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.-.Coogic
ENCYCLOPEDIE
JEUNES DEMOISELLES.
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-, Google
■-S«fi-î(GlOFiÊJftï1?^
ENCYCLOPÉDIE i
JEUNES demoiselles;
CHOIX DE CONVERSATIONS INSTRUCTIVES
SUR DIFfÉRENS SUJETS,
BECUEIÏLIES
Ou OrVlAQ» DE tflDlHB LEFItiriCE DE &EiniIOHT, ET T>S»
MEILLEURS AOTEtlU IJUI ONT ÉCtIT rOt
Par Mme C***t* , Inszitvtrice.
SECONDE ÉDITION,
Aicii les changement nécessités parletTévoluiioDSsarveDaes dans
les tlift'iïreas gotiieraeinens, depuis La première publication île
'paris,
BARGEAS, LIBRAIRE, QUAI DES ATJGUSTINS, N» ïS.
-, Google
Npnn des personnes qui paraissent dans <
Conversations.
M— SOPHIE, m.llrei.e.
ÉUSABETH,
sous-maîtressa.
M.U.. ÉiisA,
_4gé.dE,5i
ma.
STipHlKII,
— âgée de 16 i
ins.
Adèlb,
- âgée de ,:> ,
tus.
Aoui,
— Igée d. 1 1 ■
:n9 et demi.
ALEXANDaïKB
, — àgi^e de 14 .
ins.
AMiL.E,
— âgée de ,3,
ms.
CiROLIHE,
— tgéedei3i
ms et demi.
Emilie,
— Igée de 1 1 •
ns.
Eugénie,
— àg&de 12 a
ns.
FilltlE,
— âgée de 9 an
s et demi.
HOETEN.E,
- âgés de 9 a.
:s.
Joséphine,
— âgée de 14 t
iDi et demi.
Joue,
— âgée de 10 e
,ns.
Paulise ,
— âgée de 10 ans et demi.
Rosalie,
_ âg^e de 9 a,
is et demi.
Tous lei exemplaires portent la tignatare de
l'Editeur.
-,Googlc
AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR
SUR CEP OOVRAGB.
0« ne vil jamais paraître un aussi grand
nombre d'ouvrages pour servir à IVducatioti
de la jeunesse , que dans l'iniervalle qui s'est
écoulf! depuis la fin du dernier siècle, ius-*
qu'A ce jour. Il semble que nous n'ayons eu,
avant celle c'poque, nitcun ouvrage vraiment
digne d'éire mis entre les mains des jeunes
personnes , et que tout-à-coup la foule des
écrivains se soit crue inspirée , pour ap-
prendre aux pères et aux mères , aux insti-
tuteurs et aux institutrices, ce qu'ils doivent
enseignera leurs enlans ou à leurs e'ièves,
et la mëtbode qu'ils doivent suivre dans leur
enseignement. En conséquence, cbacun a
mis la uiain à l'œuvre, a inventé, abrégé»
compilé, et l'on. a vu les sciences les plus
relevées et les plus abstraites dépouillées de
toute espèce de notions pr<jliminaires, et
couse'quemment de la clarié, celte qualité
essentielle aux ouvrages d'éducation, éire
présentées à l'âge le moins capable de réflé-
chir et de raisonner.
Cependant, il faudrait être OU bien igno-
rantj ou de bien mauvaise foi, pour pr^
-, Google
tendre que la vraie me'ihode de l'enseigne-
ment n'a ^lé l»ien connue que depuis quel-
ques années; car, sans faire niemion des
livres qui ont servi à ces nouveaux maîtres
pour la composition des leurs, peut-on ne
pas convenir que les ouvrages de madame
Leprince de Beaumont ne renferment un
cours d'instruction infiniment utile, pai-ce
que celte femme respectable n'y a rien omis
de ce qu'il est nécessaire que les enfans et
les jeunes personnes sachent pour se bien
conduire dans le monde ? Quelle autre ins-
titutrice leur parla jamais un langage plus
simple , plus touchant , plus maternel ?
Quelle autre maîtresse s'est mieux mise à la
portée de cette portion intéressante de l'es-
pèce humaine , de ces jeunes filles , dont
l'instruction importe plus qu'on ne pense à
la gloire et au bonheur de la socie'té ?
Mais, il le faut dire, madame, de Beau-
mont n'est point exempte de déiàuts : elle
n'a pas toujours su éviter la prolixité; son
style est quelquefois commun, à force d'être
simple; sa bonhomie la porte souvent à em-
ployer des termes et des expressions incom-
patibles avec l'innocence du premier âge^ et
ses Contes de Fées, trop multipliés, et qui
eoimnenoânt à s'éloigner Ae l'esprit de l'ins-
truction actuelle, doivent faire place aux
récits simples, vëridiqucs et instructifs de
l'bistoire.
U ^<ait donc à dcsîrer que l'on fît dans les
ouvrages de madntna de Beaumont , un choix
lie ce qu'ils coniienneot de plus utile pour
[iDsiructiou des jeunes personnes ëlevees
àez leurs parens ou dans les pensionnats , et
]u'en employant la forme dont elle s'est ser-
Fie, on la rendit plus simple et plus concise.
C'est U le but et la manière de cet ou-
vrage j que j'ai cru nécessaire de renferme»
(ians un seul volume, pour n'éire point
lenie'e d'y placer tout ce qui n'est pas rigon-
reusemem iitfcessaire à l'insiruciion.
Comme madame de Beaumont écrivait
ditts un temps où l'on ne trouvait rien de
ipieux que jcc que faisaient et disaient les
K.nglaisj elle a ^ussi voulu payer son tribut
'i cette nation I en donnant des noms an-
glais à ses interlocutrices. Mais heureuse-
ment nous sommes revenus de ce ridicule,
cl nous ne voulons plus dans nos livres d'é-
ducation , ni des misSj ni des ladj", que nous
renvoyons bien volontiers aux romans. En
conséquence, j'ai snbsliiué aux noms anglais ,
u,:,-,zf--„GoOglt
dont madame de Fcaumont s'est servie, âes
noms purement français, et qui sont ceux
du plus grand nombre des jeunes personnes,
comme Emilie, Euyc'nie, Joséphine, elc.
Comme les ouvrages de madame de Beau-
mont ne fournissenl qu'une instruction sans
«uite et que celle danie n'a fail qu'effleurer
Ib plupart des sujels de ses dialogues , j'ai eu
recours à d'aulres exccllcns ouvrages, com-
posés pour l'insiruclion des jeunes personnes,
ei j'en ai recueilH ce qui m'a paru le plus
propre à les iniëresscr, et i exciter leur at-
tention.
J'espère que les clames qui consacrent leur
TÏe à l'«îdacalion de leur sexe, cl les mères
qui veillent cllos-mênies à celle de leurs
filles, me sauront grc Je mon travail ei du
zèle qui m'a fail composer ce livre, jjout
augmenlcc la biLlioilièquc des jeunes dcmoi-
■elles, qui est si petite, en comparaison de
celle des garçons, qui renferme des milliers
de volumes.
ENCYCLOPEDIE
J>£a
JEUNES DEMOISELLES.
PREMIERE CONVERSATION.
Mad. SOPHIE, EMILIE, HORTENSE.
Mad. Sophii. — Pourquoi ,^ mesdemoiselles ;
ne TouM amuses-vous pas comme toutes vt>s com-
pagnes? Il y a long-temps que vous n'avez eh
une récréation aussi belle que celle-ci , car on
dirait que nous sommes plus près de Vêlé que dé
l'Iiiver.
HoHTENSB. — Il est vrai, madame, on dirait
<pe nous sommes au printemps , et nou^ nV\'ODs
pas souvent, & la fin delautooine, des jburnJes
■emblablesà Celle d'aujourd'hui. Nous en pcoStons
aussi , Etnilie et moi , et quoique notu ne jouions
pajarec nos compagnes, nous. nous divertiasons
d'une autre manière , en npus entretenant !âe
choses iatéceasantes , ^ui nous font trouver la
t?mps d« la récréation bien court. . ,y
u,:,-,zf--„GoOglc
3 £KCÏCL0PED1£
Mad. Sophie. — Pourrais-je saroir le sujet de
vpire entretien!
Ho&TENSZ. — Je parlais i Emilie de la jolie
poupée qu'elle vient de recevoir; je la priais de
me la prêter de temps en temps pour l'habiller,
la coiffer et la déshabiller, comme si c'était ma
petite sœur.
Mad. Sophie. — Je ne vous défends pas, Emilie,
de prêter votre poupée à Hortense; mais je ne
vous le permets qu'à deux conditions : c'est, i*
qu'elle sera bien attentive , et bien appliquée
pendant le travail ; i* qu'elle apprendra son Uis-
toire avec plus de soin 'qu'elle n'a fait jusqu'à
présent.
ËmLjE. — J'espèrej madame, qu'<;lle vous sa-
■li^fera sur ces deux povuls , et j'ai d'autout plus d«
raison de le penser, qu'elle m'a déjà témoigné
le désir d'apprendre lés histoires que je sais , en
me disant qu'elle voudrait, pour tout au monde,
réciter l'histoire de la Bible , comme elle me l'a
entendu, i^^citer plusievcs lois.
Mad; Si^bis. — Il Aut pour <:0la qu'elle aime
moins à joner., qu'elle soit moins causeuse,
mwinsi portée à rire pendant le travail, et que
ce "ne soit pas pour votre poupée qt^elle recher'
'Âhd votre ««eiété, mais -peur proBter de votre
conversation. Je veux bi«i croira que ce que
vous me ditas de sa boiùe vtlomé e«t n%i ; et }«
DES JEtTVES DEMOISELLES. 3
m'en pseedraî à waaa , n daw quelque* fours elle
ne répond pas SKx^qoestiona.qu* je lui ferai. /7
HoKTENSE. — Oh! je vous promets bien , ma-
dame, de rt^pondre rar toat ce que vous me de-
manderez. Dè^ aujourdliai, si vous le voulec bien,
Emilie ^era ma maîtresse d'histoire , et dès au-
jourd'hui elle trouvera une ëcolicre bien docile.
Ot! madame, vous serez si contente de moi,
fpe vous permettrez k Emilie de me prêteras
poupée tous lés jours.
Mad. SoFHiE. — Faiteabien attention, Hor-
Inise, qae je n'exige point qu'fîmilipj qui n'a
(ja'un an de plus que i*ons, vous apprenne tou-
tes les Histoires, comme st e1Î6'les savait toutes.
Elle ne vous apprendra que l^istoire Sainte,
([u^elle sait par&îtementj ot. quand vous saurez
cette histoire , qui éA IjB plus intéceKsanto et la
plus nécessaire i: des demoîsetIcB aées de pâreng
chrétiens, je vous apprendrai moi-même les au-
tres, pu je prierai m>dt;piois«Ue Joséphine, qui
les possède bi^ , de vous le); apprendre- Allons,
je vous lai&seî'tçnee'Oaoi parole Tune et l'autre.
HoRTSNBB, -!- Madame j si' I9 récréation ânil
avant notre entretien > poorrons - nous le conti-
nuer qpand nous serons, rentrées dans la «aile de
exercice! 7 -^j
Mad. Sop0lE. -r- Sanëdeute: vous passerez
dans le cabiaet afitenaat à la' salle de dessin, et .
qui donné sut.le jardin. Vous n'y serez pas seu-
u,:,-,zf--„GoOglc
4 ENCYCLOPÉDIE
les, et je TOUS eaverrai mesdemoiselles Eliza et
StëphaDÏe , quL broderont pendant qu'Emilie
parfera.
II- CONVERSATION.
HORTENSE, EMILIE, ÉLI2A, STÉPHANIE,
Hobt£N8E. — L'Histoîre'Sainte est-elle bien
ancienne et bien longue ?
EMILIE.— Elleest aussi anciennequelemonde)
car elle remonte )psqu'à la création, et elle cpirir
prend tous, les ^v^ipens arriv^^^çhw les Juilii
d^cheE-lesicbrétien^' .,':■-
HoRTE!fS£.-:^.Voudriez-vûusniedire,Q)abonne
amie, 'pourqùoîbn l'nppelle Histoire-Sainte, et
pourquoi il est si nécessaire â> une demoiselle d«
la savoir? ■. ' i ■ .
■ .Emilie. "—'On appelle Hisum'e Sainlej celle
des foits arrives çhCz les îuife etchéSi les chrélifens,
parce que les jaife ^taietitle peuple que Dieu s'é-
tait choisi préfératilement è tout autre peuple,
pour le rendre dépositaire de ses lois et de ses
promesses , et que les ebrétiens oni pris la place
des Juifs , et sont devenus à leur tour le' peuple
choisi de Dieu : d'ofi il est aîsé de conclure la
«éccssiié où sont tous les chrétiens, de' s'ins-
truire d'une histoire qm les touche de si prés.
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JËrNÊS DEMOISELLES, 5
Iran» ce D^est pas le moment de vous dire w\a,
a je ne suis pas encore assez instruite pour vous
parler de la religion comme nous en parle ma-
dame Sophie.
Bo&TENsB. — Voilà le son de la doche qui an-
nonce la 6n de la récréation : nous allons ren-
trer , et TOUS voudcrit bien commencer, dans le
cabinet, à me raconter rHIstoire-Sointe ,- afin
que je la sache bientôt , et que je puisse conten-
ter madame Sophie et maman , qui m'aimera
beaucoup quand elle me verra si bien instraïte.
Emilik.— Uya environ six mille ans qu'il n'y
aïavt ni ciel , ni terre, ni hommes , ni animaux ,
ni rien de tout ce que nous voyons. Il n'y avait
que Dien , car il a toujours été. Le bon Dieu ,
ma chère amîe , peut faire tout ce qu'il veut : s'il
Toolaît que dans ce jardin il y eût une maison ,
celte maison paraîtrait tout-à-coup dans ce jar-
din, Eh bien! il voulut tout d'un coup qu'il y
eût le ciel , la terre , les arbres , les oiseaux , les
poissons, le soleil, la lune et toutes les étoiles.
A mesore qu'il disait: je veux que cela soit,
lout cela était. Il fut cinq jours à &ire tout ce
que cous voyons ; le sixième jour, il prit de la
terre et en fit un homme. Mais cet homme n'ayant
aucun mouvement,' Dieu lui donna une âme
ùt'tte à Gon image, et le oonnna Adam. Comme
ce premier homme efrait besoin d'une compagne,
le Créateur lai envoya un sommeil fort profond,
u,:,-,zf--„GoOglc
6 ENCYCLOPÉDIE
pendant lequel il tui prît udq de ses c6te6 , dont
il forma le corp d'une belle femme , qu'il nomma
Efe. ..-.;.
Adam et Eve furent placés dans un beau jar-
din , où il y avait des arbres qui produisaient
toutes sortes d'excellens fruits. De ce nombre
était un pommier qui porl)^ de belles pommes,
dont Dieu défendit à Adam et. E\e de manger,
eu leur permettant dt manger du fruit de tous
les autres arbres , en les menaçant de la mort
s'ils y touchaient. Un mauvais ange , que l'on
appelle le démon, devint jaloux du bfwheur
d'Adam et d'Eve, et voulut les pendre méohans
et malhenreux comme lui, Il ^t, pour oela , la
figure d'un serpent, et dit à Eve qui se promenait
toute seule : Pourquoi ne mangez-vous pas de
ces pommes ? elles sont si belles ! Eve , au lieu
de s'enfuir, s'amusa à converser avec ce malin
esprit , et lui parla de la défense que Dieu lui
avait faite, ainsi qu'A son mari. Il ne faut pas
croire ce que Dieu vous a dit , reprit te démon ;
il ne vous a défendu de manger de ces pommes
que parce qu'il craint qu'en en mangeant, vous
ne deveniez aussi savans et aussi puissans que
lui. Eve se laissa séduire par ce discours, cunl-
lit une pomme, enmangm, et en donna à Adam.
Quand ils eurent mangé dece malheureux fruit,
ils virent bien qu'ils avaient commis une fàule ,
et tout honteux , ils allèrent se cacher sous des
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUTTES DEMOISELLES. 7
arbres , comme si l'as [Pouvait se cacher du bon
Diea.
HoKTEKSE. — Le bon Dien âat éln bien en
colère conlre Âdaro et sa femme î
Ekilix. — Sens doute. Il appela Adam , et lui
dît : Pom-quoi astH raangt! de ce fruit dont je
t'avais défendu de manger?' Adam, au lieu de
plenrer sa désobéissance, la rejeta sur sa femmej
et Eve en accusa le serpent. Dieu leur dit alors :
H Le serpent sera maudit, et la femme lui écra-
sera la tête. Toi , Eve , tu seras sonmise à ton
mari , et toi , Adam , tu mangeras ton pain à la
luenr defon front, et tu mourras ainsi que ta
femme. » Après cet arrêt , Dieu chassa nos pre-
miers parens du Paradis Terrestre ; et pour les
empécber d'y rentrer , il mit un ange à la porte ,
avec une épée de feu.
HobTenss. — En vérité, voilà une bii>toire qui
mefàîtbiende la peine. J'aurais bien désiré qu'A-
dam et Eve n'eussent pas offensé Dien ; ils n'au-
raient jamais été chassés de ce délicieux jardin.
Eliza.. — No» , sans doute ; nous serions tous
heureux , nous qui sommes leurs descendans ;
Dons ne serions jamais malades j nous serions
toujours jeunes j nous saurions tout , sans avoir
besoin de rien apprendre , et nous ne mourrions *
jamais.
HoRTEKSB. Oh! quel malheur! Mais dites-
u,:,-,zf- -, Google
X- ;
8 ENCYCLOPEDIE
moi , mademoiselle, <^il-ce un si grand mal que
de manger d'une pomme , et qui méritât une si
terrible panitîoDÎ
Eliza. — Cest mademoiselle Stéphanie , qui
est plus inatruiteqne moi, qui voudra bien répon-
dre à cette intéressante rëûexion , qui se présente
tout naturellement à notre esprit. A'i -
Sté7Hiijie. — L'actionde mangerune pomme
» était pas , sans doute , on mal en elle-même ;
car tous les jom^ nous en mangeons à notre d^
jeunec ou à notre goûter, sans ofièoser Dieu.
Mais ce fut la désobéissance qui fut un malj et
ce fut le désir d'être aussi savans que Dieu ,
qui Sa le crime d'Adam et Eve. Cueillir une
fleur , une violette, par exemple , c'est bien peu
de chose; cependant , si Dieu leur avait défendu
de cueillir cette violeite ^en tes menaçant de les
punir s'ils la cueillaient , ils n'auraient pas été
moins coupables qu'en mangeant du fruit dé-
fendu.
HoRTENSE. — Ainsi, quand madame Sophie
nous défend de toucher aux fleurs du jaidîn , c'est
donc une désobéissance criminelle que d'en cueil-
lir une seule 7
Stéphanie. — Que madame Sophie nous dé-
fende de cueillir une Heur du jardin , de causer
pendantle travail, de tourner la tête ou de dormir
pendant la prière , de nous quereller pendant la
récréation, de faire des impolitesses à table, si
■ogic
DES JEUSRS DEMOISELLES. 9
noiu agissons contre sa défense , nous faisons
e action , parceqa'ellê tî*int !a place
de nos parens , qui liexmeat, à notre égard , ia
place de Dieu.
Ehilib. — En vérité , mademoiselle , j'aurais
été bien embarrassée de donner cette explication
à Honense j el c'est ce qui me prouve que je ne
sais pas encore mon Histoire-Sainte aussi bien
que je le croyais.
Stephabie. -— J^ai été trés-satisfaite de la ma-
nière dont TOUis l'avez récitée à Hcrtense j il n'é-
tait pas possible de le faire avec plus de clarté et
de précision. Mais il ne vous était pas ai.sé d'en
tirer la leçon que je viens de faire à ttortense, "
parce que vou*cteB encore trop jeune.'
Emilie. — Est-ce que l'on pculdire aube cliose
que ce qu'il y a dans l'Histoire-Saiute ?
Stepbakik. — Non , dans ce-^sens que l'on ne
peut pas «ri' raconter les évé'nemens autrement
qu'ils ne sbtlt arrivés; mais comme Dieu nous li.s
a révélés pour notre instruction, ils renferment
de belles maxime^ de morale , et Je'^xcèllenlcs ré-
flexions qne l'on en peut ti^er po^ir se conduire
avec sagesse, et pour inspirer ta vertu âtis autres.
C'est en Téfléehfssant; èWurtoutéih lisant tes bons
'livres ,i que Ton -peut appfcnidre ctsmaïimes, et
les graver dans sa mémoire pour ne les oublier
iatoais. ... .l\ , ; , -
Emilib. — JeTonsfJroiiiHtsbieii, Stéphanie, de
1*
u,:,-,zf--„GoOglc
10 ENCYCLOPÉDIE
réfléchir et de lire de bons livres, poor mieux
savoir mou Histoire-Sainte, que je ne &is que
réciter de mémoire , sans la comprendre usex
pour m'en feire lexpUcatton.
IIP CONVERSATION.
Madame SOPHIE, EUGÉNIE, ELIZA,
STÉPHANIE, EMILIE, HORTENSE.
Mad. SoFHis. — Je vous amène , mesdemoi-
selles , Eugénie qui , pour être une grande fille ,
n'en est pas plus instruite, et qui pis est, ne
veut rien apprendre ; c'est, comme vous le savez ,
la plus mëcliante de vos compagnes,
EffGÉNiï, en pleurant. — 11 est vrai, madame,
j'ai bien des défauts : aussi maman me les repro-
cbait-elle continuellement pendantles vacances.
Mon papa , mes sœurs , mon frèrç , la femme de
cbambre, et jusqu'aux servantes de cuisine , ne
pouvaient me souffrir. C'est ce qui me faisait
)ioi}(e et me faisait bien de la peine.
Mad. Sophie. — Si vovs voulez, Eugénie, que
Tou vous estime et que l'on vous aime, il faut
vous corriger.
EuGÉNix. — Je nedemande pas mieux , car je
voudrais bien étce aimée dp vous et de mes compa-
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMCHSELLES- 1 1
gaet, pIutAt qœ d'en étt^-halc et méprlM^
comme je le suis.
Mad. Sophie Vous toqs corrigerez , sîtous
voulez suivre mes conseils, et vous deviendrez
anssî bonne , aussi sage qu'Emilie. Ecoutez celni
que je vais vous donner. Quand Tousserez tentrie
de diro ou de ûiîre quelque sottise , ou quand
TOUS l'aurez dite ou faite, écrivez-la sûr un pa-
[ùer, et montrez~moi ce papier, aân que j'ea
&sse la lecture i vo« compagnes.
EoGËDiz. — Oh ! "macUme , combien j'aurais
bonté si mes compagnes ccmnaissaient tonts les
sottises qui me passent par la tête , et si j'dtais
obligée de leur faire chaque jour ma coniessîon '.
^ ' Mad. SoPHiK, — Ceci est une preuve que vous
' , craignez la honte , et de la b<Hit<J du cotueil que
je Vous donne.
Cl I EoGtNiE.' — Mais ces demoiselles ne voudront
)' plusmesoufiriravecelles; elles me fuiront qnand .
i- ' elles me connaîtront telle que je suis , et tout ce
d^ que je pense. Que penserait de moi , par exem-
^', pie, ËLiza, si je disais que, pendantla récréation,
>3i' il m'était venu dans l'esprit de cacher sa soie et
son aiguille pour lui donner la peine de les cher-
q» cher î
fit Eliza. — Je TOUS saurais gré'devotresincérïté;
et même l'aveu que vous &ites en ce moment ,
i\ bien loin de vous*nuire dans mon esprit , corn-
et meoce k m'inspirer une bonne opinion de votre
u,:,-,zf--„GoOglc
13 \ ENCTCLOPEDIE
jugeaient , et de l'envie que tous avez de retioti'
cer à vos malices. '
Mad. Sophie.— Cette disposition d'Ëlizaà votre
égard sera , ma chère Eugénie , celle de vos au-
tres compagnes. Loin de vous mépriser et de
vous haïr , elles vous estimeront , et finiront par
vous aimer. Ecoutez, ma chère enfant, nous
naissons tous avec des défauts , et je veux bien
même vous avouer une chose ; c'est cjue quand
j'étais à votre âge , j'étais aussi paresseuse et aussi
méchante que vous ; mais , par bonheur , j'avais
une bonne maîtresse qui m'aimait beaucoup. Je
suivis SCS conseils , et en deux mois je me corri-
geai si bien , que je n'étais plus reconnaissable:
Stépeamib. — Madame , je lisais , il y a huit
jours, qu'il y avait autrefois un grand philosophe
que tout le monde admirait à cause de sa bonté.
Eh bien , il dit un jour qu'il était né gourmand ,
menteur , ivrogne, voleurj mais personne ne le
voulait croire, parce qu'il était lout-à-làit cor-
rigé. Ainsi, quand Eugéaie sera gi'ande , on ne
voudra pas croire qu'elle ait été mécliante ; car
file sera si bonne, qu'on en sera charmé.
Mad. Sophie.— Je youdraisbien que vous nous
dissiez le nom de ce philosopite.
Stéphanie. — Il s'appelait Socraie.
.Mad. Sophie. — Fort bien ^il me semble que
vous m'apprîtes , il y a quelque temps , une jolie
u,:,-,zf--„GoOglc
SES JEtTNES DEMOISELLES. l5
Wioirèdslui; faites-moi lé plaisir de la raconter
i ces demoiselles.
Stéphanie. — Socrate avait une fèmine si mé-
chute , (ju'elle ne cessait de l'outrager par mille
sortes d'injures. Un jour qu'elle Tavait querella , il
sortit de chez lui pour ne la plus entendre. Cette
mécliaQte femme 5it trés-iËlchée de n'avoir plus
personne contre qui elle pût exercer sa méchan-
ceté ; et cela la mi t si fort en colère, qu'elle prit un
pot.plein d'une eau mal -propre, et jeta cette eau
sur la tête de son mari. Vous crojez peut-^u% ,
mesdemoiselles , que Socrate se âcha contre sa
femme; point du tout, il se mit à rire , et dit à
l'un de ses amis , qui était près de lui : Ap-rès le
tonnerre vient la pluie.
HosTEHSE. — Je suis sure que sa femme aurait
bien voulu qu'ij se fôcbât contre elle.
Mad. Sophie — Ce que tu dis lÀ , ma chère Hor-
tense est d'une raison qui me surprend ; oui ,
sans doute , la femme de Socrate était plus pu-
nie par la modération de ce philosophe , qu'elle
ne l'eût été par sa colore. C'est ainsi que nous
devons nous venger de ceux gui nous font du mal;
c'est-à-dire , en riant du mat qu'ils nous font :
je ne veui pas dire cependant qu'il faille rire
pour les fâcher ; cela ne serait pas bien ; au con-
traire, quand une personne vous dit des injures
ou cheroheà vous donner du chagrin , il ne faut
pas faire semblant de s'en apercevoir , ne lui pas
u,:,-,zf--„GoOglc
l4 ENCTCLOPÉOIE
répondre , et se contenit , en pensant qu'elle se
£iiît pluâ de mal à elle-m^me qu'elle ne peut voua
cn&ire.
EvGiniE — JeTOUsavonevei, madame, quetien
ne m'a jamais été plus sensible et ne m'a lait plus
de peine que la douceur de plusieurs de mes com-
pagnes, quand je leur faisais des malices. J'au-
rais bien voulu qu'elles se fàcbossent contre moi,
pour avoir le plaisir àe leur en faire davantage ,
et de les pousser 1 la colère. Mais que pouvais-
je &ire et dire , quand elles ne répondaieutà mes
sottises que par un ton et des manières pleines
de douceur et dtonnêtet^ ? Je vous assure que
rien ne m'a donné plus d'envie de me corriger
que lepr modération , et que la honte que je con-
cevais ensuite de les avoir chagrinées.
Mad. SopHiB. — Si vousavez, Eugénie, un vé-
ritable désir de vous corriger, vous vous corri-
gerez bientôt j mais il ne suffît pas de le. vouloir ,
il &ut le vouloir fermement , et prendre tous les
moyens possibles de changer votre caractère tur>
bulent , tracassier et enclin à mal faire, en un
caractère pacifique, complaisant et bon. Voj^ez
Emilie , elle a deux ans de moins que vous , et
cependant quelle différence d'elle i vous I Elle
est chérie de toutes ses compagnes et de ses
maltresses ! pourqnoi? parce qu'elle est douce ,
indulgente , polie et complaisante envers tout le
monde.
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. l5
HoKTBNSs. — C'est pour cela que j'aime bien
Emilie. J'espère bien que je lui ressemblenti on
jovr, et qae je me ferai aimer de tontes les pm-
sonoes qui me coaoaKrotit.
Mad. SoFHiK. — Je t'aime d^jà beancoap , ma
cbère Hortense ^ parce qae tu et docile et boonei
et que tu aa la bonue volonté de l'instruire et de
bien faire.
EtreÉNiB, — Puîsst(-je , madame , mériter
bientât un tel éloge ! Combien je serais benreuse
si je pouvais gagner votre amitié et votre estime I
Mad. Sophie. — Cela ne dépend que de vous.
Suivez le conseil que je vous ai donné , et tout
ira bien.
ÏV' CONVERSATION.
MiD. ELISABETH, sous -maîtresse; ADÈLE,
AMÉLIE, HORTENSE.
Mad.EusABBiB. — Vonsavei bien choisi votre
joor pour revenir atiprés de nous. Un jour de
congé est toujours une journée de gagnée pour
unefiUequin'aïme ni le travail, nilHn6trnction.
Poisqoe nous .votci à la' campagne , et qu'il £tit
beau , vaudvieE-TOUs nous fiiire part des occu'-
patiens'aaxqueHeSTOUl voulus livrée pendant
les vacances?
-, Google
l5 ENCYCLOPÉDIE
Adèle. — Iteiitvrai, madame, j'ai bien méi-i té
le reproche de paresse que tous me faites ; car
maman , gai est très-instruite , m'a trouvé bien
ignorante , et m'a tenue , pour me punir , encore
plus g^nëe que je ne le sais ici.
Mad. Elisaseih. — Elle vous a sans doute
occupéej et tous a fait apprendre bien des choses
que vous ignoriez ?
ÂsxiE. -^ Quaad maman se fut assurée que je
ne «avais rien , elle me dît : Adèle , il est bien
honteux à une demoiselle de votre âge d'être si
peu avancée , soie dans la connaissance de la géo-
graphie j soit dans la connaissance de l'histoire ,
deux sciences que l'on ne pardonne point d'ignorer
aux demoiselles qui ont reru de l'éducation. Je
suis bien persuadée qu'il n'y a point de la faute
de vos maîtresses , et que vous êtes la seule cou-
pable , par votre paresse et votre indocilité. En
conséquence, au lieu de vous divertir, de vous
promener et d'aller en vendange, vous travaille-
rez pour réparer le temps perdu, et vous appren-
drez votre géographie. Ce ne sera que lorsque
vous la saurez parfaitonient > que je vous rendiai
votre liberté.
Mad. ExiSABETH — Ainsi vouKderez être bien
jnstuviite aujourd'hui , si vous avez Ëùt la vploijté
de votre maman;: et liana doute vous pouvez ré-
pondre d'une manière «atisfnsAi^ avx questions
qu'Amélie vous fera sur la géographie? ,
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEHOISEILES. 17
ÂDELX. — Rien ne peut mieux me faire sentir
le tort de ma paresse , et ne m'humilie plus , que
d'être interroge par Emilie, qai est entrée au peu-
sionnat un an après moi , et qui ne savait rien
en j entrant. Mais enfin , puisque tous exigez
que je rëponde aux questions qu'elle me fera , je
le ferai aussi bien que je te pourrai , comme si
c'était vous-même qui m'interrogeassiez.,
AMÉLIE. — Voudriez-vous bien , Adèle, nous
dire ce que c'est que la géographie ?
ÂoiLx. — VoilA une question bien difficile ' la
géographie est la description de la terre.
AuÉLiE. — Quelle est la figure de la terre?.
Est 'cUe ronde, carrée, ou plate, comme elle nous
parait l'être ?
Âsxiz . — Elle est toute ronde , mais un peu
élevée vers l'Equateur, et aplatie vers les pôles.
On est parfaitement convainca de cette figure de
la terre, quand on voyagesur mer. Quand on ap-
proche de la terre , on aperçoit d'abord un peu
de la cime des montagnes , plus on approche ,
pins cette cime se découvre à l'horizon j lors-
qu'enfin on est sur le point d'arriver au poit , on
voit toute la montagne ; ce qui n'arriverait pas ,
si la terre n'était pas ronde , parce qu'alors on
apercevrait toute la montagne , de loin comme
de prés.
Mad. Elisabeth. — C'estbien,foribien, Adèle!
vous m'étonnez , vraiment. Je vous croyais bien
l8 ENCTCLOPÉDIE
ignonnte encore , et roîli que votu nous parlez
de lafigore de la terre cemme un professeur. AU
Ions , coDtinuez de nou» surprendre.
AitiLitt — Je voudrais bien savoir combien
il y a de points cardinaux !
AssLE. —Cette question n'est pas plus embar-
rassante que la première. Il y a quatrepoiots car-
dinaux, et voici comment je l'ai appris. Mamen
possède une grande , fort grande carte de géogra-
phie i j'u jeté les jeux sur- cette carte , et j'ai vu
qu'à chaque cété répond un pomt qu'on nomme
cardinal ; or , comme cette carte a quatre cdtés ,
il y a quatre points cardinaux. Le point qui est
en haut s'appelle le Iford on le Septentrion ; ce-
lai qui est en bas s'appelle le Sud on le Midi |
celui qui est à mai^ ^ite S''appelle l'Est ou VO~
rient ; et celui qai est à gauche s*appelte VOuest
ou r Occident.
Maid.ELisABBTH.-- C'estparEâitementexpliqué,
AuËLiB. — Vons avez bien trouve les quatre
points cardinaux sur la carte, par rien n'est plus
aisé, puisqu'ils j Sont écrits ou imprimés j mais les
trouveriez-vouB bien sur la terre , dans un dé-
sert , par exemple ?
Adèle. — J'avouerai que cette question m'em-
barrasse ; au reste , je vais tâcher d'y répondre ,
après avoir un pnu réfléchi.
Hoktehsx. à voix basse. ^ Je sais la ré-
ponse , je vais vous la dire , si vous le désirez.
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 19
Adkle. —■ Si je me tionvais daDs un Aét^t , ce
ferait de jour ou de nuit; si c'^it de jour , je
toiunerais le àis au sol«it lerant, et j^aurais ¥0c-
âieni devant moi , le Ncrd à droite , et le Sud
à gtncbe ; bî eViait de nuit , je regarderais l«s
toiles , celles surtout <|iii brillent toujoura an
Nord ) je me tournerais de leur côtrf ; j'aurais le
Aôn/ devant QKH, le iSW derrière moi, XOrUnt
à ma droite , et XOceident it ma gauche.
Mad. Elisabeth. — C'est U ce qui s'appelle
^orienter. Mais que feriez - tous , Adèle j si le
riel ^tait couvert de nuages pendant la nuit , si
TOUS ne pouviez rien apercevoir autour ni an-
dsssus de vous , et s'il ne sou£Qait aucun vent ?
Ade£e. — Assurément jense trouverais dans un
bien cruel embarras j et je désespérerais de troo-
Ter les quatre points cardinanz , parce qu'il iàut
toujours partir d'un point, pour trouver les au-
tres. Si j'avais une boussole , je regarderais ou je
toucherais l'aigitiDe aimantée , dont la pointe est
toujours tournée au Nord.
Mad. Elisabeth. — Quoi! Adèle, tous en êtes
déjiÂla boussole !Cestadmirable! bientôtTOUSse-
Fez plus gavante que toutes vos compagnes. Voyez.
voiW ce que c'est que de bien employer son temps!
Il vous fallait une maman comme la vôtre , pour
vous faire feire des progrès si rapides. Puisque
Amélie' a commencé i voas &ire des questions ,
u,:,-,zf--„Googlt:
ao ENCYCIOPÉDIE .
eUe peut continuer, pour vous donner l'occasion
de montrer votre savoir.
ÂUÉLix. — J'ai bien vu des cartes Gcmblables à
la grande carte de votre maman, machère Adèle,
et j'ai remarqua qu'elles sont de quatre couleurs ;
sans doute ces couleurs signifient quelque chose.
AnsLE. — Elles servent à distinguer IVau d'avec
la terre , et les quatre parties au monde , qu'on
appelle , l'Europe , l'Asie , l'Afrique et l'Améri-
que. L'Europe est au Nord, l'Asie est^à- l'Orient,
l'Aïriqtle est au Midi , et l'Amérique est à l'Oc-
cident. C'est l'Asie qui a été peuplée la première;
l'Europe, où nous vivons, est la plus civilisée ;
l'Afrique est habitée par des peuples noirs et bar-
bares , et par des bétes féroces ; et l'Amérique ,
où il ^ a encore beaucoup de sauvages, n'est con-
nue que depuis trois cents ans ou environ.
Mad-EiisABETH. — Je suis enchantée, machère
Adèle , de vos connaissances en géographie. Je
' vous invite à continuer de l'étudier. Vous avez
une mémoire précieuse , dont il faut profiter pour
votre instruction et pour celles de vos compagnes
qui , je pense, seront bien aise de vous entendre
souvent.
-, Google
DES lEUNES DEMOISELLES. 31
V' CONVERSATiON.
M*D. SOPHIE, JULIE, AGLAÎÉ, fÉLICIE. .
liais — J'ai bien peur, madame, que la bonne
de maman ne vienne pas me jcWcher jsajour-
d'bui âimancbe , cbr le ciel est couveît de nua-
ges , et même il commence k pleuvoir. A 'propos
de la pluie , je voudrais que vous sustiez la bonté
de nous dire d'où elle vient. Il tâut qu^il y en ait
beaucoup là haut , car j'en vois toujours tomber
depuis que je suis au tqonde.
Mad. Sophie, -t- La pluie , ma chère en&nt ,
vient de la mer, des rivières» et de toutes les
eaux qui sont >ur la terre,
Agiaë. t— Je qecpmprf nds pas comment l'eau
de la mer et .des ririéres peut monter au ciel.
Mad. Sophie. — Comment l'eau qui est dans uq
pot devant le feu , monte-t-elle an couvercle ,
quoique |e pot ne. sQÏt lenipli qu'à moitié ? Quand
l'eau commence à s'échauSèr et à bouillir , voua
voyez qu'elle produit de la fumée : eh bien , c'est
la partie la plus délicate de l'eau qu'on appelle
vapeur, et qui est fort subtile. Or , la chaleur du
toleil attire perpétuellement les parties de l'eau
les plus délicates; elles s'élèvent dans l'&ir en va-
peurs , tli'^'aii' les soutient quand il y en a peu ;
ro«is quand il y en a une grande quantité, l'air
u,:,-,zf--„GoOnlc
23 EKCÏCLOPÉDIE
ne peut plus la supporter; l'eau cr^ve l'air, et
retombe sur la terre eo pluie.
FÉLiciB. — Mais, madame , je ne croyais pss
que l'air ^ât soutenir quelque chose. L'atr est
comme rien , car , j'ai beau regarder autour de
moi , je ne le vois pas.
■ Mad. S'âPHis. —Si yo^s ne vc^eepas-l'air, mÀ
bonne amie , c'est la tatite de vos- yenx , qui ne
sOnt pas-assez bons pour le voir- Il y a bien des
choses que nom ne voyons pas , et gui pourtant
existent. Par exemple, royez-vouis une grande
poussière dans celte chambre ?
Fèlicie. — Si l'on ne voit pas la poussière dans
cette chambre , c'est qu'il n'y en a pas.
Mad. Sophie, — Voilà un beau raisouDemenf,
Levez-vous , levez-vous, Félicie ; et allez regar-
der au bout de la chambre , dans l'endroït oji il
fait soleil, et vous verrez s'il n'y a pas de la pons^
siére.
JdLiE. — Voilà une chose bien singulière I il
pleut et il fait solei' . Ah I )e commence à espérer
qne le mauvais temps ne durera pas, et que la
bonne viendra me prendre.
Félicie. — Il y a dans l'endtreît où le soleil
donne, Un grand nombre de petites chose*
qui rt-mueut toujours, et toumrat coutiauelle-
ment.
Mad. SocKiE, — Ces petites choses sÀdtde très-
petits grains de poussières , que l'on appelle des
u,:,-,zf--„GoOnlc
DES JEUNES DEMOISELLES. 33
Atomes. Tout l'air en est plein; mais les parties
de l'air sont beaucoup plus fines et plus petites :
c'est pouc cela que vous ne les voyez pas autour
de TOUS. Cependant, comme au-dessus de nous
elles sont en plus grand nombre , leur quantité
fait que nous les voyons sous l'apparence d'une
couleur bleue d*azur. Je vais vous faire corn*
prendre, mesdemoiselles, ce que je vous dis, par
UQ exemple. En versant du vin dans un verre,
vous voyez que ce vin est bien rouge ; j'en vais
prendre une goutte et la jeter sur moa mouchoir.
Regardez, le vin qui est sur mon mouchoir
n'est pas aussi rouge que le vin qui eit dans le
verre, parce que dans le verre, il y a une grande
quantité de parties, et qu'elles sont plus pressées
et plus jointes ensemble que sur mon mouchoir.
Voyez une aiguillée de soie rouge , elle parait
moins rouge toute seule que dans l'écheveau , et
cela , par la m^me raison.
AoLAÂ. — Je crois bien maintenant , madame,
que Tair est un corps composé d'un grand nom-
bre de petit«g parties qui sont bleues ; mais je ne
conçois pas que ce corps , dont les parties sont si
£ùbles, puisse soutenir l'eau qui est plus pesante,
puisque ses parties sont assez grosses pour que
je les voie.
Mad. Sophie.,;— Comment donc ! vous voulez
devenir physicienne? A propos de la pluie, il
faut TOUS expliquer la natuie de l'air. Attendez ,
a4 ENCYCLOPÉDIE
attendez encore quelque f«nps , je vous appren-
drai bien des choses que vous pourrez mieur
comprendre qu'à prësent.
Aglaé. — Madame, qu'est-ce quec'est qu'une
physicienne ?
Mad. SoFHiE. — Je yous répondrai quand le
temps sera venu de v,ou« parler de la phjsique.
Vous avez de l'embarras à concevoir comment
l'air, que vous ne voyez pas, supporte l'eau que
vous vbyez; un oiseau est plus lourd que l'air ,
cependant l'air le soutient malgré son poids.
N'avez-vous jamais été dans le jardin , après une
grande pluie? n'avez-vous pas remarqué qu'il
pend des gouttes d'eau À tous les bouts des bran~
ches ou des feuilles des arbres?
Jui-iE. — Toutes ces petites gouttes d'eau,
quand le soleil donne dessus , paraissent comme
des diamons attachés à toutes les feuilles.
Mad. SopRiB. — Qu'est-ce qui soutient toutes
ces gouttes au bout de ces feuilles? C'est l'air,
qui, par conséquent, est plus lourd qu'elles ; mais
à la fin , la petite boule d'eau grossit, parce que
le reste de l'eau qui est sur la feuille ou la bran-
che vient se joindre à elle. Alors, cette petite
boule devient plus lourde que l'air; elle crève et
tombe à terre..
ÂGLAfi. — Jecomprendshien cela maintenant,
l'eau est soutenue par 1 air , comme un bateau i
est loutenu par l'eau qui est dessous, et qui s'en* i
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEintES DCHOISEIXES. nS
Ibnce s'il eA trop ohaig^ , et coQsëqiiequnent
plus pesant que l'eau.
Mad. Sophie, — C'est cela même: on ne peut
Ëtîre une comparaison plus juste.
FiLicis. — Vous avez dit , madame , il y a un
instant, à Aglaé, qu'elle youlait devenir physi-
cienne ; est-ce que les dames ne doivent pas con-
naître la physique?
Mad. Sophie. — Les demoiselles et les daines
ne peuvent et ne doivent , il est vrai , prétendre
à la science d'un professeur ; mais il leur con-
vient d'avoir nne forte teinture de la physi<jue ,
qui n'est autre chose que la science des choses
naturelles.
Jolie. — Voilà donc ce que c'est qncJa.|thysi-
que?-Mai$ excasez-<moi , madame, je qe suis
pas {dus avancée {qu'auparavant , en apprenant
que la physique est la science des choses natu-
reUes.
Mad. SLqFH^E — La physiqu* est ta iciencedes
cdioses naturelles , parce iqu'elle nous ait connat,;
tr« la nature de l'air , du feu , de l'eau et de la
terre, et qu'elle nous &it connaître au^i les coirpS
des hommaset-des aqimaus ; les aigres, les plan-
tes, les fleurs, les giinéraus etjes métaux^ pa^
des, «spériencçs aussi agréables qu'instructives;
Mais en voilà assez pobr aujourd'hui., à propod
de cfaéiqQès gouttes de plute ; en autre jouri' je
TOU»«aïreti^lraS tie quelques'phénomèaes eu-
36 ENCTCLOPÉDIE
rieux , dont il serhit bioDtenz à une jeune per-
sonne d'ignorer l'explication.
VI' CONVERSATION.
JOSÉPHINE , EMILIE , IlORTENSE , PAULINE.
EMILIE. Je voudraisbien être grande comme
T0U3 , mademoiselle Joséphine.
JosÉFHiNi. — Pourquoi cela, ma chère Emi-
lie?
EmtiE. — Parce que si i'e'taiaaassîgrande que
vom , je s(^fùs plus âgëc, et que, ïi j'étais plus
àgee, je jcrais plus instruite, et que je «aurais
tout ce que vous savez.
JosÉpntMX.— Vous me regardez donc comme
biËnsavAnte? Pour moi, je tronveque jesais tcès-
peude^lioses, et que j'ai encore beaucenp k
^^udier, ipour acquérir les connaissances qui
ponvJennent à unedemoiseUebiea élevée.
. ^ORTEKSif. — MadamçSophieuouadiMitpour-
^nt, il y a quelques jours, que vous saviez bïeo
lllV^irej et que ce serait tous qu'elle charge-
rait'de l'ajtprendçe k Emilie ei à moi,
. JosB£Hi»s — Ilestvraiquejesaisasseahienles
^lejnens à^ l'Histoire) mais o^d&me Sophie me
-, Google
DES JEUKES DEMOISELLES. 27
«oit pHis forte ^e- je ne le sais, «n.me'crapint
capable d'instcàin; mes compagpesjicni elle sait
pourtaat^quil àrrîre sbnveDt-quIoiueiiBeigtie.inal
ce que l'*n sait fort bien. -- ' : - '- y:
PAVim . -^ Vous êtes tvop inodedtej ntodemo t-
selle, et tous ne^Vei pas tout ce qneyoaa' pou-
vez. Madfttn&SopJiie, qui fe conbaitbieD en vié-
rite, TOns regardé pôorUntcommeU pliis iiu-
tmitc'de ses élève». '^ i - .
JoespHiHB-^Je vous prie, Paialniei âe'ne point
me'&irc de compliinebs, et de appoint chercher
i flatter mon amoUi:- propre. Je vous avoue que ,
tt j'aime bien, à- mériter d^ éloges , j'éprouve
toujonrtqiie1qaepenie& m'entendra louer. Pnia-
qnevoDS êtes isi bien.' disposée j-aiitM' que ces de-
moiselles, â recevoir quelques iefton* d'Hi«totre,
je cède volouHers & votKe^vœu et à. oehii deMa-
dame Sophie, idoot. les d^rssont pour moîdcs
lois queijœcéspeciœM toujours^
£iii£isjin-jily;aid'oi}C' uns. autne biMoireqiie
IBistoire-Satnte î ... ;;-i.;, : !i
3o)SPHiint.'^4^k8BÙrémeBt|'n{a cTiâref c'est l'his-
tnee-^oûnc;. qui ;eU':l« réeit^a ifv^namen* ar-
rivés àkoiilt monde Avàûtetaprc» Jésus-Christ.
Cette histofiB sediviM-éu bistoirs.anivsnciUe et
enlustotve-pastibaliire, eabîtioirè atcienne et
en hiptqii&-ihod^ad«:L't]liattÙEe énlvenwdle est
celle doltousles s'aècleB^ct de,te^s to'peujllesjus-
qbVa siècle oÎL noni aowmbs ; l'b.iitoioaparticif.
u,:,-,zf--„GoOnlc
^8 euctclopédie
'lièr« estcelk^'nn eu |4Dsi«(m«iAel«s , d'où fièo-
jple'j'd'un 'pa^, comme Fhtstoire dé FVioice ;
«Ihiiie ^UieuODBinie! l'hûtoïre:de V^rie ;. dHim
homme ou de plusieurs i, mitraie'^Llihiàire d'Ar-
-lesaBârcf-leiGrand , etieb Vies des lumines îl-
•lustres , ctuE^oa&a par Plutargoe.
ËiHEix. -«-Mon pap«Kd«n3^ hibUotUquetme
-Hûteite UmmrseUûtja\^t&\ qn^ doiK voilâ-
mes j est-ce que tout ce qui s'e^:pas3é<jâtli8':le
-nriondti-eiftotnttenUclaas-oeS'âeilx «oknM*? !
3oaii£Ba)tE. — -^tiie Histoire Uaivtrielh esïma-
sure'utentcdUedeM. Sostuet, dFécfKede:Bfoaiii:.
Si c'est elle, votre; père posïUe un ehef-âiBu?re;
«ar'janitis peisonaen^ êtuû bieii^^t TliMtoiae
^ti&cegrmd tofQOls. C'âst-tune chode adminUe
que r^loquence- Avec ^quelle iVncEnsTBeontie tons
-les' ^vëncineBs quiisontiarrivtfs depuis lê coof
ïN«ac«m«nt do moDdëjuâqi^àChailHiugne.j et
que cette précision avec IsqUetlei il a.,ra&rtaé
dansiinseiil TAlumsice qu'liifigraaâBombredlbis-
toriensavoicnt dit avant lui. ' ■! :
'ËuiUB.-^ Mon papa» auswuK histoire B«ninne
-ea quatorze. Toluiilésvi qiif IJit foimnl. JewH»-
diiaïsbien sàvovr.cequHl.^adana oétte histoire.
JosE^iHB.'— C'<stTliisleirdaaeieniieeainpos<)e
par Mi RDliin.EUe.oomprcnd itoqs le«:é»ëBe-
iDeDsafTivésiâaasli'diiitiqliît^, dMalcsEg^tiens,
4es:6abyIoDims .'lesiGvecact-les^Cavthdgnaois.
"opreûks}lo9Uiia8««t bie» aussi une tpai^ie
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEDNÊS IIEHOISELLES. 39
de Huaioîjrf ^DCieonc , mais Ict étéaetaea arri-.
Tés clien ce peuple sAdt si nèmbrenz et si ronar*
^Bsblns , que M, BoHin a todIo les écrire à part;
eo qnoi il a par&itemetat réàsn , ainsi que son
couthiuatear , M. Crerier.
Emiiis.— QuaBd'ODaluto'steàoeshiatoîres, je
croît que l'da doit savoir tont ce gui »'est passé
daosleiaoDcU.'
JOGnHWB. -^liyett pas nëceasaîre A udq ieone
personne de votre àgc ie lire ces tolumineuses
coilectioDs qaieiigent beaucoup de temps et de
loisir, ij Histoire Universelle d&Bossuet, quoi-
qu'elle soit trèsMWurte , n'est point i votre por-
bie; et voni ne la pourrez lire avec fruft que
lorsque voUs aurea-icoDh-acté une certaine hnbi-
tade de réflexion.' Ce qu'il' vous importe de savoir
à pràent , ce sont les'ti<aits les plus mémorables
et les plus frappans de l'Histoire Universelle.
PAtiLiNS. — L'Histoire Univereelle remonte-
t-cllebien haut ?
JosBFHiTTE. — Voilà Une question qui me sur-
prend. Qui TOUS a appris, madiâre, A toqs ex-
primer ainsi , et qui vous a tUt que l'histoire re-
ntoula?
Paolmb. '^- C'est madame Sophie qui , l'autre
jonr , noaa disait que ks siècles sont comme un
fleuve qui coule sens cesse , ' et va se jeter enfin
dans la mer. EUe disait la mAue eliose des évë-
nemens qui sont la matière de l'histoire. Or ,
So . ETSCrCLOPÉlHE
comme^ oDtjipéiit reinontec «K^éavfe , j'ai pctiad
qu'on. pouv«itii«nua4er l'bÎMenfe. : -
JosBPSi'niv ^ Viras voyez bfieo'que voue vous
trompez niaihteniiiBt , faute d'avoir bien 'compris
madame Sopliie. Les siècles sont comme tm ilèuve
il est Y roi ; mais c'est l'histoire qui est sur ce
fleuve , et qui çeasëquemmeut descend et remonte.
comme l'on veut. Pour répondre maiatendal à,
votre question , je vous dirai' qiie 1 histoire pro-
fane, qui est la seule dont neias etvons à nous en*
tretenir , commence ir la fondation du premier
empire, qui est celui deBabylone, lequel fut
fondé par Bëlus, dont les' Babyloniens firent un
Dieu qu'ils adorèrent soufr \c nom de Bel-, Sod'
£ls Minus lui $ncc<!da j oelui-cl létant mort ^ sa!
femme S^utiramis , une des femmes les plds cér-
Ubres dont l^îstoire fesse mentioa , gouverna
l'empire , embellit la ville de Babylone, et y fît
construire ces jardins suspendus , et ces immen-
ses murailles qui étaient l'une des sepi'merVeiUes.
du monde .
HoaTKHSE.-^Ali! mon Dieu, je Toûdrâis-bien
savoir le nom de ces sept merveilles î
Joséphine. — Je vaisvous les dire toutes comme
je les sais. Les murailles et les jardins deBaby-
lone, le Phare d'Alexaadrie, le Tombeau de
MauBoIe , le ColoSw de Rhodes , le Temple de
Diane, à Ephése , le Labyrinthe de Minos:dans
l'île de Crèttf , les Pyramides d'Egypte.
u,:,-,zf--„GoOglc
OES JECIŒS DEMOlSt^LLES. 3i
Les murailles de Bahybnê entoimiéiit cette
Tille, avaient cinquante millrt <i^<tft«KlQe, et deux
cents pieâi ie haut; elles citaient si larges, que
sis chars y pouvaient ^sser de liront. Ses femeirt
jardins étaient portés sur des colonnca ; on j
voyait de grandes avenues plantées de gros ar-
bres, de sorte qu'i une certaine distance on ne
pouvait croire qu'il j eât là une grande ftlle.
Le Phare d'Alexandrie était une l>cl!e et
liante tonr de marbre, bâtie par Ptoicmcc , roi
dUgypte , au haut de laquelle on plaçait une lu-
mière pour avertir les navigateurs. On appela
cette tour Pharos; et depuis ce tcmps-Jà on a
nommé Phare» les endroits élerés où l'on met
de la lumière, la nuit, pour diriger ceux qui
soqI sur la mer.
Xe Tombeau de Mausole était uo magnifi-
que monumentque la reine de Carie, Artèmise,
avait fait'éleyer poury renfermer les cendres de
Mausole j son épom., Depuis <p(*«ip8 ou a appelé
mausolées les ouvrîmes d'arcbitecture que Ton
&it pour honorer. 1^ mémoire des morts.
Le Colosse de jRhodes était une statue d'Apol-
lon , d'une» grandeur démesurée, qui était ton'le
d'airain. Les Rhodiens la placèrent h l'entrée du
port de la ville de Rliodes ; elle éWlt si haute , et
ses deax pieds étaient pbs^s sur desrOcliers si
écartés , que les voîsseatùi lui passaient à pleines
u,:,-,zfS-„GoOg[c
53 ENCTCtOP^DŒ.
voiles entre le^, jambes. Elle fut teayetaée par
up trvnubltivept'de terre.
Le TempU ^ Diane ^t«it ce siip«â>e éiifice
daos la .ville d'Ëph&se , à la constnietton duqnel
UD grand not^ibre de rois et de peuplei avaient
contribué pendant plusieurs siècles. Un fon
nomme Eroitrate , qui voulait rendre son nom
famepi, J, mît le feu ,; qui le conaùma entière-
ment , le même jour qu^ Alexandre- le-Grand vînt
au monde.
Les Pyramides d'Egypte sont des ouvrages
fsmeui , bâiis depuis près de mille ans , que l'on
voit encore dans le voisinage du grand Caire.
Elles étaient destinées à servir de tombeau aux
rois d'Egypte. On fut vingt aqs à construire la
plus grande ,' et on y employa trois cent soixante
six mille ouvriers.
Le Labyrinthe de l'île de Crète , aujourd'hui
l'ile de Candie , était une maison bâtie par Mi-
nes, roi de cette île, qui était ^ïte dé façon, et où
il y avait tant détours et de détours , qu'on ne
pouvait retrouver son chemin' quand une ibis on
y était entré. Il y a>V4il dans ce Labyrinthe un
monstre moitié houime et tooitié tauteau'^ qui
dévorait tous ceux que Minos'y iàîsait elitrer ;
ce monstre fabuleux s'appelait Minotaure. Thé-
sée, fîls,du roi d'Athènes eut le bonheur d'en sorr
tir par le niO|yen d'un £1 ^u'Arianâ g fille de Mi-
nos , lui donna j-ainsî que Dédale\(p\ se fit des
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEUOfiSEILES. 55
ailes de cîce , et dml le noda est s^st^ à tout ce
quiressemhle i un labyrinrïie.
En voilà assez ,: je pense, pour aujourd'hui ,
ntesdunoiseltes j retenez bien , je voua prie , tout
ce que je viens de tcws dire sur les sept merveil-
les du monde.
VII' GOIVV£RSATION.
Madame SOPHpî , HORTEKSE, ÉUSA,
STEPH(tNIE.
IVJad. SoPBis. — Ah!F-vo)is bien retenu , Hor-
tense, tout ce qu'Emilie vpusacacouté de l'His-
toire Saiute?
HoRTïi^si. — Oui.madamej jeYaistout vous
riiciler si vous I4 désires.
Mad. SopHiB. '— Où Emilie Qn:est-elle restée ?
HoKTKNSE — Ëlleafîiiiaumom{eBtoàÂ.damet
Eve sout cbas«^s du Pacadis toFrestre , doat Tea-
trée est défendue par nu Ange qui tient uoe épëe
de feu.
Mod. SopBiE.— "Comiue Emilie est iudis[K>sëe,
c'est mademoiselle EUza qui' voudra bien tous
appveedre la suite, deeette bieioire. ïe vous
engage £ l'^eoùter 'avec la ^s grande inten-
tion.
B4 ENCTCXOPÉDIE
Elisa. — Adam et Ere étant sortis du paradi«
terrestre , eurent deux 6U , Caïn et Alicl. Gain
était un méchant homme, et, At>e1 était ver-
tueux , et rendait au Seigneur un culte qui lui
était agréable. C'était ce qui excitait contre lui
la iiaine et la jalousie de son frère Cain. Un jour,
celui-ci qui cultivait la terre, engagea Abel , qui
gardait les troupeaux , à aller se promener avec
lui dans la campagne. Quand ils furent un peu
éloignés, Gain voyant que personne ne l'aperce-
vait , se jeta sur son fcÈire et le tua.
HoRTEiTsB.:— Ah! mon Dieu, quel méchant
homme! tuer son &^re!
EtisA. — Ce fut la jalousie et l'oubli de Dieu
qrii portèrent Caïn à commettre un si grand
crime ; ce sont encore ces deux vices qui pro-
duisent presque tous les crimes qui se commet-
tent dans le monde. En effet, de quoi n'est-oa
pas capable quand on oublie son Dieu , qu'on ne
le craint plus j et k quelles injustices ne se lais'se-
t-on pas entraîner à l'égard de son prochain,
quand on povié envie k son bonheur ou h se&
bonnes qualités? .
HoKTEiTsx Est-ce qu'il est défendu d'envier
les bonnes qualités -et le bonheur des autres?
ADÊtx.— ■ Il n'estpas défendu de désirer d'être
vertueuse, d'être iostruite, conùme telle ou telle
demoiselle que l'on connaît; d'être chérie et
estimée comme elle: mais c'est un crime d'être
-, Google
DES JEUnES DEMOISELLES. 35
jalouse et envieuse âei avanlages «ju'rlle possède ,
sa point de désirer qu'elle en aoît privée. Pau-
line, par exemple, est fort jolie; Emilie est trùsv
atmde de ses maîtresses et de sea compagnes, »i
TOUS, Horteuse, tous étret jalouse de ta beaulé
de Pauline et de ramîtië (jue nous avons tous
pour Emilie, ou point de d&>irer qu'une maladie
dëtmîbtt la beauté de la première, et que la se-
conde perdit les bonnes qualités qui la font cWrir,
estimer, vous seriez trèa - coupable, et vous
commettriez, pour ainsi dire, le crime de
Caïn.
HoRTXBSx. — Oh 1 je serais bien £AAé de rcs-
cembler jamais à un pareil monstre. J'aime bien
toutes mes compagnes; je veux Ucher de ressem-
bler àcelles que Ton aime et dont on laït l'éloge;
maisàdteu ne plàîsc que je me'iaisse jaûiais alW
à nue jalousie qui me fer&ït honte à moi-
même!
Stëphahie Voilà de beanx sentimens-, Hor^
teiue : tels doivent être ceux d'une fille Vertueuse
et bien élevée.
Elisa. — Quand Caïn eût tué son frire Aliel ,
Dieu lui demanda où il ëtait. Est-ce que vous
Bt'avez^ouDé mbofrète à gaiider? lui Répondit
ce sostérat. Alors Dieu, qui -avait vu son action ,
la maudit, et le ooodamna' Â courir le monde ,
en lui donOam f n signe auquel il serait recbnnd
partoutcoaunenn meurtdor. '''
u,:,-,zf--„GoOnlc
56 ENCÏCtOP^DIË
La m^clianlcet*} de Caîn'nefil gue se perp^'
tuer parmi ses descendapsi et le gçnre Ikutnaîo «
4près la mon d'Adam et d'Eve , s'abandonna tel-
lement à l'iniquité , queDicnfierepenût de l'avoir
créé , et résolut de le détruire par un déluge uni-
versel. Mais il;y avait parmi Ces mécluns, un
homme juste qu'il voulut sauver, ainsi quêta
ifimille. C'est povi'iuot il liti ordonna de cons-
truire une arçhâ, pspèce de grand vaisseau, où
il entrerait avec sa famille , et une paire, de cha-
que espèce â'aniifiàux. Quand l'arohé fut cons-
iruite, cet homme juste, qui s'appelait Noé,
suiyUlles ordres du seigneur. Aussitôt les «bimea
^'ouvrirent, les «aux en sortirent de. toutes pai'ïS}
st'û tomlta du ciel, pendant quarante jours et
4^Darat{te nuits, Une pluie si abondante,, «joe
toute la terre et tovs les bominea .furent MibtM»'
gés , et que les eaux s'élevèrent au-dc|ssus de»
' plus hautes moutagnes. Pendant ce déloge<qui
.dura un au ,;l'arclie seule fut sauvée avec tout ce
qu'elle, .contenait. Quand tons les bommes furent
mort^ , il ne tomba plus de pluie j et il vint un
grand vent qui sécha laJcrre-. Alors Noé ouvrit
une fenéfre de l'^i^clw, et.laissa sortir iun cor-
beau; ce coFl'çau ne^rcvist point; quelque temps
après, Koélais^asiartir uneieolotnbe,^qBi.reviu1
tenant en 'son heç Un rameau d'olivier. 11 sortit,
en iconséquencf / fiX'Ue. fut posplutct sur le ri-
vage, qu'il se prostcBQ^ronteelCTFs avec tbutesq
-, Google
DSS I£tmË5 DEMOISELLES. 67
bnulle , pour remercier Dieu de l'aToir sauvé.
Diea , satisfait iè «a reconnaiBÀmce , lui promit
qu'il n'y aurait plus de déluge sur la terre j et ,
ponr mettre le sceau à sa promease , il fit paraître
dans les nuages cet arc-en-cSel que nous voyon*
sottveot après la pluie.
