, dans
le même gouvernement, nous mention-
nerons la citadelle de Kinburn, position
importante a Tembouchure du Dnieper,
vîs-à.vîs d'Olchakof (î)o/.), et la forte-
resse de Pérékop ou Or, sur l'bthme du
même nom , large de 8 ^ verstes, qui nuit
la Crimée au continent. — Foir Pal-
las, Woyage dans les gouvernements de
la Russie méridionale pendant les an^
nées 1798 ei 1794 (Leipz., 1799-1801,
2 vol.), et Tatieau topographique de
la Tauride (Pétersb., 1795); Ëogel-
hardt et Parrot, Voyage dans la Crimée
et le Caucase (Berlin, 18U, 2 voU);
Mouravief-Apostol, Voyage dans la Tau-
ride en 1820; et Gasteinau, Essai sur
l'histoire ancienne et moderne de la
Nouvelle Russie (Paris, 1820). Quelques
autres ouvrages sont indiqués dans èelui
de M. Schnitzler, déjà cité, p. 729. On
peut y ajouter le Voyage de M. Anatole
Démidof, et celui du maréchal duc de
Raguse, 1. 1*' ; seulement il faut remar-
quer que la plupart des noms y sont dé-
naturés *. C. L. et E. H-o.
TAURIS, voy, Tiaaiz.
TAURUS (du mot tour^ qui, dans les
langues sémitiques, signifie montagne).
Cette célèbre chaîne de montagnes de fa
Turquie d'Asie {voy, Natolie) prend
naissance près des sources de l'Euphrate^
dans le pachalik de Marasch, et étend ses
rameaux sur une grande partie de l'Asie
occidentale. Le Taurus se partage en
deux branches : VAnti^Taurus ou Has^
san^agh, au nord*ouest, dont une rami-
fication, VAla'Dagh^ traverse la Natolie
et va se perdre dans la mer Noire; et le
Taurus proprement dit, qui, sous diffé-
rents noms, court au sud-ouest jusqu'à
la mer Egée, et au sud jusqu'à la mer de
Syrie, se rattachant par le Liban {voy.)
au système des montagnes de l'Asie
moyenne. Le point culminant du Tau-
rus, l'Ardjs, autrefois Argœus^ dans la
Caramanie, au sud de Raîssarieh, s'é-*
lève à près de 4,000™ au-dessus du ni*
veau de la mer. Cette chaîne de mon*
tagnes, dont les sommets les plus élevés
sont couverts de neige pendant la plus
grande partie de l'année, et les flancs
revêtus de belles forêts de sapins, de
(*) Noos signaleroiiB eo ootre le Gmidt du
Vturagmtr tn CHméé, par C.-H. MoBUndon«
OdesM, x834; la carta de la Crimée méridio-
nale, par Mv de Keeppen, et Toarrage du même
savant, intitulé Krimskii S^emift, Pétrrcbonrg,
i837,Ui^. S.
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TAV
( 7iO )
TAV
oèdresy àb chéBes, de hêtres, n'envMe
cependam que de faibles cours d'eau I
la Méditerranée ; mais elle en dirige de
plus considérables vers le golfe Persique
et la m^ Noire. Entre les deux ebaines
principales s*étendent des plaines plus
ou «oins vastes, coupées de collines et
très fertiles, mais mal oïdtivées et semées
de quelques rares villages*
laJmanus des anciens, aujourd'hui Jl-
ma-dagh, dépend aussi du mont Taurus,
bien qu'il en soit séparé. Il forme l^ U-
miie entre la Syrie et T Asie-Mineure, et
la communication s'établit par le mog^en
de deux passages que les anciens appe*
laient Tun Portes amaniques du c6té de
l^uphrate, et l'autre Portes syriennes
du côté de la mer. X.
TAtJTOLOGIB (mot que les Grecs
ont formé de Xc7«>, je dis, et Tavra ou
plutôt TaOrô, la même chose), répétition
vicieuse d'une même idée en différents
termes. La tautologie n'ajoute rien à la
vivacité de l'expression, à la darlé da
discours; elle annonce seulement en celui
qui parle le manque d'idées ou l'igno-
rance de sa langue. X.
TA VANNES (Gâspa&d de Saulx,
seigneur de), né à Dijon en 1509, était
issu d'une famille très ancienne, qui re-
niontait jusqu'à Gui, comte de Saulx
dans le x* siècle, et tirait son origine des
comtes de Laogres. Entré tout jeune
dans les pages de François I^', il com*
battit aux côtés de ce prince à la bataille
de Pavie et partagea sa captivité. Il se
signala plus tard au siège dTvoi et à la
bataille de Gérisolles, en 1544. Sous le
règne à% lienri II, il fut nommé mare*
chai de oamp de l'armée qui envahit les
Trois-Évéehés, et il ne contribua pas peu
i la prise de Metz, ainsi qu'au gain de la
bataille de Eenti(i654)« Deux ans après,
il suivit avec le même grade le eorps de
troupes envoyé au secours du pape sous
les ordres du duc de Guise, et, lorsque
ce dernier fut rappelé, il resta chargé du
soin de ramener Tarmée en France. A
dater de cette époque, il concourut a
tnutes les mesures qui furent prises pour
exterminer les huguenots. Ce lut lui qui
força Collgny à combattre à Jarnac {voy,)
et à Moocontour, et qui, par ses habiles
dispositions, prépara la victoire des ca«<
tkoUqcws , services qui Iwe&t lioaa-
pensés par la dignité de WÊsiéA ht
France, en 1570. Après le misMcreée
la Saint*Barthélemy , auquel Brantose
l'aecnse d'avoir pris une put oéienie,i
obtint le gouvernement de Pitmstt;
mais il mourut quelques moi8spni,FB
1678, en se rendant au siège de Li l»
chelle, qui avait été résolu sur ses pr»
satttes instances.
Le maréchal de Tavannes Isiméen
fils. L'aîné, Guii^laums, né ea 1^
fut nommé, en 1574, lieuteetat da ra
dans le duché de Bourgogne, qi^ sa
conserver aux rois Henri m et HeerifF
Il mourut en 1638. On a de lui des 1"
moires des choses 4sdçênues en Frm
et guerres civiles depuis tannée \W
jusqu'en 1596 (Paris, 16)5; dootcl
par M. Buchon, 1886). le csdet,Jiii
né en 1 555, embrassa le parti de hlifiL
et obtint de Mayenne, en 1592, iw^
bâton de maréchal de France, k^
vernement de la Bourgogne, qa'iiâpBti
pendant trois ans à son frère. Aj^lt
triomphe de Henri IV, ce ligneerichiK
se retira dans ses terres oà il cosaet
ses loisirs à écrire les Mémoires oopl*'!
la vie du maréchal de Tavanaasoopff
(Lyon, 1657, în-fol.), qu'il y tiût^
toute occasion. On ignore Tépoqaep
ciee de sa mort. Nous ajouteroosqif^
famille de Saulx-Tavannes subsiste s-
core aujourd'hui en la personne do (>£
CsARLES-MAaiB-CASiMn, nées n^
qui a succédé à la pairie de son frèn>'>
4 juin 1810. EH^J
TAVEL (viïr db) TPoy. Gabt.
TAVERNIER (JEAW.BAPTisn),fl
d'un marchand de cartes géograpbi^
d'Anvers, qui s'était réfugié en Frux*
pour échapper aux pereécutions din?*'
contre les protesunts de hi Belgiqo^)"'
quit à Paris en 1605. Entrënéf^^
passion des voyages, il avsit déjà visitii
à l'âge de 22 ans, la plus griiKlep<^
de TEurope, et, pendant 40 lulresii^
nées, il parcourut dans tous \»*^ ,
Turquie, la Perse et les Indes, iwiiM
est vrai, en philosophe qu'en mtrcbiw
Le commerce des diamants loi tjvo'/^
curédesbénéftcesconS{dérsbles,i|>^
à son retour en Europe, la bsronoie d'Aï-
boftne^ tur le lae d* Q^kn} ^^
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TAX
(711)
TAY
ab«s éê etm&ukcm domi 11 fat Tictise de
la part de too nevea le força à vendre
cette terre à Dyqoeme, H à entreprendre
UB MHivean broyage dans l'etpoir de ré-
tablir sa fortune. 11 prit donc la route
du Mogoi 4 travers la Euaiîe) malgré ion
grand âge ; naît il moonU a Moacon ea
1 689. Chapucean et La Cbapelle ont pu-
blié la relation de les Voyages 9n Tur-
quie^ en Perse et aux Indes , Paris ,
1677-79, S Yol. in-4^, qui renferment
beaucoup de renseignements aussi miles
qu'intéressants. X.
TAXE, «or* Impot8.-^Taxb dis pau-
TBKSy vof. PAOPiaitm.
TAXIDERMIE (de li^^, peau, et
TjcÇtCf arrangement) » voy. Empaillb-
TAUS, vof' Toua [la).
TAXONOMIE (de ràgec, arrange-
■Mut, et vifisç, loiy règle) y classification
des plantes ou exposition des diverses
■sétfatodes de classification, voy. Bovahi*
QDX.
TAYGËTE (moht), vay. LAConB.
TAYLORy noop fort .commun en
Ajfegleterre, comme Test en Allemagne sa
traduction Schneider (tailleur), mais
que beaneoup d'hommes distingués ont
rendu célèbre dans les sciences et dans
Térudition.
De ce nombre sont d'abord deux tbéo-
logiensy Thomas Taylor, mort en 168),
aatenr de divers travaux d'tnterprétaticm
biblique; et JiainiB Tajlor, à la fois
grand érudit et prédicateur éloquent, qui
vécut de 1618 à 1667, et devint évéqne
de Down et Connor en Irlande.
Yers le même temps vécut Johh Tay-
lor, surnommé le poëie d^eau^ qui, après
avoir été batiriier, rima de» pamphlets
politiques et fit des chansons populaires
pleines de gaieté. Il monnU en 1664,
et ses nombreuse» poésies ont été réu-
nies dans un vol* in-fol.
Baoox-TATLoa, qui naquît le 18 aoèt
1685 au village d'Edmonlon, 8.8 milles
anglais de Londres, se distingua à bien
des titires, mais dut surtout aux mathé-
matiques une grande célébrité. A la fois
philologue, mathématicien, musicien et
peînlrey H fat reçu membre de la Société
nojruleen 1713 et en détint secrétaire
•A 1714. Il a pobliéy soit en latio) soit
en anglais, divers ouvrages et méiboires;
nous n'en citerons que le Metkodus in~
erementornm di recta et invermy Lond.,'
1717, où se trouve exposé le fameux
théorème de Taylory formule algébrique,
a dit de Pronj, « qui constitue ce que les
géomètres appellent une série ou un
système, une suite de termes algébriaues,
liés entre eux par de certaines lois, et
dont le nombre, en général fnfinf , de-
vient fini ou limité dans des cas parti-
culiers. » ftrook-Taylor mourut dans un
âge peu avancé, le 39 déc. 1781. »
Enfin, deux philologues duméme nom,
mais moins anciens, méritent en outre un^
flsention particulière.
Le premier, Johh, critique et érudit- .
distingué, naquit en 1 708, à Sbrewsbury^
d'un père qui exerçait dans cette ville la
profession de barbier. Il fit ses études d^
théologie et de jurisprudence è Cam-
bridge, oà il fut nommé, en 1783, bi-
bliothécaire de l'université. En 1781, il
embrassa la carrière ecclésiastique, et*
obtint une aire qu'il édifia jusqu'en
1766, année de sa mort. John Ta^lor
doit principalement sa réputation à ses
ouvrages archéologiques, parmi lesquels
se distinguent ses éditions des orateurs
d'Athènes (Lysias, 1780; Démostbènes,
1748-67) et ses dissertations. On estime
aussi ses Eléments of civil la^ (1755;
nouv. éd., 1769), et son édition du iKfar-
mor sand^icense [Câmht.y 1748, in-4^).
Le second philologue de ce nom est
Thomas Taylor, surnommé le Platoni-
cien. Né à Londres en 1 768 , il fut tel-
lement rebuté par l'étude aride des lan-
gues mortes, qu'il abandonna la carrière
ecclésiastique, à laquelle ses parents le
destinaient, paur s'oeeuper exclusive-
ment des nuithématiques. Cependant un
pasteur dissident parvint à le déterminer
à reprendre ses études de théologie. Un
mariage secret, contracté avec une jeune
fille qu'il aimait depuis son enfance, le
précipita dans la phu grande misère. Il
fut obligé de se faire successivement maî-
tre d'école et domestique dans une mai^
son de banque, ce qui ne l'em pécha pas
de continuer avec ardeur à lire Aristote
et Ptatoo. Un travail excessif ayant al-
téré sa santé, il lai fallut «e créer d'au-
tres ruMouroes. La libéralité d'un de set
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TCH
(712)
TCH
protecteurs loi permit de publier, eo
1804 y sa. traduction de Platon (5 toL
-in -40) 9 qu'il fit suivre, quelque temps
après, de celles d'Arietote (9 vol. ia-4^],
die Pausaoias, de Plolin, et d^autres écri-
Tsins de U Grèce. Parmi ses écrits ori-
ginaux, nous cîtercuis ses dissertations
aur les mystères d*Éleusie et de Bac-
Cbus.* X.
TCSAâD on Tsàds (lac), dans
Piirique intérieure, voy. T. V^^ p. 3a6
et 340.
VB&LàN et TCEKESTAH.
TCUEILHS, la plus importante des
peuplades slavonnes qui envahirent la
Pohéme(vox.)dans le y* siècle. On a émis
' 4>ff^otes opinions sur l'origine de ce
nom, qui se reneontm pour la première
fois dans un monument du ix* siècle,
&ais tontes sont aussi inadmissibles les
unes que les autres. Aussi M. Schafarik,
l'écrivain qui s'occupe avec le plus de
«succès des antiquités alavoiines,avoue-t-il
firancbement son ignorance à cet égard.
On ne sait même pas d'une manière cer-
taine de quel pays les Tchekhs étaient
originaires; tl est vraisemblable qu'ils
émigrèrent de la Galicie, avec les Kbor-
vates, les Doulébiens, les Lutcbanes
et autres tribus. Les Tchekhs s'établirent
dans la moyenne Bohême, aux environs
de Prague, et, favorisés par kur position
géographique au centre du pays, sur les
bords d'une rivière navigable, non moins
que par leur force numérique, ils obtin-
rent sur les antres peuplades une supé-
riorité telle qu*ils finirent par leur im-
poser jusqu'à leur nom. Soumis proba-
blement par les Avares vers la fin du vi*
siècle, ils réussirent à secouer leur joug
tous la conduite de Samo, guerrier in-
trépide qui se rendit redoutable même
aux Francs. I^es annalistes de cette épo-
que ne les connaissent encore que sous
le nom deSlavesou de Vénèdes. Eginhard
le premier employa celui de Bohèmes, qui
a prévalu chez les étrangers sur celui de
Tchekhs. Dans le pays, c'est toujours le
nom national.
Laugue tchàkhb, vay, Bohémb. X.
TCHERKESSES etTCHÉTCHEN-
TZES. Ce sont les deux principales tri-
bus de ces belliqueux montagnards du
Ganoaae, dont le eanvage niroii^
pcae obstinément une barrière a On
loppementde la^ paîamnoe rnsn m
frontières de la Pcfie et de la Tu^
d'Asie.
Aux articles Caugask et (Unusi
(peuples)^ on a déjà pfésentéladen
tion de cette bautn chaîne et la dis
cation des races divewes qui Vhàkk
noua nous bomeroDs donc à en réa
tuler les notions îadispensablei p
l'intelligence de notre sujet.
Un coup d'œil jeté sur U ctrtcs
pour faire voir que le Caucaie bsne
tièrement, par sa ligne oblique sllm
nord-ouest au sud-est , le grand kii
qui porte son nom, et qui s'étend csu
mer Noire et la mer Caspienne. A Pot,
hauteurs dominoat aor toute la proii
du Daghestan (voy.y qni borde h 1
Caspienne ; et à l'ouest de cellei-d,a
la ligne de faite du Caucase ao n^
les courants opposés du Koabts d 1
Térek au nord , se place la contrée cnn
nément appelée Circassie^ parce ^«^
est la patrie (lu peuple d^ Tdierka
nom que l'usage a converti eo oelii^
euphonique de Gircasaiens. Cette rtp
centrale du Caucase se trouve aisâ co
prise entre la Transcawcaiie (Géorf
Iméreth et Mingrélie) au sud, et bp
vince de Caucasie proprement dite,
nord des deux rivières déjà nonee
tributaires l'une de la mer jfoire,!'*
de la mer Caspienne. Une chainecMi
nue d'éublissements cosaques, àM
par des forts et par des redoutes, ^
entre les deux extrémités marqoée }
les embouchures du Kouban et ds l
rek, une véritable frontière wilf»
destinée à servir an territoire ne*
bouclier contre les incursions et lep*
lages des montagnards. La cféitioi <
ces colonies armées, base priflc^'*'''
toutes les opérations des Russes oesm
Caucase septentrional , remoau à ^
therine II. LeplusimporUntdeidistnc
dont ceue ligne se compose est cehù^
Cosaques Tchernomorskii ^ c'^^'^-^
de la mer Noire, transportés en tISj
par ordre de cette impératrice, dis^''
terrains marécageux au nord des ^
ches du Kouban. Au sud du cor»'
frontière, du côté des sources de cette n*
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TCH
(71S)
TCH
irière ei da Térek, s^étend jmqii'aii pied
même da Cancaie la plaine fertile de la
K.abardah (voy.), qve l'on distingue en
grande et en petite. Parmi les yallées
saavages et les gorges profondément
creusées dont les monts inaccessibles qui
la dominent se tronrent entrecoupés, une
seule forme un passage direct des pro-
Ytiices du nord dans la région transcaa-
casienne. Cette route^ déjà fameuse chez
les anciens sous le nom de Portes CaU"
casiennes , est celle qui conduit de Moz«
dok , sur le Térek, à VladikaTkaz*, au
cœur de l'isthme, d'où elle suit, à tra-
Tara le pays des Ossètes, amis des Russes,
un long et étroit déilé jusqu'à Tiflis, ca-
pitale de la Géorgie. Encore cette unique
-voie de communication terrestre esl-elle
d'un entretien très difficile, et n'offre de
I sécurité parfaite pour les voyageurs et
i les marchandises que sous l'eseorte ' de
I convois militaires protégés par du eanon.
I Uo second passage, les anciennes Porte$
I Albaniennesy existe, il est vrai » le long
I de la mer Caspienne, par Derbend dans
] le Daghestan; mais, outre qu'il entraîne
I un immense détour, il est plus difficile
I à parcourir que l'autre. En songeant d'ail -
, leurs que sur la mer Noire, toujours su-
I jette à de TÎolentes tempêtes, la navigation
I est pleine de périls; qu'elle rencontre plus
I d'obstacles encore sur la mer Caspienne,
, à cause du manque de ports et de la
, nature inhospitalière des c6tes, et qu'elle
I y souffre une interruption considérable
par les glaces pendant la saison rigou-
I reuse, on comprendra facilement de quel
immense iatérêt serait pour la Russie la
^ soumission des belliqueux montagnards'
du Caucase.
On évalue l'étendue de la Circsssie à
environ 1,600 milles carr. géogr.,ce qui
serait un peu plus que la grandeur de la
Bavière; et sa population, au total de
1^ à S millions approximativement *^
(*) Ce nom signifie, pour aiosi dire, Dompte-
Cauons*.
(**) D>Bt œ crbiffre tontefois sont compris la
lU^ardah et le pays à!t% Ossète* habitaeilement
sobmis aoz Rosses. D'après une carte rasse du
Caucase, paliliée en i834( voiri quelle serait la
force des différentes peuplades do Caucase ren-
f^rméM dans lee Umiiat indiquées ci-dessus :
Wogais « f6,000iiulîv-
Ka^rdieos.,... 36,000 --
Les peuples dont cette dernière se oom-^
pose, quelles que soient les différences
qui les séparent, se ressemblent néan»
moins presque tous par nne certaine
conformité de mœurs etd'habitudes guer-
rières, contractées par eux depub des
siècles dans leur commun séjour; analo-
gie qui nous permet de les grouper au-
tour de la plus célèbre de leurs branches^
les 7VrAfrA^j^«#. Ceux-ci, qui parlent en
plusieurs dialectes leur idiome distinct,
s'appellent eux-mêmes Adighés, Ils ha-
bitent la Kabardah et toute la partie
septentrionale du Caucase, au sud du
Rouban. Leurs tribus de la ELabardahont
seules reconnu la suprématie impériale,
mais toutes les autres, au nombre de dix,
n*ont rien perdu de leur amour de l'in-
dépendance, ni de leur haine implacable
contre la domination russe. Celle-ci a
rencontré des ennemis non moins achar-
nés dans les Abazes (yoy,) ou Abasèques^
antre peuplade divisée en 16 tribus et
voisine des Tcherkesses, avec l'idiome
desquels sa langue a beaucoup d'affi-
nité. Ces Abazes sont répandus sur les
deux revers du Caucase, vers les sources
du Kouban, et l'on confond souvent avec
eux les Avkhasiens^ leurs voisins sur le
littoral de la mer Noire. Quant aux O^-
sètes {7>or,)^ que l'on trouve au centre
du Caucase, du c6té dessources du Térek,
ils ont adopté les formes extérieures de
la religion grecque et sont comptés par-
mi les tribus sujettes de la Russie, envers
laquelle leur soumissidh est ponrunt plus
apparente que réelle.
Parmi les peuples du Caucase briental,
il faut citer d'abord, comme portant au»
jourd'hui le nom le plus fameux dans la
guerre de ces montagnes, les Tché''
îchenîzeâ^ regardés comme une brancbe
des Kistes, de même que les Ingouches
et les Karabottlakbs^. Leurs demeures
Koumuks 38,800ia«v*
Ossètes 35,700 —
Tcherkesses ou Adigbés. 501,000 —
Abazes 109,700 —
ÀTkhasiens 45,090 —
Svanèies 25.000 —
Tchétcbrntxes 198,000 —
Lesghis 530,1S3 —
Total.. 1.535,613
J. H. S.
(*) Sur la carte citée dtat la tiote précédeaCe,
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TCH
(TU)
TCH
8*él8Dd«it âm nosUfiMt da Dagbeslaii
jttsqu'aa Térek. Les Leighit oo Les-
ghiensj Mitr« peuplade uèt nombrtiife
et très ramifiée dans le Daghettan » eom-
batteot anjoard'htii poor la plupart avec
les Tcbétchentzes. Enfin meutioniioiif eo-
core, pour mémoire teulemant, plueieurs
tribut turques ou tatares, diseéminées sur
toute la largeur de ristbme, mais qui ne
jouent dans Us événements du pays qu'un
r6le tOQt-à-fait secondaire.
Les Tcberkesies ont à juste titre la ré-
putation d'être une des plus belles races
du globe. En ce qui concerne les bom-
mes du moins, il y a unanimité parmi les
voyageurs anciens et modeines qui ont
visité le Caucase; mais à Tégard des iem*
mes cifcassiennes, les contemporains sem-
blent bésiter à parUger en tous points
l'admiration des Orienuux pour ces beau-
tés favorites de leurs barems; seulement
ils ont été frappés de la noblesse et de la
grâce qui se font remarquer dans lewr
maintien ainsi que dans tous leurs mou*
vements. Les Tcberkesses, comme près*
que tous les montagnards dn Caucase,
sont généralement d'une taille svelte et
admirablement proportionnée, pleins de
vigueur et avec cela d'une souplesse de
membres et d'une agilité extraordinai-
res. Us ont les cbeveux et la barbe fon-
cés, le teint clair, les traits réguliers ei
bien marqués, et une coupe de pbysio*
nomie des pllfs expressives. Leur déoMi^
cbe est aussi fière qu'élégante. Si cesqan-
lités leur sont queiquefeis contestées par
les Russes, leurs ennemis, ils sont d'ac-
cord avec tout le monde au sujet de la
valeur toute bomérique de ces belliqneux
fils du Caucase. Une rare intrépidité
s'allie dans ces âmes sauvages à des qu»>
lilés chevaleresques qui en rehaussent
l'éclat. Jamais les Tcherkesses ne se sé-
parent de leurs ariAes, qui sont la cara-
bine, un pistolet passé sous la ceinture,
un long poignard et le sabre qu'ils ma-
nient avec une incroyable dextérité. Leur
costume, très élégant, se compose d'un
pantalon étroit, d*une tunique courte,
les Kistatet les Kanbonlakhs toot comptés pai^
mi les Tcbétcbentxes. Sens le nom d*Ingouch«s
on oompmid tiintAt toote cette peo^ilade, ap-
pelée aussi MiBdltghêt, tainlôt seulement quel*
M de tes iribes, J. H. $.
serrée autour de la tafile et mmàtk
cartoudiiéres sur la poitriBe,eifiB^
bonnet rond galowsé, ealeafé dW
fouiTure noire oq blanebe à loap pdk
Pour se garantir du firoid et éekftai,
ils se couvrent la tète d'ua cqiedMa «
s'enveloppent d'un nwntesn de iena
imperméable. InCitigablm cavsliei, k
mentent «les cbeveux de petits tàli,
nuis d'une force et d'une ardeer leli
qu'ils ont souvent perceuni jmqal Sis
80 lieues dans l'espace d'une met Mi-
gré leurs préventions bestSes eoMeW
étranger qui ne kurseraitpaié^c»
nu comme un ami, les droits dePIraspi^
lité, une fols accordée, sontieviobblsl
sacrés pour eux. L'bôte ou koMak,wm
l'appellent les Tcberkesses, ssttoajwi
prêt à défendre contre toote attaipK
toute insulte, fàt-ce an péril àtuf^
pre vie, l'bomme qui s'est eonfiéànfn-
tection. Hais, d'un autre celé, hli
du talion exercecbez eux soncmelarie
avec une inexorable rigueur; etleu-
geances ne s'étagnent jamais dasilsR
tribus. Dans le combat même, ibseli
point de quartier; après la lutte, ibn
OMuent en esclavage ceux qei se itsks
à discrétion. Il parait néanmoiai qi^a
a beaucoup chargé le tableau en iw-
ments qu'ils font subir k leait pri-
sonniers; celui, par exemple, qiicoi*
siste à introduire par une plaie es os
de cbeval hacbé dans la plante étipt*
de ces malbeureux ne parait être ^
l'odieux châtiment pour le seel bitdié^
sion. Les femiMS sont, cbei les peifb
duCaucase,unobjetde respectât (Péfirà
Néanmoins, c'est une eenditioa Ain^
séjour de la montagne qu'elles.ns pn*
vent s^xempter d*aaenn des seiat isi^
rieurs du ménage, pas méam dci H>
grossiers, ce qui nuit nécessairtnsatm
charmes dont la nature les a poorso-
Les enfants mâles ne sont peséèsféi^
la maison de leurs parents : rtm» ^
Tâge le plus tendre aux soins d'anstf'i'
ou père adoptif, ils ne rentrent dsailçii'
fomille naturelle qu'après avoir ttrwé
leur éducation. La sobriété desTc)M^
kesses mérite des éloges. Il n'y a psiotf
plus , à ce faible degré de cifilisitK^
de peepte aussi étuinemioeBt peélifi^)
et -doué d'autant de vivacité c^cf^)
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TCH
(715>
TCH
d'imagination et cTéloquence natarella*
GomsBe nos preux du moyen- âge, ils ont
leurs joutes et lears tournois. Ils n'oot
jsuoBais en d'histoire écrite et ne eDonais»
seul pas même i*usage des signes alpha»
bétiqises; mais comme les montagnards
de rÉcoase, ils ont leurs bardes ou rhap-
sodes, qui perpétuent et glorifient dans
leurs chants les aneienoes traditions dn
peuple et le souvenir des exploits de ses
héros. Un fait qai doit étonner de la
part d'un peuple si jaloux de son indé-
pendance, c'est la coutume, ancienne
cheoB les Gircassiens, de vendre à de ri-
ches musulmans, en Turquie et en Perse,
leurs jeunes gens des deux sexe»'y mais il
ne faut pas perdre de vue qu'en Orient
la condition des esclaves circassîens a
toujours été telle, qu'elle comblait tous
les désirs de ceux que l'on serait tenté de
regarder comme des victimes dans ces
transactions. Dans leur pays, les ressour-
ces des montagnards sont bornées à un
peu d'agriculture, dont le soin repose en
entier sur les esclaves, et au produit de
leurs nombreux troupeaui de chèvres,
de moutons, de gros bétail et de che-
vaux ; la chasse et l'éducation des abeilles
sont aussi au nombre de leurs'occupi^
tiens; du reste, ils sont presque entiè-
rement dépourvus d'industrie. La laine,
les peaux et la cire ont été longtemps
leurs principales denrées d'échange con-
tre l^uelles les traficants étrangers,
entre autres articles, débarquaient pour
eux sur les bords de la mer Noire des ar»>
mes, des munitions de guerre et du sel ;
mais aujourd'hui le blocus rigoureux
exercé par la Russie sur tout ce littoral a
rendu les relations de ce genre de plus
en plus rares, difficiles et dangereuses, et
fait tarir les bénéfices autrefois considé^
râbles du marché des esclaves. Il n'existe
d'ailleurs point de villes dans le Caucase.
L'argile et le bois sont à peu près les seuls
matériaux employés par les montagqards
dans la construction de leurs rustiques
demeures, réunies en groupes ou villages
appelés ooM^. Même les principales pla-
ces occupées dans l'Avkhasie par les
Rusiesn'ontqu*aneinll^rtancetout»mi-
litaire. Parmi ces forteresses et ports sur
la mer Noire, nous nous bornerons à ci-
ter Anapa, Qhéfcndjik, Gagra, Sood*
jeuk-kaléet Soukhoum-kalé*. Hors de
la portée du canon de ces places, il n'y
a jamais eu dans le pays de possession
durable pour les Russes, et des hommes
isoUe ne s'aventurent jamais au delà de
ces rayons étroits qu'au péril de Ituf vie.
Une espèce de féodalité à bquelle man*
que cependant l'unité, c'est-à-dire une
direetion commune ou un chef suprême,
forme ches toutes les peuplades du Gau«
case la base des rapports sociaux et d'un
gouvernement moitié populaire, moitié
aristocratique, comme eelui des anciens
clans écossais. Ce qui a déjà été dit du
régime intérieur des Kabardiens (T. XV,
p. 671), peut également s'appliquer à
celui des antres tribus. Ajoutons que
leurs chefs ou princes {pchi) sont héré*
ditaires; que les nobles {ouzden ou worà)
sont les vassaux directs du chef, sous les
ordres duquel ils se partagent le com-
mandement, et qu'ils se montrent très
fiers de leurs titres de famille. Les hom«
mes libres ou simples paysans {tchokotl)
qui forment le peuple sont les fermiers
héréditaires des précédents, astreints à
différents services et à diverses contribu-
tions, qui se règlent sur l'Importance dn
troupeau de chacun. Mais toutes les dis-
tinctions de rang s'effacent dans les as-
semblées générales, où chaque assistant
peut parler, et où les princes eux-mêmes
ne parviennent à dominer que par l'as-
cendant que donnent la supériorité dn
courage et l'excellence des conseils.
Les Tcberkesses et les Abasèqncs, an*
ciennement chrétiens , ont ensuite em-
brassé l'islamisme, mais nesont rien moins
que de stricts observateurs de la religion
du prophète, à laquelle se mêlent, dans
leurseroyances,dif férentes rémintscenœs
dn christianisme el du paganisme. lia
ne montrent pas de fanatisme religieux ;
mais il en est autrement des tribus dn
Caucase oriental et dn Daghestan , qui
poussent leur attadiement au mahomé-
tisme josqu'à la ferveur la plus sauvage
et la plus exaltée; pour celles-ci, la guerre
avec les Russes, c'est la guerre sainte.
Histoire, Strabon et Ptolémée, dans
leur énumératioo des peuplades csuoa-
siennes, mentionnent déjà des noms et
des usages qui se rapprochent beaucoup
C) KûU sigaifie fort.
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TCH
(71«)
TCH
de e0Dx dSine partie des tribot encore
•ajourd'hoi domioantes dent cet moa-
tagoes. Leurs rapports avec les Grecs
de Byaaoce ayant pris une certaine actl*
TÎté sons le règne de Jostinien, le chris-
tianisme s'introduisit chez les Abszes;
quant aux Tcherkesses proprement dits,
c'est yen le milieu du xiu* siècle seule-
ment qu'il en est fait mention sous le
nom dc'Kergis, comme étant lea roi-
sins des Alains, Ases on Ossètes, par
les moines du Plan de Garpin (voy,)
et Rubruquis. Encore païens, an rapport
du premier, déjà convertis au christia-
nisme, suivant le second, ces belliqueux
montagnards ne se laiisèrent point en*
iamer , dans leurs sièges élevés, par le
torrent impétueux de l'invasion mon-
gole. A partir de la même époque, les
Génois , maîtres de Cafii , en Crimée ,
nouèrent, avec les Abazet et les Tcher-
kesses, des relations de commerce et d'a-
mitié qui sulMistèrent jusqu'à la prise de
cette ville par les Turcs, en 1475. Le
zèle des Othomans sounnites, plus encore
que les progrès desSofis de Perse sur les
bords de la mer Caspienne, fit peu à peu
céder l'Évangile au Koran dans le Cau-
case. Obligés, pendant quelque temps, de
payer tribut aux khans de la Crimée,
les Tcherkesses recouvrèrent toute leur
indépendance par la grande victoire qu'ils
obtinrent en 1708. Leur premier contact
avec les Russes, dont les armes leur mé-
nagèrent plusieura fois d'utiles diver-
sions contre les Tatars, date de Tépoque
de la destruction des royaumes de Ka*
San et d'Astrakhan par loann IV Vassilié*
vitch , vers le milieu du xvi* siècle ;
mais les prétentions des tsars moscovites
à la suprématie sur le Caucase n'ont ja-
mais trouvé beeucoup de faveur chex lea
Tcherkesses, si ce n'est chez quelques-
unes de leurs tribus iaolées de la plaine.
Tous les souverains de l'empire, depuis
Pierre-le- Grand, n'en poursuivirent pas
moins dans l'isthme leurs projets d'a-
grandissement aux dépens de la Turquie
et de la Perse. Les armes russes débor-
dèrent bientôt et finirent par envelopper
tout-à-fait le Caucase. Le Daghestan, le
Chirvan, la Géorgie et la Mingrélie (voy.
ces noms) leur furent abandonnés par le
chah, en 1818. De plus en plus alar-
mée par ce voisinage dangertaz|wiriai
tarritoire asiatique, la Porte, oieoR an-
tresse de la c6te de l'Avkhaiie, n'ink
rien épargné pour ae rattacher la tiiba
guerrières du Caucase. Dans os but, cËt
avait liit construire sur ce littoral, a
1784, la forteresse d'Anapa, qoi àet'm
le siège d'un pacha, et, avec Sondjosk-
kalé, un marché ouvert aux moDtsgB&è
pour un trafic lucratif de denrées el (Ta-
davea. Deux fois les Rosses réusûratî
faire tomber ces plac:ea en leur poorâ,
dans la guerre de 1791 et peodsatodi
de 1807 à 1813; mais ils les restitocnS
chaque fois à la paix. Convaincoe qB'A
ne saurait se maintenir en posseniosà
ce littoral sans l'appui des monugovè
de l'ouest, la Porte fit proposer silice
de ces derniers par le pachs de Trcli-
zonde, en 1 835, de reconnaître le gnW*
seigneur pour suzerain , boDunsge éti
leur esprit d'indépendance n'avait gièn
d'ombrage à prendre, et qui n'avait ^a-
tre but que d'assurer le renouveUcsrt
de leur alliance défonatve avec iesTffi
Ils acceptèrent, et, à la reprise de» b<é
lités entre la Russie et la Porte, ibpi^
tèreot encore ube foie l'assbiaDceUpts
vigoureuse au pacha d'Ansps; oms^
forteresse succomba dans l'été de 18^
et sa chute entraîna celle de toatcil^
autres places qui tenaient encore f^
les Turcs sur la t6te orienule de U aï
Noire. Le traité d'Andrinople(i»r)'*
remit définitivement au pouvoir (k ■
Russie, en 1829. Les TcherkesKsetia
Abasèques, au protectorat desqse'f'
sulthan avait implicitement reDODoép»
l'article 4 du même traité, se trou^
ainsi presque entièrement coupés w
mer et renfermés dans leurs montifo^
Le duc de Richelieu , crésteor it 1
prospérité dOdessa, ayant dooDé»
gouvernement russe l'idée de d»«^
des accommodements avec ces tribos f
le nSpyen pacifique des relstions cos-
merciales, un ancien négociant f^
nommé Scassi, et un Françsb d'oriji^
le chevalier Taitbout de Huif^h ^
d'hospitalité avec un chef ^^^^^^
fenWchargés de plusieurs "»"•***"* ^
genre, de 1813 à 1817; ^^^^
pensées de domination, mal diiH*^
dans ces ouvertures, n'Abapp^^ ^
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TCH O
Te !t|Srit pénétrant des aontagnardi, au-
près desquels les distributions de pré-
senUy les concessions de grades et de ti-
tres n'eurent qu'un très médiocre succès.
Pour les soumettre, il ne restait à la Rus-
sie qu'un seul parti à prendre, celui
de la force ; on confia la diremion de la
guerre au général lermolof (i^o^.) qui,
pendant la durée de son commandement
(1817-37)9 déploja autant de vigueur
que de sagesse et de modération . Isoler
matériellement les tribus en coupant mi-
litaîrement le pays de plusieurs lignes
fortifiées , et intercepter toute commu-
nication entre les montagnards et la mer
par une garde Tigilante et rigoureuse des
côtes au moyen de l'occupation de tous
les points importants du littoral et de
l'équipement d'une longue échelle de ba-
teaux rameurs montés par des Cosaques,
tels sont les moyens qui on t été dès l'origine
adoptés par les Russes pour bases de leur
système d'opération. Ils poursuivent de-
puu plus de 16 ans leur but arec des ef-
forts inouïs et au prix des plus grands
sacrifices, et cependant cette lutte terri-
ble paraît ne pas avoir eu jusqu'ici pour
résultat l'extension de leur domination.
La campagne de 1840 a été notam-
ment marquée pour eux par de cruels
échecs : quatre de leurs forts près de la
mer Noire y furent emportés d'assaut
par les Tcherkesses. Les heureux coups
de main du général Sass, alors très re*
douté comme le plus entreprenant, le
plus fécond en stratsgèmes et le plus
hardi des chefs militaires russes sur le
Kouban, avaient seuls procuré quelques
succès que l'on pAt opposer à ces grands
revers. Dans cesdemières années, la lutte,
sans rien perdre de son activité sur la
ligne de ce fleuve, où, néanmoins, son ca-
ractère dominant est resté celui d'une
guerre de partisans très sanglante et très
opiniâtre , s'est engagée de nouveau avec
une fureurnouvelle,surtoutausudduTé-
rek et dans les montagnes du Daghestan,
avec leiTchétchentxes, les Avares et d'au-
tres tribus voisines. Dans celle partie du
Caucase, lefanatisme religieux, enflammé
P»r des guerriers prophètes qui ont su ga-
gner un immense empire sur l'esprit de
leurs tribus, a produit une certaine union
chez ces dernières. Là, trois chefs s'atlri-
17 ) TCH
huant une mission sainte ont ipeceiiivn
ment rallié autour de leurs personnes tou-
tes ces peuplades et porté de rudes coup^
aux Russes. Le plus ancien, le £imeux
cheikh Mansour» avait commencé son
rôle dès 1 786 ; fait prisonnier dans Ana-
pa, lors de la première reddition de cette
place en 1 79 1 , il fut transporté à Schlus-
selbourg.Kbasy-MôlIah, qui éleva sa ban-
nièreeal 880, périt quelques annéesaprèi^
les armes à la main ; mais le plus redouté
des trois, celui qui rappelle à bleu
des égards l'âge héroïque, c'est Cha-
myl, le chef actuel de tous les monta»
gnards insoumis de l'est. Auparavant ui\
des plus fervenu partisans de Rhasy*
Mollah, il est maintenant lui-même l'âme
et la tête de la secte fanatique des Myri-
des et la terreur des Russes, l'Abd-eU
Kader victorieux de la Caucasie. Parmi
les événements si extraordinaires de sa
vie, arrêtons-nous à un seul bien pro-
pre à donner une idée de la trempe de
cet homme et du dévoùment sans bornes
que lui a voué son parti. Au haut du ro-
cher d'Akoulkho, dont le profond et ra-
pide Koîçou baigne le pied de tous les
côtés, sauf un seul, Chamyl tenait son
dépôt principal d'armes et de muoitions,
et de ce nid d'aigle il répandait l'épou-
vante au loin sur toute la ligne du Térek.
Au mois d'août 1830 cependant, le gé-
néral Grabbe réussit à le bloquer dans
ce refuge aérien. Chamyl n'avaft c|ue
quelques centaines de ses partisans avec
lui : le général russe disposait d'un corps
d'expédition très considérable ; il lui im-
portait, quoi qu'il en dAtcoèter, de sai-
sir son redoutable adversaire, mort om
vif. Quatre assauts furieux, dans lesquels
les Russes eurent une perte c^ 8,000
homuies, les firent à la fin toucher su
sommet de la montagne. Des cavernes
presque inaccesaibles suspendues au flanc
de celle-ci offraient encore aux guerriers
Tchétchentzes un dernier asile, d'oà néan«
moins il n'y avait plus de salut possible ;
l'unique issue vers la terre était gardée,
et un cordon de soldats s'était formé tout
à l'entour, sur la rive oppneée du Ko! çou,
cfu'ils empêchaient de traverser à la nage.
Les intrépides Tchétchentxes nç déses-
pèrent pourtant pas de sauver leur chef,
et c'«t leur rie qu'ils vont donner pour
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TCH
(118)
tCH
Itt flitMMi Avec quelques fii^ de bois
qtt'iU trouvent sous le fia» iU forment
vue e»p^ de redeeu, le fiMilgliaeer deos
la rWîère qui mugit au pied de leur antre,
et se précipitent tn maase dans les flots
après cette faible planche de salut. On
les a TUS s*élaacer : on accourt, et tous, en
un initant, sont engloutis, frappés d'une
grêle de balles. Biais un des leurs, un
seul, est resté : c'est Chamyl; dana le mo-
■MUt même de cette scène terrible, il a
découvert un point où la vigilance des
ennemisse trouvait en déliut, et, gagnant
heureusement la rive, il réparait bientôt
au milieu de ses compatriotes, qui saluent
sa délivrance comme un miracle du ciel.
Quant au général Grabbe, on juge de son
désappointement auquel se joignirent,
deuK années plus Urd, des expériences
encore plus cruelles et plus amères.
Échappé au désastre d'Âkoulkho, Cha«-
myl rassembla autour de lui une nou«
velle troupe de montagnards dont le nom-
bre grossit jusqu'à 15,000 hommes.
Grabbe, plus impétueux que prudent,
voulut encore une fois l'attaquer jusque
dans son aoul fortifié d'Itcfakéri, pendant
1^6té de 1843; mais il ne put triompher
de la foece des obstacles que les Tché«
tchentzes lui jetèrent sur sa route san-
glante, et l'armée expéditionnaire, obli-
gée de rebrousser chemin, subit un échec
qui lui coùU plus de 2,Q00 hommes et la
moitié deees officiers. Cette défaite déter-
mina le rappel de tous les généraux par-
tisans de l'offensive, de Grabbe, de Sass,
et même le remplacement du général en
chef Golovine ; mais le retour à un sys-
tème d'opérations purement défensif ne
porta pas de meilleurs fruiUi car de nou-
veaux malheurs atteignirent les Russes à
la fin de l'année, et les progrès constants
qu'ont faits, depub, les armes de Gbamyl,
mettront bientôt sans doute l'armée du
Caucase, sitôt qu'elle aura reçu les ren-
forts considérables qu'on lui destine, dans
la nécessité de revenir à l'offensive avec
on développement de forces plus énergi-
que que jamais. D'après les nouvelles les
plus récentes, Derbend même, avec set
magasins d'araaes et de munitions, serait
depvîsje printemps au pouvoir de Cha*
myl. Un fiait plus certain, c'est que les
Russes vieûneni également d'éprouver
oofttre les Tcherkesses un wmYclitkd
Pédîgersk.
On peut oonsalter : Rob. Mi(nn,i
Winter /oumey througk hum^ »
Caucasian JlpSf and Geor^ia^ ImL
2 vol. 11^8°; de Marigny, Threewj^n
the eo€UÊ of Ciretutia^ Loué., tST
Edm. Spencer, TretveU in the vmtr
CaucasttSf etc., Lond., 1888; J.-Sik
Bell, Journal ofa résidence in Cum-
sia^ ib.f 1840, 2 vol. in-8®;Nei»ai
Rassiand unddie TscherltetseR^Sm
etTub,, 1840; les Études sur UCe
casCf de M. Alph. Denis, et It hnàt
sur la Situation des Eusses dans le Ch-
case y par M. Hommaire de Hell,^
commencé aussi la publication (Tas m
ge pittoresque intitulé Les steppes é;.
mer Caspienne^ le Caucase^ U Cm
etc., 1. 1»», Paris, 1848,in-8*,afec«k
in-fol. Ci.^
TCHERNITCHEF , nom «Tw ^
mille d'origine polonaise établie fsU
sie depuis 1493. Cette famille, faii
noblesse date de 1628, se diriie^'
d'hui en deux branchés. Ellet^^
sa patrie d'adoption plusieurs boa»
distingués par leurs services oom»t
néraux ou comme diplomates.
De la branche aînée, nous nediff^
que le prince Alexahdre IvAiotm
ministre de la guerre. Né le 80 dét "
st.) 1786, il n'était encore qoe cak»
d'un régiment de Cosaques, lorsqoei^'*
pereur Alexandre, dont il avait gi^'
confiance, le chargea, en 1811, <i^
mission extraordinaire è Paris. Hpi^
de son séjour dans cette rille pour (^
rompre quelques employés do nio^
de la guerre et se procurer les teas^
menu les plus détaillés sur le plu ^
campagne de Napoléon. Ls po''<*'.^|
découvert cette violation du (W*
gens, le colonel Tchemitcfaefqiuti>r
cipitamment Paris, et il Tenait <i«^|
chîr le pont de Kehl loiîque Vot^*^
l'arrêter arriva àStrasboai^p*^'*^*^
graphe. Alexandre lui accorda on ïJ*
pide avancement, et le nonort es 1|
son aide de camp général. £o|8i'>
il commanda une dirisioo ^ p*
ques, à la tête de laquelle i(/< ^ I
coup de mal à l'armée fraoçaûe. Ap
avoir dépossédé le roi de We^p)^''^
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TCB
(lii)
t(ffl
mtni di BqIIiikU et pémkn m Fiance
nr U Belgique. Le 14 fémi» 1614, il
« rendit malire de Soîmonêy et, le 81
nars, il «eeompagBt à Paris ton fonte-
rain, qui TeMÛt de loi coalérer le grade
ia Ueotenaot géoéral. L'aaiiée aoî^raote,
À reçat le oomnaBdeaMot de l'avant-
^arde maiey prit Cbàlont«Mur- Marne le
2 juillet, et rentra dans Paris le 13. De
reioor à Saint- Péterabonrg, il ent à rem-
plir différentes missions en Aulriche,
dans les Pays-Bas, en Soède. En 1839,
il aairit Alexandre au congrès de Vérone,
•t en 1825 à Tagaarog, où il fat nn des
téaMHos de sa mort. L'empereur Nicolas,
à l'oocaaioB de son couronnement ( 1 836),
le CB^ comte; l'année suivante , il lui con-
fia le porteleuille de la guerre, et bientôt
après il le nomma général (en chef) de
l'infanterie; enfin, en 1841, il l'élevaè
la dignité de prince. Gomme ministre de
la gnerre, le prince Tcbernitcfaef se ren-
dit, en 1843 , à Tiflis pour apprécier par
Inî-méme les difficultés que rencontraient
les généraux russes dans leur gnerre con-
tre les peuplades indépendantes du Cau-
case {voy, TcHKEKBSSBs). Afin de mettre
nn terme aux pertes énormes qu'ils
éprouvaient, il leur prescrivit de suivre
nn système défensif, où les troupes, pro-
tégées par des forts et des camps, ne se-
raient plus exposées aux attaques inces-
santes et meurtrières des montagnards.
La branche cadette avait reçu le ti-
tre de comte longtemps auparavant, en
la personne de GmiooiaK Pét&otitch
Tcheniitdief. Né en 1673, Grégoire en-
tra de bonne heure dans l'armée et servit
avec distinction dans la guerre contre la
Suède. En 1704, il fit prisonnier le com-
mandant de Narva, exploit qui lai valut
le grade de lieutenant colonel. Après la
bataille de Poltava, il fut nommé com-
mandant de Yibourg* Catherine I**, qui
ne l'sitifflait pas moins que Pierre-le-
Grand, lui confia le gouvernement de la
I Livonie st le décora de l'ordre d'Alesan-
I dre Nef skL Anne loannovna le fit entrer
dans le sénat et l'avan^ jusqu'au grade
de général en chef, en 1730. Elisabeth
enfin lui donna l'ordre de Saint-André
et l'éteva a la dignité de comte en 1743.
n mourat a Saint-Pétersbourg le 80 juil-
let 1 746, laissant quatre fils, Pierre, Gré-
goirt, ZncImHe et Ivan, qnl rènpth'feiit
des postes éminents soit dans Parmée,
soit dans l'iadmtiristration. Pierre em-
brassa la carrière diplomatique, fut char-
gé de plnsteuffs ambassades et motirot
sénateur en 1773. Gaiocins le précéda
de plusieurs années dans la tombe. 2U-
OBAmiK, dans la guerre de Sept-Ans
commanda avec le grade de lieutenant
général un corps qui, envoyé d'abord au
secours des Autrichiens, se rangea du
cété de Prédéric-le<'Grand, après l'avé-
nement de Pierre III, et fut rappelé par
Catherine II. Phu tard, il obtint un com-
mandement en Pologne, la présidence du
collège de la guerre et le titre de feld-
maréchal; nuds, en 1774, son grand âge
l'obligea à se démettre de tous ses em-
plois. Il mourut dix ans après. Ivah en-
fin, général en chef , vice-président du
collège de l'amhrauté et sénateur, mou-
rut en 1797. X.
TCHERNT-GEORGE , voy. Tsaa-
mr-GsoROB.
TCHE8MÉ, lieu insignifiant sur la
céte de l'Asie-Mineure, en face de 111e
de Chio, mais célèbre à cause de. l'incen^
die de toute la flotte turque opérée par
les Russes dans la nuit du 6 au 7 juillet
1770. Après un combat naval livré le 5
et signalé par la destruction des deux vais-
^seanx amiraux , qui sautèrent, les Turcs,
défaits par les Russes sous le commande-
ment d'Alexis Orlof (vojr,) et deSpiridof,^
commirent l'imprudence de se réfugier
dans l'anse étroite et peu profonde de
Tcbesmé. Ils y furent poursuivis par la
flotte russe dirigée par les capitaines an-
glais Elphinstone {voy.) et Greigh. Un
aïKre Anglais, Dugdale, lieutenant de
vaisseau sous leurs ordres, se chargea
d'incendier la flotte turque. Il conduisit
son brilat jusqu'au milieu de l'escadre
ennemie, l'attacha lui-même aux flancs
d'un vaisseau et s'échappa à la nage
sans autre accident que les mains et le
visage brûlés. Cet exploit lui valut le
grade de contre-amiral ; mais comme il
ne put apprendre la langue russe, il fut
nlfl à la retraite avec une pension en
1790. Greigh mourut coiUre-amiral au
service de Russie dans la ville de Réval.
Catherine II lui fit élever un monument
en marbre de Carrare dans la cathédrale }
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TCH
(7iO)
TCH
pour perpétuer le touveiiir de la Tic>
toiredeTcbeftméy elle fit ériger, dans son
parc de Tsankoîé-Célo, im obélisque en
l'honneur d'Alexis Orlof, et coostroire
près de SaÎDt-Péttrsbourg, sur la route
de PéterboC^ un petit palais qu'elle ap-
pela de ce nom. X.
TCHINGHIZ- KHAN (nom que
d'autres écri^eui Djengutz-Khan tmCenr
giS'Khan) naquit au sein d'une borde
mongole dont «on père lessoukaî éuit
chef, l'an 559 de l'hégire (1 168-1 1 64 de
J.-G. *). Il reçut, en venant au mopde,
le nom de Ténoudjine^aous lequel il ac-
GompUt ses premiers exploits et qui était
celui d'un prinoe UUre que son père ve-
nait de vaincre au moment où il apprit
la naissance de son fils. On connaît peu
les détails de la vie du conquérant mon-
gol avant l'âge de 4Q ans ; cependant on
assure qu'il avait à peine 1 3 ans, lors-
qu'il succéda à son père dans le comman-
dement des 80 ou 40,060 famiUes qui
étaienf sous sa dépendance , et qu'après
avoir étouf£6 une révolte des principaux
ehfh de tribus, il préluda aux horreurs
dont il devait plus tard ensanglanter l'A-
sie en faisant plonger 70 de ces chefs
révoltés dans des chaudières d'eau bouil-
lante. L'opposition à son autorité n'en
devint que plus vive, et c'en était fait de
lui, s'il n'eù^ trouvé un puissant auxiliaire
dans la personne de Oung-Kbao **^ sou-
verain des Mongols Kéraîtes, qui loi
donna même sa fille en mariage. Mais
au moment d'en venir aux mains avec
les rivaux de son gendre, aux pieds des
monts Altaf, Oung-Khan, mieux édifié
sur son compte, l'abandonna tout à
coup. Témoudjine se retira en dévorant
cette injure qu'il lava peu de temps après
dans le sang de son beau-père (1202). Il
(*) Diaprés BL de Hammar ( Bittoù^ de U
Borde d'or, p. 56),lea6 janTier xi55, à Déloan-
Boaldak (montagoe de la rate),oè Tloarte de sa
mère Oaloan-fké était établie, sans doote au
campemant d'Ooan et Kloran dont il a été
parié à Tart Mohools, T. XVIII, p. 43. U avait
dans la maio des taches de saog , ce qni fut en-
suite regardé comme an présage. S.
