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Full text of "Encyclopédie des jeunes demoiselles: ou, Choix de conversations instructives ..."

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ENCYCLOPEDIE 

JEUNES DEMOISELLES. 



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■-S«fi-î(GlOFiÊJftï1?^ 



ENCYCLOPÉDIE i 

JEUNES demoiselles; 

CHOIX DE CONVERSATIONS INSTRUCTIVES 
SUR DIFfÉRENS SUJETS, 

BECUEIÏLIES 

Ou OrVlAQ» DE tflDlHB LEFItiriCE DE &EiniIOHT, ET T>S» 
MEILLEURS AOTEtlU IJUI ONT ÉCtIT rOt 



Par Mme C***t* , Inszitvtrice. 

SECONDE ÉDITION, 

Aicii les changement nécessités parletTévoluiioDSsarveDaes dans 
les tlift'iïreas gotiieraeinens, depuis La première publication île 



'paris, 

BARGEAS, LIBRAIRE, QUAI DES ATJGUSTINS, N» ïS. 



-, Google 



Npnn des personnes qui paraissent dans < 
Conversations. 



M— SOPHIE, m.llrei.e. 




ÉUSABETH, 


sous-maîtressa. 




M.U.. ÉiisA, 


_4gé.dE,5i 


ma. 


STipHlKII, 


— âgée de 16 i 


ins. 


Adèlb, 


- âgée de ,:> , 


tus. 


Aoui, 


— Igée d. 1 1 ■ 


:n9 et demi. 


ALEXANDaïKB 


, — àgi^e de 14 . 


ins. 


AMiL.E, 


— âgée de ,3, 


ms. 


CiROLIHE, 


— tgéedei3i 


ms et demi. 


Emilie, 


— Igée de 1 1 • 


ns. 


Eugénie, 


— àg&de 12 a 


ns. 


FilltlE, 


— âgée de 9 an 


s et demi. 


HOETEN.E, 


- âgés de 9 a. 


:s. 


Joséphine, 


— âgée de 14 t 


iDi et demi. 


Joue, 


— âgée de 10 e 


,ns. 


Paulise , 


— âgée de 10 ans et demi. 


Rosalie, 


_ âg^e de 9 a, 


is et demi. 



Tous lei exemplaires portent la tignatare de 
l'Editeur. 






-,Googlc 



AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR 

SUR CEP OOVRAGB. 



0« ne vil jamais paraître un aussi grand 
nombre d'ouvrages pour servir à IVducatioti 
de la jeunesse , que dans l'iniervalle qui s'est 
écoulf! depuis la fin du dernier siècle, ius-* 
qu'A ce jour. Il semble que nous n'ayons eu, 
avant celle c'poque, nitcun ouvrage vraiment 
digne d'éire mis entre les mains des jeunes 
personnes , et que tout-à-coup la foule des 
écrivains se soit crue inspirée , pour ap- 
prendre aux pères et aux mères , aux insti- 
tuteurs et aux institutrices, ce qu'ils doivent 
enseignera leurs enlans ou à leurs e'ièves, 
et la mëtbode qu'ils doivent suivre dans leur 
enseignement. En conséquence, cbacun a 
mis la uiain à l'œuvre, a inventé, abrégé» 
compilé, et l'on. a vu les sciences les plus 
relevées et les plus abstraites dépouillées de 
toute espèce de notions pr<jliminaires, et 
couse'quemment de la clarié, celte qualité 
essentielle aux ouvrages d'éducation, éire 
présentées à l'âge le moins capable de réflé- 
chir et de raisonner. 

Cependant, il faudrait être OU bien igno- 
rantj ou de bien mauvaise foi, pour pr^ 



-, Google 



tendre que la vraie me'ihode de l'enseigne- 
ment n'a ^lé l»ien connue que depuis quel- 
ques années; car, sans faire niemion des 
livres qui ont servi à ces nouveaux maîtres 
pour la composition des leurs, peut-on ne 
pas convenir que les ouvrages de madame 
Leprince de Beaumont ne renferment un 
cours d'instruction infiniment utile, pai-ce 
que celte femme respectable n'y a rien omis 
de ce qu'il est nécessaire que les enfans et 
les jeunes personnes sachent pour se bien 
conduire dans le monde ? Quelle autre ins- 
titutrice leur parla jamais un langage plus 
simple , plus touchant , plus maternel ? 
Quelle autre maîtresse s'est mieux mise à la 
portée de cette portion intéressante de l'es- 
pèce humaine , de ces jeunes filles , dont 
l'instruction importe plus qu'on ne pense à 
la gloire et au bonheur de la socie'té ? 

Mais, il le faut dire, madame, de Beau- 
mont n'est point exempte de déiàuts : elle 
n'a pas toujours su éviter la prolixité; son 
style est quelquefois commun, à force d'être 
simple; sa bonhomie la porte souvent à em- 
ployer des termes et des expressions incom- 
patibles avec l'innocence du premier âge^ et 
ses Contes de Fées, trop multipliés, et qui 



eoimnenoânt à s'éloigner Ae l'esprit de l'ins- 
truction actuelle, doivent faire place aux 
récits simples, vëridiqucs et instructifs de 
l'bistoire. 

U ^<ait donc à dcsîrer que l'on fît dans les 
ouvrages de madntna de Beaumont , un choix 
lie ce qu'ils coniienneot de plus utile pour 
[iDsiructiou des jeunes personnes ëlevees 
àez leurs parens ou dans les pensionnats , et 
]u'en employant la forme dont elle s'est ser- 
Fie, on la rendit plus simple et plus concise. 
C'est U le but et la manière de cet ou- 
vrage j que j'ai cru nécessaire de renferme» 
(ians un seul volume, pour n'éire point 
lenie'e d'y placer tout ce qui n'est pas rigon- 
reusemem iitfcessaire à l'insiruciion. 

Comme madame de Beaumont écrivait 
ditts un temps où l'on ne trouvait rien de 
ipieux que jcc que faisaient et disaient les 
K.nglaisj elle a ^ussi voulu payer son tribut 
'i cette nation I en donnant des noms an- 
glais à ses interlocutrices. Mais heureuse- 
ment nous sommes revenus de ce ridicule, 
cl nous ne voulons plus dans nos livres d'é- 
ducation , ni des misSj ni des ladj", que nous 
renvoyons bien volontiers aux romans. En 
conséquence, j'ai snbsliiué aux noms anglais , 

u,:,-,zf--„GoOglt 



dont madame de Fcaumont s'est servie, âes 
noms purement français, et qui sont ceux 
du plus grand nombre des jeunes personnes, 
comme Emilie, Euyc'nie, Joséphine, elc. 

Comme les ouvrages de madame de Beau- 
mont ne fournissenl qu'une instruction sans 
«uite et que celle danie n'a fail qu'effleurer 
Ib plupart des sujels de ses dialogues , j'ai eu 
recours à d'aulres exccllcns ouvrages, com- 
posés pour l'insiruclion des jeunes personnes, 
ei j'en ai recueilH ce qui m'a paru le plus 
propre à les iniëresscr, et i exciter leur at- 
tention. 

J'espère que les clames qui consacrent leur 
TÏe à l'«îdacalion de leur sexe, cl les mères 
qui veillent cllos-mênies à celle de leurs 
filles, me sauront grc Je mon travail ei du 
zèle qui m'a fail composer ce livre, jjout 
augmenlcc la biLlioilièquc des jeunes dcmoi- 
■elles, qui est si petite, en comparaison de 
celle des garçons, qui renferme des milliers 
de volumes. 



ENCYCLOPEDIE 

J>£a 

JEUNES DEMOISELLES. 



PREMIERE CONVERSATION. 

Mad. SOPHIE, EMILIE, HORTENSE. 

Mad. Sophii. — Pourquoi ,^ mesdemoiselles ; 
ne TouM amuses-vous pas comme toutes vt>s com- 
pagnes? Il y a long-temps que vous n'avez eh 
une récréation aussi belle que celle-ci , car on 
dirait que nous sommes plus près de Vêlé que dé 
l'Iiiver. 

HoHTENSB. — Il est vrai, madame, on dirait 
<pe nous sommes au printemps , et nou^ nV\'ODs 
pas souvent, & la fin delautooine, des jburnJes 
■emblablesà Celle d'aujourd'hui. Nous en pcoStons 
aussi , Etnilie et moi , et quoique notu ne jouions 
pajarec nos compagnes, nous. nous divertiasons 
d'une autre manière , en npus entretenant !âe 
choses iatéceasantes , ^ui nous font trouver la 
t?mps d« la récréation bien court. . ,y 

u,:,-,zf--„GoOglc 



3 £KCÏCL0PED1£ 

Mad. Sophie. — Pourrais-je saroir le sujet de 
vpire entretien! 

Ho&TENSZ. — Je parlais i Emilie de la jolie 
poupée qu'elle vient de recevoir; je la priais de 
me la prêter de temps en temps pour l'habiller, 
la coiffer et la déshabiller, comme si c'était ma 
petite sœur. 

Mad. Sophie. — Je ne vous défends pas, Emilie, 
de prêter votre poupée à Hortense; mais je ne 
vous le permets qu'à deux conditions : c'est, i* 
qu'elle sera bien attentive , et bien appliquée 
pendant le travail ; i* qu'elle apprendra son Uis- 
toire avec plus de soin 'qu'elle n'a fait jusqu'à 
présent. 

ËmLjE. — J'espèrej madame, qu'<;lle vous sa- 
■li^fera sur ces deux povuls , et j'ai d'autout plus d« 
raison de le penser, qu'elle m'a déjà témoigné 
le désir d'apprendre lés histoires que je sais , en 
me disant qu'elle voudrait, pour tout au monde, 
réciter l'histoire de la Bible , comme elle me l'a 
entendu, i^^citer plusievcs lois. 

Mad; Si^bis. — Il Aut pour <:0la qu'elle aime 
moins à joner., qu'elle soit moins causeuse, 
mwinsi portée à rire pendant le travail, et que 
ce "ne soit pas pour votre poupée qt^elle recher' 
'Âhd votre ««eiété, mais -peur proBter de votre 
conversation. Je veux bi«i croira que ce que 
vous me ditas de sa boiùe vtlomé e«t n%i ; et }« 



DES JEtTVES DEMOISELLES. 3 

m'en pseedraî à waaa , n daw quelque* fours elle 
ne répond pas SKx^qoestiona.qu* je lui ferai. /7 
HoKTENSE. — Oh! je vous promets bien , ma- 
dame, de rt^pondre rar toat ce que vous me de- 
manderez. Dè^ aujourdliai, si vous le voulec bien, 
Emilie ^era ma maîtresse d'histoire , et dès au- 
jourd'hui elle trouvera une ëcolicre bien docile. 
Ot! madame, vous serez si contente de moi, 
fpe vous permettrez k Emilie de me prêteras 
poupée tous lés jours. 

Mad. SoFHiE. — Faiteabien attention, Hor- 
Inise, qae je n'exige point qu'fîmilipj qui n'a 
(ja'un an de plus que i*ons, vous apprenne tou- 
tes les Histoires, comme st e1Î6'les savait toutes. 
Elle ne vous apprendra que l^istoire Sainte, 
([u^elle sait par&îtementj ot. quand vous saurez 
cette histoire , qui éA IjB plus intéceKsanto et la 
plus nécessaire i: des demoîsetIcB aées de pâreng 
chrétiens, je vous apprendrai moi-même les au- 
tres, pu je prierai m>dt;piois«Ue Joséphine, qui 
les possède bi^ , de vous le); apprendre- Allons, 
je vous lai&seî'tçnee'Oaoi parole Tune et l'autre. 
HoRTSNBB, -!- Madame j si' I9 récréation ânil 
avant notre entretien > poorrons - nous le conti- 
nuer qpand nous serons, rentrées dans la «aile de 
exercice! 7 -^j 

Mad. Sop0lE. -r- Sanëdeute: vous passerez 
dans le cabiaet afitenaat à la' salle de dessin, et . 
qui donné sut.le jardin. Vous n'y serez pas seu- 

u,:,-,zf--„GoOglc 



4 ENCYCLOPÉDIE 

les, et je TOUS eaverrai mesdemoiselles Eliza et 

StëphaDÏe , quL broderont pendant qu'Emilie 

parfera. 

II- CONVERSATION. 

HORTENSE, EMILIE, ÉLI2A, STÉPHANIE, 

Hobt£N8E. — L'Histoîre'Sainte est-elle bien 
ancienne et bien longue ? 

EMILIE.— Elleest aussi anciennequelemonde) 
car elle remonte )psqu'à la création, et elle cpirir 
prend tous, les ^v^ipens arriv^^^çhw les Juilii 
d^cheE-lesicbrétien^' .,':■- 

HoRTE!fS£.-:^.Voudriez-vûusniedire,Q)abonne 
amie, 'pourqùoîbn l'nppelle Histoire-Sainte, et 
pourquoi il est si nécessaire â> une demoiselle d« 
la savoir? ■. ' i ■ . 

■ .Emilie. "—'On appelle Hisum'e Sainlej celle 
des foits arrives çhCz les îuife etchéSi les chrélifens, 
parce que les jaife ^taietitle peuple que Dieu s'é- 
tait choisi préfératilement è tout autre peuple, 
pour le rendre dépositaire de ses lois et de ses 
promesses , et que les ebrétiens oni pris la place 
des Juifs , et sont devenus à leur tour le' peuple 
choisi de Dieu : d'ofi il est aîsé de conclure la 
«éccssiié où sont tous les chrétiens, de' s'ins- 
truire d'une histoire qm les touche de si prés. 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JËrNÊS DEMOISELLES, 5 

Iran» ce D^est pas le moment de vous dire w\a, 
a je ne suis pas encore assez instruite pour vous 
parler de la religion comme nous en parle ma- 
dame Sophie. 

Bo&TENsB. — Voilà le son de la doche qui an- 
nonce la 6n de la récréation : nous allons ren- 
trer , et TOUS voudcrit bien commencer, dans le 
cabinet, à me raconter rHIstoire-Sointe ,- afin 
que je la sache bientôt , et que je puisse conten- 
ter madame Sophie et maman , qui m'aimera 
beaucoup quand elle me verra si bien instraïte. 

Emilik.— Uya environ six mille ans qu'il n'y 
aïavt ni ciel , ni terre, ni hommes , ni animaux , 
ni rien de tout ce que nous voyons. Il n'y avait 
que Dien , car il a toujours été. Le bon Dieu , 
ma chère amîe , peut faire tout ce qu'il veut : s'il 
Toolaît que dans ce jardin il y eût une maison , 
celte maison paraîtrait tout-à-coup dans ce jar- 
din, Eh bien! il voulut tout d'un coup qu'il y 
eût le ciel , la terre , les arbres , les oiseaux , les 
poissons, le soleil, la lune et toutes les étoiles. 
A mesore qu'il disait: je veux que cela soit, 
lout cela était. Il fut cinq jours à &ire tout ce 
que cous voyons ; le sixième jour, il prit de la 
terre et en fit un homme. Mais cet homme n'ayant 
aucun mouvement,' Dieu lui donna une âme 
ùt'tte à Gon image, et le oonnna Adam. Comme 
ce premier homme efrait besoin d'une compagne, 
le Créateur lai envoya un sommeil fort profond, 

u,:,-,zf--„GoOglc 



6 ENCYCLOPÉDIE 

pendant lequel il tui prît udq de ses c6te6 , dont 

il forma le corp d'une belle femme , qu'il nomma 

Efe. ..-.;. 

Adam et Eve furent placés dans un beau jar- 
din , où il y avait des arbres qui produisaient 
toutes sortes d'excellens fruits. De ce nombre 
était un pommier qui porl)^ de belles pommes, 
dont Dieu défendit à Adam et. E\e de manger, 
eu leur permettant dt manger du fruit de tous 
les autres arbres , en les menaçant de la mort 
s'ils y touchaient. Un mauvais ange , que l'on 
appelle le démon, devint jaloux du bfwheur 
d'Adam et d'Eve, et voulut les pendre méohans 
et malhenreux comme lui, Il ^t, pour oela , la 
figure d'un serpent, et dit à Eve qui se promenait 
toute seule : Pourquoi ne mangez-vous pas de 
ces pommes ? elles sont si belles ! Eve , au lieu 
de s'enfuir, s'amusa à converser avec ce malin 
esprit , et lui parla de la défense que Dieu lui 
avait faite, ainsi qu'A son mari. Il ne faut pas 
croire ce que Dieu vous a dit , reprit te démon ; 
il ne vous a défendu de manger de ces pommes 
que parce qu'il craint qu'en en mangeant, vous 
ne deveniez aussi savans et aussi puissans que 
lui. Eve se laissa séduire par ce discours, cunl- 
lit une pomme, enmangm, et en donna à Adam. 
Quand ils eurent mangé dece malheureux fruit, 
ils virent bien qu'ils avaient commis une fàule , 
et tout honteux , ils allèrent se cacher sous des 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUTTES DEMOISELLES. 7 

arbres , comme si l'as [Pouvait se cacher du bon 
Diea. 

HoKTEKSE. — Le bon Dien âat éln bien en 
colère conlre Âdaro et sa femme î 

Ekilix. — Sens doute. Il appela Adam , et lui 
dît : Pom-quoi astH raangt! de ce fruit dont je 
t'avais défendu de manger?' Adam, au lieu de 
plenrer sa désobéissance, la rejeta sur sa femmej 
et Eve en accusa le serpent. Dieu leur dit alors : 
H Le serpent sera maudit, et la femme lui écra- 
sera la tête. Toi , Eve , tu seras sonmise à ton 
mari , et toi , Adam , tu mangeras ton pain à la 
luenr defon front, et tu mourras ainsi que ta 
femme. » Après cet arrêt , Dieu chassa nos pre- 
miers parens du Paradis Terrestre ; et pour les 
empécber d'y rentrer , il mit un ange à la porte , 
avec une épée de feu. 

HobTenss. — En vérité, voilà une bii>toire qui 
mefàîtbiende la peine. J'aurais bien désiré qu'A- 
dam et Eve n'eussent pas offensé Dien ; ils n'au- 
raient jamais été chassés de ce délicieux jardin. 

Eliza.. — No» , sans doute ; nous serions tous 
heureux , nous qui sommes leurs descendans ; 
Dons ne serions jamais malades j nous serions 
toujours jeunes j nous saurions tout , sans avoir 
besoin de rien apprendre , et nous ne mourrions * 
jamais. 

HoRTEKSB. Oh! quel malheur! Mais dites- 

u,:,-,zf- -, Google 



X- ; 



8 ENCYCLOPEDIE 

moi , mademoiselle, <^il-ce un si grand mal que 
de manger d'une pomme , et qui méritât une si 
terrible panitîoDÎ 

Eliza. — Cest mademoiselle Stéphanie , qui 
est plus inatruiteqne moi, qui voudra bien répon- 
dre à cette intéressante rëûexion , qui se présente 
tout naturellement à notre esprit. A'i - 

Sté7Hiijie. — L'actionde mangerune pomme 
» était pas , sans doute , on mal en elle-même ; 
car tous les jom^ nous en mangeons à notre d^ 
jeunec ou à notre goûter, sans ofièoser Dieu. 
Mais ce fut la désobéissance qui fut un malj et 
ce fut le désir d'être aussi savans que Dieu , 
qui Sa le crime d'Adam et Eve. Cueillir une 
fleur , une violette, par exemple , c'est bien peu 
de chose; cependant , si Dieu leur avait défendu 
de cueillir cette violeite ^en tes menaçant de les 
punir s'ils la cueillaient , ils n'auraient pas été 
moins coupables qu'en mangeant du fruit dé- 
fendu. 

HoRTENSE. — Ainsi, quand madame Sophie 
nous défend de toucher aux fleurs du jaidîn , c'est 
donc une désobéissance criminelle que d'en cueil- 
lir une seule 7 

Stéphanie. — Que madame Sophie nous dé- 
fende de cueillir une Heur du jardin , de causer 
pendantle travail, de tourner la tête ou de dormir 
pendant la prière , de nous quereller pendant la 
récréation, de faire des impolitesses à table, si 



■ogic 



DES JEUSRS DEMOISELLES. 9 

noiu agissons contre sa défense , nous faisons 



e action , parceqa'ellê tî*int !a place 
de nos parens , qui liexmeat, à notre égard , ia 
place de Dieu. 

Ehilib. — En vérité , mademoiselle , j'aurais 
été bien embarrassée de donner cette explication 
à Honense j el c'est ce qui me prouve que je ne 
sais pas encore mon Histoire-Sainte aussi bien 
que je le croyais. 

Stephabie. -— J^ai été trés-satisfaite de la ma- 
nière dont TOUis l'avez récitée à Hcrtense j il n'é- 
tait pas possible de le faire avec plus de clarté et 
de précision. Mais il ne vous était pas ai.sé d'en 
tirer la leçon que je viens de faire à ttortense, " 
parce que vou*cteB encore trop jeune.' 

Emilie. — Est-ce que l'on pculdire aube cliose 
que ce qu'il y a dans l'Histoire-Saiute ? 

Stepbakik. — Non , dans ce-^sens que l'on ne 
peut pas «ri' raconter les évé'nemens autrement 
qu'ils ne sbtlt arrivés; mais comme Dieu nous li.s 
a révélés pour notre instruction, ils renferment 
de belles maxime^ de morale , et Je'^xcèllenlcs ré- 
flexions qne l'on en peut ti^er po^ir se conduire 
avec sagesse, et pour inspirer ta vertu âtis autres. 
C'est en Téfléehfssant; èWurtoutéih lisant tes bons 
'livres ,i que Ton -peut appfcnidre ctsmaïimes, et 
les graver dans sa mémoire pour ne les oublier 
iatoais. ... .l\ , ; , - 

Emilib. — JeTonsfJroiiiHtsbieii, Stéphanie, de 
1* 

u,:,-,zf--„GoOglc 



10 ENCYCLOPÉDIE 

réfléchir et de lire de bons livres, poor mieux 
savoir mou Histoire-Sainte, que je ne &is que 
réciter de mémoire , sans la comprendre usex 
pour m'en feire lexpUcatton. 



IIP CONVERSATION. 

Madame SOPHIE, EUGÉNIE, ELIZA, 
STÉPHANIE, EMILIE, HORTENSE. 

Mad. SoFHis. — Je vous amène , mesdemoi- 
selles , Eugénie qui , pour être une grande fille , 
n'en est pas plus instruite, et qui pis est, ne 
veut rien apprendre ; c'est, comme vous le savez , 
la plus mëcliante de vos compagnes, 

EffGÉNiï, en pleurant. — 11 est vrai, madame, 
j'ai bien des défauts : aussi maman me les repro- 
cbait-elle continuellement pendantles vacances. 
Mon papa , mes sœurs , mon frèrç , la femme de 
cbambre, et jusqu'aux servantes de cuisine , ne 
pouvaient me souffrir. C'est ce qui me faisait 
)ioi}(e et me faisait bien de la peine. 

Mad. Sophie. — Si vovs voulez, Eugénie, que 
Tou vous estime et que l'on vous aime, il faut 
vous corriger. 

EuGÉNix. — Je nedemande pas mieux , car je 
voudrais bien étce aimée dp vous et de mes compa- 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMCHSELLES- 1 1 

gaet, pIutAt qœ d'en étt^-halc et méprlM^ 
comme je le suis. 

Mad. Sophie Vous toqs corrigerez , sîtous 

voulez suivre mes conseils, et vous deviendrez 
anssî bonne , aussi sage qu'Emilie. Ecoutez celni 
que je vais vous donner. Quand Tousserez tentrie 
de diro ou de ûiîre quelque sottise , ou quand 
TOUS l'aurez dite ou faite, écrivez-la sûr un pa- 
[ùer, et montrez~moi ce papier, aân que j'ea 
&sse la lecture i vo« compagnes. 

EoGËDiz. — Oh ! "macUme , combien j'aurais 

bonté si mes compagnes ccmnaissaient tonts les 

sottises qui me passent par la tête , et si j'dtais 

obligée de leur faire chaque jour ma coniessîon '. 

^ ' Mad. SoPHiK, — Ceci est une preuve que vous 

' , craignez la honte , et de la b<Hit<J du cotueil que 

je Vous donne. 
Cl I EoGtNiE.' — Mais ces demoiselles ne voudront 
)' plusmesoufiriravecelles; elles me fuiront qnand . 
i- ' elles me connaîtront telle que je suis , et tout ce 
d^ que je pense. Que penserait de moi , par exem- 
^', pie, ËLiza, si je disais que, pendantla récréation, 
>3i' il m'était venu dans l'esprit de cacher sa soie et 
son aiguille pour lui donner la peine de les cher- 
q» cher î 

fit Eliza. — Je TOUS saurais gré'devotresincérïté; 
et même l'aveu que vous &ites en ce moment , 
i\ bien loin de vous*nuire dans mon esprit , corn- 
et meoce k m'inspirer une bonne opinion de votre 

u,:,-,zf--„GoOglc 



13 \ ENCTCLOPEDIE 

jugeaient , et de l'envie que tous avez de retioti' 

cer à vos malices. ' 

Mad. Sophie.— Cette disposition d'Ëlizaà votre 
égard sera , ma chère Eugénie , celle de vos au- 
tres compagnes. Loin de vous mépriser et de 
vous haïr , elles vous estimeront , et finiront par 
vous aimer. Ecoutez, ma chère enfant, nous 
naissons tous avec des défauts , et je veux bien 
même vous avouer une chose ; c'est cjue quand 
j'étais à votre âge , j'étais aussi paresseuse et aussi 
méchante que vous ; mais , par bonheur , j'avais 
une bonne maîtresse qui m'aimait beaucoup. Je 
suivis SCS conseils , et en deux mois je me corri- 
geai si bien , que je n'étais plus reconnaissable: 

Stépeamib. — Madame , je lisais , il y a huit 
jours, qu'il y avait autrefois un grand philosophe 
que tout le monde admirait à cause de sa bonté. 
Eh bien , il dit un jour qu'il était né gourmand , 
menteur , ivrogne, voleurj mais personne ne le 
voulait croire, parce qu'il était lout-à-làit cor- 
rigé. Ainsi, quand Eugéaie sera gi'ande , on ne 
voudra pas croire qu'elle ait été mécliante ; car 
file sera si bonne, qu'on en sera charmé. 

Mad. Sophie.— Je youdraisbien que vous nous 
dissiez le nom de ce philosopite. 

Stéphanie. — Il s'appelait Socraie. 

.Mad. Sophie. — Fort bien ^il me semble que 
vous m'apprîtes , il y a quelque temps , une jolie 

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SES JEtTNES DEMOISELLES. l5 

Wioirèdslui; faites-moi lé plaisir de la raconter 
i ces demoiselles. 

Stéphanie. — Socrate avait une fèmine si mé- 
chute , (ju'elle ne cessait de l'outrager par mille 
sortes d'injures. Un jour qu'elle Tavait querella , il 
sortit de chez lui pour ne la plus entendre. Cette 
mécliaQte femme 5it trés-iËlchée de n'avoir plus 
personne contre qui elle pût exercer sa méchan- 
ceté ; et cela la mi t si fort en colère, qu'elle prit un 
pot.plein d'une eau mal -propre, et jeta cette eau 
sur la tête de son mari. Vous crojez peut-^u% , 
mesdemoiselles , que Socrate se âcha contre sa 
femme; point du tout, il se mit à rire , et dit à 
l'un de ses amis , qui était près de lui : Ap-rès le 
tonnerre vient la pluie. 

HosTEHSE. — Je suis sure que sa femme aurait 
bien voulu qu'ij se fôcbât contre elle. 

Mad. Sophie — Ce que tu dis lÀ , ma chère Hor- 
tense est d'une raison qui me surprend ; oui , 
sans doute , la femme de Socrate était plus pu- 
nie par la modération de ce philosophe , qu'elle 
ne l'eût été par sa colore. C'est ainsi que nous 
devons nous venger de ceux gui nous font du mal; 
c'est-à-dire , en riant du mat qu'ils nous font : 
je ne veui pas dire cependant qu'il faille rire 
pour les fâcher ; cela ne serait pas bien ; au con- 
traire, quand une personne vous dit des injures 
ou cheroheà vous donner du chagrin , il ne faut 
pas faire semblant de s'en apercevoir , ne lui pas 

u,:,-,zf--„GoOglc 



l4 ENCTCLOPÉOIE 

répondre , et se contenit , en pensant qu'elle se 

£iiît pluâ de mal à elle-m^me qu'elle ne peut voua 

cn&ire. 

EvGiniE — JeTOUsavonevei, madame, quetien 
ne m'a jamais été plus sensible et ne m'a lait plus 
de peine que la douceur de plusieurs de mes com- 
pagnes, quand je leur faisais des malices. J'au- 
rais bien voulu qu'elles se fàcbossent contre moi, 
pour avoir le plaisir àe leur en faire davantage , 
et de les pousser 1 la colère. Mais que pouvais- 
je &ire et dire , quand elles ne répondaieutà mes 
sottises que par un ton et des manières pleines 
de douceur et dtonnêtet^ ? Je vous assure que 
rien ne m'a donné plus d'envie de me corriger 
que lepr modération , et que la honte que je con- 
cevais ensuite de les avoir chagrinées. 

Mad. SopHiB. — Si vousavez, Eugénie, un vé- 
ritable désir de vous corriger, vous vous corri- 
gerez bientôt j mais il ne suffît pas de le. vouloir , 
il &ut le vouloir fermement , et prendre tous les 
moyens possibles de changer votre caractère tur> 
bulent , tracassier et enclin à mal faire, en un 
caractère pacifique, complaisant et bon. Voj^ez 
Emilie , elle a deux ans de moins que vous , et 
cependant quelle différence d'elle i vous I Elle 
est chérie de toutes ses compagnes et de ses 
maltresses ! pourqnoi? parce qu'elle est douce , 
indulgente , polie et complaisante envers tout le 
monde. 

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DES JEUNES DEMOISELLES. l5 

HoKTBNSs. — C'est pour cela que j'aime bien 
Emilie. J'espère bien que je lui ressemblenti on 
jovr, et qae je me ferai aimer de tontes les pm- 
sonoes qui me coaoaKrotit. 

Mad. SoFHiK. — Je t'aime d^jà beancoap , ma 
cbère Hortense ^ parce qae tu et docile et boonei 
et que tu aa la bonue volonté de l'instruire et de 
bien faire. 

EtreÉNiB, — Puîsst(-je , madame , mériter 
bientât un tel éloge ! Combien je serais benreuse 
si je pouvais gagner votre amitié et votre estime I 

Mad. Sophie. — Cela ne dépend que de vous. 
Suivez le conseil que je vous ai donné , et tout 
ira bien. 



ÏV' CONVERSATION. 

MiD. ELISABETH, sous -maîtresse; ADÈLE, 
AMÉLIE, HORTENSE. 

Mad.EusABBiB. — Vonsavei bien choisi votre 
joor pour revenir atiprés de nous. Un jour de 
congé est toujours une journée de gagnée pour 
unefiUequin'aïme ni le travail, nilHn6trnction. 
Poisqoe nous .votci à la' campagne , et qu'il £tit 
beau , vaudvieE-TOUs nous fiiire part des occu'- 
patiens'aaxqueHeSTOUl voulus livrée pendant 
les vacances? 



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l5 ENCYCLOPÉDIE 

Adèle. — Iteiitvrai, madame, j'ai bien méi-i té 
le reproche de paresse que tous me faites ; car 
maman , gai est très-instruite , m'a trouvé bien 
ignorante , et m'a tenue , pour me punir , encore 
plus g^nëe que je ne le sais ici. 

Mad. Elisaseih. — Elle vous a sans doute 
occupéej et tous a fait apprendre bien des choses 
que vous ignoriez ? 

ÂsxiE. -^ Quaad maman se fut assurée que je 
ne «avais rien , elle me dît : Adèle , il est bien 
honteux à une demoiselle de votre âge d'être si 
peu avancée , soie dans la connaissance de la géo- 
graphie j soit dans la connaissance de l'histoire , 
deux sciences que l'on ne pardonne point d'ignorer 
aux demoiselles qui ont reru de l'éducation. Je 
suis bien persuadée qu'il n'y a point de la faute 
de vos maîtresses , et que vous êtes la seule cou- 
pable , par votre paresse et votre indocilité. En 
conséquence, au lieu de vous divertir, de vous 
promener et d'aller en vendange, vous travaille- 
rez pour réparer le temps perdu, et vous appren- 
drez votre géographie. Ce ne sera que lorsque 
vous la saurez parfaitonient > que je vous rendiai 
votre liberté. 

Mad. ExiSABETH — Ainsi vouKderez être bien 
jnstuviite aujourd'hui , si vous avez Ëùt la vploijté 
de votre maman;: et liana doute vous pouvez ré- 
pondre d'une manière «atisfnsAi^ avx questions 
qu'Amélie vous fera sur la géographie? , 

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DES JEUNES DEHOISEILES. 17 

ÂDELX. — Rien ne peut mieux me faire sentir 
le tort de ma paresse , et ne m'humilie plus , que 
d'être interroge par Emilie, qai est entrée au peu- 
sionnat un an après moi , et qui ne savait rien 
en j entrant. Mais enfin , puisque tous exigez 
que je rëponde aux questions qu'elle me fera , je 
le ferai aussi bien que je te pourrai , comme si 
c'était vous-même qui m'interrogeassiez., 

AMÉLIE. — Voudriez-vous bien , Adèle, nous 
dire ce que c'est que la géographie ? 

ÂoiLx. — VoilA une question bien difficile ' la 
géographie est la description de la terre. 

AuÉLiE. — Quelle est la figure de la terre?. 
Est 'cUe ronde, carrée, ou plate, comme elle nous 
parait l'être ? 

Âsxiz . — Elle est toute ronde , mais un peu 
élevée vers l'Equateur, et aplatie vers les pôles. 
On est parfaitement convainca de cette figure de 
la terre, quand on voyagesur mer. Quand on ap- 
proche de la terre , on aperçoit d'abord un peu 
de la cime des montagnes , plus on approche , 
pins cette cime se découvre à l'horizon j lors- 
qu'enfin on est sur le point d'arriver au poit , on 
voit toute la montagne ; ce qui n'arriverait pas , 
si la terre n'était pas ronde , parce qu'alors on 
apercevrait toute la montagne , de loin comme 
de prés. 

Mad. Elisabeth. — C'estbien,foribien, Adèle! 
vous m'étonnez , vraiment. Je vous croyais bien 



l8 ENCTCLOPÉDIE 

ignonnte encore , et roîli que votu nous parlez 
de lafigore de la terre cemme un professeur. AU 
Ions , coDtinuez de nou» surprendre. 

AitiLitt — Je voudrais bien savoir combien 
il y a de points cardinaux ! 

AssLE. —Cette question n'est pas plus embar- 
rassante que la première. Il y a quatrepoiots car- 
dinaux, et voici comment je l'ai appris. Mamen 
possède une grande , fort grande carte de géogra- 
phie i j'u jeté les jeux sur- cette carte , et j'ai vu 
qu'à chaque cété répond un pomt qu'on nomme 
cardinal ; or , comme cette carte a quatre cdtés , 
il y a quatre points cardinaux. Le point qui est 
en haut s'appelle le Iford on le Septentrion ; ce- 
lai qui est en bas s'appelle le Sud on le Midi | 
celui qui est à mai^ ^ite S''appelle l'Est ou VO~ 
rient ; et celui qai est à gauche s*appelte VOuest 
ou r Occident. 

Maid.ELisABBTH.-- C'estparEâitementexpliqué, 

AuËLiB. — Vons avez bien trouve les quatre 
points cardinaux sur la carte, par rien n'est plus 
aisé, puisqu'ils j Sont écrits ou imprimés j mais les 
trouveriez-vouB bien sur la terre , dans un dé- 
sert , par exemple ? 

Adèle. — J'avouerai que cette question m'em- 
barrasse ; au reste , je vais tâcher d'y répondre , 
après avoir un pnu réfléchi. 

Hoktehsx. à voix basse. ^ Je sais la ré- 
ponse , je vais vous la dire , si vous le désirez. 

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DES JEUNES DEMOISELLES. 19 

Adkle. —■ Si je me tionvais daDs un Aét^t , ce 
ferait de jour ou de nuit; si c'^it de jour , je 
toiunerais le àis au sol«it lerant, et j^aurais ¥0c- 
âieni devant moi , le Ncrd à droite , et le Sud 
à gtncbe ; bî eViait de nuit , je regarderais l«s 
toiles , celles surtout <|iii brillent toujoura an 
Nord ) je me tournerais de leur côtrf ; j'aurais le 
Aôn/ devant QKH, le iSW derrière moi, XOrUnt 
à ma droite , et XOceident it ma gauche. 

Mad. Elisabeth. — C'est U ce qui s'appelle 
^orienter. Mais que feriez - tous , Adèle j si le 
riel ^tait couvert de nuages pendant la nuit , si 
TOUS ne pouviez rien apercevoir autour ni an- 
dsssus de vous , et s'il ne sou£Qait aucun vent ? 

Ade£e. — Assurément jense trouverais dans un 
bien cruel embarras j et je désespérerais de troo- 
Ter les quatre points cardinanz , parce qu'il iàut 
toujours partir d'un point, pour trouver les au- 
tres. Si j'avais une boussole , je regarderais ou je 
toucherais l'aigitiDe aimantée , dont la pointe est 
toujours tournée au Nord. 

Mad. Elisabeth. — Quoi! Adèle, tous en êtes 
déjiÂla boussole !Cestadmirable! bientôtTOUSse- 
Fez plus gavante que toutes vos compagnes. Voyez. 
voiW ce que c'est que de bien employer son temps! 
Il vous fallait une maman comme la vôtre , pour 
vous faire feire des progrès si rapides. Puisque 
Amélie' a commencé i voas &ire des questions , 

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ao ENCYCIOPÉDIE . 

eUe peut continuer, pour vous donner l'occasion 

de montrer votre savoir. 

ÂUÉLix. — J'ai bien vu des cartes Gcmblables à 
la grande carte de votre maman, machère Adèle, 
et j'ai remarqua qu'elles sont de quatre couleurs ; 
sans doute ces couleurs signifient quelque chose. 

AnsLE. — Elles servent à distinguer IVau d'avec 
la terre , et les quatre parties au monde , qu'on 
appelle , l'Europe , l'Asie , l'Afrique et l'Améri- 
que. L'Europe est au Nord, l'Asie est^à- l'Orient, 
l'Aïriqtle est au Midi , et l'Amérique est à l'Oc- 
cident. C'est l'Asie qui a été peuplée la première; 
l'Europe, où nous vivons, est la plus civilisée ; 
l'Afrique est habitée par des peuples noirs et bar- 
bares , et par des bétes féroces ; et l'Amérique , 
où il ^ a encore beaucoup de sauvages, n'est con- 
nue que depuis trois cents ans ou environ. 

Mad-EiisABETH. — Je suis enchantée, machère 
Adèle , de vos connaissances en géographie. Je 
' vous invite à continuer de l'étudier. Vous avez 
une mémoire précieuse , dont il faut profiter pour 
votre instruction et pour celles de vos compagnes 
qui , je pense, seront bien aise de vous entendre 
souvent. 



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DES lEUNES DEMOISELLES. 31 

V' CONVERSATiON. 

M*D. SOPHIE, JULIE, AGLAÎÉ, fÉLICIE. . 

liais — J'ai bien peur, madame, que la bonne 
de maman ne vienne pas me jcWcher jsajour- 
d'bui âimancbe , cbr le ciel est couveît de nua- 
ges , et même il commence k pleuvoir. A 'propos 
de la pluie , je voudrais que vous sustiez la bonté 
de nous dire d'où elle vient. Il tâut qu^il y en ait 
beaucoup là haut , car j'en vois toujours tomber 
depuis que je suis au tqonde. 

Mad. Sophie, -t- La pluie , ma chère en&nt , 
vient de la mer, des rivières» et de toutes les 
eaux qui sont >ur la terre, 

Agiaë. t— Je qecpmprf nds pas comment l'eau 
de la mer et .des ririéres peut monter au ciel. 

Mad. Sophie. — Comment l'eau qui est dans uq 
pot devant le feu , monte-t-elle an couvercle , 
quoique |e pot ne. sQÏt lenipli qu'à moitié ? Quand 
l'eau commence à s'échauSèr et à bouillir , voua 
voyez qu'elle produit de la fumée : eh bien , c'est 
la partie la plus délicate de l'eau qu'on appelle 
vapeur, et qui est fort subtile. Or , la chaleur du 
toleil attire perpétuellement les parties de l'eau 
les plus délicates; elles s'élèvent dans l'&ir en va- 
peurs , tli'^'aii' les soutient quand il y en a peu ; 
ro«is quand il y en a une grande quantité, l'air 

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23 EKCÏCLOPÉDIE 

ne peut plus la supporter; l'eau cr^ve l'air, et 

retombe sur la terre eo pluie. 

FÉLiciB. — Mais, madame , je ne croyais pss 
que l'air ^ât soutenir quelque chose. L'atr est 
comme rien , car , j'ai beau regarder autour de 
moi , je ne le vois pas. 

■ Mad. S'âPHis. —Si yo^s ne vc^eepas-l'air, mÀ 
bonne amie , c'est la tatite de vos- yenx , qui ne 
sOnt pas-assez bons pour le voir- Il y a bien des 
choses que nom ne voyons pas , et gui pourtant 
existent. Par exemple, royez-vouis une grande 
poussière dans celte chambre ? 

Fèlicie. — Si l'on ne voit pas la poussière dans 
cette chambre , c'est qu'il n'y en a pas. 

Mad. Sophie, — Voilà un beau raisouDemenf, 
Levez-vous , levez-vous, Félicie ; et allez regar- 
der au bout de la chambre , dans l'endroït oji il 
fait soleil, et vous verrez s'il n'y a pas de la pons^ 
siére. 

JdLiE. — Voilà une chose bien singulière I il 
pleut et il fait solei' . Ah I )e commence à espérer 
qne le mauvais temps ne durera pas, et que la 
bonne viendra me prendre. 

Félicie. — Il y a dans l'endtreît où le soleil 
donne, Un grand nombre de petites chose* 
qui rt-mueut toujours, et toumrat coutiauelle- 
ment. 

Mad. SocKiE, — Ces petites choses sÀdtde très- 
petits grains de poussières , que l'on appelle des 

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DES JEUNES DEMOISELLES. 33 

Atomes. Tout l'air en est plein; mais les parties 
de l'air sont beaucoup plus fines et plus petites : 
c'est pouc cela que vous ne les voyez pas autour 
de TOUS. Cependant, comme au-dessus de nous 
elles sont en plus grand nombre , leur quantité 
fait que nous les voyons sous l'apparence d'une 
couleur bleue d*azur. Je vais vous faire corn* 
prendre, mesdemoiselles, ce que je vous dis, par 
UQ exemple. En versant du vin dans un verre, 
vous voyez que ce vin est bien rouge ; j'en vais 
prendre une goutte et la jeter sur moa mouchoir. 
Regardez, le vin qui est sur mon mouchoir 
n'est pas aussi rouge que le vin qui eit dans le 
verre, parce que dans le verre, il y a une grande 
quantité de parties, et qu'elles sont plus pressées 
et plus jointes ensemble que sur mon mouchoir. 
Voyez une aiguillée de soie rouge , elle parait 
moins rouge toute seule que dans l'écheveau , et 
cela , par la m^me raison. 

AoLAÂ. — Je crois bien maintenant , madame, 
que Tair est un corps composé d'un grand nom- 
bre de petit«g parties qui sont bleues ; mais je ne 
conçois pas que ce corps , dont les parties sont si 
£ùbles, puisse soutenir l'eau qui est plus pesante, 
puisque ses parties sont assez grosses pour que 
je les voie. 

Mad. Sophie.,;— Comment donc ! vous voulez 
devenir physicienne? A propos de la pluie, il 
faut TOUS expliquer la natuie de l'air. Attendez , 



a4 ENCYCLOPÉDIE 

attendez encore quelque f«nps , je vous appren- 
drai bien des choses que vous pourrez mieur 
comprendre qu'à prësent. 

Aglaé. — Madame, qu'est-ce quec'est qu'une 
physicienne ? 

Mad. SoFHiE. — Je yous répondrai quand le 
temps sera venu de v,ou« parler de la phjsique. 
Vous avez de l'embarras à concevoir comment 
l'air, que vous ne voyez pas, supporte l'eau que 
vous vbyez; un oiseau est plus lourd que l'air , 
cependant l'air le soutient malgré son poids. 
N'avez-vous jamais été dans le jardin , après une 
grande pluie? n'avez-vous pas remarqué qu'il 
pend des gouttes d'eau À tous les bouts des bran~ 
ches ou des feuilles des arbres? 

Jui-iE. — Toutes ces petites gouttes d'eau, 
quand le soleil donne dessus , paraissent comme 
des diamons attachés à toutes les feuilles. 

Mad. SopRiB. — Qu'est-ce qui soutient toutes 
ces gouttes au bout de ces feuilles? C'est l'air, 
qui, par conséquent, est plus lourd qu'elles ; mais 
à la fin , la petite boule d'eau grossit, parce que 
le reste de l'eau qui est sur la feuille ou la bran- 
che vient se joindre à elle. Alors, cette petite 
boule devient plus lourde que l'air; elle crève et 
tombe à terre.. 

ÂGLAfi. — Jecomprendshien cela maintenant, 
l'eau est soutenue par 1 air , comme un bateau i 
est loutenu par l'eau qui est dessous, et qui s'en* i 

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DES JEintES DCHOISEIXES. nS 

Ibnce s'il eA trop ohaig^ , et coQsëqiiequnent 
plus pesant que l'eau. 

Mad. Sophie, — C'est cela même: on ne peut 
Ëtîre une comparaison plus juste. 

FiLicis. — Vous avez dit , madame , il y a un 
instant, à Aglaé, qu'elle youlait devenir physi- 
cienne ; est-ce que les dames ne doivent pas con- 
naître la physique? 

Mad. Sophie. — Les demoiselles et les daines 
ne peuvent et ne doivent , il est vrai , prétendre 
à la science d'un professeur ; mais il leur con- 
vient d'avoir nne forte teinture de la physi<jue , 
qui n'est autre chose que la science des choses 
naturelles. 

Jolie. — Voilà donc ce que c'est qncJa.|thysi- 
que?-Mai$ excasez-<moi , madame, je qe suis 
pas {dus avancée {qu'auparavant , en apprenant 
que la physique est la science des choses natu- 
reUes. 

Mad. SLqFH^E — La physiqu* est ta iciencedes 
cdioses naturelles , parce iqu'elle nous ait connat,; 
tr« la nature de l'air , du feu , de l'eau et de la 
terre, et qu'elle nous &it connaître au^i les coirpS 
des hommaset-des aqimaus ; les aigres, les plan- 
tes, les fleurs, les giinéraus etjes métaux^ pa^ 
des, «spériencçs aussi agréables qu'instructives; 
Mais en voilà assez pobr aujourd'hui., à propod 
de cfaéiqQès gouttes de plute ; en autre jouri' je 
TOU»«aïreti^lraS tie quelques'phénomèaes eu- 



36 ENCTCLOPÉDIE 

rieux , dont il serhit bioDtenz à une jeune per- 
sonne d'ignorer l'explication. 



VI' CONVERSATION. 

JOSÉPHINE , EMILIE , IlORTENSE , PAULINE. 

EMILIE. Je voudraisbien être grande comme 
T0U3 , mademoiselle Joséphine. 

JosÉFHiNi. — Pourquoi cela, ma chère Emi- 
lie? 

EmtiE. — Parce que si i'e'taiaaassîgrande que 
vom , je s(^fùs plus âgëc, et que, ïi j'étais plus 
àgee, je jcrais plus instruite, et que je «aurais 
tout ce que vous savez. 

JosÉpntMX.— Vous me regardez donc comme 
biËnsavAnte? Pour moi, je tronveque jesais tcès- 
peude^lioses, et que j'ai encore beaucenp k 
^^udier, ipour acquérir les connaissances qui 
ponvJennent à unedemoiseUebiea élevée. 
. ^ORTEKSif. — MadamçSophieuouadiMitpour- 
^nt, il y a quelques jours, que vous saviez bïeo 
lllV^irej et que ce serait tous qu'elle charge- 
rait'de l'ajtprendçe k Emilie ei à moi, 
. JosB£Hi»s — Ilestvraiquejesaisasseahienles 
^lejnens à^ l'Histoire) mais o^d&me Sophie me 



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DES JEUKES DEMOISELLES. 27 

«oit pHis forte ^e- je ne le sais, «n.me'crapint 
capable d'instcàin; mes compagpesjicni elle sait 
pourtaat^quil àrrîre sbnveDt-quIoiueiiBeigtie.inal 
ce que l'*n sait fort bien. -- ' : - '- y: 

PAVim . -^ Vous êtes tvop inodedtej ntodemo t- 
selle, et tous ne^Vei pas tout ce qneyoaa' pou- 
vez. Madfttn&SopJiie, qui fe conbaitbieD en vié- 
rite, TOns regardé pôorUntcommeU pliis iiu- 
tmitc'de ses élève». '^ i - . 

JoespHiHB-^Je vous prie, Paialniei âe'ne point 
me'&irc de compliinebs, et de appoint chercher 
i flatter mon amoUi:- propre. Je vous avoue que , 
tt j'aime bien, à- mériter d^ éloges , j'éprouve 
toujonrtqiie1qaepenie& m'entendra louer. Pnia- 
qnevoDS êtes isi bien.' disposée j-aiitM' que ces de- 
moiselles, â recevoir quelques iefton* d'Hi«totre, 
je cède volouHers & votKe^vœu et à. oehii deMa- 
dame Sophie, idoot. les d^rssont pour moîdcs 
lois queijœcéspeciœM toujours^ 

£iii£isjin-jily;aid'oi}C' uns. autne biMoireqiie 
IBistoire-Satnte î ... ;;-i.;, : !i 

3o)SPHiint.'^4^k8BÙrémeBt|'n{a cTiâref c'est l'his- 
tnee-^oûnc;. qui ;eU':l« réeit^a ifv^namen* ar- 
rivés àkoiilt monde Avàûtetaprc» Jésus-Christ. 
Cette histofiB sediviM-éu bistoirs.anivsnciUe et 
enlustotve-pastibaliire, eabîtioirè atcienne et 
en hiptqii&-ihod^ad«:L't]liattÙEe énlvenwdle est 
celle doltousles s'aècleB^ct de,te^s to'peujllesjus- 
qbVa siècle oÎL noni aowmbs ; l'b.iitoioaparticif. 

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^8 euctclopédie 

'lièr« estcelk^'nn eu |4Dsi«(m«iAel«s , d'où fièo- 

jple'j'd'un 'pa^, comme Fhtstoire dé FVioice ; 

«Ihiiie ^UieuODBinie! l'hûtoïre:de V^rie ;. dHim 
homme ou de plusieurs i, mitraie'^Llihiàire d'Ar- 
-lesaBârcf-leiGrand , etieb Vies des lumines îl- 
•lustres , ctuE^oa&a par Plutargoe. 

ËiHEix. -«-Mon pap«Kd«n3^ hibUotUquetme 
-Hûteite UmmrseUûtja\^t&\ qn^ doiK voilâ- 
mes j est-ce que tout ce qui s'e^:pas3é<jâtli8':le 
-nriondti-eiftotnttenUclaas-oeS'âeilx «oknM*? ! 

3oaii£Ba)tE. — -^tiie Histoire Uaivtrielh esïma- 
sure'utentcdUedeM. Sostuet, dFécfKede:Bfoaiii:. 
Si c'est elle, votre; père posïUe un ehef-âiBu?re; 
«ar'janitis peisonaen^ êtuû bieii^^t TliMtoiae 
^ti&cegrmd tofQOls. C'âst-tune chode adminUe 
que r^loquence- Avec ^quelle iVncEnsTBeontie tons 
-les' ^vëncineBs quiisontiarrivtfs depuis lê coof 
ïN«ac«m«nt do moDdëjuâqi^àChailHiugne.j et 
que cette précision avec IsqUetlei il a.,ra&rtaé 
dansiinseiil TAlumsice qu'liifigraaâBombredlbis- 
toriensavoicnt dit avant lui. ' ■! : 

'ËuiUB.-^ Mon papa» auswuK histoire B«ninne 
-ea quatorze. Toluiilésvi qiif IJit foimnl. JewH»- 
diiaïsbien sàvovr.cequHl.^adana oétte histoire. 

JosE^iHB.'— C'<stTliisleirdaaeieniieeainpos<)e 

par Mi RDliin.EUe.oomprcnd itoqs le«:é»ëBe- 

iDeDsafTivésiâaasli'diiitiqliît^, dMalcsEg^tiens, 

4es:6abyIoDims .'lesiGvecact-les^Cavthdgnaois. 

"opreûks}lo9Uiia8««t bie» aussi une tpai^ie 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEDNÊS IIEHOISELLES. 39 

de Huaioîjrf ^DCieonc , mais Ict étéaetaea arri-. 
Tés clien ce peuple sAdt si nèmbrenz et si ronar* 
^Bsblns , que M, BoHin a todIo les écrire à part; 
eo qnoi il a par&itemetat réàsn , ainsi que son 
couthiuatear , M. Crerier. 

Emiiis.— QuaBd'ODaluto'steàoeshiatoîres, je 
croît que l'da doit savoir tont ce gui »'est passé 
daosleiaoDcU.' 

JOGnHWB. -^liyett pas nëceasaîre A udq ieone 
personne de votre àgc ie lire ces tolumineuses 
coilectioDs qaieiigent beaucoup de temps et de 
loisir, ij Histoire Universelle d&Bossuet, quoi- 
qu'elle soit trèsMWurte , n'est point i votre por- 
bie; et voni ne la pourrez lire avec fruft que 
lorsque voUs aurea-icoDh-acté une certaine hnbi- 
tade de réflexion.' Ce qu'il' vous importe de savoir 
à pràent , ce sont les'ti<aits les plus mémorables 
et les plus frappans de l'Histoire Universelle. 

PAtiLiNS. — L'Histoire Univereelle remonte- 
t-cllebien haut ? 

JosBFHiTTE. — Voilà Une question qui me sur- 
prend. Qui TOUS a appris, madiâre, A toqs ex- 
primer ainsi , et qui vous a tUt que l'histoire re- 
ntoula? 

Paolmb. '^- C'est madame Sophie qui , l'autre 
jonr , noaa disait que ks siècles sont comme un 
fleuve qui coule sens cesse , ' et va se jeter enfin 
dans la mer. EUe disait la mAue eliose des évë- 
nemens qui sont la matière de l'histoire. Or , 



So . ETSCrCLOPÉlHE 

comme^ oDtjipéiit reinontec «K^éavfe , j'ai pctiad 

qu'on. pouv«itii«nua4er l'bÎMenfe. : - 

JosBPSi'niv ^ Viras voyez bfieo'que voue vous 
trompez niaihteniiiBt , faute d'avoir bien 'compris 
madame Sopliie. Les siècles sont comme tm ilèuve 
il est Y roi ; mais c'est l'histoire qui est sur ce 
fleuve , et qui çeasëquemmeut descend et remonte. 
comme l'on veut. Pour répondre maiatendal à, 
votre question , je vous dirai' qiie 1 histoire pro- 
fane, qui est la seule dont neias etvons à nous en* 
tretenir , commence ir la fondation du premier 
empire, qui est celui deBabylone, lequel fut 
fondé par Bëlus, dont les' Babyloniens firent un 
Dieu qu'ils adorèrent soufr \c nom de Bel-, Sod' 
£ls Minus lui $ncc<!da j oelui-cl létant mort ^ sa! 
femme S^utiramis , une des femmes les plds cér- 
Ubres dont l^îstoire fesse mentioa , gouverna 
l'empire , embellit la ville de Babylone, et y fît 
construire ces jardins suspendus , et ces immen- 
ses murailles qui étaient l'une des sepi'merVeiUes. 
du monde . 

HoaTKHSE.-^Ali! mon Dieu, je Toûdrâis-bien 
savoir le nom de ces sept merveilles î 

Joséphine. — Je vaisvous les dire toutes comme 
je les sais. Les murailles et les jardins deBaby- 
lone, le Phare d'Alexaadrie, le Tombeau de 
MauBoIe , le ColoSw de Rhodes , le Temple de 
Diane, à Ephése , le Labyrinthe de Minos:dans 
l'île de Crèttf , les Pyramides d'Egypte. 

u,:,-,zf--„GoOglc 



OES JECIŒS DEMOlSt^LLES. 3i 

Les murailles de Bahybnê entoimiéiit cette 
Tille, avaient cinquante millrt <i^<tft«KlQe, et deux 
cents pieâi ie haut; elles citaient si larges, que 
sis chars y pouvaient ^sser de liront. Ses femeirt 
jardins étaient portés sur des colonnca ; on j 
voyait de grandes avenues plantées de gros ar- 
bres, de sorte qu'i une certaine distance on ne 
pouvait croire qu'il j eât là une grande ftlle. 

Le Phare d'Alexandrie était une l>cl!e et 
liante tonr de marbre, bâtie par Ptoicmcc , roi 
dUgypte , au haut de laquelle on plaçait une lu- 
mière pour avertir les navigateurs. On appela 
cette tour Pharos; et depuis ce tcmps-Jà on a 
nommé Phare» les endroits élerés où l'on met 
de la lumière, la nuit, pour diriger ceux qui 
soqI sur la mer. 

Xe Tombeau de Mausole était uo magnifi- 
que monumentque la reine de Carie, Artèmise, 
avait fait'éleyer poury renfermer les cendres de 
Mausole j son épom., Depuis <p(*«ip8 ou a appelé 
mausolées les ouvrîmes d'arcbitecture que Ton 
&it pour honorer. 1^ mémoire des morts. 

Le Colosse de jRhodes était une statue d'Apol- 
lon , d'une» grandeur démesurée, qui était ton'le 
d'airain. Les Rhodiens la placèrent h l'entrée du 
port de la ville de Rliodes ; elle éWlt si haute , et 
ses deax pieds étaient pbs^s sur desrOcliers si 
écartés , que les voîsseatùi lui passaient à pleines 

u,:,-,zfS-„GoOg[c 



53 ENCTCtOP^DŒ. 

voiles entre le^, jambes. Elle fut teayetaée par 

up trvnubltivept'de terre. 

Le TempU ^ Diane ^t«it ce siip«â>e éiifice 
daos la .ville d'Ëph&se , à la constnietton duqnel 
UD grand not^ibre de rois et de peuplei avaient 
contribué pendant plusieurs siècles. Un fon 
nomme Eroitrate , qui voulait rendre son nom 
famepi, J, mît le feu ,; qui le conaùma entière- 
ment , le même jour qu^ Alexandre- le-Grand vînt 
au monde. 

Les Pyramides d'Egypte sont des ouvrages 
fsmeui , bâiis depuis près de mille ans , que l'on 
voit encore dans le voisinage du grand Caire. 
Elles étaient destinées à servir de tombeau aux 
rois d'Egypte. On fut vingt aqs à construire la 
plus grande ,' et on y employa trois cent soixante 
six mille ouvriers. 

Le Labyrinthe de l'île de Crète , aujourd'hui 
l'ile de Candie , était une maison bâtie par Mi- 
nes, roi de cette île, qui était ^ïte dé façon, et où 
il y avait tant détours et de détours , qu'on ne 
pouvait retrouver son chemin' quand une ibis on 
y était entré. Il y a>V4il dans ce Labyrinthe un 
monstre moitié houime et tooitié tauteau'^ qui 
dévorait tous ceux que Minos'y iàîsait elitrer ; 
ce monstre fabuleux s'appelait Minotaure. Thé- 
sée, fîls,du roi d'Athènes eut le bonheur d'en sorr 
tir par le niO|yen d'un £1 ^u'Arianâ g fille de Mi- 
nos , lui donna j-ainsî que Dédale\(p\ se fit des 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEUOfiSEILES. 55 

ailes de cîce , et dml le noda est s^st^ à tout ce 
quiressemhle i un labyrinrïie. 

En voilà assez ,: je pense, pour aujourd'hui , 
ntesdunoiseltes j retenez bien , je voua prie , tout 
ce que je viens de tcws dire sur les sept merveil- 
les du monde. 



VII' GOIVV£RSATION. 

Madame SOPHpî , HORTEKSE, ÉUSA, 
STEPH(tNIE. 

IVJad. SoPBis. — Ah!F-vo)is bien retenu , Hor- 
tense, tout ce qu'Emilie vpusacacouté de l'His- 
toire Saiute? 

HoRTïi^si. — Oui.madamej jeYaistout vous 
riiciler si vous I4 désires. 

Mad. SopHiB. '— Où Emilie Qn:est-elle restée ? 

HoKTKNSE — Ëlleafîiiiaumom{eBtoàÂ.damet 
Eve sout cbas«^s du Pacadis toFrestre , doat Tea- 
trée est défendue par nu Ange qui tient uoe épëe 
de feu. 

Mod. SopBiE.— "Comiue Emilie est iudis[K>sëe, 
c'est mademoiselle EUza qui' voudra bien tous 
appveedre la suite, deeette bieioire. ïe vous 
engage £ l'^eoùter 'avec la ^s grande inten- 
tion. 



B4 ENCTCXOPÉDIE 

Elisa. — Adam et Ere étant sortis du paradi« 
terrestre , eurent deux 6U , Caïn et Alicl. Gain 
était un méchant homme, et, At>e1 était ver- 
tueux , et rendait au Seigneur un culte qui lui 
était agréable. C'était ce qui excitait contre lui 
la iiaine et la jalousie de son frère Cain. Un jour, 
celui-ci qui cultivait la terre, engagea Abel , qui 
gardait les troupeaux , à aller se promener avec 
lui dans la campagne. Quand ils furent un peu 
éloignés, Gain voyant que personne ne l'aperce- 
vait , se jeta sur son fcÈire et le tua. 

HoRTEiTsB.:— Ah! mon Dieu, quel méchant 
homme! tuer son &^re! 

EtisA. — Ce fut la jalousie et l'oubli de Dieu 
qrii portèrent Caïn à commettre un si grand 
crime ; ce sont encore ces deux vices qui pro- 
duisent presque tous les crimes qui se commet- 
tent dans le monde. En effet, de quoi n'est-oa 
pas capable quand on oublie son Dieu , qu'on ne 
le craint plus j et k quelles injustices ne se lais'se- 
t-on pas entraîner à l'égard de son prochain, 
quand on povié envie k son bonheur ou h se& 
bonnes qualités? . 

HoKTEiTsx Est-ce qu'il est défendu d'envier 

les bonnes qualités -et le bonheur des autres? 

ADÊtx.— ■ Il n'estpas défendu de désirer d'être 
vertueuse, d'être iostruite, conùme telle ou telle 
demoiselle que l'on connaît; d'être chérie et 
estimée comme elle: mais c'est un crime d'être 



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DES JEUnES DEMOISELLES. 35 

jalouse et envieuse âei avanlages «ju'rlle possède , 
sa point de désirer qu'elle en aoît privée. Pau- 
line, par exemple, est fort jolie; Emilie est trùsv 
atmde de ses maîtresses et de sea compagnes, »i 
TOUS, Horteuse, tous étret jalouse de ta beaulé 
de Pauline et de ramîtië (jue nous avons tous 
pour Emilie, ou point de d&>irer qu'une maladie 
dëtmîbtt la beauté de la première, et que la se- 
conde perdit les bonnes qualités qui la font cWrir, 
estimer, vous seriez trèa - coupable, et vous 
commettriez, pour ainsi dire, le crime de 
Caïn. 

HoRTXBSx. — Oh 1 je serais bien £AAé de rcs- 
cembler jamais à un pareil monstre. J'aime bien 
toutes mes compagnes; je veux Ucher de ressem- 
bler àcelles que Ton aime et dont on laït l'éloge; 
maisàdteu ne plàîsc que je me'iaisse jaûiais alW 
à nue jalousie qui me fer&ït honte à moi- 
même! 

Stëphahie Voilà de beanx sentimens-, Hor^ 

teiue : tels doivent être ceux d'une fille Vertueuse 
et bien élevée. 

Elisa. — Quand Caïn eût tué son frire Aliel , 
Dieu lui demanda où il ëtait. Est-ce que vous 
Bt'avez^ouDé mbofrète à gaiider? lui Répondit 
ce sostérat. Alors Dieu, qui -avait vu son action , 
la maudit, et le ooodamna' Â courir le monde , 
en lui donOam f n signe auquel il serait recbnnd 
partoutcoaunenn meurtdor. ''' 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



56 ENCÏCtOP^DIË 

La m^clianlcet*} de Caîn'nefil gue se perp^' 
tuer parmi ses descendapsi et le gçnre Ikutnaîo « 
4près la mon d'Adam et d'Eve , s'abandonna tel- 
lement à l'iniquité , queDicnfierepenût de l'avoir 
créé , et résolut de le détruire par un déluge uni- 
versel. Mais il;y avait parmi Ces mécluns, un 
homme juste qu'il voulut sauver, ainsi quêta 
ifimille. C'est povi'iuot il liti ordonna de cons- 
truire une arçhâ, pspèce de grand vaisseau, où 
il entrerait avec sa famille , et une paire, de cha- 
que espèce â'aniifiàux. Quand l'arohé fut cons- 
iruite, cet homme juste, qui s'appelait Noé, 
suiyUlles ordres du seigneur. Aussitôt les «bimea 
^'ouvrirent, les «aux en sortirent de. toutes pai'ïS} 
st'û tomlta du ciel, pendant quarante jours et 
4^Darat{te nuits, Une pluie si abondante,, «joe 
toute la terre et tovs les bominea .furent MibtM»' 
gés , et que les eaux s'élevèrent au-dc|ssus de» 
' plus hautes moutagnes. Pendant ce déloge<qui 
.dura un au ,;l'arclie seule fut sauvée avec tout ce 
qu'elle, .contenait. Quand tons les bommes furent 
mort^ , il ne tomba plus de pluie j et il vint un 
grand vent qui sécha laJcrre-. Alors Noé ouvrit 
une fenéfre de l'^i^clw, et.laissa sortir iun cor- 
beau; ce coFl'çau ne^rcvist point; quelque temps 
après, Koélais^asiartir uneieolotnbe,^qBi.reviu1 
tenant en 'son heç Un rameau d'olivier. 11 sortit, 
en iconséquencf / fiX'Ue. fut posplutct sur le ri- 
vage, qu'il se prostcBQ^ronteelCTFs avec tbutesq 



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DSS I£tmË5 DEMOISELLES. 67 

bnulle , pour remercier Dieu de l'aToir sauvé. 
Diea , satisfait iè «a reconnaiBÀmce , lui promit 
qu'il n'y aurait plus de déluge sur la terre j et , 
ponr mettre le sceau à sa promease , il fit paraître 
dans les nuages cet arc-en-cSel que nous voyon* 
sottveot après la pluie. 