HoKTSMSX. -^Cetârc-en-as/ettdonc un mi-
racle qae Dieu &ï fchaqne fois qu^il, parait, pour
noua avectir qu'il n'y aura plus de délugeT
STfi7aA.s1x.~-' Non, ma chère, cet arc-en-ciel
n'est par un miracle; c'est une 6|;ure qui a une
cause toute natardle , au lieu qu'un miracle n'a
•ttcune cause dans la nature, et n'est produit que
par la Tôlonté inlmëâiate de la DÏTinité,
HoaiBNSE. — Vbodriez-vous me dire , made-
moiselle, ce qui produit l'arc en ciel, et ces
brillantes couleurs dont il est composé?
St&fhahie Quoique cette question n'ait
■ucuD rapport h l'Histoire Sainte , je veux bien
néanmoins satisfaire Totre curiosité. Ce sera'ton-
jotirs un point de physique âoBt vOus aurez été
instruite en passant. Quand le soleil brille, et
qu'il pleut dans l'endroit qui hii est opposé , les
gouttes de pluie réfléelussçuf ses rayons sur nos
yeuz; oiT^:comnJe cette réflexion se fait dans une
parti* de cercle. à'Oause^laroodeur delà terre
et As- l'air qui reavironnc , il &nt bien que ce
soit on arc qui nom appiraiste, lequel n'est
WUe chose qu'uneportion-de cercle^ et comme
58 - ENCYCLOPÉDIE
tous les rayons du soleil sont forma de sept cOa-
leurs, il laut bien encore que ces couleurs se
montrent à nos yeux dans le même ordre qu'elles
sont placées dans ces rayons. Ne tous ètes-vous
jamais promeoëe à la campagne après la pluie ,
et quand il faisait soleil?
HofiTENsx. — Cola m'est arrivé plusieurs fois,
et j'ai remarqué sur l'herbe et Sur les feuilles des
plantes, une infinité de petites gouttes d'eaa de dîf-
férent«KCOuleurs,qui ressemblaient à des diamans.
Stéphahie. — Ces petites gouttes d'eau n'of-
frent toutes ces couleurs qu'à csbse des rayons
du soleil qu'elles r^^l'isseut à vos yeux. Ce qui
«e passe alors sur la terre , est précisément ce
qui se passe dans l'air , quand tous voyez paraî-
tre l'arc-eu-ciel,
HoRisnsE. — Maiutenaut que je sais ce qui
produit l'arc - en-ci el , je prierai mademoiselle
Elizn de vouloir.bïen coiitiauec l'Histoire de Nod
et de sa famille. '
Elisx. — Quand Noé eut (âitfiâi-tïr do l'arche
tous. les animaux qu'il y avait fait entrer, il se
mit k cultiver la terre pour nourrir sa famille. An
nombre des plantes; qu'il voulut élever, il s'en
trouva une qui produisit ce;lhiit quenous s^pe*
loasraisin- Il cudllît ce raisin , en exprin»- le
suc et fît du riu. Ke connaissant point lefc fiffiifs
de cette liqueur, il en but si abondaittmcnt
qu'il s'enivraj quand.il.fut irre, il s'endorihil
DES JEUNES DElHOISEtLES. Sg
ims na éizt md^ceat de midïté. Son fils C^m
Fajant vu, se mit àrîie, et appela ses deux
frères Sent et Japhet pour se moquer de lui.
Mai) ils iureut plus respectueux que leur £-ére ,
et le blâmèrent beaucoup de sa conduite à Tëgard
à^ leur père. Quand N'oé se &t réveille , et qu'il
eut appris ce qui Tenait de se passer, il bënit
Sem et Japhet, et maudit Cham, qui dès ce
moment devint aussi malheureux qoe ses frères
derinrent beureax.
HoRTSHSK. — AssuT^mentj il méritait bien
fétre putii. Si je voyais fiiire une &ute i papa ,
je me garderais bien de me moquer àé Ifti , j'an-
lais peur qu'il ne me maudit, et de devenir-eB-
sdte une malbeur-euse fille.
Stéphanix. — Vous avez bien raison, Hor-
tense, car rien ne déplaît tant à Dieu , et n^atfiré
plus de malheurs sur les eufàns , que le mépris
qu'ils font de leors père et aSère , it que les chai-'
grins qu'ils lèursuscîteut parleur mauvaise con-
duite. Hélas ! si nous voyons, tant de jeunes per-
sonnes malheureuses , on mourir à la fleur de
leur âge, c'est souvent à leut mauvais procédés
envers leurs parons que nous devons attribuer
\ leur infôrjbune onlenr mort prématurée.
- HosTBMSX. — ffoéet ses enâins devaient "bien
s'ennuyer , puisqu'il n'y avait qu'eux dans le
mo.ide. Si moo papa , maman , mes deux sœurs
lunées, mes deux beaux-fréres et moi', nous
4.0 ENCrCLOHÉDIE ,
édons seub lor la terpe:, nonç moucriovs de tris-
tMw dras edtte vasf* solitude.
ELtsA.^Oaî, flans -doute', Noé etsa&Qaîlle
se seraient beaucoup, tfti&uyàs y s'ils avaient tou-
jours été seuls i mais hJeuiwusfflnebt sa fpmîlle se
lAol^plia , et en moios' de deux siècks devint
très-nombrense. Cosime la mâBoire du déluge
était encorp toute. &stche pami les dascendans
de Noë, ils résolitreitl' de oonatnure une tour
d'une si grande hauteur, qu'ils pnssent^j'y retirer
dans le cas d'un nouveau déluge. MaisteSeigneur
nelfiur petmil.pas d'iuiberer leo^ entreprise; il
contb'ndit leur langage , et le* obligea, de »e sé~
parer pour aller babitec les différentes ,parties de
la terre. CVst à cause de. oette- conAision des
langtiës , que oeltfe tour est appelA» la tour de
Babet, mot qiil veut dioe confusion,
Ybus tojez par cet ëv^nemeoL, ma chère
HcMrtensè,. qut ,les ' lnomawa ont beau vouloir
s'élever j ou oherckec pti abri contre la justice
de 0ieu'^ il se moque de tous leurs' pdojets ; et
pour confondre leur wgtteil , il n a besoin que de
leur retirer Une partie, dé ses bi«if«ib3. Mais en
voilà aiisez pour aujourd'hui, car je ne veux
point fàtigner votre mémoire', afin que vous
rebinita mieux ce que je viefis de vous ap-
prendre.
-, Google
1>ES JEtnnSS DEH0I8ELLES. ^i
Vin- CONVERSATION.
Mad. SOPHIE, EUGÉNIE, CAROLINE et
FÉLICSE.
Mad. SopHiB. — S»v«-Tons j Eugénie , que
lotre maman m'a dit ce matîa , da Tooi, uD bllA
infini? Je tous félicite de tout mon cœur du
citangement qu'elle a cm remarquer dan» vos
manières et dans votre langage^
EuQÉNiB. — Si j'ai xai peu Asagé; madame^
c'est à vos bofis conseils que j'ai ai l'oUîga»
lion.
Mad. Sophie Dites aussi à votre bonnf
jolonté , car c'est en vain que je veu donne-
rais des avis , si vous s'en vouliez pas profiter;
EseËHiE — Vous me parlâtes l'autre )Our avec
une s! grande bonté , et mes compagnes , qui
avaient tant k se plaindre de moi , me témoîgoé»
reot une aatitié si touchante , que je pris aussitôt
la ferme résolutibu de ne plus être ni mëchante ,
ni hargneuse. Le même jour, je fus bien tentée
de &ire des mriices et de mauvais rapports;
mais au même instant je pris mon crayon et
mes tablettes , pour écrire ce que j'étais dena
le dessein de faire ; et T'envie m'en passa aus-
sitôt.
-,Googlc
4a Enctclopédie
Mad. Sophie. — Persévérez , Eugénie, dans
vos bonnes résolutions ; et quand la tentation
TOUS viendra de mal faire, ayez à l'instant re-
cours à votre crayon et à vos tablettes. Plût à
Dieu que Caroline suivit votre exemple! j'aurais
moins de reproches à lui faire , et plus d'éloges à
lui donner.
C^fio£itiE. —r Pourquoi , madame, me parlez
vous ainsi deraot Félicie, qui n'est encore' qu'un
entant^
Mad. SoPHiK. — Parce que je suis fort aise
que Félicie , qui a à peu près les mêmes défauts
que vous , profite de ce que j'ai à vous dire. Au
reste , ïgnoreK-Voos que le ton interrogatif qne
VOU& prenez , Caroline , n'est ni décent , ni
poli?
Casouhz. — C'est ainsi que vous ne me par-
lez jamais sans me tiire des reproches. Encore,
si vous me repreniez en secret , je n'aurais point
l'humiliation que j'éprouve si souvent en pré-
sence de tues compagnes.
Mad. So?Hix Mon intention , Caroline,
n'est point de TOUS humilier j mais, quand je voua
vois faire si sonvcnt deâ actions , et que je vous
entends sans cesse tenir des discours qui ont Tor-
gueït pour prîncipe, il faut bien que je vous fasse
les reproches que vous méritez. Croyez que c'est
pont votre intérêt que ;e vous parle, et qne }e
TOUS rendrais un très-mauvais service, si je vous
-, Google
SES JEVnES DEMOISELLES.
Uiuais parler et agir comme voui Tonlet. Ce
l'est pas p<irce c[ue vous «vez quatorze ans , «pie
je dots avoir pdur vous cette lâche complaisance.
Plus vous approchez de Tâge où les demoiselles
ratrent dans le monde, plus vous avez besoin
d^étre avertie de vos d^faub, défauts q-ii ne man<
^aeronl pas de vous faire haïr ou mépriser dans
la société.
Cakolixe. — , EU bien, madame, iàite«-moi
loas les reprochée que vous voudrez ; je voh tâ-
cher de TOUS écouter, comme si c'était maman
qui me parlât , et j'espîre qu'Â l'avenir vous n'ao>
r«z plus à m'en faire, car je m'observera) ai bien,
qu'il n'y aura aucune de vos leçons qui reste sans
Dlittté pouf moi.
Mad. Sophie C'est avec cette docilité, Ma'
chère Caroline , qu'Eugénie perd chaque jonr un
défaut, et acquiert chaque jour une bonne qua-
lité. En suivant son exemple, bîentât voua me
forcerez à vouslouer toutes deux, tous «tFéli-
cie, qui, comme )e vous l'ai dit, a pMtqde
tous vos défauu , si elle a quelques bonnes qua-'
lités.
Caholi;4K. — Félicie et moi, nous sommes
très-disposées à profiler de vos leçons, qui spna
doute conviendront aussi A Eugéoie, qui a
encore beaucoup & iàîre pour ^tro upe dlle par-
laite. *■
Mad, SOFH». — De tous les défikuts, le ifhis
44 ENCYCLOPÉDIE
odieux et le pis» îosuppQrttfble :clai;â le monde ,
c'est l'orgueil , tjHÏ ett uo seotioneat par lequel
nousiDOUs croyons plus que les ïotrbs, et qui
Dons poite Â-nOtts ëleTCr âu-â«ssu8 d'eux. C'est
c«dëâiut, Caroline, que je voudrais détruire ea
TOUS. N'est-il pas rfai i^ue tous êies Ir^s-oFgueil-
leu»e?
Carolinb. — Il m'arrive Lien quelqu«faù dé-
parier «recluMjtear aux domestiques > et même à
men <!empagne8.
. Mad'. Sortit'. — NoD -.seulement tou» leur
pwlez avec Ilaut^lT , m»s encore vonsavez pour
eux des maai^ed m^p^icaatesj et sbuveut kou»
leur Élites $0tittf, d'ua tOD'Iii^miliaïij^Vftbjwtion
de leur ét&t, et le besoin qu'ils oiit>do vog&s«r-
v(Fk Qfi^nt k vos compagne», il ea'^stpWieora
auxquelles vo^is ne parlez jamsâs, que m^Bie voua
déâftigaez diï regarder. S'il en ^st avec lesqpelles
vous vou« eqtf^t^iâz, c'est toujours de votre (a-
mllliâj et des rïchefses de vos p^reasi, que vous
leur pfvle^. $aQ8 oe^e au^i tous leur v,ant«z vo-
tre figure, vOs ajutnepiens, et vous vous moquez
de celles dont les parens ne sont point aussi
riches que les vôtres, et dont la mise, quoique
propre, n'est que simple et peu coAteuse. Mais,
de tous les torts, le plus-ofSQntîçlt et celui qui
annmce le .plusà'ofgaeil, c'^st L'aversiba que
vous avez pour les reproches. Heureusement
elle comm«nee k v«u« p«sser , et, me &k prévoir
-„Googtc
DES JEUNES DEMOISELLES. 45
qae bient^ nos entretiens dtanger ost et d'objet
et de motif.
Félicie. — ïlst-ce que je dois, madame,
être polie envers les domestiques? et puisque
TOUS les payez pour nous servir, ne puia-je pas
les regarder comme -an- dessous de moi ?
Mad Sophie. — Si nous devons êb^e polis en-
vers tout le monde, pourquoi nos domestiques
seraient-ils seuls exceptés de cette règle généiale?
Les hommes et les femmes qui nous servent ne
lont-ils pas, comme nous, des créatures raisonna-
bles î II n'est aucun ëtât ds méprisable , et il y a
tels domestiques plus respectables que bien des
personnes quisontfort riches, et qui occupent de
grandes places. Il est vrai que nous les payons
pour -nous servir ; mais les gages modiques qu'ils
reçoivent ne devraient-ils pas plutôt nous enga-
ger i les traiter avec douceur, et k les plaindre
d'être forcés à exercer , pour vivre, ,un état, si pé-
nible, et qui les expose'itant de caprices et de
mépris ? D'ailleurs, qui vous a assurées , mesde-
moiselles- , que T03 pareus seraient toujours ri-
ches , et que vous ne seriez jamais domestiques?
Cakolime. — Quoi ! madame , est-ce que
vous penseKquenpuf servirons un jour les autres?
MBdSopkixt'-mA'Dia)}'Oeplaise,iaesderaoi.
selles i'qtiêj'ai^u&e^ûreille idée I }e venx seule-
nent vous^ire qa'ilt^estpomt. impossible qu'use
u,:,-,zf--„GoOnlc
46 E>'CYCLOPÉDIE
r^volutioD, 0.U qu'un grand revqrs de fortune vous
r^uise un jour à exercer la professipli de domes-
tiques. Je vais voua raconter à ce sujet , une his-
toire, entre mille autres, laquelle est arrivée il
n'y a pas long-temps.
La marquise de S*** , que je nommerai ma-
dame de Surville , avait une femme de cbamltre
qui avait des sentimens fort au-dessus de son
4lal , et qu'elle chagrinait continuellement par
ses hauteurs et ses emportemens. Dans la bril-
lante position oJicUe se trouvait, elle était loin de
s'attendre à remplir un jour les fonctions de sa
domestique. Une grande révolution survint en
France , et elle fut obligée de suivre son mari en
Allemagne. La dépense que les deux époux fu-
rent contraints de faire dans ce pays, et la saisie
que l'on fit en France , de leurs revenus , lés eut
bientôt réduits k chercher les moyens de subsis-
ter. Le marquis entra dans l'armée du prince de
Condé, où il fut mal payé , et la marquise se crut
trop heureuse d'être admise dans une maison al-
lemande, sous le titre de femme de cliambre et
de bonne d'enfant. Cependant , sa femme de
chambre, Marthon, qui , par sa bonne conduite,
avait mérité la main d'un riche négociant , vivait
à Paris dans l'abondance , et avait h son tour plô-
sieurs domestiques ^ qu'éllâtraîtiùt bien , se sou-
venant desaprËoiiàre condrfios. Quand; madame
de Surville fut rentrée en.Frttace , elle vîntà P«-
DES JEUNES DEMOISELIES. 4?
TÎi ; mais il s'en &Uait beaucoup que sa situatioa
fût aussi heureuse que celle de Merthon.
Celle-ci , que l'opulence n'avait pas rendue or-
gueilleuse, ayant appris indirectement le retour
de son ancienne maîtresse , se mît aussitôt en de-
Toir de la chercher. Elle eut le bonheur de rtfus.
sir daos ses p^quisUîong , et d'ofirîr à celle qui
Tarait traitée si rudement pendant qu'elle ^tait
domestique . tous les secours dont elle avait be-
soin dans la E^cheuse circonstance où elle se tron-
Tait.
Caboline. — Voili , madame , un beau trsit
de la part de cette femme de chambre.
Mad. SoPQix. — Vous voyee donc que les do-
mestiques ne sont point aussi mtfprisables que.
TOUS l'imaginez. S'il en est qui se conduisent mal,
c'est souvent la faute de leurs maîtres on de leurs
maltresses. Au reste, je pourrais vous citer cent
exemples pour un, comme celui que vous ve-
nez d'apprendre de l'inconstance de la fortune ,
et de la grandeur d'âme de personnes attachées à
i'élat de domesticité. Voilà tout ce que j'avais à
TOUS dire aujourd'hui. Un autre jour je vons en-
tretiendrai des autres torta que je vous ai repro-
cha, Caroline; j'espère que Félicie prendra pour
ion compte une bonne partie de mes leçons.
Fèlicis Vous nous avez dit , cependant ,
madame , plusieurs fois, qu'il ne fallait pas se far
mîliariser avec les domestiques.
-, Google
48 ENCYCLOPÉDIE
Mad. SopHiB. -r- Nfm , sans doute , ma ctiâre ,
il ne faut pas se pArmettre des fomUiaTÏtés avec
les domestiques, c'est-à-dire, qu^il ne faut pas
s'eatrelemr avec «nz de choses inutiles; leur faire
des confidences, des- questions, prendre part à
]enrs querelles , à leurs amusftmens ; leur douner
des conseils , ni leur en demander ; mais il n'y a
poiut d'orgueil daus cette conduite } au contraire,
il y a beaucoup de sagesse et de raison. Vous
avez donc i éviter deux excès avec les personnnes
qui TOUS servent j le premier , c'est la familiarilé
qui ne peut que tous attirer leur mépris ; le se-
cond , c'est l'orgueil et la hauteur , qui excîteni
nécessairement leur dégoût et leur haine.
IX» CONVERSATION.
Mad^ÉXISADETH, ADÈLE, AMÉUË,ÉM1U£
HORTENSE.
Adèle. — ^ Sï vous le désirez , madame » nou
continuerons aujourd'hui les questions sur (a géo
graphie , que nous commençâmes la semain
dernière , Amélie et moi.
Mad. ££iSasetb. — Je le veux bien , Adèle
Emilie, xjiiî va beaucoup mieux , sera de la parti
• même , elle est disposée à vous faire de teinf
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 49
en tempA quel({ues questïoDS, comme à répondre
i celles |qa'Amélie lui &m, si toutefois elles ne
sont pi)s trop au-dessus de sa porttfe. Allons ,
Amélie , commencez, et faîtes briller Adèle.
Amélie. — A?aat de pas«er à la descripiion des
quatre parties de la terre, que vous avez nom-
mées , Toudriez-vous nous dire s'il y a une divi-
sion plus g^aérale du globe terrestre ï
AcELs. — Oui , Amélie j la terre se divise en
contineas et en mers. Les continens sont de vas-
tes pays contigus les uns aux autres : il y en a
deux; l'ancien continent, qui comprend l'Europe,
l'Asie et l'Afrique, et le nouveau continent, qui
comprend l'Amérique , et qui seul équivaut aux
deux tiers de l'ancien.
Les mers sont àta amas d'eau solëe qui envi-
ronnent la terre , et qui prennent des noms diffé-
rens , selon les points cardinanx auxquels elles
correspondent. Ainsi la mer qui avoîsine le Nord
s'appelle Océan septentrional j celle qui est au
midi , Océan méridional^ celle qui est i l'Orient,
Océan oriental j et celle qui est à l'Occident ,
Océan occidental. Ces quatre grandes mers for-
ment de grands golfes , en s*enf(>nçant dans les
terres , et qoand ces golfrs sont très-rastes, c'est-
à-dire très-larges et très-profonds , on les appelle
aussi mers , et ces mers prennent leur nom des
pays dont elles baignent les rivages. Par exem-
ple , le golfe de Venise , entre l'Italie et les côtes
3
u,:,-,zf--„GoOnlc
5o ENCYCLOPÉDIE
de la DalmaUe , s'appelle aussi la mer Adriati-
qae. Le bras d&mer qui s'enfonce entre la Tos-
cane et la Sicile, s'ap^lle la mer de Toscane.
Ètes-vous satisfaite de ma réponse , Amélie ?
Amélie. — AssurAnent j si vous aviez «tudi^
votre ge'ograpliie pendant une année entière, roaa
ne pourriez pas mieux répondre.
Adehe. — Voulez-vous me permettre de vous
faire à mon tour une question? La mer a deux
mouvemens qui se font remarquer utus les jours
sur les côtes de France, c'est un flux et un reflux.
Parle Hux, elle grossit, s'élève et s'avance ^ven-
dant six heures , vers les rivages qu'elle inonde, et
pendant six heures elle diminue, s'abaisse et se ra-
lire.Bespersonnesqui neconnaltraientpascephé-
nomène courraient risque d'être submergées, si
elles tardaient à se retii^r du rivage , quand elles
voient la mer s'en èpprocher. C'est ce mouve-
ment des eaux de lamer que l'on appelle la marée.
Mad. Elisabeth. — Savez-vous, Adèle, qu'il
y a fan peu de malice de votre part , à faire à
Amélie une semblable question î Vous n'ignorez
pas, sans doute , qu'elle ne saurait y répondre ,
parce que si elle sait assez bien les élémens de la
géographie , elle ne connaît point les principes de
l'astronomie physique , dont la con^iaissance est
nécessaire pour rendre raison du phénomène
iounialier du fluxet du reflux de la mer.
AoEiE. — Mamao me disait pouilant qu'il
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 5i
était nécessaire à une demoûclle d'expliquer les
causes du Quz et du reûux de la mer , des éclip-
ses de soleil et de lune , des trembleniens de terre
et des volcans j J'origine des vents , des fleuves et
des rivières , les piiucipes de la v^dtation dans
les plautes , et de la circulation du sang dons les
animaux.
Mad. Elisabith. — Votre manuin avait rBi>
sou : maïs je ne pense pas qu'elle ait csig^ de vous
que vousapprissieztout cela pendant les vacancesj
car une telle étude est trop ao^dcssus de vos for-
ce;, et (iemande beaucoup plus de temps quo vous
o'en aves eu.
Aosti. — Aussi maman me disait ello que je
devais savoir la géograjdiie e>ant d'apprendre
toutes ces choses.
Mad. EusABSTH. —Noos on parlerons dans
quelque temps. Emilie , iailes à voire tow-qucl' .
qties demandes ^à Adèle , sur ce que vous-savez.
ËKiLis. — Puisque Amélie devait parler des
qoatEe parties du moaio , c'est par où je fom-
meucerai ; et je demancleod d'abord à, Adèle ,
comment on nammola carte lurlaquelle eUessont
tontes quatre ^epnfsentées ; ensuite quelle est leur
situation sur le globe, rdativcnwnt aux quatre
points cardinaux ? .
Adelz.-.*— La carte 9Ù sont représentées les'
quatre parties du monde s'appelle une Mappe-m
monde. Cette carte nous met;«ous les yeni les
52 ENCYCLOPÉDIE
deux lif^mispUères du globe terrestre, de manière
que d'un coup d'œil nous pouvons voir toutes los
incrs et tous les pays de la terre. Savez-Tous ,
Emilie , vous qui êtes si fièi'e de m'ioterroger ,
savez'vous ce que c'est qu'un hémisphère , et sa-
vez-vons le nom du cercle qui sert à le former ?
Ehilib. — Un hémisphère du globe est sa juste
moitié. Ses deux hémisphères sont donc les deux
moitiés qui sont formées par un grand cercle ,
qu'on' nomme Yhorizon rationel , pour le distin-
guer de l'horizon sensible , qui est ce cercle aiu
delà duquel notre vue ne saurait s'étendre , à
quelque élévation que nous nous trouvions. No-
tre hémisphère est cette moitié de la terre que
nous habitons. Il est éclairé par le soleil , quand
il fait nuit dans celui qai nous. est opposé , qm
est rhémisphère inférieur, par rapport à nous.
Adelb. — Il ^ a donc des hommes au-dessous
de nous î
ÂuÉLix. — Oui , sans doute , puisque la terre
est ronde | on appelle ces hommes antipodes ,
parce que leurs pieds, sont opposés aux nôtres ,
comme les nôtres le sont anx leurs.
Mad. Elisabe:TH. — Venes que je vous eia>
brasse, ma chère E^nilie j vous avez surpassé mon
attente , et vous vous êtes montrée digne d'inter-
roger Adèle , qui ne doit plut rou^ de vous ré-
pondre.
flmiLiE. — Puisqu' Adèle connaît sa mappe-
u,:,-,fc--„GoOglc
DES JEDKES DEMOISELLES. 55
monde , elle peut dir« à quel point cardinal ré-
pond chaque partie du monde.
Adèle. — On peut dire que l'Europe eat au
Nord , l'Afrique au Midi , l'Asie à l'Orient , et
rAinérique à l'Occident. Cette situation de cha-
que pavtie de la terre n'empêche pas que ces par-
ties ne correspondent stiparétnent à chaque point
cardinal j autrement , il ferait toujours froid dans
toute l'Euiope, toujours chaud dans toute l'Afri-
que , ni chaud ni froid en Asie et en Amérique.
Chaque partie du monde a plusieurs climats , et
selon que les contrées qu'elle renferme approchent
de l'Equateur , il y tait plus ou moins froid , plus
ou moins chaud.
EMILIE. — J'ai bien entendu parler de l'équa-
teur , mais je ne me souviens plus de ce que
c'est.
Mad. Elisasetb. — Je rous l'ai pourtant mon-
tré, en vous expliquant la sphère, et je vous ai
dit que c'était un des grands cercles qui la psrta-
geni en deux hémisphères égaux , et qu'il com-
mence en Orient, ei passe par l'Occident , à une
égale dislance des deux pôles. Il fait extrême-
ment chaud dans lespajs qui avoisinent l'équa-
teur , parce que le soleil ne s'en éloigne jamais
qu'un peu à droite et à gauche, et qu'il y darde
perpendiculairement ses rayons. Ainsi, plus un
pays en est proche, plus la chaleur y e.it grande;
et plus il en est éloigné, plus il y fait froid. Ainsi
u,:,-,zf--„GoOglc
54 Es(nrctop]lDtE
daDs plusieurs contres de l'Afrique, et dans les
i\ei qui sont situéeK sous la ligne, qui e«t le nom
que tes marins donnent à IVqusteur, les hommes
et les femmes vont tout nus , à cause de l'exces-
sive cliflleurj dans ki Laponie , et dans le Groen-
land , qui sont les pays de l'Europe les plus voi-
sins du pôle, les habifans se yétissent de peaux
de bêles , et se couvrent toute la figure , pour se
garantii' du froid rigoureux qu'il y fait toute Van-
HoBTBKSE. — Ces pauvres gens sont bien à
plaindre , ainsi que ceux qui sont obligiJs d'aller
tout nus. Pour tout au monde , je ne voudrais pas
être nëe sous des climats si tristes ou si brûlans ,
moi , qui crains également le froid du mois de
janvier et les chaleurs du mois d'août.
Mad. Elisabeth. — C'est pourquoi, ma chère,
nous devons bénir la Providence qui nous a si
bien traïtéci , en nous faisant naître sous la zone
tempérée, où il ne fait jamais excessivement ni
froid ni chand.
HoRTESSE. —Nous sommes donc, madame ,
sous la zone tempérée ? Je ne comprends pas ce
que signifie cette expression.
Mad. Elisabeth. — C'est fort bien fait, Hor-
lense , de ne laisser jamais passer aucune expres-
sion, sans en demander l'explication au même ins-
tant. Une zôoe est comme une ceinture qui en-
lourele globe de la terre. Uyacînqdeces ceintures
DES JEtnïES DEHOtSELlES. 55
ob EÔnes : la zôiietarri<le <(ai eit vers l'ûquateur,
où la chaleur est très-forte; deux xdnes lemp<?-
r^es qui sont presque à vme ^gale distance de
rûquateur et des p6\es , oh les hÏTera et les étis
ne sont n! tropfi-DMlBoi trop chauds, et lesdcui
zÔDcs glaciales qni sont près des pôles , et où le
frord «st très-cuisant pendant la plus grande par-
tie de rasnëe. C'est soas la zone tempérée , qui
est entre l'Equateur et le pâle arctique , que la
France est situfe. Que de peuples qui n'ont pas
été , et ne sont pas anssï heureox que nous !
Emilie. — Puisque vous ayez loué Hortense
de ce qu'elle ne laisse pascer aucun inot sans en
demander l'explication , je vous demanderai .
madame , oe que signifie ce mot peq>endiculaire-
men , dont vous votis êtes servie , en parlant
de la manière dont le soleil darde ses rayons à
l'équatcur.
Mad. Elisabeth. — Les rayons du soleil tom-
bent sur la terre de deux manières , ou de côté ,
011 en ligne droite j ils tombent en ligne droite
sur les pays qui sont immédiatement placés nu-
dessous de lut , et de côtii ou en ligne oblique sur
ceux qui n'ont pas cette situati on. Ainsi les pavs
situés sous Téquateur où se trouve le soleil , re-
çoivent ses rayons en ligne droite ou perpendicu-
laire; et ceux qui s'cloignrnt de ce cercle, no U-s
reçoivent qu'en ligne oblique ou de côté. N'esl-il
pas vrai que, si vous placez votre main au-dessus
u,:,-,zf--„GoOglc
56 ENCTCLOPÉDIE
de la lumière d'une bougie , vous vous brfllerez ,
ei que si vous la placez ie côté , vous n^auraz
presque aucun sentiment de chaleur ? Pourquoi
cette différence ? si ce n'est que, dans le premier
cas, vous recevez la clialeur en ligne droite , et
que dans le second cas , vous ne ta recevriez
qu'en.Iigne oblique. Me comprenez-vous Emilie^
Emilie. — Oui , madame , ce que vous venez
de dire montre la raison pour laquelle le soleil est
plus ardent & midi , que le matin et le soir.
Mad. Elisabeth. — C'est prdcisément cel^j
mais je pense , mesdemoiselles , que cette con-
versation est déjà assez longue , et que votre at-
tention doit commencer i se fatiguer. Un autre
jour, nous reprendrons notre géograpbie, et nous
entrerons dans la description de l'Europe , qui
est la partie du monde qu'il nous iinporte le plus
de connaître.
X' CONVERSATION.
Mad. SOPHIE, AGLAÉ, FtLICIE, PAULINE.
Mad. SoFHiF. '— Savez -vous, Agké , que vous
êtes une avare ?
Aglaé> ■ — Comment donc , madame ? je ue sa-
vais pas que j'avais un aussi vilain défaut que ce-
lui de l'avarice, et je ne croyais pas qu'une jeune
fille en pût jamais être coupable.
DES JEUKES DEMOISELLES. S7
Mad. Sophie. — Je m'en rapporte à Pauline ,
(]ui vous vit dernièrement refuser l'amuône à un
panvre , quoique vous eussiez de l'argent dans
TOire bourse. Fi , ma clière , que cela est laid !
refuser de secourir un malheureux , quand ou en
a les moyens ? En vérité, je vous croyais un cteur
plus sensible et plus compatissant.
Aglaé. — Jen'ayais, madame, dans ma bourse
qa'un ëcu de six livres , et point de petite mon-
naie.
Mad. Sophie Kb ! quand tous auriez donné
k ce pauvre votre ëcu , penses-vous qne vous lui
ai]riezfaitunrichepré$ent?car, au fond, qu'elle
est la matière d'un ëcu T c'est l'aident. Qa'est-
ce que l'argent? si ce n'est une boue plus dure et
pins luisante , qui se tire du sein àe la terre ,
ainsi que l'or et tous les autres métaux. Or , je
vous le demande , la boue quelle qu'elle soii ,
ett^e une chose Ken précieuse ^ et qui vaille la
peine qu'on s'y attache ?
Pauline. — Il y a donc , madame , de bien
belles choses dans le sein de la terre , puisqu'on
y trouve de l'or et de l'argent 7
Mad. Sophie. — Sans doute, ma chère , on y
trouve tous les métaux, Ym, l'argent, le cuivre ,
le fer, le plomb , et même les diamang; mais
toutes ces choses n'y sont point dans l'état bril-
lant où nous lus voyou»} elles y sont rayées avec
de la boue, à de grandes profondeurs; et poQr
3*
u,:,-,zf--„GoOglc
58 ËNCTCLOPFÎDIÊ
les st-'parer de cette boue, il en coûte beaucoup
de peines et de dépeuses , et souvent la vie à un
grand nombre de malheureux.
Félicie. — Ces beaux diamaus que les dames
ont à leur coifTiire sortent donc aussi de la boue?
Mad. Sophie. — Oui , ma chère , c'est aussi
dans la terre qu'on les trouve , comme de petits
cailloux tout enveloppas d'une croûte épaisse et
dure. Quand on a eu le bonheur d'en rencontrer
quelques-uns , on leur ôte cette croûte , on les
polit, et on les taille dé dîfliërentes manières,
pour leur donner cet éclat que vous leur con-
naissez.
Félicie Je voudrais bien en trouver quel-
ques-uns , quand nous allons k la promenade.
Mad.SopHiE. -^ Les diauians et les autres pier-
res précieuses ne se trouvent point dans tous les
. pays.
Il y a, dans les Indes, un royaume qu'on ap-
pelle Goîconde, où l'on en trouve plus que dans
tons les autres pays dn monde \ comme le Pérou
et le Potoso , en Amérique , sont les pay^ où îl y
a le plus de mines d'or et d'argent.
A.GLk.t'. — J'ai entendu quelquefois mon papa
parler de ces mines; mais il ne m'a pas dit com-
ment dles sont faites ; c'est ce qne j'aurais bien
voulu savoir.
Mad. iSopHiE. -^ Votre curiosité , Aglaé , est
très^ouable , puisque votre papa ne vous a pas
. „ Google
DES JEUKES DEMOISELLES. 5g
explique ce qa'on entend par les mines , je vous
le dirai moi-mémp, aGn que lorsqu'il vous en
parlera , vous soyez tout de suite eu état de le
comprendre. Les mines sont de vastes et profond^
souterrains , dont l'ouverture ressemble à celle
d'an puits. On y descend par le moyen d'une
machine ronde qu'on appctie une poulie. Quand
on est descendu, on est tout étonne de trouver
des chamlires , des appartetnens soutenus pardes
colonnes de pierre, de marbre, ou par de gros
nrars de terre ; des labipcs , des iostrumens de
tonte espèce , et un grand nombre d'hommes oc-
cupas les uns à fouiller la terre , les autres à rem-
plir de grands paniers de la boue où se troilvent
l'or «l'argent. Ces hommes (juî, la plupart ,
sont des malEâîteurs condamnés à ces pénibles
traranx , ne sortent jamais de ces souterrains ,
ne Toient jamais le jour, et sont sujets à un grand
nombre de maladies causées par les vapeurs qui
s'exhalent de ces souterrains^ y vivent peu d'an-
nées , et meurent presque tous à la fleur de leur
âge. n arrive quelquefois qu'eu creusant la teri'e,
iU en font ébouler sur eux de grosses masses j
alors, ils périssent en grand nombre, sans qu'on
puisse leur porter aucun secours. Peut-être ,
Aglaé, totrft écu de aïs livres a-t-îl coûté la vie
& plusieurs de ces mallieureiix.
AoL/it. — Si je le savais, madame, je ne vou-
drais plus toucher d'argent. Di^S à prés::nt, je
. Coodc
fio ENCYCLOPÉDIE
vous remets mon ^cu , et je vous prie d'en dispo-
seren faveur des pauvres, comme vous le juge-
rez à propos.
Mad. Sophie. — Card<?z votre écu , Âglaé ;
je veux que vous ayez le mdrite d'en faire un bon
usage. Ce n'est point un crime d'avoir de l'argentj
mais c'en est un de ne pas s'en servir pour se-
courir ceux qui n'en ont pas, et qui , faute de ce
m^tal , sont exposés, à mourir de besoin.
Félicie. ' — Je croyais , madame , que tout le
monde avait de l'argent, et que personne ne
mourait de &îro.
Mad. Sophie. — J'admire voire simplicité ,
ma chère Félicie; parce que rien ne vous man-
que , TOUS croyez qne rien ne manque aux au-
tres , et qu'il n'y a point de malfaenrenx , cepen-
dant vous voyez, toutes les fois que nous allons
à la promenade , des vieillards , de pauvres fem-
m,es, et de pauvres petits enfâns qui nous con-
jurent de leur faTrc l'aumône. De bonne foi , pen-
sez-vous qu'ils sliumilieraient ainsi , tous ces
mallieureuï,, qu'ils nous feraient de si vives sup-
plications pour nous engager à leur donnée , s'ils
n'étaient pas dans le besoin' Hélas ! ils manquent
de tout; et c'est parce qu'ils savent que vous ne
manquez de rien , qu'ils s'adressent à vous , et
vous demandent un peu de votre superflu; c'est-
à-dire , de ce que votre maman vous donne pour
vos menus plaisirs,
u,:,-,zf--„GoOglc
DES J£t'>ES DEMOISELLES. Ci
Paduhb Il me vient dans ce momeat one
pclite curiosité j je Toudrait bien savoir d'où
viennent ces perles dont mademoiseUe Elîsa en-
trelace ses cbeveux, et les grains ronges qai for-
ment son collier; est-ce qn^OD trouve ces choses
dans les mines de Golcoode , on du Pérou ?
Mad. SoFBis. — Non, ma chère \ ces choses
ne sont point ce qu'on appelle des métaux , et ce
n'est point en creusant la terre que l'on se les
procure. Ce sont des productions delà mer, mais
d'une espèce différente. Vxs perles sont comme
des petits pois qui sont reoEêrmés dans les écail-
les d'nne huître j dans les endroits de la mer où
se trouve cette sorte d'huître , d'habiles plongeurs
descendent dans l'eau, y^ prennent toutes celles
qu'ils rencontrent , et c'est dans ces huîtres
qu'ils trouvent ces belles perles dont les dames se'
servent pour se parer. Plus ces perles sont gros-
ses et transparentes , plus elles sont précieuses et
chères.
Quant à ces grains rouges dont Elisa porte un
collier , ce sont des grains de corail. Le corail
croît comme un arbrisseau , contre et sur les ro-
cliers qui sont dans la mer. C'est une substance
tant à la fois végétale et pierreuse , c'est-à-dire
qui participe de la plante par sa forme , et de la
pierre par sa dureté'. Ainsi , vous voyez , mesde-
moiselles, que la providence de Dieu a semé par-
tout d'innombrable; richesses. Sur lii terre , ce
63 ENCYCLOPÉDIE
sont des plantés de toutes espèces ^ dans le seia
de la tetre, desmétaui eldes miadrauxqui nous
sont ou nécessaires ou utiles ^ et dans la mer ,
des objets qui flattent notre goût, et nous servent
d'otnement. Mais oii nous ont conduites Vor et
l'argent? il me semble que ce n'est point de ces
métaux que j'aurais dû vous entretenir si long-
temps. Il en est un autre qui n'a pas le même
éclat , mais qui est d'une utilité plus générale et
plus réelle.
Pauline. — Comment, madame, il 7 a un
métal plus précieux que l'or et l'argent ?
Mad. Sophie. — Oui , ma cLére, et ce métal,
c'est le fer, avec lequel on fabrique toutes sortes
dHnstrumens. Aussi , les peuples lointains, qui
n'en ont point , mais qui ont beaucoup d'or et
d'argent, l'acbètent-ils bien cber, et donneraient
tous leurs trésors pour se procurer ce fer , sans
lequel on ne peut avoir de bons outils.
FÉLiciE. — Il me semble que le fer est un
métal bien dangereux, car si l'on en fait des
instrumeus utiles , on fuit aussi des sabres , des
épées, de» fusils, des baïonnettes , avec Icsqu^
les soldats se tuent ou se blessent à la guerre.
Je vous assure , madame , que mon onde le ca-
pitaine ne l'aime guère, car c'est un coup de
sabre qui lui a coupé le bras.
Mad. Sophie — Votre réflexion, ma cbére,
•^sttrès-raisonnablR, et mérite d'être examinée,
u,:,-,zf--„G6oglc
DES JEUISES DEMOISEIXES. 63
n est vrai que le fisr est le métal dont les homiaes
se servent pour se détruire dans les cooibaUj
mais de quoi n'abusent ib point T et quel est le
bienfait de Dieu qu'ils ne font point tourner à
leur pecte ? Sans doute , c'est avec le fer que les
soldais combattent j mais avec quels métaux les
princes les paient-ils, si ce n'est avec l'or et
l'argent qui font tout le mal} car , s'il n'y en
avait pas jlesarméec ne pourraient paa subsister;
et c'est dans ce sens que l'on a dit que Var^nt
est le nerf de la guerre.
P^DLiNE. — Est-ce qu'un couteau d'argent
ne vaudrait pas mieux qu'un couteau de fer , et
des sabres d'or ne couperaient -ils pas mieux que
des sabres de Ter ?
Mad. Sophie. — Non, assurément, parce que
l'or et l'argent ne sont pas susceptibles de rece-
voir le même tranchant que le fer , auquel on
donne le fîl avec beaucoup de faciliié. D'ailleurs,
quelle immense quantité d'or et d'argent ne &u-
draii-il pas pour (aire des sabres à toute une ar-
mée , et où pourrait-on se la procurer ? Arrêtons-
nous ici , mesdemoiselles , et souvenez-vous que
l'or et l'argent ne sont des métaux vraiment pré-
cieux , qu'autant qu'ils nous servent à secourir
lesiodigens.
64- EKCTCLOPliDIE
XP CONVERSATION.
JOSÉPHINE , EMILIE, HORTENSE, PAULIKE,
ALEXANDRINE.
Alexakssine. — J'aurais bien désiré, made-
moi.selle Josépliine, assister à la leçon d'Histoire
qae TOUS dounàtes, il y a quelques jours, k ces
demoiselles. Ce qu'Emilie m'a dit des sept mer-
veilles du monde, qui forent le sujet de voire
conversatioD , m'a donné un vif regret de ne
vous avoir pas entendue. J'espère que vous vou'
drcz bien , aujourd'hui , m'accorder la faveur
d'écouter vos instructions sur l'Histoire.
JosÉFHiKE. — Connaissant, ma chère, voire
ardeur pour apprendre, l'idée m'éuit venue de
vous faire avertir ; mais ajant su que vous étiez
au dessin , pour lequel vous avez un got'it si dé-
cidé, je ne voulus pas vous distraire, je me pro-
mis bien de vous prévenir la première fois que
j'entretiendrais ces demoiselles sur l'Histoire.
Comme ce futà propos des embellisscmens que
Sémiramis avait faits dans ya ville de Babylone ,
que je parlai des sept merveilles du monde , je
vais continuer à parler de son empire , que l'on
appellerempiredesBabylonïens ou des Assyriens,
ce qui est la même chose. Après Sémiramis , cet
empire eut une longue suite de souverains qui
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOfSEUfS. 65
régnèrent avec beaucoup de tranquillité , et dool
plusieurs inspirèrent à leurs sujets le goût des
sciences , et surtout de l'astronoDiie , qui fut
cultiva par les Babyloniens, long-temps avant
qoc les autres penples en eussent quelque con«
naissance; caries plus aociennes observations
que l'on ait £iites sur le cours des astres sont
celles des Chaldéens ou Babyloniens. Mais tous
les rois de Babjlone ne se ressemblèrent pas ,
et il y en eut plusieurs dont le nom est passé jus-
qu'à nous, avec la mémoire de leurs vices et de
leurs mauvaises actions. Le premier est Sardana-
pale, prince efféminé et Ucbe, qui passait sa vie
dans les plaisirs et dans des occupations indignes
d'un souveraiu j aussi éprouva-t-il que si-un em-
pire se fonde par le courage , il se perd par la
mollesse. Deux gouverneurs de ses provinces ,
indignés de ses vices , firent soulever ses sujets
contre lui, et lui déclarèrent la guerre. Pour les
mettre  la raison , il marclia contre eux'; mais
n'ayant que des soldats efféminés cCHnme lui , il
put à peine souteuir ie premier choc de ses en-
nemis, et retourna dans la ville de Babylone , où
avant fait allumer un bâcber, il se brùJa avec
tous ses. trésors. Heureux, s'il avait montré
peodaut sa vie le courage avec lequel il affronta
la mort!
Alcxakdeine. — J'avais bien entendu pro-
noncer le nom de Sardanapale,
u,:,-,zf--„GoOnlc
66 tsrcrcLOPÉDiE
Joséphine. — Oa donne souvent ce nom à des
souverains vtcienx , qui aiment mieux se livrer à.
leors plaisirs que de bien gouverner. On dit aussi
d'un simple particnlîer qui passe sa vîe dans les
festins et dans les divërcissemens, que c'est un
Sardanapale. Ce nom exprime la lâcheté' et la
mollesse , comme celui de Néron, qui est le nom
d'un empereur romain , exprime la cruauté.
Emilie. — Quand Sardanapale se fut brfilé ,
son empire subsïsta-t-il toujours?
Joséphine. — Oui, ma cbère, ftais il fut
partagé entre les deux gouverneurs qui sViaient
révoltés. L'un, nommé Arbace, eut la Médie ;
et l'autre, nommé Bélochus ou Pliul, devint
roi de Babylone et d'Assyrie , et succéda à Sar-
danapale. Long-temps après parut Nabuchodo-
nosor, ce roi si fameux dans THistolre-Sainte ,
qui s'empara de la ville de Jérusalem , la raina
de fond en comble , ainsi que le temple de Sa-
lomon , dont il pilla tous les trésors , et eirunena
tout le peuple juif captif à Babylone. Ce fut sous
son règne que parut le prophète Daniel , qui
prédit la fin de cette captivité , et l'époque de la
venue du Messie. Quelques années après la mort
de Nabuchodonosor , un prince impie , nommé
Balthasar , monta sur le trône de Ealiylone.
Comme il était fort puissant, il déclara la guerre
au roi des M4dcs, nommé Darius Ciaxare, fils
d'Astiage , à qui Daniel doana le nom d'Assuérus.
u,:,-,zf--„GoOnlc
DES JETWÏS DEMOISELLES. 67
Carias avait ua nereu , £U de Camhjse , roi de
Pnse , et de Mandane 6a sœur ; comme ce jeune
jaince , appelé CjTus , était rempli d'excellentes
qualités , ce fut à lui que Darim Ciaxare coo6a
le commandement de son armée.
Pauline. — Vous avez dit que Cyrus était
fils de Cambyse, roi de Persej comme j'ai en-
tendu plusieurs fois parler de ce Cambyse, et
que je ne me rappelle plus à quel propos , rou-
driez'vous bien me àite ce que Von en sait ï
SostpsisB. — Cambjse,pèredeCjrus, était
DQ prince extrêmement sévère , et ami des
momrs et de la justice. On cite de lui un trait
qui &it bien connaître rmdexibtlité de son ca-
ractère. Un juge ayant été convaincu de s'être
laissé corrompre , il le condamna i être écorcbé v
vif, et ordonna que sa peau fût étendue sur le
tribunal où son successeur devait s'asseoir^ pour
^uvanter les magistrats qui seraient tentés de
Timiter.
Alexasdkiiii. — Je crois que ce trait a été
représenté sur un tableau.
Joséphine. — Vous avez raison ; on peut voir
œ tableau dans la galerie du Musée Royal .
Pauline. — ■ Je l'ai vu , ce tableau , inais j'en
ai aussitôt détourné la vue, tant la cruelle si-
tuation de ce malbeureus juge m'a fait de
peine,
JosÉpHiBE. — Revenons à Cyrus. Ce jeune
u,:,-,zf--„GoOglc
68 ENCVCLOPÉum
priace répondit p&rËiitement k la haute idtfe qtié
soD ODcle Darius avait de ses talens. Il conduisit
son armée devant Babylone , et se dispesa à l'at'
que de cette ville. Comme l'Euphrale , qui était
un fleuve très-large et très-profond , la défen-
dait de tous les côtés, Boltlkasar se moqua du
projet de Cynis j et pour montrer la profonde
sécurité où il était , il donna aux grands de son
empire un festin magnifique , où furent apportés
les vases sacrés du temple de Jérusalem. Mais
Dieu ne laissa pas cette profanation impunie;
car Cyrus ayant fait creuser, pendant la nuit,
un nouveau lit à l'Euplirate , les eaux de ce
fleuve s'y jetèrent avec impétuosité et permirent
à l'armée de Cyrus d'entrer A Babylone , dans
le temps où le roi et tout le peuple étaient endor-
mis. C'est ainsi que finit l'empire des Babyloniens,
et que commença l'empire des Perses. Comme
ce grand événement avait été prédit plusieurs
siècles auparavant , par le prophète Isaïe qui
avait même nommé Cyrus, je crois qu'il ne vous
sera pas inutile de savoir comment ce piînce, que
Dieu avait choisi pour être l'instrumenL de ses
vengeances envers Balthasar , et de sa miséricorde
envers son peuple , avait été élevé par le roi son
père.
Pauline. — Un prince que Dieu avaîl choisi
pour l'exécution de ses desseins devait assurément
avoir reçu une bonne éducation.
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 69
JosÉPBiKE. — La conduite qu'il tint enMédîc,
pendant le s^jonr qu'il fit k la cour de son grand*
père , prouve bien qu'il avait profité des excel-
lons principes d'éducation qu'ilj avait reçus.
Quand il eut douze ans , sa mère Mandane le re-
tira des écoles publiques, où il avait été élevé
comme les autres enfâns , et le prît avec elle pour
lUer rendre visite à son grand père Astiage. C'é-
tait nn voyage bien dangerenz pour Cjrus ; on
rivait avec magnificeace en Médie, et il était à
craindre que le luxe et la bonne chère ne dégoû-
tassent nn enfant de douze ans delà simplicîtéet
de l'austérité des mœurs des Perses. La bonne
éducation de Cyros le sauva de ce danger , et lors'
que son grand-père lui demanda ce qu'il pensait
de ces graos festins , il lui répondit : Les Mèdes se
fttignent et font beaucoup de cbemin pour satis-
&ire aux besoins de la nature ; les Perses pren-
aent un cbemin plus court et plus facile ( un peu
d'eau et de cresson leur suffit.
Amélie. — Si vous vous souTcnez du festin
d'Astiage , je vous prie de nous en faire le récit.
JostFHJNB. <— ' Astiage se mit dans l'esprit d'é-
blouir Cyrus par la magnificence de sa cour.
Pour cela , il invita ses principaux courtisans à
on grand festin , et leur commanda de lui faire
donner une robe superbe. Sur la fin du repas ,
le roi dit h son petit-fiU : Je vous donne tout ce
qui est snr la table } vous pouvez eu faire des pré-
u,:,-,zf--„GoOglc
^0 EKCVCLOPEDIE
sens k ceux que tous aimez le mieux. Cyrus
donna un plat à un oiUcier, parce qu'il rcmar-
quaitqu'il obéissaitâeboncœur ài>on grand-père;
il âoniuia un autre plat à un officier qui servait
sa mère. Celui qui lui monirait à monter à che-
val eut aus&î un présent j enfin , il ne donna
rien , qu'il n'eût une bonne raison k dire pour au-
toriser chaque présent qu'il faisait. L'échanson
du coi , nommé Sacas , avait aussi la cbarga d'eu-
yrir la cbambre de ce prince , et il avaii empê-
ché le jeune Cyrus d'y entrer , quand son grand-
pèr« était occupé. Cyrusaraitcelasur le cœur;
pour s'en venger, il ne donna rien à Saca^.
Puisque vous récompensez le mérite, dit Âstiage,
TOUS auriez dû £iire un présent à Sacas , qui
verse si bien à boh'6. — II ne &ut pas être bien
habile pour cela , dit Cyrus ; je ne suis qu'un eo-
&iot , cependant je suis sûr de m'en acquitter
aussi bien que lui. C'esjt ce qu'il faut voir , dit le.
roi. Aussitôt , Cyrus prit tout ce qu'il fiiîlait pour
cela , et versa à boire de fort bonne grâce. Com-
me il s'aperçut qne son aïeul avait l'eîr satî:>faît ,
a s'éorîa en riant : Tu es perdu pauvre Sacas ,
j'aurai ta charge — Pas encore , dit Astiage , car
TOUS avez oublié de goûter le vin. C'e^t tout ex-
igés que je l'ai oublié, dit Cyrus; je n'avais
garde de vouloir goûter du poison. — Pourquoi
dites-vous que le vin est du poison ? demanda
Asiiage. Cyrus répoiidit : C'est qu'il fait perdre
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JELTiES DEMOISELLES 71
l'esprit à ceux qui en boivent. Je remarquai Vau-
tre jour , qu'après en avoir bu , vous oubliâtes
que V0U5 ^tiez roi , et les autres oublièrent qu'il*
étaient vos sujets. ^V'ons parliez tous ensemble ,
vous riiez sans sujet, et quand vous vouliltes
dausw , vous alliez tout de travers. — Mais , dit
Âstiage , la même chose «'arrive-t-elle pas à vo-
tre pcre Cambyse? — Pion , répondit Cjrus j
quand mon père a bu, il n'a plus soïf : voUÂ tout
ce qui. arrive.
HoKTEKSE. — Il me semble , Mademoiselle ,
que C^Tus avait tort de se fîicber contre l'échan-
tODj car enfin, cet otGcièr n'avait iait que son
devoir,
}osÉPHiHE. — Votc^ reÛesioD , Hortense , est
très-juste. Le ressentiment de Cjrus était blâ-
mable, et la vengeance qu'il en tira n'était qu'une
petitesse. Une personne qui a de la générosité ce
«e venge pas d'mte autre qui ne peut se défen-
dre contre elle. Au reste , c'était peut-être plus
U &ute de Cyros que de l'éducation qu'il avait
reçue. IITaveE'TOus jamais manqué, Horteuse ,
'■ k observer les choses que madame Sophie vous a
recommandées ! Continuons l'histoire de Cyros.
I Maodaue quitta bientôt la cour d'Astiage ,
pour revenir en Perse j mais Cycus lui demanda
la permission de rester en Média. Ce n'était pas
assurément pour se divertir et faire bonne chère}
il ne se souciait guère de tout cela : voici quelle
-,Googl>.-
EKCTCIOPÉDIE 7 2
^taitsa raison. La Perse est un pays rempli de
montagnes ; or , dans les montngnes , une cava-
lerie ne peut pas combattre aisément j ainsi , les
Perses n'avaient que de riufanterie dans leurs
armées, et comptaient pour peu de choses
de savoir combattre à cheval. Ce fut pour
apprendre cette science, que Cyrus demanda la
permission de rester en Médie. Ce fut U qu'il fît
la guerre pour la premiiïre fois ; mais cette guerre
ne fut pas longue, car le roi d'Ai'ménie , qui était
l'ennemi d'Astiage , ayant élé battu , il promît
de payer im tribut , et obtint la paix k cette con-
dition.
Cyrus ayant appris k combattre à cheval , re-
vint en Perse , et entra & l'école des jeunes gens
de son âge. Ceux-ci pensaient qu'il aurait bien
' de la peine h vivre avec eux, dans l'obéissauue
et la pauvreté ; mais ils se trompèrent j il fut le
premier àkur donner l'exemple de toutes sortes
de vertus.
Alexandsike.— Je vous avoue, mademoiselle,
qu'ancune histoire ne me pLalt autant que celle
de Cyrus ; rien n'élève l'âme comme de voir nu
jeune prince, fils et petit'fîls de rois , empressé
h s'instruire , et mener une vie pénible et austère
à un Sge où l'on ne pense ordinairement qu'à s'a* 1
mnser et à perdre son temps. . f
JostPBiNS. — Comme Dieu en voulait &îre
Viustfument de ses grands desseins , c'était lui
DES JEUNES DEMOISELLES. 7?
,^ui gnidfcit sa {eudfiiie., el iuî âaapirditi l^monr
de foatÈs'IesTertiw. ' '
Cepeddant,, AstUgq mourût} «t lalisa. le
tojaamé de 'Médiê à aon fil) Dcrîus Ciaxsre, qui
éUàt &ère àa Mandane ^ mers de CytoB. Comme
Darius ^Uit fort jeune , les rois de Babylone et
de Lydie crurent rvcciisiç;! favorable pour lui
fiiire la gnerre. Le jeune roi demanda du aecoars
i Cambyiie son beau M'e , qui lui envoya une
vmée dont il doniia le commandement à Cyrua.
Avant de marcher contre le roi de Babylone ,
celui-ci porta4a guerre en Lydie , dont Crû^us ,
qui était un prince tcés-riche , était roi , mit eo
^oute les Lydiens , et s'émporti de lettr- TÎlIe
capitale, qu'il livra an pillage'. Il arriva, dans
cette circonstance , UU' ^t^nementhieD «ïtràor-
dinaù'é, et qui prouva coQ^ien les alfeetfons du
cœur ont de t'influence sur le corps, jih soldat
piHiraaivatt Crésus, dans l'intention de le tuer ;
le £is de ce nalheureux roi , vt^ant son péro
dans un dsuger si évident , éprouva une û forte
«ematnn A'eStoi que-, q-iotqu'il eût 'Hé làuet
jusqu'alors, il s'écriac Soldat / no'tue ftaj Cré-
tus /
Après éette expédition, Cynie r«f mt poor At-
taquer le roi de^Babyloae) dcoft^je votis ai ra-
conté la tristè'destÎDé , ainsi que Celle de soa
empire ^ qui ii^trénni iàlbtlm des'petses * dans
la personne da:£iaxar« ^ «t ensuite dé Cyrbs ,
4
u,:,-,zf--„GoOgk
74 ENCrClOPÉDIE
^i déVilit aussi 'nialtite de la Lydïe, âë Ifa Mëdie,
de l'Assyrie et de la Perse. Cfe tJM j'si à V61K
'dit» dexe de^ïième empira^ 4"'-t '^n^l^tieft iiè-
'ckeiafTèa,(atnxiyersépar Alexandre- te^Grand',
fera le sujet d'îinb mitre convemitloil.
Mad. soChie, Emilie,' hortense, éli^.
M«d.SoPBiiE,— Oùen, éui-Tolis , Htateitw,
de votre Histolre^iote 1 .
HoRTE>JE' -f JNoQseB étions âfcniéremeDt &
rhistorie de laito^r de ïU^el; tans je d'û rie*
appris depuis, . '
Madi SopHiB. -^EhbtéD, Emîlfe, continues
de .raconter ce, ijtii se passa après la totà de
■BaW,, -■:,: ,.'■
Ehuisj — iCVit l'histoire â'AbràliiiR que je
.Ta1« coi^menoer. Palrmi les dttbeddans de Sem ,
fib de Noé, il y eut , long-temps après le dëli^e ,
i^n homme' qtt'<m appielait Al>rabara '; il Tint de la
ISM^potamie , :où il dfUBéui^ , dans le pays de
jCtaDftan, avec Sataft» feïnme (.etLoth son no-
:Teu. Dieu qui l'aïiAMt beatfcoiip, lui avait or-
donna ' i«, T«iir dans ce pay^ , tm lui {noBiettadt
DES JELNES DEMOISELLES. 'jS
it le rendre père d'un grand peuple. Qiioiqu'A>-
iKabam £ù.t ués-vif ux , ainsi que sa femme, il
nliérita point de croire à la proooe^e de Dieu.
Quelque temps apr^ , ses valets et ceux de son
neveu ayant pris querelle ensemble , au sujet de
leurs troupeaux , il proposa à Loth de se séparer
de lui , parce qu'il voulait vivre en paix. Lotti ,
au lieu de se rt^concilier avec son oiicle , accepta
ce parti et se retira à Sodome , qui était une ville
ipie Dieu voulait détruire , à cause des grands
crimes qui s'y comoiettaient. Comme il était un
jour sur sa porte, il vit venir deux jeunes étran-
gers qui lui demandèrent , et auxquels il donna
L'hospitalité. C'étaient deux anges qui venaient
l'avertir de sortir de la ville , parce qu'elle allait
Ace détruite. Loth suivit le conseU des deux an-
ges, et prit la fiiite avec sa femme et ses deux
0es. À peine était-il hors de la ville , qu'une
pluie de &u et de soufre tomba sur elle , et la
consuma entièrement , ainsi que quatre autres
villes dont les habitans n'étaient pas moins cri"
minels que ceux de Sodome.
Ho&TBNSS. — Â^ ! madame , qnel châtiment
épouvantable , d'ctre ainsi brûlé tout vif 1
Mad. SoraiEt — Cela est vrai', ma chère, el
^alaoous apprend que Dieu ne lusse aucun crime
impuni. Voyez aussi combien il faut pcetulre
garde & vivre avec d'honnéles gens! Si Loth n'et^t
pu ^itté Ahratum, ilnVûtpas pocdu sd.&Vine
76 ENCYCLOPÉDIE
<|iii fut changée en une statue de sel. Il fut sanvé
pai'Ce qu'il avait appris, en demeurant avec
Abraham , à être cliorttable , et à exercer l'hos-
pitalité. Allons, Emilie, continuez l'histoire
d' Abraham.
KftjiLiE — Un jour qu'Abraham ëtait, devant
sa tente , il vit venir trois voyageurs, qu'il pria
dé manger un morceau en passent. Les voya-
geurs, qui étaient des angeii, acceptèrent cette of-
fre Hospitalière. Aussitôt Abraham dit à sa fem*
me de préparer des gâteaux pour ces étrangers ,
e( ilcommandà à ses valets de leur laver les pîeds.
Après qu'ils eurent dtnë , ils demandèreut à AJ>ra>
ham où était sa femme, et lui dirent qu'elle aurait
bientôt un Gis. Quand Sara, qui éuit dans la
tente , entendit ces paroles , elle se mit à rire ,
parce qu'elle était vieille. Après lui avoir reprocha
d'avoir ri , les anges s'en allèreni , et quelque
temps après, Sara eut un 61s qu'elle nomma Isaac.
Mad. Sophie. -^ Fort bien, Ei>>tb'el Made-
moiselle Elîsa Toudrait-etle bien nous faire quelt
ques réflexions sur cette histoire 7
Eliza.. — Volontiers , madame j je répéterai
à ces demoiselles les réSexIons que )e vous ai en-
tendu faire un jour que vous parliez de l'histoire
d'Abraham. Abraham était un homme bien cha-
ritable, puisqu'il ne laissait passer aucun voya-
geur sans le prier d'entrer chez lui pour se re->
poser ) et ^ara était bien modeste, puisqu'efle se
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUSES DEftlOISELtES. 77
tenait cachëe sous la tente , sans se montrer aux
kommes , et sans être curieuse de les voir.
BoKTxKSK.— Es t'Ce qu'Abraham n'avait point
de maison , que Sara restait dans une tente ?
Eliza. — Non , ma clière ; Abraham n'avait
point de maison , quoiqu'il fCt trés-riche , et
qu'il eût un três>grand nombre de domestiques.
Ccmtne toute sa richesse consistait en troupeaux
auxquels il fallait beaucoup d'herbe pourlesnour-
rir , il fallait bien changer de demeure , quand
s» troupeaux avaient mangé toute l'herbe d'un
endroit ; or , comment eAt-i1 pu transporter une
maison d'un pays dans un autre 7 li lui était donc
nécessaire d'avoir des tentes avec lesquelles il
pouvait changer de place aussi souvent qu'il le
jugeait k propos.
Ehilii. — Puisque Sara avait tant de domes-
tiques , pourquoi son mari lui disaît-il de faire du
pain pour les étrangers , comme si elle eût jHé
une servai^te ï
Mad. Sophie. — Les dames de ces temps éloî-
gaés n'étaient point paresseuses comme celles
d'aujourd'hui. Sara était comme une princesse ,
el pourtant elle prenait soiu du ménage de son
mari , et £iisait elle-m^mo la cuisine ; les jeunes
demoiselles menaient boire les moutons ; tout le .
monde travaillait.