(**) M. de Hammer écrit Owamg-Kkmn. J\ ra-
conte différemment oe qui va suivre, et, Se-
lon Ini, le père da conquérant lui avait fait
éponser, avant de mourir, une fille du prince
de Khnokirat. Mais à répoqae dont il est ques-
tion dans notre article , Témoudjine avait at-
teint l'âge de 40 ans. S.
tourna emaiie tes armes eoBtrs TaU
chef des Mongols Naimane, qni venait i
former contre lui une ligue beencoapfli
redoutable que les autres. Tsiuûknh
le sort de Oung-KJuui, et cette noiml
victoire rendit Témoudjine ponan
de la plus grande partie de la MoBfoi
et de ILarakorum (au sud du lac Baik
eatre la Toula, l'Orgon et laSéleDpj^da
il fit bientôt sa capitale. L'année saiwi
il prit le surnom de Tchinghizqoii
gnifie le puissant^ et fut recosu 1
qualité de kakhan ou grand*khtt i
Mftogols ou Tatars, au milieu des sois
nités d'une magnifique cour plési
pour laquelle il convoqua toute soe 1
mée, tous les chefs des tribus sobù
sa puissance dans les lieux où il était s
Il dicta dans cette atasembléesoncoèi
lois civiles et militaires, qui est esco
connu en Asie sous le titre à^Tça Tda
ghiz^Khani % et dont le prindpiln
rite était d'être admirablement t^
prié au caractère et à l'ignorsDcréjfl
sujets. Lui-même n'avait reçafîv
instruction très imparfaite; nuiiiii
sut pas moins apprécier les gens de e*
rite qu'il attirait à sa cour sans acoe^
d'origine et de religion, et fsfoni^
lettres auxquelles sa nation dot f»
que éclat parmi les peuples asiati^
sous ses successeurs.
» Malgré ses triomphes, Tchiogfaiz-Kta
n'avait pu parvenir encore à inpostf*
joug à toute la race mongole; leff
cesseur de Tafanik refusait de le rec»
naître. Le kakhan envoya cootreJ
un général qui lui rapporta n ^
(1207); ensuite il tourna ses aisi
contre les Oiugours, Turcs qni htbilûi
le centre de la TaUrie, et n'eut peà
peine à soumettre cette nation pais^
Le roi du Tangout {voy.)^ voiaio ^
Ouîgonrs et de la Chine, conjors le^
ger qui le menaçait à son toor,eo4ioi'
nant une de ses filles en mariage as e»
quérant mongol, qui dès lors ne fit f"
traverser son territoire pour entrer *
celui des Tatars-Kin ou Nieatehé,f
occupaient la partie septentrioDab ('t
(*) LangUs a donné, dans le 5" vold^^''
fice* «1 Extraits des moMuterits de U BAL A*
tous les fragments de oe code qa*îl aTittp<|''
cueillir dans les écrivains orieiiunx. ^
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TCH ( 72t )
Pempire chinois connue loiit la nom de
Mâtcbyn. En 1 209 % il irenchit la grande
touraille, et, après plusieors années de
combats, il prit d'assaut la capitale nom-
mée alors Khan*Batec ou Yen^King^
et aujourd'hui Péking, et la livra au piU
lageet à rincendie (1215); puis, après
cet exploit, il retourna en Tatarie, et
abandonna à ses généraux le soin de
poursuivre Pempereur dans le midi de
a Chine.
Pour lui, il employa le temps de son
-epos à faire des préparatifs immenses
M>j:ktre le Turkestan, dont il convoitait
a possession. Un prétexte s'étant pré-
enté, en 12 18, d'entamer la guerre cou-
re le puissant Khovaresm-Chah ( voy,
^KRSS, T. XIX, p. 444), il entra dans ses
tats à la tète d'une formidable armée
le 700,000 hommes. Ses premiers succès
le furent pasdécisi(s*,mais,raooéesuivan-
e, il détruisit, soit en personne, soit avec
e secours de ses fils placés à la téie d*ar-
nées séparées, les principales villes du
Lharizm, et en 1220 il conquit toute
\ Transoxane. Bokhara, Samarkande,
Lharizm, Termed succombèrent succès-
ivement; il commit d'horribles cruautés
laos toutes ces villes : le massacre fut
urtout affreux dans la première ; et sous
eurs débris fumants s'ensevelirent une
:>ule de richesses précieuses pour la lit-
ératore et l'histoire. Dès les premiers
3urs du printemps, Tchinghiz entra
ans le Tokbaristan, tandis qu'un de ses
le ravageait le Khoraçan et que d'au-
•es expéditions étaient dirigées contre
Irak-Âdjemi, l'occident de la Perse et
s rives de Tlndus. Quelques villes de
, Transoxane furent encore mises à feu
, à sang par Tchiogbiz, qui se vit obli*
^ d'aller porter secours à ses généraux
atlus et dispersés par le Kbovaresm-
bah. Plusieurs villes du Khoraçan ayant
vsayé de secouer le joug des Mongols, le
srrible conquérant les détruisit de' fond
a comble, et, à en croire les historiens
rientaux, il aurait fait périr près de 6
lî II ions d'habitants dans les seules villes
e Merw, Hérat, Nichapour et Baikh;
uis il passa à d'autres horreurs. Mécon-
(*^ D*aprèf M. de Hammer, en laii. Plot de
> nlletf dit-il, farent rsTagée* àvin% U première
impagoe. La gaerre dora cinq au». S.
Encyclop. d. G. d. M. Tome XXI.
TCH
tent du souverain du Kaptchak ou Kip-
tchak (wy.), qui avait mal parlé de lui,
il envoya dans son royaume une armée
sous son fils aine Tchoutchi ou Djoutchi
qu'il fit reconnaître roi du Kaptchak.
Djoutchi y resU jusqu'à sa mort, arrivée
six mois avant celle de Tchinghis. Celui-
ci ne tarda pas à poursuivre ses conquêtes
à l'ouest du Kaptchak. Ses généraux bat*
tirent les Poloftses (vo^.) et les poussèrent
jusqu'au rives du Dnieper. Les princes
russes qui l'avaient aidé de leurs armes
furent défaiu à leur tour à la fameuse
bataille delà Kalka (vor.T.XX,p.701J,
122S ou 1224. On sait que BatuKhan
(vof.), fils de Djoutchi, acheva la con-
quête de la Russie.
Tchinghiz prenait enfin un peu de r»-
pos dans le Khoraçan, en présidant une
diète, où des mesures étaient proposées
pour le gouvernement des immenses
états qu'il avait conquis. Ses bordes
commençaient è se fatiguer de toujours
combattre ; il les associa à son repos, et
retourna à Karakorum , où il s'occupa
paisiblement de l'éducation de ses petits-
enfants. Cependant il entretenait tou-
jours des troupes dans le cœur de la
Chine, et il allait se voir contraint, a
plus de 60 ans, de recommencer une
guerre sanglante contre le roi de Tan«
goût (1225). Il se mit à la léte de ses
armées, et en moins de quelques mois il
défit son ennemi qui lui opposait 500,000
hommes, et s'empara de tous ses états.
La capitale seule osait résister encore;
mais elle succombaauprintempsde 1227,
et afin de punir la population du Tan*
goût de sa courageuse défense, Tchin-
ghiz, qui avait hâte de se débarrasser de
tout obstacle, pour en finir avec la Chine,
ordonna le massacre du plus grand nom*
bre de ses habitants.
Mais au moment de se mettre en mar-
che pour entrer sur le territoire des Nieu-
tché, il sentit les premières atteintes du
mal qui devait l'emporter. Réunissant
alors autour de lui ses fils et ses généraux,
il leur fit ses adieux , leur recommanda
l'union, et rendit le dernier soupir àTan-
goût, en août 1227 (10 de ramadbân
624). D'après ses dispositions, qui avaient
été admirablement prises, les quatre fils
qu'il avait eus de sa première femme te
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TCH
partagèrent son immense empire qnl s*é-
rendait de Tauris à Péking, sur un espace
de plus de 1,500 lieues de longueur. La
plus importante de toutes ces conquêtes,
celle de la Chine, ne fut complètement
achevée que par l'un de ses petits-fils,
KoublaT, qui devint dans ce pays le fon-
dateur d'une dynastie mongole. — On
peut consul ter sur Tchinghiz-Khan les ou-
vrages indiqués à l'art. Mongols.D. A..D.
T€HINN, mot russe qui signifie or-
dre, hiérarchie des rangs, et qu'on écrit
aussi tchine^ voy. Rang et RussiB, T. XX,
p. 696'.
TCHOUKTGHI (plur. de Tchouh-
tckajf peuplade de la Russie d'Asie, qui
habile à l'extrémité nord- est de cette
partie du monde, Àur les bords de la mer
Glaciale, au milieu d'horribles solitudes,
où te froid s'élève jusqu'à 40^. Les uns
sont sédentaires, et vivent en été dans
des cabanes de planches, en hiver dans
des huttes de terre, assez rapprochées
pour former des espèces de hameaux dont
chacun est Soumis à un chef particulier.
Ils se livrent activement à la navigation
et à la pèche et se nourrissent presque ex-
clusivement de poissons. Les autres sont
nomades, et possèdent de grands trou-
peaux de renues, dont la chair est leur
principal aliment. C'est une race d'hom-
mes robustes, de taille moyenne, belli-
queux et hospitaliers jusqu'à abandon-
ner leurs femmes aux étrangers qui les
visitent. Leur religion ne consiste qu'en
pratiquessuperstitieuses; cependant quel-
ques-uns ont déjà embrassé le christia-
nisme et se sont soumis à payer un tribut
à la Russie. On retrouve chez eux une
coutume barbare qui existe chez d'au-
tres peuplades du nord de l'Asie et de
l'Amérique et qui s'explique par la ra-
reté des vivres : ils mettent à mort les
vieillards et tous les individus inutiles.
On regarde les Tchouktchi comme
étant d'oi igine américaine. Leur langue,
en etfet, otVre les plus grandes anologies
avec celle d^une peuplade de même nom
qui habite de l'autre côté du détroit de
Bering (vor. T. XVI, p. 575). Cepen-
dant les Tchouktchi américains différent
sous plusieurs rapports de ceux de la Si-
bérie. Ils ont la tête grosse, la taille re-
plète, de petits yeux, les pommettes sail-
( 752 ) tEfe
tantes, les cheveux noirs, loDg^etpt
Leurs habftations sont ptas propre
plus commodes que celles de lennT
sfns. Ils se nourrissent de poissons i
que de chair de chiens de mer oi l
très animaux dont les peaux leoTKr
de vêtements et dont les os sont enpi
à faire des traîneaux. E. H-
TEBRIZ, communément Titus
pitale de l'Adzerbaîdjan ou Âderbi
(vo/.), dans la Perse occidentale, U
patène des anciens. Dans la Uop
l'Arménie, dont elle dépendit aocw
ment, elle s'appelait Gandsak.SM
la Spintcha et l'Adjî , an miliei i
plaine où ne se rencontre pas n
arbre, cette ville, que sa magnificnc
sa force avaient fait surnommer Unn
Ecbatane et la ville aux septem:\
est défendue par une citadelle e( n
de hautes murailles flanquées àt *i
Sa population, que Chardin én'.r
500,000 âmes, ne s'élève pirs
50,000. On n'y compte pas»"»'
800 caravanséraîs et 550 djanie'*"
quées. Ses bazars sont remplis iri^
chandîses les plus précieuses de h^
sie, de la Turquie et des Indes, pt)"'
lesquels elle fait un commerce et»
Ses artistes et ses ouvriers eo tài
renommés pour leur habileté. Le cb:
dont la Perse fait une consoromitioE '
sidérable, se tire surtout de Tebrv h
déeen 760 par Zobéide, épouse (it^
life Haroun-al-Raschid, TebrûJ
ruinée à plusieurs reprises pirile^
blements de terre , ou ravagée f
Turcs et les Persans; mab, œab
malheurs, elle passe encore pour!>'
conde vitledu royaume. Jusqa'eo''^
elle a été la résidence d'Abba»-X
(voy.)^ prince héréditaire de la ^
Occupée au mois d'octobre 1827 p»
Russes, elle fut restituée aux Vtn»
vertu du traité conclu à TourkaMDî^
le 22 février 1828. EB
TECHNIQUE, da grecrp
(fix^, art), propre à un art, qoÀ^
tient à un art. Chaque art, poorin"
dre à son but, emploie des mojtBS.^
procédés, des instruments, qoi iv ^
propres; il lui Cuit, pouraoo^'
ÎDstnHDents, pour indiqoer m pr^
pour faire la démonstmtioD àem^
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TEG (lU)
des t«m6i 8f>éciaiuL : ot soat ks mois
techniques» ÉTidemment leur nombre
tend saas oesM à s'accroître, puisque,
dtDS toutes les sciences, dans tous les
arts, le génie de rinvention tend au pro-
grès. La langue grecque est toujours celle
qui se prête le plus facilement aux créa-
tions de mots nonreaux pour exprimer
les choses nouTelles : ses racines sont aussi
généralement mises à contribution par la
technologie, docile au précepte d'Ho-
race :
Si nû9a ftîmqfu mmptr hak^iunt v§r^ Jidêm, si
GrcÊOO fonte eadmuu (Art poét., ▼. Sa, 53.)
On appelle vers tecànùjues^ des yers
faits pour aider la mémoire, en rappelant
en peu de mots beaucoup de faits, de
principes, etc. Les anciens en ont des
exemples : Ausone renferme en 13 vers
la durée de l'empire de chacun des 1 3
Césars. Nos vieux grammairiens aimaient
les vers techniques, et coulaient dans oe
moule barbare toutes leurs règles. Éras-
me, Bespantère, Lancelot en ont usé.
Le Jardin des racines grecques est bien
l'image d'un jetrdin où l'on ne verrait
que des racines. Admirez les graves se-
litaires de Port- Royal rimant ainsi la l'"
règle de leur grammaire latine :
Toat aoin d^homme soit ma«caHn;
^ Toot Bom éé fofliaie, féiniiiin.
Lorsqu'on nom est commun aux deux.
Son genre est commun, non douteux.
Voltaire cite ce commencement de
vers technique : Mascula sunt pons^
monSy fons^..., et fait observer que ce ne
sont pas des vers dans le goût de Virgile.
Cette grotesque versification a été appli-
quée à l'histoire, à la géographie, aux
arts; et le xix^ siècle a vu paraître un
Panaroma universel en vers de cette fa-
brique. Au lieu de citer des lignes si la-
borieusement rimées, rappelons que VAri
poétique de Boileau renferme un grand
nombre d'excellents vers techniques ^
parmi lesquels se distinguent les quatre
suivants sur le sonnet, où, selon le poète,
Apollon lui-même
Voalat qu'en deux qoatralas de netore p«r«Ule
liS rime avec deux sons frappAthuit fois l'oreille.
Et quVnsuite six vers artistement rangés
Fussent en deux tercets par le sens partagés.
J. T-vs.
TECHNOLOGIE, mot formé de
demc noms grecs, ré^»'), art, métier.
ÏEC
lirff^tf dlîaèeurt, et que le I^tionueire de
rAcadémie-Française définit Traité des
arts en général. On en a fait surtout la
science des arts industriels, la connais-
sance des procédés employés dans les aru
et métiers. Quelques-uns ont étendu son
domaine, borné d'abord à la siafiple ex->
plication des termee techniques, jusqu'à
l'économie industrielle, science générale
qui peut en effet lui servir d'introduc*
tien, mais qui doit être traitée à part, et
dont on s'est déjà occupé, dans cette En-
cyclopédie, à l'art. Indosteib. Pour nous,
la technologie nous parait être en quel-
que sorte la théorie de l'industrie prati*
que. Se rapportaut surtout à la descrip-
tion des procédés industriels, elle les
prend dans la pratique , pour les dé-
crire, les raisonner, indiquer leurs
perfectionnements et en retracer l'his-
toire, rechercher ceux dont ils sont
susceptibles , mettre -en même temps les
procédés actuels à la portée des indus*
triels qui les ignorent encore et les rappe*
1er à ceux qui les connaissent , en leur
reeeinmandant de nouveaux moyens, en
leur montrant l'analogie de procédés
empruntés à d'autres professions, en re*
cherchant des applications aux décou-
vertes scientifiques, etc. Ce qui noua
semble devoir particulièrement distin-
guer le technologiste , c'est d'être avant
tout théoricien. Il ne met rien par lui-
même en pratique, cela regarde l'in-
dustriel; il recherche les procédés, les
discute, les compare et les divulgue :
«roilà sa mission. Mais pour cela, i!
faut naturellement qye, homme de scien-
ce d'abord, bon écrivain autant que
possible, il ne soit pas étranger à la
pratique des arts; il décrira d'autiant
mieux un métier qu'il le connaîtra bien,
qu'il l'aura mêmcL pratiqué. L'homme qui
veut utilement s'occuper é^ techi^legie
devra donc desoendre dans les ateliers,
se faire expliquer tous les procédés,
faire démonter les pièces qui entrent
dans la composition des machines, s'exer-
cer à les remonter lui-même, essayer
de travailler dessus : après cela , possé-
dant fart qu'il veut faire connaître, il
pourra s'y appliquer avec fruit, et ses
connaissMices scientifiques lui serviront
4 rectifier oe que |a routine coneervandt
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TEC
(7J4)
TEC
ë'errooé. C'est là oe qiM fit Didwot lors-
qu'il voulut décrira certains mécaDismes
dans la grande Encyclopédie; ou raconte
même qu'il fit construire pour son usage
un petit modèle du métier à bas, et que
toute sa vie il prit plaisir à le démonter
et k le remonter.
Ainsi définie et limitée, on voit en-
core quel champ immense embrasserait
la technologie. Les procédés mis en usage
dans l'industrie sont si variés, les ma-
tières sur lesquelles ils agissent si diffé-
rentes, les professions auxquelles ils don-
nent lien si diverses, qu'il serait bien
difficile de cultiver a la fois convenable-
ment toutes les parties de la science. On
a donc essayé de classer les arts et mé-
tiers de manière à rendre l'étude de la
technologie plus facile. Jetons un coup
d'œil sur ces nomenclatures.
La première classification des arts et
métiers qui paraisse avoir été tentée est
celle qu'a donnée D'Alembert dans son
tableau desconnaissances humaines dressé
pour )a grande Encyclopédie. Partant du
point de vue de son siècle et rapportant
tout à la nature, ce savant ne distingue
les procédés technologiques que par l'es-
sence même de la substance sur laquelle
ils s'eaercent. Les arts, métiers et ma-
nufactures deviennent ainsi une dépen-
dance de l'histoire naturelle. Le tra-
vail de l'or et de Vargeni donne les
états de tnannayeur^ de batteur d'or^
âejîleur d*or^ de tireur d'or^ d*orfévre^
de planeur, etc. ; le travail dès pierres
fines prodoit l'art du lapidaire ^ celui
de joaillier^ etc. ; le travail du^r com-
prend les grosses forges^ la serrurerie^
la taillanderie^ Varmurerie^ etc.; le
traTail du 'vferre forme la verrerie^ la
fabrication des glaces^ la miroiteriej l'art
du lunetier, du vitrier^ etc. ; dans le tra-
Tail dea peaux sont compris l'art du
tanneur f du chamoiseur^ da peaussier^
du gantier^ etc. ; le travail de la pierre^
dvL plâtre, de V ardoise, se divise en ar-
chitecture pratique, sculpture pratique,
maçonnerie^ art du couvreur, etc.; le
travail de la soie donne le tirage, le
moulinage, la fabrication d'étoffes di-
verses, telles que velours, salin, etc. ; le
travail de la laine donne la draperie^ la
bonneterie, etc., etc. Cette classification
parait k plot simple et la plos mtt^^
mais elle réunit des indostries bien £
férentes de fait, quoique s'euc^oisr
même matière, et l'on stit d^tiUn
combien de matériaux diven eaploii
certaines professions. Pour conple
son tableau, D'Alembert rangea qsci^
arts à la suite des théories icieotiii;
dont elles offrent des applicatioDs: a
Varchitecture nayale et la nanpL
devinrent des branches de l'À^^tMp
niique^ etc.
C'est encore sur cette base qn'otli
dée la division que l'on troQve i
V Encyclopédie méthodique (latnA
tion du Dict, des arts et métiers^n
ment on a fait une première dm i
arts et métiers mixtes ou quis^exm
sur des matières diverses, et ré»
classes générales les métiers qaiser^
prochent le plus par les matières pna
res, comme les arts métallurgiqiia,ft
Dans l'introduction d'un Dicdeai
re de technologie en 32 vol. , isf '
publication a été achevée danafer-
niers temps, on ne pose que lesdeni»
des divisions d'industrie agricole fuî >
dus trie manufacturière ^ cellf-dcn
prenant les aru clùmiques etpkj^t
et les arts purement mécaniqees «'
calcul. Le docteur Andrew Ure,di»i
chapitre de sa Philosophie des mi
factures intitulé Classification el^^
port des manufactures y sépare ba
mécaniques des arts chimiques; f^
plaç&ut au point de vue exclasildopt;
sicien, il range les premiers sous desti
se rapportant, suivant lui, aox prp^
tés physiques et mécaniques de la m^
savoir : la divisibilité, Vimpénétrak
la porosité, la cohésion , la rffl^û^»
malléabilité, V inertie, la grofitté^
V élasticité, la mollesse, la tenû(^}
fusibilité, la cristailisabilité. Ami
divisibilité se rapportent leforaf,^
polissage^ 1% fonte, le labourage é^^
terre, etc. Le forage compreod i^**
l'art de créer des puits arlésiesiei*
percer des trous dans une plaque wîn^
lique. Le polissage compte paroi k**^
riétés la coutellerie et la fabncitK)B<^
verres d'optique. On reproche i ^''
classification de ne s'appliquer qs'î ^
procédés élémentaires dont fAv^*
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TEC
(7J5)
TEC
troavent réunis dans une fouie d'iodot*
tries, et de ne considérer d'ailleurs à
la fois qu'un seul des caraclères de To-
pération technologique , tandis qu'il est
difficile de citer beaucoup de procédés
industriels où il n'y ait plus d'une qua-
lité essentielle de la matière mise en jeu
en même temps ou successivement.
L'auteur de l'art. Technologie dans
une Encyclopédie encore en cours de
publication , considérant la technologie
comme « la science des procédés par
lesquelfl l'homme agit sur les forces et
sur les matières premières fourpies par
la nature organique el inorganique pour
approprier ces forces et ces matières a
»es bescyins ou à ses jouissances, » et pre-
nant pour base ces besoins de l'homme,
divise la technologie en sept branches
principales, savoir : l» la préparation
des matières premières; 2° la nourriture
de Tbomme, en y comprenant ce qui a
rapport aux médicaments intérieurs;
30 les vêtements; 4^ les changements
dans l'extérieur du globe pour le rendre
conforme à nos desseins; h^ le mobilier,
tes ustensiles, les outils et les machines;
6® les modifications dans la nature ou
daus l'apparence des objets pour les ap-
proprier à différentes destinations; 7® les
instruments et procédés employéi dans
la pratique des sciences et des beaux-
arts. Mais cet auteur se garde bien d'es-
sayer uneénumération des arts et métiers
ainsi classés. Il avoue même que « cette
division a les avantages et les inconvé-
nients des classiGcations empiriques,
c'est-à-dire qu'il n'y aurait pas de mé-
tiers qu'il ne fût possible de ranger dans
une des sept classes principales, mais un
grand nombre d'entre eux se rapporte-
raient à des classes différentes, et de*
Traient être cités plusieurs fois. » D'ail-
leurs il nous semble que si la technologie
est la science qui aide l'homme à /S'assu-
jettir la nature, il n'est pas plus rationnel
de prendre les besoins de l'homme pour
base exclusive d'une nomenclatura tech-
nologique , que de prendre les pro-
duits de la nature, méthode dont l'En-
cyclopédie que nous citons blâme D'A-
lembert de s'être servi. Ce n'est, à no-
tre avis, qu'en alliant les deux méthodes^
et £roupant tes arts et métiers suivant les
analogies diverses qu'on y découvre^
qu'il est possible, dans l'état actuel de la
science , d'établir leur classification.
C'est ce que nous allons essayer de faire,
autant que la faiblesse de nos moyens
nous le permettra.
Et d'abord déterminons aussi exacte-
ment que possible le domaine de la tech-
nologie. C'est, avons-nous dit, la théorie
de l'industrie pratique. Or, par ce mot
industrie, on n'entend ordinairement ni
l'industrie agricole, ni l'industrie com-
merciale, ni les professions libérales.
Aussi, bien que ces branches d'industrie
aient une partie technologique, c*est*a-
dire des procédés manuels et des termes
spéciaux, nous devons les exclure de la
technologie proprement dite, et ne voir en
celle-ci que la théorie des arU ancienne-
ment appelés mécaniques j prenant à la
nature ou au producteur des matériaux
qu'elle élabore et transforme jusqu'à cm
qu'elle les remette aux mains du com-
merçant, qui les livre au consomma-
teur. Ainsi nous trouvons d'abord deux
genres d'opérations technologiques : la
préparation de matières premières ^
et la mise en usage ou Varrangement
définitif des matières déjà préparées.
Dans la f* classe nous voyons des pro-
duits des trois règnes de la natura :
minéraux^ végétaux, animaux. Mais
après leur extraction, production ou pu-
rification, ces produiu ont souvent à
subir quelques préparations préliminai-
res avant de recevoir les dernières mani-
pulations qui les approprient définitive-
ment à nos besoins. De la deux genres
de travaux dans chacun des ordres de
produits dont nous venons de parler.
1» Le règne minéral fournit des pier-
res, des marbres, des ardoises, du grès au
carrier (voy,*); de la bouille an mi"
neur-houiller, de la chaux au chaufour-
nier ^ du plâtre au /î/4/ri>r. On en extrait
encore de l'albâtre, des meules, du sel
gemme, du jayet, du bitume, du soufre,
du tripoU, des pierres à fusil, etc., ainsi
que des argiles, des sables vitrifiables,
(*) Afin de d« pat trop mnltiplier les reoToif,
nooii remarqaerom ici, une foif poor toute»,
que le plus grand nombre des profession» indu-
strielles, aussi bien que les matière» qu'on y met
en œuvre, ont de» artides spéciaux dans cet ou-
vrage. ^*
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TEC
dfs pierres précieuses, etc., etc., et
loDt des métaai. L'extraction de ces iimh
tières se fait à l'aide de différents procé-
dés plus ou moius analogues entre eux ;
W pic, la piocbe, la mine, le lava-
ge, etc. , donnent les principaux mojens
de les enlerer du sein de la terre. Mais
alors^ la plupart de ces produits exigent
une certaine préparation qui les épure
et les sépare des niAtières étrangères aux-
queMes la nature les • mêlée. Ainsi le
carrier dégrossit les pierres; le cbaufour*
nier, le plâtrier font onkiner dans des
fours la matière calcaire ou le gypse; le
briquetier- tuilier fait ctiire des argiles
pour former des briques, des tuiles, des
carreaux, des creusets, etc. D'autre» pro-
duits sont réduits en poudre ou raffinés.
Enfin la chimie s'empare d'une foule de
terres dont elle retire des seli^ des aoîdes)
des oxydes, etc., qui servent, dans l'in-
dustrie, comme couleurs, comme réae-
ti&, etc. On a déjà vu, à l'art. Minéra-
LOOXB, l'en umérat ion des procédés qui
tnnt en usage pour séparer les métaux
ées matières auxquelles ils sont alliés dans
la nature. Mais tout n'est pas encore dit
pour eux. On les fond alors suivant des
procédés particuliers (vojr. Fonderix,
/^aii£#- FomiNBAUx, Foeoxs, Mouuk*
GB, etc.). On les allie entre eux pomr
avoir de nouvelles eombÎDatsont métaîli*
que» (vo/. Laiton, BmoHsi, Ckrtso*
CALQUE, MaIIXEGHOE, A&OBKTAJf , etc),
ou bien on les épure; puis on les lamine
(iH>x.LAMiiroiE),ou le< réduit en fii(v07'.
T&i^filbeie), etc. Par une addition de
carbone, le fer se transforme en acier
{voy.), susceptible de recevoir la trempe
qui le rend>pbm dur, mais plus cassant.
Quelques métaiix sont martelés ou planés
(voy* PiiAiiKua) en planches minces. C'est
ainsi que le fer devient de la tôle, etc.
â^ Le règne végétal fournit aussi son
contingent de matières premières à pré»
parer. P^ous n'avons point à nous occu-
per ici de la production de ces matières
qui sont Tobjet des soins de l'agriculture ,
mais nous avons à suivre leur exploita*
tion. D'abord se présentent Tabattage
des bois ou Tart du bûcheron, l'extrac*
tion des gommes, des résines, des matiè-
res tinctoriales, indigo, pastel, etc.; puis
la préparation des céréales, la coupe^ I»
( 7J« ) TEC
battage et la conservation des grtin^it,
eomme opération intermédiaire, kwrt-
duotionen farineou Partdameuoicr.ett:
ensuite vient la préparatioB des pbb
textiles : ainsi nous trouvons id lenx»
sage du lin et du chanvre ; enfin, 3 k
encore citer la préparation de la pâ
d'Italie, etc.
8* Dans le règne animal on coe»
d'abord les produits foumb parccrtai
animaux : le mif I, la cire, le mosc,».
l'abattage des animaux, et comme i^-
médiaire, l'art de les assujettir à noii^
fontes, ce qu'on a nommé la zootech<i :
l'art de la chasse et de la péciie, et pi
suite l'art de fabriquer les poudra è-
tonnantes; puis Tart de dépouiller dé
dépecer les animaux, réqaarrâsiftj
boucherie, la triperie, laboyaodene;»:
certaines préparations de leurs déposai
ou de leurs ré»idu8. Nous trooTOBSii
d'abord la tonte des brebis, puis le tnvr^ 1
le lavage des laines et des poih deai^ |
mire ; les magnaneries et le éhîkè
la soie, etc.; les crins, plumes eièrt
pour la matelasserie et ta plamssr,
les poils de certains animaux povIeiR^
trage; puis enfin la préparation (bc@
et peaux, le tannage, corrojsfe, ver»
sage, la mégisserie, parcheminerie, cb
molserfo , maroquinerie, IVrt do i»
reur, etc.
Ton» ces produits une fois undiè
la nature et préparés d'une nttoièret^
nérale, il ne s'ag^ phn que de les ipp
prier aux divers usages que l'honstevï'
en faire. Ce n'est donc pins lanaturr?
dott nous fournir maintensat la div»«^
mais bien les besoins de Phoomie. Dt^
dnq sections spéciales dans lesqveB^
nous rangerons les îndosirtes en npf^
plus immédiat avec le consomauteor/
que nous rapporterons am besoios^
l'homme , savoir , dans féconoinie <fc-
mestkpie, l'habiRement, l'habitatioBA
meublement, et les outils et loacli'^
Ici encore nous rencontrerons des ^
cédés Intermédiaires qui fontsobiriBi
différents produits déjà énuméréJ «*
préparation les rendant plos P'^P
aux usages définitif auxquels if$«>of<»^
tinés.
1 • Économie domeftique. L* ^^
de l'homme dans Péconomie doipestv'
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TEC
(727)
TEC
se partageât natureUeneat astre les ali-
tnents, lea boissons^ les soins d'hYgiène
et de sanléy )l éclairage et iechaujfage.
Pour la préparation des aliments soli*
des, nous trouvons d*abord la boulan-
gerie, et coDMne intermédiaire^ Fart
de la minoterie» de la iéculerie; puis
vient Fart culinaire (cuisinier , pâtis*
aier, etc.), et comme intermédiaires,
la fabrication de la gélatine, la prépa-
ration du beurre, du fromage, de la
graisse, de la moutarde, Tépicerie, etc. ;
«nfin, noue rencontrons Part des couser-
vaaet du confiseur, avec la £E4>ricationdu
aiMra pour préliminaire obligé. Dans la
production des al inentsliquides^on trou-
ve l'art de faire le vin, le vinaigre, Thuile,
la production du lait, la brasserie, Tart
de la distillerie, de la fabrication des li-
qiueurs, Tact du limonadier- glacier, etc.
Lea arts relatifii aux soins hygiéniques et
médioeux sont la parfumerie, la brosse-
rie, Tart du coiffeur, la natation et les
bains, puis Tart du blancbiaseur, lessâ*
veur, dégraisseur: comme intermédiaire,
Vart de fabriquer le savon; enfin la pbar-
DMcie, comprenant la droguerie et Pher-
boristerie, c*est-à-dira la ptéparatioa et
la conservation dea médicaments, des
dvoguca et des berbes officinales. Parai
les arlB qui concernent Féclairage^ on
trouve la préparation des liquides à brû-
ler : huile à brûler, alcools dénaturés ou
Mfkê\éB à dea essences; des produits résineux,
du gaz hydrogène; l'art du chandelier, et
par intermédiaire, Tari du fondeur et du
raffinaur de suif; la préparation descier-
ge&et des bougies, et comme complément,
répuration de la cire. Dans les arts qui
s'ooeupent dea coanbustibles, on range la
préparation du ekarbon de boîa, la fa*
brication du coke, etc.
2^ BabillemeHê. Les arts qui con*
cernent l'habillement se divisent en deux
séries : ceux qui préparent les tissua,
ceux qui conlectionnent dea vêtements.
La laine, la soie, le chanvre, le lin et le
coton sont susceptibles d'être peignés,
filés, teints et tissés. La laine peut de plus
être drapée, certains poils sont feutrés.
Le crin, le verre même mêlé à la soie sont
mm employés à des tissus. Le tissage
peut être uns ou broché et former des
doiÙDS» Les tiâsus sont encore bUâcepii-
blés d'être apprêtés, blanebis, teints, im*
primés, brodés ou ornés de passemente*
rie {voY' Filatuxr, Étoffis, Soieries,
Drap, Broderib, Pa&ssmepterie, Tei v*
TUEE, Impression sur étoffes, etc.).
Quelques étoffes sont prêtes à servir à
l'homme en sortant du métier, ou ne de*
mandent qu'un léger travail, comme les
objets de bonneterie, les couvertures, les
tapis, les châles [voy. ces mots); d'autres
sont fabriquées en pièces et servent aux
ouvriers à raiguille pour préparer des
vêtements. Parmi ces derniers métiers on
range l'art du tailleur, de la couturière,
des modistes, des chemisiers, de la lin*
gère, du fabricant de casquettes, de para-
pluies. D'autres états se servent de peaux
comme tissus, tels sont les gantiers, eu-
loitiers, boîtiers, cordonniers. L'art da
la chapellerie est basé sur le feutrage. De-
puis qu'on recouvre les chapeaux d'bom-
mes en peluche de soie, les carcasses
se font d'un feutrage bien plus léger.
La chapellerie et une foule d*autres mé*
tiers emploient aussi des fourrures, dont
on fait des bonnets, des garnitures, etc.
Le caoutchouc entre maintenant dans
la fabrication des tissus imperméables
(voy) ; d'autres sont cirés et gommés.
3^ Habitatwn, Les arts qui s'occn-
penl de la construction des habitations
sont de différentes natures. Les uns as-*
souplissent lea métaux, les autres tra«
vaillent le bois, les autres les pierres, elCi
Parmi les premiers, on compte la serru-
rerie, la plomberie-zinguerie ; les se->
coods sont la charpente et la menuise-
rie, et par intermédiaire le sciage de long
ou les scieries mécaniques; les troisièmes
comprennent les terrassier*, les tailleurs
de pierre, lea marbriers, les mortelliera
ou fabricants de mortiers^ cimenta, bé-*
tons, enduits^ etc., lea maçons on ouvrière
mettant en place et rendant solides lea
pierres qui ornent noa babilationa, lea
couvreurs qui en recouvrent les toits, etc
Différent* états se rapportent plus on
moins directement à ceux que nous ve»<
non» d'indiquer. Ainsi, la nmréchalerie
se rapproche de la serrurerie; la layete-
rie d'emballage est une variété de la me-
nuiserie, dont le travail est iofiaiment
multiple; la sculpture pratique se rat-
tache à la Uilla des pierres, le pavage à
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TEC
(728)
TEC
la maçonnerie y etc. Les constracUons
navales, de bateaux, la construction des
routes , la fabrication des voitures et le
charronnage emploient des procédés iu-
dustriels semblables à ceux qui sont usités
dans la construction des bâtiments, et
peuvent par conséquent être réunis à ces
industries.
4" Ameublemeni, Des arts qui con-
cernent l'ameublement, les uns se rap-
portent aux meubles, les autres à la dé-
coration, d'autres encore aux ustensiles
de ménage; nous y rangerons aussi l'in-
dustrie des bronzes, quoiqu'elle s'élève
quelquefois à la hauteur des grandes
eonstructions, et l'art de la papeterie et
des produits qui s'appuient sur elle. Pour
les meubles, nous trouvons l'ébénisterie,
la tabletterie, la bimbeloterie, la fabri-
cation des billards, des lits et meubles
en fer, des coffres, etc. La décoration se
compose de la vitrerie et peinture, à la-
quelle se rattache la peinture en voiture;
la fabrication des papiers peints et ten-
tures, rart du tapissier, du matelassier,
auquel appartient aussi le sellier-bour-
relier, le cardage des laines et crins, la
fabrication des fleurs artificielles, celle
des cadres, la sculpture en bois, l'art du
tourneur, la dorure sur bois, le moulage
en plâtre, la miroiterie dont dépend l'é-
tamage des glaces, la marbrerie et le
polissage des marbres, la fabrication des
cartons-pierres, stucs, mosaïques et com-
positions qui durcissent en séchant, etc.
Les ustensiles de ménage sont de plu-
sieurs nsrtures : les uns sont de terre, les
autres de métaux. Dans les premiers se
rangent la fabrication des poteries : terre
cuite, terre de pipe, faïence, poterie de
grès, creusets, porcelaine, et leurs déco-
rations (comme émail, vernissage, pein-
tures, etc.), le coulage des glaces, cris-
taUx, verres et pierres fines artificielles;
les ustensiles métalliques se composent
des ouvrages de chaudronnerie, tôlerie,
ferblanterie, lampisterie, poterie d'étain,
etc., et auparavant, comme intermédiai-
res, viennent la fabrication du fer«blanc
et des moirés métalliques, ce qui se rap-
porte à rétamage des métaux usité sur-
tout dans la chaudronnerie, le vernis-
sage de la t61e, la, fabrication des toiles
métalliques, la galvanisation du fer, etc.
Cest encore putni les ustensiles ée»
nage qu'il faut ranger les objets de la-
nerie, dj9 fontainerîe, de toDDdlerie,ae
poélerie, les balais, paillasBons, dugl^
rettes, etc., etc. L'industrie des brcu;
et orfèvrerie se divise en bronzes, lost^ri
orfèvrerie, plaqués, bijouterie, joail^
rie; le monnayage, l'art du Upiiiikf,a!
la dorure et de Targenture s'y rsiudbo:.
Comme étroitement lié à cette bnir^
d'industrie, il faut compter l'art de a»
1er dans l'argile ou l'art du fondât,
puis la ciselure, l'ajustage, etc. Sont
titre d*art de la papeterie et gratare,»
comprendrons tout ce qui tient i lit
brication des papiers et cartons, à li{»
vure et à Timpression en taille-doea^
en lithographie, à la fabrication da»
cres, des colles, au coloriage des iaf
et à la préparation des coukms^ii
gravure et à la fonte des caractèits,!!
composition et à l'impression tjpcp
phiques, au brochage et à la reUrè
livres, enfin à la fabrication desffs
de fantaisie, cartonnages, regislre^t
5** Outils^ instruments et nudsx.
Dans cette dernière section bobs a-
geons la quincaillerie, la taillanderie, «
objets métalliques de mercerie, U t»
tellerie, les instruments de chirorgie,!^
murerie, l'horlogerie, les instraoMSbî
précision, les instruments de Bia»|«ef
les mécaniques proprement dites. Da
la quincaillerie nous oorapreaossD
foule de petits outils servant soi ^
les limes, râpes, scies, cardes, pioces,^
nailles, alênes, la clouterie, les ressit
etc. ; nous y joindrons encore te ■*
des chevaux. Dans la taillanderie, des»
tils plus gros : les faux, faucilles, tnc''
les, pioches, pelles, etc. Les objets *
mercerie sont les aiguilles, la épiafift
les dés à coudre, les buses de corsets, el&
La coutellerie comprend lescooleiBif'
ciseaux, les rasoirs, etc. Les instrosese
de chirurgie sont non-sealemeat or»
qui composent les trousses, mais eoc(Vt
des sondes, des forceps, des bandigt^^^
y comprenant ceux qui sont destio^'
maintenir les hernies, etc. Le sens dnoM^
armurerie doit être uu peu étends f<*'
comprendre non-seulement les arioo'
feu, mais aussi les armes bUncb^*^
mures, casques, objets d'équipca^*
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TEC
(729)
TEC
MTcSy arqiiebiMt, et méoie le forage det
caooDty elc. L*borloferie s'occope det
montres^ cbroDomètres, peodales, hor-
loges et antres petits mouvemeots réga-
liers. Les instruiBenU de prédsion sont
d'ooe ÎDfioité d*espèees, et s'appliquent à
la chimie, à la physique, à Toptique, k
PasiroDomie,à la géométrie, à la géodésie :
on y trouve les phares, les lunettes d*ap-
proche, les balances, les poids et mesu-
res, les hygromètres, baromètres, ther-
momètres, aréomètres, etc., ete. Les in-
struments de musique sent à cordes ou à
vent ; les premiers empruntent des caisses
en bois à Pébéniste et le facteur monte
les cordes dessus; les seconds demandent
au fondeur le corps de l'instrument, on
des petites pièces s'adapUnt i des trous
par où Pair peut s'échapper en produis
sant des sons variables. Enfin les grandes
machines sont ou hydrauliques, comme
les pompes; ou propres à l'agriculture,
comme les charrues; ou destinées a la fa-
brication des tissns, comme les métiers;
ou encore à imprimer, comme les presses;
ou bien elles servent à écraser, comme les
moulins, les manèges, les pilons, etc.; on
à travailler le fer, à le forger, le percer,
le raboter; etc.; ou à creuser la terre,
comme les sondes à forer des puits arté-
siens; ou a produire et à propager le
mouvement, comoie les machines à va-
peur. Foy. tons ces moU et l'art. Machi-
nes en générât
Cette longue et cependant encore in-
complète énumération des branches in-
finies dans lesquelles se ramifient les arts
et métiers suffit pour démontrer l'hn-
portance de la technologie. Les gens du
monde éprouvent a chaque instant, dans
leurs rapports avec les ouvriers, combien
quelques teintes de cette science leur se-
raient utiles. Les industriels enx'^roémes
n'auraient qu'à gagner a l'étude des ou-
vrages où les hommes qui ont étudié leur
art mettent à leur portée les méditations
et les découvertes de la science. Quant
au& savants, où pourraient- ils puiser de
plu» douces jouissances que dans des re-
cherches qui aboutissent a l'amélioration
du sort de leurs semblables par de nou-
velles et sages applications de la science
à rinduBirie ? Gomment d'ailleut:» la
science ne reconnaHrait-elle pas tout ce
qu'elle doit de son o6té a la te<^no|ogie?
La bonté des instruments n'est-elle pas
le plus sûr garant de l'avancement des
connaissances humaines? et l'art typo-
graphique tt'est-il pas leur plus puissant
auiiliaire?
Les cours du Conservatoire des arts et
métiers de Paris, des écoles d'arts et mé-
tiers des départements (vox* ChaIiOHS,
Lyon, etc.), et quelques cours gratuits et
particuliers, ont pour but de répandre
l'étude de la technologie; mais ils sont
encore bien insuffisants. La nécessité d'é-
coles industrielles spéciales s'est fait sen-
tir à de bons esprits; mais la crainte de
voir négliger les études classiques en éloi-
gne beaucoup d'autres. Des livres im-
portants ont aussi déjà été publiés eo
France sur la technologie. An xnii*
siècle, la grande Encyclopédies'étaît don-
né pour tâche d'expliquer tons les ter-
mes techniques des sciences, des arts et
des métiers ; une Description des arts et
métiers paraissait sous les auspices de l'A-
cadémie desSciences; VEncyctopédie mé"
thodique enfin contenait un Dictionnaire
des arts et métiers. Depuis a paru le grand
Dictionnaire de technologie dont nous
avons parlé précédemment, et dans ce
moment même nous recevons les premiè-
res livraisons d'un Dictionnaire des arts
et manufactures qui renfermera la tra-
duction du célèbre Dictionnary ofarU^
manufactures and mines du docteur Ure,
le compte rendu de l'exposition de 1844
et la description de tous les procédés in-
dustriels nouveaux et les moins connus
(gr. in-8^, à 3 col. avec fig. intercalées
dans le texte). T^ous devons encore citer
les Rapports du Jury central des expo'^
siiions de l'industrie^ où l'on peut sui-
vre les progrès industriels de notre pays;
le Dictionnaire de CIndustrie manufac^
turtérCy commerciale et agricole, en 10
vol. in-8SpubliéèParis,del833à 1841.
'VEncyeiopédie^Roret, ou collection de
petit» pianuels in- 18 sur chaque art ou
métier, et une foule de recueils périodi-
ques où l'on fait connaître les brevets
d'inventions, où les nouvelles décou-
vertes sont passées en revue, etc. Telles
sont, par exemple, les Archives des dé^
rouvertes et des inventions nouvelles
faites dans les sciences, les arts et les
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TëD ( TSO)
mamv^mcêure^^ tan$ en Framee que dams
h^ pays étrangers^ qui paraiaMiit dt-
ptNA le coMmeoceme»! da aiàcie cbes
MM. Trwittel et WArts. L. L.
TE DBUM, omitraiM d'aetioas de
grâces en usage dans TEglise catkok^ae^
ainsi mommé -petce qu'il oommeoee par
les nou Te Deum laudamus^ Te Do»
minium eon/iienuir. On l'attribue ceai«
munément à S. Ambroiee ou à S. An-
goada, et ansti, mab d'aprèa nne opi*
nion beaucoup moins répandue, à S.
Hilaire de Poitiers on à S. Nicaîse. Il te
cbeale, les dimancbia et jours de fêtes ,
à k fin de maùne».
En dehors de l'ofBee dirtn^ «*eat de ee
morceau que l\»n ftiit nsege pour rendre
grâces à Dieu de quelque bienfiût signalé^
tel que la eessatîon dHm fléau public, l'in*
iPOttisaHon d'un nouveau souverain, etc.;
on en fiiit phw eommunénent usage pour
quelque victoire remportée sur terre on
sur mer, d'où l'esprit de fronde a tiré ce
dicton trè» vrai, quand il n'est pas trop
généralisé, que le Te Dewm des rois élak
le Deproftàutis des peuples.
Comme, en ces dernières occasionf , le
1^ Deum est d^rdînaîre cbanlé en
grande pompe^ il a été souvent mis en
musique par les compositeur», et les dé-
veloppementa que comporte le tableau
des habitant» de» cteux et de la len^
vendant au Très-Haut de solennelles a»»
Uons de grâces, ont fbumî assez souvent
de belle» inspirations. Le Te D^iém jouit
encore en France d'un prtvSlég« particu-
Ker qui ecnraiste à servir de thème dlm-
provisation aui organistes, la veHIe de»
fêles patronales: ceux-ci exécutent aiiK
tani de morceaux qull y » de versets im->
pairs. Il» ne cherchent point à exprimer
sur l'orgue le sens des verset» dont Hs
sont chargé», à l'exception d'un seul, dont
les paroles sont : Judex erederis esêe
venturuf. H» tâchent alors de donner, au
moyen des immenses ressources fournie»
par leur instrument, une idée do cata-
clysme qui doit précéder la fin du monde,
dont, comme on sait, l'époque a déjà été
plusieurs fois annoncée et fixée sans que
cela ait porté le moindre trouble dans k
marche calrae et réglée de la mécanique
céleste. J. A. de L.
TÉGLATS-PHALAZAR , succès-
TEC
semr dn Phbl oiiSwdnnapakn,fod
leur de k seconde naonarchie mmnm
mnnta sur k trône 749 ans i?. J.
Conquérant redouflnbk, il trafsiUa i
succès à rendre a l'empire sss aocki
liaile», et se fit craindre de toas sa '
sîn». Ansai Aohaz, roi de Jnds, Vtpp
t-il à son secours eontre Ri9in,n
Syrie, et Phacée, roi d'Israël, qai k
naient assiégé dans Jérusakn, m pa
sa protection dea to'éaor» dn temple t
palai» et en se rendant son trîkii
Tégktb-Pfaaknr esivnhit fai Syric^r
Damas, parcourut e» vainquenrUn
me d'Israël, et emnsena captifs du
état» un grand nombre d'IsnéliiH
mourut vers l'an 780, etentpovi
oaasenr son fils Salmanassar. Foj.k
nn. L H'
TBQNBR (Ësaîk), évéq»» de Wi
dan» k Smnknd, un des ploscéiij
poète» de k Suède^ naquît daub^
vinœ de Warmeknd en 1781 ifï
cnpa de bonne heure de l'été i
aoknee», et en 1813 il fntnoovfi
fesseur de liitératmre grecque à Fm
sM de Lnnd. Plus taré il devifit*
brade l'Académie suédoi»», ùwà^
plusieurs société» savantes, et, ealSl
fut pkcé sur k siège épiscopal deWe
Il s'e»t ilkstré par un grand aonhn
poésies dont le» édition», toojoan né
chées, se succèdent rapideoseat, et pi
lesquelles on cite surtout son poêœ
dactique du Sagr^ k Chamt de g»
de la iamdofekr de la Séante (Staé
1899), un chant national oonpo»
18tS sous le titre de Svea;ksE^
de la Cène (Lnnd, 1811), idyNect'
hexamètres; ^M/(Lund, liSS)»^
Sa^ de Fritkio/{%%^b) qui t été»
duite en françab et dans plosiesn b
gnes. Tegner ne s^B»t attaché i »
de» parti» qui divisent k \kt!àntsn^
doise ; il n^a voulu te soumettre «rtii
ment ni aux lot» de la poetifM ^
çaise, ni àœlks de la poétique a'^'*''^
il s'est eontenté de prendre ds !*•><
de l'autre ce qu'il a jugé Twe(<^
Peut-être ses poésie» BBsnqaeolc^^
profondeur dan» k» idées, mm»^
esr racheté par nne knk de q»^*
elles »e» distinguent en général p*^**'^
vnuitè de» sentimenis, une iae H**^
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TEH ( 751 )
rî«, voe graiultt fmatamm d'image» et «•
hiD^Bfe véritableinest poétique. C, £.
TÉHBBAN, OQ pkHôt Tkbvan, c«-
ptt«te de rirak-Adjemi (vor)» ^"^ ^
Perse (t^.) oeeidentale, et résideace du
seairernB, est bitîe sur le Teneol aé*
n'dioBal de FEtboarz, an Hnlieo dHMw
plai0« fertile, mais dépcramie d'arbres,
à 8,7 S6 pieds au-dessus du niveau de la
mer^ et à M lieues de la mer CaspieuBe.
Le climat y est très variable à cause de»
bavtes montagnes qui l'aToisineutetdout
descen<ieut une multivude de ruisseani.
L'hamidité du sol en rend d'ailleurs le
séjour insalubre pendant les étouffsntes
chaleurs de Tété : aussi la oour et uoe
grande partie des habitants l'abandon-
nent-ils à cette époque de l'année pour
échapper aux fièvres et au mauvais air.
Tébéra« a la forme d'uu carré long de
I l^miHes géogr. de circuit. Elle est ceinte
I de fessés et d'une épaisse muraille flan*
TEI
quée de tours , mais dans un si triste
état, qu'elle ne pourrait opposer une
I résistance sérieuse. On y entre par quatre
I portes ornées de mosaïques, devant cba«
I cooe «lesquelles s'élève, à la distance de
I KH> pas , uoe grosse tour ronde défen*
due par un fossé. Le» mes sont étroites,
sales, irrégulière» ; les ssamons, en bn«
ques crues, «ont très basse», et ont ra-
rement plus du rea --de -chaussée ; mail
Ni plupart sont entourées de jardins dé-
Pïeieux. Téhéran n* ooosple pas moins
de 1 dO caravanséraîs, autant de bains,
4 bazars, et plusieurs fabriques de soie,
d« coron, de tapis et d^ouvrsges de fer.
L'édHice le plus remarquable est le pa*
lats du cbali, vMte bÉtimenf quadran-
gttlaire, assez bien fortifié, qui renferme
aussi -le harem et le trésor du roi de Perse.
La population, que Rer Porter évahiait
a 60 ou 70,OW ânies, atigmente tous
les jours; on ne peut pas l^estimer en-
jounFbui k moins de 180,000. Dans le
xiT^ siède, Téhéran était déjà une rllle
d*une certaine Importance. Plrlse et dé-
truite pat les Afghans*, elle fut rebâtie par
Rérim>Khan. Mohammed-Khan l'em-
b«llh, la fortifia et y établit sa résidence.
On voit dans les environs* les ruines de
Rai, l'andenne Rhagés de la Bible, Trile
encore célèbre du temps d'Alexandre*
le-Orand, où naquit Harounnil-RaBchid,
et qui fàe siceagéa par Tehinghtz-RhaB.
A 3 asHIes au nord -est de Téhéran, oa
adnHre le château royal deTadHi-Radjar
(le Irène des Radjsrs, rfoy. ce nom), dnnt
les terrasses en amphithéâtre rappellent
les jardhi» suspendus de Séosiramis. Plu»
loin s'élève le Demawend, volcan éteint
de 11,000 pieds de haut, auquel on
attribue les nombreux tremblements du*
terre qui désolent le pays. £. H-n>.
TEIGNE {tinea), Cest, dans lliie-
toire naturelle, le nom générique sou»
lequel on confond vulgairement touter
une tribu de petits lépidoptères noetur*
nés (vojr.) dont les chenilles vivent dans
des fourreaux ( les tinéites des entemo*^
logistes modernes). Ces paplHons se r»-
comalssent facilement à l'exiguilé de
leur tatlle, à leur» atles plimées dans l'état*
de repos et appliquées perpendiculaire*
ment sur les côtés du corps, ou roulée»
sur Fabdomen ; les cheniWes à leur eorpv
lisse, dépourvu de poils, et supporté par
seize pattes au moins. On appelle faus9e9
trrgnes les espèces qui vivent dans des
gaines fixes, formées aux dépens des feuH^
leaou des fruits dans l'intérieur desquehr
elles s'abritent et pereent des galeries,
dV>ù leur est venu aussi le nom de che^
milles minemer. Les teignes propre'-*
ment dites transportent leur fburreau
avec elles. Ce sont ces dernières, vulgal-*
rement désignées sous le nom de vers^
qui attaquent les étoffes de laine, lé
crin, les fourrures, qu'elles coupent avec
leurs mâchoires pour en fabriquer leurs
fourreaux : telles sont pamicutièrement
la teigne des draps , d'un gris argenté,
qui se creuse des galeries dans Tépals**
seur des étoffa àé laine, et se constrtiii
un fourreau avee les brin» qu'eHe en dé*
tache ; la teègne des pelleteries^ qui se
distingue de la précédente par un ou deux
points noirs sur les ailes, et qui eoupe
les poils des fourrures à leur racine pour
s'en coastruire un tuyau feutré ; la tei^
gne des grminsy qui est couleur de caft
au lait et occasionne de grands dégâts
dans nos départements agricoles du midi;
la teigne à front jaune , qui ravage les
collections d'histoire naturelle; Vaglosse
de éa graisse y qui, à l'eut de larve, se
nourrit de»matières grasses, ronge le cuir,
les couverture» de livres ; hi galerie de
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TEI
(73J)
TEI
la ciref dont U chenilla îwkt de graïKk
dégâu dans les niches. Le oaoïpbrey le
tabac et les autres substances odorantes
a l'aide desquelles on croit pouvoir éloi-
gner ces insectes destructeurs remplis-
sent mal ce but. Le seul moyen vraiment
aàr de se préserver de leurs ravages est
d^envelopper les objets assez hermétique-
ment pour qu*ib ne paissent y déposer
leurs œufs ; car il suffit que le papillon
touche un instant au tissu pour y laisser
les imperceptibles œufs d'où sortiront
bienl6t des légions d^insectes destruc-
teurs. C. Stk.