HoKTSMSX. -^Cetârc-en-as/ettdonc un mi- 
racle qae Dieu &ï fchaqne fois qu^il, parait, pour 
noua avectir qu'il n'y aura plus de délugeT 

STfi7aA.s1x.~-' Non, ma chère, cet arc-en-ciel 
n'est par un miracle; c'est une 6|;ure qui a une 
cause toute natardle , au lieu qu'un miracle n'a 
•ttcune cause dans la nature, et n'est produit que 
par la Tôlonté inlmëâiate de la DÏTinité, 

HoaiBNSE. — Vbodriez-vous me dire , made- 
moiselle, ce qui produit l'arc en ciel, et ces 
brillantes couleurs dont il est composé? 

St&fhahie Quoique cette question n'ait 

■ucuD rapport h l'Histoire Sainte , je veux bien 
néanmoins satisfaire Totre curiosité. Ce sera'ton- 
jotirs un point de physique âoBt vOus aurez été 
instruite en passant. Quand le soleil brille, et 
qu'il pleut dans l'endroit qui hii est opposé , les 
gouttes de pluie réfléelussçuf ses rayons sur nos 
yeuz; oiT^:comnJe cette réflexion se fait dans une 
parti* de cercle. à'Oause^laroodeur delà terre 
et As- l'air qui reavironnc , il &nt bien que ce 
soit on arc qui nom appiraiste, lequel n'est 
WUe chose qu'uneportion-de cercle^ et comme 



58 - ENCYCLOPÉDIE 

tous les rayons du soleil sont forma de sept cOa- 
leurs, il laut bien encore que ces couleurs se 
montrent à nos yeux dans le même ordre qu'elles 
sont placées dans ces rayons. Ne tous ètes-vous 
jamais promeoëe à la campagne après la pluie , 
et quand il faisait soleil? 

HofiTENsx. — Cola m'est arrivé plusieurs fois, 
et j'ai remarqué sur l'herbe et Sur les feuilles des 
plantes, une infinité de petites gouttes d'eaa de dîf- 
férent«KCOuleurs,qui ressemblaient à des diamans. 

Stéphahie. — Ces petites gouttes d'eau n'of- 
frent toutes ces couleurs qu'à csbse des rayons 
du soleil qu'elles r^^l'isseut à vos yeux. Ce qui 
«e passe alors sur la terre , est précisément ce 
qui se passe dans l'air , quand tous voyez paraî- 
tre l'arc-eu-ciel, 

HoRisnsE. — Maiutenaut que je sais ce qui 
produit l'arc - en-ci el , je prierai mademoiselle 
Elizn de vouloir.bïen coiitiauec l'Histoire de Nod 
et de sa famille. ' 

Elisx. — Quand Noé eut (âitfiâi-tïr do l'arche 
tous. les animaux qu'il y avait fait entrer, il se 
mit k cultiver la terre pour nourrir sa famille. An 
nombre des plantes; qu'il voulut élever, il s'en 
trouva une qui produisit ce;lhiit quenous s^pe* 
loasraisin- Il cudllît ce raisin , en exprin»- le 
suc et fît du riu. Ke connaissant point lefc fiffiifs 
de cette liqueur, il en but si abondaittmcnt 
qu'il s'enivraj quand.il.fut irre, il s'endorihil 



DES JEUNES DElHOISEtLES. Sg 

ims na éizt md^ceat de midïté. Son fils C^m 
Fajant vu, se mit àrîie, et appela ses deux 
frères Sent et Japhet pour se moquer de lui. 
Mai) ils iureut plus respectueux que leur £-ére , 
et le blâmèrent beaucoup de sa conduite à Tëgard 
à^ leur père. Quand N'oé se &t réveille , et qu'il 
eut appris ce qui Tenait de se passer, il bënit 
Sem et Japhet, et maudit Cham, qui dès ce 
moment devint aussi malheureux qoe ses frères 
derinrent beureax. 

HoRTSHSK. — AssuT^mentj il méritait bien 
fétre putii. Si je voyais fiiire une &ute i papa , 
je me garderais bien de me moquer àé Ifti , j'an- 
lais peur qu'il ne me maudit, et de devenir-eB- 
sdte une malbeur-euse fille. 

Stéphanix. — Vous avez bien raison, Hor- 
tense, car rien ne déplaît tant à Dieu , et n^atfiré 
plus de malheurs sur les eufàns , que le mépris 
qu'ils font de leors père et aSère , it que les chai-' 
grins qu'ils lèursuscîteut parleur mauvaise con- 
duite. Hélas ! si nous voyons, tant de jeunes per- 
sonnes malheureuses , on mourir à la fleur de 
leur âge, c'est souvent à leut mauvais procédés 
envers leurs parons que nous devons attribuer 
\ leur infôrjbune onlenr mort prématurée. 

- HosTBMSX. — ffoéet ses enâins devaient "bien 
s'ennuyer , puisqu'il n'y avait qu'eux dans le 
mo.ide. Si moo papa , maman , mes deux sœurs 
lunées, mes deux beaux-fréres et moi', nous 



4.0 ENCrCLOHÉDIE , 

édons seub lor la terpe:, nonç moucriovs de tris- 

tMw dras edtte vasf* solitude. 

ELtsA.^Oaî, flans -doute', Noé etsa&Qaîlle 
se seraient beaucoup, tfti&uyàs y s'ils avaient tou- 
jours été seuls i mais hJeuiwusfflnebt sa fpmîlle se 
lAol^plia , et en moios' de deux siècks devint 
très-nombrense. Cosime la mâBoire du déluge 
était encorp toute. &stche pami les dascendans 
de Noë, ils résolitreitl' de oonatnure une tour 
d'une si grande hauteur, qu'ils pnssent^j'y retirer 
dans le cas d'un nouveau déluge. MaisteSeigneur 
nelfiur petmil.pas d'iuiberer leo^ entreprise; il 
contb'ndit leur langage , et le* obligea, de »e sé~ 
parer pour aller babitec les différentes ,parties de 
la terre. CVst à cause de. oette- conAision des 
langtiës , que oeltfe tour est appelA» la tour de 
Babet, mot qiil veut dioe confusion, 

Ybus tojez par cet ëv^nemeoL, ma chère 
HcMrtensè,. qut ,les ' lnomawa ont beau vouloir 
s'élever j ou oherckec pti abri contre la justice 
de 0ieu'^ il se moque de tous leurs' pdojets ; et 
pour confondre leur wgtteil , il n a besoin que de 
leur retirer Une partie, dé ses bi«if«ib3. Mais en 
voilà aiisez pour aujourd'hui, car je ne veux 
point fàtigner votre mémoire', afin que vous 
rebinita mieux ce que je viefis de vous ap- 
prendre. 



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1>ES JEtnnSS DEH0I8ELLES. ^i 

Vin- CONVERSATION. 

Mad. SOPHIE, EUGÉNIE, CAROLINE et 
FÉLICSE. 

Mad. SopHiB. — S»v«-Tons j Eugénie , que 
lotre maman m'a dit ce matîa , da Tooi, uD bllA 
infini? Je tous félicite de tout mon cœur du 
citangement qu'elle a cm remarquer dan» vos 
manières et dans votre langage^ 

EuQÉNiB. — Si j'ai xai peu Asagé; madame^ 
c'est à vos bofis conseils que j'ai ai l'oUîga» 
lion. 

Mad. Sophie Dites aussi à votre bonnf 

jolonté , car c'est en vain que je veu donne- 
rais des avis , si vous s'en vouliez pas profiter; 

EseËHiE — Vous me parlâtes l'autre )Our avec 
une s! grande bonté , et mes compagnes , qui 
avaient tant k se plaindre de moi , me témoîgoé» 
reot une aatitié si touchante , que je pris aussitôt 
la ferme résolutibu de ne plus être ni mëchante , 
ni hargneuse. Le même jour, je fus bien tentée 
de &ire des mriices et de mauvais rapports; 
mais au même instant je pris mon crayon et 
mes tablettes , pour écrire ce que j'étais dena 
le dessein de faire ; et T'envie m'en passa aus- 
sitôt. 



-,Googlc 



4a Enctclopédie 

Mad. Sophie. — Persévérez , Eugénie, dans 
vos bonnes résolutions ; et quand la tentation 
TOUS viendra de mal faire, ayez à l'instant re- 
cours à votre crayon et à vos tablettes. Plût à 
Dieu que Caroline suivit votre exemple! j'aurais 
moins de reproches à lui faire , et plus d'éloges à 
lui donner. 

C^fio£itiE. —r Pourquoi , madame, me parlez 
vous ainsi deraot Félicie, qui n'est encore' qu'un 
entant^ 

Mad. SoPHiK. — Parce que je suis fort aise 
que Félicie , qui a à peu près les mêmes défauts 
que vous , profite de ce que j'ai à vous dire. Au 
reste , ïgnoreK-Voos que le ton interrogatif qne 
VOU& prenez , Caroline , n'est ni décent , ni 
poli? 

Casouhz. — C'est ainsi que vous ne me par- 
lez jamais sans me tiire des reproches. Encore, 
si vous me repreniez en secret , je n'aurais point 
l'humiliation que j'éprouve si souvent en pré- 
sence de tues compagnes. 

Mad. So?Hix Mon intention , Caroline, 

n'est point de TOUS humilier j mais, quand je voua 
vois faire si sonvcnt deâ actions , et que je vous 
entends sans cesse tenir des discours qui ont Tor- 
gueït pour prîncipe, il faut bien que je vous fasse 
les reproches que vous méritez. Croyez que c'est 
pont votre intérêt que ;e vous parle, et qne }e 
TOUS rendrais un très-mauvais service, si je vous 



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SES JEVnES DEMOISELLES. 

Uiuais parler et agir comme voui Tonlet. Ce 
l'est pas p<irce c[ue vous «vez quatorze ans , «pie 
je dots avoir pdur vous cette lâche complaisance. 
Plus vous approchez de Tâge où les demoiselles 
ratrent dans le monde, plus vous avez besoin 
d^étre avertie de vos d^faub, défauts q-ii ne man< 
^aeronl pas de vous faire haïr ou mépriser dans 
la société. 

Cakolixe. — , EU bien, madame, iàite«-moi 
loas les reprochée que vous voudrez ; je voh tâ- 
cher de TOUS écouter, comme si c'était maman 
qui me parlât , et j'espîre qu'Â l'avenir vous n'ao> 
r«z plus à m'en faire, car je m'observera) ai bien, 
qu'il n'y aura aucune de vos leçons qui reste sans 
Dlittté pouf moi. 

Mad. Sophie C'est avec cette docilité, Ma' 

chère Caroline , qu'Eugénie perd chaque jonr un 
défaut, et acquiert chaque jour une bonne qua- 
lité. En suivant son exemple, bîentât voua me 
forcerez à vouslouer toutes deux, tous «tFéli- 
cie, qui, comme )e vous l'ai dit, a pMtqde 
tous vos défauu , si elle a quelques bonnes qua-' 
lités. 

Caholi;4K. — Félicie et moi, nous sommes 
très-disposées à profiler de vos leçons, qui spna 
doute conviendront aussi A Eugéoie, qui a 
encore beaucoup & iàîre pour ^tro upe dlle par- 
laite. *■ 

Mad, SOFH». — De tous les défikuts, le ifhis 



44 ENCYCLOPÉDIE 

odieux et le pis» îosuppQrttfble :clai;â le monde , 
c'est l'orgueil , tjHÏ ett uo seotioneat par lequel 
nousiDOUs croyons plus que les ïotrbs, et qui 
Dons poite Â-nOtts ëleTCr âu-â«ssu8 d'eux. C'est 
c«dëâiut, Caroline, que je voudrais détruire ea 
TOUS. N'est-il pas rfai i^ue tous êies Ir^s-oFgueil- 
leu»e? 

Carolinb. — Il m'arrive Lien quelqu«faù dé- 
parier «recluMjtear aux domestiques > et même à 
men <!empagne8. 

. Mad'. Sortit'. — NoD -.seulement tou» leur 
pwlez avec Ilaut^lT , m»s encore vonsavez pour 
eux des maai^ed m^p^icaatesj et sbuveut kou» 
leur Élites $0tittf, d'ua tOD'Iii^miliaïij^Vftbjwtion 
de leur ét&t, et le besoin qu'ils oiit>do vog&s«r- 
v(Fk Qfi^nt k vos compagne», il ea'^stpWieora 
auxquelles vo^is ne parlez jamsâs, que m^Bie voua 
déâftigaez diï regarder. S'il en ^st avec lesqpelles 
vous vou« eqtf^t^iâz, c'est toujours de votre (a- 
mllliâj et des rïchefses de vos p^reasi, que vous 
leur pfvle^. $aQ8 oe^e au^i tous leur v,ant«z vo- 
tre figure, vOs ajutnepiens, et vous vous moquez 
de celles dont les parens ne sont point aussi 
riches que les vôtres, et dont la mise, quoique 
propre, n'est que simple et peu coAteuse. Mais, 
de tous les torts, le plus-ofSQntîçlt et celui qui 
annmce le .plusà'ofgaeil, c'^st L'aversiba que 
vous avez pour les reproches. Heureusement 
elle comm«nee k v«u« p«sser , et, me &k prévoir 



-„Googtc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 45 

qae bient^ nos entretiens dtanger ost et d'objet 
et de motif. 

Félicie. — ïlst-ce que je dois, madame, 
être polie envers les domestiques? et puisque 
TOUS les payez pour nous servir, ne puia-je pas 
les regarder comme -an- dessous de moi ? 

Mad Sophie. — Si nous devons êb^e polis en- 
vers tout le monde, pourquoi nos domestiques 
seraient-ils seuls exceptés de cette règle généiale? 
Les hommes et les femmes qui nous servent ne 
lont-ils pas, comme nous, des créatures raisonna- 
bles î II n'est aucun ëtât ds méprisable , et il y a 
tels domestiques plus respectables que bien des 
personnes quisontfort riches, et qui occupent de 
grandes places. Il est vrai que nous les payons 
pour -nous servir ; mais les gages modiques qu'ils 
reçoivent ne devraient-ils pas plutôt nous enga- 
ger i les traiter avec douceur, et k les plaindre 
d'être forcés à exercer , pour vivre, ,un état, si pé- 
nible, et qui les expose'itant de caprices et de 
mépris ? D'ailleurs, qui vous a assurées , mesde- 
moiselles- , que T03 pareus seraient toujours ri- 
ches , et que vous ne seriez jamais domestiques? 

Cakolime. — Quoi ! madame , est-ce que 
vous penseKquenpuf servirons un jour les autres? 

MBdSopkixt'-mA'Dia)}'Oeplaise,iaesderaoi. 
selles i'qtiêj'ai^u&e^ûreille idée I }e venx seule- 
nent vous^ire qa'ilt^estpomt. impossible qu'use 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



46 E>'CYCLOPÉDIE 

r^volutioD, 0.U qu'un grand revqrs de fortune vous 
r^uise un jour à exercer la professipli de domes- 
tiques. Je vais voua raconter à ce sujet , une his- 
toire, entre mille autres, laquelle est arrivée il 
n'y a pas long-temps. 

La marquise de S*** , que je nommerai ma- 
dame de Surville , avait une femme de cbamltre 
qui avait des sentimens fort au-dessus de son 
4lal , et qu'elle chagrinait continuellement par 
ses hauteurs et ses emportemens. Dans la bril- 
lante position oJicUe se trouvait, elle était loin de 
s'attendre à remplir un jour les fonctions de sa 
domestique. Une grande révolution survint en 
France , et elle fut obligée de suivre son mari en 
Allemagne. La dépense que les deux époux fu- 
rent contraints de faire dans ce pays, et la saisie 
que l'on fit en France , de leurs revenus , lés eut 
bientôt réduits k chercher les moyens de subsis- 
ter. Le marquis entra dans l'armée du prince de 
Condé, où il fut mal payé , et la marquise se crut 
trop heureuse d'être admise dans une maison al- 
lemande, sous le titre de femme de cliambre et 
de bonne d'enfant. Cependant , sa femme de 
chambre, Marthon, qui , par sa bonne conduite, 
avait mérité la main d'un riche négociant , vivait 
à Paris dans l'abondance , et avait h son tour plô- 
sieurs domestiques ^ qu'éllâtraîtiùt bien , se sou- 
venant desaprËoiiàre condrfios. Quand; madame 
de Surville fut rentrée en.Frttace , elle vîntà P«- 



DES JEUNES DEMOISELIES. 4? 

TÎi ; mais il s'en &Uait beaucoup que sa situatioa 
fût aussi heureuse que celle de Merthon. 

Celle-ci , que l'opulence n'avait pas rendue or- 
gueilleuse, ayant appris indirectement le retour 
de son ancienne maîtresse , se mît aussitôt en de- 
Toir de la chercher. Elle eut le bonheur de rtfus. 
sir daos ses p^quisUîong , et d'ofirîr à celle qui 
Tarait traitée si rudement pendant qu'elle ^tait 
domestique . tous les secours dont elle avait be- 
soin dans la E^cheuse circonstance où elle se tron- 
Tait. 

Caboline. — Voili , madame , un beau trsit 
de la part de cette femme de chambre. 

Mad. SoPQix. — Vous voyee donc que les do- 
mestiques ne sont point aussi mtfprisables que. 
TOUS l'imaginez. S'il en est qui se conduisent mal, 
c'est souvent la faute de leurs maîtres on de leurs 
maltresses. Au reste, je pourrais vous citer cent 
exemples pour un, comme celui que vous ve- 
nez d'apprendre de l'inconstance de la fortune , 
et de la grandeur d'âme de personnes attachées à 
i'élat de domesticité. Voilà tout ce que j'avais à 
TOUS dire aujourd'hui. Un autre jour je vons en- 
tretiendrai des autres torta que je vous ai repro- 
cha, Caroline; j'espère que Félicie prendra pour 
ion compte une bonne partie de mes leçons. 

Fèlicis Vous nous avez dit , cependant , 

madame , plusieurs fois, qu'il ne fallait pas se far 
mîliariser avec les domestiques. 



-, Google 



48 ENCYCLOPÉDIE 

Mad. SopHiB. -r- Nfm , sans doute , ma ctiâre , 
il ne faut pas se pArmettre des fomUiaTÏtés avec 
les domestiques, c'est-à-dire, qu^il ne faut pas 
s'eatrelemr avec «nz de choses inutiles; leur faire 
des confidences, des- questions, prendre part à 
]enrs querelles , à leurs amusftmens ; leur douner 
des conseils , ni leur en demander ; mais il n'y a 
poiut d'orgueil daus cette conduite } au contraire, 
il y a beaucoup de sagesse et de raison. Vous 
avez donc i éviter deux excès avec les personnnes 
qui TOUS servent j le premier , c'est la familiarilé 
qui ne peut que tous attirer leur mépris ; le se- 
cond , c'est l'orgueil et la hauteur , qui excîteni 
nécessairement leur dégoût et leur haine. 



IX» CONVERSATION. 

Mad^ÉXISADETH, ADÈLE, AMÉUË,ÉM1U£ 
HORTENSE. 

Adèle. — ^ Sï vous le désirez , madame » nou 
continuerons aujourd'hui les questions sur (a géo 
graphie , que nous commençâmes la semain 
dernière , Amélie et moi. 

Mad. ££iSasetb. — Je le veux bien , Adèle 
Emilie, xjiiî va beaucoup mieux , sera de la parti 
• même , elle est disposée à vous faire de teinf 



-, Google 



DES JEUNES DEMOISELLES. 49 

en tempA quel({ues questïoDS, comme à répondre 
i celles |qa'Amélie lui &m, si toutefois elles ne 
sont pi)s trop au-dessus de sa porttfe. Allons , 
Amélie , commencez, et faîtes briller Adèle. 

Amélie. — A?aat de pas«er à la descripiion des 
quatre parties de la terre, que vous avez nom- 
mées , Toudriez-vous nous dire s'il y a une divi- 
sion plus g^aérale du globe terrestre ï 

AcELs. — Oui , Amélie j la terre se divise en 
contineas et en mers. Les continens sont de vas- 
tes pays contigus les uns aux autres : il y en a 
deux; l'ancien continent, qui comprend l'Europe, 
l'Asie et l'Afrique, et le nouveau continent, qui 
comprend l'Amérique , et qui seul équivaut aux 
deux tiers de l'ancien. 

Les mers sont àta amas d'eau solëe qui envi- 
ronnent la terre , et qui prennent des noms diffé- 
rens , selon les points cardinanx auxquels elles 
correspondent. Ainsi la mer qui avoîsine le Nord 
s'appelle Océan septentrional j celle qui est au 
midi , Océan méridional^ celle qui est i l'Orient, 
Océan oriental j et celle qui est à l'Occident , 
Océan occidental. Ces quatre grandes mers for- 
ment de grands golfes , en s*enf(>nçant dans les 
terres , et qoand ces golfrs sont très-rastes, c'est- 
à-dire très-larges et très-profonds , on les appelle 
aussi mers , et ces mers prennent leur nom des 
pays dont elles baignent les rivages. Par exem- 
ple , le golfe de Venise , entre l'Italie et les côtes 
3 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



5o ENCYCLOPÉDIE 

de la DalmaUe , s'appelle aussi la mer Adriati- 
qae. Le bras d&mer qui s'enfonce entre la Tos- 
cane et la Sicile, s'ap^lle la mer de Toscane. 
Ètes-vous satisfaite de ma réponse , Amélie ? 

Amélie. — AssurAnent j si vous aviez «tudi^ 
votre ge'ograpliie pendant une année entière, roaa 
ne pourriez pas mieux répondre. 

Adehe. — Voulez-vous me permettre de vous 
faire à mon tour une question? La mer a deux 
mouvemens qui se font remarquer utus les jours 
sur les côtes de France, c'est un flux et un reflux. 
Parle Hux, elle grossit, s'élève et s'avance ^ven- 
dant six heures , vers les rivages qu'elle inonde, et 
pendant six heures elle diminue, s'abaisse et se ra- 
lire.Bespersonnesqui neconnaltraientpascephé- 
nomène courraient risque d'être submergées, si 
elles tardaient à se retii^r du rivage , quand elles 
voient la mer s'en èpprocher. C'est ce mouve- 
ment des eaux de lamer que l'on appelle la marée. 
Mad. Elisabeth. — Savez-vous, Adèle, qu'il 
y a fan peu de malice de votre part , à faire à 
Amélie une semblable question î Vous n'ignorez 
pas, sans doute , qu'elle ne saurait y répondre , 
parce que si elle sait assez bien les élémens de la 
géographie , elle ne connaît point les principes de 
l'astronomie physique , dont la con^iaissance est 
nécessaire pour rendre raison du phénomène 
iounialier du fluxet du reflux de la mer. 

AoEiE. — Mamao me disait pouilant qu'il 



-, Google 



DES JEUNES DEMOISELLES. 5i 

était nécessaire à une demoûclle d'expliquer les 
causes du Quz et du reûux de la mer , des éclip- 
ses de soleil et de lune , des trembleniens de terre 
et des volcans j J'origine des vents , des fleuves et 
des rivières , les piiucipes de la v^dtation dans 
les plautes , et de la circulation du sang dons les 
animaux. 

Mad. Elisabith. — Votre manuin avait rBi> 
sou : maïs je ne pense pas qu'elle ait csig^ de vous 
que vousapprissieztout cela pendant les vacancesj 
car une telle étude est trop ao^dcssus de vos for- 
ce;, et (iemande beaucoup plus de temps quo vous 
o'en aves eu. 

Aosti. — Aussi maman me disait ello que je 
devais savoir la géograjdiie e>ant d'apprendre 
toutes ces choses. 

Mad. EusABSTH. —Noos on parlerons dans 
quelque temps. Emilie , iailes à voire tow-qucl' . 
qties demandes ^à Adèle , sur ce que vous-savez. 
ËKiLis. — Puisque Amélie devait parler des 
qoatEe parties du moaio , c'est par où je fom- 
meucerai ; et je demancleod d'abord à, Adèle , 
comment on nammola carte lurlaquelle eUessont 
tontes quatre ^epnfsentées ; ensuite quelle est leur 
situation sur le globe, rdativcnwnt aux quatre 
points cardinaux ? . 

Adelz.-.*— La carte 9Ù sont représentées les' 
quatre parties du monde s'appelle une Mappe-m 
monde. Cette carte nous met;«ous les yeni les 



52 ENCYCLOPÉDIE 

deux lif^mispUères du globe terrestre, de manière 
que d'un coup d'œil nous pouvons voir toutes los 
incrs et tous les pays de la terre. Savez-Tous , 
Emilie , vous qui êtes si fièi'e de m'ioterroger , 
savez'vous ce que c'est qu'un hémisphère , et sa- 
vez-vons le nom du cercle qui sert à le former ? 

Ehilib. — Un hémisphère du globe est sa juste 
moitié. Ses deux hémisphères sont donc les deux 
moitiés qui sont formées par un grand cercle , 
qu'on' nomme Yhorizon rationel , pour le distin- 
guer de l'horizon sensible , qui est ce cercle aiu 
delà duquel notre vue ne saurait s'étendre , à 
quelque élévation que nous nous trouvions. No- 
tre hémisphère est cette moitié de la terre que 
nous habitons. Il est éclairé par le soleil , quand 
il fait nuit dans celui qai nous. est opposé , qm 
est rhémisphère inférieur, par rapport à nous. 

Adelb. — Il ^ a donc des hommes au-dessous 
de nous î 

ÂuÉLix. — Oui , sans doute , puisque la terre 
est ronde | on appelle ces hommes antipodes , 
parce que leurs pieds, sont opposés aux nôtres , 
comme les nôtres le sont anx leurs. 

Mad. Elisabe:TH. — Venes que je vous eia> 
brasse, ma chère E^nilie j vous avez surpassé mon 
attente , et vous vous êtes montrée digne d'inter- 
roger Adèle , qui ne doit plut rou^ de vous ré- 
pondre. 

flmiLiE. — Puisqu' Adèle connaît sa mappe- 

u,:,-,fc--„GoOglc 



DES JEDKES DEMOISELLES. 55 

monde , elle peut dir« à quel point cardinal ré- 
pond chaque partie du monde. 

Adèle. — On peut dire que l'Europe eat au 
Nord , l'Afrique au Midi , l'Asie à l'Orient , et 
rAinérique à l'Occident. Cette situation de cha- 
que pavtie de la terre n'empêche pas que ces par- 
ties ne correspondent stiparétnent à chaque point 
cardinal j autrement , il ferait toujours froid dans 
toute l'Euiope, toujours chaud dans toute l'Afri- 
que , ni chaud ni froid en Asie et en Amérique. 
Chaque partie du monde a plusieurs climats , et 
selon que les contrées qu'elle renferme approchent 
de l'Equateur , il y tait plus ou moins froid , plus 
ou moins chaud. 

EMILIE. — J'ai bien entendu parler de l'équa- 
teur , mais je ne me souviens plus de ce que 
c'est. 

Mad. Elisasetb. — Je rous l'ai pourtant mon- 
tré, en vous expliquant la sphère, et je vous ai 
dit que c'était un des grands cercles qui la psrta- 
geni en deux hémisphères égaux , et qu'il com- 
mence en Orient, ei passe par l'Occident , à une 
égale dislance des deux pôles. Il fait extrême- 
ment chaud dans lespajs qui avoisinent l'équa- 
teur , parce que le soleil ne s'en éloigne jamais 
qu'un peu à droite et à gauche, et qu'il y darde 
perpendiculairement ses rayons. Ainsi, plus un 
pays en est proche, plus la chaleur y e.it grande; 
et plus il en est éloigné, plus il y fait froid. Ainsi 

u,:,-,zf--„GoOglc 



54 Es(nrctop]lDtE 

daDs plusieurs contres de l'Afrique, et dans les 
i\ei qui sont situéeK sous la ligne, qui e«t le nom 
que tes marins donnent à IVqusteur, les hommes 
et les femmes vont tout nus , à cause de l'exces- 
sive cliflleurj dans ki Laponie , et dans le Groen- 
land , qui sont les pays de l'Europe les plus voi- 
sins du pôle, les habifans se yétissent de peaux 
de bêles , et se couvrent toute la figure , pour se 
garantii' du froid rigoureux qu'il y fait toute Van- 

HoBTBKSE. — Ces pauvres gens sont bien à 
plaindre , ainsi que ceux qui sont obligiJs d'aller 
tout nus. Pour tout au monde , je ne voudrais pas 
être nëe sous des climats si tristes ou si brûlans , 
moi , qui crains également le froid du mois de 
janvier et les chaleurs du mois d'août. 

Mad. Elisabeth. — C'est pourquoi, ma chère, 
nous devons bénir la Providence qui nous a si 
bien traïtéci , en nous faisant naître sous la zone 
tempérée, où il ne fait jamais excessivement ni 
froid ni chand. 

HoRTESSE. —Nous sommes donc, madame , 
sous la zone tempérée ? Je ne comprends pas ce 
que signifie cette expression. 

Mad. Elisabeth. — C'est fort bien fait, Hor- 
lense , de ne laisser jamais passer aucune expres- 
sion, sans en demander l'explication au même ins- 
tant. Une zôoe est comme une ceinture qui en- 
lourele globe de la terre. Uyacînqdeces ceintures 



DES JEtnïES DEHOtSELlES. 55 

ob EÔnes : la zôiietarri<le <(ai eit vers l'ûquateur, 
où la chaleur est très-forte; deux xdnes lemp<?- 
r^es qui sont presque à vme ^gale distance de 
rûquateur et des p6\es , oh les hÏTera et les étis 
ne sont n! tropfi-DMlBoi trop chauds, et lesdcui 
zÔDcs glaciales qni sont près des pôles , et où le 
frord «st très-cuisant pendant la plus grande par- 
tie de rasnëe. C'est soas la zone tempérée , qui 
est entre l'Equateur et le pâle arctique , que la 
France est situfe. Que de peuples qui n'ont pas 
été , et ne sont pas anssï heureox que nous ! 

Emilie. — Puisque vous ayez loué Hortense 
de ce qu'elle ne laisse pascer aucun inot sans en 
demander l'explication , je vous demanderai . 
madame , oe que signifie ce mot peq>endiculaire- 
men , dont vous votis êtes servie , en parlant 
de la manière dont le soleil darde ses rayons à 
l'équatcur. 

Mad. Elisabeth. — Les rayons du soleil tom- 
bent sur la terre de deux manières , ou de côté , 
011 en ligne droite j ils tombent en ligne droite 
sur les pays qui sont immédiatement placés nu- 
dessous de lut , et de côtii ou en ligne oblique sur 
ceux qui n'ont pas cette situati on. Ainsi les pavs 
situés sous Téquateur où se trouve le soleil , re- 
çoivent ses rayons en ligne droite ou perpendicu- 
laire; et ceux qui s'cloignrnt de ce cercle, no U-s 
reçoivent qu'en ligne oblique ou de côté. N'esl-il 
pas vrai que, si vous placez votre main au-dessus 

u,:,-,zf--„GoOglc 



56 ENCTCLOPÉDIE 

de la lumière d'une bougie , vous vous brfllerez , 
ei que si vous la placez ie côté , vous n^auraz 
presque aucun sentiment de chaleur ? Pourquoi 
cette différence ? si ce n'est que, dans le premier 
cas, vous recevez la clialeur en ligne droite , et 
que dans le second cas , vous ne ta recevriez 
qu'en.Iigne oblique. Me comprenez-vous Emilie^ 

Emilie. — Oui , madame , ce que vous venez 
de dire montre la raison pour laquelle le soleil est 
plus ardent & midi , que le matin et le soir. 

Mad. Elisabeth. — C'est prdcisément cel^j 
mais je pense , mesdemoiselles , que cette con- 
versation est déjà assez longue , et que votre at- 
tention doit commencer i se fatiguer. Un autre 
jour, nous reprendrons notre géograpbie, et nous 
entrerons dans la description de l'Europe , qui 
est la partie du monde qu'il nous iinporte le plus 
de connaître. 

X' CONVERSATION. 

Mad. SOPHIE, AGLAÉ, FtLICIE, PAULINE. 

Mad. SoFHiF. '— Savez -vous, Agké , que vous 
êtes une avare ? 

Aglaé> ■ — Comment donc , madame ? je ue sa- 
vais pas que j'avais un aussi vilain défaut que ce- 
lui de l'avarice, et je ne croyais pas qu'une jeune 
fille en pût jamais être coupable. 



DES JEUKES DEMOISELLES. S7 

Mad. Sophie. — Je m'en rapporte à Pauline , 
(]ui vous vit dernièrement refuser l'amuône à un 
panvre , quoique vous eussiez de l'argent dans 
TOire bourse. Fi , ma clière , que cela est laid ! 
refuser de secourir un malheureux , quand ou en 
a les moyens ? En vérité, je vous croyais un cteur 
plus sensible et plus compatissant. 

Aglaé. — Jen'ayais, madame, dans ma bourse 
qa'un ëcu de six livres , et point de petite mon- 
naie. 

Mad. Sophie Kb ! quand tous auriez donné 

k ce pauvre votre ëcu , penses-vous qne vous lui 
ai]riezfaitunrichepré$ent?car, au fond, qu'elle 
est la matière d'un ëcu T c'est l'aident. Qa'est- 
ce que l'argent? si ce n'est une boue plus dure et 
pins luisante , qui se tire du sein àe la terre , 
ainsi que l'or et tous les autres métaux. Or , je 
vous le demande , la boue quelle qu'elle soii , 
ett^e une chose Ken précieuse ^ et qui vaille la 
peine qu'on s'y attache ? 

Pauline. — Il y a donc , madame , de bien 
belles choses dans le sein de la terre , puisqu'on 
y trouve de l'or et de l'argent 7 

Mad. Sophie. — Sans doute, ma chère , on y 
trouve tous les métaux, Ym, l'argent, le cuivre , 
le fer, le plomb , et même les diamang; mais 
toutes ces choses n'y sont point dans l'état bril- 
lant où nous lus voyou»} elles y sont rayées avec 
de la boue, à de grandes profondeurs; et poQr 
3* 

u,:,-,zf--„GoOglc 



58 ËNCTCLOPFÎDIÊ 

les st-'parer de cette boue, il en coûte beaucoup 
de peines et de dépeuses , et souvent la vie à un 
grand nombre de malheureux. 

Félicie. — Ces beaux diamaus que les dames 
ont à leur coifTiire sortent donc aussi de la boue? 
Mad. Sophie. — Oui , ma chère , c'est aussi 
dans la terre qu'on les trouve , comme de petits 
cailloux tout enveloppas d'une croûte épaisse et 
dure. Quand on a eu le bonheur d'en rencontrer 
quelques-uns , on leur ôte cette croûte , on les 
polit, et on les taille dé dîfliërentes manières, 
pour leur donner cet éclat que vous leur con- 
naissez. 

Félicie Je voudrais bien en trouver quel- 
ques-uns , quand nous allons k la promenade. 

Mad.SopHiE. -^ Les diauians et les autres pier- 
res précieuses ne se trouvent point dans tous les 

. pays. 

Il y a, dans les Indes, un royaume qu'on ap- 
pelle Goîconde, où l'on en trouve plus que dans 
tons les autres pays dn monde \ comme le Pérou 
et le Potoso , en Amérique , sont les pay^ où îl y 
a le plus de mines d'or et d'argent. 

A.GLk.t'. — J'ai entendu quelquefois mon papa 
parler de ces mines; mais il ne m'a pas dit com- 
ment dles sont faites ; c'est ce qne j'aurais bien 
voulu savoir. 

Mad. iSopHiE. -^ Votre curiosité , Aglaé , est 
très^ouable , puisque votre papa ne vous a pas 

. „ Google 



DES JEUKES DEMOISELLES. 5g 

explique ce qa'on entend par les mines , je vous 
le dirai moi-mémp, aGn que lorsqu'il vous en 
parlera , vous soyez tout de suite eu état de le 
comprendre. Les mines sont de vastes et profond^ 
souterrains , dont l'ouverture ressemble à celle 
d'an puits. On y descend par le moyen d'une 
machine ronde qu'on appctie une poulie. Quand 
on est descendu, on est tout étonne de trouver 
des chamlires , des appartetnens soutenus pardes 
colonnes de pierre, de marbre, ou par de gros 
nrars de terre ; des labipcs , des iostrumens de 
tonte espèce , et un grand nombre d'hommes oc- 
cupas les uns à fouiller la terre , les autres à rem- 
plir de grands paniers de la boue où se troilvent 
l'or «l'argent. Ces hommes (juî, la plupart , 
sont des malEâîteurs condamnés à ces pénibles 
traranx , ne sortent jamais de ces souterrains , 
ne Toient jamais le jour, et sont sujets à un grand 
nombre de maladies causées par les vapeurs qui 
s'exhalent de ces souterrains^ y vivent peu d'an- 
nées , et meurent presque tous à la fleur de leur 
âge. n arrive quelquefois qu'eu creusant la teri'e, 
iU en font ébouler sur eux de grosses masses j 
alors, ils périssent en grand nombre, sans qu'on 
puisse leur porter aucun secours. Peut-être , 
Aglaé, totrft écu de aïs livres a-t-îl coûté la vie 
& plusieurs de ces mallieureiix. 

AoL/it. — Si je le savais, madame, je ne vou- 
drais plus toucher d'argent. Di^S à prés::nt, je 
. Coodc 



fio ENCYCLOPÉDIE 

vous remets mon ^cu , et je vous prie d'en dispo- 
seren faveur des pauvres, comme vous le juge- 
rez à propos. 

Mad. Sophie. — Card<?z votre écu , Âglaé ; 
je veux que vous ayez le mdrite d'en faire un bon 
usage. Ce n'est point un crime d'avoir de l'argentj 
mais c'en est un de ne pas s'en servir pour se- 
courir ceux qui n'en ont pas, et qui , faute de ce 
m^tal , sont exposés, à mourir de besoin. 

Félicie. ' — Je croyais , madame , que tout le 
monde avait de l'argent, et que personne ne 
mourait de &îro. 

Mad. Sophie. — J'admire voire simplicité , 
ma chère Félicie; parce que rien ne vous man- 
que , TOUS croyez qne rien ne manque aux au- 
tres , et qu'il n'y a point de malfaenrenx , cepen- 
dant vous voyez, toutes les fois que nous allons 
à la promenade , des vieillards , de pauvres fem- 
m,es, et de pauvres petits enfâns qui nous con- 
jurent de leur faTrc l'aumône. De bonne foi , pen- 
sez-vous qu'ils sliumilieraient ainsi , tous ces 
mallieureuï,, qu'ils nous feraient de si vives sup- 
plications pour nous engager à leur donnée , s'ils 
n'étaient pas dans le besoin' Hélas ! ils manquent 
de tout; et c'est parce qu'ils savent que vous ne 
manquez de rien , qu'ils s'adressent à vous , et 
vous demandent un peu de votre superflu; c'est- 
à-dire , de ce que votre maman vous donne pour 
vos menus plaisirs, 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES J£t'>ES DEMOISELLES. Ci 

Paduhb Il me vient dans ce momeat one 

pclite curiosité j je Toudrait bien savoir d'où 
viennent ces perles dont mademoiseUe Elîsa en- 
trelace ses cbeveux, et les grains ronges qai for- 
ment son collier; est-ce qn^OD trouve ces choses 
dans les mines de Golcoode , on du Pérou ? 

Mad. SoFBis. — Non, ma chère \ ces choses 
ne sont point ce qu'on appelle des métaux , et ce 
n'est point en creusant la terre que l'on se les 
procure. Ce sont des productions delà mer, mais 
d'une espèce différente. Vxs perles sont comme 
des petits pois qui sont reoEêrmés dans les écail- 
les d'nne huître j dans les endroits de la mer où 
se trouve cette sorte d'huître , d'habiles plongeurs 
descendent dans l'eau, y^ prennent toutes celles 
qu'ils rencontrent , et c'est dans ces huîtres 
qu'ils trouvent ces belles perles dont les dames se' 
servent pour se parer. Plus ces perles sont gros- 
ses et transparentes , plus elles sont précieuses et 
chères. 

Quant à ces grains rouges dont Elisa porte un 
collier , ce sont des grains de corail. Le corail 
croît comme un arbrisseau , contre et sur les ro- 
cliers qui sont dans la mer. C'est une substance 
tant à la fois végétale et pierreuse , c'est-à-dire 
qui participe de la plante par sa forme , et de la 
pierre par sa dureté'. Ainsi , vous voyez , mesde- 
moiselles, que la providence de Dieu a semé par- 
tout d'innombrable; richesses. Sur lii terre , ce 



63 ENCYCLOPÉDIE 

sont des plantés de toutes espèces ^ dans le seia 
de la tetre, desmétaui eldes miadrauxqui nous 
sont ou nécessaires ou utiles ^ et dans la mer , 
des objets qui flattent notre goût, et nous servent 
d'otnement. Mais oii nous ont conduites Vor et 
l'argent? il me semble que ce n'est point de ces 
métaux que j'aurais dû vous entretenir si long- 
temps. Il en est un autre qui n'a pas le même 
éclat , mais qui est d'une utilité plus générale et 
plus réelle. 

Pauline. — Comment, madame, il 7 a un 
métal plus précieux que l'or et l'argent ? 

Mad. Sophie. — Oui , ma cLére, et ce métal, 
c'est le fer, avec lequel on fabrique toutes sortes 
dHnstrumens. Aussi , les peuples lointains, qui 
n'en ont point , mais qui ont beaucoup d'or et 
d'argent, l'acbètent-ils bien cber, et donneraient 
tous leurs trésors pour se procurer ce fer , sans 
lequel on ne peut avoir de bons outils. 

FÉLiciE. — Il me semble que le fer est un 
métal bien dangereux, car si l'on en fait des 
instrumeus utiles , on fuit aussi des sabres , des 
épées, de» fusils, des baïonnettes , avec Icsqu^ 
les soldats se tuent ou se blessent à la guerre. 
Je vous assure , madame , que mon onde le ca- 
pitaine ne l'aime guère, car c'est un coup de 
sabre qui lui a coupé le bras. 

Mad. Sophie — Votre réflexion, ma cbére, 
•^sttrès-raisonnablR, et mérite d'être examinée, 

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DES JEUISES DEMOISEIXES. 63 

n est vrai que le fisr est le métal dont les homiaes 
se servent pour se détruire dans les cooibaUj 
mais de quoi n'abusent ib point T et quel est le 
bienfait de Dieu qu'ils ne font point tourner à 
leur pecte ? Sans doute , c'est avec le fer que les 
soldais combattent j mais avec quels métaux les 
princes les paient-ils, si ce n'est avec l'or et 
l'argent qui font tout le mal} car , s'il n'y en 
avait pas jlesarméec ne pourraient paa subsister; 
et c'est dans ce sens que l'on a dit que Var^nt 
est le nerf de la guerre. 

P^DLiNE. — Est-ce qu'un couteau d'argent 
ne vaudrait pas mieux qu'un couteau de fer , et 
des sabres d'or ne couperaient -ils pas mieux que 
des sabres de Ter ? 

Mad. Sophie. — Non, assurément, parce que 
l'or et l'argent ne sont pas susceptibles de rece- 
voir le même tranchant que le fer , auquel on 
donne le fîl avec beaucoup de faciliié. D'ailleurs, 
quelle immense quantité d'or et d'argent ne &u- 
draii-il pas pour (aire des sabres à toute une ar- 
mée , et où pourrait-on se la procurer ? Arrêtons- 
nous ici , mesdemoiselles , et souvenez-vous que 
l'or et l'argent ne sont des métaux vraiment pré- 
cieux , qu'autant qu'ils nous servent à secourir 
lesiodigens. 



64- EKCTCLOPliDIE 

XP CONVERSATION. 

JOSÉPHINE , EMILIE, HORTENSE, PAULIKE, 
ALEXANDRINE. 

Alexakssine. — J'aurais bien désiré, made- 
moi.selle Josépliine, assister à la leçon d'Histoire 
qae TOUS dounàtes, il y a quelques jours, k ces 
demoiselles. Ce qu'Emilie m'a dit des sept mer- 
veilles du monde, qui forent le sujet de voire 
conversatioD , m'a donné un vif regret de ne 
vous avoir pas entendue. J'espère que vous vou' 
drcz bien , aujourd'hui , m'accorder la faveur 
d'écouter vos instructions sur l'Histoire. 

JosÉFHiKE. — Connaissant, ma chère, voire 
ardeur pour apprendre, l'idée m'éuit venue de 
vous faire avertir ; mais ajant su que vous étiez 
au dessin , pour lequel vous avez un got'it si dé- 
cidé, je ne voulus pas vous distraire, je me pro- 
mis bien de vous prévenir la première fois que 
j'entretiendrais ces demoiselles sur l'Histoire. 

Comme ce futà propos des embellisscmens que 
Sémiramis avait faits dans ya ville de Babylone , 
que je parlai des sept merveilles du monde , je 
vais continuer à parler de son empire , que l'on 
appellerempiredesBabylonïens ou des Assyriens, 
ce qui est la même chose. Après Sémiramis , cet 
empire eut une longue suite de souverains qui 

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DES JEUNES DEMOfSEUfS. 65 

régnèrent avec beaucoup de tranquillité , et dool 
plusieurs inspirèrent à leurs sujets le goût des 
sciences , et surtout de l'astronoDiie , qui fut 
cultiva par les Babyloniens, long-temps avant 
qoc les autres penples en eussent quelque con« 
naissance; caries plus aociennes observations 
que l'on ait £iites sur le cours des astres sont 
celles des Chaldéens ou Babyloniens. Mais tous 
les rois de Babjlone ne se ressemblèrent pas , 
et il y en eut plusieurs dont le nom est passé jus- 
qu'à nous, avec la mémoire de leurs vices et de 
leurs mauvaises actions. Le premier est Sardana- 
pale, prince efféminé et Ucbe, qui passait sa vie 
dans les plaisirs et dans des occupations indignes 
d'un souveraiu j aussi éprouva-t-il que si-un em- 
pire se fonde par le courage , il se perd par la 
mollesse. Deux gouverneurs de ses provinces , 
indignés de ses vices , firent soulever ses sujets 
contre lui, et lui déclarèrent la guerre. Pour les 
mettre  la raison , il marclia contre eux'; mais 
n'ayant que des soldats efféminés cCHnme lui , il 
put à peine souteuir ie premier choc de ses en- 
nemis, et retourna dans la ville de Babylone , où 
avant fait allumer un bâcber, il se brùJa avec 
tous ses. trésors. Heureux, s'il avait montré 
peodaut sa vie le courage avec lequel il affronta 
la mort! 

Alcxakdeine. — J'avais bien entendu pro- 
noncer le nom de Sardanapale, 

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66 tsrcrcLOPÉDiE 

Joséphine. — Oa donne souvent ce nom à des 
souverains vtcienx , qui aiment mieux se livrer à. 
leors plaisirs que de bien gouverner. On dit aussi 
d'un simple particnlîer qui passe sa vîe dans les 
festins et dans les divërcissemens, que c'est un 
Sardanapale. Ce nom exprime la lâcheté' et la 
mollesse , comme celui de Néron, qui est le nom 
d'un empereur romain , exprime la cruauté. 

Emilie. — Quand Sardanapale se fut brfilé , 
son empire subsïsta-t-il toujours? 

Joséphine. — Oui, ma cbère, ftais il fut 
partagé entre les deux gouverneurs qui sViaient 
révoltés. L'un, nommé Arbace, eut la Médie ; 
et l'autre, nommé Bélochus ou Pliul, devint 
roi de Babylone et d'Assyrie , et succéda à Sar- 
danapale. Long-temps après parut Nabuchodo- 
nosor, ce roi si fameux dans THistolre-Sainte , 
qui s'empara de la ville de Jérusalem , la raina 
de fond en comble , ainsi que le temple de Sa- 
lomon , dont il pilla tous les trésors , et eirunena 
tout le peuple juif captif à Babylone. Ce fut sous 
son règne que parut le prophète Daniel , qui 
prédit la fin de cette captivité , et l'époque de la 
venue du Messie. Quelques années après la mort 
de Nabuchodonosor , un prince impie , nommé 
Balthasar , monta sur le trône de Ealiylone. 
Comme il était fort puissant, il déclara la guerre 
au roi des M4dcs, nommé Darius Ciaxare, fils 
d'Astiage , à qui Daniel doana le nom d'Assuérus. 

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DES JETWÏS DEMOISELLES. 67 

Carias avait ua nereu , £U de Camhjse , roi de 
Pnse , et de Mandane 6a sœur ; comme ce jeune 
jaince , appelé CjTus , était rempli d'excellentes 
qualités , ce fut à lui que Darim Ciaxare coo6a 
le commandement de son armée. 

Pauline. — Vous avez dit que Cyrus était 
fils de Cambyse, roi de Persej comme j'ai en- 
tendu plusieurs fois parler de ce Cambyse, et 
que je ne me rappelle plus à quel propos , rou- 
driez'vous bien me àite ce que Von en sait ï 

SostpsisB. — Cambjse,pèredeCjrus, était 
DQ prince extrêmement sévère , et ami des 
momrs et de la justice. On cite de lui un trait 
qui &it bien connaître rmdexibtlité de son ca- 
ractère. Un juge ayant été convaincu de s'être 
laissé corrompre , il le condamna i être écorcbé v 
vif, et ordonna que sa peau fût étendue sur le 
tribunal où son successeur devait s'asseoir^ pour 
^uvanter les magistrats qui seraient tentés de 
Timiter. 

Alexasdkiiii. — Je crois que ce trait a été 
représenté sur un tableau. 

Joséphine. — Vous avez raison ; on peut voir 
œ tableau dans la galerie du Musée Royal . 

Pauline. — ■ Je l'ai vu , ce tableau , inais j'en 
ai aussitôt détourné la vue, tant la cruelle si- 
tuation de ce malbeureus juge m'a fait de 
peine, 

JosÉpHiBE. — Revenons à Cyrus. Ce jeune 

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68 ENCVCLOPÉum 

priace répondit p&rËiitement k la haute idtfe qtié 
soD ODcle Darius avait de ses talens. Il conduisit 
son armée devant Babylone , et se dispesa à l'at' 
que de cette ville. Comme l'Euphrale , qui était 
un fleuve très-large et très-profond , la défen- 
dait de tous les côtés, Boltlkasar se moqua du 
projet de Cynis j et pour montrer la profonde 
sécurité où il était , il donna aux grands de son 
empire un festin magnifique , où furent apportés 
les vases sacrés du temple de Jérusalem. Mais 
Dieu ne laissa pas cette profanation impunie; 
car Cyrus ayant fait creuser, pendant la nuit, 
un nouveau lit à l'Euplirate , les eaux de ce 
fleuve s'y jetèrent avec impétuosité et permirent 
à l'armée de Cyrus d'entrer A Babylone , dans 
le temps où le roi et tout le peuple étaient endor- 
mis. C'est ainsi que finit l'empire des Babyloniens, 
et que commença l'empire des Perses. Comme 
ce grand événement avait été prédit plusieurs 
siècles auparavant , par le prophète Isaïe qui 
avait même nommé Cyrus, je crois qu'il ne vous 
sera pas inutile de savoir comment ce piînce, que 
Dieu avait choisi pour être l'instrumenL de ses 
vengeances envers Balthasar , et de sa miséricorde 
envers son peuple , avait été élevé par le roi son 
père. 

Pauline. — Un prince que Dieu avaîl choisi 
pour l'exécution de ses desseins devait assurément 
avoir reçu une bonne éducation. 



-, Google 



DES JEUNES DEMOISELLES. 69 

JosÉPBiKE. — La conduite qu'il tint enMédîc, 
pendant le s^jonr qu'il fit k la cour de son grand* 
père , prouve bien qu'il avait profité des excel- 
lons principes d'éducation qu'ilj avait reçus. 
Quand il eut douze ans , sa mère Mandane le re- 
tira des écoles publiques, où il avait été élevé 
comme les autres enfâns , et le prît avec elle pour 
lUer rendre visite à son grand père Astiage. C'é- 
tait nn voyage bien dangerenz pour Cjrus ; on 
rivait avec magnificeace en Médie, et il était à 
craindre que le luxe et la bonne chère ne dégoû- 
tassent nn enfant de douze ans delà simplicîtéet 
de l'austérité des mœurs des Perses. La bonne 
éducation de Cyros le sauva de ce danger , et lors' 
que son grand-père lui demanda ce qu'il pensait 
de ces graos festins , il lui répondit : Les Mèdes se 
fttignent et font beaucoup de cbemin pour satis- 
&ire aux besoins de la nature ; les Perses pren- 
aent un cbemin plus court et plus facile ( un peu 
d'eau et de cresson leur suffit. 

Amélie. — Si vous vous souTcnez du festin 
d'Astiage , je vous prie de nous en faire le récit. 
JostFHJNB. <— ' Astiage se mit dans l'esprit d'é- 
blouir Cyrus par la magnificence de sa cour. 
Pour cela , il invita ses principaux courtisans à 
on grand festin , et leur commanda de lui faire 
donner une robe superbe. Sur la fin du repas , 
le roi dit h son petit-fiU : Je vous donne tout ce 
qui est snr la table } vous pouvez eu faire des pré- 

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^0 EKCVCLOPEDIE 

sens k ceux que tous aimez le mieux. Cyrus 
donna un plat à un oiUcier, parce qu'il rcmar- 
quaitqu'il obéissaitâeboncœur ài>on grand-père; 
il âoniuia un autre plat à un officier qui servait 
sa mère. Celui qui lui monirait à monter à che- 
val eut aus&î un présent j enfin , il ne donna 
rien , qu'il n'eût une bonne raison k dire pour au- 
toriser chaque présent qu'il faisait. L'échanson 
du coi , nommé Sacas , avait aussi la cbarga d'eu- 
yrir la cbambre de ce prince , et il avaii empê- 
ché le jeune Cyrus d'y entrer , quand son grand- 
pèr« était occupé. Cyrusaraitcelasur le cœur; 
pour s'en venger, il ne donna rien à Saca^. 
Puisque vous récompensez le mérite, dit Âstiage, 
TOUS auriez dû £iire un présent à Sacas , qui 
verse si bien à boh'6. — II ne &ut pas être bien 
habile pour cela , dit Cyrus ; je ne suis qu'un eo- 
&iot , cependant je suis sûr de m'en acquitter 
aussi bien que lui. C'esjt ce qu'il faut voir , dit le. 
roi. Aussitôt , Cyrus prit tout ce qu'il fiiîlait pour 
cela , et versa à boire de fort bonne grâce. Com- 
me il s'aperçut qne son aïeul avait l'eîr satî:>faît , 
a s'éorîa en riant : Tu es perdu pauvre Sacas , 
j'aurai ta charge — Pas encore , dit Astiage , car 
TOUS avez oublié de goûter le vin. C'e^t tout ex- 
igés que je l'ai oublié, dit Cyrus; je n'avais 
garde de vouloir goûter du poison. — Pourquoi 
dites-vous que le vin est du poison ? demanda 
Asiiage. Cyrus répoiidit : C'est qu'il fait perdre 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JELTiES DEMOISELLES 71 

l'esprit à ceux qui en boivent. Je remarquai Vau- 
tre jour , qu'après en avoir bu , vous oubliâtes 
que V0U5 ^tiez roi , et les autres oublièrent qu'il* 
étaient vos sujets. ^V'ons parliez tous ensemble , 
vous riiez sans sujet, et quand vous vouliltes 
dausw , vous alliez tout de travers. — Mais , dit 
Âstiage , la même chose «'arrive-t-elle pas à vo- 
tre pcre Cambyse? — Pion , répondit Cjrus j 
quand mon père a bu, il n'a plus soïf : voUÂ tout 
ce qui. arrive. 

HoKTEKSE. — Il me semble , Mademoiselle , 
que C^Tus avait tort de se fîicber contre l'échan- 
tODj car enfin, cet otGcièr n'avait iait que son 
devoir, 

}osÉPHiHE. — Votc^ reÛesioD , Hortense , est 
très-juste. Le ressentiment de Cjrus était blâ- 
mable, et la vengeance qu'il en tira n'était qu'une 
petitesse. Une personne qui a de la générosité ce 
«e venge pas d'mte autre qui ne peut se défen- 
dre contre elle. Au reste , c'était peut-être plus 
U &ute de Cyros que de l'éducation qu'il avait 
reçue. IITaveE'TOus jamais manqué, Horteuse , 
'■ k observer les choses que madame Sophie vous a 
recommandées ! Continuons l'histoire de Cyros. 
I Maodaue quitta bientôt la cour d'Astiage , 
pour revenir en Perse j mais Cycus lui demanda 
la permission de rester en Média. Ce n'était pas 
assurément pour se divertir et faire bonne chère} 
il ne se souciait guère de tout cela : voici quelle 



-,Googl>.- 



EKCTCIOPÉDIE 7 2 

^taitsa raison. La Perse est un pays rempli de 
montagnes ; or , dans les montngnes , une cava- 
lerie ne peut pas combattre aisément j ainsi , les 
Perses n'avaient que de riufanterie dans leurs 
armées, et comptaient pour peu de choses 
de savoir combattre à cheval. Ce fut pour 
apprendre cette science, que Cyrus demanda la 
permission de rester en Médie. Ce fut U qu'il fît 
la guerre pour la premiiïre fois ; mais cette guerre 
ne fut pas longue, car le roi d'Ai'ménie , qui était 
l'ennemi d'Astiage , ayant élé battu , il promît 
de payer im tribut , et obtint la paix k cette con- 
dition. 

Cyrus ayant appris k combattre à cheval , re- 
vint en Perse , et entra & l'école des jeunes gens 
de son âge. Ceux-ci pensaient qu'il aurait bien 
' de la peine h vivre avec eux, dans l'obéissauue 
et la pauvreté ; mais ils se trompèrent j il fut le 
premier àkur donner l'exemple de toutes sortes 
de vertus. 

Alexandsike.— Je vous avoue, mademoiselle, 
qu'ancune histoire ne me pLalt autant que celle 
de Cyrus ; rien n'élève l'âme comme de voir nu 
jeune prince, fils et petit'fîls de rois , empressé 
h s'instruire , et mener une vie pénible et austère 
à un Sge où l'on ne pense ordinairement qu'à s'a* 1 
mnser et à perdre son temps. . f 

JostPBiNS. — Comme Dieu en voulait &îre 
Viustfument de ses grands desseins , c'était lui 



DES JEUNES DEMOISELLES. 7? 

,^ui gnidfcit sa {eudfiiie., el iuî âaapirditi l^monr 
de foatÈs'IesTertiw. ' ' 

Cepeddant,, AstUgq mourût} «t lalisa. le 
tojaamé de 'Médiê à aon fil) Dcrîus Ciaxsre, qui 
éUàt &ère àa Mandane ^ mers de CytoB. Comme 
Darius ^Uit fort jeune , les rois de Babylone et 
de Lydie crurent rvcciisiç;! favorable pour lui 
fiiire la gnerre. Le jeune roi demanda du aecoars 
i Cambyiie son beau M'e , qui lui envoya une 
vmée dont il doniia le commandement à Cyrua. 
Avant de marcher contre le roi de Babylone , 
celui-ci porta4a guerre en Lydie , dont Crû^us , 
qui était un prince tcés-riche , était roi , mit eo 
^oute les Lydiens , et s'émporti de lettr- TÎlIe 
capitale, qu'il livra an pillage'. Il arriva, dans 
cette circonstance , UU' ^t^nementhieD «ïtràor- 
dinaù'é, et qui prouva coQ^ien les alfeetfons du 
cœur ont de t'influence sur le corps, jih soldat 
piHiraaivatt Crésus, dans l'intention de le tuer ; 
le £is de ce nalheureux roi , vt^ant son péro 
dans un dsuger si évident , éprouva une û forte 
«ematnn A'eStoi que-, q-iotqu'il eût 'Hé làuet 
jusqu'alors, il s'écriac Soldat / no'tue ftaj Cré- 
tus / 

Après éette expédition, Cynie r«f mt poor At- 
taquer le roi de^Babyloae) dcoft^je votis ai ra- 
conté la tristè'destÎDé , ainsi que Celle de soa 
empire ^ qui ii^trénni iàlbtlm des'petses * dans 
la personne da:£iaxar« ^ «t ensuite dé Cyrbs , 
4 

u,:,-,zf--„GoOgk 



74 ENCrClOPÉDIE 

^i déVilit aussi 'nialtite de la Lydïe, âë Ifa Mëdie, 
de l'Assyrie et de la Perse. Cfe tJM j'si à V61K 
'dit» dexe de^ïième empira^ 4"'-t '^n^l^tieft iiè- 
'ckeiafTèa,(atnxiyersépar Alexandre- te^Grand', 
fera le sujet d'îinb mitre convemitloil. 



Mad. soChie, Emilie,' hortense, éli^. 

M«d.SoPBiiE,— Oùen, éui-Tolis , Htateitw, 
de votre Histolre^iote 1 . 

HoRTE>JE' -f JNoQseB étions âfcniéremeDt & 
rhistorie de laito^r de ïU^el; tans je d'û rie* 
appris depuis, . ' 

Madi SopHiB. -^EhbtéD, Emîlfe, continues 
de .raconter ce, ijtii se passa après la totà de 
■BaW,, -■:,: ,.'■ 

Ehuisj — iCVit l'histoire â'AbràliiiR que je 
.Ta1« coi^menoer. Palrmi les dttbeddans de Sem , 
fib de Noé, il y eut , long-temps après le dëli^e , 
i^n homme' qtt'<m appielait Al>rabara '; il Tint de la 
ISM^potamie , :où il dfUBéui^ , dans le pays de 
jCtaDftan, avec Sataft» feïnme (.etLoth son no- 
:Teu. Dieu qui l'aïiAMt beatfcoiip, lui avait or- 
donna ' i«, T«iir dans ce pay^ , tm lui {noBiettadt 



DES JELNES DEMOISELLES. 'jS 

it le rendre père d'un grand peuple. Qiioiqu'A>- 
iKabam £ù.t ués-vif ux , ainsi que sa femme, il 
nliérita point de croire à la proooe^e de Dieu. 
Quelque temps apr^ , ses valets et ceux de son 
neveu ayant pris querelle ensemble , au sujet de 
leurs troupeaux , il proposa à Loth de se séparer 
de lui , parce qu'il voulait vivre en paix. Lotti , 
au lieu de se rt^concilier avec son oiicle , accepta 
ce parti et se retira à Sodome , qui était une ville 
ipie Dieu voulait détruire , à cause des grands 
crimes qui s'y comoiettaient. Comme il était un 
jour sur sa porte, il vit venir deux jeunes étran- 
gers qui lui demandèrent , et auxquels il donna 
L'hospitalité. C'étaient deux anges qui venaient 
l'avertir de sortir de la ville , parce qu'elle allait 
Ace détruite. Loth suivit le conseU des deux an- 
ges, et prit la fiiite avec sa femme et ses deux 
0es. À peine était-il hors de la ville , qu'une 
pluie de &u et de soufre tomba sur elle , et la 
consuma entièrement , ainsi que quatre autres 
villes dont les habitans n'étaient pas moins cri" 
minels que ceux de Sodome. 

Ho&TBNSS. — Â^ ! madame , qnel châtiment 
épouvantable , d'ctre ainsi brûlé tout vif 1 

Mad. SoraiEt — Cela est vrai', ma chère, el 
^alaoous apprend que Dieu ne lusse aucun crime 
impuni. Voyez aussi combien il faut pcetulre 
garde & vivre avec d'honnéles gens! Si Loth n'et^t 
pu ^itté Ahratum, ilnVûtpas pocdu sd.&Vine 



76 ENCYCLOPÉDIE 

<|iii fut changée en une statue de sel. Il fut sanvé 
pai'Ce qu'il avait appris, en demeurant avec 
Abraham , à être cliorttable , et à exercer l'hos- 
pitalité. Allons, Emilie, continuez l'histoire 
d' Abraham. 

KftjiLiE — Un jour qu'Abraham ëtait, devant 
sa tente , il vit venir trois voyageurs, qu'il pria 
dé manger un morceau en passent. Les voya- 
geurs, qui étaient des angeii, acceptèrent cette of- 
fre Hospitalière. Aussitôt Abraham dit à sa fem* 
me de préparer des gâteaux pour ces étrangers , 
e( ilcommandà à ses valets de leur laver les pîeds. 
Après qu'ils eurent dtnë , ils demandèreut à AJ>ra> 
ham où était sa femme, et lui dirent qu'elle aurait 
bientôt un Gis. Quand Sara, qui éuit dans la 
tente , entendit ces paroles , elle se mit à rire , 
parce qu'elle était vieille. Après lui avoir reprocha 
d'avoir ri , les anges s'en allèreni , et quelque 
temps après, Sara eut un 61s qu'elle nomma Isaac. 

Mad. Sophie. -^ Fort bien, Ei>>tb'el Made- 
moiselle Elîsa Toudrait-etle bien nous faire quelt 
ques réflexions sur cette histoire 7 

Eliza.. — Volontiers , madame j je répéterai 
à ces demoiselles les réSexIons que )e vous ai en- 
tendu faire un jour que vous parliez de l'histoire 
d'Abraham. Abraham était un homme bien cha- 
ritable, puisqu'il ne laissait passer aucun voya- 
geur sans le prier d'entrer chez lui pour se re-> 
poser ) et ^ara était bien modeste, puisqu'efle se 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUSES DEftlOISELtES. 77 

tenait cachëe sous la tente , sans se montrer aux 
kommes , et sans être curieuse de les voir. 

BoKTxKSK.— Es t'Ce qu'Abraham n'avait point 
de maison , que Sara restait dans une tente ? 

Eliza. — Non , ma clière ; Abraham n'avait 
point de maison , quoiqu'il fCt trés-riche , et 
qu'il eût un três>grand nombre de domestiques. 
Ccmtne toute sa richesse consistait en troupeaux 
auxquels il fallait beaucoup d'herbe pourlesnour- 
rir , il fallait bien changer de demeure , quand 
s» troupeaux avaient mangé toute l'herbe d'un 
endroit ; or , comment eAt-i1 pu transporter une 
maison d'un pays dans un autre 7 li lui était donc 
nécessaire d'avoir des tentes avec lesquelles il 
pouvait changer de place aussi souvent qu'il le 
jugeait k propos. 