HoKTEKBE. — Mais , madame , cela ne serait
pas joli , si maïuan faisait elle-même la cuisine. -
u,:,-,zf--„GoOglc
^8 ENCTCLOP^DIÉ
Mad. SoTBii. — Vous arez raison , ma chère ;
maU si l«s dames ne doiventpasfairelacuisme,
eQes doÏTCnt du moins atoït loin de leur m^nage^
veillel' sur les domestiqQfls , et penser qu^ine
honnête femme doit éire une bonne ménagère ,
et la {^emière intendante de la maison de son
mari. Emilie , vous en êtes à Isaac; continuez.
EuiLiK. — Abraham aimait tendrement son
lîls Iseac; mais il avait encore plus d'amourpour
Dieu. Un jour , Dieu lui dit : Abraham , prenez
TOtre &ls Isaao , et allez sur la montagne voisine,
pour me faire un sacrifice de sa vie. Un antre
qu'Abraham aurait dit en lui-même : Dieu m'a
promis de me donner une nombreuse postérité
dans la personne de mon Bis Isaac ; si je le tae ,
cela ne pourra pas arriver ; mais Abraham était
bien pluï sage; il ne fît aucun raisonnement ,
prit du bois , et dit à Isaac de le porter. Pendant
qu'ils étaient en chemin , Isaac dit à son père :
Mon père, nous avons du bois et du feu pour
l'allumer j mais où est la béte pour sacrifier?
Dieu y pourvoira , loi répondit Abraham. Qnand
ils furent arrivés sur la montagne , celui-ci dit
à son lils que celait lui-même qu'il devait oSHc
3 Dieu en sacrifice ; et ce jeune homme répondit
qu'il était tout prêt à faire la volonté de Dieu.
En conséquence , Abraham le lia et l'étendit sut
un bûcher qu'il avait dressé , prit un couteau ',
et leva le bras pour l'immoler. Mais Dieu salis*
DES JEUNES QEWOI^^LES. fQ
bit de $0Q c>b^^nc« , envoya vn. nngeqHi lui
tetiot 1« l?ivas , fit lui montoa ud h&kr dpnt les
aontet^t«ient.«inbanBS4^:piu' ua buisnoD. JLe
péreet le fiU p^M)eqtle))^er, eUen Sr^nt ua sa-
ccifice ab Seigneur.
HosTSKSX. — J'avais bien peuj pour, ie pau-
vre I«aac i je .criiyais qa'U qIUU 4tre tn^.
Ekilib. — Mats , madame , commf^nt Dieu
pODvail-U cpm^iaçdeir ^ -'^l^'^^ni noe aussi
mauTaîsfi . ocUoa yve Ve^ :<^HlIe de u^er un
hommef
Mad- SoPBi>. -r- Q.u^ad D>eu Çpmmand^ de
faî^ une aotion, cettp, action n'^etpluso^auTidse-.
Comme île^tle maître .de toutes, .)ps cr^tui^,
' i peut en di§pos^r ^elon' son bon p)p<^>r I >1 ^Fait
le maître d'Ispac j il pouvait donc ordi^ner i
Abraham de le lui sacci^er.Çe q,ue ttoi^ 4evOns
«dmicer principalement dans cetfe: histoire , c'esr
l'obiéifeaDce d'Ipaaç , .l^^iij^e.çsi pçe figure &b^
pante de l'ob^tsunce de Jesu^Çtirist à la volonté
de son|>ère> en s'nBljlp1^{it,pO|9r,ppas eauyer ,
tar la montagne .dii Q^lt^-ipe.. • ■.
HoKTEif8t.^-Je.i)e.çonipr^o.ds p^s^ madame;
ce que c'est qu'ivia fîguçe} yi>Uidri^-vous bign-
me l'expliquer?
Mad- SoPBiB.— r Quand jis.dis, que J'obéi^sasce.
d'isaac iâtait ]a âi^re. de, l'pb^^f Ai(ce da J^sus-
Christ, je 'veux dire 'qi^fftftf en était d'avance,
l'image oit'Urepre^eiHtftJoOoilo^^nte un pot;trait
u,:,-,zf--„GoOnlc
8o KNCYCLOPÉDIE
tst l'image du visage qui est représente par ce
potlrait. ÂmesWe que nous avancerons dans
notre Histoire-Sainte, je vous ferai remarquer
h>us les personnages qui ont iié des figures de
Jésus-Christ , et tou sles événemens quï ont été
des figures de ce qui s'est passé sous le noareaa
Teittament. Emilie , continuez à nous parler
d'Isa ac.
Emilie, — Abraham-, voulant niarler son fila
ïsaac, appela sou in'tenâant, et lui dit daller
dans le pays de son frère , qui s'appelait Nachor^
pour lui clicrclier une femme. Quand l'inten-
dant fut arrivé dans le pays de Nachor, il pria
Dieu de Ini faire connaître la jeune fille qu'î'
destinait  être l'épouse de son jenne maître, et
d'inspirer à celte personne de lui présenter à
boire avec sa crucke, ainsi qu'à ses chameaux.
Comme il faisait sa prière auprès d'un puits, les
filles sortirent de la ville , pour venir pniser de
l'eau, n y enavait parmi elles une qui était d'une
rare beauté j il' lui démanda à boire ponr lui et
ses clinméaux : Volontiers ; lui dit cette belle
fille ; et elle lui présenta sa cruche. L'intendant,
voyant que Dieu 1 av&it exaucé , demanda â sa
bienfaitrice comment elle s'appelait: Je m'ap-
pelle Sehecca , répondit-elle , et \e suis la pe-
tite-fillé de Nachor. '■ Alors l'imendant hii fit
quelques présens , qu'elle s'empressa 4'aller mini-
trer à ses &ères. L'uQ' d'enx , nommé Laban ,
u,:,-,zf--„GoOglc.
DES JEUNES DEMOISELLES. OI
les ayant vus , courut à U fontaine et piia l'in-
teudant de Tenir loger chez lui ; mata celui-ci
ne voulut ni boire ni manger qu'il n'eût rem-
pli sa commission , c'est-à-dire , obtenu Jîebecca
pour Isaac. Les frères de Rebecca y consenti-
' rent, et sjant demandé à leur sœur si elle vou-
laitd'Isaac pour son époux, elle répondit: Je le
veux bien; et elle partit avec l'intendant, qui
loi fît de ricbes prëseos, ainsi qu'i ses frères.
Qoand ils eurent marcb^ long-temps, Kebecca
vit un homme qui se promenait dans les champs,
et l'intendant lui ayant dit que c'était Isàac, elle
mit son Toile sur «a tête ; et Isaac l'épousa
bientôt.
HoHTEiisx. — Voilà une bien belle histoire,
el dont je me souviendrai toujours.
Elisa. — Avez-vous remarqué, Hortenee,
que. l'aimable Rebecca coort , aussitôt qu'elle a
reçu les présens de l'intendant, les montrera
les frères? Son exemple avertit les jeunes per-
sonnes de prévenir leurs parent aui>fit^t qu'on
leur a fait quelque cadeau.
HoRT£iiSB. — ]'ai remarqué quelle mit son
voile sur sa tête , quand elle vit Isaac qui se pro-
menait : est-ce que les femmes portaient des
voiles dans ce temps-là ?
ËLiBA, — L'usage, pour les ièmmc^s, de se
couvrir la tète d'un voile, est de la plus haute an-
tiquité. Cet usage est eocore en vigueur daus
4*
u,:,-,zf--„GoOnlc
8a ÏNCtCtOPÈtlIÉ
ttmle l'Asie. En Targuie , ea Egypte , ep Arâ-*
bîe , en Perse , etc. , toutes les femmes sont voi-
lëeï , et ne peuvent paraître autrement devant tes
hommes. Mais laissons continuer Emilie « que
nous avons interrompae dans son récita
ÉuiLiE. -^ Isaac eut denz fils de Rebecca ;
Ësau-tiit IVné, et }acob le cadets Un four, Esaii
fut k là chasse , et qnand il revint, il avait une
■faim eitréme. Il trouva son frère Jacob qui al-
lait manger une soupe aux lentilles, et le pria de
[a loi donner; mais Jacob lai répondit : Si vous
voulez me céder votre droit d'aînesse , je vous
donnerai mon plat de lentilles. Ésati , qui se mon-
laît de besoin , n'hésita pas à faire ce marché ,
et céda son droit d'ainei9.se à son fr^re Jacob.
Depuis ce temps-là , Esaii garda on profond res-
sentiment contre son fr^re , qui , en achetant
son droit d'ainesse , lui avait ravi la bénédictigii
■de son père Isaac. Rebecca, qui connaissait cette
haine -d^Ésau poar Jacob, dit à celui-cî d'aller
trouver son onéle Lab«n,'et de demeurer avec
lui jusqu'à ce que lacolère de son frère fût pas-
sée. Laban avait deux filles ; Lia, l'etnée, était
laide; et Rachel, sa cadette, était belle. Jacob
deuKinda celle-ci en mariage. à Laban, qui lui
promit de la lui donner, s'il voulait 'le servir
pendant sept ans. Jacbb y consentit, et, les sept
ans écoulés, Laban lui dit que Bachel était sa
leMmef mais il fut encore trompé dans sônat-
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEHaSELLES. 8S
tâote , çl.ç$ jTfit LU qu^e l^i»ti Ait,:» lA.^4ce 4e.
RacUel. Quaii4ia(:ob,s^$p îù.\ fipefÇM , il tie fàfita.
cftnJxe^puQnçle, ftui.iipOVt l'ppaisw v IwVpror
mit encore R«çHel, t'il. voulait cogtipûe* dq le?
servir peii^BPt Wpi ai»- Jccpb y cpusçûtït ep-i
core , jQt les sejit «jos expUé^ , jl épousa Rachel
qu'il avAit, ffim fàn$i.dû« , .Rcb^«te .jtaF qua-
torze enn^s d'esclavage. Cotnvae tl^^it tichie,
Lab^a v0uU4 l£,i^leii^ auprès de.luî; ma» il
trompa sa vigilance, et revint dan$ spo pc/S:^
aï;ec f m deux fepuoes , ,ct beauconp , d'enûins
ga'il en afftîteua. Qu^pt il fitt proche ik Ven-
ipçf'ti oii..fleiâesrait vm pire., iLapecçttt,EMiû qui
venAtt à .lui, 4Tec. nne, ^ra«de ttoape âtà gtta» «r-<
m^»; iLçutpeur»TO.4(sjil se.ca^uta bifaitât,et
&ti s0Q.£vce.flQ«apréseD$. consid^rabW, avec
W[i»la il «cbçUj.sq^ amitié.. i
Hdkzbh(|b. —.y a-t-it aliasi des fîguret, .ma
damei dans l'Hiatoire. de Jacob ?
Mad. SoPHiB. — Oui , ma chère Hortense ; il
j ea. a entre autres ooe ^t belle ; c'est celle
d'Esaii qui perd son droit d'aînesse , et de Jacob
à qui ce droit est c^^. Dans la personne d'Esaii
est représenté le peuple juif, quia perdu, par sa
faute , toutes les prérogatives attachées au choix
que Dieu avait fait de lui j et dans la personne
de Jacob e$t représenté le peuple chrétien, qui a
hérité dà tontes ces prérogatives. Les juifs
étaient les (dnéa des chrétiens , comme Esaii
u,:,-,zf--„GoOnlc
84 ENCYCLOPÉDIE
était Va^né de Jaeob} mafs il est arriva, par la
permission et la Tolontë de Dieu, que les pre-
miers ont élé déchus , à l'arrivée du Messie , de
toutét les §rAoes auxquelles ils devaieut prétendre
comuifi les aînés des autres peuples , et que ceux-
ci, au contraire, devenus chrétiens, ont seuls
participé d tontes les béeédictions dont leurs at-
nés se sont rendus indignes.
HoatBH.«B. — Lia d Rachol sont^-eltes aussi
dos figures ?
Madb SOFHis. — Oui ma chère , Lia est la fi-
gure de rauctenue loi qui a produit ub grand
noiubre d'eqfan^ deDien « et qui afait-place àiIa
nouTelle loi figurée par cetce Baohel , que }aoolb
épousa -après -Lia, ëtdont il eut Joseph, qui lui-
même. est une admirable %^ra de Jésus-Christ.
Comme Emilie doit être fetifi^ée , elle Toiis réci-
tera .on- autre jour l'histoire de ce patriarche ,
que vous trouverez fort belle et fort touchante.
Xill' CONVERSATION;
Mad. SOPHIE, EUGÉN.E, CAROLIME, JULIE,
PAULINE.
Mad. Sophie Je suis enchautée, Caroline ,
d'avoir aujourd'hui quelques élogçs à-vouq doa-
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 85
Ber. au sujet de votre conduite enrcn les domea-
ùqaes. Ceox tpii avalent le plus à te plaindre de
vos dédains sont maintenant les premiers à se
]oner de vos manières et de votre langage & lenr
^ard ; mais il ne Tons suffit pas de vous être
corrige sur ce chapitre , il &at encore changer
v&tre façon d'agir envers pinaieun de vos com-
pagnes , auxquelles vous ne parles jamais , «t
que vous avez l'air de mépiiaer.
Jniiz. — J'espÂra, madame , que vous ne me
ierea pas le ra^me reproche , car je parle i toutes
mes compagnes ; je suis de tontes leurs oonver-
wtions, et je les aime bien toutes sans exception,
quoiqu'il y en ait qui ne sont pas aussi hien ha-
billes que moi , et que mon papa soit tr^s^ricbe,
et maman toujours bien mise.
Mad. SoFBix. — Non , ma chère Julie , je n'ai
point de reproches k vous faire relativement à
l'orgueil j maiasi vous n'aves pas ce dëJàut , vont
en avez d'autres , dont je vous parlerai dans une
conversation que nous aurons bientôt ensemble.
Jolis. — Ah I vous m'obligerez beaucoup ^
madame , de me dire tons les torts que vons me
connaissez. Comme je désire être une fille bien
élevée , je vons écouterai comme si c'était ma-
man qui me parlât , et je prendrai la ferme réso-
lution de mettre à pro6t tons vos conseils.
Mas. SoPHik. — Je connais bien, ma chère,
votoe docilité } c'est pourquoi jenevousvenx rien
86 ENCTCLOP^.DIE
passer, et je reiix&iré en sorte que vous n'ayez
aucun dëfàut , et que votre aine soit orn^e de tou-
tes les bonnes qualités qui conviennent k une
jeune personne née de parens aussi distingués
par leurs vertus , que le sont les vôtres.
XIasolikb. ^^ J'espènSf maidaine, que vous ap-
plaudirez aussi il ma dodlitë , quand vQus m'au-
rez fait le tableau de ma conduite Icto^le envers
mes compagnes , et que vous m'aurez appris de
quelle manière je dois agir avec.elles.
Mad-SoPHiB Il parait, Caroline, que vous
avec une haute idée de votre naissance, et delà
lortupe de vos parens ; car vous ne parlez jamais
d'autre chose que des châteaux qui leur a^jpar-
tiennent , de leurs. hôtels et des meublas somp-
tueux que renferment ces hôtels. .Vous ne taris-
sez point sur les beaux obevaax de votre papa ,
ni sur les pierreries et bijoux qui servent i la pa«
rure de votre maqian. Vous assourdissez conti*
nuellemeot vos pionnes amies du noïn' de votre
grand-père le président, de votre onclele §éaé-
ral , et.de votre tante . la comtesse^ sao» cesse
aussi vous calculez combieu votre papa retire
d'argent de ses fermiiers , ^t combien il en dé-
pense pour fwuienir son caag et sa maisqn. Qu^ar>
me-:l-il de. là.?. C'est qu'à Ébcçe de parler^^r^o-
pulence de.vos parons , vous voua persuadez que
TOUS iétea.ujie ctéature d'une autre trempe. que
les autres ,. et jque vos compaj^^s , qui n'ont
u,:,-,zf--„GoOnlc
DES JEUNES DEMOISELLES. 87
^u àe parens aosai riches que les v6tres, ne nKJ-
ritent aucune aLtentioo de votre part. Cesl^là ce
qai TOUS reod Iiaiitame , dédaigaeuse , mo-
queuse à lear égard , et conséquemment un objet
de haine et d'aversion pour elles.
Cakolinb. — C'est prëcieément , madame ,
parce qu'elles ne m'aiment point , que )e les fuis
et ne leur parlé jamais. Siellesme montraient de
l'amitié > je leur en montrerais aussi....
Mad. Sophie. — C'est bien ce qui s'appelle
être exigeante. De bonne foi , devez-vous , Ca-
roline , attendre que vos compagnes vous fassent
les premières avances ? Vous voyez doue bien
miintenant combien l'orgueil est déraisonnable.
Quoi! c'eat à vos compagnes, dont la plupart
sont plus instruites etplus âgées que TOUS , à vous
£i>re leur cour comme k une grande dame , et à
TOUS supplier de leur accorder vos bonnes grâces !
En vérité , tous ne pensez pas ce que vous dites,
ou vous n'avez pas voulu dire ce que vous pensiez.
Eooéhis. — Vous savez , madame , que mes
compagnes ne m'aimaient poiutparce que je leur
&isais des malices , et m^më de^ méchancetés :
eh bien ! c'est moi qui la première ai fait les pre-
mières démarches pour «voir leur amitié. Je ne
-lear ai point tUt : Âimez-moi , si vous voulez que
je vous aime ; mais je me suis abstenue de les
mécoidenter , et de , leur donner des sujets de
plainte. Quand elles ont vu que je voulais me
u,:,-,zf--„GoOnlc
83 EHCTCLOP]ÉDIE
corriger , «llea se sont rapprochées ie moî , et
celles à qui j'avais fàil le plus de malices , ont
été les plus empressées à me rendre leur amitié.
Mad. Sophie. — VoilÀ , Caroline , an bon
exemple à suivre ; cessez d'humiUer tos compa-
gnes par vos airs de mépris ; cessez de tenir ces
discours orgueilleux , dont tous avez contracté
la mauvaise liabitude ; soyez, comme les autres,
raisonnable « modeste et bonne , et vous verrez
toutes ces prétendues ennemies que vous croyez
avoir > s'attacher k vous , vous adcœttre à lears
jeux , et se E^liciter de vous avoir pour amie.
Paulidk. — Je pense , madame , que vous
n'avez pas & me faire les reproches que vous faites
à mademoiselle Caroline ; car je suis bien douce,
et mes compagnes ne me haïssent pas.
Mad. Sophie. — Il est vrai , vous ne lui res-
semblez pas encore parfaitement , et votre grande
jeunesse vous fait pardonner bien des airs que
TOUS voudriez prendre, et bien des propos dé-
daigneux que TOUS yous permettez de temps en
.temps. Mais, prenez-y garde : la manière dont
vous parlâtes hier à Louise , n'annonce ni une
grande modestie , ni un bon cavactère. Comment
en effet , pouvez'vous parler d'un ton si mépri-
sant à cette petite orpheline , qui est un agneau
pour la douceur,, et comment pAtes-vous la re-
pousser si ruderqant, elle qui ne voos disait rirâ?
£8l-ce sa faute, si elle n'a point de parens , et
u,:,-,zf--„GoOgk
DES remiES DEMOISELLES. %
lî die est pauvre 1 N'est-ce pas plutôt une raiaon
de la plaindre , et d'avoir de bons procédés pour
elle?.
Padliits. — Je ne me rtçpclle pas ce que Je
lui dis , ei si je la poussai , c'est qu'elle ne vou-
lut pas s'ôter de mpn clwmin quand j'allai à la
salle de danse.
Mad. SopHts. — Vous l'appelâtes petite
gueuse , petite pauvresse , mallieureuse orpbs*
line. Si je rapportais ces injures à votre bonne
maman , pensez-vous qu'elle en serait satts&ite ,
elle qui m'a dit la dernière fbisqu'elte vînt ici ,
qu'elle voudrait bien que tous ressemblassiez &
Louise , et que si vous veniez à mourir , elle l'a-
dopterait bien, volontiers pour sa fille ?
Pauline. — Ab I mon Dieu , madame , est-
il bien vrai que maman vous ait parlé ainsi ?
Mad. SoFHix. — Si cela est vrai! en doutez-
vous ? Et si je vous disais qu'elle prit , en votre
absence , Louise sur ses genour; qu'elle lui fit
beaucoup de caresses , et qu'elle ne pouvait re-
venir de sa surprise , de voir une petite fille si
jolie , si douce et si spirituelle 1 D'après cela >
je ne voudrais pas promettre que Loube ne sera
pas votre sœur , et que si vous ne cbenget pas ,
elle n'ait bîenidt toute l'amitié de votrea man.
Pauliii I. -7- Il ne dépend q^e de vous , ma-
dame , de faire changer maman à l'égard de
Louise> Je sais qu'elle m'aime beaucoup ; mai*
u,:,-,zf--„GoOnlc
9* tNCTCtOPlÉDIE
si Tons lui dites les sujets cle plainte que je tous
âoane, elle ne m'aimera plus. Si elle s'avait,
par exemple , ce que j'aî dit à Louise , il n'en
&udrait pas davantage pour ine faire perdre
tout son attachement,
Mad. Sophie. — Je ne lui en ai pas parle , ma
chère, parce que je suis persuadée que vous chan-
gerez, et que tous ^tes àé^k bien fâchée et bien
humiliée des reproches que je tous ai &its. Sou-
venez-TOus donc bien de ne jamais mépriser
personne j car les personnes que l'on méprise
Talent souvent beaucoup mieux que nous, et
sont plus estimables devant Dieu , que tous ceux
gui les dédaignent. Dieu ne fait aucune atten-
tion à la richesse , aux châteaux , aux équipages ,
aax diamans , aux beHes robes j comme tout cpla
lui appartient , il n'en fait pas plus de cas que
du fumier qui est dans la basse-courj mats ce
sont nos bonnes qualités, nos bons sentîmens et
nos vertus qui ont du prix à ses yeux , parce que
toutes ces choses sont notre ouvrage , etquenous
avons du mérite à les avc^r. Totre maman pense
en cela comme Dieu même, et- d'après les dis-^
cours qu'elle m'a tenus plusieurs fois, je suis
convaincue qu'elle ne fait aucun cas de tous les
avantages de la naissance et de la fortune , et
que la vertu etla piété sont les seules qualités
qu'elle estime daiis les hommes et dans lés fem-
mes. Si nous sommes opulens, me dit-elle un
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. QI
jour , et si mon m^rl est rerétu d'une haute di-
gnkë ; ti je fréquente le grand monde } si j'ai un
ëquïpBge brîIUnt, des robes magnifiques , ne
pensex pas que je croie raloir mieux que les
autres , et que tout cet attirail de luxe me tourne
la tête , et me porte à mépriser mes semblables :
m contraire , je gémis souvent de mon esclavage ,
et je n'ai nulle part de plus agréable jouissance
qu'il la campagne, o&, débarrassée de c«s pom-
peuses vanités , je peux voir qui je veux , et m'en-
tretenîr avec des personnes sages et raisonnables ,
quels que soient leur état et leur habillement.
Tels sont les seotimeus que je désire que tous
inspiriez à Ua fille , qui de bonne heure doit
s'accoutumer à la modestie, à U simplicité et k
bien vivre avec tout le monde, en vivant bien
avec toutes ses compagnes.
Caroluts. — Cette leçon, qui s'adresse à Pau-
line , ne sera pas perdue pour moi. Comme je
m'étais trompée au sujet de sa maman I En la
voyant venir ici si richement parée , et dans un
si beau caresse , je me disais : Que cette dame
doit être fière et méprisante I
Mad. Sophie. — C'est que, vous ne jugiez
d'elle que par les apparences. Si vous l'aviez en-
tretenue et entendue causer, vous auriez admiré
sa douceur, sa raison, sa modestie. Aussi, ses
aimables qualités la font-elle chérir de toutes les
personnes qui ont le bonheur de l'approcher.
u,:,-,zf--„GoOnlc
ga ENCTCLOPEDIE
Puissies-Tous , mesdemoiselles , lui ressembler
UD jourl Mais il faut, pour cela, prolïter des le-
çons que je vous donne , ne pas tous en tenir à
de simples promesses , et vous bien mettre dauq
l'esprit, <]ue l'orgueil nous fait détester, et quVu
contraire la modestie nous &it chérir de tout le
monde. Un autre jour, nous parlerons d'autre
cliose que de ce vilain orgueil. Julie, tenee-vous
prête, examinez-vons bieà} c'est de vos défauts
qu'il sera question.
XIV« CONVERSATION.
Mad. ÉLISABETH,ADÈLE, AMÉLIE, EMILIE,
HOaTEKSE.
Mad. Elisabeth . '— Nous en sommes restées ,
je pense , dans notre dernière conversation , à la
description de l'Europe. Comme c'est la partie
du monde qui est la plus peuplée, en proportion
de son étendue , que c'est la plus civilisée , c'est-
à-dire , celle où les sciences , les arts et les lois
ont iâit le plus de progrès , et que c'est eUe que
nous habitons , il nous est très-important de la
bien connaître ; et c'est bien penser de commen-
cer par elle, ayant de passer aux autres parties
do Monde.
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 9?
Adèle. — le ne sais pas gi je ponrrai répondre
i fontes les questions d'Âm*!lie , car je vous
iTouerai , madame , que maman ne m'a point (ait
apprendre tout ce qui concerna les différens
étau de l'Europe , dans le même dtStail que ce
:[a\ concerne la France > qu'elle m^a &it par-
courir dans tous les sens.
IVIad. Elisabeth. — Je ne prëtepds pas noa *
plus qne TOUS sachiez votre Europe comme le
plus savant géographe. L'essentiel est que voos
en fassiez bien une description générale ; que vous
disiez quels sont les état* qui sont an Nord , ceux
^1 Bont au Midi , cenx qui sont au centre ; quels
lont ses limites, ses fleuves, ses montagnes, etc.
Quand vous nous aurez dit tout cela^ nous par-
lerons de la France, notre. patrie, qui vaut bien
la peine que nous nous en occupions avec quel-
ques détails. Allons, Amélie, commencez vos
qaesiions, et vous, Emilie, Hortense, prépa-
lez-Tous aussi à interroger et i répondre de temps
en temps.
AxÉUB. — Puisque la terre est divisée en quatre
parties, il faut bien que chacuoede ces parties EÙt
ws lîmîtes.Vondriez-TOus bien nous dire, Adèle,
quelles qont les limites de l'Europe?
Adblb. — L'f^urope est bornée, au Noi'd, par
la mer Glaciale , que l'on nomme ainsi , parca
qu'on y~ttoave des glaces qui sont aussi hautes
qne des montagnes ^ et qui empêchent les vais-
94 EKCYCLOiPÉDIE
Maux A'j niTiguer. Au Midi, l'Europe est b»mëe
parla mer Méditerrui^, qui&'est aidre diose
qu'un graud golfe de VOc^aii; à l'Ouest , ou l'Oc-
cideot, par l'Oo^ao; et k l'Est, ou TOrient,
par le bras de mer qui coittaiiniique de la Mé-
diterranée à la mer Noiie , et par la Turquie.
HoaTKSSE — Je croyais qu'on pouvait aller à
pied d'Europe en Afrique et en Asie. Quant &
l'Amérique i je sais bien qu'il y a nae grande
mer i traverser.
AbiLs. — Vous TOUS Aes trompée , Horteow ,
quant k ce qui c^mcerae le passage d'Europe en
Afrique , parce que , antre ces deux parties du
Monde , il jr a un détroit que l'on appelle le
détroit de Gîbibltar, qu'il &ut travener pour
aller de l'une k l'autre. Mais on peut , en passant
par le Nord- Est de l'Europe , arriver À pied en
Asie, dont la Tartarie est le premier pays que
l'on j rencontre.
Ahéeik, — En jotant les yeux sur la carte de
l'Europe , on y voit des lignes qui vont en lig-
zag, des monticules qui se tiennent les unes
aux autres, et des endroits tout blancs, comme
ceux qui représentent la mer. Hortense me de-
manda dernièrement ce que tout cela signifiait,
et je TOUS avouerai , madame , que je oe sus pas
trop que lui répondre.
]VIad. Elisabeih. — C'est pourtant une chose
bien aisée , et que vous avez assurément oublia.
DES JEUNES DEUOISEIXES. 9$
Emilie, dites-noos ce qne signifiest toatei cet
choses ?
Émiiib. — Les zig-zagj représentent le»
fleuves et lei rivières avec leurs sinuosités , les
monticules qui se tiennent les uns aux autres,
les montagnes qui fotïaect des espèces de chat-
nés, et ces endroits. tout blancs, les lacs qui
sont des amas d'eaux douCes , qui n'ont point de
conrs comme les rivières, et restent toujours A
h même place.
Mad. EfiSASKTï. -^ Cest bien, Emilie, fort
bien. Puisque Âmâie oublie si aisément ce
qu'on kii a appris, jo'la'drspense, pOnraajour>
d^ni, de Ëiire aucune question. Adèle, inteiv
to^z ÉiknLie , qui a si bien répondu!
ÂMu. ^-^ Vous mreï ; ssaa doïtte , Emilie,
qn^ MM les prmcipaitx fleures et les plAs
hautes moDtâgaes de l'Eui'dpe 7
Émiux. — Let pEinOitwux fleuves de l'Europe
utat :■ le , Jihin , qui pre^d » sAurw dans les
montagnes de la Suisse., tt qui sépare ta France
de l'Allransgoei le MAQne,qm prend aussi sa
ioarce en Sojsse , traverse le Uc de Genève ,
passe à Lyon^ sépare la ProVeKce du Languedoc,
et se jette, k Arles, dans la Méditerranée ) le
Danube, qui.prond sa source en Sonabe, tra-
Terae l'Allemagne j,U ^«grie, la Turquie d'Eu-
rope , et se Jette .dut* b'Oier Noire: ^Po> qui
tnrerée une partie 4fl l'Ualie , et se jette drnu la
g6 ENCYCLOPÉDIE
Mt^iterrànée ; ta p'ijtufe, qui traverse la Po-
logne , et se jette dans la mer Baltique , etc.
Les plus hautes montagnes de l'Europe sont
las Alpes , dont une partie de la chaîne sépare la
'France de l'ItaUe; les Appenaîns qui traversent
ritatîe, les Pyrënées qui forment les limites de
la France et de l'Espagne j les monts Crapacs qui
séparent la Hongrie de la Pologne , etc.
Adile. — Il parait ainsi que les plus hautes
montagnes sont au midi de l'Europe.
Ehilis. — Oui , plus jon approche de l'éqaa-
teor , plus on trouve de montagnes , et plus oes
mootajgnes sont élevées j au contraire, p^iis oq
avance vers le Novd ,. plus on trouve de plaîaes.
I] jT a même des pays où l'on &ît plijs de cin-
quante lieues sans trouver une montagifff, CQiqaw
en Prusse , en Pologne et çtt Ru«sie, -
AsKLE. — Il me Eemh1« qu'il serait birâi avan*
tageux aa^'luhilAis ^ Ui terre -que sa surface
fût tonte- unie, et qn'U serait bien pins Bgrléable
aux voyageurs de n'y trouver qne des plàiues ,
-que d'être oblige de gravir sur des nioniagtiei
élevées qui les fàtîgueiil , et retardent^ leurs
voyages. Il y avait ches nous, pendant les va-
cances , un jeune homme qui revenait^ rïtaliej
■i vous avfea enteodu 'le i^oit déi' peines qu'il
'avait éprouvées , et {tés-^ùgera^ qnfil a^ait cou-
rus dans les Alpes , tous ne 'pourrie^ vous ero-
u,:,-,zf-„ Google
DES JEUNIffî I^HtHSELLES. 97
|i^dber de -détesËer ce» mmâites montagnes , où
ilfct tingtlaîs auf'Ie point^perdre la vie.
EmtfB, — Je conriens^Be les vo^Fageers n'ai-
ment pas «tue doivent pas aimer W montagnes
qui leur cofltent tant i trarerser ; mais ces in-
convéniens particnliers n'emp^heort pas qa'elles
ne soient nécessaires et infiniment utiles à nos
besoins. Dhes-moi, je tous prie, d*oà sortiraient
les fleuves et les rivières , s'il n'y arait point -de
montagnes ? Comment ponrrîons-nouâ nous -met-
tre  l'abrï des «eots du Iford et dn Midi , «-tout
était plaine? Les pays situés i l'équalear «e se-
raient-ils .pas consumés par lesfeus^D -soleil , si
les ombres -des-montargnes D«sistaîent pas , fmaT
empérer p«i la fraidieiiT les br^^antes «luÂeurs
du jour?
Mad. Elisabïth.— Votreréponse, ma. chère,
me surprend par sa justesse ; car la situation de
cettemaisouprouTebien l'utilité de laeollinesur
le penchant de laquelle elle «st bâtie . Quel froid
ea e&t-ne'ressenxirion»-DQua pas -pendant -lltiTec
si cette cblliBe ne nous garantissait- des yents du
Nord ; et à quelle chaleur étoufiânie aona serions
exposées pendant Tété , si nous' ne trouvions
dans la vaHée voisine de fombre «t de la fcaî-
dieur après nos heures d'occupation f En Toilà
assez scr les montagnes ; dites^nous maintenant
quels sont les plus grands lacs de'l'Eùnope.
Eaiicii.— Il y-en a nn tout près de laTraoce
S
u,:,-,zf--„GoOglc
' 98 ENCTCLOPÉDIE
qu'on appelle le lac de Genève , ou Lëman , qui
a dix-huit lieues de longueur , et quatre dans sa
plus grande largeur ; il est très-profond , et est
situé entre le Valais qui dépend de U Suisse et la
Savoie. Il ja encore plusieurs lacs en Suisse ;
mais le plus grand de tous , c'est le lac de Cons-
tance y en Italie , on trouve le lac Majeur j en
Kussie , les lacs de Ladoga et jd'Onéga , qui sont
les plus grands de l'Europe.
. Adi:i.s. — Continuons de jeter les yeux sur la
cacte de l'Europe , et voyons les pays qui se trou'
vent dans cette partie du monde , et quelle est
leur situation par rapport aiix quatre points car-
dinaux : mais avant d'en venir là , il me semble
qu'il est ben de Savoir les noms que portent ces
pays , d'après la forme de leur gouvernement ,
ou d'après la dignité des princes à iqui ils appar-
tiennent.
ËHiLis. — Tons les pays sont ou des empires,
ou des royaumes , ou des principautés , ou des
républiques. Un empire est plus vaste qu'un
tojaume , un royanme est plus étendu qu'une
jirincipautéjune république est un pays plus ou
moins grand , où il n'y a ni empereur , ni roi ,
ni prince , mais seulenunt des magistrats que les
babitans ont nommés pour les gouverner.
Il y a en Europe trois empires j l'empire de
pussie., qui est le plus vaste ; l'empire d'Aulri-
çb^e , qiii est le moins étendu ; et l'empire Otto*
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. QQ
man, dont une partie est en Asie. Les royaume*
sont an nombre de treize. Op trooTe au Nord ,
l'Angleterre-, qui comprend l'Ecosce , l'Irlande ,
et le Hanovre ; le Danemarck , U Suéde , qui
comprend la Norvi'ège ; au centre, U Fraoce ,
les Pays-Bas , la Prusse , la Bavière , le Wur-
tenberg , la Sase; au Midi , le Portugal , l'Es-
pagne, la Sardatgne, qui comprend le Piémont
et une partie de la Savoie } Naples et les deux
Sicilee.
Il &*exi&te plus qu'une seule république , c'est
la république helvétique ou la Suisse,
On trouve quatre principautés en Italie ; sa-
TDÎr : la principauté de Tosca^ie , celles de Mo-
dèae , de Lucques , de Parme et de Plaisance j
d'autres principautés, réunies sous le nom de
coof^ération germanique , %e partagent avec
l'Autriche , la Prusse et la Saxe , le Hanovre ,
la Bavière et le Wurtemberg , ce qu'autrefois on
appelait collectiveaient VAUenMgne. Ce sont :
I" cinq grands duchés , sous le nom de Meck-
leubourg , Oldenbourg, Bas-Rhin , Hesse-Darm*
stadt et Bade \ 3" la Hesse électorale ; 3° quatre
principautés : celle de Lippe , Waldec , Nassau^
UohenzoUern ; 4' ^^^ principautés et grands
duchés de la maison de Sa?fe , savoir : We^mar»
Cotlia, Cobourg , Meinungen , Hildburghausen,
Sonderhausen , Kudolstadt , le duché d'Anhalt ,
eila principauté dé Keuss; â'ie âuchédeBruii»<
-, Google
jQO ENCYCLOPEDIE
wiok; 6* quatre villes tibres ; Lul^ek , Ham-
bourg , Bréfse et Fraddfort sur le Meic.
Mad. £ljJSA.:ffiTB^ **^Qett« iatâresElmtenônien-
cltAufe &it lidDDeur  'votre mémoire , tua tiiète
Emilie ; eb vârité , 'je lie 'toos croyais pas si s&-
vaate , et )e suis p«rt^ à tiicnre que rovs étudiez
les nouvelles gëographies , ou que vous Hsez les
joamaus après tos heojtes de travail ; car dans le
noo^re d«â royaumes que voDs nous ayez cités,
il y en a plusieurs de nouvelle création , et dont
il n'est pas dit uti seul mot dans les géographies
que l'on veos a fart apprendre.
EiHLiE. —11 est vrai , madame , que les noms
de ces nouveaux 'hiyirumes ne se trouvent pas
dans les leçons que j'ai apprises } mais , puis-
qu'ils -eiïîstent aujourd'hui , comme J'en suis cer-
taine , il me semble que l'aurais &it ilne grande
&nte , si je les avais passés sous silence .
Mad, EiisABEïB. — Vous avez raison, tna
ebére j puisque la géographie est Une science qui
change toujours , pourquoi n'eu suivrions-nous
pas les changemens et les vicissitudes? Pourquoi
Dousobstinerions-nousàappelerro^aumeunpays
qui est devenu un emmure, ou république celui qui
est devenu un royaume. Sans doute il viendi'a un
temps où l'Europe sera partagée d'une manière
invariable , et où les éiats qu'elle renferme , liés
entre eux par uile paix'jolidé, cotiserveront pour
toujonn leurs dénôminatîcins et leurs limites ;
u,:,-,zf--„GoOgk
/
DES JEtnVES DEIIOISELLES. lOI
tiota , I& géognphio ne cbasgers plus, et ce «pi»
BOUS oiiroiu apuras . ceax qui vîeiiâFODt après
nous V^pinBâudiii de^iB^nae ; sans craiodra ees
vamIJooK qui nous sont aQJootd'hiii si «JMIcîles
i retenir , et tpe demain peM-étre il nous s«-r
inutile d'avoir apfwises- Que tons ces change-
ineos,noiisa?ecti<isent , laesdemoiselles , du peu
d'estime que aous devons faire de celle terré oit
nous vivons, et des vains projets des hommes ,
qui prétendent y jouer nn rôle ! Dieu seul est
immuable ; et le ciel , qui est cette tecre promise
après laquelle dous soupirons , est la seule de-
meure où tout restera éternellement dans. U
même otidre que Bîeu y a établi. Il vous reste ,
Emilie , k nous dire quelle est la situation des
divers pays de l'Europe , relativement aux qua-
tre points cardinaux ; quand vous nous l'aurez
apprise , vous vous reposerez pour aujourd'hui ,
car vous devez être un peu fatiguée de votrç Ion-
gue réponse.
Emilie. — A,a nord de l'Europe , on tt^uve
le Danetparck, la Suéde, la Norwége et la Lapo-
niC) qui est près du Pôle et appartient, eu grande
partie à.Ia Suède. En pilant à l'est , c'est la Rus-
sie , dont la partie la plus septentrionale est la
Sibérie. Du nord à l'ouest , on trouve la Hol'
tende ^et-ea passant la mer encore plus à l'ouest ,
on trouve l'Angletei're. L'Espagne est au sud-
ouest ; au sod est la Méditerranée ; au sod-est ,
u,:,-,zf--„GoOglc
102 ENCTCLOPÉDIE
est lltalie } à l'eit sont la Hongrie et la Turquie
d'Europe. Entre toutes ces limites , sont les pajs
que l'on appelle les pays du centre de l'Europe ,
qui Gont j la France , la Suisse , l'Allemagne , la
Plusse , la Bohême et la Pologne.
AuELE. — Comment tous y preudriez-vous ^
si TOUS rouliez comiattre la distance qa^l y a de
Paris à Saint-Pétersboarg , qui e^t la ville capi-
taie de la Russie ? Si vous avez bien ëtadlé vo-
tre carte , vous n'aurez pas de peine à répondre
à cette question.
Emïxie. — C'est ,l3 première chose que j'ai
étudiée , en apprenant ma carte.
Mad. Elisabeth, — Cette question, à laqiielle
il est très-aisé de répondre, convient plus à Hor-
tense qu'à Emilie , qui est de'jà avancée j c'est ce
que vous ne devez pas ignorer , Adèle , car il y
a un an qu'elle a fort bien expliqué les éMmens
de la spliire. Allons , Hortense , répondez i
Ad^le.
EoHTENSE. — II faut voir sur la carte combien
il y a de degrés de Paris h Saint-Pétersbourg.
Mad. Elisabeth. — De quels degrés voulez-
vous parler ? Courage ! cherchez bien dans vo-
tre mémoîi'e.
HoaTENSE. — 3e veux parler des degrés de
longitude.
Mad. EzisABçiH. .—.Vous vous trompez , ma
u,:,-,zf--„GoOg[c
DES JEimES DEMOISELLES. loS
elière Hortense, quelles lignes avez-TOus vues
mr la carte 7
HoKTEiTSE. — Ty ai tu des lignes qui vont de
l'Orient à l'Occiilent, et d^autres qai vont du
Midi au Nord.
Mad. Elisaseth. — Quels degrés vous indi-
qaent les lignes qui vont de TC^ient à l'Occident '!
HoRT£Ns2. — Ahl ly suis, madame.: ce sobi
des degrés de latitude , qui marquent la dï&lauce
(pi'il y a d'un endroit h IVqnateut. Ces degrés
iont chacun de vingt-cinq lieues.
Mad. Elisabeth — Eh bien donc?
Hortense. — Pour bien connaître la distance
de Parisà Saînt-P^terhourg, je cherche combiea
il 7 a de degrés de latitude entre ces deux villes ,
c'esf'à-dire , combien il y a de ùjis vingt-cinq
lieues.
Mad. Elisabeth. — C'est bien ; mais il y a
encore quelque chose à dire sur les degrés de
loDgîtude dont nous parlerons en paitsant , dans
la conversation suivante. Keposez -tous , mesde-
moiselles , et retenez bien notre entretien d'au-
jourd'hui .
I04- EMCTCLOPÉDIE
XV CONVERSATION.
Madame SOPfllÊ, STÉPHANIE, ROSALIE,
FÉUCIE, JULIE, AGLAÉ.
"^ FÉiiéïK. — Hîef , Patiïitie voulut tne faire
pènr, en me disant «Ju'ïl y aurait bientôt une
éclipsé , pendant laquelle il j aurait une nuit si
profonde, qu'àiiiidî on n'y verrait pas plus clair
qu'à minuit , parce que le soleil aurait disparu.
Mad. Sophie — Pauline nevous apastrompée,
quanâ elle vous a dit qu'il y aurait une éclipse ^
mais elle ne vousa pas dit la vérité, en voulant
Vous faire croire qu'il ferait nuit , et que le soleil
disparaît rai t. Il y aura, îlest vrai, une sorted'obs-
curité, tuais cette obscurité ne doit pas vous ef-
frayer , car elle ne durera pas , et le soleil repa-
raîtra aussi brillant qu'auparavant.
Félicib. — Vous me rendez le courage , ma-
dame , en me disant que cette éclipse ne chassera
pas le soleil. Youdriez-vous bien me dire ce que
c'est qu'une éclipse , et comment il se peut faire
que le soleil soit obscurci?
Mad. Sophie. — Mademoiselle Stéphanie va
vous l'apprendre , ma chère. Stéphanie , dîtes à
ces demoiselles ce que c'est qu'une éclipse.
u,:,-,zf--„GoOg[c
fiÉS JEUKES UEMOlSELLES. I05
Aglab.— Je la sais hien aussi , madame , je lo
^nisà cesvtemoiselles, êi-roitsle dëslner. '
Mad. SoPHïB. -^ Kon , ma chérej mais je
Toodrais bieo qoé'vcws apprissiez k vamcre votre
VBinHë j cela est plus ifiporlant que de savoir ce
que c'est qta'utio'éeîipsc. Si maiJemoîselle Sté-
phanie avait autant de. vanîtë que tous, elle sffrait
iti9-&fthée de *ottc cinpresseHicnt à vouloir
briller À ses dëpeqs. Quoiqu'elle en sacbe plus
qœ voos n'en saurea. en' dSx ans , elle est bien
pins tésenée que tous , et & moins qu'on nel'îa-
lanxigc, elle setaii, oorameU convient à une fille
bi^ âevâe. Revetiipns à votre éclipse : Stépha-
nie, instmises-nous. ' '
Stéphanie. — On'ditiqu'ily e une éclrpse ,
q&and la lune se rencontre entre le soleil H la
terre.
FiLiciE. —Je ne comprends pas cela, "made-
mniaelle.
SxEPHAHiE. — Je vais vous taconter une his-
toire qni vous le fera' comprendre.
Aatrefois, on ne savait pas quelle était la
taose des éclipses; «t' les anciens croyaient
qu'elles annonçaient quelque grand maltieur , et
oViMicat rien entreprendre pendant toutle temps
qu'elles ânraient.ll y BVaït donc, un jour, unca-
^rttaine gi^ee , nommé Pérîolfs , qui était prêt de
^emhtrtpiw pour s^er &ire la guerre : comme
il mcittwt le pi«d dnits son vaisseau , il survint une
u,:,-,zf--„GoOglc
\
I 06 ENCYCLOPÉDIE
éclipse de «oleil , et son pilote ne Voulut pas par-
tir, pai-cequHl croyait que le vatseeau serait sub-
merge. Périclès, qui i^tait fort instruit, âifi ce
pilote que cette éclipse ^taii uoe choseoaturelle,
et que la luite s'étant mis^evant le soleil,'eiàpâ-
chait dele voir. Le pilote ne coiqpre&aii^Mricn â
celte raison , Périclès lui jetasoD manteau SiUrla
tête «lui dit :i Me voistui* Jen'ai garde de tous
Toir, répondit le pilote, puisque votre mantean,
qui est entre vous et mes yeux , m'en empêche.
Ignorant I reprit Périclàs , voilà la raison pour
laquelle tu ne vois pas le soleil , c'est que la lane
est «ntre cet astre et tes yeux , comme mon
manteau est entre tes yeux et moi.
Mad. Sophie. — Entendez-vous cela mainte-
nant , Fécilie ï
Félicie. — Non, madame; car je ne conçois
pas comment la lune peut se trouver devant le
Eoleil, et comment on peut deviner tout juste le
moment où elle s'y trouvera.
Stéphanie. — Le soleil étant pluis haut que la
lune , et la lune marchant , il n'est pas extraor-
dinaire qu'ils se rencontrent : or , on sait préci-
sément le chemin que fait la lune, et l'on sait
encore qu'elle ne se d^rangeJQmais de «in cours
ordinaire; ain^i on peut prddice toutes l«s
éclipses qui arriveront. Ce. que .je dis de la caose
des éclipses de soleil , doit s'appliquer aux éclip-
ses de lune, qui a'atxivept que la nuit, quand
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. rnj
]b to^re se troave entre la lune et le soleil , dont
Is lime reçoit sa lamUre.
BoSALiE Va jonr que papa et maman «!•
latent se promeaer du côte de l'Obserratoire ,
papa Ini dît , en lui montrant ce bâtiment : Voilà
ren^oit où les aetronomes mesurent le conrs
des astres , et calculent l'arrivëe des éclipses.
Maman lui répondit : Cesl une belle science
que l'a&tvonomie, puisque c'est la science des
■stres. Je ne dis rien , parce que \a ne pouvais
rim dire. ■
Jouz — le voudrais bien savoir comment les
hommes ont p'n inventer cette science ï
Mad. Sophie. — La nécessité , qui est la mère
de Vindustrie, a produit toutes les sciences H loua
les arts ; mais c'est l'oisiveté qui a produit Tasiro-
nomie. Vous devez vous souvenir , mesdemoi-
scQles > que les premiers hommes étaient pasteurs
de troupeaux. Comme ils vivaient dans des pays
&>rt chauds, ils passaient les nuits dans leschamps;
et comme alors ils n'avaient rien à iàîre , ils s'a^
musaient à r^arder les étoiles. A foçce de Is
contempler toutes les nuits, ils remarquèrent
qu'à telle heure, on voyait paraître certaines
étoiles; îU virent aussi que ces étoiles avançaient
régulièrement, et ils parvinrent h pouvoir pré-
dire le chemin qu'elles faisaient , et las places
^*elles devaient occuper. On se fit donc un
^aa de leurs observations, et d'habiles gens, qui
u,:,-,zf--„GoOglc
\
ïoft ENCYCLOPÉDIE
eutmiiiËrént ces observations, en firent une science
certaine ; car elle ëtait Sondée soi l'expérience.
Stisvt.ttit.— Permettez-moi, madame, de
vons faire nne question. Puisque les premiers
hommes' saraienl l'astronomie, comment, du
temps de FëricUs, s'efirajaient-ils quand ÎU
voyaient une éclipse ? -
Mad SoFEiE. — Cette Science se conserva
long-temps chez les Chaldéens , en Asie ; et chez
les Egjrpliens , eu Âfriqne j mais elle ne fut |a-
niais perfeationnde , ni chez tes Grecs , ni ches
les Komaios. Les savans n'ignoraient pas que le
peuple s'effrayait à tort pour des prodiges natu-
rels ; tnats au lieu de dissiper son ignorance , ils
la nbtrriasaient , parce qu'elle leur servait k faire
faire aux peuples ce qu'ils voulaient.
' ÂGLA61 — Vous nous avez dit, madamLO, que
la nécessité à inventé les antres arts et sciences ^
j en,a-l-a beaucoup?
Mad; -So^Bii:. — Oui , ma chère; chaque be-
soin a produit un art. Le fdns pressé pour les
hommes , après le pcdhë d'Adam , fut de cultivM
]a terre pour se nourt-irt; Ce besoin produisit uQ
art , .qu'on nomme V jtgricmhure. Il £iUut ebsoïtle
«'occuper de se loger ,- pour se mettre & l'abri des
4DiuraS"dc l'air;, on coBStruisil des càbaneS; on
voulutrenâre ces cabanes plus ComMOdës , en-
suite plus manifiqnesï et orfa produisît un autre
art , qu'on nouuna i'^rchitccture. CeAx qui de-
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNXS DEMOISELLES. 109
meuraieot en Egypte , où il ne pleut jamais , et
où ie Nil se déborde totie l£8 ans , eurent besoia
de calculer les mondationi périodiques dé ce
fleoT» , et ils iareotèrent la Géométrie , qui est
l'ait de compter et de mesurer.
kshkt. — Sa SMS donc la géométrie 7 car je
sais compter.
Mad. Soïhib! — Vous savez une partie de
la géométrie, puisque rous savez l'arithmétique;
mais cette science est bien ^us étendue, puis-
qu'elle comprend aussi l'art de mesurer «Att^-
ment et promptement. Je vais tous dire ce qui
engagea les Egyptiens & iuTenter cette science.
Gomme TabondaBce ou la drsdte dépendent ,
àxz eux , des débordemeos du Nil> tous pouvea
penser qu'ils furent fort altenti& k mesura Vaftr
croissemeat de ce fleuve : d'ailleurs, le Nil,
en se dâiordanf , dérangeait sans doute les Iv*
mites qui marquaient les propriétés , ce qui les
mettait dans la nécessité d'avoir toujours la m^
sure à la main-
La nécessité de se guérir des différ«ites ma-
ladies qui les affligent , engagea an^i les hommes
i inventer un autre art, qu'on nomme la MédO'
ân£.
Le besoin de convaincre on de persuader
ceux dont on avait intérêt de captiver les suf-
frages on Fopînion , donna naissance à la Jtké-
torique^ qui est l'art de bien parler.
u,:,-,zf--„GoOnlc
110 EKCTCLOPÉDIË
Comme, pour bien parler, il ne suiSt pas
d'arranger ses paroles > etqD'il faut encore met-
tre de l'ordre dans ses idées et dans ses juge-
mens , pu inventa ta Logique , qui est Vurt de
raisonner.
. Le désir de conserrer les traits des personnes
que l'on cli^rîssait, comme d'un père , d'unç
erère, d'une épouse, d'un ami, fît nidtre la
Peinture, et peut-être aussi la iSîcu^Iure. Les au-
tres besoins des hommes firent nattre la Méca~
Tritjue.
STiFHAjns. — Et la musique et la danse , ma-
dame , TOUS n'en parlez pas T
Mad. So7Hix. — C'est peut-être le besoin de
se désennuyer qui a fait inventer la JUusigue ,
qui ne fut d'abord qu'un chant grossier et sans
mesure. Pour la danse , je pense qu'elle a été in-
ventée pour donna? de Texercice au corps.
ÂGiAÉ. — Vous nous parliez dernièrement de
la physique , madame ? est-ce que ce n'est pas
un art , pour n'en rien dire aujourd'hui î
Mad. SopBix. — Vous avez plus de mémoire
que moi , ma chère ; j'avais bien oublié la Phy-
sique , qui est la science des choses naturelles.
Pour celle-là, elle doit sa naissance à la curio-
sité.
Fèlicib. _ Est-ce que la curiosité est un be-
soin? Si cela est, je deviendrai une grande phy-
sicienne } car je suis bien curieuse , et je ne vois
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEHOtSELLES. 1 1 1
liea arriver , que je ne veaille eo (avoir la
cause.
Mad. Sophie. — Sans doate , ma chère , la oa-
riositë est un beaoia , lorsqu'elle a pour objet
les ph<îuomèDes de la nature, dont nous ne cod-
naissons pas les causes, que nous pouvons néan-
moins connaître , si nous nous appliquons à les
chercher,
FiLiciE. — Je ne comprends pas ces mots :
les phénomènes de la nature. ■
Mad. Sophie. —On entend par /iA(!nomÂite:f,
des efiets surprenans , extraordinaires, qui arri-
Tent de temps en temps dans la nature , c'est'i'
dire , snr la terre , sur la mer et dans l'air :
comme les ti'embleïnens de terre , les volcans,
les trombes de mer, les tonnerres , l'aurore bo-
réale et TëlectHcité, etc.
Julie. — • Est-ce que la terre tremble quelque-
fois ? Ah ! mon dieu , que f aurais penr , si cela
arrivait.
Mad Sophie. — ^ Oui , ma chèrf^, la, terre
tremble de temps en temps ; mais ces tremble-
mens sont plus ou moins forts. Quand ils sont
bien forts, et qu'ils durent long-temps , ils ren-
versent les montegoes, les maisons, les ailles,
et détmiseut des ,pajs entiers. Des plaines crots<
leot où il jr avait des montagnes , des lacs pro>
fonds prennent la place des campagnes et des vil-
lages qui s'/ trouvaient. Eu ijSS, il en arriva
on & LbbAQne, capitale en royaaiM de Peitu-
gal, qui détruisit cette belle ville de fond en
■oomble , et se fît resfenttr dass toute l'ËuTOpe.
D^uis ce tempB-là, il ea est atrivé un autre en
Calabre , province du w>^aQme de Naples , qui a
-ceaversé one grande partie de ta ville de Mes-
sine. Avant ces grands tremblemens , il en Aait
Aéik arrive un grand nombre sur la terre , qui y
avaient fait plus oa Dqoins de ravage. Il est cer-
tain que nous en éprouverons encore, car les
mêmes causes subsistent toujours ; et nous lisons
dans l'Kvangile , qu'il y aura des tremblemens de
-tecre, quand te temps exarque pMir la (ïa du
monde sera veno.
ÂSLjj.— Je c^oi8qa'il4oit4trebien difficile
^ coonattrc les «ausee qui produisent les trem-
blemens de terre : car aè voyant pas ee qui se
passe d^ns Viutérieur du globe i nous ne pouvons
pas savoir comment (l e^ fait qu'il éprouve des
ti'emblemens.
Mad. SoïBix. — Lé« médecins voieirt- ils ce
qtlî se passe dans notre corps ? cepeudant , îb
savent tien pourquoi nous tremblons de la fiè-
vre. IL en est de même des pb^siciens , qui saveirt
parfaitement quelles sont les causes des tremble-
meitS de terre. Stépbanie, vOulez-vous bien ei-
^iquer à ces ^lemoiselles les causes de ces pTié-
S-ti:tUAiiiE. -~ II7-B , dims les entrailles de la
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEDNES DElbHSBLLES. l\S
terre, tontes sortes de matières combustibles,
a>mme du bltum», Aa soo&er ^° salpêtre , etc.
Ces matières sont dans une continaelle fer-
mentation , et plus la quantité en est considé-
rable, plus grande est cette fermentation. S'il
arrive qu'une partie de l'eau qut cïrcnle dans la
ten-e s'approcbe de ces matières, elles s'enÛam-
ment, et la grande cboleur qui résulte de cette
iaflammatioUf cause, dansTaic sonterraÏD, une
extrême rarëâiction qui en augmente prodif^eu-
sèment le volume ,. et le force ^ par eonsé<[uein >
k occuper une plus grande place. S'il tronve
quelque ouTertare pour s'échs^per, il s*f [»rf«i-
^te avec impétuosité ■ et came bien quelque*
Kcoo&ses  1^ terre ; mais ces tremblemens sont
}égen, et ne durent que '^ev de temps } si , au
coalcaire , l'air rencontre un» giasdë résistance
pour sortir , les vioWns elKirts qu'il &it pour la
vaincre occasionent à la terre ces violentes •»•
consses qui produisent les terribles efièts dont
madame Sopbïe a pu-lé.
Mad. SopHis. — Je suis très-contente, Sté-
phanie , de votre explication. Je désire qae ces
demoiselles s'accoutument, comme v6os,àsc&ii«
des idées nettes de ce qu'on leur apprend : c'est
le mojen de bien savoir , et pour soi , et pour les
autres. Dans qoelqnes jours, noua parleroud des
autres pbénomènes , et ce sera vous qui nous en
donnerez l'esplication.
u,:,-,zf--„GoOnlc
Il4 ENCTCLOPÉDIE
XVI" CONVERSATION.
Mad. Elisabeth, alexandrine, Emilie,
. hortense, pauline,
Mad. Ei.iSAB£TH. — J'aï , mesdemoiselles ,
une mauvaise nouvelle & tous annoncer , c'est
que mademoiselle Jos^pliine Vient de sortir pour
huit jours , à cause de la mauvaise santé de sB
maman , qni a besoin d'elle pour mettre en ordre
lieaucoup d'aâkires , dont elle ne saurait s'occu-
per sans se faire beaucoup de mal. Josëpbioe a
une grande intelligence , et sait par&itemeDt
compter. Sa maman n'a pas cm pouvoir remet-
tre ses affiiires entre meilleures mains qu'entre
lea, siennes , mais elle a promis à madame Sopbio
que l'absence de sa fîlle ne passerait pas huit
jonrs.
Ehilie — Quelle peine vous nous &ites ,
madame ! quoi ! nous serons buit jours sans voir
mademoiselle Joséphine , que bous aimons tant,
et qui nous instruit si bien 7
Mad. £u3XBSTE. — Huit jonrs seront bien-
tôt passes , et vous ne petdrez rien du côté de
l'instruction , car c'est moi qui la remplacerai
pour les leçons d'histoire. Oà en éiies-vous ,
Emilie T
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JETWES DEMOISELLES. Il5
ExiLix. — Nous «a étions & Cjnu , qm s'é-
tait emparé de la ville de Babylone.
Mad. Elisabeth. — Darius Ciaxare étantmort
qnelqueii annto après la prise de Babylonej
Cyrns , soB gendre et son nevea , régna à sa
place y et devint le chef d'une des plus grandes
monarchies qui aient existé. Au coonnencemeDt
de son règne, la première pensée qui lui vint ,
fat de rendre la liberté aux }uî& , et de lei re&-
TOjer dans leur patrie , en leur fournissant tout
ce qui était nécessaire pour bfitîr un nouveau
temple. Ce fut ainsi que s'accomplit la célèbre
prophétie d'Isaïe sur la personne de Cjrus , et la
délivrance du peuple juif. Le règne de ce prince
fut très-heureux , car Dieu ae plaisait à le bénir
è cause de la liberté qu'il avait rendue à son peu*
pie. Mais étant devenu vieux , il commit l'im-
prudence de déclarer la guerre eux Scythes , qui
sont les Tartares d'aujourd'hui. Il fut malheu-
reux dans cette expédition , où les historiems as-
surent qu'il perdit la vie. Cependant , Cambjse,
son EU , qui n'avait aucune de ses bonnes qua-
lités , et qu'il avait nommé pour gouverner
l'empire pendant son absence, profita de cette
absence pour faire la conquête de l'Egypte. Au
lien de se concilier l'amitié des Egyptiens > par
de bons procédés f ce prttice extravagant tua le
bœuf Apis , qu'ils adoraient eomme un dieu.
u,:,-,zf--„GoOnlc
Il6 ENCTCLO^DIE
AoxANiinisB. — Uh étaient bien sqU , les
Ëgy^plîens , d'adorer m hcaiS}
Mad. ËbisjLBËXH — .ÂssuréBa^ çp boeuf n'^
tait pu le seul atiimal qui fitf l'obi^t de leur
colle. Les chats , les crocodille», etc., l'ecevaietii
susù leurs bommages } ils recaniud$&*JQnt néiM
les légumes de jleurs jardiBa Comn^ des diWDi -
ié». C'est ce faux culte qu'on appelle l'idobteiff ,
i laqvdle étaieot&ouw^ tous'ce»peiiqi4eft , avam
l'an-iv^e du Mïssie , excepté le petite jiiif > ^i
coosenra toujours la. cwmaissaace du ynai Dieu.
KsreDoos à Camb/se , £1« dv Cyr«s.
Apre» avoir «mqui* la Çasse^gypte » il you-
lut s'amp^irer de la Haute ; mai» un. gjKtnd vent
ayant ^ovlevë lec sablas tpl s'y'M'OuveDt, b plus
^aude partie de «m armée fut ensevelie daoj
c^tte espèce de déluge , et il fut trop beuceàx
d'en ëcbaj^ier avee ua petit nombre des sleBg,
et de revenir à Babylooe , oit il mourut peu de
tunpsafurès soupére^ Soqfoccesseur fut Darius,
fils d'Qystepcs , qui , ay-ant d^çUr^ la guerre aux
G^ecs, fut vaincu par MiUia4e.t grand capîtaÏBe
atbéaien , à la bataille de ^brathav.
Pauuihx. — J'ai bien quelquefois eatcndti par-
ler des AtbénicDs ; mais je n'ai îamaïa su quel
peuple c'était.
Mad. Ëiis^B^p. -^ Les ^^^éaieps étaient un
peuple de la Grèce , paysd'Europe , sur ki Më-
DES JEl^NES DEMOISELLES. I17
ditemirtëe, eu )*fe Egyptiens 'fonàirCiitplosiedrs
(oiwKies , BOUS la coadaîte^e <jécrOps , <|tii est
rOgardé oomBiel&'fbndateur'de ]a TÏlIc-d'Athè-
ties. Ces ci^oaies «uïient «l'abord des rois ; nuis
la fad)ï4aBs d'Athëintes se donnèrent on gouver-
«eKKat rëpuUioam ^1 -dbangea plusieurs fois i
pttï'amïjîlionâes principaux 'cifoy«ï9. Ge n'est
pas par leor gonvemeniteBt «Jne les Athéniens se
unit readUs tëlàbrës , c'est par leur courage et
leir manière de faire la guerre jpBT H sagesse de
levrs philosophes , l'éloqoeDce de leurs orateurs
et les chefe-d'œuTre de leurs po^cs e* de leurs
artistes , <«t surtout par cette politesse Consotn-»
mée qui les dîstingunt de tous les autres peu-
ples de la terre.