TEIGNE. En médecine, on nom*
me ainsi une éruption pustuleuse, spé-
ciale au cuir chevelu , à peu près ez-
elusivement propre à l'enÊsnce et sus-
ceptible de se transmettre par contagion.
Longtemps confondue avec des maladies
survenant dans des conditions analogues
etoflrant plus ou moins de rapports dans
leur marche et leur mode de terminai-
aouy la teigne proprement dite peut être
aujourd'hui assez facilement distinguée
des autres, éruptions susceptibles de se
développer sur le cuir chevelu, mais qui
appartiennent à un autre ordre* Outre
les caractères que rappelle notre défini-
tion, la teigne, qui parait siéger dans les
follicules pîleui, emprunte son carac-
tère spécifique à la forme des croûtes qui
constituent un de ses éléments le plus
facilement saisissables : ces croûtes, plus
ou moins nombreuses, isolées ou for-
mant un tout presque continu à la sur*-
hoù du cuir chevelu, adhèrent forte«>eat
au tissu de la peau dans lequel elles sem-
blent comme enchâssées; d'une couleur
jaune sale, elles sont très souvent traver-
sées par un cheveu ; elles présentent une
dépression centrale plus ou moins ré-
gulière qui donne au produit morbide
quelque ressemblance avec les alvéoles
d^une ruche à miel, ce qui a fait appeler
la maladie du nom de/apice, teigne fa-
veuse, sous lequel on la désigne souvent
dans la pratique.
La misère et tontes les conditions dé-
favorables à la santé que cet élat en-
traîne sont la cause la plus ordioaire
sous l'inûueDce de laquelle on voit la
teigoe se développer. Telle e^ la puis-
sance de cette cause, que la contagion
peut-être ne réalise la maladie que &«
la misère y a, en quelque aort^, prépe
l'organisme, et qu'après avoir dii^
par le bénéfice de l'âge, on la voit,ài
quelques cas, reparaître dans U vieiHai
quand, a cette période de la vie, Phoni
retombe dans les conditions malbeore
ses de son enfance. Il suffit de ùçà
la part de cette cause dans la ffnàt
tion de la maladie po«ir qu'on eoeçQ
immédiatement que, lorsqu'il i^sgitli
traitement radical , il est de la demi
importance de aonstraire les Bshds
cette influence funeste. Toutefîm, ^
que utile qu'il soitde rétablir psrlenw
de la respiration d*un air pur viviié p
les rayons solaires, d'une aliBeoUi
subsUntielle, la conatitntion délabré i
la plupart des enfanta atteints de lia
gne, il est des cas où, avant d'es m
à ce régime, il faut combattre pv i
moyens appropriés les nccideaUdV
tation qui peuvent exister soit««
chevelu, soit dans divers orgaDoi"-
nes. Lorsque la maladie est rée*-
suffit souvent de moyens simplet) cts-
tout de soins de propreté pour b ^
disparaître assez rapidement. Il s'n<
plus de même quand l'éruptioo,0Ûa
depuis un temps plus ou moias loafr
profondément altéré le tissu à la iv^
duquel elle s'est développée : c'escik
qu'il convient d'attaquer le mal pir«
topiques plus ou moins énergiqoci' I^
le monde a entendu parler du traiteaa
barbare de la calotte; il est fort n
qu'on y recoure aujourd'hui. Void *■
mairement la méthode suivis par >
médecins modernes pour combailrr i
teignes rebelles. Après avoir coopéi
cheveux, on détermine la cbatcdeso^
tes au moyen de cataplaames éatollie*
pub on nettoie la peau a Taide de f
tions huileuses, savonneuse! ; ctU ^
on recourt à l'usage des pondref oo*
pommades épilatoires, dontdsiKif'^
câlins font la base. Les frèrei Ui^
bien qu'ils continuent à tenir lev f
cédé secret, ne paraissent poiatenpio^
d^autres moyens. La dorée moyesiie*
ce traitement est de tcois ooii tanm^
Il échoue parfois, mais il réofiit lei»«
ordinairement. Fsf, GouamSi ^
{tnaladics de /a). ^ ^
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TEI
(
TBINT. Cctt le coloris propre à la
face faaraaine. Parmi h» cames qui con-
courent le pins puisaaBnnent à impri-
aaer au teint les différences qnMI présente,
il faut placer la constitution , les habi-
tudes physiques et morales, l*àge et enfin
les maladies. Les femmes douées d'un
tempérament dans lequel tend à pré-
dominer Télément lymphatique et ner-
veux ont une peau fine, douce, dia-
phane, sons laquelle on voit, en quelque
sorte, circuler le sang; c'est à ces condi-
tions anatomiqnes, aussi bien qu'à la vie
plus séden taire, moi os laborieuse, qu'elles
mènent en général, qu'il faut attribuer
le teint particulier qu'on observe chez la
plupart d'entre elles. Une constitution
différente, caractérisée surtout par la
prédominance sanguine ou bilieuse, une
vie plus tourmentée , Thabitude de tra-
vaux plus pénibles, contribuent au con*
traire à donner à la lace de l'homme un
teint plus sombre, qui est loin toutefois
d'exclure l'animation et qui s'allie mer^
veilleusement avec la sévérité plus grande
de sa physionomie. Des diverses habi-
tudes physiques qui peuvent exercer la
plus profonde influence sur le coloris de
la face humaine, il n'en est pas dont l'ac-
tion soit aussi puissante , dans ce sens ,
que rinsolation. L'homme qui passe une
grande partie de sa vie à Fair libre et
dont la face reste exposée au contact di-
rect des rayons solaires, ne tarde point
à voir son teint rougir, brunir fortement.
Il en est de même, bien qu^à un moindre
degré, du mode d'alimentation : sous Tio-
fluence d'une nourriture substantielle ,
très animalisée et arrosée d'un vin gé*
néreux, en même temps que toutes les
fonctions s'accomplissent d'une manière
plus énergique , le teint s'anime et de-
vient l'expression fidèle d'une plus grande
intennté de la vie. Les conditloos inver-
ses impriment au teint des modifications
non moins profondes. L'homme qui mène
ime viesédentaire« dont la face n'est point
touchée par lecontact vivifiant des rayons
du soleil, qui n'use que d^ulimeots peu
réparateurs, a le teint pâle, blafard : c'est
la plante qui s'étiole dans l'ombre. Les
liabitndcs morales exercent aussi une
grande Influence sux' le teint ; le savant
pâlit sar les livres , comme l'ambitiettx
r>3 ) TF.I
dans la poursuite de la gloire, et le vo-»
Inptneux an milieu de la jouissance de
ses vains plaisirs. L'âge fait perdre suc-
cessivement an teint son éclat. Les ma-
ladies exercent en général une influence
analogue ; le visage pâlit à mesure que
lessouffrances se prolongent, et à la suite
des maladies chroniques, qui minent
lentement l'organisme , le teint devient
terne, languissant , souvent presque ca^-
davéreux. M. S-w.
TEINTURE. Les matières textiles
sont rarement employées dans leur état
originel. Par la teinture , on peut leur
communiquer une variété considérable
de couleurs; mais pour cela, il est essen*
tiel qu'elles aient été préalablement son-
mises à différentes opérations : le lin , le
chanvre, le coton, etc., et les tissus qui
en proviennent sont soumis au blanchi-'
ment; la laine au désuintage^ la soie
{voy, ces mots) au décreusage.
La teinture est la fixation, à la surface
des fibres textiles, de particules coloran-
tes. Il est certains cas où les corps colo-
rants, peuvent s'unir directement aux
tissus; mais le plus souvent, les tissus
doivent être imprégnés de certaines sub-
stances qui ont re^*u le nom de mor-
dants (voy.) ; c'est même un fait d'ex-
périence que , pour obtenir une bonne
teinture, il faut soumettre tout tissu au
Mordançage.
Avant les importants travaux de M.
Ghevreul (vo^-.), nul principe ne diri-
geait l'industrie dans les combinaisons
des substances colorantes avec les matiè-
res filamenteuses. Aujourd'hui , grâce à
cet habile ehimiste, on connaît toutes
les influences que tes couleurs eiercent
les unes sur les autres; il a déterminé
les teintes produites par deux couleurs
joxta- posées qui, par le contraste, ne
sont pas ce qu'elles seraient à l'état d'i-
solement; il a donné les moyens pour
apprécier la distance qui sépare deux
tons de la*iuSroe gamme {yoy, pins loin).
Lvs substances tinctoriales, telles
qu'elles nous sont fournies par la nature
ou le commerce, ne donnent pas des
couleurs constamment semblables. Ain^i
l'indigo fournit des teintes variées dans
les mêmes cuves, tandis qne Vindigotine^
qui a été séparée des sujMtaoeee fauiw ,
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TKl
<7â4)
tnsi
veraÎBdigôa, préfleDl64l«tcradatMNM|M«>-
imitettcnt déiaitt s«r toii, ooton aa
Uîse.
Une fois les ooaleiirs fisées sur les
tissus y le lavage se les enlève plas. Ce-
pendlaDt il est ceruîiis agonis qui les font
pàlîr, qui chaageDt leur nuance, qui les
font disparaître oomflétement. De ces
agents, la lumière solaire est le plus puis-
sant. Les couleurs qui perdent leur ton
à la Hmière sont dites yîif«cex; elles
wont/aux teint quand les acides ou les
•Icalis les font passer d'une teinte à une
asUrc ; elles sont solides ou bem teint
qi|and elles n'épstrayent aucune alté-
ration. Il résulte des expériences de
M. Cberreul qu'aucune des étoffes tein-
tes avec l'iodigo n'est, à proprement par-
ler, décolorée , si le ton est élevé ; pour
les étoffes teintes avec le sulfate d'indigo,
le curcnma, le carthame et Torseille , le
co<on est, de toutes les matières textiles,
celle qui se décolore davantage ; pour le
roeou, le coton se décolore le moins, et
la soie vient ensuite ; la soie et la laine,
teintes avec le sulfate d'indigo et l'or-
seille, reaient bien plus colorées que les
mêmes étolfes teintes avec le rocou, le
carthame, le curcuma.
Toutes les couleurs {ooy.) que présente
la nature e« produites par les arts naissent
du mélange des sept faisceaux lumineux
compris dans le speetre {yoy. LuMièas),
et dont la réunion constitue la blan-
elienr ou le blanc : ce sont le violet, l'in-
digo, le bleu, le vert, le jaune, l'orangé
t\ le roQge. Les couleurs primitives sont,
le bleu , le jaune , le rouge. Ces cou-
leurs primitives sont àixti franches par
M. ChevrenI, et il donne à leur mélange
binaire , le violet , le vert et l'orangé , le
nom de ctmUurs rabattues quand on y
a mêlé du noir depuis les tons les plus
clairs jusqu'aux tons les plus foncés. Le
violet résulte du mélange du rouge et du
bleu ; le vert se forme du mélange du
bleu et du jaune ; l'orangé provient du
mélange du jaune et du ronge.
On se sert fréquemment des exprès*
siona de tons et de nuances dans des
mélanges de couleurs faits pour pro-
duire céi^ios effets. D'après M. €he»
vrtul, le mot t9n^ relatif à une couleuc,
ne dosi êire fpns qœ peur Jnèfar le
nmdificati— a que cane nonlmr «fnei
qnaad on l'abaisse par do bbscfl
qu'on la rebansse par du aair, hm s
gnaler l'ensemble des tons fenniit ^
aae couleur osodifiée de ostie Moien
IL Cbevrenl emploie rexpnmta
gamme dans laquelle la couleur piRi
le ton normal ; mais ce ton norailp
également eppartenir à une gaaaen
pme ou raéaituey c'est^-à-dire doai «
les tons ternis par du noir sont wsk
employée sous le liom de bnmUam.
flsot nuance {voy.) a'appUqae aai m
ficationB que peut éprouver une oé
donnée jpmr son mélange avec aae ft.
quantité d'une autre couleur. Osaè
sorte les tons des gammes bleue, fioki
verte, etc. ; les auaacee du bku, (b a
ne, etc. ; etcbaonne aie cea numcaa
stitoe une nouvelle gamme.
On emploie souvent en teintare^dai
but de diminuer l'édat deacoulevidi»
mêmes, des bnmiêures ou comlean'éf
tues; on les obtient par le moyen Mv
formé de sulfate de protoxyde de te*
bois de campéche, de noix defiUefi*
sumac; mais ces couleurs ne sootpt*
lides, et l'on arrive à des rémltab pi
avantageux par le procédé qui oosu*
rabattre le rouge avec du jaaateti
bleu on aveo du vert ; l'orBagéiitci
bleu ; le jaune avec du rouge et da 1^
ou du violet; le vert avec daroofe;
bleu avec du jaune et du rooge oi i
l'orangé; le violet avec du jiasej
ajoutant d'autant plua de cenleiirl'
tinée à produire la bmntture qat^
veut rabattre davantage la ooalear.
Les matières colorantes nacurella*
ployées en teinture sont aolubbi os î
sotubles dans l'eau. Lorsqu'elles tf
solubles , on les soumet à l'a^^ioa éth
chaude , placées dans un sac, et l'A
charge du principe colorant qa'db*'*
ferment. Les matières lextilet étant a«
danoées, on les travaille deas Je 1>
pendant le temps nécessaire à It fin**
de la couleur que l'on veut obteaiT'l
bain de teinture est amené à Is teef^
rature de l'ébuIKtion ou à des tmsp^
turcs inférieures particulières y ^^
que l'on teint du coton, du ohaime,*
lia, de la laine, de la seie. Vw m^
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TEl
(Î3S)
TEI
textile ou ua ttatu ifuelcenqM» pUngé
dans «o liquide, s'ea wbîbecUlfîeiieaMaC
d*uQe manière régulière. Si oe liqaide
était chargé d*aee sebttmce colorante ^
il en résalteralt que ia couieiM* ne serait
pas égaleHMBt distribuée. Gonséqnea-
nmmij avant de plonger les fib on les tis-
ans dans nn bain de teinture , on les
moville avec l'eau et on les tord potir en
séparer Texcès de liqnide. Loirsqn'on
teint les matières teatiles en fils, on place
les écheveaux oo maieaux snr des li"
soirs en bois qne I*ob fait reposer par
iears extrémité snr les bords de la chan-
dière ; on les Use dans le bain ponr lenr
faire prendre la teinture d^one manière
-unième. Si en opère sur des tissus, on
les place sur un iour posé égaleinent snr
les bords de ta chaudière. On déroule au
sein du liqnide , et on laisse tontes les
parties du tissu plongées dans le bain
asses longtemps ponr que le dép6t de la
nntière colorante se soit fait régulière-
mnot. Que Ton agisse sur des matières
textiles en fils ou sur des tissus , on les
kive ayec soin au sortir du bain de tein-
ture. Les mateaux sont placés d'abord
snr les chevilles, et tordus, puis lavés et
tordus encore pour exprimer toute l'eau
qu'ils peuvent abandonner. Les étoffes
sont lavées dans un courant d'eau ; et ,
dans les deux cas, les lavages sont faits
avec beaucoup d'attention.
Lorsque les matières colorantes sont
insolubles dans l'eau, on a recours è oer-
' laines préparations qui les disposent à
ae fixer sur les fils et snr les tissus. Void,
en peu de mots , oomment on agit pour
les couleurs rouges par la leque, et ponr
la teinture par l'indligo. 1^ La laque est
réduite en poudre la plus lénue possible;
on en fait une sorte de pâte avec de l'eau;
puis on y mêle de l'acide snlfnriqne,
dans un vase de plomb. Après 24 heures
de contact en été, et 48 heures en ht^er,
on ajoute an mélange 8 litres d'eau bouil-
lante par chaque kilogr. de laque em-
ployée. On décante le lendemain. On
satnre l'acide avec la cbaux éteinte ou le
earbenate de soude. La laque donne è
la fanoe une belle tetnte éoarlale que l'on
peut aviver par un peu de fosteft. 3^ L'tn-
digo, insoluble dans l'ean, peut se dis-
soudre dans deux véhieules : l'acide snl-
tmitfm et les alcalis. Traîlé par l'acide
snlfnriqne, il conserve sa conkur; il la
perd par les alcalis. La teinture obtenue
par l'acide snlfurique est connue sous le
nom de bleu de Saxe; la préparation par
les alcalis est désignée par le nom de
biem de cupe. Pour teindre avec la pré-
paration par l'acide, il est nécessaire d V
jouter un alcali qui, s'emparant de l'a-
cide, précipita l'indigo. Dans le procédé
de teinture à la cmvey on ajoute un ad-
de. D'autres préparations de teinture où
entre Tiodigo sont désignées sons le nom
de cttf^ d'Inde^ cupe au j^éuiel. Quel-
quefoisy oomsse dans la cuve au pastel,
il se passe des réactions très nombreuses,
dont la oonnaissanoe peraset de prévenir
et de remédier aux accidents conntis sons
les noms de euiPes f^ebmêéesy coulées ou
décomposées^ vert brisé. Void, d'après
M. Cbevrenl, le r61e <|ue joue chacune
des substances qui entrent dans la com-
position d'âne cuve an pastel. Ces sub-
stances sont : l'indigo, le pasid vert, en
pain ou desséché, le son, la garance, la
chaux I souvent la potasse. Le pastel
fournit de l'indigo , opère la fermenta-
tion , et enlève de l'oxygène à rindigo*>
tine pour la rendre soluble. Le son ,
par la fermentation, enlève aussi de
IV>xygèneè l'indigdtine, fournit un adde
qui sature une portion de la chaux, et,
en donnant à l'eau de la viscosité, la rend
susceptible de mieux retenir 4'indigo en
suspension. La garance opère atissi par
fermentation, elle augmente la visco*
site du liquida et fournit du rouge qui
communicpie une teinte violette à l'in-
digo. La cbeux enlève les acides aux
sels exbtant dans la liqueur, elle dégage
de l'amnMmiaque,préçipite plusieiu<s sub-
stances en excès, précipite elle-même
de l'indi^otine, et ralentit la fernNHita-
tîon« La conduite d'une cuve de ce genre
est ti^ difficile. Les-caradtères qui peu-
vent diriger Uouvrier^lans la préparation
d'une cuve au pastel sont : la couleur
de la liqueur, la onuleur de la fleurée
qui se foroM à la surfags, le son produit
par la peronssion.
Les couleurs obtenues pstr double dé^
eompmûtioH sent oelies qui résultent de
la réaction de«ertatns sels ponvaot, par
l'éèbaoge deieursecidss et deleurs basss.
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TEI
(736)
TEI
donner ntiftance à un tel iosoloble qai
je précipite. C'est aimi que le prépare
le bieu de cyanure de fer^bUu de Prus-
se ou bleu Raymond^ da nom de l*auteiir
da procédé par lequel on l'obtient. On
passe les tissus, au moyen du tour, daos
une dissolution de sulfate de peroxyde de
fer contenant du lartre rouge, sel nommé
tartro-sulfate de fer par M. Raymond ,
et on les reporte dans une autre dissolu-
tion de cyano-ferrure de potassium.
On ^^iftWt couleurs composées eûXtM
qui s'obtiennent par le mélaofe, en di«
Yerses proportions, des trois couleurs pri-
mitives. Pour les fixer sur les tissus, on
fait passer ceux-ci dans des baios suc-
cessifs préparés suiTant la teinte que l'on
recherche.
Les couleurs noires peuvent s'obtenir
avec les substances qui renferment du
tannin, comme la noix de galle, Técorce
de chêne, le suoue, et les sels de fer,
principalement le sulfate et Taoétate.
Mais comme les noirs ne sont solides
qu'autant qu'ils contiennent un bleu
foncé, on commence par donner à Té-
toffe un pied de cette couleur soit na-
turelle, soit obtenue par le campéche
et l'acétate de cuivre. On la passe en-
suite, au bouillon, dans un bain de sul-
fate ou d*acétate de fer et de noix de
galle, au moyen duquel on peut se pro-
(Mirer tous les tons, depuis le gris clair
jusqu'au noir le plus foncé.
On peut^ augmenter l'éclat de certai-
nes couleurs foncées par Vapivagr^ opé-
ration qui s'effectue en ti^empant l'éioffe
dans une dissolution saline appropriée.
Les substances tinctorinlt .< peuvent
être divisées par groupes, suivant qu'elles
sont fournies par des matières animales,
minérales ou végétales.
Couleurs végétales, 1<* 1a garance
{yoy, ce mot et les suivants). Elle» ren-
ferme différentes matières colorantes;
l'une a beaucoup de solidité, l'autre en
offre fort peu; la première est d'un
rouge foncé, la seconde d'un -rouge vif
et brillant. On applique sur le coton, au
moyen de la garance, un ronge très so-
lide conou sous le nom de rouge turc
ou tPAndrinople. Le principe colorant
de la garance, nommé alizarine^ a été
2'^heboitdecampécke;U.€^ntmi
découvert son principe colorant qoH
nommé hématine. 8^ Le bois de Ènal
Il fournit un ronge qui s'obtieoi w
coton eogallé et aluné ; on donne plvi
solidité à cette couleur eu la panastài
un bain d'écorce de bouleau. 4^ Le et
thame. On en extrait une coaleorra
qui s'unit bien au coton et à la m
6<> La gaude teint la laine et la soie i
jaune. 6* Le rocou^ couleur peu vàà
employée pour donner on picMi aiutti
que l'on passe ensuite à la gaude, i
cochenille, au carthame. 7^ LVewM
8<> Vorseille; 9» le safran ; 10* le f«
citron; 11" ït/ustei; 12* le curcm
1 8* V indigo ; 1 4** le sumac ; 1 S*" It «
degalUj etc.
Couleurs minérales, 1* Le n^
jaune d^ arsenic on orpiment^ IscileBa
soluble dans l'ammoniaque. Il pnds
une liqueur incolore dans Isqsdteï
suffit de plonger la matière leiUk^
qu'en l'ei posant ensuite à rairir«'
fure s'y fixe solidement. ^^Ijàckmse
de plomb» Il donne à la soie ose»
leur jaune. Pour cela, on la passed'i^
dans un bain d'acéute de ploab,<;
après ravoir tordue, dans un aatitba
de chromate de potasse. On la Isiedu
la lord avec soin .8^ Les selsdecui9rt,Bt
Couleurs animales. La cochtMùi
C'est elle qui donne les rougesetlesoi
moisis les plus éclatants; on eo eiin
aussi le carmin.
On doit attribuer à l'art de leisà
une origine très reculée. Les aalf unit
plus anciens font mention d'étoffet^
couleur, et il est venu jusqu'à nossà
bandelettes de l'ancienne Egypte qviii
enoore toute la fraîcheur de leurs leioie
Il est à présumer que les premières (eii
tures furent dues à des matières sain»ie
Telles étaient la pourpre^ qui veositdif
insecte; l'hyacinthe, fournie pari» po»
son; le cocons ou kermès (vqy, toostf
noms), tiré d'un vermisseau. llpu^i<^
pendant que lesTyriensemployèreatte^
certaines herbes pour teindre. Les tt»
turerîes de Sidon et de Tyr étsiestls
plus célèbres dans l'antiquité. LesGrtf
estimaient surtout les isincs ttnltf ^
Milet, les Romains recherdièrsat i««-
découvert par MàU Robiquet et Colin. 1 jours les étoffes de Phénicie. Aoflo/ev
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TEK ( 787 )
âgt, la Uintiiredégéiiértflii cU groasièret
pratiques danarOcddeiit ; »«it l'époqae
des croisades loi vit reprendre quelque
importaDce, secoDdée qu'elle était aussi
par les recherches des alchimistes. Cène
fut oepeudant qu*à la fiu du xv* et priu»
cipalement dans le xvi* siècle qu'elle se
relera tout-è-fait Dès lors elle se déve-
loppa graduellemeDt et dut ses plus no»
tehles perfectioonements aux découver-
tes qu'a faites la chimie depnb la fin du
siècle dernier. Il serait injuste d'oublier
ici la part qu'a toujours eue l'établisse-
ment des Gobelins {voy.) dans l'avance*
ment de U teinture. Y. S.
TEK ou Teax, Tectonia grandis y L. ,
nrbre originaire des monts Ghates, dont
le vrai nom indigène est TVifi, et qui
fournit un bois de construction précieux
pour la marine indienne. On le trouve
dans le Malabar, le Siam, le Pégu (voy,
T. XlXy p. 355)1 etc. Il forme aussi des
forêts considérables dans l'Ile de Java et
dans différentes autres contrées.
TÉKÉLY, VOY. TOBXOKLT.
TÉLAMONES, vojr. Caryatides.
TELCHINBS. Suivant les uns, c'é-
taient de prétendus habitants primitifs
de l'Ile de Rhodes, enfants de Thalassa,
la mer ; suivant d'autres, on appelait ainsi
des colons venus de Ttle de Crète, ou issus
de Telchin de Sicyone. La tradition les re-
présente comme artisteset comme prêtres:
sous le premier rapport, ils furent habiles
dans la métallurgie; ils t valent fait, pour
les villes principales de l'Ile, la faux
de Saturne, le trident de Neptune, les
statues d'Apollon et de Junon; en leur
qualité de prêtres, ils pratiquaient les en*
chauteméDts et les arts magiques, c'est
pourquoi ils étaient très mal famés : aussi
croyait- on que Jupiter, pour les détruire,
avait inondé l'Ile. Les mythographes
voyaient dans les Telchines une race
d*hommes venus du Péloponnèse qui in-
troduisirent à Rhodes le culte de Nep-
tune, culte qui produisit de l'inimi-
tié entre eux et les Titans (vojr,)f
lesquels adoraient la déesse Rhéa. Au
reste, par leurs établissements religieux,
les Telchines exercèrent, à ce qu'il pa-
rait, une influence salutaire sur les sauva-
ges insulaires; et même postérieurement,
quand le culte du soleil eut été introduit
BncYclop. d. G. d. iV. Tome XXL
TEL
nie, et que Titan et les Tiuns en
eurent étéreponmés, leurs pratiques se*
crêtes continuèrent, à Rhodes, dans le
^ lempfe d'Ocridion, ancien héros, et peut-
être le premier ministre du culte Vea^Tel-
cbines. ^ X.
TÉLËGRA9HE (de r^Xt , loin, «C
ypàfùif j'écris), machine servant à corres-
pondre de loin et aveo rapidité au moyen
de signaux. L'idée de correspondre ainsi
doit être très ancienne. On a sans doute
commencé à la mettre en pratique dans
FAsie , contrée dont la nature monta-
gneuse était essentiellemant favorable
à sa réalisation. On rapporte que, pen-
dant la guerre Médique, le roi ée Perse
avait disposé d'un lieu a on autre un cor-
don de sentinelles qui se renvoyaient par
la voix les nouvelles à faire parvenir, les-
quelles arrivaient ainsi d'Athènes à Soze
en 48 heures. Au dire de Diodore , il y
avait de pareilles lignes de transmission
établies dans tout l'empire Perse. D'un
antre c6té, il est déjà question de signaux
de feu dans Homère ; mais c'est Eschyle
qui donne là-dessus les preiçiers détails
précis. Dans sa tragédie ùiAgamemnon^
la nouvelle de la prise de Troie est don-
née à Clytemnestre par une vigie fidèle
qui, depiris dix ans, épie le moment où un
feu allumé sur le mont Ida et répété de
proche en proche apportera à Aii^ le
signal de cet hemneux événement. Ainsi,
avant le v* siècle qui précéda Tère vul-
gaire, les Grecs connaissaient l'emploi da
signaux convenus pour annoncer cei^tains
événemenu prévus. Deux sièdet pluf
tard, Philippe, roi de Macédoine, père
de Persée, mit surtout ce moyeu en usage
et fit faire de grands progrès è l'art des
signaux {im^vol), Polybe donne sur ce
sujet d'intéressants détails. Il indique
différentes méthodes pouvant servir à
annoncer les choees les plus imprévues.
Par exemple, 00 commence par diviser
les 34 lettres de l'alphabet grec en cinq
colonnes; une vigie donne le signal en
levant deux fanaux, la vigie suivante ré-
pond qu'elle est prête en £ilsant la même
chose. Alors la première vi^e lève à sa
gauche un nombre de fanaux qui indi-
que le numéro de la coloniie oà est la
lettre , et à droite un autre nombre de
fimaux indiquant le rang de la lettre dans
47
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TEL
(738)
TEL
la côtontie. Ainsi deax fmanx à gsuche
et quatre fanaux à droite signifient la let-
tre I. De ce moment, le moyen d'écrite
télégraphiquement éuit connu, quoi-
qu'il présentât quelqnecomplication dans
TexécutioA. Les Romains n'employèrent
la télégraphie quHin peu tard. César pa-
rait s'être servi le premier parmi enx de
signaux de fsax. lies Gaulois aTaienI
aussi connaissance de certains signauX|
et César nous apprend que, lorsqu'il ar-
rivait quelque chose d'important, les
Gaulois s'en avertissaient les uns les au-
' très par des cris qu'ils faisaient à travers
les champs et qui se répétaient de pro-
che en pioche : de sorte, ajoute le grand
capitaine romain, que ce qui s'était passé
à Orléans an soleil levant était connu en
Auvergne avant neuf heures du soir,
malgré les 80 lieues de distance. A une
époque postérieure, les Romains, en mê-
me temps qu'ils ouvraient d'admirables
routes Sans leur empire, élevaient de
distance en distance des tours oh se te-
naient des vedettes chargées de transmet-
tre las sign^ ui qu'ils apercevaient. Un
bas- relief de la colonne Trajane montra
encore la représentation d'un poste télé-
graphique romain. L'art des signaux se
perdit dans le moyen-âge. On en retrouve
cependant quelques traces chez les Arabes
et en Espagne. Les feux, les étendards,
le bruit des instruments ^ et plus tard
celui du canon servirent de moyens de
transmission; enfin, au xy* siècle, un
moine nommé Tri thème publia un sys-
tème de stanographie pour faire parve-
nir à l'aide du feu des nouvelles à quel ^
que distance que ce fût; mais on n'a que
des notions incomplètes sur les moyens
qu'il proposait d'employer.
La véritable création de l'art télégra-
phique appartient donc aux temps. mo-
dernes, et c'est la France qui en a doté le
monde. A la fin du xvii^ siècle, un de nos
savants académiciens, Amontons, eut l'i-
dée d'appliquer les télescopes aux télégra-
phes. Il propt sa d'employer les lunettes
d'approche à l'observation de signaux re-
présentant les lettres de l'alphabet pour
ceux qui en auraient la clef, signaux qui
devaient être consécutivement transmis
par des postes fixes dont la portée des in-
atmmenti donnait la distance. Cette in-
vention parut alors très îngémeiM, ^
elle ne re^ut que par curiosité qat^a
commencement d'exécution. Lsqacsjsi
fut reprise dans le siècle suivant, ic^
époque, afin d'obtenir plus de npidiit.
on imagina d'employer lescaractènsfi^
mériques pour l'intelligence dessiçom
et en 1784, le professeur BergstT3s«à<
Hanau, publia un traité de syntkmt
tograpkie d'après ce système qai, per-
fectionné, a été mis en usage en hà^
terre avec succès. Ce savant adncttaitt
signaux de diverses aortes; eepeadaiii!
n'en avait que deux à sa disposid»,
composait de leurs arrangemenU répa
un alphabet d'aprèa les principode^
rithmétique binaire. Laréfleiioodi^
leil au moyen d'un miroir lui foonn
aussi le moyeu de faire correspcadrek
personnes qui ne pourraient se ToirPar
cela, chacune d'elles doit diriger lards
du soleil sur un endroit a l'ombre qi'c t
aperçoivent toutes deux ; la répédi^à
signal à des intervalles fixes deiic^J
base d'un alphabet. Deux homme^
français célèbres employèrent do a^
analogue pour correspondre dais s
prison étrangère où ils se troaniat»
fermés au secret; seulement leonsigns
se composaient de coups frappés i'
cloison.
Malgré toutes ces recherches, Ittâép
phie n'avait encore été appliqaée pan-
cun gouvernement. C'était à la rérol&tis
française qu'il était réservé de Tatiit
dans le système imsginé par l'abbé Cbv ?
{voy, ce nom). Le 33 mars 1792,b
nouvelle machine télégraphique fut p(^
sentée à la Convention par cet iDgéœfl
inventeur. Il en avait eu l'idée aa i^
naire pour correspondre avec ses ^
placés dans un pensionnat situé yih-^
mais à une assez grande distaoce. ^
instrument sa composait d'une réglée
bois tournant sur un pivot ;aax àm*^
trémités de la règle tournaient ao«i ^
des pivots des ailes moitié plas pctiie»^'
obtenait ainsi, par la combinaison des Q*
verses positions de ces règles, 192 ^
que des longues-vues permelttiefl' "^
voir facilement et auxquels on poo^
donner tels sens qu'on voulait. Aidéf^
conseils de Bréguet , les frèrei ù»^
purent biantêt exécuter en grand k*
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TEL
(739)
TEL
télégrmphe. Un rapport fat feit à la Goo-
▼eotion sur c«tte importaote inventioD le
4aTril 1793, et l'assemblée ToU 6,000 fr.
pour Pétablissemeiit d'une ligne d'essai.
Das le 36 juillet le représentant Lakanal
rendit compte des eipériences faites sur
la méthode tacbygraphique proposée par
le citoyen Cbappe. Entrant dans les dé«
tails des procédés employés, le rappor-
teur annonçait que les expériences ten-
tées le 13 juillet avaient parfaitement
réussi sur une ligne de 9 lieues (les ve-
dettes étant à Méoilmontant, Écouenet
Saint-Martin-du-Tertre); ce qu'il y avait
eneore de remarquable, c'est que les dé-
pêches restaient secrètes pour les vedettes
mêmes chargées d'exécuter les signaux,
et l'on avait calculé que la transmission
d'une dépêche de Paris à Valenciennes
pourrait ae faire en 18 minutes 40 se-
i condes. Des applaudissements unanimes
Eaccueillirentcettecommanication,et cette
! première ligne fut votée d'enthousiasme.
La direction en fut confiée au minbtre
làe la guerre, et Cbappe reçut le titre d'in-
kgénieur-télégrapbe aux appointements de
t lieutenant du génie.
i La ligne télégraphique de Paris à Lille
ifat terminée en 1794. La première nou-
I Telle qu'elle transmit fut celle de la re-
priae de Condé. Le même jour, à Too-
verture de la séance, le président informe
la Convention de cette importante dé-
pêche. L'assemblée décrète aussitôt que
l'armée du Nord a bien mérité de la pa-
trie, et que désormais Condé prendra le
monade Nord-Libre. Peu de temps après,
le président annonce que le décret est
arrivé à sa destination et que tout le
anonde y applaudit. On le voit, l'encou-
ragement ne manquait point. La Conven -
tioD décréta la formation de nouvelles li-
{pMflpourrattacherParisaux frontières de
la France, et assurer ainsi partout l'action
incessante du gouvernement. En 1 798, la
ligne de Lille fut continuée jusqu'à Dun-
laerque, et, en 1808, Napoléon, qui con-
naissait toute l'importance de ce moyen
die communication et s'en servit même a
i«i goerre, la fit prolonger jusqu'à Bruxel-
\ms avec embranchement sur Boulogne.
Bn 1809 et 1810, on y rattacha succes-
Bifivement Anvers, Flessingue et Amster-
dUm. La ligne de Strasbourg avait été
créée en 1798 et ramifiée jusqu'à Hu«
ningucy et la même année on jugea né-
cessaire de tirer une ligne de Paris à Brest
en y joignant un embranchement sur
Saînt-Brieuc. L'année suivante, le Di-
rectoire effectua h ligne du midi, qui
s'arrêta à Dijon; en 180é, Napoléon dé-
créta la ligne de Paris à Milan, et, en
1810, ilja prolongea sur Vetiise. La
Restauration fit exécuter celle de Lyon
à Toulon, et depuis on a établi celle de
Paris à Bayonne en passant par Orléans
et Bordeaux ; enfin une ligne de Paris à
Rouen et au Havre avec embranchement
sur Boulogne vient d'être décidée der-
nièrement.
Le télégraphe en usage aujourd'hui
est encore à peu près le même que celui
perfectionné par les frères Cbappe. Il
consiste en un régulateur mobile sur uu
axe et dont les ailes ou petites branches
sont également mobiles, indépendam-
ment les unes des antres. Le régulateur,
la branche principale, est susceptible de
quatre positions : verticale, horizontale,
oblique de droite à gauche, oblique de
' gauche à droite. Les ailes peuvent for->
mer des angles droits, aigus ou obtus.
On trouve dans les 193 combinaisons les
lettres de l'alphabet et une foule dit si-
gnes de police connus des stationnaires
ou employés de chaque poste, et qui leur
servent à indiquer qu'ils sont prêts, les
obstacles qui interrompent la transmis-
sion des dépêches, comme le brouillard^
etc. Maia cela ne suffisait pas pour tra-
duire vivement une longue dépêche : on
a donc réuni deui à deux les signes pri-
mitifs, et l'on a ainsi obtenu 36,864 si-
gnaux distribués d'après un vocabu-
laire que l'on renouvelle à volonté. Ces
signaux sont affectés à chacune des syl-
labes possibles dans notre langue suivant
la combinaison des consonnes avec les
voyelles et diphthongues. Une multitude
de signaux restent encore pour expri*
mer des phrases convenues ou des évé^
nements prévus. Les frères Cbappe ont
été singulièrement aidés dans la compo-
sition de cette sorte de langue tachygra-
phiqua par un de leurs ëousins, Léon
Delauuay(mortprématurémentenl798),
ancien consul à Lisbonne et à Philadel-
phie, et qui était très versé dans la con«
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fEL
(740)
TfeL
nàlsMoce des diifiTrts diplanatiqoes.
Dans OM deraien temps, o« • |>erfec-
iionné la laogae télégraphique, et Fon a
même essayé» en 1888, d'en corriger le
mécanisme. Ainsi un des télégraphes des
tours de l'église Saint-Sulpice, à Paris,
n'a plus son régulateur mobile, les ailes
agissent au bout d*uu aie constamment
horizontal; mais, au-dessus, une petite
tigertransTersale prend toutes \es posi-
tions du régulateur ordinaire. Les lignes
télégraphiques se composent de stations
plus ou moins éloignées, suivant les loca-
lités. Le guetteur chargé de faire agir la
machine n*a qu'à imiter, avec des mani-
velle^ qui impriment le mouvement, le
signal qu'U a sous les yeux, et ce signal
se trouve répété par le télégraphe placé
au comble du bâtiment. Tout en exécu-
tant cette manœuvre assis, le même in-
dividu peut voir les signaux du poste
voisin au moyen d'une lunette à sa por-
tée, les enregistrer, et en faire successi-
vement d'autres, ou répondre à ceux qu'il
a vus. A l'extrémité de chaque ligue, il
y a un directeur qui correspond directe-
ment avec le poste central à Paris. Dans
le système actuel, il n'y a d'initiés aux
dépêches que le fonctionnaire chargé de
les composer et le traducteur qui les dé-
chiffre; et encore les chefs du gouverne-
ment pourraient-ils s'en passer, composer
eux-mémei une dépêche dont celui i qui
elleestadresséeauraitseul la def. La vitesse
de transmission est telle que l'on peut,
quand l'état de l'atmosphère le .permet,
faire parvenir un signal à Lille (58 lieues,
22 postes intermédiaires) en 2 minutes.
Le même espace de temps suffit pour
transmettre un avis de Calais à Paria (68
lieues), par 83 télégraphes; à Strasbourg
(] 20 lieues) en 7 minutes, par 46 stations;
à Lyon(l 19lieues) et à Brest (144 lieues)
en 8 minutes, par 64 télégraphes.
« La télégraphie, a dit M. A. Denis, est,
de tous les ressorts employés par le gou-
vernement, l'un des plus puissants, com-
me il en est le plus rapide. C'est aujour-
d'hui la sécurité de l'état, sa force ad-
ministrative... En effet, apercevoir in-
stantanément tout ce qui se passe aux
distances les plus éloignées, réagir sur
ces points par des ordres immédiats ; con-
naître, prérenir, diriger tons les grands
événemMii avant que les masM^rai
pu en obtenir oonnaissaDce, sehiKc
effrayer, arrêter ou entraîner pir m;
éviter ainsi les bouleversements, \mr
ger les frontières, satisfaire à da bewi
pressants, réparer des désastres, àxm
aux rapports administratifs et diplos
tiques la promptitude, pour ainsi din
de la volonté dirigeante, telle est rii
mense et haute fonction qu'est pinn
à remplir la télégraphie parai loeî
rouages mis eu usage dans It cm
machine du gouvernement. Seloo m
et quand on y regarde bien, k télép
phie se trouve être, dans l'orjtDiBa
sociale, l'expression la plasscbiei
génie de la civilisation. »
Mais à une époque ou lesioiac
communication prennent unesctinti
une vitesse jusqu'alors inconnacs,ili^
aussi que le télégraphe redouble, pu
ainsi dire, de promptitude. Laie
ruptions causées par l'arrivée de k a
seraient un très grand incooWsiKi
l'on n'avait le moyen certain d*j fs
remède. Le télégraphe central, f
d'abord pendant quelques aootef
le Louvre, était muni deOuun?
permettaient d'apercevoir lessifun
nuit: ils ne furent supprimés qsc p»
qu'ils augmentaient les frais d'estRÙ
et que le jour suffisait pour trsasatf
toutes les dépêches ; mais aujounTkfi'
faut-il pas que l'action du goofcm*
puisse se porter à toute heure lor u»l
points du royaume? La télégnpUd
nuit est donc un complément iodif
sable à l'art télégraphique. Les eaûd
au moyen d'un crédit alloué à cet ef^r
la loi du 1 1 juin 1843 ont soiSaai*
démontré la complète possibilité <iei
éublissement. Aussi le ministre H
pris l'engagement de créer, daoi lep^
chain budget, un service de téléfrv'
de nuit sur une ligneasseséteodocio
1881, l'administration ne recertiipi
que la moitié des nouvelles coofiée'
télégraphe. Aujourd'hui, peodaot Fé»
ce sont les deux tiers ou les trots qi»
qui lui parviennent, et i cbsfNP'
fectionnement que l'on apporter*)*"'
la clarté des signaux, soit à la Wcbear'
leurs combinaisons, cette quotité^
augmenter.
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TEL ( 741 > TEL
Cependant le télégraphe n*eat paa toii- est baiée, comme nous Tavons diti sur
jours occupé par les nouvelles politiques*
On ft*est demandé s'il ne serait pas dès
lors utile de mettre ce rapide moyen de
transmission au serrice du commerce. On
conçoit bien que legouvememeot n'aban-
donne pas à la connaissance publique le
secret de ses communications ; mais ne lui
serait- il pas poèsible, tout en conservant
d'ailleurs son alphabet spécial, d'utiliser
les repos du télégraphe par des envois
de nouvelles au compte des particuliers,
k la condition d'une surveillance atten-
tive, et par l'intermédiaire de son admi-
nistration ? Lui* même ne pourrait-il pas
faire parvenir officiellement les cours de
la bourse et autres nouvelles commer-
ciales dont la prompte arrivée n'enrichit
maintenant qu'on petit nombre de spé-
<;Ulateurs? Les sciences n'auraient- elles
pas aussi quelquefois à profiter de la com-
I manicalion immédiate d'une nouvelle en
(des lieni éloignés? Il est permis de croire,
icn effet, que le jour ou les hommes au-
iroot le télégraphe pour se transmettre
leurs pensées, et les chemins de fer pour
V se transporter eux-mêmes et apprendre
,à se connaître, ce jonr-U ne sera pas
, loin de celui o& ils ne voudront plus
, former qu'une seule et unique famille.
'Depuis qu'on a pu apprécier les ad-
^ mirables résultats de llnvention des frè-
, res Chappe, toutes les nations ont cher-
ché à se l'approprlar. DiCTérents essais
ont été tentés, s'en rapprochant plus ou
moins heureusement ; de nouvelles ma-
chines ont été proposées, tant en France
qu'à l'étranger. La place nous manque
pour examiner tous les systèmes imaginés,
et même pour rappeler les noms de ceux
qai se sont consacrés à ces recherches.
Diaons seulement ici qu'en Angleterre,
ou les brumes sont encore pins fréquentes
qu'en France, le télégraphe de Chappe
n'a pas dû suffire. Le télégraphe établi
sur le bâtiment de l'Amirauté à Londres
est composé d'un cadre rectangulaire
poi*tant six disques octogones mobiles^
chacun à part, sur un axe horizontal, et
les changements de position de ces dis-
ques forment les signaux à interpréter.
D*autrcs fois des fanaux sont placés der-
rière des volets mobiles, et donnent des
signes numériques dont la eonualssance
le système télégraphique du docteur
Bergstraesser.
Tous ces systèmes n'ont pas suffi néan-
moins à rimpatience de nos contempo-
rains. On a cherché dans l'électricité un
moyen de communication encore plus
rapide. L'Idée de pareils télégraphes
avait été mise en avant dès 1790. En
1796, on s'en occupa en Espagne.
Dans ces derniers temps ils ont été mis
en faveur, par suite de l'établissement
des chemins de fer qui les rendent plus fa-
ciles à construire. On en a élevé à Munich ,
en Belgique, le long du chemin' de fer
de Londres à Bristol, et MM. Weathstone
et Cooke, à qui l'on est redevable de cette
intéressante application de l'électro-ma-
gnétisme, viennent d'en terminer un de
Paddington à Slough, le long du Great*
Western rail* vray . Leur appareil se com-
pose de fils d'archal supportés par des
pieux le long de la voie, et qui servent
de conducteui*s. Les signaux se font à
Taide d'aiguilles magnétiques adaptées à
un cadran sur lequel sont figurées les Ict*
très de l'alphabet et d'autres signes. La
transmission du fluide électrique, par un
petit appareil galvanique, fait prendre
la même position aux aiguilles placées aux
deux extrémités de la ligne, en sorte que
le signe indiqué à l'une dédies avec la main
se répète naturellement à l'autre. Pour
donner l'éveil au stationnaire, un petit
marteau, soulevé par un courant électri-
que, frappe sur un timbre. Ce système de
télégraphe, aussi ingénieux que rapide, a
cependant le désavantage de ne pouvoir
être qu'alphabétique, c'est4-dire de ne
rendre qu'un nombre de signaux borné;
mais ce qui nuira surtout à son établis-
sement, c'est la facilité avec laquelle il
peut être détruit ou arrêté par un acci-
dent ou par la malveillance , puisqu'il
suffit de la rupture des fils pour empê-
cher absolument toute communication
entre les deux stations. Foir Chappe,
Histoire du télégraphe, Paris, 1825,
2 vol. in-8®, avec planches. L. L.
TÉLÉMAQUE, fils d'Ulysse (vo/.),
roi d'Ithaque, et de Pénélope, éuit en-
core an berceau lorsque son père partit
pour la guerre de Troie. Pendant son
enfance, il tomba un jour dans la mer.
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TEL
(742)
TEL
i des dauplmis le rapporcènni sur le
rivige. Homère noat le représente eom-
ide un jeune homme à l'époque du re-
tour de son père. Minenre, tous là figure
de Mentor (vof.), son gouverneur, lui
conseilla d*éeonduire les amants de sa
mère, en leur promettant que sî Pé-
nélope voulait se remarier^ il la ren-
verrait dana la maison paternelte où sa
célébreraient les noces. Lui-même devait
sVmbarquer sur une galère à vingt ra-
mes pour aller chercher Ulysse à la cour
de Nestor k Pylos et è celle de llénélas à
Sparte, Minerve lui ayant annoncé qu'il
était retenu de force dans une lie, et qu'il
le délivrerait par sa prudence. Si Ulysse
était mort, il devait, à son retour, lui
élever un monument, marier sa mère,
et se défaire de sea amants par ruse ou
par violence. Télémaque commença dès
lors a agir en maître dans la demeure
paternelle , mais en ayant soin de dissi-
muler ses projets. Les amants de Péné-
lope n'ayant point voulu l'écouter, il
assembla le peuple pour lui demander
aide et protection. Mais cette tentative
étant restée infructueuse, il implora Mi-
nerve qui prit la figure de Mentor pour
Tencourager dans son dessein, et le lende-
main il arriva heureusement à Pylos.
De là il Se rendît à Sparte, accompagné
de Pisistrate, fils de Nestor, et y apprit
de Ménélas que son père vivait encore
auprès de la nymphe Calypso (vof.).
Cependant Ulysse étant rentré dans ses
états , Minerve lui apparut de nouveau ,
et lui conseilla de retourner a Ithaque,
pour se concerter avec son père sur les
moyens de se débarrasser des amants de
Pénélope. Le lendemain, Télémaque en-
tra armé dans la ville; il était suivi d'U-
lysse, qui s'était déguisé en mendiant, at
qu^il fit asseoir a la ubie des poursui-
vants de sa mère, en défendant è ces der-
niers de l'insulter. Mais une querelle ne
tarda pas a s'élever, et les amants d%
Pénélope furent massacrés. Télémaque
aida son père à soumettre les Ithacient.
On raconte que, dans la suite, "Ulysse,
jaloux de son fils, le bannit. Quelque
temps après la mort du roi d'Ithaque,
Télémaque épousa Circé, dont il eut, dit
cette fable, Latinua et Rome, duquel la
ville de Rome prit son nom. Dea tradi-
tions d^OB Age poitériew le featviiii
dana le pays des Tyrrhéokns, st hua'
tribuent la fondation de CluioB. Oi
raconte aumi que lee airèaes k ira
périr. Tout le moade connaît le eilîb
roman de Fénelon (voy.). Les mem
rei de Télémaque. C. l
TÉLÉOLOGIB (des mots gras tî
>0Ct but , au gén. rélUoc* et ^f«c, A
eonrs) , nom donné, en philosopliic, î I
science qui s'occupe de démontrer Td
stence, la sagesse et la bonté de Diap
le but final de la création, par la liw
admirable et par l'harmonie parfihi^
ses diverses partiea. La preuve lèiàk
gique de l'existence de Dieu, ^oft
plus d'un point d'analogie avec lâpfw
physico- tbéologique , ne jouit pti d'à
valeur bien haute dans la pÛloiofè
allemande; on ne peut guèfedur^
M. Herbert (vojr,) qui en ait prit k 4
fense contre lea attaques du paotUo
moderne. En Angleterre, au coottût.
oo y attache beaucoup de prix, (h^
reproche de tirer dea coniéqacoeaà
faits isolés, et, par suite, de préM8ki|i
but final des choses lous no poistî
vue incomplet , en même temps qi'<U
ne donne pas une idée snffisaotséeta
lea attributs de la Divinité. Kaatiti*
école prétendent même que U sot»
de but n'est qu'une fonne de i'ep
humain, et ils soutiennent qu'on atfO
prouver que quelque chose y réfoi'
dans la réalité. C^
TÉLESCOPE {de nhfiMf^
VK&KVy le vue), instrument d^opti^
composé de verres et de miroirs, d«
l'effet est de rapprocher et de rtodnph
distincts ou de déo&uvrir les objcunt
éloignés qu'on n'aperçoit qae coéé'
ment à la vue simple ou même qois*
invisibles. Nous avons parlé aillei'*^
télescope de Galilée ou de E(AUa^*
des autres télescopes à réfraeûoM. coik
nus plus généralenkent sons le dob^
lunettes ( voy, ) ; nous n'avons ^ *
nous occuper iei que du tétefcope^ f^
flexion ou oatadiopirique^ iat«B**f"
le Bère Mersenne et perfecUoapé ptf
Grégory, Newton ^ et surtoatftf 1^
echel à qui oet instrument doit as «M
de perfection inoonao jusqu'à Iv* '^
télescope newUmUn se coînpoi^ ^^
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TEL
(743)
TEL
tabe masi d'un grand mirtir ooBtava en
méuly qui raoYOÎe Timige de Tobjel à
•on foyer; entre ce point et le grand mi-
roir sphérique, on place un petit miroir
plan également de métal, sous une incli-
nniaoD de 45^. L'image est renvoyée par
ce petit miroir à un oculaire, placé dans
an petit, tube latéral, qui la fait apcrce-
Toir en Famplifiant. Le télescope gré^
gorien se compose de deux miroirs de
méuly concaves, Fun plus grand percé
à son centre d'un trou circulaire ; Tau-
Ire plus petit, d'une autre sphéricité,
et placé parallèlement vis- à- vis du
grand, de manière que leurs axes soient
sur la même ligne, mais que leurs foyers
ne coïncident pas. A l'extrémité du
tube, du côté du grand miroir et vis^-
à-vis du trou circulaire, on ajuste un
autre tube de moindre dimension avec
un ou deux verres oculaires qui reçoi*
Tent l'image réfléchie par le petit mi-
roir. Dans le télescope de Herschel
(vo/.), le petit miroir est supprimé et
remplacé par une lunette qui s'applique
immédiatement à la première image fo-
cale. X.
TELINGA (Làsaux) , voy- Iiroiur*
vxs (gangues).
TELINGANA,vor.GoLCOiini,ï)ssr
xaïf et lHnB«
TELL (géogr.), district du Maghreb
renfermant les terres labourables sur la
lisière du désert, voy^ BAmBAau, T. III,
p. 24.
T£LL (GuiLLàuiCB), personnage dont
la tradition et les chroniques ont fait le
libérateur de la Suisse. Suivant ce qu'el-
les racontent, Tell éuit un paysan de
Bûrgeln (Uri), près d'Altorf. Au temps
où il vécut, la Suisse était divisée en une
foule de petites seigneurieè ecclésiasti-
ques ou laïques, tenues par des vassaux
de la maison de Habsbourg ou de l'em-
pire d'Allemagne. Albert I^*", dévoré du
déiir d'agrandir ses possessions et vou-
lant réuni ries quatre cantons deSchwyU,
Uri, Uoterwalden et Lucerne à ses états
héréditaires , les engagea à se détacher
de TEmpire et à se soumettre directe-
ment à lui, comme archiduc d'Autriche^
Ses propositions ne furent point accep-
tées, et dès lors ses bailfis, ou avoyers, se
livrèrent à tant d'actes de cruauté et de
violence, qu'en J307, Uri, Schwytz et
Unterwalden formèrent une ligue, à la
tête de laquelle se mirent trois hommes*
courageux 9 Walter Fûrst, Arnold de
Melchthal et Werner Stauffacher {vày.