Ehilii. — Puisque Sara avait tant de domes- 
tiques , pourquoi son mari lui disaît-il de faire du 
pain pour les étrangers , comme si elle eût jHé 
une servai^te ï 

Mad. Sophie. — Les dames de ces temps éloî- 
gaés n'étaient point paresseuses comme celles 
d'aujourd'hui. Sara était comme une princesse , 
el pourtant elle prenait soiu du ménage de son 
mari , et £iisait elle-m^mo la cuisine ; les jeunes 
demoiselles menaient boire les moutons ; tout le . 
monde travaillait. 

HoKTEKBE. — Mais , madame , cela ne serait 
pas joli , si maïuan faisait elle-même la cuisine. - 

u,:,-,zf--„GoOglc 



^8 ENCTCLOP^DIÉ 

Mad. SoTBii. — Vous arez raison , ma chère ; 
maU si l«s dames ne doiventpasfairelacuisme, 
eQes doÏTCnt du moins atoït loin de leur m^nage^ 
veillel' sur les domestiqQfls , et penser qu^ine 
honnête femme doit éire une bonne ménagère , 
et la {^emière intendante de la maison de son 
mari. Emilie , vous en êtes à Isaac; continuez. 

EuiLiK. — Abraham aimait tendrement son 
lîls Iseac; mais il avait encore plus d'amourpour 
Dieu. Un jour , Dieu lui dit : Abraham , prenez 
TOtre &ls Isaao , et allez sur la montagne voisine, 
pour me faire un sacrifice de sa vie. Un antre 
qu'Abraham aurait dit en lui-même : Dieu m'a 
promis de me donner une nombreuse postérité 
dans la personne de mon Bis Isaac ; si je le tae , 
cela ne pourra pas arriver ; mais Abraham était 
bien pluï sage; il ne fît aucun raisonnement , 
prit du bois , et dit à Isaac de le porter. Pendant 
qu'ils étaient en chemin , Isaac dit à son père : 
Mon père, nous avons du bois et du feu pour 
l'allumer j mais où est la béte pour sacrifier? 
Dieu y pourvoira , loi répondit Abraham. Qnand 
ils furent arrivés sur la montagne , celui-ci dit 
à son lils que celait lui-même qu'il devait oSHc 
3 Dieu en sacrifice ; et ce jeune homme répondit 
qu'il était tout prêt à faire la volonté de Dieu. 
En conséquence , Abraham le lia et l'étendit sut 
un bûcher qu'il avait dressé , prit un couteau ', 
et leva le bras pour l'immoler. Mais Dieu salis* 



DES JEUNES QEWOI^^LES. fQ 

bit de $0Q c>b^^nc« , envoya vn. nngeqHi lui 
tetiot 1« l?ivas , fit lui montoa ud h&kr dpnt les 
aontet^t«ient.«inbanBS4^:piu' ua buisnoD. JLe 

péreet le fiU p^M)eqtle))^er, eUen Sr^nt ua sa- 
ccifice ab Seigneur. 

HosTSKSX. — J'avais bien peuj pour, ie pau- 
vre I«aac i je .criiyais qa'U qIUU 4tre tn^. 

Ekilib. — Mats , madame , commf^nt Dieu 
pODvail-U cpm^iaçdeir ^ -'^l^'^^ni noe aussi 
mauTaîsfi . ocUoa yve Ve^ :<^HlIe de u^er un 
hommef 

Mad- SoPBi>. -r- Q.u^ad D>eu Çpmmand^ de 
faî^ une aotion, cettp, action n'^etpluso^auTidse-. 
Comme île^tle maître .de toutes, .)ps cr^tui^, 

' i peut en di§pos^r ^elon' son bon p)p<^>r I >1 ^Fait 
le maître d'Ispac j il pouvait donc ordi^ner i 
Abraham de le lui sacci^er.Çe q,ue ttoi^ 4evOns 
«dmicer principalement dans cetfe: histoire , c'esr 
l'obiéifeaDce d'Ipaaç , .l^^iij^e.çsi pçe figure &b^ 
pante de l'ob^tsunce de Jesu^Çtirist à la volonté 
de son|>ère> en s'nBljlp1^{it,pO|9r,ppas eauyer , 
tar la montagne .dii Q^lt^-ipe.. • ■. 

HoKTEif8t.^-Je.i)e.çonipr^o.ds p^s^ madame; 
ce que c'est qu'ivia fîguçe} yi>Uidri^-vous bign- 
me l'expliquer? 

Mad- SoPBiB.— r Quand jis.dis, que J'obéi^sasce. 
d'isaac iâtait ]a âi^re. de, l'pb^^f Ai(ce da J^sus- 
Christ, je 'veux dire 'qi^fftftf en était d'avance, 
l'image oit'Urepre^eiHtftJoOoilo^^nte un pot;trait 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



8o KNCYCLOPÉDIE 

tst l'image du visage qui est représente par ce 
potlrait. ÂmesWe que nous avancerons dans 
notre Histoire-Sainte, je vous ferai remarquer 
h>us les personnages qui ont iié des figures de 
Jésus-Christ , et tou sles événemens quï ont été 
des figures de ce qui s'est passé sous le noareaa 
Teittament. Emilie , continuez à nous parler 
d'Isa ac. 

Emilie, — Abraham-, voulant niarler son fila 
ïsaac, appela sou in'tenâant, et lui dit daller 
dans le pays de son frère , qui s'appelait Nachor^ 
pour lui clicrclier une femme. Quand l'inten- 
dant fut arrivé dans le pays de Nachor, il pria 
Dieu de Ini faire connaître la jeune fille qu'î' 
destinait  être l'épouse de son jenne maître, et 
d'inspirer à celte personne de lui présenter à 
boire avec sa crucke, ainsi qu'à ses chameaux. 
Comme il faisait sa prière auprès d'un puits, les 
filles sortirent de la ville , pour venir pniser de 
l'eau, n y enavait parmi elles une qui était d'une 
rare beauté j il' lui démanda à boire ponr lui et 
ses clinméaux : Volontiers ; lui dit cette belle 
fille ; et elle lui présenta sa cruche. L'intendant, 
voyant que Dieu 1 av&it exaucé , demanda â sa 
bienfaitrice comment elle s'appelait: Je m'ap- 
pelle Sehecca , répondit-elle , et \e suis la pe- 
tite-fillé de Nachor. '■ Alors l'imendant hii fit 
quelques présens , qu'elle s'empressa 4'aller mini- 
trer à ses &ères. L'uQ' d'enx , nommé Laban , 

u,:,-,zf--„GoOglc. 



DES JEUNES DEMOISELLES. OI 

les ayant vus , courut à U fontaine et piia l'in- 
teudant de Tenir loger chez lui ; mata celui-ci 
ne voulut ni boire ni manger qu'il n'eût rem- 
pli sa commission , c'est-à-dire , obtenu Jîebecca 
pour Isaac. Les frères de Rebecca y consenti- 
' rent, et sjant demandé à leur sœur si elle vou- 
laitd'Isaac pour son époux, elle répondit: Je le 
veux bien; et elle partit avec l'intendant, qui 
loi fît de ricbes prëseos, ainsi qu'i ses frères. 
Qoand ils eurent marcb^ long-temps, Kebecca 
vit un homme qui se promenait dans les champs, 
et l'intendant lui ayant dit que c'était Isàac, elle 
mit son Toile sur «a tête ; et Isaac l'épousa 
bientôt. 

HoHTEiisx. — Voilà une bien belle histoire, 
el dont je me souviendrai toujours. 

Elisa. — Avez-vous remarqué, Hortenee, 
que. l'aimable Rebecca coort , aussitôt qu'elle a 
reçu les présens de l'intendant, les montrera 
les frères? Son exemple avertit les jeunes per- 
sonnes de prévenir leurs parent aui>fit^t qu'on 
leur a fait quelque cadeau. 

HoRT£iiSB. — ]'ai remarqué quelle mit son 
voile sur sa tête , quand elle vit Isaac qui se pro- 
menait : est-ce que les femmes portaient des 
voiles dans ce temps-là ? 

ËLiBA, — L'usage, pour les ièmmc^s, de se 
couvrir la tète d'un voile, est de la plus haute an- 
tiquité. Cet usage est eocore en vigueur daus 
4* 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



8a ÏNCtCtOPÈtlIÉ 

ttmle l'Asie. En Targuie , ea Egypte , ep Arâ-* 
bîe , en Perse , etc. , toutes les femmes sont voi- 
lëeï , et ne peuvent paraître autrement devant tes 
hommes. Mais laissons continuer Emilie « que 
nous avons interrompae dans son récita 

ÉuiLiE. -^ Isaac eut denz fils de Rebecca ; 
Ësau-tiit IVné, et }acob le cadets Un four, Esaii 
fut k là chasse , et qnand il revint, il avait une 
■faim eitréme. Il trouva son frère Jacob qui al- 
lait manger une soupe aux lentilles, et le pria de 
[a loi donner; mais Jacob lai répondit : Si vous 
voulez me céder votre droit d'aînesse , je vous 
donnerai mon plat de lentilles. Ésati , qui se mon- 
laît de besoin , n'hésita pas à faire ce marché , 
et céda son droit d'ainei9.se à son fr^re Jacob. 
Depuis ce temps-là , Esaii garda on profond res- 
sentiment contre son fr^re , qui , en achetant 
son droit d'ainesse , lui avait ravi la bénédictigii 
■de son père Isaac. Rebecca, qui connaissait cette 
haine -d^Ésau poar Jacob, dit à celui-cî d'aller 
trouver son onéle Lab«n,'et de demeurer avec 
lui jusqu'à ce que lacolère de son frère fût pas- 
sée. Laban avait deux filles ; Lia, l'etnée, était 
laide; et Rachel, sa cadette, était belle. Jacob 
deuKinda celle-ci en mariage. à Laban, qui lui 
promit de la lui donner, s'il voulait 'le servir 
pendant sept ans. Jacbb y consentit, et, les sept 
ans écoulés, Laban lui dit que Bachel était sa 
leMmef mais il fut encore trompé dans sônat- 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEHaSELLES. 8S 

tâote , çl.ç$ jTfit LU qu^e l^i»ti Ait,:» lA.^4ce 4e. 
RacUel. Quaii4ia(:ob,s^$p îù.\ fipefÇM , il tie fàfita. 
cftnJxe^puQnçle, ftui.iipOVt l'ppaisw v IwVpror 
mit encore R«çHel, t'il. voulait cogtipûe* dq le? 
servir peii^BPt Wpi ai»- Jccpb y cpusçûtït ep-i 
core , jQt les sejit «jos expUé^ , jl épousa Rachel 
qu'il avAit, ffim fàn$i.dû« , .Rcb^«te .jtaF qua- 
torze enn^s d'esclavage. Cotnvae tl^^it tichie, 
Lab^a v0uU4 l£,i^leii^ auprès de.luî; ma» il 
trompa sa vigilance, et revint dan$ spo pc/S:^ 
aï;ec f m deux fepuoes , ,ct beauconp , d'enûins 
ga'il en afftîteua. Qu^pt il fitt proche ik Ven- 
ipçf'ti oii..fleiâesrait vm pire., iLapecçttt,EMiû qui 
venAtt à .lui, 4Tec. nne, ^ra«de ttoape âtà gtta» «r-< 
m^»; iLçutpeur»TO.4(sjil se.ca^uta bifaitât,et 
&ti s0Q.£vce.flQ«apréseD$. consid^rabW, avec 
W[i»la il «cbçUj.sq^ amitié.. i 

Hdkzbh(|b. —.y a-t-it aliasi des fîguret, .ma 
damei dans l'Hiatoire. de Jacob ? 

Mad. SoPHiB. — Oui , ma chère Hortense ; il 
j ea. a entre autres ooe ^t belle ; c'est celle 
d'Esaii qui perd son droit d'aînesse , et de Jacob 
à qui ce droit est c^^. Dans la personne d'Esaii 
est représenté le peuple juif, quia perdu, par sa 
faute , toutes les prérogatives attachées au choix 
que Dieu avait fait de lui j et dans la personne 
de Jacob e$t représenté le peuple chrétien, qui a 
hérité dà tontes ces prérogatives. Les juifs 
étaient les (dnéa des chrétiens , comme Esaii 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



84 ENCYCLOPÉDIE 

était Va^né de Jaeob} mafs il est arriva, par la 
permission et la Tolontë de Dieu, que les pre- 
miers ont élé déchus , à l'arrivée du Messie , de 
toutét les §rAoes auxquelles ils devaieut prétendre 
comuifi les aînés des autres peuples , et que ceux- 
ci, au contraire, devenus chrétiens, ont seuls 
participé d tontes les béeédictions dont leurs at- 
nés se sont rendus indignes. 

HoatBH.«B. — Lia d Rachol sont^-eltes aussi 
dos figures ? 

Madb SOFHis. — Oui ma chère , Lia est la fi- 
gure de rauctenue loi qui a produit ub grand 
noiubre d'eqfan^ deDien « et qui afait-place àiIa 
nouTelle loi figurée par cetce Baohel , que }aoolb 
épousa -après -Lia, ëtdont il eut Joseph, qui lui- 
même. est une admirable %^ra de Jésus-Christ. 
Comme Emilie doit être fetifi^ée , elle Toiis réci- 
tera .on- autre jour l'histoire de ce patriarche , 
que vous trouverez fort belle et fort touchante. 



Xill' CONVERSATION; 

Mad. SOPHIE, EUGÉN.E, CAROLIME, JULIE, 
PAULINE. 

Mad. Sophie Je suis enchautée, Caroline , 

d'avoir aujourd'hui quelques élogçs à-vouq doa- 



-, Google 



DES JEUNES DEMOISELLES. 85 

Ber. au sujet de votre conduite enrcn les domea- 
ùqaes. Ceox tpii avalent le plus à te plaindre de 
vos dédains sont maintenant les premiers à se 
]oner de vos manières et de votre langage & lenr 
^ard ; mais il ne Tons suffit pas de vous être 
corrige sur ce chapitre , il &at encore changer 
v&tre façon d'agir envers pinaieun de vos com- 
pagnes , auxquelles vous ne parles jamais , «t 
que vous avez l'air de mépiiaer. 

Jniiz. — J'espÂra, madame , que vous ne me 
ierea pas le ra^me reproche , car je parle i toutes 
mes compagnes ; je suis de tontes leurs oonver- 
wtions, et je les aime bien toutes sans exception, 
quoiqu'il y en ait qui ne sont pas aussi hien ha- 
billes que moi , et que mon papa soit tr^s^ricbe, 
et maman toujours bien mise. 

Mad. SoFBix. — Non , ma chère Julie , je n'ai 
point de reproches k vous faire relativement à 
l'orgueil j maiasi vous n'aves pas ce dëJàut , vont 
en avez d'autres , dont je vous parlerai dans une 
conversation que nous aurons bientôt ensemble. 

Jolis. — Ah I vous m'obligerez beaucoup ^ 
madame , de me dire tons les torts que vons me 
connaissez. Comme je désire être une fille bien 
élevée , je vons écouterai comme si c'était ma- 
man qui me parlât , et je prendrai la ferme réso- 
lution de mettre à pro6t tons vos conseils. 

Mas. SoPHik. — Je connais bien, ma chère, 
votoe docilité } c'est pourquoi jenevousvenx rien 



86 ENCTCLOP^.DIE 

passer, et je reiix&iré en sorte que vous n'ayez 
aucun dëfàut , et que votre aine soit orn^e de tou- 
tes les bonnes qualités qui conviennent k une 
jeune personne née de parens aussi distingués 
par leurs vertus , que le sont les vôtres. 

XIasolikb. ^^ J'espènSf maidaine, que vous ap- 
plaudirez aussi il ma dodlitë , quand vQus m'au- 
rez fait le tableau de ma conduite Icto^le envers 
mes compagnes , et que vous m'aurez appris de 
quelle manière je dois agir avec.elles. 

Mad-SoPHiB Il parait, Caroline, que vous 

avec une haute idée de votre naissance, et delà 
lortupe de vos parens ; car vous ne parlez jamais 
d'autre chose que des châteaux qui leur a^jpar- 
tiennent , de leurs. hôtels et des meublas somp- 
tueux que renferment ces hôtels. .Vous ne taris- 
sez point sur les beaux obevaax de votre papa , 
ni sur les pierreries et bijoux qui servent i la pa« 
rure de votre maqian. Vous assourdissez conti* 
nuellemeot vos pionnes amies du noïn' de votre 
grand-père le président, de votre onclele §éaé- 
ral , et.de votre tante . la comtesse^ sao» cesse 
aussi vous calculez combieu votre papa retire 
d'argent de ses fermiiers , ^t combien il en dé- 
pense pour fwuienir son caag et sa maisqn. Qu^ar> 
me-:l-il de. là.?. C'est qu'à Ébcçe de parler^^r^o- 
pulence de.vos parons , vous voua persuadez que 
TOUS iétea.ujie ctéature d'une autre trempe. que 
les autres ,. et jque vos compaj^^s , qui n'ont 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 87 

^u àe parens aosai riches que les v6tres, ne nKJ- 
ritent aucune aLtentioo de votre part. Cesl^là ce 
qai TOUS reod Iiaiitame , dédaigaeuse , mo- 
queuse à lear égard , et conséquemment un objet 
de haine et d'aversion pour elles. 

Cakolinb. — C'est prëcieément , madame , 
parce qu'elles ne m'aiment point , que )e les fuis 
et ne leur parlé jamais. Siellesme montraient de 
l'amitié > je leur en montrerais aussi.... 

Mad. Sophie. — C'est bien ce qui s'appelle 
être exigeante. De bonne foi , devez-vous , Ca- 
roline , attendre que vos compagnes vous fassent 
les premières avances ? Vous voyez doue bien 
miintenant combien l'orgueil est déraisonnable. 
Quoi! c'eat à vos compagnes, dont la plupart 
sont plus instruites etplus âgées que TOUS , à vous 
£i>re leur cour comme k une grande dame , et à 
TOUS supplier de leur accorder vos bonnes grâces ! 
En vérité , tous ne pensez pas ce que vous dites, 
ou vous n'avez pas voulu dire ce que vous pensiez. 

Eooéhis. — Vous savez , madame , que mes 
compagnes ne m'aimaient poiutparce que je leur 
&isais des malices , et m^më de^ méchancetés : 
eh bien ! c'est moi qui la première ai fait les pre- 
mières démarches pour «voir leur amitié. Je ne 
-lear ai point tUt : Âimez-moi , si vous voulez que 
je vous aime ; mais je me suis abstenue de les 
mécoidenter , et de , leur donner des sujets de 
plainte. Quand elles ont vu que je voulais me 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



83 EHCTCLOP]ÉDIE 

corriger , «llea se sont rapprochées ie moî , et 
celles à qui j'avais fàil le plus de malices , ont 
été les plus empressées à me rendre leur amitié. 
Mad. Sophie. — VoilÀ , Caroline , an bon 
exemple à suivre ; cessez d'humiUer tos compa- 
gnes par vos airs de mépris ; cessez de tenir ces 
discours orgueilleux , dont tous avez contracté 
la mauvaise liabitude ; soyez, comme les autres, 
raisonnable « modeste et bonne , et vous verrez 
toutes ces prétendues ennemies que vous croyez 
avoir > s'attacher k vous , vous adcœttre à lears 
jeux , et se E^liciter de vous avoir pour amie. 

Paulidk. — Je pense , madame , que vous 
n'avez pas & me faire les reproches que vous faites 
à mademoiselle Caroline ; car je suis bien douce, 
et mes compagnes ne me haïssent pas. 

Mad. Sophie. — Il est vrai , vous ne lui res- 
semblez pas encore parfaitement , et votre grande 
jeunesse vous fait pardonner bien des airs que 
TOUS voudriez prendre, et bien des propos dé- 
daigneux que TOUS yous permettez de temps en 
.temps. Mais, prenez-y garde : la manière dont 
vous parlâtes hier à Louise , n'annonce ni une 
grande modestie , ni un bon cavactère. Comment 
en effet , pouvez'vous parler d'un ton si mépri- 
sant à cette petite orpheline , qui est un agneau 
pour la douceur,, et comment pAtes-vous la re- 
pousser si ruderqant, elle qui ne voos disait rirâ? 
£8l-ce sa faute, si elle n'a point de parens , et 

u,:,-,zf--„GoOgk 



DES remiES DEMOISELLES. % 

lî die est pauvre 1 N'est-ce pas plutôt une raiaon 
de la plaindre , et d'avoir de bons procédés pour 
elle?. 

Padliits. — Je ne me rtçpclle pas ce que Je 
lui dis , ei si je la poussai , c'est qu'elle ne vou- 
lut pas s'ôter de mpn clwmin quand j'allai à la 
salle de danse. 

Mad. SopHts. — Vous l'appelâtes petite 
gueuse , petite pauvresse , mallieureuse orpbs* 
line. Si je rapportais ces injures à votre bonne 
maman , pensez-vous qu'elle en serait satts&ite , 
elle qui m'a dit la dernière fbisqu'elte vînt ici , 
qu'elle voudrait bien que tous ressemblassiez & 
Louise , et que si vous veniez à mourir , elle l'a- 
dopterait bien, volontiers pour sa fille ? 

Pauline. — Ab I mon Dieu , madame , est- 
il bien vrai que maman vous ait parlé ainsi ? 

Mad. SoFHix. — Si cela est vrai! en doutez- 
vous ? Et si je vous disais qu'elle prit , en votre 
absence , Louise sur ses genour; qu'elle lui fit 
beaucoup de caresses , et qu'elle ne pouvait re- 
venir de sa surprise , de voir une petite fille si 
jolie , si douce et si spirituelle 1 D'après cela > 
je ne voudrais pas promettre que Loube ne sera 
pas votre sœur , et que si vous ne cbenget pas , 
elle n'ait bîenidt toute l'amitié de votrea man. 

Pauliii I. -7- Il ne dépend q^e de vous , ma- 
dame , de faire changer maman à l'égard de 
Louise> Je sais qu'elle m'aime beaucoup ; mai* 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



9* tNCTCtOPlÉDIE 

si Tons lui dites les sujets cle plainte que je tous 
âoane, elle ne m'aimera plus. Si elle s'avait, 
par exemple , ce que j'aî dit à Louise , il n'en 
&udrait pas davantage pour ine faire perdre 
tout son attachement, 

Mad. Sophie. — Je ne lui en ai pas parle , ma 
chère, parce que je suis persuadée que vous chan- 
gerez, et que tous ^tes àé^k bien fâchée et bien 
humiliée des reproches que je tous ai &its. Sou- 
venez-TOus donc bien de ne jamais mépriser 
personne j car les personnes que l'on méprise 
Talent souvent beaucoup mieux que nous, et 
sont plus estimables devant Dieu , que tous ceux 
gui les dédaignent. Dieu ne fait aucune atten- 
tion à la richesse , aux châteaux , aux équipages , 
aax diamans , aux beHes robes j comme tout cpla 
lui appartient , il n'en fait pas plus de cas que 
du fumier qui est dans la basse-courj mats ce 
sont nos bonnes qualités, nos bons sentîmens et 
nos vertus qui ont du prix à ses yeux , parce que 
toutes ces choses sont notre ouvrage , etquenous 
avons du mérite à les avc^r. Totre maman pense 
en cela comme Dieu même, et- d'après les dis-^ 
cours qu'elle m'a tenus plusieurs fois, je suis 
convaincue qu'elle ne fait aucun cas de tous les 
avantages de la naissance et de la fortune , et 
que la vertu etla piété sont les seules qualités 
qu'elle estime daiis les hommes et dans lés fem- 
mes. Si nous sommes opulens, me dit-elle un 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. QI 

jour , et si mon m^rl est rerétu d'une haute di- 
gnkë ; ti je fréquente le grand monde } si j'ai un 
ëquïpBge brîIUnt, des robes magnifiques , ne 
pensex pas que je croie raloir mieux que les 
autres , et que tout cet attirail de luxe me tourne 
la tête , et me porte à mépriser mes semblables : 
m contraire , je gémis souvent de mon esclavage , 
et je n'ai nulle part de plus agréable jouissance 
qu'il la campagne, o&, débarrassée de c«s pom- 
peuses vanités , je peux voir qui je veux , et m'en- 
tretenîr avec des personnes sages et raisonnables , 
quels que soient leur état et leur habillement. 
Tels sont les seotimeus que je désire que tous 
inspiriez à Ua fille , qui de bonne heure doit 
s'accoutumer à la modestie, à U simplicité et k 
bien vivre avec tout le monde, en vivant bien 
avec toutes ses compagnes. 

Caroluts. — Cette leçon, qui s'adresse à Pau- 
line , ne sera pas perdue pour moi. Comme je 
m'étais trompée au sujet de sa maman I En la 
voyant venir ici si richement parée , et dans un 
si beau caresse , je me disais : Que cette dame 
doit être fière et méprisante I 

Mad. Sophie. — C'est que, vous ne jugiez 
d'elle que par les apparences. Si vous l'aviez en- 
tretenue et entendue causer, vous auriez admiré 
sa douceur, sa raison, sa modestie. Aussi, ses 
aimables qualités la font-elle chérir de toutes les 
personnes qui ont le bonheur de l'approcher. 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



ga ENCTCLOPEDIE 

Puissies-Tous , mesdemoiselles , lui ressembler 
UD jourl Mais il faut, pour cela, prolïter des le- 
çons que je vous donne , ne pas tous en tenir à 
de simples promesses , et vous bien mettre dauq 
l'esprit, <]ue l'orgueil nous fait détester, et quVu 
contraire la modestie nous &it chérir de tout le 
monde. Un autre jour, nous parlerons d'autre 
cliose que de ce vilain orgueil. Julie, tenee-vous 
prête, examinez-vons bieà} c'est de vos défauts 
qu'il sera question. 



XIV« CONVERSATION. 

Mad. ÉLISABETH,ADÈLE, AMÉLIE, EMILIE, 
HOaTEKSE. 

Mad. Elisabeth . '— Nous en sommes restées , 
je pense , dans notre dernière conversation , à la 
description de l'Europe. Comme c'est la partie 
du monde qui est la plus peuplée, en proportion 
de son étendue , que c'est la plus civilisée , c'est- 
à-dire , celle où les sciences , les arts et les lois 
ont iâit le plus de progrès , et que c'est eUe que 
nous habitons , il nous est très-important de la 
bien connaître ; et c'est bien penser de commen- 
cer par elle, ayant de passer aux autres parties 
do Monde. 



-, Google 



DES JEUNES DEMOISELLES. 9? 

Adèle. — le ne sais pas gi je ponrrai répondre 
i fontes les questions d'Âm*!lie , car je vous 
iTouerai , madame , que maman ne m'a point (ait 
apprendre tout ce qui concerna les différens 
étau de l'Europe , dans le même dtStail que ce 
:[a\ concerne la France > qu'elle m^a &it par- 
courir dans tous les sens. 

IVIad. Elisabeth. — Je ne prëtepds pas noa * 
plus qne TOUS sachiez votre Europe comme le 
plus savant géographe. L'essentiel est que voos 
en fassiez bien une description générale ; que vous 
disiez quels sont les état* qui sont an Nord , ceux 
^1 Bont au Midi , cenx qui sont au centre ; quels 
lont ses limites, ses fleuves, ses montagnes, etc. 
Quand vous nous aurez dit tout cela^ nous par- 
lerons de la France, notre. patrie, qui vaut bien 
la peine que nous nous en occupions avec quel- 
ques détails. Allons, Amélie, commencez vos 
qaesiions, et vous, Emilie, Hortense, prépa- 
lez-Tous aussi à interroger et i répondre de temps 
en temps. 

AxÉUB. — Puisque la terre est divisée en quatre 
parties, il faut bien que chacuoede ces parties EÙt 
ws lîmîtes.Vondriez-TOus bien nous dire, Adèle, 
quelles qont les limites de l'Europe? 

Adblb. — L'f^urope est bornée, au Noi'd, par 
la mer Glaciale , que l'on nomme ainsi , parca 
qu'on y~ttoave des glaces qui sont aussi hautes 
qne des montagnes ^ et qui empêchent les vais- 



94 EKCYCLOiPÉDIE 

Maux A'j niTiguer. Au Midi, l'Europe est b»mëe 
parla mer Méditerrui^, qui&'est aidre diose 
qu'un graud golfe de VOc^aii; à l'Ouest , ou l'Oc- 
cideot, par l'Oo^ao; et k l'Est, ou TOrient, 
par le bras de mer qui coittaiiniique de la Mé- 
diterranée à la mer Noiie , et par la Turquie. 

HoaTKSSE — Je croyais qu'on pouvait aller à 
pied d'Europe en Afrique et en Asie. Quant & 
l'Amérique i je sais bien qu'il y a nae grande 
mer i traverser. 

AbiLs. — Vous TOUS Aes trompée , Horteow , 
quant k ce qui c^mcerae le passage d'Europe en 
Afrique , parce que , antre ces deux parties du 
Monde , il jr a un détroit que l'on appelle le 
détroit de Gîbibltar, qu'il &ut travener pour 
aller de l'une k l'autre. Mais on peut , en passant 
par le Nord- Est de l'Europe , arriver À pied en 
Asie, dont la Tartarie est le premier pays que 
l'on j rencontre. 

Ahéeik, — En jotant les yeux sur la carte de 
l'Europe , on y voit des lignes qui vont en lig- 
zag, des monticules qui se tiennent les unes 
aux autres, et des endroits tout blancs, comme 
ceux qui représentent la mer. Hortense me de- 
manda dernièrement ce que tout cela signifiait, 
et je TOUS avouerai , madame , que je oe sus pas 
trop que lui répondre. 

]VIad. Elisabeih. — C'est pourtant une chose 
bien aisée , et que vous avez assurément oublia. 



DES JEUNES DEUOISEIXES. 9$ 

Emilie, dites-noos ce qne signifiest toatei cet 
choses ? 

Émiiib. — Les zig-zagj représentent le» 
fleuves et lei rivières avec leurs sinuosités , les 
monticules qui se tiennent les uns aux autres, 
les montagnes qui fotïaect des espèces de chat- 
nés, et ces endroits. tout blancs, les lacs qui 
sont des amas d'eaux douCes , qui n'ont point de 
conrs comme les rivières, et restent toujours A 
h même place. 

Mad. EfiSASKTï. -^ Cest bien, Emilie, fort 
bien. Puisque Âmâie oublie si aisément ce 
qu'on kii a appris, jo'la'drspense, pOnraajour> 
d^ni, de Ëiire aucune question. Adèle, inteiv 
to^z ÉiknLie , qui a si bien répondu! 

ÂMu. ^-^ Vous mreï ; ssaa doïtte , Emilie, 
qn^ MM les prmcipaitx fleures et les plAs 
hautes moDtâgaes de l'Eui'dpe 7 

Émiux. — Let pEinOitwux fleuves de l'Europe 
utat :■ le , Jihin , qui pre^d » sAurw dans les 
montagnes de la Suisse., tt qui sépare ta France 
de l'Allransgoei le MAQne,qm prend aussi sa 
ioarce en Sojsse , traverse le Uc de Genève , 
passe à Lyon^ sépare la ProVeKce du Languedoc, 
et se jette, k Arles, dans la Méditerranée ) le 
Danube, qui.prond sa source en Sonabe, tra- 
Terae l'Allemagne j,U ^«grie, la Turquie d'Eu- 
rope , et se Jette .dut* b'Oier Noire: ^Po> qui 
tnrerée une partie 4fl l'Ualie , et se jette drnu la 



g6 ENCYCLOPÉDIE 

Mt^iterrànée ; ta p'ijtufe, qui traverse la Po- 
logne , et se jette dans la mer Baltique , etc. 

Les plus hautes montagnes de l'Europe sont 
las Alpes , dont une partie de la chaîne sépare la 
'France de l'ItaUe; les Appenaîns qui traversent 
ritatîe, les Pyrënées qui forment les limites de 
la France et de l'Espagne j les monts Crapacs qui 
séparent la Hongrie de la Pologne , etc. 

Adile. — Il parait ainsi que les plus hautes 
montagnes sont au midi de l'Europe. 

Ehilis. — Oui , plus jon approche de l'éqaa- 
teor , plus on trouve de montagnes , et plus oes 
mootajgnes sont élevées j au contraire, p^iis oq 
avance vers le Novd ,. plus on trouve de plaîaes. 
I] jT a même des pays où l'on &ît plijs de cin- 
quante lieues sans trouver une montagifff, CQiqaw 
en Prusse , en Pologne et çtt Ru«sie, - 

AsKLE. — Il me Eemh1« qu'il serait birâi avan* 
tageux aa^'luhilAis ^ Ui terre -que sa surface 
fût tonte- unie, et qn'U serait bien pins Bgrléable 
aux voyageurs de n'y trouver qne des plàiues , 
-que d'être oblige de gravir sur des nioniagtiei 
élevées qui les fàtîgueiil , et retardent^ leurs 
voyages. Il y avait ches nous, pendant les va- 
cances , un jeune homme qui revenait^ rïtaliej 
■i vous avfea enteodu 'le i^oit déi' peines qu'il 
'avait éprouvées , et {tés-^ùgera^ qnfil a^ait cou- 
rus dans les Alpes , tous ne 'pourrie^ vous ero- 

u,:,-,zf-„ Google 



DES JEUNIffî I^HtHSELLES. 97 

|i^dber de -détesËer ce» mmâites montagnes , où 
ilfct tingtlaîs auf'Ie point^perdre la vie. 

EmtfB, — Je conriens^Be les vo^Fageers n'ai- 
ment pas «tue doivent pas aimer W montagnes 
qui leur cofltent tant i trarerser ; mais ces in- 
convéniens particnliers n'emp^heort pas qa'elles 
ne soient nécessaires et infiniment utiles à nos 
besoins. Dhes-moi, je tous prie, d*oà sortiraient 
les fleuves et les rivières , s'il n'y arait point -de 
montagnes ? Comment ponrrîons-nouâ nous -met- 
tre  l'abrï des «eots du Iford et dn Midi , «-tout 
était plaine? Les pays situés i l'équalear «e se- 
raient-ils .pas consumés par lesfeus^D -soleil , si 
les ombres -des-montargnes D«sistaîent pas , fmaT 
empérer p«i la fraidieiiT les br^^antes «luÂeurs 
du jour? 

Mad. Elisabïth.— Votreréponse, ma. chère, 
me surprend par sa justesse ; car la situation de 
cettemaisouprouTebien l'utilité de laeollinesur 
le penchant de laquelle elle «st bâtie . Quel froid 
ea e&t-ne'ressenxirion»-DQua pas -pendant -lltiTec 
si cette cblliBe ne nous garantissait- des yents du 
Nord ; et à quelle chaleur étoufiânie aona serions 
exposées pendant Tété , si nous' ne trouvions 
dans la vaHée voisine de fombre «t de la fcaî- 
dieur après nos heures d'occupation f En Toilà 
assez scr les montagnes ; dites^nous maintenant 
quels sont les plus grands lacs de'l'Eùnope. 
Eaiicii.— Il y-en a nn tout près de laTraoce 
S 

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' 98 ENCTCLOPÉDIE 

qu'on appelle le lac de Genève , ou Lëman , qui 
a dix-huit lieues de longueur , et quatre dans sa 
plus grande largeur ; il est très-profond , et est 
situé entre le Valais qui dépend de U Suisse et la 
Savoie. Il ja encore plusieurs lacs en Suisse ; 
mais le plus grand de tous , c'est le lac de Cons- 
tance y en Italie , on trouve le lac Majeur j en 
Kussie , les lacs de Ladoga et jd'Onéga , qui sont 
les plus grands de l'Europe. 
. Adi:i.s. — Continuons de jeter les yeux sur la 
cacte de l'Europe , et voyons les pays qui se trou' 
vent dans cette partie du monde , et quelle est 
leur situation par rapport aiix quatre points car- 
dinaux : mais avant d'en venir là , il me semble 
qu'il est ben de Savoir les noms que portent ces 
pays , d'après la forme de leur gouvernement , 
ou d'après la dignité des princes à iqui ils appar- 
tiennent. 

ËHiLis. — Tons les pays sont ou des empires, 
ou des royaumes , ou des principautés , ou des 
républiques. Un empire est plus vaste qu'un 
tojaume , un royanme est plus étendu qu'une 
jirincipautéjune république est un pays plus ou 
moins grand , où il n'y a ni empereur , ni roi , 
ni prince , mais seulenunt des magistrats que les 
babitans ont nommés pour les gouverner. 

Il y a en Europe trois empires j l'empire de 
pussie., qui est le plus vaste ; l'empire d'Aulri- 
çb^e , qiii est le moins étendu ; et l'empire Otto* 

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DES JEUNES DEMOISELLES. QQ 

man, dont une partie est en Asie. Les royaume* 
sont an nombre de treize. Op trooTe au Nord , 
l'Angleterre-, qui comprend l'Ecosce , l'Irlande , 
et le Hanovre ; le Danemarck , U Suéde , qui 
comprend la Norvi'ège ; au centre, U Fraoce , 
les Pays-Bas , la Prusse , la Bavière , le Wur- 
tenberg , la Sase; au Midi , le Portugal , l'Es- 
pagne, la Sardatgne, qui comprend le Piémont 
et une partie de la Savoie } Naples et les deux 
Sicilee. 

Il &*exi&te plus qu'une seule république , c'est 
la république helvétique ou la Suisse, 

On trouve quatre principautés en Italie ; sa- 
TDÎr : la principauté de Tosca^ie , celles de Mo- 
dèae , de Lucques , de Parme et de Plaisance j 
d'autres principautés, réunies sous le nom de 
coof^ération germanique , %e partagent avec 
l'Autriche , la Prusse et la Saxe , le Hanovre , 
la Bavière et le Wurtemberg , ce qu'autrefois on 
appelait collectiveaient VAUenMgne. Ce sont : 
I" cinq grands duchés , sous le nom de Meck- 
leubourg , Oldenbourg, Bas-Rhin , Hesse-Darm* 
stadt et Bade \ 3" la Hesse électorale ; 3° quatre 
principautés : celle de Lippe , Waldec , Nassau^ 
UohenzoUern ; 4' ^^^ principautés et grands 
duchés de la maison de Sa?fe , savoir : We^mar» 
Cotlia, Cobourg , Meinungen , Hildburghausen, 
Sonderhausen , Kudolstadt , le duché d'Anhalt , 
eila principauté dé Keuss; â'ie âuchédeBruii»< 



-, Google 



jQO ENCYCLOPEDIE 

wiok; 6* quatre villes tibres ; Lul^ek , Ham- 
bourg , Bréfse et Fraddfort sur le Meic. 

Mad. £ljJSA.:ffiTB^ **^Qett« iatâresElmtenônien- 
cltAufe &it lidDDeur  'votre mémoire , tua tiiète 
Emilie ; eb vârité , 'je lie 'toos croyais pas si s&- 
vaate , et )e suis p«rt^ à tiicnre que rovs étudiez 
les nouvelles gëographies , ou que vous Hsez les 
joamaus après tos heojtes de travail ; car dans le 
noo^re d«â royaumes que voDs nous ayez cités, 
il y en a plusieurs de nouvelle création , et dont 
il n'est pas dit uti seul mot dans les géographies 
que l'on veos a fart apprendre. 

EiHLiE. —11 est vrai , madame , que les noms 
de ces nouveaux 'hiyirumes ne se trouvent pas 
dans les leçons que j'ai apprises } mais , puis- 
qu'ils -eiïîstent aujourd'hui , comme J'en suis cer- 
taine , il me semble que l'aurais &it ilne grande 
&nte , si je les avais passés sous silence . 

Mad, EiisABEïB. — Vous avez raison, tna 
ebére j puisque la géographie est Une science qui 
change toujours , pourquoi n'eu suivrions-nous 
pas les changemens et les vicissitudes? Pourquoi 
Dousobstinerions-nousàappelerro^aumeunpays 
qui est devenu un emmure, ou république celui qui 
est devenu un royaume. Sans doute il viendi'a un 
temps où l'Europe sera partagée d'une manière 
invariable , et où les éiats qu'elle renferme , liés 
entre eux par uile paix'jolidé, cotiserveront pour 
toujonn leurs dénôminatîcins et leurs limites ; 

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/ 

DES JEtnVES DEIIOISELLES. lOI 

tiota , I& géognphio ne cbasgers plus, et ce «pi» 
BOUS oiiroiu apuras . ceax qui vîeiiâFODt après 
nous V^pinBâudiii de^iB^nae ; sans craiodra ees 
vamIJooK qui nous sont aQJootd'hiii si «JMIcîles 
i retenir , et tpe demain peM-étre il nous s«-r 
inutile d'avoir apfwises- Que tons ces change- 
ineos,noiisa?ecti<isent , laesdemoiselles , du peu 
d'estime que aous devons faire de celle terré oit 
nous vivons, et des vains projets des hommes , 
qui prétendent y jouer nn rôle ! Dieu seul est 
immuable ; et le ciel , qui est cette tecre promise 
après laquelle dous soupirons , est la seule de- 
meure où tout restera éternellement dans. U 
même otidre que Bîeu y a établi. Il vous reste , 
Emilie , k nous dire quelle est la situation des 
divers pays de l'Europe , relativement aux qua- 
tre points cardinaux ; quand vous nous l'aurez 
apprise , vous vous reposerez pour aujourd'hui , 
car vous devez être un peu fatiguée de votrç Ion- 
gue réponse. 

Emilie. — A,a nord de l'Europe , on tt^uve 
le Danetparck, la Suéde, la Norwége et la Lapo- 
niC) qui est près du Pôle et appartient, eu grande 
partie à.Ia Suède. En pilant à l'est , c'est la Rus- 
sie , dont la partie la plus septentrionale est la 
Sibérie. Du nord à l'ouest , on trouve la Hol' 
tende ^et-ea passant la mer encore plus à l'ouest , 
on trouve l'Angletei're. L'Espagne est au sud- 
ouest ; au sod est la Méditerranée ; au sod-est , 

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102 ENCTCLOPÉDIE 

est lltalie } à l'eit sont la Hongrie et la Turquie 
d'Europe. Entre toutes ces limites , sont les pajs 
que l'on appelle les pays du centre de l'Europe , 
qui Gont j la France , la Suisse , l'Allemagne , la 
Plusse , la Bohême et la Pologne. 

AuELE. — Comment tous y preudriez-vous ^ 
si TOUS rouliez comiattre la distance qa^l y a de 
Paris à Saint-Pétersboarg , qui e^t la ville capi- 
taie de la Russie ? Si vous avez bien ëtadlé vo- 
tre carte , vous n'aurez pas de peine à répondre 
à cette question. 

Emïxie. — C'est ,l3 première chose que j'ai 
étudiée , en apprenant ma carte. 

Mad. Elisabeth, — Cette question, à laqiielle 
il est très-aisé de répondre, convient plus à Hor- 
tense qu'à Emilie , qui est de'jà avancée j c'est ce 
que vous ne devez pas ignorer , Adèle , car il y 
a un an qu'elle a fort bien expliqué les éMmens 
de la spliire. Allons , Hortense , répondez i 
Ad^le. 

EoHTENSE. — II faut voir sur la carte combien 
il y a de degrés de Paris h Saint-Pétersbourg. 

Mad. Elisabeth. — De quels degrés voulez- 
vous parler ? Courage ! cherchez bien dans vo- 
tre mémoîi'e. 

HoaTENSE. — 3e veux parler des degrés de 
longitude. 

Mad. EzisABçiH. .—.Vous vous trompez , ma 

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DES JEimES DEMOISELLES. loS 

elière Hortense, quelles lignes avez-TOus vues 
mr la carte 7 

HoKTEiTSE. — Ty ai tu des lignes qui vont de 
l'Orient à l'Occiilent, et d^autres qai vont du 
Midi au Nord. 

Mad. Elisaseth. — Quels degrés vous indi- 
qaent les lignes qui vont de TC^ient à l'Occident '! 

HoRT£Ns2. — Ahl ly suis, madame.: ce sobi 
des degrés de latitude , qui marquent la dï&lauce 
(pi'il y a d'un endroit h IVqnateut. Ces degrés 
iont chacun de vingt-cinq lieues. 

Mad. Elisabeth — Eh bien donc? 

Hortense. — Pour bien connaître la distance 
de Parisà Saînt-P^terhourg, je cherche combiea 
il 7 a de degrés de latitude entre ces deux villes , 
c'esf'à-dire , combien il y a de ùjis vingt-cinq 
lieues. 

Mad. Elisabeth. — C'est bien ; mais il y a 
encore quelque chose à dire sur les degrés de 
loDgîtude dont nous parlerons en paitsant , dans 
la conversation suivante. Keposez -tous , mesde- 
moiselles , et retenez bien notre entretien d'au- 
jourd'hui . 



I04- EMCTCLOPÉDIE 

XV CONVERSATION. 

Madame SOPfllÊ, STÉPHANIE, ROSALIE, 
FÉUCIE, JULIE, AGLAÉ. 

"^ FÉiiéïK. — Hîef , Patiïitie voulut tne faire 
pènr, en me disant «Ju'ïl y aurait bientôt une 
éclipsé , pendant laquelle il j aurait une nuit si 
profonde, qu'àiiiidî on n'y verrait pas plus clair 
qu'à minuit , parce que le soleil aurait disparu. 

Mad. Sophie — Pauline nevous apastrompée, 
quanâ elle vous a dit qu'il y aurait une éclipse ^ 
mais elle ne vousa pas dit la vérité, en voulant 
Vous faire croire qu'il ferait nuit , et que le soleil 
disparaît rai t. Il y aura, îlest vrai, une sorted'obs- 
curité, tuais cette obscurité ne doit pas vous ef- 
frayer , car elle ne durera pas , et le soleil repa- 
raîtra aussi brillant qu'auparavant. 

Félicib. — Vous me rendez le courage , ma- 
dame , en me disant que cette éclipse ne chassera 
pas le soleil. Youdriez-vous bien me dire ce que 
c'est qu'une éclipse , et comment il se peut faire 
que le soleil soit obscurci? 

Mad. Sophie. — Mademoiselle Stéphanie va 
vous l'apprendre , ma chère. Stéphanie , dîtes à 
ces demoiselles ce que c'est qu'une éclipse. 

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fiÉS JEUKES UEMOlSELLES. I05 

Aglab.— Je la sais hien aussi , madame , je lo 
^nisà cesvtemoiselles, êi-roitsle dëslner. ' 

Mad. SoPHïB. -^ Kon , ma chérej mais je 
Toodrais bieo qoé'vcws apprissiez k vamcre votre 
VBinHë j cela est plus ifiporlant que de savoir ce 
que c'est qta'utio'éeîipsc. Si maiJemoîselle Sté- 
phanie avait autant de. vanîtë que tous, elle sffrait 
iti9-&fthée de *ottc cinpresseHicnt à vouloir 
briller À ses dëpeqs. Quoiqu'elle en sacbe plus 
qœ voos n'en saurea. en' dSx ans , elle est bien 
pins tésenée que tous , et & moins qu'on nel'îa- 
lanxigc, elle setaii, oorameU convient à une fille 
bi^ âevâe. Revetiipns à votre éclipse : Stépha- 
nie, instmises-nous. ' ' 

Stéphanie. — On'ditiqu'ily e une éclrpse , 
q&and la lune se rencontre entre le soleil H la 
terre. 

FiLiciE. —Je ne comprends pas cela, "made- 
mniaelle. 

SxEPHAHiE. — Je vais vous taconter une his- 
toire qni vous le fera' comprendre. 

Aatrefois, on ne savait pas quelle était la 
taose des éclipses; «t' les anciens croyaient 
qu'elles annonçaient quelque grand maltieur , et 
oViMicat rien entreprendre pendant toutle temps 
qu'elles ânraient.ll y BVaït donc, un jour, unca- 
^rttaine gi^ee , nommé Pérîolfs , qui était prêt de 
^emhtrtpiw pour s^er &ire la guerre : comme 
il mcittwt le pi«d dnits son vaisseau , il survint une 

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\ 

I 06 ENCYCLOPÉDIE 

éclipse de «oleil , et son pilote ne Voulut pas par- 
tir, pai-cequHl croyait que le vatseeau serait sub- 
merge. Périclès, qui i^tait fort instruit, âifi ce 
pilote que cette éclipse ^taii uoe choseoaturelle, 
et que la luite s'étant mis^evant le soleil,'eiàpâ- 
chait dele voir. Le pilote ne coiqpre&aii^Mricn â 
celte raison , Périclès lui jetasoD manteau SiUrla 
tête «lui dit :i Me voistui* Jen'ai garde de tous 
Toir, répondit le pilote, puisque votre mantean, 
qui est entre vous et mes yeux , m'en empêche. 
Ignorant I reprit Périclàs , voilà la raison pour 
laquelle tu ne vois pas le soleil , c'est que la lane 
est «ntre cet astre et tes yeux , comme mon 
manteau est entre tes yeux et moi. 

Mad. Sophie. — Entendez-vous cela mainte- 
nant , Fécilie ï 

Félicie. — Non, madame; car je ne conçois 
pas comment la lune peut se trouver devant le 
Eoleil, et comment on peut deviner tout juste le 
moment où elle s'y trouvera. 

Stéphanie. — Le soleil étant pluis haut que la 
lune , et la lune marchant , il n'est pas extraor- 
dinaire qu'ils se rencontrent : or , on sait préci- 
sément le chemin que fait la lune, et l'on sait 
encore qu'elle ne se d^rangeJQmais de «in cours 
ordinaire; ain^i on peut prddice toutes l«s 
éclipses qui arriveront. Ce. que .je dis de la caose 
des éclipses de soleil , doit s'appliquer aux éclip- 
ses de lune, qui a'atxivept que la nuit, quand 

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DES JEUNES DEMOISELLES. rnj 

]b to^re se troave entre la lune et le soleil , dont 
Is lime reçoit sa lamUre. 

BoSALiE Va jonr que papa et maman «!• 

latent se promeaer du côte de l'Obserratoire , 
papa Ini dît , en lui montrant ce bâtiment : Voilà 
ren^oit où les aetronomes mesurent le conrs 
des astres , et calculent l'arrivëe des éclipses. 
Maman lui répondit : Cesl une belle science 
que l'a&tvonomie, puisque c'est la science des 
■stres. Je ne dis rien , parce que \a ne pouvais 
rim dire. ■ 

Jouz — le voudrais bien savoir comment les 
hommes ont p'n inventer cette science ï 

Mad. Sophie. — La nécessité , qui est la mère 
de Vindustrie, a produit toutes les sciences H loua 
les arts ; mais c'est l'oisiveté qui a produit Tasiro- 
nomie. Vous devez vous souvenir , mesdemoi- 
scQles > que les premiers hommes étaient pasteurs 
de troupeaux. Comme ils vivaient dans des pays 
&>rt chauds, ils passaient les nuits dans leschamps; 
et comme alors ils n'avaient rien à iàîre , ils s'a^ 
musaient à r^arder les étoiles. A foçce de Is 
contempler toutes les nuits, ils remarquèrent 
qu'à telle heure, on voyait paraître certaines 
étoiles; îU virent aussi que ces étoiles avançaient 
régulièrement, et ils parvinrent h pouvoir pré- 
dire le chemin qu'elles faisaient , et las places 
^*elles devaient occuper. On se fit donc un 
^aa de leurs observations, et d'habiles gens, qui 

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\ 

ïoft ENCYCLOPÉDIE 

eutmiiiËrént ces observations, en firent une science 

certaine ; car elle ëtait Sondée soi l'expérience. 

Stisvt.ttit.— Permettez-moi, madame, de 
vons faire nne question. Puisque les premiers 
hommes' saraienl l'astronomie, comment, du 
temps de FëricUs, s'efirajaient-ils quand ÎU 
voyaient une éclipse ? - 

Mad SoFEiE. — Cette Science se conserva 
long-temps chez les Chaldéens , en Asie ; et chez 
les Egjrpliens , eu Âfriqne j mais elle ne fut |a- 
niais perfeationnde , ni chez tes Grecs , ni ches 
les Komaios. Les savans n'ignoraient pas que le 
peuple s'effrayait à tort pour des prodiges natu- 
rels ; tnats au lieu de dissiper son ignorance , ils 
la nbtrriasaient , parce qu'elle leur servait k faire 
faire aux peuples ce qu'ils voulaient. 
' ÂGLA61 — Vous nous avez dit, madamLO, que 
la nécessité à inventé les antres arts et sciences ^ 
j en,a-l-a beaucoup? 

Mad; -So^Bii:. — Oui , ma chère; chaque be- 
soin a produit un art. Le fdns pressé pour les 
hommes , après le pcdhë d'Adam , fut de cultivM 
]a terre pour se nourt-irt; Ce besoin produisit uQ 
art , .qu'on nomme V jtgricmhure. Il £iUut ebsoïtle 
«'occuper de se loger ,- pour se mettre & l'abri des 
4DiuraS"dc l'air;, on coBStruisil des càbaneS; on 
voulutrenâre ces cabanes plus ComMOdës , en- 
suite plus manifiqnesï et orfa produisît un autre 
art , qu'on nouuna i'^rchitccture. CeAx qui de- 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNXS DEMOISELLES. 109 

meuraieot en Egypte , où il ne pleut jamais , et 
où ie Nil se déborde totie l£8 ans , eurent besoia 
de calculer les mondationi périodiques dé ce 
fleoT» , et ils iareotèrent la Géométrie , qui est 
l'ait de compter et de mesurer. 

kshkt. — Sa SMS donc la géométrie 7 car je 
sais compter. 

Mad. Soïhib! — Vous savez une partie de 
la géométrie, puisque rous savez l'arithmétique; 
mais cette science est bien ^us étendue, puis- 
qu'elle comprend aussi l'art de mesurer «Att^- 
ment et promptement. Je vais tous dire ce qui 
engagea les Egyptiens & iuTenter cette science. 
Gomme TabondaBce ou la drsdte dépendent , 
àxz eux , des débordemeos du Nil> tous pouvea 
penser qu'ils furent fort altenti& k mesura Vaftr 
croissemeat de ce fleuve : d'ailleurs, le Nil, 
en se dâiordanf , dérangeait sans doute les Iv* 
mites qui marquaient les propriétés , ce qui les 
mettait dans la nécessité d'avoir toujours la m^ 
sure à la main- 
La nécessité de se guérir des différ«ites ma- 
ladies qui les affligent , engagea an^i les hommes 
i inventer un autre art, qu'on nomme la MédO' 
ân£. 

Le besoin de convaincre on de persuader 
ceux dont on avait intérêt de captiver les suf- 
frages on Fopînion , donna naissance à la Jtké- 
torique^ qui est l'art de bien parler. 

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110 EKCTCLOPÉDIË 

Comme, pour bien parler, il ne suiSt pas 
d'arranger ses paroles > etqD'il faut encore met- 
tre de l'ordre dans ses idées et dans ses juge- 
mens , pu inventa ta Logique , qui est Vurt de 
raisonner. 

. Le désir de conserrer les traits des personnes 
que l'on cli^rîssait, comme d'un père , d'unç 
erère, d'une épouse, d'un ami, fît nidtre la 
Peinture, et peut-être aussi la iSîcu^Iure. Les au- 
tres besoins des hommes firent nattre la Méca~ 
Tritjue. 

STiFHAjns. — Et la musique et la danse , ma- 
dame , TOUS n'en parlez pas T 

Mad. So7Hix. — C'est peut-être le besoin de 
se désennuyer qui a fait inventer la JUusigue , 
qui ne fut d'abord qu'un chant grossier et sans 
mesure. Pour la danse , je pense qu'elle a été in- 
ventée pour donna? de Texercice au corps. 

ÂGiAÉ. — Vous nous parliez dernièrement de 
la physique , madame ? est-ce que ce n'est pas 
un art , pour n'en rien dire aujourd'hui î 

Mad. SopBix. — Vous avez plus de mémoire 
que moi , ma chère ; j'avais bien oublié la Phy- 
sique , qui est la science des choses naturelles. 
Pour celle-là, elle doit sa naissance à la curio- 
sité. 

Fèlicib. _ Est-ce que la curiosité est un be- 
soin? Si cela est, je deviendrai une grande phy- 
sicienne } car je suis bien curieuse , et je ne vois 

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DES JEUNES DEHOtSELLES. 1 1 1 

liea arriver , que je ne veaille eo (avoir la 
cause. 

Mad. Sophie. — Sans doate , ma chère , la oa- 
riositë est un beaoia , lorsqu'elle a pour objet 
les ph<îuomèDes de la nature, dont nous ne cod- 
naissons pas les causes, que nous pouvons néan- 
moins connaître , si nous nous appliquons à les 
chercher, 

FiLiciE. — Je ne comprends pas ces mots : 
les phénomènes de la nature. ■ 

Mad. Sophie. —On entend par /iA(!nomÂite:f, 
des efiets surprenans , extraordinaires, qui arri- 
Tent de temps en temps dans la nature , c'est'i' 
dire , snr la terre , sur la mer et dans l'air : 
comme les ti'embleïnens de terre , les volcans, 
les trombes de mer, les tonnerres , l'aurore bo- 
réale et TëlectHcité, etc. 

Julie. — • Est-ce que la terre tremble quelque- 
fois ? Ah ! mon dieu , que f aurais penr , si cela 
arrivait. 

Mad Sophie. — ^ Oui , ma chèrf^, la, terre 
tremble de temps en temps ; mais ces tremble- 
mens sont plus ou moins forts. Quand ils sont 
bien forts, et qu'ils durent long-temps , ils ren- 
versent les montegoes, les maisons, les ailles, 
et détmiseut des ,pajs entiers. Des plaines crots< 
leot où il jr avait des montagnes , des lacs pro> 
fonds prennent la place des campagnes et des vil- 
lages qui s'/ trouvaient. Eu ijSS, il en arriva 



on & LbbAQne, capitale en royaaiM de Peitu- 
gal, qui détruisit cette belle ville de fond en 
■oomble , et se fît resfenttr dass toute l'ËuTOpe. 
D^uis ce tempB-là, il ea est atrivé un autre en 
Calabre , province du w>^aQme de Naples , qui a 
-ceaversé one grande partie de ta ville de Mes- 
sine. Avant ces grands tremblemens , il en Aait 
Aéik arrive un grand nombre sur la terre , qui y 
avaient fait plus oa Dqoins de ravage. Il est cer- 
tain que nous en éprouverons encore, car les 
mêmes causes subsistent toujours ; et nous lisons 
dans l'Kvangile , qu'il y aura des tremblemens de 
-tecre, quand te temps exarque pMir la (ïa du 
monde sera veno. 

ÂSLjj.— Je c^oi8qa'il4oit4trebien difficile 
^ coonattrc les «ausee qui produisent les trem- 
blemens de terre : car aè voyant pas ee qui se 
passe d^ns Viutérieur du globe i nous ne pouvons 
pas savoir comment (l e^ fait qu'il éprouve des 
ti'emblemens. 

Mad. SoïBix. — Lé« médecins voieirt- ils ce 
qtlî se passe dans notre corps ? cepeudant , îb 
savent tien pourquoi nous tremblons de la fiè- 
vre. IL en est de même des pb^siciens , qui saveirt 
parfaitement quelles sont les causes des tremble- 
meitS de terre. Stépbanie, vOulez-vous bien ei- 
^iquer à ces ^lemoiselles les causes de ces pTié- 



S-ti:tUAiiiE. -~ II7-B , dims les entrailles de la 

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DES JEDNES DElbHSBLLES. l\S 

terre, tontes sortes de matières combustibles, 
a>mme du bltum», Aa soo&er ^° salpêtre , etc. 

Ces matières sont dans une continaelle fer- 
mentation , et plus la quantité en est considé- 
rable, plus grande est cette fermentation. S'il 
arrive qu'une partie de l'eau qut cïrcnle dans la 
ten-e s'approcbe de ces matières, elles s'enÛam- 
ment, et la grande cboleur qui résulte de cette 
iaflammatioUf cause, dansTaic sonterraÏD, une 
extrême rarëâiction qui en augmente prodif^eu- 
sèment le volume ,. et le force ^ par eonsé<[uein > 
k occuper une plus grande place. S'il tronve 
quelque ouTertare pour s'échs^per, il s*f [»rf«i- 
^te avec impétuosité ■ et came bien quelque* 
Kcoo&ses  1^ terre ; mais ces tremblemens sont 
}égen, et ne durent que '^ev de temps } si , au 
coalcaire , l'air rencontre un» giasdë résistance 
pour sortir , les vioWns elKirts qu'il &it pour la 
vaincre occasionent à la terre ces violentes •»• 
consses qui produisent les terribles efièts dont 
madame Sopbïe a pu-lé. 

Mad. SopHis. — Je suis très-contente, Sté- 
phanie , de votre explication. Je désire qae ces 
demoiselles s'accoutument, comme v6os,àsc&ii« 
des idées nettes de ce qu'on leur apprend : c'est 
le mojen de bien savoir , et pour soi , et pour les 
autres. Dans qoelqnes jours, noua parleroud des 
autres pbénomènes , et ce sera vous qui nous en 
donnerez l'esplication. 

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Il4 ENCTCLOPÉDIE 

XVI" CONVERSATION. 

Mad. Elisabeth, alexandrine, Emilie, 
. hortense, pauline, 

Mad. Ei.iSAB£TH. — J'aï , mesdemoiselles , 
une mauvaise nouvelle & tous annoncer , c'est 
que mademoiselle Jos^pliine Vient de sortir pour 
huit jours , à cause de la mauvaise santé de sB 
maman , qni a besoin d'elle pour mettre en ordre 
lieaucoup d'aâkires , dont elle ne saurait s'occu- 
per sans se faire beaucoup de mal. Josëpbioe a 
une grande intelligence , et sait par&itemeDt 
compter. Sa maman n'a pas cm pouvoir remet- 
tre ses affiiires entre meilleures mains qu'entre 
lea, siennes , mais elle a promis à madame Sopbio 
que l'absence de sa fîlle ne passerait pas huit 
jonrs. 

Ehilie — Quelle peine vous nous &ites , 
madame ! quoi ! nous serons buit jours sans voir 
mademoiselle Joséphine , que bous aimons tant, 
et qui nous instruit si bien 7 

Mad. £u3XBSTE. — Huit jonrs seront bien- 
tôt passes , et vous ne petdrez rien du côté de 
l'instruction , car c'est moi qui la remplacerai 
pour les leçons d'histoire. Oà en éiies-vous , 
Emilie T 

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DES JETWES DEMOISELLES. Il5 

ExiLix. — Nous «a étions & Cjnu , qm s'é- 
tait emparé de la ville de Babylone. 

Mad. Elisabeth. — Darius Ciaxare étantmort 
qnelqueii annto après la prise de Babylonej 
Cyrns , soB gendre et son nevea , régna à sa 
place y et devint le chef d'une des plus grandes 
monarchies qui aient existé. Au coonnencemeDt 
de son règne, la première pensée qui lui vint , 
fat de rendre la liberté aux }uî& , et de lei re&- 
TOjer dans leur patrie , en leur fournissant tout 
ce qui était nécessaire pour bfitîr un nouveau 
temple. Ce fut ainsi que s'accomplit la célèbre 
prophétie d'Isaïe sur la personne de Cjrus , et la 
délivrance du peuple juif. Le règne de ce prince 
fut très-heureux , car Dieu ae plaisait à le bénir 
è cause de la liberté qu'il avait rendue à son peu* 
pie. Mais étant devenu vieux , il commit l'im- 
prudence de déclarer la guerre eux Scythes , qui 
sont les Tartares d'aujourd'hui. Il fut malheu- 
reux dans cette expédition , où les historiems as- 
surent qu'il perdit la vie. Cependant , Cambjse, 
son EU , qui n'avait aucune de ses bonnes qua- 
lités , et qu'il avait nommé pour gouverner 
l'empire pendant son absence, profita de cette 
absence pour faire la conquête de l'Egypte. Au 
lien de se concilier l'amitié des Egyptiens > par 
de bons procédés f ce prttice extravagant tua le 
bœuf Apis , qu'ils adoraient eomme un dieu. 

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Il6 ENCTCLO^DIE 

AoxANiinisB. — Uh étaient bien sqU , les 
Ëgy^plîens , d'adorer m hcaiS} 

Mad. ËbisjLBËXH — .ÂssuréBa^ çp boeuf n'^ 
tait pu le seul atiimal qui fitf l'obi^t de leur 
colle. Les chats , les crocodille», etc., l'ecevaietii 
susù leurs bommages } ils recaniud$&*JQnt néiM 
les légumes de jleurs jardiBa Comn^ des diWDi - 
ié». C'est ce faux culte qu'on appelle l'idobteiff , 
i laqvdle étaieot&ouw^ tous'ce»peiiqi4eft , avam 
l'an-iv^e du Mïssie , excepté le petite jiiif > ^i 
coosenra toujours la. cwmaissaace du ynai Dieu. 
KsreDoos à Camb/se , £1« dv Cyr«s. 

Apre» avoir «mqui* la Çasse^gypte » il you- 
lut s'amp^irer de la Haute ; mai» un. gjKtnd vent 
ayant ^ovlevë lec sablas tpl s'y'M'OuveDt, b plus 
^aude partie de «m armée fut ensevelie daoj 
c^tte espèce de déluge , et il fut trop beuceàx 
d'en ëcbaj^ier avee ua petit nombre des sleBg, 
et de revenir à Babylooe , oit il mourut peu de 
tunpsafurès soupére^ Soqfoccesseur fut Darius, 
fils d'Qystepcs , qui , ay-ant d^çUr^ la guerre aux 
G^ecs, fut vaincu par MiUia4e.t grand capîtaÏBe 
atbéaien , à la bataille de ^brathav. 

Pauuihx. — J'ai bien quelquefois eatcndti par- 
ler des AtbénicDs ; mais je n'ai îamaïa su quel 
peuple c'était. 

Mad. Ëiis^B^p. -^ Les ^^^éaieps étaient un 
peuple de la Grèce , paysd'Europe , sur ki Më- 



DES JEl^NES DEMOISELLES. I17 

ditemirtëe, eu )*fe Egyptiens 'fonàirCiitplosiedrs 
(oiwKies , BOUS la coadaîte^e <jécrOps , <|tii est 
rOgardé oomBiel&'fbndateur'de ]a TÏlIc-d'Athè- 
ties. Ces ci^oaies «uïient «l'abord des rois ; nuis 
la fad)ï4aBs d'Athëintes se donnèrent on gouver- 
«eKKat rëpuUioam ^1 -dbangea plusieurs fois i 
pttï'amïjîlionâes principaux 'cifoy«ï9. Ge n'est 
pas par leor gonvemeniteBt «Jne les Athéniens se 
unit readUs tëlàbrës , c'est par leur courage et 
leir manière de faire la guerre jpBT H sagesse de 
levrs philosophes , l'éloqoeDce de leurs orateurs 
et les chefe-d'œuTre de leurs po^cs e* de leurs 
artistes , <«t surtout par cette politesse Consotn-» 
mée qui les dîstingunt de tous les autres peu- 
ples de la terre. 