Xsrzèa , Sis âe Dbriùs et son successeur , tou*
htt venger t'afirOBt ^e son père avait reçu à
Marailion ; c'est pourquoi îl &t marcher une ar-
u^etanombridi^epoar subjuguer toute la Grèce,
iku li«u de se décourager , îles Grecs résolurent
de lui résister de toiites lenrs SMoee, Ce furent
les LacëdémOQtens , antre peuple de la Grèce ,
extrêmement bellt<pieiix , qaî forent eliargés de
défendre les passages par où les Perses pouvaient
ptJnëtcer dtfns leur pays. Qnant aux Âthëaiens ,
ils -mirent en stireté leurs femmes et leuisenfans,
et se retirèrent sur leur Qotte , dans le dessein de
livrer liataille à celle de Xerxés j qui était infini-
ment plus ncRnbreuse. Il y avait un passage tr^
u,:,-,zf--„GoOglc
Ii8 ENCYCLOPÉDIE
étroit par où Vaimée de ce prtnCe devait passer
poQF entrer dans la Grèce. C&pabsage est fiômaz
dans l'Histoire , sous le nom de Passage d£s
Thermopyles. L<!onidas, roi de Sparte , résolut
de le d^t^ndre à la tête de trois cents hommes :
^ dtffense fut opiniâtre ; tuais enfin , accablé par
le grand nombra des ennemis , il périt gloriea-
sement avec les siens, après avcûr tué plus de
vingt mille Perses. L'année de Xerxès se répan-
dit ensuite comme un Ûeave débordé , et vint à.
Athènes, dont elle détruisit Ips murailles, les
plaisons et les monupiens.
. EuiLiE. — Us étaient bien à plaindre , les
Athéniens, d? n'avoir plus d'asiles ^ue sur la
mer I
Mad. Elisabeth. — SansdoutS, si Xerx,ès
eût été victorieux sur mer, comme il l'était sur
terre ; mais il en fut autrement au détroit de Sa~
lamine , où sa flotte ftit entièrement dé&i(e par
celle des Grecs , qv> ^^'^ très-inférieure en
nombre. Cflte grande vict^ife porta 1^ décou^
ragement dans l'armée de terre ,dii monarque
persan, dont le lieutenant , Mardonius , fut
aussi vaincu à U i>atail)e de Platée, et obligé
de repasser en Asie, ^erxès avait déjà pris la
fuite, et était retourné en Perse , f>h il fut mal
reçu , et ensuite assassiné.
EuiiiB. — Ce fut pour lui an grand sujet de
honte d'être venu dans la Grèce, avec une si
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. Iig
grande armëe , et de s'en étce retourna chez lui
comme un fugitif. —
Mad- Elisabbtb. — Xerxès ëtaif an extraTa-
gsot qui n'avait point réfl^clii aux obstacles que
la valeur des Grecs et la sagesse de leurs géné-
raux mettraient k sou ambition j et sou orgueil ,
qui ëlait excessif, lui avait persuadé que riea ne
devait lui résister. Ce fut dans cette idée qu'ayant
TU le pont qu'il avait fait jeter sur le bras de mer
qui sépare l'Europe de l'Asie , emporté par une
tempête , il ^t battre la mer , et j fit jeter des
j chaînes , comme ppur la punir de son indocilité,
Emilie. — C'est bien le comble de la folie que
de vouloir châtier un être insensible , et celui qui
K conduisait ainsi , ménlait bien d'être rnalben-
reux.
Mad. Elis4SEth, — Votre réflexion est trés^
juste et tri^a-sensée, Emilie. C'est ainsi que l'on
doit apprendre l'Histoire j car^ il ne suffit pas de
retenir dans sa mémoire des noms et des événe-
mens , il faut encore réSëcbir sur ces événemens
pour en tirer des le>;ons et des maximes de mo-r
raie et de bonne conduite. Kevenons aux Perses,
Le successeur de Xerxès fut Ârtaxersés-Lon-
guemain auprès de qui se réfugia le célèbre ca-
pitaine athéuiei) Thémistoole , que ses couci>
toyens avait éiilé. Après Àriaxersès , régna Da-
rius -Nothus^ avec qui les Lacëdemoniens firent
^ .fdliance contre les Athéniens , dans la guerre du
-, Google
I
• 1 20 ENCTCIOPÉDIE
Pëioponèse. Cdui-cï ent deux fils , Artaxerxée-
Mnémon et Cyrus. Le premier saccada à son
père , et le -second eut Honie et la Lydie : maU
peu satisfait de son sort, il déclara la ^erreâ
son frère, contre lequel il marcba arec une ar-
m^ dont les Grecs feisaient la principale force.
L'érétiement ne répondit ni à ses talens, ni à la
valenr de ses troupes ; car il fut tuiÇ dans nne
bataille qu^il livra à son frère , à pen de distance
de Babylone. Triste destinée d'un prince que la
jrioasie et l'ambition perdirent, et i|ui ternit,
par les plus grands dëikuts , l'étlat des phis belles
qualités.
AlïxakdriSB. — Les Crfecs qui l'avaient
suivi , durent être bien embarrassés pour reve-
nir dans leur pays, s'ils n'ont pas été iàits prison»
niers? car en jetant les yeUi sur la carte, on
ToH nne bien grande distance de la Grèce k cet
endroit de l'Asie où était la ville de iJabylone,
et oii Cyrus perdit la vie en cotnbattaQt.
Mad. ExiSABiTB. — Votre observation me snr-
preod , Âlexaudrine , à quel propos avez-vous
chercbé la distance dont tous parlez ?
Âi£XABpRiifE. — Pendant que vous parliez,
je jetai les yeux sur la carie de Tauoienne Âsiej
et je suivais , pom- ainsi dire , l'armée de Cyrus ,
depuis d'Ionie , d'où elle partît , jnsqu'& Baby-
lone.
Mad EusABEïB.— Cesfbien ainsi que l'on
-, Google
r^S JEUNES DEMOISELLES. 131
doit ëtududier l'Histoire ancienne ; car rien n'est
plm propre à en fixer, dans la mémoire, les
principaux évëaemens , qne d'examiner sur une
carte les endroits oà ils se sont passes. Quant à
ce qui regarde les Grecs de l'armée de Cyrus ,
ipii TOUS inspirent tant d'intérêt , je tous dirai
qu'ils prirent le parti de se retirer, mais en si
bon ordre > qu'ils ne se. laissèrent point entamer
par leurs ennemis , quoiqu'ils eussent h traverser '
pins de six cents lieues de pays pour retourner
dans leur patrie. C'est un historien grec, nomm^
Xénophon , qui se tronvait dans l'armée de'
Cynis , lequel nous a laissé les détails de cctt«
beUe retraite, qu'on appelle la retraite des
dix mille. Tout ce que cet historien nous en ra-
conte mérite toute croyance , car il était témoin
oculaire, et il commandait les Greca à leur re-
tour,
AxïxAwnuTNE. — les Grecs durent assuré-
ment bien récompenser Xénopbon, car ils lui
■raient de grandes obligations.
Mad. Elisabeth Sans doute; mais comme
ils étaient fort ingrats, ils ne se comportèrent
pal envers lui autrement qu'ils n'avaiept iait en-
vers plusieurs de leurs généraux , dont les vic-
toires les avaient sauvés i ils exilèrent ce grand
homme , ponr plairo^u &ére de Cyrus , dont ils
étaient derenas leç amis. ; ,
6
u,:,-,zf--„GoOglc
122 EKCÏCLOPÉDIE
Pauwke, — C'est; un bien vilain déànt que
riDgratitudfi 1 ii'«9t-^e pas' vrai , maclaine?
Eliub^h. — Âssurànant, il n'en est point
de plus inîpâte ni â^ plus vil, dans les nations
et daus, \& particuliers. Oublier un bienfait
qi^'oq a reçu , c'est comme: si l'on refnsait àe
pajiQç une.dette ^bonneur; mais persécuter son.
bienfaiteur , c'est abjurer tous les sentimens de
religion , dltumanit^ ,, de bi«isâince , de délica-
tesse et de probité, et sa dévonec au mépris do
tOHSi les bono^tea gens.
- Emue. — Jo me- rapelle qu'il noas est or-
dooaë datuVÉsangile d'aimeo- nos eonemis, et
de.lenr.rendrele bien pourle niali à plus forte-
raison , de-Tons - nous^ aim^r ceux - qui nous
aiment, et leur read^U bien pourle bien.
ËLisjUBia. — Il n'y a rien à répliquer contre
un raisonnement si- clair, etilestbors de doute
que si nous, devons bénir ceux qui nous persécu-
tent , c'est pour nous une obligation sacrée debé-
nir ceux qui nous font du bien, et de tibcber da
leur en faire k notre tour. Finissons ce que nous
aroas à dire ai^ourd'hni de l'histoire des Perses.
A Attaxerxés-Mnémo» succéda- Ochus, qui
régna peu de temps, et suivi dëDarius-Codotoan,
dans la' personne duquel finit l'empire des Per-
ses , comme celui d^s Assyriens avait fini dans
Iflf personne de.Baltbasar. 'Cft fiit Alexandrfi-Ie-
Grand, fils de Philippe, roh de Macédoine,
u,:,-,zf--„GoOnlc
DES JELlVES DEMOISELLES. 133
dont U'P^oV^dflûbd, qûtrèBfWrseies empires et
lePélèfê'k sôHigrë-, sir'seftiV'p#fa''dgliftiré'ceUe'
ffûnâe- momtéûff, qui fut réinp1a<;de pat une
plli* vàsti etiCdw'; laquelle', à son toUf, fut en-
glolilie' par l'émptr^' Botbain , le plus- grdiid q?ii
ai» iacdais existiS. Arfètons-Dooa ' atijbni'd'hDi à
ITrirtèiffl d'AIeïftnttrè-t^raiii*'; ; dont' les ex-
ploite feront ' le «ifjett d^unb 'autf e ebdfef satidn .
XVfl- CGPWERSATION.
ÉIJZÀ', ST^PKaRIE; ÉMII:jE, HORTEIirSÉ,
JÛUE, PAtfÙNEl
Elisa'..— 'JuiMju'uù EmilioTOns a-t-elle appris
l'Hiatoire Sainte , jna çhére Hortense t
tiosTBRsi. — Elle s'est arréttîc à l'histoire de
Josephij que madame Soplùe nôos-a dit être fort
Mie et fort touchante : cW pourquoi Je dési-
rerais bien l'entendre aujourd^ui .
Euz:^.— Coptiilnez , Éniilie; comme vous
aves comfiieQC^V et dites-nous cette- intéressante
histoire de Josc^ ?
AisÊUB.'*T-ïa<Iob avait douze fils , dont Ji»eph
^tait celui qn'il aimait pln« que tous les antres,
et qaî., eatre'autce raison , le faisait Iiaïr de aeê
u,:,-,zf--„GoOglc
1 a4 ENCTCLOPÉDIE
frères. Mais voioi.un rére qui les irrita contre
lui , plus que n'aurait pu &ire l'amitié que son
père arait pour lui. «J'ai rêvé, leur dit-il un
jour, que nous faisions des gerbes de blé, et
que toutes vos gerbes se sont abaissées devant la
mienae; une autre fois je rêvais que la lune et
onze étoiles se prosternaient devant moi, » Ces
propos avaient tellement irrité ses frères contre
lui, qu'ils résolurent de s'en défaire. L'occasion
s'en présenta bientôt i eux , dans un endroit éloi-
gné, où ils avaient mené pattre leurs troupeaux :
mais Ruben les détourna d'un projet si barbare,
et ils résolurent de le jeter dans une fosse , d'où
Ruben avait dessein de venir le tirer. Cependant,
dgi marchandji qui allaient en Egypte , étant
venus à passer , ils leur vendirent Joseph , et en-
voyèrent à Jacob sa robe teinte de sang , afin
qu'il crût qu'une béte féroce l'avait dévoré.
Quand ces marcliands furent arrivés en Egypte ,
ils vendirent Joseph à Putiphar^ qui était un
grand seigneur de ce pays. Ce Putipbar avait one
femme qui , pendant son absence , voulut que
son esclave offensfttDienavec elle^mais ce jeune
homme , qui avait la crainte du Seigneur devant
les yeux , résista aux sollicitations de celle
femme infidèle, et s'enfuit^ en luLlaissant son
manteau entre les mains. Quand Putîphar fut
de retour dans sa maison , sa femme se plaignit
à lui de ce que Joseph avait voulu lui faire oii"
u,:,-,zf--„GoOglc-
DES JEUNES BEHOrSELLES. ia5
trage, et pour prouve de ce qu'elle avan^^ït, elle
lui montra le manteau qu'il lui avait abandonné.
Sans prendre pins d'informations , Putîpliar Ht
arrê^C'Josepli , et l'envoya en prison. II j avait
dan^ette prison deux officiers de la cour du roi
d'Egypte^donl l'un était son écliaDSon,e1 l'antre
son pannctier. Un jouv l'échanson dit à Joseph :
J'ai rêvé que j'avais de beaux raisins que j'ai écra-
sés dans nne coupe,et queleroî abu lejusdeces
raisins. Ce songe signîEe que vous rentretrez en
grâce , lui dit Josepb , et je vous prie de vous
«onvenir de moi , quand vous serez à la cour du
roi, ce queVécbanson lui promit. Et moi, dit le
panneticr, j'ai rêvé que je portais sur la t^te une
corbeille pleine de gdlcaux , que les oiseaux ve-
naient manger. Ce songe veut dire que vous se-
rez pendu, lui dît Joseph, et que les oiseaux
tnangerout votre corps. Toutes ces choses arivè-
rent comme Joseph les avait prédites; mais l'd-
clianson oublia , quand il fui rentré dans l'exer-
cice de sa charge , la promesse qu'il avait faite , -
et Joseph resta en prison .
pAutiKE. — Cette histoire est fort belle ;
mais) 'y découvre bien des méchancetés.
Eliz.^. — Oui, ma chère Pauline, il y en a
beaucoup : et c'est une chose fort triste que de
voir l'innocence persécutée, sans que personne
se cliai^ de sa défense. Joseph est seul avec sa
vertu ; il est accusé par une méchante femme ;
u,:,-,zf--„GoOnlc
. 1 26 - ENCr^CLOT^^m
il çst emprisonne,. et oi^lié ^ajis jSa.prûoQ.
Comment ^i9pipfaera-t--îl,:etcpmij9gBt agixiii-
nonceiice sera-tielle recqnpjie? Sans.4oiUe, s'il
n'attend son salut <jne des lic«;infes , il^^bien à
craindre iju'il ne. sorte jamais, jle sa trilEe situa-
tion j mais Dieu yeille ,suF^i', et c'est ;1« Provi-
dence qtiî se cliarge de le sauver, et de l'^ever
autant qu'il csthumilid; tous en verrez Ja preuve
dans la si^ite, de sou histoire.
Emiije. — Jje roi d'Egypte, qui se ijcanmait
Pharaon, rêva un jpur qu'il voyait ,^pt yaclïes
fort grasses; aussitôt après , il en vJt sf^t 9Ukti%$
qui étaient (oTi maigres. Les sept vaches maig^s
Tnângèc'ept lessept vaches grasstis. Le roi s'^lant
■ éveillé envoya cbercher les honjmes les plus s»-
vans de l'Egypte, pour lui expliqu£r ce songe ;
mais ces. hommes ne le pucent faire. Alors 1'^-
jchanson se souvint de Joseph, et dît an roi qu'il
lui avait expliqué pon songe et celui du p^niff-
tier. On .fit donc, venir Joseph , qui dit au roi
que les sept vaches grasses signifiaient sept an-
nées d'abondance , qui seraient suivies de sept
années de stcrilitë, lesî^uelles étaient désignées
par les sept vaches maigres. Âpcés cetje explica-
tion, Pharaott ne voulut pas que Joseph rctpur-
nàt en prison , et même il l'établit sou surinten-
dant daqi; tout son royaume , en le chaigeapLde
prendre toutes les précautions, convenables pour
emp(?çher la famine dç ravager l'Egypte , pep-
DES IXUNES 1ŒU0I$ELL£S. 137
'Nanties sepl-snivées de A^nlité.' Joseph répûndic
pttr&iteniaDt. à l'id^ qile leroi avait de sa sa-
gene;! it fit bâtir de'gtvnds niïgaslnâ , où tons
U» Egyptiens furent oblige d'apporter , moj'ert-
Haat un prix oouvenu, le- blé gui Uur restait ,
oprès-aToirprdlevë , sur la rtScoUe de chaque an-
■née ÛjahaadÂoce , le gmia Bécessalre à leur con-
:n>tDinatioa. Quand ces sept années fnrent écou-
lées, arrivtrdiit les sept 'années de stérilité, pen-
dant lesquelles les Egyptiens furent obligés de
racheter des greniers du roi , te blé qu'ils avaient
vendu à Joseph. Quand Pberaon vit cela , il ad-
mira davantage lassgesse de Joseph , et il le fit
le plas'gfand seigneur -de son royaume.
HoKTEiTsz. — Ce qui cne fait le plus de peine
âmstette histoire, c'est que Joseph ne pense
f^us à eon père Jacob j assurément ce bon vieil-
lard anrait été fort aise d'apprendre que son fils
Juse^, loin d'avoir été dévoré par les bëtes, était
au contraine fort riche , etleaecond personnage
du royaume d'Egypte.
Kliza. — Cette réQesion, ma chère amie ,
prouve votre excellent cœur j mois attendez ,
vous verrez -bientôt que Joseph n'avait pas oublié
son pêlffe , el que Dieu nidme n'avait permis qu'il
parvint à cette élévaiion , qu'afin de le mettre en
-étst de venir au secours de son père et de sa fJ-
tnîlle. Emilie, continuez.
Emiiie, — La disette qui était arrivée ea "
u,:,-,zf--„GoOglc
laS ENCYCLOPÉDIE
Egypte Se £t ressentir jusque dans lepay^s de
CbanaaD, où demeurait Jacob, Ayant appris que
les Egyptiens yeudâient du Lie, ce patriarche
donna de l'argeut ii ses fiU pour en aller acheter;
mais il garda Benjamen auprès de lui. Quand les
cafàns de Jacob parurent devant Joseph , ils ne
le reconnurent pas; mais il les reconnut fort
bien , et faisant semblant de se fôcher , il leur
dit : Vous êtes des espions , vous êtes venus dans
ce pays pour trahir le roi. Us lui répondirent :
Seigneur , nous ne sommes point des espions ,
mais nous sommes ùètes et en&nt du même
père ; nous avons un autre frère qui est resté à.
la maison , et nous en avions un antre qui est
mon il y a long-temps. Vous mentez, reprit Jo-
seph , et je ne vous croirai point , à moins qne
TOUS ne m'ameniez ce jeune frère que voua dites
que TOUS avez. Alors, les iirères de Joseph,
croyant qu'il n'entendait pas leur langage , se
dirent entre eux : Dieu nous punit pour avoir
vendu notre fière Joseph , qui nous priait d'avoir
piti^ de lui. Joseph qui n'avait pas oublié la lan-
gue de son pays , comprit bien ce qu'Us disaient,
et leur dit ; Retournez chez votre père , pour ra-
mener votre frère Benjamen ; je garderai un de
vous pour otage, et si vo«s ne revenez pas, je le
ierai mourîr.Les neuf fils de Jacob retournèrent
aussttx'it auprès de leur père j maisils furent bien
étonnés de retrouver dans leurs sacs l'at^ent
-, Google
DES JEinsES DEMOISELLES. 129
qu'ils avaient donn^^our jpayer le Lié. Us ra-
contèrent ^'Jacob ce quî'Ieur était ariivé ; mais
celui-ci ne voulut point consentir âu d^art de
Beajamen. It fallut pourtant retourner en Egyp-
te , quand le hlé fut consommd ; et Jacob per-
mit eaân k se« fils d'emmener avec eux IcurCrère
Benjamen.
JtTLiB. — Il fallait que JosepK eût une grande
donceur , pour ne pas proGter de l'occaMon qu'il
avait de se venger d« ses firères.
Eliza. ^ Tout autre que lui les aurait assu-
rément fait arrêter , ou leur aurait du moins re-
fusé le blé dont ils avaient besoin j mais il a d'au-
tres sentioieiiB, et au lieu d'exercer une ven-
geance qui aurait été basse et indigne de lui ,'
c'est en leur (àisant du bien qu'il veut les punir
dn mal tjn'il en a reçu. Bel exemple à suivre par
let cbr^tiens.
BuiLiB Quand Joseph vit Benjamen , il &t
rendre la liberté à Siméon , qu'il avait retenu
pour otage , et dît A «on intendant de conduire
ces étrangers dans son palais^ et A'y préparer un
grand repas. Se^ fi:éres eurent peur en eniendant
cet ordre , parce qu'ils craignaient qu'il ne leur
fit des reproches au sujet de l'argent qu'ils avaient
trouvé dans leurs sacs. Mais l'intendant , à qui
iJs firent part de leur crainte, leur dit d'être
tranquilles , parce qu'il avait reçu leur argent.
Quand Joiepb fut venu , il leur demanda com ,
u,:,-,zf--„GoOnlc
■)5o ENCtGtOSÈCtt:
ment se pomit Jacob , et rf>g*r^nt fiDn ■ frérd
Benjamin , }es larmes lui viorept aux j;eux. , et
il^e retira un moment pour plcuc«r. Etisuite ils
se mirent à table, et Benjamen fraït uae por-
tion cinq foisplqs grosse que les antres. Le len-
demain , Joseph leur fit â^^nner du blé ; mais II
ordonna à son intendant de faire cacher sa coupe
d'or dans le sac de Benjamen. Qnandjls forent
partis, l'intendant courut aptâs eux , et leur re-
prôcba le vol de cette coupe. La co^pe aj'ant été
trouvée dans le sac.^c jBenjamen , Joseph voulut
d'abord le retenirj mî^iis ses fr^s, Judas surtout,
qui était leur atué, lui ûrent dçs iostances. si tou-
chantes et si vives, que ne pouvant plus résisiterà
son émotion, et ayant fait sortir to\it:le monde, il
sett connaître à eux, en leur disant i. JesueTOtre
frcre Joseph , que vous av^z vendu.; ^ Qraignez
rien ; c'est Dieu qui a permis cet évéuemeat , afin
que je p^sscvt^jr.à votre saccurs. Phawon ayant
appris que Jopepji avait rptropvé SCS frères, von- ,
lut- que son père vifit en Egy.ptç ayec toute sa
famille , ppur sjy é):ablir danç le plus beau pays
. de son royaume.
HonTEifSE. ~- Jamais histoire ne m'a tant fait
pleurer que celle là ; ;ivijs j* ne vous cacherai pas
que je ctimmeu^ais ù en vouloir i, Joseph de ce
qu'f^u lie,u de se faire si^r-lechamp connaitre è ses
frères , )1 cherchait à leur dpnner dps inqi^iéw-'
des , et à jouir , pour ainsi-diiie, à/a leurs i^ayeurs.
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. I?r
Eliza. — L^intentionde Joseph était liien de
se faire connaître de ses frCres } mais il voulait
aussi leur prouver qu'il avait tous' lés moyens de
fcur nuire et de les perdre s'il l'eût vôtilii , sans
avoir recoure à l'accusation du crime yii'ils
avaient commis en sa personne. Si , d^s la
première imtrevue , il leur avaîi dit : Je suis Jo-
seph , 5ans doute 'As auraient ete eflrayës , dans
le premier instant ; mais teur frayeur se serait
dissipée bientût , et le remords de leur crime ne
leur aurait point fait dite : C'est Dieu qui nous
punit pour avoir vcliÛu noire frère. Le remords
est louie la vengeance qu'il voulut tirer du mal
qniH lui avaient fait. 'Emilie , acUevez l'histoire
de Joseph.
Stéfhahie Comnîc Emilie doit être bien
fatiguée , je vans dire «n 'peu de mois , ce qu'il
resteàsavblr.
^dand les enfânS de Sa6Ô\> furent arrivés dans
lenrpajs, îlsdifentàléurpère; Ilé)ôuWez-v ous,
Joseph n'est pas mort. C'est lui qui est le suiiu-
tendant de l'iiaraoti d'ans toute TEgypte. Jàcol»
ent biendetàpeiuçà croire celte nouvelle} "mais
quand il eot ru les pilfsen^ de Joseph , il remer-
cia Bieû , en plenr&itt de joie , et partit avec
loùté ta famille pour éè rehdre en Egypte. Quand
fl fat arrivé, JotiejAi l'cUibirassa avec de vife trans-
ports de joie, et le présenta au roi qui lui de-
manda quel £ge il avait. ï'aî cent-trente ans , lui
u,:,-,zf--„GoOglc
1 32 TNCYCtOPÉDIE
ri^pondit Jacob, el les jours de mon voyage sur
la terre ont élé courts et fÂchenx. Pharaon lui
donna un beau pays pour faire paitre ses trou-
peaux^,, et où il Tëcut encore plusieurs annëes.
Avant de mourir, il prédit à ses enfans , qui sont
les chefs des douze tribus d'Israël , tout ce qui
devai de ur arriver , et il assura à Judas , son fils
aine , quele^ceptre ou l'autorité souveraine Tien-
drait dans sa maison, et n'en sortirait qu'au temps
oùle Messie serait sur le point d'arriver. Après
sa mort , ou transporta son corps au tombeau de
ses pères, dans la terre deChanaan. Joseph vécut
un grand nombre d'anndes , et fît jurer en mou-
railt , A SCS enfans, que lorsqu'ils sortiraient dç
l'Egypte, ils emporteraient ses os, pour les mettre
auprès de ceux de Jacob.
Pauline. — Je me rappelle que madame So-
phie nous dit dernièrement , que l'Histoire Sainte
est remplie de iîgm-es , c'est-à-dire d'événemens
qui sont la représentation de ce qui est arrivé
depuis la venue de Jésus-Christ ; Irouve-t-on de
ces figures dans l'hisioire de Joseph ?
Stepbamie.— Elle en est remplie, ou plutôt ce
n'en est qu'une seule, fort belle et fort claire,
de la vie de 3ésus<Christ notre Seigneur, Les
frères de Joseph nous représentent le traître Ju-
das qui Tendit Jésus-Christ , dont Joseph est la
figure. La prison de Joseph nous représente les
sou£&Buce3 du Messie pendant sa passion; l'é-
DES JEtTlŒS DEHGISELLES. lS3
clianson de PKaraon , auqoel il avait prëdit m
rentrée à la cour, est le bon larron , à qui Jésvw
Christ annonce sa prochaine entr^ dans le pa-
radis, la délivrance de Joseph, c'est la résur-
rection de Jésus-Christ , qui sort da tombeau ,
trois jours après sa mortj son exaltation à la
cour du roi d'Egypte, et son autorité dans ce
roj'anme , sàgnifîent le triomphe du fils de Dieu
^t homme , et son empire sur toutes les créa-
tures. Les on&ns de Jacob, à qui leur frère st
ini connaître , désignent le peuple juif, qui un
joor reconnaîtra le Messie , qu'il a persécuté et
CTDciâé j et ce beau pajs où s'établit Jacob , avec
ta famille et ses troupeaux , nous figure le
royaume des cieux , que Jésus nous a mérité par
ses soufirances , et où il règne éternellement avec
Dieu son père. Ressonvenez-vous bien, mesde-
moiselles, de cette explication, qui vous ap-
prend avec quelle attention et quel respect vous
devez écouter l'histoire des événemens arrivés
chez le peuple hébreu, avant l'avènement du
Meskie.
-, Google
l54 ÈNCICLOPÉDm
XVIÏP GONVERSATTON.
Madame SOPHIE, EUGÉNIE, CAROLINE,
JUUE, PAULINE.
Julie. — Je Be sais que penser, jnaâftEne, du
^IfiHce pie marnant et de Tabaudon où elle tne
Jaùse. JEjfit-ce quVlle ttucait à se plaindre de fnoi ?
Od lui Miriez voue porté des plainites sur ma
<ïoiid,uite ï En irërité , }e auis comme une folle ,
■et xie» «u monda ne serait pliH aiialheurenK
poqr moijjuede .perdre l'amitié de maoKUi, et
■de dereoir jiour elle un su>et d'indifférence.
Mti- Sophie, -r- Il làlut^ue je tous ïediae,
Julie , votre mamon n'est point oonteate ^ voos,
fil elle iTjOuve que vous ne iaites auoun progrès.
EUe m'a écrit k voire siqet une lettre de negro-
ches, qui t&tts soat bien fimiés. Il eai vrai (joc
je suis U9 peu )a -cause ^ cette Icttfc ; cor je
n'eus aucun éloge à lui faire de vous la deniiùre
fois qu'elle tIuI ici. Puisque vous êtes la pre-
mière à me parler d'elle , et que tous voulez sa-
voir pourquoi elle vous tient rigueur, je vais
vous répondre en présence de ces demoiselles,
qui vous connaissent aussi bien que moi , et dont
les défauts, quoiqu'elles s'en corrigent, il est
vrai| de joue en jour , doivent les empêcher de
u,:,-,zf--„GoOg[c
DES I^inv^S StEAfO^ÊtLES. 'iSS
sVnprgueillir e^.vayaat }e$ jrdites, iet.de.TOiu
mépriser.
Pauline. — peroicremeat > autdame, vols
me dites tous les miqns âeyast mes compagnes ,
qiû ne m'ont p^ n^risée pour cela , et ip'oAt
même engagée k filiive des ajtûtiéa i LouUe. Au-
joordliui , si vqos .avez qocore des repuoclws à
me&irej je suis .tpv^ préte à W.ëcoutw, ct^à
en profiter] parce qu9 )e sens que tous avec i»i-
son , et que c'^st votre fttUfihcment pour nous
qui Tops porte â nous dire tous nos dë&uts.
JuiiE. — Au ippiiis, je nV pas uèlui d'êtse
&ère et dëdfigpeuse , vî de lïien dire i (\m que
ce soit des choses qui fassent de la peine.
Mad. Sqpbii. — Ù «t vrw, ma chère j ft
c'est une justice à vous cendre, qu'aucBse de^oa
compagnes □« se plaint de vos ^opos ni de vos
procédés : mais qu'est-ce que oela proupe , si œ
n'est qoe tous n'avez pas touH les d(5iàuts rémiis?
C'ett bien assez qo^ vous en ayez quelques-uns 4
et quand vous n'en auriez qu'un seul., ce semil
encore trop; car une' demoiselle bien née et
bien élevée n'en dojt avoir aucun.
Ca&dlinb<.— - Est-ice qu'il est possible, bis*
dame, de i^'sYctJr »«cun délaait ï «st-ce ,qa'u»
.demçiiielle doit ^tre une saîuto , comiBe celles
dont nous lisons U vie Ions les jours î
Mad. SopHi?, — Oiiii, ma chère, une d«-
moiaeUe ae doit avoir que de bonnes qualité) ,
u,:,-,zf--„GoOnlc
'ï56 ENCtCLOPÉDIE
et aucaa dtîfàut. C'est une cbose qui paraU d'a-
bord bien difficile, parce que nous sommes tou'
tes piaf port(<es au mal qu'au bien , et que nous
nous imaginons que nos défauts nous resteront
too)ourii, si nous lie les âtisons disparaître tout
d'un coup. C'est une erreur bien dangereuse , et
qui serait cause que nous ne nous corrigerions
jamais. Non , les plus légers défauts ne s'en vont
pas même aussitôt qu'on le veut j et comme on
ne les contracte que peu à peu , ce n*cst aussi que
peu k peu que l'on s'en corrige. Avec du cou-
rage et de la bonne volontt! , on en vieut à bout.
Julie , par exemple , qui ne se lève et ne va ja-
mais aux exercices qu'après les autres , ai elle
vent bien s'en donner la peine, et prendre là
dessus une bonne résolution , verra sa paresse
diminuer peu à peu , et finira un jour par être
aussi diligente que ses compagne».
Jolie. — Dès demain, madame, je me lève-
rai , et je me rendrai aux exercices avant toutes
I.'s autres.
Mad. Sophie. — Ce n'est point ce que j'exige
encore de vous, parce que vous demander trop,
ce serait oe vous demander rien : ce sera bien
assez si vous ne vous faites pas dire deux fois de
vous leVer , quand la cloche aura annonce le t6-
veil et le lever, et si vous n'arrivez pas à la prière
après tout le monde. Ordinairement, quand on
veut se cwriger , on va tonjours au-delà de ce
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JËinilES DEHOISELIXS. iS?'
^W doit Clire, ou de ce qu*on doit éviter;
nuis cet empressement n'est qu'une ferveur pas-
sagère , et qui s'éteint bientét , parce que ce
n'est qu'un mouyement auquel la réflexion n'a
point de part. Il faut donc que tous tous met*
tiei bien avant dans l'esprit , que votre dcToir .
consiste actuellement à n'eue point paresseuse,
et non i être un modèle de diligence. Pour cela ,
songez souvent à tous les inconvéaiens qui résul-
tent de la paresse.
Julie. — Plus je tarde à me lerer , et moins
j'en ai le désir; il me semble que je suis retenue
au lit par une chaiue que je ne saurais briser ; et
qnaud , après avoir raisonné avec moi-même , je
prends La résolution de le quitter , j]y retombe
presqu'aussitôt , en médisant i moi-même, en*
core un moment. Cependant , je fais un effort, et
après quelques instans d'un sommeil agité et
interrompu je me lève, triste, ennujrée, et je
m'habille avec humeur.
Mad, SoEHis- — Voire tête est-elle bien saine,
et votre esprit bien tranquille ?
Joiix. — J'ai la tête pesante et l'esprit tour-
menté ; j'ai honte de moi-même , et je ne sau-
rais lever les yeux en voyant mes compagnes
prêtes k partir , quand à peine j'ai commencé à
mettre mes Têtemeos. Je suis bien plus hon-
teuse , quand j'entre après elles pour assister à la
prière , car elles me regardent toutes , et ma-
u,:,-,zf--„GoOglc
.l38 DNGÏGLOpÉDIE
cUme Ejtiisbeth. prend. -uq air si sévÈre , que je
perds. toute C0DteaaiLce,i et que je rongis conmae
sii'asais.commUuDeind^ceQee.
Mad. SoBHiE. — . Gea- est une assoréaieiit
«l'être .cause , ,par votre parasse , desdistraoBous
,de vos.c»iapagafi2i.>Voilà'pQutlecoiQmeiioeDieiit
de la jouriKÎc , il a'est pas difficile de Juger qu'elle
continuera et £iiira d'une manière BiOii.m^iis dë-
eagr^ble pour- vous et pour les aatres.
Julie. — Je ne me sens de goût pour rien ;
je n!ai aucun courage; et je voudcais toujours
doroiir.
, Mad.'SopBiE. -^ C'efitlfl' raisAo poux laqueUe ,
non.seulemeot vous ne troralllex pas, meis en-
core TOUS cmpéehoz .les. autres âe travailler ou
d'étudier ,.en Icsriparlant sans cesae , ou en -leur
feîeantdepetibesmaliGesqui les oliligent devous
répondre. Aussi , êtes -vous , Julie, la moins
iniitruite de .vos compagnes, et depuis deux ans ,
u'avez-vous fait aucun progrès ni dans IVcrilure,
ni dans le dessin, ni denS'la broderie, ni dans la
musique, nîdansla;géogrftphie, ni daus la graiB-
maire , ni dans L'bistotre. La- danse est le seul art
dans Iftquel vous ayez -un peu avancé. Mais eu
cela, vous n'avez^aucim avantage sur les autres;
et.mênie,daoserîez-vous mieux qu)uoe danseuse
de profesâion , :1a danse n'étant ipi'un emrcioe du
corps, TOus-n'auciez cettaiDenumt aucnn motif de
vous«n prévaloir pouriàiie esceser votre psressr.
u,:,-,zf--„GoOglc
DES j^u!s;bS:P;&Iiioiselles. iSg
EuoÉNiB. — Julie , pQprtdnt , 'De^mtmqtte-jru
voulait se doniieF la,pe.i«e. d'appcpndre , eUe réus-
sirait compie uDc; fiutre.
Mad. Sophie. — Ce n'est pu l'esprit que je
lui refuse , je sais q^u-ellfl en a ; elle o'eat qaep^u
coupable de oe vouloir p^s le cuUïver ; c'eit un
talent que Dieu lui a donné pour le fake valoir ,
et quelle enfouit par la paresse. Peasez -tous ,
Julie , que la danse suflîse pour faire une bonne
éducation? Quand vous serez une grande fille,
et que vous vivrez aumHiea du monde , n'aurez-
TOUS autre cKose à &ire que de danser? Dans les
compagnies ofi tous-vous trouverez , ma chère,
on ne dansera pas toujours; on lèra la conversa-
tion, on vods adressera la parole j or, si vous n'a-
vez rien apprit, que pourrez-vous dire? Si vous
n'avez pas étudié votre grammaire , comment
pourrez-vous vous exprimer? Vou^ ferez sans
doute en parlant beaucoup de fautes qui ferout
rire les bommes et les femmes qui vous enten*
dront, et qui ne pourront s'empécber de dire
entr'eux : voilà une demoiselle bien ignorante et
bien tqal élevée ! Quelle lumle pour vous et pour
vosparens!
Pauline. — J'ai une, cousine qui se trouve
dans ce cas-là., Co m tne on parlait un jour, da«s
une compagnie, d'un roi grec , nommé Al^an-
dre le-Grand, elle ^^c^manda à uoe dame qui
u,:,-,zf--„GoOglc
■ l4o ENCYCLOPÉDIE
^tait près d'elle , s'ilyavaiteu un roi de France
de ce nom, et à quelle race il appartenait. Un
autre jour, TOjant en livre bien relie, elle dît :
voilà une belle ouvrage ; et une autre fois , elle
parlait de Madrid , comme de la capitale du Pof'
tugal , et elle disait que si elle était bien rîclie ,
elle prendrait une cbaise de poste , et s'en irait
en Amérique.
Mad. Sophie. — Votre cousine, ma clière
Pauline , n^a donc reçu aucune éducation ?
Pauline. ^ Elle a eu pourtant bien des mat-
tres et des maltresses j mais elle n'a pas voulu
prolîter de leurs leçons , parce qu'elle était fort
paresseuse , et qu'elle se levait toujours fort tard ,
ce qui lui causait de grands maux de tête , et
lui âtait l'attention nécessaire pour apprendre.
En revanche, elle sait bien cbanter et danse
avec beaucoup de grâce; mais elle a beau faire ,
avec sa voix , et avec ses jambes , elle ne se ma-
rie point , parce qu'aucun homme ne se soucie
de la demander à son papa et à sa maman. .
Juiis. — Oh! que je serais honteuse d'être
ignorante comme cette demoiselle! Â sa place,
je ne voudrais aller nulle part.
Mad. Sophie. — Eh ! bien , ma chère , je vous
prédis que vous ne vaudrez guère mieux , si vous
ne &itcs aucun eiTort pour vaincre votre paresse,
et que vous finirez par n'être dans le monde
u,:,-,zf--„GoOnlc I
DES JEUNES DEMOISELLES. ï^l .
qu'un objet de risée pour les femmes , et de mé-
pris pour les hommes.
Jolis. — Comment faut îl donc gue je fasse ,
madame, pour n'être poîot paresseuse?
Mad. Sophie.— D faut, aussîtâi que tous eu-
lendez le premier coup de la cloche , tous lever
promptemeot , et sans réflexion j car si vous rai-
tonnez avec vous-même , la paresse est là qui ré-
pondra, encore un instant, et qui finira par
TOUS attirer dans le pïége. Il en sera de même de
tous les autres exercices auxquels vous devez
vous rendre au moment que le signal en est
donué. C'est à cette exaditude que je conualtrai
si vous êtes bien dans la résolution de vous cor-^
rigcr,
Edgésie. — Je lisais dernièrement, dans un
livre de pîe'té , qu'un solitaire était si attentif à se
rendre à ses exercices , au premier son de la clo-
che , qu'il lui arriva un jour qu'il écrivait , de
laisser upe lettre a demi-formée, pour aller où son
devoir Tappelait ; et qu'à son retour dans sa cel-
lule, il trouva cette lettre achevée. Je pense que
Julie voudrait bien être diligente , à condition
qu'en revenant au travail , elle trouvât sa tâche
toute falu.
Mad. Sophie. — ^ Pourquoi , Eugénie , après
avoir cité un trait édifiant et instructif, dites-
vons une malice à Julie 7 Ceci est encore un reste
de votre vieux levain , c'est-à*âire , de votre p en-
ï42 ENCYCLOPÉDIE
cbanE à la m^cliancété.' Voïlk , comme gd vou-
lant blâmer un dé&ut dans les autres , ou tonibe
Eoi-m^ine dans uo d^ût plus grand , qui est de
manquer de charité. Au reste , vous ne devez pas
croire, ma chère i que Vous soyez une fille par-
fcite , pour vous êtce un peu corrigée de votre
caractère malicieux qui vous rendait insupporta-
ble dans voire famille et h vos compagnes. Vous
avez' encore quelques défauts doiit je me propose
dé vous parler bientôt^
Eugénie. — Je prendrai toujours en bonne
part ce qu'il vous plaira , madame , de me dire sur
m'es défauts, au sujet desquels je ne mè fats point
illusion.
Mad. Sophie. — J'aime en vous, ma chère,
cette franchise et cette sincérité,' qui vous por-
tent t reconnaître les torts que Vous avez . Ge sont
des qualités précieuses- avec lesquelles on' perd
beaucoup de défauts et l'on 'acqùicrThlen àéé vei>
tuS. Il eii est des- maladies de fJiiziè côibtne dé
celles du corps j si un malade cache Son mal, ou
n'en veut pas convenir, cortimont le médeciii
po«rra-l-il travailler à sa guériso'n 7 Si , au con-
traire , il dit franchement dans iquelle partie du -
corps il est malade , il est aisé de lui administrer
le'rehlédè qmdoitluî rendre la santé. Puisque
vous' convenez que' Vous avez' des déiàutSj je'
pense' qu*ii suffit dé Vous les indiqueir iinefois,
pour n'éirê plus dans" le' cas de'voiis en parler.
DES JEITTŒS DEMOISELLES. ï^% '
EireÉHE. — Je prévois , Madame , les repro-
che» -qae rous' m'aJlez faire , parce que je tKe les
iàii chaque jour , et même i chaque- instant ;
mais comme je pourrais encore me flatter, et en
trop accorder i mon amoor-propnr , roudriez-
Toos me dire ce qui me manque, ponr n'avoir
|))us que des ëlogesà receToir< *
Mad; Sormi. — Vons aimez beaucoup trop
lei friandises , Eugénie , car tous en mangeï tou-
jours , même pendant l'ëtude et le trayail, et il
paraît que tous y employez, tontl'argent que to«
tre maman tous donne pour-vos menus plaisirs'.
SI TOUS n'étiez qu'an enfiint, je tous pardoane-
nis; nurifi en voyant une demoiselle de douze
ans, ne respirer que pour ks -bonbons, ne dois- '
je pas penser quels gounoandise , ce dé&ut si'
m^sable, ai&îtcbezelle'despro^s , qui tdt '
on tard seront funestes à sa santé ? En e&t , ma
cfaére , d'o'ù viennent ces maux d'estonac, ces
dégoûts-, ces maux de tête > dont vous êtes con-
tiauéllemenb tcrormentée? Pourquoi lanourri-
itire ordinaire u'a-t-etleaucun attrait pourvous, .
et tDrt£z-vons de table sans presque avoir tdncbé •
anx mets que l'on voua a servis? si ce n'est que
votre estomac , rempli dlmmeurs , a perdu tout '
a[rpélit , et que votre goût s^di Se peut plus être '
excité que par ces funestes douceurs.
PxvLltn Eugénie a souvent touIu me don*
ner de ces friandises , dont ses poches sont toa-
u,:,-,zf--„GoOnlc
■l44 ENCTÇLOPÉDIE
jours pleiûês ; mais je les ai toujou» refusées ,
depuis qu^aayant mangé un jour en assez grande
quantité , je me trouvai si. malade , si malade ,
que le cœur me manquait, et que je fus sur le
point de mourir.
EiTGÉKiE. — Je voudrais bien ne plus manger
de bonbons^ mais je {o'jsuîs tellement habituée
qu'ils sont , pour ojnsîfdire , devenus uo besoin
pour moi.
Mad. SoFBiE. — VoBS Toyez^onc bieo clai-
rement que rien n'est plus dangereux que de con-
tracter une mauvaise habitude, parce que cette
habitude se change en un besoin , auquel il est
ensuite très-difiicile de renoncer? Ecoutez-moi,
je vais vous donner un conseil qui vous corri-
gera , si vous le suivez. Quand votre maman vous
aura donné de l'argent, vous m*ea ferez la dépo-
sitaire ( sans en retenir la moindre pièce de mon-
naie , et quand vous vous sentirez le besoin de
manger des lî-ianâises , vous me prierez de vous
en faire acheter , car je ne prétends pas vous en
priver entièrement et tout d'un coup , de peur
que yOQS ne &ssiez une maladie.
Edoékiz. — Je n'oserai jamais, Madame, Tons
demander de l'argent pour un si mauvais usage,
ni vous prier de me faire acheter des choses que
vous savez être nuisibles à ma santé.
Mad. SoPinE. — Si je vous en donne la per-
mission, vous n'avez pas de raison pour craÏB'
-, Google
DES JEimES DEMOISELLES. l43
An de me demander. En aUendant', je vous féru'
donner , sur votre bourse , quelijnes douceors de
supplément & vos d^eun^s et à vos goûtéi. Eu
ToiU assez pour aujourd'hui , mesdemoiselles |
un autre jour nous passerons en revue beaucoup
d'autres dé&uts , dont nous n'avons pas encore
parle , et nous aurons de pins , en notre compa-
gnie, Âlexandrine et Rosalie.
XIX* CONVERSATION.
Ma». ELISAJBETH, ADÈLE , AMÉLIE, ÉKIOE,
HORTENSE.
HoKTXRSE Nous avons fait, madame, Adèle
et moi , un bien long voyage , depuis le jour de
la dernière conversation sur la géographie '.
Mad. EusABSTB. — ^Noos espérons, ma ebére,
que vous voudrez bien nous apprendre les
particularités de ce voyage. Commn vous ne
nous avez pas entretennes souvent, nous vùns
entendrons aujourd'hui avec plaisir.
HoHTENSE. — C'est le tour de l'Europe que n6us
avons fait sur mer, excepté du côté où elle tient
à l'Asie, et noua nous sommes arrêtées, ne pou-
vant aller plus loin. C'est par la mer Glaciale
oue nons avons commcncéj de cette mer , nous
-, Google
].\6 ENCYCLOPÉDIE
sommes outrées dans la mer du Nord, où nous
avons trouvé l'Islande, qui esMine île ofi il y a
une montagne très-élevéc qui jette souvent des
utatières enflammées. Ensuite, nous avons cô-
toyé la Norwège et la Sucde . qui est séparée de
la Norwège par de hautes montagnes. En reve-
nant sur nos pas, nous avons traversé le détroit du
Sund, entre le Dannemarck et la Suède, et nous
avons pénétré, par la mer Baltique, jusqu^au
golfe de Finlande , à-l'extrépiité duquel est bâtie
la ville de Saint-Pétersbourg. Nous avons iàit le
tour de ce golfe, et à notre retour, nous ayons vu
la ville de Riga , ville qui appartient à la Russie :
Mémel quiappartient àla Prusse, Copenhague,
la capitale du Dannemarck, et beaucoup d'autres
viUesdépendantesdes souverains d'AlIemagoe.En
allant du Nord à l'Ouest, nous avons aperçu les
côtes de la Hollande, après lesquelles nous avons
apei'f^u les côtes de France , qui sont séparées de
celles de l'Angleterfe par un détroit ^qu'on
uqmme la IVIanche, parce qu'il a la forme d'ui^e
m,ancUe qui est Ipngue et étroite.
Mad. Elisaseth. — II me sepable que vous
devriez savoir ce que c'est que l'Angleterre,
l'ayant vue de si près 7
HoRTEKSE. — L'Angleterre, qui comprend
aussi l'Ecosse et l'Irlande, est une grande île;
car nous savons qu'elle est environnée, de tous
côtés , des eaui de la mer. En sortant du détroit
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 1^7
de la Manche , nous nous sommes trouvées dans
l'Océan , que nous a»ons quitté , après aYOtr con-
sidéré ]es côtes de France et d'Espagne, pour
entrer dans la Méditerrannée par le détroit de Gi-
braltar, qui est piiué entre l'Afrique et l'Espagne.
Mad. Elisabeth Qu'avez-vous observé sur
)a Méditerranée ?
HoRTENSE Nous aTOus observé le» lies de
Corse et de Sardaigne , et la Sicile , qui est une
Ile très-graude , qui n'est séparée de l'iialie que
par UD de'troit qu'on nomme le détroit de Mes-
sine ; en continuant notre ronte , nous avons va
le golfe de Tarente, en Italie , et celui de Venise,
entre l'Italie et les côtes de la Dalmatîe ; lequel
prend aussi le nom de Mer jidiiatique , à cause
de sa longueur et de sa largeur. Après avoir dé-
passé le golfe de Venise, nous avons rencontré
l>eaoconp d'Iles < dont plusieurs SQut petites , et
qu'Adèle m'a dit être des lies grecques, parce
qu'elles sont voisines des côtes de la. Grèce,
qu'on apelLe aujourd'hui la Mçrée , province qui
appartient au Grand-Seigneur. Plus nous ayons
avancé, et plus nous avons rencontré de ces
petites lies, dont Adèle m'a dit que la réiinion
l'appelait Archipel. Comme en suivant toujours
la.droite, nous- aurions quitté les côtes de l'Eu-
rope, etquenous nous serions trouvées entre i'«
lie et PAfriqne , nous nous sommes diriges snr
la gauche, et nous aoaua^ entrées dans le détroit
T^S ENCYCLOPÉDIE
des Dardanelles , qui sépare l'Europe de l'Asie ,
et nous a conduites dan* la mer Marmara, la-
quelle communique À la mer Tfoire , par un ca<
■nal sur lequel est située la ville de ConsUntino-
pie. Noua pensions que notre voyage se termine-
rait à la mer Noire; mais ayant aperçu le détroit
deZabache, nous avons eu la curiosité d'aller
Jusqu'au bout, où nous avons trouvé la mer d'Â-
zoC, qui est entre l'Europe et l'Asie.
Mad. Elisabsth. — Voilà ce qu'on appelle un
voyage de long cours , et que l'on a bientôt &iit
«nr la carte. Mais ce qui n'était pas très-aisé poiu
vous, ma chère Hortense, c'est le récit que vous
venez de nous en faire. Je vous félicite, Adèle,
d*aToirun élève qui profite si bien de vos leçons.
QoBTZsss. — Je ne dois pas vous cacher, mada»
Bie, que nous avons mis toute une journée k ùin
noire voyage , et que le désir que i'avaisde vous
P^nver mon zèle, m'a prodigieusement tourmea*
tée, car, an lieu de faire unefoîa le tour del'En-
rope^noasravonsrecommencéau moins dix fois.
Mad. Elisasbtb. — M'avez^vous pas été ten'
tée, en revenant , de débacquer en France ?
HoRiEHSE. — Si notre voyage eût été réel ,
nous aurions été, je croîs, fort embarrassées
pour trouver un endroit où mettre pied À terre ,
dans l'ignorance où nous sommet de la cute de
France.
Mad, EiisArarS.— UestpoortântbiflnpliM
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. f49
essentiel de connaître la g^ogrspHie de son pays
que celle de beaucoup d'endroits oii on n'ira ja-
mais. Kh! qoelle description est plus intéressante
que celle de la France , le pays de l'Europe i«
mïenx situé , le plus peuplé et le plus beau ?
Amélie, dites -nous ce que vous savez de la
France « et commencez par sa situation ?
AjiSlli.-~La France, qui s'appelait autrefois
les Gaules , est située sous la zdne tempérée , qui
est entre l'équatenr et le pâle Arctique, bornée
ao Nord par les Pays-Bas , à l'Ouest, par IT)-
céanj an Sud, par lesl^éséesj il'Est, parle
Rhia , la Suisse et la Savoie.
Éxitis. — Voilà an bien grand pays } il doit
y avoir dans ce royaume bien des montagnes et
bien des riyiéres.
AutLJt. -^ Aussi mon papa , qui a parcouru
toute la France , in'a-t-il dit qu'il avait traversé
beaucoup de montagnes , de fleuves et de rivié-
ves , dont il sait les noms , comme s'il les avait
appris parfceor: fai retenu quelques-uns de ces
noms , et je vais vous les réciter , ainsi que les
détails dont je me souviens. Les principales mon*
lagnes de la France sont : les Vosges qui sépa-
rent l'Alsace de la Lorraine et de la Champagne;
Le Mont Jura, qni la sépare de la Suisse j
Le Pmts-de-Dôme , en Auvergne j
Les Civennes , dans le Languedoc ;
X^ Mont-Pila , près de Lyon f
u,:,-,zf--„GoOglc
]5o EMCYCXOPÉDIE
Les montagnes du Dauphin^, qui sont une par*
lie de la chaîne des Alpes.
Les fleuves de la France sont : la Seine , qui
prend sa source â six' lieues de Dijon , traverse
la Ëonrgogne et se jette dans l'Océan, au Havre-
de-Cràce , après avoir reçu plusieurs rivières ,
dont les principales sont : Tlfonnei la Marne qui
s'y jette auprès de Cliarenton , et l'Oise , qu'elle
reçoit à quelques Heues au-dessous de Paris.
La Loiie, qui prend sa source dans les monta-
gMcs du Forez , passe à Orléans , à Nantes , se
jette dans l'Océan , auprès de cette dei^nière
ville.
Le Rhàne , qui prend sa source en Suiase ,
passe k Lyon où il reçoit la Saône , sépare le Vér
lai du Dauphind , la Provence du Languedoc ,
et se jette , d Arles , dans la Méditerranée.
La Garonne , qui prend sa source dans les
Pyrénées , reçoit la Dordogne , etc. , et se jette
dans l'Océan près de Bordeaux, après avoir
changé son nom en cçlui de Gironde.
Mad. Elisabeth, r— J'ai bien da'la peine à
croire, Ântulie, que quelques conversations pas-
sagères de votre papa aient suÛî pour vous rendre
si savaule , quelque heureuse q»e soit votre nié-
Aaiélie. — II est vrai , madame , que ces en-
tretiens ne m'ont pas foilnii tout ce que je viens
de direj mais ik m'ont inspiré le déàir d'en sâToic
u,-,,.., Google
DES JEUNES DEMOISELLES. l5l
davantage. Je me suis donc mise à lire la nou-
velle ■geograj>liie de la France , pour être en L'tat
de soutenir nos conversations.
Mad. Elisabeth. — J'applaudis à votre zèle ,
ma chère , et j'espère en conséquence <jue vous
direz aujourd'hui une bonne partie dece que vous
savez de noire patrie,
HoRTEHSE. — Pourquoi , madame , appelez-
vous la France noire patrie 1
Mad. Elisabeth. — Le taotpatiie vient d'un
mot latin, qui signifie mhe nourrice. C'est -Ib
nom qii'on donne au pays où nous sommes nés ,
où nous sommes nourris et élevas. N'est-ce pas
en France que nous sommes venues an monde ,
et que nous avons ét^ nourries- La France est
donc notre mère , notre nourrice , notre patrie.
HoRTEBSE. ^ Ainsi , nous devons l'aimer et
la chérir.
Mad. Elisabeth. — Sans doute, et avec d'au-
tant plus de raison que la France est le plus beau
et le meilleur pays de l'Europe. On y trouve
toutes les choses dont on a besoin pour se vêtir
et se nourrir ; elle peut se passer, à la rigueur,
de tous les autres pays , et aucun ne saurait se
passer d'elle. Amélie , faitesMious l'énumératiou
des avantages de la France et des richesses qu'elle
produit.
AuÉLiE. — La France est comme une vaste et
fertile campagne , oîi nous trouvons à satisfaire
u,:,-,zf--„GoOglc
1 Sa ENCYCLOPÉDIE
tous nos besoins. Plusieurs de ses provinces four-
nissent du h\é et d'autres grains en telle abon-
dance , que ses liabitans peuvent nourrir les peu-
ples voisins qui en manquent , de ce qui excède
leur consommatioa. Nulle part , la vigne ne pro-
duit d'aussi bon vin, et en aussi grande quantité.
La bière , le cidre et l'eau-dc-vic forment aussi
une branclie très-ëtendue de son commerce : de
nombreux troupeaux alimentent ses manufactu-
res de leurs laines ; avec son cbanvre et son lin,
OD &brique toutes sortes de toiles ; et les vers à
soie qu'on élâve dans la Provence et le Langue-
doc , nous donnent de la soie pour faire de bel*
les étoffes. De ses mines, on tire du fer -pour
forger tous les instrumens qui servent à nos be-
soins , du cuivre , du vif-argent , du plomb et
autres métaux que l'on emploie avec succès dans
les arts de première nécessité et de luxe.
BoBTEKSi. ■— Vous avez oublié^ Amélie , de
parler deslruits^qui valent pourtant la peine de
s'en occuper.
AuÉt.ix. ^ Voas avez raison d'en parler , car
leur infinie variété &it que la France ressemble
au Paradis Terrestre , où Adam et Eve trou-
vaient toutes sortes d'excellens fruits , et que nos
desserts ollrent souvent un spectacle dont on ne
saurait jouir dans aucun autre pays de l'Europe.
EuiLtE. — Une chose m'embarrasse dans ce
moment , c'est le moyen de se procurer les pro-
-, Google
DES lEtmÉS DËMOlSELtES. i5$
dncttons des diffërenles contrées de la France.
Comment se fait-il que nous recevions â Paris
les oranges de la Provence , les vins de Bordeaux
et ceux de la Bourgogne, en aussi grande quan-
tité?
ÀHÉLiB.-^Tout ce quelà France produit peut
alsëmentcirciiler d'une province dans une autre,
par le moyen de belles routes ouvertes sur toute
l'étendue de son territoire , et des canaux qui
communiquent d'une mer ou d'une rivière à une
aotre nier ou à une autre rivière.
Adxls. — Je Connais bien un de ces canaux ,
parce que nous avons une terre dan;i son voisi-
nage , c'est le canal de Brîare , qui joint la Loire
à la Seine.
AuÉLiK. — H en csl un autre qui joint la
Saône à 1» Loire ; mais le plus beau et le plui
utile de tous, c'est le canal de Languedoc , qui
traversecette province , et joint l'Océan à la Mé-
diterranée. Ainsi les' routes, les rivières et les
canaux > dont le nombre sera encore augmenté ,
tost les moyens par lesquels toutes les riobesses
delà France passent du Midi au Nord, et da
l'Orient à TOccident , povr satisfaire k tous les
besoins de ses babitaus. i
Mad. Eligasetb — yoiUbïenhesvraiiinoyens
de circulation pour les produciiens intérievres de
U Fnace- Diriez-Tow aiusi> bien , Amélie,
i54 ENCYCLOPÉDIE
comment ellfi peut rec«voîr I«s nuirchanâîses de*
autres pays ?
Amélie. — Par son beureuse situation entre
l'Océan et la Méditerranée , la France peut se
procurer tout ce que les autres parties du inonde
produisant d'utile et de précieux 3 et ses ports de
incr, qui sont nombreuset fort commodes, peu-
vent enlroicuir avec tous les peuples le com-
merce le plus avantageux -et le, plus brillant de
Adèle. — Il me semble que tous les ports de
France ne doivent pas être propres au com-
Auélie:- — J'allais prévenir celte observation
en disant qu'il y a des ports destinés à recevoir
des vaisseaux de guerre , et d'autres destinés anx
vaisseaux marcbànds. Sur la'Médîtetranée, la
France possMe un beau port pour la lïlarine mi-
litaire, t'esi celui de Toulon ; ét'uu' gfand port
.marchand , celui de Marseillô. Sûr TOdéan ,
Brest, RocWfort et'ïirheirbbui'g , Boritdes potts
militaires; Bordeaux, Lorfeiit et Saînt-Malo ,
sont des ports uniquement consacré's'au tom-
merce , qui y est très-animé , quaJid la France
est en paix a-vec l'Angleterre. '
' Mad. Elisabeth Tous ces détails sont irès-
insti-uetifs , mesdemoiselles j je .-vnus invite à les
retenir. Reposez-vous, Amélie, etvoiis, Ajdèle,
il &ut Vous 1 pr^irer .pour la coBYCrsstion'pro-
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. l55
chaÎDe. Ce sera vous qui nous entretiendrez du
gouvernement de la France , et de la division
de son territoire.
XX' CONVERSATION.
M*DAME SOPHIE, STÉPHANIE, FÉLICIE,
ALEXANDUINE , EMILIE , AGLAÉ ,
PAUUME.
AoL&É. — Vous avez , madame j une estampe
qui représente une montagne qui jette du feu, cl
un grand nombre d'Iiommes et de femmes qui
s'enfaient de leurs maisons , avec leurs enËins et
ce qu'ils ont pu emporter de leurs effets \ ne se-
rais-)e pas trop curieuse , si )e vous ddmaodaiit
quel est le sujet de crite estampe ? •
- Mad. SofBiE. — C'est de quoi , ma chère ',
je me disposais à vous entretenir aujourd'hui., et
qui vient parfaitement à la suite des tremblc-
mens de terre dont nous parUmes dernièrement.
On appuie cette montagne im volcan- C'est le
Mont-Vâuve, situé en Italie, à peu de distanct'
de la ville de Nsples.
- A.<iLi.t. — Je ne eomprenâs pusxoouncnt luie
montagne peut jeter du feu.
I-5G ENCYCLOPÉDIE
Mad, Sophie. — Si vous vous rappelez ce
que nous avons dit âes tremblcmcns de terre , il
ne vous sero pas diiBcile de comprendre com-
ment une montagne peut jeter du fea. Félîcîe
pourez-vous nous donner cette explication ?
Félicib. — Qand l'air soutenain a été taré&é
et dilate par la clialeur des matières gui se sont
enflammées dans le sein de la terre, il cher-
che i s'échapper , ainsi que le feu qui sVlait al-
lumé par la f( rmentatlon de ces matières. Si la
terre qui les couvre n'oSi-e pas une trop grande
résistance h leurs efforts , ils ta isoulèvent , et
poussent avec impétuosité devant eux, tous les
obstacles qui se présentent i leur sortie. Il te
forme alors , au sommet de la montagne qui les
recelait, une ouverture plus ou moins large,
d'oil s'âévent avec une violence inouïe des tour-
billons de flamme et de fiimée ■ des pierres cal-
cinées et des torrens de métaux fondas qui s'é-
coulent sur les flancs de la montagne , consument
tont ce qu'ils rencontrent, et forment quelque-
fois dans les cliamps une croûte de plusieurs
pieds d'épaisseur.
Mad. SoPHis. — Tous avez assurément bien
distingué, dans mon estampe, le trou par où sor-
tent les flammes et les ruisseaux de feu qui des-
cendent le loDg de la montagne? Ce trou ou cette
ouverture da volcan , qui a la forme d'an en-
tonnoir, se noDUOe cratèrot et Ton appelle iar
u,:,-,zf--„GoOglc
CES JEUNES DEMOISELLES. iS^
ces les métaux fondus qui en découlent. Quand
iH se sont reEroidïs, comme ces laves sont fort
dures , on s'en sert pour construire des murailles
et paTcr les chemins.
Paulimb. — Les villes et les villages qui sont
«tués dans le voisinage d'un volcan doivent bien
souiTnr quand il fait son explosion. Pour moi,
j'anrais grand peur si j'habitais une ville qui au-
rait un si méchant voisin.
Mad. Sophie.— Quand l'explosion est forfe^
le volcan pousse des matières enflammées et des
cendres , à de grandes distances; alors les villes
des environs courent le danger d'être ensevelies
sous ce déluge de feu. C'est le malheur qui ar-
riva, il 3r a près de deux mille ans, iâeox villes
^ne l'on découvrit,*!! y a quelques années, en
creusant la terre , Hercidanum et Pompeïa.