Suisse, p. 570). Guillaume Tell, gendre
du premier, faisait aussi partie de oette
réunion de patriotes, mais il ne prit pas
d'abord une part fort active à ses délibé-
rations. Cependant la tyrannie de Gess-
1er en vint au point que Guillaume Tell
ayant reftisé de se découvrir devant un
chapeau qu'il avait fait placer au haut
d'une pique, cooime symbole de la do-
mination autrichienne, il le condamna
à abattre d'un coup de flèche une pom-
me placée sur la tète de son jeune fils.
Tell sortit victorieux de cette terrible
épreuve, mais malheureusement pour
lui on découvrit une seconde flèche qu'il
avait cachée dans son sein, et qu'il des-
tinait au tyran, comme il l'avoua hardi-
ment, si la première avait tué son en-
fant. L'avoyer le fit donc charger de fers
et jeter dans une barque qui devait les
transporter tous deux, lui et Tell, dans
une forteresse de l'autre c6té du Uc des
Quatre-Cantons. Dans le trajet, une vio-
lente tempête s'éleva. Gessler, se voyant
sur le point de périr, fut contraint de
recourir à son prisonnier, qui n'était
pas moins renommé par sa force que
par son adresse. Tell réussit en effet,
malgré l'orage, à ramener la barque
près du rivage, et, saisissant l'instant
favorable, il sîélança sur un rocher, son
arbalète à la main , tandis que du pied
il repoussait la barque au loin. Gessler
cependant échappa au danger; mais,
en suivant le chemin creux qui con-
duit à Kussnacht*, il rencontra Tell
qui lui perça le cœur d'une flèche. Sa
mort fut le signal d'un soulèvement gé*
néral et d'une guerre acharnée entre la
Suisse et l'Autriche, qui dura jusqu'en
1499. Tell, dit-on, assista encore à la
bataille de Morgarten, et périt dans un
débordement du Scbaseber.
Cette tradition, qui s'appuie sur une
foule de chapelles, de tableaux et d'au-
tres monuments, a été rejetée par plu-
, (*) DiircA dùtêhohU Gatsê miu««r i^MUiim^etc.
Voir VUmïnhU |iièoe àm Scbill«r iotitolée ;
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TEH
(744)
TEH
«{fitirt écrivaioft* ; mais Jean et M«1lcr
. n'hésite pu à l'admettre ooame un dit
hbtorique. Malgré faiitortté de ci grasd
historien^, il ett d'avUnt pfais permis de
Tévoqaer en <loate toate t^tte histoire»
qu*OD ne trouve aucvne trace d*iui a? oyer
nommé Gessler , dans les archives de la
GonfédératiOB saÎMe publiées par Kopp
(Lucerne, 1885). C X. m.
TELLIBR, vof. Li Tillibe.
TELLURE, eorps simple se ratta*
thaot, par Tensemble de ses propriétés, aa
gnmpe Ibrmé par le soafre et le sélénium,
avec lesquels il est isomorphe. Cepen*
dant son aspect métallique et sa densité
cotoiidérable, 7.188, le rapprochent en-
core plus des métaux que le sélénium. Il
a été découvert en 1782 par Mûtler de
Reichenstein . Il est excessivement rare, et
pour cela sans nsage ni importance. V. S.
TELLURISMB, nom par lequel Kie-
fer, auteur d'un S^tème du teilurisme
en langue allemande , a vouhi déngner
eaite action particulière émanant de b
terre, en latki têilus, dont il a été quet»
tion à Part. BUoiriTUira TBiaESTac.
TBNBOUGTOU, v. Tbh-Bo&toitb.
TÉMÉRITÉ, vajr. Hàanrtim.
TÉMOIN, mot sans doute dérivé de
témoignage, tettimontum^ car son cor-
respomlant en latin est testit. Dans le
langage du droit, on nomme témoin les
personnes qui ont vu On entendu une
chose, on qui simplement prélent leur
assistance pour la rédaction d*un acte.
La preuve par témoins des laits obli-
gatoires ou libératoires n'est pas admise
lorsque l'intérêt despartiesexcède 1 60 fir.;
et dans le cas où les parties ont oonslaté
ces faits par écrit, de quelque valeur qu'il
shigisse, la loi refuse la preuve testimo^
niate contre et outre le contenu de cet
écrit. Mus ces règles ne sont point appU«
cables anx opérations de commerce. Elles
souflirent encore exception : 1^ lorsqu'il
existe un commencement de preuve pir
écrîl, c'est*à^ire un écrit émané du dé-
(*) Eacora dernièremeot, par le docteur Looit
Hxuier.daai son ouvrage DU Sag9 itom Tett c^/»
meuê kritûch unUnmekt, Heidelb., 1840,10-8®. S.
(**} f'o»rliT.i«r,cfa. i8,Mirt««it les notas aai
et tuÎT. Millier asaore que la cbapalle de Tt*U a
été élevée à Tendroit où avait été §.1 drmriire,
et qoe le deroter mâle de tm famille fut Jean
Martin Tell d^Attinghdiifeiiy mort es 1684. S. i
fendenr, oadeodni qn^repriMMefCi
qui rend vraisemblable le £ntillé;oé;
>• toutes les Ibis qu'a n'a pas été poBiUe
au créender de se procurer aae prou
littérale de l'obligation. Cette «codt
déposition concerne : !• les o^à^
qui naissent des quaai-eontTats, etdedt-
lits ou ^uasi -délits {woy. ces iD0li};2*b
dépôts nécessaires f et les dép6u hits fn
les voyageurs en logeant dans aae iiôd*
lerie, le tout en ayant égard s k qnfrt
des personnes et anx eiroonstanceido L:
Z^ les obligations contractées tami*-
ddents impréviu, qtn n'ont pas pcrùè
faire un écrit ; 4* le cas de perte dstilR,
par suite d'un événemeiit fortuit, inpn
et résultant d'une force majeure; ^esii
la remise d'effets aux voitnrîen psrtait
et par eau (Cod. dv., art. 1 S4ê etl7t2
Observons que la preuve tcstinovic
n'est pas admise, même lorsqu'il t^
de moins de 160 fr., dans le esloàf^
critnre est exigée par la loi, oo8iBK|n
la transaction et le compromis. Eae*
si l'écriture n'a pas été employée ah
la forme prescrite, l'acte n'a aucase exi-
stence légale, et il n'y pent être ssfpls
par la preuve testioMMiiale. Telb »
raient des conventlona ■uttrirnooialaR'
digées paraete privé.
Sous l'ancienne juriapradence, le lé-
•moignage de deux peraonnes était séce-
saire pour établir un foit. La déehmia
d'un témoin unique avah senleaestk
force d'une preuve qui pouvait être ooa-
plétée par des indices. Nos lois aradene
n'ont point ûxé le nombre de tédsoimé-
oessaire pour former une preuve. Les»
leurs, en général, ensdgnent que lesjip
peuvent se décider sur la dépositioo if»
aenl témoin , et la Cour de cassation I eof
sacpé cette doctrine par un arrêt dt ti
nov. 1816.
Il suffit de deux témoins poorkiaciei
nouriés, sauf les leeumenu(t»q^.ceaoi-
Ces témoins doivent éure eitoyeas fino-
çais, domiciliés dans l'arrondineflWBt,
savoir lire et signer. Quant aorlénoài
prodoits anx actes de l'éUt drii, il ssfft
qu'ils soient du sexe masculin, et éféiiit
il «us au moins. .
En matière criminelle, la preave ptf
témoins -est la preuve ordinaire, qaellt
que aoU la valeur du domaMge osmi ptf
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TEIt ( 745 )
le délit En règle géiiérdei la preuve des
faiu difTamatoires D*ett pat admise, si ce
n'eât dans le cas d'impatalion contre des
dépositaires on agents de l'aittorhé, ou
contre toute personne ayant agi dans un
caractère public, de laiu relatifs k leurs
fonclioDs (loi du 26 mai 1819, art. 30).
Alors la preuve de la vérité de ces faits
et la preuve contraire peuvent être fiiites
par toutes les voies ordinaires, et en
conséquence par témoins.
Les personnes citées comme témoins
sont tenues de comparaître, à moins
qu'elles ne se trouvent dans un cas d'ex*
cuse (G>d. de proc. civ., art. 263 à26i;
Cod. d'instr. crim., art. 80 et 81). Elles
reçoivent une indemnité.
Le faux témoignage consbte à décla-
rer en justice des faits dont on connaît la
fausseté. Le coupable de faux témoignage,
en matière criminelle, soit contre l'accu-
sé, soit en sa faveur, est puni des travaux
, forcés à temps. Si l'accusé a été condamné
à une peine plus forte que celle des tra«
^ vaux forcés à temps, le faux témoin subit
la même peine. En matière correction*
nelle, la peine est la réclusion. En ma-
, tière de police, la peine est la dégradation
civique et l'emprisonnement d'un an à
cinq ans. En matière civile, le coupable
de faux témoignage est pani de la réclu-
sion. La Cour de cassation a jugé que ce
faux était punissable, bien qu'il n'eût pas
causé de préjudice (arrêt du 14 juillet
1827). E. R.
TEAIPE (tALLBE de), vqy. TnssA-
X.1E 'et Piirii^.
TEMPÉRAMENT, menière d'être
propre a un certain nombre d'individus
cl résultant de la proportion des systè-
mes qui composent l'économie animale :
c'est ainsi que l'on dit tempérament san^
fiiiin f nerveux y lymphatique y bilieux,
Les anciens , ckez lesquels cette idée a
pris naissance, admettaient un tempé-
rament dans lequel les éléments divers
étaient combinés dans une si juste me-
sure qu'aucun d'eux ne prédominait. C'é-
tait ce qu'ils a ppe1aientrf/7f/7^r^7/ittfii/iim
temperatum ou ad pondus; e^était l'idéal
de r homme physique, puisque notre na-
ture imparfaite doit toujours être rame-
née à un juste équilibre dont sans cesse
elle tend à s'éc#rier. M^is si le fait de
TEM
ces prédominances diverses est Inoontes-
Uble, l'explication qu'on en a donnée a
varié suivant les époques et les théories
en vogue. Galien, résumant celles de ses
devanciers, établit sa doctrine àm tem-
péraments, qui a dominé presque jusqu'à
nos jours, sur la division des humeurs,
savoir : saug, bile, pituite et atrabile, cor-
respondant à une autre division, systéma-
tique aussi, du froid et du chaud, du sec
et de l'humide, qui servait d'explication
aux phénomènes organiques. Il pensait
que ces différences matérielles étaient les
causes de la diversité des caractères et
des aptitudes, aussi bien que des pré-
dispositions à tel ou tel genre de mala-
die. Maintenant , tout en reconnaissant
l'influence physique de ce qu'on appelle
tempérament , on croit devoir chercher
ailleurs les causes des phénomènes intel-
lectuels et moraux , et d'ailleurs même
on n'a pu conserver les divisions ancien-
nes, puisque l'atrabile, admise par les au-
teurs grecs, est un être de raison.
Le tempérament s'estime d'après les
rapports qui existent soit entre la masse
des solides et celle des liquides, soil entre
les divers systèmes et appareils organi-
ques. Ainsi, par exemple, on voit tel su-
jet chez lequel le système sanguin est
développé d'une manière exagérée, telle-
ment que le sang s'échappe pour «iusi
dire par tous les pores, que tons les or*
ganes deviennent le siège de congestions
ou d'inflammations; tel autre, au con-
traire, dont tous les tissus piles sont en-
gorgés de fluides blancs; tel antre, enfin,
dont les muscles vigoureux et bien nour-
ris suffisent à une locomotion énergique.
On en voit chez lesquels tout semble abou-
tir à la sensalâon et a la perception, tan-
^s que toutes les autres fonctions sont
languissantes ou imparfaites; et d'autres
encore, chez qui l'appareil biliaire semble
avoir pris un accroissement anormal. Des
nuances nombreuses séparent ces types
primitifs qui nous repréientent les tem-
péraments sanguin, lycpphatique, ner-
veux et bilieux. De plus, ces tempéra-
ments peavent s'allier soit primitivement,
soit consécutivement avec une bonne ou
une mauvaise constitution, qui en modifie
les caractères sans les transformer com-
plètement»
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TEII ( 746 )
Les formes eitérieares qu'on assigne
aux tempéraments sont les soiviotes :
pour le tempérament lymphatique^ for-
mes arrondies ^ couleur blanche , tissus
mous et peu rénitents, sécrétions mu«
queuses abondantes, peu d'énergie phy*
sique et quelquefois morale, souvent coïn-
cidant avec une certaine activité inte^ec-
tuelle. Chez les gens sanguins, ceux que
les anciens appelaient bilieux^ les formes
sont an contraire saillantes et heurtées,
le système osseux et musculaire bien dé»
veloppé, la couleur généralement fon-
cée, la physionomie expressive : il y a
aussi beaucoup de puissance intellec-
tuelle et morale, La prédominance du
système nerveux s'allie le plus ordinaire-
ment avec une certaine exignité de for-
ines, une mobilité extrême, une rapidité
excessive des sensations à laquelle se joint
cependant, chez beaucoup de sujets, une
grande aptitude à la contention soutenue
et a la production d'œuvres importantes.
Les tempéraments qu'on peut appe-
ler mixtes sont plus communs que les
types précédents, mais le tempérament
moyen est extrémemeni rare aussi ; au
physique comme au moral, l'homme est
dans l'obligation de jutter incessamment
pour maintenir féquilibre entre des puis-
sances opposées qui tendent à l'entraîner.
On connaît un tempérament athlétique
dans lequel le système locomoteur ao^
quiert une prépondérance considérable
en même temps que le système nerveux
et les facultés intellectuelles semblent
rester dans une proportion inférieure k
la moyenne. La combinaison de ce tem-
pérament avec celui qu'on appelle ner-
veux est une de celles qui présentent le '
plus d'avantages.
£n médecine, l'étude des tempéra-
ments n'est point & négliger : en effet,
à chacun d'entre eux se rattachent des
dispositions plus particulières à telle ou
telle espèce de maladie, et des indications
spéciales à tel ou tel genre de traitement.
Mais il faut considérer davantage encore
la constitution présente du sujet et son
îdiosyncrasie , c'est-à dire cette manière
d'être toute personnelle et absolument
exclusive qui imprime son cachet à tous
les actes de l'économie dans l'état de
santé comme dans l'état de maladie. U
ne faut pas croire qu'un pratiôciari
ait beaucoup de peine à le BNUn|
courant du tempérament du inaiide|
le consulte , et par ce motif diSètff
recevoir les soins d*un noama wi
cin. F.l
TEMPÉRANCE, modéntiosi
l'usage des aliments et des boiufli
cette dernière espèce a re^a It ooa|
spécial de sobriété. C'est une îoid,^
à-dire une résistance à nosinstiiicti,|
en maintenant l'ordre et U régéi
dans le jeu de nos organes, sssujeÉ
chair à l'esprit et assure en qaelqœi
l'exercice du libre arbitre. Êllecoai
et répare la santé, et elle est en ^
le gage d'une vie longue, exempte èi
ladies et d'infirmltéé. Il ne faut pu ai
cependant qu'elle exclue le pUiiir.d
nombreux exemples prouvent ^1
gens tempérants sont plus ^^^
heureux que les autres : aussi kwp
nous de tout tempe reoommandèe^ii
philosophes; la plupart d'entre s ii
placent en première ligne et Is cos*
rent en quelque sorte comme U ^
qui met sur la vpie de toutes i« use
et qui en rend jusqu'à un certais pu
la pratique plus facile (voy. vertMsdi
DursdLEs). En ne mangeant pas jv^
être appesanti, en évitant (le b»:
jusqu'à s'étourdir, il est évîdeotfii
^st en mesure de régler ses désin <t i
pratiquer la continence, la diicrtfi
et la prudence.
La devise desstoîciens : SmstiMt^^
ne! qu'on peut traduire pt^rrésigMa
et modération , devrait être reofcnî
car, en effet, de ces deux vertui, c'eï
première qui mène à la seconde, tis
que l'intempérant aura hesacoop
peine à devenir sage , en suppountqi
ait pu l'être jamais.
Comme c'est une vertu terre i ta
si l'pn peut ain4 dire, et particolief
ment accessible, il n'y a psi i^»^
pour ceux qui ne se conforment psi i
lois \ mais pour qu'elle porte des ^
réels et durables, il faut qu'elle soit p(
tiquée d'une manière intelligente et i^
persévérance. Toutefois, il fsat direq
même lorsqu'elle est en quelque so
imposée et indépendante de U voloi
individuelle, elle n'en prodoit p« ^
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TOI ( 1
^'escellents résultait , ne (ti-eé dUjà
qu^en prévenaat les niMii saos nombre
<|ae produit l'intempéraDCt.
Oo sait que de nos joars des sociétés
de tempérance se sont formées dans la
Grande* Bretagne et en Irlande , d*où
elles ont été importées sur le continent.
Ijea tournées et les meetings entrepris à
cet effet par le P. Mathieu ont occupé
naguère encore une place importante
dans lés joumaui de tous les pays. Ce-
pendant, ici même, le ne quid nimis
trouve son application : il y a loin du
précepte de ne pas abuser des boissons
fermentées à cet engagement qu'on cher-
che à faire contracter de s'en abstenir
€:omplétement. Aussi le gouvernement
prussien, sage pourtant et austère, s'est-
il cru obligé de défendre aux militaires
de son ressort de s'affilier à ces sortes de
sociétés. F. R.
TEMPÉRATURE, mot emprunté
du latin et formé de temperare^ modé-
rer. U désigne la constitution ou la dispo-
sition de l'air, selon qu'il est cband ou
froid, sec ou humide. C'est le thermo-
mètre (vo/.) qui est la mesure de la tem-
pérature, laquelle offre de grandes va-
ris tlons, car le maximum de chaleur
observé en dehors de l'action directe des
rayons, du soleil est de 4â» centigr., et le
maximum du froid 50®. Il en résulte une
échelle de 95<* centigr. où la température
peut être placée suivant les pays et diver-
ses circonstances particulières. La tem-
pérature moyenne d'un lieu est celle qui
résulte de l'observation faite dans ce lieu
tous les jours et pendant un long laps de
temps. Ainsi la température moyenne de
Faonée, à Paris, est de -4- 10<».6 centigr.;
a Rome, de ^ 16.8; au Caire, de +22. 4;
à Stockholm, elle est seulement de
-f- 5.7 ; et au cap Nord« c'est pur 0
que s'exprime cette moyenne. On entend
aussi par température moyenne cet état
de l'atmosphère qu'un homme bien con-
stiiué et bien portant ne trouve ni chaud
ni froid et qui, pour nous, est placé entre
le 15* et le 17» degré. La température
moyenne du corps de l'homme est de
29 demies. Fof, Chaleur.
Nous avons dit à l'art. Cumat que la
sphère terrestre se divisait eu cinq xaaes
parallèlesy représentant tiroi» sortes de
17)
TEM
climala, les climats chauds, les climala
tempérés et les climats froids. Nous avons
expliqué à l'art. Saisoirs comment le
mouvement annuel de la terre , en of-
frant alternativement au soleil Unt6tsoQ
pôle nord, et tantôt son pôle sud, éta-
blissait la différence des saisons, eu égard
à celle des climats. Si nous généralisent
ces grands effets astronomiques, nous en
tirons cette conséquence que les aiter*
natives du chaud et du froid sont bien
moins sensibles entre les tropiques, d'où
le soleil s'éloigne à peine, que dans les
régions tempérées et surtout dans le» ré-
gions froides, où les jours deviennent ou
très longs ou très courts. C'est ainsi que,
dans ces derniers , l'échelle thermomé-
trique parcourt pendant l'année une
étendue de 40 a 50 degrés, tandis que
dans nos climats tempérés le thermomè-
tre, qui descend rarement jusqu'à-» 10%
ne monte qu'à 25^ de chaleur , et que la
température des tropiques ne varie que
de 15 à 20<* tout an plus. Il en résulte
que les habitants de nos régions tempé-
rées, qui passent alternativement par les
diverses variations du froid et du chaud,
s'acclimatent bien plus aisément dans les
autres régions qne les habitants du tro«
pique ou des régions froides ne peuvent
le faire hors des limites que la nature
leur assigne. Les mêmes lois régissent le
règne animal et le règne végétal qui, à
peu d'exceptions près, ne peuvent impu-
nément habiter un climat différent de
celui qui leur est propre. Mais outre ces
effets généraux causés par la diversité des
dimata et des saisons, il existe une foule
de circonstances physiques qui empêchent
que les températures du globe solmt
exactement semblables ^ns toutes les
zones parallèles de même degré, en l'un
et l'autre hémisphère (vor-lMTEsmiits).
Ainsi, par exemple, en adoptant pour
principe que chaque cent toises de hau^
teur diminue d'un degré la température
du lieu, et que chaque cent pieds creusés
Hlans la terre augmente d'un degré la
chaleur, il est évident que, même daiu
le voisinage de l'équateur et des contrées
les plus torrides, on rencontre sur les
pics de certaines montagnes une tempe*
rature froide, et parfois des neiges (vo^.)
éternelles. Au contraire, plus le sol est
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T£M
(748)
TEH
déprimé et pins la cbalear tngmtiitey
quelle que toit la température moyenne
de son parallèle. Ctti ce qui eiplique
pourquoi les hautes montagnes de l'Asie
et de r Amérique, qui offrent à leur som-
met les productions végéules des climau
les plus froids, se couvrent en descen-
dant et par gradations des productions
des climau tempérés, et enfin de celles
du tropique. Uoe autre cause de la dif-
férence des températures est l'exposition
des terres par rapport aux régions po*
laires ou aux régions équinoxiales. Ainsi
les 'Alpes, réchauffées sur leur versant
méridional par les ngrons d'un ardent
soleil, projettent une chaleur constante
sur les contrées de l'Italie et du Piémont,
tandis que leur versant septentrional
impose à la Savoie et au Tyrol sa rigou-
reuse influence. Il arrive même parfois
que des régions parallèles et recevant les
rayons du soleil sous un angle égal d'in-
dinaison annuelle ne partagent pas la
même température: c*est ce qui se passe
en Afrique, où les vents alises, après
avoir rasé la surface de TOcéan indien,
apportent une douce fraîcheur sur les
côtes orientales, et^ «près avoir continué
leur course à travers un désert brûlant,
arrivent embrasés sur les côtes occiden*
taies. Ce résultat s'observe an reste gé-
néralement, qnolqu'è de moindres de-
grés, sur toutes les côtes des continents,
en raison de l*évaporation de la mer qui
refroidit le courant de Pair, lequel, dans
sa course diurne d'orient en occident,
se réchauffe en traversant les terrel. La
température est encore puissamment mo-
difiée par l'humidité qu'entraîne le voi-
sinage des mers ou la réunion de plusieurs
fleuves, comme en Hollande. Les Iles
ec autres contrées maritimes, toujours
chargées de brouillards et de brumes
épaisses, comme l'Ecosse, ne sont pas
aussi exposées que d'antres contrées sous
la même parallèle aux chaleurs de Tété
on aux rigueurs de l'hiver. Les plaines du
Nil, le« savanes noyées de l'Amérique, '
les bords marécageux du Gange reçoivent
d'importantes modifications de l'humi-
dité qui y règne, et les végétaux que l'on
y récolte n'ont pas les mêmes qualités
que ceux des régions parâllèlas. U en est
de même de l'homme qui subit toutes les
influences de ces diverses Icmpértian
et qui, généralement pâle et flegmtif
dans les vallées profondes et hanida,!
vif et impétueux lorsqu*il a pris ni
tance sur un territoire seeetéle?é^
visitent souvent U chaleur et li 1
mière. D.A.I
TBMPÉTB {tempestas\muÈkt
aux Tiolentes agitations de rtir, ià
minées par un vent (voy,) m^km
accompagnées souvent de ploie, éep
ou de neige. La tempête diffère èi
rage (voy.) et de Vountgan en ccqi'i
a ordinairement plus d'intensité cl
durée que ces deux phénoaièocs.C(i
s'applique d'ailleurs plus spédaleae
en termes de marine, à la force do «
qui soulève les vagues de la mer. loi
vire en proie aux fureurs de « à
éléments, tantôt élevé sur la daei
flots, Untôt précipité entre deoiso
tagnes liquides, court alors les plus pa
dangers; et si, par malheur, il seev
dans le voisinage d'un banc oi />
côte hérissée de rochers , l'inspowliâ
qu'il éprouve de pouvoir dirigerai
che rend sa perte presque ioéritéi
Les marins ont donné le nom de^
une tempête de courte durée rtoài
vents jouent un rôle plus imporuat^
les vagues. Les anciens, qui àtàià
toutes les forces de la nature, ivaicat J
vé des autels au dieu des tempêtes. (
crises majestueuses où une force iooot
mensurable semble soulever rsbineii
pressionnent vivement l'imagioatioi
l'homme, même habiltiéauxgrsodsift
tacles que présente la mer. Lei leurs
les arts se sont attachés à eo reprods
les terreurs; l'on sait que J. Vemetai
dans une traversée, attacher s ïïa.wiii
milieu de la tourmente pour eo coam
pler l'effet et les diverses scènes ^
de grandeur. Parmi les descriptiooip^
tiques d'une tempête, noosdterooice
de V Enéide de Virgile, cii. I^ ^ ^^
138, et ch. m, V. 193-208. D. AJ
TEMPLE. On a vu à l'srt m^
que chez les Romains on appelait U9
pluni la partie de rhorizoo qne t»f
très choisissaient pour observer le ck(«
prédire le cours des évéQeiDeBU:<)<*
vinrent ensuite les mots templ*^^
templari , regarder, eontsmplif' ^
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lEà
(Ud)
TEM
» cas, UD teniple était donc un tepaee
consacré à une pratique religieuse; plas
ard ce terme fot appliqué à des espècea
de chapelles construites le plus souvent
mr des hauteurs pour abriter la statue
Je quelque divinité on un autel destiné
I recevoir des sacrifices, et finalement
lux édifices religieux en général. Les
temples furent d'abord de simples en-
:loSy des tentes, des cabanes {vojr, Aa-
miTECTUEB}; mais avec les progrès de
la civilisation I ils devinrent des bâti-
ments somptueux. Dans la partie la plus
*fcnlée étaient placées les images des
lieux : c'était le lieu saint par excellence,
\'adyton^ impénétrable aux regards de
la multitude, et accessible seulement aux
souverains pontifes; le mystère et Pob-
Bcurité devaient envelopper le lieu où les
dieux manifestaient leur présence. Dans
le reste du temple, les prêtres célébraient
régulièrement le service divin avec ses
mystères ; les profanes n*y étaient admit
en processions solennelles qu'à certaines
fêtes; les personnes pieuses s'assemblaient
devant Tédifice, toujours trop petit pour
contenir la foule qui se pressait à ses
portes. Le polythéisme (voy,) multiplia
les temples à l'infini, et quelques-uns
DUt laissé sur le sol classique de la civi-
lisation antique d'admirables témoigna-
ges de la religion et de la culture des
peuples anciens. £n Asie, où le nombre
des temples était proportionnellement
moindre que dans la Grèce et à Eome,
il arrivait souvent que des nations en-
tières unissaient leurs efforts pour en
construire un seul. Cest ainsi que les
Hébreux, à qui leur religion monothéiste
ne permettait pas la pluralité des tem«
pies, trouvèrent dans celui de Jérusalem
le centre de leur culte et de leur natio-
nalité. On en a donné la description à
Part. JiansALKM, T.XY, p. 345.
Aujourd'hui les temples des joi£i sont
communément désignai sous le nom de
synagogues {vqy* )> «t en France, on ne
sait pourquoi, la dénomination de tem-
P^^ «•t réaeriifee, dans le langage ordi-
naire, pour désigner les églises protes-
tantes, qui prétendent cependant avoir à
ce dernier titre le même droit que les
églises catholiques. Fox. Église. X.
TEMPLE (sir Wi(XiAJf ), homme
d*état et écrivain distingué, né à Lon-
dres en 1628; il appartenait à la bran^
die cadette de la maison des Temple,
dont la branche aînée fut investie du titre
de duc de Buckingham et portait aussi
celui de comte de Temple. William Tem-
ple ne parut sur la scèoe politique qu'en
1 660, après la restauration de Charles IL
Nommé membre dç la Ginvention d'Ir-
lande, il se signala tout d'abord par un«
vigoureuse opposition au polUbill. £■
1661, il fut élu, en même temps que
son père, membre du parlement irlan-
dais par le comté de Carlow, et, l'année
suivante, ce parlement le choisit peur
un de ses commissaires auprès du roi.
Peu de temps après, il quitta l'Irlande
pour aller s'établir à Londres avec sa fa-
mille. En 1665, vers le commencement
de la guerre avec la Hollande, il fut
chargé d'une mission secrète à Munster,
et le. succès qui la couronna lui valut le
titre de baronnet et de résident à la cour
de Bruxelles. En 1 667, le cabinet anglais
l'envoya négocier à La Haye le traité au-
quel l'accessioo de la Suède fit donner
le nom de triple alliance ^ et qui avait
pour but de garantir les Pays-Bas de
l'invasion des Français. Nommé ambas-
sadeur extraordinaire, Temple ass'ista
ensuite comme médiateur au congrès
d'Aix-la-Chapelle ; mais, en 1669, la po*
litique de l'Angleterre ayant chaingé, il
fut rappelé. On voulut le charger de faire
naître des prétextes de guerre avec la
Hollande : il refusa et se retira dans sa
terre de Sheen près de Bichmond, où il
écrivit ses Obserpations sur Us Provins
ces- Unies et ui|^ partie de ses Mélan^
ges. Cependant Topinion publique ayant
forcé Charles II à conclure la paix, il
fut renvoyé de nouveau en Hollande, en
1 674, pour négocier les conditiona de
la paix qui ^t signée à Nimègue. Nommé
secrétaire d'éut à son retour en Angle-
terre, il conseilla au roi la création d'un
conseil privé composé des ministres et
des membres les plus influents des deux
Chambres. Lorsque Charles U prononça,
en 1681, la dissolution du parlement,,
sir William Temple blâma fortement
cette mesure ; dégoûté même de la poli-
tique, il donna sa démission de repré-
sentant de l'université de Cambridge et
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TKM
(1-50)
rm
rentft dans la vie privée. En vain GiiiU
Irame m vonlaNil le tirer A& sa retraite;
il refusa toultt ses offres et nonmt en
1698. Ses OEupres ont été publiées in-
fbl.y à Londres, 1760, 9 vol., et in-4*,
1814, 9 vol. ^o/r Coortenay, Memoin
of the life^ works and eorrespondence
of tir fFiHiam Temple (Lond., 1886,
a vol).
A la même branche de la famille de
Temple appartient lord Palmerston qui
est l'objet d*«ne notice particulière. (7* L.
TEMPLIEES, nom donné à un or-
dre religieux et militaire qai, comme
celui des chevaliers de Saint-Jean-de-Jé-
rusalem ou de l'ordre Teutonique, dut
son origine aux croisades. Guignes ou
Hugues des Païens, Geoffroi de Saint*
Omer et sept autres chevaliers français,
le fondèrent en 1 1 18, dans le but de se-
courir, de soigner et de protéger les pèle-
rins sur les routes de la Palestine, devoir
auquel s'ajouta plus tard celui de défendre
la religion chrétienne et le saint sépulcre
contre les Sarrazins. Les Templiers pro-
nonçaient les trois vœux de chasteté,
de pauvreté et d'obéissance, et dans le
principe ils vécurent uniquement des
bienfaitt des seignetti% chrétiens de la
Palestine ou des aum6oes que les âmes
pieuses de la chrétienté envoyaient dans
la Terre-Sainte. Le roi de Jérusalem
Baudouin H leur donna pour demeure
un palais attenant à l'emplacement de
fancien Temple, et c'est de là que leur
vint leur nom. Le pape Honorius con-
firma leur ordre en 1 128, au concile de
Troyes, et les soumit à la règle de saint
Benoit modifiée par saisi Bernard ( voy,
CiTEAiTx), qui prit le nouvel ordre sous sa
puissante protection. Le bruit de leurs
exploits leur attira non-seulement un
grand nombre de confrères avides de
combattre sous leur bannière, mais il
leur valut d'immenses donations en im-
meubles et en numéraire. L'ordre était
d'abord divisé en trois classes : les che^
paliers ^ les écuyers t\\e% frères lais; mais
OD 1 173 on y en ajouta une quatrième,
oelle Aes préires ^ chargés spécialement de
célébrer le service divin et de tenir la
correspondance. Les Templiers portaient
tous sans distinction une ceinture de lin
qui devait leur rappeler leur vœu de
chasteté. Le costume dessecUiiutl
était blanc, celui des frères liii ^
nohrt, et les chevalien avaieit pir-^
leur armure, toujours d'une ^rnéi
plicité, un manteau blane de lii i
laine, orné d'une large croii Itd
laine rouge pour signifier qalb k
verser leur sang au service de H
Ils portaient à l'index de la maiodn
anneau d'or portant l'empreÎDte
même croix. C'était dans la d«
chevaliers, tous nobles de nsisnscc
ri tables propriéuires des biens à
dre, que les chapitres choisissaii
maréchaux et les chevaliers bamcr
commandaient en temps de gner
drapiers, chargés de ce qui «
nait le ooetume^ les prieurs, ch
différentes maisons ou prieurés, 1
bés , les commandeurs et les {i
prieurs qui gouvernaient tontes le
sons d'une province, et enfin le f
maître, général de Pordre. Ce d
avait rang de prince et se n^
comme l'égal des souveraioi, \
ayant obtenu du pape des eiesf
qui l'aff^ranchissaient de toute joriti
spirituelle ou temporelle, et leitN
talent directement au saint-siéft
de tels privilèges et une force aroéi
jours disponible, les Templiers é
en état non-seulement de tirer ti
parti possible de leurs possessioos,
encore de les augmenter soit par de
quêtes, soit par les legs dont iapifl
béralité du siècle récooopensait \t^
ploits. Aussi leurs biens s'scove
d'tfnnée en année, surtout en Fr
car la plupart des chevaliers étalât
çais, et le grand-maitre, comme Hi
des Païens, le premier de tons, étii
dinairement de cette nation. Eo I
l'ordre possédait 9,000 bailliagei,<
manderies, prieurés on maisons, p>i
moins indépendantes de rsntoritéKi
relie. Tous ses membres lui appirt^
corps et âme : à leur réception; iif
valent renoncer à touterelso'ondefn
il leur était défendu de rien po«^
propre; e'éuit l'ordre qui se M
de leur entretien. On conçeit cool
une par^lle organisation denit'""*
ner de puissance, et on s'expliqn^c'*
timent d'orgueil que hii np^
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TEBI
(^1)
TEM
es éTdqnes et des princes. Ce ne fbt pas
i seul TÎcedes Templiers. A la suite des
ichesses se glissa parmi eux le luxe, et
Q même temps le désir de conserver les
vantagea dont ils jouissaient. Aussi les
roisés les accusèrent-ils plus d*une fois
'aToir préféré leurs avantages particu-
iers à ceux de la religion, et d'avoir en-
-eteno des rapports coupables avec les
n Demis de la chrétien té« Hâtons-nous
e dire que tous les historiens ne sont
ma d'accord sur ce point ; cependant il
if prouvé que lorsqu'ils virent le royaume
e Jérusalem marcher rapidement à sa
line, les Templiers cherchèrent à sauver
urs possessions de la Palestine par des
mités avec les Sarrazins. Ils n'en furent
as moins obligés, en 1291, d'abandon-
er la Terre-Sainte avec ses derniers dé-
ioseurs et de se retirer dans l'Ile de
hypre, où ils établirent le siège de leur
rdre, placé jusqu'alors à Jérusalem. De
le grand-mal tre, avec une troupe choi-
e de chevaliers et de frères, continua à
lerroyer contre les Sarrarins.
' L.e dernier successeur de Hugues des
aîens, Jacques- Bernard de Molay, ori-
'naire de Bourgogne, élu grand-maltre,
boique absent,peu detempsaprèala mort
^ Guillaume de Beaujeu ( 1 39 1)% essaya
kinement de réformer l'ordre. Les ten-
lUvesde quelques Templiers pour s'im-
kjscer dans les affaires de l'état, le secret
: le mystère dont ils enveloppaient leur
Iministration intérieure, et surtout leur
ifluenoe et leurs richesses, les rendi-
mt suspects aux princes. On parlait ds
[ans ambitieux tendant au renverse-
tent des trônes et à l'établissement d*unt
(publique aristocratique, ainsi que d'o-
inions contraires è la foi catholique,
lie l'ordre nourrissait dans son sein ;
lais ee qui acheva de les perdre, c'est
a^ils eurent l'imprudence de prendre
i parti de Boniface VIU contre Phi-
ppe->le-Bel. Sous prétexte de délibérer
jr une nouvelle croisade et sur la réu-
ion des Templiers avec les chevaliers
e Saint- Jean, Clément Y, successeur de
ooifaoe, et qui agissait de concert avec
I roi de Franee , appela près de lui le
(*) roà' U chronologie <1m grandMnattrM
a Temple, dont VArt de itiriUr Ut daiêt, éd.
».«•, a* partie, t. V, p. 336.58. S.
grand-raattre Molay et soixante eheva-
liera, en 1800. Le 18 octobre de t'anoée
suivante, Philippe- le-Bel fit arrêter tous .
les Templiers de ses états, mit le séques- '
tre sur les biens de l'ordre, s'établit avec
sa cour au Temple, lésidence de l'ordre
et de son grand-maltre à Paris, et fit
eommencer à l'instant une Instruction
par son confesseur, Guillaume de Paris,
inquisiteur et archevêque de Sens. Pour
justifier la violence de ces mesures, on
accusa l'ordre de toutes sortes d'infa«
mies et d'hérésies. Le mystère qui présl«
dait à leur initiation {voy, Baphom^tb)
ne donnait que trop de crédit à ces ac-
cusations. Bientôt plusieurs d'entre eux
avouèrent'^ sous la torture, ce qu'on
voulait savoir d'eux. La suppression de
l'ordre était décidée; le roi Philippe
convoitait ses richesses , et les inquisi-
teurs, qui appartenaient presque tons à
l'ordre des Dominicains, ennemb dei
Templiers, poursuivaient avec acharne^
ment leur condamnation. Clément Y se
récria d'abord contre la manière dont
était traité un ordre qui ne relevait que
du saint-siége; mais l'habile Philippe
snt bientôt ramener è prendre ouverte-
ment part à sa suppression. Deux cardi-
naux furent adjoints à la commission
d'enquête, et d'autres ecclésiastiques aux
tribunaux d'inquisition dans les provin-
ces, afin de conserver les formes de la
légalité. Le procès continua ainsi, et en
1810 l'archevêque de Sens fit brûler
vifs, comipe relaps, cinquante- quatre
chevaliers qui refusaient de se recon*
naltreconpables des crimes qn'ib avaient
d'abord avoués. Cet exemple fut suivi
dans d'autres diocèses, et un grand nom-
bre de Templiers périrent victimes de
l'arbitraire et de l'avarice. Charles de
Sicile imita le roi de France. En An-
gleterre, en Espagne, en Portugal, en
Italie et en Allemagne, les Templiers fu-
rent également arrêtés, mab presque
partout on les reconnut innocents. Les
synodes de Salamanque et de Mayen-
ce nommément justifièrent complète-
ment l'ordre. Gela n'empêcha pas le pape
d'en prononcer la suppression au concile
de Vienne^ par une bulle datée du 3 mars
1312. Ceux qui avouaient les crin^ e
dont on les accusait devaient être absous
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TEM
(7ôJ)
TEM
aprct un léftr diâtimeiit; mak ceux qui
penittaîcDt à nier 4cf«MBt être jugés.
Du nomiure de cet d^niiera forent. le
' grand-matlre MoUy , et Guy , grand-
prieur de Normandie, vieillard de 80 ans;
iilualrea victimes que le roi fil brûler vifs
de son autorité, le 18 mars 1314. On
sait qu'ils montèrent courageusement sur
le bûcher qui fut dressé pour eux à Pa-
lis, dani nie aux Juils, à Tendroit où se
trouve maintenant le terre • plein du
Pont*Nenf. Lea biens-fonds de Tordre
furent abandonnés aux chevaliers de
Saint- Jean, ses trésors destinés à une
■ouvelle croisade, mais le roi de France
et le pape sVmparèrent de la majeure
partie. En Espagne et en Portugal, les
biens des Templiers servirent à doter de
nouveaux ordres militaires. Quant aux
chevaliers, quoique relevés de leurs vœux,
ils entrèrent presque Ions dans Tordre
des Hospitaliers. ۥ fut en Allemagne
que Tordre du Temple subsista le plus
longtemps; il possédait encore une mai-
son à Goerlitzcn 1819. En France, on
a voulu de nos jours le ressusciter comme
%>ciété religieuse; mais cette tentative
•n*a abouti qu'à donner de l^alimenc à la
malignité du public-— Parmi les nom-
breuses histoires de Tordre du Temple,
on doit citer celle deWilcke,enlangaeal-
lemande,Leipa.,1826,2vol.in-8^. CL.
TEMPOREL. Cet adjectif, qui s'ap-
plique à ce qui passe avec le temps, ce
qui est périssable, se dit surtout par op-
position à éternel tt spirituel f pour signi-
fier les biens et les possessions de la terre.
Ce mot est aussi synonyme de séculier
et s'oppose a ecclésiastique; on dit ainsi :
juridiction, puissance temporelle. Pris
substantivement, il «entend du revenu
qu'un ecclésiastique tire de son bénéfice.
Enfin il se dit de même de la puissance^
temporelle des rots, lesquels;, après une
longue lutte avec le saint-aiége, se sont
décidément affranchis, quant au tempo-
rel, de la puissance piépondérante du
sacerdoce. Z.
TEMPS (du latin tempus\ idée qui
se forme en nous par Tobservation de
Tordre dans lequel se succèdent les phé-
nomènes de la nature, et qui nous fait
cuDcevoir les choses comme ayant une
durée dans leur existence. En effet, lors-
que BOUS oonparoosksétmfBi
entourent, nous les voyons sonb
uns aux autres; pendaiitss ? ie,BslM
voit passer plusieurs générations
fou le d*au l res animaux ; diflémii ir
ont été contemporains de plnâenn
aérations d^bommes, et Is ifm i
vn se renouveler un nombre 'va
de fois les êtres et les subslaoce ^.
porte. De là résulte une iacgalite
la durée des objets de la crésiioi,^
fait même sentir dans les diTen
vidus de chacune de leurs espèce
comparaison de toutes ces eiûi»
le souvenir des événements qui le
marquées nous donnent nsliutlIeB
notion du temps. Mab cette iatuiti:
toute abstractive ; rien deréel s^jrc
dans les corps, dont elle n'eit si u
termination ni une qualité; elle bi
ni ne retranche rien à leur ei'sica
On peut concevoir, quoique s»
ayons aucune notion, un temps «^
ou postérieur à celui que nous oh
sons ; et en étendant indéfioian^
durées, nous arrivons a Tidée <fe-i
{voy,)^ qui est le temps infini, sini
mencement ni fin, expressioo as-^
de notre intelligence, attriboltt
de la Divinité. Ainsi le propre di
est d'avoir un commencement et n
Quoique la succession de w
puisse nous faire juger de la lonfw
de la rapidité du temps, c'est or<iii
ment le mouvement qui sert à le ee
Le retour périodique des pbéoa
astronomiques a d&itre le premier i
de reconnaître la durée do teaf
mouvement diurne de la voûte ^
qui ramène tour à tour la clarté »
et le calme de la nuit, a dooiK
du jour ; puis les phases lunsiresoi
inventer le mois, divisé en sefluio'^
le soleil subit des variations dsoik'
qu'il reste chaque jour ns\»^\
points de la terre. Apv&s oo ccrui
tervalle, il revient dans les coodili^
il s'est déjii trouvé autrefon» ^^^
caractérisent certains phénetsèoe
restres {voy. S^isoirs) : cette ^
prb le nom d*aonée (^n>^. tootceif
Malheureusement ce retour ne coû
pas exactement avec la rétokHiofl^
das cieuxni aveclesmoavepeotiN
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TEM (7
Je 1k, méiieiailé d'établir de hootmiix cy-
cles oo périodes qui raraèiienc font an
roéoM état et doot \m ealcola ont donné
naiOTUiûe à la science dn calendrier (vof,)*
D*uo antre c6lé, on ne tarda pat à s*aper-
oeToir que les mouvements de corpa ter-
restres donnaient aussi la mesure dn
temps, et qu'il était possible de les com-
parer aux mouvements célestes : la clep-
sydre, le sablier, les horloges (vay. oes
mois et GHtoHoiiiTmm), servirent à om-
inrer les parties du jour, qui prirent le
nom d'heures, minutes, secondes, etc.
Pour mieux se reconnaître dans lé me-
Mire du temps, on a imaginé des poiuts
desquels on part, et qui forment des pé*
riodiss <le tou|«s sortes qu'on ajoute les
unes mxK antres : ainsi le jour commence
à minuit, les mois se comptent par jours
à partir du premier ; les années commen •
cent avec le 1** jour du mois de janvier;
enfin les peuples comptent leurs annéas
suivant des ^res (voy.) particulières da*
jtant souvent d'un grand événement qui
les intéresse , somme la naissance du
pbrist, etc. La connaissance de toutes ces
divisions forme la science nommée càiXh
ftoiogie {voy. l'art.), de x/^^c» temps.
, Les astronomes distinguent entre le
temps toiaùre et le temps sidéral^ lesquels
résultent du mouvement de la terre par
rapport au soleil ou aux étoiles fixes.
Chacun de ces temps se divise en temps
vrai ou apparent et en temps moyefLijt
soleil est en effet 1<^ de mettre toujours
le même intervalle pour revenir au méri-
dien d'un lieu quelconque. L'obliquitéde
l'écliptique, la formeelUptique de l'orbite
terteatre, linégalité du mouvement du
soleil en longitudedonnent lieu à une va-
riation très considérable dans la durée
du jour solaire frai. Cette variaflorf s'é-
lève à plus d'une demi- heure, relative-
ment au temps moyen. Celui-ci, »é|fé
sur la vitesse moyenne de la terre, est
d'une durée toujours égale : c'est lui que
marquentnes montres et nos horloges. Le
midi vrai du aoleil « lieu quelquefois \t
minutes avant midi moyen, et d'autres
fois 14 I minutes après. Cette diflérenoe
entre les deux midi s'appelle équation
(voy.) dm temps. Elle est calculée pour
chaque jour de l'année et inaérée sous Et
titre dans les éphéméridss astronoadques
Bncftlop. d. G. d. M. Tome XXI.
sa) TEC
{¥oy. T. IV, p. 602 et suiv.), ou bSeii
encore, ce qui revient au même, on note
en temps moyen le moment de la cul*
mination du aoleil au méridien. On a aussi
imaginé deshorlogesÀ équation dont une
aiguille marque le temps vrai à l'aide
d'un mécanisme particulier : quelque in-
génieuses que soient ces machines, leur
complication les rend trop faciles à se
déranger pour qu'il ne vaille pas mieux
s'en rapporter au caktri. Le temps sidé-
ral est celui qui s'écoule depuis l'instant
où ime étetle passe au méridien jusqu'à
celui ou elle y revient s ce temps est un
peu moindve que le jour sobire asoyen.
L'elTet de la précession et de la nutetion
est de faire varier le temps sidéral, m
éortB qu^l fiiut, comme nous l'avons déjà
dit, distinguer austt le temps sidéral vrai
et le temps sidéral ■M>yen. Une autre dis*
tinction à faire dans l'usage du temps est
celle des Heuz où il est compté. Ainsi la
position divene des contrées terrastrm en
longitude donne des temps Iomux divers,
de façon qiM le midi d'un pays n'est pas
la même heure que celui d'un endroit si«
tué sous un autre méridien. Cette otmM"
dération a surtout son importance en as-
tronomie. Enfin le temps cfW/ n'est antre
dKMequs le tempssolaire moyen, en usage
habituellement et donné par une horloge
bien réglée.
On emploie aussi l'expression de temps ^
en météovologie, pour désigner l'étet de
l'atmosphère. Cest ainsi qu'on dit le beau
temps, le mauvab temps, selon qu'il fait
du soleil ou qu'H pleut; un ten^ps doux,
pour Indiquer une température de l'air ni
trop chaude ni trop firoide, etc. L. L.
TEMPS fmyth.), voy. Sânrmmi.
TEMPS (gramm.), voy. Ysabr.
TENAILLE (Ibrtit), voy. Barba-
gave et FAumn-BmAR.
TENAILLER , c'est sdsfar , pincer
avec des tesiaillss. Ce mot s'employait,
sous notre andepae jurispnidsnce eri-
■ùnelle, pourdésigner un genre de sop-
pHoe qui consistait à tourmenter tm cri-
minel avec des tenailks rougim au feu,
en lui brûhmt et arrachant ks chairs.
Cette affreiMe torture n'éteit, dureste, ha-
bituellement appliquée qu'aux criminels
de lèse-majesté au preasier chef. D. A. D.
TENANCIER. Eu droit féodal, et
48
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t^N (744) TER
dmatMfacoeptioaUpIttsteBdotylewat i cédétf oiiemitimnf faites chetlalk
témemteni {àt la basM-latînité tenemtn
tmmf aelîMi <Wte«ir) signiiah pouetsw/i.
DflM lut teas plus étroit, il <léti§Mit on
héritage que Too lésait d'oa selgaevr^ à
oartaines charges et conditloiit. L'anden-
neoovtnoie de NomiaBdieappekity>iaiio-
tèuemenî un héritage tens sans boBUBaga
et sans pavage, en fief-lai^ par une oon-*
TeatÎMi pf rtieaUère entre le baîMenr et
le prenenr. On notnmaft tentuêtier le pot-
eesaear d'an tèneinent, ét/rmne^tenamcîer
le poiM8Seard*on frane^tènenMnt. Dana
kaoowtnmeed'Anjon, àm Biaine, deTon*
raine et de Londnnott, le tênewtent de
cmq ans était nnç prescription qni pn>-
corait an tiers acqoérenr d'an héritage,
après cinq an^de poesession, raffrandns^
sèment de certaines charges teoposées spr
son immeahle. En Angteterre, suivant
Blacksione, les francs-tenanciers {/ree*
holders)%oml ceox qui ont nne propriété
en biens fonds transorise par la mise en
saisine. Ainsi, ajovte ce jorisconsnlte, les
propriétés d^héritages et les propriétés
ponr la rie sont des propriétés de franc-
tèntment. K. R*
TBNANTSy vof. ^Blason y T. UI,
p. 67S.
TÉHARB, promontoire du Pélopon*
n^, aajoard*hai cap Matapan, fameux
par ses carrièn^^ de marbre noir et de
pierres à aigaiser, mais sartont par sa
qae les anciens regardaient
comme l'entrée des enfers, et par le
pie de Neptane qui se trouvait dans le
voisinage. X«
TENASSERf M, voy. Tahassaim.
TEH-IIOKTOUB, Tmocrou on
ToxBOiTCTOiT, pays de la Nigritie oa Sou-
dan , sitné sur les deoi rives du If îger
(«DX') ou Djoliba, et encore pon oonna
des Européens, malgré les tentatives d'ei-
ploration d'intrépides voyageurs, tels qae
Mongo Parle, Laiog, Glapperton, et de
pHisienrs autres qni périrent presque tous
victimes de leur sèle. Un Francis, René
Caillé (vof.)^ ftit plus heureux. Caché
sous un déguisement, il entra dans^en-
Boktoue avec la caravane de Rakondy, le
SO avril 1828, et^ séjourna 14 jours. A
son retour en France, en 1880, il publia
le Journal d'un voyage à Tembouetom
eiàJenné^dansrJfiiqmecenirmlefpré''
Tes Braeknas, ies^Nmêous^eic^pmi
lesannées 1M4- 1818, «sec ^im
gués géogTÊpkiques par M, Jm
(3 vol. in-8*). Le pays, biea uTMi
assea bien boisé, est fertile; il proéÉ
riXy des dattes, dee ooooe, dcsigies,!
férentes sortes do fruits et de I^bbb
rindigo, de l'or, du plosib, à» fa
possède de noflabreuses «spèen d*
nsanx doosestiqaeay des bèttss eona
chiens, des lapias. Pênm la ai
sauvages, noua citerons le fies, li |
thère, l'éléphant, Pantileps, h lei
rernrd, l'autracbe, plosieofs wiéK
singes, de perroquets, etc. Lei Inbii
derace nègre, sont en général Am,
pifliers; ib vivent dans de petite b
rondes, terminées on cône, coastnit
cannes et en terre glaise et coown
feuilles de cocotiers. Rs se tatan
front, portent de kmgues dMnwi.
caleçons, des sandales, dm boscki
rellles , des braiiolots; ils soat m
mes et hdssent à leonfemmsiplek
bertéque les mahométans; ibsinoti
passion le jeu et la danse, naiiioit
sobres dans leur nourrHure.Iboit]
chef un rot nommé chegar [ moi
Leur religion est un féticbisme frtf
La capitale du pays, Tm-Bciio^
située au milieu d'une plaive tride,î
demi^liaue du Niger. Quelqves voyv
ont porté sa population josqa^ ^*
bah., maisR. Caillé larédoUnck
bien modeste de 13,000. Elleest^
due par un fossé et une drardllef
de quatre portes bien gardées ^^'f^
fermées la nuit. L'intérieor de h
n'offre rien defbrtremsrqniUe;»
pourvut le palais du salthto, ^
timent construit en pierres j pi^
mosquées , de nombreux axw»
et d'asses belles boutiqoes oà Tos ^
du sel, du tabac, toutes sortes ^il"
du fer, des fnsik, de la poodref àt^
des sabres, de Foplum, des épiœne
portées par les caratanes é» Me*^
Tonis,d*AlgeretdeTripoli,^>^
en échange des esefeves, des des»^
phants et derhinocéroe, de h pp"*^
de l'or ouvré, des pluma d'isw*
la" gomme, de l*»bène, de frs^
PMr le Hêly, ^eof. Taexo«» ) ^ ^
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TEN OU)
TJOIGIll ( PiBmms Guiuv, «ardwid
ob), né àGreiioble, le 39 «o4t 1680,
d'une bonne famille de robe, fat élevé à
l'Oratoire de Paris , et reçut de bonne
beare le bonnet de docteur en Sorbonne.
Il fut enauite nomné grand-yieaire et
gmod-arcbidiacre de Sens, et abbé de
Yézelai. Ce fut loi qui, en 1 7 19 » reçut k
MeluD l'abjuration du célèbre L»aw,ct ce-
luKci, en éobange^cootribua puiMamment
à se fortune. ]>ef enn évéque de Greno-
ble, mail sana avoir reçu la cqnârmatiOQ
de cet évécbé, il accompagna , en 1721 ,
In cardinal de Eoban à Eome/et y resta
•n qualité de chargé d'alTaires de France.