Xsrzèa , Sis âe Dbriùs et son successeur , tou* 
htt venger t'afirOBt ^e son père avait reçu à 
Marailion ; c'est pourquoi îl &t marcher une ar- 
u^etanombridi^epoar subjuguer toute la Grèce, 
iku li«u de se décourager , îles Grecs résolurent 
de lui résister de toiites lenrs SMoee, Ce furent 
les LacëdémOQtens , antre peuple de la Grèce , 
extrêmement bellt<pieiix , qaî forent eliargés de 
défendre les passages par où les Perses pouvaient 
ptJnëtcer dtfns leur pays. Qnant aux Âthëaiens , 
ils -mirent en stireté leurs femmes et leuisenfans, 
et se retirèrent sur leur Qotte , dans le dessein de 
livrer liataille à celle de Xerxés j qui était infini- 
ment plus ncRnbreuse. Il y avait un passage tr^ 

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Ii8 ENCYCLOPÉDIE 

étroit par où Vaimée de ce prtnCe devait passer 
poQF entrer dans la Grèce. C&pabsage est fiômaz 
dans l'Histoire , sous le nom de Passage d£s 
Thermopyles. L<!onidas, roi de Sparte , résolut 
de le d^t^ndre à la tête de trois cents hommes : 
^ dtffense fut opiniâtre ; tuais enfin , accablé par 
le grand nombra des ennemis , il périt gloriea- 
sement avec les siens, après avcûr tué plus de 
vingt mille Perses. L'année de Xerxès se répan- 
dit ensuite comme un Ûeave débordé , et vint à. 
Athènes, dont elle détruisit Ips murailles, les 
plaisons et les monupiens. 

. EuiLiE. — Us étaient bien à plaindre , les 
Athéniens, d? n'avoir plus d'asiles ^ue sur la 
mer I 

Mad. Elisabeth. — SansdoutS, si Xerx,ès 
eût été victorieux sur mer, comme il l'était sur 
terre ; mais il en fut autrement au détroit de Sa~ 
lamine , où sa flotte ftit entièrement dé&i(e par 
celle des Grecs , qv> ^^'^ très-inférieure en 
nombre. Cflte grande vict^ife porta 1^ décou^ 
ragement dans l'armée de terre ,dii monarque 
persan, dont le lieutenant , Mardonius , fut 
aussi vaincu à U i>atail)e de Platée, et obligé 
de repasser en Asie, ^erxès avait déjà pris la 
fuite, et était retourné en Perse , f>h il fut mal 
reçu , et ensuite assassiné. 

EuiiiB. — Ce fut pour lui an grand sujet de 
honte d'être venu dans la Grèce, avec une si 



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DES JEUNES DEMOISELLES. Iig 

grande armëe , et de s'en étce retourna chez lui 
comme un fugitif. — 

Mad- Elisabbtb. — Xerxès ëtaif an extraTa- 
gsot qui n'avait point réfl^clii aux obstacles que 
la valeur des Grecs et la sagesse de leurs géné- 
raux mettraient k sou ambition j et sou orgueil , 
qui ëlait excessif, lui avait persuadé que riea ne 
devait lui résister. Ce fut dans cette idée qu'ayant 
TU le pont qu'il avait fait jeter sur le bras de mer 
qui sépare l'Europe de l'Asie , emporté par une 
tempête , il ^t battre la mer , et j fit jeter des 

j chaînes , comme ppur la punir de son indocilité, 

Emilie. — C'est bien le comble de la folie que 

de vouloir châtier un être insensible , et celui qui 

K conduisait ainsi , ménlait bien d'être rnalben- 

reux. 

Mad. Elis4SEth, — Votre réflexion est trés^ 
juste et tri^a-sensée, Emilie. C'est ainsi que l'on 
doit apprendre l'Histoire j car^ il ne suffit pas de 
retenir dans sa mémoire des noms et des événe- 
mens , il faut encore réSëcbir sur ces événemens 
pour en tirer des le>;ons et des maximes de mo-r 
raie et de bonne conduite. Kevenons aux Perses, 
Le successeur de Xerxès fut Ârtaxersés-Lon- 
guemain auprès de qui se réfugia le célèbre ca- 
pitaine athéuiei) Thémistoole , que ses couci> 
toyens avait éiilé. Après Àriaxersès , régna Da- 
rius -Nothus^ avec qui les Lacëdemoniens firent 

^ .fdliance contre les Athéniens , dans la guerre du 



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I 

• 1 20 ENCTCIOPÉDIE 

Pëioponèse. Cdui-cï ent deux fils , Artaxerxée- 
Mnémon et Cyrus. Le premier saccada à son 
père , et le -second eut Honie et la Lydie : maU 
peu satisfait de son sort, il déclara la ^erreâ 
son frère, contre lequel il marcba arec une ar- 
m^ dont les Grecs feisaient la principale force. 
L'érétiement ne répondit ni à ses talens, ni à la 
valenr de ses troupes ; car il fut tuiÇ dans nne 
bataille qu^il livra à son frère , à pen de distance 
de Babylone. Triste destinée d'un prince que la 
jrioasie et l'ambition perdirent, et i|ui ternit, 
par les plus grands dëikuts , l'étlat des phis belles 
qualités. 

AlïxakdriSB. — Les Crfecs qui l'avaient 
suivi , durent être bien embarrassés pour reve- 
nir dans leur pays, s'ils n'ont pas été iàits prison» 
niers? car en jetant les yeUi sur la carte, on 
ToH nne bien grande distance de la Grèce k cet 
endroit de l'Asie où était la ville de iJabylone, 
et oii Cyrus perdit la vie en cotnbattaQt. 

Mad. ExiSABiTB. — Votre observation me snr- 
preod , Âlexaudrine , à quel propos avez-vous 
chercbé la distance dont tous parlez ? 

Âi£XABpRiifE. — Pendant que vous parliez, 
je jetai les yeux sur la carie de Tauoienne Âsiej 
et je suivais , pom- ainsi dire , l'armée de Cyrus , 
depuis d'Ionie , d'où elle partît , jnsqu'& Baby- 
lone. 

Mad EusABEïB.— Cesfbien ainsi que l'on 



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r^S JEUNES DEMOISELLES. 131 

doit ëtududier l'Histoire ancienne ; car rien n'est 
plm propre à en fixer, dans la mémoire, les 
principaux évëaemens , qne d'examiner sur une 
carte les endroits oà ils se sont passes. Quant à 
ce qui regarde les Grecs de l'armée de Cyrus , 
ipii TOUS inspirent tant d'intérêt , je tous dirai 
qu'ils prirent le parti de se retirer, mais en si 
bon ordre > qu'ils ne se. laissèrent point entamer 
par leurs ennemis , quoiqu'ils eussent h traverser ' 
pins de six cents lieues de pays pour retourner 
dans leur patrie. C'est un historien grec, nomm^ 
Xénophon , qui se tronvait dans l'armée de' 
Cynis , lequel nous a laissé les détails de cctt« 
beUe retraite, qu'on appelle la retraite des 
dix mille. Tout ce que cet historien nous en ra- 
conte mérite toute croyance , car il était témoin 
oculaire, et il commandait les Greca à leur re- 
tour, 

AxïxAwnuTNE. — les Grecs durent assuré- 
ment bien récompenser Xénopbon, car ils lui 
■raient de grandes obligations. 

Mad. Elisabeth Sans doute; mais comme 

ils étaient fort ingrats, ils ne se comportèrent 
pal envers lui autrement qu'ils n'avaiept iait en- 
vers plusieurs de leurs généraux , dont les vic- 
toires les avaient sauvés i ils exilèrent ce grand 
homme , ponr plairo^u &ére de Cyrus , dont ils 
étaient derenas leç amis. ; , 

6 

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122 EKCÏCLOPÉDIE 

Pauwke, — C'est; un bien vilain déànt que 
riDgratitudfi 1 ii'«9t-^e pas' vrai , maclaine? 

Eliub^h. — Âssurànant, il n'en est point 
de plus inîpâte ni â^ plus vil, dans les nations 
et daus, \& particuliers. Oublier un bienfait 
qi^'oq a reçu , c'est comme: si l'on refnsait àe 
pajiQç une.dette ^bonneur; mais persécuter son. 
bienfaiteur , c'est abjurer tous les sentimens de 
religion , dltumanit^ ,, de bi«isâince , de délica- 
tesse et de probité, et sa dévonec au mépris do 
tOHSi les bono^tea gens. 

- Emue. — Jo me- rapelle qu'il noas est or- 
dooaë datuVÉsangile d'aimeo- nos eonemis, et 
de.lenr.rendrele bien pourle niali à plus forte- 
raison , de-Tons - nous^ aim^r ceux - qui nous 
aiment, et leur read^U bien pourle bien. 

ËLisjUBia. — Il n'y a rien à répliquer contre 
un raisonnement si- clair, etilestbors de doute 
que si nous, devons bénir ceux qui nous persécu- 
tent , c'est pour nous une obligation sacrée debé- 
nir ceux qui nous font du bien, et de tibcber da 
leur en faire k notre tour. Finissons ce que nous 
aroas à dire ai^ourd'hni de l'histoire des Perses. 

A Attaxerxés-Mnémo» succéda- Ochus, qui 
régna peu de temps, et suivi dëDarius-Codotoan, 
dans la' personne duquel finit l'empire des Per- 
ses , comme celui d^s Assyriens avait fini dans 
Iflf personne de.Baltbasar. 'Cft fiit Alexandrfi-Ie- 
Grand, fils de Philippe, roh de Macédoine, 

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DES JELlVES DEMOISELLES. 133 

dont U'P^oV^dflûbd, qûtrèBfWrseies empires et 
lePélèfê'k sôHigrë-, sir'seftiV'p#fa''dgliftiré'ceUe' 
ffûnâe- momtéûff, qui fut réinp1a<;de pat une 
plli* vàsti etiCdw'; laquelle', à son toUf, fut en- 
glolilie' par l'émptr^' Botbain , le plus- grdiid q?ii 
ai» iacdais existiS. Arfètons-Dooa ' atijbni'd'hDi à 
ITrirtèiffl d'AIeïftnttrè-t^raiii*'; ; dont' les ex- 
ploite feront ' le «ifjett d^unb 'autf e ebdfef satidn . 

XVfl- CGPWERSATION. 

ÉIJZÀ', ST^PKaRIE; ÉMII:jE, HORTEIirSÉ, 
JÛUE, PAtfÙNEl 

Elisa'..— 'JuiMju'uù EmilioTOns a-t-elle appris 
l'Hiatoire Sainte , jna çhére Hortense t 

tiosTBRsi. — Elle s'est arréttîc à l'histoire de 
Josephij que madame Soplùe nôos-a dit être fort 
Mie et fort touchante : cW pourquoi Je dési- 
rerais bien l'entendre aujourd^ui . 

Euz:^.— Coptiilnez , Éniilie; comme vous 
aves comfiieQC^V et dites-nous cette- intéressante 
histoire de Josc^ ? 

AisÊUB.'*T-ïa<Iob avait douze fils , dont Ji»eph 
^tait celui qn'il aimait pln« que tous les antres, 
et qaî., eatre'autce raison , le faisait Iiaïr de aeê 

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1 a4 ENCTCLOPÉDIE 

frères. Mais voioi.un rére qui les irrita contre 
lui , plus que n'aurait pu &ire l'amitié que son 
père arait pour lui. «J'ai rêvé, leur dit-il un 
jour, que nous faisions des gerbes de blé, et 
que toutes vos gerbes se sont abaissées devant la 
mienae; une autre fois je rêvais que la lune et 
onze étoiles se prosternaient devant moi, » Ces 
propos avaient tellement irrité ses frères contre 
lui, qu'ils résolurent de s'en défaire. L'occasion 
s'en présenta bientôt i eux , dans un endroit éloi- 
gné, où ils avaient mené pattre leurs troupeaux : 
mais Ruben les détourna d'un projet si barbare, 
et ils résolurent de le jeter dans une fosse , d'où 
Ruben avait dessein de venir le tirer. Cependant, 
dgi marchandji qui allaient en Egypte , étant 
venus à passer , ils leur vendirent Joseph , et en- 
voyèrent à Jacob sa robe teinte de sang , afin 
qu'il crût qu'une béte féroce l'avait dévoré. 
Quand ces marcliands furent arrivés en Egypte , 
ils vendirent Joseph à Putiphar^ qui était un 
grand seigneur de ce pays. Ce Putipbar avait one 
femme qui , pendant son absence , voulut que 
son esclave offensfttDienavec elle^mais ce jeune 
homme , qui avait la crainte du Seigneur devant 
les yeux , résista aux sollicitations de celle 
femme infidèle, et s'enfuit^ en luLlaissant son 
manteau entre les mains. Quand Putîphar fut 
de retour dans sa maison , sa femme se plaignit 
à lui de ce que Joseph avait voulu lui faire oii" 

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DES JEUNES BEHOrSELLES. ia5 
trage, et pour prouve de ce qu'elle avan^^ït, elle 
lui montra le manteau qu'il lui avait abandonné. 
Sans prendre pins d'informations , Putîpliar Ht 
arrê^C'Josepli , et l'envoya en prison. II j avait 
dan^ette prison deux officiers de la cour du roi 
d'Egypte^donl l'un était son écliaDSon,e1 l'antre 
son pannctier. Un jouv l'échanson dit à Joseph : 
J'ai rêvé que j'avais de beaux raisins que j'ai écra- 
sés dans nne coupe,et queleroî abu lejusdeces 
raisins. Ce songe signîEe que vous rentretrez en 
grâce , lui dit Josepb , et je vous prie de vous 
«onvenir de moi , quand vous serez à la cour du 
roi, ce queVécbanson lui promit. Et moi, dit le 
panneticr, j'ai rêvé que je portais sur la t^te une 
corbeille pleine de gdlcaux , que les oiseaux ve- 
naient manger. Ce songe veut dire que vous se- 
rez pendu, lui dît Joseph, et que les oiseaux 
tnangerout votre corps. Toutes ces choses arivè- 
rent comme Joseph les avait prédites; mais l'd- 
clianson oublia , quand il fui rentré dans l'exer- 
cice de sa charge , la promesse qu'il avait faite , - 
et Joseph resta en prison . 

pAutiKE. — Cette histoire est fort belle ; 
mais) 'y découvre bien des méchancetés. 

Eliz.^. — Oui, ma chère Pauline, il y en a 
beaucoup : et c'est une chose fort triste que de 
voir l'innocence persécutée, sans que personne 
se cliai^ de sa défense. Joseph est seul avec sa 
vertu ; il est accusé par une méchante femme ; 



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. 1 26 - ENCr^CLOT^^m 

il çst emprisonne,. et oi^lié ^ajis jSa.prûoQ. 
Comment ^i9pipfaera-t--îl,:etcpmij9gBt agixiii- 
nonceiice sera-tielle recqnpjie? Sans.4oiUe, s'il 
n'attend son salut <jne des lic«;infes , il^^bien à 
craindre iju'il ne. sorte jamais, jle sa trilEe situa- 
tion j mais Dieu yeille ,suF^i', et c'est ;1« Provi- 
dence qtiî se cliarge de le sauver, et de l'^ever 
autant qu'il csthumilid; tous en verrez Ja preuve 
dans la si^ite, de sou histoire. 

Emiije. — Jje roi d'Egypte, qui se ijcanmait 
Pharaon, rêva un jpur qu'il voyait ,^pt yaclïes 
fort grasses; aussitôt après , il en vJt sf^t 9Ukti%$ 
qui étaient (oTi maigres. Les sept vaches maig^s 
Tnângèc'ept lessept vaches grasstis. Le roi s'^lant 
■ éveillé envoya cbercher les honjmes les plus s»- 
vans de l'Egypte, pour lui expliqu£r ce songe ; 
mais ces. hommes ne le pucent faire. Alors 1'^- 
jchanson se souvint de Joseph, et dît an roi qu'il 
lui avait expliqué pon songe et celui du p^niff- 
tier. On .fit donc, venir Joseph , qui dit au roi 
que les sept vaches grasses signifiaient sept an- 
nées d'abondance , qui seraient suivies de sept 
années de stcrilitë, lesî^uelles étaient désignées 
par les sept vaches maigres. Âpcés cetje explica- 
tion, Pharaott ne voulut pas que Joseph rctpur- 
nàt en prison , et même il l'établit sou surinten- 
dant daqi; tout son royaume , en le chaigeapLde 
prendre toutes les précautions, convenables pour 
emp(?çher la famine dç ravager l'Egypte , pep- 



DES IXUNES 1ŒU0I$ELL£S. 137 

'Nanties sepl-snivées de A^nlité.' Joseph répûndic 
pttr&iteniaDt. à l'id^ qile leroi avait de sa sa- 
gene;! it fit bâtir de'gtvnds niïgaslnâ , où tons 
U» Egyptiens furent oblige d'apporter , moj'ert- 

Haat un prix oouvenu, le- blé gui Uur restait , 
oprès-aToirprdlevë , sur la rtScoUe de chaque an- 
■née ÛjahaadÂoce , le gmia Bécessalre à leur con- 

:n>tDinatioa. Quand ces sept années fnrent écou- 
lées, arrivtrdiit les sept 'années de stérilité, pen- 
dant lesquelles les Egyptiens furent obligés de 
racheter des greniers du roi , te blé qu'ils avaient 
vendu à Joseph. Quand Pberaon vit cela , il ad- 
mira davantage lassgesse de Joseph , et il le fit 
le plas'gfand seigneur -de son royaume. 

HoKTEiTsz. — Ce qui cne fait le plus de peine 
âmstette histoire, c'est que Joseph ne pense 
f^us à eon père Jacob j assurément ce bon vieil- 
lard anrait été fort aise d'apprendre que son fils 
Juse^, loin d'avoir été dévoré par les bëtes, était 
au contraine fort riche , etleaecond personnage 
du royaume d'Egypte. 

Kliza. — Cette réQesion, ma chère amie , 
prouve votre excellent cœur j mois attendez , 
vous verrez -bientôt que Joseph n'avait pas oublié 
son pêlffe , el que Dieu nidme n'avait permis qu'il 
parvint à cette élévaiion , qu'afin de le mettre en 

-étst de venir au secours de son père et de sa fJ- 
tnîlle. Emilie, continuez. 

Emiiie, — La disette qui était arrivée ea " 

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laS ENCYCLOPÉDIE 

Egypte Se £t ressentir jusque dans lepay^s de 
CbanaaD, où demeurait Jacob, Ayant appris que 
les Egyptiens yeudâient du Lie, ce patriarche 
donna de l'argeut ii ses fiU pour en aller acheter; 
mais il garda Benjamen auprès de lui. Quand les 
cafàns de Jacob parurent devant Joseph , ils ne 
le reconnurent pas; mais il les reconnut fort 
bien , et faisant semblant de se fôcher , il leur 
dit : Vous êtes des espions , vous êtes venus dans 
ce pays pour trahir le roi. Us lui répondirent : 
Seigneur , nous ne sommes point des espions , 
mais nous sommes ùètes et en&nt du même 
père ; nous avons un autre frère qui est resté à. 
la maison , et nous en avions un antre qui est 
mon il y a long-temps. Vous mentez, reprit Jo- 
seph , et je ne vous croirai point , à moins qne 
TOUS ne m'ameniez ce jeune frère que voua dites 
que TOUS avez. Alors, les iirères de Joseph, 
croyant qu'il n'entendait pas leur langage , se 
dirent entre eux : Dieu nous punit pour avoir 
vendu notre fière Joseph , qui nous priait d'avoir 
piti^ de lui. Joseph qui n'avait pas oublié la lan- 
gue de son pays , comprit bien ce qu'Us disaient, 
et leur dit ; Retournez chez votre père , pour ra- 
mener votre frère Benjamen ; je garderai un de 
vous pour otage, et si vo«s ne revenez pas, je le 
ierai mourîr.Les neuf fils de Jacob retournèrent 
aussttx'it auprès de leur père j maisils furent bien 
étonnés de retrouver dans leurs sacs l'at^ent 



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DES JEinsES DEMOISELLES. 129 

qu'ils avaient donn^^our jpayer le Lié. Us ra- 
contèrent ^'Jacob ce quî'Ieur était ariivé ; mais 
celui-ci ne voulut point consentir âu d^art de 
Beajamen. It fallut pourtant retourner en Egyp- 
te , quand le hlé fut consommd ; et Jacob per- 
mit eaân k se« fils d'emmener avec eux IcurCrère 
Benjamen. 

JtTLiB. — Il fallait que JosepK eût une grande 
donceur , pour ne pas proGter de l'occaMon qu'il 
avait de se venger d« ses firères. 

Eliza. ^ Tout autre que lui les aurait assu- 
rément fait arrêter , ou leur aurait du moins re- 
fusé le blé dont ils avaient besoin j mais il a d'au- 
tres sentioieiiB, et au lieu d'exercer une ven- 
geance qui aurait été basse et indigne de lui ,' 
c'est en leur (àisant du bien qu'il veut les punir 
dn mal tjn'il en a reçu. Bel exemple à suivre par 
let cbr^tiens. 

BuiLiB Quand Joseph vit Benjamen , il &t 

rendre la liberté à Siméon , qu'il avait retenu 
pour otage , et dît A «on intendant de conduire 
ces étrangers dans son palais^ et A'y préparer un 
grand repas. Se^ fi:éres eurent peur en eniendant 
cet ordre , parce qu'ils craignaient qu'il ne leur 
fit des reproches au sujet de l'argent qu'ils avaient 
trouvé dans leurs sacs. Mais l'intendant , à qui 
iJs firent part de leur crainte, leur dit d'être 
tranquilles , parce qu'il avait reçu leur argent. 
Quand Joiepb fut venu , il leur demanda com , 

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■)5o ENCtGtOSÈCtt: 

ment se pomit Jacob , et rf>g*r^nt fiDn ■ frérd 
Benjamin , }es larmes lui viorept aux j;eux. , et 
il^e retira un moment pour plcuc«r. Etisuite ils 
se mirent à table, et Benjamen fraït uae por- 
tion cinq foisplqs grosse que les antres. Le len- 
demain , Joseph leur fit â^^nner du blé ; mais II 
ordonna à son intendant de faire cacher sa coupe 
d'or dans le sac de Benjamen. Qnandjls forent 
partis, l'intendant courut aptâs eux , et leur re- 
prôcba le vol de cette coupe. La co^pe aj'ant été 
trouvée dans le sac.^c jBenjamen , Joseph voulut 
d'abord le retenirj mî^iis ses fr^s, Judas surtout, 
qui était leur atué, lui ûrent dçs iostances. si tou- 
chantes et si vives, que ne pouvant plus résisiterà 
son émotion, et ayant fait sortir to\it:le monde, il 
sett connaître à eux, en leur disant i. JesueTOtre 
frcre Joseph , que vous av^z vendu.; ^ Qraignez 
rien ; c'est Dieu qui a permis cet évéuemeat , afin 
que je p^sscvt^jr.à votre saccurs. Phawon ayant 
appris que Jopepji avait rptropvé SCS frères, von- , 
lut- que son père vifit en Egy.ptç ayec toute sa 
famille , ppur sjy é):ablir danç le plus beau pays 
. de son royaume. 

HonTEifSE. ~- Jamais histoire ne m'a tant fait 
pleurer que celle là ; ;ivijs j* ne vous cacherai pas 
que je ctimmeu^ais ù en vouloir i, Joseph de ce 
qu'f^u lie,u de se faire si^r-lechamp connaitre è ses 
frères , )1 cherchait à leur dpnner dps inqi^iéw-' 
des , et à jouir , pour ainsi-diiie, à/a leurs i^ayeurs. 

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DES JEUNES DEMOISELLES. I?r 

Eliza. — L^intentionde Joseph était liien de 
se faire connaître de ses frCres } mais il voulait 
aussi leur prouver qu'il avait tous' lés moyens de 
fcur nuire et de les perdre s'il l'eût vôtilii , sans 
avoir recoure à l'accusation du crime yii'ils 
avaient commis en sa personne. Si , d^s la 
première imtrevue , il leur avaîi dit : Je suis Jo- 
seph , 5ans doute 'As auraient ete eflrayës , dans 
le premier instant ; mais teur frayeur se serait 
dissipée bientût , et le remords de leur crime ne 
leur aurait point fait dite : C'est Dieu qui nous 
punit pour avoir vcliÛu noire frère. Le remords 
est louie la vengeance qu'il voulut tirer du mal 
qniH lui avaient fait. 'Emilie , acUevez l'histoire 
de Joseph. 

Stéfhahie Comnîc Emilie doit être bien 

fatiguée , je vans dire «n 'peu de mois , ce qu'il 
resteàsavblr. 

^dand les enfânS de Sa6Ô\> furent arrivés dans 
lenrpajs, îlsdifentàléurpère; Ilé)ôuWez-v ous, 
Joseph n'est pas mort. C'est lui qui est le suiiu- 
tendant de l'iiaraoti d'ans toute TEgypte. Jàcol» 
ent biendetàpeiuçà croire celte nouvelle} "mais 
quand il eot ru les pilfsen^ de Joseph , il remer- 
cia Bieû , en plenr&itt de joie , et partit avec 
loùté ta famille pour éè rehdre en Egypte. Quand 
fl fat arrivé, JotiejAi l'cUibirassa avec de vife trans- 
ports de joie, et le présenta au roi qui lui de- 
manda quel £ge il avait. ï'aî cent-trente ans , lui 

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1 32 TNCYCtOPÉDIE 

ri^pondit Jacob, el les jours de mon voyage sur 
la terre ont élé courts et fÂchenx. Pharaon lui 
donna un beau pays pour faire paitre ses trou- 
peaux^,, et où il Tëcut encore plusieurs annëes. 
Avant de mourir, il prédit à ses enfans , qui sont 
les chefs des douze tribus d'Israël , tout ce qui 
devai de ur arriver , et il assura à Judas , son fils 
aine , quele^ceptre ou l'autorité souveraine Tien- 
drait dans sa maison, et n'en sortirait qu'au temps 
oùle Messie serait sur le point d'arriver. Après 
sa mort , ou transporta son corps au tombeau de 
ses pères, dans la terre deChanaan. Joseph vécut 
un grand nombre d'anndes , et fît jurer en mou- 
railt , A SCS enfans, que lorsqu'ils sortiraient dç 
l'Egypte, ils emporteraient ses os, pour les mettre 
auprès de ceux de Jacob. 

Pauline. — Je me rappelle que madame So- 
phie nous dit dernièrement , que l'Histoire Sainte 
est remplie de iîgm-es , c'est-à-dire d'événemens 
qui sont la représentation de ce qui est arrivé 
depuis la venue de Jésus-Christ ; Irouve-t-on de 
ces figures dans l'hisioire de Joseph ? 

Stepbamie.— Elle en est remplie, ou plutôt ce 
n'en est qu'une seule, fort belle et fort claire, 
de la vie de 3ésus<Christ notre Seigneur, Les 
frères de Joseph nous représentent le traître Ju- 
das qui Tendit Jésus-Christ , dont Joseph est la 
figure. La prison de Joseph nous représente les 
sou£&Buce3 du Messie pendant sa passion; l'é- 



DES JEtTlŒS DEHGISELLES. lS3 

clianson de PKaraon , auqoel il avait prëdit m 
rentrée à la cour, est le bon larron , à qui Jésvw 
Christ annonce sa prochaine entr^ dans le pa- 
radis, la délivrance de Joseph, c'est la résur- 
rection de Jésus-Christ , qui sort da tombeau , 
trois jours après sa mortj son exaltation à la 
cour du roi d'Egypte, et son autorité dans ce 
roj'anme , sàgnifîent le triomphe du fils de Dieu 
^t homme , et son empire sur toutes les créa- 
tures. Les on&ns de Jacob, à qui leur frère st 
ini connaître , désignent le peuple juif, qui un 
joor reconnaîtra le Messie , qu'il a persécuté et 
CTDciâé j et ce beau pajs où s'établit Jacob , avec 
ta famille et ses troupeaux , nous figure le 
royaume des cieux , que Jésus nous a mérité par 
ses soufirances , et où il règne éternellement avec 
Dieu son père. Ressonvenez-vous bien, mesde- 
moiselles, de cette explication, qui vous ap- 
prend avec quelle attention et quel respect vous 
devez écouter l'histoire des événemens arrivés 
chez le peuple hébreu, avant l'avènement du 
Meskie. 



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l54 ÈNCICLOPÉDm 

XVIÏP GONVERSATTON. 

Madame SOPHIE, EUGÉNIE, CAROLINE, 
JUUE, PAULINE. 

Julie. — Je Be sais que penser, jnaâftEne, du 
^IfiHce pie marnant et de Tabaudon où elle tne 
Jaùse. JEjfit-ce quVlle ttucait à se plaindre de fnoi ? 
Od lui Miriez voue porté des plainites sur ma 
<ïoiid,uite ï En irërité , }e auis comme une folle , 
■et xie» «u monda ne serait pliH aiialheurenK 
poqr moijjuede .perdre l'amitié de maoKUi, et 
■de dereoir jiour elle un su>et d'indifférence. 

Mti- Sophie, -r- Il làlut^ue je tous ïediae, 
Julie , votre mamon n'est point oonteate ^ voos, 
fil elle iTjOuve que vous ne iaites auoun progrès. 
EUe m'a écrit k voire siqet une lettre de negro- 
ches, qui t&tts soat bien fimiés. Il eai vrai (joc 
je suis U9 peu )a -cause ^ cette Icttfc ; cor je 
n'eus aucun éloge à lui faire de vous la deniiùre 
fois qu'elle tIuI ici. Puisque vous êtes la pre- 
mière à me parler d'elle , et que tous voulez sa- 
voir pourquoi elle vous tient rigueur, je vais 
vous répondre en présence de ces demoiselles, 
qui vous connaissent aussi bien que moi , et dont 
les défauts, quoiqu'elles s'en corrigent, il est 
vrai| de joue en jour , doivent les empêcher de 

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DES I^inv^S StEAfO^ÊtLES. 'iSS 

sVnprgueillir e^.vayaat }e$ jrdites, iet.de.TOiu 
mépriser. 

Pauline. — peroicremeat > autdame, vols 
me dites tous les miqns âeyast mes compagnes , 
qiû ne m'ont p^ n^risée pour cela , et ip'oAt 
même engagée k filiive des ajtûtiéa i LouUe. Au- 
joordliui , si vqos .avez qocore des repuoclws à 
me&irej je suis .tpv^ préte à W.ëcoutw, ct^à 
en profiter] parce qu9 )e sens que tous avec i»i- 
son , et que c'^st votre fttUfihcment pour nous 
qui Tops porte â nous dire tous nos dë&uts. 

JuiiE. — Au ippiiis, je nV pas uèlui d'êtse 
&ère et dëdfigpeuse , vî de lïien dire i (\m que 
ce soit des choses qui fassent de la peine. 

Mad. Sqpbii. — Ù «t vrw, ma chère j ft 
c'est une justice à vous cendre, qu'aucBse de^oa 
compagnes □« se plaint de vos ^opos ni de vos 
procédés : mais qu'est-ce que oela proupe , si œ 
n'est qoe tous n'avez pas touH les d(5iàuts rémiis? 
C'ett bien assez qo^ vous en ayez quelques-uns 4 
et quand vous n'en auriez qu'un seul., ce semil 
encore trop; car une' demoiselle bien née et 
bien élevée n'en dojt avoir aucun. 

Ca&dlinb<.— - Est-ice qu'il est possible, bis* 
dame, de i^'sYctJr »«cun délaait ï «st-ce ,qa'u» 
.demçiiielle doit ^tre une saîuto , comiBe celles 
dont nous lisons U vie Ions les jours î 

Mad. SopHi?, — Oiiii, ma chère, une d«- 
moiaeUe ae doit avoir que de bonnes qualité) , 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



'ï56 ENCtCLOPÉDIE 

et aucaa dtîfàut. C'est une cbose qui paraU d'a- 
bord bien difficile, parce que nous sommes tou' 
tes piaf port(<es au mal qu'au bien , et que nous 
nous imaginons que nos défauts nous resteront 
too)ourii, si nous lie les âtisons disparaître tout 
d'un coup. C'est une erreur bien dangereuse , et 
qui serait cause que nous ne nous corrigerions 
jamais. Non , les plus légers défauts ne s'en vont 
pas même aussitôt qu'on le veut j et comme on 
ne les contracte que peu à peu , ce n*cst aussi que 
peu k peu que l'on s'en corrige. Avec du cou- 
rage et de la bonne volontt! , on en vieut à bout. 
Julie , par exemple , qui ne se lève et ne va ja- 
mais aux exercices qu'après les autres , ai elle 
vent bien s'en donner la peine, et prendre là 
dessus une bonne résolution , verra sa paresse 
diminuer peu à peu , et finira un jour par être 
aussi diligente que ses compagne». 

Jolie. — Dès demain, madame, je me lève- 
rai , et je me rendrai aux exercices avant toutes 
I.'s autres. 

Mad. Sophie. — Ce n'est point ce que j'exige 
encore de vous, parce que vous demander trop, 
ce serait oe vous demander rien : ce sera bien 
assez si vous ne vous faites pas dire deux fois de 
vous leVer , quand la cloche aura annonce le t6- 
veil et le lever, et si vous n'arrivez pas à la prière 
après tout le monde. Ordinairement, quand on 
veut se cwriger , on va tonjours au-delà de ce 

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DES JËinilES DEHOISELIXS. iS?' 

^W doit Clire, ou de ce qu*on doit éviter; 
nuis cet empressement n'est qu'une ferveur pas- 
sagère , et qui s'éteint bientét , parce que ce 
n'est qu'un mouyement auquel la réflexion n'a 
point de part. Il faut donc que tous tous met* 
tiei bien avant dans l'esprit , que votre dcToir . 
consiste actuellement à n'eue point paresseuse, 
et non i être un modèle de diligence. Pour cela , 
songez souvent à tous les inconvéaiens qui résul- 
tent de la paresse. 

Julie. — Plus je tarde à me lerer , et moins 
j'en ai le désir; il me semble que je suis retenue 
au lit par une chaiue que je ne saurais briser ; et 
qnaud , après avoir raisonné avec moi-même , je 
prends La résolution de le quitter , j]y retombe 
presqu'aussitôt , en médisant i moi-même, en* 
core un moment. Cependant , je fais un effort, et 
après quelques instans d'un sommeil agité et 
interrompu je me lève, triste, ennujrée, et je 
m'habille avec humeur. 

Mad, SoEHis- — Voire tête est-elle bien saine, 
et votre esprit bien tranquille ? 

Joiix. — J'ai la tête pesante et l'esprit tour- 
menté ; j'ai honte de moi-même , et je ne sau- 
rais lever les yeux en voyant mes compagnes 
prêtes k partir , quand à peine j'ai commencé à 
mettre mes Têtemeos. Je suis bien plus hon- 
teuse , quand j'entre après elles pour assister à la 
prière , car elles me regardent toutes , et ma- 

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.l38 DNGÏGLOpÉDIE 

cUme Ejtiisbeth. prend. -uq air si sévÈre , que je 
perds. toute C0DteaaiLce,i et que je rongis conmae 
sii'asais.commUuDeind^ceQee. 

Mad. SoBHiE. — . Gea- est une assoréaieiit 
«l'être .cause , ,par votre parasse , desdistraoBous 
,de vos.c»iapagafi2i.>Voilà'pQutlecoiQmeiioeDieiit 
de la jouriKÎc , il a'est pas difficile de Juger qu'elle 
continuera et £iiira d'une manière BiOii.m^iis dë- 
eagr^ble pour- vous et pour les aatres. 

Julie. — Je ne me sens de goût pour rien ; 
je n!ai aucun courage; et je voudcais toujours 
doroiir. 

, Mad.'SopBiE. -^ C'efitlfl' raisAo poux laqueUe , 
non.seulemeot vous ne troralllex pas, meis en- 
core TOUS cmpéehoz .les. autres âe travailler ou 
d'étudier ,.en Icsriparlant sans cesae , ou en -leur 
feîeantdepetibesmaliGesqui les oliligent devous 
répondre. Aussi , êtes -vous , Julie, la moins 
iniitruite de .vos compagnes, et depuis deux ans , 
u'avez-vous fait aucun progrès ni dans IVcrilure, 
ni dans le dessin, ni denS'la broderie, ni dans la 
musique, nîdansla;géogrftphie, ni daus la graiB- 
maire , ni dans L'bistotre. La- danse est le seul art 
dans Iftquel vous ayez -un peu avancé. Mais eu 
cela, vous n'avez^aucim avantage sur les autres; 
et.mênie,daoserîez-vous mieux qu)uoe danseuse 
de profesâion , :1a danse n'étant ipi'un emrcioe du 
corps, TOus-n'auciez cettaiDenumt aucnn motif de 
vous«n prévaloir pouriàiie esceser votre psressr. 

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DES j^u!s;bS:P;&Iiioiselles. iSg 

EuoÉNiB. — Julie , pQprtdnt , 'De^mtmqtte-jru 

voulait se doniieF la,pe.i«e. d'appcpndre , eUe réus- 
sirait compie uDc; fiutre. 

Mad. Sophie. — Ce n'est pu l'esprit que je 
lui refuse , je sais q^u-ellfl en a ; elle o'eat qaep^u 
coupable de oe vouloir p^s le cuUïver ; c'eit un 
talent que Dieu lui a donné pour le fake valoir , 
et quelle enfouit par la paresse. Peasez -tous , 
Julie , que la danse suflîse pour faire une bonne 
éducation? Quand vous serez une grande fille, 
et que vous vivrez aumHiea du monde , n'aurez- 
TOUS autre cKose à &ire que de danser? Dans les 
compagnies ofi tous-vous trouverez , ma chère, 
on ne dansera pas toujours; on lèra la conversa- 
tion, on vods adressera la parole j or, si vous n'a- 
vez rien apprit, que pourrez-vous dire? Si vous 
n'avez pas étudié votre grammaire , comment 
pourrez-vous vous exprimer? Vou^ ferez sans 
doute en parlant beaucoup de fautes qui ferout 
rire les bommes et les femmes qui vous enten* 
dront, et qui ne pourront s'empécber de dire 
entr'eux : voilà une demoiselle bien ignorante et 
bien tqal élevée ! Quelle lumle pour vous et pour 
vosparens! 

Pauline. — J'ai une, cousine qui se trouve 
dans ce cas-là., Co m tne on parlait un jour, da«s 
une compagnie, d'un roi grec , nommé Al^an- 
dre le-Grand, elle ^^c^manda à uoe dame qui 

u,:,-,zf--„GoOglc 



■ l4o ENCYCLOPÉDIE 

^tait près d'elle , s'ilyavaiteu un roi de France 
de ce nom, et à quelle race il appartenait. Un 
autre jour, TOjant en livre bien relie, elle dît : 
voilà une belle ouvrage ; et une autre fois , elle 
parlait de Madrid , comme de la capitale du Pof' 
tugal , et elle disait que si elle était bien rîclie , 
elle prendrait une cbaise de poste , et s'en irait 
en Amérique. 

Mad. Sophie. — Votre cousine, ma clière 
Pauline , n^a donc reçu aucune éducation ? 

Pauline. ^ Elle a eu pourtant bien des mat- 
tres et des maltresses j mais elle n'a pas voulu 
prolîter de leurs leçons , parce qu'elle était fort 
paresseuse , et qu'elle se levait toujours fort tard , 
ce qui lui causait de grands maux de tête , et 
lui âtait l'attention nécessaire pour apprendre. 
En revanche, elle sait bien cbanter et danse 
avec beaucoup de grâce; mais elle a beau faire , 
avec sa voix , et avec ses jambes , elle ne se ma- 
rie point , parce qu'aucun homme ne se soucie 
de la demander à son papa et à sa maman. . 

Juiis. — Oh! que je serais honteuse d'être 
ignorante comme cette demoiselle! Â sa place, 
je ne voudrais aller nulle part. 

Mad. Sophie. — Eh ! bien , ma chère , je vous 
prédis que vous ne vaudrez guère mieux , si vous 
ne &itcs aucun eiTort pour vaincre votre paresse, 
et que vous finirez par n'être dans le monde 

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DES JEUNES DEMOISELLES. ï^l . 

qu'un objet de risée pour les femmes , et de mé- 
pris pour les hommes. 

Jolis. — Comment faut îl donc gue je fasse , 
madame, pour n'être poîot paresseuse? 

Mad. Sophie.— D faut, aussîtâi que tous eu- 
lendez le premier coup de la cloche , tous lever 
promptemeot , et sans réflexion j car si vous rai- 
tonnez avec vous-même , la paresse est là qui ré- 
pondra, encore un instant, et qui finira par 
TOUS attirer dans le pïége. Il en sera de même de 
tous les autres exercices auxquels vous devez 
vous rendre au moment que le signal en est 
donué. C'est à cette exaditude que je conualtrai 
si vous êtes bien dans la résolution de vous cor-^ 
rigcr, 

Edgésie. — Je lisais dernièrement, dans un 
livre de pîe'té , qu'un solitaire était si attentif à se 
rendre à ses exercices , au premier son de la clo- 
che , qu'il lui arriva un jour qu'il écrivait , de 
laisser upe lettre a demi-formée, pour aller où son 
devoir Tappelait ; et qu'à son retour dans sa cel- 
lule, il trouva cette lettre achevée. Je pense que 
Julie voudrait bien être diligente , à condition 
qu'en revenant au travail , elle trouvât sa tâche 
toute falu. 

Mad. Sophie. — ^ Pourquoi , Eugénie , après 
avoir cité un trait édifiant et instructif, dites- 
vons une malice à Julie 7 Ceci est encore un reste 
de votre vieux levain , c'est-à*âire , de votre p en- 



ï42 ENCYCLOPÉDIE 

cbanE à la m^cliancété.' Voïlk , comme gd vou- 
lant blâmer un dé&ut dans les autres , ou tonibe 
Eoi-m^ine dans uo d^ût plus grand , qui est de 
manquer de charité. Au reste , vous ne devez pas 
croire, ma chère i que Vous soyez une fille par- 
fcite , pour vous êtce un peu corrigée de votre 
caractère malicieux qui vous rendait insupporta- 
ble dans voire famille et h vos compagnes. Vous 
avez' encore quelques défauts doiit je me propose 
dé vous parler bientôt^ 

Eugénie. — Je prendrai toujours en bonne 
part ce qu'il vous plaira , madame , de me dire sur 
m'es défauts, au sujet desquels je ne mè fats point 
illusion. 

Mad. Sophie. — J'aime en vous, ma chère, 
cette franchise et cette sincérité,' qui vous por- 
tent t reconnaître les torts que Vous avez . Ge sont 
des qualités précieuses- avec lesquelles on' perd 
beaucoup de défauts et l'on 'acqùicrThlen àéé vei> 
tuS. Il eii est des- maladies de fJiiziè côibtne dé 
celles du corps j si un malade cache Son mal, ou 
n'en veut pas convenir, cortimont le médeciii 
po«rra-l-il travailler à sa guériso'n 7 Si , au con- 
traire , il dit franchement dans iquelle partie du - 
corps il est malade , il est aisé de lui administrer 
le'rehlédè qmdoitluî rendre la santé. Puisque 
vous' convenez que' Vous avez' des déiàutSj je' 
pense' qu*ii suffit dé Vous les indiqueir iinefois, 
pour n'éirê plus dans" le' cas de'voiis en parler. 



DES JEITTŒS DEMOISELLES. ï^% ' 

EireÉHE. — Je prévois , Madame , les repro- 
che» -qae rous' m'aJlez faire , parce que je tKe les 
iàii chaque jour , et même i chaque- instant ; 
mais comme je pourrais encore me flatter, et en 
trop accorder i mon amoor-propnr , roudriez- 
Toos me dire ce qui me manque, ponr n'avoir 
|))us que des ëlogesà receToir< * 

Mad; Sormi. — Vons aimez beaucoup trop 
lei friandises , Eugénie , car tous en mangeï tou- 
jours , même pendant l'ëtude et le trayail, et il 
paraît que tous y employez, tontl'argent que to« 
tre maman tous donne pour-vos menus plaisirs'. 
SI TOUS n'étiez qu'an enfiint, je tous pardoane- 
nis; nurifi en voyant une demoiselle de douze 
ans, ne respirer que pour ks -bonbons, ne dois- ' 
je pas penser quels gounoandise , ce dé&ut si' 
m^sable, ai&îtcbezelle'despro^s , qui tdt ' 
on tard seront funestes à sa santé ? En e&t , ma 
cfaére , d'o'ù viennent ces maux d'estonac, ces 
dégoûts-, ces maux de tête > dont vous êtes con- 
tiauéllemenb tcrormentée? Pourquoi lanourri- 
itire ordinaire u'a-t-etleaucun attrait pourvous, . 
et tDrt£z-vons de table sans presque avoir tdncbé • 
anx mets que l'on voua a servis? si ce n'est que 
votre estomac , rempli dlmmeurs , a perdu tout ' 
a[rpélit , et que votre goût s^di Se peut plus être ' 
excité que par ces funestes douceurs. 

PxvLltn Eugénie a souvent touIu me don* 

ner de ces friandises , dont ses poches sont toa- 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



■l44 ENCTÇLOPÉDIE 

jours pleiûês ; mais je les ai toujou» refusées , 
depuis qu^aayant mangé un jour en assez grande 
quantité , je me trouvai si. malade , si malade , 
que le cœur me manquait, et que je fus sur le 
point de mourir. 

EiTGÉKiE. — Je voudrais bien ne plus manger 
de bonbons^ mais je {o'jsuîs tellement habituée 
qu'ils sont , pour ojnsîfdire , devenus uo besoin 
pour moi. 

Mad. SoFBiE. — VoBS Toyez^onc bieo clai- 
rement que rien n'est plus dangereux que de con- 
tracter une mauvaise habitude, parce que cette 
habitude se change en un besoin , auquel il est 
ensuite très-difiicile de renoncer? Ecoutez-moi, 
je vais vous donner un conseil qui vous corri- 
gera , si vous le suivez. Quand votre maman vous 
aura donné de l'argent, vous m*ea ferez la dépo- 
sitaire ( sans en retenir la moindre pièce de mon- 
naie , et quand vous vous sentirez le besoin de 
manger des lî-ianâises , vous me prierez de vous 
en faire acheter , car je ne prétends pas vous en 
priver entièrement et tout d'un coup , de peur 
que yOQS ne &ssiez une maladie. 

Edoékiz. — Je n'oserai jamais, Madame, Tons 
demander de l'argent pour un si mauvais usage, 
ni vous prier de me faire acheter des choses que 
vous savez être nuisibles à ma santé. 

Mad. SoPinE. — Si je vous en donne la per- 
mission, vous n'avez pas de raison pour craÏB' 



-, Google 



DES JEimES DEMOISELLES. l43 

An de me demander. En aUendant', je vous féru' 
donner , sur votre bourse , quelijnes douceors de 
supplément & vos d^eun^s et à vos goûtéi. Eu 
ToiU assez pour aujourd'hui , mesdemoiselles | 
un autre jour nous passerons en revue beaucoup 
d'autres dé&uts , dont nous n'avons pas encore 
parle , et nous aurons de pins , en notre compa- 
gnie, Âlexandrine et Rosalie. 



XIX* CONVERSATION. 

Ma». ELISAJBETH, ADÈLE , AMÉLIE, ÉKIOE, 
HORTENSE. 

HoKTXRSE Nous avons fait, madame, Adèle 

et moi , un bien long voyage , depuis le jour de 
la dernière conversation sur la géographie '. 

Mad. EusABSTB. — ^Noos espérons, ma ebére, 
que vous voudrez bien nous apprendre les 
particularités de ce voyage. Commn vous ne 
nous avez pas entretennes souvent, nous vùns 
entendrons aujourd'hui avec plaisir. 

HoHTENSE. — C'est le tour de l'Europe que n6us 
avons fait sur mer, excepté du côté où elle tient 
à l'Asie, et noua nous sommes arrêtées, ne pou- 
vant aller plus loin. C'est par la mer Glaciale 
oue nons avons commcncéj de cette mer , nous 



-, Google 



].\6 ENCYCLOPÉDIE 

sommes outrées dans la mer du Nord, où nous 
avons trouvé l'Islande, qui esMine île ofi il y a 
une montagne très-élevéc qui jette souvent des 
utatières enflammées. Ensuite, nous avons cô- 
toyé la Norwège et la Sucde . qui est séparée de 
la Norwège par de hautes montagnes. En reve- 
nant sur nos pas, nous avons traversé le détroit du 
Sund, entre le Dannemarck et la Suède, et nous 
avons pénétré, par la mer Baltique, jusqu^au 
golfe de Finlande , à-l'extrépiité duquel est bâtie 
la ville de Saint-Pétersbourg. Nous avons iàit le 
tour de ce golfe, et à notre retour, nous ayons vu 
la ville de Riga , ville qui appartient à la Russie : 
Mémel quiappartient àla Prusse, Copenhague, 
la capitale du Dannemarck, et beaucoup d'autres 
viUesdépendantesdes souverains d'AlIemagoe.En 
allant du Nord à l'Ouest, nous avons aperçu les 
côtes de la Hollande, après lesquelles nous avons 
apei'f^u les côtes de France , qui sont séparées de 
celles de l'Angleterfe par un détroit ^qu'on 
uqmme la IVIanche, parce qu'il a la forme d'ui^e 
m,ancUe qui est Ipngue et étroite. 

Mad. Elisaseth. — II me sepable que vous 
devriez savoir ce que c'est que l'Angleterre, 
l'ayant vue de si près 7 

HoRTEKSE. — L'Angleterre, qui comprend 
aussi l'Ecosse et l'Irlande, est une grande île; 
car nous savons qu'elle est environnée, de tous 
côtés , des eaui de la mer. En sortant du détroit 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 1^7 

de la Manche , nous nous sommes trouvées dans 
l'Océan , que nous a»ons quitté , après aYOtr con- 
sidéré ]es côtes de France et d'Espagne, pour 
entrer dans la Méditerrannée par le détroit de Gi- 
braltar, qui est piiué entre l'Afrique et l'Espagne. 

Mad. Elisabeth Qu'avez-vous observé sur 

)a Méditerranée ? 

HoRTENSE Nous aTOus observé le» lies de 

Corse et de Sardaigne , et la Sicile , qui est une 
Ile très-graude , qui n'est séparée de l'iialie que 
par UD de'troit qu'on nomme le détroit de Mes- 
sine ; en continuant notre ronte , nous avons va 
le golfe de Tarente, en Italie , et celui de Venise, 
entre l'Italie et les côtes de la Dalmatîe ; lequel 
prend aussi le nom de Mer jidiiatique , à cause 
de sa longueur et de sa largeur. Après avoir dé- 
passé le golfe de Venise, nous avons rencontré 
l>eaoconp d'Iles < dont plusieurs SQut petites , et 
qu'Adèle m'a dit être des lies grecques, parce 
qu'elles sont voisines des côtes de la. Grèce, 
qu'on apelLe aujourd'hui la Mçrée , province qui 
appartient au Grand-Seigneur. Plus nous ayons 
avancé, et plus nous avons rencontré de ces 
petites lies, dont Adèle m'a dit que la réiinion 
l'appelait Archipel. Comme en suivant toujours 
la.droite, nous- aurions quitté les côtes de l'Eu- 
rope, etquenous nous serions trouvées entre i'« 
lie et PAfriqne , nous nous sommes diriges snr 
la gauche, et nous aoaua^ entrées dans le détroit 



T^S ENCYCLOPÉDIE 

des Dardanelles , qui sépare l'Europe de l'Asie , 
et nous a conduites dan* la mer Marmara, la- 
quelle communique À la mer Tfoire , par un ca< 
■nal sur lequel est située la ville de ConsUntino- 
pie. Noua pensions que notre voyage se termine- 
rait à la mer Noire; mais ayant aperçu le détroit 
deZabache, nous avons eu la curiosité d'aller 
Jusqu'au bout, où nous avons trouvé la mer d'Â- 
zoC, qui est entre l'Europe et l'Asie. 

Mad. Elisabsth. — Voilà ce qu'on appelle un 
voyage de long cours , et que l'on a bientôt &iit 
«nr la carte. Mais ce qui n'était pas très-aisé poiu 
vous, ma chère Hortense, c'est le récit que vous 
venez de nous en faire. Je vous félicite, Adèle, 
d*aToirun élève qui profite si bien de vos leçons. 

QoBTZsss. — Je ne dois pas vous cacher, mada» 
Bie, que nous avons mis toute une journée k ùin 
noire voyage , et que le désir que i'avaisde vous 
P^nver mon zèle, m'a prodigieusement tourmea* 
tée, car, an lieu de faire unefoîa le tour del'En- 
rope^noasravonsrecommencéau moins dix fois. 

Mad. Elisasbtb. — M'avez^vous pas été ten' 
tée, en revenant , de débacquer en France ? 

HoRiEHSE. — Si notre voyage eût été réel , 
nous aurions été, je croîs, fort embarrassées 
pour trouver un endroit où mettre pied À terre , 
dans l'ignorance où nous sommet de la cute de 
France. 

Mad, EiisArarS.— UestpoortântbiflnpliM 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. f49 

essentiel de connaître la g^ogrspHie de son pays 
que celle de beaucoup d'endroits oii on n'ira ja- 
mais. Kh! qoelle description est plus intéressante 
que celle de la France , le pays de l'Europe i« 
mïenx situé , le plus peuplé et le plus beau ? 
Amélie, dites -nous ce que vous savez de la 
France « et commencez par sa situation ? 

AjiSlli.-~La France, qui s'appelait autrefois 
les Gaules , est située sous la zdne tempérée , qui 
est entre l'équatenr et le pâle Arctique, bornée 
ao Nord par les Pays-Bas , à l'Ouest, par IT)- 
céanj an Sud, par lesl^éséesj il'Est, parle 
Rhia , la Suisse et la Savoie. 

Éxitis. — Voilà an bien grand pays } il doit 
y avoir dans ce royaume bien des montagnes et 
bien des riyiéres. 

AutLJt. -^ Aussi mon papa , qui a parcouru 
toute la France , in'a-t-il dit qu'il avait traversé 
beaucoup de montagnes , de fleuves et de rivié- 
ves , dont il sait les noms , comme s'il les avait 
appris parfceor: fai retenu quelques-uns de ces 
noms , et je vais vous les réciter , ainsi que les 
détails dont je me souviens. Les principales mon* 
lagnes de la France sont : les Vosges qui sépa- 
rent l'Alsace de la Lorraine et de la Champagne; 
Le Mont Jura, qni la sépare de la Suisse j 
Le Pmts-de-Dôme , en Auvergne j 
Les Civennes , dans le Languedoc ; 
X^ Mont-Pila , près de Lyon f 

u,:,-,zf--„GoOglc 



]5o EMCYCXOPÉDIE 

Les montagnes du Dauphin^, qui sont une par* 
lie de la chaîne des Alpes. 

Les fleuves de la France sont : la Seine , qui 
prend sa source â six' lieues de Dijon , traverse 
la Ëonrgogne et se jette dans l'Océan, au Havre- 
de-Cràce , après avoir reçu plusieurs rivières , 
dont les principales sont : Tlfonnei la Marne qui 
s'y jette auprès de Cliarenton , et l'Oise , qu'elle 
reçoit à quelques Heues au-dessous de Paris. 

La Loiie, qui prend sa source dans les monta- 
gMcs du Forez , passe à Orléans , à Nantes , se 
jette dans l'Océan , auprès de cette dei^nière 
ville. 

Le Rhàne , qui prend sa source en Suiase , 
passe k Lyon où il reçoit la Saône , sépare le Vér 
lai du Dauphind , la Provence du Languedoc , 
et se jette , d Arles , dans la Méditerranée. 

La Garonne , qui prend sa source dans les 
Pyrénées , reçoit la Dordogne , etc. , et se jette 
dans l'Océan près de Bordeaux, après avoir 
changé son nom en cçlui de Gironde. 

Mad. Elisabeth, r— J'ai bien da'la peine à 
croire, Ântulie, que quelques conversations pas- 
sagères de votre papa aient suÛî pour vous rendre 
si savaule , quelque heureuse q»e soit votre nié- 

Aaiélie. — II est vrai , madame , que ces en- 
tretiens ne m'ont pas foilnii tout ce que je viens 
de direj mais ik m'ont inspiré le déàir d'en sâToic 

u,-,,.., Google 



DES JEUNES DEMOISELLES. l5l 

davantage. Je me suis donc mise à lire la nou- 
velle ■geograj>liie de la France , pour être en L'tat 
de soutenir nos conversations. 

Mad. Elisabeth. — J'applaudis à votre zèle , 
ma chère , et j'espère en conséquence <jue vous 
direz aujourd'hui une bonne partie dece que vous 
savez de noire patrie, 

HoRTEHSE. — Pourquoi , madame , appelez- 
vous la France noire patrie 1 

Mad. Elisabeth. — Le taotpatiie vient d'un 
mot latin, qui signifie mhe nourrice. C'est -Ib 
nom qii'on donne au pays où nous sommes nés , 
où nous sommes nourris et élevas. N'est-ce pas 
en France que nous sommes venues an monde , 
et que nous avons ét^ nourries- La France est 
donc notre mère , notre nourrice , notre patrie. 

HoRTEBSE. ^ Ainsi , nous devons l'aimer et 
la chérir. 

Mad. Elisabeth. — Sans doute, et avec d'au- 
tant plus de raison que la France est le plus beau 
et le meilleur pays de l'Europe. On y trouve 
toutes les choses dont on a besoin pour se vêtir 
et se nourrir ; elle peut se passer, à la rigueur, 
de tous les autres pays , et aucun ne saurait se 
passer d'elle. Amélie , faitesMious l'énumératiou 
des avantages de la France et des richesses qu'elle 
produit. 

AuÉLiE. — La France est comme une vaste et 
fertile campagne , oîi nous trouvons à satisfaire 

u,:,-,zf--„GoOglc 



1 Sa ENCYCLOPÉDIE 

tous nos besoins. Plusieurs de ses provinces four- 
nissent du h\é et d'autres grains en telle abon- 
dance , que ses liabitans peuvent nourrir les peu- 
ples voisins qui en manquent , de ce qui excède 
leur consommatioa. Nulle part , la vigne ne pro- 
duit d'aussi bon vin, et en aussi grande quantité. 
La bière , le cidre et l'eau-dc-vic forment aussi 
une branclie très-ëtendue de son commerce : de 
nombreux troupeaux alimentent ses manufactu- 
res de leurs laines ; avec son cbanvre et son lin, 
OD &brique toutes sortes de toiles ; et les vers à 
soie qu'on élâve dans la Provence et le Langue- 
doc , nous donnent de la soie pour faire de bel* 
les étoffes. De ses mines, on tire du fer -pour 
forger tous les instrumens qui servent à nos be- 
soins , du cuivre , du vif-argent , du plomb et 
autres métaux que l'on emploie avec succès dans 
les arts de première nécessité et de luxe. 

BoBTEKSi. ■— Vous avez oublié^ Amélie , de 
parler deslruits^qui valent pourtant la peine de 
s'en occuper. 

AuÉt.ix. ^ Voas avez raison d'en parler , car 
leur infinie variété &it que la France ressemble 
au Paradis Terrestre , où Adam et Eve trou- 
vaient toutes sortes d'excellens fruits , et que nos 
desserts ollrent souvent un spectacle dont on ne 
saurait jouir dans aucun autre pays de l'Europe. 

EuiLtE. — Une chose m'embarrasse dans ce 
moment , c'est le moyen de se procurer les pro- 



-, Google 



DES lEtmÉS DËMOlSELtES. i5$ 

dncttons des diffërenles contrées de la France. 
Comment se fait-il que nous recevions â Paris 
les oranges de la Provence , les vins de Bordeaux 
et ceux de la Bourgogne, en aussi grande quan- 
tité? 

ÀHÉLiB.-^Tout ce quelà France produit peut 
alsëmentcirciiler d'une province dans une autre, 
par le moyen de belles routes ouvertes sur toute 
l'étendue de son territoire , et des canaux qui 
communiquent d'une mer ou d'une rivière à une 
aotre nier ou à une autre rivière. 

Adxls. — Je Connais bien un de ces canaux , 
parce que nous avons une terre dan;i son voisi- 
nage , c'est le canal de Brîare , qui joint la Loire 
à la Seine. 

AuÉLiK. — H en csl un autre qui joint la 
Saône à 1» Loire ; mais le plus beau et le plui 
utile de tous, c'est le canal de Languedoc , qui 
traversecette province , et joint l'Océan à la Mé- 
diterranée. Ainsi les' routes, les rivières et les 
canaux > dont le nombre sera encore augmenté , 
tost les moyens par lesquels toutes les riobesses 
delà France passent du Midi au Nord, et da 
l'Orient à TOccident , povr satisfaire k tous les 
besoins de ses babitaus. i 

Mad. Eligasetb — yoiUbïenhesvraiiinoyens 
de circulation pour les produciiens intérievres de 
U Fnace- Diriez-Tow aiusi> bien , Amélie, 



i54 ENCYCLOPÉDIE 

comment ellfi peut rec«voîr I«s nuirchanâîses de* 

autres pays ? 

Amélie. — Par son beureuse situation entre 
l'Océan et la Méditerranée , la France peut se 
procurer tout ce que les autres parties du inonde 
produisant d'utile et de précieux 3 et ses ports de 
incr, qui sont nombreuset fort commodes, peu- 
vent enlroicuir avec tous les peuples le com- 
merce le plus avantageux -et le, plus brillant de 

Adèle. — Il me semble que tous les ports de 
France ne doivent pas être propres au com- 

Auélie:- — J'allais prévenir celte observation 
en disant qu'il y a des ports destinés à recevoir 
des vaisseaux de guerre , et d'autres destinés anx 
vaisseaux marcbànds. Sur la'Médîtetranée, la 
France possMe un beau port pour la lïlarine mi- 
litaire, t'esi celui de Toulon ; ét'uu' gfand port 
.marchand , celui de Marseillô. Sûr TOdéan , 
Brest, RocWfort et'ïirheirbbui'g , Boritdes potts 
militaires; Bordeaux, Lorfeiit et Saînt-Malo , 
sont des ports uniquement consacré's'au tom- 
merce , qui y est très-animé , quaJid la France 
est en paix a-vec l'Angleterre. ' 

' Mad. Elisabeth Tous ces détails sont irès- 

insti-uetifs , mesdemoiselles j je .-vnus invite à les 
retenir. Reposez-vous, Amélie, etvoiis, Ajdèle, 
il &ut Vous 1 pr^irer .pour la coBYCrsstion'pro- 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. l55 

chaÎDe. Ce sera vous qui nous entretiendrez du 
gouvernement de la France , et de la division 
de son territoire. 



XX' CONVERSATION. 

M*DAME SOPHIE, STÉPHANIE, FÉLICIE, 
ALEXANDUINE , EMILIE , AGLAÉ , 
PAUUME. 

AoL&É. — Vous avez , madame j une estampe 
qui représente une montagne qui jette du feu, cl 
un grand nombre d'Iiommes et de femmes qui 
s'enfaient de leurs maisons , avec leurs enËins et 
ce qu'ils ont pu emporter de leurs effets \ ne se- 
rais-)e pas trop curieuse , si )e vous ddmaodaiit 
quel est le sujet de crite estampe ? • 

- Mad. SofBiE. — C'est de quoi , ma chère ', 
je me disposais à vous entretenir aujourd'hui., et 
qui vient parfaitement à la suite des tremblc- 
mens de terre dont nous parUmes dernièrement. 
On appuie cette montagne im volcan- C'est le 
Mont-Vâuve, situé en Italie, à peu de distanct' 
de la ville de Nsples. 

- A.<iLi.t. — Je ne eomprenâs pusxoouncnt luie 
montagne peut jeter du feu. 



I-5G ENCYCLOPÉDIE 

Mad, Sophie. — Si vous vous rappelez ce 
que nous avons dit âes tremblcmcns de terre , il 
ne vous sero pas diiBcile de comprendre com- 
ment une montagne peut jeter du fea. Félîcîe 
pourez-vous nous donner cette explication ? 

Félicib. — Qand l'air soutenain a été taré&é 
et dilate par la clialeur des matières gui se sont 
enflammées dans le sein de la terre, il cher- 
che i s'échapper , ainsi que le feu qui sVlait al- 
lumé par la f( rmentatlon de ces matières. Si la 
terre qui les couvre n'oSi-e pas une trop grande 
résistance h leurs efforts , ils ta isoulèvent , et 
poussent avec impétuosité devant eux, tous les 
obstacles qui se présentent i leur sortie. Il te 
forme alors , au sommet de la montagne qui les 
recelait, une ouverture plus ou moins large, 
d'oil s'âévent avec une violence inouïe des tour- 
billons de flamme et de fiimée ■ des pierres cal- 
cinées et des torrens de métaux fondas qui s'é- 
coulent sur les flancs de la montagne , consument 
tont ce qu'ils rencontrent, et forment quelque- 
fois dans les cliamps une croûte de plusieurs 
pieds d'épaisseur. 

Mad. SoPHis. — Tous avez assurément bien 
distingué, dans mon estampe, le trou par où sor- 
tent les flammes et les ruisseaux de feu qui des- 
cendent le loDg de la montagne? Ce trou ou cette 
ouverture da volcan , qui a la forme d'an en- 
tonnoir, se noDUOe cratèrot et Ton appelle iar 

u,:,-,zf--„GoOglc 



CES JEUNES DEMOISELLES. iS^ 

ces les métaux fondus qui en découlent. Quand 
iH se sont reEroidïs, comme ces laves sont fort 
dures , on s'en sert pour construire des murailles 
et paTcr les chemins. 

Paulimb. — Les villes et les villages qui sont 
«tués dans le voisinage d'un volcan doivent bien 
souiTnr quand il fait son explosion. Pour moi, 
j'anrais grand peur si j'habitais une ville qui au- 
rait un si méchant voisin. 

Mad. Sophie.— Quand l'explosion est forfe^ 
le volcan pousse des matières enflammées et des 
cendres , à de grandes distances; alors les villes 
des environs courent le danger d'être ensevelies 
sous ce déluge de feu. C'est le malheur qui ar- 
riva, il 3r a près de deux mille ans, iâeox villes 
^ne l'on découvrit,*!! y a quelques années, en 
creusant la terre , Hercidanum et Pompeïa. 