Félicis. — Je pense que nous n'avons pas le
même malheur à craindre en France j car il n'y
a pas de Mont- Vésuve.
Mad. SoPHix. — Il est vrai qu'aujourd'hui , 11
ny a point en France de volcans, mais il y en
a eu qui sont éteints depuis long-temps ; et noi
physiciens prétendent -que plusieurs monugnes
de l'Auvergne ont vomi du feu. Ils s'en sont
conraincns en observant leurs sommets , et par
l'inspection des routes que la lave s'est tracées.
Sien ne peut donc nous rassurer contre les vol*
cans , et puisqu'un ^nd nombre de nos mon-
u,:,-,zf--„GoOnlc
1 58 ENCYCLOPÉDIE
tagnes l'ont élé, qui peut nous dire que les au-
tres-ne le seront jamais.
Alexandsine. — Ed T^rité , je suis saisie de
peur , quand je pense aux treniblemcns de terre
et aux volcans; et ce que vous venez de dire,
madame, ne iâit pas sur moi une impressioD
moins vive que le tonnerre.
Stéphanie. — C'est beaucoup dire , Alcxan-
drine , car je ne connais personne qui soit plus
timide que vous, et qui éprouve une plus vive
impression du tonnerre. Dernièrement encore,
TOUS ne savii^z où vous cacHer , parce que vous
aviez entendu tonner dans le lointain.
Alexandsine. — Peut-^tre ne serais-je pas si
craintive, si je savais ce qui fait tonner.
Madj Sophie. — A quoi servent donc les pa-
ratonnerres qui sont placds sur cette maison , si
VOUÉ craignez toujours d'être frappée de la fou-
dre ? Stéphanie , calmez un peu les craintes d'A-
lexandrine, en nous disant quelle est la cause
du tonnerre, et l'usage du paratonnerre.
Stéphanie. — Ce n'est pas le bruit qui est à
craindre quand il tonne , c'est le feu subtil et ra-
■ pide qui le précède : "or , ce feu n'est autre
cbose qu'une matière qui s'enflamme dans un
nuage à l'approche d'un autre nuage , et qu'on
nomme madère électrique. Cette matière prend
toujours sa direction vers le côté où elle trouve
le moins de résistance , et oîx elle est Etitirée par
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEÛNES DEMOISELLES- iSg'
une autre matEére électrique. Comme le fer est
UD métal très-capable âe l'attirer, un célèbre
pliysicien , nommé Franklin , imagina , il y a
quelques années , qu'un excellent moyen d'em-
pêcher la foudre de tomber sur nos maisons , et
de les brûler, serait d'y placer de longues barres
de fer terminées en pointes , qui conduiraient la
matière du tonnerre dans des endroits où elle ne
pourrait faire aucun mal; c'est pourquoi on ap-"
pelle cette barre de fer un conducteur.
Mad. Sophie, — Afin que ces demoiselles
comprennent bien cette explication , il me pa-
raît nécessaire de leur donner une idée de l'é-
lectricité , qui est une de ces cboses naturelles
qui passeront toujours pour miraculeuses dans
l'esprit dès ignorans.
Imaginez-rTOus , mesdemoiselles , qu'il y a Sur
cette table un grand vase de verre qu'on appelle
UQ tube^ froUez ce vase arec la main , si elle est
bien sècbe ; approcbez ensuite ce tube de quel^
quesieuiUeg d'or, vous verrez ces feuilles voter
et s'y attacher. Si vous frottez le tube un peu da-
vautage , les feuilles d'or s'en approcheront aveo
vivacité y le loucheront, seront repoussées> avec
vi<^ehce ; et se boutieudcoal en l'air toutes seu-
les. Si VoUs frottez te tube avec la main dans ua
lieu obstur, vous apercevrez des étincelles' entre
Tptre maÎD et le tube j Iti tnâme chose arrivera «i
l6o ENCTCLOPÉDIE
vom en approchez une barre de fer ou une corde
momllife.
~ Si on fait tourner ce tube arec une roue, et
que l'on pose légèrement les doigts dessus, on
verra sortir de dessous les doigts des étincelles
qui feront le m^me bruit que quand on bràle des
cheveux, et qui auront de l'odeur.
Si on suspend un morceau de fer avec des
cordons de soie, à une ceruiâe dïsunce du tube,
11 sortira de Tun des bouts de la barre , deux lu-
mières continuelles , et de l'autre bout des ai-
grettes de feu ; si vons en approchez le doigt à un
ponce de distance , l'aigrette de feu vient le troQ-
ver, et le pique avec force. Si on jette des goût*
tes d'eau tout te long de celte barre , et qu'en-
suite on passe la main tout auprès, chaque goutte
d'eau produira une aigrette.
Toni cela est d^à bien surprenant) cependant
ce n'est rien , au prjx de ce qui suit.
Montez sur un gâte«n de résine, et cmpoi-
gnéz un bout de cette barre . alors votre corps
aura les mêmes qaalités que la barre de fer; on
tirera des étincelles de toutes les parties de votre
corps , en le touchant avec le doigt , ce qui vous
piquera bien fort, ainsi que ceux qui vons tou-
ehetoot t si de l'antre main qui ne tient point la
barre, vous approchez d'une cuiller pleine d'es*
prît-de-vin , vous y roetlniz le feu avec le doigtj
on si vous présentez la cuiller & une autre perr
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JECTŒS lœHOISELLES. l6l.
sonne^ pourra qne tous la tenies, le doigt de
cette personne y mettra le feu; si trente per-
sonnes montas sur des gâteaux de résine, se
tiennent par la main , nne d'elles tenant la main
de celui qui empoigne la barre de fer , tous les
corps de ces trente personnes jetteront du feu ,
quand on les toucliera.
ALUA.NDaiDX. — En v^rïtë, madame, tout
cela est bien surprenant. AreE-vons éprouvé tout
ce qne tous nous racontez?
Mau. SorHix. — }'ai tu et senti tout cela , et
bien d'autres choses qui me restent à tous dire.
Si on place un homme de manière que Ks talons
soient proche, du tube , et que plusieurs per-
sonnes mettent la main au-dessus de sa t^te, ses
cbereux se bérisseront ; il sortira de sa tête des
aigrettes de fca et cela sera comme une cou-
ronne de rajons.
Félicik. — Ce ne suraït pas moi qui prêterais
ma léte pour faire cette épreuve \ je n'aimerais
pas À porter une couronne de ièu.
Mad, SopaiE, — Cela ne frit pas de mal; mais
il y a autre chose qui on &it beaucoup, et que j'ai
en le courage d'éprouver. J'ai reçu l'étincelle
foudroyante.
'âoi,a£. — Qu'est-ce que cela Teut dire , ma-
dame? Est-ce comme le tonnerre ?
Mad. SoFH», — Ce qu'on appelle l'étincelle
foudroyante a beaucoup de rapport avec le iod-
-, Google
■l63 ENCYCtOPÉUIE
lierre, puisqûVllesei-a!tcapal)1edeiiousâter la vîê.
Ce n'est pas absolument celle-là que j'ai éprou-
vée . maisquelque cKose qui y avait du rapport.
C'était à la campagne , pendant les vacances ,
chez madame de V*** } comme on clierchaîl
k se divertir , on fit monter toute la compagnie ,
et on nous 6t tous prendre par la main , comme
si nous avions voulu faire une danse ronde. Le
liasard me plaça auprès d'une grosse dame qui
riait de tout son cœur de cette cerémouie , et ne
savait à quoi cela devait aboutir. Quand nous
fûmes tous rangés , une dame qui menait la
bande ; toncba la boule de verre du bout du
doigt; au même instant, nous ressentîmes tous
comme deux bons coups de bâton que l'on nous
aurait donnés sur les coudes. La grosse dame, qui
était à côté de moi , se retourna brusquement, et
ayant aperçu la maîtresse de la maison qui n'é-
tait pas fort éloignée , elle lu! dit : Eu vérité ,
madame, cela est bien indécent de me faire
monter pour recevoir des coups. On eut beau
lui jurer que persoifne ne l'aVait touchée, elle
n'en voulut ^ien croire j et, s'étaut mis le dos
conli-e la muraille, les deux coudes bien ap'
puyés , elle demanda à recommencer. Elle reçut
les mêmes coups , aux mêmes endroits ; et
comme elle était bien assurée que personne ne
l'avait pu toucher , elle se persuada fortement
, qu'il y avait là de la sorcellerie , et quoi qu'où
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. tô5 .
pât lui dir«, il ne fut pas possible de lui àter
cette idée de l'espri'..
Ai-EXA{roiiiB£. — En vérité, j'aurais ea U
même peins^ , si j'avais été à la place de cette
dame.
Mad. SoraiE. r- J'ai de la peine à croire, ma
clière , que vous vous fussiez obstinée à attribuer
à une cause siyuaturelle , un effet produit par la
nature , et qui n'a pas d'autre principe qu'un
fluide répandu dans certains corps , que Von
aomme Jluîde électrique. Je vais maintenant
vous dire un petit mot de rétincelle foudoyente.
Un savant s'ainusait un jour à faire des expé-
riences sur l'dlecuricité. Il s'avisa de suspendre,
à la place de la barre dç fer , un canon de fusil , .
au bout duquel il fit tenir un £1 de laiton , qu'il
' fit ensuitfe plonger dans nn vase de verre de Bo-
hême t rempli d'eau. Il soutenait ce vase d'une
main , et de l'autre il essaya de tirer une étin-
celle du canon. Le coup qu'il reçut fut si violenf,
qu'il manqua de tomber k la renverse, et crut
^tce frappé du tonnerre. Un autre savant, qui ré'
péta la même épreuve, protesta qu'il oe voudrait
pas la ret:oaimenoer, quand on lui donnerait
toute la France en propriété. M. Lecat ne fut
point efri-ay<! , il se mit en état de recevoir l'é-
tincelle loudoyanto, et prit la terme résolution
de ne pas remtter , quelque douleur qu'il ressen-
tit. Il ne lui fut piss possible de réijlstcr à la se<
. l64 ENCYCLOPÉDIE
cousse qa'elle lui donna , ni de retenir on cri , et
il 6t un saut qui dérangea toutes les machines.
La douleur se fît sentir dans le« deax bras , à la
poitrÏDe , et des personnes plus &rtes que lui ,
ont été secouées jusqu'à la plante des pied«. On
a obserré que cette étincelle est plus courte , plus
^cras^ , et d'un ronge plus foncé que les autres .
Félicib. — Peut on voir , madBme , le fluide
qui est la cause des phénomènes de l'électricité?
Mad. Sophie. — Non , ma chère , on ne peut
pas plus le voir que l'air que nous respirons,
quoiqu'il soit répandu dans toute la nature , et
notamment dans le corps humain, dont plusieurs
physiciens de nos jours soutiennent qu'il est un
principe vital distingué de notre ftme.
Stéphanie. — J'ai ouï dire que le fluide , on
principe vital du corps humun , ainsi que celui
de plusieurs autres animaux, venait d'être nommé
Galvanisme,
Mad. SoFHii. — Oui, ma chère.* du nom
d'un célèbre physicien d'Italie * nommé Gal-^
vani , qui le {«emier s'est servi de rélectricite
pour mettre en jeu ce fluide , répandu dans le
corps de différens animaux. Mais ce n'est pas
notre affaire d'entrer dans cette matière, qui est
surtout du ressort des physiciens et des méde- ,
cins de la plus haute volée. Ârrétons-nous U ,
anjourd'hui } un autre jour, je vous parlerai de ,
-, Google
DES JEUNBS DEMOISELLES. l65 '
Vair , de ses phénomènes et des expMencei que
VoD a faîtes sur ce fluide.
XXI' CONVERSATION.
Mad. ELISABETH, JOSÉPHINE, HOHTENSE,
ALEXANDMNE, ÉMILÏE, PAULINE.
Mad. Elisaixth. — C'est «tco ob TÎf plaisir,
ma cbére Joséphine , que ros compagnes tous
revoient an nùlien d'elle*.
JostPHinx. — Je pois vous assurer aussi que
cette semaine , qne )'ai pass& loin de tous , ma>
dame, et de ces demoiselles, m'a duré autant
qu'un mois entier , tant je suis peu liabitaée i
vivre dans le monde , même avec maman , que
)e chéris -de tonte mon âme. Je vous l'avouerai ,
je trouve qne l'air de cette maison n'est point
celui que l'on respire ailleurs, et qne la rie
qD'on mène dans sa &mille ne ressemble en tu-
«me manière k cdie que nous meniHia ici , 06
tout ce que noas voyons et entendons nous portt
i la vertu , et emb^it notre esprit de mille con*
naLiSBances utiles et variées.
HosTiNSK. — Je pense tout comme mademoi-
idie Joséphine , et c'est pour moi une véritable
peine j quandla bonne vient me chercher pour m«
ceubÙTC chez mamua , les larmes m'en viennent
aux jpax de diagrio, et je voudraig rester,, si
•
■^ u,:,-,zf--„GoOglc
i66 ENCYCLOPÉDrE
cela dépendait de moi ■ ce n'est pas qne je n'aime
beaucoup h voir maman , mais comme elle me
mèae chez les dames de sa counaissance, je suis
d'uD embarras ^t d'un malaise qui me rendent
toute gauche et toute ennuye'e. Que j'aime bien
mieux la socif^té de mes compagnes et la vôtre ,
madame, ainsi ijne les histoires que vous m^p-
prenez de temps en temps.
Mi^d. Elisabeth. — Ces seutimens tous font
honneur j ma chère, Et l'empressé m eut que tous
avez à vous instruire «l'est un sûr garant de vos
succès et de la bonne conduite que vous tiendrez
un jour dans le monde. Puisque vous parlez
d'histoire, vous me faîtes ressouvenir de celle
d'Alexandre-le-Grand ,' qui renversa l'empire
des Perses , et fonda celui des Grecs , sur lei
ruines de ce dernier empire. Joséphine , racon-
tez-notis ce graud événement, et dites-nous au-
paravant quelque clibse de la jeuneiae d'A-
lexandre.
- jQBiPHiKz, — Alexandre-lé-'Crand , qui vain-
quît Darius et étendit ses conquêtes jusque dans
les Indes, était 61s de Philippe, roi de Macé-r
doine, et d'Olympîas. Son père lui donna pour
précepteur le plus grand philosophe de la Grèce,
'Aristote,'qui lui enseigna (otites les sciences,
^ni diras ce temps-IA entraient dans l'éducation des
princes , et prit le plus grand.SDin; deluî ûispirflr
des. setklîmena dignes ie sa Dsisaoce et du trôna
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 1G7'
qui lui ^tait destina. Sa jeunesse et la suite de sa
vie, jusqu'à l'époque où ses victoires l'eniyrèrent
d'orgueil, moutrèrent combien il avait profité
des leçons de cet excellent instituteur. Je ne cî-
lerai que quelques-uns des traits les plus inté-
ressans de son histoire j car elle serait trop lon-
gue à rapporter : d'ailleurs ma mémoire n'est
point assez bonne pour conserver le souvenir de
(out ce que j'ai lu. Quand je lis unebistoiie,
ce n'est poin^ aux détails que je m'attache,
jeneclierche qu'à retenir les &its les plus irap*-
pans , et qui font natire le plus de réflexions.
Mad. Elisabeth. — Votre méthode est fort
lionne, Joséphine; c'estie vtaî moyen de profiter
des lectures que l'on fait , et d'être en état d'en
rendre compte dans l'occasioa. Continuez ce que
TOUS avez à nous dire d'Alexandre.
JosÉPHiBE. — Alexandre n'était encore qu'un
ado}escentqu'ils'aitiraitdéj& l'admiration et le res'
pect de tous les jeunes gens de son âge^des grands
seigneurs de la cour de son père , et même des
étrangers. Mpn père , disait-il à ses amis , un
jour qu'il avait appris la nouvelle d'une victoire
que Philippe avait remportée, mon père ne nout
laissera rien h faire, Des ambassadeurs du roi de
Perse ctanl venus à la cour de Pliillppe, il sp
mita leur faire une infinité de questions , qui
toutes décelaient ua jugement et une raison bien
ap-dessus de son âge ; car au lieu de les interrQ-
l68 ENCTCXOPÉDIE
ger sur des bagatelles , comme sans doute ils s'y
attendaient , il leur demandait quel était le che-
min qu'ils avaient pris pour venir de Perse en
Macédoine ; de qu'elle manière leur souverain
gouvernait ses états ; quelles étaient les fi>rce« de
ton empire , et si ses troupes avaient de boas gé-
néraux pour les commander. Alaîs ce qui mit le
comble à la haute idée qu'on avait de ses grandes
qualités, et principalement de son courage^ ce
Jîit d'avoir dompté un superbe cbeval, nommé
Bucépbale, dont on avait fait présent au roi son
père. Voyant que personne ne pouvait monter
ce cbeval , de quelque manière que l'on s'y prit ,
et que pour cette raison Philippe allait s'en dé-
faire j il résolut , en présence de toute la cour ,
de &ire ce que personne n'avait pu faire avant
lui. Comme il avait remarqué que ce cheval
était effirayé de son ombre , il lui tourna la tête
du côté du soleil, et s'élança aussitôt dessus
fivec une extrême légèreté. Le cheval , au lieu
de se cabrer, prît aussitôt sa course, et parcourut
svec son cavalier un espace considérable, Depuis
ce moment , Bucépbale se laissa monter tous les
joars par Alexandre, qui ne se servit jamais
d'un autre cbeval pendant ta genrre contre les
Persei.
t*lulippe étant mort assassiné , son fils lui suc-
céda. Ce jeune monarque se voyant mattre d'one ~
belle armée, et en état de disposer de toutes les
u,:,-,zf--„GoOglc
BES JEUTÏES DEMOISELLES. i6t)
forées des Grecs , résolut de déclarer la guerre
anroî de Perse , contre les prûdiiccsseurs duquel
les Oreos conwrTftient de vieux rensentiruens.
-li'ambiiioo de rendre son nom célvhre cutnusst
beaucoup de part dans cette expédition , que l'oa
-pourrait juger téméraire, si l'on ne savait ^u«
tes Macédoniens et'lee Grecs étaient les meilleure
soldats de Tunivers , et que les rob de Perse a'a-
VAÎent que des troupes efiî^inées et sans diici-
fline.
AissANSKins. — L'srmée d'Alexandre n'é-
tait donc pas aussi nombreuse que celle des
Perses?
JosBPEiNE. — Alexandre n'avait qoe trente
mille hommes , et le roi de Perse en avait plus
de cinq cent mille ; maû que peut le- grand nom-
bre contre le plus petit , quand le courage se
'trouve dans celui-ci , et surtout quand c'e^ît Dieu
^ui le protège.
Ehjub. — Ë«t-ce que Dieu protégeait Alexan-
dre contre Parius 7
ELJSABfiTB — Oui, ma chère j car Alexandre
avait été annoncé par les prophètes, comme de-
vant renverser l'empire des Perses , et fonder la
-troisième grande monarchie dont îl est parlé dont
la prophétie de Paniel. Aussi , les historiens ra-
content-iU qu'Alexandre , s'appiocluint de Jé-
rusalem, le grand'prétre Jaddus vint à sa ren-
contre > à la téK des prêtres et des lévites du
&
u,:,-,zf--„GoOglc
i 70 ENCYCLOPÉDIE
temple , et lui montra une prophëiie qui le con-
cernait. Jaâdus avait ëtëbieninspiréj carÂlexac-
dre , qui venait dans l'iolention do se venger
des Juifs , fut si satisfait de l'action de ce gcand-
prétre et de l'oracle divin qui lui annonçait ses
victoires , qu'il voulut ofiTrir lui-même uu sacri-
-lice au vrai Dieu , et assura les Juifs de sa pro*
tection. Josëphine, continuez.
losETHiME. — Il est bien visible que c'était
Dieu lui-même qui conduisait l'armëe d'Alesan-
dre ,'car tous les obstacles diiparaissaient devant
elle ; et quoiqu'elle ne fût rien en comparaison
du nombre prodigieux des soldats de Darius,
eile remporta sur eux trois éclatantes victoires ,
par l'une desquelles Alexandre vit tomber en sou
pouvoir, la mère , la femme , et les Elles de Da-
l'ius. Dans la dernière bataille , qui fut celle d'Âr-
belle , Darius prit la fuite, pendant laquelle il
eut une soif si ardente , qu'il fut obligé de boire
de l'eau croupie , et qu'après l'avoir buC) îl avoua
qu'il n'avait jamais bu avec tant de plaisir. Mais
-il chercliail en vain à conserver sa vie , un de ses
satrapes , ou gouverneurs , dont je tairai l'ia-
f mic nom , n'ayant aucune pttîë de la malheu-
reuse situation de son souverain , le tua dans un
-endroit où il éti.it descendu pour se reposer.
-Telle ïot la fin de l'empire des Perses , qui avait
- subsisté un peu plus de deux cents ans .
Ekii-ie, — Je suis bien çmpressée âc savoir
u,:,-,zf--„GoOn[c '
DES JEUNES DEMOISELLES. i^r
quelle fut la conduite que tiat Aleundre envers
la lâmilla de Darius.
Joséphine. — La conduite de ce conquéraut
envers ses prisonnières fut pleine do grandeur,
de respect et de toutes sortes d'égards j et les
princesses, traitées avec toute la distinction due
à leur rang , ue sataîent si el'es ^ta>eat prison-
nières d'Alexandre, on si Alexandre ^tilt leur
esclave.
ÉHII.IE- — Celte conâ,uite d|A,Iex«ndre me pé-
rètre d'admiration pour lui , et je commence à
être moins affligée de la défaite et des malheurs
de Darius , quand je pense aux procédés nobles
et généreu^ de son vainqueur.
Mad- Elisabeth . — ^ Si nous ne lisions que des
traits semblables j dans la vie d'Âlexaudre-le-
Grand , nous devrlous le regarder comme le plus
grand des bomincs. Malheureusement ses vic-
toires lui enûèrcnt le cœur, et ce prince, dont
les commencemens avaient été si beaux , ne fut
plus , après ta prise de Babjlone et la cont^uête
lie l'Asie , qu'un triste exemple de la faiblesse
liumaine'et des dangers de la prospérité.
ALEîiAJ»'DaiMs. — Quels sont donc les repro*
elles qu'on lui fait^ madame?
■ Mad. Elisabeth. — On lui reproche d'avoir
voulu se faire passer pour £Is de Jupiter j d'i.voir
tué de sa main, dans un repas où il s'était enivré,
tlytu,s, un de ses Tieui capitaines , ami de son
>o.tlc
i'js EWCTCtOHiDIE
père, et qui lui «vait sauvé la rie-, d'avoir, à la
suited'une débauche de table, fàit-meltrc le'feu'i
la ville de Persrfpolis , une des plus belles villes
de l'Asie; d'avoir tfd^pté lesDitSars efféminées
des Perses j âe s'être livré aux plus vilsH^ttëun,
et d'avoir âo>nné A ses 'troirpes Feiemple de la
plus crrip^eiAe dîssolwtton ,-à son fetonr des In-
des , dans la vifiede'Btibylonej dissolution qui
lui coûta la vie à l'âge de trente-trois arts,
ÂLEXAifDitntB. — Qnd dommage qu'un sî
^anil roi soH devenu' si vicieux , et soit mort si
jeune '
Josi^PHiNS. — -Perit-étre que s'il eût v^cu plu*
long-temps , il eût été fbrt'méohaot prince, et
qu'il eût fait oublier toutes les grandes qualités
de sa jeunesse , et n'eût laissé que le souvenir de
■es dévastations et de ses crnautés j car son des-
»ein , dlsttnt les kistor-cns de sa vie , était de sub-
juguer VEurtfpe , après avOir conquis l'Asie.
Paoiihï. — Je Voudra isbien' savoir commetil
il s'y serait pris pour conquérir l'Europe : est-oa
qu'il n'y aurait eu personne pour la défendre I
JosÉpBiNE. — Cette qncfltion, ma bonne amie,
est de pure cnriosHé. Oecupons-nous de con-
naître ce qui est arrivé , sans chercher à deviner
ce qui serait arrivé dans telle ou telle supposi-
lioD. Tnstrur^oiis-nous deii "faits, et laissons des
conjectures qui n'ont aucune utHité. Cepeûdanl
i« vous dirai ce qiic je prose dnsnccès de ce éei-
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 1^5
wïn que l'on alirihue à Alexandre , de porter la.
guerre en Europe. Comme il étaii maître de tou»
b Grèce , il ept probable qu'il aurait commence
par aitaquev l'Italie; mais il y aurait trouvé d'au»
Irea hommes que les soldats de Darius . \e veux
dire les Rtomninn, qui ne le cédaient k aucun
peuple, ni pour In valeur, ni pour I«s connais^
s^nces militaires.
Paitlins. — J'ai sonvcat entendu parler des
fiomains , par des amis de mon papa, et d'autrei
personnes qui viennentleToirde temps en temps.
J9 serais biea conienle , si je savai» quel peupla
c'était.
I&d. £lisab£TB. — Quand Joséphine aura
achevé l'Hisloin d'Alexandre et de son empire ,
elle voudra bien commencer l'Histoire romaine,
qui est celle de la ipiatrième et dernière des qua-
tre gfMides monarchies » laquelle a englouti tou-
tes les autres.
losÉFHiNS, ^ Après avoir subjugué mie par-
lie des Indes , Alexandre se rendit au vceu de
son armée, qui la conjurait de ue la pas conduire
ptoaloia, et revint àBabylone, o ji il fit une en-
toéc triomphante, et donna à ses soldats nno
grande fête , qai dura plusieurs jours, et pendant
laquelle il se livra , avec ses principaux officiers,
à une telle intempérance , qu'il tomba dans une
maladie à laquelle il succomba peu de tenpa
aprèj. Ce vifste empire, qu'il venait do fonder ,
u,:,-,zf--„GoOnlc
174 ENCYCLOPÉDIE
fut partagé , apns sa mbvt , entre ses lieuteimiis .
Séleucus , chef de la race des S^leucïâes , eut la
Syrie ; Ptolëmtej l'Egypte; Ârtigone , l'Asie
mineure ; Eumène , le royaume de Pergamme j
€t Cassandre, la Grèce et le royaume de Macé-
doine, après avoir fait mourir tous les parens
d'Alexandre. Le plus illustre de tous les succès»
tcurs de ce monarque fiii Ptolémée, roi d'Egypte,
surnommé Pliilatlelphe, qui gouverna son royau-
me avec beaucoup de sagesse, y entretint la paix,
y fit fleurir les sciences et les beaux-arts, el for-
ma, à Alexandrie, ville qu'Alexandre avait fait
bâtir sur la Méditerranée , une nombreuse bi-
bliothèque à l'usage des savans , dans laquelle îl
plaça les livres de Moïse et des Prophètes , qu'il ■
avait fait traduire de la langue h^raïque ea
langue grecque, par soixante-dix vieillards,
que le grand-prètre des Juiis lui avait envoyés.
HoHTEîtSE — Ainsi l'empire d'Alexandre ne
dura pas long-temps ?
Mad. Elisabeth Non , ma chère ; mais
celui de ses successeurs , que nous appelons
l'empire des Grecs, parce qu'ils e'taient tous Grecs
d'origine, subsista encore plusieurs siècles en états
séparés , jusqu'au temps oJi les Romains les
enyaliirent les uns après les autres , et en formè-
rent , avec toutes leurs autres conquêtes , le plus
vaste empire de la terre , et celui dont nous corn-
iTipncerons l'histoire dans quelques jours.
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUKES DEMOISELLES. 175
XXII' CO?«VERSATIOIV.
MiD. SOPHIE, ÉLIZA, EMILIE, JULIE,
HORTENSE, PAULINE.
Mad. Sophie.— J'ai on rcppoche k tous faire ,
Pauline : savez-vous que vous êtes une fille
bien méchante ? Que vous faisait ce petit cliien ,
que vous vous plaisiez , il n'y a qu'un instant , à
tourmenter et à faire crier ?
Pauline, — Je ne croyais pas , madame , que
ce StA un si grand mal de tourmenter un chien 7
Mad. Sophie. — Quand on a de la douceur
et de la bonté , on craint de faire souffrir toute
espèce de créature vivante j à plus foL'te raison
ceUes qui , comme les chiens , nous rendent des
services, et sont souvent les modèles d'une
rare fidélité. Je ve ux , à ce propos , vous ciler
une histoire arrivées Paris k une dame que je
connais. Cette dame a une demoiselle qu'on ap-
pelle Julie , et qui est bien la meilleure fiUedu
monde ; elle n'a janiais £iit de mal « personne ,
pas même aux bètes , et elle est fdcHée quand
elle voit tuer une mouche. Un jour qu'elle se
promenait, elle vit un pauvre chieu, que dt«
petits garçons traînaient avec une corde pour le
jeter dans la rivière. Ce chien était fort laid et
u,-,,.., Google
1 "^ ERCTCLOPÈDIE
tout crotté. Julie en eut puië , et dit à ces petits
garçons : Je vous donDerai de l'argent, si vou»
voulez tae donner ce chien. Sa femme de chani'
bre lui dit : Que voulez-vous faire de ce cliien? il
est' si laid et si mal propre! Cela est vrai, dit
Julie , mais il est malheureux : si je l'abandonne ,
personne n'en aura pitié. Elle Gt laver ce chien ,
c( le mit dans son caro.%se. Tout le nronde se mo-
qua d^elle , quand elle revint à la maison. Mais
ceU'ile l'a pas empêchée de garder cette pauvre
hète &pnis trois ans. Il y a Iniic jours qu'clW
était couchée , et qu'elle commençait k s'endor-
mir , Wsque son chien sauta sur soulït , la tira
paï sa manche, et se mil à aboyer si foit
qu'il l'éveilla; et comme »!lle avait' une vcîtîeuse
d'ans'sa ohaTAhre, elle vit son chieft quiabovirit
en ttegat'dant sous le lit. Toute' saisie de peor,
elle courut ouvrir sa porté, et appela ses domcs^
ticpies qui, heureusement, û'éiaienf pas' encore
couchés. Ils vinrent dans sa chambre , et virent
un voleur caché sous le lit.
Eliza. — ïl est certain , madame, que* la
pitié, m^nie pour les animaux, esU'a marque
d'un cœur généreux; et j'aime beaucoup cette
jiensée de mademoissefle Jnlie : ce chien n'est
pas beau, mais il est malheuiviix. Tout ce
qui est malheurettic devient respectable à une
personne d'un boiï caractère : c'est pour cette
raison que les honnêtes gens traitent tieu tous
■ u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEtNES UEMOISBLLES. 177
ceoz qri soat obliges , pour vivre , <le s'adonq^
à des travaux ^ebutans et péuibles.
J'ai lu quel^^e part une «utfo liîstoire, qui vient
hicu à l'appui de ce qup vous disiez tout-à-l'li«ure,
et qui prouve même qu'il est plus sage défaire
du bieu aux ^aimaux les plus féroces, que de
leur faire du raid-
Un esclave, pomtuë Ândroclès, s'^tant en-
fui de chez lOH maUfc 1 alla se cacher daas uue
forêt, et entra daqs une cavcrue que le liasard
lui prêsanta : a)ais , uo momcat après , il y vit
«ntreruQ énoif^ie liog qui l)ii cpusa une e;Etrêm9
&ayeuF. Ce lioa marcUait sur trois pattes, et
.tepait la qu^trièffie levée : il s'appropha du yoy^'
geur, et lui loontfa cetl^ pafLfl c|ui. (M^ait percée
d'une grande épine. L'cstlovO ôta cel,le «!piue en
tre[i3l)l(uit,env«ldpp:|,coinific il put, la patte du
lioQ. Ce terrible aniçial ne Gciitpnt pl(is de dou-
leur, £6 mit à cfivcfisur ton bienlaiteur , et 1q
nvurrit pendant qisçiqiie tanij^^ do ce cju'îl pre-
nait à la chasse. L'ascbve ëcaut sorti up jgur de
sa cabauej fut arrêté |>ar ceux qui Iç c^iercliatcnt,
et conduit à Rom^) po^r y être livré aux bêteft
féroces, comme c'était l'usage. Qusud il parut
dans l'eadrcfit d^sliuii a|ix eotubats des b^tes , od
Jâdia sur lui un lion qui , aussitôt qu'il t'eut
Aperçu , s'appTOicW de lui , et se mit à lo caresser
en reaaiwnt la tête.et la qaeup : ce lion ^tait le
même que Votclave avait gué«i. L'empereur fut
u,:,-,zf--„GoOglc
1^8 ENCYCLOPÉDIE
fort surpris de cet ëv énement , et ayant fait venir
cet bomine, il lui demaDda s'il connaissait ce
lion. L'esclave lui raconta son histoire , et l'em-
pereur lui donna sa grâce , et tui fit présent du
lion.
Mad. Sophie. —Je connaissais déjà cette his-
toire, mais je suis fort aise que vous ayez trouvé
l'occasion de l'apprendre à ces demoiselles, i
qui elle prouve que les animaux sent susceptibles
de reconnaissance , ei conséquemment ave«
quelle douceor nous devons les traiter. En voilà
tuinz au sujet d'un petit chien chagriné par
Pauline; et nous devons nous souvenir que c'est
aujonrd'hui le jour de notre conversaUon surl'Hîs.
loire-Sainte. Emilie, parlez-nous de Mo'ise, te
li'gislaiGur du peuple [uif.
Emilii. — Les enfans de Jacob sVtant con-
sidérablement multiples en Egylo, formèrent
d.ins la suite un grand peuple qui fit ombrage k
un roi nornmé Pharaon , comme celui qui vi-
vait du temps de Joseph. Le roi , qui avait ou-
blié les services de Joseph, se mit à persécu-
ter les Israélites , pour en diminuer le nombre ,
et ordonna même que tous leurs enEàns mâles
fussent précipités dans le Nil. Un homme de la
tribu de Lévî eut un enfant qui était fort beau ,
et que sa mère cacha pendant trois mois. IVIaîs
craignant qu'enfin on ne déconvrîtson enfant,
cette femme fit un petit panier , où fixant placé
u,:,-,zf--„GoOnlc
D£S JEUNES bEMOKELLES- 17g
son fils, elle le porta sur le Nîl, et laissa sur le
rivage sa fîUe Marte , pour voir ce que ce panier
deviendrait. La fille de Pharaon vint dons ce
moment pour se baigner, et ayant vu celte cor-
beille ,elle commanda à une de ses femmes de la
prendre. Quand «lie vit ce bel enfant dans la
corbeille , elle en eut pitié , et dit : je veux le sau-
ver. Marie, qui entendit ces paroles, s'approclta
de la ptînccsse , et lui dit que , si elle le voulait ,
elle irait clierclter une nourrice qu'elle connais-
sait. La princesse y consentit, et ayant nommû
cet entant Moïse , qui signifie en langue égyp-
tienne , sauvé des eaux , elle le donna à nour-
rir à sa propre mère, qu'elle ne connaissait pas ,
et le fit instruire , dans la suite , dans toutes ks
tciences des Egyptiens.
Quand Moïse fut grand, il vil un jour un
Egyptien qui maltraiiait un Israe'lite, et il tua
l'Egyptien. Le lendemain , voulant sdparer deux
Isra(!lites qui se querellaient, l'un d'cu>t Itii
reproclia le meutre qu'il avait commis la veâlle.
ce qui le déierinina à s'enfuir dans un autre pay,>,
où il épousa la fille d'un prêtre nommé Jelliru.
Unjour qu'il gardait les troupeaux de sou Leau-
pôrc, il vint jusqu à la montagne d'Horcb , où il
vil un buisson qui brAlalt sans se consumer; et
il entendit un voix qui lui dit : Je suis le Dieu
d' Abraham , d'Isaac et de Jacob 3 j'ai entendu ie
cri de aion people qui est en Egypte, c'est pour-
-, Google
1.8o ENCtCt-OPÉDIE
((iioi je te Commande â'allcr i/àti luî et de 1c àé-
livrer; et lu lui diras c[iie lu viens de ma parf.
Si;içnODr, dit Moïse , jtf ne sais poS votre nOra,
comoiénf faudra -t-ili!]fic je vous noïame? Je suis
celai qrà suis, r^oùdit lâ voix ; va-t-cn trouver
PHarabii , et tu lui deiùânderas la permission de
mener mon peuple dans le désert , pour y saori-
iicr pendant trois jours. Si l'où ne veuf pas fa
croîic , tu feras devant lui des (niracles dont je
te donnerai le pouvoir, Moïs(ï quitta dohc celte
montagne pour rctôuincr en Egypte j Ct y ac-
complir les ordres du Seigneur.
Jolie. — Je vous prie, dites-moi, madame, ce
que signifient ces mots : Je suis celui qui suis ?
Mad. Sophie. — Cela veut dire : J'existe par
moi-mcmc , et sans le secours de personne. JVi
loujoiirs dté, je setoi toujours ; rien n'est sans
moi , et rien ne subsiste que par ma volonté. Je
^uis toutj je suis tout ce qu'il y a de bon, de grand,
db sage , de puissant , d'aimable , de juste.
Pauline. -— Mais , madame , vous dites qu'il
n'y a que Dieu qui estj il nie semble pourtant
que je suis aussi quelque chose : le ciel, la terre,
les liommes, sont quelque chose aussîj on ne
peut donc pas dire qu'il u'ya que Dieu qui soit,
Mad. Sophie.— -Vous ctes'qbelquê chose, ma
chère, cela est irai ; vous avez l'être', mais cet
cire que vous Bvcp* Dieu vous Ta prête; il lui np-
jiunient, il petit voiis l'ûter dairs uâ îubtaul. Il
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JCtJKES DEMOISELLES. l8l-
rty a qoe Diou i qui on n'a jamais rien âaDnd ni
prèt^, parce qoe rien nVtaitarant lui, el que tout
ce qui existe dans te' monde Tient de lui. Il est
donc le maltredetoutCe qu'il y a, de tout ce qu'il
dodoej c'est'à'dire de tout ce qui existe. Voyez,
ntesdemoiselles, combien il mérite de reconnaîa-
sance el d'amour. Nous aimons ceux qui noue
fout du bien ; or , c'est Dieu qui nous a donn^
loul Ce que nous avons ; il est notre père , notre
maître, notre bienfaiteur; il nous aime comme
ses enfans : nous serions donc des cr^tures bieA
mécliantes i\ nous refusions de l'eîmer et de lui
obéir. Emilie , continuez.
Emilie. — Moïse et Âardn , son frère , se pr^
leutèrent devant le toi Pbaraon , pour lui de-
mander, au nomdu Seigneur, la permission d'em-
mener les Israélites dans le désert , pour y offrir
des sacrifices; mais ce monarque ne voulut pas y
coo.scntir: an contraire, il donna ordre que l'ofi
augmt'iitntle travail des Israélites el qu'ils fussent
punis s'ils ne faisaient pas leur ouvrage. Alors
Moise et Aaron se présentèrent de nouveau de-
vant lui l't firent de grands miracles, pour l'eug»-
gcr à tes laisser partir; mais Fliaraoo fut inflexible,
et leur reiusa constamment ce qu'ils lui de'man-
«laient5 il ne se rendit à leurs prières, que lorsqu'il
apprit qu'un ange du Seigneur avait frappe son
fils de mort , ainsi que tous les premiers nés de»
Tgvp tiens. Bî;;îs , pour se rendre dans le dtiScrtj
u,:,-,zf--„GoOglc
.l8a ENCYCLOPÉDIE
ott Dieu les appelait, les Hébreux avaient à tra-
verser une mer qu'on appelle la Mer-Rouge ;
quand ils furent arrivas sur ses bords,MoÏ5e, qui
«jtait à leur tête, étendit sa baguette sur les eaux,
qui à l'inslant se partagèrent , et s'élevèrent de
chaque côté comme deux moniagnes. Les Israé-
lites passèrent à pied sec entre ces deux monta-
gnes; mais Pharaon , qui s'était mis à leur pour-
suite , croyant pouvoir profiter de ce passage mi-
raculeux , fut englouti dans les flots , avec toiite
son armée.
Lorsque Moïse et les Israélites entrèrent dan»
le désert, une nuée les conduisait pendant ie jour,
et une colonne de feu les éclairait pendant la
nuit : mais la soif et la &im vinrent bientôt le«
tourmenter , et ib se mirenl'à regretter l'Egypte
et à murmurer contre Moïse qui , pour &ire ces-
ser leurs plaintes, conjura le Seigneur de venirâ
leur secours. Le Seigneur exauça la prière de <:«
saint personnage , qui ayant frappé un rocher de
sa baguette , en fit sortir une source d'eau vive,
où tous les Israélites purent se désaltérer. Quel-
que temps après , il tomba dans leur camp com-
me une rosée de petits grains blancs , que le peu.
p)e appela manne. Cette manne nourrissante
tomba tous les jours pendant quarante ans , avant
le lever du soleil , et ceux-là seuls qui étaîcal
paresseax n'en trouvaient plus à recueillir.
IIoKTENsx. — Il me semble, madame, que
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. iSS'
Moïiie aurait aussi bien fait <le laisser les Israéli-
tes en Egypte , où îb étaient aonrris , qae de les
conduire dans un désert oÀ ils manquèrent de
tout.
Mad. Sophie. — St les Israélites nVnsscnt pas
nmrmnré contre Moïse , dont ils avaient vn 1m
miracles , le Seigneur les aurait &it entrer aussi-
tôt dans la terre promise, qui était le payn de
Clianaan ; d'ailleurs il araît ses desseins sur ce
peuple , à qui il voulait laire mériter, par de lon-
gues ëptvQvc», la possession de cette terre de bé-
nédiction, où il devait le combler de prospérités,
et l'élever au plus baut degré de pais&ance. Ne
découYrez-vous nen, mesdemoisdles, sonsl'env
bl^me de cette solitude, dans laquelle les Israé-
lites vécurent quarante ans , avant d'entrer dans
la terre que Dieu leur avait pnMnise ?
Paclinb. — Je ne vois rien là, madame,
qa'un désert, et un peuple campé dans ce déserL
Mad. Sophie. — Eh bien, ma chère, élevons
nos ponsées plus haut. Ce désert nous représente
la terre ûù nous vivons , et que les livres saints
appellent une vallée de larmes et de misères , et
une terre d'exil. Cette terre promise est la figure
du ciel , où un bonheur infini nous attend , si
nous savons supporter nos maux avec patience ,
et sans murmurer jamais contre la Providence
qui nous les envoie. Emilie , continuez.
Emilix. — Auprès de l'endroit où les Itratî-
u,:,-,zf--„GoOglc
■ï84 ENCYCLOPÉDIE
lites «fuient campés, it y avait une montagne
:^peWe 1« Mont S/noi , où le aeigneur ordânna
k Moïse de monter et de pwsor quarante }otiis
crf quarante nuits, après lesquels il devait lui
manisfester ses volontés, et lui donner sa loi.
Cette loi , q,uj est le EMcatogue , on les dix com-
mandemens que noua récitons encore ai^our.
d'iiui tous les joufs, fut douane à Moïse sur
des tablea de pierres, eu milieu de& éclairs rt
du tonnerre. Dieu voulut bien en mtètac temps
apprendre à eet^lioinme la manière dont il vou-
lait être servie rt régler tdut ce qui ëlait nëccsr
saire pour la majeshf du culte que les Ifiraâiles
devaient lu! tendre. Ainsi, ce fut par son ordre
qu'Afiroo fut choisi pour ^raud-prëtrej qn'une
anche fut construite pour receioir les tables de
la loi , et que la tribu de Lcvi fut cbasgée àe
tout ce qui avait rapport aux sacrifices et autres
ccrémonios de la religion, Quand Moïse eut ac-
compli toutes les volontés du Seigneur, et gou-
verné le peuple* juif pendant quarante années
dans le désert , il monta sur une montagne , oà
il dispaïut ; car personne ne p.ut jamais décour
vrir son corps ap l'es sa mort.
Mad. SoBBCE. — Vous avei omis, .Emilie,
bien des circonstances du u'jonr des Israélites
dans le désert- Vous n'avez parlé ni du veau d'or
(ju'i 1.1 iidorècetit, psndimt que Moïse recevait
sur 1^1 m<i[iiFgnc \c6 tables dt.' la loi , ni de leurs
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JËimES DEMOISELLES. lS3-
rtunnnces^près le rsp|H)rt dés espions qui furent
emojés dans la terre de Ghonaan , ni de la ré-
: rolte et dé la persécution de Coré , d'Athan et
A4nron, ^ araîent mi» dans leurs enceosoirs
un fea ifttangcr , ni du ser|>eDt d'airain élevé par
l'ordre die Moïse-, et dontl'esp^ce guérissait tou»
ceux qui s'étaient révoltés , et qui avaient été
mordus par les serpeos que Dieu leur avait en-
Toj^s pour les puoir.
EuiLiE. — Je vous avouerai, madame, qu«
ces murmures et ces révoltes continuelles des
Israélites contre le Seigneur, qui les avait com-
blés de tant de bienfaits , m'a toujours fait une
«i grande peine, que je n'ai pu me déterminer i
en iàire le récit à ces demoiselles.
Mad. SopBFE. — e« serpent d'airain, élevé
dans le désert, k Ta fèice de tout Israël, et qui
guérit tous les coupables qui le regardent , mé-
rite pourtant quelques réÛezions , k cause du
mystère qu'il renferme.
JifLiE, — Ne serait-il pas aussi une figure?
Mad. Sophie. —Oui, ma chère, le serpent
d'airain est nue figure admirable de la croii sur
la<inelle Notre Seigneur est mort; carde même
<]u'il éiait un principe de gnérison pour ceui qui
avaient été piqués par les véritables serpens que
Dieu avait envoyés dans le camp d'Israël, (t
qui jetaient les yeux dessus, de mémo, la croix
de Jésus- Cliriiit , plantée sur le Calvaire , est la
. l86 ENCYCLOPÉDIE
■alut de tous les hommes qui ont ^t^ piqués pur
l'ancien serpent , et qui la contemplent avec les
yeux de la foi et des dispositions de repentir et
de reconoaissance. Reposons-nous aujourd'hui,
en attendant qu'Emilie nous apprenne ce qui te
passa chez les Hébreux , après la mort de Mo'ise.
XXIII CONVERSATION.
Madame SOPHIE, EUGÉNIE, CAROLINE,
JULIE , PAULINE , ALEXANDBINE,
ROSAUE, FÉUCIE.
Mad. SoPHiB. — Qu'est-ce que vous a»"
donc , depuis quelques jours , Caroline , pour
être si triste , je dirai même si maussade ?
Caboline. ^ Je n'ai rien , madame.
Mad. Sophie. — Il faut bien que vous ayei
quelque chose qui vous fasse de la peine , car
vous n'êtes point comme vos compagnes , et
comme je vous ai vue souvent.
Caaolihe. — Je vous dirai , madame, que je
suis très ennuya , parce que je ne suis poiQt
heureuse.
Mad. Sophie. — Vous n'êtes point heureuse,
ma chère? Eh ! dites-moi , je vous prie, ce^ut
manque à votre bonheur ï
-,Googlc
DES JEUNES DEMOISELLES. 187 '
C&KOLiNx. — Je m'ennuie si fovt , que îe
voudrais être morte 1
Mad, Sophie. — Eh ! d'où vient cette <îtrang«
disposition ? Quelqu'une de vos compagnes vous
a-t-elle fait du chagrin, ou vous manque-l-il
qaelque chose ?
Caroline. — Non, madame, je n'ai à me
plaindre de personne; xaiti» je ne sais ce qui
me manque , et qui me rendrait heureuse si y»
l'avais.
Mad. Sophie. — Commmt ! vous ne savez
pas ce qui vous manque , ma chère , et vous vous
aiQige£ de ne Tavoii* pas ? En rérilë , il j a là un
peu de fûlîej car, ou ce qui vous manque esl'qneV
que chose , ou ce n'est rien : si c'est quelque
chose, vous devez en avoir l'idée j si ce n'eat
rien , pourquoi vous toarmenter pour rien ?
Caholine. — Ce qui me manque, madame,
c'est d'être heureuse.
Mad. SoPHii. — Âh ! je vous entends, c'est
le bonheur qui vous manque, selon vos îâëea.
Mais savez-vous bien ce que c'est que le bon-
heur ? Je suis sâre que si vous le saviez , vous ne
vous plaindriez pas j car il est à présumer que
vous le possédez sans le connaître. Eprouvez"
vous quelque besoin? Etes-vous mal avec vos
compagnes , avec votre maman , avec vous-même,
avec moi 7
-, Google
Cahoums^ — NoD, madame, je n'ai aucun
besoin ; je suis bien avec toutes ces demoiselles }
maman m'aime beaucoup et je l'aime aussi ; je
n'ai depuis quelque lÉ^mps aucim reproche à me
faire , ejt vou5 , madame, tous daignez avoir pour
moi des bontés gui me pénètrent de reconnaîs-
lance.
BosAtiE.— Je pcui^ en dire autant : c'est pour-
quoi je suis trèsi-coD lente, et je n'éprouve jamais
aucun sentiment de tristesse.
Mad. Sophie. — C'est bien là le vrai bonheur,
ma chère Caroline , dont vous faites la descrip-
tion. Que voulez-vous de plus pour être hta-
reuse, qae de n'avoir aucun besoin, et d'être bien
avec les auti'es et avec vous-même ? Hélas ! com-
bien de personnes n'en peuvent pas dire autant,
et se plaignent moins que vous ! Connaissez donc
le bonheur de votre situation , et pensez souvent
que vous n^y pouvez rien ajouter j et qu'au con-
traire, plus vous avancerez en âge, et plus voua
approcherez du moment où vous devez sorlir de
cette maison , plus ce bonheur diminuera.
Pauliite, — Je suis persuadée que Carolins
voudrait ressembler à ces demoiselles qui , éle-
vées clioz leur maman, sont, pour ainsi éire ,
maîtresses de leurs actions j travailleni et se le*
posent quand bon leur semble j vont dans lei
compagnies, et fréquentent les spectacles.
Mad. Sophie, — Comment voua permctlei-
RES XEUNES DSKâBELLES. i^'
TOUS, Pauline, de .porter 'ua jugvineQtsî lémi-
raire ? Qudle* ,:ppeuv«3 >av«i-Toas que Caroline
{«Kseee que 'tous dites ?
Pàvziips. -^ Elle me disait deirbi^KDieiit
qu'elle Errait use ooe^e- fart heureuse , parcs
qu'elle faisait toutes ses Toloatds , et qu'elle '09
pnsSBif ^as une semaine sans aller trcHS ou qua^
Ire'Afis au spectacle.
Mad. SoPhib. — Si vous -penses , -Caroline 1
qae le bonlieuT consiste , pour 'Une jeune per-
fonne , à ne rien faire , et à mener une TÎe diêsi*
pée, je plains bien sineèrement l'erreur -grossière
dans laquelle vous êtes aujourd'hui, ^uoî! c'«sl
l'oisiveté de votre cousine gui vous dégoûte de
votre situation actuelle , -et ce sont les divertis-
setnens dangereux auxquels sa faible maman per-
met qu'elle se -livre, qui vous iuspirent de latrie-
tesse ! Cn jour viendra , ma chère enfant , oh
Ttdre cousine regrettera amèrement ce temps
précieux qu'elle perd dans la paresse et dans lei
frivolités du monde , et où vous vous rappellerez
avec attendrissement les paisibles années qile
TOUS partagez entre des amusemens utiles et du
occupations agréables.
Oa&oline. — Je goâte par&ïtement touteu toi
raisons , madame, et l'ignorance complette de ma
conaine, ainsi que les chagrins journaliers qu'elle
cause à SB maman, pardon impertinence et ses sot-
-ttSCT, me prouvent qti'il y a une grande différew»
u,:,-,zf--„GoOglc
* 190 E>XYCLOPÉDIE
entre son éducation et celle que je reçois: C^wii'
dant , une chose me iâit une peine bien vive ,
parce que j'en suis humiliée ; c'est que ma cou-
sine a , partout où elle va , des manières et un
. iton si Ai^ée , que tout la monde fait son ^loge ,
et que lorsque je me suis trouva avec elle , j'a-
vais un air si embarrass(^ et des manlires si gê-
nées, que personne ne faisait attention à moi.
Mad. Sophie. — Il n'est pas étonnant, ma
dière , que vous éprouviez de l'embarras au mi-
. lieu d'un monde avec lequel vous n'avez pas l'Iu'
bitude de vivre ; et ne pensez pas que l'on vous
. en sache mauvais gré. Si vous pouviez enteudre
les propos qui se tiennent sur «tre cousine ei
sur vous , vous seriez convaincue sans doute de
. la difTérence que l'on met entre vous deux , dif-
. ^rence qui ne peut que vous être avantageuse.
Feljcie. — Vous avez dit , madame , que !e
. bonheur consistait à n'avoir aucun besoin , et a
. bien être avec soi-même et avec les autres j
. comme je ne comprends pas bien le sens de ces
paroles , seriez-vous assez lionne pour me l'ex-
pliquer ?
Mad. Sophie. — J'eniênds, i", par n'avoii
euCun besoin , être logée, vêtue et nourrie j or ,
si une de ces choses nous manque, liumaiDcmeut
et raisqnnablement parlant , nous ne somœqs
point heureuses, parce qu'alors nous souflVon^
dons notre existence ,- ce qui est tncauipatible
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. IQI
avec le bonheor j a" être bien avec soi-même ,
c'est n'avoir aucnn reproche à ae faire, aucun re-
mords de coQscieDce ; ce qui n'arrive que lors-
qu'on accomplit ses devoirs , et que l'on pratique
la vertu ■ Vous comprenez bien , mesdemoiselles,
qudie doaceur on éprouve au fond du cœur ,
quand on »'a point à se repentir d'avoir (ait le
mal, et que l'on ne peut que se fâiciter d'avoir
taille bien.
FÉLiciB. — Ce que vous dites esi bien vrai ,
madame, car je ne suis jamais plus inquiète qu'^
[ffès avoir fait quelque faute , et que je ne suis
jamais plus satisfaite de œoi-m^me qu'après avoir
fait une bonne action. OanS le premier cas ,
j'entends en moi-même une vois qui me repro-
che ma feuteavec sévérité^ eidans le second cas,
cette même voix m'applaudit et me loue.
Mad. Sophie. — Cette voii intërieure est celle
ào la conscience , que Dieu a placée dans le cœur
biunain pour être un juge inflexible du bien et
du mal que nous commettons. Si c'est le bien, le
juge nous approuve j si c'est le mal , ce juge nous
condamne. Ainsi, c'est lui qui nous rend bca-
, reuses ou malheureuses , par anticipation de la
' récompense que Dieu nous accordera, ou du
châtiment qu'il nous infligera dans l'autre vie.
Je reviens à mon expUcation : 3" être bien
■veoles autres , c'est la aimer , leur rendre tous
les s<!rvice;i qui dénudent de nous , les prévdnir
u,:,-,zf--„GoOglc
iga EKCTCXOPÉDIE
.pardes tfgardset desonanières lnnmQtes«t polict
et tâclLer , en iid mot , de gagaet leur estime-e
leiir amitié , en supportant lenrR dë&uts , et et
w 'les disant pohit ioufirir des nôtres. Vtiîlà .
meadeino)sel1e6,.le¥rQi moyen d'être heareuses.
■non seulement aujourdlmi, demain , mais encon
4oute votre vie. «
£nGÉNix. <^ Ce n'était point là l'idiJe tpie j'a-
vais da bonlieurj car j'ai dit bien souvent : Coiih
bien jesuis heureuse que mon papa-soit riche, et
•d*atoir de jolies robes pour mUtabiller qoand je
■ors ! Combien de foisatissî j'ai dit aux appro-
jche«de« vacances: Que je vais être heureuse,
je n'aurai rien à faire , rion à Apprendre pendaul
plusieursGemaines, J'irai à la compegue, où jenifi
,piomenerai et je me divertirai pendant tonte k
îournée.
Ahd. 'Sophie.-— C*c.->t bien là le bonlieur d'un
«D&nt , m» ch<>re; mai'^ re ne doit point être le
fétre. Quoi! c'est à t-nyx de treize ans que tOui
TOUS occupez de ces fri\n',iK!s, et que vous con-
fondez avec le boiilieur, des a^âut!lgeG qui dé-
pendent de l'inoonstiincf iV h fortune , comme
k> richesses , cl du temps igu'il fera , comme les
vacances et le séjour à l^i i'(iiiipogîie?Vons vont
dites que vous ëtesheutciisc d'avoir de jolies ro-
bes ? Vos compagnes qui '■.(• sont point aussi bien
vêtues que vous, soutdoiic iiinlliciireuf.esï cW!
Jonc à une étofic plus on dioîjis fine, plus
u,:,-,zf--„GoOnlc
DES JfiVHfi& p^M016ELLES. 193
i^flce7 Si cph mit, il «V ^Qi**!^ d'henrevii sur
la \i/^f qofi \fi$ personnf» l>icB 1)bI)UW«6 ; c sit-à-
fUre, I9 ur'fs-p^VUie pfcUe du g«9re baw«io , c«
^] flst cpBtcvve k Viàée ^«,e ttow^ ft«v(yi8 avoir
4WlPiroïidfflcp%wywlJe*us l«»pqvvnes comme
«prlps ricUw , «t qui dfldoiai(ias« tfl«jpi»i> IflS pre-
mim 'des )PpUppMs des second», par wp lioiD-
bm An«lflgge A Jear éut , J^qijçl «pt fion>«M et
tdivpvr et ftm .'^- !« wemt. vptu conraÎDCte
de oeMe wrifté pfv vne ki»t<Mfi« '<pi> 9* fiCM !>*■
voua f rie , pLos Longup qo» vou* le poivrp^ i car
.k n'aime rue autaal qiM; les liiatoifet-
Abd. ^(w^E. -r lMen>e d» ï1or»iIV «yAot
«ÏWlt^PMÙ f(mr «aiv pa>i^ U Itelk sfisqu d^tt*
IjWJïdc BC« ifaBrea , sit , <^ii vs pHWVM fern^iff
ie wsideqrameB , «we j^Nfiv pcCïWSe fort dQP^
Atibrl>oiUie, qu'aile ipril t(H>)««-M«f pn:pffiiti^. .
Jle ipDawpt^»e,f«saer<le le ïQir.-.^.l-'w^^yft'rt
UHYQiU clicrfjbor , potw.b (urqfMr coqaoïç 1»
fTO^e^lle. 4-uesstdu , ^eftl ie «Qi9.d«:^ ']9VOfi
âUe , jnâppndait |d*.80B . nuAut MV* hp^iM de I9
^e^ qui l.aijQbil..cdi»qae ^ppr danSfn^^ge.
9uuid't'ï]isfirfitEiratiFMs^pIwoabQs, iE(i94«V«<^*
ïileriille.sqngea.ài:et9QrDerd la viUe> ^^Kifem
afTpnliit point«e sëQarer^ w cli^r« AvgU|>ti|i^.
WiU irninaàa , «n cDasëqneoee » M fermier, 1»
9
u,:,-,zf--„GoOnlc
■ 154 ENCYCLOPÉDIE
permission d'emmener sa fille avec elle. I^ bon
villageois, tout émerveillé 4e la proposition de
■ celle daroe, y consentit volontiers, et la remer-
cia ', avec de grandes démonstrations de respect
et de reconnaissance , de l'honneur qu'elle Ini
&isBit. Revenue k Paris, madame de Florvilte
- lit quitter à Augustiue son costume de paysannf,
et l'habilla comme une demoiselle de qualité.
Comme celle ci , pour ^tre présentée <îans le
heau monde, ayait besoin de manières et d'une
tournure difiiû^entes de celles qu'elle avait pri»s
à la campagne, sa protectrice lui donna unmailFc
de danse et un maître de musique. Quand eue
eut fait quelques progrfe , madame de Florrille
la mena d'abord chez quelques-unes de ses amies,
'qui la trouvèrent à leur gré , et quelque lemp*
après, elle la prodaisit, comme •apatenie,dïn'
in grand monde • où son tea , sa niodeslie et »i
beauté lui attirèrent beaucoup d'éloges. Qui i>e
croirait' qu'AngnStîne étaiit et se trouvait lo^
•heureuse , et avait oublia et le village , et sa robe
•de hure , et son père ? Qepepdont , elle était sou*
veni si triste , et paraissait ^i affligée , que u»-
'dame de Florville ne' sav«it pins qu'imaginer
pour l'égayer et la distrÎHrei.. Le malîn^ elle res-
tait dans sa cKambre, et ~n'e&' sortwt que lors-
que celte dame l'envopitt ^herc^er, et le 8"^^
elle s'y retirait bien vite, pour s'kffliger et jd*'
rer tout à son aise. Il y avait trois ans que bU'
DES IZI3ZS tama^cLus-
lonqB'dle Su t m » le f f il ^j ï
et DBc partie de fs
Tenue w ^aade et kiSe fiJs . ^ prw-MtinH
n'avoir jaaijis ^flillc b cap^bjc. 4 «jcî ^ik
âomc , ne aemMtât fa* Agacée â r^iiMier ^
autre gi^vre de vie qsc c d-J ^Vue H^wt dé-
lais à k^ç-tcBpK} or depnfiOBaB»^ pievs
avaioit ceg< , cC ^w immtm ^liwenlic nxic
remplace sn Ma nsige cet air de tcidese qa^ene
avait aupararaot. -
QoaDd madame de FlorrHle arriva an tîDï^
où demeuiaît le boa i è rm i et , père d'Angnsfinr,
Ga première klêe &t iTaBer tni pcésoiter sa >euae
Aève, qui âaît,pOBraian dire , sa fflle d'adop-
tion. Aossitât qa'ADgociÎBe aperçut son père,
qui était à la porte de sa dunoièra , elle se pré-
cipita bors de la voiture , jet conmt l'emlirasser
avec des transports de joie difficiles i décrira.
Mais venant bientôt.à se rappeler les anni^s pai-
sibles qu'elle avait passées sous le Chaume poter'
Del, eti ctHUparer lecostnme modeste et simple
qu'elle avait quitté avec ses T^temens de laine,
elle fondit en larmes , et , se retournant vers ma-
dame de Florvillc , témoia de celte scène tou-
chante , elle la remercia des bontés qu'elle avait
eues pour elle , et lui dît , avec beaucoup do fer-
meté, que sa résolution était prise de reiler-^vcc
■on père , et de reprendre ses babito de vîlti*
u,:,-,zf--„GoOglc
igâ EscrcLOPÉniE
geoUa. £n min «adame dc'Florvitle ot sùn^pèn
.\-aiiluDeDtla détoutser fie ce deMein^ tantôt jwr
dot .paires, UntAt par des rneoaoeR; eUe {ut
iiiûesible , ne lëpoodit qae par «on -silenee «t
fat S8S iatnies, à tout ce qu'on put lui dire ds
saiaoDiMble et de touoliant.
3lo3Ai,iE. — Combien qiadame de Florville
dut otre a£9igée decet évëoemept ! Je me sietsi
Ma place > et je vous Meure que je aetnis morte ào
cbagrin : cependaDt , je croit que j'en aiiraû
lait autant à celle d'Augustioe.
£injÉiiu. — £t.moi , j'aurais bien vke quitU
^os habits pont rester avec mon papa,
iM^. ÊOBBiB — Vous sentez donc , Eugâiie ,
■qpë ce ne sont pat les liabitsni lea dÎTerttssemnu
, gui foua rendent heuctu*e$j m^isle sentiment;
«l.que là bonbeiir n'eut point daps ce qui eit
bmicbnQuSf^mms <[u'il ikit aa r^idenoe dqnt
jiotfe .ixiur.
KXIV' O0NVERSATÏON.