Le 2 juillet 1734, il fut sacré, par le
snint^père, arohevik|ue d'Embrun. De
retour en France, il fut engagé, par les
plaintes de plusieurs ecclésiastiques, à
ouvrir, à Embrun, un concile, pour juger
et CMidamner l'évéque deSanez, dép^
dant de sa métropole, lequel avait pubHé
pluaieurs écrits en laveur de rappel('Po/.
ApPBLâiiTs). L'évéque fut suspendu de
aes fonctions. Mais , qWique approuvée
pur le pape et par le roi, cette décision
iOttleva une foule de pamphlets et d'in*
jures de toute espèce contre l'archevêque
d'Embrun , qui se vit obligé de se justi-
fier, en se livrant a une correspondance
publique avec l'évéque placé sous sa SU"^
prématie. Les avocaU qui appuyaient la
oanse de l'évéque de leurs consultations
réussirent à intéresser en sa laveur le par*
lement. Deux n^ndemenu de l'archevé-
qoe furent suppriniés par arrêt du oon«
seil; mais le prélat n'en continua pas
0ioins à signaler dans ses lettres p«stora<»
les les livres dangereux, suivant lui^poSir
l'étal et la religion. L'int«rvention du
prétendant d'Angleterre, Jacques in, lui
fit obtenir le chapeau de cardinnl, en lé-
trier 1 7 89^ et, après «voir assisté ais eon-
dave de 1740, il fut Uansféré à rareh*.
vM^ àe Lyon, dont il ne prit possession
que le 20 juillet 1742«Sootenuè la oonr
par le crédit d« cardinal Fleary, qui le
fit nommer ministre d'état; et W désigna
même, di|ron, pour lui succéder an mi-
Wlk-e, il fut oublié après la mort de son
proteelenr, et il se retira dans son dio*
eèse> oà il vécut paiaiMeawiil snna pren-
dre part aux querelles de l'Église et
du perlesMnt, jnsqfu'à l'époqpM de su
TËN
mon, arrtféo le 2 mars de.lSinnée n^t.
GtAnDiifB-Ai.wiA«nuNn Gvimiir de
Tenoin , scsnr du précédent, naquit à
Grenoble, en 1681, et iiit, cçmme sofa
frère, destinée è k vie religieuse. Mais
ses goûto étaient en complète oppoeî^
tion avec les volontés de sa famille. Jkprès
cinq ans de séjour dans un couvent d#s
environs de sa ville naule, elle pritlaré<-
solution de le quitter en dépit de la rè-
; gle et de ses vœux* Mais fout ce qu'elle
put obtenir ce fut de passer, en qua-
lité de^hanoinesse, au chapitre de Neu*
ville, près de Lyon) puis elle vint à P8«>
ris vers 1714, et y obtint sa séeularisa*
tion. Alors commença pour elle une vie
de scandales malheureusement trop en
rapport «vec les mcanre de o^f te époque^
Aprèt avoir eu le régenl pour amant,
madame de Ten^t devint la maîtresse
d« cardinal Dubo)^, et it servir son cré-
dit à la fortune de son frère, sans, pour
cela, négliger la sienne. Sa malBOn était
le rendex-vous de la pins briUante com*
pagnie; eUe adcorda tour à tour ses fa«^
veurs à d'Argenion, à Bolinghvoke, anx
maiMiaux d'Uxelles et de Médavi^ etc«
Elle eut deux eafanu de YiUion, colonel
d'un régiment irlandab j et l'on sait q^s
le célèbre D'Alembert (voy.) lui dut le
jour, et eut pour père un eommissaire
provincial d'artillerie, cetiiHi so«8 le
nom de Destouches-Ganon. A la suile
d'une aventure tragique , oh l'un de ses
amants, La Fresnais, conseiller an grand
oonaeil, fut tué ches elle d'm conp de
pistolet, elle fut enfermée à la Bastille le
il avril 1720) mais elle en sortit parmi
acfuitteaMnt le Z juillel , et dès ce ■mn'
ment elle rompit avec ses hsrbitudes de
désordre nour se livrer tout entière mui
efatrmes d'une société honnête et éclair
rée. Son salon i ouvert anx plus aimables
seigneur» de la cour et aux phm cMhrn
Uttéralemrs de Umis les pnys, devint viM
école d'esprit et de bon g0Ùt« EHe don-
nait par semaine deux ' dlnert , oh elle
réunissait des hoosmes de lettres qu'elle
appelait en plaisa«taDt#tf<r bétes. Fonte-
nelle était un de see hêies les plus assi^^^
dns {wof* T. XI, p. 229), et Montée-
qnîen lui dut pent*être le premier snoeèt
de son Esprii des ioiSf par l'espèee de
patm^nge qn'eUe accorde è cet imnnr*
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TKM
(tM)
tEN
til ovvragt. Cn«-»ta« Toiikit écrire, «t
waé§té la malignité publique, qui âtiri-
boa Ms oonvget à tts neteiix Poot de
Yeyle et d*Ar9eBUl, elle s^acquit, eoBne
auteur^ na renom mérité par too ro-
man des Malheurs de t amour ^ et sur-
toot par celui do Comte de Comminges^
qoe La Harpe ref;arde comme « le pen-
dait de La princesse de Ciépes, » Amsl
a-t-OD tonrent réoni les oravree de
M"* de La Fayette et celles de M"* de
Tenchi. Cette femme aimable et spiri-
tnellei qui a jooé vn si grand* r6te dans
l'bistoire de la brillante société dn xnii*
siècle I monmt h Paris, le 4 déc 1749 ;
et de même qne son talon atait remplacé
oelnî de la marquise de liunbert, le cer»
de de M"* Geoflirin {voT- oes noms] bé-
rita de la célébrité dn sien. D. A. D.
TEM GCm, vor. Tnrsov.
TBNDBR ou Au^n, vof, Tapsue
(machine à).
TBNDON {tende f du grec tcIvm, je
tends), tiisu dense, soré. ordinairement
apleti, qui termine les muscles, et par le>
qnel ceux-ci s*at(acbent aux os, outils
doiTcnt mouvoir par leur contraction.
Hsndon d^Jehille^ on corde d*Hippo^
cn^, est le nom particulier par lequel
on désigne le tendon terminal des maisu
musculaires de U partie postérieure de la
jambe (vof . ce mot et Piu>). Achille, ftb
de Pelée, (îit, dit- on, blessé à oe ten-
don, pendant le siège de Troie. M. S-k.
TENÉD08(nom formé dugrec^mCf
long et étroit, et ISsc, siège ou dememre),
aujourdliui Bogdia, If e de l'Archipel, snr
leeo6tesde rAnatolie,Tis4-visdela IWmh
de, paraissant être le produit de quelque
éruption yoloaniqoe. Déjà importante
du temps d'Homère, cetu tie possédait
un temple d'Apollon célèbre.' Le flotte
grecque se cacha derrière' ses c6tes lors-
^'elle trompe lesTrojens pernne feinte
retraite. Aujourd'hui encore elle est re»
nommée par la doucetur de son dinmt
et par sa fertilité; Elle produit du coton,
dn blé, et surtout d'eaoellents Tins mus*
oats. Mais ce qui lui donne plus d'impor-
tance, c'est sa situation à l'entrée dn dé*
troit des Dardanelles. Dès l'année 1 809,
die tomba sous la domination des Turcs,
qui en sont restés les mai très jusqu'à ce
jour. La Tille de Ténédos ou Bogdja est
bâtie en imphithéêtre snr le pcnàn
de deui ooUines et défendue par ém
forU. Sa popttlalk>n s'élève s nvim
7,000 âmes. LH-c.
TÉNÉRIPVE, vof . Cavaihl
TÉHIBES , nom de plasieen fà-
trm flamands, mais illustré snrlo«|i
les deux dont nous aHona paiW.
Datid Téniers, dit ie vimx^ it»
nommé aumi le BassmMf pane qale
imiter a s*j méprendre GiacoBoâaPm
qui portait le même somem, asqÉi
AuTcrs, en 1 583, et y mourat m 1^
Il apprit les principes de la peistBRi
Rubens. Ledésirdese perfedîoeDcrài
son art le condoisit è Rome où il léjfl^
na dix ans. On a de lui de noaibrcnxM
d'œuTre. (^uine connaît cesjojfeemiô'
nions de bnTeurs ei de fomeen, èfi ï
n'est pas de mueéequi n'en poc«de<|«>-
qnes-unea? Celui du Lonrre en ftsioa
d\in grand prix.
Son fils, portant aussi h pcéscai
Datio, dit le Jeune ^ plus côèbit*
oore que son père , comme peiotieéi
Tie populaire, naquit à AttTers, m 1^**
et mourut à Bruzdlm, en 1694. Tf^
pour modèle Adrien Brouwer. H po*"
dait un talent singulier à inùler k »
nière des n^eilleurs maîtres. Vuf^
Léepold d'Autriche le noam« pRvs
gentilhomme de sa chambre. îlf^l^
tard directeur de l*ncadémte d'As^
Peu depdntfcs ont rendu U Baumi»
autant de fidélité qne Téniers le jcisM
un moindre nombre encqre Toet ^
pour la légèretétle la touche ethhf^
du coloris.^ Les sujets crdinek«i^^
tableaux sont des scènes jojenx* ^
peignait d'après nature; cepsadist «*
âusm représenté des ^^^^^^^^^
maux, des marines. On lui a ^^^
aTCc raison de tomber trop toovest^
le tririnl. Quoique nombreur,^^
Trages sont très recherchés. Oe a bcj^
coup grsTé d'apràe lui. ^ ^
TENNESSEE voy. ÉrAn-l^
TENOR, vqr* Voix.
TENSON, Jot-Paxti, 8*»*^'
ConrxHCio, dispute, débat, an v^
contensio , pièce en dialogm <^^
Tieux po^es, smrtout diez aoi «^
dours; assaut d'esprit en tcis, ^>>V^
qud deux interlocnteurs ëSi^^
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TEN
tour à tour ptr des coapleU de
meeore el en rimes semblables leur opi-
nion contradictoire sur des questions'
d'amour^ de chevalerie^ de morale, elc
« Les tensons, dit Jean de Nostradamus,
eatojent disputes d'amours qui se fai-
aojpent entre les cheTalicrs et dames poètes
entreparlans ensemble de quelque belle
et subtile question' d'amours, et où ik
ne s'en pouvoyent accorder; ib les en-
voyoyent pour en avoir la définition aux
dames illustres présidentes, qui teooyent
cour d'amour ouverte et plamère à Signe,
et à Pierrefeu ou à Eomanio, ou à au-
tres , et là -dessus en fiiisoyent arrêts
qu'on nommoyt lousarrests d'amours, 9
Le jugement sur la tenson n'était pas
toujours remis aux dames constituées en
cours d'amours (vo^.), mais à des arbi*
très chois» par les poètes. La tenson
n'avait pas non plus toujours pour objet
une question d*amour : c'étaient parfois
des plaintes alternatives langoureusement
exprimées, et parfois encore des repro-
ches amers , de sanglantes injures qu'é-
changeaient deux adversaires. Si la tenson
avait plus de deux interlocuteurs, elle
prenait souvent le titre de tomeyameny
êournoy^ tournoyementf pour indiquer
que chacun prenait h parole à son tour,
et disait son opinion sur la question pro-
posée. Foity sur les tensons et les jeux-
partis , Fauchet , La Borde , Massiea ,
Le Grand d'Aussi , La Ravallière , Gnfti-
guené, Roquefort, et surtout Raynotiard
( Ci4oix de poésies originales des trouba»
dours^ t. II). J. T-v-8.
TENTE. L'origine de h tente re-
monte à l'antiquité la plus reculée :
Abraham et les patriarches habitaient
sous la tente. De nos jours, les peuples
nomades qui éprouvent le lièsoin de
changer fréquemment de lieux n'ont pas
d'autre demeure. U n'est pas effective-
ment d'habitation qui soit plus ûicile à
transporter et plus promptement établie.
Une tente en liohne étoffe, bien dressée
et spacieuse, offre un asile à l'abri des
intempéries de l'air, et dans lequel on
peut réunir le comfortabie de U vie do-
mestique.
Les arméesgrecqueset romaines, apr^
«ne journée de marche, étabiiasaienileiirs
camps et dMsiaieat leors tentas. Cet
(757) TEP
osage se perdit au moyen«àge; pendant
longtemps les armées prirent des quar-
tiers d'hiver et n'eurent pas besoin de
tentes: Louis XIY, qui eut des armées
sur pied pendant toutes les saisons, fit
reprendre la tente aux troupesrLes mar-
ches rapides de nos armées pendant les
guerres de la révolution et de l'empire
ne permirent plus de mener à leur suite
un attirail aussi encombrant que oeJul
qui est nécessairff au campement sons la
tente;* on fit bivouaquer ' les tronpea.
Les armées ne se servent actuellement
de tentes que pour les camps de mancsu-
vres. La nouvelle tente française en bonne
toile de chanvre a 4"^ de longnenr sur
^^ de largeur ; son ouverlare est sur
l'un des grands c6tés ; elle peut contenir
15 fantassins ou 8 cavaliers. L'ancienne
tente, dite canonnière^ avait 3*". 60 sur
S™.25, et contenait 8 ^ntassinsou 4ca*
valiers; son 6uvertu/e se trouvait smr on
des petiu câtés, Foy, l'art. CASTaAMi-
TATIOR. G. A. H.
TENUE DES LIVRES, vor. LiTAVs
DK GOMMBmCK.
TENUIROSTRES, vùy. OiàEiux^
T. XVni, p. 671.
TENURE, voy. MomrAirGS.
TÉPBRINE, voy. Layb.
TÉPLITZ, petite ville dans le cercle
de Leitmeritz en Bohème, à douxe milles
de ft«gue et huit milles dA Dresde, an
milieu d'une plaida délicieuse bornée
par l'Erzgebirg. Ses bains oéfèbres fu-
rent découverts, dit-on, en 769,' et leur
vertu cnrative j attitft bientôt un si
grand nombre de visitmirs q^'il se forma
une me, en slavon aUtsé^ omiitsay qui
prit, à cause de la chaleur àm la sdurce
( teplOf diaud),1e nom d« TepUcé on
Téplitz. La ville, dont la population
permanente ne s'élève pas.au delà de
3,150 hab., forme un carré irrégulier;
ses rbes sont très propres et ses maisons
offaent.un aspect agréable* Le paliis avec
un théâtre et un beau parc public, l'é-
glise, l'hôtel de ville et le HerrenhamSf
sont les moni^ments les plus remarqua-
bles. D'un rocher de porphyre à basa
de syénite jaillissent dix-sept soUrces al-
calines salijMs, qui diffèrent essentielle-
ment par le degré de leur température.
L'eau est incolore, claire comme du cris«
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TEP ( 758-) TER
Uly ■•■• odMT, niait d'un goàl légèra* | «1 êm l'Autriob*, ngoèrail UrillnH
aloftlin* Les tooroet de la
meot talé al
▼illa toDt les plm chao^fei , callca d« fau-
bourg les plus froides, et celles da TÎllaca
de Scbcenau, à quelque dislaoce de Té<-
pliUy tieoàeoi le milieu eolre les unes et
les autres. Leur température vsrie de
8S<».4 à aoo.76 R. Toutes doÎTcnt rrai-
semblablemeut leur origioe à des causes
votcaniqUes; ce qui semble le prouTery
entre autres, c^têt qua^ lors du tremble*
ment de terre da Lisbonna, le 1«F nov.
176S, la source principale se trembla^
prit pendant» une demi-beure une cou-
leur jaune foncé, cessa de couler cutI-
ron un quart d*beure, et reparut avec
violence, trouble et épeissedVbord, puis,
an bout d'une demi-beure, aussi claire
qu'auparavant. Les eaux de Téplitz se
prenoant babituellement en bains, rsre>
meot k rintérieuç, et elles sont d'autant
plus efficaces qu'eliêi sont |rius cbaudes.
On les recommande contre les douleurs
rhumatismales et arthritiques cbroniques,
centre les exanthèmes, les dartres, les
ulcères, les paralysies, suite de blcieures,
contre le rachitisme , Thyslérie, la d^-s-
méoorrhée. Prbes à riotérieur, elles sont
utiles contre la dyspepsie, les engorge-
ments, les accidents bémorrboldaux ,
rbjrpQcondrie, la pierre, les affections de
Tastomae et des intestins d'origine ar-
tbrilique. Téplita est visité annuellement
par 4;500 à 6,000^irangers. Les gou-
vernements d'Antricb^ de Prusse et de
Saxe y ont établi des bôpiuux pour un
oertai#i nofl^>rr tie militaires. La vie y
e^ moins obères et l'étiquette y règne
m<lins que dans lea autres bains de la Bt^
hème. Les lie^ les pk» remarquables
des environs sont le pkrc de Dorn, le
pèlerinage de Maria-Sebein, la ville de
Graupen, Wilhelmsboehe, Aoatnbourg,
le rendex-vous de chasse de DoppeK
bourg, le château et le musée de Dui,
le château et le musée de Bilin, enfin le
Donnersberg, haut de 3,74 1 pieds, d'oà
l'on jouit d'une vue magnifique. F'oir
AuÈb.iijeQâé,Les Bains deTépl{it{2*id,f
Prague, 1835); Eicbler, téplàz ei ses
Mvirous (Prague, 1833); Gross, Les
Sources minérales de Téplitz (Leipz.,
Ift8a).--Ce fut àTépliUqu*en \%,i% les
trois souverain* 4e la Ruiisie, de U Prusse
cQOUre Napoléon. Eu 18l(, leim»
ques de ces trob états s'y réeuRstà
nouveau, et, le M sept., ils tUèrmè
là poser la premier^ pierre damn-
ment d'Ostermann anr le cbsnp deW
taille de Knim. CL
TÉEATOLOQIB (de ^^r^.
prodige, e^ Xiyof , dîMours), wmxk
monstruosités, des cboses eUrtordiai-
res, prodigieuses {porîenta)^ soîtdioik
nature {voy. Movsras), soit dm b
créations deVimagioa tion (vof, Cinm
Spbivx, HAariB, Goaoons, Giff-
roH, BippoomivrB, LtGOB]n,eic.).Sa
ce dernier rapport , on peat eossob
l'ouvrage de noire collaborateur, ILlt
9er de Xivrey , Traditions téntép^
queSf ou Récit de Vantiqmté n k
moyen-âge en Occident^ surqaelie
points de lafitbU^ du merçeiUeutîK
Chistoire naturelle, Paris, ]8S6|ii^
sons le premier, on aura recoen^ft*
féi;fNioe aux travaux de IIM.GMb'
Saint-Uilaire (vor*)^ père et fib. I
T£RBURO(GiaxaD), pdatrede
bre de l'école flamande, nsquit es 1(^
à Zwoll, dans la province d'Over-Yet
d'une famille d'artiiles, daes Isqvde'
reçut les premiers éléments do es»
Après avoir passé quelque teaipiiHi^
lem pour se perfectiouncr sous qb wê-
tre dont le nom est resté ignoré, 0»
tré^irit un double voyage a trafen fi'-
lemagne et llulie. De retoor daasa
pays, oh son patricM>ine lui gsrssDt v
grande aisance, il commençsit s se fai^
connaître lorsque survint, ea i^^*
congrès de Munster. Il fut teotéd'eii^
\émoin, et s'y rendit en coapigoK^
plusieurs gentilshommes. Ae w^ ^
fêtés et des magnificences de cs((e|»
nion diplomatique , dont le bat lénc»
éuit la pacification de r£arope,îl^
quelques portraits qui furent reasrqi^
et qui lui valurent rbonneor d'tfo^'
tranSBMttre à la postérité, dsni «•«*
tableau, les traiu de tous les aMub«^
eette lameuse oonférence. Letsbstf <
y déploya mit le sceau à ss ré^^^^
le fit particulièrement r^Bur?*^
comte de Pignoranda, ambiMsdetr «^
pagne, qui le décida à le soivre î h^
de Madrid, aprèe la dimeletisB iloc**'
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TER
(749)
TER
gréa. Ce bovvmii Toyag»^ i^il m fat {ms
inutile à la gloire de Terborg, mit plot
d*aiie fois sa vie en danger; car, aimant
le plaisir piesque autant qne son art , il
ne craignit pat de braver la fureur d'un
mari jaloux , et malgré la protection du
roi, dont il avait peint le portrait, et qui
l^aTaîi créé chevalier, il lui fallut quitter
bmsqnement TEspagne pour se réfugier
à LoDcIrcs. De là, il passa en France, et,
fêté à Paris comme partout, il y acquit
un nouveau surcroit de fortune et de
gloire. Lias enfin de cette vie aventu-
reuse , il revint se fiier à Deventer, s'y
maria avec une de ses parentes, et reçut,
de la confiance de ses compatriotes, le
titre de bourguemestre. Il eierçait avec
honneur ces importantes fonctions lors-
que Guillaume III, prince d'Orange,
étant venu à passer par Deventer, les
habitants le supplièrent de leur laisser
son portrait, et désignèrent leur bour-
guemestre comme le plus digne de con-
sacrer ses pinceaux à cette glorieuse tA«
che. Le prince d'Orange fut si satisfait
du talent de Terburg qu'il l'emmena avec
lui à La Haye , et se fit peindre encore
une fois par lui. Ce gr&pd artiste mou-
rut à Deventer, en 1681, et son corps
fut transporté dans sa ville natale. —Les
nombreux et remarquables ouvrages de
Gérard Terbarg l'ont fait mettre à la tète
de cette fraction de l'école flamande qui,
dédaignant les scènes populaires et tri-
viales, s'est attachée à reproduire avec un
fini parfait des sujets d'une nature plus
relevée. Le Musée du Louvre compte
parmi ses richesses quatre tableaux de
Terburg : Un militaire offrant de l'ar-
gent à une femme; La leçon de musi-
que; Une musicienne; Un conseil de
Magistrats. La galerie de Dusseldorf
possédait de lui : La Natipiêé de Jésus^
Christ; Un jeune homme cherchant les
puces d'un chien. Au musée de Dresde,
on voit deux antres tableaux remarqua»
blés : Une dame vêtue de blanc et de*
bout depant un lit; Une dame assise
jouant du luth et un cavalier qui fé^
coûte. Parmi les tableaux du même maî-
tre qui éont restés des propriétés parti-
culières, il fkut citer au premier rang Le
Congrès de MansUr^ qui faisait partie
de la galerie de M"^ U |lncb«M de
Berry, et qui a été acheté, en I887|jpar
M. Anatole de Démidof, poiur la somme
énorme de 45,500 fr. On sait que ce
chef-d'œuvre a été gravé par le célèbre
Zuyderhoef. D. A. D.*
TERCEIRB , la troisième des lies
Açores (tH>/.), située dans l'océan Atlan-
tique, au sud-ouest du Portugal , par
38^38' de lat. N.,et U» de long, occ
Elle a U|ie superficie de 1 0 1 milles car-
rés géogr. et une popnbtion de 80,000
âmes; elle est entourée en grande partie
de lâchers escarpés qui ne laissent de
libres que quelques passages défendus
par des batteries. Le sol, d'origine volca-
nique, est fertile, et prodtiit en abon-
dance du froment, du mais, des haricots,
du millet, ainsi que du vin de qualité
médiocre, des châtaignes, des olives, des
citrons, des oranges , des pommrs : l'é-
lève des bestiaux est dans un eut floris-
sant. Les exportations consistent princi-
palement en couleurs sèches, en bois de
coostfuction et en vin; le chef-lieu, jégra^
siège du gouverneur et de l'évéque des
Açores, a un bon port. Xeroeire est cé-
lèbre dans l'histoire par sa fidélité con-
stante aux souverains légitimes du Por-
tugal. Philippe n, qui conquit ce pays
en 1580, ne put la soumettre que trois
ans plus tard. Alphonse YI, détrôné par
son épouse en 1668, y vécut huit ans en
exil. A l'époque de l'usurpation de don
Mjguel, Terceire reconnut pour reine
dons Maria (vfl/. ces noms), et le comie
de Tillaflor y établit, en 182t, une ré-
gence au nom de la fille de don Pedro.
Terceire résista à toutes les attaques de
don Miguel, et ce fut dans cette Ile que
don Pedro (vqy,) rassembla, en 188),
les forces avec lesquelles il se rendit maî-
tre d'Oporto. En récompense de ses ser-
vices, le comte de Yiilaflor reçut le titre
de duc de Terceire. C, L.
TÉRÉBENTHINE , substance rési-
neuse contenue dans toutes les parties
(mais plus abondamment dans l'écorce)
des pins, des sapins et des mélèies {yoy.
ces mots). \a térébenthine est composée
d'une matière résineuse ^n^ et d'une
huile volatile qu'on peut en extraire par
la distillation. Cette substance, pliison
moins liquide, tenace, gluante et plus ou
moins tninsparenUi s'enflapuie a? «c me
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TER
(760)
TER
trèi grtnde facilité ; son odeur • ({iidqdè
chose de perlîcoiier et varie suivant les
espèces; sa saveur est acre et nauséabon-
l)e« Od l'emploie dans les usages phar-
maceutiques et dans les arts, surtout pour
la composition des vernis. Les espèces de
térébenthines que l'on trouve le plus ré-
pandues dans le commerce sont celles
dites db Femse,de Suisse^ de Bordeaux^
. de Bostorij etc. Les baumes de Canuda^
de copahu {voy.), sont aussi des téré-
bentliines. Z.
TâlÉBlNTH ACÉES, famille'de di-
cotylédones pol^ules, à étamines pé-
rigynes; son nom dérive du téi*ébm(fae,
espèc4 du genre pistachier (vo/.). La
plupart de ces végétaux sont des arbres
ou des arbrisseaux exotiques, en général
remarquables paroles snea propres balsa-
miques; d'amresy au contraire, sont véné-
neux et caustiques. Plusieurs espèces,
telles que les manguiers (îH>f .), produi-
sent des fruits mangeables. En. Sp.
TËRBHGB, poète comique. Les La-
tins le nommaient PuBLnrs Tsxertius;
les grammairiens et les éditeurs, «près
eux, ont ajouté Afer, donnant un nom
de pays pour un nom d'homme. L'espace
de sa vie est compris entre les deux der-
nières guerres Ptuiiques, depuis la 8* an-
née après la chute d'Ajanibal jusqu'à la
18*, peut-être moins, avant la ruine de
Carthage (660 de H., av. J.-C. 194;
596, 169). Sa naissance se rencontre
avec le second consulat du premier Afri-
cain, qui se rendit alors si impopulaire
par une révolution aristocratique dans
les dépositions thé&trales, la séparation
des sénateurs et du peuple. Le jeune
Carthaginois était destiné à devenir une
lies plus belles gloires des lettres romai-
nes; amené à Rome esclave en bas âge,
\i devait être l'auxiliaire des Scipions
dans cette lutte intérieure où l'atticisme
allait vaincre la vieille rusticité sabine.
«Pauvres humains! s'écrierait Plante,
nous sommes des jouets dans la main des
dieux I Bnimvero Di nos quasi pilas ho -
mines habent, » Ce même jeu de la for-
tune réalisait en sa personne une de ces
fables romanesques si souvent reprodui-
tes dans la comédie ancienne, leseolève-
foeots de jeunes garçons et de jeunes
fiUes réduits e|i servitude par des pi-
jraies*. Senlment, pour Iti l'unaii
le déooùment ordinaire, la mou»
' sauce des parents. Mais il trooft u ^
dans son maître, le séoaleer Tnioa
Lucanus, qui, charmé de sa figare tt &
son esprk, le fit élever avec soîd, etfi.
franchit de très bonne heure. Cepes^
les bienane lui vinrent pas avec li lik.
Il fallait vivre; que faire? vendre se ^
moigoages dans lea tribunau et so »
nées dans les comices? se mettret lau
d'un riche, comme flatteur et ooe^
saut? telles étaient comBuaénat i
ressources des adrandus; oa biei,ii
place de scribe dans les bereiuii
édiles ou des queateurs. Sou géakki
poète; l'imitation, plutêt qo'oa xm
naturel , le fit poète conique. Si U
s'en tenait à la chronologie dei prop»
mes^ conservés par les grammirài
il ne se serait avisé de sa venre ^\h
de S8 ans. Mais comment alon ija
cette date au récit de sa premiènen-
vue avac Gécilius» qui éuit uattt
années auparavant (586-168)? E(p
tant Tanecdote est garantie par Soàat
et la substitution du nom d'Adlsi
celui de Gédltns est un expédieatfh
commode que légitime. Anin de ba
esprits ont-ils pensé que le ^nfprn
se rapportait à une aeconde, peat-^
une troisième représenlatioo. Vst»
de tAndrienne n'avait probabktf
pas encore 26 ans lorsqu'il offrit, p«
la première fois, ton œuvre dWa
édiles» Les jEnobarbus, les LeaialH i
se piqiiaient point d'être fias oobb»
seurs en ouvrages d'esprit; OMisiki
voulaient pas acheter sans savoir lin
leur de la marchandise du jeune et pui
inconnu : ils le renvoyèrent ao ^
Géciltus, qui avait partagé atec PiiBi<'
suprême autorité sur la icèoe cowi*
Térence se présente à l'heure du sasf
mal vêtu, l'air assez pièti« et ti»idi;«
teint basané, sa taille petite et gré i
prévenaient pas en sa faveuTrOahiat»
seoir sur un escabot, et fl lit p«D^
(*) Exemples : r^jiiirieiiiM at TJbMfM J(Tc
rence, la CiitgUaria , lei Captift,ï^f^
Rudmu de Pbute. MoUÎre, d«ai mffj^
pièeet, a trop facilement imité cet wffi^
que ne comporuit poi«t Tétat social à* ^
deriies.
(•*) Z>î<<a«c«/ùr,
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TER
(761)
T£R
à^ te jage se meK k table. Mais H n^é-
i t, pas au vingtième vers, que Cédliui
ciïODnaitson égal; plus généreux eueere
1 a pressenti le talent qui devait efEicer
sien f il rinterrompt et l'invite à par-
ler son souper. La pièce fut aeceptée
i^r les édiles. Dès l'apparition de ^n
remiercheM'œuvrey l'envie s'acharnait
ç>rès lui, et elle ne cessa |fliis de le pour-
1 ivre. Tous ses prologues en garant le
'iste ressentiment; il s'y plaint conti«
uellement des cabales d'un vieux poêle,
î«ii différent du bon Cécilius. Autre
haagrin : VHécyre^ la même année et
aijuée suivante, tomba deux fois, dé-
criée pour des funambules et pour des
Lhlètes. Sfeis il prit une brillante re-
anche, en 691 (163j, par le succès dé
H eautontimor amenas. Deux ans après
393; 165), VEunuque^ représenté deux
ois en une seule journée, et le Phor^
fiion rélevaient à l'apogée de sa gloire,
• t en même temps une troisième tenta-
ive obtenait enfin justice pour VHécyrt.
>a renommée l'avait fait rechercher par
a noblesse lettrée de Eome, les Galba,
es Sulpicius, les Lselius^ les Seipion^
Lous ceux qui auraient voulu adoucir les
naoeurs farouches des plébéiens et déro-
ber leur appui aux hommes nouveaux ,
qui se faisaient un honneur et un mérite
de défendre l'ancienne discipline. La
aensibilité du poète, peut-être la vanité
de l'affranchi, était flattée de l'empresse-
ment, de la faveur, surtout de l'émula-
tion de ces patriciens, qui se rappro-
chaient de lui et l'égalaient à eux par
le commerce de la pensée et le culte com-
mun de la poésie. Le bruit même cou-
rait que ses illustres amis n'avaient pas
dédaigné de mettre la main à ses comé-
dies; et il ne s'en défend qii'hutant qu'il
faut pour leur donner une satisfaction
d'amour - propre sans les exposer aux
reproches de la gravité romaine*. Le
'vrai, c'est que leurs conseils, et princi-
palement leur goût , le sentiment de ce
qui devait leur plaire oui>le88er leur dé-
licatesse, eut une grande influence sur
ses compositions, sur sa manière d'écrire.
Il avait bien pu, n'ayant pas encore con-
tracté ces liaisons, au début de son An--
(*) Prologaos des Ài^phêt et à^V^^tuH^nU''.
driamey déoocher un trait de satire con-^
tre les philosophes et les savants de lii
Grèce, quelques années avant Fédit qui
les expulsa de Rome (69S; 161): ^ Il
faut que la jeunesse s'amuse; elle aime
la chasse, les ehevanx, les chiens, les
discours des philosophes *. » On ne
trouverait plus rien de pareil dans au-
cune antre de ses pièces. Quoiqu'il am-
bitionnât les suffrages du peuple , il
y avait entre lui et le peuple un tribu-
nal de critique élégante, qui le domi-
nait. C'était en tue de celte critiqué,
et non de la foule des speelatenrs, qu'il
travaillait ses écrits. B^ien ne*, marque
mieux l'antagonisme des antiques habi«
tndes et des nouvelles doctrines, des
vieilles préventions populaires et de la
civilisation empruntée, quelethéàtre de
Plante comparé à œlui de Térence.
La compagnie de ses nobles patron»
contribuait beaucpup à perfectionner son
style , mais n'accommoda pas do tout sa
ftûrtune. H se mêlait à leurs fêtes, il les
suivait dans leurs villa , à titre de fami-
lier sans doute; sa fierté^, nous aimons à
le croire, ne lui permettait pas d'être
l^r parasite gagé. A la fin il se trouva
nûoê, si l'on en croyait .un narrateM*
plus malin que sérieux **; mais on sait
que la fille de Térence épousa un cheva-
lier romain après la mort de son père^ et
lui apporta en dot un jardin de 30 ar-
pents, qui bordait la voie Appienne% Pe«t-
être aussi les dégoûts que lui causateqf
ses envieux, plus encore que les craintes
et les humiliations de U pauvreté, triom-
phèrent-ils de son courage. Les chagrins,
surtout ceux qui touchent la gloire ,
prennent si fortement sur ces âmes ten-
dres! Les applaudissements que reçurent
les Adelphei^ dans les solenaité»^des fu-
nérailles de Paul-Émile (6941; 60), no
le consolèrent pas pltu qu'ils ne rétan
blirent ses affaires. Il résolut de s'éloi-
gner de Rome, pour quelque temps du
moins; il allait chercher des inspirations
(*) QmoA pieriqme omàêifudÊmi ttéol^uêmtmU,
Otanimum ad aUquiU Hudimm méjungmU «m
equot
Altrt, oui eanêt md vMMuUm, uut ad pkiio'
90ph9t,
(**) Dmm $ê amari ab kUeê trmUi, crtbro im M*
baimm rapi ,
iptns,4 adtumm^m ,
tnpf^iam r§4aeitt* êtt.
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T£R
Bo^f êlki daiM la Grèct : U 7 tront» U
mort au boat de quelques aok, ditroo^
n'ayaot pas encore atteint sa 36* auDée,
Oo noonte qu*il périt dans un nanfrafe
avec les traductions de 108 comédies de
Méoandre qu'il venait d'achever; d*aB|res
assurent f ue la douleur d'avoir perdu^
avec son ba§^^ expédié en avant sur un
vaisseau, plusieurs comédies qu*il avait
composées, le jeta dans une maladie dont
il ne se releva point. H serait difficile
d'accorder de si longues études avec un
retovgr si prompt. On aura pris la date
de son départ de Rome» qu'il ne devait
plus revoir, pour celle de sa mort. Mais
à travei;^ ces obscurités y ce qu'on peut
démêler de plus vrais<u»bbble, c'est qu'au
Vioment où il s'apprêtait i rentrer dans
Rome, ricbe d'espérance , l'imagination
rafraîchie par un lobir savamment oo>
. cupé, il périt dans la vigueur de son âge
' et de son talent.
Six comédies, traduites ou imitées de
Méaandre et d'Apollodore , sont tout
ce qu'il a laissé. On ignore ce que son
voyage y aurait pu sjouter. Ces 6 comé-
dies ont sufB pour l'élever au premier
rang pafmi les maîtres, et pour balancer
la renommée des 120 pièces de PUute, la
surpasser mésM au jugement de la plu-
part des lecteurs et de plusieurs critiquei
d^ proCession, principalement chez les
modernes, et déjà chez les Romains. Si
l'on s'en étonne, qu'on demande aussi
«pourquoi il est le seul, av^ Plante, dont
les ouvrages se soient conservés ? Le
simple hasard ne rendrait pas raison de
ce bonheur.
Quand les spectateurs décidaient du
succès des poètes, Céciliua qui entendait
mieux que personne les combinaisons et
les e(Uu dramatiques. Plante avec sa
verve intarissable de bonne humeur et
de spirituelle bouffonnerie, Névius plein
de chaleur et de hardiesse, durent l'em-
porter avec éclat. Mais dès le règne d'Au-
guste, les mrmes avaient contraint les co-
médiens à leur céder la place, comme la
pompe et la bruyante musique des pan-
tomimes avaient chassé les tragédiens.
Désormais la comédie et la tragédie pro-
prfment dites étaient des poëmei de
lecture et non plus de théâtre. Ce furent
Uniquement les hommes instruits^ san-
(7<3) T£R
siblei aux bnaotée, anx
l'an d'écrire, qui apprédènot tm
flexion^ soit dans des asseoiblécKfi
soit dans le silence du csbioeC,c(i&
cienne littérature scéniqut.Praqtt
les auteurs que le pédant Yolcttia
digitns mettait au-dessus de Tè
tombèrent dans Toubli*. CécQiii
dire de Gicéron, avait un mtonk
gage^ Névius était trop inculte et
suranné ; Atilius éoorchait les on
personne, après Volcatius, n'i pu
Licinius, si ce n'est Douât, pour
apprendre qu'il désola Tércnce pi
intrigues et ses cabales. Plante û
renoe soutiennent victorieuesial
preuve de la lecture. Lus et rdo
cesse, la plume des copistes ae cesi|
de les reproduire; c'est simiqv,
habiles et mieux inspirés, ils forest
heureux que les autres pour sêant
grand naufrage de l'antiquité. Toi
a encouru justement le reprocbeéi
quer de force comique, et de n\^\
la moitié du génie de MéDandre,*^
pée avec le doux parler, ouïs an
veine de gaieté. Toutefois 00 letni
rait fort si l'on s'attendait iotm
trer chez lui que des actean dokss
refrognés, et point d'agréable aji
ment. Qu'on voie les bons toon de
rus qui engage le grondeur Chrés
recevoir dans sa propre maisoo, ^
savoir, la mal tresse de son fils (£^
tontimorumenos) ; et le persifla^ ^
autre Syrus dépistant par ses feinter
pathies un vieillard enusourrouX) «n
faut se débarrasser {Adelphes];f^'^
viale effronterie du parasite Phocst
et U curiosité si inquiète et cootm»
ment déçue de ParmenoD [Eée^,
les ruses et les tribulations de Dave ii
mente, menacé par le père de 900 je
maître et par le jeune homm* ^
service duquel il met ses fourberies ^j
drienne),^9M le poète ne seienta
puissance d'enfoncer aase2 arsot lip^"
du ridicule, ni la résolution de ci^
la peinture deifc personnsgei v6^
saisir uès vivement les maunis c6ie><
cœur humain. Trop soutent ^ ^
d'esclaves» de viedlards, de nu''^
(*) Eum mejiêiieê êrrênm iitsùh^*^
Cfk €ont^ si fuit unimtp mH m*^
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TER
«uriisaiiM intéramnt par de généreux
DtimenU. Où dirait qu'tl a panr da
ire ^rioiaetr les maiqoat «t de plaisan-
r pour le peuple. Sa déboDoaireCé
aoas— lei traitt de la malice riema,
M da la ^médi^ et la mesure qu'il
.mpaae allanguit uo peu ta muse : TÔila
B défauts; mais ils tiemient à des qua-
Lés qu'on oe saurait trap louer. Nul
>ét# ne s'est montré plus scropulauz
>aervateur de la nature des caract^reSy
ïs convenances d'état et de mceurs, de
▼raîae«Dblauce des discours et de Tac-
[>B ; jusque là qu'un da ses héros ayant
exposer dans un récit ce qui Tient da
! passer derrière la scène, il remplace
lon^ naonologue de Ménandra, son*
iodèle, par un dialogua où il lait inler-
;Qir un personnage de son invention «
Sn d'instruire le specuteur ^ds en tra-
ir l'intention et le besoin*. Jamais sas
^taurs ne aortent de leur situation et de
^ur aasploi pour s'échapper en digres-
ons bnriesques, en moralités ▼erbeuseï .
lui n'est plus fin et plus judicieux mo*
a liste; nul, précepteur plus discret : ausd
Bi-il cité par les plus logéoieai autant
ue par las doctes comme exemple d'un
rt aceompli **, Toutefois nous n'admet-
rons pas l'élege sans quelques réserves ,
le lAt-ca qua pour les ncBuds toujours
loublas (un jeune homme épris d'une
courtisane avec un auQre engagé dans
m honnête amour) *^; ne fût*ce encore
|ue pour les déaoùments amenés par d'é-
ranges accidents **** H un peu brusqués
lans la forme
liais son art, eût- il
Hé sans reprocha, ne l'aurait point doué
i'imaM>rUlité. Cest le style qui l'a fait
vivra, ai le fera vivre encore, toujours
jeune d'élégani^a et de grâce, tant qu'il y
aura des nations polies «t lettrées; tou-
jours étudié avec intérêt et avec fruit ;
a car, oomae l'a dit si bien d'Aguesseaa,
les perfections «ssentiallas du style sont
les mêmes dans loutas las langues; et œ
(•*) ^MCfTv. . . . TêTtfitiui art; Horat.
roetA êrtifleiotistimmi. Ûomat.
(***)VEwmqmtX0êmmtmiimarumêm0»,UUdêk
pkêt, PkormiêHi dÎMU( ounagM aatsi dana T^e-
driennê,
(•**•) Det fiUes eolerées ou abandonnées ,
poif ratroofÂM.
('-OWarfriaaafaÉjNirticaHsr. •
( 769 ) TER
•andt ana*«nnattr da croire que daa an*
laurs latins na puissant pas no«s appran*
dre à bien écrira en français. » Et qui
pourrait mieux enseigner que Téranaa
le secret de eette aorractiop naturelte oà
n'atteint pas la science du ginmasalrian^
da aetta exquise et pudique élégance,
brillante de pureté, non de paaure; da
cette précision qui ne retranche rien an
charma du sentiment ou de l'idée; da
cette grâce familière et ratenye, qu'at-
tendrit qoelqtMfois, sans l'attrister, una
légère ombre de mélancolie? Térence est
le Virgile de la comédie latine. Il offira
encore dans ses écrhs un phénomène
pins singulier. Presque contenuporain de
Plante et d'Ënnius, sa diction parait plua
moderne que calle de Lucrèae ; il avait
devifté plus de cent ans d'avance la lan-
gue du siècle d'Angasla.
Les éditions de cet antenr se comp-
tent par centaines^ il ne nous resta d'as*
paœ que pour en citer quelques-nner
entre les plus remarquables^: œ so^
nommer en même temps les pinscélèlim
commentaires, La première, à ce.qu'on
croit, sans data certaine, est supposée de
1 469; ellt^st enrichie des notas de Do-
uât. D'autres, a peu près cantemporaines,
parurent à Venisa, 1471, à Rome, 1479.
Tinrent* les recensions critiques et eaé-
gétiq6es d'Érasme, 1SS6; de Faêraa^
1665; d'Antesignan, curieuse par la ao-
ût ion des mètres en marge; da Daniel
Heinsius, 16U; da VesterboviOs, 1796,
une des plus amples; de Bentlei, 1717,
la plus ingénieusement hardie; de Zenne^
1774; deBrdns, 1812; da PerK 1891;
da Leinaire, 1$97, reproduction de celle
de Perlet, qui résumait lui-même et les
notes explicatives de ses devanciers, et
les diasertaUons<^ mettis iertntiOMiêét
Bentlai. A ce propos, noM avertirons
d'une inadvertance échappée 4 un sa-
▼ant et excellent biographe, qui, dans sa
notice {Biographie UMverseiie^ t. XLY,
p. 161, col. 1), où l'on trouvera tout ae
qui manque à la notre, interprète la
phrase de Quintilien : Oiinam intra tri^
meiros steiùsetj en ce sens, que le poète
serait accusé de rompre on ds fausser la
mesure du ven iambiqua# QointiUan
n'exprime qu'un regret sur la licanae,
inconi»i4e aux comiques grecs, al pmaéa
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TER
(Î64)
T£R
en mage «hez les ladw» d« mMer dam \t
dialogue des vers de toutes sortes et àé
toutes mesures. Ajo«tOBS encore que le
tésMyignage da gnuavatrien Rufin signi-
fie» non pas q^ Téreoce termine les Ters
qi«Bleofiq<i«s de ses preoDÎères aoènes par
uo iailibey maïs qu'il se reoferme alors
dans la «lesiire du vers iambîque de six
pieds. Les traductions francises qui mé-
rîteot d'être diées sont de M°^ Dacier
(171f 9 8 toi. io-8o) et de l*abbé Lenoon-
ni«r (1771, S Tel.); celle-ci plus élé-
§ai|le et plus fibilB, celle-là plus înslruc-
lâve et plus préciensé, tjint par les notes
qne par la correctiçn du teite et par des
figures copiées d*ua manuscrit peut-être
antérieur an ix* siàele. N-r.
TERGLOUf vor. Alpss gaUMIqubs
et Illyvb. *
XSHME ( Terminus)^ dieu protec-
' teur des liasîtes, dontNuaa PompiKns
introdniiSt le coite à Rome quand il di-
visa les terres entre les citoyens et mit
d^ borner anx champs^ Ltftradition rap-
- porte que lorsque Tarquin.fit enlever les
autels des dieux qui occupaient la f oche
Tarpéienne pour j construire le temple
de Jupiter Gapitolin. Terme setll ne vou-
lut point cédrr la place au souverain ^e
l'Olympe; et comm^il n'était adoré qu'en
plein air, tt fallut laisser an-deisns de son
autel une. ouverture dans 4a votfte du
nouveau temple, lies augures virent dans
sa résistance opiniâtre un signe que les
ironiièrès de la république ne recule-
raient jamab. On représentait pe ,dieu
axoc une tête bnmaine, mais sans bras et
' sails jambes, et on lui sacrifiai tdesagneaux
et de jeunes truies. Sa fête, appelée Ter-
minutes ^ se célébrait le 3 1 ou le 33 fé-
vrier, jour qui terminait l'année ro-
maine. C L,
TEHMIIIOLOGIE, science dester^
mes. techniques iyay,) ou des idées qu'ils
représentent.Les termes particuliers pour
désigner les objets spéciaux d'un art,
d'une science, d'un métier, sont inventés
par les personnes qui s'occupent de cet
art, de ce métier, de cette science, et le
plus souvent empruntés aui langues sa-
vantes, le grec ou le latin. Ordinaire-
ment, ils sont alors adoptés, sans altéra-
tion essentielle, par toutes les nations
qui se livrent à la culture des sciences et
des arts. A mesure qne ees sdcso^
piriquea ou ipéoalatives, se perid
nent , la terminologie s'enridùtèi
veaux mots : ceML est inéviuUe,!
conçoit; seuleiaent il ne font pB|
ser a fexcès la manje de nssonl
cet égard, de'fieur de bérâKrlil
d'une multitude de motsétrtsga)
tiles. C'est ainsi que la teramolo^
losopbique a pris en Aileinspei
tension vraiment e|b«yanle.
TfiRNATE , -^oy. Moloqub
T£RNAUX (G«illaumi-Lm
ron), célèbre manufacturier, m
Sedan, le 8 od. 1768,etfitsooij
«tissage dei affaires commeraak
\es yenx.de son père, qui, forcé
laisser tà direction de stmaiioa
(m'il sortait ii peine de l'enfioo,
r^ repentir ni ppur soû fiis, ■
kii-méme. Le jeune Temoiti
pleine voie de prospérité qoimicd
révolution, quHl sakia d'aboni m
thousiasme. Mais bientôt déàà
combattre les erreurs et iessicfii
blia, dès l'année 1790, uae fan
contre le papier- monnaie, iod S
de vykBU d'unpatriotemr Us «^
Cette première manifesution )d
l'honnedrd'unedignitémuDÎdpaiq
il ne fit usage que pour lutter eod
exagération^ des partis. Cm^
après le 10 août, dans l'iootileB
ment de La Fayette en faveur do
fut menacé à plusieurs reprises def
sa liberté, et il dut, en 1793, à
son salut dan^ l'exil. Il refasuka
tablir son industrie en Angletenti
Belgique, et attendit pstiemeeti
jours meilleurs pour revoir la Fïi«
moment arrivé, TemauxViat «^
Paris, où il ne tarda pas à être ^^
bre de |a chambre dg ooBiiDei«<
conseil général des msDtf&et^
fondu plusieurs fabriques diiii ks
dennes, sur la Marne, à Loovien,
Malgré ses grands travaux, H ^J^
pas étranger à la politique. Il>^
fusé son adhésion au coiaaUl»^
•plus tard il se prononça conlfe"^
mais Napoléon , juste spprécai^
mérite, ne lui garda pssraoâiWj*
qu'un jour, après une toun»**
dépanements, il visftait i« ^^^
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T^ ( ÎG
B^ de TirMuXy il hii fit avec bien-
P^ lance : « Je vow tronife donc ptr-
^t ?» Et amaitôt» détaebaiit aa eroix, il
j^^tacha 8ar la poîtrioe de Pintègre et
^3île Cabricant. Qoelquet-amtéca après,
^e fit officier de ha Légion-d'flomieiir.
^ pendem TemaaK, croyant Toir dans
JHealMiraUoii de pliu grandaa garantîea
"ur Is sécurité dô ooiDafterce,8e rallia
\b farter aux Bourbons; et pendant
Cent- Jours, il crut devoir les suivre
' 38 l'«xiL Au retour de Louis XYHI,
eçat on commandement dans 4a garde
Tionale parisienne, et fit partie du con«
" géuéral du département de la Seine,
si qa« de plusieurs commissions on il
- idit d'éminents services à Tindustrie. '
^'^ suite des malbeurs occasionnés par
'disette de 1816, S^adrema au roi un
'^?rnoire sur l'appropisionnemeat dé
^'uipita/emJjn roi lui expédia le titre de
D^ x»n. Pfésident du collège électoral du
:>^3. die l'Eure, il refusa de se laisser
a¥ter à la chambre, .et ce ne fut qu'en,
ï^ 8 que, soutenu par le ^inisl^^ il
r^iiporaa sur Benjamin Constant. AUis
'^ preuves d'indépendance qu*it donna
otfadant deux sessions le brouillèrent
j^'sc le pouvoir qui s*opposaik sa réélec'*
t»n en 1893. En même temps, lagnem
^Ei^pagne apportait dans son commerce
[tfie grande perturbation. Lqin toutefois
ti. se laisser décourager par cet échec, il
(•'doubla d'activité et de patriotisme, et
«iacha son nom à plus d'une découver-
p^ à plus d'une teqtative utile a scm
s'.ya. Tout en présidant une société d'en*
* jiumgement pour lUnstruction parl'en-
^^goement mutuel, il appliquait son
^^eution spéciale à perfiBctièi^ier la la-
^ication des lainetf' et à introduire une
^rmode variété dans les tissus, dont plu-
sieurs ont a^finB été inventés par lui.
«on content dea immenses débouchés
^ue lui avaient ooverta ses maisoi^ de
^«i^oume, de Naples, de Cadix et de
«iut-Pétersbonrg, il fit venir à grands
,«^aie ^^ Tibet un troupeau de bètes à
:^ioe, dont il voulut o||érer le croise-
^^gftt daaa le midi de la France, afin que'
^ oontBAV^ des châles {w>y, G^chx-
^tbb), qu'il avait porté a une si baute
^^erie<!^D> cessât d'être tributaire dea
;^r<0Ol''°'' ^^ notables amélioratioBs
5)
TER
qull itetroduinit dans les procédés dé fa^
brieatioa lui ay^t permis de baisser hi
prix de aea pnodulls, H s'attira la haine
du petit commerce, mais en même temps
H mérita l'catime publique, et reçut du
gosivemement d'honorables léoompen^
ses. Il conquit encore de nouveaux titres
à la reconnaissance de ses concitoyens
par l'établissement des siios^ espèces de
souflerralns dans lesquels se conservent
les graiaa avec une économie des neuf
diiièmes dans les irais, et par l'invention
d'une substancealtflMntaire, qu'il nomma
t^ramen, et qui aeoompoae d'une côm^
binaiéon du gruau dç pomme de terre
avec le bouillon d'os et fai géhrthie, les-
queb, unis au jus de carotte aromatfsé,
formait une nourriture éoonomiqoe et
substantielle.
La wie* politique du baron Ternaux
recommença aux élections de 189r, oà
il fat appeRl à représenter le 10* arron-
dissement de la capitale. Toujours ferme
et inébranlable dans ses convictions, il
ne porta jamais à hi tribune le talent de
l'improrisatenr, mais il sut les fiiire va-
loir par ses discours écrits, presque tous
empreints d*un grand esprit d'è-pmpos«
ài^taire de la fameuse adresse des >S1,
il prit une part active aux événementa
de. Juillet 1880. Mais une fi>b la révo-
lution consommée, il oublia les orages
parlementafares pour fiûre face, evee
une résignation stoîque et une admi«
rable constance, aux revers de fortune
dont ses dernières annéaa furent affli*
gées. Il trouva d'ailleurs asoyen de sa*^
tisfaii^ 4 tous ses engagemenu avant
sa mort, qui arriva à Saint-Ooen le 2
avril 1888. D. A. D.
TBRPANDRE, poète et musicien
grec, nytif de Bféthy mne ou d'Antisaa dans
Itle de Lesbos, vécut vraisemblablement
v^rsTan 6S0 av. J.-C. LacédéaMne étant
déchirée par des guerres intaatines, on
consulta l'oracle sur les moyens d'y rét»*
blir la tranquillité. Apollon répondit quHI
fallait appeler le cfaùtre de Leaboa. Ter«>
pandre ae rendit donc à Sparte, et par
aea chants, accompagnés des sons de la
cJthare, il y ramena la paix^ Lesmélodtea
de Terpandre, appelées dans la suite /^#.
bienneSf servirent longtemps de modèle
(iio/r Plelin^ Lesbiaea^ Berlin, 1896),
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TfiR
Ct — tki— célfibrv
mm tffok mrêm à la lyf«» qiiip'«ttarfttl
•a jvtVM là qam ^piatr». D*Mtr«tâttii*
bMt ctpencUt oeltc îaTwitîoo à Or*
pbé«9 à ÀMphioB wi à ApoUoa. £a loal
«M, ot ùâi ÎBOonlMUbiaaMBt Terpuidr*
i|«i introdaÎMl à LaeédéiBoat la I jra à
•tpt oordit. Da ttmiat kt êéœwtettm
^fà^'û doit avoir fiâtat, k plot iaipor-
lanta ml réoriUira nMakak. Qaal<iaaf
«■a aa font honnaiir, U ait vrai, à Py-
thafora; iMÛa oa a daa raisons pour
adaaflral'opyMOB ooslraka. CoaaaM ks
Laeédéiaoaiaas eh— taknl ks poésks (k
Tarpaadra 4aM k«rs fastioa^ oo k ra»
farda aussi eoaiMa l'iBiraBtaor de k scolk
(a«aia»)f aspect da raada, «s cbant hm-
chiqae chanté tour à tour par ks oonWias
dans wi faslî%a?ac aaaaaipa^aasaot da
k lyra. C. L.