Félicis. — Je pense que nous n'avons pas le 
même malheur à craindre en France j car il n'y 
a pas de Mont- Vésuve. 

Mad. SoPHix. — Il est vrai qu'aujourd'hui , 11 
ny a point en France de volcans, mais il y en 
a eu qui sont éteints depuis long-temps ; et noi 
physiciens prétendent -que plusieurs monugnes 
de l'Auvergne ont vomi du feu. Ils s'en sont 
conraincns en observant leurs sommets , et par 
l'inspection des routes que la lave s'est tracées. 
Sien ne peut donc nous rassurer contre les vol* 
cans , et puisqu'un ^nd nombre de nos mon- 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



1 58 ENCYCLOPÉDIE 

tagnes l'ont élé, qui peut nous dire que les au- 

tres-ne le seront jamais. 

Alexandsine. — Ed T^rité , je suis saisie de 
peur , quand je pense aux treniblemcns de terre 
et aux volcans; et ce que vous venez de dire, 
madame, ne iâit pas sur moi une impressioD 
moins vive que le tonnerre. 

Stéphanie. — C'est beaucoup dire , Alcxan- 
drine , car je ne connais personne qui soit plus 
timide que vous, et qui éprouve une plus vive 
impression du tonnerre. Dernièrement encore, 
TOUS ne savii^z où vous cacHer , parce que vous 
aviez entendu tonner dans le lointain. 

Alexandsine. — Peut-^tre ne serais-je pas si 
craintive, si je savais ce qui fait tonner. 

Madj Sophie. — A quoi servent donc les pa- 
ratonnerres qui sont placds sur cette maison , si 
VOUÉ craignez toujours d'être frappée de la fou- 
dre ? Stéphanie , calmez un peu les craintes d'A- 
lexandrine, en nous disant quelle est la cause 
du tonnerre, et l'usage du paratonnerre. 

Stéphanie. — Ce n'est pas le bruit qui est à 
craindre quand il tonne , c'est le feu subtil et ra- 
■ pide qui le précède : "or , ce feu n'est autre 
cbose qu'une matière qui s'enflamme dans un 
nuage à l'approche d'un autre nuage , et qu'on 
nomme madère électrique. Cette matière prend 
toujours sa direction vers le côté où elle trouve 
le moins de résistance , et oîx elle est Etitirée par 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEÛNES DEMOISELLES- iSg' 

une autre matEére électrique. Comme le fer est 
UD métal très-capable âe l'attirer, un célèbre 
pliysicien , nommé Franklin , imagina , il y a 
quelques années , qu'un excellent moyen d'em- 
pêcher la foudre de tomber sur nos maisons , et 
de les brûler, serait d'y placer de longues barres 
de fer terminées en pointes , qui conduiraient la 
matière du tonnerre dans des endroits où elle ne 
pourrait faire aucun mal; c'est pourquoi on ap-" 
pelle cette barre de fer un conducteur. 

Mad. Sophie, — Afin que ces demoiselles 
comprennent bien cette explication , il me pa- 
raît nécessaire de leur donner une idée de l'é- 
lectricité , qui est une de ces cboses naturelles 
qui passeront toujours pour miraculeuses dans 
l'esprit dès ignorans. 

Imaginez-rTOus , mesdemoiselles , qu'il y a Sur 
cette table un grand vase de verre qu'on appelle 
UQ tube^ froUez ce vase arec la main , si elle est 
bien sècbe ; approcbez ensuite ce tube de quel^ 
quesieuiUeg d'or, vous verrez ces feuilles voter 
et s'y attacher. Si vous frottez le tube un peu da- 
vautage , les feuilles d'or s'en approcheront aveo 
vivacité y le loucheront, seront repoussées> avec 
vi<^ehce ; et se boutieudcoal en l'air toutes seu- 
les. Si VoUs frottez te tube avec la main dans ua 
lieu obstur, vous apercevrez des étincelles' entre 
Tptre maÎD et le tube j Iti tnâme chose arrivera «i 



l6o ENCTCLOPÉDIE 

vom en approchez une barre de fer ou une corde 

momllife. 

~ Si on fait tourner ce tube arec une roue, et 

que l'on pose légèrement les doigts dessus, on 

verra sortir de dessous les doigts des étincelles 

qui feront le m^me bruit que quand on bràle des 

cheveux, et qui auront de l'odeur. 

Si on suspend un morceau de fer avec des 
cordons de soie, à une ceruiâe dïsunce du tube, 
11 sortira de Tun des bouts de la barre , deux lu- 
mières continuelles , et de l'autre bout des ai- 
grettes de feu ; si vons en approchez le doigt à un 
ponce de distance , l'aigrette de feu vient le troQ- 
ver, et le pique avec force. Si on jette des goût* 
tes d'eau tout te long de celte barre , et qu'en- 
suite on passe la main tout auprès, chaque goutte 
d'eau produira une aigrette. 

Toni cela est d^à bien surprenant) cependant 
ce n'est rien , au prjx de ce qui suit. 

Montez sur un gâte«n de résine, et cmpoi- 
gnéz un bout de cette barre . alors votre corps 
aura les mêmes qaalités que la barre de fer; on 
tirera des étincelles de toutes les parties de votre 
corps , en le touchant avec le doigt , ce qui vous 
piquera bien fort, ainsi que ceux qui vons tou- 
ehetoot t si de l'antre main qui ne tient point la 
barre, vous approchez d'une cuiller pleine d'es* 
prît-de-vin , vous y roetlniz le feu avec le doigtj 
on si vous présentez la cuiller & une autre perr 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JECTŒS lœHOISELLES. l6l. 

sonne^ pourra qne tous la tenies, le doigt de 
cette personne y mettra le feu; si trente per- 
sonnes montas sur des gâteaux de résine, se 
tiennent par la main , nne d'elles tenant la main 
de celui qui empoigne la barre de fer , tous les 
corps de ces trente personnes jetteront du feu , 
quand on les toucliera. 

ALUA.NDaiDX. — En v^rïtë, madame, tout 
cela est bien surprenant. AreE-vons éprouvé tout 
ce qne tous nous racontez? 

Mau. SorHix. — }'ai tu et senti tout cela , et 
bien d'autres choses qui me restent à tous dire. 
Si on place un homme de manière que Ks talons 
soient proche, du tube , et que plusieurs per- 
sonnes mettent la main au-dessus de sa t^te, ses 
cbereux se bérisseront ; il sortira de sa tête des 
aigrettes de fca et cela sera comme une cou- 
ronne de rajons. 

Félicik. — Ce ne suraït pas moi qui prêterais 
ma léte pour faire cette épreuve \ je n'aimerais 
pas À porter une couronne de ièu. 

Mad, SopaiE, — Cela ne frit pas de mal; mais 
il y a autre chose qui on &it beaucoup, et que j'ai 
en le courage d'éprouver. J'ai reçu l'étincelle 
foudroyante. 

'âoi,a£. — Qu'est-ce que cela Teut dire , ma- 
dame? Est-ce comme le tonnerre ? 

Mad. SoFH», — Ce qu'on appelle l'étincelle 
foudroyante a beaucoup de rapport avec le iod- 



-, Google 



■l63 ENCYCtOPÉUIE 

lierre, puisqûVllesei-a!tcapal)1edeiiousâter la vîê. 
Ce n'est pas absolument celle-là que j'ai éprou- 
vée . maisquelque cKose qui y avait du rapport. 
C'était à la campagne , pendant les vacances , 
chez madame de V*** } comme on clierchaîl 
k se divertir , on fit monter toute la compagnie , 
et on nous 6t tous prendre par la main , comme 
si nous avions voulu faire une danse ronde. Le 
liasard me plaça auprès d'une grosse dame qui 
riait de tout son cœur de cette cerémouie , et ne 
savait à quoi cela devait aboutir. Quand nous 
fûmes tous rangés , une dame qui menait la 
bande ; toncba la boule de verre du bout du 
doigt; au même instant, nous ressentîmes tous 
comme deux bons coups de bâton que l'on nous 
aurait donnés sur les coudes. La grosse dame, qui 
était à côté de moi , se retourna brusquement, et 
ayant aperçu la maîtresse de la maison qui n'é- 
tait pas fort éloignée , elle lu! dit : Eu vérité , 
madame, cela est bien indécent de me faire 
monter pour recevoir des coups. On eut beau 
lui jurer que persoifne ne l'aVait touchée, elle 
n'en voulut ^ien croire j et, s'étaut mis le dos 
conli-e la muraille, les deux coudes bien ap' 
puyés , elle demanda à recommencer. Elle reçut 
les mêmes coups , aux mêmes endroits ; et 
comme elle était bien assurée que personne ne 
l'avait pu toucher , elle se persuada fortement 
, qu'il y avait là de la sorcellerie , et quoi qu'où 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. tô5 . 

pât lui dir«, il ne fut pas possible de lui àter 
cette idée de l'espri'.. 

Ai-EXA{roiiiB£. — En vérité, j'aurais ea U 
même peins^ , si j'avais été à la place de cette 
dame. 

Mad. SoraiE. r- J'ai de la peine à croire, ma 
clière , que vous vous fussiez obstinée à attribuer 
à une cause siyuaturelle , un effet produit par la 
nature , et qui n'a pas d'autre principe qu'un 
fluide répandu dans certains corps , que Von 
aomme Jluîde électrique. Je vais maintenant 
vous dire un petit mot de rétincelle foudoyente. 

Un savant s'ainusait un jour à faire des expé- 
riences sur l'dlecuricité. Il s'avisa de suspendre, 
à la place de la barre dç fer , un canon de fusil , . 
au bout duquel il fit tenir un £1 de laiton , qu'il 
' fit ensuitfe plonger dans nn vase de verre de Bo- 
hême t rempli d'eau. Il soutenait ce vase d'une 
main , et de l'autre il essaya de tirer une étin- 
celle du canon. Le coup qu'il reçut fut si violenf, 
qu'il manqua de tomber k la renverse, et crut 
^tce frappé du tonnerre. Un autre savant, qui ré' 
péta la même épreuve, protesta qu'il oe voudrait 
pas la ret:oaimenoer, quand on lui donnerait 
toute la France en propriété. M. Lecat ne fut 
point efri-ay<! , il se mit en état de recevoir l'é- 
tincelle loudoyanto, et prit la terme résolution 
de ne pas remtter , quelque douleur qu'il ressen- 
tit. Il ne lui fut piss possible de réijlstcr à la se< 



. l64 ENCYCLOPÉDIE 

cousse qa'elle lui donna , ni de retenir on cri , et 
il 6t un saut qui dérangea toutes les machines. 
La douleur se fît sentir dans le« deax bras , à la 
poitrÏDe , et des personnes plus &rtes que lui , 
ont été secouées jusqu'à la plante des pied«. On 
a obserré que cette étincelle est plus courte , plus 
^cras^ , et d'un ronge plus foncé que les autres . 

Félicib. — Peut on voir , madBme , le fluide 
qui est la cause des phénomènes de l'électricité? 

Mad. Sophie. — Non , ma chère , on ne peut 
pas plus le voir que l'air que nous respirons, 
quoiqu'il soit répandu dans toute la nature , et 
notamment dans le corps humain, dont plusieurs 
physiciens de nos jours soutiennent qu'il est un 
principe vital distingué de notre ftme. 

Stéphanie. — J'ai ouï dire que le fluide , on 
principe vital du corps humun , ainsi que celui 
de plusieurs autres animaux, venait d'être nommé 
Galvanisme, 

Mad. SoFHii. — Oui, ma chère.* du nom 
d'un célèbre physicien d'Italie * nommé Gal-^ 
vani , qui le {«emier s'est servi de rélectricite 
pour mettre en jeu ce fluide , répandu dans le 
corps de différens animaux. Mais ce n'est pas 
notre affaire d'entrer dans cette matière, qui est 
surtout du ressort des physiciens et des méde- , 
cins de la plus haute volée. Ârrétons-nous U , 
anjourd'hui } un autre jour, je vous parlerai de , 



-, Google 



DES JEUNBS DEMOISELLES. l65 ' 

Vair , de ses phénomènes et des expMencei que 
VoD a faîtes sur ce fluide. 



XXI' CONVERSATION. 

Mad. ELISABETH, JOSÉPHINE, HOHTENSE, 
ALEXANDMNE, ÉMILÏE, PAULINE. 

Mad. Elisaixth. — C'est «tco ob TÎf plaisir, 
ma cbére Joséphine , que ros compagnes tous 
revoient an nùlien d'elle*. 

JostPHinx. — Je pois vous assurer aussi que 
cette semaine , qne )'ai pass& loin de tous , ma> 
dame, et de ces demoiselles, m'a duré autant 
qu'un mois entier , tant je suis peu liabitaée i 
vivre dans le monde , même avec maman , que 
)e chéris -de tonte mon âme. Je vous l'avouerai , 
je trouve qne l'air de cette maison n'est point 
celui que l'on respire ailleurs, et qne la rie 
qD'on mène dans sa &mille ne ressemble en tu- 
«me manière k cdie que nous meniHia ici , 06 
tout ce que noas voyons et entendons nous portt 
i la vertu , et emb^it notre esprit de mille con* 
naLiSBances utiles et variées. 

HosTiNSK. — Je pense tout comme mademoi- 
idie Joséphine , et c'est pour moi une véritable 
peine j quandla bonne vient me chercher pour m« 
ceubÙTC chez mamua , les larmes m'en viennent 
aux jpax de diagrio, et je voudraig rester,, si 
• 

■^ u,:,-,zf--„GoOglc 



i66 ENCYCLOPÉDrE 

cela dépendait de moi ■ ce n'est pas qne je n'aime 
beaucoup h voir maman , mais comme elle me 
mèae chez les dames de sa counaissance, je suis 
d'uD embarras ^t d'un malaise qui me rendent 
toute gauche et toute ennuye'e. Que j'aime bien 
mieux la socif^té de mes compagnes et la vôtre , 
madame, ainsi ijne les histoires que vous m^p- 
prenez de temps en temps. 

Mi^d. Elisabeth. — Ces seutimens tous font 
honneur j ma chère, Et l'empressé m eut que tous 
avez à vous instruire «l'est un sûr garant de vos 
succès et de la bonne conduite que vous tiendrez 
un jour dans le monde. Puisque vous parlez 
d'histoire, vous me faîtes ressouvenir de celle 
d'Alexandre-le-Grand ,' qui renversa l'empire 
des Perses , et fonda celui des Grecs , sur lei 
ruines de ce dernier empire. Joséphine , racon- 
tez-notis ce graud événement, et dites-nous au- 
paravant quelque clibse de la jeuneiae d'A- 
lexandre. 

- jQBiPHiKz, — Alexandre-lé-'Crand , qui vain- 
quît Darius et étendit ses conquêtes jusque dans 
les Indes, était 61s de Philippe, roi de Macé-r 
doine, et d'Olympîas. Son père lui donna pour 
précepteur le plus grand philosophe de la Grèce, 
'Aristote,'qui lui enseigna (otites les sciences, 
^ni diras ce temps-IA entraient dans l'éducation des 
princes , et prit le plus grand.SDin; deluî ûispirflr 
des. setklîmena dignes ie sa Dsisaoce et du trôna 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 1G7' 

qui lui ^tait destina. Sa jeunesse et la suite de sa 
vie, jusqu'à l'époque où ses victoires l'eniyrèrent 
d'orgueil, moutrèrent combien il avait profité 
des leçons de cet excellent instituteur. Je ne cî- 
lerai que quelques-uns des traits les plus inté- 
ressans de son histoire j car elle serait trop lon- 
gue à rapporter : d'ailleurs ma mémoire n'est 
point assez bonne pour conserver le souvenir de 
(out ce que j'ai lu. Quand je lis unebistoiie, 
ce n'est poin^ aux détails que je m'attache, 
jeneclierche qu'à retenir les &its les plus irap*- 
pans , et qui font natire le plus de réflexions. 

Mad. Elisabeth. — Votre méthode est fort 
lionne, Joséphine; c'estie vtaî moyen de profiter 
des lectures que l'on fait , et d'être en état d'en 
rendre compte dans l'occasioa. Continuez ce que 
TOUS avez à nous dire d'Alexandre. 

JosÉPHiBE. — Alexandre n'était encore qu'un 
ado}escentqu'ils'aitiraitdéj& l'admiration et le res' 
pect de tous les jeunes gens de son âge^des grands 
seigneurs de la cour de son père , et même des 
étrangers. Mpn père , disait-il à ses amis , un 
jour qu'il avait appris la nouvelle d'une victoire 
que Philippe avait remportée, mon père ne nout 
laissera rien h faire, Des ambassadeurs du roi de 
Perse ctanl venus à la cour de Pliillppe, il sp 
mita leur faire une infinité de questions , qui 
toutes décelaient ua jugement et une raison bien 
ap-dessus de son âge ; car au lieu de les interrQ- 



l68 ENCTCXOPÉDIE 

ger sur des bagatelles , comme sans doute ils s'y 
attendaient , il leur demandait quel était le che- 
min qu'ils avaient pris pour venir de Perse en 
Macédoine ; de qu'elle manière leur souverain 
gouvernait ses états ; quelles étaient les fi>rce« de 
ton empire , et si ses troupes avaient de boas gé- 
néraux pour les commander. Alaîs ce qui mit le 
comble à la haute idée qu'on avait de ses grandes 
qualités, et principalement de son courage^ ce 
Jîit d'avoir dompté un superbe cbeval, nommé 
Bucépbale, dont on avait fait présent au roi son 
père. Voyant que personne ne pouvait monter 
ce cbeval , de quelque manière que l'on s'y prit , 
et que pour cette raison Philippe allait s'en dé- 
faire j il résolut , en présence de toute la cour , 
de &ire ce que personne n'avait pu faire avant 
lui. Comme il avait remarqué que ce cheval 
était effirayé de son ombre , il lui tourna la tête 
du côté du soleil, et s'élança aussitôt dessus 
fivec une extrême légèreté. Le cheval , au lieu 
de se cabrer, prît aussitôt sa course, et parcourut 
svec son cavalier un espace considérable, Depuis 
ce moment , Bucépbale se laissa monter tous les 
joars par Alexandre, qui ne se servit jamais 
d'un autre cbeval pendant ta genrre contre les 
Persei. 

t*lulippe étant mort assassiné , son fils lui suc- 
céda. Ce jeune monarque se voyant mattre d'one ~ 
belle armée, et en état de disposer de toutes les 

u,:,-,zf--„GoOglc 



BES JEUTÏES DEMOISELLES. i6t) 

forées des Grecs , résolut de déclarer la guerre 
anroî de Perse , contre les prûdiiccsseurs duquel 
les Oreos conwrTftient de vieux rensentiruens. 
-li'ambiiioo de rendre son nom célvhre cutnusst 
beaucoup de part dans cette expédition , que l'oa 
-pourrait juger téméraire, si l'on ne savait ^u« 
tes Macédoniens et'lee Grecs étaient les meilleure 
soldats de Tunivers , et que les rob de Perse a'a- 
VAÎent que des troupes efiî^inées et sans diici- 
fline. 

AissANSKins. — L'srmée d'Alexandre n'é- 
tait donc pas aussi nombreuse que celle des 
Perses? 

JosBPEiNE. — Alexandre n'avait qoe trente 
mille hommes , et le roi de Perse en avait plus 
de cinq cent mille ; maû que peut le- grand nom- 
bre contre le plus petit , quand le courage se 
'trouve dans celui-ci , et surtout quand c'e^ît Dieu 
^ui le protège. 

Ehjub. — Ë«t-ce que Dieu protégeait Alexan- 
dre contre Parius 7 

ELJSABfiTB — Oui, ma chère j car Alexandre 
avait été annoncé par les prophètes, comme de- 
vant renverser l'empire des Perses , et fonder la 
-troisième grande monarchie dont îl est parlé dont 
la prophétie de Paniel. Aussi , les historiens ra- 
content-iU qu'Alexandre , s'appiocluint de Jé- 
rusalem, le grand'prétre Jaddus vint à sa ren- 
contre > à la téK des prêtres et des lévites du 
& 

u,:,-,zf--„GoOglc 



i 70 ENCYCLOPÉDIE 

temple , et lui montra une prophëiie qui le con- 
cernait. Jaâdus avait ëtëbieninspiréj carÂlexac- 
dre , qui venait dans l'iolention do se venger 
des Juifs , fut si satisfait de l'action de ce gcand- 
prétre et de l'oracle divin qui lui annonçait ses 
victoires , qu'il voulut ofiTrir lui-même uu sacri- 

-lice au vrai Dieu , et assura les Juifs de sa pro* 
tection. Josëphine, continuez. 

losETHiME. — Il est bien visible que c'était 
Dieu lui-même qui conduisait l'armëe d'Alesan- 
dre ,'car tous les obstacles diiparaissaient devant 
elle ; et quoiqu'elle ne fût rien en comparaison 
du nombre prodigieux des soldats de Darius, 
eile remporta sur eux trois éclatantes victoires , 
par l'une desquelles Alexandre vit tomber en sou 
pouvoir, la mère , la femme , et les Elles de Da- 
l'ius. Dans la dernière bataille , qui fut celle d'Âr- 
belle , Darius prit la fuite, pendant laquelle il 
eut une soif si ardente , qu'il fut obligé de boire 
de l'eau croupie , et qu'après l'avoir buC) îl avoua 
qu'il n'avait jamais bu avec tant de plaisir. Mais 

-il chercliail en vain à conserver sa vie , un de ses 
satrapes , ou gouverneurs , dont je tairai l'ia- 
f mic nom , n'ayant aucune pttîë de la malheu- 
reuse situation de son souverain , le tua dans un 

-endroit où il éti.it descendu pour se reposer. 

-Telle ïot la fin de l'empire des Perses , qui avait 

- subsisté un peu plus de deux cents ans . 

Ekii-ie, — Je suis bien çmpressée âc savoir 

u,:,-,zf--„GoOn[c ' 



DES JEUNES DEMOISELLES. i^r 

quelle fut la conduite que tiat Aleundre envers 
la lâmilla de Darius. 

Joséphine. — La conduite de ce conquéraut 
envers ses prisonnières fut pleine do grandeur, 
de respect et de toutes sortes d'égards j et les 
princesses, traitées avec toute la distinction due 
à leur rang , ue sataîent si el'es ^ta>eat prison- 
nières d'Alexandre, on si Alexandre ^tilt leur 
esclave. 

ÉHII.IE- — Celte conâ,uite d|A,Iex«ndre me pé- 
rètre d'admiration pour lui , et je commence à 
être moins affligée de la défaite et des malheurs 
de Darius , quand je pense aux procédés nobles 
et généreu^ de son vainqueur. 

Mad- Elisabeth . — ^ Si nous ne lisions que des 
traits semblables j dans la vie d'Âlexaudre-le- 
Grand , nous devrlous le regarder comme le plus 
grand des bomincs. Malheureusement ses vic- 
toires lui enûèrcnt le cœur, et ce prince, dont 
les commencemens avaient été si beaux , ne fut 
plus , après ta prise de Babjlone et la cont^uête 
lie l'Asie , qu'un triste exemple de la faiblesse 
liumaine'et des dangers de la prospérité. 

ALEîiAJ»'DaiMs. — Quels sont donc les repro* 
elles qu'on lui fait^ madame? 
■ Mad. Elisabeth. — On lui reproche d'avoir 
voulu se faire passer pour £Is de Jupiter j d'i.voir 
tué de sa main, dans un repas où il s'était enivré, 
tlytu,s, un de ses Tieui capitaines , ami de son 



>o.tlc 



i'js EWCTCtOHiDIE 

père, et qui lui «vait sauvé la rie-, d'avoir, à la 
suited'une débauche de table, fàit-meltrc le'feu'i 
la ville de Persrfpolis , une des plus belles villes 
de l'Asie; d'avoir tfd^pté lesDitSars efféminées 
des Perses j âe s'être livré aux plus vilsH^ttëun, 
et d'avoir âo>nné A ses 'troirpes Feiemple de la 
plus crrip^eiAe dîssolwtton ,-à son fetonr des In- 
des , dans la vifiede'Btibylonej dissolution qui 
lui coûta la vie à l'âge de trente-trois arts, 

ÂLEXAifDitntB. — Qnd dommage qu'un sî 
^anil roi soH devenu' si vicieux , et soit mort si 
jeune ' 

Josi^PHiNS. — -Perit-étre que s'il eût v^cu plu* 
long-temps , il eût été fbrt'méohaot prince, et 
qu'il eût fait oublier toutes les grandes qualités 
de sa jeunesse , et n'eût laissé que le souvenir de 
■es dévastations et de ses crnautés j car son des- 
»ein , dlsttnt les kistor-cns de sa vie , était de sub- 
juguer VEurtfpe , après avOir conquis l'Asie. 

Paoiihï. — Je Voudra isbien' savoir commetil 
il s'y serait pris pour conquérir l'Europe : est-oa 
qu'il n'y aurait eu personne pour la défendre I 

JosÉpBiNE. — Cette qncfltion, ma bonne amie, 
est de pure cnriosHé. Oecupons-nous de con- 
naître ce qui est arrivé , sans chercher à deviner 
ce qui serait arrivé dans telle ou telle supposi- 
lioD. Tnstrur^oiis-nous deii "faits, et laissons des 
conjectures qui n'ont aucune utHité. Cepeûdanl 
i« vous dirai ce qiic je prose dnsnccès de ce éei- 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 1^5 

wïn que l'on alirihue à Alexandre , de porter la. 
guerre en Europe. Comme il étaii maître de tou» 
b Grèce , il ept probable qu'il aurait commence 
par aitaquev l'Italie; mais il y aurait trouvé d'au» 
Irea hommes que les soldats de Darius . \e veux 
dire les Rtomninn, qui ne le cédaient k aucun 
peuple, ni pour In valeur, ni pour I«s connais^ 
s^nces militaires. 

Paitlins. — J'ai sonvcat entendu parler des 
fiomains , par des amis de mon papa, et d'autrei 
personnes qui viennentleToirde temps en temps. 
J9 serais biea conienle , si je savai» quel peupla 
c'était. 

I&d. £lisab£TB. — Quand Joséphine aura 
achevé l'Hisloin d'Alexandre et de son empire , 
elle voudra bien commencer l'Histoire romaine, 
qui est celle de la ipiatrième et dernière des qua- 
tre gfMides monarchies » laquelle a englouti tou- 
tes les autres. 

losÉFHiNS, ^ Après avoir subjugué mie par- 
lie des Indes , Alexandre se rendit au vceu de 
son armée, qui la conjurait de ue la pas conduire 
ptoaloia, et revint àBabylone, o ji il fit une en- 
toéc triomphante, et donna à ses soldats nno 
grande fête , qai dura plusieurs jours, et pendant 
laquelle il se livra , avec ses principaux officiers, 
à une telle intempérance , qu'il tomba dans une 
maladie à laquelle il succomba peu de tenpa 
aprèj. Ce vifste empire, qu'il venait do fonder , 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



174 ENCYCLOPÉDIE 

fut partagé , apns sa mbvt , entre ses lieuteimiis . 
Séleucus , chef de la race des S^leucïâes , eut la 
Syrie ; Ptolëmtej l'Egypte; Ârtigone , l'Asie 
mineure ; Eumène , le royaume de Pergamme j 
€t Cassandre, la Grèce et le royaume de Macé- 
doine, après avoir fait mourir tous les parens 
d'Alexandre. Le plus illustre de tous les succès» 
tcurs de ce monarque fiii Ptolémée, roi d'Egypte, 
surnommé Pliilatlelphe, qui gouverna son royau- 
me avec beaucoup de sagesse, y entretint la paix, 
y fit fleurir les sciences et les beaux-arts, el for- 
ma, à Alexandrie, ville qu'Alexandre avait fait 
bâtir sur la Méditerranée , une nombreuse bi- 
bliothèque à l'usage des savans , dans laquelle îl 
plaça les livres de Moïse et des Prophètes , qu'il ■ 
avait fait traduire de la langue h^raïque ea 
langue grecque, par soixante-dix vieillards, 
que le grand-prètre des Juiis lui avait envoyés. 

HoHTEîtSE — Ainsi l'empire d'Alexandre ne 
dura pas long-temps ? 

Mad. Elisabeth Non , ma chère ; mais 

celui de ses successeurs , que nous appelons 
l'empire des Grecs, parce qu'ils e'taient tous Grecs 
d'origine, subsista encore plusieurs siècles en états 
séparés , jusqu'au temps oJi les Romains les 
enyaliirent les uns après les autres , et en formè- 
rent , avec toutes leurs autres conquêtes , le plus 
vaste empire de la terre , et celui dont nous corn- 
iTipncerons l'histoire dans quelques jours. 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUKES DEMOISELLES. 175 

XXII' CO?«VERSATIOIV. 

MiD. SOPHIE, ÉLIZA, EMILIE, JULIE, 
HORTENSE, PAULINE. 

Mad. Sophie.— J'ai on rcppoche k tous faire , 
Pauline : savez-vous que vous êtes une fille 
bien méchante ? Que vous faisait ce petit cliien , 
que vous vous plaisiez , il n'y a qu'un instant , à 
tourmenter et à faire crier ? 

Pauline, — Je ne croyais pas , madame , que 
ce StA un si grand mal de tourmenter un chien 7 

Mad. Sophie. — Quand on a de la douceur 
et de la bonté , on craint de faire souffrir toute 
espèce de créature vivante j à plus foL'te raison 
ceUes qui , comme les chiens , nous rendent des 
services, et sont souvent les modèles d'une 
rare fidélité. Je ve ux , à ce propos , vous ciler 
une histoire arrivées Paris k une dame que je 
connais. Cette dame a une demoiselle qu'on ap- 
pelle Julie , et qui est bien la meilleure fiUedu 
monde ; elle n'a janiais £iit de mal « personne , 
pas même aux bètes , et elle est fdcHée quand 
elle voit tuer une mouche. Un jour qu'elle se 
promenait, elle vit un pauvre chieu, que dt« 
petits garçons traînaient avec une corde pour le 
jeter dans la rivière. Ce chien était fort laid et 

u,-,,.., Google 



1 "^ ERCTCLOPÈDIE 

tout crotté. Julie en eut puië , et dit à ces petits 
garçons : Je vous donDerai de l'argent, si vou» 
voulez tae donner ce chien. Sa femme de chani' 
bre lui dit : Que voulez-vous faire de ce cliien? il 
est' si laid et si mal propre! Cela est vrai, dit 
Julie , mais il est malheureux : si je l'abandonne , 
personne n'en aura pitié. Elle Gt laver ce chien , 
c( le mit dans son caro.%se. Tout le nronde se mo- 
qua d^elle , quand elle revint à la maison. Mais 
ceU'ile l'a pas empêchée de garder cette pauvre 
hète &pnis trois ans. Il y a Iniic jours qu'clW 
était couchée , et qu'elle commençait k s'endor- 
mir , Wsque son chien sauta sur soulït , la tira 
paï sa manche, et se mil à aboyer si foit 
qu'il l'éveilla; et comme »!lle avait' une vcîtîeuse 
d'ans'sa ohaTAhre, elle vit son chieft quiabovirit 
en ttegat'dant sous le lit. Toute' saisie de peor, 
elle courut ouvrir sa porté, et appela ses domcs^ 
ticpies qui, heureusement, û'éiaienf pas' encore 
couchés. Ils vinrent dans sa chambre , et virent 
un voleur caché sous le lit. 

Eliza. — ïl est certain , madame, que* la 
pitié, m^nie pour les animaux, esU'a marque 
d'un cœur généreux; et j'aime beaucoup cette 
jiensée de mademoissefle Jnlie : ce chien n'est 
pas beau, mais il est malheuiviix. Tout ce 
qui est malheurettic devient respectable à une 
personne d'un boiï caractère : c'est pour cette 
raison que les honnêtes gens traitent tieu tous 

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DES JEtNES UEMOISBLLES. 177 

ceoz qri soat obliges , pour vivre , <le s'adonq^ 
à des travaux ^ebutans et péuibles. 

J'ai lu quel^^e part une «utfo liîstoire, qui vient 
hicu à l'appui de ce qup vous disiez tout-à-l'li«ure, 
et qui prouve même qu'il est plus sage défaire 
du bieu aux ^aimaux les plus féroces, que de 
leur faire du raid- 

Un esclave, pomtuë Ândroclès, s'^tant en- 
fui de chez lOH maUfc 1 alla se cacher daas uue 
forêt, et entra daqs une cavcrue que le liasard 
lui prêsanta : a)ais , uo momcat après , il y vit 
«ntreruQ énoif^ie liog qui l)ii cpusa une e;Etrêm9 
&ayeuF. Ce lioa marcUait sur trois pattes, et 
.tepait la qu^trièffie levée : il s'appropha du yoy^' 
geur, et lui loontfa cetl^ pafLfl c|ui. (M^ait percée 
d'une grande épine. L'cstlovO ôta cel,le «!piue en 
tre[i3l)l(uit,env«ldpp:|,coinific il put, la patte du 
lioQ. Ce terrible aniçial ne Gciitpnt pl(is de dou- 
leur, £6 mit à cfivcfisur ton bienlaiteur , et 1q 
nvurrit pendant qisçiqiie tanij^^ do ce cju'îl pre- 
nait à la chasse. L'ascbve ëcaut sorti up jgur de 
sa cabauej fut arrêté |>ar ceux qui Iç c^iercliatcnt, 
et conduit à Rom^) po^r y être livré aux bêteft 
féroces, comme c'était l'usage. Qusud il parut 
dans l'eadrcfit d^sliuii a|ix eotubats des b^tes , od 
Jâdia sur lui un lion qui , aussitôt qu'il t'eut 
Aperçu , s'appTOicW de lui , et se mit à lo caresser 
en reaaiwnt la tête.et la qaeup : ce lion ^tait le 
même que Votclave avait gué«i. L'empereur fut 

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1^8 ENCYCLOPÉDIE 

fort surpris de cet ëv énement , et ayant fait venir 
cet bomine, il lui demaDda s'il connaissait ce 
lion. L'esclave lui raconta son histoire , et l'em- 
pereur lui donna sa grâce , et tui fit présent du 
lion. 

Mad. Sophie. —Je connaissais déjà cette his- 
toire, mais je suis fort aise que vous ayez trouvé 
l'occasion de l'apprendre à ces demoiselles, i 
qui elle prouve que les animaux sent susceptibles 
de reconnaissance , ei conséquemment ave« 
quelle douceor nous devons les traiter. En voilà 
tuinz au sujet d'un petit chien chagriné par 
Pauline; et nous devons nous souvenir que c'est 
aujonrd'hui le jour de notre conversaUon surl'Hîs. 
loire-Sainte. Emilie, parlez-nous de Mo'ise, te 
li'gislaiGur du peuple [uif. 

Emilii. — Les enfans de Jacob sVtant con- 
sidérablement multiples en Egylo, formèrent 
d.ins la suite un grand peuple qui fit ombrage k 
un roi nornmé Pharaon , comme celui qui vi- 
vait du temps de Joseph. Le roi , qui avait ou- 
blié les services de Joseph, se mit à persécu- 
ter les Israélites , pour en diminuer le nombre , 
et ordonna même que tous leurs enEàns mâles 
fussent précipités dans le Nil. Un homme de la 
tribu de Lévî eut un enfant qui était fort beau , 
et que sa mère cacha pendant trois mois. IVIaîs 
craignant qu'enfin on ne déconvrîtson enfant, 
cette femme fit un petit panier , où fixant placé 

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D£S JEUNES bEMOKELLES- 17g 

son fils, elle le porta sur le Nîl, et laissa sur le 
rivage sa fîUe Marte , pour voir ce que ce panier 
deviendrait. La fille de Pharaon vint dons ce 
moment pour se baigner, et ayant vu celte cor- 
beille ,elle commanda à une de ses femmes de la 
prendre. Quand «lie vit ce bel enfant dans la 
corbeille , elle en eut pitié , et dit : je veux le sau- 
ver. Marie, qui entendit ces paroles, s'approclta 
de la ptînccsse , et lui dit que , si elle le voulait , 
elle irait clierclter une nourrice qu'elle connais- 
sait. La princesse y consentit, et ayant nommû 
cet entant Moïse , qui signifie en langue égyp- 
tienne , sauvé des eaux , elle le donna à nour- 
rir à sa propre mère, qu'elle ne connaissait pas , 
et le fit instruire , dans la suite , dans toutes ks 
tciences des Egyptiens. 

Quand Moïse fut grand, il vil un jour un 
Egyptien qui maltraiiait un Israe'lite, et il tua 
l'Egyptien. Le lendemain , voulant sdparer deux 
Isra(!lites qui se querellaient, l'un d'cu>t Itii 
reproclia le meutre qu'il avait commis la veâlle. 
ce qui le déierinina à s'enfuir dans un autre pay,>, 
où il épousa la fille d'un prêtre nommé Jelliru. 
Unjour qu'il gardait les troupeaux de sou Leau- 
pôrc, il vint jusqu à la montagne d'Horcb , où il 
vil un buisson qui brAlalt sans se consumer; et 
il entendit un voix qui lui dit : Je suis le Dieu 
d' Abraham , d'Isaac et de Jacob 3 j'ai entendu ie 
cri de aion people qui est en Egypte, c'est pour- 



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1.8o ENCtCt-OPÉDIE 

((iioi je te Commande â'allcr i/àti luî et de 1c àé- 
livrer; et lu lui diras c[iie lu viens de ma parf. 
Si;içnODr, dit Moïse , jtf ne sais poS votre nOra, 
comoiénf faudra -t-ili!]fic je vous noïame? Je suis 
celai qrà suis, r^oùdit lâ voix ; va-t-cn trouver 
PHarabii , et tu lui deiùânderas la permission de 
mener mon peuple dans le désert , pour y saori- 
iicr pendant trois jours. Si l'où ne veuf pas fa 
croîic , tu feras devant lui des (niracles dont je 
te donnerai le pouvoir, Moïs(ï quitta dohc celte 
montagne pour rctôuincr en Egypte j Ct y ac- 
complir les ordres du Seigneur. 

Jolie. — Je vous prie, dites-moi, madame, ce 
que signifient ces mots : Je suis celui qui suis ? 

Mad. Sophie. — Cela veut dire : J'existe par 
moi-mcmc , et sans le secours de personne. JVi 
loujoiirs dté, je setoi toujours ; rien n'est sans 
moi , et rien ne subsiste que par ma volonté. Je 
^uis toutj je suis tout ce qu'il y a de bon, de grand, 
db sage , de puissant , d'aimable , de juste. 

Pauline. -— Mais , madame , vous dites qu'il 
n'y a que Dieu qui estj il nie semble pourtant 
que je suis aussi quelque chose : le ciel, la terre, 
les liommes, sont quelque chose aussîj on ne 
peut donc pas dire qu'il u'ya que Dieu qui soit, 

Mad. Sophie.— -Vous ctes'qbelquê chose, ma 
chère, cela est irai ; vous avez l'être', mais cet 
cire que vous Bvcp* Dieu vous Ta prête; il lui np- 
jiunient, il petit voiis l'ûter dairs uâ îubtaul. Il 

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DES JCtJKES DEMOISELLES. l8l- 

rty a qoe Diou i qui on n'a jamais rien âaDnd ni 
prèt^, parce qoe rien nVtaitarant lui, el que tout 
ce qui existe dans te' monde Tient de lui. Il est 
donc le maltredetoutCe qu'il y a, de tout ce qu'il 
dodoej c'est'à'dire de tout ce qui existe. Voyez, 
ntesdemoiselles, combien il mérite de reconnaîa- 
sance el d'amour. Nous aimons ceux qui noue 
fout du bien ; or , c'est Dieu qui nous a donn^ 
loul Ce que nous avons ; il est notre père , notre 
maître, notre bienfaiteur; il nous aime comme 
ses enfans : nous serions donc des cr^tures bieA 
mécliantes i\ nous refusions de l'eîmer et de lui 
obéir. Emilie , continuez. 

Emilie. — Moïse et Âardn , son frère , se pr^ 
leutèrent devant le toi Pbaraon , pour lui de- 
mander, au nomdu Seigneur, la permission d'em- 
mener les Israélites dans le désert , pour y offrir 
des sacrifices; mais ce monarque ne voulut pas y 
coo.scntir: an contraire, il donna ordre que l'ofi 
augmt'iitntle travail des Israélites el qu'ils fussent 
punis s'ils ne faisaient pas leur ouvrage. Alors 
Moise et Aaron se présentèrent de nouveau de- 
vant lui l't firent de grands miracles, pour l'eug»- 
gcr à tes laisser partir; mais Fliaraoo fut inflexible, 
et leur reiusa constamment ce qu'ils lui de'man- 
«laient5 il ne se rendit à leurs prières, que lorsqu'il 
apprit qu'un ange du Seigneur avait frappe son 
fils de mort , ainsi que tous les premiers nés de» 
Tgvp tiens. Bî;;îs , pour se rendre dans le dtiScrtj 

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.l8a ENCYCLOPÉDIE 

ott Dieu les appelait, les Hébreux avaient à tra- 
verser une mer qu'on appelle la Mer-Rouge ; 
quand ils furent arrivas sur ses bords,MoÏ5e, qui 
«jtait à leur tête, étendit sa baguette sur les eaux, 
qui à l'inslant se partagèrent , et s'élevèrent de 
chaque côté comme deux moniagnes. Les Israé- 
lites passèrent à pied sec entre ces deux monta- 
gnes; mais Pharaon , qui s'était mis à leur pour- 
suite , croyant pouvoir profiter de ce passage mi- 
raculeux , fut englouti dans les flots , avec toiite 
son armée. 

Lorsque Moïse et les Israélites entrèrent dan» 
le désert, une nuée les conduisait pendant ie jour, 
et une colonne de feu les éclairait pendant la 
nuit : mais la soif et la &im vinrent bientôt le« 
tourmenter , et ib se mirenl'à regretter l'Egypte 
et à murmurer contre Moïse qui , pour &ire ces- 
ser leurs plaintes, conjura le Seigneur de venirâ 
leur secours. Le Seigneur exauça la prière de <:« 
saint personnage , qui ayant frappé un rocher de 
sa baguette , en fit sortir une source d'eau vive, 
où tous les Israélites purent se désaltérer. Quel- 
que temps après , il tomba dans leur camp com- 
me une rosée de petits grains blancs , que le peu. 
p)e appela manne. Cette manne nourrissante 
tomba tous les jours pendant quarante ans , avant 
le lever du soleil , et ceux-là seuls qui étaîcal 
paresseax n'en trouvaient plus à recueillir. 
IIoKTENsx. — Il me semble, madame, que 



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DES JEUNES DEMOISELLES. iSS' 

Moïiie aurait aussi bien fait <le laisser les Israéli- 
tes en Egypte , où îb étaient aonrris , qae de les 
conduire dans un désert oÀ ils manquèrent de 
tout. 

Mad. Sophie. — St les Israélites nVnsscnt pas 
nmrmnré contre Moïse , dont ils avaient vn 1m 
miracles , le Seigneur les aurait &it entrer aussi- 
tôt dans la terre promise, qui était le payn de 
Clianaan ; d'ailleurs il araît ses desseins sur ce 
peuple , à qui il voulait laire mériter, par de lon- 
gues ëptvQvc», la possession de cette terre de bé- 
nédiction, où il devait le combler de prospérités, 
et l'élever au plus baut degré de pais&ance. Ne 
découYrez-vous nen, mesdemoisdles, sonsl'env 
bl^me de cette solitude, dans laquelle les Israé- 
lites vécurent quarante ans , avant d'entrer dans 
la terre que Dieu leur avait pnMnise ? 

Paclinb. — Je ne vois rien là, madame, 
qa'un désert, et un peuple campé dans ce déserL 

Mad. Sophie. — Eh bien, ma chère, élevons 
nos ponsées plus haut. Ce désert nous représente 
la terre ûù nous vivons , et que les livres saints 
appellent une vallée de larmes et de misères , et 
une terre d'exil. Cette terre promise est la figure 
du ciel , où un bonheur infini nous attend , si 
nous savons supporter nos maux avec patience , 
et sans murmurer jamais contre la Providence 
qui nous les envoie. Emilie , continuez. 

Emilix. — Auprès de l'endroit où les Itratî- 

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■ï84 ENCYCLOPÉDIE 

lites «fuient campés, it y avait une montagne 
:^peWe 1« Mont S/noi , où le aeigneur ordânna 
k Moïse de monter et de pwsor quarante }otiis 
crf quarante nuits, après lesquels il devait lui 
manisfester ses volontés, et lui donner sa loi. 
Cette loi , q,uj est le EMcatogue , on les dix com- 
mandemens que noua récitons encore ai^our. 
d'iiui tous les joufs, fut douane à Moïse sur 
des tablea de pierres, eu milieu de& éclairs rt 
du tonnerre. Dieu voulut bien en mtètac temps 
apprendre à eet^lioinme la manière dont il vou- 
lait être servie rt régler tdut ce qui ëlait nëccsr 
saire pour la majeshf du culte que les Ifiraâiles 
devaient lu! tendre. Ainsi, ce fut par son ordre 
qu'Afiroo fut choisi pour ^raud-prëtrej qn'une 
anche fut construite pour receioir les tables de 
la loi , et que la tribu de Lcvi fut cbasgée àe 
tout ce qui avait rapport aux sacrifices et autres 
ccrémonios de la religion, Quand Moïse eut ac- 
compli toutes les volontés du Seigneur, et gou- 
verné le peuple* juif pendant quarante années 
dans le désert , il monta sur une montagne , oà 
il dispaïut ; car personne ne p.ut jamais décour 
vrir son corps ap l'es sa mort. 

Mad. SoBBCE. — Vous avei omis, .Emilie, 
bien des circonstances du u'jonr des Israélites 
dans le désert- Vous n'avez parlé ni du veau d'or 
(ju'i 1.1 iidorècetit, psndimt que Moïse recevait 
sur 1^1 m<i[iiFgnc \c6 tables dt.' la loi , ni de leurs 

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DES JËimES DEMOISELLES. lS3- 

rtunnnces^près le rsp|H)rt dés espions qui furent 
emojés dans la terre de Ghonaan , ni de la ré- 
: rolte et dé la persécution de Coré , d'Athan et 
A4nron, ^ araîent mi» dans leurs enceosoirs 
un fea ifttangcr , ni du ser|>eDt d'airain élevé par 
l'ordre die Moïse-, et dontl'esp^ce guérissait tou» 
ceux qui s'étaient révoltés , et qui avaient été 
mordus par les serpeos que Dieu leur avait en- 
Toj^s pour les puoir. 

EuiLiE. — Je vous avouerai, madame, qu« 
ces murmures et ces révoltes continuelles des 
Israélites contre le Seigneur, qui les avait com- 
blés de tant de bienfaits , m'a toujours fait une 
«i grande peine, que je n'ai pu me déterminer i 
en iàire le récit à ces demoiselles. 

Mad. SopBFE. — e« serpent d'airain, élevé 
dans le désert, k Ta fèice de tout Israël, et qui 
guérit tous les coupables qui le regardent , mé- 
rite pourtant quelques réÛezions , k cause du 
mystère qu'il renferme. 

JifLiE, — Ne serait-il pas aussi une figure? 

Mad. Sophie. —Oui, ma chère, le serpent 
d'airain est nue figure admirable de la croii sur 
la<inelle Notre Seigneur est mort; carde même 
<]u'il éiait un principe de gnérison pour ceui qui 
avaient été piqués par les véritables serpens que 
Dieu avait envoyés dans le camp d'Israël, (t 
qui jetaient les yeux dessus, de mémo, la croix 
de Jésus- Cliriiit , plantée sur le Calvaire , est la 



. l86 ENCYCLOPÉDIE 

■alut de tous les hommes qui ont ^t^ piqués pur 
l'ancien serpent , et qui la contemplent avec les 
yeux de la foi et des dispositions de repentir et 
de reconoaissance. Reposons-nous aujourd'hui, 
en attendant qu'Emilie nous apprenne ce qui te 
passa chez les Hébreux , après la mort de Mo'ise. 



XXIII CONVERSATION. 

Madame SOPHIE, EUGÉNIE, CAROLINE, 
JULIE , PAULINE , ALEXANDBINE, 
ROSAUE, FÉUCIE. 

Mad. SoPHiB. — Qu'est-ce que vous a»" 
donc , depuis quelques jours , Caroline , pour 
être si triste , je dirai même si maussade ? 

Caboline. ^ Je n'ai rien , madame. 

Mad. Sophie. — Il faut bien que vous ayei 
quelque chose qui vous fasse de la peine , car 
vous n'êtes point comme vos compagnes , et 
comme je vous ai vue souvent. 

Caaolihe. — Je vous dirai , madame, que je 
suis très ennuya , parce que je ne suis poiQt 
heureuse. 

Mad. Sophie. — Vous n'êtes point heureuse, 
ma chère? Eh ! dites-moi , je vous prie, ce^ut 
manque à votre bonheur ï 



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DES JEUNES DEMOISELLES. 187 ' 

C&KOLiNx. — Je m'ennuie si fovt , que îe 
voudrais être morte 1 

Mad, Sophie. — Eh ! d'où vient cette <îtrang« 
disposition ? Quelqu'une de vos compagnes vous 
a-t-elle fait du chagrin, ou vous manque-l-il 
qaelque chose ? 

Caroline. — Non, madame, je n'ai à me 
plaindre de personne; xaiti» je ne sais ce qui 
me manque , et qui me rendrait heureuse si y» 
l'avais. 

Mad. Sophie. — Commmt ! vous ne savez 
pas ce qui vous manque , ma chère , et vous vous 
aiQige£ de ne Tavoii* pas ? En rérilë , il j a là un 
peu de fûlîej car, ou ce qui vous manque esl'qneV 
que chose , ou ce n'est rien : si c'est quelque 
chose, vous devez en avoir l'idée j si ce n'eat 
rien , pourquoi vous toarmenter pour rien ? 

Caholine. — Ce qui me manque, madame, 
c'est d'être heureuse. 

Mad. SoPHii. — Âh ! je vous entends, c'est 
le bonheur qui vous manque, selon vos îâëea. 
Mais savez-vous bien ce que c'est que le bon- 
heur ? Je suis sâre que si vous le saviez , vous ne 
vous plaindriez pas j car il est à présumer que 
vous le possédez sans le connaître. Eprouvez" 
vous quelque besoin? Etes-vous mal avec vos 
compagnes , avec votre maman , avec vous-même, 
avec moi 7 



-, Google 



Cahoums^ — NoD, madame, je n'ai aucun 
besoin ; je suis bien avec toutes ces demoiselles } 
maman m'aime beaucoup et je l'aime aussi ; je 
n'ai depuis quelque lÉ^mps aucim reproche à me 
faire , ejt vou5 , madame, tous daignez avoir pour 
moi des bontés gui me pénètrent de reconnaîs- 
lance. 

BosAtiE.— Je pcui^ en dire autant : c'est pour- 
quoi je suis trèsi-coD lente, et je n'éprouve jamais 
aucun sentiment de tristesse. 

Mad. Sophie. — C'est bien là le vrai bonheur, 
ma chère Caroline , dont vous faites la descrip- 
tion. Que voulez-vous de plus pour être hta- 
reuse, qae de n'avoir aucun besoin, et d'être bien 
avec les auti'es et avec vous-même ? Hélas ! com- 
bien de personnes n'en peuvent pas dire autant, 
et se plaignent moins que vous ! Connaissez donc 
le bonheur de votre situation , et pensez souvent 
que vous n^y pouvez rien ajouter j et qu'au con- 
traire, plus vous avancerez en âge, et plus voua 
approcherez du moment où vous devez sorlir de 
cette maison , plus ce bonheur diminuera. 

Pauliite, — Je suis persuadée que Carolins 
voudrait ressembler à ces demoiselles qui , éle- 
vées clioz leur maman, sont, pour ainsi éire , 
maîtresses de leurs actions j travailleni et se le* 
posent quand bon leur semble j vont dans lei 
compagnies, et fréquentent les spectacles. 
Mad. Sophie, — Comment voua permctlei- 



RES XEUNES DSKâBELLES. i^' 

TOUS, Pauline, de .porter 'ua jugvineQtsî lémi- 
raire ? Qudle* ,:ppeuv«3 >av«i-Toas que Caroline 
{«Kseee que 'tous dites ? 

Pàvziips. -^ Elle me disait deirbi^KDieiit 
qu'elle Errait use ooe^e- fart heureuse , parcs 
qu'elle faisait toutes ses Toloatds , et qu'elle '09 
pnsSBif ^as une semaine sans aller trcHS ou qua^ 
Ire'Afis au spectacle. 

Mad. SoPhib. — Si vous -penses , -Caroline 1 
qae le bonlieuT consiste , pour 'Une jeune per- 
fonne , à ne rien faire , et à mener une TÎe diêsi* 
pée, je plains bien sineèrement l'erreur -grossière 
dans laquelle vous êtes aujourd'hui, ^uoî! c'«sl 
l'oisiveté de votre cousine gui vous dégoûte de 
votre situation actuelle , -et ce sont les divertis- 
setnens dangereux auxquels sa faible maman per- 
met qu'elle se -livre, qui vous iuspirent de latrie- 
tesse ! Cn jour viendra , ma chère enfant , oh 
Ttdre cousine regrettera amèrement ce temps 
précieux qu'elle perd dans la paresse et dans lei 
frivolités du monde , et où vous vous rappellerez 
avec attendrissement les paisibles années qile 
TOUS partagez entre des amusemens utiles et du 
occupations agréables. 

Oa&oline. — Je goâte par&ïtement touteu toi 
raisons , madame, et l'ignorance complette de ma 
conaine, ainsi que les chagrins journaliers qu'elle 
cause à SB maman, pardon impertinence et ses sot- 
-ttSCT, me prouvent qti'il y a une grande différew» 

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* 190 E>XYCLOPÉDIE 

entre son éducation et celle que je reçois: C^wii' 
dant , une chose me iâit une peine bien vive , 
parce que j'en suis humiliée ; c'est que ma cou- 
sine a , partout où elle va , des manières et un 
. iton si Ai^ée , que tout la monde fait son ^loge , 
et que lorsque je me suis trouva avec elle , j'a- 
vais un air si embarrass(^ et des manlires si gê- 
nées, que personne ne faisait attention à moi. 

Mad. Sophie. — Il n'est pas étonnant, ma 
dière , que vous éprouviez de l'embarras au mi- 
. lieu d'un monde avec lequel vous n'avez pas l'Iu' 
bitude de vivre ; et ne pensez pas que l'on vous 
. en sache mauvais gré. Si vous pouviez enteudre 
les propos qui se tiennent sur «tre cousine ei 
sur vous , vous seriez convaincue sans doute de 
. la difTérence que l'on met entre vous deux , dif- 
. ^rence qui ne peut que vous être avantageuse. 
Feljcie. — Vous avez dit , madame , que !e 
. bonheur consistait à n'avoir aucun besoin , et a 
. bien être avec soi-même et avec les autres j 
. comme je ne comprends pas bien le sens de ces 
paroles , seriez-vous assez lionne pour me l'ex- 
pliquer ? 

Mad. Sophie. — J'eniênds, i", par n'avoii 
euCun besoin , être logée, vêtue et nourrie j or , 
si une de ces choses nous manque, liumaiDcmeut 
et raisqnnablement parlant , nous ne somœqs 
point heureuses, parce qu'alors nous souflVon^ 
dons notre existence ,- ce qui est tncauipatible 

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DES JEUNES DEMOISELLES. IQI 

avec le bonheor j a" être bien avec soi-même , 
c'est n'avoir aucnn reproche à ae faire, aucun re- 
mords de coQscieDce ; ce qui n'arrive que lors- 
qu'on accomplit ses devoirs , et que l'on pratique 
la vertu ■ Vous comprenez bien , mesdemoiselles, 
qudie doaceur on éprouve au fond du cœur , 
quand on »'a point à se repentir d'avoir (ait le 
mal, et que l'on ne peut que se fâiciter d'avoir 
taille bien. 

FÉLiciB. — Ce que vous dites esi bien vrai , 
madame, car je ne suis jamais plus inquiète qu'^ 
[ffès avoir fait quelque faute , et que je ne suis 
jamais plus satisfaite de œoi-m^me qu'après avoir 
fait une bonne action. OanS le premier cas , 
j'entends en moi-même une vois qui me repro- 
che ma feuteavec sévérité^ eidans le second cas, 
cette même voix m'applaudit et me loue. 

Mad. Sophie. — Cette voii intërieure est celle 
ào la conscience , que Dieu a placée dans le cœur 
biunain pour être un juge inflexible du bien et 
du mal que nous commettons. Si c'est le bien, le 
juge nous approuve j si c'est le mal , ce juge nous 
condamne. Ainsi, c'est lui qui nous rend bca- 
, reuses ou malheureuses , par anticipation de la 
' récompense que Dieu nous accordera, ou du 
châtiment qu'il nous infligera dans l'autre vie. 

Je reviens à mon expUcation : 3" être bien 
■veoles autres , c'est la aimer , leur rendre tous 
les s<!rvice;i qui dénudent de nous , les prévdnir 

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iga EKCTCXOPÉDIE 

.pardes tfgardset desonanières lnnmQtes«t polict 
et tâclLer , en iid mot , de gagaet leur estime-e 
leiir amitié , en supportant lenrR dë&uts , et et 
w 'les disant pohit ioufirir des nôtres. Vtiîlà . 
meadeino)sel1e6,.le¥rQi moyen d'être heareuses. 
■non seulement aujourdlmi, demain , mais encon 
4oute votre vie. « 

£nGÉNix. <^ Ce n'était point là l'idiJe tpie j'a- 
vais da bonlieurj car j'ai dit bien souvent : Coiih 
bien jesuis heureuse que mon papa-soit riche, et 
•d*atoir de jolies robes pour mUtabiller qoand je 
■ors ! Combien de foisatissî j'ai dit aux appro- 
jche«de« vacances: Que je vais être heureuse, 
je n'aurai rien à faire , rion à Apprendre pendaul 
plusieursGemaines, J'irai à la compegue, où jenifi 
,piomenerai et je me divertirai pendant tonte k 
îournée. 

Ahd. 'Sophie.-— C*c.->t bien là le bonlieur d'un 
«D&nt , m» ch<>re; mai'^ re ne doit point être le 
fétre. Quoi! c'est à t-nyx de treize ans que tOui 
TOUS occupez de ces fri\n',iK!s, et que vous con- 
fondez avec le boiilieur, des a^âut!lgeG qui dé- 
pendent de l'inoonstiincf iV h fortune , comme 
k> richesses , cl du temps igu'il fera , comme les 
vacances et le séjour à l^i i'(iiiipogîie?Vons vont 
dites que vous ëtesheutciisc d'avoir de jolies ro- 
bes ? Vos compagnes qui '■.(• sont point aussi bien 
vêtues que vous, soutdoiic iiinlliciireuf.esï cW! 
Jonc à une étofic plus on dioîjis fine, plus 

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DES JfiVHfi& p^M016ELLES. 193 

i^flce7 Si cph mit, il «V ^Qi**!^ d'henrevii sur 
la \i/^f qofi \fi$ personnf» l>icB 1)bI)UW«6 ; c sit-à- 
fUre, I9 ur'fs-p^VUie pfcUe du g«9re baw«io , c« 
^] flst cpBtcvve k Viàée ^«,e ttow^ ft«v(yi8 avoir 
4WlPiroïidfflcp%wywlJe*us l«»pqvvnes comme 
«prlps ricUw , «t qui dfldoiai(ias« tfl«jpi»i> IflS pre- 
mim 'des )PpUppMs des second», par wp lioiD- 
bm An«lflgge A Jear éut , J^qijçl «pt fion>«M et 
tdivpvr et ftm .'^- !« wemt. vptu conraÎDCte 
de oeMe wrifté pfv vne ki»t<Mfi« '<pi> 9* fiCM !>*■ 

voua f rie , pLos Longup qo» vou* le poivrp^ i car 
.k n'aime rue autaal qiM; les liiatoifet- 

Abd. ^(w^E. -r lMen>e d» ï1or»iIV «yAot 
«ÏWlt^PMÙ f(mr «aiv pa>i^ U Itelk sfisqu d^tt* 
IjWJïdc BC« ifaBrea , sit , <^ii vs pHWVM fern^iff 
ie wsideqrameB , «we j^Nfiv pcCïWSe fort dQP^ 
Atibrl>oiUie, qu'aile ipril t(H>)««-M«f pn:pffiiti^. . 
Jle ipDawpt^»e,f«saer<le le ïQir.-.^.l-'w^^yft'rt 
UHYQiU clicrfjbor , potw.b (urqfMr coqaoïç 1» 
fTO^e^lle. 4-uesstdu , ^eftl ie «Qi9.d«:^ ']9VOfi 
âUe , jnâppndait |d*.80B . nuAut MV* hp^iM de I9 
^e^ qui l.aijQbil..cdi»qae ^ppr danSfn^^ge. 
9uuid't'ï]isfirfitEiratiFMs^pIwoabQs, iE(i94«V«<^* 
ïileriille.sqngea.ài:et9QrDerd la viUe> ^^Kifem 
afTpnliit point«e sëQarer^ w cli^r« AvgU|>ti|i^. 
WiU irninaàa , «n cDasëqneoee » M fermier, 1» 
9 

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■ 154 ENCYCLOPÉDIE 
permission d'emmener sa fille avec elle. I^ bon 
villageois, tout émerveillé 4e la proposition de 

■ celle daroe, y consentit volontiers, et la remer- 
cia ', avec de grandes démonstrations de respect 
et de reconnaissance , de l'honneur qu'elle Ini 
&isBit. Revenue k Paris, madame de Florvilte 

- lit quitter à Augustiue son costume de paysannf, 
et l'habilla comme une demoiselle de qualité. 
Comme celle ci , pour ^tre présentée <îans le 
heau monde, ayait besoin de manières et d'une 
tournure difiiû^entes de celles qu'elle avait pri»s 
à la campagne, sa protectrice lui donna unmailFc 
de danse et un maître de musique. Quand eue 
eut fait quelques progrfe , madame de Florrille 
la mena d'abord chez quelques-unes de ses amies, 
'qui la trouvèrent à leur gré , et quelque lemp* 
après, elle la prodaisit, comme •apatenie,dïn' 
in grand monde • où son tea , sa niodeslie et »i 
beauté lui attirèrent beaucoup d'éloges. Qui i>e 
croirait' qu'AngnStîne étaiit et se trouvait lo^ 
•heureuse , et avait oublia et le village , et sa robe 
•de hure , et son père ? Qepepdont , elle était sou* 
veni si triste , et paraissait ^i affligée , que u»- 
'dame de Florville ne' sav«it pins qu'imaginer 
pour l'égayer et la distrÎHrei.. Le malîn^ elle res- 
tait dans sa cKambre, et ~n'e&' sortwt que lors- 
que celte dame l'envopitt ^herc^er, et le 8"^^ 
elle s'y retirait bien vite, pour s'kffliger et jd*' 
rer tout à son aise. Il y avait trois ans que bU' 



DES IZI3ZS tama^cLus- 

lonqB'dle Su t m » le f f il ^j ï 

et DBc partie de fs 
Tenue w ^aade et kiSe fiJs . ^ prw-MtinH 
n'avoir jaaijis ^flillc b cap^bjc. 4 «jcî ^ik 
âomc , ne aemMtât fa* Agacée â r^iiMier ^ 
autre gi^vre de vie qsc c d-J ^Vue H^wt dé- 
lais à k^ç-tcBpK} or depnfiOBaB»^ pievs 
avaioit ceg< , cC ^w immtm ^liwenlic nxic 
remplace sn Ma nsige cet air de tcidese qa^ene 
avait aupararaot. - 

QoaDd madame de FlorrHle arriva an tîDï^ 
où demeuiaît le boa i è rm i et , père d'Angnsfinr, 
Ga première klêe &t iTaBer tni pcésoiter sa >euae 
Aève, qui âaît,pOBraian dire , sa fflle d'adop- 
tion. Aossitât qa'ADgociÎBe aperçut son père, 
qui était à la porte de sa dunoièra , elle se pré- 
cipita bors de la voiture , jet conmt l'emlirasser 
avec des transports de joie difficiles i décrira. 
Mais venant bientôt.à se rappeler les anni^s pai- 
sibles qu'elle avait passées sous le Chaume poter' 
Del, eti ctHUparer lecostnme modeste et simple 
qu'elle avait quitté avec ses T^temens de laine, 
elle fondit en larmes , et , se retournant vers ma- 
dame de Florvillc , témoia de celte scène tou- 
chante , elle la remercia des bontés qu'elle avait 
eues pour elle , et lui dît , avec beaucoup do fer- 
meté, que sa résolution était prise de reiler-^vcc 
■on père , et de reprendre ses babito de vîlti* 

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igâ EscrcLOPÉniE 

geoUa. £n min «adame dc'Florvitle ot sùn^pèn 
.\-aiiluDeDtla détoutser fie ce deMein^ tantôt jwr 
dot .paires, UntAt par des rneoaoeR; eUe {ut 
iiiûesible , ne lëpoodit qae par «on -silenee «t 
fat S8S iatnies, à tout ce qu'on put lui dire ds 
saiaoDiMble et de touoliant. 

3lo3Ai,iE. — Combien qiadame de Florville 
dut otre a£9igée decet évëoemept ! Je me sietsi 
Ma place > et je vous Meure que je aetnis morte ào 
cbagrin : cependaDt , je croit que j'en aiiraû 
lait autant à celle d'Augustioe. 

£injÉiiu. — £t.moi , j'aurais bien vke quitU 
^os habits pont rester avec mon papa, 

iM^. ÊOBBiB — Vous sentez donc , Eugâiie , 
■qpë ce ne sont pat les liabitsni lea dÎTerttssemnu 
, gui foua rendent heuctu*e$j m^isle sentiment; 
«l.que là bonbeiir n'eut point daps ce qui eit 
bmicbnQuSf^mms <[u'il ikit aa r^idenoe dqnt 
jiotfe .ixiur. 



KXIV' O0NVERSATÏON. 

..*Uw.. MJSABETH, 3TÉPHANIE, ADÉU, 
AUÉUE ,: éMIOfi , >HORT£NS£ , M.EXAN- 
DftlME. ■ ^ , . 

iVttà'-^ijJBjcivxa. — il^ueMe 'belle youmét, 
^HWàvaoàaéUs ! .qac& -^euce ten^âralure ! 