..*Uw.. MJSABETH, 3TÉPHANIE, ADÉU,
AUÉUE ,: éMIOfi , >HORT£NS£ , M.EXAN-
DftlME. ■ ^ , .
iVttà'-^ijJBjcivxa. — il^ueMe 'belle youmét,
^HWàvaoàaéUs ! .qac& -^euce ten^âralure !
u,:,-,zp.-„GoOglc
DES JEUNES DEMOlSELtES. 197-
Comliii;!! la tecrt se dîspese à (fUiler à nos yeac
d« magniâcAOCe et de ricliesscs ! et combies
nous devons bous eslitoer heureuse» d'être nie»
itHMS nn dnaat et dans un pays où le cliarme da
l'exûlcnce se fait sentir avec tant de livacrttf et
de douceur l Ah [ (juand' on a vojogé , quelle dîF-
fërenca on trouve entre les autre» pay» et la
France, et quel plaisir ob éproure ks'entretenir
de cette aimable patrie ! Amélie , reprenez notre
conversation siir cet int^i'esseot su{et ; et, comm*
tous navcz encore rien dit de l'histoire -et à»
gOaTicmoiaeai de la France , aj^rquez-neu», m
^u de mots , ee que voua en saves.
Âjctui. -4^ La Fi-enoe s-'aftpclaû autrcfmi
ks Ga»Ut ; elle éisàt h^itée par àe» peuple*
idolâtres qui n'avaient presque aucune jioniSio-
nieation entffi eux. César ,-<pii était .un géEfA^
Mmaia r B»' ^ Li conquête , il y a prés de dieuv
mille ans j et depuis ce temps , elle fnt g<tuveriK^
comme nneprovincft rouiaÏDe, jusqu'à l'ëpioquc
oÀ les France , peifple d['AUciriegae r ayant à
leur tête Pharomond et se» sncceGMnW , ctnssê-
rent lesRenHiins, et Ibndèrenc um manai-chi«
qui dure encore.
Emiue. — Alonarchie ? voilà un mot ipia je
ne comprends ^s.
Mad. Elisabezb . — On sppellfa mimitrchie ,
un grand |Hiys qui est gouTemé: jnv un acnl
Iwstme , qui est coi eu «mporair. Âbw, on
u,:,-,zf--„GoOglc
■ig8 ENCYCLOPEDIE
dit, \i monarchie française , la monarchie au-
trichiennej etc., pour dire, \a France, V^u-
tiichej etc. ; mnis seulement quand on parle au-
trement que sous le rappori géographique.
Amélie, — Le premier roi de France quî se
fit ctirétien s'appelait Clovis. Ce fut sainte Clo-
tilde , sa femme , quî le détermina à se faire ins-
truire ; ei ce fut après une grande victoire , qu'il
remporta comme par miracle sur les AllemantU ,
anprécde Cologne, qu'il reçut le baptême. Gest
depuis celle époque que la religion chrétienne
est celle des FrAirais. Tous les successeurs de
Clovis ont ét^ chrëtierris el catholiques comme
loi'ct ce sont eux qui ont Ëiît bâtir toutes ces
cath^ales et autres belles églises que Ton voit
en France.
HoBixNSB, — Est-ce à la même &mille qn ap*
partlennent tous tes rois qui ont gouyemë la
France î
Ahélis..— Il y a eu trois races ou familles ,
qui ont produit tous les rois de France jusqu'à
Loais XVI inclusivement. La première race est
celle des Mérovingiens , qui a commencé à Mé-
rovécj la seconde est celle des Carlovingieus,
qui a commencé k Pé^Hu, père de l'empereur
Charlemagne; et la troisième est celle qui a
Gommencéà Hugues Capet. C'est h cette troisième
race qu'appartient le roi régnant , Lonîs XVllI.
AdAls. — Y pensez-rous, Amélie? Au lien
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 199.
àe nous parler ie la g^grapliie , voilà qae vous
nous enirctcnez de l'Histotre de France.
Âutiix. ■— Cela e'Uitp^cessaîre pour ce. que
i'aià dire jurlegouvermeot actuel de la France,
et sur la division de s()^ territoire.
Adèle. — Je ne vois pas le rapport qu'il y a
entre l'Histoire de France et la gtfi^raphie de la
France.
Mad. Elisabeth. — Comme la France est au •
jourdliui divisée en d^partemens , ne laut-il pas
savoir comment cela est arrivé , puisqu'il y a eu*
virOD vingt am qu'elle était divisée en provinces^
Ai|^E. '-r Une révolution , qui a duré à peu
près trente années , avait'amené eu France dif-
férentes espèces de gouvernement. La race légi-
time avait été privée de la couronue , et ce fut
sous l'un de ces gouvememens que ce change-
ment eut lieu; l'ancienne race, en reprenant la
couronne a conservé celte division.
Emilis. — Dans quelle année, s'il vouspUit,
at-on divisée la France en départemens, et a-t-
on cessé de parler des provinces , comme l'Ile-
de-Fraoce , de la Normandie , de la Picardie ,
de la Champagne > de la Bourgogne , etc.
. AuËLis — C'est en 1790 et gi , que cette di-
vision a été faite.
Mad. Elisabsth. ^ Autrefois la France était
divisée en trente -deux grandes provinces , qui
forment aujourd'hui 86 départemens, dont la
u,:,-,zf--„GoOn[c
20O ENCYCtOPÉDlE
pop'Alattott fAâe ^9'clb tr-ente milliu'M'dliaLi-
tans. Dana cli*pie d^partemetil , iiy tfwn profit'
qui fst ebai'gtf de surveiller et d'administrer
tout ce qiljttrap^l âUi^vit; c'est à-diré, ce
ij^ii n'est ui aflàire écdéiiiiùqae , ni itiilîlliifre' , nî
judiciaire.
Adel». — 91 vous ir'rfTBîi pas*, m'ailatiU , la
lion té de nous expliquer lesensdeloascesnlok',
nous aurons bien! dé là' peine h- les comprendre.
Mad, ELis-ADita — Les àffuires t^cultfsia&tii^es
lontcellcsqui ont- rapport à la religto*'; lesaf-
Tiiires militaires concernent l'aïmeV, et ti/ut ce
qiti Ap|Mlttient & la diéfeme du myaume ; le* af-
faires judiciaires sont tout ce (jui est du- ressort
dci ttibunaux ; et toute affaire qui n'e-st nï ecclé-
siustifjue, ni militaire, ni judiciaire, est civile, et
nVst outre cliosecpi'un rapport des' it^cl^ avec le
gouvemeraent. Ainsi, le droit qae j'ai db tous
instruire est purement civil, comme !e devoir do
pajer mes contributions, quand on me les de-
mande. Mais en voilA trop k propos du nombre
des de'partemens : Amiâie , reprenez le Hl de y*>-
ivc entretien.
Ahelis. -i- Commty il serait trop long de kn9
la description de chaque département, ne con-
TÎendrait-t-il pas plutôt , madame, que je île par-
littse que des principaux?
Mad. Elisabeth, — Je pense commit rous, n;i
chtre, qu'il suffit d'en dtcrire qnelqDCS- uhï,
DES JEfyES DEMOISELLES. 30 1
cennne ceux sur lesquels il y a à tEirt quelque
cliose de remarqnabte , et qui , par leur étendue ,
leur population , et l'iusârustrie de leurs balti-
tans, méritent d'être mieus connus.
AmEt.n. — Au nordde la France, se trouvent
les départemens du Nord , du Pas-de-Calaïs et
de la Somme j leurs principales viHos sont , pour
celui da Nord, Lille, Douai et Dunkerque;
ponrcdui d'n Pas-de-Calais, Arras, Boulogne,
Saint-Omèr et Calais; pour cnlui Ae la Somme,
Amiens, Beaovais et Cambray.
HoxTENSB. — Je vous prie de me dire ce que
TOUS entendez par la Somme.
Ahseis. — C'est «ne petite rivière qui coule
dans ce département. En gémirai , tous les depar-
tumens de la France tirent leur nom ou des ri-
vières, on des montagnes, ou de quelque tbvèl
d'une grande étendue, qui silparatt autrelbis une
prorince d'une autre province.
Ainsi la Seine donne son nom au département
de Paris, parce qu'eïle passe dons celte capitale;
les Alpes ont aussi donné leur nom, ainsi que
lès Pj'rénées, à plusieurs departcmens qui les
avoisineot j il en est de même de la forél des Ar-
dcnnes , dont on a ainsi appelé on département-
HoRTïiTsK,— Souffrez que je demande encore
ccq ne vous entendez par le molde cnpiiale, dont
TOtts vous êtes servie , ea parlant de la ville de
faris.
9*
u,:,-,zf--„GoOglc
202 ENCYCLOPEDIE
Ameiii. — Une capitale est la principale ville
d'un empire, d'un royaume , ou d'une province;
c'est-à-dire , celle où il y a le plus de monde ,
ei ofi le gouremement Ëiit sa résidence.
 l'ouest de la France , sont tes départemens
qui ont été formés des anciennes provinces de
Normandie et de Bretagne , de Poitou de
Cuiennej ils sont au nombre de vingt. Leurs
principales villes sont Rouen , dans le départe-
ment de la Seine-Inférieure , Nantes, dans ce-
lui delà Loire-Inférieure, et Bordeaux, dans
celui de la Gironde.
La ville de Houeu est une ville très- peuplée
et très- commerçante, à vingt-sept lieues de Paris,
et Nantes ne lui cède ni en richesses , ni en com-
merce , ainsi que Bordeaux , qui a nu trâs-beau
port sur l'Océan. •
Au Midi , sont situés tous les départemens for*
mes des anciennes provinces de Languedoc,
Provence et Boussîllon.
Leurs villes les plus remarquables soui : Tou-
louse, daus le département delà Haute-Garonne,
et Marseille, dans celui des Bouehes-du- Rhône,
dont le port , sur la Méditerranée, est très-vnste
et très -commerçant \ Digne , dans celui des Bas-
ses-Alpes, et Toulon dans celui du Yar.
A l'Orient ou à l'Est , sont situés tous les dé-
partemens formés de l'Alsace et de la Franche-
Comté. Leurs plus belles villes sont : Strasbourg
-, Google
BES JEUNES DEMOISELLES. ao5
ïille très-peupWe et bien fortifiée, dans le dripor-
tement du Bas-Rhin ; Besançon , dans celui du
Doubs ; Colmar dans celui du Haut-BIiin , et
^ô& dans celui du Jura.
Mad. Elisabeth. — Vous avez ouMîè , Amé-
lie , des départemens qu'il est pourtant bien in-
bîressant de connaître. Vous a'avcz parlé ni de
celui de la Seine , dont Paris est la capiiale ,
ainsi que de toute la France ; ni de celui du
Kliône , ofi l'on trouve Lyon , la ville de l'empire
la pins grande et la plus peuplée , après Paris.
AnÉLiE. — Je n'ai point encore parlé , ma-
dame , de ces ddpartemcns , parce qu'ils sont au
centre de la France , ainsi qu'un grand nombre
d'autres ,- mais ne pensez pas , je vous prie , que
je les aie oubliés , car ils valent bien la peine que
l'on en parle.
Tous ces départemens , qui sont au centre de
la France , parce qu'ils sont situés au milieu de
cenx qui forment ses limites , sont au nombre
de trente-deux. Les principaux sont ceux de la
Seine , dont Paris est la capitale; de Seine-et-
Oïse , dont Versailles , où l'on voit un trés-bean
cbdiean , séjour des derniers rois de France, est
le dief-lieu ; le département de la Moselle, dont
la capitale est Metz , belle et forte ville ; le dé-
partement d'lndre-el>Loire, où est située la ville
de Tours , -très-peuplée , très agréable et tr^s-
marchande \ le département de la Câte-d'Or ,
20^ ENCTCtÔPÉDtÉ
dont là capitale est Dijon. Ce cUparU-mcnt est
célébré par ses bons vins , qui forment une des
braricliea lés plus" étiendues du commerce d'à
France j le dëpartemenl du Rliône , dont Ta ca-
pitale est Lyon , vilté admirablepar sa situation,
et depuis long-tertps c^èbre par l'industrie de
«es babitans , ses riches étoffes de soie , la beauté
de ses quais , et la sogiptuositij de ses (édifices,
■oit publics , soit particuliers. Lyon est k cent
lieues au sud-est de Paris ; mais de toutes le villes
de France, et tnéme du monde entier , ta plus
lielleestla ville de Paris, et celle dont la descrip-
tion est la plus longue à faire , la plus agrëabic et
ià plus utile.
Mad. Elisabeth, — Reposez-vous, Am<!lie ,
car vous devez être fatiguée, et laissez parler
Adèle , qui , comme Parisienne , doit bien coa-
naltre la ville où elle est née.
Faites-nous , Adèle , l'éloge et la description
de Paris !
AoftLB. — ^ Je vous assure , dadamc , que ne
m'étant pas attendue h parler aujourd'hui de Pa-
ris , je ne me suis point préparée su^ cette ma-
lîÂre, Cependant je vais feire mes eObrls pouv
TOUS plaire , en comptant beaucoup sur votre io-
âulgence et sur celle de mes compagnes.
Mad. Elisabeth. — Comme ce n'est point un
lorg discours que je vous demande , vous n'aurez
DZ5 irc^is rcsoenuj. *■»
qaa TOUS uf^ l ur es ifiH r s f eiSKt^ 1 £■•
■UT la opîblt d* rrrr-iTTTr &asç^}.
AdiU. — Ancaae «ilk éuK k BDn& m*e>ff
comparabb à la «ib As Psns , qxi pent «tre re-
garda comme Ifc centre de la politesse et de la
citiltsalioit mropénuK. XuBe pan oo w troci*
de^tubeam niOBiHiensde:>arts,etIaseQt«c<i>
loDoade du Locrre surpasse t03t ce que faKhi -
tectnre a pfodait Je plus porCiït QuV al -il Je
comparable aa Musée renl , où Foa pent voir
une grande partie des 4^c&-<!~(euTre des «rtîsle»
iDÔens el modernes ? Ce n'est qu'à Paris où Ton
peut te procorer en abondaace tontes les pro-
ductions des aatres contrées de l'untrers , et les
objets da laXe le p1u« somptueux j abondant ,
comaïc ceux du besoin le plus urgent , et de la
plus stricte nécessité. D'autres capitales petivetit
être pins vastes et plus peuplées, m.\K aucune
n'est plus propre, plus saîneet n'oFTce plus d'avan-
tages à la circalâtîon des personnes et des clioses.
Qjelle autre peut vantera plus juste titre ses bou •
levarts , sâs prouisnados et ses quais , et se regat'
dcr comme le centre du plus beau royaums de la
terre , lorsque toutes les capitales des autres états
sont situées ou à l'extrémité de ces états , et pn>s
d.'S frontières de l'étranger , oi elles sont voisi-
nes de provinces qui ne suQlseat point à leur
consommitîon ? La nôtre , au contraire , e*X en-
tourée de départcmcas riolics vt fcrliUs, Mail hm
u,:,-,zf--„GoOglc
306 ENCTCLOPÉDIE
qui assure k la ville de Paris la prëéminence sur
toutes les autres , ce sont les arts , les sciences et
la littérature , qui s'y cultivent avee plus de suc-
cès qu'cD aucun pays du monde , et la rendeut In
séjour enchanteur du bon goût , et de tous les
plaisirs de l'imagination et de l'esprit.
Mad. Elisabeth. — Pourquoi ne parlez-vous
pas , Adèle, des différens tliélitres de Paris ?
Adèle. — Je sais fort bien (jne les théâlres de
la capitale , comme l'Opéra , le théâtre Fran-
çais et l'Opéra-Comique j l'emportent sur tous
les autres théâtres deVEurope, et en sont les orne-
mens , qui attirent dans ses murs le plus d'étran-
gers, et sont le plus capables d'exciter l'orgueil
de ses habitans ; mais , & mon âge , il ne m'est
point permis de faire l'éloge du théâtre , et j'au-
rais craint, madame , de m'exposer à vos justes
reproches , si j'avais entretenu mes compagnes
des spectacles de Paris.
Mad. Elisabgtr. — J'approuve , mk chère ,
votre prudence et votre discrétion , et je vous
sais gré de votre façon de penser au sujet de l'o-
pinion que j'ai des spectacles , que je regarde
comme dangereux pour tout le monde , et encore
plus pour les jeuuGS personnes. Comme nous sa-
vons à peu prés tout ce qu'il y a d'essentiel à ap-
prendre au sujet de la France , nous en resterons
1& aujourd'hui , et dans quelques jours nous con-
tinuerons notre voyage dans les autres pays de
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 30?
l'Ecrope. Emilie, faites tos préparatiCi, c'est
voiu qui noas en ferez la relation.
XXV CONVERSATION.
Mabame SOPHIE, STÉPHANIE, ÉUZA,
ALEXANDKINE > EMIUE , AGLAÉ,
PAULINE, ROSALIE.
BosALiE. — Je crains bien , madaine , que
l'après-dlnée ne soit orageuse, et qoe nous ne
puissions pas aller k le promenade.
Mad. SoFHis. — Eh! comment le savcz^TOus
ma chère ?
;eUDt les yeax sur le
vu l'aiguille arr^-
KosAtiE. — C'est qu et
baromètre de votre salon, j'
tée à l'endroit où il y a écrit , tempête.
Aglaé. — D'où vient , madame, qu'en voyant
uD baromètre , on peut prédire le temps qu'il
fera?
Mad. Sophie Comme le baromètre est un
instrument qui ^rt à mesurer la pesanteur
de Tair , et à en indiquer les variations , par le
moyen du vif-argent qui est renfermé dans un
tube de verre , il est cUir qu'il doit nous appren-
dre si Doqs aurons un beau on un vilain temps.
-, Google
3o8 feSCïetOPlÎDIE
^AtraiMS — ' Vous' m'cxcuscrra , ibai&uner, ri
je vous dis que je ne comprends pas votre exprî-
catîoD.
Mai. Sophie. — ^ tl &ut savoir que lacoloune
de vif-argent, qui est renferme* dans le tube du
baromètre , est tonjonrs en équilibre avec la co-
lonne d'air qui correspond jusqu'à l'extrémité
de cette colonne , et qu'elle sVlève ou s'abaisse
selon que l'air la presse moin& ou qu'il est plus
pesant. Plus l'air est sec et dégagé de vapeurs ,
plus il est le'ger ; alors le mercure s'élève et an-
nonce le beau temps ; glus l'air est hui^ider ^pais
ou chargé de vapeurs , plus il est lourd ; alors le
mercure descend et annonce la pkiîe.
STEFHAfiH. — Il faut eonvcnir que lo baromè-
tre est un instrument d'une grande utilité.
Mad. Sophie. — Oui . saus doute ; car il sert
à mesurer toutes les hauicurs , et par cnosëïpeii)
à connaître les endroits où l'on peut vivm, et
ceux où l'on peut parvenir sans perdre la respi-
ration.
S'tefhahie. — Consé(iuemment , les pecsonaei
qui sVlèvent dans les ballons , doivent mjcesni-
rement se munir d'un baromètre.
Mad. Sophie. — Oui , certes^ sans cet instru-
ment, elles seraient fort embarrassées de cobsaI-
tre^ d'une manière précise ^ la liaiiteuc oit ellta
sont, et l'exposeraient à mourir, Ëiute d^air pou
TMpirer.
-, Google
t>ES JEUW^ lïË'!tfrtI§ï:LLES. 3(ig'
keivi. -"Est-cèffiio Tair ôstndtinSs^re à la
ïie ?
M.id. SoPHiK. -^ Oiïi , ma cliiiftf , «oinnie
leuu aut poissons; dt on rf fait, à ccsnjet', uii grand
nombie d'crpdfîen'ccs', qui prbùvCnt loutl'S qiia
l'aif eA la caûâe principale de notre existence ,
et de Celle de tousWaifimaui.
Aettit. — Comment esr-il possible qù'ou tàssc
des etpi^rieacej stif faïr , (^u'oû ne touctie ni ne
Toit?
MfAÏ. âoPiTiE. — lï tfïiste' uri^ lïiacliinfl que
l'on QoiAine fa machine pneUmdUt^ue. Cette ma-
chine est cûfnpOséëâ'ùil plateau, auquel est ajut-
të une esp^'t^e de pompe , que l'on nomme pîstôif
Ou rfcipient, sous l'eqoel on a mis l'ammaf qui
doit'sÈrviràrexpericncc, comme une grenouille^
un oiseau , et même un cliat. Q'uaad tout est
prêt* , on tourne le piston pour pomper l'air qui
e4 renfermé dans la iiiacliine ; à chaque coDp de
piston , on voit l'animal se débaftrc \ et quand*
Tair est presque tout pompé, ÎV tombe comme
eianoui, et meurt, si on ne le lui rend sussîtât ,
dans la même proportion qu'on le lui a ôlé.
KtfsALiB. — C'est à peu près de même que tt
on ûtait un poisson de Teau pour le mettre *ur
la lenc.
Mai]. wOPHiE. — C'est précisément la mL'm»
cliijse.
Aizu:<DKiKE. — En parlant du baromètre ,
u,:,-,zf--„GoOnlc
a 10 enctclop:édie
vous avez dit, madame , qu'il serrait à mesurer
la pesanteur de l'air : je croyais pourtant que l'air
ëlait ce qu'il y a de plus l^ger.
Mad. Sophie. — L'air est assurément un fluide
très-léger j mais il y a des corps qui le surpassent
en légèreté j comme le feu et les vapeurs qui
s'exhalent de la terre; et de belles expériences
nous prouvent que la colonne d'air qui répond
à une surface un peu large , qui lui sert de base ,
jusqu'à son extrémité de l'atmosph ère , équivaut
à une pesanteur de plusîenrs millions. Pour s'en
convaincre, on joint l'une k l'autre deux calottes
de méial , que Ton nomme hémisphères , et aux-
quelles on adapte une pompe avec son piston ,
comme à la machine pneumatique; ensuite on
pompe l'air qui est entre les deux hémisphères,
et les spectateurs sont bien étonnés, quand, après
plusieurs coups de piston , il n'est plus possible
de séparer les deux calottes , qu'on levait aupa-
ravant sans Eâire aucun eSbrt.
■ AiEXAKDRiNE. — Si Je voyais faire cette ex-
périence, je croirais que la magie y a beaucoup
de part.
Mad. Sophie. — La magie n'est tien , ma
cbfre , et ne produit rien. La cause de l'adbésion
des deux calottes est fort naturelle, et est fondée
tout entière sur la pesanteur de l'air. Quand la
pompe a joué , tout l'air qui était renfermé entre
ces deux calottes en est sorti; et il en est résulté
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 311
un vide parfait j alors , Tair extérieur n'tfunt plus
halancé par l'air intérieur des ItémisphèrfS , pèse
lar eus de tout son poidâ , et il faut , pour les
séparer , une fi3rce égale à celle des deux colon-
nes qui agissent contre , dessus et dessous.
Emilie. ~- Comment, dune est-il possible ,
madame , que nous vivions , ayant sur la t^te un
poids anssi cousidérable que celui de la coloniM
d'air dont vous parlez 7
Mad. Sophie. — Ceci est très>aisë k expliquer,
ma chère; comme notre corps est rempli d'air ,
6t que DOS poumons en renferment beaucoup,
cet air est en équilibre avec celui qui notts envi-
ronne , et avec celui qui est an-dessus de nouaj
c'est ce qui fait que nous ne nous apercevons pas
de sa pesanteur. Ceci pourtant n'est vrai qu'au-
tant que nos poumons remplissent bien leurs
fonctions, car ceux qui les ont malades ou trop
lâibles , se plaignent continuellement de la pe-
santeur de l'air , qu'ils ont beaucoup de peine &
respirer. Cette raison vous explique aussi pour-
quoi les corps morts sont plus lourds que ceux
des vivans , et pourquoi un livre qui a-été mis
sous la presse d'un relieur , pèse beaucoup plus
que lorsqu'il n'était qu'une simple brochure.
Ëliza. — Ainsi , madame , tous les corps
sont plus ou moins pesans , selon qu'ils contien-
nent plus ou moins d'air.
Mad. Sophie. — Vous avez raison , ma ckire,
313 GSrCTCtOPÉDffi
ElJM'j oMm- siivea>Toiis conaw&t Tsir s'insinae
dBnslM'Cotps,et(!oiifmeQt!iletl ptfUt sortir ?
EiUA- ^" J'inttigiDe ijoË fon»les' oorps, soit
«liâmux, toit iHétiltiT, aoit i^gétauY, soBi pet"
céi en uno înfinitéâ'enâroiU, et<]Qe l'air y en&e
cten sort par ceii petits HronSi.
Mkd. SorEis. — 'Kien n'est plus tm»; on ap'
pelle /»>rer, ces petits trou», etporeusr, leseoip)
t[ui en ont beaucoup. Notrâ peau en est remplie,
«t c'est pM* où s'échappe B«fre sueur , ou peur
mieuix dire, r\tie nous tpanspirtfm.
ftos'Ai.iï. —Ainsi , une éponge est fin eorpï
poreux , et c'est pour c^ qu'eUe esK Elrès-légére,
quand elle ir'esl pM* AouAléft:
ALKBAnnnvi. — Ce» n'expliqué pourqtRH
unmocoeao âe ptannb est plus h>uniqU*oil-éM
«le six âqmcft éa WÈàae lolame , c« que j'ataài
peiife à oo^reii^B auparavant.
Bo9ALl£. -^BvnaleâalonoivesllebtfroïKétfe,
il y » aussi' un thMiaomèCre que j'ai eWfflin^
plusieura ibis , et dcmt je se comprends pas'
l'ujnge.
Stépïi.«s«. — 'ïa *aia, pendant l'aiseace d»
madame Sophîer , tdu* eu donnée l'explicafion ,
aussi birn que je le pVïiniai. ^a thermomètre
eitt on instruiflcnt qui levi à mesurer les degré*
ait' (rbid et dn lai dïalettr, par te mioycn de l'ca-
prit-de-vin, rcnfermc'daiisufrpetif tfidlwde verre.
QuMui il f.iit cfcaud', l'esprit-de-vio te dilate et
u,:,-,zf--„GoOglc
.ES JEDȣS tmMOISELLES. 3lS
^^èircdwis le tube; et.qiiuid il {»ith<Ài, il ■$%
tosserae «t s'eliAisse..
Ai-BxANnRiRB.i-Jfi voudrais bien savoirpour-
^ttoi ro^it'de^vÏD occupe plus de place ^a»iid
il &it chaud que ijaand il fait &oîd7
StréFBAKix. .~r- C'est par la mâme raison iqu*
Veay s^^lùve dans un rase placé sur un r^haud.
J^e Sbu , Bia chère , est composé d^ parties «xtr4-
Vtctaent subtiles et d^iées , qui ,s'Iasinuent dans
tous les coips ; mais avec beaucoup de ikctlilé
dans les liquides , dt^it «lies raréfiem Teir
tpù fi'j trouve en pU^ grande abondancp qii^
dans tous les aut^s corps. Comme l'air raréfié
par la chaleur du feu , occupe un plus grand es*
pace, il iaut dc^c que la liqueur où il est renfer-
mé augmente de volume en proportion du sien.
L'âsprit-de-vin étant la liqueur qni contient la
plus de feu , et qui , ctmgéqueinmpnt est la plus
-susceptible de monter ou ie descendre an moin-
dre d^E^ de chaleur ou de froid , c'est la raison
,quïra ffilchojsirponr en composer le thermo-
mètre ; j'ajoutn'aî ^ue n'étant ppint sujet à g«l«c
.dans nos <;limats , il est , saps contredit , prél^
nIde,'ponr«etn5Bge, à toutautre liquide ^ui ne
légiste pcùnt à la.riguear du froid.
EiiZA. —Cette explication nous conduit natu-
seulement, ma chère Stéphanie, âparler des avan-
tagea id[i<therDiomètre.
£T:ta<XAi>u, _De jous les instrumens qua l4«
u,:,-,zf--„GoOglc
ai4 ENCYCLOPÉDIE
phy&îciens ont inventés , sans doute il n'en est
aucun qui nous soit d'une plus grande utilité.
C'est par ce moyen que nous pouvons donner à
nos serres-chaudes le degré de chalenr nécessaire
aux plantes que noua y conservonsj car il en est
des plantes comme des animaux; elles redoutent
égaletoent l'excès du froid et celui de la clialeurj
et c'est en leur procurant une moyenne et douce
température, que nous pouvons les défendre
des rigueurs de l'hiver, et nous en former, dans
cette MÏson toeurtriére pour elles , des parterres
]irei<que aussi agréables que ceux dont le prin-
temps HOUï oifre l'intéressant spectacle. Le tliei^
momttre n'e&t pas moins indispensable ponr les
chambres des malades, dans lesquelles il est de
la dernière importance de mainteair le même
degré de chaleur, ou de le varier selon les diven
changcmens qu'éprouvent les malades. Ceux qui
.se portent bien u'oot pas moins d'intérêt i ce que
leurs appartemâns soient, dans l'hiver , échaufiee
4e nuRJéfe k ce qu'ila ne soient pas exposés, en
sort'nt:, aux impressions subites du froid , etaux
rbumesdauger^uxqueqes impressions produisent.
BosAi^îE. — Je connais, maintenant la cause
du rhume q\ii m'a tourmentée pendant tout
J'hiver.
SiÉfBANiB. -T- Comment n'auriez - vous pas
été enrhumée? vous éiiez atoa ««sae auprès da
poêle , à vous griller , et quand vous vous en re*
u,:,-,zf--„GoOglc
BES JEUNES DEMOISELLES. ai5
tiriez , vous étiez toute tremblaate , comme si
TOUS aviez la lïèn'e. Ceci est une leçon doot fe&-
père que vous profiterez rtÏTer procliaiQ.
Elisa. — Il serait à souhaiter que plusieurs
dames que je connais, assistassent i cette couver*
Mtion j elles apprendraient que riea u'eiit plus
funeste à la santé, que de se tenir enfermées pen-
dant l'hiver daus des oppartemcns trop chauds,
et d'en sortir ensuite pour aller au grand air , la
poitrine découverte, et vêtues comme si elles
étaient au printemps.
Stlfbanix. — 11 faut avouer que la plupart
des ieuQes personnes et des jeunes dames font
au'iourd'bui une bien cmelle expérience de la
folie et des dangers de la tnode , et que s'il en est
heauconp qui mènent une vie languissante , ou
périssent d'une mort prématurée , elles ne doivent
en accuser que ce passage fréquent et suhtil du
ciiaud au froid j auquel les expose la vie dissipée
qu'elles pre'tecdent mener impunément. Car-
doiis-no'iis bien de les imiter jamais quand nous
vivrons daus le monde, et ayons soin de consul-
ter souvent notre thermomètre , et de nous vêtir
en conséquence des avertissemens qu'il nous
donnera.
-, Google
3i6 escxçlopéo;b
XXVI* CONVJflRSATIpN.
>ÎAO. tWSAEETH, JOSÉPHINE, HORTENSE,
.AtPX-WiPAi:^^^ ÉMiUE, PAULINE.
Ma4. Ei^BABBip. — Vous rappelez - tovi
pi&? , HQpfiUse , ce que Joséphine tous ^ flpprû
4es trois gra^flç? monarchiee 7
jPqjtTENSx* -^ Oui , madame , let je ne prou
fMS eu avoir perdu un seul mot.
Mad. Elisabeth, —r Qu^l est 1« fondateur de
J'epUÎrp ^es Assyriens?
HoRTEjîÇE. :— Je pçnsg gue c'est PffjmLrod,
,A,p^M<el ^D,cc^^a Bâius,
Mjifl. £)lisa,9et^. — Ce n'ç^t 093 ce qije t<h^
# dit JlDtii^phiiie ; il npe .semble goe c'est â Bélui
,9|i'e^e ^,a,tuibué la fondation de l'empire dy
J^yr^ijis .et de la ville de Bahj'lone r quj voni
» parW 4e Kem^rod?
jUopTEH^E. -:- C'est J(^s^plilpe cUe-m^me, on
Ttte A>,sput gu'elle sv«it oublie ce noip , qu'elle
^Vrail (iû UQuapier le pceniier.
^^afl. ^L^j^nexp. — JoB^plii^e V eu r^isp?
de vous parler ainsi. Où eu sommes-nous ppi)t
aujourd'hui de nos conversations sur lliisloire.
lIoRTEMSE. .— Nqus ep^otnmes à l'empire ro-
main , qui a englouti toutes les autres monu- ,
cliiec.
-,Googlc
DES JEUNES DEMOISELLES. SlJ
Mad. Elisabeth. — Apprenez-nous donc, Jo-
séphine, ce que vous savez de cet empire, et
parlez-nous d abord de la fondation de Rome , «a
capitale .
Joséphine. — L'Histoire rapporte qu'Eae'e,
prince troycn , fuyant sa patrie , dont les Gr^cs
s'étaient emparas , aborda en Italie , dans 1^ paySi
des Latius , et qifil épousa Layinic , fille de leui;
roi. 11 ayaiit un âls, nommé Asçagne, qui lui
succéda, et il y eut plusieurs rois de. la m^nia
race. Un d'eux laissa deux lîls , AmuLusjtt lHu.-
mitor. Le premier, ayant détrôné son frère, en
entérina la fille Rliéa SylvU parini les Vestales<j
c'éiaUnt des filles qui n^ pouvaient le nfarieç
qu'à un certain dge. Rhéa Sylvia, n'attendit pa^
cetiige; elle eut deux, fijs . qui furent^exposés
Bur le Tibre par leur oncle Amulius. Ua berge^ .
les ayant trouvés , les éleva; quand ils fu^enf
grands , ils tuèrent leur oncle Amulius , et réta-
Mireut leur aïeul Numitor sur le tr^ône. Ensuit^
ild voulurent bâtir une ville dans le lieu 15Ù |«
berger les avait trouv^îs; mais ayant pris^.^ue-
relle h l'occasion de cette ville .^Bpuiul^a Vi& ton
irére B.émus , et nomma la ville qu'il bd^i^^if
Rome, desonnom. ■ . ■ , ■-:-.,-'
AuxuatiiNï. ■— Voudriorf,-^()Hs.4bi«i- vu»
dire, mademoiscitle , quels ouvdwt. «idè^enC Rn^
miUua & bâtir cel,te ville? . -
-, G 00g Le
3l8 ENCYCLOPÉDIE
JosÉFBljrx. — Environ trois cents beq^s en
£iirentles premiers bahitans.
Ehills. • — C'était donc plutôt un village
qu'une ville? Je m'étais (ait une autre idée de
RomC) et je la croyais estrémemeut grande,
par ce que j'en ai entendu dire plusieurs fois.
Joséphine^ — Rome ne fut, dans son origine,
Ai «xtrémenient grande , ni peuple ; niais elle
ne resta pas k>ng- temps dans cet état ; et Romu-
lus trouva un moyen d'y attirer des habitons. Il
fit planter un petit bois qu'on appela Bocage , et
fit piiblier que tous ceux qui avaient de mau-
vaises affaires seraient en sûreté dans cet en-
droit, et que lui ot ses compagnons les défen-
draient. Aussitôt les voleurs, les meurtriers , les
brommes sans ressource accoururent en cet etw
droit, de tous les environs, et RotUulus se
trouva à la tête d'une population de trois mille
trois cents hoonncs.
" 'Éhilte. — Avouez, madame , que Romulus
Aurait totit aussi bien &it de se faire chef de vo-
leuts. Commeiit pouvait-on vivre en sûreté dans
Rome? (/était pire qu'un bois.
Mad./Ë^iBABETH. — C'est en cela, ma cbère^
qu'il faut "admirer l'esprît de Komulus et ses
grands talens, puisqu'il trouva le moyen d'assn-
fétiri«è!peupte-de brigands h de bo&DM lois,
«[n'ils obcerrAveiit avee^actltude.
PiiTLiNE. — Je rekMvque, madatnc, qu'il
SES JEVNES DEMOISELLES. aig
n'est point qnestioD de femmes , daoa le nombre
des habitanE de la ville deRome. '
Mad. Elisabsth. ■— Il est vrai qu« les fem-
mes manquaient à cette siugulîère population ;
mais Romiilas trouva , dans son adresse et dans
son audace , le moyen de lear en procurer. José*'
phine , racontez k cas damoisellei , realèremeat '
dfls Sabines.
. Jos^HiRB. — Romulus ayant a{»pris des am-
bassadeu» qu'il avait envoyés aux peuples voi-
sins pour lenf demander leurs filles , qu'au lieu
d'oblftnîr leur demande , ils n'avaient esabjt
que des refus bumillans, tiésolut d'obtenir par
adiei^ « qu'il n'avait pu olileiiîr par des ivin ■
l^itimet.-Ëa consé()uéoûe, il fit publier dans W
Latimn une fête et des ^eux qui devaient durer
troia jours. Tous les hâbitaus des viUe« voisine*
ds Rome accoururent en foule k cette iétc , avec
le«rs femmes et leurs .filles , et surtout les SabiiM.
A la fio de la première ioumée, les Romain*
prièrent les ârongerB Centrer dans, leur Ville ,
las rtfgîdérent et Ira logèrent dans leors maicen*.
Le lendemain , comme tout le monde ^ttît oc
txxçé de ta fâe , Eomnlus fit un signal , alors
chaque Bcmala s'étant saisi d'ape fille, l'em-
porta dMis sa.nkaisoiif les portes;&rent.eBli^<rer
ment fermëes, et, le mérae jour, Ron^ulus fit osa-
rïer toute» ees filles selon les «értfoiOBÎei de leur
paya.
u,:,-,zf--„GoOglc
*iO- ENCTCLOPÉniE
. AMSANbUHs. — ^L«»pareiiK de ccâ.iîlle^ àA-
rent être bien iiTÎléjf cikt4re'\et :IIomshis ; car
vous con^teudréx- qu'il ëtaitsiTreux d'aliuscr ainsi
de U pQuEancfift de U bDbDO.rcà de. ces étran-
gers } «t fsn4 doute les iîlles. ne pumiL qu'eroir
en Kçrr^vi' des bomtueâ qni.les avaient enlevées
àleurs père* ;cl Wreit, d'unemaniére si brutale. ■
JoBEPBiNE.-^ Aussi les Sabine, à (pavepparlc-
noient le pluf grand œ>inbr« dsccsfiUfis, se pré*
parèrent-ils, pendant denx'aBS, à se venger des
Konaaini. Quand tout firtiprât, il) s'approche-
rent de Rome/pmc en faire le si^ge. Laoilade^
da cette, ville élailoBitu^»ail'ttW{i;rantl' roctier;
eUe'avaitpoar@«>ttanicnrTdrpeiut^''â6n(>lb fille,
•oiiiin^iTsrpé|idi, àSonàUboiiàcotip l'cr. -Comnis
les soldats: saUfis vvaieivt ml. bras^'âes ^brocelt^-
dont la niatltrf ressemblait àcé riche mâal, elle
toahaileît. beaucoup de .les avoir. Elle fît don<
dire à TatÎBS , roi des. Salilns, qu'elle lui:ouTri-
■alt ta parte âe,la citadelle, .s'il voolaititui>don<
i>er lee choses qkie sel soldats portalieatautE: bras;
«ar ellene sartît pas qpe wt omiment'si» Dùm-'
vmîlvttbrace^ti ' >'J
Emi-iJE. —Voilà un fafait bien infàme-de la
port de Cette )tiaie.E\la; de vouloir trahir son
père eit son {lâ^iB, pour un métal qui devait lui
Jtie ÎQidile par' Ëagrapde quantité. . ,•
■ Mad. ËiasAifira. ^ — Aquelscrimesn'entrBiné
j»u l'amour de l'or? Sans compter celui âe.XBi>
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 231
péïa, toutesiesliistoiressànt pleines de ccus qaa
ce dangereux métal a fait commettre. Une foii
.que l'aviance s'est empai'à: d'un cœur , elle y àé'
truit IOU8 les aenttmens de' la nature* , de l'hon-
neur et de la délicatesse. Il n'est rien de sacrd
pour un homme , pour une femme , pour una
jeune personne qui aiment l'or , et le profèrent à
tout. Hélas! si la société est inondée d'un déluge
de crimes, c'est à la soif de l'or que nous de vont
les attribuer ; et sur cent coupablfia , c'est le plo»
grand nombre ic(ue l'or a ren<his teh, cl qu'il a
perdus. Apprenez donc de bonne heure , mesdu-
moîselles , à mépriser un métal s\ dangereux , rt
à ne le regarder que comme un signe d'échange
pooT nos besoins ,'et non comme un instrument
d'orgueil et une>marque de supériorité sur yo>
semblables. Continuez , Joséphine,
Joséphine. — Tatitis promit, avec serment ,
àTarpéia, de lui donner les choses que ses sol-
dats portaient au bras ; mab quand elle leur eut
ouvert la porte , ib jetèrent sur elle leurs bou-
cliers , dont le poids l'eut bientôt étouffée. Ce-
pendant, 1e& Romains s'étant éveillés , coururent
aux armes, et il y eut un combat si furieaz ,
qu'il étttit k craindre que les Romains etjes Sa-
bins ne quittassent les armes qu'après s'être en-
tretués jusqu'au dernier. Mais les Sabines ne pifr
rent souteoir ub si affreux spectacle ; elles pri-
rent leurs eniàuj entre leurs bras , et se jetèrent
u,:,-,zf--„GoOglc
233 EKCTCLOPÉDIE
eotre les deux armées , qui furent obliges de
mettre las les armes ; alors, elles dirent k leurs
. pfti'ens qu'elles étaient si contentes de leurs ma'
ris , qu'il faudrait les tuer avabt d'attenter k leur
vie; et elles les firent cousentûr à faire lapais.
Il fut résolu que les Romains e( les Sabins ne
feraient qu'un seul peuple , et que Talîus serait
roi avec Romulus.
pAttLiNx. — Le dévonement et le courage de
ces femmes forment uu contrastébien touchant,
ayec la lâcheté et la trahison dfe Tarpéia.
Mad. Elisabeth. — Voilà , ma chère , en
quoi consiste la principale utilité de l'histoire;
c'est qu'après nous avoir mis sous les yeux des
actions dc'iestables , elle nous en offre ensuite
qui font honneur à la nature huma me , élèvent
l'âme, et rafraîchissent, pour ainsi âtre^ le
floeur , que les premières avaimt âétrt et dessé-
ché. Poursuivez, Joséphine.
JosÉPHiNs, -~- Tstius fut assassiné trois ans
après : alors, Romulus vajraat son autorité bi«ii
afiîermie , commença à régler les affaires à- sa fan-
taisie, sans Gonsultev les sénateurs. €eux-el,
mécoQtciis dé sa conduite , cheiehèrent à le
iàire périr. On prétend qu'ils le tuèrent dans te
s^atj et que, pour empêcher que leur crime ne
(ùt découvert , ils coupèrent son corps par petits
.morceaux, et que chaque sc^ateur en emporta
:UQj soùs sa relie : ensuite, ils répandirent le
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 3a5
brait que Jupiter l'avsit enlevé pour lé placer
parmi les Dieux ; et le peuple , qui éuit fort su>
perstitietix , ajouta foi à cette fable.
HoKTBHsx. — Dites-moi, jevoasprie, ma-
demoiselle , ce que c'était que ce Ji^iter ?
JosÉFHiMX. — Jupiter était rcgacdé par les
païeus comme le maitre des dieux et des tioof
mes j mai.4 ce n'est pas mon affaire de vous en
dire davantage k ce sujet, qui appartient k la
mythologie , dont nous parlerons un joue.
Après la mort de Komulus, il y eut de grandes
disputes à Rome , parce que les Romains et les
Sabins voulaient avoir un roi de leur nation. A
la Bn , les Romains choisirent Numa Pompilins ,
an Sabîn, qui demeurait à la campagne, et qui
n'accepta la royauté que parce qn'on lui repré-
senta qu'il pouvait faire beaucoup de bien dans
ce rang élevé. Le nouveau roi s'appliqua k adoa-
cir les mœurs des Romains, en leur inspirant du
respect porur la religion : il fit bâtir un temple à
Janus , qui avait autrefois régné en Italie, et
dont les peuples étaient si heuroui , que les por-
tes ont nommé âge d'or le temps où il vivaiii
Comme ce prince avait été fort prudent, on le
représentait avec deux visages, pour montrer
qu'il ne perdait pas de vue le passé , et qu'il pré-
voyait l'avenir. C'est de son uom que l'on a ap-
pelé le premier mois de Tannée janxner, en fran-
çais , ei janarius en latin , parce qu'on disait
■ .Coogic
324 ENCYCLOPÉDIE
que ce mois regarde TaBii^e qui finit et celiti qui
GOiiimeDce. .Le temple ^leve à Janus par Numa,
devait être fermé en temps de paix, et ouvert en
temps de guerre ; il fut toujours fermé sous le
règne de Numa , qui dura quarante-trois ans, et
il le fut encore après la première guerre punique,
fous le règue de l'empereur Auguste , à l'époque
de la naissance de Jésus-Christ.
Tullus. Hostilius succéda à Numa , et il ouvrit
le temple de lanus , à L'occasion de ce que [t
Tais dire.
La ville de Rome e'iant devenue puissaate',
prétendit l'emporter sui' la ville d'Âlbe , qui lut
avait- donné naissance : cette prétention fut la
cause d'une guerre entre les Romains et les AU
Iwins. Comme les deux armées étaient en pré-
seiice l'une de l'autre, et qu'elles allaient com-
battre , quelques personnes des deux nations
proposèrent , pour épargner le sang , de clioisir,
de chaque côté, trois hommes, qui combat-
traieut l'un contre l'autre j en aorte que la ville
dont les champions seraient victorieux^ serait
regardée comme la maîtresse d,e l'autre.
Le parti fut accepté. On choisit un champ
entre les deux armées , et on le ferma de bar-
rières. Les Romains choisirent, pour défendre
leur querelle, trois frères nommés Uoraces , et
les Albaius confièrent leurs intérêts à la valeur de
trois frères nommés Curiaces. Il y eut d'abord
SES JEUNES DEMOISELLES. 225
deux des Horâces de tuà ; mais les trois Curiaces
ëtaienL blessés , et L'Horace qat restait ne l'était
pss j malgré cet avantage', il pensa qu'il ne pou-
vait , seul , euirepFencU'e de tuer trois hommes ;
ainsi, il eut recours à la. ruse, et feignit de
prendre la fuite. A cette vue , les Âlbains pous'
sèrei^t de grands cris de joie , pendant que la
constematioD ne c^pandait dans le camp des Ro-
main^. Cependani; , les- Curiaces poursuivirent
leureDoemi, et eomme ils.n'éiaient pas égale-
ment blessés, Leur course fut inégale, et ils se
troiiyèrent bientôt séparés : c'est ce qu'Horace
avait espér^. Alors. il se retourna, les tna l'un
après l'autre , et aussitôt après les dépouilla de
leurs armes pour s'en emparer ; ii prît , entre an-
tres dépouilles , une riche écharpe que sa sœur
avait brodée poi^r.un des Curiaces, avec lequel
elle était fîancée. Lorsqu'Horace entra dans la
ville de Rome, paré de cette écbarpe, sa sœur,
i qui cette vue rappelait douloureusement la
perte de son amant , se laissa emporter k la dou-
leur , et accabla sonXrére de reproches. Horao»,
piqué de la voir insensible à la gloire de sa p»-
trie, se laissa emporter à un zèle brutal et fé-
roce , et lui passa son épée an travers du corp».
Tout le monde eut borreur d'une action si bar*
bare j Horace fut arrêté et conduit dev-ant le ttA*
qui , désirant le sauver , rei^yoya l'altaire as
peuple. Le père d'Horace plaida pour son fils
>o*
u,:,-,zf--„GoOglc
226 EKCTCLOPÉWÏE
et n'eut pu de ptine à, aiwndi-ir le [>euple en sa
fareur , en sorte i][u'i] obtint sa grâfle.
ÂLEXANDSWS. —• Quel memtre que c«f liem-
tao, <]aî luflAaSGSurl et^el injuste jugmneni
que celui du peuple , qtn le renvoie absous cTun
si grau] crime !
Mad. EiiSABETH.— Smis^ doute , Horace au-
rait été bien ctiupaple, s'il avait toé sa sœnrde
sang-froid et avec préméditatioD j mais la cir-
couftanee où il s'était trouvé le icndaîl excu-
aable, et les Romains, qu'tl venait de rendre
victorieux et raaitres de leurs ennemis , tout en
désapprouvant sa bmtalité, lircni bien de lui
pardonner , pour ne pe» décourager , à l'avenir ,
les l>ravcs qui voudraient défendre leur patrie.
ÂLSZANCRiNX. — Est- ce qu'un soldat qui
commettrait aD^ourd'liui le même crime ne se-
rait pas puni?
Mad. ËLisABETH.-~Cette question , ma chère,
est indiscrète, parée qu'elle suppose ce qui n'est
point dansi lecaractère français; savoir, qu'une
jeune personne pâl s'oublier au point de regret-
ter un ennemi de sa patrie , et maudire son
frjârc, qui reviendrait victorieux d'un combat j
ainsi , se tous attendez à aucune réponse.
JosËFHiHB. — La vHle d'Albe fut obligée , par
1* victoire d'Horace, de céder sa supériorité à
celle de Borne j mais quelque temps apr^a , les
habilans ayant pris des mesures pour u'être pas-
DES JEUNES DEMOISELLES. 33^
sonmis, Tullus la détruisit, et sa population fut
transportée à Rome.
Ânctis Marcas succéda à Tullus; il eut toutes
les qualîtës guerrières de Bomidus, ei les vertus
pacifiques et religieuses de Numa. Après la moit
de ce bon roi, UD^traoger, nommé Tarquin, qui
s'était établi à Rome , et auquel Âncus Marcus
avait donné toute sa coa&ance, usnrpa le ttône ,
et banùit de la ville les deux fils du fea roi. Cet
usurpateur fit bientôt oublier rillégitimUé de.toQ
droit, par la inanière dont il gouverna les Romains,
au milieu desijuels il fît r<!guer constamment
l'abondance et le bon ordre. Après qu'il eut été
assassiné, Servius,uu enfant qu'ilavait fait élever,
lui succéda. Ce règne fut agité de guerres -qui
durèrent vingt aïis; mais qui n'empêchèrent pas
Scrvius de s'appliquer à tout ce qui pouvait faire
le bonheur de ses sujets.
Mad. ElisabetB. — Reposez-vous, Joséphine;
vous nous raconterez uH autre jour la suite de
l'Histoire Romaine ; et vous , mesdemoiselles ,
retenez bien danS votre mémoire les faibles com-
mencemens de cet empire, qui, quelques siôcics
après , s'étendit dans tout l'univers connu , afin
qne vous puissiez, admirer là toute -puissance de
Dieu, qui, d'un petitnombre de bergers, Gt sortir
ce peuple roD.Min , qui s'éleva , comme pn im-
mense colosse, au'dessus de toutes les nations.
3^^ SNCTCLOPÉDm
XXVIl" CONVERSATION.
M*D. SOPfflE, ÉLISA, STEPHANIE, EMILIE,
JULIE, HOKTENSE, PAULINE.
Mad. SoFBiE. — Reprqnojis le fil de notre
HiGtoire Sainte, que nous avons laissée à la mort
de Moïse. £lisa, voudrtez-vous nous racomer ce
qui arriva ensuite au peuple d'Israël ?
Elisa. — Quand Moïse fut mort , Josué , qui
était un grand homme de guerre, et qui était,
avec Caleb , le seul de tous les Israélites sortis
d'Egypte , se mit , par ordre du Seigneur , à la
tète des tribus , pour entrer dans la terre pro-
mise, que l'on appelle aujourd'hui la Palesline.
^Quand tout flit prêt , l'armée et tout le peuple
se mirent en marche pour sortir du désert) mai*
ils avaient à traverser le fleuve du Jourdain. Josv^
fit alors le même miracle que Moïse aij passage
de la Mer-Rougej il ordonna aux lévites d'entrer
dans le Oeuve avec l'arche, et incontinent les
eaux s'ouvrirent et laissèrent passer tous le*
Israélites jusqu'au dernier homme.
Jolie. — Le mot mirac/e, dont vous vous ^tes
wrvie, en parlant de Josué, m'embarrasse beau-
coup; je vous prie de m'en expliquer le sens, que
je ne comprends pas.
-, Google
DES JEUNES .DEMOISELLES. aag
EusA. — Un miracle est ua ^vtfaemetit «jai
arrive contre les lois ordinaires de la nature , et
qui ii*est possible qu'à Dieu m^nie , parce qu^
Dieu seul a le pouvoir d'agir contre les lois qu'il
a établies, ou d'en suspendre TefTet.
Le passage du Jourdain ne fut pas le seul m^
racle que £t Josué. H y avait dans la terre pro-
mise une ville très - forte et entourée, de grosse*
murailles, appellée Jéricfio. Josnë voulut la pren<
dre, parce qu'elle servait d'agile et de retranche^
ment A ses ennemis j mais ce ne'fut point par les
moyens ordinaires, qui consistaient alors à éle-r
ver un grand nombre de machines contre les vil-
les qu on assie'geait) que Josuë s'en rendit mat-
tre. Il ordonua aux lévites, ainsi que Dieu le lui
avait prescrit , de faire le tour de Jéricbo , co
porunt TArclie d'alliance et en sonnant de la
trompette. L'effet suivit de près cette sînguliùra
attaque j car au moment oîi toutes les trompettes
vinrent à sonner, les murailles de Jéricho s'é-
croulérent avec un bruit épouvantable , et oir
vrirent à l'armée Israélite un large passage pour
entrer dans la ville.
Quelques temps après, cinq rois Ammorhi^ena
élant venus mettre le sit'ge devant la ville deGa-
baon , qui avait fait alliance avec Josué , celui-
ci vint an secours de celle ville , et mit en fuite
CCS cinq rois ; mais craignant que la fin du jour
a'arrâtdt les progrés de sa victoire , il ordonna,
23o EWCTCLOPÉ0IE
dans un transport que Dien lui inapirait , au so-
leil de s'arréun' sur Gabaon^ et défendit à k
lune d'avancer. Dieu exauça le désir de son ser-
Titenr, et le aoleil et la lune s'arrêtèrent un jont
entier , afin que le peuple d'Israël eût le temps de
Joawg continua de vaincre tout ce qui s'oppo-
sait à lui , et dans l'espace de six années , presque
tous les peuples idolâtres de la terre promise fo-
rent enermiués. Tout le pays fat partagé au soft
entre les tribus ; mais la tribu de Lévi n'eut point
de terre, parce qu'étant consacrée au culte de
Dien , les autres tribus devaient lai payer la
dlme de leurs biens.
Pauune. — Permettez , niadeiiroiselle, que
je vous soumette une réflexion ; si le soleil oc-
cupe toujours la même place dans le ciel, et si
c'est la terre qui tourne autour de lui, comme
madame Sophie nous l'a dit, comment peut-on
dire que cet astre s'arrêta à l'ordre de Josué ?
Mad. Sophie. — Celte qaestion , ma. chère ,
TOUS Ëiit honneur, parce qu'elle prouve que vous
réfléchissez sur ce que vous avez entendu. Il est
bien vrai que c'est la terre qui tourne autour du
soleil ; mais l'Ecriture Sainte ne s'exprinic point
comme hi astronomes , et son langage , qui est
proportionné ans intelligences les plus boi'nées,
ne s'éloigne jamais des idées commui:e^ , quand
il est question des phéuomÈ'^fS de ta nature.
■u,:,V--„GoOglc
DES JECSES DEnotSELLES. Hot
Duialc tenipff où vîv»t Jostié, et jusqu'au sei-
xième siècle , tout le monde , y compris les sa-
vons , était persuada que le soleil se levait et se
cooc^it cliaque joht; pour être «orapris, il (al-
lait donc quel'tfcrifain sacré ne s'exprimât pas
katfcmeat que tout le monde ue peasail , «t je
croi^ qae penotutene l'auraJt efitendu , s'il avait
dit que Dieu avait arrêté le mouvement de io,
terre autour d'elle-même , pour donner k Josui
le temps d'adiever sa victoire. Laissons cotiti-
naer Eliu.
Elisa. — Quelques temps après la mort de Jo-*'
■né. Dieu donna ii son peuple un autre conduc-
teur , nommé Gédéon, pour le défendre contré
les Madianites , qui éuient entrés dans la terre
de Chanaas-pour la ravager. Avec trois cents
hommes seulement , qu'il avait partagés en troiï
bandes , et à qui il avait commandé de prendre
ckacna une trompette dans une main , et dans
l'ntre on rase de terre vide , où il y- eât une
lampe , ce capitaine investît le camp des Madia-'
nites. Vers le milieu de la nuit, il entra par un
endroit du camp, et sonna de la trompette ; ses
•oldsts Grent aussitôt retentir le son de leurs
trompette», et brisèrent les vases de terre où ils
avais»! mis de» lampes ardentes , en poussant de
grands cri». A ce bruit , les Madianites , saisis de
frayeur , se mirent à fuir en désordre et à s'en-
a3a . ENCYCLOPÉDIE .
tre-tuer, dans la. persuasion oji ils étalent tjp»
toute l'armée des Israélites les ^Ursuîvait.
ÂiiËLTX. — AsSuréitaent il y a du mystère dans
cette manière de combattre , et je pense que cette
histoire renferme quelque figure.
Mad. Sophie. — Une manière de combattra ri
cxtraordiuairej était la âgure de celle dont Jésus-
Çhiîst, le véritable Gédéon , s'est aervi pour
l'établissement de son église. Les apétres n'ont
eu pour arnies que la parole de Dieu , qu'ils ont
fait retentir par toute la terre ; leurs corps , qui
n'étaient que des vases d'argile , ont été brisés
par les supplices, et il en est sorti une lumière
éclatante , qui a dissipé les ténèbres de l'idolâtri*
et éclairé toutes les nations.
IIoRTENSB Il y a long~temps que je désir*
entendre raconter l'Histoire de Samson ; n'en
approcbons-nous pas ?
Ei-ISA. — J'y pensais comme vous , m» cbèrt
Hortense , et rien n'empécbe que j,e ne vous l'ap-
prenne dans ce moment.
Lorsque Samson vint au monde , Israël était,
i cause de ses pécliés , sous la puissance des Pbi-
listins, qui étaient un peuple idolâtre. SespareM
relevèrent de la manière qu'un ange leur avait
prescrite; on ne lui coupa point les cheveux, el
il ne but point de vin , ni de toute autre liqueur
^ui pi't enivrer : il devint cependant le plus fort
DES JEUNES DEMOISELLES.' 33S
ie tous les hommes. Ay;aDt aperçy On jour un
lion qui venait vers lai en rugissant , i,l le mit en
pièces avec ses mains, aussi facilement que si
c'eûl été un chevreau. Il brûla quelque temps
après les blés des Philistins j il les batiit ensuite
et en lit un grand carnage. Un autre jonr qu'«n
l'avait liëavec de grosses cordes pour le cooduir*
vers les Philistins, il rompît sau^s peine ces cor-
des , et ayant trouvé une mâchoire d'fSne , il la
prît , et tua mille ennemis. Il se retira ensuite à
Gaza, où les Philistins, ayant appris qu'il y ëlaît,
mirent des gardes autour et aux portes de la vjll«
pour le tuer lorsqu'il sortirait. Samson s' étant
levé au milieu de la nuit, alla prendre les deux
portes de la ville avec leurs ferrures , les mit sur
ses épaules , et les porta sur le haut d'une DK>a-
lagne.
Cet homme si fort céda pourtant aux artifices
d'une femme , nommée Dalîla , à qui il ent Tim-
prudeuce de dire que le rasoir n'avait )amait
passé sur sa t^te , et que si on le rasait , il per-
drait toute sa force. Cette femme perfide ayant
averti les Philistins de ce qu'elle venaitd'appren-
dre f ceux -ci lui conseillèrent de couper les che-
veijs à Samsonpeudantqu'il dormirait, ce qu'elle
ûl} et à son re'veil , Samson , voulant faire usage
de SCS forces Gontie ses ennemis quil'entouraient,
sentît qu'elles l'avaient abandonné. Les Phîlis^
tins, donc, l'ayant pris, lui crevcreut aussitôt
u,:,-,zf--„GoOglc
234 ENCYCLOPÉDIE
ks jeux , te chargèrent de chaînée , et' le renfer-
mèrent dana une prison , où ils lui firent tourner
U meule d'un moulin. Cepen^nt, ses cheveux
commeDcérenl à rcTenir, et ses forces à propor-
tion. Ur jour qyre les Philistins donnaient une
grande fête en Vhonneor de leurs feux dieux , ils
firent venir Samson an milieu d'eux , pour s'en
amuser et s'en moquer. Celui-ci sVtant fait con-
duire soprè.'j de deux colonnes qui soutenaient
l'édifice on se tenait l'assemblée, jl les embrassa
et »e mit à les secouer ayec tant deTorce , qu'allas
tombèrent avec le bâtiment , qui l'écrasa sous ses
ruines, ainsi que tous les spectateurs,
Mad. SoFBiB. — On peut trouver dans cette
histoire une image assez naturelle de ce qui ar-
rive k une jeune personne élevée dans la vertu :
elle est invincible contre tons les efforts des pas-
sions , tant qu'elle se tient attachée aux principes
qu'elle a reçusj mais si elle vient à se laisser sé-
duire parles attraits du vice, Dieu se retire d'elle ;
elle perd toute sa force , tombe dans un aveugle-
ment funeste , et ce n'est plus que par de grands
efforts (ju'elle peut retourner à son premier étal,
et rentrer dans les sentiers de la religion et de la
vertu.
SrtPBAiriE. — Ëlisa nous a bien parlé des
conducteurs du peuple de Dieu dans la terre pro-
mise; c'est-à-dire , des chefs qui le conduisaient
à la guerre contre ses ennemis ; mais elle ne nous
u,:,-,zf--„GoOglc
DBS JEVNES DEMOISELLES. a55
a mp dit de son gouTernmMnt , ce qui «t ce-
pendant très-utile à connaître.
EuiA. — Ijes Israélitfa furent gouvernas,
après la mort de Moîm: , par des juges qui ^utteat
des hommes que Dieu choisissait lui-même, pour
qu'ils gouvernassent en son nom ; mais ce peu-
ple si inconstant et si ingrat) se dégoâta de ce
gonTemetnent divin , et demanda un roi. Le
prophète Samuel, le dernier d« leurs joges ,.i qui
ils s'adressèrent, se plaignit devant Dieu de cette
proposition j mais Dieu y consentit , en ordon*
nant toutefois à Samuel de les avertir de oe qu'un
roi exigerait d'eux, et de ce qu'ils auraient i
souffrir tous son gouvernement.
Le premier roi d'Israël fut Saîil , que Samuel
oignît d'une huile sainte , comme il s'en retour-
nait auprès de son' père, pour lui donner des
nourelles de ses ânesses , qu'il avait perdues. Ce
nouveau monarque fut d'abord humble , modeste
el reconnaissant du cboii que Dieu avait fait de
lui pour gouverner son peuple ; mais il ne con-
serva pas long-temps ces bonnes qualités , et se
rendit coupable de désobéissance envers Dieu ,
en laissant la vie au roi des Âmalécites , qu^il
arait vaincus , et en se réservant une partie con-
sidérable du bniin , quoique Dieu lui eilt or-
donne d'exterminer les Amalécites , sans rien
épargner , et sans se i^éserrer la moindre chose
de tout ce qai leur appartenait. En conséquence}
u,-,,.., Google
a56 ENCTCLOPEDIE
Samuel lui dëcUra que. Dieu le rejeUit , et.allail
lui donner un successeur.
Ce successeur se nommait David , était fib
d'IsBÏ, et menait paitre les brebis, Samuel le
choisit entre ses frères , et le sacra roi , par l'or'
dre de Dieu ;' maïs David ne monta pas sur le
tr6ne aussitôt après son sacre , et vécut înconoo
en cette qualité , pendant un certain temps , à la
conr de Saûl, qui ne le regardait que comme
an excellent joueur de harpe, et apprit bientâiâ
l'estimer ce qu'il Tallait , par l'événement que je
irais raconter.
PavliuE. — Il me paratt bien extraordinaire
que Samuel eât choisi peur roi des Israélites ,
Saùl, un conducteur d'ânesses, et David, un pas-
leur de troupeaux. f!st-ce qu'il n'y avart point
dans ce peuple des hommes nobles et distingué)
qui pussent être élevés à une aussi haute dignité?