TERPSICHCttB , var. Vmn.
TEKEAGE, voy. Svcas, p. 696.
TKHRAIll.DaiiakkHHE^ordiBairay
ou noiMM tarrain une étaadae^plns o«
Moins oonsidérabk da la surface do sol,
qai sa dkrinyia, par cartaînaa qualités,
des astres portkns de sol pins on bmmos
voisines: e'esi dana oa sens que l'on oon*
para nn terrain de pkkie à nn lorraiada
jnontagne,ian terrain fer^ à nn larrain
panne, nn terrain Immade et maréea*
§aiiE à nn terrain see et aïkk, nn terrain
argikna à nn terrain sablonnant, ete. Ces
meaipks font Toir qoe, dans cetu dis*
tinetion de diirera terrains, ou s'attache
•idnsiTenient à daa propriétés pins on
nMÎns générales qni se maniksteDt^ l'ex-
lérienr«
Les géalogaea prennent k mot êemum
dans nna tonte autre acception : ib ap-
pellent ainsi l'enseashk de tons \pê ma-
tériam eottHitnnnu dn sol , qni ont été
produits on pkeés «knft le lien qu'ils oc*
eupent , pendant un lapa de teaips plus
ou soins lon§, et ik distingnent alors
daa terrains nncie/ir, des terrains moyens^
des terrains modêmei^ ou hkn des ter*
nSa» primaires f secondaires^ tmtiaireSf
qui eoMposent pour eus de grandes clasi^
iw prineipaks qWik sous divisent ensnfita
da seeoMd et de troisième
ooa
(766) TEA
trée que k MJ, e'«Bt>à-éin làpi^
eitérknra aetuslk du «yliéroîdi krw.
subitaneas annéraks soUdsi, dim
par kur nature et par knr oripBi,^
ont suooaisivanient encroàté, pouie
dire , et enveloppé k Mssse pbiÉr
originaire {v^» GioLOGn), là iraic
de oe soi, considéré oosuss «s 1er
donne des sections chroaolo|iqia,M
logues à oelles dans ksqasllei b Ib
riens comprennent les fiîils etéténm
lorsqu'fls font sucicessinneat nûsif
de l'antiquité, du aMyea-âfictè
tempa modemea, ai knqa'ib lépa
cas grandes périodes an sièdei,aft
>, ete*
Cette dsmiére eomnaraiioBadhfff
leidéepaédsadafériuUta
que Ton doit etûcher, an (èohfie,!
BMA êemin. Poursuivk dÊméaèètt
elk pourrait servir à kirs uirpi
terrain Jtant uniquement Is tmmt
tout ce qni s'est ajputé au soi pHenta
depuk une époque jus<^'s aneniriifo
r, il peut être oeaspoié de naînic
nauirê très* différente etdbsr
mode de formation a pu bssnanp»
rier* C'est qu'en effet, lonqs'oi «
connaître k sol sous tous ja nff»
que l'on- pénètre dans son ^ikitf,!
reconnaît bientôt de grandei éifféiw
dans k nature, la atruetnreetUâf
sition da ses diverses partist, et Pafl
conduit k constater que ks «ibKV
solides qni le eonstitoent psr Ictf r»
nion, f ne sont pasde^sésKBitvt;'
qu^elks n'ont pas été fermées pir ha
me cause ; $« qu'elles ontéléprs^'
des époq^ei difiéreotes. Ces troiie^
de résultats sont jusqu'à an esruia p«<
iadépendantsksuns des antreiyfaif ^
la vigneur on peut étodierJ^ «^^
tion des matérkua do sot, l« (ha
d'après leur nature aiioéralo|ifii}«>
s'enquérir de kur mode de fbrmtioi"
de leur âge nektif $ de méeie, os ^
grouper ces matériaux snivsat lesr «^
gine enalogne pu didSércnte, oe^
kur ancienneté plus ou atoisi §ni^
sans avoir égard à leur natore« lip
doue convenabk de déngoèr m«^
différents ks groupes, uiat*«-»
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TER
(767)
tEH
'approcher fes matérfantx itfnA^ suivant
le I^Dii considère celoi-ci sons les trois
vers points àt Toe de la eomposition,
s l'origine el de Tige. Les terrains se*
•nt les groupes on sections déterminés
ir Page relatif; Ick formations seront
Qx fondés stir les divers modes d* for-
atioç ; les roches seront enfin cens
mr lesqueb la nature on composition
ira seule été prise-ep considération. Il ,
X yrai que ces trois expressions n'ont
is toujours reçu de la part des géolo-
les le sens précis, nettement distinct >
le nous venons de donner à chacune
elles; trop souvent eHes ont été em«
loyées les unes pour les autres, et cha-
îne dans des sens tout-à-fait opposés,
B telle sorte que, dans le langage et dans
« écrits des géologues , il existe encore
ne grande confnsîan à cet égard : les
DS disent indifféremment, par exemple,
ne roche, ou une formation, ou un ter-
lin secondaire, ou bien marin, ou bien
ilcaire, taudis qull fkot dire exclnsive-
lent une roche calcaire , une formation
larine^ un terrain secondaire^ d^autres
éotogues considèrent les terrains comme
» grandes divisions du sol, et ils sous-
irisent chaque terrain en un plus ou
loins grand nombre déformations fXMn-
is que d'autres eucove , dans une idée
averse, prennent les formations pour
& représentation de tout ce qui s'est pro-
luit daAs une grande période, limitée
\tr des événements géologiques plus ou
Doins généraux, et dirisent cts forma"
ions en plusieurs terrains caractérisés ,
oit par la nature des roche^ soit par l'o-
igine de celles-ci.
Cette hicertitude dans la nomencta-
nre géologique et la confusion qui en
ésulte riennent naturellement de ce
[nt les premiers auteurs qui ont in-
troduit les expressions aujourd'hui oon-
»crées de terrain et de formation ,
et particulièrement l'école de l'illustre
Werner, attribuant une même origine
aqueuse ou neptunienne à la généralité
des matériaux dont le sol est composé ,
croyaient, en conséquence» que les grandes
différences de nature, de structure et de
disposition de ces matériaux éuient en
rapport avec leur ancienneté relative, ou
le produit de drooiistaiioet partlculièret
et focales : fls n^ont pas alors senti Te be-
soin d'attacher une valeur tranchée è de*
expressions qùlfar employaient pour ren-
dre des idées qai elles-mêmes n'étalent
pas nettement arrêtées.
On distinguait dans l'origine les ter--
rains primitifs des terrains secondaires,
et cette distinction était fondée sur l'idée
que les premiers, exclusivement compo-
sés de substances cristallines, ne conte-
nant pas de fragments, avaient été for-
mée antérieurement i l'action des causes
qui ont depuis brisé le sol et avant la
création des corps organisés. Les ter-
rains secondaires étaient ceux qui, con-
tenant des sédiments, detf agrégats mé-
caniques et des fossiles, avaient été pro-
duits après un événement que l'on sup-
posait nécessairement très grand, puis-
qu'il avait changé entièrement l'état des
choses à la surface de la terre, qui était
dès lors devenue habitable et peuplée.
Malades observations plus exactes et plus
multipliées ne tardèrent pas à faire voir
que, dans certaines parties du sol, on ren-
contrait à la fois, et alternativement, les
caractères des terrains primitift et ceux
des terrains secondaires. De là rétablis-
sement d\me classé moyenne de terrains
de transition ou intermédiaires ^ qui
semblait indiquer, comme on le disait
alors, que la nature avait passé graduel-
lement, et par oscillation, d'un état de
production à un autre.
Enfin une analyse plus détaillée du sol
ayant démontré que dans ses parties les
plus profondes et les plus anciennes, com-
me dans les plus superficielles et les plus
modernes, on trouve par place des d^
pots, massifs ou stratifiés, cristallins ou
sédimentés, avec ou sans fragments, avec
ou sans fossiles, on reconnut que ces di-
vers caractères n'étaient pas dus a l'âge ,
mais qu'ils provenaient des causes et
des circonstances de production ; que
des causes différentes, agissant simulta-
nément y avaient , dans le même temps,
produit des effets distincts, tandis que
les mêmes causes, ne cessant d'agir de-
puis les époques les plus reculées jus-
qu'au moment actuel, avaient donné lieu
à des produits analogues dans tous les
âges.
Pour notfs résumer et ne pas entrer
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TER
( 768J
TER
daiii dUt développeiDenU q«e la nttim
dé cet oaTrage ne novi permet pas, pre-
nons an exemple Tal^hrey et comparoni
les aubtuncet minérale! qui composent
le lol aux hommes dVn régiment. Ne
poarrions-noQs pas claster d*abord les
hommes suivant la première lettre de
leur nom, on d*après leur taille, leur
tempérament, etc., et satis faire at-
tention aux fonctions qu'ils remplissent,
ni au rang qu'ils oocapent? Noos forme-
rions alors des groupes comparables aux
groupes de substances minérales désignés
tous le nom de roches ; nous ferions en-
suite des tableaux dans lesquels nous
rapprocherions ou séparerions ces mêmes
hommes, en raison de leur grade, et nous
aurions les soldats, les sous-officiers, les
officiers, capitaines, commandants, etc :
cette classification correspondrait à celle
àts formations ; enfin les sections du aé-
giment en 1*'', 3", 8* bataillon, et cha-
cun de ceux-ci en compagnies, escoua-
des, etc., seraient analogues à celles du
sol en terrains»
Avec la nomenclature logique et scien-
tifique que nous Tenons d'exposer, le
géologue qui veut décrire le sol d'une
contrée limitée et le comparer à celui
d'une autre contrée peut le faire d'une
manière simple et convenable sans dif-
ficulté. Le sol des environs de Paris,
dira-t-il, est exclusivement composé de
terrain secondaire supérieur, crétacé, et
de terrain tertiaire inférieur. Dans ces
deux classes de terrains, on ne rencontre
que des formations aqueuses ou neptu-
niennea, et les terrains tertiaires sont par-
ticulièrement caractérisés par des forma-
tions marines qui alternent avec des for-
mations d'eau douce lacustres, et par des
formations fluvio - marines ; les roches
calcaires, arénacées, argileuses, gy pseuses,
meulières dominent dans ces diverses
formations. Le sol de l'Anvergne, au
contraire, se compose de terrains pri-
maires inférieurs et moyens, sur lesquels
reposent des terrains tertiaires : dans ces
terrains tertiaires se voient des for-
mations aqueuses exclusivement d'eau
douce lacustres ou travertines, et des for-
mations volcaniques; les calcaires et les
marnes argileuses, les trachytes, les pho-
nolithes, les basaltes et les téphrines sont
les rodiet dominantes daas m £
formations.
Les terrains ne pouvant pssà
ractérisés par la nature do pocIms
le mode des formations, puisque ic
terrain peut être dans une localiit
posé de formations iBfekrinesct ée
calcaires et argileuses, dans noe «
formations d'eau douce et de rec
liceuses, dans une gx>is'ièiiie de
tîons Ignées , voldniqnes et de
feldspathiques ou pyroxéoiques,!
n'est que diansun ensemble éear
et surtout dans la superposition^ (|
trouve le moyen de les disiiogner
des autres. Mais ici d'assez griodi
cultes se présentent, car toutes I
tjons chronologiques du sol ne a
pas en rapport dans une méiBe |
du sol. De grandes régions sooti
ment composées de terrains soda
d*autres, à quelque profondearq
parvienne, on ne traverse, à pvt
surface, f|ue des terrains Dodtf
faut chercher et trouver la |»
ceux-ci reposent sur les prenifl
constater leur âge moîos éloipt
par une suite de recherches de a
que les géologues sont parveniisi
buer en une aérie socoessive qb
nombre de groupes dont les car
généraux, \e faciès, bien appréci
fisent bientôt à l'observateur pour
miner l'âge- relatif d'un terrain a
quelle est sa position par rapport
très, n en est de ces caractères^
•raios fournis par certains mioéns
taines roches, certains fossiles, coo
ceux anxqucjk us antiquaire rec(
par les monuments, les meofifes,
mes, fe style, etc. , les divems é|
hiatoriques, ou auxquels un uieie
naît les ubleaux des difTtoent^ ^
Quant aux pVindpesde nomen
à adopter pour désigner les diver
rains, il s'en faut que les géolofoci
^d'accord : les uns propos' '"^
noms qu'ils reconnaissent de f
distincts, et ils empruntent ces soi
aux roches, s6it aux substances, soi
fossiles, soit aux localités. Ainsi <»
terraina de grès rouge, def^
crétacés; des terrajns niétiflir««»
bonifères, houillers; des urrÛBi^
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TER ( 7G9 )
bîtiensyftiiiinonéensi anoplotbérîens; Jes
terrtÎDs siluriens , dévonieDS, oxfor*
dieDSy néocomîeDSy parisiens, etc.; oa
bien on crée des noms tirés du grec :
terrains œocènes, miocènes, pliocènesy
comme Ta fait M. Lyell pour subdiviser
les terrains tertiaires.
Il faut remarquer que tous ces noms
significatifs, tels que grès rouge , métat-
li/ères^ carbonifères ^ n'indiquent que
des caractères dominants qui non-seu-
lement ne sont pas absolus, mais sont
souvent contraires au fait. Ainsi le ter-
rain de grès rouge ^ qui marqué une
Ti:u
époque, peut n'être représenté, par place,
que par des argiles et des calcaires; le
terrain carbonifère peut ne contenir au-
cun atome de charbon, tandis que du
grès rouge et du charbon peuvent se
trouver dans des terrains de toute autre
époque.
Il vaudrait sans doute mieux ne don-
ner aux terrains que des noms insigni-
fiants et sonores, ou même des numéros;
mais, dans ce dernier cas, on tomberait
dans inconvénient de ne pouvoir inter-
caler de nouveaux groupes, et la science
est trop peu avancée pour que Ton ne
sente pas chaque jour la nécessité de le
faire; par cette raison, il est sage et pru-
dent dVtendre, avant de vouloir formu-
ler une classification des terrains. Pour
le moment, la division du sol en trois
grandes classes de terrains, /^rima/iY^,
secondaires et tertiaires^ a le grand
avantage de ne pas engager Tavenir;
cette division naturelle, logique, ne si-
gnifie pas autre chose que terrains infé-
rieurs ou anciens, terrains moyens ou in-
termédiaires, terrains supérieurs ou nou-
veaux, et cette classification sera toujours
et partout applicable ; il n*y a que les limi-
tes entre les trois grandes classes qui pour-
ront varier. En partageant ensuite cha-
que classe en terrains inférieurs, moyens
et supérieurs, on obtient le même r^ul-
tat, et l'on a déjà neuf divisions géné-
rales, dans lesquelles il devient facile
d*encadrer avec ordre un grand nombre
des faits qui se rapportent à l'histoire du
sol , sans qu'il soit besoin de surchar-
Jger la mémoire d'une multitude de mots
aussi difficiles à retenir qu'i compren-
dre et souvent à prononcer. C'est mal-
Encfclop. d. G. d. M. Tom XXI
lieureuaeaMnt un préjugé trop géné-
ralement répandu, que ce qui paraît
trop simple n'est pas scientifique, et la
vérité a si peu de crédit, qu'il est pres-
que aussi difficile de la faire voir aux
autres qu'il l'a été de la reconnaître
soi-même. C. P.
TERRASSEMENT, Te&eassier.
Le travail du terrassier a pour objet le
déblai ou le remblai des terres, et s'ap-
plique au creusement d'un fossé , d'un
étang, d'une cave, d'un puits, aux fon-
dations d'une maison, à la forme d'une
route ou d'uue rue, aux grands travaux
de parcs ou de jardins, aux planta-
tions , etc. Pour faire un terrassement,
l'ouvrier jalonne le sol, y tire des ni-
veaux, et, ï l'aide de piquets plantés de
distance en distance, il mesure la quan-
tité de terre qu'il doit ou enlever ou rap-
porter, afin d'égaliser le terrain. Il a soin,
pour faciliter le toisé de l'architecte ou
de l'ingénieur, de laisser de loin en loin
de petits piliers de terre qu'à cause de
cela on nomme des témoins^ et qu'on
n'enlève qu'après l'ouvrage terminé. On a
indiqué, à l'art. Déblai, le temps qu'em-
ploie un ouvrier terrassier pour enlever
une quantité donnée de diverses terres.
On a parlé au même endroit des outils
dont il se sert à cet effet. Tout le monde
sait qu'ils se composent surtout de la
pioche, pour ameublir la terre; 'de la
pelle , pour l'enlever et la mettre dans
des brouettes, des tombereaux ou des
wagons au moyens desquels des hommes,
des chevaux ou des locomotives la trans-
portent à l'endroit à remblayer. Là on
la tasse avec une espèce de maillo-
che emmanchée verticalement. A me-
sure qu'on creuse le sol, on soutient la
tranchée avec des planches et des ma-
driers, de crainte des éboulements. Quel-
quefois un terrassement doit être épaulé
de maçonnerie, comme dans les fortifi-
cations et les ornements de jardin , soit
dans un but d'utilité, soit dans un but
d'agrément.
On appelle plus particulièrement ter»
rasse^ l'élévation de terre ménagée dans
les parcs ou jardins, surtout au-dessus
d'une rivière ou d'nne vallée, et plantée
d'arbres, ou ornée de fleurs, de vases et
de statues, pour serrir à la fois de pro«
49
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TER (770)
mentde et de poiot de vue. Telle est la
célèbre terrasse de Stiat-Germala-en-
Laye qui domine le cours de la Seioe,
dans uoe longueur notable, et d^où Ton
jouit d*uo magnifique coup d'œil. Celle
de Meudon, moins longue, mais où la
vue, plus resserrée, n'est assurément pas
moins pittoresque, mérite aussi une men*
tion. Par ei tension, on a donné le nom
de terrasse à la couverture d'un bâti-
TER
ment en plate- forme, où. la terre n'en-
tre pour rien , mais dont le but est le
même. C'est surtout en Italie et en
Orient que Tusage de ces sortes d'orne-
ments est le plus répandu. D. A. D.
TERRAY (Joseph-Maus, abbé), né
k Boen (dép. de la Loire), en déc. 1715,
dut aui soins d'un oncle fort riche, et de
plus médecin de la mère du régent, une
eicellente éducation qu'il sut mettre à
profit et qui lui ouvrit les portes du
parlement de Paris où il entra en qua*
lité de conseiller-clerc en 1736. Jus«-
qu'en 1768, époque où le parleinent fut
exilé à Cbàlons, il se fit remarquer par
sa capacité daps les affaires, non moins
que par la sévérité de sa vie privée. Mais
lorsqu'après son retour il eut recueilli
l'opulent héritage de son oncle, il s'opéra
en lui une complète révolution. Poussé
par un ambitieux espoir, il s'attacha à la
marquise de Pompadour, et, pour plaire
à cette favorite, il déserta, en 1765, les
intérêts du parlement. Resté seul aux
enquêtes après la démission de tous les
membres de cette cour, il sut, à la re-
prise des séances, se ménager une posi-
tion éminente, et se faire adjuger, pour
prix du service qu'il rendit en prenant
des conclusions contre les jésuites, la ri-
che abbaye de Molesme. A compter de
ce moment, l'abbé Terray ne se donna
plus même la peine de cacher la disso-
lution de ses mœurs, survenue avec sa
fortune. Devenu le bras droit du con-
trôleur général de Laverdy, il eut une
grande part à l'arrêt d'exportation des
grains qui amena d'infâmes spéculations
dans lesquelles l'abbé Terray trouva
moyen d'augmenter encore sa fortune,
portée bientôt a 150,000 livres de rente.
Laverdy ayant été remplacé, l'abbé Ter^
ray feignit de se jeter dans la partie des
néoontttntSy et rédigea, en janvier 1769|
les Remontrances du paHemm n
édils bursaux. Cet écrit £t ue
sensation que le roi se crut sUi^ (
peler son auteur au contrôle géséri
de son ambition (21 déc. 1769).
La première opératioB dt i»
contrôleur fut une banqueroute (vo
HAHGBS, T. XI, p. 45) qu'il jiulifil
nécessité de ne pae contiauer leij
de ses prédécesseurs, et de tnoer i
gne entre leur administratiooetUi
Toutes ses mesurée se resseotira!
début ; elles lui firent perdre np^
la faveur publiqae que sei ecr
avaient attirée. Non oonteat è
comme on disait alors, de Tarp
nom du Koi^ il en extorqoiit po
propre compte au moyen dcspe
vin de toute espèce qu'il prélen
tous les services qui étaient de h
sorL Une somme de 300,000 livn
s'adjugea sur le renouveHeneot é
des fermes, et sur celui des poodn
promit un instant son crédit;!
comtesse Dubarry, avec laqoeUe i
tagea son bénéfice, le sauva de a
vais pas. Tous ces indigne» profiu
à ceux que lui procuraient sei sp
tions sur les grains, le mirent î
d'étaler un luxe scandaleux qoi i
contre lui rindignatinn géoénie
taire, à qui les mesures du cootrôli
néral avaient fait perdre une iobi
sidérable, le harcelait de ses s»
les plus amers. Loin de s'ea éM
l'abbé Terray n'en ponrsuifaitpa
le cours de ses déprédatioas ei
débauches. Louis XY réoompes
honteux services par le don doc
bleu et par celui de l'abbaye de Tit
d'un revenu de 50,000 Ûnci. h
l'abolition des parlements, ftbbel
laissant à Maupeou (voy.) toat U
de cette affaire, eut i'adresK de«
à l'écart, et, comme pour hdtDOi
le mal qu'il avait fait, il enpioji I
de temps qu'il passa dans l'iott»*
des bâtimenU, en 1774, à reodr
services réels aux beaux-arts qoi d
de son domaine. C'est à loi qv'o^
le rétablissement du voyage dei^*
l'école de peinture à Roiae et Teil
tion de la galerie du Louvre. U ^
Louis XY fut le signal dtiidi'^
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TEa
(in y
TKfc
rabbé T«rtay. fisUé d'abofd p«r !• MU-
yma loi à sa terra dm LanotU-Tilly» il
eut bîcatôl U permÎMioD de rereoir à
Parâ, «à H coBttnot dm spécutmr sur Its
grains et d'écrire des pamphlets anoDy-
«les ooBtre ses sueoesseurs. U «noarut ie
ISfévr. 1778. D. A. D.
TRREE. La terre, séjour de J'bam-
me, composée de parlicsiolklesetiiqaides,
et eolonréed'iiDe atmoephère gszéiforme,
est no globe folsant partie du système
solaire) en tout semblable aui auires pla«
oètes (vox*)) '^ troisième dans Tordre des
distaooes à l'astre qui les éclaire, et décri-
Tant autour de lui une orbite elliptique
dont il occupe l'un des foyers, tandis
qu'elle tourne sur elle-Béme avec rapidité.
Rien ne parait plus singulier, au pre-
mier abord, que de ranger la terre parmi
lee oorpe célestes. Que semble, en effet,
avoir de commun cette vMte surface qui
nous porte, avec ces astres qui ne parais-
sent que comme des points dans les cieui?
La terre est opaque: les astres brillent;
DOua n'apercevons en elle aucun mouve-
ment : les astres changent oontinuelle-
meol de place, comme oto s'en assure en les
regardant soit k difTérentes heures du jour
ou de la nuit, soit dans les diverses sat-
aona de Tannée. Ces oppositions si pro-
fondée en apparence, la science est par-
venue à les expliquer d'une manière irré-
fragable, et il n'est plus permis de douter
anjoard'hui de l'analogie de la terre avec
les aiurea corps célestes.
Un des points qui ont dû intéresser le
ploa Tivement l'esprit de l'homme, c'est la
forme de la planète qu'il habite. Aussi
troavona^ous, dès k plus haute antiquité,
des tentativee pour déterminer sa figure.
Bien qu'arrêtés dans leurs moyens de re-
durrchea par les mers et le peu de rap-
porta qui axiataient eiltr« les divers pays,
les anciens ont pu cependant soupçonner
la sphéricité de la tenre. Cette forme se
dédîuit en efXeC de plusieurs phénomènes
phyaîqoes Iheiles à observer. Telle «rt,
par exeaftple, la ligne circulaire qui ter-
mine de toutes parts l'horizon dans une
plaine ou sur la mer; cette ligne change
té le spectateur se déplace, mais la forme
raaia toujours celle d'une circonférence
dont il occupe le centre. S'élève-t-il sur
une «Mintagne, il retrouve la même figure
à HioriiiMi, settleitient elle embrasse une
plus grande étendue de terrain. Vogue-
t-il sur les flots de l'Océan, la courbure
de la surface des eaux est encore plus sen-
sible. S'il se rapproche de la terre, les
premiers objets qu'il voit sont les parties
les plus éleirées clu sol ou le sommet des
édifice»; puis, à mesure qu*il avance, il en
découvre les psrties plus basses. D*un au-
tre côté, celui qui aiteud un vaisseau sur
le rivage aperçoit le haut des mâts avaut
d'en voir le pont. Ces phénomènes n'au-
raient pas lieu si la terre n'avait sa sur-
face convexe. De plus, lorsqu'il fut re-
connu que les éclipses de lune (voy.) sont
causées par le passage de là terre entre
cet astre et le soleil, la forme arrondie de
l'ombre projetée a donné une nouvelle
preuve de la sphéricité de la terre. Beau-
coup d'autres raisons, comme les voyages
de circumnavigation autour de la terre,
dans lesquels les navigateurs revienneut
au point de leur départ par une direction
opposée à celle qu'ils ont prise en par-
tant, corroborent encore le fait de la ro-
tondité terrestre.
La forme ronde de la terre une fois
établie, on a dû la considérer comme une
sphère parfaite , car les inégalités de sa
surface , qui paraissent si grandes à nos
yeux, sont à peine appréciables compa-
rativement à son volume, et, malgré ses
aspérités, la surface de la terre peut être
regardée relativement comme aussi unie
que la peau d'une orange. Puis on se mit
à rechercher les dimensions de ce globe
immense, La première estimation de la
grandeur de la terre est donnée par Aris-
tote, qui rapporte une mesure de sa cir-
conférence trouvée par les anciens ma^
thémadcient. Une mesure plus authen-
tique de la terre est celle d'Ératosthène,
qui Tévalua d'après la distance de Syèoe
à Alexandrie. D'autres calculs fureni en-
core tentés par Posidonlus et sous te rè-
gne du khalife arabe AI-5famoun. Mais
la difficulté d'estimer actuellement la lon-
gueur des mesures dont on doit s'être ser-
vi dans toutes ces expériences fait qu'il
est impossible de savoir au juste la valeur
des résultats. Ce qu'il y a de certain^ c'est
qu'il faut arriver au xvii* siècle pour
trouver une mesure assez approximative
de la terre. Alors l'heureuse tentative de
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ÏBR
(7TÎ)
Tfi6
FatmI («or. Diaai«tHoiio»Avis)«)raii
dirigé r«iprit dM géoaièlfcft Ten otite
ricberolie. SnelUiu iiMfiiia dctprocAdét
pliu ftcientifiquet et Ut mit eo osage;
mais ao vioe de calcul^ que la mort l'em-
pêcha de ractifiery lui ravit llionnear
de doDoar la première mature exacte
d'tto arc de méridien terrettre. Picard
(voxO ^t P^ beoreiu ; il entreprit de
DOOTellet opératioDt et panrint au but.
GepeDdaot la Tariatioo de la petanteor
toos Téquateur, signalée par Richer (voy,
PsHDULE ), compliqua la question : oo
éuit amené à penser que la terre n'éuit
pat 4ine tpbère parfaite , ainsi que let
lois de la graviUtion avaient pu le faire
pressentir et que le calculaient Nevrton
et Huygens. De nouvelles mesures fu-
rent opérées en France par La Hire et
D. Cassinî {vny. ces noms); seulement
les degrés furent trouvés plus grands
en allant du nord an midi, résultat par
lequel on croyait confirmée la tbéorie
de Newton et de Huygens, qui regar-
daient la terre comme nn sphéroïde aplati
vers les pôles. Mais des savants ayant
lait remarquer qu'au contraire , dans
cette hypothèse, les degrés devaient aller
en croissant vers les pâles à partir de l'é-
quateur , plutôt que d'abandonner les
calcula probableoMnt erronés déduits
des obsôrvations, on préféra se figurer
la terre comme un sphéroïde allongé
aux pôles. Par bonheur, le gouver-
nement français ordonna aussitôt des
opérations pour rectifier la mesure de
la terre sur une grande échelle. En 1 735,
Godin, Bouguer et La Condamine par-
tirent pour le Pérou; et Tannée sui-
vante, Maupertuis, Clairaut, Camua et
Lemonnier, auxquels se joignirent l'abbé
Outhier et Tastronome danois Celsius,
allèrent en Laponie. L'aplatissement
{voy,) de la terre fut prouvé, et les Cas-
sini eux-mêmes, après avoir déclaré aivec
courage reconnaître des erreurs commi-
ses dans leurs calculs, se rangèrent à l'avis
de leurs adversaires. La longueur du de-
gré du méridien mesuré à l'équatenr fut
calculée de 66, 7 53 toises, et celle du de-
gré de Laponie, sous une latitude moyenne
de 66^ 30', de 57,422 toises, ce qui donne
^ pour l'aplatissement au pôle. Mais
lorsqu'on compare ces mesures à cal les que
tBûavèieat d'autres mfaatt èMlk
ties tempe et en d'autres coatrèu, 1er
tullau ne coBcocdent plas, ci ^{
croire que les méridiem et lî u
ne sont pas des ellipses, ai ^ cm
bes aemblablet. La amsare d^ ^
austral, faite par La CaiUe sveeli)
grande exactitude, semblersit es a
annoncer que l'aplatîissmcat «a |
considérable daoa cet hésriiphm
dans le nôtre, d'oà il fanteoadsKf
terre n'est pas qn ellipsoïde, ni ■
aucun antre solide de révolotios pu
mais on sphéroïde îirégolitr. De Uc
paraison des diverses mesanid^n
la terre regardé» comme Issflsiai
et renouvelées, nomme oa sût, a p
lors de rétablissement dnsjUMMa
que français {voy. Tart. et les soda
MicBAiir, Delambub, etc.), osiiir
eoncluaions que notre planète i,a
mentions générales, I2,7â4,8(}'
diaBsètreéquatorîal, et tlji^fii'
diamètre polaire; d'où il tkKk$
diflérenoe ou aplatissement 43^^
Ainsi le rapport dea deux ditecn
la terre est à peu près celui de ^i^
c'est-à-dire que l'aplatisiWBSt tf
peu plus grand que j^, rémlutipi
cordie avec celui qœ donnent btbéa
l'attraction univeraelle et lecskslà
riations des oscillations da pei^
dilférenU degrét de latitude. Apre]
ton et Huygent, Stirling, Boa^r
laurio, Clairaut, Euler, Lsinoget
place et M. Mathieu, se soot occof
la recherche du degré d'aplstinme
la terre aux pôles par la théorie. Ot
corde généralement à le fixer sajovd
par les deux méthodes, à enrinaTi
. Si la solution du problème de lil
de la terre est encore remplie ^<
cultes, il n'en est pas de mîaie^
plication dea mouveoMpts dost i
globe est incontestablement sffedé.^
avons déjà donné au motpLànic'
ques-unes des raisons qui oat f«ito
porter au soleil la fixité doat U i
avait pu d'abord paraître douée. A 1
Soleil, nous avons fait voir coai
les mouvensentt de la terre^ mff^
une illution d'optique appsmsiri
astre, produisaient le jour, la ssit, f
née a vec sas taisoaa, et serfsiisl •>■'
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TER
(77a)
TER
baw aa calcul èa temps on an calMidrier
(voy. ces mots). Poor se rendre compte
de tons ces mouterileDts, des cercles cor-
respondants ont été imaginés par les as-
tronomes dans les deux et sur la terre.
L'an, Técliptiqne, indiquera rente que
snit' le soleil dans le coars d'une année.
L*éqnatenrest le grand cercle de la terre,
égalem«it éloigné partout des pôles, qui
partage le globe en hémisphère (voy.)
austral et septentrional: Traversé par
tons les méridiens, qni se réunissent aux
pôles, il est à égale disunoe de chacun
des points des différenu parallèles qni
marquent les degrés de latitude. Trois
cercles parallèles à l'équateor, dans cha-
que hémisphère, coupent la terre en xones
torride, tempérée et glaciale ou polaire
i {voy. CuMAT ). Les deux circonférences
I qui renferment les points où le soleil s'é-
, loigne le plus de l'équateur {voy, Sol-
L stigb) sont nommées les tropiques ; la ré-
[ gioQ du ciel à laquelle ils correspondent
^ prend le nom de zodiaque : c'est une zone
que ne quitte jamais le soleil. Tous ces
I cercles ont des articles spéciaux dans
I notre ouvrage. Nous devons nous con-
tenter ici de rappeler les principaux
. points de la théorie de la terre.
. Et d'abord, bous savons que notre glo-
. ke a deux mouvements distincts : l'un de
rotation sur son axe(tior*)> c|u*on nomme
diurne, l'autre de révolution autour du
' soleil, qu'on appelle onnùeL Le premier
' s'efTectue d'occident en orient en 28**
56™4* de temps solaire moyen. Mais dans
cet intervalle, b terre s'étent avancée
sur son orbite, sa situation a changé re-
lativement au soleil, et un même méri-
dien terrestre ne se retrouve en coloci-
dence avec cet astre qu'après une rota-
tion entière, plus une petite partie de la
rotation suivante, de sorte qu'en rappor-^
tent au soleil le mouvement de la terre
sur son axe, la durée de cette roUtion
est en mojehne de 24 heures ; c'est ce
mouvement qui produit l'illusion de la
révolution quotidienne, d'orient en occi-
dent, de la voâte céleste et des astres qni
y sont attachés. L'autre mouvement de
la terre s'axécuteen SQfil ^Mft'^Sl': c*cst
ce qu'on appelle son année tropicaie;
mais le temp qu'elle met à accomplir
sa réwlstion anmtette, an prenant une
étoile fixe potur pohit de départ el 4?ar-
rivée, est de 365l6i>9« 12«: c'est l'année
sidérale^ Dans l^ntervalle de cette rérolu-
Uon, le soleil nous fait l'effet de parcourir
l'écliptiqoe d'occident en orient. Comme
le centre de la terre ne quitte jamais le
plan de Fécliptique, avec lequel son axe
forme un angle de pi us de 66<>, cette incli-
naison éunt à peu près constante, il s'en-
suit que le soleil ne répond pas perpen-
diculairement deux jours de suite aux
mêmes points de la surface de la terre :
d'où naît le changement des saisons (vo/.
l'art.) et l'inégalité dans la durée des jours
et des nuits. La rotetion de la terre lur
elle-même se manifeste aussi dans l'expé-
rience par la diminution de la pesanteur a
l'équateur et par la déviation dans la chute
des corps. La révolution annuelle se dé-
montre théoriquement comme une con-
séquence des lois de l'attraction univer*
selle, et l'aberration de la lumière en
fournit une preuve empirique.
Outre ces deux mouvements, la terre
est encore affectée de quelques varia-
tions. Ainsi son axe n'est pas toujours
exactement parallèle à lui-même dans
sa révolution autour de son orbite \ il en
résulte un changement périodique dans
la position des pôles terrestres relative-
ment aux étoiles et un déplacement des
points équinoxiaux, phénomènes appelés
nulation {voy, ) fie l'axe et précession
des équinoxes* Les changements an-
nuels de l'obliquité {voy.)deVécUptXqVLe
tendent actuellement à rapprocher les
tropiques l'un de l'antre, jusqu'à ce qu'ils
recommencent à s'éloigner. Enfin on
peut signaler un mouvement qui fait va-
rier les poinU de l'aphélie et du périhélie
de la terre autour de l'écliptique.
Nous avons déjà dit ailleurs que fa
distonce de la terre au soleil était d'un
peu plus de 150 millions de kilom. En
supposant le diamètre moyeh de la terre
de 12,738 kilom., on trouve que sa dr-
conférence est de 40,000 kilom.*, et sa
surface totale d'environ 610 millions
de kilom. carr. dont les trois quarts sont
couverts par la mer; à peine la moitié du
(*) Cflrt là, oeame on sut, la bsM d« notre
lyMèae fliiétriqa«» dont l'étalon priaitif, le
mètre, «t la dix-millionième partie du quart
de cette cîrcoafértnce.
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TER ( 77
rttte «tt-il habité. Oo •omprMd fa*
dlAnent que les difTéranU poîoi ée Té*
qaataar doÎTaot parcourir chaqna jour
un cercle égal à leur cîroooférenoa : c^aat
a peu prêt 460'" par seconde, ce qui
équivaut à la vilesae d'un boulet de ca-
non. La densité moyenne de la terre est
6.5 fois plus grande que celle de Teaui
et les corps pesants qui tombent à sa sur-
lace parcourent environ 5™ pendant la
première seconde de leur chute.
La terre, comme toutes les planètes^a
dû être primitivement fluide { c'est du
moins «ne opinion généralement admise
aujourd'hui et qui se trouve confim^ée
par l'observation et la théorie. Ceci posé,
la figure aplatie de U |errt aux p6lea
i'eiplique facilement; car caserait exac-
tement la forme que prendrait en tour-
nant sur son axe une masse sphérolda
liquide, sous l'influence de la force cen«
trifuge. La globe que nous habitons est
composé d'air, d'eau, de fluides impon-
dérables, et de couches terreuses et ro-
cheuses qui sont la terre proprement
dite. Cette partie solide de notre planèta
est formée de 60 et quelques corps com-
binés de diverses manières {vay. Miwin
balogib). La terre parait contenir à son
centre un noyau de matières minérales
et métalliques en fusion à une très haute
température, lequel est recouvert d'une
enveloppe solide dont l'épaisseur varie
et n'est pas bien connue. La chaleur cen-
trale du globe, qui s'accorde avec les ob-
servations astronomiques, semble encore
démontrée par l'augmentation de tem-
pérature qu'on observe a mesure qu'on
s'enfonce dans des mines plus profondes
on qu'on descend des thermomètres dans
les puits artésiens*, et aussi par U chaleur
constante des eaux de sources thermales;
enfin elle explique de la manière la plus
satisfaisante les volcans et leur action,
ainti que les bouleversements qu'attestent
les dispositions des roches et des couches
terrestres. L'élude des diverses métamor-
phoses qu'a dû subir la terre et de ses ca-
taclysmes (voy.**) forme l'objet de la
géologie (vox. ce mot, TsuBAint Vol-
can, etc.).
(*) Oct* sagniMtatfaM ml dm i* par 3o^.
(*") Foir «urtoat CoWer, Discours êur Us rwr**
iiUiomg d€ /• tmrfac9 du gMt, «t Al. Broogalart*
TmbUau des Urraitu qui eompMtmt Vktomê dm fUkM»
M
TER
Dent refroîdinaitPtqne (iaraittvQir
snbi la terre avant la venue de l'boomc,
ne sarait-od pas autorisé, comaM l'oit
prétendu quelques philosophes, s ose*
dure qu'il y a toujours une dimiaitioi
lente, mais progressive, de la chslur
terrestre? La quantité de chaleur qmk
soleil envoie à la terre prise ea bloed
à chaque point en particulier peal bia
varier un peu, il ift vrai , d'année en SBséc;
aab après une asses longue révolatioSf
en supposant que la somaae de eUcv
contenue dans le soleil ne s'épuise psi^ii
est à croire que celle qne la terre nçoii
de lui se trouve identiquement la mém.
Toutes les causes qui modifient l'sotioi
du soleil sur la terre ne varient effedh
vement dans leurs effists qu'entre ém Ik
mîtes fort restreintes, et elles se repio-
duisent égalas è ellea-méeMs dsai ds
cycles dont l'étendue cet pins oa noie
exactement déterminée. Quant à h^
pense de chaleur propre è la planète, dé>
pense qui adA être considérable sa CM'
mencement, elle ne doit plus eiercv dé-
sormais aucune influence appréctsUi m
U températurede la croûte terrestre. Fei*
rier a établi que la terre en est trmit,
quant à la déperdition de sa chsleor pro-
pre, à l'équilibre; et ce savant a ctkoié
queydana l'état actuel deschoses,ladMlcir
que la terre porte en ses flancs ne potv*^
contribuer a la température de Is eroéie
terrestre que ponr -^ de degré ee »oy«i-
ne. Laplaceaaussi contribués rsafintr
les théories de BufTon et de BsUly, r
voulaient que la terre marchât s uoe pot-
gélation inévitable et prochaine, tùn
servant de certaines obaervatioos !«■«•
res pour prouver que la loogueor dsjoe
n'avait subi aucune variation; ce qa
n'aurait pas eu lieu si la terre s'éliit'^
froidie et par conséquent isewi'^'v^
grand géomètre en conclut qu'ao V^
ans la température moyenne da f»e
n'a pas varié de la centièflM ?•»*•• **
degré centigrade. ^
La force qui maintient dans ssa orM»
notre globe errant dans l'etp*^ ^^
retient également à sa suriaoe. ^^PT^
teur, partout dirige vers le ^^^^a
terre, attire les corps pesantsèisMi«c^
quoique dans les lieux àkmifr^
opposée oo amUpodêê Us oas i i^"
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TER
(77i)
TER
d« antrti» iU MtBt des poniiont contrai-
res. Le ciel el les étoiles paraissent ton*
jours aa-desBus de la terre ^ car Téiéva-
tion et l'abaissement ne sont relatifs qu'à
la direction de la pesanteur. L'atmosphère
(yor,)qu\ entoure notre globe est soumise
à mille variations importunes, a une foule
de météores (yoy. ce mot et MiT£oao-
ix>gie) incommondes et dangereux; le sol
n'est fertile de lui-même presque nulle
part, lesanimauise font une guerre achar-
née pour s'arracher une chétive nour-
riture. Il semble que les choses sont telle-
ment ordonnées dans ce monde qu'il n'est
point d'effets naturels qui s'y produisent
dont rhomme ne soit exposé à recevoir
du mal. Ainsi l'ont compris les premiers
sages parmi les hommes» et cette idée est
naïvement exprimée dans la Genèse sous
forme d'une malédiction dont le Créa-
teur aurait frappé notre premier père,
en lui disant : « La terre sera maudite à
cause de toi : ta en mangeras en tra-
vail tous les jours de ta vie; et elle te
produira des épines et des chardons; et
tu mangeras l'herbe des champs; tu te
nourriras de pain à la sueur de ton vi-
sage, jusqu'à ce que tu retournes à la terre
de laquelle tu es formé I » Mais cette dé^
pendance même de la nature porte l'hom-
me à lui résister et à la maîtriser à son
tour. Son intelligence lui dit qu'il le peut;
le travail Inien fournit les moyens. Tout
eède à sa puissante organisation. D'abord
il arrache à la terre ses plus succulents
produits, et il s'asservit les animaux, dis-
persant petit à petit ceux qui lui sont
inutiles ou qui le gênent. Les éléments,
enchaînée perses mains, sont rendus im-
puissants à lui nuire et contraints de lui
obéir et de servir à ses desseins. Croissant
et multipliant, il étend sa race sur une
plus grande sur£ice de la terre, et c'est à
son industrie qu'il demande une provision
nourricière de plus en plus ample, que la
nature lui accorde. Un jour il rejettera les
guerres fratricides , où l'on se dispute un
sol qu'elUi ne font que ruiner, et il finira
par ne plat rêver d'autres conquêtes que
celles que Dieu lui a assignées de toute
éternité: celles qui rendent la terre plus
féconde et tous sesenfanU laborieux plus
riches et plus heureux. L. L.
Nom n'avons pas à nous occuper ici
de la description da la lerra, même tous
la forme d'une simple esquisse : tout ie
monde sait qu'elle fait l'objet d'une scien-
ce spédale, la géographie^ à laquelle, ou
du moins aux prolégomènes de laquella
rassortissent aussi les laits astronomiques
et physiques que l'on vient d'exposer, et
dont on trouvera le développement dans
les premiers volumes du savant ouvrage
de Malte-Brun (voy.)^ enrichi en outra
d'une histoire de cette science. Dans la
nôtre , une grande part est faite à cette
dernière, et il suffira, nous le croyons, da
nommer les auteurs des principaux arti-
cles qui s'y rapportent, MM. Walckenaër,
Klaproth, Guigniaut, Baibi, Depping,
d'Avezac, Huot, Mao-Cartby, etc., pour
faire naître dans l'esprit du lecteur une
présomption favorable à leur égard. Ou-
tre l'art. GiooaAPHiE, on consultera ceux
des cinq parties du monde, ou plutôt de
la terre, Eueops, Asu, Afeique, Ani-
aiQUB et OoiIanik, et ensuite les descrip-
tions particulières de chacune de lenra
subdivisions, pays, prorinces, départe«*
ments, etc. Aux art. DicouvxaTES {voya^
ges dé) , HiaonoTs , Steabon , Ptoi4->
niEf etc., on verra jusqu'où s'étendaient
les notions sur la terre que possédaient
déjà les anciens, at les noms de Hum*
BOLDT et de EiTTsa sont l'expression des
connaissances , si prodigieusement per*
fectionnées, maintenant répandues à son
sujet.
Mais il faudrait trop multiplier les ci^
tations s'il s'agissait de rappeler ici seule«
ment les articles capitaux de cette Ency*
clopédie ayant un rapport direct à la
description de la terre : outre les mots
GioLOOiB et GioGHosn, GioDisu et
Aepehtaob, on comprend trop bien dans
quelle étroite connexion sont avec elle
d'autres sujets, tels que MiiriaALOoa,
MlHBBAUX et MiTAUX, BOTAHIQUB at
VÉoiTAUx, AiviMAUX et ZooLooiB, Cul-
tube, MoirTAOVES,RiviiBXS, Mbb, etc.,
pour qu'il soit nécessaire d'en placer ici
l'énumération.
Disons cependant encore qu'an mot
PopuLATTOH (T. XX, p. 58) nous avons
établi le nombre des habitants deia terre,
dont on peut apprendre à connaître l'o-
rigine diverse et la filiation aux mots
HoMMX et Eaces» les différantes langaea
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TBft ( 776 )
au mot LxvouiSTiQiTm, tt les nligioni,
ft^eo le nombre des lecUteor» de chacune)
à ce mot même.
Bornons à cela nos reavoU, contents
d'aToir montré au lecteur, par un exem-
ple de plus, que les articles de cette En-
cyclopédie ne doiyent pas être enrisagés
isolément ; car ib sont destinés à se com-
pléter 1^ uns par les antres. Aussi toutes
lesfois que le lectenr remarquera quelque
part une lacune , il Toudra bien , guidé
par la conneaité, se reporter ailleurs, afin
de voir si on n'a pas profité pour la com-
bler de toutes les occasions qui ont pu
se présenter succeisiTement. Quelquefois,
bêlas ! sa bonne opinion pourra le trom-
per; mais souvent aussi une recherche
attentive l*y confirmera, et nous compte-
rons alors plus sûrement sur son indul-
gence à l'égard de notre ouvrage, où, nous
le craignons, l'humaine faibleise laisse
empreintes ça et lèses traces, J. H. S.
TERBB DEPEU, groupe d'tlesau
nombre de 11 grandes et plus de 90,
petites, dont la superficie totale est éva-
luée à 1,500 milles carrés géogr., situé
entre le S2^ 4l' et le 56o 11' de lat. S.
et entre le 67^ et le 77^ de long, occ.,
à l'extrémité méridionale deTAmérique,
séparé de la Patagonie par le détroit de
Magellan, et de l'Ile des Éuts par celui
de Lemaire. Découverte psr Magellan
en 1639, la Terre-dtf-Fen a été ainsi
nommée par ce célèbre navigateur àcanse
des feux qu'il y aperçut pendant la nuit
et qu'il attribua à des volcans. Le climat
y est extraordinairement froid ; en beau*
coup d'endroits, la glace ne fond jamais.
Le mont Sarmîento, la plus haute mon-
tagne de ce groupe, parait être un vol
TER
can; il a 5,000 pieds d'éléTation au-
dessus du niveau de la mer. Ce pays a une
flore toute particulière; les insectes y
sont fort rares, et, à l'exception de quel-
ques oiseaux de proie, on n'y rencontre
non plus aucun oiseau terrestre. Les oi-
seaux aquatiques, tels que les canards,
les oies, les mouettes, y sont nombreux
au contraire. Le seul quadrupède est le
chien. La mer est peuplée de baleines,
de phoques et de tortues de toute espèce.
Les habitants, nommés Pécherehs ou
amis et Yacanacus^ au nombre d'envi-
ron 3|000| sont une r^oe d'hommes fort
laids, petits, m^sns, sa» bik, t«
de longs cheveux noirs et un imA
rouille; ils sont vu plus bas degré de Tt
chellede la civilisation. Lenn vèiesws
consistent en peaux de chieu WÊrmf
téessur les épaules et attachécssatovii
jambes. Ils aiment cependant à 9e|Mn
de bracelets de coquillages ctie popo
des cercles blancs autour des ^cax. Le
unique boisson est de l'eau; leerM
riture ordinaire, de la chair iTuiai
marins crue bu à moitié corroaipw.1
n'ont point d*habitations fiici. Lu
huttes ne consistent qu'en qnelqocipE
ches rapprochées en forme décote
recouvertes d'herbe. UneouvsrtaitB
le vent sert à la fois de porte et de cb
minée. Leurs canots n'annonomtppk
d'industrie; mais leurs armes, lcâus6
ches, leurs fileu et leurs heaNçoem
travaillés avec beaucoup d'art, et ib^t
servent avec une grande adrcM. Ci
YBRRB DE UBIIHE,I^nuie
BXB, voy, OCBJI.
TERRE FERME {Terra fim]
ancien nom du pays situé au nordderi
mérique septentrionale, dépôts 1^
dePanama jusqu'à la Guyane. fî^Oii
VABB (Noupeile").
TERRE-NEUVE (en êo^^t»
Fomiuiiand), Ue de l'océan AtUsûf
située près de la o6te orientais de U
mérique du nord, entre 47 et M*^
lat. N., et entre 55 et 61* de losg. ofl
Cette Ile, découverte en 1497 ptrSéb
tien Cabot (vof.), est de foras triup
laire ; le détroit de BeUe-Me U f^
de la Nouvelle. Bretagne. Bk^v^
lieues de longueur, et 5,560 lieoii«r
rées de surface. Deux baies profbsdef
opposées forment dans le sud-ot vm*
pèce de péninsule, où se trouve <>**
Jean {SaùtiWohn), capitale de I* '
chef-lieu d'un vaste gouverne»*^ f
embrasse en outre le Labrador, le J^
orienul et l'Ile Anticosti; «l.^^'^JJ
port et une popnbilion d'eaviroo 1^>
hab. Les autres villes priucipelc' ^ |
sont la Conception (Haràoër-^^
ayant 4,000 hab.; Plaoentis, e*^
capitale avec un port, *^^'*"*^'f[l
bour« autre port florissant psr le* rT
ries. Possédée d'abord par lef F i*"^
rUedeTerre-Nettvee*tpa8iée,r«<^^
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TER (777)
dIJtredil (1718), tons la domhuitloD dé
l'ABgleterre. La France n'a conseiré daoi
cas paragtê qaa las Iles de Saint -Kerre
•t et Miqnelon, situées an snd de Plie ,
at en «ntre elle s*est réservé le droit de
péehe dans le nord. On peut évalner la
population de Hic à en? iron 80,000 in-
dividns, panni lesquels on compte qnel«
ques aborigènes de la tribu des Micmacs.
La teoipératnre de l'ile est généralement
très froide; la neige y tombe en abon*
TER
daoee depois noTembre jasqn'en mai, et
les vents qni soufflent alors des régions
polaires poussent leurs glaces jusque dans
les n ombreuies baies qui la découpent.
L'été, qui dore à peine quelques semaines
en juillet et août, est sans cesse contrarié
par daa brumes épaisses. Les c6tes sont
forosées de terrains abruptes et rocail-
leux. Dans rinlérieur, le sol est mon*
toeux, mais il ne s'y trouve pas de bau-
tes montagnes. Les pentes du terrain
produisent de distance en distance des
marais, des étangs ou des vallées tour-
beuses. Les productions sont celles des
climats froidb; les arbres résineux y do-
minent, surtout sur les hauteurs ; les vé-
gétaux se réduisent aux plus communs
de nos climats, tels que choux, navets^
orge, avoine, etc. On y rencontre des
ours blancs et noirs, des lynx, -des re-
nards, quelques lièvres, peu de chevaux,
et de moutons. L*lle prodoit une espèce
de chiens de haute taille, adroits et in-
telligents nageurs, qui se naturalisent très
bien en Europe.
L'Ile de Terre-Neuve est surtout célè-
bre par la. pécha de la morue {voy, l'art.),
qui attire chaque année sur ses bancs une
foule de navires anglais, français et amé-
ricains, pour lesquels elle est une source
inépuisable de richesses. D. A. D.
TBBRE SAINTE, i^r.PAUsnHE.
TERRES AUSTRALES, nom
qu'on donnait autrefois à la cinquième
partie du monde aujourd'hui appelée
Océanie {voy. ce mot). On le réserve
maintenant pour indiquer la région au-
strale (voy. ce dernier mot) découverte
par Dumont d'Urvîlle (voy.) aux envi-
rons du cercle polaire anUrctique, au
•od de rAméfique. L'Adélieet U Terre
ï/Hiis-PbiUppc tn fout partie. Z.
TEHWHJIJ (miMMi DE la). Oû a
donné ce nom an système politique inau-
guré le 81 mai 1798 par le triomphe de
la Montagne sur les Girondins (voy,)
et renversé le 9 thermidor (27 juillet
1794) avec Robespierre et ses partisans.
Fqy. CoNVEifnoH nationalb, Jagobiks
at RoBsspiKEmx. Parmi les ouvrages spé-
cialement consacrés à cette époque né-
faste, nous citerons les Soupenirs de la
Terreur (4 vol. in-8o) et les Sout^enirs
thermidoriens (9 vol. in-8<>) de M. Geor-
ges Duval, ouvrages récemment pu-
bliés. X.
TERRITOIRE. Ce motdésigne ren-
semble des parties du ^lobe sur lesquel-
les une nation constituée en société dvila
exerce les droits de souveraineté {yey,)
qui lui sppar tiennent. Ainsi tout ce qui
est renfermé dans les frontières (voj.) de
l'état fait partie du territoire. Peu importe
que ses dÛverses fractions soient réunies
ou séparées, qu'on les considère comme
métropole ou colonies; dans les rapporta
de nation à nation on n'y met aucune
différence.
On distingue ordinairement dans le
territoire de l'état le domaine public, lea
propriétés nationaleset les propriétés pri--
vées. Le domaine public {voy.) embrasse
tout ce qui est à l'usage de tout le monde
sans que personne en ait la propriété ,
comme les lacs, les rivières navigables,
les routes, les ports et la partie de la
mer sur laquelle la nation étend sa puis-
sance, etc.