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DES JEUNES DEMOlSELtES. 197- 

Comliii;!! la tecrt se dîspese à (fUiler à nos yeac 
d« magniâcAOCe et de ricliesscs ! et combies 
nous devons bous eslitoer heureuse» d'être nie» 
itHMS nn dnaat et dans un pays où le cliarme da 
l'exûlcnce se fait sentir avec tant de livacrttf et 
de douceur l Ah [ (juand' on a vojogé , quelle dîF- 
fërenca on trouve entre les autre» pay» et la 
France, et quel plaisir ob éproure ks'entretenir 
de cette aimable patrie ! Amélie , reprenez notre 
conversation siir cet int^i'esseot su{et ; et, comm* 
tous navcz encore rien dit de l'histoire -et à» 
gOaTicmoiaeai de la France , aj^rquez-neu», m 
^u de mots , ee que voua en saves. 

Âjctui. -4^ La Fi-enoe s-'aftpclaû autrcfmi 
ks Ga»Ut ; elle éisàt h^itée par àe» peuple* 
idolâtres qui n'avaient presque aucune jioniSio- 
nieation entffi eux. César ,-<pii était .un géEfA^ 
Mmaia r B»' ^ Li conquête , il y a prés de dieuv 
mille ans j et depuis ce temps , elle fnt g<tuveriK^ 
comme nneprovincft rouiaÏDe, jusqu'à l'ëpioquc 
oÀ les France , peifple d['AUciriegae r ayant à 
leur tête Pharomond et se» sncceGMnW , ctnssê- 
rent lesRenHiins, et Ibndèrenc um manai-chi« 
qui dure encore. 

Emiue. — Alonarchie ? voilà un mot ipia je 
ne comprends ^s. 

Mad. Elisabezb . — On sppellfa mimitrchie , 
un grand |Hiys qui est gouTemé: jnv un acnl 
Iwstme , qui est coi eu «mporair. Âbw, on 

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■ig8 ENCYCLOPEDIE 

dit, \i monarchie française , la monarchie au- 
trichiennej etc., pour dire, \a France, V^u- 
tiichej etc. ; mnis seulement quand on parle au- 
trement que sous le rappori géographique. 

Amélie, — Le premier roi de France quî se 
fit ctirétien s'appelait Clovis. Ce fut sainte Clo- 
tilde , sa femme , quî le détermina à se faire ins- 
truire ; ei ce fut après une grande victoire , qu'il 
remporta comme par miracle sur les AllemantU , 
anprécde Cologne, qu'il reçut le baptême. Gest 
depuis celle époque que la religion chrétienne 
est celle des FrAirais. Tous les successeurs de 
Clovis ont ét^ chrëtierris el catholiques comme 
loi'ct ce sont eux qui ont Ëiît bâtir toutes ces 
cath^ales et autres belles églises que Ton voit 
en France. 

HoBixNSB, — Est-ce à la même &mille qn ap* 
partlennent tous tes rois qui ont gouyemë la 
France î 

Ahélis..— Il y a eu trois races ou familles , 
qui ont produit tous les rois de France jusqu'à 
Loais XVI inclusivement. La première race est 
celle des Mérovingiens , qui a commencé à Mé- 
rovécj la seconde est celle des Carlovingieus, 
qui a commencé k Pé^Hu, père de l'empereur 
Charlemagne; et la troisième est celle qui a 
Gommencéà Hugues Capet. C'est h cette troisième 
race qu'appartient le roi régnant , Lonîs XVllI. 
AdAls. — Y pensez-rous, Amélie? Au lien 

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DES JEUNES DEMOISELLES. 199. 

àe nous parler ie la g^grapliie , voilà qae vous 
nous enirctcnez de l'Histotre de France. 

Âutiix. ■— Cela e'Uitp^cessaîre pour ce. que 
i'aià dire jurlegouvermeot actuel de la France, 
et sur la division de s()^ territoire. 

Adèle. — Je ne vois pas le rapport qu'il y a 
entre l'Histoire de France et la gtfi^raphie de la 
France. 

Mad. Elisabeth. — Comme la France est au • 
jourdliui divisée en d^partemens , ne laut-il pas 
savoir comment cela est arrivé , puisqu'il y a eu* 
virOD vingt am qu'elle était divisée en provinces^ 

Ai|^E. '-r Une révolution , qui a duré à peu 
près trente années , avait'amené eu France dif- 
férentes espèces de gouvernement. La race légi- 
time avait été privée de la couronue , et ce fut 
sous l'un de ces gouvememens que ce change- 
ment eut lieu; l'ancienne race, en reprenant la 
couronne a conservé celte division. 

Emilis. — Dans quelle année, s'il vouspUit, 
at-on divisée la France en départemens, et a-t- 
on cessé de parler des provinces , comme l'Ile- 
de-Fraoce , de la Normandie , de la Picardie , 
de la Champagne > de la Bourgogne , etc. 
. AuËLis — C'est en 1790 et gi , que cette di- 
vision a été faite. 

Mad. Elisabsth. ^ Autrefois la France était 
divisée en trente -deux grandes provinces , qui 
forment aujourd'hui 86 départemens, dont la 

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20O ENCYCtOPÉDlE 

pop'Alattott fAâe ^9'clb tr-ente milliu'M'dliaLi- 

tans. Dana cli*pie d^partemetil , iiy tfwn profit' 

qui fst ebai'gtf de surveiller et d'administrer 

tout ce qiljttrap^l âUi^vit; c'est à-diré, ce 

ij^ii n'est ui aflàire écdéiiiiùqae , ni itiilîlliifre' , nî 

judiciaire. 

Adel». — 91 vous ir'rfTBîi pas*, m'ailatiU , la 
lion té de nous expliquer lesensdeloascesnlok', 
nous aurons bien! dé là' peine h- les comprendre. 

Mad, ELis-ADita — Les àffuires t^cultfsia&tii^es 
lontcellcsqui ont- rapport à la religto*'; lesaf- 
Tiiires militaires concernent l'aïmeV, et ti/ut ce 
qiti Ap|Mlttient & la diéfeme du myaume ; le* af- 
faires judiciaires sont tout ce (jui est du- ressort 
dci ttibunaux ; et toute affaire qui n'e-st nï ecclé- 
siustifjue, ni militaire, ni judiciaire, est civile, et 
nVst outre cliosecpi'un rapport des' it^cl^ avec le 
gouvemeraent. Ainsi, le droit qae j'ai db tous 
instruire est purement civil, comme !e devoir do 
pajer mes contributions, quand on me les de- 
mande. Mais en voilA trop k propos du nombre 
des de'partemens : Amiâie , reprenez le Hl de y*>- 
ivc entretien. 

Ahelis. -i- Commty il serait trop long de kn9 
la description de chaque département, ne con- 
TÎendrait-t-il pas plutôt , madame, que je île par- 
littse que des principaux? 

Mad. Elisabeth, — Je pense commit rous, n;i 
chtre, qu'il suffit d'en dtcrire qnelqDCS- uhï, 



DES JEfyES DEMOISELLES. 30 1 

cennne ceux sur lesquels il y a à tEirt quelque 
cliose de remarqnabte , et qui , par leur étendue , 
leur population , et l'iusârustrie de leurs balti- 
tans, méritent d'être mieus connus. 

AmEt.n. — Au nordde la France, se trouvent 
les départemens du Nord , du Pas-de-Calaïs et 
de la Somme j leurs principales viHos sont , pour 
celui da Nord, Lille, Douai et Dunkerque; 
ponrcdui d'n Pas-de-Calais, Arras, Boulogne, 
Saint-Omèr et Calais; pour cnlui Ae la Somme, 
Amiens, Beaovais et Cambray. 

HoxTENSB. — Je vous prie de me dire ce que 
TOUS entendez par la Somme. 

Ahseis. — C'est «ne petite rivière qui coule 
dans ce département. En gémirai , tous les depar- 
tumens de la France tirent leur nom ou des ri- 
vières, on des montagnes, ou de quelque tbvèl 
d'une grande étendue, qui silparatt autrelbis une 
prorince d'une autre province. 

Ainsi la Seine donne son nom au département 
de Paris, parce qu'eïle passe dons celte capitale; 
les Alpes ont aussi donné leur nom, ainsi que 
lès Pj'rénées, à plusieurs departcmens qui les 
avoisineot j il en est de même de la forél des Ar- 
dcnnes , dont on a ainsi appelé on département- 

HoRTïiTsK,— Souffrez que je demande encore 
ccq ne vous entendez par le molde cnpiiale, dont 
TOtts vous êtes servie , ea parlant de la ville de 
faris. 

9* 

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202 ENCYCLOPEDIE 

Ameiii. — Une capitale est la principale ville 
d'un empire, d'un royaume , ou d'une province; 
c'est-à-dire , celle où il y a le plus de monde , 
ei ofi le gouremement Ëiit sa résidence. 

 l'ouest de la France , sont tes départemens 
qui ont été formés des anciennes provinces de 
Normandie et de Bretagne , de Poitou de 
Cuiennej ils sont au nombre de vingt. Leurs 
principales villes sont Rouen , dans le départe- 
ment de la Seine-Inférieure , Nantes, dans ce- 
lui delà Loire-Inférieure, et Bordeaux, dans 
celui de la Gironde. 

La ville de Houeu est une ville très- peuplée 
et très- commerçante, à vingt-sept lieues de Paris, 
et Nantes ne lui cède ni en richesses , ni en com- 
merce , ainsi que Bordeaux , qui a nu trâs-beau 
port sur l'Océan. • 

Au Midi , sont situés tous les départemens for* 
mes des anciennes provinces de Languedoc, 
Provence et Boussîllon. 

Leurs villes les plus remarquables soui : Tou- 
louse, daus le département delà Haute-Garonne, 
et Marseille, dans celui des Bouehes-du- Rhône, 
dont le port , sur la Méditerranée, est très-vnste 
et très -commerçant \ Digne , dans celui des Bas- 
ses-Alpes, et Toulon dans celui du Yar. 

A l'Orient ou à l'Est , sont situés tous les dé- 
partemens formés de l'Alsace et de la Franche- 
Comté. Leurs plus belles villes sont : Strasbourg 



-, Google 



BES JEUNES DEMOISELLES. ao5 

ïille très-peupWe et bien fortifiée, dans le dripor- 
tement du Bas-Rhin ; Besançon , dans celui du 
Doubs ; Colmar dans celui du Haut-BIiin , et 
^ô& dans celui du Jura. 

Mad. Elisabeth. — Vous avez ouMîè , Amé- 
lie , des départemens qu'il est pourtant bien in- 
bîressant de connaître. Vous a'avcz parlé ni de 
celui de la Seine , dont Paris est la capiiale , 
ainsi que de toute la France ; ni de celui du 
Kliône , ofi l'on trouve Lyon , la ville de l'empire 
la pins grande et la plus peuplée , après Paris. 

AnÉLiE. — Je n'ai point encore parlé , ma- 
dame , de ces ddpartemcns , parce qu'ils sont au 
centre de la France , ainsi qu'un grand nombre 
d'autres ,- mais ne pensez pas , je vous prie , que 
je les aie oubliés , car ils valent bien la peine que 
l'on en parle. 

Tous ces départemens , qui sont au centre de 
la France , parce qu'ils sont situés au milieu de 
cenx qui forment ses limites , sont au nombre 
de trente-deux. Les principaux sont ceux de la 
Seine , dont Paris est la capitale; de Seine-et- 
Oïse , dont Versailles , où l'on voit un trés-bean 
cbdiean , séjour des derniers rois de France, est 
le dief-lieu ; le département de la Moselle, dont 
la capitale est Metz , belle et forte ville ; le dé- 
partement d'lndre-el>Loire, où est située la ville 
de Tours , -très-peuplée , très agréable et tr^s- 
marchande \ le département de la Câte-d'Or , 



20^ ENCTCtÔPÉDtÉ 

dont là capitale est Dijon. Ce cUparU-mcnt est 
célébré par ses bons vins , qui forment une des 
braricliea lés plus" étiendues du commerce d'à 
France j le dëpartemenl du Rliône , dont Ta ca- 
pitale est Lyon , vilté admirablepar sa situation, 
et depuis long-tertps c^èbre par l'industrie de 
«es babitans , ses riches étoffes de soie , la beauté 
de ses quais , et la sogiptuositij de ses (édifices, 
■oit publics , soit particuliers. Lyon est k cent 
lieues au sud-est de Paris ; mais de toutes le villes 
de France, et tnéme du monde entier , ta plus 
lielleestla ville de Paris, et celle dont la descrip- 
tion est la plus longue à faire , la plus agrëabic et 
ià plus utile. 

Mad. Elisabeth, — Reposez-vous, Am<!lie , 
car vous devez être fatiguée, et laissez parler 
Adèle , qui , comme Parisienne , doit bien coa- 
naltre la ville où elle est née. 

Faites-nous , Adèle , l'éloge et la description 
de Paris ! 

AoftLB. — ^ Je vous assure , dadamc , que ne 
m'étant pas attendue h parler aujourd'hui de Pa- 
ris , je ne me suis point préparée su^ cette ma- 
lîÂre, Cependant je vais feire mes eObrls pouv 
TOUS plaire , en comptant beaucoup sur votre io- 
âulgence et sur celle de mes compagnes. 

Mad. Elisabeth. — Comme ce n'est point un 
lorg discours que je vous demande , vous n'aurez 



DZ5 irc^is rcsoenuj. *■» 

qaa TOUS uf^ l ur es ifiH r s f eiSKt^ 1 £■• 
■UT la opîblt d* rrrr-iTTTr &asç^}. 

AdiU. — Ancaae «ilk éuK k BDn& m*e>ff 
comparabb à la «ib As Psns , qxi pent «tre re- 
garda comme Ifc centre de la politesse et de la 
citiltsalioit mropénuK. XuBe pan oo w troci* 
de^tubeam niOBiHiensde:>arts,etIaseQt«c<i> 
loDoade du Locrre surpasse t03t ce que faKhi - 
tectnre a pfodait Je plus porCiït QuV al -il Je 
comparable aa Musée renl , où Foa pent voir 
une grande partie des 4^c&-<!~(euTre des «rtîsle» 
iDÔens el modernes ? Ce n'est qu'à Paris où Ton 
peut te procorer en abondaace tontes les pro- 
ductions des aatres contrées de l'untrers , et les 
objets da laXe le p1u« somptueux j abondant , 
comaïc ceux du besoin le plus urgent , et de la 
plus stricte nécessité. D'autres capitales petivetit 
être pins vastes et plus peuplées, m.\K aucune 
n'est plus propre, plus saîneet n'oFTce plus d'avan- 
tages à la circalâtîon des personnes et des clioses. 
Qjelle autre peut vantera plus juste titre ses bou • 
levarts , sâs prouisnados et ses quais , et se regat' 
dcr comme le centre du plus beau royaums de la 
terre , lorsque toutes les capitales des autres états 
sont situées ou à l'extrémité de ces états , et pn>s 
d.'S frontières de l'étranger , oi elles sont voisi- 
nes de provinces qui ne suQlseat point à leur 
consommitîon ? La nôtre , au contraire , e*X en- 
tourée de départcmcas riolics vt fcrliUs, Mail hm 

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306 ENCTCLOPÉDIE 

qui assure k la ville de Paris la prëéminence sur 
toutes les autres , ce sont les arts , les sciences et 
la littérature , qui s'y cultivent avee plus de suc- 
cès qu'cD aucun pays du monde , et la rendeut In 
séjour enchanteur du bon goût , et de tous les 
plaisirs de l'imagination et de l'esprit. 

Mad. Elisabeth. — Pourquoi ne parlez-vous 
pas , Adèle, des différens tliélitres de Paris ? 

Adèle. — Je sais fort bien (jne les théâlres de 
la capitale , comme l'Opéra , le théâtre Fran- 
çais et l'Opéra-Comique j l'emportent sur tous 
les autres théâtres deVEurope, et en sont les orne- 
mens , qui attirent dans ses murs le plus d'étran- 
gers, et sont le plus capables d'exciter l'orgueil 
de ses habitans ; mais , & mon âge , il ne m'est 
point permis de faire l'éloge du théâtre , et j'au- 
rais craint, madame , de m'exposer à vos justes 
reproches , si j'avais entretenu mes compagnes 
des spectacles de Paris. 

Mad. Elisabgtr. — J'approuve , mk chère , 
votre prudence et votre discrétion , et je vous 
sais gré de votre façon de penser au sujet de l'o- 
pinion que j'ai des spectacles , que je regarde 
comme dangereux pour tout le monde , et encore 
plus pour les jeuuGS personnes. Comme nous sa- 
vons à peu prés tout ce qu'il y a d'essentiel à ap- 
prendre au sujet de la France , nous en resterons 
1& aujourd'hui , et dans quelques jours nous con- 
tinuerons notre voyage dans les autres pays de 

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DES JEUNES DEMOISELLES. 30? 

l'Ecrope. Emilie, faites tos préparatiCi, c'est 
voiu qui noas en ferez la relation. 



XXV CONVERSATION. 

Mabame SOPHIE, STÉPHANIE, ÉUZA, 
ALEXANDKINE > EMIUE , AGLAÉ, 
PAULINE, ROSALIE. 

BosALiE. — Je crains bien , madaine , que 
l'après-dlnée ne soit orageuse, et qoe nous ne 
puissions pas aller k le promenade. 

Mad. SoFHis. — Eh! comment le savcz^TOus 
ma chère ? 



;eUDt les yeax sur le 
vu l'aiguille arr^- 



KosAtiE. — C'est qu et 
baromètre de votre salon, j' 
tée à l'endroit où il y a écrit , tempête. 

Aglaé. — D'où vient , madame, qu'en voyant 
uD baromètre , on peut prédire le temps qu'il 
fera? 

Mad. Sophie Comme le baromètre est un 

instrument qui ^rt à mesurer la pesanteur 
de Tair , et à en indiquer les variations , par le 
moyen du vif-argent qui est renfermé dans un 
tube de verre , il est cUir qu'il doit nous appren- 
dre si Doqs aurons un beau on un vilain temps. 



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3o8 feSCïetOPlÎDIE 

^AtraiMS — ' Vous' m'cxcuscrra , ibai&uner, ri 
je vous dis que je ne comprends pas votre exprî- 
catîoD. 

Mai. Sophie. — ^ tl &ut savoir que lacoloune 
de vif-argent, qui est renferme* dans le tube du 
baromètre , est tonjonrs en équilibre avec la co- 
lonne d'air qui correspond jusqu'à l'extrémité 
de cette colonne , et qu'elle sVlève ou s'abaisse 
selon que l'air la presse moin& ou qu'il est plus 
pesant. Plus l'air est sec et dégagé de vapeurs , 
plus il est le'ger ; alors le mercure s'élève et an- 
nonce le beau temps ; glus l'air est hui^ider ^pais 
ou chargé de vapeurs , plus il est lourd ; alors le 
mercure descend et annonce la pkiîe. 

STEFHAfiH. — Il faut eonvcnir que lo baromè- 
tre est un instrument d'une grande utilité. 

Mad. Sophie. — Oui . saus doute ; car il sert 
à mesurer toutes les hauicurs , et par cnosëïpeii) 
à connaître les endroits où l'on peut vivm, et 
ceux où l'on peut parvenir sans perdre la respi- 
ration. 

S'tefhahie. — Consé(iuemment , les pecsonaei 
qui sVlèvent dans les ballons , doivent mjcesni- 
rement se munir d'un baromètre. 

Mad. Sophie. — Oui , certes^ sans cet instru- 
ment, elles seraient fort embarrassées de cobsaI- 
tre^ d'une manière précise ^ la liaiiteuc oit ellta 
sont, et l'exposeraient à mourir, Ëiute d^air pou 
TMpirer. 



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t>ES JEUW^ lïË'!tfrtI§ï:LLES. 3(ig' 

keivi. -"Est-cèffiio Tair ôstndtinSs^re à la 
ïie ? 

M.id. SoPHiK. -^ Oiïi , ma cliiiftf , «oinnie 
leuu aut poissons; dt on rf fait, à ccsnjet', uii grand 
nombie d'crpdfîen'ccs', qui prbùvCnt loutl'S qiia 
l'aif eA la caûâe principale de notre existence , 
et de Celle de tousWaifimaui. 

Aettit. — Comment esr-il possible qù'ou tàssc 
des etpi^rieacej stif faïr , (^u'oû ne touctie ni ne 
Toit? 

MfAÏ. âoPiTiE. — lï tfïiste' uri^ lïiacliinfl que 
l'on QoiAine fa machine pneUmdUt^ue. Cette ma- 
chine est cûfnpOséëâ'ùil plateau, auquel est ajut- 
të une esp^'t^e de pompe , que l'on nomme pîstôif 
Ou rfcipient, sous l'eqoel on a mis l'ammaf qui 
doit'sÈrviràrexpericncc, comme une grenouille^ 
un oiseau , et même un cliat. Q'uaad tout est 
prêt* , on tourne le piston pour pomper l'air qui 
e4 renfermé dans la iiiacliine ; à chaque coDp de 
piston , on voit l'animal se débaftrc \ et quand* 
Tair est presque tout pompé, ÎV tombe comme 
eianoui, et meurt, si on ne le lui rend sussîtât , 
dans la même proportion qu'on le lui a ôlé. 

KtfsALiB. — C'est à peu près de même que tt 
on ûtait un poisson de Teau pour le mettre *ur 
la lenc. 

Mai]. wOPHiE. — C'est précisément la mL'm» 
cliijse. 
Aizu:<DKiKE. — En parlant du baromètre , 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



a 10 enctclop:édie 

vous avez dit, madame , qu'il serrait à mesurer 
la pesanteur de l'air : je croyais pourtant que l'air 
ëlait ce qu'il y a de plus l^ger. 

Mad. Sophie. — L'air est assurément un fluide 
très-léger j mais il y a des corps qui le surpassent 
en légèreté j comme le feu et les vapeurs qui 
s'exhalent de la terre; et de belles expériences 
nous prouvent que la colonne d'air qui répond 
à une surface un peu large , qui lui sert de base , 
jusqu'à son extrémité de l'atmosph ère , équivaut 
à une pesanteur de plusîenrs millions. Pour s'en 
convaincre, on joint l'une k l'autre deux calottes 
de méial , que Ton nomme hémisphères , et aux- 
quelles on adapte une pompe avec son piston , 
comme à la machine pneumatique; ensuite on 
pompe l'air qui est entre les deux hémisphères, 
et les spectateurs sont bien étonnés, quand, après 
plusieurs coups de piston , il n'est plus possible 
de séparer les deux calottes , qu'on levait aupa- 
ravant sans Eâire aucun eSbrt. 
■ AiEXAKDRiNE. — Si Je voyais faire cette ex- 
périence, je croirais que la magie y a beaucoup 
de part. 

Mad. Sophie. — La magie n'est tien , ma 
cbfre , et ne produit rien. La cause de l'adbésion 
des deux calottes est fort naturelle, et est fondée 
tout entière sur la pesanteur de l'air. Quand la 
pompe a joué , tout l'air qui était renfermé entre 
ces deux calottes en est sorti; et il en est résulté 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 311 

un vide parfait j alors , Tair extérieur n'tfunt plus 
halancé par l'air intérieur des ItémisphèrfS , pèse 
lar eus de tout son poidâ , et il faut , pour les 
séparer , une fi3rce égale à celle des deux colon- 
nes qui agissent contre , dessus et dessous. 

Emilie. ~- Comment, dune est-il possible , 
madame , que nous vivions , ayant sur la t^te un 
poids anssi cousidérable que celui de la coloniM 
d'air dont vous parlez 7 

Mad. Sophie. — Ceci est très>aisë k expliquer, 
ma chère; comme notre corps est rempli d'air , 
6t que DOS poumons en renferment beaucoup, 
cet air est en équilibre avec celui qui notts envi- 
ronne , et avec celui qui est an-dessus de nouaj 
c'est ce qui fait que nous ne nous apercevons pas 
de sa pesanteur. Ceci pourtant n'est vrai qu'au- 
tant que nos poumons remplissent bien leurs 
fonctions, car ceux qui les ont malades ou trop 
lâibles , se plaignent continuellement de la pe- 
santeur de l'air , qu'ils ont beaucoup de peine & 
respirer. Cette raison vous explique aussi pour- 
quoi les corps morts sont plus lourds que ceux 
des vivans , et pourquoi un livre qui a-été mis 
sous la presse d'un relieur , pèse beaucoup plus 
que lorsqu'il n'était qu'une simple brochure. 

Ëliza. — Ainsi , madame , tous les corps 
sont plus ou moins pesans , selon qu'ils contien- 
nent plus ou moins d'air. 

Mad. Sophie. — Vous avez raison , ma ckire, 



313 GSrCTCtOPÉDffi 

ElJM'j oMm- siivea>Toiis conaw&t Tsir s'insinae 

dBnslM'Cotps,et(!oiifmeQt!iletl ptfUt sortir ? 

EiUA- ^" J'inttigiDe ijoË fon»les' oorps, soit 
«liâmux, toit iHétiltiT, aoit i^gétauY, soBi pet" 
céi en uno înfinitéâ'enâroiU, et<]Qe l'air y en&e 
cten sort par ceii petits HronSi. 

Mkd. SorEis. — 'Kien n'est plus tm»; on ap' 
pelle /»>rer, ces petits trou», etporeusr, leseoip) 
t[ui en ont beaucoup. Notrâ peau en est remplie, 
«t c'est pM* où s'échappe B«fre sueur , ou peur 
mieuix dire, r\tie nous tpanspirtfm. 

ftos'Ai.iï. —Ainsi , une éponge est fin eorpï 
poreux , et c'est pour c^ qu'eUe esK Elrès-légére, 
quand elle ir'esl pM* AouAléft: 

ALKBAnnnvi. — Ce» n'expliqué pourqtRH 
unmocoeao âe ptannb est plus h>uniqU*oil-éM 
«le six âqmcft éa WÈàae lolame , c« que j'ataài 
peiife à oo^reii^B auparavant. 

Bo9ALl£. -^BvnaleâalonoivesllebtfroïKétfe, 
il y » aussi' un thMiaomèCre que j'ai eWfflin^ 
plusieura ibis , et dcmt je se comprends pas' 
l'ujnge. 

Stépïi.«s«. — 'ïa *aia, pendant l'aiseace d» 
madame Sophîer , tdu* eu donnée l'explicafion , 
aussi birn que je le pVïiniai. ^a thermomètre 
eitt on instruiflcnt qui levi à mesurer les degré* 
ait' (rbid et dn lai dïalettr, par te mioycn de l'ca- 
prit-de-vin, rcnfermc'daiisufrpetif tfidlwde verre. 
QuMui il f.iit cfcaud', l'esprit-de-vio te dilate et 

u,:,-,zf--„GoOglc 



.ES JEDȣS tmMOISELLES. 3lS 

^^èircdwis le tube; et.qiiuid il {»ith<Ài, il ■$% 
tosserae «t s'eliAisse.. 

Ai-BxANnRiRB.i-Jfi voudrais bien savoirpour- 
^ttoi ro^it'de^vÏD occupe plus de place ^a»iid 
il &it chaud que ijaand il fait &oîd7 

StréFBAKix. .~r- C'est par la mâme raison iqu* 
Veay s^^lùve dans un rase placé sur un r^haud. 
J^e Sbu , Bia chère , est composé d^ parties «xtr4- 
Vtctaent subtiles et d^iées , qui ,s'Iasinuent dans 
tous les coips ; mais avec beaucoup de ikctlilé 
dans les liquides , dt^it «lies raréfiem Teir 
tpù fi'j trouve en pU^ grande abondancp qii^ 
dans tous les aut^s corps. Comme l'air raréfié 
par la chaleur du feu , occupe un plus grand es* 
pace, il iaut dc^c que la liqueur où il est renfer- 
mé augmente de volume en proportion du sien. 
L'âsprit-de-vin étant la liqueur qni contient la 
plus de feu , et qui , ctmgéqueinmpnt est la plus 
-susceptible de monter ou ie descendre an moin- 
dre d^E^ de chaleur ou de froid , c'est la raison 
,quïra ffilchojsirponr en composer le thermo- 
mètre ; j'ajoutn'aî ^ue n'étant ppint sujet à g«l«c 
.dans nos <;limats , il est , saps contredit , prél^ 
nIde,'ponr«etn5Bge, à toutautre liquide ^ui ne 
légiste pcùnt à la.riguear du froid. 

EiiZA. —Cette explication nous conduit natu- 
seulement, ma chère Stéphanie, âparler des avan- 
tagea id[i<therDiomètre. 

£T:ta<XAi>u, _De jous les instrumens qua l4« 

u,:,-,zf--„GoOglc 



ai4 ENCYCLOPÉDIE 

phy&îciens ont inventés , sans doute il n'en est 
aucun qui nous soit d'une plus grande utilité. 
C'est par ce moyen que nous pouvons donner à 
nos serres-chaudes le degré de chalenr nécessaire 
aux plantes que noua y conservonsj car il en est 
des plantes comme des animaux; elles redoutent 
égaletoent l'excès du froid et celui de la clialeurj 
et c'est en leur procurant une moyenne et douce 
température, que nous pouvons les défendre 
des rigueurs de l'hiver, et nous en former, dans 
cette MÏson toeurtriére pour elles , des parterres 
]irei<que aussi agréables que ceux dont le prin- 
temps HOUï oifre l'intéressant spectacle. Le tliei^ 
momttre n'e&t pas moins indispensable ponr les 
chambres des malades, dans lesquelles il est de 
la dernière importance de mainteair le même 
degré de chaleur, ou de le varier selon les diven 
changcmens qu'éprouvent les malades. Ceux qui 
.se portent bien u'oot pas moins d'intérêt i ce que 
leurs appartemâns soient, dans l'hiver , échaufiee 
4e nuRJéfe k ce qu'ila ne soient pas exposés, en 
sort'nt:, aux impressions subites du froid , etaux 
rbumesdauger^uxqueqes impressions produisent. 

BosAi^îE. — Je connais, maintenant la cause 
du rhume q\ii m'a tourmentée pendant tout 
J'hiver. 

SiÉfBANiB. -T- Comment n'auriez - vous pas 
été enrhumée? vous éiiez atoa ««sae auprès da 
poêle , à vous griller , et quand vous vous en re* 

u,:,-,zf--„GoOglc 



BES JEUNES DEMOISELLES. ai5 

tiriez , vous étiez toute tremblaate , comme si 
TOUS aviez la lïèn'e. Ceci est une leçon doot fe&- 
père que vous profiterez rtÏTer procliaiQ. 

Elisa. — Il serait à souhaiter que plusieurs 
dames que je connais, assistassent i cette couver* 
Mtion j elles apprendraient que riea u'eiit plus 
funeste à la santé, que de se tenir enfermées pen- 
dant l'hiver daus des oppartemcns trop chauds, 
et d'en sortir ensuite pour aller au grand air , la 
poitrine découverte, et vêtues comme si elles 
étaient au printemps. 

Stlfbanix. — 11 faut avouer que la plupart 
des ieuQes personnes et des jeunes dames font 
au'iourd'bui une bien cmelle expérience de la 
folie et des dangers de la tnode , et que s'il en est 
heauconp qui mènent une vie languissante , ou 
périssent d'une mort prématurée , elles ne doivent 
en accuser que ce passage fréquent et suhtil du 
ciiaud au froid j auquel les expose la vie dissipée 
qu'elles pre'tecdent mener impunément. Car- 
doiis-no'iis bien de les imiter jamais quand nous 
vivrons daus le monde, et ayons soin de consul- 
ter souvent notre thermomètre , et de nous vêtir 
en conséquence des avertissemens qu'il nous 
donnera. 



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3i6 escxçlopéo;b 

XXVI* CONVJflRSATIpN. 

>ÎAO. tWSAEETH, JOSÉPHINE, HORTENSE, 
.AtPX-WiPAi:^^^ ÉMiUE, PAULINE. 

Ma4. Ei^BABBip. — Vous rappelez - tovi 
pi&? , HQpfiUse , ce que Joséphine tous ^ flpprû 
4es trois gra^flç? monarchiee 7 

jPqjtTENSx* -^ Oui , madame , let je ne prou 
fMS eu avoir perdu un seul mot. 

Mad. Elisabeth, —r Qu^l est 1« fondateur de 
J'epUÎrp ^es Assyriens? 

HoRTEjîÇE. :— Je pçnsg gue c'est PffjmLrod, 
,A,p^M<el ^D,cc^^a Bâius, 

Mjifl. £)lisa,9et^. — Ce n'ç^t 093 ce qije t<h^ 
# dit JlDtii^phiiie ; il npe .semble goe c'est â Bélui 
,9|i'e^e ^,a,tuibué la fondation de l'empire dy 
J^yr^ijis .et de la ville de Bahj'lone r quj voni 
» parW 4e Kem^rod? 

jUopTEH^E. -:- C'est J(^s^plilpe cUe-m^me, on 
Ttte A>,sput gu'elle sv«it oublie ce noip , qu'elle 
^Vrail (iû UQuapier le pceniier. 

^^afl. ^L^j^nexp. — JoB^plii^e V eu r^isp? 
de vous parler ainsi. Où eu sommes-nous ppi)t 
aujourd'hui de nos conversations sur lliisloire. 
lIoRTEMSE. .— Nqus ep^otnmes à l'empire ro- 
main , qui a englouti toutes les autres monu- , 
cliiec. 



-,Googlc 



DES JEUNES DEMOISELLES. SlJ 

Mad. Elisabeth. — Apprenez-nous donc, Jo- 
séphine, ce que vous savez de cet empire, et 
parlez-nous d abord de la fondation de Rome , «a 
capitale . 

Joséphine. — L'Histoire rapporte qu'Eae'e, 
prince troycn , fuyant sa patrie , dont les Gr^cs 
s'étaient emparas , aborda en Italie , dans 1^ paySi 
des Latius , et qifil épousa Layinic , fille de leui; 
roi. 11 ayaiit un âls, nommé Asçagne, qui lui 
succéda, et il y eut plusieurs rois de. la m^nia 
race. Un d'eux laissa deux lîls , AmuLusjtt lHu.- 
mitor. Le premier, ayant détrôné son frère, en 
entérina la fille Rliéa SylvU parini les Vestales<j 
c'éiaUnt des filles qui n^ pouvaient le nfarieç 
qu'à un certain dge. Rhéa Sylvia, n'attendit pa^ 
cetiige; elle eut deux, fijs . qui furent^exposés 
Bur le Tibre par leur oncle Amulius. Ua berge^ . 
les ayant trouvés , les éleva; quand ils fu^enf 
grands , ils tuèrent leur oncle Amulius , et réta- 
Mireut leur aïeul Numitor sur le tr^ône. Ensuit^ 
ild voulurent bâtir une ville dans le lieu 15Ù |« 
berger les avait trouv^îs; mais ayant pris^.^ue- 
relle h l'occasion de cette ville .^Bpuiul^a Vi& ton 
irére B.émus , et nomma la ville qu'il bd^i^^if 
Rome, desonnom. ■ . ■ , ■-:-.,-' 

AuxuatiiNï. ■— Voudriorf,-^()Hs.4bi«i- vu» 
dire, mademoiscitle , quels ouvdwt. «idè^enC Rn^ 
miUua & bâtir cel,te ville? . - 



-, G 00g Le 



3l8 ENCYCLOPÉDIE 

JosÉFBljrx. — Environ trois cents beq^s en 
£iirentles premiers bahitans. 

Ehills. • — C'était donc plutôt un village 
qu'une ville? Je m'étais (ait une autre idée de 
RomC) et je la croyais estrémemeut grande, 
par ce que j'en ai entendu dire plusieurs fois. 

Joséphine^ — Rome ne fut, dans son origine, 
Ai «xtrémenient grande , ni peuple ; niais elle 
ne resta pas k>ng- temps dans cet état ; et Romu- 
lus trouva un moyen d'y attirer des habitons. Il 
fit planter un petit bois qu'on appela Bocage , et 
fit piiblier que tous ceux qui avaient de mau- 
vaises affaires seraient en sûreté dans cet en- 
droit, et que lui ot ses compagnons les défen- 
draient. Aussitôt les voleurs, les meurtriers , les 
brommes sans ressource accoururent en cet etw 
droit, de tous les environs, et RotUulus se 
trouva à la tête d'une population de trois mille 
trois cents hoonncs. 

" 'Éhilte. — Avouez, madame , que Romulus 
Aurait totit aussi bien &it de se faire chef de vo- 
leuts. Commeiit pouvait-on vivre en sûreté dans 
Rome? (/était pire qu'un bois. 

Mad./Ë^iBABETH. — C'est en cela, ma cbère^ 
qu'il faut "admirer l'esprît de Komulus et ses 
grands talens, puisqu'il trouva le moyen d'assn- 
fétiri«è!peupte-de brigands h de bo&DM lois, 
«[n'ils obcerrAveiit avee^actltude. 

PiiTLiNE. — Je rekMvque, madatnc, qu'il 



SES JEVNES DEMOISELLES. aig 

n'est point qnestioD de femmes , daoa le nombre 
des habitanE de la ville deRome. ' 

Mad. Elisabsth. ■— Il est vrai qu« les fem- 
mes manquaient à cette siugulîère population ; 
mais Romiilas trouva , dans son adresse et dans 
son audace , le moyen de lear en procurer. José*' 
phine , racontez k cas damoisellei , realèremeat ' 
dfls Sabines. 

. Jos^HiRB. — Romulus ayant a{»pris des am- 
bassadeu» qu'il avait envoyés aux peuples voi- 
sins pour lenf demander leurs filles , qu'au lieu 
d'oblftnîr leur demande , ils n'avaient esabjt 
que des refus bumillans, tiésolut d'obtenir par 
adiei^ « qu'il n'avait pu olileiiîr par des ivin ■ 
l^itimet.-Ëa consé()uéoûe, il fit publier dans W 
Latimn une fête et des ^eux qui devaient durer 
troia jours. Tous les hâbitaus des viUe« voisine* 
ds Rome accoururent en foule k cette iétc , avec 
le«rs femmes et leurs .filles , et surtout les SabiiM. 
A la fio de la première ioumée, les Romain* 
prièrent les ârongerB Centrer dans, leur Ville , 
las rtfgîdérent et Ira logèrent dans leors maicen*. 
Le lendemain , comme tout le monde ^ttît oc 
txxçé de ta fâe , Eomnlus fit un signal , alors 
chaque Bcmala s'étant saisi d'ape fille, l'em- 
porta dMis sa.nkaisoiif les portes;&rent.eBli^<rer 
ment fermëes, et, le mérae jour, Ron^ulus fit osa- 
rïer toute» ees filles selon les «értfoiOBÎei de leur 
paya. 

u,:,-,zf--„GoOglc 



*iO- ENCTCLOPÉniE 

. AMSANbUHs. — ^L«»pareiiK de ccâ.iîlle^ àA- 
rent être bien iiTÎléjf cikt4re'\et :IIomshis ; car 
vous con^teudréx- qu'il ëtaitsiTreux d'aliuscr ainsi 
de U pQuEancfift de U bDbDO.rcà de. ces étran- 
gers } «t fsn4 doute les iîlles. ne pumiL qu'eroir 
en Kçrr^vi' des bomtueâ qni.les avaient enlevées 
àleurs père* ;cl Wreit, d'unemaniére si brutale. ■ 

JoBEPBiNE.-^ Aussi les Sabine, à (pavepparlc- 
noient le pluf grand œ>inbr« dsccsfiUfis, se pré* 
parèrent-ils, pendant denx'aBS, à se venger des 
Konaaini. Quand tout firtiprât, il) s'approche- 
rent de Rome/pmc en faire le si^ge. Laoilade^ 
da cette, ville élailoBitu^»ail'ttW{i;rantl' roctier; 
eUe'avaitpoar@«>ttanicnrTdrpeiut^''â6n(>lb fille, 
•oiiiin^iTsrpé|idi, àSonàUboiiàcotip l'cr. -Comnis 
les soldats: saUfis vvaieivt ml. bras^'âes ^brocelt^- 
dont la niatltrf ressemblait àcé riche mâal, elle 
toahaileît. beaucoup de .les avoir. Elle fît don< 
dire à TatÎBS , roi des. Salilns, qu'elle lui:ouTri- 
■alt ta parte âe,la citadelle, .s'il voolaititui>don< 
i>er lee choses qkie sel soldats portalieatautE: bras; 
«ar ellene sartît pas qpe wt omiment'si» Dùm-' 
vmîlvttbrace^ti ' >'J 

Emi-iJE. —Voilà un fafait bien infàme-de la 
port de Cette )tiaie.E\la; de vouloir trahir son 
père eit son {lâ^iB, pour un métal qui devait lui 
Jtie ÎQidile par' Ëagrapde quantité. . ,• 
■ Mad. ËiasAifira. ^ — Aquelscrimesn'entrBiné 
j»u l'amour de l'or? Sans compter celui âe.XBi> 



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DES JEUNES DEMOISELLES. 231 

péïa, toutesiesliistoiressànt pleines de ccus qaa 
ce dangereux métal a fait commettre. Une foii 
.que l'aviance s'est empai'à: d'un cœur , elle y àé' 
truit IOU8 les aenttmens de' la nature* , de l'hon- 
neur et de la délicatesse. Il n'est rien de sacrd 
pour un homme , pour une femme , pour una 
jeune personne qui aiment l'or , et le profèrent à 
tout. Hélas! si la société est inondée d'un déluge 
de crimes, c'est à la soif de l'or que nous de vont 
les attribuer ; et sur cent coupablfia , c'est le plo» 
grand nombre ic(ue l'or a ren<his teh, cl qu'il a 
perdus. Apprenez donc de bonne heure , mesdu- 
moîselles , à mépriser un métal s\ dangereux , rt 
à ne le regarder que comme un signe d'échange 
pooT nos besoins ,'et non comme un instrument 
d'orgueil et une>marque de supériorité sur yo> 
semblables. Continuez , Joséphine, 

Joséphine. — Tatitis promit, avec serment , 
àTarpéia, de lui donner les choses que ses sol- 
dats portaient au bras ; mab quand elle leur eut 
ouvert la porte , ib jetèrent sur elle leurs bou- 
cliers , dont le poids l'eut bientôt étouffée. Ce- 
pendant, 1e& Romains s'étant éveillés , coururent 
aux armes, et il y eut un combat si furieaz , 
qu'il étttit k craindre que les Romains etjes Sa- 
bins ne quittassent les armes qu'après s'être en- 
tretués jusqu'au dernier. Mais les Sabines ne pifr 
rent souteoir ub si affreux spectacle ; elles pri- 
rent leurs eniàuj entre leurs bras , et se jetèrent 

u,:,-,zf--„GoOglc 



233 EKCTCLOPÉDIE 

eotre les deux armées , qui furent obliges de 
mettre las les armes ; alors, elles dirent k leurs 
. pfti'ens qu'elles étaient si contentes de leurs ma' 
ris , qu'il faudrait les tuer avabt d'attenter k leur 
vie; et elles les firent cousentûr à faire lapais. 
Il fut résolu que les Romains e( les Sabins ne 
feraient qu'un seul peuple , et que Talîus serait 
roi avec Romulus. 

pAttLiNx. — Le dévonement et le courage de 
ces femmes forment uu contrastébien touchant, 
ayec la lâcheté et la trahison dfe Tarpéia. 

Mad. Elisabeth. — Voilà , ma chère , en 
quoi consiste la principale utilité de l'histoire; 
c'est qu'après nous avoir mis sous les yeux des 
actions dc'iestables , elle nous en offre ensuite 
qui font honneur à la nature huma me , élèvent 
l'âme, et rafraîchissent, pour ainsi âtre^ le 
floeur , que les premières avaimt âétrt et dessé- 
ché. Poursuivez, Joséphine. 

JosÉPHiNs, -~- Tstius fut assassiné trois ans 
après : alors, Romulus vajraat son autorité bi«ii 
afiîermie , commença à régler les affaires à- sa fan- 
taisie, sans Gonsultev les sénateurs. €eux-el, 
mécoQtciis dé sa conduite , cheiehèrent à le 
iàire périr. On prétend qu'ils le tuèrent dans te 
s^atj et que, pour empêcher que leur crime ne 
(ùt découvert , ils coupèrent son corps par petits 
.morceaux, et que chaque sc^ateur en emporta 
:UQj soùs sa relie : ensuite, ils répandirent le 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 3a5 

brait que Jupiter l'avsit enlevé pour lé placer 
parmi les Dieux ; et le peuple , qui éuit fort su> 
perstitietix , ajouta foi à cette fable. 

HoKTBHsx. — Dites-moi, jevoasprie, ma- 
demoiselle , ce que c'était que ce Ji^iter ? 

JosÉFHiMX. — Jupiter était rcgacdé par les 
païeus comme le maitre des dieux et des tioof 
mes j mai.4 ce n'est pas mon affaire de vous en 
dire davantage k ce sujet, qui appartient k la 
mythologie , dont nous parlerons un joue. 

Après la mort de Komulus, il y eut de grandes 
disputes à Rome , parce que les Romains et les 
Sabins voulaient avoir un roi de leur nation. A 
la Bn , les Romains choisirent Numa Pompilins , 
an Sabîn, qui demeurait à la campagne, et qui 
n'accepta la royauté que parce qn'on lui repré- 
senta qu'il pouvait faire beaucoup de bien dans 
ce rang élevé. Le nouveau roi s'appliqua k adoa- 
cir les mœurs des Romains, en leur inspirant du 
respect porur la religion : il fit bâtir un temple à 
Janus , qui avait autrefois régné en Italie, et 
dont les peuples étaient si heuroui , que les por- 
tes ont nommé âge d'or le temps où il vivaiii 
Comme ce prince avait été fort prudent, on le 
représentait avec deux visages, pour montrer 
qu'il ne perdait pas de vue le passé , et qu'il pré- 
voyait l'avenir. C'est de son uom que l'on a ap- 
pelé le premier mois de Tannée janxner, en fran- 
çais , ei janarius en latin , parce qu'on disait 

■ .Coogic 



324 ENCYCLOPÉDIE 

que ce mois regarde TaBii^e qui finit et celiti qui 
GOiiimeDce. .Le temple ^leve à Janus par Numa, 
devait être fermé en temps de paix, et ouvert en 
temps de guerre ; il fut toujours fermé sous le 
règne de Numa , qui dura quarante-trois ans, et 
il le fut encore après la première guerre punique, 
fous le règue de l'empereur Auguste , à l'époque 
de la naissance de Jésus-Christ. 

Tullus. Hostilius succéda à Numa , et il ouvrit 
le temple de lanus , à L'occasion de ce que [t 
Tais dire. 

La ville de Rome e'iant devenue puissaate', 
prétendit l'emporter sui' la ville d'Âlbe , qui lut 
avait- donné naissance : cette prétention fut la 
cause d'une guerre entre les Romains et les AU 
Iwins. Comme les deux armées étaient en pré- 
seiice l'une de l'autre, et qu'elles allaient com- 
battre , quelques personnes des deux nations 
proposèrent , pour épargner le sang , de clioisir, 
de chaque côté, trois hommes, qui combat- 
traieut l'un contre l'autre j en aorte que la ville 
dont les champions seraient victorieux^ serait 
regardée comme la maîtresse d,e l'autre. 

Le parti fut accepté. On choisit un champ 
entre les deux armées , et on le ferma de bar- 
rières. Les Romains choisirent, pour défendre 
leur querelle, trois frères nommés Uoraces , et 
les Albaius confièrent leurs intérêts à la valeur de 
trois frères nommés Curiaces. Il y eut d'abord 



SES JEUNES DEMOISELLES. 225 

deux des Horâces de tuà ; mais les trois Curiaces 
ëtaienL blessés , et L'Horace qat restait ne l'était 
pss j malgré cet avantage', il pensa qu'il ne pou- 
vait , seul , euirepFencU'e de tuer trois hommes ; 
ainsi, il eut recours à la. ruse, et feignit de 
prendre la fuite. A cette vue , les Âlbains pous' 
sèrei^t de grands cris de joie , pendant que la 
constematioD ne c^pandait dans le camp des Ro- 
main^. Cependani; , les- Curiaces poursuivirent 
leureDoemi, et eomme ils.n'éiaient pas égale- 
ment blessés, Leur course fut inégale, et ils se 
troiiyèrent bientôt séparés : c'est ce qu'Horace 
avait espér^. Alors. il se retourna, les tna l'un 
après l'autre , et aussitôt après les dépouilla de 
leurs armes pour s'en emparer ; ii prît , entre an- 
tres dépouilles , une riche écharpe que sa sœur 
avait brodée poi^r.un des Curiaces, avec lequel 
elle était fîancée. Lorsqu'Horace entra dans la 
ville de Rome, paré de cette écbarpe, sa sœur, 
i qui cette vue rappelait douloureusement la 
perte de son amant , se laissa emporter k la dou- 
leur , et accabla sonXrére de reproches. Horao», 
piqué de la voir insensible à la gloire de sa p»- 
trie, se laissa emporter à un zèle brutal et fé- 
roce , et lui passa son épée an travers du corp». 
Tout le monde eut borreur d'une action si bar* 
bare j Horace fut arrêté et conduit dev-ant le ttA* 
qui , désirant le sauver , rei^yoya l'altaire as 
peuple. Le père d'Horace plaida pour son fils 
>o* 

u,:,-,zf--„GoOglc 



226 EKCTCLOPÉWÏE 

et n'eut pu de ptine à, aiwndi-ir le [>euple en sa 

fareur , en sorte i][u'i] obtint sa grâfle. 

ÂLEXANDSWS. —• Quel memtre que c«f liem- 
tao, <]aî luflAaSGSurl et^el injuste jugmneni 
que celui du peuple , qtn le renvoie absous cTun 
si grau] crime ! 

Mad. EiiSABETH.— Smis^ doute , Horace au- 
rait été bien ctiupaple, s'il avait toé sa sœnrde 
sang-froid et avec préméditatioD j mais la cir- 
couftanee où il s'était trouvé le icndaîl excu- 
aable, et les Romains, qu'tl venait de rendre 
victorieux et raaitres de leurs ennemis , tout en 
désapprouvant sa bmtalité, lircni bien de lui 
pardonner , pour ne pe» décourager , à l'avenir , 
les l>ravcs qui voudraient défendre leur patrie. 

ÂLSZANCRiNX. — Est- ce qu'un soldat qui 
commettrait aD^ourd'liui le même crime ne se- 
rait pas puni? 

Mad. ËLisABETH.-~Cette question , ma chère, 
est indiscrète, parée qu'elle suppose ce qui n'est 
point dansi lecaractère français; savoir, qu'une 
jeune personne pâl s'oublier au point de regret- 
ter un ennemi de sa patrie , et maudire son 
frjârc, qui reviendrait victorieux d'un combat j 
ainsi , se tous attendez à aucune réponse. 

JosËFHiHB. — La vHle d'Albe fut obligée , par 
1* victoire d'Horace, de céder sa supériorité à 
celle de Borne j mais quelque temps apr^a , les 
habilans ayant pris des mesures pour u'être pas- 



DES JEUNES DEMOISELLES. 33^ 

sonmis, Tullus la détruisit, et sa population fut 
transportée à Rome. 

Ânctis Marcas succéda à Tullus; il eut toutes 
les qualîtës guerrières de Bomidus, ei les vertus 
pacifiques et religieuses de Numa. Après la moit 
de ce bon roi, UD^traoger, nommé Tarquin, qui 
s'était établi à Rome , et auquel Âncus Marcus 
avait donné toute sa coa&ance, usnrpa le ttône , 
et banùit de la ville les deux fils du fea roi. Cet 
usurpateur fit bientôt oublier rillégitimUé de.toQ 
droit, par la inanière dont il gouverna les Romains, 
au milieu desijuels il fît r<!guer constamment 
l'abondance et le bon ordre. Après qu'il eut été 
assassiné, Servius,uu enfant qu'ilavait fait élever, 
lui succéda. Ce règne fut agité de guerres -qui 
durèrent vingt aïis; mais qui n'empêchèrent pas 
Scrvius de s'appliquer à tout ce qui pouvait faire 
le bonheur de ses sujets. 

Mad. ElisabetB. — Reposez-vous, Joséphine; 
vous nous raconterez uH autre jour la suite de 
l'Histoire Romaine ; et vous , mesdemoiselles , 
retenez bien danS votre mémoire les faibles com- 
mencemens de cet empire, qui, quelques siôcics 
après , s'étendit dans tout l'univers connu , afin 
qne vous puissiez, admirer là toute -puissance de 
Dieu, qui, d'un petitnombre de bergers, Gt sortir 
ce peuple roD.Min , qui s'éleva , comme pn im- 
mense colosse, au'dessus de toutes les nations. 



3^^ SNCTCLOPÉDm 

XXVIl" CONVERSATION. 

M*D. SOPfflE, ÉLISA, STEPHANIE, EMILIE, 
JULIE, HOKTENSE, PAULINE. 

Mad. SoFBiE. — Reprqnojis le fil de notre 
HiGtoire Sainte, que nous avons laissée à la mort 
de Moïse. £lisa, voudrtez-vous nous racomer ce 
qui arriva ensuite au peuple d'Israël ? 

Elisa. — Quand Moïse fut mort , Josué , qui 
était un grand homme de guerre, et qui était, 
avec Caleb , le seul de tous les Israélites sortis 
d'Egypte , se mit , par ordre du Seigneur , à la 
tète des tribus , pour entrer dans la terre pro- 
mise, que l'on appelle aujourd'hui la Palesline. 
^Quand tout flit prêt , l'armée et tout le peuple 
se mirent en marche pour sortir du désert) mai* 
ils avaient à traverser le fleuve du Jourdain. Josv^ 
fit alors le même miracle que Moïse aij passage 
de la Mer-Rougej il ordonna aux lévites d'entrer 
dans le Oeuve avec l'arche, et incontinent les 
eaux s'ouvrirent et laissèrent passer tous le* 
Israélites jusqu'au dernier homme. 

Jolie. — Le mot mirac/e, dont vous vous ^tes 
wrvie, en parlant de Josué, m'embarrasse beau- 
coup; je vous prie de m'en expliquer le sens, que 
je ne comprends pas. 



-, Google 



DES JEUNES .DEMOISELLES. aag 

EusA. — Un miracle est ua ^vtfaemetit «jai 
arrive contre les lois ordinaires de la nature , et 
qui ii*est possible qu'à Dieu m^nie , parce qu^ 
Dieu seul a le pouvoir d'agir contre les lois qu'il 
a établies, ou d'en suspendre TefTet. 

Le passage du Jourdain ne fut pas le seul m^ 
racle que £t Josué. H y avait dans la terre pro- 
mise une ville très - forte et entourée, de grosse* 
murailles, appellée Jéricfio. Josnë voulut la pren< 
dre, parce qu'elle servait d'agile et de retranche^ 
ment A ses ennemis j mais ce ne'fut point par les 
moyens ordinaires, qui consistaient alors à éle-r 
ver un grand nombre de machines contre les vil- 
les qu on assie'geait) que Josuë s'en rendit mat- 
tre. Il ordonua aux lévites, ainsi que Dieu le lui 
avait prescrit , de faire le tour de Jéricbo , co 
porunt TArclie d'alliance et en sonnant de la 
trompette. L'effet suivit de près cette sînguliùra 
attaque j car au moment oîi toutes les trompettes 
vinrent à sonner, les murailles de Jéricho s'é- 
croulérent avec un bruit épouvantable , et oir 
vrirent à l'armée Israélite un large passage pour 
entrer dans la ville. 

Quelques temps après, cinq rois Ammorhi^ena 
élant venus mettre le sit'ge devant la ville deGa- 
baon , qui avait fait alliance avec Josué , celui- 
ci vint an secours de celle ville , et mit en fuite 
CCS cinq rois ; mais craignant que la fin du jour 
a'arrâtdt les progrés de sa victoire , il ordonna, 



23o EWCTCLOPÉ0IE 

dans un transport que Dien lui inapirait , au so- 
leil de s'arréun' sur Gabaon^ et défendit à k 
lune d'avancer. Dieu exauça le désir de son ser- 
Titenr, et le aoleil et la lune s'arrêtèrent un jont 
entier , afin que le peuple d'Israël eût le temps de 



Joawg continua de vaincre tout ce qui s'oppo- 
sait à lui , et dans l'espace de six années , presque 
tous les peuples idolâtres de la terre promise fo- 
rent enermiués. Tout le pays fat partagé au soft 
entre les tribus ; mais la tribu de Lévi n'eut point 
de terre, parce qu'étant consacrée au culte de 
Dien , les autres tribus devaient lai payer la 
dlme de leurs biens. 

Pauune. — Permettez , niadeiiroiselle, que 
je vous soumette une réflexion ; si le soleil oc- 
cupe toujours la même place dans le ciel, et si 
c'est la terre qui tourne autour de lui, comme 
madame Sophie nous l'a dit, comment peut-on 
dire que cet astre s'arrêta à l'ordre de Josué ? 

Mad. Sophie. — Celte qaestion , ma. chère , 
TOUS Ëiit honneur, parce qu'elle prouve que vous 
réfléchissez sur ce que vous avez entendu. Il est 
bien vrai que c'est la terre qui tourne autour du 
soleil ; mais l'Ecriture Sainte ne s'exprinic point 
comme hi astronomes , et son langage , qui est 
proportionné ans intelligences les plus boi'nées, 
ne s'éloigne jamais des idées commui:e^ , quand 
il est question des phéuomÈ'^fS de ta nature. 

■u,:,V--„GoOglc 



DES JECSES DEnotSELLES. Hot 

Duialc tenipff où vîv»t Jostié, et jusqu'au sei- 
xième siècle , tout le monde , y compris les sa- 
vons , était persuada que le soleil se levait et se 
cooc^it cliaque joht; pour être «orapris, il (al- 
lait donc quel'tfcrifain sacré ne s'exprimât pas 
katfcmeat que tout le monde ue peasail , «t je 
croi^ qae penotutene l'auraJt efitendu , s'il avait 
dit que Dieu avait arrêté le mouvement de io, 
terre autour d'elle-même , pour donner k Josui 
le temps d'adiever sa victoire. Laissons cotiti- 
naer Eliu. 

Elisa. — Quelques temps après la mort de Jo-*' 
■né. Dieu donna ii son peuple un autre conduc- 
teur , nommé Gédéon, pour le défendre contré 
les Madianites , qui éuient entrés dans la terre 
de Chanaas-pour la ravager. Avec trois cents 
hommes seulement , qu'il avait partagés en troiï 
bandes , et à qui il avait commandé de prendre 
ckacna une trompette dans une main , et dans 
l'ntre on rase de terre vide , où il y- eât une 
lampe , ce capitaine investît le camp des Madia-' 
nites. Vers le milieu de la nuit, il entra par un 
endroit du camp, et sonna de la trompette ; ses 
•oldsts Grent aussitôt retentir le son de leurs 
trompette», et brisèrent les vases de terre où ils 
avais»! mis de» lampes ardentes , en poussant de 
grands cri». A ce bruit , les Madianites , saisis de 
frayeur , se mirent à fuir en désordre et à s'en- 



a3a . ENCYCLOPÉDIE . 

tre-tuer, dans la. persuasion oji ils étalent tjp» 

toute l'armée des Israélites les ^Ursuîvait. 

ÂiiËLTX. — AsSuréitaent il y a du mystère dans 
cette manière de combattre , et je pense que cette 
histoire renferme quelque figure. 

Mad. Sophie. — Une manière de combattra ri 
cxtraordiuairej était la âgure de celle dont Jésus- 
Çhiîst, le véritable Gédéon , s'est aervi pour 
l'établissement de son église. Les apétres n'ont 
eu pour arnies que la parole de Dieu , qu'ils ont 
fait retentir par toute la terre ; leurs corps , qui 
n'étaient que des vases d'argile , ont été brisés 
par les supplices, et il en est sorti une lumière 
éclatante , qui a dissipé les ténèbres de l'idolâtri* 
et éclairé toutes les nations. 

IIoRTENSB Il y a long~temps que je désir* 

entendre raconter l'Histoire de Samson ; n'en 
approcbons-nous pas ? 

Ei-ISA. — J'y pensais comme vous , m» cbèrt 
Hortense , et rien n'empécbe que j,e ne vous l'ap- 
prenne dans ce moment. 

Lorsque Samson vint au monde , Israël était, 
i cause de ses pécliés , sous la puissance des Pbi- 
listins, qui étaient un peuple idolâtre. SespareM 
relevèrent de la manière qu'un ange leur avait 
prescrite; on ne lui coupa point les cheveux, el 
il ne but point de vin , ni de toute autre liqueur 
^ui pi't enivrer : il devint cependant le plus fort 



DES JEUNES DEMOISELLES.' 33S 
ie tous les hommes. Ay;aDt aperçy On jour un 
lion qui venait vers lai en rugissant , i,l le mit en 
pièces avec ses mains, aussi facilement que si 
c'eûl été un chevreau. Il brûla quelque temps 
après les blés des Philistins j il les batiit ensuite 
et en lit un grand carnage. Un autre jonr qu'«n 
l'avait liëavec de grosses cordes pour le cooduir* 
vers les Philistins, il rompît sau^s peine ces cor- 
des , et ayant trouvé une mâchoire d'fSne , il la 
prît , et tua mille ennemis. Il se retira ensuite à 
Gaza, où les Philistins, ayant appris qu'il y ëlaît, 
mirent des gardes autour et aux portes de la vjll« 
pour le tuer lorsqu'il sortirait. Samson s' étant 
levé au milieu de la nuit, alla prendre les deux 
portes de la ville avec leurs ferrures , les mit sur 
ses épaules , et les porta sur le haut d'une DK>a- 
lagne. 

Cet homme si fort céda pourtant aux artifices 
d'une femme , nommée Dalîla , à qui il ent Tim- 
prudeuce de dire que le rasoir n'avait )amait 
passé sur sa t^te , et que si on le rasait , il per- 
drait toute sa force. Cette femme perfide ayant 
averti les Philistins de ce qu'elle venaitd'appren- 
dre f ceux -ci lui conseillèrent de couper les che- 
veijs à Samsonpeudantqu'il dormirait, ce qu'elle 
ûl} et à son re'veil , Samson , voulant faire usage 
de SCS forces Gontie ses ennemis quil'entouraient, 
sentît qu'elles l'avaient abandonné. Les Phîlis^ 
tins, donc, l'ayant pris, lui crevcreut aussitôt 

u,:,-,zf--„GoOglc 



234 ENCYCLOPÉDIE 

ks jeux , te chargèrent de chaînée , et' le renfer- 
mèrent dana une prison , où ils lui firent tourner 
U meule d'un moulin. Cepen^nt, ses cheveux 
commeDcérenl à rcTenir, et ses forces à propor- 
tion. Ur jour qyre les Philistins donnaient une 
grande fête en Vhonneor de leurs feux dieux , ils 
firent venir Samson an milieu d'eux , pour s'en 
amuser et s'en moquer. Celui-ci sVtant fait con- 
duire soprè.'j de deux colonnes qui soutenaient 
l'édifice on se tenait l'assemblée, jl les embrassa 
et »e mit à les secouer ayec tant deTorce , qu'allas 
tombèrent avec le bâtiment , qui l'écrasa sous ses 
ruines, ainsi que tous les spectateurs, 

Mad. SoFBiB. — On peut trouver dans cette 
histoire une image assez naturelle de ce qui ar- 
rive k une jeune personne élevée dans la vertu : 
elle est invincible contre tons les efforts des pas- 
sions , tant qu'elle se tient attachée aux principes 
qu'elle a reçusj mais si elle vient à se laisser sé- 
duire parles attraits du vice, Dieu se retire d'elle ; 
elle perd toute sa force , tombe dans un aveugle- 
ment funeste , et ce n'est plus que par de grands 
efforts (ju'elle peut retourner à son premier étal, 
et rentrer dans les sentiers de la religion et de la 
vertu. 

SrtPBAiriE. — Ëlisa nous a bien parlé des 
conducteurs du peuple de Dieu dans la terre pro- 
mise; c'est-à-dire , des chefs qui le conduisaient 
à la guerre contre ses ennemis ; mais elle ne nous 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DBS JEVNES DEMOISELLES. a55 

a mp dit de son gouTernmMnt , ce qui «t ce- 
pendant très-utile à connaître. 

EuiA. — Ijes Israélitfa furent gouvernas, 
après la mort de Moîm: , par des juges qui ^utteat 
des hommes que Dieu choisissait lui-même, pour 
qu'ils gouvernassent en son nom ; mais ce peu- 
ple si inconstant et si ingrat) se dégoâta de ce 
gonTemetnent divin , et demanda un roi. Le 
prophète Samuel, le dernier d« leurs joges ,.i qui 
ils s'adressèrent, se plaignit devant Dieu de cette 
proposition j mais Dieu y consentit , en ordon* 
nant toutefois à Samuel de les avertir de oe qu'un 
roi exigerait d'eux, et de ce qu'ils auraient i 
souffrir tous son gouvernement. 

Le premier roi d'Israël fut Saîil , que Samuel 
oignît d'une huile sainte , comme il s'en retour- 
nait auprès de son' père, pour lui donner des 
nourelles de ses ânesses , qu'il avait perdues. Ce 
nouveau monarque fut d'abord humble , modeste 
el reconnaissant du cboii que Dieu avait fait de 
lui pour gouverner son peuple ; mais il ne con- 
serva pas long-temps ces bonnes qualités , et se 
rendit coupable de désobéissance envers Dieu , 
en laissant la vie au roi des Âmalécites , qu^il 
arait vaincus , et en se réservant une partie con- 
sidérable du bniin , quoique Dieu lui eilt or- 
donne d'exterminer les Amalécites , sans rien 
épargner , et sans se i^éserrer la moindre chose 
de tout ce qai leur appartenait. En conséquence} 

u,-,,.., Google 



a56 ENCTCLOPEDIE 

Samuel lui dëcUra que. Dieu le rejeUit , et.allail 

lui donner un successeur. 

Ce successeur se nommait David , était fib 
d'IsBÏ, et menait paitre les brebis, Samuel le 
choisit entre ses frères , et le sacra roi , par l'or' 
dre de Dieu ;' maïs David ne monta pas sur le 
tr6ne aussitôt après son sacre , et vécut înconoo 
en cette qualité , pendant un certain temps , à la 
conr de Saûl, qui ne le regardait que comme 
an excellent joueur de harpe, et apprit bientâiâ 
l'estimer ce qu'il Tallait , par l'événement que je 
irais raconter. 

PavliuE. — Il me paratt bien extraordinaire 
que Samuel eât choisi peur roi des Israélites , 
Saùl, un conducteur d'ânesses, et David, un pas- 
leur de troupeaux. f!st-ce qu'il n'y avart point 
dans ce peuple des hommes nobles et distingué) 
qui pussent être élevés à une aussi haute dignité? 