Mad. SoPHiB. — Que vous jugez mal, ma
chère Pauline, des hommes et des dignités!
Comme Dieu seul est grand, et que tous les
hommes sont ^aux à ses yeux , la première le-
çon qu'il voulait donner aux Israélites , en leur
accordant un roi , devait leur apprendre ces gran-
des vérités, et les avertir que ce ne sont ni la
naissance, ni les richesses qui iuûuent sur son
choix, et que tout le mérite de l'homme à ses jeux
ne consiste que dans la vertu. Ëiisa , récitez-nout
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JECMES DEMOISELLES. 1*^7
cet ^vénetnent si glorieux A David j dont voiu
BOUS arez parle,
ËLieÀ.-^Saiil faisait la gaérrcauxPliilifitÎDi,'
et les arnii^s étaient camptfels l'une près de l'aoi-,
tn; aa âiorine. géant, tiommé Goliath, yint,
durant quarante jours , insulter les Israélites , c%'
iji&er le pliûliiàrdi, d'entr'eux à se battre contre
lui; petsonneu'osaitjuirépopdre, tant la l^crié,
lB:t«illeélles.^inds deoe moastreen imposaient
aux plus eoÙFqgaux. David aFriya dans ce tempo*
là à l'armée , et demanda ce que voulait c« Plli*
Usiia; d'âpre )a réponse qu'on lui fît, il déclqra
qu'il vouUit le coinbatb'e. Son extrême jeuness^
et sa petite taille furent cause quie Saul refusB<
d'abord -de eoqseBtîr à une lutte aussi in<fgale;
mais pressé par les instances de David, qui avait
attaqué plusieurs fois des. ours et des lioi^ t ■] se ^
tendit, et lui donnaiSes propses-armqs.et spn,
épée , que David , trouvAjOt trop ippÇBjmodes ,
remplaça par un bâton et une fronde , avec la-
qatille il s'avança devant 'Goliànv. Ce géant', 1«
voyant ap^rbchtr, se inô^uà 3e lui', el Vavanç^
poilf-le percer-de salaricei DiVtd', dé soii 'côté ,
£omrut ail-devanlde liii ,' et U'dn coup de'fi'onda
il lui enfonça une pierre dans le front. Ce coup
a<rantTeavev8é le Philistin, David sejetasur lui,
lurboùpa U^téle^e sa propre épéc ,icA répdndit ,'
par oatte mort, lu terreur dans toute l'artnée Ai»
Philiatios, Par cette victo)t% , David excitÂVàd*
358 ENCYCLOPÉDIE
niratian de toute tarin^ , et ceUe de Saûl , qnt
le revéïit de ses oroemeas et de ses arme*. Mai»
cette afEectien de Stiil pour David £t bientôt
place À la ialomîe et À la haine ; et ce nwlhea-
reux prince résolut de le perdre , i qodque pris
que ce fût, quoiqu'il lui eùtdouQ^ safîUe en ma-
riage. David , que Dieu protégeait TÙiblemcat,
échappa à tooleB i es ponr suites et àtoutes ses eow
bûdtes , et deTisteufiii coi de tout Iiraèl , par U
mort de Saiil , qnt se tua dé dësespoir pour noe
bataille qu'il atait perdue contre les PbUistiiis,
et par celle de ses <leux beaux-frèires, dont l'an,
qui s'appelait JoDafhas , Uaimait autant que «on
beau'péie le baissait.
Stéphanie. — Vous devez être bien fatiguée,
ma bonne amie, de nous avoir entretenu si long-
temps; si vous le désirez, je vais continuer l'his*
toire de David et de son £ls Saldniôn , avec Ta-
gr^ment de madame Sophie.
Mad. Sophie. •^11 «ttenipï, mesdemoiselbi,
^ue nous finissions cet entretien dont nous ver-
rons la suite un autre jour. Julie , feites - now
part des réflexions que vous avez ^f^îiau sujst
de cette histoire.
2m.fs.M- Je pensais il Ia:ialon»ife'd«' Seitt oc*-
tte David, et je trouvais que ce prince élût bin
iejuste d'en vouloir à un jeune honmie qui lui
avait rendu tu si grandaervice, et hion malheu-
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. aSg
renx , ear sa i^ousie ne lui laissait de repos , ni
le jour, ni k nuit.
Mad. SoPBtB. —Oui, ma (Aiice , tel est le
oractdre de la jalottsM , ce sentiment pervers ,
^m nous fait iiegnrâer â'nD manvais œil les per-
sonnes qui ont un mérite et des qualités que nous
n'avons paa; tel est, âi»-)fli le caractère de la js-
loDsie: elle est iujusleet nuisible tout àla fois.
Ne seyez jamais jalouses dequi-ique ce soit, mes-
dcmoiiteUes ; mais néjoutSBee - tdua quand vous
Tarez de^ personnes qui vandroot mieux cpic
voDSj ceirt le mo/en ide les égaler , de tous iaire
estimor d«s autres , tt d'être OHiteiites de tous*
XXVIU^ CONVERSATION.
' MAnAME SOPHIE, EUGÉNIE, CIhOUNE,
JUUE , PAULINE , ALEXANDRIWE,
ROSALIE > FÉLICTE.
Mad. Sophie.— Posrqvoi, Julie, vous ndtes-
l'Veus k rire hier , qoand tous tIws oetle tieille
lèmaw qui me 6t demander ; et pminjaoi eûtes-
liftai l'aie de U ooolrf&iret
jir Jjma..— Je tpu» «rpoe , nAdanMi que j'ai le
nutyfitut de rire des vieillea goi?. Comme mann^
al» une amie qui est fort ig/é» et n'a plue de dants.
340 EHCTCLOPÉDJE
les goimaces qoe je lui voyais feïre en parlant
me faisaient sourent rire aux éclats, et' avec tant
de force, qu'il m'était impossible de me conienir
en ca présence. C'est depuis ce temps-là que j'ai
^ris l'habitude de rire qnand je vois de vieilles
&mmes,
- Mad. SoFHis. — Apprenez qu'il n'y a rien de
■i bas que de se moquer' des vieilles gens, ou d«
■ccoT que Keu a ajïligés de quelque défAut na-
turel : les premiers méritent du respect j les se-
conds de la compassion. Jevous avoue, maeli^re,
que je sera» bien fâchée si vous ne vous corrl-
fpez pas de ce défaut, qui annonce ordinaire-
ment un cœur dur et méchant. Eugénie, dites-
nous comment on eu agissait à Sparte avec ies
vieillards,
AiEXAHDsiTfe.'-^— Je le sais bien , madame;
)C le dirai , si vous le voulez bien.
Mad. Sophie. ■ — 11 ti'est pas poli, Âtexandrine,
de répondrij aux questions que j'adresse i una
«Hire , et d'inlerrompce une conyerBaiion avant
que l'on ne vous adresse la parole. C'est là un
des plus glands 'défauts dans' lequel puisse tom-
bcrtinë jeiinëpërson'ne,' ef quiannonce le mieni
n mauvaise édv&atfon,''qâe d'e prendre la paroU
quand elle doit étouter, ^t de- vouloir niontra
ce qu'itltË Gtrft quélid- on'nS' lé lui demande pas.
Savoiï' VOns taifeysavoïrpavlei' A pr6p<^ et lai^
•et'parléi- les auttéS ," VoiU ', TiiacliÉt^ , ce qui ,
■ogic
DES JEt'NES DEMOISELLES. 24 1
dans le monde , vous fera le plus dlionaenr , et
tons attirera la considération des compagnies
que tous fréquenterez avec votre maman . Eugé-
nie, c'est à votre toar de parler.
EtroÉKiE. — La république de Sparte passait
pour avoir les lois les plus sages de U Grèce , et
i'aime beaucoup celles qu'elle suivait à l'égard
dea vieillards : il n'était pas permis aux jeunes
gens de s'asseoir en leur présence , et quand ils
venaient dans les assemblées publiques , on leur
cédait les meilleures places, X^es Athéniens,
peuple frivole et léger, n'avaient pas les mêmes
attentions. Un jour qu'il y avait à Athènes des
ambassadeurs de Sparte , ils furent scandalisés
de voir dans la foule de panvres vieillards que
l'on poussait , et qui ne pouvaient trouver au-
ame place pour voir le spectacle. Les ambassa-
deurs, qui avaient la place d'honneur, ne purent
sonffrir cela , et s'élact levés , ils forcèrent les
vieillards k s'asseoir «1 leur place , et donnèrent
par -là une bonne leçon aux Athéniens.
Mad. SopHiz. — C'est bien , Eugénie. VoiU
sans doute un beau traitde l'histoire pro£iae, sur
le respect que nous devons avoir pour la viellesse;
mais^rilistoire Sainte ne nous fournit-elle rien i
ce sujet? Parlez, Alezandrine.
AmxvotLivE. — Nouslisons dans l'Écriture
Sainte que le prophète Elisée, allant dans la ville
de Béthel , trouva en chemin uae troupe de pe-
■ogic
242' ENCYCLOPEDIE
tit« ENfaiis (j^i , voyant s« l^to.cUa.uve, se nucent
à l'in.ult^.et à KQ OtfHluçt itsÀui- ËIÛ^B;, lus
ritgarçlAt^i ifsn inaytlit au, nom du S«jgneur. Au»-
iiitût après celte mal^JictÎQtR^, ili sortît A&àx ours
d'uœ forêt voi&îae., qui d(î(4iir:^fe»t, ijuarante-
4cux de cas, petits enfmij. C^ a^ tut point par
cplèro ([v.e le sa,ial proplièto n^udù ces eniàus.,
qi^jfS.pac un rpouyâB'cut f\fX9 l'esprit d« Dîcu loi
Iu;pii-4„ aOn qu'un exemple si.tcnible pût semr
à qo^re instruction»
Cab.oi.ik¥.<—J1 &t^tpOurtM>t convenir, ma-
daos.e, que U pluf)aitdeSY.ieill«sgeBS ne Koat pat
aitoaltles > et ont de» ridjcuU's dont il est-intpot-
siWeidene. pas se moquçF. En géoéiaU, les vieil-
lards ont tcujourA lie. l'humeur, se pUig^ept sans-
cessât tPOMvent.à l'edii'e k tout ce que ton dit oa
ce que l'oa fait ., et ne peuvent souffrir les jeune»
gens,
Mnd. SopBiE, — Â^sur^ment , ma chère , U.
vieilUssen'a pas les grâces, et l'enjouement da la
jeunesse; est-ceune raison pour. s«.nioquer d'elle?
et la vieille femipe qui vondiaiit coutcefair-' la
jeune ûlle, ne'Seiajit-elle.pfB iv&uiiQent plus rîdî'
Qule qu'en mll^n>;lIv^>t topJQurti et en: faisant
bfaucpup àé. gDidnanea? Qiiftnt à l'buaieur des
vieillardsj qui les portent à tQut blâmer dans les
i«»ws gf ns , jft nei pepsfl pas <ju'elle ^ipias» auio-
rMe&wuïiTéi;à,lt(iç -manquer d^ reqte**, Quel
âg»p>,p(«.6e5)diiflptsîEtlajouçess«itt'c'»a-*-«ll*
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEtJKES DEMOISELLES. ill^^
pu nu- plus grand «otnbre que (ont autre? D'ail-
ienrs , je pense que les vieillards n'ont pas grand
tort de se plaindre des jeunes gens,surlout de
ceux d^auioQi^'hui , qui , sans iosiructibn et sons
expdrieace, vealfiaCji^er de tàut^se ciblent nés
pour donner le ton à la société , et prétendent
aswcrir à tetHttoj^iiiioiis éi k leurs go/lts les per-
sonnes dont ib devrjùénl'¥M«T(iit les conseils et
éeoŒterles'la^n»'. " '
Ba^liihk; — J"pî une vteîHe tartté l>ieD triste ,
iAm dUH^eose , hiefa manssadË , qui vante tou-
j»nra CB' qoi ■««, faisait de son tettips , et trouve
mauTait'taut ee qui se passe aujourâ'liuij rien ne ^
lui plaît, et inéïne îles' a tten liens que- Ton a pour
elleisoDt toajdûrs'priscs en mauvaise part, ce qui
rebdràsooiéié-fortâurectfon pénible à maman,
avec qui elle demeure j cependant maman n'a
pour ellaqne des procédés respectueux, el clier-
checontiuueUcmcdt les moyens de la di&traîre ,
deli^'faire'pBSderle temps^agt-éaLlèmcnt, et de
lui proenrei*: tous -les plaisirs' convenaliles à son
âgeavanoé.
M>d.SoPHiEi L-f-VottemâAian, ma clièrc, rem-
plitlr&devoii^d'unéfaotm^teremine^td'unebonne
chrétieniM , ei elle doit espérer de recevoir à son
tour 1* rëcoiïipense-des bons procédés qu'elle a
poDr«a tanifri qnsndclle sera parvenue à la même
vieillesse'; car les .vieilles gens , ne nous y trom-
pons-pas-, soat comjiris dansle quatrième com-
u,:,-,zf--„GoOglc
a44 ENCYCLOPÉDIE
mantlement , oîi Dieu noa^ ordonne d'honorer
nos père et mère , si nous voulons vitre longue- .
ment.
KosAlix- — Je ne comprends pas cela , ma-
dame ; est-ce que les vieilles personnes sont nos
parens ?
Mad. SoPBJE- — Le qnalrième commandement
de Dieu ne nous ordonne pas seulement d'honorer
nos père et mère, mais encore tous ceux gui ont
quelque autorité sur ooo^; or la parenté n'est pas
la seule chose qui donne aux autres de l'autorité
sur nous , et la vieillesse principalement porte
avec elle un caracttre de supériorité qui com-
mande nos égards et notre respect.
BoSAUE — Je ne conçois pas trop comment
une vieille femme. peut avoir de la supéiioriU
sur une jeune femme,
Mad, SoFHiK. — Cette vieille femme , ma
chéce , dont vous faiies si peu de cas , a l'expé-
rience d'une infinité de choses que voua n^avei
jamais vues et que vous ne verres jamais , et la
- sagesse, précieuse qualité qui est le fruit nainrci
de cette expérience: or, quelle qualité doit rendre
une femme plus supérieure aux autres femmes ,
que celle qui lut donne le droit de les instruire ,
de les avertir et de leur montrer le chemin de la
vertu? West-ee pas là une espèce de sacerdoce,
et le vieillard n'est-il pas , en quelque manière ,
un ministre du ciel , consacré par le temps qui ,
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 2^5
en blanchissant âes cheveux , a voulu le recom-
mander au respect des gi^ndrations qui viennent
après lui ?
Félicie. — S> l'&ge donne de la supériorité ,
je dois donc , madame , regarder ma sœur atne'e
comme au-deasus de moi? Cependant , je vous
Vavouérai , rien ne me fei-ait plus de peine que
de me soumettre à, elle , et de lui témoigner du
respect.
Mad. SoPHiB. — Sans doute, ma chère, vous
devez des égards & votre stEur aînée, car l'aînesse
est un droit véritable, qui a toujours été reconna
chez tous les peuples ; mais c'est pousser trop
loin la conséquence de ce que j'ai dit relativement
â la vieillesse, dont la supériorité ne consiste
pas précisément dans le nombre des années ,
mais dans l'expérience et la sagesse , qtii en et>t
le fruit.
Paulink. — Un jour que mamao avait été
bien tourmentée par ma vieille tante , je lui de-
mandai pourquoi elle en supportait la mauvaise
humeur avec tant de patience et de douceur ;
■voici ce que maman me répondît : Il est vrai ,
Paulin^ que votre tante prend souvent de Thu-
meur } mais que dois-je faire dans cette circons-
tance? la chagriner et lui faire des réponses im-
polies et malhonnêtes? Elle est bien assez à
plaindre d'être vieille , et de ne plus voir devant
elle d'autre perspective que celle du tombeau ;
u,:,-,zf--„GoOglc
9.l[.ft ENC¥GI.OPliDIE
faut-il que j'ajoulc à la trUte$se'de sa situation
^ai d^ duretë5,,.eti]ue je la.mépiiLse pour .être
parvenue i un âge où peut-être nous n'arrÎTS-
rpas jamais ni l'u>^ ni l'autre? Non, non,
cjuelles que soient les bizarfericsactaelios de son
esprit, je me garderai hien de m'en pcévaloir
pour être ingrate et injunle k soti égard. C'est
cette tante, ma chère enfant, dont l'expérience a
formé mon adolescence ; c'est elle qui m'« appris
à connaître le monde, à me méfier de ses taux at-
traits, d clioisir mes societiis , A ne pas confondre
la fausse -aii;iitîé avec la vétîtable ) à-ne jamais me
compromettre par mes liaisons ni par mes drs-
coui», et à,pfi?fe'rcr les pures jonissances-de fin-
tcrieor (Je nia famille, aui plaisirs bruyans d'un
monde qui clierclie moins à se fécrtVr qu'à s't-
tourdir et à -se fatiguer. Cetle clièro tante, nie
croircz-vous, est encore aujourd'hui la personne
dont les conseils me sont les plus utiles , et des-
quels je me suis le mieux trouT<ïe dans plusieurs
aSàÎL'cs , oii ma'.aa^ottti en défaut me fornail de
recouru.' aui liunièreâ df sou ■expérience.
Mad. Sophie. — VoUà do beaux sKutimens,
ma.clièteî je tous invite^ siiivre les^^xemples et
les leçons d'une mère si bonne , si raisonnable et
si reconuaissanie. Que Dieu bénisse celte eîccl*
lente nièce, et accorde de longs joursi une tante
qui lui a inspiré tant de raison et de vertu !
Paoljn£. j— Je vous promets bien, madame,
u,:,-,zf--„GoOnlc
DES JEUNES DEMOISELLES. 24?
d'aimer et de respecter beaucoup ma TÎeilIe tante,
etméiiM! toutes le6 -vieilles gfns que je connaitrei;
et qaaod je serai grande fille de Jour demander
et de suivre leurs conseils.
Eugénie. — Je croîs que ce sera faire beau-
coup mieux que de suivre les conseils des jeunes
personnes qui, en général, nV-coutcnt jamais la
voix de la raison j et pour qui la sagesse n'est
qu'un mot vide de sens.
Mad. Sophie. — Dites-moi, Eugénie , cette
réflexion est>elle de votis , on si tous l'avez lue
dans quelque ouvrage ?
EasÉNiB. — Il me semble, madame, qne je
Vu lue, mais jie ne me rappelle pas dans quel
ouvrage.
Mad. SoPHis.->-- Cette r<iflexioii est juste, k
quelques égards, maiselle ne me parait pas bouTie,
prise dans un sens génc'ral. J'aurais beaucoifp
mieux aimé que vous eussiez dit que la sagesse
n'est qu'un mot .vide de sens pour un grand
nombre de [eunes personnes , parce que vous
noricz fait enttndro qu'il y en a quelques-unes
dont les exemples et les conseils soirt bons à
suivre, ce qui est-rrai.
EoGÉTiiE. — Amsîj quand j'ai dît en général,
ai-je voulu faîre-enleiidre qu'il y avait- des excep-
tions à faire parmi les feunes personnes.
Mad. Sophie. — J'espère qne Julie profitera
de celte cou versa tien , et que je n'aurai plus que
u,:,-,zf--„GoOnlc
248 ENCYCLOPÉDIE
des éloges à lui donner sur son respect envers les
-vieilles gens , quel que soit leur sexe et leur étal.
Vouspouvei maintenant, mesdemoiselles, aller
TOUS divertir dans le jardin.
XXIX- CONVERSATION.
Mad. ELISABETH, ALEXANDRINE, ADÈLE,
AMÉLIE, EMILIE, HORTENSE.
Mad. Elisabeth — Vous ^tes-vous préparai
Amélie, à nous entretenir des principaux états
de l'Europeaprès la France?
EuitB. — J'espère , madame, qoe vous serez
contente de moi , si toutefois ma mémoire ne se
trouve pas en défaut.
I^îad. Elisabeth. — Comme les états du midi
et de Test de l'Europe sont les plus agréables à
parcourir, vous voudrez bien nous en faired'abord
la description avant deparlerde ceux quisoutau
noid et à l'ouest,
Emilie. — Au mididel'Europectde laFrance,
entre l'Océan et la Méditerranée, on troufe
l'Espagne, royaume possédépar un prince de la
maison de Bourbon. C'est un pajs très-fertile,
mais mal cultivé.
L'Espagne eslarrosée par cinq grandes rivières,
DES JEUSES DEMOISELLES. ^49
3ont quatf^, savoir , le Tage , le Douro , la Gua-
dianaetle Guadalqnivir, se jettent dans l'Océan;
et la cÎDquième, l'Èbre, porte ses eeax dans la
Mt^îterranée. OnladiTiseen quatorze provinces,
dont l'Andalousie eslla plus belle et la plus riche,
ei dont les chevaux «ont très-renommés. La ville
de Madrid est la capitale de toute l'Espagne.
C'eKt une ville pins grande que belle , dont on
porte la population à trois cents mille hahitans.
Le roi y fait sa résidence : le palais qu'il habile
estricheotent décoré. O'iui do l'Escurial , où l'on
enterre Ips princes de la famille royale , est à sept
lieues de Madrid. La population de l'Espagne
est d'un peu plus de dix millîoDS dliabitans.
A l'est et au midi de l'Espagne, est situé le
royaume de Portugal , où n^gn'e la maison <îe
Bragance. Il est divisé en trois parties, dont l'Es-
tramadure est la plus commerçante et la plus
riche. La capitale du Portugal est Lisbonne , qui
£ut presqn'enti élément détruite en i^55, par un
tremblement de terre. On évalue la population
de ce royaume à trots millions d'hahitans. La
langue difT^e peu de l'Espagnol. La religion ca-
tholique T est la dominante , ainsi qu'en Espagne.
Mad. Elis.vbbth. — Keposez - voua un peu ,
Émétie, Adèle nous pariera des pays de l'Europe
qui sont situés k l'est.
AnKLX. — Ainsi c'est de Vltalié que je dois
pai'ler. Ccltecontrée est comme une grande pres'
aSo EpiCYCtOPÉDIE
qu'ile, eatour^ des eaux de U^ M^iteiran^^,
excepté du cMé àe l'AllettiagnË «t de la France ,
dont elle et.t g^o^e par.lps Alpes. £U« a 2^
lieues delong, eirApeuuiii 1) traverse utu in-
terruptioD dans toute cette éteodue. C'est de cette
chaîne de monUgaei>,>ept,ce ^quelles 00 dis-
tingue le Vé:>uve, tfui jeUe dc6 Aasimes depuis
UD grand nombre de siècles, que sortent les ri-
vières du Tibre et de TAmo, ^ont la première
passe à Rome; les Buires rivière t[ui fw'tilisent
cette belle contrée , sont , le pô , l'Adige et le
Te'&io, qui sorteut des Alpes , et se |ettettt«oaiuie
les premières, ,/Lms la Médîterrnëe.
L'air de l'Ilalieestj $&ggik^aJ.,plu$ chaud que
tempéré, surtout dam sa pai-ti«méi'i|lioiialej elle
produit toutcequi'est'iiédassaiqB tuïbe^iitsde
la vie ! du blé , du vin, <le l'huile , toutes sortes
d'excellens. fruits, cQinine des Oranges, des ci-
trons, des grenades, des. amandes, etc.
L'Italie est divisée en parties : 1°. Les états du
roi de Sardaigne, savoir: la Savoie, capitale
Chambéry ; le Fiémout , villes principales , Tu-
rin , Alexandrie ; L'état de Cènes ; villes princi-
pales , Gènes, Sflvone , Chïavari,
3°. Le royaume Lombard Vénitien , qui com-
prend le duché de Milau , villes principales , Mi-
lan, Crémone, Mantoue; l'état de Venise, villes
principales, Venisi,', Bergame, Véroune, Tré-
-, G 00g le
bES JEUÎ^ÉS ÏÎEMOÎSELLES. 25t
3'. JLe gïand duclirf de Toscane , \ illes princi-
pales , FtoTtfnce tt Livonrnc.
4 '. Les élats du pape , f|ni Fonjt divBès en neuf
provinces , dont la principale s'nppclle la cam-
pagne de Rome , que les Latins a^rpelaient au- j
trefois le Latiiim. Sa capitale est Rome , ville an-
cienne et célèbre qni l'iil autrefois la reine du
monde; eifeert la résidence du Souverain-Poh-
tife , le pasteur universel de IV^lis'e catlioliquc ,
qui y possède deux superbes palais : l'un d'été ,
qui est Mont-Cavalio , et l'autre d'iiiver, qui est
le F'atican. Dans le grand tioraîne de ses tem-
ples , on remarque surtout l'église de St.-Pierre
de ^omc, h laquelle nulle autre ne peut ^tre
comparée , soîi pour l'étendue , soit pûur la ma-
gnificence de sonarciiitectnro.
S". Le royaume de Naples j c'est tin excellent
P&yâ , quant k la fertilité du sol ; mais les érup-*
dons da nionl Vésiive sont un vrai fléau pour ca
royaume : ce volcan est situé dans la terre de la-
bour , k quali-e lieues de Naples. Le royaume de
Kapics est partagé en quatre grandes provinces ,
dont la première , qui csllû terre de labour, ren-
ferme la ville de Naples, capitale do tout le
royaume , située au fond d'im golfe j sur le bord
de la mer; elle a un des meilleurs ports de la
Méditeïrane'e. La Sicile, qui est une grande ilè,
fait partie du royaume de Naples, dont elle n'est
séparée que par un petit détroit, qu'on appelle
>o.tlc
2^1 ENCTCLOPÉDIE
le Phare de Messine. Palerme est la capitale de
la Sicile; c'est uDe graade et belle ville.
Mad. Sf,iSA.BETB. — On ne peut voyager ,
Adèle , avec plus de ctîlëritë qae vous le faites ,
et je doute qu'un ballon , poussé par le vent le
plus fort , pût parcourir , en quelques heures , les
pays que tous visitez en quelques minutes. Si
vous n'étiez point encore fatiguée de-votrecourseï
je vous inviterais à nous parler de la Turquie
d'Europe , que ces demoiselles désirent beaucoup
connaître , parce qu'elles ont souvent entendu
parler des "rurcs, et du Grand-Turc , qui les
gouverne.
ÂnÈtE. •— La Turquie est un des plus grandi
empires du monde; il a son siège en Europe, et
s'étend en Asie , et même en Afrique; la religion
de Mahomet y est la seule dominaute. L'empe-
reur a le titre de sultan ou de grand seigneur , et
sa course nomme la Porte^ on la •S'ufrAVne-Portt;
il foit sa résidence à Constautinople ,. dans un im-
mense palais qu'on appelle Sérail.
La Turquie d'Europe se divise en quinze pro-
vinces. Dans la Aomanie, est située la ville de
Constantinople , capitale de tout l'empire , sur le
détroitqui porte son nom, lequel joint la mer de
Marmara avec le Pont-Euxin : c'est une des plus
grandes villes du monde, et une des plus belles.
Les hôpitaux , les places publiques et les mos-
quées qui sont les temples des Turcs , attirent
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUKES DEMOISELLES. 35S
l'attentioD des voyageurs. La mosqnëe de Sainte-^
Sophie , église bdtie par l'empereur grec Justi-
nien , est encore anjourdliui un des plus beaux
temples du monde.
HoHTEKSE. — Un jour que chez papa on par-
laitdçla TÎ Ile d'Athènes , quelqu'un dit qu'il était
bien dommage qne cette TÎIle , ainsi que tant
d autres, comme Th^es, Sparte, Corinthe, etc ,
qui faisaient l'ornement delaOrèce, appartins
sent â un gouvernement barbare comme celui des
Tuics } est-ce qne la Grèce &it partie de la Tur-
quie d'Europe ?
Mad. Elisabeth. — Oui, machcrej tons ces
pays si célèbres dans l'histoire ancienne sous le
nom de la Grèce et du Péloponnèse , et qui con-
tenaient les villes que vous avez nommées , sont
compris dans les deui provinces turques de la
Livadie et de la Morée , qni est une péninsule
sur la mer Méditerranée. Cest un spectacle bien
déplorable , et qni est bien &it pour nous con-
vaincre de rÏDStabilitd des choses humaines , que
l'état de barbarie et de misère o& sont réduits
tant do peuples dont les aïeux se rendirent si il-
lustres dans la philosophie, la littérature et les
beaux-arts. Qui pourrait penser que l' Apollon da
Belvédère et le groupe de Laocoon sont les ou-
vrages des ancêtres de ces misérables Grec* , qui
gémissent aujourd'hui sous l'esclavage d'une na-
254 ENCYCLOPÉDIE
tioR barbare et stupide? Adèle , continnez votre
voyage.
Adxi(E. — Outre ces quinze provinces, gai
composent la Turquie d'Europe , il laut compter
de plus les Ues connues sous le nom des lies de
l'Archiftel : elles sont eu très-graud nombre j la
plupart BOAt fertiles en grains , en vins et enoli-
vesj leurs Uabitans sont, en grande partie, des
chrétiens Grecs. Candie, qui en est la plus
grande, est l'ancienne lie de Crête , où Jupiter
fut élevé , et où se trouvait ce fàmeus 4abyrint1œ
qui fut regardé comme l'une des sept merveilles
du monde.
Mad. Ei.i^ABETH. -^ Puisque voue nous parler
delà (nytliologie , dites-nous comment se Domme
«ujourdliui l'Ile où Diane et Apollon vinrent au
monde.
ÂDEtE — Elle n'a pqs cliangé de nom , et elle
se nomme, comme autrefois , Dulos,
Mad. ËLiSACETB. — A votre tour, Alcxan-
Alexandribe. — Vous m'escuserez, madame,
si je ne guis point aussi avancée qu'Adèle , et si
je ne puis pas entrer daus les mêmes détails.
Mad. Elisabeth — Ce n'est point non plus ce
que je vous demande; car je sais fort bien de
quoi vous êtes capable. Dites-nous seulement ce
que vous avez retenu de yotre carie d'Europe.
.-.Coogic
DES iEt'NES DEMOISELLES. a55
ALEXiHDRisE. — AunorddeLiTtiiiqme d'Eu-
rope , se trouvent la Hongrie et la Russie. La
[iongrie est un royaume partrculier, qvù a{)pai>
tient à la maison d'Autriche , el dont le Bttde
tst la capitale. C'est un pays très-fertile , d oii
l'on tioiive d'ex ce lie us pâturages. Jjôs Hongrois
sont pfes([ae tous catholiques , et otit la ix^piita-
lion d'être très-CTurageus. Ses principales riviè-
res sou4: le, Danube, la Save et la Dravej et ses
montagnes , les inonti Krapachs , ijui la séparent
de la Pologne.
Mad. Elisabeth. — Puifitjue vous avet corn-
menci! par la Hongrie , vous ferez bîeu , pour ne
pas revenir sur vos pas , de nous entretenir de
suilc des autres possessions de la maison d'Aï*-
triclie-
Alcxandrine. — Outre le royaume de Hon-
grie , l'empereur d'Autriclie possède encore ce-
lui de Bohême , pays fertile en grains et en pâ-
turages. Prague, ville forte, en est la capitale.
Les Bohémiens sont grands, bien ialts et fort
adroits. Leur langue est mêlée d'esclayon et d'al-
lemand.
La Moravie est un marquisat voisin de la
Bohême , dont Olmutz est la capitale.
L'archiduché d'Autriche, dont la capitale est
Vienne , sur le Danube , ofi l'empereur fait sa ré-
sidence.
Au nord de la Gallicie, en la Russie, ce vaste
256 EKCYCLOPKDIE
empire qui a plus de s» cents licus de long , sur
cinq cents de large , sVtend depuis la mer Balti-
que , jusqu'au-delà du moût Caucase, eu Asie.
Saint-Pétersbourg , située à l'extrémité do golfe
de Finlande, eu est la capitale. C'est une ville bâ>
tie depuismoins d'un siècle, par l'empereur Pier-
re-le-Grand. Elle est remplie de beauxet de vastes
édifices; les arts et les sciences y sont trts-flo-
rissans. Moscow est la seconde ville de Russie ,
dont elle était la capitale avant que Saint-Péters-
bourg fût bâtie.
Les principaux fleuves de la Kussie sont i le
f^olga, qui se jette, en Asie, dans la mer Cas-
pienne ; le Don , qui a son amboucliure dans la
mer Noire, ainsi que leDuiéper; et la Néra, qui
se jette dans le golfe de Finlande.
La Russie n'est pas peuplée à proportion de
son étendue; mais elle fait un grand commerce ,
et sa population s'accroît de jour en jour.
Mad. ËLisADETH. — Hâtons-nous, le temps
presse. Amélie , achevez ce qui reste à dire des
autres états de l'Europe.
Amélie. — De la Russie on passe en Suède,
qui est un royaume borné à l'Orïent par la Rus-
sie , à l'Occident par la Nonvège , au Nord par la
mer Glaciale , an Midi par le détroit du Snndet
la mer Baltique. Il y a dans ce pays beaucoup
de mines , qui en font la principale richesse. I^
Suédois sont en général bien faits , polis , bwu
DES JEUNES DEMOISELLES. 35'J
soldats , et on « dît qu'ils éuîeni les Français du
Nord. On divise U Suéde en sept j^rties. La
principale est la Suède propre , dont Stokholm
e«t la capitale, ainsi que de tout le royaume. Au
nord de la Suède,' est située la Laponie , pays
placé presque entièrement sous la zone glaciale ,
où il n'y a que deux saisons , Yéiê et Tliirer.
Pendant Vét£, le soleil y reste trois mois sur l'ho-
rison , et se cache trois mois pendant l'Iiiver t
ce qui {ait que la dialeur y est aussi insupporta-
itie que le iroid y est rigoureux.
HoRTBirsB. — Ainsi , les habitaus de ce pays
doivent être bien malheureux, et-ne doivent pas
beaucoup ressembler aux Français ?
AxiLit. — Les Lapons mènent une vie qoe
nous Jugeons très - misérable , mais qui , sans
doute, ne l'est pas autant que nous nous l'imagi-
nons, parce qu'ils y sont accoutumi^s dès leur
naissance , et que la Providence , qui les a placés
dans cette triste région , leur y fournit des
moyens d'existence , et même des plaisirs pro-
portionnés â la grossièreté de leurs organes. As-
surément ils ne ressembleat pas aux Français ni
aux autres peuples , car ils sont très-petits, et
fort laids ; mais peut-être le plus laid d'eulr'eux ,
par rapport à nous , est-il le plus beau par rap-
port à eux, qui ne peuvent point juger àa la
"beauté par comparaison.
Mad. EusABSTS. — Ce que vous venez dire,
u,:,-,zf--„GoOglc
258 ENCYCLOPÉDIE
\in^îe , est fort juste, mais je ne sais ^oand
vous £n*cz , si -vous faites encore des ré-
flexions.
Amélie. -^ Dans le voistuage de la Suède, -est
situé le royaume de 'Danemarck. Xa temp^-
ture de ce pays est à peu prés la même qu'en
Su^de ; mais le sol est, en général, plus fertile.
La capitale-du Danemarck est Copenliagne, doAt
le port est on des plus beaux de l'£ui-ope. 'Les
Danois sont brKvcs et généreux , et aiment les
belles-lettres et les «ciesces.
La If orw^ , (Etude entre la SuÀde et la mer
dui^ford, est mn grand pays très-froid et peu
fertile , pres^ie toiit couvert de montagnes et de
Ëscéts qui fournissent une grande quantité de
bois de construction pour la marine. Bergfan
passe pour la plus forte ville de ce pa^'ï , et pour
un des plus beaux ports de TËurope.
L7slande est , après l'Angleterre , la pins
grande iie de la mef du Nord ; elle est couverte
de hautns montagnes , dont la plus considérable
est le mont Ilécla , qui jette souvent des flam-
ni<!s, et cause de grands ravages dans le pays.
Les Islandais, qui sont fert ignorans, croient,
dit-on, qu'une partie des âmes des damnés souf-
fcent, dans cette montagne , les peines qu'elles
ont méritées , que l'autre partie est condamnée
à geler éternellement dans les glaces qui avoisi-
uent leur ile.
-,Googlc
DES JEUNES DEUOIWLLES. sSq
Alad. £i,TSABETH. — QuAigue c«s -bons Élilan-
âais soient bien supersUtieox d'avoic une iftlte
croyance, il me semble mja moins qu'elle -^oit
beaucoup influer sur leurs mœurs «t sur leur
conduite, et que si les autres peaplss de l'Eu-
rope , les Français entr'autres g-élaient aossî goD'
vaincus de l'existence d'une -autoe ni* st des
peines qui j soat réservées «ux tnëdians, ils
pratiqueraient mieux.la verta,,el les crimes s»-
raicnt inGnimeut plus rares parmi eux. Prépa-
rez vous toutes, mesdemoîselLea, pour Jietre pro-
chaine coBversation, et penses qu'il nftas reste
encore un bien long chemin à faire.
XXX' CONVERSATION-
Mad. SOPHIE, ÉLISA , -STÉPHANIE, ÉMIOE,
AtEXANDRINE, AGLAÊ, PAULINE, RO-
SALIE.
Alex^mdbine. —Puisque nous voilà:
bWes pour la conversation sur l'IiiKtoiBe nafen-
relle et l.i physique, je vous ferai, madame,
une question relative au régime de lasantéque
Je ni(!decin me prescrivit derai^emMt- -le na
pcDSc pas, me dit-il, mademoiselle^ que la
viande tous fasse du bien; je vous conaeiUeraii
u,:,-,zf--„GoOglc
a6o ËNcTcLop^Die
de faire usage des v^gétauTC , qui se digèrent plus
aisément, et produisent peu d'humeurs. Comme
je croyais qu'il vous avait parlé de cette ordon-
nance, je ne vous en disais rien , et j'attendais;
mais puisque ma nourriture n'a pas changé, j'ai
lieu de penser que le médecin ne m'a donné
qu*Ltn conseil vague, et auquel il n'altachaît
aucune importance , ou que vous ne jugiez pas
i propos de le mettre en pratique à mon égard.
Mad. Sophie. Je pense , ma chère , comme
le tnifdecin , au sujet de la nourriture qui vous
convient, et son ordonnance sera bientôt mise
à eTécution.
ALEXAin)STNB. — Comme jen*ai)amais entendu
parler des végétaux, que cette fois seulement ,
voudriez-Tons tien me dire ce que ce mot signi-
fie , et ce que c'est qu'une nourriture composée de
végéuux ?
Mad. Sophie. ^ N'avez-vous donc jamais
mangé des éptoards , de l'oseille , des asperges ,
des artichands, delà salade ■*
Alexandrins. — Pardonnez-moi , madame ;
nous en mangeons ici très-souvcnt , et l'on eo
sert aussi de temps en temps sur la table de mon
papa.
"Mad. Sophie. — Eh bien , ma cliàre , on ap-
pelle toutes ces plantes des végétaux.
Eliza. — Comme on appelle minéraux , l'or,
Taisent , le fer , le cuivre , etc.
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEimES DEHOCSCIXES. 26 1
Mad. SopBiB. — En g^dnl , toutes les
liantes qui craisseat sur ta terre, depuis l'herbe
a plus petite , iusi]ii*À l'arbne le plus âsvé , sont
les végétaux.
Alexahdribs. — Sommes-nous des végétaux , .
madame ? Les béies , les oÏMaux-et les poissons
sout> ils aussi des végétaux i
Mad. Sophie. — Veuiltex bieq ,' ma- cbére •
Elisa > apprendre à Alexandriue et à ces demoisel-
les combien il ^ a de règnes dans la nature j j'ex-
cepte toutefois Stéphanie , qui est fort instruite
sur cette matière.
EiisA . — ' Les sarans qui s'occupent des cho-
ses naturelles , ont partagé en trois classes , qu'ils
appellent règnes , toutes les producLiong de la
nature. Tous les êtres qui sont animés , l'homme
y compris , composent le régne animal ; toutes
les plantes forment le règne végétal , et tontes les
matières qui sont renfermées dans le sein de la
terre, sont comprises dans le règne minéral.
Mad. Sophie. — Comme nous avons déjà
parlé des me'taux , qui font une partie essenliellfr
du règne minéral , tous n'aurez, Elisa , qu'A
nous entretenir des animaux ; quant aux végé-
taux , ce sera l'afiaire de mademoiselle Sté-
phanie.
Eliza. Tout ce qui a vie sur la terre est de la
classe des animaux \ le plus parfait et le plus
noble de tous , c'est l'homme , parce que lui seul
u,:,-,zf--„GoOglc
1
aCa KNCTCLOP^DTE
est. doit^.dA la raison, â<nirroirs les autres sont \
^thé». L'bomme Mul a une- futeUigeOce qui lui
faitrdisceroer lebienetle ural^ et par laqurDcil
s'élève à la conuaisauce et à la contctnplatron de
la diviaité.
BAULiHSi— fist^ceqTtfe'lesaiitreâ'aiiiUiàux'DODt
' pas la raison en partage? Cepeudaut, il y a des
cbicas-qui aaBt- si r«conuaissaas ; si' altacliës à
lenrniattre, que l'on' croirait cju'ÏU ^otit raison-
D«bles;ei'il y a d'autrrs' auitnaux qiii font des
choseti^ue'rbommeiiè<pbui'raît£iire, avec toute
eon intelligence.
Mad. SAïBiEi ii'botnme'seul est'raisonnable;
EBkis les autres animaux ont Uii' instinct naturel
que la 'Provideace Lettra doniiéi afin qu'ils puis-
ecat vettlerà lewrpWpre couservàlîon. Nous ne
conlvaitson»' point- la nature de cet liistinct, et
nen^-sàvons fort bien que ce n'est pas la raison,
pnîs^'il n'-en' proihiit pas les Effets.
ELiM.'-Jj'eâ'auiiBaussont, ou bipèdes, ce sont
ceuX'qni ont d^uz pieds, comme Vliômme,et les
oisfauc ; ou quadrupèdes , ceux qui en ont quatre,
comme Ifl' cboval'j ou reptiles, ceux qui u'en
OBt point; et rampent sur la terre, comme ki
•erpeus. Il y eu a d'autres qui ont un grand nom*
bre de pieds,- comme les insectes, et d'autres
qtnn'ont'qiM clés nageoires, comme les poissons.
B:<iSAi.iB. — Leb oiseaux, qui ont deux piedi
«tdtfrallM, sent,. de tous les animaux, ceux que
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEV.NES DEMOISELLES. 363
je préfère , et j<t trouve i[ne- leur sort est bien'
heturaus de pouvoir se. promener sur la terre et
daos le ciel ; cac rien n est plus chArment qu«>
lie voltiger çà.et là debrancheen branche, sur
les .arbr«i et dans les bosquets.
Mad. Sqpbie.— 'P^etiondriêz-voTis-pas mt peu,
ma chère , du caractère des oiseaux î et ne se-
raitice point pavoe qpe.vous leur ressembles, un
peu , par votre Irgèret^, que tous les priSférea à
tous les autres animaux?
Et-isA. — Sii les oiseaux ont un sortogr^abU.
selon Rosalie , ce n'est gas une raison pour qu'elLcf
doive les estimer plus que lesaVitres animajixs;
car U en est beaucoup de ces derniers qui sontr
infiniment plus utiles, k l'Iiomme que tous les
oiseaux qui volent dans les airs- Quel animal,
par exemple, est plus utile que le bœuf, que
l'on emploie pour labourer la terre ? que le che-
val, qui sert à nous transporter d'un pays dans
un autre -, et à traîner les- fardeaux- les plus pe-
sans7 que la brebis, qui nous donne son lait et
□oushabille-de sa laine? quelle chien, qnt garde
nos maisons , et empêche les voleurs d'en- appro-
cher? Au rester chaque animal a son utilitt! par*
lîenliire , et cstdéutf d'une qualité qui le distin-
gue de tous les autres.
Emiiie.. — Ainsi, l'éléphant est le plus gros des
animaux , et celui qui montre le plus distinct.
Elisa.— 11 est bien viai que-l'éléphant est celui
u,:,-,zf--„GoOglc
a64 ENCTCLOPÉDIE
de loos les animaux sans raison qui moDtre ie
plus d^instinLt, je dirai m^me le plus d'intelli-
gence} mais cenestpaslcplas gros. Pour parler
avec justesse j il faut dire qu'il est le plus gros des
quadrupèdes , comme l'autruche est le plus grands
des oiseaux , et la baleine le plus grand des pois-
sons?
EuiLiE. — La baleine est donc bien graode?
Elisa. — Oui , ma cbère, il y en a qui ont
plus de cent pieds de long, et qui ressemblent à
des lies flottantes. On en trouve beaucoup dans
la mer du Mord , et au Groenland , o& les An-
glais et les Hollandais vont en pocher tous
les ans.
ÂOLAÉ. — Je croyais qu'il j avait an poisson
plus gros que la baleine ; c'est celui qui man^
des hommes tout entiers.
Elisa. — Il s'en faut bien que ce poisson , ma
chère , soit aussi gros que la baleine ; mais il est
iufiniment plus fëroce , et sa gueule est si large ,
que l'on en a trour^ qui avaient dans le venire un
homme tout entier. Ce poisson se nomme re-
quin; il suit les vaisseaux , pour dëvorer les
hommes qui tombent dans ta mer , ou les ca-
davres que l'on y jette- Il est parmi les poîssoof
ce que le tigre est parmi les quadrupèdes , le
vautour parmi les oiseaux , et le serpent & son-
nettes parmi les reptiles, et ce qu'un méchant
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 265
homme où une mécliante femme sont parmi leurs
semblables.
ÂLEZAKDBINE. .— VoilAua singulier serpent,
que celui qui a de sonnettes ! est-ce que ces son-
nettes foD t du brui t ?
£1lisa- — Comme ce serpent , qui se trouve
en Amérique, est très-gros et très -dangereux,
la Providence , qui a voulu l'empêcher de faire
tout le mal à quoi il est portt! par sa férocité , lui
a donné une espèce de sonnettes^ dont le bruit
pât avertir les hommes où les autres animaux
qui se trouveraient dans son voisinage. Ces son-
nettes sont placées à l'exteémité de sa queue , et
sont composées de plusieurs petites écailles qui,
venantà se heurter quand le serpent est en mou-
vement , produisent un son assez semblable à ce-
lui d*nne sonnette.
BosAiiE. — J'aurais bien peur, si je rencon-
trais un tel serpent; et vous avouerez qu'une
bêle si dangereuse ne peut pas être comparée
aux oiseaux , que j'aime tant ï
Elisa. — Vous avez raison , ma chère Rosa-
lie. Si j'étais en Amérique , où se trouve ce ser-
pent , j'aimerais beaucoup mieux j voir 'ces
diarmani petits oiseaox, nommés colibris , qui^
sont gros comme une petite noisette, et dont le
plumage brille des couleurs les plus riches , les
plus éclatantes et les plus variées.
ÂOLAÉ. —'. Comment se &it-il qu'il ; ait des
u,:,-,zf--„GoOglc
256 ENCYCLOPliOJE
animaux aussi hideux (]ue les scrpens , et auisi
jolis que les colibris î aussi féroces que Us tigres,
ot aussi doux que les poutons?
Mad. Sophie. — C'est eu quoi nous devons
admirer la sagesse de Dieu , qui a voulu établir
dans la nature une iofînilé de contrastes pour
nous apprendre qu'il peut Ëiire tout ce qu^Jl veui,
et taire concourir à sa gloire tous les êtres les
plus oppoiiés par leur caractère ou par leur forme;
car il ne faut pas s'y tromper, sa touie-puissance
brille d'un éclat aussi vif dans la structure du
plus petit des animaux, que dans celle du plus
grand; et l'insecte qui se cache sous l'herbe, ra-
conte sa gloire, comme l'éléphant majestueux,
ou comme l'aigle qui plane au-dessus des nuage*
Aglax Élisa nous a bien parl^ des intiectei,
jOitis ce n'a été qnVn passant , et sans nous dire
quels animaux c'étaient.
Ëlisa. —Les insectes sont de petits animaux,
la plupart volans , dont les ailes sont recouvertes
d'une écaille. On les appelle insectes, parce que
leur corps est coupé en plusieurs parties, qui
sont la tète, le corceltt, qui comprend la poi-
trine , et le reste du corps , qui est composé d«
l'estomac, du ventre et de la partie inférieure,
comme dans les hannetons , les demoiselles , etc.
Il y « d'autres insectes non ailés, et qui n'ont que
des écailles, et d'autres tout composés d'anneaux
et de jambes, comme tes cheaitles.
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 2G7
ÂGLAÉ. — Les vers de terre ne sont donc pas
'<des insectes 7
Élisa. — Non, madière , ce sont des reptiles;
mais cet rcpiiles produisent un grand nombre
d'insectes rolans dont plusieurs sont fort jolis.
Paolihe. — Comment est-il possible que des
vers de terre puissent produire des bêtes qui ont
des ailes ?
Elisa. — Rien n'est plus vrai , cependant ; et
même les jolis papillons qui voltigent sur les
roses , et auxquels on peut vous comparer , ne
vous déplaise , nVtaient que des vers avant d'a-
voir subi cellB charmante méiamorpliose.
PAOLiifE. — Les petits des papillons ne sont
donc que des vers ?
Elisa. — Oni , ma chère} car les papillon^
font des ceufs , ainsi que les mouches, et de ces
cenfs sortent des vers qui, a leur tour, devien-
nent papillons.
AtExAnDBiEiE. — Je ne comprends pas com-
ment cela peut arriver.
EiisA. — Si TOUS avez vn des vers à soie, il
ne vous sera pas dîfScile de le comprendre.
Alszabshine, — Je n'en ai jamais vu j aussi
dtfsirerais-je apprendre quilque cliose de ce qui
lee concerne.
Mad. Sophie. — Stéphanie, qni est d*une
province méridionale , où l'on en élève beaucoup,
peut satisfaire votre curiosité à ce su^et,
u,:,-,zf--„GoOglc
2(>8 ENCYCLOPÉDIE
Stephasie. — Les vers qui produisent la soie
sortent de petits œufs qu'on tppeWe graine de
vert à soie. Quond on les a &it éclore dans
un appartement oi!i Ton entretient une douce cha-
leur , on les place sur des feuilles de marier , que
l'on a étendues sur une table , afin qu'ils puis-
sent s'en nourrir. Quand ils sont devenus gros,
on tapisse la cloison contre laquelle cette table
est appuyée , avec de la bruyère , aux rameaux
de laquelle on suspend des cornets de papier.
Aussitôt que les yers aperçoivent cette bruyè»,
ils y montent tous , les uns après les autres, étea>
dent leur soie le long de ses rameaux , et entrent
dana les corneis , où ils font des coques de soie
dans lesquels ils se renferment, et où ils ne cessent
de produire cette précieuse matière que lorsqu'ils
ont perdu toute espèce de mouvement, parl'efièt
d'une croûte épaisse qui les a enveloppés. Quand
ils sont dans cet état d'immobilité, 9n ouvre la
coque ; d'où on les retire, pour s'en défaire os
pour les conserver. Si onles conserve, on les voit
au printemps sortir de la croûte qui leur servait
d'enveloppe , en forme de gros papillons.
Rosalie. — Pourquoi , madame , n'élève-t-on
pas des vers à soie dans les environs de Paris?
Mad. Sophie. -^ C'est parce qu'il n'y croit pat
de mûriers, à cause de la température de ce pays-
ci f qui est trop froide pour cetie sorte d'arbres.
KosAxif. — Est'ce qu'il y a des arbres qui
-,Googlc
DES JEUNES DEMOISELLES. 36^
croissent plutôt dans un pays que dans un autre?
Mad. Sophie. — Sans doute , ma chère j
rïiaque paya a des vége'tauT gui lui sont propres
k cause de U différence des climats. Âin«i , la
Provence produit des orangers et des citronniers;
la Boui^ogne produit la vîgne,. qui ne saurait
prospérer en Normandie, et celle- ci est fertile en
une espèce de pommiers que l'on ne trouve point
ailleurs. Mais je m'aperçois que ces observations
nous ramènent au règne vëgétal , sur lequel ma^
demoiselle Stéphanie voudra bien nous entrete-
nir un instant.
Stéphanie. — L'inépuisable fécondité de la
nature ne se montre pas avec moins d'éclat dans
l'infinie variété des végétaux , que dans celle des
animaux et des minéraux. Que de .plantt^s sont
comprises entre l'hyssope et le cèdre du Liban 1
en combien d'espèces et de &milles elles sout
distribuées! Quelle étonnante gradation depuis la
mousse imperceptible qui s'incruste sur le mar-
bre, jusqu'au chêne audacieux qui affronte les ora-
ges ! et de cette mousse aubrin d'herbe; quelle dis-
tance et quel espace rempli par un nombre inlîni
de plantes de toutes formes et de toutes proprié-
tés ! Noos n'avons pasbesoin de sortir de ce jardin
pour nous faire une idée des nombreuses familles
du règne végétal , car on y trouve presque toutes
les plantes les plus connues qui croissent dans les
climats. Quanta celles des autres pays, oîinous
u,:,-,zf--„GoOglc
ayo. ENCYCLOPEDIE
n'irons probablemeot jamais , elles nous intéres*
sent peu , et nous en occuper , ce serait perdre
notre temps en propos de pure curiositt^.
ALEXANDRINS. — Il n'y a point de salle d'dtude
que j'aime autant que le jardin ; quand je m'y
promène, j'éprouve un scniîmeDtde plaisir que
je ne saurais définir, et je vous avoue que j'y
voudrais toujours rester.
Stéphanie. — Vous avez raison, ma chère,
de regarder ce jardin comme une salle d'éfude ,
car il y a peu de livres aussi instructifs que ce-
lui de la nature , et d'une nature aussi belle que
ceïlo que nous avons sous les yeux. Que de su-
jets d'observations nous offrent ces arbres , ce)
ei'bustes , ces arbrisseaux , ces fleurs , ces légu-
mes , ces herbes , toutes ces plantes dont la ver-
dure ou les couleurs enchantent nos regards !
Aglaé. — Quelle diflFërence y a-t-il , Stépha-
nie , d'un arbre k un arbuste et à un arbrisseau?
SiÉPHANiE. — La même différence qu'il y ■
entre un géant et un nain. Les arbres sont des
végétaux gros et élevés , comme les maronnicn
et les tilleuls de cette avenue; les arbustes sont
de Cort peiits arbres , comme ces orangers, cet
grenadiers , ces poiriers , au sommet desquels on
leni aiieindre avec la main ; les arbrisseaux n'ont
point de tronc, sont composés d'un plus grand
nombre de petiles branches qui sortent de leur*
racines , et se séparent près de la terre , comme
u,:,-,zf--„GoOnlc
DES JEUNES DEMOISELLES. 271
ces lilas , cen rosiers , ces framboisiers , ces s-a-
reaux , et ces buissons d'aubépine.
AoLAi* — JVUts bien loin de connaître cette
différence , car j'appelais arbre, un oranger , un
citronnier.
Stéphatiis. — C'est la faute que commettent
un grand nombre de personnes , et rien n'est plus
commun que d'entendre appeler <ir&rej , les ar-
bustes et les arbrisseaux.
ËLisA . -~ C'est ainsi que l'on confond souvent
les herbages avec les Ivgumes.
Stéphanie. — Oui , il n'est pas rare qu'on
prenne l'uo pour l'autre , faute de savoir qu'il
faut entendre par le mot légume , les graines qui
croissent dans les jardins, et qui sont enfennéei
dans des cowes; et par herbages , les plantes telles
que les ^pinards , le serfeuil , le cresson , la lai-
tue ; on appelle kortolages , celles qui ont une
tige, ou des feuilles trés-durcs , comme les as-
peines , les articliaux , elc.
Emiiie. — C'e.st une cliose bien utile que de
savoir tous ces noms. Je vous assure que je se-
rais bien embarrassée s'il the fallait nommer quel-
ques-unes des plantes de ce jardin. Où ayez-vous
appris tout cela , mademoiselle 7
Stépbanii. — C'est dans les (!l«mens de la bo-
tanique que j'ai appris les noms des plantes ,
leyr structure et leuis différentes espèces. La bo-
taniqtw , ina chère , est une science très-agr^-
u,:,-,zf--„GoOglc
273 EKCTCLOPEDIE
hle , qai a pour objet tout ce qui conceroe les
plantes , et qui offre à toutes les persouncs qui
TÎvem à la campagne un moyen tr^s-eSîcace d'é-
loigner l'ennui et de s'instruire en s'amusant.
ËuiLiz. — Ainsi vous devez connaître toutes
les parties dont les plantes sont composées?
Stéphanie. — Oui , ma clière Emilie , j'ai
appris à nommer tout ce qui entre dam la
structure des plantes, principalement des fleurs,
que i'aime beaucoup , et dont tous voyez ici un
parterre que j'ai formé.
Agiaé. — Voici une fleur jaune dont l'odeur
est fort suave.
Stéphanie. — Cette fleur se aomme jontpàlle,
11 Y faut remarquer diS'érentes parties comme
dans toutes les autres espaces de fleurs. La tige,
qui supporte la fleur ; les ièuilles de la fleur, qui
forment un cerle ; le calice, qui est l'espace coin-
pris entre les feuilles et le centre de ce cercle, oi
se trouve le pislîl et les éiamines , qui sont cctie
poussière fine qui entoure les pistils. Vous re-
marquerez les m^mes clioses dans les œillets, le)
lis, les roses, les tulipes , etc.
Aglaé.— J'ai toujours été embarrassée des*
Toir pourquoi les fleurs ont des couleurs si belles
et si variées , qu'aucune étoffe n'a autant d'éclat
que la moindre fleur de ce jardin.
SitPHAHiE. — Il est vrai , rien n'égale Féclet
du coloris dçs fleurs j car c'est le soleil lui-même
u,:,-,zf--„GoOnlc
DES JEUNES DEMOISELLES. 27^
qui, par ses rayons, principes des couleurs, leur
donne cette parure , que les htnnroes ne pour-
ront jamais imiter par&itement. Les fleurs peu-
vent donc être appelées les lUles du soleil , et avec
dfiutantplusderaison, que toutes celles qui oah'
sent dans les pays froids sont languissantes et dé-
colorées.
- Alexandrins. —Voilà bien le soleil reconnu
comme le père des iletu:s ; il reste k savoir quelle
est leur mère.
Mad. SoPBiE. — C'est, sans contredit, la terre
qui les pousse hors de son sein , après avoir été
échauffée par les rayons du soleil; mais je vois
que cet astre va nous quitter , et qu'il est temps
de retourner à nos occupations ordinaires. Ca au-
tre jour , nous continuerons , dans ce jardiu ,
cotte intéressante conversation.
XXXI* CONVERSATION.
Mad . ELISABETH , JOSÉPHINE , HORTEN SE ,
AIXXAMDHINE, EMILIE, PAULINE.
niad. Elisabeth. — Vous devez maînteuant
être bien convaincue , Alexaudrine, 4^ lanéçe^-
«té d'apprendre l'Histoire romaiue , par l'embar-
ras UumiliantoÙTOuS vous trouvâtes hiejtnquand
-, Google
.?74 ENCYCLOPEDIE
votre maman tous demanda si tous saviez l'his-
toire de Lucrèce.
ÂLEz&NSRiNE. — Si maman avait su que nous
n'étions pas si avancées ,. elle ne m'aurait pas as-
surément fait celts quesiion. Au reste, je vous
promets , madame, de faire ensorte , par mon
attention , de satisfaire à toutes les questions
qne maman me fera à l'avenir.
Mad. EtisABETH Je compte sur votre pa-
role , ma chère. Joséphine , continuez l'Histoire
romaine.
Joséphine. — Tarquio eut un £ls qui ne lui
rcsscmltla pâs , et que son orgueil ât surnommer
le Supeibe. L'outrage qu'il fit à nue dame ro-
maine, nommée Lucrèce, qui se poignarda eu-
suite , excita contre lui l'indignation du peuple
romain, qui, h l'instigation deBrulus,1e cliossa
de Rome , déclara la royauté aliolie , et fonda la
république romaine, dont le gouvernement fut
confié à deux consuls. Tarquin se retira chez
Porsenna, roi d'Etrurie. d'ofi il chercha toujours
à exciter des mouvemens séditieux dans la ville •
de Rome. Ce fut sur ces entrefaites que les deux
fils de Brutus, qui avait été nommé consul, ayant
é\é convaincus d'entretenir des intelligences avec
ce monarque fugitif, furent condamnés à mort
par leur père , qui fut présent à leur exécution.
■ AlexÀhdbinb. — O Dieu I quelle horreur I
Comment un p^re pouTsit-il être assez barbare,
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 2^5
assez dénature pour faire mourir ses enfans , et
assister à leur supplice ?
Mad. Elisabeth. — Cette conduite de Bru*
tus a pourtout trouTé des apologistes , dont les
raisons n'empêchent pas les honnêtes gens de la
regarder comme ane atrocité qui révolte la na-
ture. Si l'histoire romaine ne renfei'mait que des
traits eemblahles, elle ne mériterait dVtre lue
que par les bourreaux et leurs valets. Heureûso-
ment on y trouve tant de belles actions et dé st
grands caractères, que l'on pardonne aisément '
k la république romaine d'avoir été fondée par
un homme tel que Brutos, eu faveur des illus-
tres personnages qu'elle a produits. J'espère, Jo-
séphine, que vous nous fei'ez connaître ces per-
sonnages et leurs actions.
JosÉPHiNi. — La guerre que Porscnna, roi
d'Etrarie , fit aux Romains , pour venger l'af-
front de Tarquin, donna lieu à l'action héroique
d'Horati us 'Codés , qui soutint se:il, à l'cnlréc
d'un pont de bois , tout l'efFort de l'.irmée cnnc-
, mie, jusqu'à cfe que ce font eût été rompu par
derrière, se jeta ensuite dans le Tibre j et re-
gagna, sain et sauf, le camp des Romains. Je no
sais si je dois parler de l'aitentst et de l'intfépi-
dité lie Mutius-Scœvola j qui s'étant rendu au-
près de Porsentia pour l'assassitief , et ayant tué
le seccétaiic de ce motiarque à qui il en vpu lait
-, Google
37^ ENCTCLOPÉDIE
mit sa main droite dans le feu «t la brûla , por-r
la punir de s'être trompée.
. Mad. Elisabeth. — VoiU encore un trait quî
a ^t^ et qui est encore loué par beaucoup de per-
sonnes, et qui me parait au contraire extrême-
ment condamnable. En effets qu'.st-ce autre
chose que l'action de Scœvola, qu'un lâche as-
sassinat ? et que penserait-on d'un soldat Français
qui quitterait son poste pour aller poignarder un
roi ennemi , au moment où il ne s'y attendrait
pas? Qu9 j'aime bien mieux la conduite de Ca-
mille , gënrfral de l'armée romaine , dans la guerre
contre les Falisques! Joséphine, récitez - nous
-cet éTéoement.
Joséphine. — La guerre contre Porsennane
fut pas la seule que les Romains .eurent k soute-
nir. Ils combattirent successivement contre les
Latins, les Voisques, les Veïens et les Falis-
ques, dont la ville capitale, i^a^re , fut assié-
gée par l'illustre Camille. C» fut pendant ce
siège que ce ^e'néral fit un acte bien remarqua-
ble de grandeur d'âme et de-générosité. ,
Le maUre d'école de Falère s'avisa de con-
duire au camp dea Bomaius les enfâus qiï'il était
chargé d'instruire , espérant qu'ils lui sauraient
boAglédc cette trahison, "et lui donneraient une
récompense; mais C4mîlle, aj'ant horreur de
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES- S77
cette lâclietë> le renvoya dans la ville, aprè«
l'avoir abandonné à la discrétion de ses élèves.
Houtehse, — Je Tondrais bien savoir quelle
ponitioD ils lui infligèrent ? *
Stéphanie. — 3e pense qu'ils le battirent de
verges.
Pauline. — Je n'aime point nn châtiment
exercé par des élèves contre leur maître , quet-
qae tort qu'il puiise avoir envers eux. Il aurait
été , je pense , beaucoup plui convenable et plua
dccenc , que les Falisques l'eussent puni enx-
mêmes.