L'état peut avoir à lui des biens dont
l'usage est essentiellement destiné à l'a-
vantage général ; il a le droit, en se con-
formant aux lois constitutionnelles du
pays, de les administrer, de les exploiter,
de les aliéner comme le ferait tout pro-
priétaire. Les biens privés appartiennent
aux particuliers qui en jouissent et en
disposent à leur volonté, pourvu qu'ib
n'en fassent pas un usage prohibé par lea
lois et règlements. Ainsi , dans la réalité ,
quels que soient les droits individuels,
toutes les portions de territoire sont des-
tinées au service général de l'état, et, d'un
autre côté, l'état leur doit également dé-
fense et protection. Dans l'intérieur, l'é-
Ut fait les règlements qui concilient lea
droits de chacun avec le bien de tous; à
Pégard des poiManoas étraugèlres, la tar^
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TER
(778)
TER
rilotre «tl m tottl eoMpMlB, qM&i MNM Im
rapporte pblitiqiiM, €tt centé tppartcalr
à 11 nation «Ue-mtee. En oontéqaenc*
de cet prinoipM, It toawaintté de Pétai
«C intérîaura ou aitérieure (vojr* État).
n exerce eette aonvtraînaté à rinlériear
as matira et coamia inTaati d^on ihmuime
émineni; il en éland l'action non-aanla
Ment snr la tarm, oMitaor laa pertonnaa
et anr les cboMa qai ae tronvant dana la
territoire : qukiquid eêt in territorio^
0Httm eH de urritorio. La sonvcvainaté
extérienre est purement passif e ; eUa sa
oonfond avec Tindépandanca natiofiala :
par elle» Tétat règle ses rapporte a^oe las
personnes H les cbosas q«i dépendent da
Fétranger oo qnî fiannem da l'étrangar.
On dislingna sonvent la tarritoéra an
principmi et meeessoire. Tontes aaa por-
tions ne sont pas tonjonra attenantes les
nnes anz antres. La siège dn gonvamo*
nant pent être dans nne partie du Monde»
et ses dépendances se trooTor dana dea
contrées pins on nKMns éloignées (vof.
CoLOHiEs). Il en résulte fréquemment daa
difTérencaa dana le régime de Tadminis-
tration, iMÛa la sooTarainaté extérieure
aat toujours la méaM.
Le territoûra, dans sa anrface» est corn*
posé de terre et d'eau. Nous ne répéte-
rons pas ici ce que nous aTons déjà dit
au mot FmoinniaBs da la portion de la
mer qui est comprise dans le territoire.
Quant aux lacs et ririires, la- nation an
règle l'usage comme celui de la terre.
Ainsi la navigation et la péolia sont assu-
jetties aux lois intérieures. Toutefois le
oongrès de ViaiiDe a introduit en Europe
un droit d'une grande importance en ce
qui concerne les fleuves et ririèrw dont
le cours navigable sépare ou traverse plu-
siturs territoires : la navigation en est libre
à tous les peuples» sauf les réglemente ar«
rétés en commun par les étau riverains.
Quant à l'acquisition dn territoire» les
principes des puissances anropéannes» à
l'égard de leurs possessions en Europe»
diffèrent sons plusieurs rapports de ceux
qu'elles suivent pour les autres parties
du monde. En Europe» l'étendue de di-
vers territoires est généralement ^%ét
par des limites déterminées^ cette éten»
due n'est modifiée que par des traités»
#i qualqnaliais par la.aoiM|néta. Bon da |
les tarres inonltas et aksaéos-
mais même caUaa sur IcsqucUnte
penpiadea sauvages sont élabiiti. La
Éuta-Unis de l'Amérique daasfdott
adopté l'nsaga da t/ansplanlar Isi ttibn
indigènes an leur aliénant des iadinsi
tés* Mais dana tous las CM>lar^iik
territoire subit une modificatioa %mà
è la aonvaraineté» lea peraonnas qaim-
tant snr le territoire aliéné sent ianr-
poréas à la nation qui raoquiart st ms*
mises à ses lois.
L'eut» étant maltra anr son terriloin,
a la droit d'en exclura les étranisn(fif'
ce »ot). Néanmoina l'naaga raeeeas »
tra laa nationa de l'Europe pacnit, •
tampa da paix, le paasaga et le i^joarliBp
poraira aux étrangère non snipiiti, i
leurs Toitures al vaiasannx. La ssâb en-
dltion qui ast exigée conaistedeai la w
préeentetfon d'un pasaeport (vof.jiép-
lier et émané des antorilés coeipélcsia
Il y a toutefois quelques distinctiaa i
établir» à raison de la qnantilé é« p«-
sonnes et des circonstences danslatgarf»
elles viennent sur la territoire.
Lorsqu'un étranger ae pressais »«
un passeport régulier» et que soa ista-
tion parait être de voyager pooriosii-
struction » pour sa santé» pour isiifiii-
res» ou pour quelque antre bot^
ment innocent» on l'aconeille aies 6ci-
lité et bienveillanae. Le goovamsnf
réserve seulement le droit de lairttinr
son permis de séjour» et de IVzpsb'
du territoire, lorsqu'il croit que n ^
reté ou sa tranquillité y est intérsnéi.
Si un étranger vient demander as i*i>
contre un danger imminent, s'ilsHpini^
par la tempête ou par un auure sod^
imprévu » s'il est poursuiri par def
mées ennemies ou par la justice da PT*
étranger» le droit naturel imposé féi^
iement à la nation qti'il implore Is^cior
de le mettre à l'abri do mal qai 1«^
nace. Seulement, en ce cas» oa p^
des OMsnres contre lui : on le dénr^^î
on lui asaigne une résidence détemia^;
quelquefois on ne loi perniel qas àt p*^
ser sans séionmer. Si le réiugié eftao0>*^
on condamné à raiaon d'un crins son-
mnn et non politique» le genveracniit
le Uvra sonrent anm mmitiBii di i*
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TEtt
(779)
TËlt
pays» soit qtt*H ait proMia l*«itnMlkiott
Ivoy,) par un traité , soit qu'il oonseirte
m la faire Yolontairemeat.
La païaage des troupes étrangèras et
des iwissaaax armés en goerra, le traos*
pMrt des criuiiiiels oa des préraBiu de
criaMS par des hoBames armés, ne sont
aeoordÀ qne sur aoe réqniiition préala*
ble et par une concession spéciale.
Qoand on étranger Tient d'nn lien io-
feetépar nne maladie eontagiense, qneis
qne soient les motifs qui le déterminent
à demander l'entrée da territoire, on a
ioeontcstablement le droit de la loi re*
à moins d'on danger
ne est de le reoeroir
fuser. Cependant,
certain , la contoi
dans un lazaret oa de l'assujettir à une
quarantaine (voy.)^tiên de s'assurer qo'il
n'est point atteint de la maladie, on da
lot en procurer la gnérison.
L'étranger admia sur le territoirr de»
Tient sujet temporaire de l'état ; il est
obligé de se sooosettre aui lois de police,
et de payer les impôts exigés de loi. Ses
droits publics et priTés sont déterminés
par la législation du pays.
Quant aux choses qui Tiennent de l'é-
tranger, le gouTernemeotpeut également
an interdire l'entrée, ou ne la permettre
que moyennant le paiement des droits
d'importation. C'est ordinairement dans
l'intérêt du commerce et de l'industrie
du pays que l'on établit des droits de
douane et qu'on règle les conditions aux-
quelles l'entrée du territoire peut être
accordée (voy. Douavb , Peohibition ,
etc.)« Il n'est pas nécetsaire de dire que
les mesuras et précautions sanitaires sont
appliquées aux choses comme aux per-
sonnes qui. Tiennent de l'étranger.
Il y a des pays dans lesquels la loi con-
stitutionnelle ne permet à aucun étran*
ger d'être propriétaire d'une partie du
aol national. Dans d'aiares contrées, il
y a pour las étrangers certaines restric-
tions, connues sons le nom de droit
d'aubaine (vof.) , de déiracUon (en al-
lemand Ab%ug\ eto. P. à. G.
TERTIAIRES ou THaires, voy. hr-
YAKTxaiR, Lioioir, Bataiixks, eto.
TERTULLIRN. QniUTUs-SEPTiMiua»
Flokbhs TxmTiiLLiAiius, nn des premiers
et des plus grands défienseurs du chris-
Uanisma, éfait né à Carthaga Tara l'an
IMdanotro éra. Priré da bonne benm
de aoo p^, qui était œntenier dans une
légion du prooonsul d'Afrique, il n'en
reçut pas moitis, par les soins de sa mère,
une excellente éducatioii dans sa TÎlla
natale, où il étudia aTac succès l'histoire,
la philosophie, l'éioqaanea et le droit. Il
se destinait à l'état de jurisconsulte ; mais
à une époque qu'on ne saurait fixer aTac
certitude, il abandonna la religion païen-
ne dans laquelle il aTait été élevé, pour
embrasser le christianisme et pour reoa-
Toir la prêtrise. Il dut quitter sa femme
pour suiTre sa Tooation, et il lui adressa,
à cette occasion, deu^lipres^ qu'il >ppo-
lait son testament ^ et par lesquels il jus-
tifiait éloquemment le parti qu'il Tenait
de prendiie. Se faisant courageusement
le défenseor des chrétiens persécutés par
Plautien, ministre de Saptime-Sévèra,
il éeririt le plus oélèbra et le plus parfait
de ses ouTrages, V Jpoiogétique (vof .),
qu'il osa adresser, dit- on, au sénat ro-
main, et même an ministre persécutenr.
Tertullien était fenu dana la capitale do
monde; mais l'excessive intolérance de
ses principes n'était pas faite pour lui
gagner la bieuTeillanee même de sas
coreligionnaîres dans Roose : aussi s'en
retourna- 1- il à Cartbage, indigné de
tout ce qu'il aTait vu, et, entraîné par
son caractère, il se jeta dans l'hérésie mon-
taniste (voy. Movtanus). Aussi incapa-
ble de se modérer dans la Toie nouvelle
qu'il venait d'embrasser que dans celle
qu'il aTait quittée, il employa à attaquer
l'Église le même zèle qu'il aTait mis à
défendre les chrétiens a Kome. Il s'oublia
jusqu'à insulter à plusieurs des croyanoea
chrétiennes, et l'Eglise Tit avec stupeur
ce prince de l'éloquence soutenir Les pro*
positions les plus étranges et les moins
spiritualisCaa. Il débiuit ses extravagan-
ces dans le costume des anciens philo-
sophes grecs (avec lepailium)^ qu'il avait
adopté en quittant ses habits religieux*
En butte, pour ce motif, aux railleriea
de ses compatriotes, il crut devoir leor
adresser une réponse dans le même style
que celui de l'attaque. Eofio il s'éloigna
des montaoistm, et devint le chef d'noa
secte qui n'eut ni consistance ni dnréa»
Il mourut vers l'an 945, toujours an da-
hors de rÉglM, at laimaDl apiès Ibî antam
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TER
ÛMèrat de mi ulwHi al de ta glofare.
Paraû les défentemiy ob doit eooipler
S. Cy pries y q«t l'appelait' /^ muMitre^ et
Bottuet^ qu'ooe ocriaÎBe affinité de pes-
•éea et de style eatralBait à lui faire de
fréqneouempranlf; antsi M. de Chélean
briand, frappé de cette rciMMbliaea^ a-
l-ii appelé TertalUen le Bossuet de VA'^
/rique.
Geni des Donbraoz traités de Ter*
loUien qui soat panreoos j«sq«*ii noos
ioat : VJpohgéUqae on Défeoae de la
leMfîoiiokrétiemM; deux livres anxgcn*
tils (Ad naiiones), traitant 4es mtees
natières qoe l'Apoiioc;étiqM; Da témoin
gmmge defdme;MeçaéÊeàSempuia {ad
ScmpuUun\ l'nn des officiers de Peaqie-
raar; De speetacuiis^ dirigé centre des
jeux qa*ii avait va célébrer à Home; De
idoUurid; De eoremd, éloquente défense
d'an soldat cbrétien ; Dm mmateau (De
paiùo)y dont nous avons déjà perlé ; De
la pémiiemee ;De la prière ; Aux mar-
tfniDe la patience ; Delà parure des
/emmet; Deux Ihres à sa/emme, dé>
jà cité^ Que les vierges doivent être voi-
lées (De vèr^nibus velandis)'^ Contre
les Juifs; Ihaité des prescriptions ; Du
baptême; Contre Hermogène^ qvi sou-
tenait Téternîté de la nnitière; Contre
les TuUemtiniens ^ qoi trouvaient dans
Platon les dogsMS da cfaristianisoM ;
Trai^ de Came ; De la ekair de Jéeus'
Christ; De Ut résurrection de la chair:
ces trob derniers oavrages sont des fruits
de son liérésie; Cinq livres contre Mar-
eton^ qui profeisait la doctrine des deux
principes^ tenant desidéss pythagoricien*
nés 9 platoniciennes et stoioiennes; Le
Scorpiaque (Scorpiaee), dirigé contre
les cafnites et les gnostiques; Contre
PraxeaSf qui attaquait le dogOM de Is
trinité; Exhortation à la chasteté , à
propos des secondes noces qu'il cou*
damne; De la monogamie; De la fuite
des persécutions ; Des jeûnes. Les Œu-
vre» deTertullien, ou au Boins quelques-
nnes d'entre elles, font partie des collec-
tions indiquées à l'art. PÀais de l'É-
ousB. La l'^ édition est celle de Beatus
Eheoanus publiée à Bàle, chez Frobe-
ninsycn IfiSl, in«fol.; d'autres éditions
veoonMnamkMes sont celles de PauMlins^
(780) TES
▲neen, 1679,ln««>l.;deUltoic^^
ris, IMO, in-foL; de Rîfsnk, M,
ie76,in-lbl.;deSeHiler,Halle, IHO-n,
e voL tn-^ ; d*Obertli&r, Wûrtikosig,
17S0.81, ) vol. in•8^ On ponUsds
timdnctions françaises de la plofirt da
ouvrages et traités de TertoUiea dipé
le livre de la CoÊtronne dusdém^fÊ
Maceié, Paris, 1S6S, ln^^ josfi^ni
joofft. La vie dece père de l'Ei^itt
écrite par AIMx, Du Fosié et d>sBlw;
BaUenatssdt et le dodanr IfsBndn(i^
tignostieiu) hâ oot consacré dÛs
travaux. D.A.D.
TBSCHSN, cher-yen de h pci»
pnuté de aémetKMn dans Is SHéata-
trkhienne (tH>^.), »vec MOO Inb., èa
gyauunes, un mnsée et qnelqa» ttn-
qoes. Ce petit paya, d'une sepirficaè
44 milles carrés, e«t jusqu'ea l6SSn
princes partîeuliersy vassaux ésk m-
ronne deBohéaM, dont ils rslethatè-
pnis directement. L'omperearGluriaVI
le donna en 1733 an duc de Lom^j
dont le fib Françoîs-JÉtknns ssUnH
en t739. Devenu empersnr lai-aési,
il conféra la prindpanté à Albert, iii^
rot de Pologne Auguste UI, lonqi^
épousa en 1766 sa fille, l'ardûdscknt
Marie- Christine (voy. CAifovA).D<f«
ce temps, Albert, qui était dac éeSiVi
fut appelé duc de Saxo-Tesehsa. ^^
1788, il mourut sans enfants le 1^^
18)3, et ses riches ooUectioni, aiss^
la principauté, appartiennent«aiDtc*>i'
à l'archiduc Cbarlee. Dans cette ènîîiS
on compte 9 viUes, 379 viUs^i* f^^
population de 158,460 âfliei.TeN^
est célèbre par la paix qui y Uièfi^
le 18 mai 1779, entre Hsne-Tbôn
et Frédéric II, et qui mit fia s h {iO^
ile la succession de Bavière»
N<Mtt avons raconté eille«s{i>^'^
viian, T. UI, p. 186) l'origîaaaeei»
guerre, qui, après d'inutiles népiés»'^
écUtale6juyiet 1778 par reetréedii*
de Prusse en Bobémeà la tête éNue tf '
mée de 100,000 bocMies. L» h^
chiens, commandés par l'arcbitf QcM
et Lascy, évitèrent une aotioa f «••'f**'
kt manque de subsiiUnces força h*a^
Frédéric à retirar ses troupes dsla Bo-
hême ponr se jeter dans la Silène *^
chienne qu'il ocenpi^ tandis qte^a v^
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ÎÈS
(Î81)
tiBiBt, U prbMe de H«iie-*MllppMlal,
•e faisait b«ltr« par le général Woroaser
è Habelsdiwert, le 18 janvier 1779. Ce
forent lea tenlt événeoienis notables de
cette goerre tin^llère à laquelle ne pri*
rent aocane part ni le Palatinat ni la Ba-
▼ière^ let deux parties les plos intéres-
aées cependant. Dès le mois de déeeuibre
1778, U France et la Rossie s*étaient
portées médiatrices, et, le 14 mars 1779,
lenrs plénipolentiaires se réunirent a
oeox des puissances belligérantes dans la
Tille de Teschen pour arrêler les bases
d*un traité de paix qui fut signé le 18
mai. L'électeur palatin fut mis en pos-
session de la Bavière sur laquelle il avatt
des droits légitimes; l'Autriche en retint
néanmoins une petite portion, l*Innvier-
tel, d'une snpericte de 88 milles carrés;
Frédéric seul ne demanda rien, pas mé-
, me le remboursement des frais de guerrn :
il ae contenta de l'honneur d'avoir dé-
fendu la constitution de l'Empire. X.
TESSIN ou Tbsiw (TVcmo), rivière
' de la Haute-Italie, affluent du Pô. Il en
' sera question dans l'art, suiv. ; rappelons
* seulement ici que sur les bords de cette
^ rivière Annibal {vey,) remporta sur les
I Bomains, l'an 318 av. J.-G. , une rie-
' toire signalée, et qu'elle est également
' célèbre dans les fastes miliuires de la ré-
' volntion par les combats dcist elle a été
' témoin.
^ TESSIN, un dea canton» de la Suisse
^ (tK>r*) 4^î * P'^ ^^ "^'^^ ^^ Tessin,
I fleuve de la haute Italie, lequel as a source
I an Saint^Gothard, traverse le lac Ma«
! jenr, forme la liasite entra le royaume
Lombardo*Vénitien et celui de Sardai-
gne, et se jette dane le P6 au-dessous de
Parie. Ce canton ne consiste qu'en huit
petiu districts conquis sur les ducs de
Milan par les Suisses à qui différants
traités, de 1466 à 1619, en assurèrent la
possession. Jusqu'en 1798, la ConMé*
ration suisse fit administrer par des baillis
ces huit districU nommés alors les bail*
liages d'Ennetbourg. A cetteépoque, Bâie
et Lucernerenoncèrent è tous leurs droits
sur ce pays, et les habitants profitènnt
de l'occasion pour se rendra indépen*
dants. Legouvcrnement central en forma
deux cantons, celui de BeUinaone et celui
de Lufanoi qni, en 1808, lurent réunis
TES
le nnm de canton du Tessln et érU
gés en état indépendant, membra de la
Gonfédéntion suisse. Le Tessin compte,
sur une superficie de près de 49 milles
carr. géogr., une popuUtion de 1 10,000
hab., presque tous d'origine italienne, et
professant la raligion catholique; 39,000
suivent le rite ambroisien et appartien-
nent a l'archevêché de Milan ; les antres
sont sous la juridiction de l'évéqoe de
Céme. La constitution est représenta»
tive. Chacun des 88 cercles élit trois re*
«présentants au grand-conseil, qui exerce
le pouvoir législatif, et qui nomme le
petit-conseil, composé de 9 membres ,
auquel est confié le pouvoir exécutif. Les
trois villes de Lugano (4«600 hab.), Lo-
camo (1,800 hab.) et Bellinzona (1,500
hab.) sont alternativement le siège du
gouvernement. Les revenus du canton
sont évalués à 900,000 livres milanaises,
et les dépenses à 800,000. En 1881 , la
dette publique s'élerait à environ 5 mil-
lions ; mais une partie de cette somme a
été amortie depuis. Le sol, quoique fer-
tile, est si mal cultivé en quelques en-
droits que, chaque année, 1 1,000 ou-
vrien vont chercher du travail dans les
pays voisins. 31 couvents, 6 à 700 ec«
drastiques, 1 83 avocats et notaires ne
contribuent pas peu à épuiser le canton;
L'instruction publique est généralement
dans un état peu satis&isant; presque
toutes les écolâ sont entra les mains du
clergé. On ne néglige rien cependant
pour les améliorer. Dans ces demien
temps, le Tessin a vu s'établir une foule
d'imprimeries qui publient priocipale«*
BBcnt des journaux et des livres défendus
dans le reste de Tlulie. Proportionnelle*
■Mut, ce canton a produit moins d'hom-
asea distingués que les autres parties de
la Suisse; mais, en revanche, il a donné
le jour à un plus grand nombre d'ar*
tistes que les 31 autres cantons réunis ^
et que beaucoup de contrées plus éten*>
ducs de l'Italie, de la France et de l'Ai*
lemagne. Le terrain s'abaisse rapidement
depuis le Saint-Golhard (8,000 pieds au-
(dessus de la mer), jusqu'au lac de Lugano
/883 pieds au-dessus de la mer ; 500 pieds
de profondeur)etau lac Majeur (686 pieds
I au-dessus de la mer; 1 ,100 è 3,000 pieds
i de profondeur) ; il
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TES
(«î)
TES
Uèrement en roche* priaiili?at. Dans ]m
■KMiUgiMti on élèvit bMBOoup dm b«t-
tkiM et oo fiit de bon frooMge; daot
les valléesy on cultive U vigne et ie ma-
rier, dont les produiu s'eiportent» «ioei
qoe du boia^ des frniu, des poiatons, dn
aMrbre, etc. C L,
TEST, vqy. Ca&apagb, Peau et Tks-
TACis.
TEST (sBEMSHT du). Lorsquc Cher-
lee II fut remonté mut le trône, en 1660,
il voalut accorder ans catboliqnet une
«ntière liberté de conicience; mait it
rencontra une opposition insurmontable
dans le parlement. Par un acte de 1673|
M dernier prescrivit le serment du tesi
ou d^épreuve, dent le but principal était
d'éloigner les catholiques des affaires.
Celui qui le prétait, el c'était une condi*
tion nécessaire pour obtenir un emploi
public ou l'entrée dn parlement, rejetait
la doctrine de la transsubstantiation com-
me une superstition , et l'adoration des
saints comme une idolâtrie. Jacques II
emnya de l'abroger en 1688, mais sa
tentative lui coûta le trène. Le serment
du test fut maintenu jusqu'en 1817, où
U parlemeot en dispensa les officiers de
terre et de mer, en attendant qu'il l'a-
bolit entièrement en 1838. Fn^. Aorx
•I ImJUHDB, T. XV, p. 83. X.
TESTAGÉS (tesUtt test, coquille),
nom collectif sous lequel on désignait
autrefois les aniasaua pourvus d'une eu*
veloppe dure, calcaire. Quoique œ mot
eût pu, par conséquent, s'appliquer aussi
bien aux crustacés, à certains reptiles, k
quelques xoophytes même (les oursins)
qu'aux mollusques à coquille, c'est à ces
derniers qu'était particulièrement appli»
qnée l'expression de teslacés, laquelle,
assez vague, comme on le voit, se redi-
sant à une formule générale quand on
embrasse toute la série animale, doit être
rejetée de la science, ou au moins dispa-
raltre de nos classifications. Foy,^ pour
ce qui concerne le mode de production
de ces enveloppes, les mots Mollusqubs,
Coquille, Cau^Acis, Oumaiirs, Ton-
Tum, etc. C. S-TB.
TESTAMENT (du latin testament
îum^ fait de ustaûo mentis*)^ aole ré>
(*) Oa, tont timptflaieBt, MUtantif dériré dt
4êtHri, attester, lMt«r. §.
vuanble par lequel une pirilMn&
pour le tempe oà elle n'existori pli
tout ou partie de sea Meus.
La loi fran^aiee reconmlt sa p
à toute personne la capacité ds é
par testament. C'est dtmc U cspsci
forme le droit coauBun, et ruai
est l'exception qui doit réMiU«
disposition partiealîère^eemaiecd
oonceme l'interdit, le morteifilee
le mineur âgé de nnoins de 16 i
faut, relativement à la capacité, qi
divise en capacité tle fait et ce a
ete droii^ considérer deux épo<(«ei
de la confection dm tcatement etct
décès du testateur. Le capsdté A
qu'on appelle enoore la eapsdién
ou inteUectu^Ucy n'est exigée ^'n
ment de la confection du tsMmet
n'est pas nécessaire à l'époqus éi
du disposant. Ainsi, par exeinfii,k
tament fait avant In perle de na
par une personne morte tnéUié
mence, serait valable. La csptt
droit est, au contraire, iodispeneai
deux époques, de sorte que le tau
d'un homme qui décède en étitdti
oivile serait nul, quoiqu'il cétàéR
avant la condamnaiioB qui aesnii
état. On n*a d'ailleure aucun éf/Ê^i
capacité passagère <pu sertit nrt
4ans le temps intemaiédiaire tatieli
daction du testament et le déen k
tateor. Quant è la cepacilé de itci
par testament, elle est aesn et i
commun, et n*est requise, poar k ï
taire ou l'héritier inetitné, qa'sPf
de la mort dn diipoeenti
D'après le droit roÉuin, ael mf
vait tester valablement sans ieilttif
héritier, qui était le représselint*
de sa personne. Le Code eifii i^
point oe principe, et dédtft, tt «
traire, que chacun peiH ditpeMrfai
Uflsent, soit sous le titre d'isiMM
d'héritier, soit sous le titre dthp)<
sous toute autre dénoaûnelioB p(«p
manifester sa volonté (art. M7).
On distingue trois espèesi et ^
■Muts : le testament olod^pbe, ^^
ment par acte public, et letsMOKitll
tique. Le testament oiograpk^^
que le testateur écrit de M propi* ^
11 doit être écrit en entier (âMTJr^
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TES
et signé de la maîD da testatèar. Le let-
tament par acte publie est celui qui est
reçQ par deui notaires, en présence de
deux témoinsy on par un notaire, en pré-
sence de quatre témoins. Le testament
mystique ou secret est celui que le tesu-
UUT écrit on fait écrire, et qu'il présente
ensuite dos et scellé à un nouire , qoi
dresse un procès-verbal, i|ppelé acte de
suscriptîon. Ce testament n^est assujetti
à aucune forme particulière; ildoitseu*
iement être signé par le testateur. Mais
Facte de suscription, qui confère an tes-
tament les effets de Tauthentieité , est
soumis, par les art. 976 et 977 du Gode
civil, à de nombreuses formalités.
La loi autorise, en outre, l'usage de
quatre espèces particulières de testaments
dans les circonstances suivantes : 1^ si
le testateur est militaire ou employé dans
les armées; 3<* s'il se trouve dans un lieu
avec lequel toute communication soit in-
terrompue à cause d'une maladie conta-
gieuse ; 8® s'il est en mer dans le cours
d'un voyage ; 4^ enfin, s'il se trouve en
pays étranger. Mais ces actes ne sont va-
lables que pendant un certain temps
après que l'emploi des formes ordinaires
est redevenu possible. Le délai varie sui-
vant les cas.
Un testament ne peut être fait dans un
même acte par deux ou plusieurs per-
sonnes, soit au profit d'un tiers, soit à
titre de dispositions réciproques et mu-
tuelles (art. 968). Ce genre de testament
était déjà prohibé dans l'ancien droit,
sous le nom de testament eonjonetif. Ajou-
tons que le Code n'excepte pas même,
comme le faisait l'ordonnance de 1786,
les partages faits par des ascendants entre
leurs descendants.
Toutes les formalités prescrites en ma-
tière de testament doivent être observées
à peine de nullité.
On nomme exécuteur testamentaire
celui qu'on testateur charge de l'exécu-
tion de son testament. La loi permet d'en
nommer un ou plusieurs. L'exécuteur
testamsnisire est un mandataire, maître
d'accepter ou de refuser sa mission, mais
lié par son acceptation. Ses fonctions
consistent en général à veiller à l'exécu-
tion fidèle du tesument , et il peut , en
tMM de contestation, intervenir pour en
i1%%) ÎET
soutenir la validité. Ses pouvoirs sont
personnels et ne passent point à ses hé-
ritiers.
Le testament valable dans son prin-
cipe peut être infirmé par rincapacité de
droit survenue dans la personne du tes-
tateur. Les dispositions testamentaires
peuvent, en outre, être révoquées par le
changement de volonté du testateur, ou
devenir caduques, c'est-a-dire rester sans
eflet par un événement indépendant de
la volonté et de la capacité du testateur.
Le Code indique comme causes de cadu-
cité le prédécès du légataire, la perte de
la chose léguée, l'incapacité ou le refus
du légataire. Enfin, il détermine les cas
où la disposition, qui ne peut recevoir
son exécution au profit d'un légataire, se
trouve préservée de la caducité par l'ac-
croissement {yoy») au profit d'un autre
légataire.
Dans le moyen -Age, on nommait tes-
tament (Tun déconfès une sorte de testa-
ment que l'Église faisait pour les person-
nes qui mouraient sans lui avoir donné
une partie de leurs biens, ce qui s'appe-
lait mourir déconfès, et entraînait la pri-
vation de la communion et de la sépul-
ture. Les parents devaient obtenir de
l'évêque que des arbitres fussent nommés
de part et d'autre pour fixer ce que le
défunt aurait dû donner s'il avait fait uu
testament. Cet abus révoltant a duré
fins de quatre siècles. La Thaumassière
Coutumes de Berry^ lîv. V, ch. 9 )
donne le texte d'un de ces testaments de
Pan 1261.
On peut consulter sur toute cette ma-
tière le savant Traité des donations y des
testaments et de toutes autres disposi^
tiens gratuitesy etc., par Grenier, 4* éd.,
Paris, 1886, 3 vol. in-4^ E. R.
TESTAMENT (Ahgiev et Nou-
veau-), voY* Bible.
TESTIMONIALE (preuve), voy.
TiMovx.
TÉTANOS ( T^ravof , de tsivai , je
tends), maladie excessivement grave, et
heureusement assez rare, caractérisée par
une telle rigidité des muscles, que, quand
celle-ci se généralise, les malades sont
roides, tendus comme une barre de fer.
Cette maladie peut se développer spon-
tanément, mais, le plus ordinairement j
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TET
«Ile iuooè<k à des bleanircfti
fort léfèret. Les bnitquei variitioni de
tempéranire, let cbagrtiit aginant sur
les bleisét à la suite d*iui combat mmiI-
heoraux , peaveot amener cette faoe^te
compUcatioo. Ceruîos pays paraissent
y prédisposer d^une manière pirliculière,
les Antilles, par exemple ; mais ce n*est
peut-être que parce qa^ils sont placés
dans les conditions climatériques qae
nous venons de rappeler. Les moyens qae
Ton oppose ordinairement an tétanos
sont, suivant les conditions, les sai-
gnées abondantes, les préparations opia-
cées à baute dose, etc. Ces moyens réus-
sissent dans quelques cas, mais plus sou-
vent encore ils échouent. M. S*R.
TÊTARD, nom que Ton donne aux
reptiles batraciens qui, tels que les cra-
Euds, les grenouilles, les salamandres
oy. ces mots), etc., naissent avec des
rmes différentes de celtes qu'ils offri-
ront lorsqu'ils seront à Tétat adulte. Foy,
Bat&acums, Ebptu^ks, etc. C. S-n.
TÊTE, partie antérieure (supérieure
dans l'homme) du corps des animaux,
quelquefois réunie au tronc par une ré-
gion plus étroite nommée cou {voy.)^
ainsi qu'on le voit dans presque tous les
mammifères, tous les oiseaux et quelques
reptiles, mais beaucoup plus fréquem*
ment attachée au reste du corps sans in-
termédiaire apparent ou réel, comme on
le remarque dians les cétacés souffleurs où
les vertèbres cervicales sont à l'état de
vestiges, chez les poissons où elles man-
quant entièrement, enfin dans tous les
antres groupes plus inférieurs du règne
animal.
La tête existe toujours dans les ani-
maux vertébrés, la plupart des animaux ar-
ticulés et des mollusques; elle ne fait dé«
faut, d'une manière générale, que dans les
zoophy tes et les rayonnes, encore en trou
ve-t-on des vestiges dans quelques ento-
zoaires. Cette région offre a elle seule plus
d'objets d'étude que tout le reste de l'or-
ganisme , car elle renferme les appareils
des sens de la vue, de l'odorat, du goût
et de l'ouïe, quelquefois même les orga-
nes du tact, comme on en a des exemples
dans les animaux munis de palpes, de ten-
tacules et d'antennes. Elle est, en outre,
le siège du cerveau et du cervelet (voy.
(784) TET
eea muta) daas les anîmaniMliièie
renferme k ganglion nerveex ynàfi
dans les Camilles plus inférisani: im
n'est-U pas d'animal, doué d'oMféritibk
tête, qui ne périsse proapteneat i \k
suite de l'ablation de cette partie.
Les anatomistes divisent It tétedem^
tébrés (car chex eux seulement eededs-
Unction estpciisible) en deux poiliQB,li
crdne et h/ace {voy, ces aM>U). La re-
portions reUtivea, quant aa volaiDe,fi
existent entre ces deux portiom,isotM'
jours liées au développeatnt plus •
moins grand de l'inielligeiice, oomnei
a pu le voir au mot Facb, Aitgu ncm
en effet, l'ampleur on la petites do ait
corresponden t généralement à oa eerwi
organisé sur la méaae échelle, taodii^
l'amplitude on le rétrécissement ée la bs
sont au contraire en rapport avec le ph
on le moins de prédominance dttorptf
sensoriaux les plus grossiers, l'oéonti
le goût. Dans presque tous les isiatf
aquatiques, la tète est fort pensMU^«
raison sans doute de l'extrésM boBlÉ
que l'eau prête aux mouvements gésèiv
du corps ; elle est, au contraire, dosétk
mouvements plus ou moins éteodoscli
les aniouux terrestres, à moim qoeM"
particularité d'organisation ae ioi(<
partie raehetée , comme dans \nvK^
par une disposition singulière desoi^
de la vue {vtyjr. ce mot). Enfin, eatae-
nant, nous ferons remarquer qoeUi*
est globuleuse dans l'homme et à»^
singes, pyramidale dans les poisoBi,s
forme de poire dans les oiseaux, et ipi*
à la manière d'une planche dans cero*"
espèces de poissons et de reptiles, idif
le rémora, la matamatm et le pipi*
On appelle occiput le derrière ^^
tête, sinciput ou vertex le sommeti ^
pes les parties latérales en 9cnnià»c^
les. Ciri
TÊTE (mal de), vùf. Cip«Ai^
et MicxAiini.
TÉTHYS, fille du Ciel etdeUTcn^
épousa son frère l'Océan à qui elle di0|i
des milliersd'enfants (les fleuves, tar*^
seaux et les sources). Dans les kj«i^
orphiques, elle est appelée la reioei^
tunique vert de mer. Téthysestbptf)^
nification de la mer, et son noa» ^ **
gnifie nourricei parait se rapporter i i<^
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TET
pioioo que Peaa est néoewiire à la pro-
duction et a la natrition de toutes choses.
C'est ainsi qu'Aristote dit que POcéan et
Téihys éuient regardés comme le père et
la mère de toatei choses par les anciens.
Le mythe de Téthys, déesse primitive, a
fini par se fondre dans celui de Thétis,
mot auquel nous renvoyons. C, L.
TÉTRAPOLITAINB, confessio te-
trapoUtana. La confession des quatre
villes (Strasbourg , Constance, Memmin-
gen et Lindau) a été présentée à l'empe-
reur et à la diète d'Augsbourg en 15S0.
Fùy. Symboliques [livres),
TÉTRARQUE (mot grec formé de
Tirpa» ou T«TTa/»a, quatre, et de ol^x^j
puissance). Dans les armées.grecques^ on
appelait tétrarque le commandant de qua-
tre loques ou compagnies. Dans certains
états asiatiques, par exemple la GaUtie,
chacun des quatre princes qui régnaient
sur le pays portait ce titre. On trouve aussi
cette dénomination dans l'histoire juivci
mais elle n'y conserve pas la même accep-
tion. Foy\ HiaoDB. X.
TÉTRAS {tetrao). Sous ce nom, on
désigne un genre de l'ordre des gallina-
cés (voy.) dont font partie les perdrix ,
les cailles (vo^.)» ®^^* ) ^^^ '' appartient
plus particulièrement an coq de bruyère
dont nous avons à dire quelques moU.
Ce tétras proprement dit est de la
taille du paon, mais il est plus gros dans
tontes ses parties. Une plaque nue et par-
semée de papilles charnues et d'un rouge
vif surmonte lesyeux; ses pieds, garnis en
avant de plumes bnmes jusqu'à l'origine
des doigts, son t nus à leur face postérieure
et ne présentent point d'ergot* Sa queue
est arrondie. Son plumage est noirâtre et
ardoisé. La femelle est moins grosse que
le mâle, et la couleur de son plumage ap-
proche de celui de la perdrix. Le mâle
relève les plumes de sa tête en aigrette ,
et fait la roue avec sa queue comme le
paon et le dindon. On trouve les tétras
dans les foréta de pins et de sapins qui
couvrent nos pliu hantes montagnes ou
les plaines des pays du Nord. Us se nour-
rissent des fruits et des jeunes pousses
des sommités de ces arbres, ainsi que
de baies de différentes plantes, de grai-
nes, de vers, d'insectes, etc. Cachés dans
le jour, ils ne se montrent guère que le
Eneyclop. d. G. d. M. Tome XXI.
( 786 ) TtU
matiaet k soir, au crépnsenlp^t à Pan^
rore, pour aUer chercher leur pâture. La
femelle fécondée pond à terre et sur ht
mousse de 8 à 16 mnfii qu'elle couve
comme la poule. De même que le coq,
le tétras se montre jaloux de ses femelles;
d'un naturel farouche, il aime la soli-
tude; mais, à l'époque des amours, il
perche, crie, affecte des postures extraor-
dinaires, se laisse approcher et prendre
plus facilement. Aussi est-ce surtout à
cette époque qu'on le chasse, en se levant
avant le jour* C'est i^ gibier rare et ex-
cellent. On n'est jamais parvenu à élever
déjeunes tétras : quand on cherche à les
apprivoiser, ils refusent toute nourri-
ture. Z.
TETZBL (Jxah), en allemand Ttzei,
moine dominicain, fameux dans l'histoire
de l'Église, vojr, Iitdulobiicbs, Lutheb,
RiroEMATioir. Il mourut de la peste en
1&19.
TEUCBR, voy. Tmon. '
TECCRIUM» voy. GsmMAHDRiB.
TECJT ou Thuisgov, dieu des Ger-
mains dont parle Tacite, peut-être le
même que Vodan on Odin {vo%»)f et,
d'après quelques mythes, le père du peu-
ple allemand, qui le regardait oomme né
de la terre et oomme dieu non-seulement
de la guerre, mais encore de la justice.
Selon certains mythographes, il aurait
été un personnage hbtorique, à la fois
juge et chef militaire,, celui qui aurait
conduit dans sa nouvelle patrie la nation
teutonne, laquelle se serait appelée ainsi,
d'après son nom, Teuiiscif Theodisci^
Teutsche» Foy. Turrons» X.
TBUTATËS, divinité gauloise dont
on ignore à peu près le vrai caractère,
mab que César et d'autres historiens la-
tins ont confondue avec Mercure, moins
sans doute parce qu'il présidait au com-
merce et à la parole , comme le fib de
Jupiter, que parce qu'il était égalemmt
ohargé de guider les âmes dans le royaume
des morts. On Tinvoquait dans les com-
bats, et on le représentait sons la forme
d'un javelot; ses auteb étaient souvent
arrosés de sang humain. On l'adorait
aussi sous la forme d'un chêne. Ses fêtes
se célébraient principalement la nuit et
dans les forêts; la plusoélèbre était celle
de la réception du gui [vof» ce mot et
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OitTls, T. Xn, p. 198). H oê Ciiit pM
confoodre Teutttèt avec le Teut ou
Tbuiscon des Germains {vojr. Tart. pré^
cèdent). X.
• TBUTOBCJRO (poEiT db), sa/tus
ieutoburgicuSf théâtre, selon d'anciens
aalenrs, de la fameuse bataille où le chef
des Ghémsqnesy Arminius on Hermano
Svoy,)^ détruisît y Tan 9 de notre ère et,
\ ce qu'on croit, du 9 au 11 sept., les
légions romaines commandées par Quin-
tilius Varus. Il n'est pas encore bien éta-
bli que ot soit la même forêt que celle
qui porte encore aujourd'hui ce nom dana
la principauté de Lippe. L'opinion la
plus probable est que la bataille eut lieu
à quelques lieues à l'ouest de Pyrmont
(vof. Waldbck); on trouve effective*
ment en cet endroit une foule d'objets
«t de noBM de lieux qui la rappellent,
comme le mont d' Arminius ou Hermanns^
berg, montagne isolée à 1^ lieue environ
de Pyrmonéy où, selon la tradition, Her-
mann avait son château et où l'on voit
encore daa restes de murs, de retranche-
netits, etc.; le Varenbusch (buisson de
Yarus), petite colline sur laquelle était
la tente d« lieutenant d'Auguste; le
Kxiegsbusch (buisson de guerrel, le Sie?
gesholz, le Siegesfeld (bois, champ de
ht victoire) , le Blutbach et le Helden-
bach (ruisseau du sang et des héros), tous
à une distanoe plus ou moins rapprochée
du Hermannsbtfrg. On voit aussi dans
cette contrée beaucoup de fossés et deux
rangs de collines tumulaires sous les-
quelles on a découvert des cendres, des
ossements, des urnes qui semblent d'ori-
gine germanique. Enfin les habitants du
pays ont conservé sur cette bataille plus
de traditions que ceux des autres parties
de l'Allemagne. — Voir Clostermeyer,
A quel endroit Hermann défit Varus
(Lcmgo, 1822); et W. Mùlter, Bypo^
thèses sur la contrée ou Hermann bat'
tit Farus (Hanov., 1824, in-4« avec
une carte spéciale). C. L.
TEUTONIQCE (oid&s). Cet ordre
religieux et militaire remplit un rôle con-
sidérable dans l'histoire du moyen-âge.
Boulevard de la chrétienté vers le nord,
il civilba la partie septentrionale de l'Al-
lemagne, et mérite d'être cité immédia-
tmnent apria lea confiréries célèbres des
TempUen et des Hospitaliers de Sslst-
Jean {voy. ces noms), avec lesquelles soi
organisation lui donne de nombreu
points de ressemblance. Sa foodadoo re-
monte à la fin du xii* siède. Dèi 1128»
un bêpital, spécialement destiné tQicroi*
ses et pèlerins d'Allemagne , anit été
fondé à Jérusalem, sous Tinvocatioa deh
vierge Marie. Mais quand les croisô ci-
rent été expulsés de cette ville, les Alle-
mands furent, plus que d'autres, exposés,
en Orient, aux maladies et aux printion
de tout genre ; car les Templien réiff-
vaient leurs soins aux pèlerins de Fnn-
ce, et les Hospitaliers à ceux dlttlie.
Pendant le siège de Saint-Jesn^d*!-
ere, en 1 190, quelques habitants dtBii-
me et de Lubeck, qui avaient prit parti
la croisade , touchés des souffrancei k
leurs compatriotes, établirent an silici
du camp une sorte d'ambulance coonrie
des voiles de leurs vaisseaux, et U te
Frédéric de Souabe, pour rendre dm-
ble et plus efficace cette œuvre de et-
rite, la confia aux soins d'un ordre leB*
gieux et militaire qu'il fonda à cet effet
Une règle, semblable à celle que voàjwA
déjà depuis près d'un siècle les HoipiU-
liers de Saint- Jean et les Templien, lit
imposée à la nouvelle confrérie, dootili-
atitution fut confirmée, en 1191, pv^
pape Clément HI etrempereorHeoriVl
Quarante Allemands de familles oobiei
fdrent les premiers chevaliers de Tordre.
Au vœu de servir les malades, ils àfftM
joindre celui de défendre la Terre Seio»
et la chrétienté contre les infidèles. Lev
costume était composé d'une miri^
noire et d'un manteau blanc, sur leq»!
se dessinait une croix noire eoUHU^
d'une broderie d'argent. Henri Walpo'
de Bassenheim* fut le premier grsod-
maître de Vordre des chevaliers teuio*
niques de la maison de Sainte^Morit-
de^ Jérusalem; car tel fut le titre q««
prit cette confrérie, qui cependant oe ré-
sida jamais dans la ville sainte. Les rêver*
successifs des chrétiens en Orient fbrc^
rent même bientôt Tordra à (^^
Saint- Jean-'d'Acre et à se retirer en Bo-
rope, où la faveur des papes et des cib'
gil«
O Moine benurdia qei atak prleb^ 1"^^
b obts lèe Prouieiu et qa^Ianeoeai HI m»
nommé érlqne de Cvlm,
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(787)
tEO
ptrmirt Hii ât obtenir dei pHTiMges et
des temt. Le siège dochipftrefàt trins-
ftré à Yciiite. HermeoD de Seize , 4*
grand -mettre, dont l'histoire Tante le
connge et le noble ceractère» prit part
è la croisade de l'emperenr Frédéric II.
Vers fan 1 998, ane voie entièrement
DouTelle s'ouvrit à ractWité guerrière et
rellgieiise des cberaliers tentoniqnea. Les
mciens Pmssiens, peuple d'origine let-
tonne, habitant, au nord de la Pologne,
les bords de la mer Baltique (tw/. T.
XVI, p. 468)^ se montraient opiniâtre*
ment rebelles au christianisme. En raln
les rois de Pologne et les ducs de Mazo-
vie avaient essayé de les soumettre à l'É-
vangile : on leur faisait bien quelquefois
accepter le baptême par la force des ar«
mes ; mais dès que la contrainte cessait,
ils reprenaient leur culte et leurs mœurs
berbères, et leurs incursions jetaient k
terreur parmi les états voisins. Le succès
récent des chevaliers Porte-^aives {voy,)^
qui avaient réussi è détruire le paganisme
en Livonie, inspira è G)nrad, duc de Ma-
•ovie, et à Tévéque Christian*, l'idée
d'invoquer contre les Prussiens fassis-
tance de l'ordra Teutonique; Ils offri*
rent au grand-mattre Seize , avec l'agré-
ment du pepe et de Pempereur , la sou-
veraineté du pays de Culm. Hermann
Balk , un des maîtres de Tordra , partit,
en 1398, avec un petit nombra de che-
vtliera pleins de foi et d'ardeur pour la
oause de l'Évangile, et prêts è combattra
des ennemis mille fois supérieurs en
llombra. De prompts succès couronnè-
rent leurs pramiers efforts ; mais la con-
quête fut lente et pénible, et plus d'un
demi-siècle s'éconla avant que l'ordre
Teutonique fftt entièrament mettra de la
Fïusse. Les chevaliers établirent d'abord
de petites forteresses sur la rive gauche
de la yistule, passèrant ce fleuve, fondè-
rant la ville de Thom, et de U étendl-
rant de plus en plus leur domination et
celle du christianisme. Autour de leun
diâteauz- forts vinrant se grouper des co-
lonies allemandes , foyers de civilisation
qui répandaient dansie pays les lois, les
■KBunet les aru de FEurope policée. La
ville d'Elbing fut fondée uon loin du
bord de la mer, et «on commerce avec
(^ BothmtUtT on DtuitêKmtistêr,
BrêmtetLubecfc devint bientêt florissant.
En 1 98T, la fusion de Tordra des che-
valien Porta-Glaives avec Tordra Teuton-
nique vint augmentereneora la puissance
de ce dernier. L'infatigable Hermann
Balk réduisit promptement à Tobéissanee
la Livonie, où de grands désordres ré-
gnaient depuis la défiite et la mort de
Foulques, dernier grand- mettra des Por-
te-Olaives. Les pramiers succès des che*
vaKen teuloniqnes furant signalés par
une grande modération. Leur douceur
envers les vaincus, leurs soins charita-
bles pour les malades et les pauvres af-
fermirent leur autorité mieux que n'au-
raient pu le faira les persécutions du fis*
natisme. Blalbeurausement, après la mort
d'Hermann Balk (1289), on s'écérfa de
cette voie salutaira. D'ailleurs, le nom-
bra des colons allemands allant toujoun
en augmentant, les privilèges qu'on leur
accordait devinrent bientôt des charges
potir les indigènes, et oenz-ci ne tardè-
rent pas à se lasser du joug qui pesait
sur eux. Svantepolk, duc de Poméranie^
ayant déclaré la guerra è l'ordra, lee
Prussiens en profitèrent pour se soule-
ver et rétablir leur ancien culte, symbole
pour eux de leur antique liberté. Les
chevaliers teutoniques furant assiégés de
toutes parts dans leurs places fortes. En-
fin , après de longs et sanglants combats
et à l'aide d'une croisade atiiiUaira de
chevalien allemands , ils parvinrent à
réduira Svantepolk, et à soumettra les
Prussiens, en leur assurant, par un traité
formel (1949) la liberté personnelle et
le droit de propriété. Une bulle dln*
nocent IV établit en Prusse quatra dib*
oèses', et mit ainsi un terme aux diffé-
rends qui s'étaient élevée entra Tordra et
Tévêque Christian. La forteresse de Me-
mel fut construite vers cette époque,
ainsi que celle de Roenigsberg , ainsi
nommée en Thonnenr dHhtokar^ roi de
Bohême, venu, avec le margrave de Bran-
debourg, au secours des chevaliers. I7ne
Gommanderie de Tordre fut établie à Ros-
nigsberg.
Lin nouveau soulèvement général dea
Prussiens eut lien vers 1 98 1 et dura près
de dix ans. Les chevaliers, ayant perdu
presque toutes leun forteresses, étaient
sur le pnint d'évacuer Ye pays, lorsque.
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TEU
M 1970 , Cowad èê TldirbOTi,
chai d« rordrty namw k TÎoloire tout
MtétOMlardf. C«ll«giMmMMtcrmiBa
que par rtsurmiBâtioB presque totale
4« PnMikmy doBt mie partie émigra eD
Lithaanie. Eafi», en 1 Kt^ Tordre le vit
■Mitre de la Printe entière. Sa loiiTe-
faîneté, recoanoe partout^ était eiercée
par «n Immdtmeùter^ qoi alternait dana
le conmandeaMnt des annéca avec le
maréchal de Tordre. Cluqne Tille forte
était fOttfernée par wi eammamdeur
(Comthur). Le {randoMltre résidait à
Venise, et la ville de JénMalcm était ton-
jonrt eensée être le véritable siège de
fordie.
Toutefois le cercle d'action de Tordre
éUnt ainsi restreint à la Pmsse, les cbe-
valicm sentirent le besoin de concentrer
lenrt forces dans ee pays, et, en 1 309, le
grand-BMittre Sigefroi de Fenchiwaogcn
alla s^établir» a? ec le cbapitrcy au cbâtean
de Marienboorg (vof.)* ^^^^^ ^'^'^» ^I^
les cberaliers avaient fondée dès 1)74 ,
et dont la situation était très avantageosey
devint la capitale des pays qni lenr étaient
soumis. Le xiv* siècle fot la période la
plus brillante de Tordre Teutonique. Sa
domination s'aflirmit et s'étendît encore
par de nouvelles conquêtes en Poméra-
nie. Grâce à son eio^lente administra»
tion et grâce surtout an gouvernement
petemel, mais forme, de Tillostre maître
Winricb de Kniprode, les habitants de
la Prusse purent jouir d'un état de bien-
être, de sécurité, de liberté même, qu'on
ne saurait retrouver à cette époque dans
aucun autre pays. L'agriculture et le
commerce firent de rapides progrès. Lm
arts et les sciences même n'étaient' pas
entièreoMot étrangers à ces contrées éloi-
gnées du centre de la civilisation euro*
péenne.
liais à cette ère de prospérité succéda
bientêt une affreuse pérfode de déca-
dence. Les démêlés die l'ordre avec h,
Pologne prirent un caractère de plus en
plus grave } des guerres continuelles
épuisèrent ses forces et ses ressources.
Enfin, en 1410, Vladislas Jagellon, roi
de Pologne, défit complètement les che-
valiers teutoniques et leur armée dans la
sanglante bataille de Tannenbe^. Le
grand-maltreUlric de Juogingen y trouva
( 788 ) TEU
la mort avec toute la fleur de lesd^n-
Kers. La chute de Tordre semblait inai*
nente. Il fot encore une foissainé^pitt
à la rapidité avec bquelle flétri k
Platten,siasple eommandeur,8'qapwè
la direction des affaires et ^enfiernaïue
quelques troupes dans le châteaoée Ht'
rîenbourg. Jagellon essaya de i^m m-
parer, mais, rappelé bientôt dsMmém
que asena^iitleroideBohéaMyilpvi
tous les fruits de sa victoire.
néanmoins Tordre Teutoaiqasiifit
jamais se relever entièreamat da eof
terrible qui Ini avait été perte. N»-
quant de soldats et obligé. d'en praèt
è solde , ses financée s^époisèrest. Oi
voulut y suppléer par de mmfeavxis-
pêu. Un mécontenteuMnt général Ittk
suite de ces fonestes asesniei,etiiroi
ajoute è cela les dtssensiont ioieilias
qui se glissèrent parmi les BMnbs
même les plus élevés de l'ordre, qei^
cusaîent réctproqneaaent de (tmm
l'hérésie de Jean Husa, on ne s'étsmn
pas de Voir cette confrérie, nagaèresÉB-
rissante, déchoir par degrés jusqa'is psi
de devenir vassale dee rois de Polopt-
Cest ce qui arriva en 1466,où,spriiit«
soutenu encore une lutte déseipértf»
tre les Polonais, les chevaliers coodomi
avec Gasiasir IV un truite oonaaiosili
nom de paix de Tbom, par ieqodi
cédaient plus de la asoitié de Icoi»^
et ne conservaient le reste qa'àtiircè
fief et en reconnaissant le suiertiarté^
roidePologDe(vor.T. XX,p.6).Llr^
sidence du grand-œatlre L. d'ErUchlia-
sen fut alors transférée à KœaigM
A partir de la paia de Tbora, les cb^
valiers, dans Timpossibilité sbiolBe ^
lutter avec avantage contre k» fos^''
Pologne, supportèrent patieainest b
position secondaire que le haisrddcf ^
tailles et les foutes de leurs snpérieas
leur avaient faite. En 1511 , tookii
s'assurer l'appui d'une maison poii«s((t
ib élurent pour grand-maitrs AM»
margrave die Brandebourg. Ce pnK<
jeune et entreprenant essaye biestôt,
quoique neveu deSigismondl'iro'^
Pologne, de ae soustraire aa pf^àt^
suaeraioeté polonaise. Une (Otfi* ^
résulta, qui mit encore le pays à f«s <*
è sang, mais sans amener d'snaCap ^'
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TEU
fiAÎlif dt ptri ni d'antre. Albert ne turda
pas à embretser airec ardeur la cause de
In réforme religieuse, et conçut la pensée
knrdie de séculariser la Prusee et de s'en
£aire proclamer duc héréditaire. Grâce
à Tappui du roi de F^ologne (avec qui il
s'était réconcilié et dont, même comme
doc de Prusse, il consentait alors à re»
oonnattre la smeraineté), ce coup d'é-
Ut lui réussit {voy. PmutSB, T. XX,
p* 325).— -Malp^ les foudres du pape et
de TEropereur, Albert se fit luthérien,
sûnsi qu'un assez grand nombre de ses
chevaliers. Les antres se retirèrent, en
Allemagne et nommèrent un nouveau
graud-maitre, Walur de Kronberg, qui
fixa son séjoura Mergentheim, en Frao-
cx>aie.