Mad. SoPHiB. — Que vous jugez mal, ma 
chère Pauline, des hommes et des dignités! 
Comme Dieu seul est grand, et que tous les 
hommes sont ^aux à ses yeux , la première le- 
çon qu'il voulait donner aux Israélites , en leur 
accordant un roi , devait leur apprendre ces gran- 
des vérités, et les avertir que ce ne sont ni la 
naissance, ni les richesses qui iuûuent sur son 
choix, et que tout le mérite de l'homme à ses jeux 
ne consiste que dans la vertu. Ëiisa , récitez-nout 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JECMES DEMOISELLES. 1*^7 

cet ^vénetnent si glorieux A David j dont voiu 
BOUS arez parle, 

ËLieÀ.-^Saiil faisait la gaérrcauxPliilifitÎDi,' 
et les arnii^s étaient camptfels l'une près de l'aoi-, 
tn; aa âiorine. géant, tiommé Goliath, yint, 
durant quarante jours , insulter les Israélites , c%' 
iji&er le pliûliiàrdi, d'entr'eux à se battre contre 
lui; petsonneu'osaitjuirépopdre, tant la l^crié, 
lB:t«illeélles.^inds deoe moastreen imposaient 
aux plus eoÙFqgaux. David aFriya dans ce tempo* 
là à l'armée , et demanda ce que voulait c« Plli* 
Usiia; d'âpre )a réponse qu'on lui fît, il déclqra 
qu'il vouUit le coinbatb'e. Son extrême jeuness^ 
et sa petite taille furent cause quie Saul refusB< 
d'abord -de eoqseBtîr à une lutte aussi in<fgale; 
mais pressé par les instances de David, qui avait 
attaqué plusieurs fois des. ours et des lioi^ t ■] se ^ 
tendit, et lui donnaiSes propses-armqs.et spn, 
épée , que David , trouvAjOt trop ippÇBjmodes , 
remplaça par un bâton et une fronde , avec la- 
qatille il s'avança devant 'Goliànv. Ce géant', 1« 
voyant ap^rbchtr, se inô^uà 3e lui', el Vavanç^ 
poilf-le percer-de salaricei DiVtd', dé soii 'côté , 
£omrut ail-devanlde liii ,' et U'dn coup de'fi'onda 
il lui enfonça une pierre dans le front. Ce coup 
a<rantTeavev8é le Philistin, David sejetasur lui, 
lurboùpa U^téle^e sa propre épéc ,icA répdndit ,' 
par oatte mort, lu terreur dans toute l'artnée Ai» 
Philiatios, Par cette victo)t% , David excitÂVàd* 



358 ENCYCLOPÉDIE 

niratian de toute tarin^ , et ceUe de Saûl , qnt 
le revéïit de ses oroemeas et de ses arme*. Mai» 
cette afEectien de Stiil pour David £t bientôt 
place À la ialomîe et À la haine ; et ce nwlhea- 
reux prince résolut de le perdre , i qodque pris 
que ce fût, quoiqu'il lui eùtdouQ^ safîUe en ma- 
riage. David , que Dieu protégeait TÙiblemcat, 
échappa à tooleB i es ponr suites et àtoutes ses eow 
bûdtes , et deTisteufiii coi de tout Iiraèl , par U 
mort de Saiil , qnt se tua dé dësespoir pour noe 
bataille qu'il atait perdue contre les PbUistiiis, 
et par celle de ses <leux beaux-frèires, dont l'an, 
qui s'appelait JoDafhas , Uaimait autant que «on 
beau'péie le baissait. 

Stéphanie. — Vous devez être bien fatiguée, 
ma bonne amie, de nous avoir entretenu si long- 
temps; si vous le désirez, je vais continuer l'his* 
toire de David et de son £ls Saldniôn , avec Ta- 
gr^ment de madame Sophie. 

Mad. Sophie. •^11 «ttenipï, mesdemoiselbi, 
^ue nous finissions cet entretien dont nous ver- 
rons la suite un autre jour. Julie , feites - now 
part des réflexions que vous avez ^f^îiau sujst 
de cette histoire. 

2m.fs.M- Je pensais il Ia:ialon»ife'd«' Seitt oc*- 
tte David, et je trouvais que ce prince élût bin 
iejuste d'en vouloir à un jeune honmie qui lui 
avait rendu tu si grandaervice, et hion malheu- 



-, Google 



DES JEUNES DEMOISELLES. aSg 

renx , ear sa i^ousie ne lui laissait de repos , ni 
le jour, ni k nuit. 

Mad. SoPBtB. —Oui, ma (Aiice , tel est le 
oractdre de la jalottsM , ce sentiment pervers , 
^m nous fait iiegnrâer â'nD manvais œil les per- 
sonnes qui ont un mérite et des qualités que nous 
n'avons paa; tel est, âi»-)fli le caractère de la js- 
loDsie: elle est iujusleet nuisible tout àla fois. 
Ne seyez jamais jalouses dequi-ique ce soit, mes- 
dcmoiiteUes ; mais néjoutSBee - tdua quand vous 
Tarez de^ personnes qui vandroot mieux cpic 
voDSj ceirt le mo/en ide les égaler , de tous iaire 
estimor d«s autres , tt d'être OHiteiites de tous* 



XXVIU^ CONVERSATION. 

' MAnAME SOPHIE, EUGÉNIE, CIhOUNE, 
JUUE , PAULINE , ALEXANDRIWE, 
ROSALIE > FÉLICTE. 

Mad. Sophie.— Posrqvoi, Julie, vous ndtes- 
l'Veus k rire hier , qoand tous tIws oetle tieille 
lèmaw qui me 6t demander ; et pminjaoi eûtes- 
liftai l'aie de U ooolrf&iret 
jir Jjma..— Je tpu» «rpoe , nAdanMi que j'ai le 
nutyfitut de rire des vieillea goi?. Comme mann^ 
al» une amie qui est fort ig/é» et n'a plue de dants. 



340 EHCTCLOPÉDJE 

les goimaces qoe je lui voyais feïre en parlant 
me faisaient sourent rire aux éclats, et' avec tant 
de force, qu'il m'était impossible de me conienir 
en ca présence. C'est depuis ce temps-là que j'ai 
^ris l'habitude de rire qnand je vois de vieilles 
&mmes, 

- Mad. SoFHis. — Apprenez qu'il n'y a rien de 
■i bas que de se moquer' des vieilles gens, ou d« 
■ccoT que Keu a ajïligés de quelque défAut na- 
turel : les premiers méritent du respect j les se- 
conds de la compassion. Jevous avoue, maeli^re, 
que je sera» bien fâchée si vous ne vous corrl- 
fpez pas de ce défaut, qui annonce ordinaire- 
ment un cœur dur et méchant. Eugénie, dites- 
nous comment on eu agissait à Sparte avec ies 
vieillards, 

AiEXAHDsiTfe.'-^— Je le sais bien , madame; 
)C le dirai , si vous le voulez bien. 

Mad. Sophie. ■ — 11 ti'est pas poli, Âtexandrine, 
de répondrij aux questions que j'adresse i una 
«Hire , et d'inlerrompce une conyerBaiion avant 
que l'on ne vous adresse la parole. C'est là un 
des plus glands 'défauts dans' lequel puisse tom- 
bcrtinë jeiinëpërson'ne,' ef quiannonce le mieni 
n mauvaise édv&atfon,''qâe d'e prendre la paroU 
quand elle doit étouter, ^t de- vouloir niontra 
ce qu'itltË Gtrft quélid- on'nS' lé lui demande pas. 
Savoiï' VOns taifeysavoïrpavlei' A pr6p<^ et lai^ 
•et'parléi- les auttéS ," VoiU ', TiiacliÉt^ , ce qui , 



■ogic 



DES JEt'NES DEMOISELLES. 24 1 

dans le monde , vous fera le plus dlionaenr , et 
tons attirera la considération des compagnies 
que tous fréquenterez avec votre maman . Eugé- 
nie, c'est à votre toar de parler. 

EtroÉKiE. — La république de Sparte passait 
pour avoir les lois les plus sages de U Grèce , et 
i'aime beaucoup celles qu'elle suivait à l'égard 
dea vieillards : il n'était pas permis aux jeunes 
gens de s'asseoir en leur présence , et quand ils 
venaient dans les assemblées publiques , on leur 
cédait les meilleures places, X^es Athéniens, 
peuple frivole et léger, n'avaient pas les mêmes 
attentions. Un jour qu'il y avait à Athènes des 
ambassadeurs de Sparte , ils furent scandalisés 
de voir dans la foule de panvres vieillards que 
l'on poussait , et qui ne pouvaient trouver au- 
ame place pour voir le spectacle. Les ambassa- 
deurs, qui avaient la place d'honneur, ne purent 
sonffrir cela , et s'élact levés , ils forcèrent les 
vieillards k s'asseoir «1 leur place , et donnèrent 
par -là une bonne leçon aux Athéniens. 

Mad. SopHiz. — C'est bien , Eugénie. VoiU 
sans doute un beau traitde l'histoire pro£iae, sur 
le respect que nous devons avoir pour la viellesse; 
mais^rilistoire Sainte ne nous fournit-elle rien i 
ce sujet? Parlez, Alezandrine. 

AmxvotLivE. — Nouslisons dans l'Écriture 
Sainte que le prophète Elisée, allant dans la ville 
de Béthel , trouva en chemin uae troupe de pe- 



■ogic 



242' ENCYCLOPEDIE 

tit« ENfaiis (j^i , voyant s« l^to.cUa.uve, se nucent 
à l'in.ult^.et à KQ OtfHluçt itsÀui- ËIÛ^B;, lus 
ritgarçlAt^i ifsn inaytlit au, nom du S«jgneur. Au»- 
iiitût après celte mal^JictÎQtR^, ili sortît A&àx ours 
d'uœ forêt voi&îae., qui d(î(4iir:^fe»t, ijuarante- 
4cux de cas, petits enfmij. C^ a^ tut point par 
cplèro ([v.e le sa,ial proplièto n^udù ces eniàus., 
qi^jfS.pac un rpouyâB'cut f\fX9 l'esprit d« Dîcu loi 
Iu;pii-4„ aOn qu'un exemple si.tcnible pût semr 
à qo^re instruction» 

Cab.oi.ik¥.<—J1 &t^tpOurtM>t convenir, ma- 
daos.e, que U pluf)aitdeSY.ieill«sgeBS ne Koat pat 
aitoaltles > et ont de» ridjcuU's dont il est-intpot- 
siWeidene. pas se moquçF. En géoéiaU, les vieil- 
lards ont tcujourA lie. l'humeur, se pUig^ept sans- 
cessât tPOMvent.à l'edii'e k tout ce que ton dit oa 
ce que l'oa fait ., et ne peuvent souffrir les jeune» 
gens, 

Mnd. SopBiE, — Â^sur^ment , ma chère , U. 
vieilUssen'a pas les grâces, et l'enjouement da la 
jeunesse; est-ceune raison pour. s«.nioquer d'elle? 
et la vieille femipe qui vondiaiit coutcefair-' la 
jeune ûlle, ne'Seiajit-elle.pfB iv&uiiQent plus rîdî' 
Qule qu'en mll^n>;lIv^>t topJQurti et en: faisant 
bfaucpup àé. gDidnanea? Qiiftnt à l'buaieur des 
vieillardsj qui les portent à tQut blâmer dans les 
i«»ws gf ns , jft nei pepsfl pas <ju'elle ^ipias» auio- 
rMe&wuïiTéi;à,lt(iç -manquer d^ reqte**, Quel 
âg»p>,p(«.6e5)diiflptsîEtlajouçess«itt'c'»a-*-«ll* 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEtJKES DEMOISELLES. ill^^ 
pu nu- plus grand «otnbre que (ont autre? D'ail- 
ienrs , je pense que les vieillards n'ont pas grand 
tort de se plaindre des jeunes gens,surlout de 
ceux d^auioQi^'hui , qui , sans iosiructibn et sons 
expdrieace, vealfiaCji^er de tàut^se ciblent nés 
pour donner le ton à la société , et prétendent 
aswcrir à tetHttoj^iiiioiis éi k leurs go/lts les per- 
sonnes dont ib devrjùénl'¥M«T(iit les conseils et 
éeoŒterles'la^n»'. " ' 

Ba^liihk; — J"pî une vteîHe tartté l>ieD triste , 
iAm dUH^eose , hiefa manssadË , qui vante tou- 
j»nra CB' qoi ■««, faisait de son tettips , et trouve 
mauTait'taut ee qui se passe aujourâ'liuij rien ne ^ 
lui plaît, et inéïne îles' a tten liens que- Ton a pour 
elleisoDt toajdûrs'priscs en mauvaise part, ce qui 
rebdràsooiéié-fortâurectfon pénible à maman, 
avec qui elle demeure j cependant maman n'a 
pour ellaqne des procédés respectueux, el clier- 
checontiuueUcmcdt les moyens de la di&traîre , 
deli^'faire'pBSderle temps^agt-éaLlèmcnt, et de 
lui proenrei*: tous -les plaisirs' convenaliles à son 
âgeavanoé. 

M>d.SoPHiEi L-f-VottemâAian, ma clièrc, rem- 
plitlr&devoii^d'unéfaotm^teremine^td'unebonne 
chrétieniM , ei elle doit espérer de recevoir à son 
tour 1* rëcoiïipense-des bons procédés qu'elle a 
poDr«a tanifri qnsndclle sera parvenue à la même 
vieillesse'; car les .vieilles gens , ne nous y trom- 
pons-pas-, soat comjiris dansle quatrième com- 

u,:,-,zf--„GoOglc 



a44 ENCYCLOPÉDIE 

mantlement , oîi Dieu noa^ ordonne d'honorer 

nos père et mère , si nous voulons vitre longue- . 

ment. 

KosAlix- — Je ne comprends pas cela , ma- 
dame ; est-ce que les vieilles personnes sont nos 
parens ? 

Mad. SoPBJE- — Le qnalrième commandement 
de Dieu ne nous ordonne pas seulement d'honorer 
nos père et mère, mais encore tous ceux gui ont 
quelque autorité sur ooo^; or la parenté n'est pas 
la seule chose qui donne aux autres de l'autorité 
sur nous , et la vieillesse principalement porte 
avec elle un caracttre de supériorité qui com- 
mande nos égards et notre respect. 

BoSAUE — Je ne conçois pas trop comment 
une vieille femme. peut avoir de la supéiioriU 
sur une jeune femme, 

Mad, SoFHiK. — Cette vieille femme , ma 
chéce , dont vous faiies si peu de cas , a l'expé- 
rience d'une infinité de choses que voua n^avei 
jamais vues et que vous ne verres jamais , et la 
- sagesse, précieuse qualité qui est le fruit nainrci 
de cette expérience: or, quelle qualité doit rendre 
une femme plus supérieure aux autres femmes , 
que celle qui lut donne le droit de les instruire , 
de les avertir et de leur montrer le chemin de la 
vertu? West-ee pas là une espèce de sacerdoce, 
et le vieillard n'est-il pas , en quelque manière , 
un ministre du ciel , consacré par le temps qui , 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 2^5 

en blanchissant âes cheveux , a voulu le recom- 
mander au respect des gi^ndrations qui viennent 
après lui ? 

Félicie. — S> l'&ge donne de la supériorité , 
je dois donc , madame , regarder ma sœur atne'e 
comme au-deasus de moi? Cependant , je vous 
Vavouérai , rien ne me fei-ait plus de peine que 
de me soumettre à, elle , et de lui témoigner du 
respect. 

Mad. SoPHiB. — Sans doute, ma chère, vous 
devez des égards & votre stEur aînée, car l'aînesse 
est un droit véritable, qui a toujours été reconna 
chez tous les peuples ; mais c'est pousser trop 
loin la conséquence de ce que j'ai dit relativement 
â la vieillesse, dont la supériorité ne consiste 
pas précisément dans le nombre des années , 
mais dans l'expérience et la sagesse , qtii en et>t 
le fruit. 

Paulink. — Un jour que mamao avait été 
bien tourmentée par ma vieille tante , je lui de- 
mandai pourquoi elle en supportait la mauvaise 
humeur avec tant de patience et de douceur ; 
■voici ce que maman me répondît : Il est vrai , 
Paulin^ que votre tante prend souvent de Thu- 
meur } mais que dois-je faire dans cette circons- 
tance? la chagriner et lui faire des réponses im- 
polies et malhonnêtes? Elle est bien assez à 
plaindre d'être vieille , et de ne plus voir devant 
elle d'autre perspective que celle du tombeau ; 

u,:,-,zf--„GoOglc 



9.l[.ft ENC¥GI.OPliDIE 

faut-il que j'ajoulc à la trUte$se'de sa situation 
^ai d^ duretë5,,.eti]ue je la.mépiiLse pour .être 
parvenue i un âge où peut-être nous n'arrÎTS- 
rpas jamais ni l'u>^ ni l'autre? Non, non, 
cjuelles que soient les bizarfericsactaelios de son 
esprit, je me garderai hien de m'en pcévaloir 
pour être ingrate et injunle k soti égard. C'est 
cette tante, ma chère enfant, dont l'expérience a 
formé mon adolescence ; c'est elle qui m'« appris 
à connaître le monde, à me méfier de ses taux at- 
traits, d clioisir mes societiis , A ne pas confondre 
la fausse -aii;iitîé avec la vétîtable ) à-ne jamais me 
compromettre par mes liaisons ni par mes drs- 
coui», et à,pfi?fe'rcr les pures jonissances-de fin- 
tcrieor (Je nia famille, aui plaisirs bruyans d'un 
monde qui clierclie moins à se fécrtVr qu'à s't- 
tourdir et à -se fatiguer. Cetle clièro tante, nie 
croircz-vous, est encore aujourd'hui la personne 
dont les conseils me sont les plus utiles , et des- 
quels je me suis le mieux trouT<ïe dans plusieurs 
aSàÎL'cs , oii ma'.aa^ottti en défaut me fornail de 
recouru.' aui liunièreâ df sou ■expérience. 

Mad. Sophie. — VoUà do beaux sKutimens, 
ma.clièteî je tous invite^ siiivre les^^xemples et 
les leçons d'une mère si bonne , si raisonnable et 
si reconuaissanie. Que Dieu bénisse celte eîccl* 
lente nièce, et accorde de longs joursi une tante 
qui lui a inspiré tant de raison et de vertu ! 
Paoljn£. j— Je vous promets bien, madame, 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 24? 

d'aimer et de respecter beaucoup ma TÎeilIe tante, 
etméiiM! toutes le6 -vieilles gfns que je connaitrei; 
et qaaod je serai grande fille de Jour demander 
et de suivre leurs conseils. 

Eugénie. — Je croîs que ce sera faire beau- 
coup mieux que de suivre les conseils des jeunes 
personnes qui, en général, nV-coutcnt jamais la 
voix de la raison j et pour qui la sagesse n'est 
qu'un mot vide de sens. 

Mad. Sophie. — Dites-moi, Eugénie , cette 
réflexion est>elle de votis , on si tous l'avez lue 
dans quelque ouvrage ? 

EasÉNiB. — Il me semble, madame, qne je 
Vu lue, mais jie ne me rappelle pas dans quel 
ouvrage. 

Mad. SoPHis.->-- Cette r<iflexioii est juste, k 
quelques égards, maiselle ne me parait pas bouTie, 
prise dans un sens génc'ral. J'aurais beaucoifp 
mieux aimé que vous eussiez dit que la sagesse 
n'est qu'un mot .vide de sens pour un grand 
nombre de [eunes personnes , parce que vous 
noricz fait enttndro qu'il y en a quelques-unes 
dont les exemples et les conseils soirt bons à 
suivre, ce qui est-rrai. 

EoGÉTiiE. — Amsîj quand j'ai dît en général, 
ai-je voulu faîre-enleiidre qu'il y avait- des excep- 
tions à faire parmi les feunes personnes. 

Mad. Sophie. — J'espère qne Julie profitera 
de celte cou versa tien , et que je n'aurai plus que 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



248 ENCYCLOPÉDIE 

des éloges à lui donner sur son respect envers les 
-vieilles gens , quel que soit leur sexe et leur étal. 
Vouspouvei maintenant, mesdemoiselles, aller 
TOUS divertir dans le jardin. 



XXIX- CONVERSATION. 

Mad. ELISABETH, ALEXANDRINE, ADÈLE, 
AMÉLIE, EMILIE, HORTENSE. 

Mad. Elisabeth — Vous ^tes-vous préparai 
Amélie, à nous entretenir des principaux états 
de l'Europeaprès la France? 

EuitB. — J'espère , madame, qoe vous serez 
contente de moi , si toutefois ma mémoire ne se 
trouve pas en défaut. 

I^îad. Elisabeth. — Comme les états du midi 
et de Test de l'Europe sont les plus agréables à 
parcourir, vous voudrez bien nous en faired'abord 
la description avant deparlerde ceux quisoutau 
noid et à l'ouest, 

Emilie. — Au mididel'Europectde laFrance, 
entre l'Océan et la Méditerranée, on troufe 
l'Espagne, royaume possédépar un prince de la 
maison de Bourbon. C'est un pajs très-fertile, 
mais mal cultivé. 

L'Espagne eslarrosée par cinq grandes rivières, 



DES JEUSES DEMOISELLES. ^49 

3ont quatf^, savoir , le Tage , le Douro , la Gua- 
dianaetle Guadalqnivir, se jettent dans l'Océan; 
et la cÎDquième, l'Èbre, porte ses eeax dans la 
Mt^îterranée. OnladiTiseen quatorze provinces, 
dont l'Andalousie eslla plus belle et la plus riche, 
ei dont les chevaux «ont très-renommés. La ville 
de Madrid est la capitale de toute l'Espagne. 
C'eKt une ville pins grande que belle , dont on 
porte la population à trois cents mille hahitans. 
Le roi y fait sa résidence : le palais qu'il habile 
estricheotent décoré. O'iui do l'Escurial , où l'on 
enterre Ips princes de la famille royale , est à sept 
lieues de Madrid. La population de l'Espagne 
est d'un peu plus de dix millîoDS dliabitans. 

A l'est et au midi de l'Espagne, est situé le 
royaume de Portugal , où n^gn'e la maison <îe 
Bragance. Il est divisé en trois parties, dont l'Es- 
tramadure est la plus commerçante et la plus 
riche. La capitale du Portugal est Lisbonne , qui 
£ut presqn'enti élément détruite en i^55, par un 
tremblement de terre. On évalue la population 
de ce royaume à trots millions d'hahitans. La 
langue difT^e peu de l'Espagnol. La religion ca- 
tholique T est la dominante , ainsi qu'en Espagne. 
Mad. Elis.vbbth. — Keposez - voua un peu , 
Émétie, Adèle nous pariera des pays de l'Europe 
qui sont situés k l'est. 

AnKLX. — Ainsi c'est de Vltalié que je dois 
pai'ler. Ccltecontrée est comme une grande pres' 



aSo EpiCYCtOPÉDIE 

qu'ile, eatour^ des eaux de U^ M^iteiran^^, 
excepté du cMé àe l'AllettiagnË «t de la France , 
dont elle et.t g^o^e par.lps Alpes. £U« a 2^ 
lieues delong, eirApeuuiii 1) traverse utu in- 
terruptioD dans toute cette éteodue. C'est de cette 
chaîne de monUgaei>,>ept,ce ^quelles 00 dis- 
tingue le Vé:>uve, tfui jeUe dc6 Aasimes depuis 
UD grand nombre de siècles, que sortent les ri- 
vières du Tibre et de TAmo, ^ont la première 
passe à Rome; les Buires rivière t[ui fw'tilisent 
cette belle contrée , sont , le pô , l'Adige et le 
Te'&io, qui sorteut des Alpes , et se |ettettt«oaiuie 
les premières, ,/Lms la Médîterrnëe. 

L'air de l'Ilalieestj $&ggik^aJ.,plu$ chaud que 
tempéré, surtout dam sa pai-ti«méi'i|lioiialej elle 
produit toutcequi'est'iiédassaiqB tuïbe^iitsde 
la vie ! du blé , du vin, <le l'huile , toutes sortes 
d'excellens. fruits, cQinine des Oranges, des ci- 
trons, des grenades, des. amandes, etc. 

L'Italie est divisée en parties : 1°. Les états du 
roi de Sardaigne, savoir: la Savoie, capitale 
Chambéry ; le Fiémout , villes principales , Tu- 
rin , Alexandrie ; L'état de Cènes ; villes princi- 
pales , Gènes, Sflvone , Chïavari, 

3°. Le royaume Lombard Vénitien , qui com- 
prend le duché de Milau , villes principales , Mi- 
lan, Crémone, Mantoue; l'état de Venise, villes 
principales, Venisi,', Bergame, Véroune, Tré- 



-, G 00g le 



bES JEUÎ^ÉS ÏÎEMOÎSELLES. 25t 

3'. JLe gïand duclirf de Toscane , \ illes princi- 
pales , FtoTtfnce tt Livonrnc. 

4 '. Les élats du pape , f|ni Fonjt divBès en neuf 
provinces , dont la principale s'nppclle la cam- 
pagne de Rome , que les Latins a^rpelaient au- j 
trefois le Latiiim. Sa capitale est Rome , ville an- 
cienne et célèbre qni l'iil autrefois la reine du 
monde; eifeert la résidence du Souverain-Poh- 
tife , le pasteur universel de IV^lis'e catlioliquc , 
qui y possède deux superbes palais : l'un d'été , 
qui est Mont-Cavalio , et l'autre d'iiiver, qui est 
le F'atican. Dans le grand tioraîne de ses tem- 
ples , on remarque surtout l'église de St.-Pierre 
de ^omc, h laquelle nulle autre ne peut ^tre 
comparée , soîi pour l'étendue , soit pûur la ma- 
gnificence de sonarciiitectnro. 

S". Le royaume de Naples j c'est tin excellent 
P&yâ , quant k la fertilité du sol ; mais les érup-* 
dons da nionl Vésiive sont un vrai fléau pour ca 
royaume : ce volcan est situé dans la terre de la- 
bour , k quali-e lieues de Naples. Le royaume de 
Kapics est partagé en quatre grandes provinces , 
dont la première , qui csllû terre de labour, ren- 
ferme la ville de Naples, capitale do tout le 
royaume , située au fond d'im golfe j sur le bord 
de la mer; elle a un des meilleurs ports de la 
Méditeïrane'e. La Sicile, qui est une grande ilè, 
fait partie du royaume de Naples, dont elle n'est 
séparée que par un petit détroit, qu'on appelle 



>o.tlc 



2^1 ENCTCLOPÉDIE 

le Phare de Messine. Palerme est la capitale de 

la Sicile; c'est uDe graade et belle ville. 

Mad. Sf,iSA.BETB. — On ne peut voyager , 
Adèle , avec plus de ctîlëritë qae vous le faites , 
et je doute qu'un ballon , poussé par le vent le 
plus fort , pût parcourir , en quelques heures , les 
pays que tous visitez en quelques minutes. Si 
vous n'étiez point encore fatiguée de-votrecourseï 
je vous inviterais à nous parler de la Turquie 
d'Europe , que ces demoiselles désirent beaucoup 
connaître , parce qu'elles ont souvent entendu 
parler des "rurcs, et du Grand-Turc , qui les 
gouverne. 

ÂnÈtE. •— La Turquie est un des plus grandi 
empires du monde; il a son siège en Europe, et 
s'étend en Asie , et même en Afrique; la religion 
de Mahomet y est la seule dominaute. L'empe- 
reur a le titre de sultan ou de grand seigneur , et 
sa course nomme la Porte^ on la •S'ufrAVne-Portt; 
il foit sa résidence à Constautinople ,. dans un im- 
mense palais qu'on appelle Sérail. 

La Turquie d'Europe se divise en quinze pro- 
vinces. Dans la Aomanie, est située la ville de 
Constantinople , capitale de tout l'empire , sur le 
détroitqui porte son nom, lequel joint la mer de 
Marmara avec le Pont-Euxin : c'est une des plus 
grandes villes du monde, et une des plus belles. 
Les hôpitaux , les places publiques et les mos- 
quées qui sont les temples des Turcs , attirent 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUKES DEMOISELLES. 35S 

l'attentioD des voyageurs. La mosqnëe de Sainte-^ 
Sophie , église bdtie par l'empereur grec Justi- 
nien , est encore anjourdliui un des plus beaux 
temples du monde. 

HoHTEKSE. — Un jour que chez papa on par- 
laitdçla TÎ Ile d'Athènes , quelqu'un dit qu'il était 
bien dommage qne cette TÎIle , ainsi que tant 
d autres, comme Th^es, Sparte, Corinthe, etc , 
qui faisaient l'ornement delaOrèce, appartins 
sent â un gouvernement barbare comme celui des 
Tuics } est-ce qne la Grèce &it partie de la Tur- 
quie d'Europe ? 

Mad. Elisabeth. — Oui, machcrej tons ces 
pays si célèbres dans l'histoire ancienne sous le 
nom de la Grèce et du Péloponnèse , et qui con- 
tenaient les villes que vous avez nommées , sont 
compris dans les deui provinces turques de la 
Livadie et de la Morée , qni est une péninsule 
sur la mer Méditerranée. Cest un spectacle bien 
déplorable , et qni est bien &it pour nous con- 
vaincre de rÏDStabilitd des choses humaines , que 
l'état de barbarie et de misère o& sont réduits 
tant do peuples dont les aïeux se rendirent si il- 
lustres dans la philosophie, la littérature et les 
beaux-arts. Qui pourrait penser que l' Apollon da 
Belvédère et le groupe de Laocoon sont les ou- 
vrages des ancêtres de ces misérables Grec* , qui 
gémissent aujourd'hui sous l'esclavage d'une na- 



254 ENCYCLOPÉDIE 

tioR barbare et stupide? Adèle , continnez votre 

voyage. 

Adxi(E. — Outre ces quinze provinces, gai 
composent la Turquie d'Europe , il laut compter 
de plus les Ues connues sous le nom des lies de 
l'Archiftel : elles sont eu très-graud nombre j la 
plupart BOAt fertiles en grains , en vins et enoli- 
vesj leurs Uabitans sont, en grande partie, des 
chrétiens Grecs. Candie, qui en est la plus 
grande, est l'ancienne lie de Crête , où Jupiter 
fut élevé , et où se trouvait ce fàmeus 4abyrint1œ 
qui fut regardé comme l'une des sept merveilles 
du monde. 

Mad. Ei.i^ABETH. -^ Puisque voue nous parler 
delà (nytliologie , dites-nous comment se Domme 
«ujourdliui l'Ile où Diane et Apollon vinrent au 
monde. 

ÂDEtE — Elle n'a pqs cliangé de nom , et elle 
se nomme, comme autrefois , Dulos, 

Mad. ËLiSACETB. — A votre tour, Alcxan- 

Alexandribe. — Vous m'escuserez, madame, 
si je ne guis point aussi avancée qu'Adèle , et si 
je ne puis pas entrer daus les mêmes détails. 

Mad. Elisabeth — Ce n'est point non plus ce 
que je vous demande; car je sais fort bien de 
quoi vous êtes capable. Dites-nous seulement ce 
que vous avez retenu de yotre carie d'Europe. 



.-.Coogic 



DES iEt'NES DEMOISELLES. a55 

ALEXiHDRisE. — AunorddeLiTtiiiqme d'Eu- 
rope , se trouvent la Hongrie et la Russie. La 
[iongrie est un royaume partrculier, qvù a{)pai> 
tient à la maison d'Autriche , el dont le Bttde 
tst la capitale. C'est un pays très-fertile , d oii 
l'on tioiive d'ex ce lie us pâturages. Jjôs Hongrois 
sont pfes([ae tous catholiques , et otit la ix^piita- 
lion d'être très-CTurageus. Ses principales riviè- 
res sou4: le, Danube, la Save et la Dravej et ses 
montagnes , les inonti Krapachs , ijui la séparent 
de la Pologne. 

Mad. Elisabeth. — Puifitjue vous avet corn- 
menci! par la Hongrie , vous ferez bîeu , pour ne 
pas revenir sur vos pas , de nous entretenir de 
suilc des autres possessions de la maison d'Aï*- 
triclie- 

Alcxandrine. — Outre le royaume de Hon- 
grie , l'empereur d'Autriclie possède encore ce- 
lui de Bohême , pays fertile en grains et en pâ- 
turages. Prague, ville forte, en est la capitale. 
Les Bohémiens sont grands, bien ialts et fort 
adroits. Leur langue est mêlée d'esclayon et d'al- 
lemand. 

La Moravie est un marquisat voisin de la 
Bohême , dont Olmutz est la capitale. 

L'archiduché d'Autriche, dont la capitale est 
Vienne , sur le Danube , ofi l'empereur fait sa ré- 
sidence. 

Au nord de la Gallicie, en la Russie, ce vaste 



256 EKCYCLOPKDIE 

empire qui a plus de s» cents licus de long , sur 
cinq cents de large , sVtend depuis la mer Balti- 
que , jusqu'au-delà du moût Caucase, eu Asie. 
Saint-Pétersbourg , située à l'extrémité do golfe 
de Finlande, eu est la capitale. C'est une ville bâ> 
tie depuismoins d'un siècle, par l'empereur Pier- 
re-le-Grand. Elle est remplie de beauxet de vastes 
édifices; les arts et les sciences y sont trts-flo- 
rissans. Moscow est la seconde ville de Russie , 
dont elle était la capitale avant que Saint-Péters- 
bourg fût bâtie. 

Les principaux fleuves de la Kussie sont i le 
f^olga, qui se jette, en Asie, dans la mer Cas- 
pienne ; le Don , qui a son amboucliure dans la 
mer Noire, ainsi que leDuiéper; et la Néra, qui 
se jette dans le golfe de Finlande. 

La Russie n'est pas peuplée à proportion de 
son étendue; mais elle fait un grand commerce , 
et sa population s'accroît de jour en jour. 

Mad. ËLisADETH. — Hâtons-nous, le temps 
presse. Amélie , achevez ce qui reste à dire des 
autres états de l'Europe. 

Amélie. — De la Russie on passe en Suède, 
qui est un royaume borné à l'Orïent par la Rus- 
sie , à l'Occident par la Nonvège , au Nord par la 
mer Glaciale , an Midi par le détroit du Snndet 
la mer Baltique. Il y a dans ce pays beaucoup 
de mines , qui en font la principale richesse. I^ 
Suédois sont en général bien faits , polis , bwu 



DES JEUNES DEMOISELLES. 35'J 

soldats , et on « dît qu'ils éuîeni les Français du 
Nord. On divise U Suéde en sept j^rties. La 
principale est la Suède propre , dont Stokholm 
e«t la capitale, ainsi que de tout le royaume. Au 
nord de la Suède,' est située la Laponie , pays 
placé presque entièrement sous la zone glaciale , 
où il n'y a que deux saisons , Yéiê et Tliirer. 
Pendant Vét£, le soleil y reste trois mois sur l'ho- 
rison , et se cache trois mois pendant l'Iiiver t 
ce qui {ait que la dialeur y est aussi insupporta- 
itie que le iroid y est rigoureux. 

HoRTBirsB. — Ainsi , les habitaus de ce pays 
doivent être bien malheureux, et-ne doivent pas 
beaucoup ressembler aux Français ? 

AxiLit. — Les Lapons mènent une vie qoe 
nous Jugeons très - misérable , mais qui , sans 
doute, ne l'est pas autant que nous nous l'imagi- 
nons, parce qu'ils y sont accoutumi^s dès leur 
naissance , et que la Providence , qui les a placés 
dans cette triste région , leur y fournit des 
moyens d'existence , et même des plaisirs pro- 
portionnés â la grossièreté de leurs organes. As- 
surément ils ne ressembleat pas aux Français ni 
aux autres peuples , car ils sont très-petits, et 
fort laids ; mais peut-être le plus laid d'eulr'eux , 
par rapport à nous , est-il le plus beau par rap- 
port à eux, qui ne peuvent point juger àa la 
"beauté par comparaison. 

Mad. EusABSTS. — Ce que vous venez dire, 

u,:,-,zf--„GoOglc 



258 ENCYCLOPÉDIE 

\in^îe , est fort juste, mais je ne sais ^oand 
vous £n*cz , si -vous faites encore des ré- 
flexions. 

Amélie. -^ Dans le voistuage de la Suède, -est 
situé le royaume de 'Danemarck. Xa temp^- 
ture de ce pays est à peu prés la même qu'en 
Su^de ; mais le sol est, en général, plus fertile. 
La capitale-du Danemarck est Copenliagne, doAt 
le port est on des plus beaux de l'£ui-ope. 'Les 
Danois sont brKvcs et généreux , et aiment les 
belles-lettres et les «ciesces. 

La If orw^ , (Etude entre la SuÀde et la mer 
dui^ford, est mn grand pays très-froid et peu 
fertile , pres^ie toiit couvert de montagnes et de 
Ëscéts qui fournissent une grande quantité de 
bois de construction pour la marine. Bergfan 
passe pour la plus forte ville de ce pa^'ï , et pour 
un des plus beaux ports de TËurope. 

L7slande est , après l'Angleterre , la pins 
grande iie de la mef du Nord ; elle est couverte 
de hautns montagnes , dont la plus considérable 
est le mont Ilécla , qui jette souvent des flam- 
ni<!s, et cause de grands ravages dans le pays. 
Les Islandais, qui sont fert ignorans, croient, 
dit-on, qu'une partie des âmes des damnés souf- 
fcent, dans cette montagne , les peines qu'elles 
ont méritées , que l'autre partie est condamnée 
à geler éternellement dans les glaces qui avoisi- 
uent leur ile. 



-,Googlc 



DES JEUNES DEUOIWLLES. sSq 

Alad. £i,TSABETH. — QuAigue c«s -bons Élilan- 
âais soient bien supersUtieox d'avoic une iftlte 
croyance, il me semble mja moins qu'elle -^oit 
beaucoup influer sur leurs mœurs «t sur leur 
conduite, et que si les autres peaplss de l'Eu- 
rope , les Français entr'autres g-élaient aossî goD' 
vaincus de l'existence d'une -autoe ni* st des 
peines qui j soat réservées «ux tnëdians, ils 
pratiqueraient mieux.la verta,,el les crimes s»- 
raicnt inGnimeut plus rares parmi eux. Prépa- 
rez vous toutes, mesdemoîselLea, pour Jietre pro- 
chaine coBversation, et penses qu'il nftas reste 
encore un bien long chemin à faire. 



XXX' CONVERSATION- 

Mad. SOPHIE, ÉLISA , -STÉPHANIE, ÉMIOE, 
AtEXANDRINE, AGLAÊ, PAULINE, RO- 
SALIE. 



Alex^mdbine. —Puisque nous voilà: 
bWes pour la conversation sur l'IiiKtoiBe nafen- 
relle et l.i physique, je vous ferai, madame, 
une question relative au régime de lasantéque 
Je ni(!decin me prescrivit derai^emMt- -le na 
pcDSc pas, me dit-il, mademoiselle^ que la 
viande tous fasse du bien; je vous conaeiUeraii 

u,:,-,zf--„GoOglc 



a6o ËNcTcLop^Die 

de faire usage des v^gétauTC , qui se digèrent plus 
aisément, et produisent peu d'humeurs. Comme 
je croyais qu'il vous avait parlé de cette ordon- 
nance, je ne vous en disais rien , et j'attendais; 
mais puisque ma nourriture n'a pas changé, j'ai 
lieu de penser que le médecin ne m'a donné 
qu*Ltn conseil vague, et auquel il n'altachaît 
aucune importance , ou que vous ne jugiez pas 
i propos de le mettre en pratique à mon égard. 
Mad. Sophie. Je pense , ma chère , comme 
le tnifdecin , au sujet de la nourriture qui vous 
convient, et son ordonnance sera bientôt mise 
à eTécution. 

ALEXAin)STNB. — Comme jen*ai)amais entendu 
parler des végétaux, que cette fois seulement , 
voudriez-Tons tien me dire ce que ce mot signi- 
fie , et ce que c'est qu'une nourriture composée de 
végéuux ? 

Mad. Sophie. ^ N'avez-vous donc jamais 
mangé des éptoards , de l'oseille , des asperges , 
des artichands, delà salade ■* 

Alexandrins. — Pardonnez-moi , madame ; 
nous en mangeons ici très-souvcnt , et l'on eo 
sert aussi de temps en temps sur la table de mon 
papa. 

"Mad. Sophie. — Eh bien , ma cliàre , on ap- 
pelle toutes ces plantes des végétaux. 

Eliza. — Comme on appelle minéraux , l'or, 
Taisent , le fer , le cuivre , etc. 

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DES JEimES DEHOCSCIXES. 26 1 

Mad. SopBiB. — En g^dnl , toutes les 

liantes qui craisseat sur ta terre, depuis l'herbe 

a plus petite , iusi]ii*À l'arbne le plus âsvé , sont 

les végétaux. 

Alexahdribs. — Sommes-nous des végétaux , . 
madame ? Les béies , les oÏMaux-et les poissons 
sout> ils aussi des végétaux i 

Mad. Sophie. — Veuiltex bieq ,' ma- cbére • 
Elisa > apprendre à Alexandriue et à ces demoisel- 
les combien il ^ a de règnes dans la nature j j'ex- 
cepte toutefois Stéphanie , qui est fort instruite 
sur cette matière. 

EiisA . — ' Les sarans qui s'occupent des cho- 
ses naturelles , ont partagé en trois classes , qu'ils 
appellent règnes , toutes les producLiong de la 
nature. Tous les êtres qui sont animés , l'homme 
y compris , composent le régne animal ; toutes 
les plantes forment le règne végétal , et tontes les 
matières qui sont renfermées dans le sein de la 
terre, sont comprises dans le règne minéral. 

Mad. Sophie. — Comme nous avons déjà 
parlé des me'taux , qui font une partie essenliellfr 
du règne minéral , tous n'aurez, Elisa , qu'A 
nous entretenir des animaux ; quant aux végé- 
taux , ce sera l'afiaire de mademoiselle Sté- 
phanie. 

Eliza. Tout ce qui a vie sur la terre est de la 
classe des animaux \ le plus parfait et le plus 
noble de tous , c'est l'homme , parce que lui seul 

u,:,-,zf--„GoOglc 



1 



aCa KNCTCLOP^DTE 

est. doit^.dA la raison, â<nirroirs les autres sont \ 
^thé». L'bomme Mul a une- futeUigeOce qui lui 
faitrdisceroer lebienetle ural^ et par laqurDcil 
s'élève à la conuaisauce et à la contctnplatron de 
la diviaité. 

BAULiHSi— fist^ceqTtfe'lesaiitreâ'aiiiUiàux'DODt 
' pas la raison en partage? Cepeudaut, il y a des 
cbicas-qui aaBt- si r«conuaissaas ; si' altacliës à 
lenrniattre, que l'on' croirait cju'ÏU ^otit raison- 
D«bles;ei'il y a d'autrrs' auitnaux qiii font des 
choseti^ue'rbommeiiè<pbui'raît£iire, avec toute 
eon intelligence. 

Mad. SAïBiEi ii'botnme'seul est'raisonnable; 
EBkis les autres animaux ont Uii' instinct naturel 
que la 'Provideace Lettra doniiéi afin qu'ils puis- 
ecat vettlerà lewrpWpre couservàlîon. Nous ne 
conlvaitson»' point- la nature de cet liistinct, et 
nen^-sàvons fort bien que ce n'est pas la raison, 
pnîs^'il n'-en' proihiit pas les Effets. 

ELiM.'-Jj'eâ'auiiBaussont, ou bipèdes, ce sont 
ceuX'qni ont d^uz pieds, comme Vliômme,et les 
oisfauc ; ou quadrupèdes , ceux qui en ont quatre, 
comme Ifl' cboval'j ou reptiles, ceux qui u'en 
OBt point; et rampent sur la terre, comme ki 
•erpeus. Il y eu a d'autres qui ont un grand nom* 
bre de pieds,- comme les insectes, et d'autres 
qtnn'ont'qiM clés nageoires, comme les poissons. 

B:<iSAi.iB. — Leb oiseaux, qui ont deux piedi 
«tdtfrallM, sent,. de tous les animaux, ceux que 

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DES JEV.NES DEMOISELLES. 363 

je préfère , et j<t trouve i[ne- leur sort est bien' 
heturaus de pouvoir se. promener sur la terre et 
daos le ciel ; cac rien n est plus chArment qu«> 
lie voltiger çà.et là debrancheen branche, sur 
les .arbr«i et dans les bosquets. 

Mad. Sqpbie.— 'P^etiondriêz-voTis-pas mt peu, 
ma chère , du caractère des oiseaux î et ne se- 
raitice point pavoe qpe.vous leur ressembles, un 
peu , par votre Irgèret^, que tous les priSférea à 
tous les autres animaux? 

Et-isA. — Sii les oiseaux ont un sortogr^abU. 
selon Rosalie , ce n'est gas une raison pour qu'elLcf 
doive les estimer plus que lesaVitres animajixs; 
car U en est beaucoup de ces derniers qui sontr 
infiniment plus utiles, k l'Iiomme que tous les 
oiseaux qui volent dans les airs- Quel animal, 
par exemple, est plus utile que le bœuf, que 
l'on emploie pour labourer la terre ? que le che- 
val, qui sert à nous transporter d'un pays dans 
un autre -, et à traîner les- fardeaux- les plus pe- 
sans7 que la brebis, qui nous donne son lait et 
□oushabille-de sa laine? quelle chien, qnt garde 
nos maisons , et empêche les voleurs d'en- appro- 
cher? Au rester chaque animal a son utilitt! par* 
lîenliire , et cstdéutf d'une qualité qui le distin- 
gue de tous les autres. 

Emiiie.. — Ainsi, l'éléphant est le plus gros des 
animaux , et celui qui montre le plus distinct. 
Elisa.— 11 est bien viai que-l'éléphant est celui 

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a64 ENCTCLOPÉDIE 

de loos les animaux sans raison qui moDtre ie 
plus d^instinLt, je dirai m^me le plus d'intelli- 
gence} mais cenestpaslcplas gros. Pour parler 
avec justesse j il faut dire qu'il est le plus gros des 
quadrupèdes , comme l'autruche est le plus grands 
des oiseaux , et la baleine le plus grand des pois- 
sons? 

EuiLiE. — La baleine est donc bien graode? 

Elisa. — Oui , ma cbère, il y en a qui ont 
plus de cent pieds de long, et qui ressemblent à 
des lies flottantes. On en trouve beaucoup dans 
la mer du Mord , et au Groenland , o& les An- 
glais et les Hollandais vont en pocher tous 
les ans. 

ÂOLAÉ. — Je croyais qu'il j avait an poisson 
plus gros que la baleine ; c'est celui qui man^ 
des hommes tout entiers. 

Elisa. — Il s'en faut bien que ce poisson , ma 
chère , soit aussi gros que la baleine ; mais il est 
iufiniment plus fëroce , et sa gueule est si large , 
que l'on en a trour^ qui avaient dans le venire un 
homme tout entier. Ce poisson se nomme re- 
quin; il suit les vaisseaux , pour dëvorer les 
hommes qui tombent dans ta mer , ou les ca- 
davres que l'on y jette- Il est parmi les poîssoof 
ce que le tigre est parmi les quadrupèdes , le 
vautour parmi les oiseaux , et le serpent & son- 
nettes parmi les reptiles, et ce qu'un méchant 



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DES JEUNES DEMOISELLES. 265 

homme où une mécliante femme sont parmi leurs 
semblables. 

ÂLEZAKDBINE. .— VoilAua singulier serpent, 
que celui qui a de sonnettes ! est-ce que ces son- 
nettes foD t du brui t ? 

£1lisa- — Comme ce serpent , qui se trouve 
en Amérique, est très-gros et très -dangereux, 
la Providence , qui a voulu l'empêcher de faire 
tout le mal à quoi il est portt! par sa férocité , lui 
a donné une espèce de sonnettes^ dont le bruit 
pât avertir les hommes où les autres animaux 
qui se trouveraient dans son voisinage. Ces son- 
nettes sont placées à l'exteémité de sa queue , et 
sont composées de plusieurs petites écailles qui, 
venantà se heurter quand le serpent est en mou- 
vement , produisent un son assez semblable à ce- 
lui d*nne sonnette. 

BosAiiE. — J'aurais bien peur, si je rencon- 
trais un tel serpent; et vous avouerez qu'une 
bêle si dangereuse ne peut pas être comparée 
aux oiseaux , que j'aime tant ï 

Elisa. — Vous avez raison , ma chère Rosa- 
lie. Si j'étais en Amérique , où se trouve ce ser- 
pent , j'aimerais beaucoup mieux j voir 'ces 
diarmani petits oiseaox, nommés colibris , qui^ 
sont gros comme une petite noisette, et dont le 
plumage brille des couleurs les plus riches , les 
plus éclatantes et les plus variées. 

ÂOLAÉ. —'. Comment se &it-il qu'il ; ait des 

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256 ENCYCLOPliOJE 

animaux aussi hideux (]ue les scrpens , et auisi 
jolis que les colibris î aussi féroces que Us tigres, 
ot aussi doux que les poutons? 

Mad. Sophie. — C'est eu quoi nous devons 
admirer la sagesse de Dieu , qui a voulu établir 
dans la nature une iofînilé de contrastes pour 
nous apprendre qu'il peut Ëiire tout ce qu^Jl veui, 
et taire concourir à sa gloire tous les êtres les 
plus oppoiiés par leur caractère ou par leur forme; 
car il ne faut pas s'y tromper, sa touie-puissance 
brille d'un éclat aussi vif dans la structure du 
plus petit des animaux, que dans celle du plus 
grand; et l'insecte qui se cache sous l'herbe, ra- 
conte sa gloire, comme l'éléphant majestueux, 
ou comme l'aigle qui plane au-dessus des nuage* 

Aglax Élisa nous a bien parl^ des intiectei, 

jOitis ce n'a été qnVn passant , et sans nous dire 
quels animaux c'étaient. 

Ëlisa. —Les insectes sont de petits animaux, 
la plupart volans , dont les ailes sont recouvertes 
d'une écaille. On les appelle insectes, parce que 
leur corps est coupé en plusieurs parties, qui 
sont la tète, le corceltt, qui comprend la poi- 
trine , et le reste du corps , qui est composé d« 
l'estomac, du ventre et de la partie inférieure, 
comme dans les hannetons , les demoiselles , etc. 
Il y « d'autres insectes non ailés, et qui n'ont que 
des écailles, et d'autres tout composés d'anneaux 
et de jambes, comme tes cheaitles. 



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DES JEUNES DEMOISELLES. 2G7 

ÂGLAÉ. — Les vers de terre ne sont donc pas 
'<des insectes 7 

Élisa. — Non, madière , ce sont des reptiles; 
mais cet rcpiiles produisent un grand nombre 
d'insectes rolans dont plusieurs sont fort jolis. 

Paolihe. — Comment est-il possible que des 
vers de terre puissent produire des bêtes qui ont 
des ailes ? 

Elisa. — Rien n'est plus vrai , cependant ; et 
même les jolis papillons qui voltigent sur les 
roses , et auxquels on peut vous comparer , ne 
vous déplaise , nVtaient que des vers avant d'a- 
voir subi cellB charmante méiamorpliose. 

PAOLiifE. — Les petits des papillons ne sont 
donc que des vers ? 

Elisa. — Oni , ma chère} car les papillon^ 
font des ceufs , ainsi que les mouches, et de ces 
cenfs sortent des vers qui, a leur tour, devien- 
nent papillons. 

AtExAnDBiEiE. — Je ne comprends pas com- 
ment cela peut arriver. 

EiisA. — Si TOUS avez vn des vers à soie, il 
ne vous sera pas dîfScile de le comprendre. 

Alszabshine, — Je n'en ai jamais vu j aussi 
dtfsirerais-je apprendre quilque cliose de ce qui 
lee concerne. 

Mad. Sophie. — Stéphanie, qni est d*une 
province méridionale , où l'on en élève beaucoup, 
peut satisfaire votre curiosité à ce su^et, 

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2(>8 ENCYCLOPÉDIE 

Stephasie. — Les vers qui produisent la soie 
sortent de petits œufs qu'on tppeWe graine de 
vert à soie. Quond on les a &it éclore dans 
un appartement oi!i Ton entretient une douce cha- 
leur , on les place sur des feuilles de marier , que 
l'on a étendues sur une table , afin qu'ils puis- 
sent s'en nourrir. Quand ils sont devenus gros, 
on tapisse la cloison contre laquelle cette table 
est appuyée , avec de la bruyère , aux rameaux 
de laquelle on suspend des cornets de papier. 
Aussitôt que les yers aperçoivent cette bruyè», 
ils y montent tous , les uns après les autres, étea> 
dent leur soie le long de ses rameaux , et entrent 
dana les corneis , où ils font des coques de soie 
dans lesquels ils se renferment, et où ils ne cessent 
de produire cette précieuse matière que lorsqu'ils 
ont perdu toute espèce de mouvement, parl'efièt 
d'une croûte épaisse qui les a enveloppés. Quand 
ils sont dans cet état d'immobilité, 9n ouvre la 
coque ; d'où on les retire, pour s'en défaire os 
pour les conserver. Si onles conserve, on les voit 
au printemps sortir de la croûte qui leur servait 
d'enveloppe , en forme de gros papillons. 

Rosalie. — Pourquoi , madame , n'élève-t-on 
pas des vers à soie dans les environs de Paris? 

Mad. Sophie. -^ C'est parce qu'il n'y croit pat 
de mûriers, à cause de la température de ce pays- 
ci f qui est trop froide pour cetie sorte d'arbres. 

KosAxif. — Est'ce qu'il y a des arbres qui 



-,Googlc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 36^ 

croissent plutôt dans un pays que dans un autre? 

Mad. Sophie. — Sans doute , ma chère j 
rïiaque paya a des vége'tauT gui lui sont propres 
k cause de U différence des climats. Âin«i , la 
Provence produit des orangers et des citronniers; 
la Boui^ogne produit la vîgne,. qui ne saurait 
prospérer en Normandie, et celle- ci est fertile en 
une espèce de pommiers que l'on ne trouve point 
ailleurs. Mais je m'aperçois que ces observations 
nous ramènent au règne vëgétal , sur lequel ma^ 
demoiselle Stéphanie voudra bien nous entrete- 
nir un instant. 

Stéphanie. — L'inépuisable fécondité de la 
nature ne se montre pas avec moins d'éclat dans 
l'infinie variété des végétaux , que dans celle des 
animaux et des minéraux. Que de .plantt^s sont 
comprises entre l'hyssope et le cèdre du Liban 1 
en combien d'espèces et de &milles elles sout 
distribuées! Quelle étonnante gradation depuis la 
mousse imperceptible qui s'incruste sur le mar- 
bre, jusqu'au chêne audacieux qui affronte les ora- 
ges ! et de cette mousse aubrin d'herbe; quelle dis- 
tance et quel espace rempli par un nombre inlîni 
de plantes de toutes formes et de toutes proprié- 
tés ! Noos n'avons pasbesoin de sortir de ce jardin 
pour nous faire une idée des nombreuses familles 
du règne végétal , car on y trouve presque toutes 
les plantes les plus connues qui croissent dans les 
climats. Quanta celles des autres pays, oîinous 

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ayo. ENCYCLOPEDIE 

n'irons probablemeot jamais , elles nous intéres* 
sent peu , et nous en occuper , ce serait perdre 
notre temps en propos de pure curiositt^. 

ALEXANDRINS. — Il n'y a point de salle d'dtude 
que j'aime autant que le jardin ; quand je m'y 
promène, j'éprouve un scniîmeDtde plaisir que 
je ne saurais définir, et je vous avoue que j'y 
voudrais toujours rester. 

Stéphanie. — Vous avez raison, ma chère, 
de regarder ce jardin comme une salle d'éfude , 
car il y a peu de livres aussi instructifs que ce- 
lui de la nature , et d'une nature aussi belle que 
ceïlo que nous avons sous les yeux. Que de su- 
jets d'observations nous offrent ces arbres , ce) 
ei'bustes , ces arbrisseaux , ces fleurs , ces légu- 
mes , ces herbes , toutes ces plantes dont la ver- 
dure ou les couleurs enchantent nos regards ! 

Aglaé. — Quelle diflFërence y a-t-il , Stépha- 
nie , d'un arbre k un arbuste et à un arbrisseau? 

SiÉPHANiE. — La même différence qu'il y ■ 
entre un géant et un nain. Les arbres sont des 
végétaux gros et élevés , comme les maronnicn 
et les tilleuls de cette avenue; les arbustes sont 
de Cort peiits arbres , comme ces orangers, cet 
grenadiers , ces poiriers , au sommet desquels on 
leni aiieindre avec la main ; les arbrisseaux n'ont 
point de tronc, sont composés d'un plus grand 
nombre de petiles branches qui sortent de leur* 
racines , et se séparent près de la terre , comme 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 271 

ces lilas , cen rosiers , ces framboisiers , ces s-a- 
reaux , et ces buissons d'aubépine. 

AoLAi* — JVUts bien loin de connaître cette 
différence , car j'appelais arbre, un oranger , un 
citronnier. 

Stéphatiis. — C'est la faute que commettent 
un grand nombre de personnes , et rien n'est plus 
commun que d'entendre appeler <ir&rej , les ar- 
bustes et les arbrisseaux. 

ËLisA . -~ C'est ainsi que l'on confond souvent 
les herbages avec les Ivgumes. 

Stéphanie. — Oui , il n'est pas rare qu'on 
prenne l'uo pour l'autre , faute de savoir qu'il 
faut entendre par le mot légume , les graines qui 
croissent dans les jardins, et qui sont enfennéei 
dans des cowes; et par herbages , les plantes telles 
que les ^pinards , le serfeuil , le cresson , la lai- 
tue ; on appelle kortolages , celles qui ont une 
tige, ou des feuilles trés-durcs , comme les as- 
peines , les articliaux , elc. 

Emiiie. — C'e.st une cliose bien utile que de 
savoir tous ces noms. Je vous assure que je se- 
rais bien embarrassée s'il the fallait nommer quel- 
ques-unes des plantes de ce jardin. Où ayez-vous 
appris tout cela , mademoiselle 7 

Stépbanii. — C'est dans les (!l«mens de la bo- 
tanique que j'ai appris les noms des plantes , 
leyr structure et leuis différentes espèces. La bo- 
taniqtw , ina chère , est une science très-agr^- 

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273 EKCTCLOPEDIE 

hle , qai a pour objet tout ce qui conceroe les 
plantes , et qui offre à toutes les persouncs qui 
TÎvem à la campagne un moyen tr^s-eSîcace d'é- 
loigner l'ennui et de s'instruire en s'amusant. 

ËuiLiz. — Ainsi vous devez connaître toutes 
les parties dont les plantes sont composées? 

Stéphanie. — Oui , ma clière Emilie , j'ai 
appris à nommer tout ce qui entre dam la 
structure des plantes, principalement des fleurs, 
que i'aime beaucoup , et dont tous voyez ici un 
parterre que j'ai formé. 

Agiaé. — Voici une fleur jaune dont l'odeur 
est fort suave. 

Stéphanie. — Cette fleur se aomme jontpàlle, 
11 Y faut remarquer diS'érentes parties comme 
dans toutes les autres espaces de fleurs. La tige, 
qui supporte la fleur ; les ièuilles de la fleur, qui 
forment un cerle ; le calice, qui est l'espace coin- 
pris entre les feuilles et le centre de ce cercle, oi 
se trouve le pislîl et les éiamines , qui sont cctie 
poussière fine qui entoure les pistils. Vous re- 
marquerez les m^mes clioses dans les œillets, le) 
lis, les roses, les tulipes , etc. 

Aglaé.— J'ai toujours été embarrassée des* 
Toir pourquoi les fleurs ont des couleurs si belles 
et si variées , qu'aucune étoffe n'a autant d'éclat 
que la moindre fleur de ce jardin. 

SitPHAHiE. — Il est vrai , rien n'égale Féclet 
du coloris dçs fleurs j car c'est le soleil lui-même 

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DES JEUNES DEMOISELLES. 27^ 

qui, par ses rayons, principes des couleurs, leur 
donne cette parure , que les htnnroes ne pour- 
ront jamais imiter par&itement. Les fleurs peu- 
vent donc être appelées les lUles du soleil , et avec 
dfiutantplusderaison, que toutes celles qui oah' 
sent dans les pays froids sont languissantes et dé- 
colorées. 

- Alexandrins. —Voilà bien le soleil reconnu 
comme le père des iletu:s ; il reste k savoir quelle 
est leur mère. 

Mad. SoPBiE. — C'est, sans contredit, la terre 
qui les pousse hors de son sein , après avoir été 
échauffée par les rayons du soleil; mais je vois 
que cet astre va nous quitter , et qu'il est temps 
de retourner à nos occupations ordinaires. Ca au- 
tre jour , nous continuerons , dans ce jardiu , 
cotte intéressante conversation. 



XXXI* CONVERSATION. 

Mad . ELISABETH , JOSÉPHINE , HORTEN SE , 
AIXXAMDHINE, EMILIE, PAULINE. 

niad. Elisabeth. — Vous devez maînteuant 
être bien convaincue , Alexaudrine, 4^ lanéçe^- 
«té d'apprendre l'Histoire romaiue , par l'embar- 
ras UumiliantoÙTOuS vous trouvâtes hiejtnquand 



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.?74 ENCYCLOPEDIE 

votre maman tous demanda si tous saviez l'his- 
toire de Lucrèce. 

ÂLEz&NSRiNE. — Si maman avait su que nous 
n'étions pas si avancées ,. elle ne m'aurait pas as- 
surément fait celts quesiion. Au reste, je vous 
promets , madame, de faire ensorte , par mon 
attention , de satisfaire à toutes les questions 
qne maman me fera à l'avenir. 

Mad. EtisABETH Je compte sur votre pa- 
role , ma chère. Joséphine , continuez l'Histoire 
romaine. 

Joséphine. — Tarquio eut un £ls qui ne lui 
rcsscmltla pâs , et que son orgueil ât surnommer 
le Supeibe. L'outrage qu'il fit à nue dame ro- 
maine, nommée Lucrèce, qui se poignarda eu- 
suite , excita contre lui l'indignation du peuple 
romain, qui, h l'instigation deBrulus,1e cliossa 
de Rome , déclara la royauté aliolie , et fonda la 
république romaine, dont le gouvernement fut 
confié à deux consuls. Tarquin se retira chez 
Porsenna, roi d'Etrurie. d'ofi il chercha toujours 
à exciter des mouvemens séditieux dans la ville • 
de Rome. Ce fut sur ces entrefaites que les deux 
fils de Brutus, qui avait été nommé consul, ayant 
é\é convaincus d'entretenir des intelligences avec 
ce monarque fugitif, furent condamnés à mort 
par leur père , qui fut présent à leur exécution. 
■ AlexÀhdbinb. — O Dieu I quelle horreur I 
Comment un p^re pouTsit-il être assez barbare, 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 2^5 

assez dénature pour faire mourir ses enfans , et 
assister à leur supplice ? 

Mad. Elisabeth. — Cette conduite de Bru* 
tus a pourtout trouTé des apologistes , dont les 
raisons n'empêchent pas les honnêtes gens de la 
regarder comme ane atrocité qui révolte la na- 
ture. Si l'histoire romaine ne renfei'mait que des 
traits eemblahles, elle ne mériterait dVtre lue 
que par les bourreaux et leurs valets. Heureûso- 
ment on y trouve tant de belles actions et dé st 
grands caractères, que l'on pardonne aisément ' 
k la république romaine d'avoir été fondée par 
un homme tel que Brutos, eu faveur des illus- 
tres personnages qu'elle a produits. J'espère, Jo- 
séphine, que vous nous fei'ez connaître ces per- 
sonnages et leurs actions. 

JosÉPHiNi. — La guerre que Porscnna, roi 
d'Etrarie , fit aux Romains , pour venger l'af- 
front de Tarquin, donna lieu à l'action héroique 
d'Horati us 'Codés , qui soutint se:il, à l'cnlréc 
d'un pont de bois , tout l'efFort de l'.irmée cnnc- 
, mie, jusqu'à cfe que ce font eût été rompu par 
derrière, se jeta ensuite dans le Tibre j et re- 
gagna, sain et sauf, le camp des Romains. Je no 
sais si je dois parler de l'aitentst et de l'intfépi- 
dité lie Mutius-Scœvola j qui s'étant rendu au- 
près de Porsentia pour l'assassitief , et ayant tué 
le seccétaiic de ce motiarque à qui il en vpu lait 



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37^ ENCTCLOPÉDIE 

mit sa main droite dans le feu «t la brûla , por-r 
la punir de s'être trompée. 

. Mad. Elisabeth. — VoiU encore un trait quî 
a ^t^ et qui est encore loué par beaucoup de per- 
sonnes, et qui me parait au contraire extrême- 
ment condamnable. En effets qu'.st-ce autre 
chose que l'action de Scœvola, qu'un lâche as- 
sassinat ? et que penserait-on d'un soldat Français 
qui quitterait son poste pour aller poignarder un 
roi ennemi , au moment où il ne s'y attendrait 
pas? Qu9 j'aime bien mieux la conduite de Ca- 
mille , gënrfral de l'armée romaine , dans la guerre 
contre les Falisques! Joséphine, récitez - nous 
-cet éTéoement. 

Joséphine. — La guerre contre Porsennane 
fut pas la seule que les Romains .eurent k soute- 
nir. Ils combattirent successivement contre les 
Latins, les Voisques, les Veïens et les Falis- 
ques, dont la ville capitale, i^a^re , fut assié- 
gée par l'illustre Camille. C» fut pendant ce 
siège que ce ^e'néral fit un acte bien remarqua- 
ble de grandeur d'âme et de-générosité. , 

Le maUre d'école de Falère s'avisa de con- 
duire au camp dea Bomaius les enfâus qiï'il était 
chargé d'instruire , espérant qu'ils lui sauraient 
boAglédc cette trahison, "et lui donneraient une 
récompense; mais C4mîlle, aj'ant horreur de 



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DES JEUNES DEMOISELLES- S77 

cette lâclietë> le renvoya dans la ville, aprè« 
l'avoir abandonné à la discrétion de ses élèves. 

Houtehse, — Je Tondrais bien savoir quelle 
ponitioD ils lui infligèrent ? * 

Stéphanie. — 3e pense qu'ils le battirent de 
verges. 

Pauline. — Je n'aime point nn châtiment 
exercé par des élèves contre leur maître , quet- 
qae tort qu'il puiise avoir envers eux. Il aurait 
été , je pense , beaucoup plui convenable et plua 
dccenc , que les Falisques l'eussent puni enx- 
mêmes. 