Mad. ËLTSABSTH. — Vous avez bien raison ,
Pauline ; mais le général- romain n'y regardait
pas de si près , et il trouvait peut-être conforme
à la justice de faire punir un traître, par ceux-là
même qu'il avait trahis. Joséphine, contiauei.
Jos:iPHi»K. — En sortant de cette guerre , qui
finit par la pais , les Romains furent attaqués par
les Gaulois , qui prirent la ville de Rome et la
réduisirei4 en cendre; mais attaqués à leur tour,
pur Manlîus-Torquatus , qui s'était maintenu au
Capitule , et ensuite par Camille , que l'on avait
rappelé d'un injuste exil auquel il avait été con-
damné, ils furent vaincus plusieurs fois , et con^
traints de quitter l'Italie. A la guerre des Gai>-
lois , succéda celle des Samnites , qui dnre ciiv-
quante ans j et âait très-beureusement pour les
Romains. Ensuite commença la guerre contre les
-, Google
370 ENCTCLOPEDIE
Lalins , où Manlius, géaëral des Komaiiis , con-
damna son fils à mort , pour avoir combattu
sans son ordre, quoiqu'il revint victorieux , et où
D<!cius se dévoua pour sa patrie , en se jetant au
milieu des ennemis , dans le plus grand feu du
combat. Un ennemi , bien dangereux par ses ta-
Icns et par son courage, Pirrhus, roi d'Êpirc,
fit ensuite trembler ces mêmes Romains , la ter-
reur de tous les peuples d'Italie ; mats après deux
victoires , cl autant de défeites , voyant qu'il lui
était impossible de se soutenir eu Italie , il se re-
tira , pour aller faire la guerre à d'autres peuples,
et mourir ensuite d'un coup de tuile.
Alexandrins. — Il fallait que les Romains
eussent de bons généraux pour soutenir tant de
guerres , et résister à tant d'ennemis.
Mad. Elisabeth. -^ Cette époque est le bean
tsmps de la république romaine , qui ne comp-
laît alors que des magistrats et des citoyens ver<
tueuz. Comment aurait-elle succombé avec de<
soldats qui mettaient nu premier rang de léuTS
devoirs , celui de défendre la patrie et de mourir
pour elle? Avec des géuérauX tels que Cincin-
natus , Curius , Fabricius , que l'on allait cber-
cli^r sous le cliaume pour commander les armées ,
et qui, après la victoire^ revenaient à leur chau-
mière , et de leurs mains triomphantes , condui-
saient la cbarrue^ Le régné' de ta vertu sub-
sista encore à Rome dans toute ia pureté et dûiis
-, Google
DES JKCNES DEMOISELLES. 3-^ç)
tout soa éclat, jusqu'à la ruine de Cartliigo, sa
rWale , coulre qui elle eut trois guerres à soute-
nir , dans la première desquelles Âttilius Rf'gulua
montra , par un li<!roïsrae devenu célèbre . lo rcs*
pect dont il étnît péne'tré pour la religion du ser-
ment. Dites-nous , Joséphine , ce que vous savos
au sujet de Régiilus.
JostPHiNE. — Âttilius R(!gulus, général ro-
main , ëtant venu mettre le siège devant la villa
de Carthage, fut vaincu par Xantipe, géoérol
lacédémonicn , qui éiait venu au secours de In
ville , ei tomba entre les mains det canemîs , qui
]e firent prisonnier, Âprt^s quelques années de
captivité , il fut envoyé à Rome pour traiter do
la rançon et de l'écbange des prisonniers, avec
promesse de revenir, s'il ne réussissait pas dan»
cette négociation auprès du Sénat romain. Au
lieu d^cDgager le Sénat à faire ce que \e* Cartba-
ginois demandaient, ce grand homme, qui savait
bien que les supplices l'attendaient à son retour,
mît en usage toutes les ressources de l'éloquence
pour le détourner d'un traité qui était désavan-
tageux à sa patrie. Quaiid il eut obtenu ce qu'il
voulait, il retourna k Carthage , pour ne point
manquer à sa parole , malgré les larmes de sa
femme et de ses enfans, et tous les efforts que aca
am is fient pour le retenir. Les ennemis qui au-
raient dû adI^ire^ sa bonne foi et son courage ,
se conduisirent , à son égard , avec plus de féro-
-, Google
a8o ENCYCLOPÉDIE
ciM que n'aurait &it un peuple sauvage , car ils
renfermèrent dans an tonneau hérissé en dedlan!
de pointes de fer , qu'ib firent rouler jusqn'i ce
qae Riîgulus eût péri.
HoaTEMSB. — Est-ce que Régulus n'aurait pas
pQ se dispenser de retourner à Cartbage ?
Mad. Elisabeth. — Non , ma chère, puisqu'il
avait engagé sa parole, que la conscience et l'hon-
neur lui faisaient un devoir de tenir. Ce qu'il j
a d'admirable dans la conduite de Béguins , c'est
qn'il savait bien qu'il avait alTaire à un ennemi
féroce et peu scrupuleux sur la bonne foi, et que
■es concitoyens ne lui feraient aucun reproclte
•'il manquait k sa promesse \ mais il voulut don- '
ner on grand exemple aux Komains , et leur ap>
. prendre que rien au monde ne doit porter un
homme d'honneur à violer ses eogagemens. Ce-
pendant, la conduite des Carthaginois ne de-
meura pas impunie , ei quelque temps après , les
Bomains vengèrent , d'une manière bien écla-
tante , la mort de Régnlus.
Jogephiuk. — Les Bomains eurent encore deux
guerres , après celle-ci , à soutenir contre les
Carthaginois. Dans la seconde^ Ânnibal , un det
[dus grands généraux qui aient jamais existé,
s'avança en Italie, après avoir soumis l'Espagne,
défit les Romains dans plusieurs batailles^ dont la
pins meurtrière lut celle de Cannes, qui lui oo-
yrait les portes de Bomc , s'il avait su profiter d«
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. aSi
ta victoire. Mais, ayant niis ses troupes en quar-
Uer dliîver dans la ville de Capoue, elles s'amol-
lirent tellement par les plaisirs de celte grande
ville , qu'Annibal ne put pins rien entreprendre
contre les armifes romaines. II fut obligé, aprèit
la dt^Faite de son frère , de repasser en Afrique,
pour s'opposer au jeune Scïpion, qui y avait porttf
la guerre ; mais la fortune l'avait abandonné , et
une seule bataillé snSît poor soumettre l'orgueil-
leuse Carthage , qui , ayant voulu remuer quel-
ques années après , fiil prise par un autre Sci-
pion, et détruite de fond en comble. On appelle
cette dt^nière guerre de Rome contre Carthage ,
la troisième guerre punique.
Mad, Elisaseth. ^ IVe ferez-vous point ,
Joséphine , quelques courtes réflexions sur la
ruine de Carthage î
Joséphine. — Comme les Carihaginoîs étaient
nn peuple sans honneur et sans bonne foi , et qui
se jouaient des traités , on doit regarder la des-
truction de leur ville comme une punition du
ciel, qui ne laisse jamais le parjure impuni; mais
il faut convenir, avec tous les historiens, que
la ruine de Carthage est l'époque d'un changs-
ment notable dans les mœurs des Romains , qui,
n'ayant plus de rivaux, perdirent peu à peu les
vertus austères qui;les avaient fait triompher , et
s'enflèrent d'un tel orgueil, que bientôt ils ne
voulurent plus qu'aucun prince régnât sans leur
u,:,-,zf--„GoOglc
a82 ENCYCLOPÉDIE
porraission. C'est ce funeste orgueil de l'ambi-
tion qui souleva contre eux tous les peuples , et
leur suscita , en Afrique et eu Asie , des ennemis
irréconciliables, qui leur yendît^ut liicn clier
leur vie ou leur liberté.
Paolire. — Est-ce qu'après la ruine do Car-
tilage , et pendant les guerres étrangères' qu'elle
eut à soutenir , Rome ne compta plus de grands
liommes 7
Mad. EusABEiH. — Elle en produisit beau-
coup, mais d'un caractère diSt^rent de celui des
Romains qui l'avaient illustrée jusqu'à celte
<!poque. Les premiers avaient brillé , autant )^r
leur morale que par leurs vertus guerrières, et
les seconds se montrèrent plus grands hommes
de guerre que citoyens vertueux, eu exceptant
toutefois les deux Caton , dont le premier , sur-
nommé le censeur, offrit, en sa personne, toute
la rigidité des anciennes mœurs j le second, tout
le fanatisme de la liberté. Cicéron montra aussi,
sur le déclin de la république , de grandes quali-
tés réunies aux plus grands talens, et il ne dé-
pendit pas de lui que la république ne recouvrât
son ancienne gloire domestique , malgré toute la
puissance quelle avait acquise au -deliors. lo-
sépliiue , dites-nous les noms, et faites-nous le
portrait des illustres Romains qui, depuis la ruine
de Cartilage jusqu'à la cbute de la république,
se rendirent célèbres par leots grandes actions.
u,:,-,zf--„GoOg[c
DES JEUNES DEMOISELLES. 383
JosÉPHiNS. ~' Paul-Emile vainquit et fit pri>
«onDÎer Pers^ , roi de Macédoine, et le'lit ser-
vît d'ornement à son triomphe ; ScipioD l'Emi-
lien prit Numancc , forte ville d'Espagne , après
un fiiége de dix ans , et la rasa entièrement ; Ma-
rius , sorti 4e la lie du peuple , s'éleva par ses ta*
lens au consulat et au commandement des armées ;
vainquit et déGt entièrement une armée innom-
brable de barbares, nommés Cimbres et Teutons,
qui menaçaient l'Italie d'une invasion : mais ce
grand capitaine , furieux de ce que Sylla lui eAt
ëtë préféré pour commander l'armée romaine
contre Mytbridâte , roi de Pont , profila de Vab-
sence de ce général pour faire one irrnptioii dans
Borne, où il massacra tous les partisans de Sylla,
et s'empara du consulat. Sylla vainquit Milhrî-
daic, et reconquit toute l'Asie mineure. Après
cette briUaute expédition, il ramena à Rome son
armtfe victorieuse; il proscrivit tous ceux du parti
de Marins, rempliil'Italie de meurtres et de car-
nage, et passa lereste de sa vie dans la tranquillité
et l'état de simple particulier. Lucullus, le plus
fastueux des Romains , vainquît une seconde fois
Mythrîdate , qui avait mis de nouvelles troupes
sur pied. Pompée, qui mérita le surnom de
Grand, remplaça Lucullus, chassa Mythrîdate de
ses états, s'empara de la Syrie et de la Judée , et
forma ensuite un triumvirat avec César et Cras-
-, Google
a84 ENCYCtOPÉDlE
Bas. Cîcéron , te plus grand des orateurs , et coii'
sol, mërita d'être appelé père de la patrie, pour
avoir découvert la coujuration de CatîlÏDa, dont
il fit punir les complices. Crassus, triumvîi,
dont les richesses étaient immenses , fut vaincn,
et tué par les Parités , bui s'emparèrent des ai-
gles romaines. César, que son ambition emp^he
d'être regardé cbrome le plus grand de tous les
hommes, s'unit avec Pompée et Crassus , pour
asservir sa patrie, fit la conquête des Gaules et
de l'Angleterre , et battit les Allemands; revint
à Rome , d'où Pompée s'enfuit avec un grand
nombre de sénateurs; ce qui donna lien h la ba-
taille de Pbarsate, où Pompée, vainca par Cé-
sar , fut obligé de s'enfuir en Egypte , dont le
roi le fit mourir. Enâé de' cette victoire , qui le
débarrassait du plus dangereux de ses ennemis ,
César s'empara de toute l'autorité, et voulut se
faire déclarer roi avant de marcher contre les
Parthes , pour réparer l'afii-ont fait aux armes ro-
maines , par la dé&ite de Crassus ; mais il fut
assassiné en plein sénat , de ving-trois coups àe
poignard. Après la mort de César , Octave , son
fils adoplif , Antoine et Lépide , formèrent un
autre triumvirat pour venger la mort de ce grand
homme. Ce fut alors que Cicéron fut massacré,
et que trois cents sénateurs furent proscrits avec
deux mille chevaliers. Brutns , l'un des prïnci-
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES. 285
paux meurtriers de Cësar, qai s'ëuit associé avec
UD autre nommé Cassius, battu à Pbilippes , se
doDoa la mort.
Pauline. — 11 iàut convenir que Brutus est
un nom bien malheureux. Le premier qui le
porta fit mourir ses deux fils , et le second fut as-
sassin , et se tua lui-même.
JosÉFHiHE. — Après la bataille de Philîppes ,
Antoine , Octave et Lépide se partagèrent toutes
les conquêtes des Romains: mats leur union ne
dura pas long-temps. Lépide , qui voulait la Si-
cile , fut battu par Octave , et relégué dans une
petite villa du Latium , et Antoine , qui , à cause
de sa liaison avec Cléopâtre , reine d'Egypte ,
avait été déclaré par le sénat ennemi du peuplé
romain , Ait vaincu par Octave, k la célèbre bi>-
taille d'Actium , après laquelle il se retira en
Egypte, où il se donna la mort. Après cette vic-
toire , Octave se trouva le maître de toutes les
provinces conquises par les armées romaines j
Rome lui tendit les bras , et , sous le nom d'Au-
guste, et avec le titre d'empereur, il commença
une monarchie qui s'étendait sur presque tout
l'univers connu.
Mad. Elisabbtb. — Je suis satisfaite , José-
phine , de la précision avec laquelle vous nous
avez fait connaître cette partie de l'Histoire ro-
maJbe , qui s'étend depuis la ruine de Carthage
jusqu'au règile d'Auguste. Vous savez mainte-
u,:,-,zf--„GoOglc
a8<î ENCTCLOPÉDIE
naiit , mesdemoiselles, qu'il u'y avait plos alors
(tans le monde qu'un seul empire , car toutes let
monarchies s'y <!taient englouties comme âansua
Tatite et profond abîme. C'est ainsi que la pro-
phétie de Daniel , au sujet de la statue de Na-
buchodonosor , s'est accomplie à la lettre. Ha»
cette immense monarchie des Bomains devut
ausii avoir un terme , et c'est an royaume spiri.
tuel du fils de Dieu qu'elle a fait place j rojaume
qui s'éteud aujourd'hui surtout l'univers, pour
ne jamais finir.
XXXU- CONVERSATION.
I
Mad. SOPHIE, ÉLIZA, EMILIE, JUUE,
STÉPHANIE, HORTEKSE, PAULINE.
Mad.' Sophie. — Je viens d'apprendre , mei-
demoïselles , avec quelle prt^sence d'esprit et
quelle briévetë Joséphine a nfcité les principaui
faits de l'Histoire romaine; madame Elisabeth
en a été si enchantée , qu'elle a écrit sut-Ie-chanjp
à sa maman , pour lui faire part des progrés de
■a fille. Seriez-vouB capable , Emilie, d'en taice
autant pour l'Histoire Sainte?
Ëhilie. — Je vais essayer , mitdame , et j'es-
père que TOUS serez content^ de ma manière,
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEimSS DEMOISELLES- 387
comme madame ÉliMbeth !'& été de oeOe de J»:
■ëpbinej
AprÂs que les dotue tribus «e iiirmt rénnict
«ms la domination de David , ce prince se rendit
maître de ïéniealem , qu'il fit la capitale de *on
royaume, et où il fit transporter l'Arche d'al-
liance peur la déposer dans un superbe temple ,
dont ta cQostriKtioiL était réservée à son fils Sa-
lomon. Ce prince , qne Dieu avait choisi entre
■eafi^es pour le faire roi , et à qui il avait donné
un cceur pleia de zèle et de droiture , montra
bientôt > par sa conduite dans une circonstance ,
combien l'homme est &ible quand Dieu ne le
soutient pas. Ay^ant aperçu de sou palaît une
/«mme nommé Betsabé , qui se baignait , il la
fit venir j et après avoir offisnsé Dieu avec elle ,
il se défit de son mari , qui était un de tes plus
fidèles serviteur». Pourlepanîr , Dieu permitqu*
ion fils Absalon se révoltdt contre lui , et le con-
traignît de sortir de Jérusalem. Mais David ayait
- iléchi sa colère par ses larmes et sa pénitence , il
rentra dons son royaume , où il composa ces ma-
• gflifiques pseaumes que l'on chante chaque jour
dans les^liaes.
Eltsa. — Je ne croyais pas que tousccspscau-
mes «ussent été composés par David.
Mad. Sophie. — ^Vous avez raison, ma chère
Éï'aa. David ne les a pas tous composés ; car il
y eu a qui «ont des cantiques de Aloïse , ei d'an-
*8a EWCTtiLOPÉDlB
fries'^urne ^tent ^h6 de la- ca^inté de Baby
lone: mais comme David en a composé ie filas
£giauid;DbtBl»e,-tAs^dtlo»iItui>Ki à ies (uAlier
ÉmiiiB. — âalemon ^i «uoo^âa 'Jk'Bavid , son
-pèèe, fit bâtir le magnifique temple doitt oeki-
ciavaitfbrmé leprojct.'Ce^emple &t r«n des
plus beaux et des ^as ci'chtBonTïlages de l'uni-
Ters. La dédicBCW en iluraquioieiours , pendant
iesqaéls Dieu meuifosta sa prëdencrpar nneuu^e
qui distilla une roiée sur les luâiib des aacrîfioa'
tnirs , et par wt &u 4]»i «onsuma eutiéFement
lies Yiotimès.âaUlRiab y ^atntffMttraiwfôrer , arec
ila^laspaiiipenaé-sotemidtrf-T-ràVcWd'iAliaDeeet
le tabamaBlejetilaT- demeurèrent fAsqu^àoeqne
StAuehodonoGor, ayant 'pris ïiétwaleni , & aussi
brûler lefen^le. Salomon jdïgoe^ls'deaeii-pâ-e
tBarid , demanda la ea^me à Dieu , et il derinl
kflus sage des hommes, conune leplus riefae
et le pbu^orieuK des^monanjucs. Le bruit de
■a m^ntfieenee' et de sa sages» se répandit par
toute la terra, e^tiBeg^an'dereine, nommée Saba,
TÎntà Jérusalem des extrémités de t'Ârabiç , pour
s'assurer de la vérité des merveilles que l'on ra-
contait deSalomou.
Paolihb. — Un jour que j'étais avec ma-
. oiàn dtmf -la galerie du Musée, elle me lit voir
un tablkau qui représentait le Jugement de Sa-
lomon j mais comme il gavait beapcei^ dt
-,Googlc
DES JEUNES DEMOISELLES. 289
monde, elle n'eut pas le temps de m'ézpliquer U
sujet de ce talilcan,
EuiUE — Je vais vous l'expliquer, Deus fem-
mes se dispulaient la propritfté d'un enfant Corn*
me elles meltaîent beaucoup de clialcur dans
leurs récIamatioDS , Salotnon , pour trouver la
\éiilable mère , ordonna que Tenfant serait par-
tage on deux parues, dout cliacune de ces femmes
en aurait une. La fausse mère consentit bien à
l'exiîcution de ce jugement , mais la vAitaLle
aima micnx lui ci^dcr son enfant , que de le voir
mettre en pièces ; et Salomou , «éclairé i>ar la na-
ture elie-même, qui partait an cœur de celle
femme, ordonna qnc t'eufantlui serait remis.
Malheureusement, la Un de la vie de Salomon
ne répondit pas à ses commoncemens , car ce
priuce , enivré de soï prospérités, oublia son
Dieu , pour se livrer à des voluptés criminelles ,
et au culte des fausses di^^tiitt's , et nous no
lisons point qu'il ait fait pi^nitence ayant sa
mort.
Stéphanie, — Il fautconvcnir que celte ^utb
de Solomon est uu exemple bion terrible 3c la
Iragîlilé humaine. H(;ias! pouvons-nous cspfîrer'
de nos propres torces , nous qui sommes de»
créatures si imparfaites , si des colonnes aussi'
fermes que Davidet Salomon ont été renversées! '
Mad, Sophie. — 11 est vrai j el comme nous
ne sommes , disent àea auteurs pleins de piété',
i3
u,:,-,zf--„GoOglc
590- ENCYCLOPÉDIE
quelque Verlueiix que nous soyons, iiî plus fcrts
que David > ni plus sages que Salomon , nous ne
dBVODS rîcD présumer de nous-m^mes , et la
suite seule des occasions , ainsi qu'une grande vi-
gilance à remplir nos devoirs, peuvent seules
nous cmpêcUer de lombei' dnus les mêmes pré-
varications. Emilie , reprenez le fil de votre na^
ration.
Emilie:. ^ Après la mort de Salomoa , Dieu
permit, pour la punition de ce prince inSdèle,
que dix tribus se séparassent des deus autres,
qui restèrent sous l'obe'issance de Roboam', son
successeur. Ces dix tribus formèrent le royaumâ
de Soraarie , où le culte du vrai Dieu fut aban-
donn<î pour celui des idoles. Après Roboam,
Àbias , son tîls , qu! imita son idolâtrie , posséda
le royaume de Juda ; mais. Aza , successeur de
celui-ci , fut un prince rempli de sagesse et de
vertu. De tous les rois idolâtres qui régnèrent à
Samarie , Acliab fut le plus célcbre par son im-
piété. Il avait une très-méchante femme , non^
mée Jczabel , qui l'engagea à faire mourir un pau-
vre kbmiBe , nommé Naboth , pour avoir le pe-
tit bien dont il avait hérité de ses pères. Mail
Sieu^ qui est le protecteur du pauvre, lui fit dire
par le prophète Klie , qu'il périrait misérablo-
ment avec toute sa race , et que sa criminelle
épouse serait mangée des chiens. Cette prédic-
tion ne larda pas à se vérifier \ Âchob fut percé
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 2f)i
d'une flèclic , dons un combat contre Josapliat ,
roi de Juda ; Jéza1>cl , jeWe par les fenêtres do
son palais , par l'ordre de Jéliu , fut dévorde par
les chicnsj et ce Je'lm, devenu maître du royaume
de SamarJe , s'appliijua eusuiie k exterminer
toute la race d'Achab.
HoRTENsi. — Emilie a parlé du prophète Elie ;
je voudrais biea savoir ce «jue signifie ce mot
prophète.
Mad. Sopnia. — Un prophète est une homme
îuspiré de Dieu pour prédire l'avenir; il y en eut
beaucoup dans les deux royaumes de Juda et ds
Samarte. Leurs fooctions consistaient à annoit*
cer hautement les menaces de Dieu , à reprendre
lierdimcnt les crimes des peuples et des l'oîs , et
à confirmer, par de grauds miracles, la vérité de
leur mission.
Stéfhahib. — Emilie vîentde me dire à voix
basse qu'elle serait très-cmbaiTassée d'achever
l'Histoire Sainte, comme vous le désirez; si vou»
le trouvez bon , je prendrai sa place , et je ferai
mes elForts pour satisfaire à votre attente , et à
celle de mes compagnes.
Mad. SopHis. — Xene doute point, SlépliAiie,
de votre zèleni de vos lumières, et je pense qua
ces demoîseïlcs tic feront que gagner , ne d«p1aîs«
à Emilie j i l'instruction que vous lear ferez.
Stéphakie. — Les ro'is de Samaric ne furent
u,:,-,zf--„GoOglc
»gi ENCYCLOPEDIE
pas les seuls qui s'abandounèrent Ba culte de*
Élusses diviuitifs. La plupart des rois de Juda se
distluguèmit par leurs crimes et leur impiété.
Tels furent, entr'nutces, Manassi^s, qui, en pu-
nition de sou impiote, fut mené captif à hahj-
lone, où il se convertit, lut rétabli sur son trône,
et mourut saintement; Amon, qui imita sob
péie danii son impiété, et noa dans sa pénitence;
Sédécias gui fut emmené avec tout le peuple en
captivité à Babytone , et fut le dernier des rois,
tiais de tous les rois de Juda , le plus venueux
et ]e plus saint après David, fut le roi Ezéchiios.
Sous son r^gne, Sennachérib étant venu assiéger
la ville de Wrusalcm , se vantait que le Dieu dca
JutË) ne pouvait délivrer cette ^HIq de sa puis-
sance j mais le propliéic Isa'ie vint rassurer Ezé.
cbias , et lui prédit que l'ennemi serait en peu de
temps obligé de lever le siège. En effet , la nuît
suivante , un ange extermina cent quatre vingt-
cinq mille bomnies de l'armée de Senoaehécib ,
qui fut contraint de retonrner à Nioive.
Après la mort d'Ezéchias , son fils Monassâi ,
dont j'ai parlé , monta sur le tiône de Juda. Ce
prince , bien diiTérent de. son pcre , se livra tout
enti«r à l'idolâtrie, et fit scier en deux le pro-
pliâie Isaïe qui le reprenait de son impiété. Mai*
Dieu le punit en permettant qu'il fût conduit cap*
tif à Babylone et enferma dans uite étroite pri-
son , où il adressa au pieu, de ses pères uns
-, Google
i)ÊS JÉUKES DEMOISELLES. SgS
prière remplie de beaux sentîmens de péniteacd
qui In! méi'i turent d'ctre rétabli sur son trône.
Josias fut le seul des deicendnn.s de ManasscS
qm donna des marques de sa piétL'. Après lui ,
JoacTiim , J^chonias , et Sédtcia's furent vaiacui
et emmenés captifs par Nahucbodouosor qui leur
rendit toujours leur trône; mais qui , fatigua en*
fin de leurs -révoltes continuelles et de leur per-
fidie, revint, sousla règne de S<!dc'cias, assîc'gef
Jénisalem , s'en rendit maHrc , en Gt raser les
jnurailles, brilla le temple et le reste de la -ville,
fit mourir en sa pr»!sence les en^ns et les parCTiS
de Sédécias , à qui il fit crever les yeux , et qu'il
enchaîna avec les autres captifs pour le conduîr»
i Babylone. Telle fut la fin du royaume de 3u-
da , après avoir subsiste quatre cent quatre-vingt'
sept ans, soos vingt-trois rois. Quant au royaumâ
de Samario , il avait dte dcjà détruit par Saloia-
nasar , rcl d^Âssyrie , qui ayant pris la ville de
Samarie , aprds tin sie'gc de trois ans , où les ha-
bilaus endurèrent toutes les horreurs de la fa-
mine , fit mettre le roi aux fersj et dispersa les
dix tribus dans toute l'iîtendue do son empire, où
elles furent tellement confondues, qu'il n'ea resta
plas aucune trace.
Pauline. — Quelle dcïsolatton , madcme !
Comment le peuple que Dieu sVtail choisi , a-t-
il pu devenir aussi malheureux , ei l'esclave des
-, Google
294 ENCYCLOPEDIE
nations qui adoraient des idoles? Où sont les pro-
messes que Dieu lui avait failcs ?
Mad. Sophie — Le peuple juif, ma cliî're ,
avail bien mérité son malheur , par ses conti-
nuelles prévarications et sa longue ingratitude ;
mais le Seigneur , en le frappant par la main des
infidèles , avait encore les yèu\ sur lui ; il ne l'a-
vait point abandonné, ci n'avait IÎïï; qu'à sftixante-
âix ans le terme de son châtiment et de sa capti'
vite.
lïoaiEKSE. . — K"est-ce point dans ce temps-là,
qu'arriva l'aventure d'Estlier , dont j'ai entendu
quel quefots parler ?
Mad. Sophie. Il ne faut poilit , ma cWre ,
se servir, en parlant des événemens de l'Hibtoice
Sainte , du mol aventure, qui est un mot tout
proiane , et ne s'applique qu'à des évcneoiens
supposés et sans iiiliîrèt. Raconicz-nous, Stépha-
nie, le plus britvement que vous le pourrez,
l'histoire d'Eslher,
Stéphakie. — Dans le tontps de la cnptivil^
des Juifs à Babylone , im roi de cet eaipîre , qui
se nommait Assuérus , répudia sa femme nom-
mée Vastlii, et'fii cherclior une fille pncmi les
plus belles de ses états , pour en faire son époutc.
Il y avait parmi les Juifs un liomme nomtoc
Mardocht'e, qui observait lîdèlcmenl la loi du
Seigneur j il avait une nièce nommée Est'ier,
DES JEUNES DEMOISELLES. 2()5
parfbitcmeni belle, qui plot tellement au roi,
quand elle lui fut priisentée, qu'il la fit reine snr-
le-cliamp, E.sllicr, sur le tr^ue, rose laissa point
ëblouir par la uiagninccnce de ce haut rang, et
elletie faisaitau contraire que soupirer en voyant
l'élat d'iinmtliation où ses compatriotes (étaient
réduits.
Assuérns avait un favori nomme Aman , fort
m^hant liomme , et qui avait un orgueil insup-
portable. Cet homme, devant lequel MardocWe,
qui se tenait à la porte du palais , revêtu d'un sac
et couvert de cendre, avait refuse de se proster-
ner, avait conçu une haine profonde contre ce
Juif , qu'il avait rt'solu de faire mourir.
Dans celle résolution , il se prfîsenta un joiir
au palais, pour obtenir du roi la permission Au
faire périr Mardocbée , maistl fut obligé d'atten-
dre avant d'être introduit, parce que le roi se
taisait lire les détails d'une conspiration contre sa
personne, qui avait été découverte par Mardo-
chée , dont on avait oublié le service et le nom.
Lorsqu'Aman parut devant le roi, celui-ci lui
demanda ce qu'il devait faire pour un bomme
auquel il voudrait donner une grande preuve de
son amitié. Aman , qui pensait que cette ques-
tion le regardait , répondit au roi, qu'il ferait
bien de revêtir cetliomme de .son habit royal, de
lui mettre sa couronna sur la tête , de le fair»
monter sur'un magiiifiqirc cheval , avec lequel il
39G EKCTCLOPÉDIE
ferait le tour de la ville , et dont le plus grand
seigneur du rojaame tiendrait la bride, en criant:
c'est ainsi que le roi traite celui qu'il vcuihono-
rer. Tu as raiiion, dît Assu^rus j eli bien ! prends
le juif Mardochée et l'iiobille comme tu l'as pros-
crit , et tu le conduiras par toute la \ille eu te-
nant la bride de son clieval. À ces paroles , l'or-
gueilleux Aman pensa tomber mort j mais il n'y
avait pas moyen de reculer : il sortit donc la rage
dans le cœur, cl servît lui-même au triompbc
d'un homme dont il avait jure' la perle.
Elisâ. — Je vous avoue, madame, quo josuis
bien aise de voir lliamiliation de cet homme or-
gueilleux. Il y a un graud plaisir à voir ceux qui
lui ressemblent abaissés devant ceux qu'ils mti-
prîsaient .
Mad. Sophie. — Dans quel<jue état que l'on
soit> l'ofgueil est totijours un défaut aussi crimi-
nel devant Diea que ridicule devant les hommes;
et il n'est aucun malheureux qui intéresse moins
cl trouve moins de consolation , que celui qui,
dans la prospérité, méprisait ses seml)lablcs , et
les accablait de ses dédaiii<i. Au contraire, les per-
sonnes modestes ont tout le monde pour elles, f.t
si elles tombent dans ladvcrsité , elles Ironvcnt
partout des consolations et des secours. Conti-
nuez , Stéphanie , de nous intéresser par k suite
de l'Histoire d'Esthcr.
SxiPOAiJiE. — Aman , o::Iro de ce qui lui
DES JEUNES DEMOISELLES. 297
était arriv<f, résolut de perdre tous les Juiij, afin
d'envelopper Mardocliéo dans leur perte com-
mune. Pour cela , il adressa au roi mille calom-
nies coDtre octte nation , et le roi , qui crut aU(i-
meat tout ce qu'il lui dirait , rc^solut de lâire mas-
Mcrer àaus un seul jour tous les JuiCj qui etar^-nt
dans ses étals. Mardochée, oyaniappris un ordre
si barbare, vint trouver Estlier, et lui commanda
de parler au roi poiir faire révoquer cet arrèt>
Quelque danger qu'il j eût pour cette princesse,
dans une pareille démarche , parce que tous ceux
qui entraient dans l'appartement du roi sans soa
ordre, liaient puni> de mort, ù moins qu'il ne tes
touchât de «on sceptre; celte princesse, dis-je ,
résolut de dcmantUr au roi la gi.-îce de ccub de
Si nation. Lors(]u'u1Ie onira dans la chambre du
roi , Ifs jrcui de ce prince parui-ent étincelans-
de colère , cl Estliur en fut si effrajéc, qu'elle
tomba (.'vQiiouie filtre les bras de ses f«.>nimc.s. Âs-
fiuérus la voyant en cet état, descendit de son
tràuc et la toucha de son sccptrn, en lui disant
de ne rien craindre. Eotber ayant alors repris
l'usage de ses sens , conjura son époux de soiipec
chez elle et d'amener Aman à ce repas. Lorsque
le roi entra avec sou Ëivori , la reine se jeia à se»
genoux, et lui demanda la vie pour elle et pour sa
nation. Le roi , qui ignorait qu'elle était juive ,
fut frappé de cette nouvelle , et sortit ua instant
pour réÛéchir. Pendaut sou absence , Aman s'é-
u,:,-,zf--„GoOnlc
ngS r.KCYCLOPÉDIE
tait jetd CLSpîcilsdela reine ,'clla coujurail d'a-
voir pilië do lui. Le roi entra comme il tftait
dans cette posture , et croyant qu^l insultait son
épouse , plein de fureur , il le lît sortir pour être
misa mort. Alors, un de ceux qui dtnit pr<?sent
ditau roi, qu'Aman avait feit dicver une potence
de quarante coudées , posr y ûiire pendre Mar-
dochëe. AsSuérus ordonna qu'Aman y fût atta-
ché , ce qui fui exécuté.
JiTLiE. — Ce n'est pas de ce cruel Auiaa que
je me suis occupée pendautle récit de Stéphanie,
mais bien de la reine Esther , dont j'ai admiré
l'obéissance aui ordres de son oncle MardocliA,
et le courage pour se présenter devant le roi As-
suérus.
Mad. SopHTE. — Il est vrai j nous devons ad-
mirer, dans cette histoire la soumission d'Esther,
toute reine qu^elle était ; et son zèle courageuï
pour le salut de sa nation ; mais nous devons en<
core plus admirer la Providence qui , pour sau-
ver tout un peuple, se servit d^aussi faibles ins-
Irumensqu'uncaplif et sa nièce, et confondit en
un instant les projets barbares de l'orgueilleux
Aman. Racine, le plus grand de nos poètes, a
fait, au sujet de cet impie favori d'Assuérua , des
vers sublimes , que je crois utile de vous rappor-
ter. Les voici :
J'ai la l'impie adoré lur la terre;
Scmtilalile «nx cidtc il portail,daD5 1(S CÎenx
-, Google
DES JECSES DEMOrsELLES. ?99
SoQ fiont iTidadeai;
Il seml.lail i soa gri! gourrruïr le K^nnerrt;
Foulait aai pieds tea ennemis vaincu*:
Je D'ai fail que passer, il a'éuil déjit plus.
Elisa. — En efiét , ces rers sonl très-beaux ,
et )e me souriens d'avoir lu, avec un plaisir incs-
primable , la tragétiie d'où ils sont tir<5s.
Mad. Sophie. — Celte tragédie est celle d'Es-
ther, que Racine composa, sous le rùgne de
Louis XIV , pour les demoiselles de la maison
de Saini-Cyr , où elle fut rcprcsenicc , a\ ec le
plus grand succès, en présence du roi , de ma-
dame de Maintenon et de toute la cour. ÎMais
n'interrompons pas davantage Stëplianie , ei lais-
sons-la acliever l'iiistoire des Juifs.
Stéphabie. — Les Juifs dcinctirèici;t captifs
à Babylone pendant îoixaute-diK ans , après les-
quels Dieu, jetant sur eux un regard de miscri-
corde , suscita un roi nommd Cyru^ , qui Icu'"
rendit la liberté, avec tous les vases sacrés et
tout ce qui servait aux sarrificos , et leur founilt
en mèmc-temps tout ce qui élaitniîcessairo peur
]a restauration <lu temple. Mais quand ils furent
à Jérusalem , sous la conduite de Zorobabcl , ils
trouvèrent les Sani.-i ri tains qui s'opposircnl au
rétablissement du temple , soit de force , soit par
leurs artïlïces auprès de Cambyse , fils do Cyrus,
lequel défendît aux Juifs de contlnucrleur travail;
etceneftit que soixante -dii ans apr^s IV'ditda
-, Google
3oO ENCYCLOPÉniE
Cjrus, qu'ils purent rtîlnlilîr le tcnijilc cl la a ille,
mais en bâtissant les murailles de Jorusalem
cl'une main , et en tenant de l'autre Vépée pour
se d<!fendrc.
Elisa. — Sans doute ils ne furent plus tentes
de d(!sohéir à Dieu, et de l'abandonner pour les
£iusses diviuiltis.
Stéphanie. — Quand la ville et le temple eu-
rent (.'té rebâtis , Esdras et Nelidmie firent obser-
ver la loi dans toute sa pureté. Le peuple pleura
avec eux les mîfjuilc's qui lui avaient attiré de si
terribles cbâfimeiis j tous ensemble lurent, en
fondant an larmes , dans les livres saints , les me-
naces de Moïse, dont ils avaient vu l'accomplis-
sement, Ils adorèrent les jugemcns de Dieu , et,
réconcilias avec lui , ils vécurent en paix ; et de-
puis celte célèbre époque jusqu'à l'arrivée du
Messie, on n'entendit plus parler d'idolâtrie par-
mi eus, tant ils avaient été frappés de l'accom-
plissement des propliutles «jui concernaient leur
captivité et leur retour.
Mad. Sophie. — Vous ne nous dites point,
Stéphanie, comment les Juifs se gouvernèrent
après leur captivité, et quels é\énemen3 se pas-
sèrent cliez eus jusqu'au temps de la naissance
, de Jésus-Cbrîst.
Stéphanib. — La nation juive formait nu.
corps de république gouverné par les grands-
prctres et un conseil souverain, nommé le San-
-, Google
DES JEUNES DEMOISELLES- 50f
Wdrin , qui payait im léger tribut aux rois de
Perse, jusqu'à la dc»>truction de leur empire [>ar
Alexandre. Apri^s la mort de ce conquérant,
cette répu1)tiqiie fut souveut trouLlife par ses suc-
cesseurs qui étaient derenus rois de Syrie. An--
liochiis-Epipbane est celui qui les persécuta avec
le pliis d acliarncmenl ; car il chassa le saint pon*
tifc Oiiias, pilla le temple, voulut obliger tous
les Juifs à cbangcr de religion , et il fit mourir
dans les sup|>1ices tes sept frères Alacbabee et
leur mère i enfin il mourut mis^rable^ieni par
une juste piinilioa de Dieu. Dans ce temps-li\,
Juda Macîiabéc se couvrit d'une gloire immor-
telle par SCS yicfoires contre Aniioclius ot ses
successeurs. Quelque temps après, Juda, sur-
Domcné Ari^loliulc , prit la qualité et le titre de
roi des Juifs. Ce fut sous le règne d'Arîstohule »
BOn fils , que le grand Pompée s'empara do Jéra-
salem , CL rendit la Judée tributaire des Romains,
eu laissant aux Juifs le pouvoir de se gouverner
par des princes de leur nation. Hérodet sur-
nommé le Grand, qui n'était point Juif de naiii- .
sauce, mais Iduraéen, obtint ensuite d.'S ïïo-
mains la permission de porter le titra de roi.
Comme le sceptre ou l'autorité souveraine avait
été enlevée h la tribu de Juda, la prophétie de
Jacob sur l'arrivée du Messie toucliail à son ac-
complissement; aussi Jés'.is-Ciirist , fils de Dieu
dans Télcruité , et fib ae Marie dans le tamps ,
302 ENCYCLOPÉDIE
Tint-!l«u monde snr la fin du r^gne d'HërofJe.
Mad. Sophie. — Combien je désirerais , ma
chère Stéphanie , que toutes vos compagnes pro-
filassent de leur Histoire Sainte au même degré
que vous! J'espère qu'Hortense et Pauline pour-
ront à l'avenir répondre aux questions que je
leur ferai à ce sujet. Quant à Emilie, Stéphanie
en a assez dit pour qu'elle puisse de ieo3ps en
temps entretenir sa homte amie Hovtense , depuis
le règne de David jusqu'à la naissance de Jésus-
Christ.
HoHTENSE, — Si vous le désirez, madame, je
réciterai tout ce que j'ai entendu de l'Hisloiiv
Sainte, que je trouve la plus helle de toutes.
Mad. Sophie. — Je suis bien convaincue,
ma chère , de ce que vous me dites , par l'atten-
tion avec laquelle vous avez ccuulé nos conver-
utions ; aussi vous dounai-je une pleine libertti
4e vous amuser avec la poupée d'Emilie.
Emilie. — Hortense peut en faire ce qu'elle
voudra, car vous me permettrez , madame, de
la loi donner eu toute propriété.
-, Google
DES JELKES DEMOISELLES. 5o3
XXXIIP CONVERSATION.
Uati. ÉUSACETH, STÉPHANIE^ ADÈLE,
AMÉLIE, ÉPJILIE, HOKTENSE , ALESAN-
DIUNE.
Mad. Elisabeth. — Alexandrine , veuille*
Lien acLever la description des Etats de l'Europe,
api'ès laquelle vous nous ferez celle des trois au-
très parties du monde,
Al EX AN s RI H £ . — Vous cxîgez beaucoup de
moi, madams, cor je vous ovoucrai que ma
science n'embrasse point une mutiCre .lussi vaste;
et ce sera beauco;ip , si je puis achavur ce qui
reste à dire de l'Europe.
Mad. Elisabeth. — Eb bien, ma cliorc, ditea
ce que vous savez , et ces deiBoisclles uous ap-
preadroDt le reste. li me semble <juo c'est par
l'Angleterre que nous devons commencer aujoui^
a'hui.
Alèzandbine L'Angleterre , qiîu Ton ap-
pelle aussi les îles britanniques , est un royaume
titu^ an nord-ouest de l'Europe , et n'eàt séparé*
de la France que par un petit bias de mer que
l'on somme le détroit de la Maiiclie. Il com-
prend , outre l'Angleterre proprement dite , l'E-
coutf q;ui «a est séparée par une chaîne de moa-
5b4 ENCYCLOPÉDIE
tagnes,et l'Irlande, qui est une grande lie de l'O-
céan. La ville de Lbndres. qui est très-belle,
très-richeet Irès-peupléecst'a cnpitalc de l'Ân-
gleterre;Edimbourgceliede l'Ecosse, et Dublin,
celle de l'Irlande. La population des île^ krîtan-
iiiques est à-peu-prùs de dix millions d'babîtani.
Après avoir traversé la mer du Nord , on dé-
barque en Hollande , qui est un royaume nouvel-
lement formd, qui est ai tué entre la mer, laFrance
etrAIIctUagne.Lc pays est partage pav une infinité'
de canaux, et est défondu contre l'eau de I.i mer
par des fortes digues, sans lesquelles il sérail
bient'jt subiuergé. La capitale est Âmstcrdaoi,
qui est, en temps de paix, nne des villes le*
plus commerçantes de l'univers. La Haye est
aussi nne ville fort agréable , et que le siège dH
gouvernement rend trâs-ûorissanlt;. De la Hol-
lande, on entre dans les éuit« de la monarcliie
prussienne, qui est très étendue ; la capitale de
ce royaumecsL Berliu, grande et belle ville , surla
, Sprée, et ses principales rivières sont l'Oder,
l'Elbe et la Vistule. Au sud-est dt la Prusse, ou
trouve le nouveau royaume de Saxe, dont la
ville de Dresde est la capitale. Du royaume de
Saxe, en allant toujours verK le sud-est , on entre
dansceluide Baviiïrc, dont la capitale ei.<<t Mu-
nich, ville Irès-peuplce, ctoù l'on trouve Augs-
bourg, très-industrieusé , et Irès-commerçame.
Au sud-est de la Bavière, e^t le petit royaume
-, Google
DES JEUNES OEMOISELLES- 5o5
de Wurtemberg, dont la capitale est Stutgardj
Ce royaume a pour voisius , au sud et à Test , le
grand-duché de Bade, dont la capitale est CarlS"
Tulie , et les cantons suisses , (juî forment uno
r^pi.I)Iique fédéraiire. La Suisse est le payais
plus e'Icve' de l'Europe el le plus montueui. Se»
liabita:is sont bons soldats, et passent pour être
remp'js de probité et de bonne foi. Voilà , ma-
dame, tout ce que \e peux dire des Etats de l'Eu*
ropc que nous aviom à parcourir.
Mad. ËLUABEiH. — C'est bien peu de choses
ma cb^re Alesandrine , et voua avez encore be-
soin de bien apprendre votre géogitiphie , avant
d'élre en état de l'enseigner, Amélie , dites -noti»
ce que vous savez des trois aulrca parties du
monde , et commencez par l'Asie.
AuÉLiB — Je crains bien , madame , que vous
ne me fassiez le même reproclie que vous avei
lait à Alexandfîne j mais comme vous êtes très-
indulgente , j'esp^ro que vous me saurez gré du
peu que je sais de l'Asie , de l'Afrique et de l'A-
mérique.
L'Asie, qui passe pour avoir été peuplée la
première, est ta plus ctenduc des trois parties de
l'ancien contineut. Elle est bornée au Nord , par
la mer Glaciale, au Midi par celle des Indes, &
l'Orient pav la mer du Sud , et à l'Occidcut par
la Russie, la Turquie d'Europe, la Méditerra-
née, l'Egyftcclla mer Rouge.
u,:,-,zf--„GoOgtc
3o6 ENCYCLOPÉDIE
Le terroir de l'Asie eal abondaut en bM, en
vins, en riz, en fruits excellens. On en tire des
drogues, des aromates et des épiceries, de la soie,
du coton , des toiles peintes et de la belle porce-
laincj elle a de plus quantité d'or, d'argent, de
pierres précieuses. On y trouve aussi quantité
d'animaux , tels que le lion , le léopard , le tigre,
l'éléphant, le rhinocéros, le zèbre et le crocodile.
On y voit aussi beaucoup de singes et de perro-
quets de toute espèce-; mais îl est malheureui
qu'une contrée si fertile et fi riche ne soit en
général habitée que par des hommes mous et pa-
resseux , qui ne font presque aucun usage des
dispositions qu'ils ont reçues de la nature.
Emiiie. — Est-ce que les As'atiqiïes ne soot
pas aussi instruits que les habîtans de l'Europe?
Mad. Elisabeth. — Non, ma chère; ils
croupissent en général dans une profonde igno-
rance, et c'est la faute des religions mahomé-
tane et païenne, qui dominent chez eu^i , ces
religions étant ennemies des sciences et des aris
des Européens. Amélie , poursuivez.
AMÉtiE. — On peut diviser aisément l'Asie en
six grandes parties , qui sont : La Turquie d'A-
sie, l'Arabie, la Perse, l'Inde, la Chine, Is
Grande Tartarie. C'est dans la Turquie d'Asie
qu'est situé la Palestine, ou Terre -Sa in te , dont
la principale ville est encore Jérusalem , qui at-
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. So^
tire chaque aonëe ua grand nombre de voya-
geurs.
HoETËKSB, — Je désirerais bien voir cette
viUc , oh. Noire Seigneur a vc'cu et a été cruci6é ;
il me semble que ceux qui y demeurent ou qui
la visitent doivent être de grandît saints.
Mad, Elisabeth. — Pourquoi, ma clière,
seriei-vous meilleure chrt^tienne à Jérusalem
qu'à Parisî Est-ce que la sainteté est attachée à
un endroit plutôt qu'à un autre T et ne trouvons-
nous pas, dans nos églises, où Jésus-Christ lia-
bite, autant de motifs qu'il nous en faut pour
être de bonnes chrétiennes?
Amélie Il me semble que nos églises doi-
vent être considérées comme autant de Jérusa-
lems , où Notre Seigeur accomplit chaque jour
tous les mystères qnî se soot passés dans la
Terre-Sainte.
La Palestine est bornée d'uni côté par l'Ara-
bie, qui se divise en Arabie Pétrée, Arabie Dé-
serte , et Arabie fïenreuse. Les deux premières
sont presque stériles , mais la troisième est trés-
fertile. On en tîre des parfums de toute espèce,
cl le moha , qui passe pour le meilleur café du
ntoiidc. La Mecque est la capitale de toute l'A-
rabie , parce que le fameux prophète Mahomet y
est né. Médine est la vîllo où il fut enterré.
La l'erse est à l'orient du golfe Persique. On
diviiie ce pays en quatorze provinces. Sa capitale
u,:,-,zf--„GoOnlc
5o8 ÈKCtCtOPÉIJlÈ
est lapalian , qai est une grande et très-belle!
ville. La Perse produit beaucoup d'excellens
fruits , et nourrit quantité de vers i soie.
L'Inde est k l'orient de la Perse. C'est un beau
eiraste pays, où les Européens, les Anglais sur*
tout, ont de nombreux établisscmens.
Il se divise en trois parties , qui sont , Tln-
dostao , la presqu'île occidentale , en-deçi du
Gange, et la presqa'Ue orientale, au-deU du
Gange.
C'est de CacKemlre, t il le de l'iDdostan, que
nous vieunent les beaux sclials de ce nom.
La Grande Tartaric occupe prés de la moitié
de l'Asie , Tera le Rord. La plupart des Tartare)
sont errans ^ ils campent sous des tentes on habi'
tent dans des cabanes, bâties sur des cbarriou.
La grande Taitarie se divise en trois parties , la
Tariarie russe , l'indépendante et la chinoise.
La Chine , à l'orient de l'Asie , est te plus an-
cien empire du monde et le plus peuplé. C'est on
pays plat qui est fertile eu tout ce qui peut coutC
nir aux besoins , et même au luxe de la vie. L'a-
griculture n'est nulle part plus honorée, et tous lei
ans, l'empereur laboure, ensemence lui-même
un champ , eu pre'sence de sa famille , des grand]
et du peuple. C'est des Chinois que nous vient la
plus belle porcelaine , et l'on voit près de Nan-
Lin , une tour bâtie de cette prccieijsc matière.
DES JEinVES DEHOISEtLES. Sog
Pckia est la capitale de tout Tempire , et oootieat
environ deux millions d'habitiias.
Mad. Ei,isA.BEiB. -~ n fentconreuïr, Im^tf,
que Toua aoas faîtes làire bien da cliemin en peu
de temps ; mais s! tous nous avez |àit voyager
fiur la terre-ferme de l'Asie ,. vous auriez dû noua
montrer quelques-unes de ses îles , et ses princi-
pales rivières,
AuELix Avant de qnîttcr la terre-ferme da
l'Asie, je dois parler, il est vrai, de ses rivières
qui sont, dans lit Turquie , le Tigre et l'Eu'
phrate ; dans l'Inde, le Gange el l'Indus ; dans
a Tartarie , YOhy , le L^na et le Séntsséa; dans
lu CUine, la Rïvièce Jaune et la Rivière Bleue. Je
n'oublierai pas davantage ses principales mon*
lagnes, qui sont le mont Taitms , de la IS'atolie;
en Perse , le mont Capcase , de la mer d'Asof à
la mer Caspienne i les monts de Pierre , au nord
de l'Asie, et les monts de Gatc, dans la près-*
qn'ile en-deçà du Gange.
IjCS iles de l'Asie les plus considérables , soni i
les lies du Japon, qui compose un grand empire,
dont la capitale est Jt'do, pu réside l'empereur,
dans un mBgniâque palais. Il j a environ un
siècle et demi que le cbri&tianîsme y Eut prêché ,
et j£t de grands progrès; mais ses ennemis ayant
fait entendre à l'empereur qu'il était dangereux
pour son autoiitd de souffrir plus long-temps une
relijgion si contraire à celle du pays , un grand
u,:,-,zf--„GoOglc
5lO ENCYCLOPÉDIE
nombre des sonTcaux ctirétïens moururent dau
les supplices, et depuis cette époque, les Eollait-
^ais ont seuls la permission d'y faire le com-
merce.
Les autres tics de l'Asie , sont : les îles Ma-
- rianncj, qui appartienuent aux E^pagnob; les
Philippines , fertiles eu <!pîceries j les Moluques ,
où les Hollandais ont des comptoirs; les ile<
Banda , qui produisent quantité de muscades ; lea
Iles de la Soude , dont la plus grande est Java,
où les Hollandais font un graîid commerce; l'ile
de C«jIon , reuommcfe par ses forêts de canel-
liers , SCS pierres précieuses et ses miues d'or et
d'argent.
Stéphakie Je vous demanderai , madame,
pourquoi des productions aussi utiles que celle»
de toutes ces tles , sont placées si loin , qu'il dous
feille traverser des mers immenses pour nous le«
procurer î
Mad. Elisabeth, -^ Remarquez, ma chère,
que toutes ces choses ne sont point de première
nécessité , et que si la Providence les a placéea
loin de nous , c'est pour empêcher l'abus que
nous en ferions, s'il nous était très- aisé de noud
eu procurer. En effet , quel inconvénient ne ré-
■nlterait-il pas pour nous de la trop grande abon-
dance des -épiceries , si nos campagnes les pro-
duisaient? Assurément, le bon marché de cet
denrées échauffantes ne pourrait qu'en augmen*
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 3n
ter beaocoup la consoiamation , qui nous J«Tiei>
droit bientôt funeste. Il faut dire la même choie
de l'or et de l'argent , qui , s'ils se trouvaient t^ei
nous , perdraient de leur prix , en devenant trop
communs, et ue méritecaient plus d'être un signe
dVcUangc pour les choses nécessaires à la vie.
Adèle, parlez-nous de l'Afrique et de l'Amé-
rique,
Adèle. — Ce que je vous en dirai , madame ,
sera peut-être loin de vous satisfaire ; car je sais,
trés-peu de chose sur ces deux parties du monde.
Mad, Elisabeth. — Je n'exiga point , ma
chère , que vous rendiez compte de ce que vous
ne savez pas ; dites ce que vous savez , mais diies-
le bien, c'^cst l'essentiel; et tous en demander
davantage serait une injustice de ma part.
Adèle. — L'Afrique est une trts-grande pres-
qu'île qui tient au continent par l'isthme de Suez ,
et n'est séparée de l'Europe que par le détroit de
Gibraltar. Comme elle eet coupée en deux pat
l'éqnateur ,- le terroir y est en général sabloseux ,
et les chaleurs y sont excessives. Presque tous les
peuples qui habitent dans l'intérieur sont noirs ;
mais ceux qui habitent les côtes ne sont que ba-
sanés. L'Afrique est la patrie des animaux les
plus féroces , des lions , des tigres , et dé plu-
sieurs serpens d'une grandeur et d'une grosseur
prodigieuses.
De toutes les parties' de l'Afrique , l'Egypte eit
u,:,-,zf--„GoOg[c
5lS ENCYCLOPÉDIE
la plus c^èbre et la plus connue. C'est un payi
tr^s-fertilc , et qui doit toute sa fécondité aux
eaaz du NU, qui tous les ans en inondent tes
csmpagoeG , et laissent , en se retirant , un limon
qui les engraisce. Lli^gypte se divise en haute,
moyenne et basse. La capitale de la basse Egypte
est Alexandrie , sur la Méditerranée ; celle de la
moyenne est le Grund Caire, auprès duquel on
voit ces Cuneases pyramides , qui passaient pour
l'une des sept merveilles du mondé.
La Barbarie est une autre parti.c de l'Afiique,
tout entière appuyée sur la Kléditerranée, et qui
s'étend depuis l'Egypte jusqu'à l'extrémité occl-
deutale de l'Afrique. Les peuples de cette côte
■ont généralement cruels , et fournissent tous les
pirslesquî infestent la Méditerranée. LaBarbaria
comprend les royaumes de Tripoli , de Tunis ,
. d'Alger, et t'empii'e de Maroc.
Les principales iles de l'Afrique sont*. Mada-
gascar , la plus grande de l'univers j l'île de Bour-
bon et nie de France, sur la routç del'Iucle; les
Canaries et l'île de Modère , renommée par ses
fruits et l'excellence de ses vins. Ses principaux
fleuves sont le Nil, qui a sa source en Abyssînie
et se jette dans la Méditerranée; le Niger qui
Tient de-4a Guinée, et se perd dans le lac de
Boruo , après un cours de cinq cents IJeues j et
le Sénégal , qui se jette dans l'Océan. Les plus
toutes montagnes de l'Afrique, sont : le œoal
-, Google
DES JEUKES DEMOISELLES. ^l'J
ÂtlaA , en Barbarie , et les montagnes de la Lune,
dans l'intérieur. Il y a trois câps , dont le plus
célèbre est le cap de Bonnc-Espdrance , où les
vaisseaux qui vont de l'Europe aux Indes sont
obligés de relâcher.
Mad. Elisabeth. — Votre science n'est pas as-
surément fort étendue , ma chère ; mais quel re-
proche puis-je vous adresser? Cest plus que je
ne vous demandais. J'ai pourtant une -observa-
tion à vous faire, c'est que ces petites notions ,
dont je me contente aujourd'iiui , ne vous suffi-
ront point, et que l'année prochaine, il faudra
que vous possédiez votre géographie dans une
telle perfection , que vous puissiei répondre sur
' tontes les qiiestions que l'on vous fera relative-
^ ment k cette science. Quelle est celte d'entre
'''' vous , mesdemoiselles , qui nous entretiendra do
'' rAmérique?
Ho&TENSs. — Ce sera moi , madame , si vous
' me le premettez, car j'ai bien prié mademoiselle
'^ Stéphanie de m'appr'endré quelque chose sur
1^' cette partie de la terre , que l'on appelle le Non-
f' veau Monde.
"^'1 Mad. Elisabeth. — Je le veux bien, Hortense;
i^ soyez notre instituuice , et dites nous ce que vous
l<^ a\€z retenu des leçons de Stéphanie.
; '" HoaTEHsx. — L'Améïique , découverte , en
'^'^ I 493, par Christophe Colomb, Génois, tire son
.£*' laorn d'Aïuéric Vespuce, Florentin, qui, en i^^g,
e^ ' " 14
u,:,-,zf--„GoOglc
5l4 ENCYCLOPÉDIE
prétendit Tavoir découverte , parce qn'il avait
abordé au cap de la Vêla. C'est un contiaent pliu
vaste que raacicn, qui occupe au milieu dei
mers un espace de trois mille lieues de long sur
douze ceut trente dans sa plus grande largeur,
L'Âméi-ique est naturellement divis<fc en deux
grandes parties j l'une septcnlrionale, qui com-
prend l'AmcfriqUC anglaise, les Etats-Unis , les
deux Floride's, la Louisiane, le nouveau Mexique,
)a Californie, le vieux Mexique ou la nouvelle
Espagne j l'autre méridionale, jointe à la pre-
mière par l'isthmede Panama, laquelle comprend
la Tcrre-Ferrae , le Pérou, le Chili , le Paraguai,
la Guyanne , le pays des Amazones, le Brésil el
la TerrC'Magellaniquc.
SxEFHAME. -— Courage , ma clifre Hortense ;
c'est bien ce que je vous ai appris, mais ne vous,
aî-je rîfcu dît des Etats-Unis 7
HoKTSNSE Les Etatï-Unis, qui étaient, il
n'y a pas long-temps, des colonies anglaises, for-
ment aujourd'hui une grande république divistSe
eu plusieurs élats unis ensemble , dont la popu-
lation est de douze à quinze millions d'habitans.
Les princifulcs villes sont Boston , New-Yorck ,
Philadelphie, Wasingliton , et Cliai-les-Town.
Pauiihe. —Les Français ont-ils des établis-
cemensen Amérique?
Stephahix. — Sans doute, ma chèrej mais
ce sont Les Espagneld cl les portugais qui y pos*
u,:,-,zf--„GoOg[c
DES JEUNES DEMOISELLES. 3l5
godent les pays les plus riclies , c'est -à-dîn! ceux
où l'on trouve l'or et l'argent, des pierres pré-
cieuses; comme les deux Mexiques, le Pérou j
le Chili et le^Brt'sil. C'est de co dernier pays, qui
appartient aux Portugais, ([uc Ton tire le i7um<
quina , dont les médecins font un si grand usage
dans ies fièvres intermittentes, et qui esi l'écorce
d'un Drbre qui croît sur les naoatagixes de cetta
contrée.
Cependant une révolution , dont le but est'de
soustraire aux Espagnols la possession d'una
partie de ce territoire, et qui a éclaté depuis peu
parmi les haliilans, pourra Iticu amcnerdes clian-
gemens dans la division de ces contrées.
Les Français possèdent dnns cette partie les
îles de Cayenne,Ia Martinique et la Guade-
loupe.
Saint-Domingue , qui est la plus grande des
lies de l'Amérique, produit une grande quantité
de café , sucre , coton , indigo , etc. Elle est au-
jourd'ljui constituée en république sons la pré-
sidence de Boyer , qui est en même temps chef
d?8 armées. Ses deux principales villes sont 1«
Cap et le Port-au-Prince.
I-a Martinique , quoique inférieure à Saint-
Domingue, est une île très-î m portante par le su-
cre et le café, qui y est excellent.
Jja Guadeloupe , un peu moins étendue qtft
ceUe*ci j ne lui cède en rien du côté du oom-
u,:,-,zf--„GoOg[c
5i6 ENCrCLOPlÎDiE
morce et de la fertilitë. Les autres iles ont à-peu*
près les mêmes pcoductlous , et font le même
commerce.
Daus le même Archipel auquel ou a donné le
nom d'Antilles, les Anglais possèdent aussi des
îles. La Jamaïque est la principale.
Mad. Elisabeth. — ■ Vous ne finiriez pas , ma
cUère, de nous faire le dénombrement de toutes
les lies de l'Amérique. Il me semble que c'est bien
assez d'avoir indiqué les lies qui appartiennent à
la France. Retournez, je vous prie , sur la terre
ferme 1 et dites-nous les noms des principaux
fleuves et des montagnes de l'Amérique.
HoKTENSE. — Il y a en Amérique quatre prin-
cipaux fleuves; celui de Saint-Laurent et le Mis-
stssipî, dans l'Amérique septentrionalej'la rivière
des Amazones , qui traverse le pays de ce nom ,
et celle de la Plata , qui charrie des paillettes d'or
dans l'Amérique méridionale. Ces quati'e fleuves,
dont le cours est fort long , se jettent tous dant
'Océan Atlantique.
Les plus hautes montagnes de l'Amérique ,
sont : les Andes ou Cordilières , dont le sommet
est toujours couvert de neige , même sous l'équa-
tear. Voilà , madame , tout ce que je sais de
l'Amérique.
Mad. Elisabith. —C'est bien, ma chère,
et je TOUS avouerai que je n'en atteudaîs pas tant
de vous. Mats je vous 1^ répète , ce que vous sa-
u,:,-,zf--„GoOglc
DES JEUNES DEMOISELLES. 617
vez en gëograpHie , ainsi que ces demoiselles , est
bien peu de chose. Tout ce que noas avons dit de
cette science n'est que pour vous inspirer lede'sir
d^étudier et d'acquérir des lumières plus «ten-
dues. Ne vous y trompez pas , mesdemoiselles ,
si l'on n'ezigepas des filles desconnaissances aussi
approfondies que des garçons , ce qu'on veut
qu'elles sachent sur la description de la terre em-
brasse une matière encore assez vaste pour qu'elles
ne pensent pas qu'il leur suffise de quelques mois
pour être de bonnes géographes.
ElisI. — Ce que je voudrais savoir parËiite-
ment , madame , c'est l'explication de la sphère ;
c'est-à-dire de tous les cercles qui la composent.
Mad. Elisabeth. — C'est bien aussi la partie
de la géographie la plus importante , et celle que
je veux vous montrer trois fois la semaine. Comme
j'ai donné commission à quelqu'un de m'achcttr
une bonne sphère à cercles ; j'espère que l'annce
prochaine je commencerai à vous en faire des
explications tellement suivies , qu'il n'y en aura
aucune d'entre vous qui, dans six mors, ne puisse
et re une bonne maîtresse de géographie.
-«Goajffc
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