Cet événement peut être considéré
<x>mme le terme de l'eibtenee politique
de Tordre Tentenique. U continua ce-
pendant k «e soutenir en Allemagne au
moyen des revenus' assez considérables
q«*il tirait de ses vastes propriétés. Cel-
les-ci, très morc^ées et éparpillées dans
tous les pays de r Allemagne, présentaient
ensemble une superficie de 40 milles car-
rés et une population de 88,000 habi-
Unts. Elles éuient distribuées en onze
bailliages ou provinces subdivisées en
commaiîderies. Le plus ancien comman-
deur de chaque province prenait le titre
de commandeur provincial. Les grancb-
maîtres, chefs suprêmes de Tordre et
princes ecclésiastiques du Saint-Empire,
ae sont succédé jusqu'à nos jours. Le
traité de Presboorg accorda, en 1805, à
Tempereur d'Aulriche les titres, droits
et revenue de grand-maitre de Tordre,
qui fut définitivement supprimé par Na-
poléon le 34 avril 1809. Néanmoins
Tardûdne BfaximiUen sciait enoore wf^
peler aujourd'hui gramd^maùre de Por^
dre Temtonique dam Vempirt d'Autri^
che. Ce vain titre est tout ce qui reste de
4ant de gloire et de puissance. — On peut
consulter sur l'histoire de l'ordre Teu^
tonique : Voigt, Gese/uchie Premse/ts
vom der ofUesten Zeit Ut zum Unier'->
gang des Deuisçhen Ordens^ Kosnigsb.,
]837-8i^, 9 vol. in-80; Stenzel, G^
sehidue desPreussischen iSimatr,Hamb.y
1881 et ann. sniv., t. I-IU; Kotzebue,
Premssens œliere Geschichte^ ^8*9
1808-9, 4 vol. in-8®; Duellius, Histo^
ria ordinis equitum Teutonicorum hos*
piialis sanctœ Mariœ^ Vienne, 1 7)7 ; le
chev. de Wal, Histoire de l'ordre Teuêo^
niquCf Paris et Reims, 1784, 8 vol.
in-8<^, tl Recherches sur ks Constitution
de tordre Teutonique^ Mergentheim,
1807,3 vol. in-8«;Kruft,wtf^/^cAny.
noiogique de F Histoire de tordre Teu'-
tonique^ y kmnitj 1776; enfin V Art de
vénfier les dates^ 3* partie, éd, in-S**,
t. XVI, p. 471-99. S-F-D.
TEUTONS, Teuêones, nom sous le-
quel les peuples germaniques apparais-
sent d'abord dans Thisloire , et qui lenr
venait sans doute de leur dieu Teut
(ifoy. ce mot et GBmxAiriB). Ib se ren-
dirent célèbres par la part qo'ib prirent
à Tinvasion des Gaules et de lltalie, 414
ans av. J.-G. (voy. T. Xtl^ p. 898), par
les Cimbres (tfojr.) et d'autres peuplades
de aséme origine. Après avoir repiporté
plusieurs avantages sur les Romains , les
Teutons furent écrasés par Mariiu dans
les environs d'Aïs, Tan 103. Leur chef
Teuldbocns, fait prisonder dans sa
fuite, orna le triomphe du fÉiéral ro-
X*
rm i>x Là Dinxubfi rABTU du tomx TinoT-uviiifB.
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TABLE
DES MATTÈEES CONTENUES DANS LE TOIÇK VINGT-UNIÈME.
' Salm (maison de). i
Salmanassar, uoy. Nî-
nive , Assyrie et Hé-
breux.
Salomon. t
Saloniqae. 3
Salpêtre. 8
Salpéirière (hospice de
Ia)t *'ojr. Hôpitaux et
Hospices» Paris, etc.
Salsepareille. 7
Salsifis , V, Chicoracées.
Saltimbanque. 7
Salubrité, «'.Police sani-
taire, Infection, Mé-
phitisme, Atelier,etc.
Saluces (marquisat de),
voy. Piémont.
Salut (lit.). 7
Salutation angélique, v.
Ave Maria.
Salut public (Comité de),
fo/. Comité.
SaWandy (comte de). 7
Salvator Rosa, v. Rosa.
Saivt. 9
Salvien. 9
Salza (Hermann de). 9
Sal/bourg. 9
Salzmann. Il
Samanides, voy. Perse.
Samarcande. 1 i
Samaritains. i t
Sambuque, voy» Instm-
menta de musique.
Samnîtes. ft
Samogitie, voy. Cour-
lande , Lithuanie et
Russie.
Samos. 13
Samothrace. 13
Samoyèdes. 14
Samson. i 4
Samuel. f 4
San-Benito, %^oy. Auto-
da-fé et Inquisition.
Saoche , voy. Navarre,
Castille et Espagne.
Saucbez. 19
Sanchoniathon. 15
Sancta-CIara, voy. Abra-
ham a Sancta-Glara.
Sanction. 16
Sand (Ch.-L.) , vcy.
Rotzebue.
Sand (George) , voy.
Dudevanl (M™«).
Sandal (bois de). 16
Sandales, v. Chaussures.
Sandjak. 16
Sandwich (lies). 17
Sang. 19
Sang (coup de), voy.
Apoplexie.
Sanglier, voy. Cochon.
Sangsue. to
Sanguine. tl
Sanhédrin. Il
Sannazar. tl
San-Sahador, cqx.Gua-
témala.
Sanscrites (lang. et litt.]. tl
Sansonnet, p. Étourneau.
Sansovin (le). t4
Sans-Souci (chÂtean de). t4
San la- Anna. t4
Santa-Fé de Bogota. t6
Santander. t6
Santé , voy^ Vie, Fonc-
tions, Hygiène, etc. ;
— Service de santé ,
voy. Médecin, Offi-
cier de santé y Hôpi-
taux, Lazaret, Ambu-
lances.
San terre. t6
Santeul. t6
Santiago ou Compostella. t6
Santiago de Chili. 17
Santiago de Cuba. t7
Santorin, voy. Cyclades
et Grèce.
Sanzio (Raphaël). t7
Saône (riv.). 33
Saône (dép. de la Haute-) 33
.Saône- et-Loire (dép. de). 33
Sapjou, voy. Singe.
Sapeurs. 94
Sapeurs-pompiers > voy.
Pompiers.
Saph ique8(vers) ,M. Sapho
et Hendécasyllabes.
Saphir, voy. Corindon.
Sapho. 36
Sapieha (princes). 36
Sapience, Livres sapieiH
tiaux. 36
Sapin. 36
Saponification,!^. Savon.
Sapor, voy. Perse. 36
Sara. 86
Saragosse. 36
Sarasin, t'qx* ^^i^*^»*
Sarcocèle. 88
SarcoptCft'.Ciron etGale.
Sardaigoe (lie de). 39
Sardanapale. 41
Sarde (royaume). 41
Sardes, voy. Ljdie.
Sardine. 47
Sardoine, voy. Calcé-
doine, Onyx et Agate.
Sarigues, voy. Didelpbea
et Marsupiaux.
Sarmates. 47
Saros,p.ChaIdée et Lune.
Sarpi. 46
Sarrasin (agric). 46
Sarrasin (J.-F.). 49
Sarrazins. 60
Sarte (André del), uoy.
Yannucchi.
Sarthe (dép. de la). 60
Sartines. 61
Sas. 63
Sassafras. 63
Sassanides, voy. Perse.
Sasso-Ferrato, v. SaWî.
Satan. 63
Satellites,!^/. Planètes.
Satin, voy. Soieries.
Satire. 63
Satrape. 64
Saturnales, i^j.Saturne.
Saturne (myth.). 64
Saturne (astr.) , \'oy.
Planètes,
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792
Saturne (ttiraitë»)» »»•
Plomb.
Saturnin (▼•»)» voy.
Lalinc (lift.)-
Satyre.
Sauge.
Saûl.
Saule.
Saumaiie.
Saumon.
Saumur> vuf. Maine-et-
Loire (dép. de) et Mi-
liuirea (écoles).
Sauriens, ¥0/, Reptiles,
Lézard, iguane, Cro-
codile.
Sanrin.
Saussure.
Saut , 1^. Jambe et
Tendon.
Sauterelles,
Sauvages.
Sauveur, vny, Jéeos-
Christ, Messie et Ré-
demption.
Sauaet.
Satanés*
Savanu {Journal des),
yojr* Retue.
Savary.
Save.
Savigny.
Savoie.
Savon,
Savonaiole,
Saxe.
Saie (maréchal de).
Saze-Altenboorg, tfoy»
Altenboorg.
Saxe-Cobourget Gotha,
f^j. Kobourg-Gotha.
Saxe-Cobourg-Saaifeld,
voy, Kobovu^Goiha.
Saxe-Gotha, vojr- Ko-
Iworg-Goiha et Gotha.
SaxeGotha-AltentMurg,
yoj. Gotha, Kobourg-
Gotha et Alienbourg.
Saxe - âildi>nighansen«
tfojr, Meiaingea.
Saxe-LanenlMMirg, voy,
Laueobourg.
Saxe-Meiningen, inif.
Meiningen.
Saxe-Saalfeld, tfojr. Mei-
ningen.
Saxc-Teschen (duc de),
•f. Albert et Teschen.
Saxe-Weimar-Eisenach,
iH>X' "Weiawr.
' Saxo Grawmaticus.
TABLE DES MATIÈRES.
7»
SaxoiM, Mr. Sut.
S.y.
Sayans (monts), poy,
Altaï et Russie.
Sayn (comté de), voy.
nittgenstein.
Scsevola, i'. Mucîus.
Scala (fam. délia).
Soaldes, vqy, Islandaitea
(lang. et litt.).
Scaliger.
Scamandre, r, Troie et
Mysie.
Scandale.
Scanderbeg, »^. Skan-
derbeg.
Scandinave (littérature).
Scandinave (mythologie).
Scandinavie.
Scanie.
Scapin.
Scapulaire.
Scarabée, »^. Coléoptè-
res et GljTptique.
Scaramoucbe.
Scarification.
Scarlatine, i>9)r. Exan«
thèoMs.
Scarlatti.
Scarpa.
Scarroa.
Sceau,
Scellé.
Scène, vqy. Théâtre,
Dramatique (art),Ac*
tes. Avant-scène.
Scepticisme,
Schadow.
SchAffer.
Schaffhouse.
Schah, pof. Chah.
Schako, ifof. Coiffure,
Schall, vof. CbÀle.
Scbamhorst.
Schaumbourg, v. Lippe,
Schaumbonrg - Bucke-
bourg (comte de Lip-
pe-).
Scheele.
Scheffer (les frères).
Scheideck (mont), twy»
Hassli (vallée de) et
Berne (canton de).
Scheik, t^jr, Cheik.
Schelling.
Schemnitz.
Schérer (gén.).
Schériff, r. Chérif et
Shérif.
Scherto,
Schiavone.
•0
Si
•I
st
04
08
100
100
101
101
H
SchikaMder. w
Schiller. i«
Schilling. ta {
Schimmelpenniacfc. ta
Schindeiiùnnes. m
Schinkd. m
Schiras, ifojr, Chiisz.
Schir-Koub, »v^. Sala-
dtn, Êeypte, Falini-
des et Nour-Eddjo.
Schisclikow, F. ChiiGà-
kof.
Schisme. «H
Schiste. iii
Scfalagoe. 111
Schlangenbad. ni
Schlegel (les frères), i»
Schleiemiacher, i^
Sehleisaheim. lil
Schleswig, vo/, Sleswig.
Schlœzer. m
Schlosser (J.-C). ^
Schlosser (F.-C). m
Schluter. 1»
Schmalkalden, v, Seal-
kalde.
Schmid (chanoine). (ti
Schmidt (M.-I.). i«
Scbmidt (I.-J.). ii<
Schneider (Eulo^e). i»
Schneider (phM). ««
Schœffer, t^, Gates-
berg et Typogfsphit
Schœll. i«
Schœn (Martio). i^
Schœnboarg (comlttet
princes de), l*^
SchcBnbrann. '^
Schœpfli*. lt<
Scholastique,Scbolisite,
Scholies, tvf.Scolas-
tiqne, Sooltasie, etc.
Schomberg (comte de). H*
$chopenhauer(M-*). <*^
Schoppe (W^). »«*
Scbouten. ''^
Schrévélina, t^* Giec-
que (langue).
Schrœck. ^^
Schradcr (actear). *^
Schiœder(M-). "'
Schi«der-Dcvricnl(ll*).»*'
Schubert. "'
Schubert (G^E de). *^
Schubert (Fr.). «»*
Schulenbnrc (fan. iob
der). *«
Schultens. *"
Schuize (pbU.). *''
^hulze (poète). *''
SchomlaouChoomU. i^'
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TABLE DES MATIÈRES.
Schuttery, f^. MUioe.
Scbuwalow, n^-. Gbou-
TAlof.
Schifab (Giist).
Schwabbach et Schwal-
bach.
Schwanbourg (princi-
pauté de).
Schwarzbourg ( mai-
•on de).
Scliwaneoberg ' (prin-
cet de).
S(^weidnîl2.
SchweighaBoser (père et
fils).
Scliwcrin , w, MecUen-
bourg-Schwerin.
Scliwerin (comte de).
SchwjTtz (canton de).
Sclkjp«tar8, V. Albanie.
Sciagrapliie.
Sciamancie, t^oy. Divi-
nation.
Seiatérique, t^jr» Gno-
mon ique.
Sciai îque.
Science.
Sciences(Académiede8),
Académie des Scien-
ces morales et politi-
ques, vojr. Académie,
Institut.
Sciences occultes, f^.
I Magie.
Scieries.
Scindîah, (foy, Sindiab.
Scio, •^. Ghios.
Sciooiancie, voy. Divi-
nation.
Scion, t^. Greffe.
Scipions (les).
I Sclérotique, yoy. Œil.
Scolaslîque, u, Philoso-
\ |>bie, Réalisme, Duns
} Scot, Érigène, etc. /
.Scoliaste.
Scolopendre tHfy. Mj-
i riapodes.
Scopas, vojr» Étolie et
Sculpture.
Scops, tfoy» Hibou.
Scorbut.
I Scories, voy. Fer.
Scorpion (h. n.).
l Scorpion (astr.), poy^
Constellation et Zo-
I diaque.
Scot, voy, Érigène et
Duns Scot.
Scots, voy. Pictes> Ca-
^ léckwie et Ecosse.
1S4
1S«
181
133
183
183
138
1^(8
130
130
130
140
147
147
180
180
18t
Scott (sir Waker).
Scribe.
Scribe (Eug.).
Scrofule.
Scrutin.
18t
186
186
18T
180
Scodéri(G.etMU«de). 180
Sculpture.- lei
Scutari. 107
Scjlax. ' 107
Scella et Gharjbde. 107
Scymnus de Ghios. 107
Scythes. 107
Seapors, 108
Sébastiani (mar. comte). 100
Sébastien (Don). 171
Sébektekinides , ¥oy.
Gaznévides.
Sécante. 171
Sèche,»'. Céplialopedes.
Sécbelles (lies), iH>y»
Seycbelles.
Séchelles (Hérault de),
i^. Hérault.
Seoond(Jean) ,f^. Jean .
Secours publics, t^,
, Hôpitaux et Hospices,
Nojés,AspbjxiésyIn-
cendie. Police, Salu-
brité, etc.
Secrélage, yoy» Feutre.
Sécrélion. 17«
Sectes. 173
Secteur. 178
SgciIoos. 173
Sections coniques, tfoy.
Cône.
Sécularisation. 173
Sedaine. 178
Sédécias,!^. Hébreux.
Sedjestan, t^ay. Séistan.
Seelande. 178
Segment. 178
Segrais. 178
Séguedilles, i^oy. Air
et Boléro.
Séguier (fam.). 170
Ségur (fam. de). 17$
Seiche,»', Céphalopodes.
Seid, Sejd ou Sidi, l'o^.
Korëichites, Ghérif
et Fatimides.
Seigle. 101
Seigneur. 101
Seigneurie. I8t
Seikhs, %^ay. Sikhs.
Seine (riv.). lOt
Seine (dép. de la). 108
Seine^t-Manie(dép.de). 1 04
Seine-et-Oise (dép. de). 108
Seine - laférieure (dé-
parteneut do la),. 107
793
rue.
Seing, vpy, Caobot et
Blanc-seing.
Seing privé, ¥oy. Acte.
Séistan ou Sedjestan,
f .Perse et Khoraçan.
Seize (faction des), t'o^.
Ligue , Barricades
(journée des), et
Guise (Henri de).
Séjan. 100
Sel. 100
Sélam. 100
Sélande, vay, Seelande.
SeMjottcîdes, f . Turcs.
Séléné, vay. Hécate.
Sélénite, voy. Gjpso.
Sélénium. 107
Sélénographie, i'. Loue.
Séleucides. 107
Séleucie. 107
Séleucus. i07
Séliml-III. 100
Selle, Sellerie. toi
SelU(eaude). sot
Sem. sot
Semailles, w. Semence.
Semaine, pqy. Calen-
drier et Chronologie.
Séméiotiquc, v. Symp-
tômes, Diagnostic, oC
auni Notation*
Sémélé. toO
Semences , Semailles ,
Semis. tot
Semi-ariens, f'. Arîeos.
Séminaires. t08
Séminoles, voy, Groeks,
Indiens d'Amérique
et Floride.
Sémiotiqne, tf. Sémélo- **
tique.
Sémiramis. tOO
Semis, i^. Semences.
Sémites, Sémitique. 000
Semler. tOO
Semoule, vqy» Farine et
Pâle.
Sempach (bataille de). 107
Sénau ft07
Sénaïus-oonsullo, vay.
Sénat.
Séné. too
Sénéchal. tOO
Sénef (bataille de), i^qf.
Coudé (prince de).
Senefelder (Alojs), ytgr»
Lithographie.
Sénégal. 110
Sénégambie. 010
Sénèque Oe« <^iu). tl3
Sennacbérib»!'. Assyrio.
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794
Seimar.
Seoooei oa SéBoaoU»
voy. Gaule et Ghia-
pagoe.
Sent (lea cinq).
Sent, Boneedi, Sent
SeoMtioii.
Sensibililé.
SentîtiTe.
Seotoalifme»
Seoteoce,
Sentimeot.
SeDiimeoltl (genre).
Sentinelle, p. Faction,
Avant-poetetf etc.
Sépales, co/. Fleur.
S^ratieo de corpi «t
de biens.
Séparatistes.
Sépia.
Sept-Ans (gaerre de).
Septante (les).
Septembre, f .Mois, An-
née, Calendrier, etc.
Septembriseurs.
Septeatrieo, 90^. Nord
et PoÎBts cardinaux.
Septimanie , voy* Mar-
bonnaise etLanguedoc
Septime-Sétère,!^. Sé-
Tére et Romains.
Septique.
Sépulcre (Saint-), fef .
Jérusalem.
Sépulture, voy* Mort,
Funérailles, Enter-
rement, Embaume-
ment , Inhumation,
Cimetière» etc.
Sépulvéda.
Séquaniens, voy, Fran-
cbe-GomtéelDoabs.
Séquestre.
Seqoin.
Sérail.
Séraphins.
Sérapis.
Séraskier.
Serbes, viyf. Sertie.
Serdar, Sifdar.
Serein, voy. Rosée.
Séreux (système), 9oy.
Membraoes,Sérosité.
Serf, Servage.
Serge (techn.)*
Serge, voy. Papes.
Serge (S.)
Serin.
Serinette, vojr. Orgue de
Bacbtiios^
tts
sto
tti
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•SI
Ml
TABLE I>ES MiTIÉRES.
tat
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934
tS4
SU
J38
«88
«87
«87
«87
ft8T
«81
SertngapataaM*
Seringat
Sérique , Sères, m^,
Ptolémée (CUude).
Serment «87
Sermon. «88
Sérosité. «89
Séfoux,f.Agincoart(d*).
Serpentin, Serpentine. «80
Serpents. «89
Semtnus, m^t. Senm.
Serre (hort.). «40
Serre (h. n.), ¥, Ongle*
Serre (comte de). «40
Serres (01.etJ.de). «4«
Serrurerie, Semre. «4«
Serrurier (coinle)^ M^r.
Sérurier.
Sertorios. «48
Semm, iwf. Sang, Lait,
Caséum.
Sérurier (comte). «48
Serrage, voy. Serf.
Serran (les frères). «44
SenraadonL «48
Serret. «4JK
Serrie; Langue et lit-
térature serbes. «48
Senrites, voy. Monasti-
ques (ordres).
Servitude. «si
Serritts, voy, Virgile.
Servius TuUius. «si
Sésame. «35
Sésostris, 9^. £gjpt0>
Sesterce. «ss
Seth. t88
Selier, wij. Litre.
Séton. «58
Sévaflopol. «84
Sévère (Alexandre),!^.
Alexandre Sévère et
Romains.
Sévère (Septime). «84
Sévère (Sulpice). «55
Sévigné (M"* de). «86
Séville. «67
Sevrage. «56
Sèvres (dép. des Deux-). «99
Sexe, Organes sexuels. «60
Sextus Empirions. 961
Seychelles (îles). «9«
Sejdlitz (gén. de). «9<
S^mour (fam.). . fl6«
Sforza (fam.). «6«
S'Gravesande. «68
ShaftesbuTf. «63
Sbakspeare. «65
Sharp (grav.). «68
I Shawl.i'or.Cbàle ejiCa-
A
\\\
m
in
w
SbdbiiM (Imd), ,^
Lansdmroc.
Shellejr. m
Sheridan. ui
SherilL Xi\
ShetUod (lies). n
Sbiel (iMaShefl). n
Shilling, voy. Litre.
Shires, voy. AafJMitm
et Grande-BretagK.
Shore TJane). n
ShrewstNuy, v. Talbst.
Siam (roj. de).
Sibérie.
Sibylle.
Sicambres.
SicarJ (abbé).
Sicile (Ile de).
Siciles (fdj. des Deu-)^ u: i
Siciliennes (VéMCi),^.
Vêpres.
Sickingeo (cher dt). M
Sicules. w
Sicjone. tt
Siddons (mistie»). M
Sidelhom, voy- GrimeL
Sidéral, y, Année,Gl»o-
nologie. Jour, RévoU*
tion^ etc.
Sidérique , vty» AftiaL
Sidérisme. iH
Sidmouth (lord),i>o;r.
Addington.
Sidney ou Sydney (fin.).!!»
Sidney (géogr.), v, Gal-
les méridionale (Nos-
velle-),Colooie8pésa-
lesetBolany-Bïjr.
Sidney-Smitbft'fSMik.
Sidoine ApoUiasiie. ^
Sidon. **
Siècle. »
Siège, f^.Attaqae, Dé-
fense des plaoêiiBb-
cus, Tranchée, Pa-
rallèles, Sape, Mite,
Batteries, Artillerie,
Mortier,Fortificatioo,
Brèche» Assut, Cl-
pitulation,etc.ietl(i
DOOM des viUesqai osl
subi les sièges lef^
célèbrei.
Sienne.
Sierra-Léone.
Sierra-Moreaa.
Sièyes.
Sigebert.
Sigillée(terrc),i'len8*.
Sigisbée» t^y. Ciciib* ^
SigiiiiKNld^4»p«
ni
IN
tfî
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TABLE DES HATIÈRES.
Ptf.
SigitBMttd, vois de Po-
Sinal et Horeb. sis
logne. ti7
Sinamari, voy, Guyane
Sigles. t07
francise.
SigmariDgen, ucf. Ho-
Sinapisme. 313
henaollern.
Sinciput, par- Tète.
Signatare. t07
Signes, i/.Écriture,Cbîf-
Sind (flemre), i^. Indnl.
Sind on Sindhi. 314
fre. Algèbre, Éqe»-
SindiahoaSoindiah. 818
tions. Calcul, Foram-
Singapente. si 6
le, Zodiaque, etc.
Singes. 316
Sîgnifloatioa. t9t
Singulier,!^. Nombre.
Sigoniot. t98
Sinnis, i^. Procoste.
SigoviM, M>r. BellofèM.
Sinto (religion de), vof.
Slboan oo Sir-Daria, P.
Japon.
laiarte.
Sinus, f. Corde (géom.)
Slkbs. t90
et Os.
Silat, ficy. Paol (S.).
Silence (mylh.), v. Har-
Sion, vof. Valais, et Je-
rusalem.
pocrate.
SiphoD. 318
Silences (mus.)» t'. No-
Sipyltts (mont), p. Tau-
tation.
rus et Natolie.
Silène. 30S
Skr.îfoy. Angleterre et
Silésie. SOS
Baronnet.
Silex, i/.QuarU et Pierre
SIrach, tfoy. Jésus $ira-
â fusil.
cideetEcclèsîastiqoe.
Silhouette. 300
Sir-Daria, voy^ laxarte.
Silicates. S06
Sire. 318
Silice, Silicium. 306
Sirènes. 819
Silius Italiens. 306
Sirius, f. Chiens (astr. ).
Sillage, Sillomètre, ver.
Sirmie, vqy. EadavoDie.
Loch.
Siroco. 319
Silles. 800
Sirop. 819
Silo, ycy. Grains.
Strtes , v^. Syrtes.
SiWain, vo^. Sylvain.
Sirvente. 819
Silmtrel et n,*/. Syl-
Sismondi. 819
vestre.
Sistow on Sistova. 8t4
Silvestrede Sacy, voy*
Ststre. 384
Sacy.
Sisyphe. 884
Siroarre. 308
SîTS^ tHjy, Indienne (re^
Siméon, wy. Tribus (!«•
ligion) Adi-Bouddha
douxe).
et Trinité.
Simëon , v. Maocabées.
Siwah ou Syooab. 884
Simëon (S.). 808
Sixte (mus.), voy, Inler-
Sim^éon Slylite. v. Ana-
Talles.
chorètes et Stylites.
Sixte ^V, papes. 383
Simëon (oonle). 808
Skager-Bag. 387
Similor, tH>y, Cbiysocal-
Skaldes, voy. Islandai-
qne.
ses (lang. et litt.).
Simmem (Dew-Peoti-),
Skaaderbeg. 888
v€y. Palatinat
SlirzyneclN. 888
Simnel,f^ir. Henri VII.
Slavau (comte), v. Bo-
Simols, i«x. Mysie.
hème et Défenefir»-
Simon, vojr, Macoabëes.
tion.
Simon (S.) et antres. 310
Slaves ; LaBgoee sla-
^imon (Richard). 31 1
Tonnes. 881
Simonide. 31 i
Sleidanus. 936
Simonie. 8«1
SIeswig. 836
Simples, i^oj. Remèdes.
Smalkalde. 337
Simplicité. 31 1
Smerdis, voy. Mages et
Simplieios. sii
Darius Hyslaspe.
Simplon. 31S
Smith (Adam). SS8
ns
S89
540
S40
841
848
S43
343
S48
880
380
S60
308
S8«
Smith (Sidney).
Saiolensk.
Smollett.
Smyrne.
Snorri-Stnrluion.
Snyders ou Soyers.
Sobieski.
Sociabilité, Socialisme. 846
Sociale (guerre), voy.
Alliés (guerre des).
Société (sens dirers),
Sociétés commercia-
les, et Sociétés politi-
ques secrètes.
Société (règle de), m>/.
ONBpa^e(r^ode).
Société (lies de la),
Ta!ti,etc.
Sociniens.
Socrate.
Socrate le Scolastique.
Sodium, tfcy. Soude.
Sodome et Gomorrfae.
Smur, tfoy. Parent, Frè-
re. — Sœurs de la
Charité, SoMirs gri-
ses , etc., r. Charité,
Hospitaliers (ordres).
Soffarides, voy. Perse.
Sofys ou Sophis (dynas^
tiedes), voy. Perse.
Sogdiane, voy. Perse et
Bookharie.
Sogur, uqy. Islandaises
(lang. et litt.).
Soie, Soieries.
Soies, f. Poils , (]dcfaeB
et Blaireau.
Soif.
Sol, tf. Terre, Terrain.
Sol (monn.),M>x. Sou.
Solaire, wy. Soleil, An-
née,^ Cadran, Gyde,
Spectre, etc.
Sdanées.
Soldat.
Sole, tfoy, Pleuroneetes.
Solécisme.
Seleil.
Soleil ^ooop dç ) , uoy»
Érysipèle et Insola»
tion.
Soleil rbot.), i^qy. lU-
lianthe.
Soleiman, »»• Omméya-
des et Soliman.
Soleure.
Solfatare , t^* Soufre.
Seifége, Solmisation.
Solide.
Soliloque,!'.
S88
809
8T0
STO
370
370
374
876
376
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796
Solimaii I-III.
Solin.
Solipèdet, tH>f, Pacày-
derales.
SolU (Diaxde), i». Rio
de la Plaïa.
SolU (Aot. de).
Solitaire, <^. Monas-
tère, Ermile, etc.
Solitaire (ver) , t^.
Vert iotottinaax.
SoUicitor, Sollicilor gê-
nerai, vojr, Attomey.
Solling (forêt de), tHrjr.
Hanovre et Bruofwic
Solmiiatioo, tf. Solfège.
Solois (maison de).
Solo.
Sologne*
Solon.
Solstice.
Solution, Solubilité.
Somerset ( comtes et
docs de).
Somkhet, uoy, Géorgie.
Sommaires (matières et
jogemeau).
Sommation.
Somme.
Somme (dép. de la).
Sommeil.
Somnambulisme.
Somptoains (lois).
Son (pbys.).
Son (techn.).
Sonate.
Sonde (Ues de la).
Songe, vojr. Sommeil.
SoDnonberg (baron de).
Sonnet.
Sophie Aleséietaa.
Sopliis, yof» Pêne.
Sophisme, Sophiste.
Sophistication « t^. Fal-
sification*
Sophocle.
Sopbooie.
Sopbonisbe.
Soprano» vojr. Voix.
Sorbes, coy. Sla?ei et
Sorbier.
Sorbonne, {^.Université.
Sorcier. Sortilège, vojr»
Magie.
Sorel, t^. Agnès Sorel.
Sorgho.
Sorite.
SorUngves ^iles).
TABLE DES MATIÈRES.
377 Sort, f^. Magie, Divf- Soir
970 nation, etc.
SosiênutOf voy. Blosfo-
ment.
Sot, voy. Sottise.
Soter,f». Ptolémèe, An-
S7» tiochus et Sèieacas.
Sothiaqiie(période),»^.
Lever des astres, Gf*
de caniculaire, Amé-
nophis IV, Aiuiée et
flâiopoUs.
Sotie. 40i
Sottise. 401
Son. 40â
Sooabe; et Miroir de
379 Souabe. 403
879 Sottbah , Soobabdar ,
ItO t^ojr. Inde et Mogol
380 (Grand-).
380 Soubisc, vojr» Robatt*
381 Soubrette. 405
Soudan. 400
381 Soude. 406
Souffleurs (poissons), e.
Évents.
38t Soufflet. 407
38t Soufis. 408
38t Soufre. 409
381 Soûle (\B)jVqy. GuieaiM
384 et Bèam.
Souli, Souliotes. 411
Soulou (aicbip. de). 41 1
383 Sonlt(mar.). 411
388 Soomarokof. 416
388 Soumission,!'. Enchère.
$98 Sounna et Sonnniles. 4t7
3^3 Soupape. 417
393 Soupir, im/. Notation
(musique).
393 Source. 417
393 Sourcils, »^*. Œil.
394 Sourd-muet, l'.Surdité.
Souris, t^oy» RaL
398 Sous (pays de) , vity.
Maroc.
Sous-Marines (forêts),
390 voX' ForéU.
400 Sous-préfet, v, Pré£et.
400 Sous-sel, voy» Sel*
Soustraction. 418
Souterrain, vay, Caver-
ne, Grotte,Cave,Gar^
400 rière. Mines, etc.
Southey(Rob.). 4t0
Soutman, t^» Gravure.
Souwarow, tf, Souvorof.^
Souvenir, tf. Mémoire.
401 Souverain (monn.), >».
401 Livre et Guinée»
401 SoÉiverainetét 481
Soovorof-KymmlukiL
Sonia fmarqniie é^. 4i
Soxomèae. e'
Spa. ri
Spabie. m
Spaldin;. &
Spallanani. &
Spanàeim. «^ 1
Sparadnp. c •
Spart. 47 !
SpartacM, pcy. Eiob-
Tes ( guerre è«),
CnsfttsjetPojiti».
Sparte. ai
Sparlcrie, Pty» Spsit
Spartien. fi
Spartium, m^. (Ml
Spasme. 4*
Spath. ù
Spécifique* a
Spectacles. e
Spectre, M9f. RevmuL
Spectre solaire, t'. U-
mièie.
Spéculation. a
Spencer (loid). tn
Spener. o
Spenser. n
Spéranski (comte), w
Sperma Ceti, i^. IKw
de baleine etGadaloL
Spessart. u
Spfaacteria (lie), v^»
MesaénieetNsniii'
Sphakiotes, voy, Crik.
Sphère. «
Sphéristîque, vqy. PM-
me (jeu de).
Sphinx (mylh.). ^
Sphinx (h. n.). ^
Sphragisiique. ^
Spidbciç. *
Spinola (maqab (k). ^
Spinota.
Spiritualisme.
Spittler (baroade).
Spitxberg.
Spleen.
Spolète(dmsliéd«),i«r'
Italie , Loabsfà H
Romain (Étst).
Spondée, i«r« ^^ ^
Veisificatioa.
Spontaftéilé.
Spontini.
Sporades. ^
Sprengel. J
Spuraheim. '^
Squale. ***
Squirrhe, «y. ÛH»
et Uéptate.
411
4S3
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466
SiaaL(M»« de).
^ Stabiet, v(^, Puipéî.
I Slaoe. 457
Stade (aDtk|.,Biétrol.). 40t
Sude(géogr.). 4««
Sladbooder, 9oy, Sla-
1 bouder.
Sladion. 409
Suël-HoIftteiD(M»«de),
i'. à la lin de la lettres. 61»
Staël-lIolstciQ (ÂDgusle
I baron dej v, à la fia de
[ la lettre S. 635
I Slafia, vùy. FÎDgal^ Hé-
brides, Grotte et Ba-
i faite.
Suffarde (bat. de), voy
CatioatetLottitXlV.
Siafford (fam. de). 459
Siahl. 460
Siaîr (lord). 461
Stalaci i tes et Stalagnitef.46 1
Stanbope (coBitetde). 461
Sunitlai !•% roi de Po-
logne. 463
Staniiza. 464
Stanley (lord). 464
SuroBtet. 465
Statbouder. 466
Statique. 466
Statut iqae. 467
Statue, Statuaire» vcjr*
Sculpture.
Statu quo (in).
Stéarine, vo^, Graifte.
Stéatopygie, Pùjr, Hot-
tentots.
Stediogba (Ict).
Steffeos.
Stéganograpbie.
Steio (baron de).
Steinkerke (bat. de).
Stella (J.).
Stcllionai.
^tomroales, u. Insectes.
Stcnko RasioOy vojr* Ra-
sine.
Sténographie.
Stentor.
StepheBa(niias),f'.Biaex.
Steppes.
. Stère.
Stéréographie, i». Pro-
J'ection.
réométrteyWT-. Géo-
métrie et Solide.
Stéréotypio.
Sterlet.
Steriiog, pqy. tint.
Sterne. 4gQ
l^tîdiore. 486
474
474
474
475
475
476
476
477
477
460
480
48t
488
486
488
TABLE DES MATIÈRES
Stéthoscope,!^. Ans-
cnlUtioD.
Stettin,!^. VoÊÊémàe
et Oder.
Steward. 487
Stewart (Dogald). 487
Stewart ( lord ) , pojr,
Londonderry.
Sthénie, fox» Asthénie.
Stibium, Stibié, i^.
Antimoine.
Sticb Crdinger (M"*«). 488
Stichomancie, u€y. Di-
vination.
Stigmates, t^. Fleiin
et Insectes.
Slilioon.
Stilites, uoy. Stjlites.
Stiil de grain, yoy.
Nerprun et Laque.
Stilling, itoy, Jung.
Stimulants, fqy, Exoî-
tanis, Aa»endemeDt
et Culture.
Stipite, tH)y, Houille.
Stipule.
Stobéc.
Stockfisch, voy. Morne
Stockholm.
Stocks , ifoy. Fonds ,
Rente.
Stofflet.
Sieicisme.
Stolberg (oonté et fa
mille de).
Stoaachique , t^, Éliiir,
Liqoeur,Ton iques,etc.
Slorax. 49t
$lorch(H.de). 493
Storthing, «/. Nonrége.
Strabisme. 493
Stral>on. 494
Slradivarius. 501
StrafTori (comte de). 501
Slralsond. 90 1
Straoge, vojr» Grature.
Strangulation, i^. Étran-
glement et Pendai-
489
489
489
491
491
491
Strasbooiig. 50t
Strass (pierre de). 505
Stratagème. 505
Stratège. 505
Stratégie, v. Tactique.
StraiiOcatioo, t^*^. Géo-
logie et 1 errain.
Stntooiee. 505
Strauss. so5
Stréliis (les). 507
Strelitx(MeekIenbottrg-),
K^r. Mockleoboaig.
797
Sirésiptèresy «y. Rhi-
piptères.
Stries, vo^. CaaDelurea.
Strogonor(ram.). 608
Sirophades, i'. Harpies.
Stroai. 50 8
Struensee. 809
Sirjmùû.vojr, Macédoî- .
ne et Thraco.
Stuart (maison des). 51 1
Stuc. 515
Sturluson , voy. Snorri.
Stuttgart. 511
Style (litt.). SI 4
Style(bot.),i>or. Fleur.
Stylites. SIS
Stylobate, t^. Piédestal.
Styptiqoe. 515
Slyrie. 815
S^. 518
Soard. 518
Subhastation, v. Encan.
Snbjectir, Objectif. 519
Subjonctif, poj. Yeibe.
Subleyras. 819
Sublimation^ Sublimé. 5t0
Sublime. 590
Subordination, losubor-
dinaiion, »^. Disci-
pline.
Substance. 6tl
Substantif, t^tr. Mot et
Nom.
Substitution. 8tt
Succession. 89t
Succession d'Antriche
(guerre de la). 5t4
Succession de BsTièrt
(guerre de la), uojr.
Bavière et Teschea
(paix de).
Succession d*Espagne
(guerre de la), pojr.
ChailesII,LottisXlV,
Eugène(prince),Marl-
LH>rougli , yiÛeroi ,
Villars et Utieoht
(paixd').
Succession de Pologne
(guerre de la), voy,
Stanislas et Villan.
Succin , t*oy. Ambre
jaune.
Succubes, po^. Incubes.
Suceurs. 5i5
Sachet (mar.). 5t5
Sucre. 596
Sod, f. Midi et Points
cardinaux.
Sud (merdu),po;r.PKi«
fiqoe (océan).
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t98
Sudermanlaitd ou SuiJer-
manie (duc de), %^of.
GharletXIIIeiSaède.
Svdètes et Rieseogebîrg.
Sadorifiqnet, c Saear.
Sfte (Eagène).
Suède.
SiiédotMt(l«ng. etlitt.).
Suétone.
Suelte, 9oy. Sueur.
Soeur, Sudorifiquet.
SuèTet.
Suei.
Suffétet, P. Garthage.
Su ffngtntyf^/.fiTéqne.
Sttffren (bailli de).
Suger.
SuggeatioQ, (^.Capta-
tion.
'Suicide.
Suidas.
Suie.
Soif.
Suif (arbre à), voy,
Oluttier.
Suint, voy. Laine.
Suisse.
Sulfatetf Sulfures, Sul-
fites.
Sully.
Sulpice - Sévère , 9oy,
Sétère.
Sulpicius, uoy. Mariât
et Romains.
Sultkan.
Sulibadi (maison de),
voj. Palatiaat et Ba-
Tière.
Sulser.
Sumac.
Su«iarocow,»^.Somiia«
rokof.
Sumatra.
Sumbava-TnaorCllesde)
vojr, Océanie.
Summers (lies de), yof,
fiermudes.
Sund.
Sunderland (comtes de),
foj. Spencer.
Sundgau, voy, Alsace et
RhiD(dép.duHant-).
Sunna, 1^/. Sounna.
Supérieur (lac).
Superlatif, l'o/. Compa-
raison (degrés de).
Superstition.
Supin, i^.VsAe.
Supplice, v<yf. Peines,
Eiécutkm, Guilloti-
ne, Pendaison, Pal,
TABLE DES MATIÈRES.
Pig. P«g.
Garrotte, Roue, etc.
Suppuration , wty. Pus.
SupranatumlitBe. 8M
es S Snprématie(sermentde),
iHJT, Allégeance.
S33 Surdité, Sourds-muets» 180
838 Sûreté, ¥9y. Police.
848 Sûreté générale (Gomité
883 de), yof, Gomité.
Surface. 881
888 Surge, (^. Laine.
838 Surinam, 9oy. Guyane
888 hollandaise.
Surlet de Gbokier. 88t
Surmulot, v^f. Rat.
887 Surrey, cof . Norfolk.
888 Surseljf^. Sel.
Surrille (Cl.). 89t
Surrilliers (comte de),
888 I V. Joseph-Napoléon.
880 Suse. 888
380 Suspense (dr. canon),
880 vcQT» Censures ecclé-
siastiques et Interdit.
Suspemiott, voy. Pen-
daison.
88 i Sussez,»'o/'.Heptarchie.
Sussex (duc de). 888
677 Sutties. 884
378 SuwaroWjM^^.SouTorof.
Suze (marquisat de), m.
Piémont.
Snze (comtesse de La). 384
Suzerain, pu^** ^^ <*
884 Vassalité.
STéaborg. 884
Swedenborg. 884
Swift. 897
884 J Syagrius. 898
883 Sybarites. 888
Sycomore, vaf, ÉrtUe
et Figuier.
888 Sycopbante. 898
Sydenham. 898
Sydney, uoy. Sidney.
Syène, iHjy. Egypte.
Syénite, woy. Granit.
887 Sylla. 689
Syllabe,Syl1abairc, po^.
Mot, Épellation.
Syllepse, ('o^'. Synthèse
et Collectif.
Sylles, %foy. Silles.
887 Syllogisme. 800
Sylphe, Sylphide. 601
Sylvain. 801
687 Sylvestre I-II, papes. 809
Sylve8tre,i'qy.Silvestre.
Sylviculture, voy* Agri-
culture et Forêts.
Sylvie. 80t
Symbole, SymboUqoe. w
Symboliques (livra), la*
Symétrie. w
Synmaquo. m
Sympathie. M
Sympathique (encre),
voy. Encre.
Symphonie. w
Symptômes. i!t
Synagogue. nt
Syoalèphe, voy, Cme.
Synallagmatiqae j nj.
Contrat.
Synanthérées, f^. Fa-
millei natureilei et
Composées.
Synauiie, voy. Haras-
nie (mus.).
Syncelle(le). li:
Synchronisme. «i
Syncope. M(
Syncrétisme. tti
Syndesmologie. «i
Syndic. «R
Syneodoche. '('
Syoédrium, f^.Ssabà-
drin.
Synésins. iH
Synglo6se,p.Polygl<»ne.
Syngraphe, w»y. Chirte.
Synode. ««
Synonyme. •"
Synovie. î"
Syntaxe. O^
Synthèse. «i
Syouah , 9oy, Siwafc.
Syphilis. Hî
Syra, poy. Cydades et
Grèce. '
Syracuse. •*'
Syr-Daria, «y- !""**•
Syriaques (laag. et lHt.).S<i
Syrie. «*'
Syrte. '»
Système. •"
Systole, t^. Diastokfi
Cœur.
Syzygies, i^. Une.
X »5<
Xibac «^
Tabago. "'
Tabarin. '"
Tabaiy. •"
Tabellion , v. Nodire,
Greffe, etc.
Tabéristan, i^.ftni.
Tabernacle. ^^
Tableaux (galcrif *«)î
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TABLE DES Matières.
ifoy^ Galerie, Miit^e,
Peinlure.
Ta Me de Pytbagore, •'.
l\JultiplicatioQ.
Table- Ronde.
Tables (loi des XII).
Tables aslronomiqaes ,
V. Almsgeste, Alphoo-
sines, Kepler, Lune,
Soleil, etc.
Tabletterie, Tabletier.
Tabor (mont), f . Sina!.
Taborites, %foy, Hussi-
ten et Galixtias.
Tachos.
Tachygrapbie, vcgr. Bra-
cbygraphie et Sténo-
grapb ie.
Tacite.
Tacite, emp, rom.
Tacite reconduction, y.
Louage.
Tact ou Toucber.
Tact (mor.).
Tactique et Stratégie.
Tactique parlementaire,
%foy. Assemblée.
Tiadjiks.
Tœoîa, i^ojr. Vers intes-
tinaux.
Taffetas, wr. Soîenea
et Étoffes.
Taffetas d'Angleterre,
poy, Agglutinatifset
Colle de poisson.
Taffia, %f. Canne à sucre.
Tafoa (traité de la).
Tage.
Tagc».
Tagtiacozso (bat. de) , i» .
Conradin et Guelfes
et Gibelins.
Taglioni (MU«).
Tahérides, voj. Perse et
Khoraçan.
Taille (sens divers).
Taille (chir.).
Taille (60.).
Taillebonrg (combatde),
9oy. Louis IX, roi de
France.
Taille-douce, p. Taille,
Grature et Impres-
, sion.
Taillis, voy. Coupe.
Tain, voy. Étamage.
Taïti,wr. Société Çlei
de la).
Takrour.
Talapoios, voy. Bonxes.
Talavera (bat. de).
p«f-
P^
Talbot.
689
Talc.
660
Talent (au fig.).
660
Talent (antiq.).
661
648
Talion.
661
«44
Talisman.
661
Talleyrand (fara. de).
661
Tallien.
668
Tallipot, i^. Ceylan.
Talma.
670
646
Talaiont (princes de), 9.
La Tiémoille.
Talmud.
678
Talon, voy. Pied.
646
Talon (0. et D.).
674
Tamarin.
678
Tamarisc.
678
Tambour.
678
647
Tamerlan.
676
6B0
Tamise.
Tamoule (langue), vor.
Indiennes (langues)
679
650
et Malabar.
681
Tam-tam.
679
681
Tan.
Tanaîs,vor. Don.
Tanaquil, v. Tarquin.
680
688
Tanasserim.
Tancarfille (comtes de),
9oy. Haroourt, Lor-
raine (maison de), et
Seine-Inférieure*
680
Tancrède.
680
Tangente, vcy. Cerde.
Tanger.
681
Tangent.
681
688
Tanière et Terrier.
681
688
Tannegui-Duchàtel , v.
684
Dttcbàtel.
Tannerie.
68t
Tannin.
689
Tanska (M«« Hoffman).
688
684
Tantale.
684
Taon.
684
Tapioca, f'o)'. Manioc et
CassaTe.
688
686
Tapir.
684
686
Tapis, Tapisserie.
684
Tapissier.
686
Taprobane , v. Gejlan.
Tardieu (fan.).
686
Tardigrades.
687
Tarente.
687
Tarente (princes et ducs
de), \f, Tanerède, La
Trémoille et Macd<^-
nald.
Tarentule, v. Araignée.
687
Targe, 9oy, Boodier.
Target.
687
689
Targoum.
689
Targowiça (confédéra-
tion de), yoy, Polo-
gne, Braaecki ei Po-
tocki.
Tarif.
Tarifa (bat. de).
Tarn (dép. du).
Tarn-et-Garonne (dép.
de).
Tarnowski (comte).
Taror.
Tarpéienne (roche).
Tarquin (les deux).
Tarse, f^. Pied, Jambe,
et Insectes.
Tartare (myth.).
Tarurie, Tartares, foy,
Tatarie, Tatars.
Tartessns, i'.Cadix,Pfaé-
niciens et Navigation
T»9
689
690
690
691
603
694
694
694
698
Tartrates.
698
Tartre.
696
Tartrique (acide), voy.
Acides.
Tartuffe.
696
Taschkend, voy, Kho-
kand, Turkestan, etc.
Tasman.
696
Tasroanie.
697
Tasse (le), 9oy, Tasso.
Tassile, v, Bavière, Agi-
loIBnges et Cfaarle-
magne.
Tasso (Torquato)
697
Tassoni.
701
Tatarie (Grande et Pe-
tite).
701
Tatarie Indépendante,!».
Kirghix , Turkestan ,
Boukharie, Rharesm,
Khokand, etc.
Taurs(ethn.).
701
Tatars (courriers), ¥oy.
Olboinan (emp.)
Tatischtchef.
704
Tatius (Titus), l'oy. Sa-
bins et Romains.
Tatius (Achille), 9oy.
Achille Tatitts.
Tatou.
704
Tatouage.
705
Tauler.
708
Taunns.
708
Taupe.
708
Taureau, voy. Bœuf.
Taureau (astr.), 9, Con-
stellation et Zodiaque.
Taureaux (combat de).
706
Tauride.
708
Tauris, voy. Tebriz.
Tanrus.
709
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lOC
m
Tautologie.
TataoïMs (nuir. de).
Tavel (Tiii de), v. Gard
(d*p.du).
Taternier.
Taxe, f. Imp6U;— Taxe
des pauvres ,var. Pau-
périime.
Taxidermie, v. Empail-
leaDent,
Taxis, Pi^. Tour (la).
TaxoDoinie, vojr* BoUoi-
%iic.
TaygèCe(iiiool), *^. La-
conie.
Tajior (les).
Tchaadoa Tiade (lac),
poy, Afrique.
Tchagata!, u. Djaggataî,
Tamerlan et Turkes-
tan.
Tch^Lha.
Tcherkesaes et Tcbé-
tcbeutzes.
Tcherùitchef (fam.).
Tcheniy - George, voy,
Taernj-George.
Tcketmé.
Tchinghiz-Khan.
Tchinn, vcjr» Rang et
Russie.
Tchooklcbi.
Tebriï.
Technique.
Technologie.
Te Deum.
Téglath-Phalazar.
Tegoer.
Téhéran.
Teigne (h. d.).
Teigne (méd.).
Teint.
Teinture.
Tek (bois de).
Tékéli, wf. Tœkceli.
Télamonet, vof. Carya-
tides.
Telcliinei.
Télégraphe.
Télémaqne.
Téléologie.
Télescope.
Telinga (langue) , voy,
IiMftennes (langues).
Telingana^ v9j\ Gol-
conde,Dekkan et Inde.
Tel! (géogr.)i •'PT* Bar-
barie.
Tell (Goill.).
710
710
710
TABLE DES- MATIÈRES.
Ph.
711
711
711
718
710
710
7tl
711
711
718
730
730
730
731
731
731
783
788
737
737
737
741
741
741
743
744
744
744
745
746
747
748
748
748
760
788
781
Te11îer,fo^. LeTelier.
TtoHure.
Tellurisflie.
Tembouctou, tfoy, Tea-
BokUNie.
Témcriié ^ vojr» Har-
diesse.
Témoin.
Tempe (vallée de), vay,
Thessalie et Pénéc.
TeaipéffMient.
Tempérance.
Teropcnture.
Tempête.
Temple (arcb.).
Temple (sir W.).
Templiers.
Tem|K>rcl.
Temps (astr.).
Temps (rojtb.), voy.
Saturne.
Temps (gramm.) , voy.
Vcriie.
Tenaille (fortif.), i^.
Barbacane et Fausse-
braie.
Tenailler.
Tenancier.
Tenants, voj. Blason.
Tépare.
Tcnasserim, voy, Tanaa-
serim.
Ten-Boklooe.
Tencin(card. etM'"«de).768
Teiiçon, voy. Tenson.
Teader,i^(^.Vapcur(iBa-
. diine à).
Tendon. 786
TénéJos. 786
Ténérif fe, i^^. Canaries.
Tcniers (les deux). 786
Tennessee, voy, États-
Unis.
Ténor, fQ/. Voix. .
Tenson. ,786
Tente. 787
Tenue des I ÎTreSyi'oj. Li-
vres de commerce.
Ténuiroslres,f. Oiseaux.
Tenure, 9oy, Mouvance.
Téphrine, wj. Laye.
Téplilz. 787
Téraiologie. 758
Terbnrg. 788
Terceire (lie). î89
Térébenthine. 789
Térébintbacées. 760
Térenoe. 760
Tergloa , yoy, Alpca
783
783
784
784
canû^oefetlOpic. '
Terme (dieu). :<
Terminologie. %
Teroaie, voy. Moh|n.
Temaux (baron). :i..
Terpandre. . :;;
Terpaidiore^voj.MuEi
Terrage, voy, Sucie.
Terrain. s
Terrassemett, Term-
sier, V
Tenray (abbé). n
Terre. r
Terre-de-Feo.
Terre de Sreone, Tenc
d*oabre, 9oy. Ocit.
Terre- Ferme. H
Terrc-NeuTe. îï
Terre Sainte,iwy,Pala-
ihae.
Terres australes. r
Terreur (régime de h).
Territoire.
Terliaires, MO/. Infante-
rie, LégiM, Bitia-
les , etc.
Terlullien. ^
Teschen. ^
Tessin (riT.). ^
Tess in (canton do). îB
Test (h. n.),»«r C»
pace, Pean cl Teito-
ces.
Test (serment do). ^
Testacés. *
Teslamenl (dr.). '"
TcsUment (Ancieo rt
Nouvcau-),»^'^''*'^
Testimoniale (preortr),
voy. Témoin.
Télâfios. *
Têtard. ^
Tète. *
Téte(malde),«?).C^
phalalgieelMipii»*'
Téihya. '^
TétrapoliUine [a^
.ioi). l
Télranrae. ^
Tétras:* l
Teizel. '"
Teqcer, foy. Tïoic
Teucriam, «vy.Gcraa»-
drée.
Teut ou Thuiicoa. ^
TcuUlès. , j:
Teutoburg (forAl ^)' ^J
Teuionique(onli^>
Teutons.
n
riir 1» KA TA8LS PB8 MATlBtlS DV TOME YtlIOT-imiàMB.
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