Mad. ËLTSABSTH. — Vous avez bien raison , 
Pauline ; mais le général- romain n'y regardait 
pas de si près , et il trouvait peut-être conforme 
à la justice de faire punir un traître, par ceux-là 
même qu'il avait trahis. Joséphine, contiauei. 

Jos:iPHi»K. — En sortant de cette guerre , qui 
finit par la pais , les Romains furent attaqués par 
les Gaulois , qui prirent la ville de Rome et la 
réduisirei4 en cendre; mais attaqués à leur tour, 
pur Manlîus-Torquatus , qui s'était maintenu au 
Capitule , et ensuite par Camille , que l'on avait 
rappelé d'un injuste exil auquel il avait été con- 
damné, ils furent vaincus plusieurs fois , et con^ 
traints de quitter l'Italie. A la guerre des Gai>- 
lois , succéda celle des Samnites , qui dnre ciiv- 
quante ans j et âait très-beureusement pour les 
Romains. Ensuite commença la guerre contre les 



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370 ENCTCLOPEDIE 

Lalins , où Manlius, géaëral des Komaiiis , con- 
damna son fils à mort , pour avoir combattu 
sans son ordre, quoiqu'il revint victorieux , et où 
D<!cius se dévoua pour sa patrie , en se jetant au 
milieu des ennemis , dans le plus grand feu du 
combat. Un ennemi , bien dangereux par ses ta- 
Icns et par son courage, Pirrhus, roi d'Êpirc, 
fit ensuite trembler ces mêmes Romains , la ter- 
reur de tous les peuples d'Italie ; mats après deux 
victoires , cl autant de défeites , voyant qu'il lui 
était impossible de se soutenir eu Italie , il se re- 
tira , pour aller faire la guerre à d'autres peuples, 
et mourir ensuite d'un coup de tuile. 

Alexandrins. — Il fallait que les Romains 
eussent de bons généraux pour soutenir tant de 
guerres , et résister à tant d'ennemis. 

Mad. Elisabeth. -^ Cette époque est le bean 
tsmps de la république romaine , qui ne comp- 
laît alors que des magistrats et des citoyens ver< 
tueuz. Comment aurait-elle succombé avec de< 
soldats qui mettaient nu premier rang de léuTS 
devoirs , celui de défendre la patrie et de mourir 
pour elle? Avec des géuérauX tels que Cincin- 
natus , Curius , Fabricius , que l'on allait cber- 
cli^r sous le cliaume pour commander les armées , 
et qui, après la victoire^ revenaient à leur chau- 
mière , et de leurs mains triomphantes , condui- 
saient la cbarrue^ Le régné' de ta vertu sub- 
sista encore à Rome dans toute ia pureté et dûiis 



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DES JKCNES DEMOISELLES. 3-^ç) 

tout soa éclat, jusqu'à la ruine de Cartliigo, sa 
rWale , coulre qui elle eut trois guerres à soute- 
nir , dans la première desquelles Âttilius Rf'gulua 
montra , par un li<!roïsrae devenu célèbre . lo rcs* 
pect dont il étnît péne'tré pour la religion du ser- 
ment. Dites-nous , Joséphine , ce que vous savos 
au sujet de Régiilus. 

JostPHiNE. — Âttilius R(!gulus, général ro- 
main , ëtant venu mettre le siège devant la villa 
de Carthage, fut vaincu par Xantipe, géoérol 
lacédémonicn , qui éiait venu au secours de In 
ville , ei tomba entre les mains det canemîs , qui 
]e firent prisonnier, Âprt^s quelques années de 
captivité , il fut envoyé à Rome pour traiter do 
la rançon et de l'écbange des prisonniers, avec 
promesse de revenir, s'il ne réussissait pas dan» 
cette négociation auprès du Sénat romain. Au 
lieu d^cDgager le Sénat à faire ce que \e* Cartba- 
ginois demandaient, ce grand homme, qui savait 
bien que les supplices l'attendaient à son retour, 
mît en usage toutes les ressources de l'éloquence 
pour le détourner d'un traité qui était désavan- 
tageux à sa patrie. Quaiid il eut obtenu ce qu'il 
voulait, il retourna k Carthage , pour ne point 
manquer à sa parole , malgré les larmes de sa 
femme et de ses enfans, et tous les efforts que aca 
am is fient pour le retenir. Les ennemis qui au- 
raient dû adI^ire^ sa bonne foi et son courage , 
se conduisirent , à son égard , avec plus de féro- 



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a8o ENCYCLOPÉDIE 

ciM que n'aurait &it un peuple sauvage , car ils 
renfermèrent dans an tonneau hérissé en dedlan! 
de pointes de fer , qu'ib firent rouler jusqn'i ce 
qae Riîgulus eût péri. 

HoaTEMSB. — Est-ce que Régulus n'aurait pas 
pQ se dispenser de retourner à Cartbage ? 

Mad. Elisabeth. — Non , ma chère, puisqu'il 
avait engagé sa parole, que la conscience et l'hon- 
neur lui faisaient un devoir de tenir. Ce qu'il j 
a d'admirable dans la conduite de Béguins , c'est 
qn'il savait bien qu'il avait alTaire à un ennemi 
féroce et peu scrupuleux sur la bonne foi, et que 
■es concitoyens ne lui feraient aucun reproclte 
•'il manquait k sa promesse \ mais il voulut don- ' 
ner on grand exemple aux Komains , et leur ap> 
. prendre que rien au monde ne doit porter un 
homme d'honneur à violer ses eogagemens. Ce- 
pendant, la conduite des Carthaginois ne de- 
meura pas impunie , ei quelque temps après , les 
Bomains vengèrent , d'une manière bien écla- 
tante , la mort de Régnlus. 

Jogephiuk. — Les Bomains eurent encore deux 
guerres , après celle-ci , à soutenir contre les 
Carthaginois. Dans la seconde^ Ânnibal , un det 
[dus grands généraux qui aient jamais existé, 
s'avança en Italie, après avoir soumis l'Espagne, 
défit les Romains dans plusieurs batailles^ dont la 
pins meurtrière lut celle de Cannes, qui lui oo- 
yrait les portes de Bomc , s'il avait su profiter d« 



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DES JEUNES DEMOISELLES. aSi 

ta victoire. Mais, ayant niis ses troupes en quar- 
Uer dliîver dans la ville de Capoue, elles s'amol- 
lirent tellement par les plaisirs de celte grande 
ville , qu'Annibal ne put pins rien entreprendre 
contre les armifes romaines. II fut obligé, aprèit 
la dt^Faite de son frère , de repasser en Afrique, 
pour s'opposer au jeune Scïpion, qui y avait porttf 
la guerre ; mais la fortune l'avait abandonné , et 
une seule bataillé snSît poor soumettre l'orgueil- 
leuse Carthage , qui , ayant voulu remuer quel- 
ques années après , fiil prise par un autre Sci- 
pion, et détruite de fond en comble. On appelle 
cette dt^nière guerre de Rome contre Carthage , 
la troisième guerre punique. 

Mad, Elisaseth. ^ IVe ferez-vous point , 
Joséphine , quelques courtes réflexions sur la 
ruine de Carthage î 

Joséphine. — Comme les Carihaginoîs étaient 
nn peuple sans honneur et sans bonne foi , et qui 
se jouaient des traités , on doit regarder la des- 
truction de leur ville comme une punition du 
ciel, qui ne laisse jamais le parjure impuni; mais 
il faut convenir, avec tous les historiens, que 
la ruine de Carthage est l'époque d'un changs- 
ment notable dans les mœurs des Romains , qui, 
n'ayant plus de rivaux, perdirent peu à peu les 
vertus austères qui;les avaient fait triompher , et 
s'enflèrent d'un tel orgueil, que bientôt ils ne 
voulurent plus qu'aucun prince régnât sans leur 

u,:,-,zf--„GoOglc 



a82 ENCYCLOPÉDIE 

porraission. C'est ce funeste orgueil de l'ambi- 
tion qui souleva contre eux tous les peuples , et 
leur suscita , en Afrique et eu Asie , des ennemis 
irréconciliables, qui leur yendît^ut liicn clier 
leur vie ou leur liberté. 

Paolire. — Est-ce qu'après la ruine do Car- 
tilage , et pendant les guerres étrangères' qu'elle 
eut à soutenir , Rome ne compta plus de grands 
liommes 7 

Mad. EusABEiH. — Elle en produisit beau- 
coup, mais d'un caractère diSt^rent de celui des 
Romains qui l'avaient illustrée jusqu'à celte 
<!poque. Les premiers avaient brillé , autant )^r 
leur morale que par leurs vertus guerrières, et 
les seconds se montrèrent plus grands hommes 
de guerre que citoyens vertueux, eu exceptant 
toutefois les deux Caton , dont le premier , sur- 
nommé le censeur, offrit, en sa personne, toute 
la rigidité des anciennes mœurs j le second, tout 
le fanatisme de la liberté. Cicéron montra aussi, 
sur le déclin de la république , de grandes quali- 
tés réunies aux plus grands talens, et il ne dé- 
pendit pas de lui que la république ne recouvrât 
son ancienne gloire domestique , malgré toute la 
puissance quelle avait acquise au -deliors. lo- 
sépliiue , dites-nous les noms, et faites-nous le 
portrait des illustres Romains qui, depuis la ruine 
de Cartilage jusqu'à la cbute de la république, 
se rendirent célèbres par leots grandes actions. 

u,:,-,zf--„GoOg[c 



DES JEUNES DEMOISELLES. 383 

JosÉPHiNS. ~' Paul-Emile vainquit et fit pri> 
«onDÎer Pers^ , roi de Macédoine, et le'lit ser- 
vît d'ornement à son triomphe ; ScipioD l'Emi- 
lien prit Numancc , forte ville d'Espagne , après 
un fiiége de dix ans , et la rasa entièrement ; Ma- 
rius , sorti 4e la lie du peuple , s'éleva par ses ta* 
lens au consulat et au commandement des armées ; 
vainquit et déGt entièrement une armée innom- 
brable de barbares, nommés Cimbres et Teutons, 
qui menaçaient l'Italie d'une invasion : mais ce 
grand capitaine , furieux de ce que Sylla lui eAt 
ëtë préféré pour commander l'armée romaine 
contre Mytbridâte , roi de Pont , profila de Vab- 
sence de ce général pour faire one irrnptioii dans 
Borne, où il massacra tous les partisans de Sylla, 
et s'empara du consulat. Sylla vainquit Milhrî- 
daic, et reconquit toute l'Asie mineure. Après 
cette briUaute expédition, il ramena à Rome son 
armtfe victorieuse; il proscrivit tous ceux du parti 
de Marins, rempliil'Italie de meurtres et de car- 
nage, et passa lereste de sa vie dans la tranquillité 
et l'état de simple particulier. Lucullus, le plus 
fastueux des Romains , vainquît une seconde fois 
Mythrîdate , qui avait mis de nouvelles troupes 
sur pied. Pompée, qui mérita le surnom de 
Grand, remplaça Lucullus, chassa Mythrîdate de 
ses états, s'empara de la Syrie et de la Judée , et 
forma ensuite un triumvirat avec César et Cras- 



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a84 ENCYCtOPÉDlE 

Bas. Cîcéron , te plus grand des orateurs , et coii' 
sol, mërita d'être appelé père de la patrie, pour 
avoir découvert la coujuration de CatîlÏDa, dont 
il fit punir les complices. Crassus, triumvîi, 
dont les richesses étaient immenses , fut vaincn, 
et tué par les Parités , bui s'emparèrent des ai- 
gles romaines. César, que son ambition emp^he 
d'être regardé cbrome le plus grand de tous les 
hommes, s'unit avec Pompée et Crassus , pour 
asservir sa patrie, fit la conquête des Gaules et 
de l'Angleterre , et battit les Allemands; revint 
à Rome , d'où Pompée s'enfuit avec un grand 
nombre de sénateurs; ce qui donna lien h la ba- 
taille de Pbarsate, où Pompée, vainca par Cé- 
sar , fut obligé de s'enfuir en Egypte , dont le 
roi le fit mourir. Enâé de' cette victoire , qui le 
débarrassait du plus dangereux de ses ennemis , 
César s'empara de toute l'autorité, et voulut se 
faire déclarer roi avant de marcher contre les 
Parthes , pour réparer l'afii-ont fait aux armes ro- 
maines , par la dé&ite de Crassus ; mais il fut 
assassiné en plein sénat , de ving-trois coups àe 
poignard. Après la mort de César , Octave , son 
fils adoplif , Antoine et Lépide , formèrent un 
autre triumvirat pour venger la mort de ce grand 
homme. Ce fut alors que Cicéron fut massacré, 
et que trois cents sénateurs furent proscrits avec 
deux mille chevaliers. Brutns , l'un des prïnci- 



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DES JEUNES DEMOISELLES. 285 

paux meurtriers de Cësar, qai s'ëuit associé avec 
UD autre nommé Cassius, battu à Pbilippes , se 
doDoa la mort. 

Pauline. — 11 iàut convenir que Brutus est 
un nom bien malheureux. Le premier qui le 
porta fit mourir ses deux fils , et le second fut as- 
sassin , et se tua lui-même. 

JosÉFHiHE. — Après la bataille de Philîppes , 
Antoine , Octave et Lépide se partagèrent toutes 
les conquêtes des Romains: mats leur union ne 
dura pas long-temps. Lépide , qui voulait la Si- 
cile , fut battu par Octave , et relégué dans une 
petite villa du Latium , et Antoine , qui , à cause 
de sa liaison avec Cléopâtre , reine d'Egypte , 
avait été déclaré par le sénat ennemi du peuplé 
romain , Ait vaincu par Octave, k la célèbre bi>- 
taille d'Actium , après laquelle il se retira en 
Egypte, où il se donna la mort. Après cette vic- 
toire , Octave se trouva le maître de toutes les 
provinces conquises par les armées romaines j 
Rome lui tendit les bras , et , sous le nom d'Au- 
guste, et avec le titre d'empereur, il commença 
une monarchie qui s'étendait sur presque tout 
l'univers connu. 

Mad. Elisabbtb. — Je suis satisfaite , José- 
phine , de la précision avec laquelle vous nous 
avez fait connaître cette partie de l'Histoire ro- 
maJbe , qui s'étend depuis la ruine de Carthage 
jusqu'au règile d'Auguste. Vous savez mainte- 

u,:,-,zf--„GoOglc 



a8<î ENCTCLOPÉDIE 

naiit , mesdemoiselles, qu'il u'y avait plos alors 
(tans le monde qu'un seul empire , car toutes let 
monarchies s'y <!taient englouties comme âansua 
Tatite et profond abîme. C'est ainsi que la pro- 
phétie de Daniel , au sujet de la statue de Na- 
buchodonosor , s'est accomplie à la lettre. Ha» 
cette immense monarchie des Bomains devut 
ausii avoir un terme , et c'est an royaume spiri. 
tuel du fils de Dieu qu'elle a fait place j rojaume 
qui s'éteud aujourd'hui surtout l'univers, pour 
ne jamais finir. 



XXXU- CONVERSATION. 

I 
Mad. SOPHIE, ÉLIZA, EMILIE, JUUE, 
STÉPHANIE, HORTEKSE, PAULINE. 

Mad.' Sophie. — Je viens d'apprendre , mei- 
demoïselles , avec quelle prt^sence d'esprit et 
quelle briévetë Joséphine a nfcité les principaui 
faits de l'Histoire romaine; madame Elisabeth 
en a été si enchantée , qu'elle a écrit sut-Ie-chanjp 
à sa maman , pour lui faire part des progrés de 
■a fille. Seriez-vouB capable , Emilie, d'en taice 
autant pour l'Histoire Sainte? 

Ëhilie. — Je vais essayer , mitdame , et j'es- 
père que TOUS serez content^ de ma manière, 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEimSS DEMOISELLES- 387 

comme madame ÉliMbeth !'& été de oeOe de J»: 
■ëpbinej 

AprÂs que les dotue tribus «e iiirmt rénnict 
«ms la domination de David , ce prince se rendit 
maître de ïéniealem , qu'il fit la capitale de *on 
royaume, et où il fit transporter l'Arche d'al- 
liance peur la déposer dans un superbe temple , 
dont ta cQostriKtioiL était réservée à son fils Sa- 
lomon. Ce prince , qne Dieu avait choisi entre 
■eafi^es pour le faire roi , et à qui il avait donné 
un cceur pleia de zèle et de droiture , montra 
bientôt > par sa conduite dans une circonstance , 
combien l'homme est &ible quand Dieu ne le 
soutient pas. Ay^ant aperçu de sou palaît une 
/«mme nommé Betsabé , qui se baignait , il la 
fit venir j et après avoir offisnsé Dieu avec elle , 
il se défit de son mari , qui était un de tes plus 
fidèles serviteur». Pourlepanîr , Dieu permitqu* 
ion fils Absalon se révoltdt contre lui , et le con- 
traignît de sortir de Jérusalem. Mais David ayait 

- iléchi sa colère par ses larmes et sa pénitence , il 
rentra dons son royaume , où il composa ces ma- 

• gflifiques pseaumes que l'on chante chaque jour 
dans les^liaes. 

Eltsa. — Je ne croyais pas que tousccspscau- 
mes «ussent été composés par David. 

Mad. Sophie. — ^Vous avez raison, ma chère 
Éï'aa. David ne les a pas tous composés ; car il 
y eu a qui «ont des cantiques de Aloïse , ei d'an- 



*8a EWCTtiLOPÉDlB 

fries'^urne ^tent ^h6 de la- ca^inté de Baby 
lone: mais comme David en a composé ie filas 
£giauid;DbtBl»e,-tAs^dtlo»iItui>Ki à ies (uAlier 



ÉmiiiB. — âalemon ^i «uoo^âa 'Jk'Bavid , son 
-pèèe, fit bâtir le magnifique temple doitt oeki- 
ciavaitfbrmé leprojct.'Ce^emple &t r«n des 
plus beaux et des ^as ci'chtBonTïlages de l'uni- 
Ters. La dédicBCW en iluraquioieiours , pendant 
iesqaéls Dieu meuifosta sa prëdencrpar nneuu^e 
qui distilla une roiée sur les luâiib des aacrîfioa' 
tnirs , et par wt &u 4]»i «onsuma eutiéFement 
lies Yiotimès.âaUlRiab y ^atntffMttraiwfôrer , arec 
ila^laspaiiipenaé-sotemidtrf-T-ràVcWd'iAliaDeeet 
le tabamaBlejetilaT- demeurèrent fAsqu^àoeqne 
StAuehodonoGor, ayant 'pris ïiétwaleni , & aussi 
brûler lefen^le. Salomon jdïgoe^ls'deaeii-pâ-e 
tBarid , demanda la ea^me à Dieu , et il derinl 
kflus sage des hommes, conune leplus riefae 
et le pbu^orieuK des^monanjucs. Le bruit de 
■a m^ntfieenee' et de sa sages» se répandit par 
toute la terra, e^tiBeg^an'dereine, nommée Saba, 
TÎntà Jérusalem des extrémités de t'Ârabiç , pour 
s'assurer de la vérité des merveilles que l'on ra- 
contait deSalomou. 

Paolihb. — Un jour que j'étais avec ma- 
. oiàn dtmf -la galerie du Musée, elle me lit voir 
un tablkau qui représentait le Jugement de Sa- 
lomon j mais comme il gavait beapcei^ dt 



-,Googlc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 289 

monde, elle n'eut pas le temps de m'ézpliquer U 
sujet de ce talilcan, 

EuiUE — Je vais vous l'expliquer, Deus fem- 
mes se dispulaient la propritfté d'un enfant Corn* 
me elles meltaîent beaucoup de clialcur dans 
leurs récIamatioDS , Salotnon , pour trouver la 
\éiilable mère , ordonna que Tenfant serait par- 
tage on deux parues, dout cliacune de ces femmes 
en aurait une. La fausse mère consentit bien à 
l'exiîcution de ce jugement , mais la vAitaLle 
aima micnx lui ci^dcr son enfant , que de le voir 
mettre en pièces ; et Salomou , «éclairé i>ar la na- 
ture elie-même, qui partait an cœur de celle 
femme, ordonna qnc t'eufantlui serait remis. 

Malheureusement, la Un de la vie de Salomon 
ne répondit pas à ses commoncemens , car ce 
priuce , enivré de soï prospérités, oublia son 
Dieu , pour se livrer à des voluptés criminelles , 
et au culte des fausses di^^tiitt's , et nous no 
lisons point qu'il ait fait pi^nitence ayant sa 
mort. 

Stéphanie, — Il fautconvcnir que celte ^utb 
de Solomon est uu exemple bion terrible 3c la 
Iragîlilé humaine. H(;ias! pouvons-nous cspfîrer' 
de nos propres torces , nous qui sommes de» 
créatures si imparfaites , si des colonnes aussi' 
fermes que Davidet Salomon ont été renversées! ' 

Mad, Sophie. — 11 est vrai j el comme nous 
ne sommes , disent àea auteurs pleins de piété', 
i3 

u,:,-,zf--„GoOglc 



590- ENCYCLOPÉDIE 

quelque Verlueiix que nous soyons, iiî plus fcrts 
que David > ni plus sages que Salomon , nous ne 
dBVODS rîcD présumer de nous-m^mes , et la 
suite seule des occasions , ainsi qu'une grande vi- 
gilance à remplir nos devoirs, peuvent seules 
nous cmpêcUer de lombei' dnus les mêmes pré- 
varications. Emilie , reprenez le fil de votre na^ 
ration. 

Emilie:. ^ Après la mort de Salomoa , Dieu 
permit, pour la punition de ce prince inSdèle, 
que dix tribus se séparassent des deus autres, 
qui restèrent sous l'obe'issance de Roboam', son 
successeur. Ces dix tribus formèrent le royaumâ 
de Soraarie , où le culte du vrai Dieu fut aban- 
donn<î pour celui des idoles. Après Roboam, 
Àbias , son tîls , qu! imita son idolâtrie , posséda 
le royaume de Juda ; mais. Aza , successeur de 
celui-ci , fut un prince rempli de sagesse et de 
vertu. De tous les rois idolâtres qui régnèrent à 
Samarie , Acliab fut le plus célcbre par son im- 
piété. Il avait une très-méchante femme , non^ 
mée Jczabel , qui l'engagea à faire mourir un pau- 
vre kbmiBe , nommé Naboth , pour avoir le pe- 
tit bien dont il avait hérité de ses pères. Mail 
Sieu^ qui est le protecteur du pauvre, lui fit dire 
par le prophète Klie , qu'il périrait misérablo- 
ment avec toute sa race , et que sa criminelle 
épouse serait mangée des chiens. Cette prédic- 
tion ne larda pas à se vérifier \ Âchob fut percé 

u,:,-,zf--„GoOglc 



DES JEUNES DEMOISELLES. 2f)i 

d'une flèclic , dons un combat contre Josapliat , 
roi de Juda ; Jéza1>cl , jeWe par les fenêtres do 
son palais , par l'ordre de Jéliu , fut dévorde par 
les chicnsj et ce Je'lm, devenu maître du royaume 
de SamarJe , s'appliijua eusuiie k exterminer 
toute la race d'Achab. 

HoRTENsi. — Emilie a parlé du prophète Elie ; 
je voudrais biea savoir ce «jue signifie ce mot 
prophète. 

Mad. Sopnia. — Un prophète est une homme 
îuspiré de Dieu pour prédire l'avenir; il y en eut 
beaucoup dans les deux royaumes de Juda et ds 
Samarte. Leurs fooctions consistaient à annoit* 
cer hautement les menaces de Dieu , à reprendre 
lierdimcnt les crimes des peuples et des l'oîs , et 
à confirmer, par de grauds miracles, la vérité de 
leur mission. 

Stéfhahib. — Emilie vîentde me dire à voix 
basse qu'elle serait très-cmbaiTassée d'achever 
l'Histoire Sainte, comme vous le désirez; si vou» 
le trouvez bon , je prendrai sa place , et je ferai 
mes elForts pour satisfaire à votre attente , et à 
celle de mes compagnes. 

Mad. SopHis. — Xene doute point, SlépliAiie, 

de votre zèleni de vos lumières, et je pense qua 

ces demoîseïlcs tic feront que gagner , ne d«p1aîs« 

à Emilie j i l'instruction que vous lear ferez. 

Stéphakie. — Les ro'is de Samaric ne furent 

u,:,-,zf--„GoOglc 



»gi ENCYCLOPEDIE 

pas les seuls qui s'abandounèrent Ba culte de* 
Élusses diviuitifs. La plupart des rois de Juda se 
distluguèmit par leurs crimes et leur impiété. 
Tels furent, entr'nutces, Manassi^s, qui, en pu- 
nition de sou impiote, fut mené captif à hahj- 
lone, où il se convertit, lut rétabli sur son trône, 
et mourut saintement; Amon, qui imita sob 
péie danii son impiété, et noa dans sa pénitence; 
Sédécias gui fut emmené avec tout le peuple en 
captivité à Babytone , et fut le dernier des rois, 
tiais de tous les rois de Juda , le plus venueux 
et ]e plus saint après David, fut le roi Ezéchiios. 
Sous son r^gne, Sennachérib étant venu assiéger 
la ville de Wrusalcm , se vantait que le Dieu dca 
JutË) ne pouvait délivrer cette ^HIq de sa puis- 
sance j mais le propliéic Isa'ie vint rassurer Ezé. 
cbias , et lui prédit que l'ennemi serait en peu de 
temps obligé de lever le siège. En effet , la nuît 
suivante , un ange extermina cent quatre vingt- 
cinq mille bomnies de l'armée de Senoaehécib , 
qui fut contraint de retonrner à Nioive. 

Après la mort d'Ezéchias , son fils Monassâi , 
dont j'ai parlé , monta sur le tiône de Juda. Ce 
prince , bien diiTérent de. son pcre , se livra tout 
enti«r à l'idolâtrie, et fit scier en deux le pro- 
pliâie Isaïe qui le reprenait de son impiété. Mai* 
Dieu le punit en permettant qu'il fût conduit cap* 
tif à Babylone et enferma dans uite étroite pri- 
son , où il adressa au pieu, de ses pères uns 



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i)ÊS JÉUKES DEMOISELLES. SgS 

prière remplie de beaux sentîmens de péniteacd 
qui In! méi'i turent d'ctre rétabli sur son trône. 

Josias fut le seul des deicendnn.s de ManasscS 
qm donna des marques de sa piétL'. Après lui , 
JoacTiim , J^chonias , et Sédtcia's furent vaiacui 
et emmenés captifs par Nahucbodouosor qui leur 
rendit toujours leur trône; mais qui , fatigua en* 
fin de leurs -révoltes continuelles et de leur per- 
fidie, revint, sousla règne de S<!dc'cias, assîc'gef 
Jénisalem , s'en rendit maHrc , en Gt raser les 
jnurailles, brilla le temple et le reste de la -ville, 
fit mourir en sa pr»!sence les en^ns et les parCTiS 
de Sédécias , à qui il fit crever les yeux , et qu'il 
enchaîna avec les autres captifs pour le conduîr» 
i Babylone. Telle fut la fin du royaume de 3u- 
da , après avoir subsiste quatre cent quatre-vingt' 
sept ans, soos vingt-trois rois. Quant au royaumâ 
de Samario , il avait dte dcjà détruit par Saloia- 
nasar , rcl d^Âssyrie , qui ayant pris la ville de 
Samarie , aprds tin sie'gc de trois ans , où les ha- 
bilaus endurèrent toutes les horreurs de la fa- 
mine , fit mettre le roi aux fersj et dispersa les 
dix tribus dans toute l'iîtendue do son empire, où 
elles furent tellement confondues, qu'il n'ea resta 
plas aucune trace. 

Pauline. — Quelle dcïsolatton , madcme ! 
Comment le peuple que Dieu sVtail choisi , a-t- 
il pu devenir aussi malheureux , ei l'esclave des 



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294 ENCYCLOPEDIE 

nations qui adoraient des idoles? Où sont les pro- 
messes que Dieu lui avait failcs ? 

Mad. Sophie — Le peuple juif, ma cliî're , 
avail bien mérité son malheur , par ses conti- 
nuelles prévarications et sa longue ingratitude ; 
mais le Seigneur , en le frappant par la main des 
infidèles , avait encore les yèu\ sur lui ; il ne l'a- 
vait point abandonné, ci n'avait IÎïï; qu'à sftixante- 
âix ans le terme de son châtiment et de sa capti' 
vite. 

lïoaiEKSE. . — K"est-ce point dans ce temps-là, 
qu'arriva l'aventure d'Estlier , dont j'ai entendu 
quel quefots parler ? 

Mad. Sophie. Il ne faut poilit , ma cWre , 
se servir, en parlant des événemens de l'Hibtoice 
Sainte , du mol aventure, qui est un mot tout 
proiane , et ne s'applique qu'à des évcneoiens 
supposés et sans iiiliîrèt. Raconicz-nous, Stépha- 
nie, le plus britvement que vous le pourrez, 
l'histoire d'Eslher, 

Stéphakie. — Dans le tontps de la cnptivil^ 
des Juifs à Babylone , im roi de cet eaipîre , qui 
se nommait Assuérus , répudia sa femme nom- 
mée Vastlii, et'fii cherclior une fille pncmi les 
plus belles de ses états , pour en faire son époutc. 
Il y avait parmi les Juifs un liomme nomtoc 
Mardocht'e, qui observait lîdèlcmenl la loi du 
Seigneur j il avait une nièce nommée Est'ier, 



DES JEUNES DEMOISELLES. 2()5 

parfbitcmeni belle, qui plot tellement au roi, 
quand elle lui fut priisentée, qu'il la fit reine snr- 
le-cliamp, E.sllicr, sur le tr^ue, rose laissa point 
ëblouir par la uiagninccnce de ce haut rang, et 
elletie faisaitau contraire que soupirer en voyant 
l'élat d'iinmtliation où ses compatriotes (étaient 
réduits. 

Assuérns avait un favori nomme Aman , fort 
m^hant liomme , et qui avait un orgueil insup- 
portable. Cet homme, devant lequel MardocWe, 
qui se tenait à la porte du palais , revêtu d'un sac 
et couvert de cendre, avait refuse de se proster- 
ner, avait conçu une haine profonde contre ce 
Juif , qu'il avait rt'solu de faire mourir. 

Dans celle résolution , il se prfîsenta un joiir 
au palais, pour obtenir du roi la permission Au 
faire périr Mardocbée , maistl fut obligé d'atten- 
dre avant d'être introduit, parce que le roi se 
taisait lire les détails d'une conspiration contre sa 
personne, qui avait été découverte par Mardo- 
chée , dont on avait oublié le service et le nom. 
Lorsqu'Aman parut devant le roi, celui-ci lui 
demanda ce qu'il devait faire pour un bomme 
auquel il voudrait donner une grande preuve de 
son amitié. Aman , qui pensait que cette ques- 
tion le regardait , répondit au roi, qu'il ferait 
bien de revêtir cetliomme de .son habit royal, de 
lui mettre sa couronna sur la tête , de le fair» 
monter sur'un magiiifiqirc cheval , avec lequel il 



39G EKCTCLOPÉDIE 

ferait le tour de la ville , et dont le plus grand 
seigneur du rojaame tiendrait la bride, en criant: 
c'est ainsi que le roi traite celui qu'il vcuihono- 
rer. Tu as raiiion, dît Assu^rus j eli bien ! prends 
le juif Mardochée et l'iiobille comme tu l'as pros- 
crit , et tu le conduiras par toute la \ille eu te- 
nant la bride de son clieval. À ces paroles , l'or- 
gueilleux Aman pensa tomber mort j mais il n'y 
avait pas moyen de reculer : il sortit donc la rage 
dans le cœur, cl servît lui-même au triompbc 
d'un homme dont il avait jure' la perle. 

Elisâ. — Je vous avoue, madame, quo josuis 
bien aise de voir lliamiliation de cet homme or- 
gueilleux. Il y a un graud plaisir à voir ceux qui 
lui ressemblent abaissés devant ceux qu'ils mti- 
prîsaient . 

Mad. Sophie. — Dans quel<jue état que l'on 
soit> l'ofgueil est totijours un défaut aussi crimi- 
nel devant Diea que ridicule devant les hommes; 
et il n'est aucun malheureux qui intéresse moins 
cl trouve moins de consolation , que celui qui, 
dans la prospérité, méprisait ses seml)lablcs , et 
les accablait de ses dédaiii<i. Au contraire, les per- 
sonnes modestes ont tout le monde pour elles, f.t 
si elles tombent dans ladvcrsité , elles Ironvcnt 
partout des consolations et des secours. Conti- 
nuez , Stéphanie , de nous intéresser par k suite 
de l'Histoire d'Esthcr. 

SxiPOAiJiE. — Aman , o::Iro de ce qui lui 



DES JEUNES DEMOISELLES. 297 

était arriv<f, résolut de perdre tous les Juiij, afin 
d'envelopper Mardocliéo dans leur perte com- 
mune. Pour cela , il adressa au roi mille calom- 
nies coDtre octte nation , et le roi , qui crut aU(i- 
meat tout ce qu'il lui dirait , rc^solut de lâire mas- 
Mcrer àaus un seul jour tous les JuiCj qui etar^-nt 
dans ses étals. Mardochée, oyaniappris un ordre 
si barbare, vint trouver Estlier, et lui commanda 
de parler au roi poiir faire révoquer cet arrèt> 
Quelque danger qu'il j eût pour cette princesse, 
dans une pareille démarche , parce que tous ceux 
qui entraient dans l'appartement du roi sans soa 
ordre, liaient puni> de mort, ù moins qu'il ne tes 
touchât de «on sceptre; celte princesse, dis-je , 
résolut de dcmantUr au roi la gi.-îce de ccub de 
Si nation. Lors(]u'u1Ie onira dans la chambre du 
roi , Ifs jrcui de ce prince parui-ent étincelans- 
de colère , cl Estliur en fut si effrajéc, qu'elle 
tomba (.'vQiiouie filtre les bras de ses f«.>nimc.s. Âs- 
fiuérus la voyant en cet état, descendit de son 
tràuc et la toucha de son sccptrn, en lui disant 
de ne rien craindre. Eotber ayant alors repris 
l'usage de ses sens , conjura son époux de soiipec 
chez elle et d'amener Aman à ce repas. Lorsque 
le roi entra avec sou Ëivori , la reine se jeia à se» 
genoux, et lui demanda la vie pour elle et pour sa 
nation. Le roi , qui ignorait qu'elle était juive , 
fut frappé de cette nouvelle , et sortit ua instant 
pour réÛéchir. Pendaut sou absence , Aman s'é- 

u,:,-,zf--„GoOnlc 



ngS r.KCYCLOPÉDIE 

tait jetd CLSpîcilsdela reine ,'clla coujurail d'a- 
voir pilië do lui. Le roi entra comme il tftait 
dans cette posture , et croyant qu^l insultait son 
épouse , plein de fureur , il le lît sortir pour être 
misa mort. Alors, un de ceux qui dtnit pr<?sent 
ditau roi, qu'Aman avait feit dicver une potence 
de quarante coudées , posr y ûiire pendre Mar- 
dochëe. AsSuérus ordonna qu'Aman y fût atta- 
ché , ce qui fui exécuté. 

JiTLiE. — Ce n'est pas de ce cruel Auiaa que 
je me suis occupée pendautle récit de Stéphanie, 
mais bien de la reine Esther , dont j'ai admiré 
l'obéissance aui ordres de son oncle MardocliA, 
et le courage pour se présenter devant le roi As- 
suérus. 

Mad. SopHTE. — Il est vrai j nous devons ad- 
mirer, dans cette histoire la soumission d'Esther, 
toute reine qu^elle était ; et son zèle courageuï 
pour le salut de sa nation ; mais nous devons en< 
core plus admirer la Providence qui , pour sau- 
ver tout un peuple, se servit d^aussi faibles ins- 
Irumensqu'uncaplif et sa nièce, et confondit en 
un instant les projets barbares de l'orgueilleux 
Aman. Racine, le plus grand de nos poètes, a 
fait, au sujet de cet impie favori d'Assuérua , des 
vers sublimes , que je crois utile de vous rappor- 
ter. Les voici : 

J'ai la l'impie adoré lur la terre; 
Scmtilalile «nx cidtc il portail,daD5 1(S CÎenx 



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DES JECSES DEMOrsELLES. ?99 

SoQ fiont iTidadeai; 
Il seml.lail i soa gri! gourrruïr le K^nnerrt; 

Foulait aai pieds tea ennemis vaincu*: 
Je D'ai fail que passer, il a'éuil déjit plus. 

Elisa. — En efiét , ces rers sonl très-beaux , 
et )e me souriens d'avoir lu, avec un plaisir incs- 
primable , la tragétiie d'où ils sont tir<5s. 

Mad. Sophie. — Celte tragédie est celle d'Es- 
ther, que Racine composa, sous le rùgne de 
Louis XIV , pour les demoiselles de la maison 
de Saini-Cyr , où elle fut rcprcsenicc , a\ ec le 
plus grand succès, en présence du roi , de ma- 
dame de Maintenon et de toute la cour. ÎMais 
n'interrompons pas davantage Stëplianie , ei lais- 
sons-la acliever l'iiistoire des Juifs. 

Stéphabie. — Les Juifs dcinctirèici;t captifs 
à Babylone pendant îoixaute-diK ans , après les- 
quels Dieu, jetant sur eux un regard de miscri- 
corde , suscita un roi nommd Cyru^ , qui Icu'" 
rendit la liberté, avec tous les vases sacrés et 
tout ce qui servait aux sarrificos , et leur founilt 
en mèmc-temps tout ce qui élaitniîcessairo peur 
]a restauration <lu temple. Mais quand ils furent 
à Jérusalem , sous la conduite de Zorobabcl , ils 
trouvèrent les Sani.-i ri tains qui s'opposircnl au 
rétablissement du temple , soit de force , soit par 
leurs artïlïces auprès de Cambyse , fils do Cyrus, 
lequel défendît aux Juifs de contlnucrleur travail; 
etceneftit que soixante -dii ans apr^s IV'ditda 



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3oO ENCYCLOPÉniE 

Cjrus, qu'ils purent rtîlnlilîr le tcnijilc cl la a ille, 
mais en bâtissant les murailles de Jorusalem 
cl'une main , et en tenant de l'autre Vépée pour 
se d<!fendrc. 

Elisa. — Sans doute ils ne furent plus tentes 
de d(!sohéir à Dieu, et de l'abandonner pour les 
£iusses diviuiltis. 

Stéphanie. — Quand la ville et le temple eu- 
rent (.'té rebâtis , Esdras et Nelidmie firent obser- 
ver la loi dans toute sa pureté. Le peuple pleura 
avec eux les mîfjuilc's qui lui avaient attiré de si 
terribles cbâfimeiis j tous ensemble lurent, en 
fondant an larmes , dans les livres saints , les me- 
naces de Moïse, dont ils avaient vu l'accomplis- 
sement, Ils adorèrent les jugemcns de Dieu , et, 
réconcilias avec lui , ils vécurent en paix ; et de- 
puis celte célèbre époque jusqu'à l'arrivée du 
Messie, on n'entendit plus parler d'idolâtrie par- 
mi eus, tant ils avaient été frappés de l'accom- 
plissement des propliutles «jui concernaient leur 
captivité et leur retour. 

Mad. Sophie. — Vous ne nous dites point, 
Stéphanie, comment les Juifs se gouvernèrent 
après leur captivité, et quels é\énemen3 se pas- 
sèrent cliez eus jusqu'au temps de la naissance 
, de Jésus-Cbrîst. 

Stéphanib. — La nation juive formait nu. 
corps de république gouverné par les grands- 
prctres et un conseil souverain, nommé le San- 



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DES JEUNES DEMOISELLES- 50f 

Wdrin , qui payait im léger tribut aux rois de 
Perse, jusqu'à la dc»>truction de leur empire [>ar 
Alexandre. Apri^s la mort de ce conquérant, 
cette répu1)tiqiie fut souveut trouLlife par ses suc- 
cesseurs qui étaient derenus rois de Syrie. An-- 
liochiis-Epipbane est celui qui les persécuta avec 
le pliis d acliarncmenl ; car il chassa le saint pon* 
tifc Oiiias, pilla le temple, voulut obliger tous 
les Juifs à cbangcr de religion , et il fit mourir 
dans les sup|>1ices tes sept frères Alacbabee et 
leur mère i enfin il mourut mis^rable^ieni par 
une juste piinilioa de Dieu. Dans ce temps-li\, 
Juda Macîiabéc se couvrit d'une gloire immor- 
telle par SCS yicfoires contre Aniioclius ot ses 
successeurs. Quelque temps après, Juda, sur- 
Domcné Ari^loliulc , prit la qualité et le titre de 
roi des Juifs. Ce fut sous le règne d'Arîstohule » 
BOn fils , que le grand Pompée s'empara do Jéra- 
salem , CL rendit la Judée tributaire des Romains, 
eu laissant aux Juifs le pouvoir de se gouverner 
par des princes de leur nation. Hérodet sur- 
nommé le Grand, qui n'était point Juif de naiii- . 
sauce, mais Iduraéen, obtint ensuite d.'S ïïo- 
mains la permission de porter le titra de roi. 
Comme le sceptre ou l'autorité souveraine avait 
été enlevée h la tribu de Juda, la prophétie de 
Jacob sur l'arrivée du Messie toucliail à son ac- 
complissement; aussi Jés'.is-Ciirist , fils de Dieu 
dans Télcruité , et fib ae Marie dans le tamps , 



302 ENCYCLOPÉDIE 

Tint-!l«u monde snr la fin du r^gne d'HërofJe. 
Mad. Sophie. — Combien je désirerais , ma 
chère Stéphanie , que toutes vos compagnes pro- 
filassent de leur Histoire Sainte au même degré 
que vous! J'espère qu'Hortense et Pauline pour- 
ront à l'avenir répondre aux questions que je 
leur ferai à ce sujet. Quant à Emilie, Stéphanie 
en a assez dit pour qu'elle puisse de ieo3ps en 
temps entretenir sa homte amie Hovtense , depuis 
le règne de David jusqu'à la naissance de Jésus- 
Christ. 

HoHTENSE, — Si vous le désirez, madame, je 
réciterai tout ce que j'ai entendu de l'Hisloiiv 
Sainte, que je trouve la plus helle de toutes. 

Mad. Sophie. — Je suis bien convaincue, 
ma chère , de ce que vous me dites , par l'atten- 
tion avec laquelle vous avez ccuulé nos conver- 
utions ; aussi vous dounai-je une pleine libertti 
4e vous amuser avec la poupée d'Emilie. 

Emilie. — Hortense peut en faire ce qu'elle 
voudra, car vous me permettrez , madame, de 
la loi donner eu toute propriété. 



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DES JELKES DEMOISELLES. 5o3 

XXXIIP CONVERSATION. 

Uati. ÉUSACETH, STÉPHANIE^ ADÈLE, 
AMÉLIE, ÉPJILIE, HOKTENSE , ALESAN- 

DIUNE. 

Mad. Elisabeth. — Alexandrine , veuille* 
Lien acLever la description des Etats de l'Europe, 
api'ès laquelle vous nous ferez celle des trois au- 
très parties du monde, 

Al EX AN s RI H £ . — Vous cxîgez beaucoup de 
moi, madams, cor je vous ovoucrai que ma 
science n'embrasse point une mutiCre .lussi vaste; 
et ce sera beauco;ip , si je puis achavur ce qui 
reste à dire de l'Europe. 

Mad. Elisabeth. — Eb bien, ma cliorc, ditea 
ce que vous savez , et ces deiBoisclles uous ap- 
preadroDt le reste. li me semble <juo c'est par 
l'Angleterre que nous devons commencer aujoui^ 
a'hui. 

Alèzandbine L'Angleterre , qiîu Ton ap- 
pelle aussi les îles britanniques , est un royaume 
titu^ an nord-ouest de l'Europe , et n'eàt séparé* 
de la France que par un petit bias de mer que 
l'on somme le détroit de la Maiiclie. Il com- 
prend , outre l'Angleterre proprement dite , l'E- 
coutf q;ui «a est séparée par une chaîne de moa- 



5b4 ENCYCLOPÉDIE 

tagnes,et l'Irlande, qui est une grande lie de l'O- 
céan. La ville de Lbndres. qui est très-belle, 
très-richeet Irès-peupléecst'a cnpitalc de l'Ân- 
gleterre;Edimbourgceliede l'Ecosse, et Dublin, 
celle de l'Irlande. La population des île^ krîtan- 
iiiques est à-peu-prùs de dix millions d'babîtani. 
Après avoir traversé la mer du Nord , on dé- 
barque en Hollande , qui est un royaume nouvel- 
lement formd, qui est ai tué entre la mer, laFrance 
etrAIIctUagne.Lc pays est partage pav une infinité' 
de canaux, et est défondu contre l'eau de I.i mer 
par des fortes digues, sans lesquelles il sérail 
bient'jt subiuergé. La capitale est Âmstcrdaoi, 
qui est, en temps de paix, nne des villes le* 
plus commerçantes de l'univers. La Haye est 
aussi nne ville fort agréable , et que le siège dH 
gouvernement rend trâs-ûorissanlt;. De la Hol- 
lande, on entre dans les éuit« de la monarcliie 
prussienne, qui est très étendue ; la capitale de 
ce royaumecsL Berliu, grande et belle ville , surla 
, Sprée, et ses principales rivières sont l'Oder, 
l'Elbe et la Vistule. Au sud-est dt la Prusse, ou 
trouve le nouveau royaume de Saxe, dont la 
ville de Dresde est la capitale. Du royaume de 
Saxe, en allant toujours verK le sud-est , on entre 
dansceluide Baviiïrc, dont la capitale ei.<<t Mu- 
nich, ville Irès-peuplce, ctoù l'on trouve Augs- 
bourg, très-industrieusé , et Irès-commerçame. 
Au sud-est de la Bavière, e^t le petit royaume 



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DES JEUNES OEMOISELLES- 5o5 

de Wurtemberg, dont la capitale est Stutgardj 
Ce royaume a pour voisius , au sud et à Test , le 
grand-duché de Bade, dont la capitale est CarlS" 
Tulie , et les cantons suisses , (juî forment uno 
r^pi.I)Iique fédéraiire. La Suisse est le payais 
plus e'Icve' de l'Europe el le plus montueui. Se» 
liabita:is sont bons soldats, et passent pour être 
remp'js de probité et de bonne foi. Voilà , ma- 
dame, tout ce que \e peux dire des Etats de l'Eu* 
ropc que nous aviom à parcourir. 

Mad. ËLUABEiH. — C'est bien peu de choses 
ma cb^re Alesandrine , et voua avez encore be- 
soin de bien apprendre votre géogitiphie , avant 
d'élre en état de l'enseigner, Amélie , dites -noti» 
ce que vous savez des trois aulrca parties du 
monde , et commencez par l'Asie. 

AuÉLiB — Je crains bien , madame , que vous 
ne me fassiez le même reproclie que vous avei 
lait à Alexandfîne j mais comme vous êtes très- 
indulgente , j'esp^ro que vous me saurez gré du 
peu que je sais de l'Asie , de l'Afrique et de l'A- 
mérique. 

L'Asie, qui passe pour avoir été peuplée la 
première, est ta plus ctenduc des trois parties de 
l'ancien contineut. Elle est bornée au Nord , par 
la mer Glaciale, au Midi par celle des Indes, & 
l'Orient pav la mer du Sud , et à l'Occidcut par 
la Russie, la Turquie d'Europe, la Méditerra- 
née, l'Egyftcclla mer Rouge. 

u,:,-,zf--„GoOgtc 



3o6 ENCYCLOPÉDIE 

Le terroir de l'Asie eal abondaut en bM, en 
vins, en riz, en fruits excellens. On en tire des 
drogues, des aromates et des épiceries, de la soie, 
du coton , des toiles peintes et de la belle porce- 
laincj elle a de plus quantité d'or, d'argent, de 
pierres précieuses. On y trouve aussi quantité 
d'animaux , tels que le lion , le léopard , le tigre, 
l'éléphant, le rhinocéros, le zèbre et le crocodile. 
On y voit aussi beaucoup de singes et de perro- 
quets de toute espèce-; mais îl est malheureui 
qu'une contrée si fertile et fi riche ne soit en 
général habitée que par des hommes mous et pa- 
resseux , qui ne font presque aucun usage des 
dispositions qu'ils ont reçues de la nature. 

Emiiie. — Est-ce que les As'atiqiïes ne soot 
pas aussi instruits que les habîtans de l'Europe? 

Mad. Elisabeth. — Non, ma chère; ils 
croupissent en général dans une profonde igno- 
rance, et c'est la faute des religions mahomé- 
tane et païenne, qui dominent chez eu^i , ces 
religions étant ennemies des sciences et des aris 
des Européens. Amélie , poursuivez. 

AMÉtiE. — On peut diviser aisément l'Asie en 
six grandes parties , qui sont : La Turquie d'A- 
sie, l'Arabie, la Perse, l'Inde, la Chine, Is 
Grande Tartarie. C'est dans la Turquie d'Asie 
qu'est situé la Palestine, ou Terre -Sa in te , dont 
la principale ville est encore Jérusalem , qui at- 

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DES JEUNES DEMOISELLES. So^ 

tire chaque aonëe ua grand nombre de voya- 
geurs. 

HoETËKSB, — Je désirerais bien voir cette 
viUc , oh. Noire Seigneur a vc'cu et a été cruci6é ; 
il me semble que ceux qui y demeurent ou qui 
la visitent doivent être de grandît saints. 

Mad, Elisabeth. — Pourquoi, ma clière, 
seriei-vous meilleure chrt^tienne à Jérusalem 
qu'à Parisî Est-ce que la sainteté est attachée à 
un endroit plutôt qu'à un autre T et ne trouvons- 
nous pas, dans nos églises, où Jésus-Christ lia- 
bite, autant de motifs qu'il nous en faut pour 
être de bonnes chrétiennes? 

Amélie Il me semble que nos églises doi- 
vent être considérées comme autant de Jérusa- 
lems , où Notre Seigeur accomplit chaque jour 
tous les mystères qnî se soot passés dans la 
Terre-Sainte. 

La Palestine est bornée d'uni côté par l'Ara- 
bie, qui se divise en Arabie Pétrée, Arabie Dé- 
serte , et Arabie fïenreuse. Les deux premières 
sont presque stériles , mais la troisième est trés- 
fertile. On en tîre des parfums de toute espèce, 
cl le moha , qui passe pour le meilleur café du 
ntoiidc. La Mecque est la capitale de toute l'A- 
rabie , parce que le fameux prophète Mahomet y 
est né. Médine est la vîllo où il fut enterré. 

La l'erse est à l'orient du golfe Persique. On 
diviiie ce pays en quatorze provinces. Sa capitale 

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5o8 ÈKCtCtOPÉIJlÈ 

est lapalian , qai est une grande et très-belle! 
ville. La Perse produit beaucoup d'excellens 
fruits , et nourrit quantité de vers i soie. 

L'Inde est k l'orient de la Perse. C'est un beau 
eiraste pays, où les Européens, les Anglais sur* 
tout, ont de nombreux établisscmens. 

Il se divise en trois parties , qui sont , Tln- 
dostao , la presqu'île occidentale , en-deçi du 
Gange, et la presqa'Ue orientale, au-deU du 
Gange. 

C'est de CacKemlre, t il le de l'iDdostan, que 
nous vieunent les beaux sclials de ce nom. 

La Grande Tartaric occupe prés de la moitié 
de l'Asie , Tera le Rord. La plupart des Tartare) 
sont errans ^ ils campent sous des tentes on habi' 
tent dans des cabanes, bâties sur des cbarriou. 
La grande Taitarie se divise en trois parties , la 
Tariarie russe , l'indépendante et la chinoise. 

La Chine , à l'orient de l'Asie , est te plus an- 
cien empire du monde et le plus peuplé. C'est on 
pays plat qui est fertile eu tout ce qui peut coutC 
nir aux besoins , et même au luxe de la vie. L'a- 
griculture n'est nulle part plus honorée, et tous lei 
ans, l'empereur laboure, ensemence lui-même 
un champ , eu pre'sence de sa famille , des grand] 
et du peuple. C'est des Chinois que nous vient la 
plus belle porcelaine , et l'on voit près de Nan- 
Lin , une tour bâtie de cette prccieijsc matière. 



DES JEinVES DEHOISEtLES. Sog 

Pckia est la capitale de tout Tempire , et oootieat 
environ deux millions d'habitiias. 

Mad. Ei,isA.BEiB. -~ n fentconreuïr, Im^tf, 
que Toua aoas faîtes làire bien da cliemin en peu 
de temps ; mais s! tous nous avez |àit voyager 
fiur la terre-ferme de l'Asie ,. vous auriez dû noua 
montrer quelques-unes de ses îles , et ses princi- 
pales rivières, 

AuELix Avant de qnîttcr la terre-ferme da 

l'Asie, je dois parler, il est vrai, de ses rivières 
qui sont, dans lit Turquie , le Tigre et l'Eu' 
phrate ; dans l'Inde, le Gange el l'Indus ; dans 
a Tartarie , YOhy , le L^na et le Séntsséa; dans 
lu CUine, la Rïvièce Jaune et la Rivière Bleue. Je 
n'oublierai pas davantage ses principales mon* 
lagnes, qui sont le mont Taitms , de la IS'atolie; 
en Perse , le mont Capcase , de la mer d'Asof à 
la mer Caspienne i les monts de Pierre , au nord 
de l'Asie, et les monts de Gatc, dans la près-* 
qn'ile en-deçà du Gange. 

IjCS iles de l'Asie les plus considérables , soni i 
les lies du Japon, qui compose un grand empire, 
dont la capitale est Jt'do, pu réside l'empereur, 
dans un mBgniâque palais. Il j a environ un 
siècle et demi que le cbri&tianîsme y Eut prêché , 
et j£t de grands progrès; mais ses ennemis ayant 
fait entendre à l'empereur qu'il était dangereux 
pour son autoiitd de souffrir plus long-temps une 
relijgion si contraire à celle du pays , un grand 

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5lO ENCYCLOPÉDIE 

nombre des sonTcaux ctirétïens moururent dau 
les supplices, et depuis cette époque, les Eollait- 
^ais ont seuls la permission d'y faire le com- 
merce. 

Les autres tics de l'Asie , sont : les îles Ma- 
- rianncj, qui appartienuent aux E^pagnob; les 
Philippines , fertiles eu <!pîceries j les Moluques , 
où les Hollandais ont des comptoirs; les ile< 
Banda , qui produisent quantité de muscades ; lea 
Iles de la Soude , dont la plus grande est Java, 
où les Hollandais font un graîid commerce; l'ile 
de C«jIon , reuommcfe par ses forêts de canel- 
liers , SCS pierres précieuses et ses miues d'or et 
d'argent. 

Stéphakie Je vous demanderai , madame, 

pourquoi des productions aussi utiles que celle» 
de toutes ces tles , sont placées si loin , qu'il dous 
feille traverser des mers immenses pour nous le« 
procurer î 

Mad. Elisabeth, -^ Remarquez, ma chère, 
que toutes ces choses ne sont point de première 
nécessité , et que si la Providence les a placéea 
loin de nous , c'est pour empêcher l'abus que 
nous en ferions, s'il nous était très- aisé de noud 
eu procurer. En effet , quel inconvénient ne ré- 
■nlterait-il pas pour nous de la trop grande abon- 
dance des -épiceries , si nos campagnes les pro- 
duisaient? Assurément, le bon marché de cet 
denrées échauffantes ne pourrait qu'en augmen* 

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DES JEUNES DEMOISELLES. 3n 

ter beaocoup la consoiamation , qui nous J«Tiei> 
droit bientôt funeste. Il faut dire la même choie 
de l'or et de l'argent , qui , s'ils se trouvaient t^ei 
nous , perdraient de leur prix , en devenant trop 
communs, et ue méritecaient plus d'être un signe 
dVcUangc pour les choses nécessaires à la vie. 
Adèle, parlez-nous de l'Afrique et de l'Amé- 
rique, 

Adèle. — Ce que je vous en dirai , madame , 
sera peut-être loin de vous satisfaire ; car je sais, 
trés-peu de chose sur ces deux parties du monde. 
Mad, Elisabeth. — Je n'exiga point , ma 
chère , que vous rendiez compte de ce que vous 
ne savez pas ; dites ce que vous savez , mais diies- 
le bien, c'^cst l'essentiel; et tous en demander 
davantage serait une injustice de ma part. 

Adèle. — L'Afrique est une trts-grande pres- 
qu'île qui tient au continent par l'isthme de Suez , 
et n'est séparée de l'Europe que par le détroit de 
Gibraltar. Comme elle eet coupée en deux pat 
l'éqnateur ,- le terroir y est en général sabloseux , 
et les chaleurs y sont excessives. Presque tous les 
peuples qui habitent dans l'intérieur sont noirs ; 
mais ceux qui habitent les côtes ne sont que ba- 
sanés. L'Afrique est la patrie des animaux les 
plus féroces , des lions , des tigres , et dé plu- 
sieurs serpens d'une grandeur et d'une grosseur 
prodigieuses. 

De toutes les parties' de l'Afrique , l'Egypte eit 

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5lS ENCYCLOPÉDIE 

la plus c^èbre et la plus connue. C'est un payi 
tr^s-fertilc , et qui doit toute sa fécondité aux 
eaaz du NU, qui tous les ans en inondent tes 
csmpagoeG , et laissent , en se retirant , un limon 
qui les engraisce. Lli^gypte se divise en haute, 
moyenne et basse. La capitale de la basse Egypte 
est Alexandrie , sur la Méditerranée ; celle de la 
moyenne est le Grund Caire, auprès duquel on 
voit ces Cuneases pyramides , qui passaient pour 
l'une des sept merveilles du mondé. 

La Barbarie est une autre parti.c de l'Afiique, 
tout entière appuyée sur la Kléditerranée, et qui 
s'étend depuis l'Egypte jusqu'à l'extrémité occl- 
deutale de l'Afrique. Les peuples de cette côte 
■ont généralement cruels , et fournissent tous les 
pirslesquî infestent la Méditerranée. LaBarbaria 
comprend les royaumes de Tripoli , de Tunis , 
. d'Alger, et t'empii'e de Maroc. 

Les principales iles de l'Afrique sont*. Mada- 
gascar , la plus grande de l'univers j l'île de Bour- 
bon et nie de France, sur la routç del'Iucle; les 
Canaries et l'île de Modère , renommée par ses 
fruits et l'excellence de ses vins. Ses principaux 
fleuves sont le Nil, qui a sa source en Abyssînie 
et se jette dans la Méditerranée; le Niger qui 
Tient de-4a Guinée, et se perd dans le lac de 
Boruo , après un cours de cinq cents IJeues j et 
le Sénégal , qui se jette dans l'Océan. Les plus 
toutes montagnes de l'Afrique, sont : le œoal 



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DES JEUKES DEMOISELLES. ^l'J 

ÂtlaA , en Barbarie , et les montagnes de la Lune, 
dans l'intérieur. Il y a trois câps , dont le plus 
célèbre est le cap de Bonnc-Espdrance , où les 
vaisseaux qui vont de l'Europe aux Indes sont 
obligés de relâcher. 

Mad. Elisabeth. — Votre science n'est pas as- 
surément fort étendue , ma chère ; mais quel re- 
proche puis-je vous adresser? Cest plus que je 
ne vous demandais. J'ai pourtant une -observa- 
tion à vous faire, c'est que ces petites notions , 
dont je me contente aujourd'iiui , ne vous suffi- 
ront point, et que l'année prochaine, il faudra 
que vous possédiez votre géographie dans une 
telle perfection , que vous puissiei répondre sur 
' tontes les qiiestions que l'on vous fera relative- 
^ ment k cette science. Quelle est celte d'entre 
'''' vous , mesdemoiselles , qui nous entretiendra do 
'' rAmérique? 

Ho&TENSs. — Ce sera moi , madame , si vous 
' me le premettez, car j'ai bien prié mademoiselle 
'^ Stéphanie de m'appr'endré quelque chose sur 
1^' cette partie de la terre , que l'on appelle le Non- 
f' veau Monde. 

"^'1 Mad. Elisabeth. — Je le veux bien, Hortense; 
i^ soyez notre instituuice , et dites nous ce que vous 
l<^ a\€z retenu des leçons de Stéphanie. 
; '" HoaTEHsx. — L'Améïique , découverte , en 
'^'^ I 493, par Christophe Colomb, Génois, tire son 
.£*' laorn d'Aïuéric Vespuce, Florentin, qui, en i^^g, 
e^ ' " 14 

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5l4 ENCYCLOPÉDIE 

prétendit Tavoir découverte , parce qn'il avait 
abordé au cap de la Vêla. C'est un contiaent pliu 
vaste que raacicn, qui occupe au milieu dei 
mers un espace de trois mille lieues de long sur 
douze ceut trente dans sa plus grande largeur, 

L'Âméi-ique est naturellement divis<fc en deux 
grandes parties j l'une septcnlrionale, qui com- 
prend l'AmcfriqUC anglaise, les Etats-Unis , les 
deux Floride's, la Louisiane, le nouveau Mexique, 
)a Californie, le vieux Mexique ou la nouvelle 
Espagne j l'autre méridionale, jointe à la pre- 
mière par l'isthmede Panama, laquelle comprend 
la Tcrre-Ferrae , le Pérou, le Chili , le Paraguai, 
la Guyanne , le pays des Amazones, le Brésil el 
la TerrC'Magellaniquc. 

SxEFHAME. -— Courage , ma clifre Hortense ; 
c'est bien ce que je vous ai appris, mais ne vous, 
aî-je rîfcu dît des Etats-Unis 7 

HoKTSNSE Les Etatï-Unis, qui étaient, il 

n'y a pas long-temps, des colonies anglaises, for- 
ment aujourd'hui une grande république divistSe 
eu plusieurs élats unis ensemble , dont la popu- 
lation est de douze à quinze millions d'habitans. 
Les princifulcs villes sont Boston , New-Yorck , 
Philadelphie, Wasingliton , et Cliai-les-Town. 

Pauiihe. —Les Français ont-ils des établis- 
cemensen Amérique? 

Stephahix. — Sans doute, ma chèrej mais 
ce sont Les Espagneld cl les portugais qui y pos* 

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DES JEUNES DEMOISELLES. 3l5 

godent les pays les plus riclies , c'est -à-dîn! ceux 
où l'on trouve l'or et l'argent, des pierres pré- 
cieuses; comme les deux Mexiques, le Pérou j 
le Chili et le^Brt'sil. C'est de co dernier pays, qui 
appartient aux Portugais, ([uc Ton tire le i7um< 
quina , dont les médecins font un si grand usage 
dans ies fièvres intermittentes, et qui esi l'écorce 
d'un Drbre qui croît sur les naoatagixes de cetta 
contrée. 

Cependant une révolution , dont le but est'de 
soustraire aux Espagnols la possession d'una 
partie de ce territoire, et qui a éclaté depuis peu 
parmi les haliilans, pourra Iticu amcnerdes clian- 
gemens dans la division de ces contrées. 

Les Français possèdent dnns cette partie les 
îles de Cayenne,Ia Martinique et la Guade- 
loupe. 

Saint-Domingue , qui est la plus grande des 
lies de l'Amérique, produit une grande quantité 
de café , sucre , coton , indigo , etc. Elle est au- 
jourd'ljui constituée en république sons la pré- 
sidence de Boyer , qui est en même temps chef 
d?8 armées. Ses deux principales villes sont 1« 
Cap et le Port-au-Prince. 

I-a Martinique , quoique inférieure à Saint- 
Domingue, est une île très-î m portante par le su- 
cre et le café, qui y est excellent. 

Jja Guadeloupe , un peu moins étendue qtft 
ceUe*ci j ne lui cède en rien du côté du oom- 

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5i6 ENCrCLOPlÎDiE 

morce et de la fertilitë. Les autres iles ont à-peu* 

près les mêmes pcoductlous , et font le même 

commerce. 

Daus le même Archipel auquel ou a donné le 
nom d'Antilles, les Anglais possèdent aussi des 
îles. La Jamaïque est la principale. 

Mad. Elisabeth. — ■ Vous ne finiriez pas , ma 
cUère, de nous faire le dénombrement de toutes 
les lies de l'Amérique. Il me semble que c'est bien 
assez d'avoir indiqué les lies qui appartiennent à 
la France. Retournez, je vous prie , sur la terre 
ferme 1 et dites-nous les noms des principaux 
fleuves et des montagnes de l'Amérique. 

HoKTENSE. — Il y a en Amérique quatre prin- 
cipaux fleuves; celui de Saint-Laurent et le Mis- 
stssipî, dans l'Amérique septentrionalej'la rivière 
des Amazones , qui traverse le pays de ce nom , 
et celle de la Plata , qui charrie des paillettes d'or 
dans l'Amérique méridionale. Ces quati'e fleuves, 
dont le cours est fort long , se jettent tous dant 
'Océan Atlantique. 

Les plus hautes montagnes de l'Amérique , 
sont : les Andes ou Cordilières , dont le sommet 
est toujours couvert de neige , même sous l'équa- 
tear. Voilà , madame , tout ce que je sais de 
l'Amérique. 

Mad. Elisabith. —C'est bien, ma chère, 
et je TOUS avouerai que je n'en atteudaîs pas tant 
de vous. Mats je vous 1^ répète , ce que vous sa- 

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DES JEUNES DEMOISELLES. 617 

vez en gëograpHie , ainsi que ces demoiselles , est 
bien peu de chose. Tout ce que noas avons dit de 
cette science n'est que pour vous inspirer lede'sir 
d^étudier et d'acquérir des lumières plus «ten- 
dues. Ne vous y trompez pas , mesdemoiselles , 
si l'on n'ezigepas des filles desconnaissances aussi 
approfondies que des garçons , ce qu'on veut 
qu'elles sachent sur la description de la terre em- 
brasse une matière encore assez vaste pour qu'elles 
ne pensent pas qu'il leur suffise de quelques mois 
pour être de bonnes géographes. 

ElisI. — Ce que je voudrais savoir parËiite- 
ment , madame , c'est l'explication de la sphère ; 
c'est-à-dire de tous les cercles qui la composent. 

Mad. Elisabeth. — C'est bien aussi la partie 
de la géographie la plus importante , et celle que 
je veux vous montrer trois fois la semaine. Comme 
j'ai donné commission à quelqu'un de m'achcttr 
une bonne sphère à cercles ; j'espère que l'annce 
prochaine je commencerai à vous en faire des 
explications tellement suivies , qu'il n'y en aura 
aucune d'entre vous qui, dans six mors, ne puisse 
et re une bonne maîtresse de géographie. 



-«Goajffc 



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